PRIX public : 3 500 F CFA | Zone europe : 4.0 € | Maroc : 45 dh
N° 14 • avril-mai-juin 2015
Cristina DUARTE
Ministre des Finances et du Plan du Cap-Vert
La BAD doit devenir le catalyseur de l'innovation en Afrique Sosama industries ltd Une locomotive du consommer
focus
local au rwanda
big data 48-62
l’or du XXI e siècle
66-75
africa south east asia chamber of commerce Chambre de Commerce Afrique-Asie du Sud Est
Mobilising Businesses Across Africa And South East Asia Mobilisant le secteur privé entre l’Afrique et l’Asie du Sud Est
OUR ACTIVITIES
NOS ACTIVITÉS
• Access to business ideas and opportunities in Africa and South East Asia
• Accès a des idées de commerce et opportunités en Afrique et Asie du Sud Est
• Connect and strengthen high-level business relationships between private sectors
• Connecter et renforcer les relations d’affaires de haut niveau entre les secteurs privés
• Exclusive platform for networking, information sharing, and knowledge exchange
• Une plate-forme exclusive d’échange et de rencontres, où nos membres peuvent partager information et échanger connaissances
*Membership by invitation only Headquartered in Singapore 140 Cecil Street, #01-00A PIL Building, Singapore 069540 Tel: (65) 6225 6273 Email: info@africaseasia.org
L’harmattan tropical Pour ce numéro d’avril, la bonne nouvelle nous est venue du Nigeria. En effet, avec ce cancer que constitue «Boko Haram», le monde entier et l’Afrique en particulier avaient les yeux tournés vers ce pays, qui n’avait pas besoin d’une crise supplémentaire. Au lendemain d’élections apaisées, beaucoup se sentent soulagés et reprennent espoir quant à la destinée de ce géant d’Afrique. Car la place qu’occupe le Nigeria en Afrique, et plus particulièrement au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CDEAO) en fait un acteur incontournable, tant par la taille de sa population que par son poids économique. Aussi, toute instabilité au Nigéria a forcément une résonance régionale, voire continentale. Tout n’est pourtant pas gagné, car avec une baisse durable des prix du pétrole, qui ampute sévèrement les ressources de l’État, il faudra plus que de la bonne volonté pour placer le Nigeria sur la voie du développement.
Alioune GUEYE
Au lendemain d’élections apaisées au Nigéria, beaucoup se sentent soulagés et reprennent espoir quant à la destinée de ce géant d’Afrique.
Le Case Study que nous consacrons à Sosama Industries, désignée meilleure PME africaine, lors du dernier forum «Africa SME Forum Champions» qui s’est tenu à Dakar, incarne à elle seule le «Made in Africa». Cette société qui produit des farines alimentaires nutritives à base de sorgho et de maïs est parvenue en quelques années à multiplier par 5 son chiffre d’affaires et même se développer dans les pays voisins. Elle illustre l’idée selon laquelle la transformation locale des produits locaux est la seule voie si nous voulons enclencher une dynamique de développement socio-économique pérenne. Mme Duarte, ministre des Finances et du Plan en exercice du Cap Vert et candidate à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), nous a accordé un grand entretien dans lequel elle revient longuement sur les ingrédients qui ont fait le succès du Cap Vert : une bonne gouvernance, un État modeste dans ses dépenses publiques, l’accent mis sur les ressources humaines, le tout guidé par une vision claire et partagée. Résultat de cette politique, le Cap Vert, qui figure aujourd’hui parmi les pays à revenu intermédiaire, est mieux loti que beaucoup de ses voisins immédiats. Enfin, l’explosion des technologies de l’information nous a conduits à consacrer un dossier au «Big Data». Les énormes quantités d’informations en circulation, l’accélération du taux d’équipement en Smartphones et autres tablettes, représentent des enjeux économiques tout aussi colossaux qui pourraient bien faire de ces masses d’informations «l’Or du XXIe siècle».
AFRIcan business journal | N°14 | 1
PUBLICATION TRIMESTRIELLE N°14 | Avril - Mai - Juin 2015
Le Magazine de l’Afrique en mouvement en couverture
Directeur de la publication Alioune Gueye agueye@africanbusinessjournal.info Rédacteur en chef Elimane Sembène esembene@africanbusinessjournal.info Secrétaire de rédaction Saloua El Hachami Rédaction centrale (Maroc) Baye Sakho, Moussa Camara, Babacar Seck, Elimane Sembène Correspondants Maimouna Dia Ndour (Sénégal), Bachir Sylla (Guinée Conakry), Fortuné Sossa (Bénin), Sylvio Combey (Togo), Essouma Cathy Corinne (Cameroun), Jean Bosco Nzosaba (Burundi), Boureima Balima (Niger), Julie Ilondo (Afrique du Sud) Correcteur Narcisse Laamrani Maquette Insolite Communication contact@insolite-communication.com +212 665 24 05 48 Photos Laurent Laveille (ABJ) AFP Editeur Afrique Challenge 11, Cité Air France, Ouest Foire , Dakar Tél: +221 33 820 74 44 Fax: +221 33 820 74 46 abj@lafriquequiose.com Abonnement & Publicité Ibrahima Thiam Mob.: +212 668 69 73 19 Bur.: +212 522 36 04 18/20 it@regienordsud.com Périmètre de distribution Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée, Equatoriale, Tchad, RDC, Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie, France, Belgique, Suisse
grand entretien
40-61
Cristina DUARTE Ministre des Finances et du Plan du Cap-Vert
Cristina Duarte figure parmi 8 candidats retenus pour la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), dont l’élection aura lieu le 28 mai prochain. Elle occupe depuis 2006, le poste de ministre des Finances et du Plan du Cap-Vert. C’est durant son mandat que son pays est passé du statut de pays moins avancé (PMA) à celui de pays à revenu intermédiaire (PRI). Il a même occupé en 2014, la première place dans le classement de la bonne gouvernance en Afrique et s’est classé 3e dans l’indice de développement humain (IDH) dans le continent derrière les Seychelles et l’Ile Maurice. Dans cet entretien exclusif accordé à African Business Journal, elle dévoile les secrets de cette réussite et les grands axes de son programme une fois à la tête de la BAD.
> Sur le fil 04 > Prévisions : 7,2% de croissance pour la zone UEMOA en 2015 > Banques Atlas Mara veut bancariser les populations à faible revenus > Sénégal Grupa Azoty envisage la construction d’une usine d’engrais > Les flux financiers illicites : une entrave au développement de l’Afrique 05 > Nouvelle ligne aérienne: Pékin-Nairobi > Santé: Cipla souhaite conquérir le marché africain > Botswana: bientôt l’utilisation de la vidéo surveille à l’école 06 > Environnement : L’Afrique devrait dépenser 50 milliards $ pour s’adapter aux changements climatiques > Agriculture : Olam fait l’éloge de l’huile de palme du continent > Côte d’Ivoire : bientôt l’ouverture d’une chocolaterie
> Conjoncture
ISSN : 2230-1933 Impression Imprimerie OKAD EL JADIDA 5, avenue Hassan II. Quartier industriel Vita 10050 Rabat- Maroc Tél. : +212 537 79 69 70/71/73 Fax: +212 537 79 85 56 Email: okad@menara.ma Copyright © ABJ - La reproduction, même partielle, des articles et illustrations de ABJ est strictement interdite, sauf avec l’accord de l'éditeur. Ce numéro a été tiré à 20 000 exemplaires.
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08 > 3e édition du Forum Afrique Développement : plaidoyer pour une coopération sud-sud plus poussée
10 > Perspectives économiques mondiales: vers une hausse de la croissance africaine en 2015
11 > Port en eau profonde : le Cameroun se positionne en Afrique centrale 12 > Tournée africaine : le FMI apprécie la vision économique du Sénégal et du Rwanda
> Conjoncture
> Cahiers du manager
14 > Burundi : l’autosuffisance en riz devient
84 > TPAM® un modèle de management
une réalité 16 > Infrastructures : le Cameroun promeut les partenariats publics-privés 17 > Burundi : la nouvelle taxe sur le mobile fait polémique 18 > Guinée : difficile flexibilité des prix du pétrole 20 > Niger : le pétrole attire les investisseurs locaux
100% africain
85 > Les instigateurs du modèle 86 > L'auteur-concepteur et sponsor éditeur du modèle
87 > L'organisation en réseau PME
> Social 90 > Abderrahmane Sissako : une fierté africaine
> Perspectives
91 > Entretien avec Oumar Sall, 60 > Entretien : Baba Zoumanigui, Directeur Général - IBM Afrique francophone
> Bloc-Notes 64 > Lee Kuan Yew :
Les géants ne meurent pas
> Business case
> Banques & Finances
la finance islamique 37 > Finances : Barclays Africa veut s’installer au Nigéria 38 > Assurance-crédit : Coface obtient son agrément au Maroc 39 > Banques : UBA vise les marchés sudafricain et angolais
> Focus 50 > Big Data : l'or du XXIe siècle 52 > Management : quand technologie rime avec stratégie 54 > Big Data : une mine d'or pour l'Afrique 56 > Mégadonnées : une arme économique 58 > Data scientist : métier phare du Big Data
financière des petits agriculteurs
95 > Entretien avec Makane Mbengue,
Responsable du D. F. Q.Afrique Challenge
> Santé & Entreprise ger pour la santé
97 > Docteur AbdoulayeTaye: «La protection contre les rayons x est une question non seulement juridique mais éthique»
> Innovations 98 > mPedigree: l’application qui dévoile les faux médicaments
99 > Application mobile : dépistache au VIH 100 > Villes intelligentes : Nairobi première
66 > Sosama Industries Ltd : une locomotive du consommer local au Rwanda
67 > Sosama : leader dans la fortification
en africaine 101 >Science : bientôt une mission spatiale africaine sur la lune … 102 > E-commerce: l’ile Maurice au premier rang en Afrique
des farines
69 > Management : Thaddée Musabyimana,
36 > Burkina Faso : Coris Bank se lance dans
télévision numérique terrestre
94 > Agriculture : pour une inclusion
96 > L’exposition aux rayons X un réel dan-
24 > Chine-Afrique : les rails, fer de lance de
la diplomatie chinoise 26 > Cameroun : un projet pour une agriculture orientée vers la commercialisation et l’industrialisation 28 > Niger : les transactions financières se numérisent 29 > Togo : une nouvelle usine pour lutter contre la pénurie de ciment 30 > Burundi : Haro sur la corruption dans les mines ! 32 > Bénin Des mesures pour rendre la filière anacarde plus compétitive 34 > Guinée : la Sotelgui tente de renaitre de ses cendres
DG de Cinekap
92 > Bénin : 55 milliards pour basculer à la
l'intrapreneur 70 > Sosama : le parrain des coopératives agricoles 71 > Les coopératives agricoles : maillon essentiel de la chaîne de valeur 72 > Péripéties du succès : parcours de combattant d’une unité de transformation agroalimentaire 73 > Malnutrition : un fléau qui touche 45 % d’enfants au Rwanda 74 > Délestages et cherté des emballages importés : deux contraintes majeures 75 > Perspectives : vendre des farines de qualité à grande échelle
> Dossier 76 > Mobile Banking ou la Banque made in Africa
78 > La Banque mobile : un outil d’inclusion financière et économique
80 > Les services financiers du mobile : un
marché rentable, un tremplin vers la bancarisation 82 > Mobibank : Orange-Money et la Bicis s’associent pour mieux servir
> Green Business 104 > Cuisson durable : les fourneaux écologiques se frayent un chemin 106 > Afrique du Sud : quand l’énergie solaire favorise l’intégration sociale
> Livres du trimestre 108 > Value Proposition Design de Yves Pigneur, Alex Osterwalder, Greg Bernarda, Alan Smith > The Singapore Story: Memoirs of Lee Kuan Yew, vol.1 de Lee Kuan Yew > Introduction aux finances des collectivités territoriales d'Afrique francophone de Nze Bekale Ladislas > L'économie des télécommunications en Afrique de Raymond-Marin Lemesle
> Post-Scriptum 110 > Réformer la fiscalité pour stimuler la croissance…
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sur le fil Prévisions
7,2% de croissance pour la zone UEMOA en 2015 Les chiffres publiés le 4 mars par la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sont très rassurants. D’après la banque sous-régionale, les huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA) devraient réaliser une croissance de 7,2% en 2015, faisant ainsi mieux que la Chine qui vise les 7%. Selon la BCEAO, le PIB (produit intérieur brut) dans la zone avait connu une hausse de 6,6% en 2014, contre 5,9% en 2013.
Banque Atlas Mara veut bancariser les populations à faible revenus D’après l’agence Reuters, le Holding d’investissement Atlas Mara envisage de bancariser les populations à faible revenus et les petites entreprises en Afrique. L’agence se base notamment sur les déclarations de John Vitalo, directeur général de Atlas Mara qui a déclaré, lors du Sommet Reuters sur l’investissement en Afrique, que son entreprise souhaitait «faire des choses en dehors du modèle bancaire traditionnel appliqué en Afrique. Nous souhaitons desservir les petites entreprises, la classe moyenne et même les populations figurant plus bas dans la pyramide économique», avant de renchérir, « Vous pouvez vous attendre à ce que nos activités soient globalement équilibrées entre la banque de détail et celle de gros, même si cela différera d’un pays à l’autre ».
La compagnie pétrochimique polonaise Grupa Azoty prévoit de construire, dans deux ans, une usine d’engrais au Sénégal. L’annonce a été faite par son PDG, Pawel Jarczewski, lors du dernier Forum économique de Davos : « L’Afrique est en train de devenir un continent où les besoins alimentaires vont augmenter. Au Sénégal, nous avons une mine de phosphate, et nous voulons aller plus loin en construisant une usine d’engrais. Nous préparons le projet, nous espérons le démarrer d’ici deux ans», a-t-il indiqué.
Les flux financiers illicites
une entrave au développement de l’Afrique Les flux financiers illicites en provenance de l’Afrique sont estimés entre 30 et 60 milliards de $ par an, soit plus que le montant de l’aide officielle au développement reçue par l’Afrique en 2012 (46,7 milliards de $). Ce qui émane d’un rapport publié le 1er février 2015 par le Groupe des personnalités de haut niveau de lutte contre les flux financiers illicites en provenance du continent (GPHN) dirigé par l’ancien Président sud-africain Thabo Mbeki. D’après le GPHN, le vol, la corruption, le trafic de drogue et l’évasion fiscale sont les principales courroies de transmission de cet argent sale. Ces flux financiers illicites constituent un obstacle au développement du continent. Le rapport cite une étude menée en 1970 et 2008 par l’ONG Global Financial Integrity qui avait révélé que 38% de ces flux provenaient de l’Afrique de l’Ouest (dont 30,5% en provenance du Nigéria), 28% d’Afrique du Nord, 13 % de l’Afrique australe, 11% de l’Afrique de l’Est et 10 % de l’Afrique centrale. Plus précisément, 55% des flux financiers en provenance du continent à cette époque ont été repéré au Nigéria (217 milliards de $), en égypte (105,2 milliards de $), et en Afrique du Sud (81,8 milliards de $).
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Sénégal Grupa Azoty envisage la construction d’une usine d’engrais
sur le fil
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sur le fil
Nouvelle ligne aérienne
Pékin-Nairobi
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à partir du 5 août 2015, la compagnie aérienne China Southern Airlines ouvrira une liaison entre sa base située à l’aéroport de Guangzhou-Baiyun (Chine) et l’aéroport Jomo Kenyatta à Nairobi (Kenya). Trois vols seront proposés par semaine avec des départs lundi, mercredi et vendredi. Le Kenya devient le deuxième pays africain qui accueillera les aéronefs de la compagnie chinoise après l’île Maurice. China Southern Airlines sera la deuxième compagnie à relier la Chine et l’Afrique après Air China qui lancera le 18 juin une liaison Pékin-Johannesburg avec trois rotations hebdomadaires.
NEWS
L’entreprise indienne Cipla a procédé à la signature d’un accord avec les groupes pharmaceutiques Coopers Pharma et le laboratoire PHI (Pharmaceutical Institute) pour la création d’une co-entreprise pour la mise sur pied d’une usine de fabrication de médicaments liés aux affections respiratoires et aux troubles neurologiques. Cette entreprise tripartite sera détenue à hauteur de 60% par Cipla, et 40% pour les deux autres partenaires 20% chacun. Ces produits sont destinés aux marchés marocain et africain en général.
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Santé Cipla souhaite conquérir le marché africain
Botswana Bientôt l’utilisation de la vidéo-conférence à l’école L e g o u v e r n e m e n t botswanais prévoit d’introduire l’utilisation de la vidéo-conférence dans les écoles publiques du pays. L’objectif est de favoriser l’intégration des TIC dans les établissements scolaires. Selon Shadrack Majwabe, coordonateur du Plan stratégique de l’éducation et de la formation (ETSSP), «avec cette innovation, le gouvernement veut permettre aux élèves de bénéficier d’un apprentissage à distance. Ils vont suivre les cours dans les voitures de leurs parents, dans les autobus et les taxis».
sur le fil
Environnement
L’Afrique devrait dépenser 50 milliards de $ pour s’adapter aux changements climatiques
dre entre 3 et 6°C d'ici la fin du siècle. D’après le PNUE, cette situation risque d’avoir de graves répercutions
Agriculture Olam fait l’éloge de l’huile de palme du continent L’Afrique dispose de beaucoup de potentiels dans la culture de l’huile de palme. C’est le constat fait part Sunny Verghese PDG de l’entreprise Singapourienne Olam. D’après lui, «les transactions foncières menées par les gouvernements, les possibilités de microcrédit offertes par les établissements bancaires et les régimes fiscaux favorables comptent parmi les facteurs qui rendent la culture de l’huile de palme particulièrement attractive». Toujours selon lui, le fait que cette production ait accès au marché européen sans droits de douanes constitue un avantage pour les exportateurs.
sur la production agricole, la sécurité alimentaire, la santé humaine et la disponibilité de l’eau.
Côte d’Ivoire Bientôt l’ouverture d’une chocolaterie © Photo D.R.
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es changements climatiques coûteront 50 milliards de $ par an à l’Afrique à l’horizon 2050. C’est ce que révèle un rapport publié le 5 mars par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Cette étude publiée en collaboration avec Climate Analytics et African Climate Finance Hub révèle que notre continent est la région du monde où les variations du climat changent le plus rapidement. Selon les prévisions liées au réchauffement, de grandes zones de l’Afrique connaitront une augmentation de 2 degré Celsius lors des deux dernières décennies du 21e siècle. Pis, un fort réchauffement risque d'engendrer une hausse des températures qui pourraient dépasser les 2°C d'ici 2050, dans une grande partie de l'Afrique et attein-
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L
Voici une bonne nouvelle qui va sûrement ravir les grands consommateurs de chocolat du côté d’Abidjan. La compagnie française CEMOI mettra en activité son usine de chocolaterie ivoirienne à partir du mois de mai 2015, d’après l’agence Reuters. Cette nouvelle société, d’un coût de 4 milliards de F CFA, va permettre la création de 350 emplois directs, et ciblera également le marché ouest-africain.
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3e édition du Forum Afrique Développement
Plaidoyer pour une coopération sud-sud plus poussée
Par Elimane Sembène
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Casablanca a abrité, les 19 et 20 février 2015, la troisième édition du Forum international Afrique Développement (FIAD). Dix-huit pays africains ont pris part à ce rendez-vous qui promeut la coopération sud-sud.
Quelque 1700 opérateurs économiques et institutionnels ont séjourné à Casablanca fin février pour examiner les différentes stratégies à mettre en place pour stimuler la croissance en Afrique. Cette année, le Forum, co-organisé par le groupe Attijariwafa bank et Maroc Export, était placé autour du thème «Le temps d’investir». L’objectif, selon les organisateurs, est de promouvoir le commerce, les investissements et la coopération intra-africaine. Mais pour entamer une coopération efficiente, faudrait-il encore mettre en commun des projets innovants et rentables. De nombreux pays du continent en
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sont conscients. Plusieurs grands projets économiques sont ficelés pour accrocher la locomotive de l’émergence. Durant ce forum, les Plan Sénégal émergent (PSE), le Plan Gabon émergent, et le Programme de développement économique de la Côte d’Ivoire étaient au menu. Promouvoir la coopération Sud-Sud Les responsables de chaque pays ont présenté les grands axes de leurs projets devant un parterre d’investisseurs. Selon Mohamed ElKettani, PDG d’Attijariwafa bank, la coopération Sud-Sud est la clé de l’émergence du continent. «Chaque pays africain pris à part ne peut gagner le pari de la forte croissance économique. Mais par contre, si nous construisons un marché beaucoup plus large, en intégrant, nous deviendrons une force économique qui a son poids dans l’échiquier international. Cela nécessite la mise en place de zones de libre- échange, la suppression des barrières tarifaires, la mise en place des normes de qualité, d’hygiène, de sécurité pour la circulation des marchandises et la facilitation des procédures réglementaires au secteur privé». Le marché international est caractérisé par
une compétition féroce entre différents types d'entreprises émanant d’horizons divers. Chaque entité veut imposer sa marque et élargir sa base clientèle. D’où l’importance de mettre en place un label typiquement africain, d’après Zahra Maafiri, DG de Maroc Export. «Cette rencontre est importante pour approfondir nos réflexions, les traduire en actions afin de monter le modèle de la transformation économique de notre continent. Nous avons une ambition commune majeure : créer le label «Made in Africa», le développer et contribuer à l’intégrer dans la chaîne de valeur du commerce mondial», a-t-elle déclaré. Cette grand-messe de l’économie continentale fut aussi ponctuée par l’organisation de trois panels majeurs consacrés respectivement à l’énergie, l’agro-industrie et les infrastructures. D’éminentes personnalités et chercheurs, à l’image de Mamadou Igor Diarra ministre de l’économie et des Finances du Mali, Yacine Diama Fal, représentante de la BAD au Maroc, Gagan Gupta, DG d’Olam Gabon, Lionel Zinsou, Président du cabinet PAI Partners ont partagé des solutions pour développer ses trois secteurs clés. (Voir recommandations).
Quelques recommandations du FIAD 2015
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énergie
•Inscrire les stratégies nationales individuelles dans le cadre global du marché international (pour l’offre, les besoins et tenant compte des changements structurels). Cela impose l'adoption d'un mécanisme de coordination de ces stratégies à travers : la mise en place de synergies régionales ; la convergence réglementaire et la possibilité de coexistence et de synergies entre les différents hubs en Afrique. •Accélérer le partage d’expériences et le développement des projets de co-développement, de co-production, de co-localisation à l’instar de ce qu’a déjà fait le Maroc en 2014 avec le Bénin, le Gabon et le Congo Brazzaville, fort de son expérience accomplie d’électrification rurale (ayant créé plus de 100.000 emplois dans le secteur).
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Agro-industrie
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Création du «Club Afrique Développement» Parallèlement, des stands étaient dédiés aux représentants du Sénégal, du Mali, du Cameroun, du Bénin, du Burkina, de la Côte d’Ivoire et du Gabon pour présenter aux visiteurs leurs grands projets d’investissements. Plus de 4500 rencontres B to B ont également réuni décideurs et investisseurs économiques. «Les secteurs ayant rencontré le plus de succès sont les industries manufacturières, les BTP et les services. Nos amis Sénégalais et Camerounais ont été, selon le bilan que l’on m’a remis, parmi les plus dynamiques, ainsi que les opérateurs marocains», a précisé Mohamed El Kettani lors de son discours de clôture, avant de révéler que «ces rendez-vous ont, pour la précédente édition du Forum Afrique Développement (Ndlr, 2e édition en 2012), permis à plus de 40% des entreprises participantes de développer un courant d’affaires Sud-Sud conséquent constitué majoritairement de la coopération économique (import -export) et également des investissements et du transfert de savoir faire». Il a aussi indiqué que le Forum sera dorénavant annuel et annoncé la mise sur pied d’un «Club Afrique Développement» qui aura pour missions , «La mise en relation en favorisant les rencontres entre opérateurs économiques des différents pays africains ; l’organisation de missions de découverte en mettant l’accent sur la connaissance des opportunités d’investissements par pays ; et l’organisation de rencontres économiques en débattant des problématiques concrètes des chefs d’entreprises desdits pays». Rendez-vous est donc pris pour 2016.
•S’inspirer de la politique agricole commune européenne mise en place il y a 50 ans pour garantir l’autosuffisance alimentaire. •Transformer localement des produits finis adaptés aux habitudes alimentaires locales en substitution aux produits finis importés et chers. •Intégrer les petits producteurs dans le processus et la stratégie nationale agricoles.
Infrastructures
•Identifier de manière précise des projets, rigueur dans la préparation de ces projets, structuration des finances, solvabiliser les projets d’infrastructures pour assurer des rendements acceptables (TRI 15%) en énergie, ports, routes, capacités logistiques.
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Perspectives économiques mondiales
Vers une hausse de la croissance africaine en 2015 Par Babacar Seck
L’Afrique subsaharienne devrait connaitre une croissance de 4,6% en 2015, selon le dernier rapport semestriel de la Banque mondiale. Une hausse qui s’explique par le dynamisme des investissements dans les infrastructures, l’augmentation de la production agricole et le développement du secteur des services. Le rapport semestriel «Perspectives économiques mondiales» publié le 13 janvier 2015 par la Banque mondiale table sur une augmentation de la croissance de l’Afrique subsaharienne à 4,6% en 2015 contre 4,5% en 2014. D’après l’institution de Bretton Woods, cette hausse s’explique par «le dynamisme de l'investissement dans les infrastructures, l'accroissement de la production agricole et l'expansion du secteur des services». Le Nigéria ne devrait pas être concerné par cette tendance ascendante. La première puissance économique du continent connaitra un fléchissement en passant respectivement de 6,3% en 2014 à 5,5% en 2015, tandis que celle de l’Afrique du Sud s’affichera à 2,2% en 2015 contre 1,4% l’année écoulée. Les clignotants sont également au vert en Afrique du Nord. Le Maroc passera de 3% en 2014 à 4,6% en 2015, la Libye de -21,8 à 4,3%, l’Algérie de 3 à 3,3% et la Tunisie de 2,3 à 2,7%. Amélioration de la croissance dans les pays en développement Selon la Banque mondiale, dans la région Moyen-Orient / Afrique du Nord la croissance connaitra une augmentation progressive pour atteindre 3,5% en 2017 contre 1,2% en 2014. Globalement la santé économique des pays en développement devrait s’améliorer, leur croissance qui était de 4,4% en 2014 devrait atteindre les 4,8% en 2015
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D'après la BM, la croissance des pays en développement devrait atteindre les 4,8% en 2015, puis 5,3 % et 5,4% en 2016 et 2017.
puis 5,3 % et 5,4% en 2016 et 2017, d’après l’institution financière. Cette embellie de la croissance est due «aux faibles taux du pétrole, à la reprise de l’économie américaine, aux taux d’intérêts mondiaux bas, et à l’apaisement des turbulences ayant secoué plusieurs grands marchés émergents», explique la Banque. Au niveau mondial, la croissance économique sera aussi au rendez-vous. Elle affichera 3% en 2015 contre 2,6% en 2014. Pourtant, l’institution avait
prévu, dans son rapport publié en juin 2014 une hausse de 3,4% du PIB mondial en 2015, d’après l’agence Reuters. «L'économie mondiale est à un croisement déconcertant. Le moment est particulièrement difficile en ce qui concerne la prévision économique», constate Kaushik Basu économiste en chef à la Banque mondiale. à l’en croire, «l'économie mondiale est propulsée par un seul réacteur, le réacteur américain», à cause de la conjoncture dans la zone euro, au Japon et dans certains pays émergents.
Port en eau profonde
Le Cameroun se positionne en Afrique Centrale Par Cathy Koum
Le pouvoir de Yaoundé met un point d’honneur à faire du Cameroun le guichet d’entrée de cette sous-région qui représente un marché de plus de 140 millions de consommateurs à travers les ports de Kribi, dans le Sud et Limbe, dans le Sud-Ouest.
le Port en eau profonde de Kribi est construite par l'entreprise chinoise China Harbor and Engineering Company (CHEC), habituée de ce genre de grands travaux.
Le Cameroun, pays de 475.000 km2 voudrait profiter au maximum de sa position géostratégique dans le Golfe de Guinée. Des infrastructures portuaires, en l’occurrence la construction des ports en eau profonde de Kribi, dans le sud du pays et celui de Limbe dans le Sud-Ouest sont une priorité pour le gouvernement. Bâti à Mboro, petite localité située à 30 km de Kribi et plus de 300 km de Yaoundé, la capitale camerounaise, sur une superficie de 26.000 ha, le port en eau profonde de Kribi, dont les premiers navires ont été accueillis en décembre 2014, s'étendra à terme sur une longueur de 35 Km au large des côtes camerounaises. Sur le plan sous-régional, l’infrastructure va faciliter l'intégration par le flux des transports inter-étatiques, à travers le corridor de transport et de dévelop-
pement qui va assurer la liaison KribiBangui-Kisangani retenu dans le cadre du Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale. D'une profondeur comprise entre 16 et 25 m d'eau, le port de Kribi pourra recevoir des navires d'une capacité de 300.000 tonnes, voués aux transports des immenses réserves minières qui abondent dans les sous-sols camerounais et dans ceux des pays d'Afrique centrale et de l'Ouest. Selon certains experts, le port de Kribi peut déjà accueillir 400.000 conteneurs équivalents à vingt pieds et un terminal polyvalent de 2 à 3 millions de tonnes. Un terminal aluminium (1,5 million de tonnes d'alumine et 1,5 million de tonnes d'intrants divers), un terminal d'hydrocarbures (3 millions de tonnes) et un terminal de
gaz naturel liquéfié (3,5 millions de m3) seront bientôt opérationnels. Dans sa configuration finale à l'horizon 2040, le port comptera une vingtaine de terminaux. Pour le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, «Le port va conforter notre position déjà avantageuse en Afrique centrale. Le guichet d’entrée de la région, ce sera le Cameroun ». Le port en eau profonde de Limbe, investissement d’un montant total de plus de 300 milliards de francs CFA (602 millions de dollars), selon les dernières estimations du gouvernement camerounais, ne le sera pas moins. Le futur port en eau profonde de Limbe «sera spécialisé dans le transport des produits lourds tels que les hydrocarbures, le ciment, les conteneurs et autres produits agricoles». à court terme, apprend-on, la mise en service du terminal multifonctions flottant du futur port en eau profonde de Limbe aidera au désengorgement du port de Douala, l'une des principales portes d'entrée d'Afrique centrale, qui voit transiter plus de 90 % des exportations et des importations du Cameroun, du Tchad et de la Centrafrique. Ce port, qui accueille des navires de 15.000 tonnes et de 6 à 7 mètres de tirant d’eau, connaît une asphyxie depuis plusieurs mois du fait de la vétusté de certains équipements par manque d'investissements et de l'ensablement, faute de dragage.
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Tournée africaine
Le FMI apprécie la vision économique du Sénégal et du Rwanda
Par Maimouna Dia Ndour
Le Plan Sénégal émergent (PSE) et la vision 2020 du Rwanda sont des programmes ambitieux, fers de lance du développement économique de ces deux états. Les initiatives, émanant de pays très différents, n’ont pas échappé à l’œil avisé du Fonds monétaire international (FMI) dont la directrice s’est rendue à Kigali et à Dakar afin de leur apporter son soutien. diversification économique», selon la Mme Lagarde. Ella a également rencontré des chefs de plusieurs instances, des femmes leaders, des étudiants et a participé à une rencontre avec les membres de la BCEAO sur le thème «L’intégration financière au service de la croissance inclusive».
Les progrès économiques du Sénégal et du Rwanda ont séduit le FMI.
Le Rwanda et le Sénégal ont respectivement reçu la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, du 26 au 31 janvier 2015 qui a salué leurs efforts et innovations économiques. Au Rwanda, elle s’est dite impressionnée par la croissance du pays vingt ans après le dramatique génocide. Le pays est parvenu à séduire les investisseurs et s’est hissé aujourd’hui à la troisième place comme l’économie la plus compétitive d’Afrique. Doté d’une croissance moyenne de 8 %, sur une période de dix ans, Kigali a sorti un million de sa population de l'extrême pauvreté. à Dakar, la directrice du FMI a vanté les mérites du Plan Sénégal émergent (PSE) mis en place par les autorités sénégalaises afin d’«accélérer la croissance et jeter les bases d’une
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Deux pays prometteurs aux parcours différents Le choix du Sénégal et du Rwanda n’est pas fortuit. Les deux nations ont entrepris des réformes et élaboré des plans de développement impressionnants. En dix ans, le Rwanda a doublé son revenu moyen par habitant. Le pays a une assemblée composée majoritairement de femmes, son taux d’inflation (5,5%) en 2011 est l’un des plus bas de sa sous-région. Ces indicateurs positifs ont fait que le Rwanda attire facilement les investisseurs et partenaires étrangers. Ils étaient 28 partenaires en 2010 à lui faire confiance et à lui apporter 750 millions d'euros. Avec un tel actif, le pays garde ses chances de concrétiser son programme baptisé «Vision 2020». Ce dernier mise sur le développement du secteur privé, la modernisation de l’agriculture et l’instauration d’un centre régional de services. Cette vision devrait le propulser au rang de pays à revenu intermédiaire à l’image de l’Afrique du Sud, selon les indicateurs du FMI. Si le Rwanda s’est forgé une économie solide après le drame du génocide, l’économie sénégalaise, elle, s’est construite au fil des années, dans un pays stable, au gré de maintes réformes et plans de développement. Le dernier en date est le Plan Sénégal Emergent (PSE), suscitant espoir et curiosité des populations et partenaires. Le slogan «Le Sénégal n’appartient à personne, mais nous appartenons tous
au Sénégal» résume parfaitement la philosophie du PSE qui sollicite l’implication de tous pour sortir le pays de sa pauvreté d’ici 2035. Pour ce faire, le PSE est réalisé à travers un Plan d’actions prioritaires (PAP) quinquennal adossé aux axes stratégiques, aux objectifs sectoriels et aux lignes d’actions de la Stratégie. Le PAP est construit sur la base du scénario optimiste du PSE qui est évalué à 9.685,7 milliards de francs CFA. Son financement est acquis pour 5.737,6 milliards de F CFA, soit 59,2%, d’après les chiffres officiels de l’ANDS (Ndlr Agence nationale de la démographie et de la statistique). La vision pour l’émergence sur un horizon de 20 ans repose sur quelques principaux axes. Par ordre de priorité, nous avons les infrastructures pour 52,5% du budget, les investissements pour l’énergie occupent les 9,8%, 7,8% sont destinés à l’agriculture. L’eau potable et l’assainissement vont bénéficier de 5,6% des recettes. L’éducation et la formation accaparent 5% du budget, alors que 3,4 % des montants vont à la santé. à ces principaux axes prioritaires du PSE s’ajoutent le projet phare de développements touristique intégré et le projet environnemental d’intégration de l’adaptation aux changements ainsi que la protection sociale qui est une des priorités du gouvernement. La finalité du PSE est de faire du Sénégal un hub sous-régional. Ainsi, le Sénégal, tout comme le Rwanda, a déployé des plans ambitieux pour tirer sa population de la pauvreté. Facteurs de blocage Cependant, le chemin vers l’émergence est long. Le Rwanda souffre de plusieurs maux dont la forte dépendance de l’aide extérieure et le manque cruel en infrastructures de qualité. à Dakar, Christine Lagarde a émis des réserves sur la réussite de l’ambitieux projet. «Le Plan Sénégal émergent (PSE) et les objectifs qu’il poursuit sont ambitieux, mais sont réalisables s’il y a une rupture radicale avec le passé», estime la directrice du Fonds monétaire international. Les facteurs de risques à la réalisation du projet concernent l’instabilité institutionnelle, les résistances aux changements, la faible mobilisation des ressources budgétaires, l’absence des ressources humaines, les retards dans la mise en œuvre des réformes et la modernisation de l’Administration publique, les dépenses sociales imprévues, les aléas climatiques et enfin la capacité d'absorption limitée des ressources ainsi qu’un suivi-évaluation insuffisant.
Le PSE table sur «un Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire dans un État de droit» De manière urgente, des réformes clés seront menées d’ici 2016 pour améliorer substantiellement l’environnement des affaires. Elles porteront, en particulier, sur l’automatisation des procédures administratives, la mise en place d’un dispositif fiscal et juridique incitatif et simplifié, l’amélioration de la compétitivité des facteurs de production et la promotion d'un modèle très endogène du Rwanda
Le modèle très endogène du Rwanda Après le génocide de 1994, les Rwandais ont opté pour la réconciliation et l’implication de toutes les catégories de la population. Puis, le pays a choisi de trouver aux problèmes rwandais des solutions rwandaises. Plusieurs aspects de la Stratégie pour le développement économique et la réduction de la pauvreté (EDPRS) ont bien respecté ce principe. Le plus connu, le programme «une vache par famille pauvre», a été inspiré d’une tradition ancestrale qui consiste à offrir une vache à une famille en signe de respect. L'animal permet à ces familles de produire du lait pour leur propre consommation et de générer quelques revenus. Au total, plus de 180.000 bovins ont été distribués en 2013. Ce qui a réduit significativement l'extrême pauvreté. Le succès du tourisme est aussi dû au recours à des pratiques traditionnelles. Suivant les traditions, des cérémonies de baptême de bébés gorilles de montagnes sont régulièrement organisés. En 2013, le pays a attiré plus de 1 million de visiteurs, générant une recette de près de 300 millions de dollars, contre 62 millions en 2000, selon les chiffres officiels. Autre point fort du Rwanda est le système de la protection sociale. Il est déterminé par les communautés et comporte une assurance maladie rare dans les pays africains.
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Burundi
L’autosuffisance en riz devient une réalité
Après plusieurs décennies de production déficitaire et d’importation du riz pour satisfaire les besoins en consommation au niveau local, le Burundi passe, enfin, le cap de l’autosuffisance en termes de besoins de consommation de riz. Une embellie doublement consécutive à la paix retrouvée et à l’encadrement des riziculteurs. Exit, désormais, le temps du déficit pour cette denrée alimentaire. Par Jean Bosco Nzosaba
Selon les données du ministère burundais de l’Agriculture et de l’élevage, la production locale du riz est passée de 40.000 tonnes (riz paddy) en 1990 à 120.000 tonnes en 2013. Soit une augmentation de 200%. «Avec 100.000 tonnes, le marché local est largement couvert, vous voyez qu’il y a déjà un surplus qu’il va falloir vendre ailleurs ou conserver», fait remarquer Isidore Niyonkuru, ingénieur agronome.
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D'après le ministère burundais de l’Agriculture et de l’élevage, la production locale du riz est passée de 40.000 tonnes (riz paddy) en 1990 à 120.000 tonnes en 2013.
«Alors qu’il était hier encore uniquement réservé aux riches en raison de sa rareté et de son prix prohibitif, le riz trône aujourd’hui en bonne place dans le panier de la ménagère au Burundi, à côté du haricot, du blé et de la banane, principaux aliments de base, et le pays s’auto-suffit en la matière », déclarait en février
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2015, Déo Niyonkuru, responsable de l’association «Appui au développement intégral et à la solidarité sur les collines, ADISCO», une des principales organisations nongouvernementales burundaises qui s’investissent dans l’encadrement des producteurs agricoles associés au Burundi.
Un encadrement multidimensionnel et un contexte sécuritaire plutôt favorable Cette embellie remarquée dans la filière riz est la résultante de toute une gamme de paramètres plutôt endogènes. Au lendemain d’une guerre civile qui aura duré plus d’une décennie, les Burundais, ruraux à plus de 90% retournent enfin aux champs et boostent la production des cultures vivrières de façon générale. En outre, le gouvernement, qui place désormais l’agriculture parmi ses priorités pour relancer l’économie nationale, met à la disposition des producteurs agricoles des engrais chimiques et autres intrants à frais réduits. Bien plus, pour ce qui est
des cultures de rente comme le riz, les producteurs bénéficient d’un encadrement serré aussi bien de la part des structures étatiques qu’organisationnelles. «Après la guerre, les Burundais ont, depuis quelques années, le cœur à l’ouvrage et s’attellent à l’agriculture avec un attachement particulier à la culture de riz qui génère beaucoup d’argent surtout pour les paysans qui travaillent en associations», témoigne Immaculée Nininahazwe qui entretient un champ de riz dans la plaine de l’Imbo, banlieue de Bujumbura, la capitale. Que ce soit dans les marais, à l’intérieur du pays ou dans la vaste plaine de l’Imbo jouxtant la République démocratique du Congo, les Burundais sont résolument tournés vers cette culture du riz. Ils bénéficient en cela d’un sérieux encadrement des associations de développement du secteur agricole. «Au départ, nous voulions aider les familles, sans moyens pour la plupart, à combattre la famine et à éduquer leurs enfants grâce à
l’augmentation de la production du riz mais l’engouement est tel que même ceux qui n’étaient pas encadrés par nos équipes ont pris goût à cette culture, ce qui décuple la production», indique Albert Niyongere de la Confédération des associations des producteurs agricoles, (CAPAD). Une dynamique nationale encore porteuse à l’échelle nationale, la structure chargée de l’encadrement des riziculteurs est la Société régionale de développement de l'Imbo, (SRDI), appuyée par le ministère de l’Agriculture et de l’élevage à travers les Directions provinciales de l’agriculture et de l’élevage (DPAE). La filière bénéficie aussi de l’intervention de certains bailleurs, comme l’Union européenne, la Banque mondiale, le Fonds international de développement agricole, la Banque africaine de développement qui réhabilitent les infrastructures hydro-agricoles au Burundi.
La production devrait aller crescendo en raison des recherches scientifiques en cours à Bujumbura. Le Burundi abrite, en effet, depuis l’année dernière, un centre régional de l'Institut international de la recherche du riz de l'Afrique de l'Est et du Sud (IRRI). Ce centre régional, qui regroupe le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie, le Kenya, l'Ouganda, le Malawi, la Mozambique et le Madagascar, est le troisième de l'IRRI à côté d’autres bureaux de recherche basés en Inde et aux Philippines. «Le Burundi a été choisi par l'IRRI pour abriter le bureau régional grâce à son écologie variée qui favorise la culture du riz dans les régions de basses, moyennes et hautes altitudes. L'objectif principal de cette organisation est l'augmentation de la production du riz sans mettre beaucoup de moyens pour aboutir à une diminution du prix du riz», déclare Joseph Bigirimana, directeur de ce centre à Bujumbura.
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Infrastructures
Le Cameroun promeut les partenariats public-privé Par Cathy Koum
Le choix du Cameroun encouragé par la Banque mondiale est motivé, entre autres par une observation du Fonds monétaire international (FMI) qui relève, une accélération inquiétante du fardeau de la dette camerounaise.
Dans la zone CEMAC, à peine 5% seulement des infrastructures sont réalisées sous la forme d’un PPP.
La dette publique du Cameroun fin 2014 selon une note de conjoncture de la Caisse autonome d’amortissement (CAA), est estimée 2.900 milliards de francs CFA contre 2.790 milliards de francs CFA en 2013, soit une augmentation de 110 milliards de francs CFA. Dans les détails, il ressort que la dette extérieure du Cameroun est de 2124 milliards de francs CFA, ce qui représente 73,2% de la dette globale, alors que la dette intérieure qui est de 777 milliards de francs CFA occupe 26,8 % de la dette totale. De ce fait, l’encours de la dette publique du Cameroun équivaut à 20 % du produit intérieur brut, largement en deçà du seuil de 70 % prescrit par les critères de convergence de la Communauté économique et
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monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Tout compte fait, la CAA note que «la dette camerounaise demeure viable, même si les risques sont passés d’un niveau faible à un niveau modéré en raison d’un choc attendu sur les recettes en 2016». Le FMI dans un rapport de visite statutaire effectuée au Cameroun en 2014 attire quant à lui l’attention des dirigeants du pays sur le fardeau de la dette qui «se développe de nouveau à un rythme rapide», et prescrit la pédale douce. Face à cette mise en garde de l’institution de Bretton Woods, le Cameroun qui amorce l’’implémentation des grands projets infrastructurels de seconde génération, dans sa marche pour l’émergence en 2035 opte pour les partenariats publicprivé (PPP) pour financer ses barrages, ports, autroutes etc. Selon le ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire(Minepat), Emmanuel Nganou Djoumessi, les partenariats publics-privés «constituent une réelle alternative à la maîtrise d’ouvrage publique dans le cadre des projets nécessitant la mobilisation d’importantes ressources». Pour le Minepat, le recours aux PPP offre des avantages certains, notamment, la réalisation des économies substantielles sur le coût global de l’opération, la réduc-
tion des délais administratifs permettant une accélération de la réalisation du projet, et le desserrement de la contrainte financière de l’état. Un atelier d’imprégnation a d’ailleurs été organisé à l’endroit des acteurs publics impliqués dans le processus de la commande publique. Gregor Binker, le directeur des Opérations de la Banque mondiale au Cameroun, qui encourage le choix du gouvernement note que le mode de la commande publique, qui ailleurs, a permis la construction de grandes infrastructures modernes reste très peu usité en Afrique en général, et en particulier, dans la zone Cemac- Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale-, où à peine 5% seulement des infrastructures réalisées le sont sous forme d’un PPP. «C’est le taux le plus bas de toutes les autres régions du monde», indique Gregor Binker. Le bailleur de fonds a d’ailleurs prêté main-forte au Cameroun dans sa nouvelle option à travers une expertise du Conseil d’appui à la réalisation des contrats de partenariat (Carpa), afin de «discuter des réformes nécessaires à mettre en place par les autorités publiques pour attirer les investisseurs internationaux et régionaux, pour ainsi soutenir la croissance économique du Cameroun».
Burundi
Par Jean Bosco Nzosaba
La nouvelle taxe sur le mobile fait polémique Hyper prohibitive et très impopulaire, une nouvelle taxe sur la communication par téléphone mobile est vivement contestée au Burundi. Initiée dès le début de cette année 2015, cette taxe paralyse la communication et menace de conduire les sociétés de téléphonie mobile à la banqueroute. Même les parlementaires qui ont voté la loi qui l’instaure s’en mordent les doigts. «Le gouvernement burundais a coupé les ponts entre les citoyens des quatre coins du pays en instaurant dans la loi budgétaire, dès cette année, une taxe spécifique et supplémentaire de 0.02$ par minute et sur chaque appel téléphonique local ; même les plus nantis ne font plus que se biper aujourd’hui», déclarait, le 18 février 2015, Pierre Nduwayo, porte-parole de l’Association burundaise des consommateurs, Abuco. C’était au cours d’une conférence de presse organisée à Bujumbura pour dénoncer cette taxe prohibitive. Dans son article n° 37, la loi portant Budget général de l’état, exercice 2015 stipule en effet qu’il est institué «une taxe spécifique de téléphone mobile sur le trafic national. Cette taxe est de 42 francs burundais par minute», soit 0.02$. Quand un simple appel devient comme un luxe Deux mois après la mise en application de cette décision, le Burundais lambda ne sait plus que faire de son téléphone portable. En raison de cette taxe, les sociétés de télécommunication ont décuplé les tarifs à la minute. «Le 1er janvier 2015, tout a basculé. Désormais, tu recharges 1000 francs burundais (0.4$) et la compagnie te les prend dès le premier appel. Tu dois recharger encore une fois pour appeler alors à 0.02$ la minute, c’est hors portée pour de nombreux Burun-
dais déjà affligés par une pauvreté sans précédent», a également témoigné, le 18 février à Bujumbura, Tharcisse Nsavyimana, un des leaders de la Confédération des syndicats du Burundi, COSYBU. Dès janvier 2015, les organisations burundaises de la société civile et les syndicats des travailleurs ont lancé un vaste mouvement de contestation de cette taxe spécifique sur le téléphone mobile dans le cadre de la «campagne contre la vie chère». «Nous voulons acculer le pouvoir à supprimer cette taxe car le téléphone n’est pas un luxe mais une nécessité», martèle, de son côté, Fidèle Niyonsaba, du Syndicat général des commerçants au Burundi, SYGECO. Même les parlementaires qui, fin 2014, ont voté cette loi s’en mordent les doigts aujourd’hui, deux mois après sa mise en application. Selon le député Bonaventure Gasutwa, président du groupe des députés issus du parti Union pour le progrès national (Uprona, un des principaux partis d’opposition), cette loi a été votée dans la précipitation après les explications du ministre. «C’est intenable pour les citoyens, même ceux qui ont un peu plus de moyens de se payer les unités pour appeler», estime-t-il. Grosse frayeur chez les entreprises de téléphonie mobile. L’inquiétude grandit aussi dans le
camp des compagnies de téléphonie mobile qui opèrent dans ce secteur. Selon Cyrille Nibigira, président de la Chambre sectorielle des technologies de l’information et de la communication au sein de la Chambre fédérale de commerce et d’industrie au Burundi (CFCIB), le chiffre d’affaires de chaque société subira l’onde de choc de cette nouvelle taxe. «Avec cette nouvelle taxe et le changement de comportement des clients, le chiffre d’affaires global va chuter et ainsi affecter les autres taxes, notamment la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) 18%, la taxe de consommation 12% et la redevance annuelle à l’ARCT (2%) qui sont basées sur le chiffre d’affaires.», expliquait-il, début janvier, dans le cadre d’une conférence de presse sur l’impact de cette nouvelle taxe. Mais le Gouvernement campe toujours sur sa position malgré cette vague de protestation tous azimuts. Pour Tabu Abdallah Manirakiza, ministre burundais des Finances et de la Planification du développement économique, il est encore tôt pour dire que cette taxe spécifique sur le téléphone mobile freine le flux d’appels et menace les entreprises œuvrant dans le secteur. «L’introduction de cette nouvelle taxe n’est qu’un changement de mode de collecte des recettes dans ce secteur après avoir suspecté des cas de fraude», a-t-il déclaré, le 15 février 2015 à Bujumbura.
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Guinée
Difficile flexibilité des prix du pétrole Le Gouvernement guinéen s’est fait tordre le bras pour concéder à une baisse du prix du litre du carburant à la pompe. Acculé par les syndicats et les associations de consommateurs, il a dû se plier face aux menaces de grèves illimitées que brandissent ceux-ci, pour revoir légèrement les prix à la baisse, deux fois de suite, dans l’intervalle d’un mois.
© photo D.R
Par Bachir sylla
Une station service à Conakry.
La première baisse, de dix pour cent sur le prix du litre, est passée, début février, de 10.000 à 9.000 GNF (environ 750 F CFA). La seconde, dans les mêmes proportions et à la fin du même mois, est tombée à 8.000 GNF (environ 667 F CFA) le litre. Ce qui ne semble pas encore satisfaire les Guinéens durement ébranlés par la crise sanitaire Ebola. L’une et l’autre n’ont pas eu l’effet escompté. Les syndicats ont aussitôt exigé que l’Etat fasse une dimi-
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nution plus importante, qui serait proportionnelle au pourcentage de la baisse du prix du baril de pétrole sur le marché international. Cette exigence tient en effet compte de l’esprit de l’accord tripartie (Etat guinéen-Syndicats et Patronat) instituant la flexibilité des prix du pétrole en Guinée. Or, depuis la conclusion dudit accord, les prix n’ont connu qu’une tendance à la hausse. Du moins jusqu’au moment où les cours du pétrole ont commencé à dégringoler en fin
de l’année dernière pour se placer sous la barre de 50 dollars le baril sur le marché mondial. Face à cette nouvelle donne, bien des pays de la sous-région ouestafricaine ont été prompts à réajuster les prix du carburant. Tout le contraire de la Guinée, qui a traîné le pas pour entrer dans la danse. Mais pas seulement. Elle a aussi lésiné sur les moyens, au point de se faire taper sur les doigts. Avec la première baisse, le gouvernement avait pris de cours ses partenaires sociaux. Mis devant le fait accomplis, les syndicats ont menacé d’appeler à des manifestions de rue contre la mesure gouvernementale. Ce qui a contraint les autorités à revoir leur copie et concéder une nouvelle baisse. Curieusement, même celle-ci n’aura pas suffi pour contenter les syndicats, dont certains exigent que le litre soit vendu à 6.000 GNF (environ 500 F CFA). Sans quoi, trois centrales syndicales appellent à la cessation du travail les 9 et 10 mars. L’opposition guinéenne, elle aussi, a dénoncé la main lourde du pouvoir qu’elle accuse de se soucier très peu des conditions de vie
Le poids des subventions Les autorités guinéennes ont souvent mis en avant le poids que représentent les subventions au carburant sur le budget de l’Etat- près de deux milliards de francs guinéens (environ 167 millions de CFA)-rien qu’entre 2011 et 2014- pour justifier le maintien des prix à leur niveau d’avant-baisse sans pour autant donner des détails techniques (taxe, transport interne, fret,…). Elles sont encouragées à cela par des recommandations d’institutions financières internationales comme le Fonds Monétaire International, qui militent en faveur d’une suppression pure et simple des subventions au carburant, trop souvent constatées en Afrique subsaharienne. Selon une récente étude du FMI, les subventions énergétiques continuent d’absorber une grande part des maigres ressources publiques de cette partie du continent noir. Les auteurs de l’étude estiment que, bien que ne profitant pas à toutes les couches sociales d’un pays, les principaux bénéficiaires de ces subventions sont les classes aisées. Ils avouent cependant que la suppression des subventions au carburant est difficile à mettre en œuvre en Afrique. Car, il faut au préalable arriver à convaincre la population que «les avantages qu’elle peut tirer du déploiement des dépenses publiques dépasseront les pertes issues de la suppression des subventions».
© photo D.R
de leur compatriote. Un député de la mouvance présidentielle guinéenne a estimé que l’opposition est bien dans son rôle légitime de critiquer les actions du gouvernement. Il affirme cependant que le pouvoir est sous le poids des contraintes liées à la gestion du pays, qui fait face à des baisses tous azimuts des recettes, à cause de la persistance de l’épidémie Ebola.
Ebola et conjoncture Par ces temps de crise sanitaire liée à l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola qui frappe la Guinée de plein fouet, et qui a négativement impacté l’économique du pays, le gouvernement et les syndicats ont joué sur des registres différents durant les négociations. Chacun, pour convaincre, a tiré sur la fibre sensible pour influencer la partie adverse. Dans ce bras de fer, les Guinéens ne savent plus trop quelle satisfaction espérer. Car au bien-fondé de la
nécessité pour le gouvernement de préserver les acquis relatifs aux équilibres macro-économique du pays, s’oppose la légitime nécessité pour les syndicalistes de chercher à améliorer les conditions de vie des travailleurs guinéens. On sait d’ordinaire que la plupart des prix de denrées alimentaires connaissent des fluctuations en fonction du prix du carburant à la pompe. NB : à la date du 3 mars 2015, le taux officiel de change était de 1 F CFA contre 12, 4.397 GNF.
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Niger
Le Pétrole attire les investisseurs locaux
Par Boureima Balima
© photo A.F.P
La découverte et l’exploitation du pétrole au Niger a propulsé la création des stations-service et autres activité connexes. Aujourd’hui, Niamey, la capitale nigérienne et les autres villes du pays sont envahis sur leurs grandes artères par des sociétés et entreprises spécialisées dans la vente des hydrocarbures issus du sous-sol nigérien.
Selon la Direction des hydrocarbures, on estime aujourd’hui à environ 356 stations-services avec la capitale qui dispose à elle seule de 151 pour la vente à la pompe de l’essence et du gasoil.
Aux côtés des grandes marques de stations-service connues de par le monde, il faut désormais compter au Niger avec des noms typiquement locaux pour la vente et la distribution du carburant dans la capitale et les autres grandes villes du Niger. L’avènement du pétrole en novembre 2011 a concouru à
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l’explosion des stations-services dans ce pays pauvre de l’Afrique de l’Ouest. Sur les grandes artères, au détour d’un carrefour ou entre les pâtés de maison, il est facile de tomber sur une station-service. Des noms locaux sont gravés sur les hangars et sur les pompes. Oriya pétroleur, Arawak, Badabam ou
encore Sone sont visibles partout dans la capitale nigérienne avec des représentations à l’Intérieur du pays pour certaines. Des entreprises qui sont nées pour la plupart après l’ouverture des vannes de la Société raffinerie de Zinder, une société détenue par les Chinois à 60% et les Nigériens
point de départ
à 40%. Cette raffinerie est chargée du raffinage du brut extrait dans les puits d’Agade (environ 1500 km de Niamey). Selon la Direction des hydrocarbures, on estime aujourd’hui à environ 356 stations-services avec la capitale qui dispose à elle seule de 151 pour la vente à la pompe de l’essence et du gasoil. La production des hydrocarbures au Niger Le 28 novembre 2014, le Président nigérien Issoufou Mahamadou et l’ambassadeur de Chine au Niger d’alors ont donné le coup d’envoi du raffinage de la totalité de la production de la Cnpc sur les puits d’Agadem. Une prévision de 20.000 barils par jour est attendue de ces deux usines. à ce jour, l’usine de raffinage n’a pas encore atteint sa production record puisqu’en 2014, le Niger a produit 6.065 millions de barils selon la Direction des hydrocarbures pour une production journalière d’environ 16.846 barils. Selon toujours la direction des hydrocarbures, dans la production annuelle raffinée en 2014, 186501 m3 de super, 350.533 m3 de gasoil et 1.691 tonnes de gaz GPL ont été vendus au niveau national contre 134.179 m3 de super 192.617 m3 de gasoil, 20731 tonnées de gaz GPL exportés. Une manne qui ne profite pas au peuple selon certains acteurs. Depuis la fixation des prix à la pompe en janvier 2012, plusieurs organisations notamment de la société civile se sont levées pour les dénoncer. Elles estiment que les prix sont élevés pour une production nationale. Parmi les acteurs, il y a Mahamadou Gamatché, Secrétaire général du Syndicat des conducteurs de taxi (Syncotaxi), les Nigériens ne doivent pas payer aussi chèrement comme ils paient actuellement les produits dérivés. Selon lui, même dans les pays qui ne sont pas producteurs, les produits dérivés ne
Le Niger produit du pétrole depuis fin 2011 à partir du gisement d'Agadem, dans la zone du Termit-Ténéré près de la frontière du Tchad. L'exploitation est réalisée en coopération avec la China National Petroleum Corporation (CNPC). Les réserves étaient estimées début 2012 à 320 millions de barils, et la production à environ 20 000 barils par jour (production mondiale : 82 000 000 barils par jour en 2010). Le pétrole est transféré par un oléoduc de près de 700 km vers la raffinerie de Zinder, pour y être raffiné 14. La raffinerie de Zinder a commencé son activité en décembre 2011 dans la commune rurale d’Ollelewa, dans le département Tanout. Elle est exploitée par la Société de raffinage de Zinder (SORAZ), une coentreprise entre la China National Petroleum Corporation (CNPC) et l’Etat nigérien. Sa capacité de raffinage est de 20 000 barils par jour. La consommation du Niger étant de 7 000 bbl/j, les 2/3 restants doivent être exportés vers les pays voisins.
sont pas aussi chers qu’au Niger surtout qu’il y a une diminution du prix du baril sur le marché international depuis la mi-juin 2014. Pour sa part le gouvernement estime que 540 F CFA pour le Super sans-plomb est 560 pour le gasoil s’explique par la lourdeur les investissements faits dans la construction de la raffinerie. Le Niger a emprunté auprès des Chinois plus de 900 millions de dollars pour la construction de l’oléoduc entre Agadem et Zinder (plus de 600 km) et la raffinerie de Zinder. Aujourd’hui le gouvernement du
Avec openoil.net
Niger envisage la construction d’un oléoduc pour le transport du brut vers le port de Kriby au Cameroun via le Tchad. Les trois pays ont signé un accord dans ce sens au milieu du quatrième trimestre de 2014. Avec cette exportation, le gouvernement du Niger pense amortir les investissements faits dans le pétrole. En attendant les Nigériens doivent continuer à payer les dérivés du pétrole aux prix fixés depuis janvier 2012, car le ministère en charge du commerce a entériné les prix à travers un communiqué.
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Communiqué Dans le cadre de la nouvelle vision stratégique impulsée par le Directeur Général, Dr Cheikh KANTE, consistant à faire de Dakar, la plateforme d’Excellence de la côte Ouest Africaine, à l’horizon 2023, le Port Autonome de Dakar s’est engagé dans un vaste programme d’investissements. Cette dynamique constante basée sur le triptyque , Performance, efficience, sécurité, a permis aujourd’hui de mettre à notre actif plusieurs réalisations reposant sur trois axes stratégiques : 1- La politique de spécialisation des quais pour la prise en compte des spécificités et besoins pour chaque type de navire et de trafic qui a déjà abouti à plusieurs concessions portuaires : • La concession du Terminal Vraquier à NECOTRANS, avec des retombées significatives pour le Port à savoir : • Dragage des Postes 81, 82, 83 ; • Un ticket d’entrée de 2 milliards de F CFA; • Une construction d’un mur de quai et un Terminal Vraquier moderne; • Un investissement ferme de 48 milliards ; • La concession du Terminal Roulier du Môle 2 à Bolloré Africa Logistics. • L’érection prochaine d’un Terminal fruitier et d’un Terminal céréalier. 2- Un vaste programme d’investissements ponctué par : • La réception des travaux de dragage du Chenal d’accès qui permet déjà de recevoir des navires calant à (-13,5 mètres) • La célébration des 12 millions de tonnes de marchandise en avril 2014 • La réhabilitation en cours du Wharf Pétrolier qui sera un Terminal ultra moderne avec une augmentation des capacités d’accueil et de stockage pour le trafic pétrolier. 3 - L’instauration d’une politique Qualité et environnementale conformes aux normes internationales en vigueur sans oublier la sécurité et la sûreté. En plus de toutes ces réalisations, le port autonome de Dakar a réussi à se faire noter BBB+par l’Agence Wara pour mieux consolider la démarche transparente des autorités portuaires, et sa crédibilité auprès des institutions financières. Ces projets et investissements constituent une contribution active pour appuyer les pouvoirs publics dans la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent(PSE).
Port Autonome de Dakar Une ambition en marche
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Chine-Afrique
Les rails, fer de lance de la diplomatie chinoise
L’Union africaine et la Chine ont signé, le 27 janvier 2015 à Addis-Abeba, un protocole d’accord pour un vaste projet de mise en place d’infrastructures routières, ferroviaires et aériennes pour relier les grandes métropoles du continent. Par Babacar Seck
C’est un secret de polichinelle. De nombreux passagers sont obligés de transiter par Paris ou Londres pour se rendre d’une capitale africaine à l’autre. Un long trajet pour rejoindre des pays si proches géographiquement. Ces tracasseries seront bientôt un mauvais souvenir grâce au gigantesque projet que compte mettre en œuvre l’Union africaine en partenariat avec la Chine. Les deux parties ont paraphé le 27 janvier 2015 à Addis-Abeba (éthiopie) un protocole d’accord
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pour la construction d’autoroutes, des trains à grande vitesse, et des liaisons aériennes qui relieront les capitales africaines. D’après Nkosana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’UA, ce projet, «le plus important jamais signé par l’Union africaine avec un partenaire, (…) marque le coup d’envoi de la réalisation de l’agenda 2063», échéance fixée par l’UA pour la mise en place d’une Afrique «unifiée et prospère». Pour Zhang Ming, viceministre chinois des Affaires étran-
gères, c’est «l’accord du siècle». Les détails du projet n’ont pas été dévoilés, mais si l’on en croit Dlamini-Zuma, un groupe d’experts a été créé pour travailler sur le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse, les liaisons aériennes et l’industrialisation avec des équipes présentes dans les pays concernés. La Chine, reine des voies ferrées en Afrique Avec ce méga-programme, l’Empire du Milieu renforce sa présence
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perspectives
perspectives Investissements chinois en Afrique depuis 2005 1. Nigeria
Le pays a reçu 15,6 milliards de dollars dont 8,2 dans le secteur de l’énergie, 3,8 dans les transports et 3,2 dans l’immobilier. 6e destination préférée des Chinois, il a attiré plus de capitaux que le Royaume-Uni ou la Russie (13,3 milliards de dollars). Les principales transactions ont concerné les actifs pétroliers onshore de Total, rachetés par Sinopec en novembre dernier pour 2,5 milliards. Un autre investissement remontant à juin 2008 et d’un montant de 2,27 milliards de dollars a été consenti par la Cnooc lors du rachat de South African Petroleum.
2. Algérie
10,5 milliards de dollars dont 8,8 milliards dans les transports et 1,3 milliard dans l’immobilier. La fondation ne donne pas le détail des transactions.
3. Afrique du Sud
8,6 milliards de dollars dont 5,9 dans les services financiers et 2,7 dans les minerais. Une grande partie de cette somme (5,6 milliards) provient du rachat de 20% de Standard Bank, le premier établissement financier du continent, par ICBC. Mais le rachat du minier Metorex, actif en RD Congo, par Jinchuan représente un gros morceau avec 1,36 milliard de dollars.
4. Éthiopie © photo D.R
7,8 milliards de dollars dont 2,9 dans l’énergie, et 2,4 dans les transports et la technologie. Aucun détail des transactions ne figure dans les statistiques fournies par la fondation américaine.
5. RD Congo dans les grands projets d’envergure dans le continent. La Chine multiplie les constructions de voies ferrées. Déjà le 19 novembre 2014, la China Railway Construction a signé un gigantesque contrat de 12 milliards de $ avec le gouvernement nigérian pour la construction d’une ligne de chemin de fer de 1400 km qui va relier les villes côtières du pays. Auparavant, durant le second trimestre de 2014, la CRC avait livré la voie ferrée reliant le port de Lobito (Angola) à la province du Katanga (RDC). Le gouvernement angolais a dépensé à 1,83 milliard de $. Cette ligne permettra chaque année, l’acheminement de 20 millions de tonnes de matières premières. Au total, la Chine a construit quelque 2.200 km de voies ferrées en Afrique. D’autres lignes devant relier les capitales Addis-Abeba et Djibouti, et les villes de Mombassa et Nairobi au Kenya sont en cours.
7,8 milliards de dollars dont, sans surprise, 7,2 milliards dans les minerais et 660 millions dans l’énergie. Héritage recense quatre transactions supérieures à 1 milliard de dollars effectuées par China Eximbank, China Railway Engineering, China Metallurgical, Sinohydro et Minmetals (rachat du minier canadien Anvil pour 1,28 milliard de dollars).
6. Tchad
6,8 milliards de dollars en tout, dont 6,6 dans les transports. Pas de détails.
7. Angola
6,5 milliards de dollars dont 5 milliards dans l’immobilier et 1 milliard dans l’énergie. L’été dernier, les photos d’une cité fantôme, d’un coût officiel de 3,5 milliards de dollars, construite par l'état chinois, en échange de pétrole angolais avaient fait le tour du monde.
8. Niger
5,2 milliards de dollars en tout. Il s’agit principalement de l’investissement de 5 milliards de dollars réalisé par CNPC dans les hydrocarbures en juin 2008.
9. Sierra Leone
4,7 milliards de dollars dont 3 dans les transports et 1,8 dans les minerais.
10. Cameroun
4,6 milliards de dollars dont 1,6 dans les transports, 1,5 dans l’énergie et 870 millions dans l’agriculture. Source : Enquête du think tank américain Fondation Heritage, publié en avril 2013
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perspectives
Cameroun
un projet pour une agriculture orientée vers la commercialisation et l’industrialisation
Le Projet d’investissement et de développement des marchés agricoles -PIDMA-, novateur de par sa démarche de partenariat public-privé est une initiative conjointe de la Banque mondiale et du Gouvernement camerounais. Par Cathy Koum
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A la recherche du financement pour l’opération Téléfood, le Ministre de l’agriculture et du développement rural (Minader) a rencontré plusieurs chefs d’entreprises à Douala.
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Le projet PIDMA lancé officiellement en fin janvier par le ministre camerounais de l’Agriculture et du développement rural, est conçu pour une durée de cinq ans. L’objectif de développement de ce projet est d’accroître l’offre et la valeur ajoutée des produits du manioc, du maïs et du sorgho issus des bénéficiaires que sont les fermes agricoles, les coopératives et les petites et moyennes entreprises agricoles. Selon les responsables du projet, il est question de promouvoir un mécanisme de «partenariat économique» direct et durable entre organisations de producteurs (OP) et acheteurs, principalement le secteur privé de l’agro-business pour améliorer leur accès aux marchés, financer des sous-projets des Op, pour améliorer l’accès des producteurs à des technologies agricoles plus performantes, à des intrants de qualité et à des infrastructures publiques de base, améliorer l’accès des Op et de leurs membres au financement rural. Il s’agit aussi de financer des infrastructures publiques de base telles que la réhabilitation de 125 km de routes rurales dans les bassins de production. L’intervention du projet sera concentrée dans 34 bassins de production répartis dans cinq
zones agro-écologiques du Cameroun à savoir 300 coopératives éligibles représentant 30.000 ménages, soit 120.000 bénéficiaires directs dont 50 % de femmes. Selon le ministre de l’agriculture Essimi Menye, le projet ne va pas se limiter à la transformation et à la commercialisation du maïs, du manioc et du sorgho dont le choix a été fait par la Banque mondiale, qui finance le projet à hauteur de 100 millions de dollars sur un coût global de 170 millions. D’autres partenaires financiers
sont en lice pour le financement d’autres filières agricoles au Cameroun. Le projetest jusque-là cofinancé par l’État camerounais, le groupe de la Banque mondiale (Association internationale de développement -IDA- et Société financière internationale -SFI-), les coopératives bénéficiaires, les institutions financières partenaires (banques commerciales, établissements de microfinance et de leasing) et la Coopération japonaise.
perspectives
Selon les experts de la Banque mondiale, le Pidma est un projet novateur de par sa démarche de partenariat public-privé (PPP) pour appuyer le financement et la réalisation des sous-projets portés par les coopératives de producteurs dans trois filières clés pour le Cameroun (maïs, manioc, sorgho). Des contrats de partenariats productifs seront signés entre chaque coopérative bénéficiaire et un agrobusiness partenaire, dans lesquels l’agrobusiness partenaire s’engage à acheter la production de la coopérative sous des
conditions (prix, qualité, quantité, calendrier) bien définies. Le Pidma a déjà signé des conventionscadres avec certains agrobusiness tels que: Guinness Cameroun, Nestlé Cameroun, Etablissements Nkam (provenderie), Socochair et le Syndicat national des boulangers du Cameroun pour l’achat d’environ 9 tonnes de sorgho par an, plus de 1 500 tonnes d’amidon, près de 50 000 tonnes de farine de manioc et de 1 400 tonnes de maïs par an. Des conventions de partenariat ont également été signées avec les institutions financières
(Afriland First Bank, Bicec, Ecobank) qui cofinanceront les sousprojets des coopératives à travers des prêts à moyen terme (minimum de 40% du coût du sousprojet). Les coopératives promotrices et l’Etat assureront le reste du financement de chaque sousprojet (à travers un apport de la coopérative de minimum de 10% et une subvention du Pidma d’un maximum de 50%). La reproduction de ce concept dans d’autres pays, notamment en Afrique, a été encouragée par la Banque mondiale.
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perspectives
Niger
Les transactions financières se numérisent
Par B. B.
Sur les grands panneaux publicitaires, en dernière page des journaux en encore dans les médias audio-visuels, le public est invité à utiliser le portefeuille électronique qu’offre les compagnies de téléphonie mobile et les banques de la place.
Depuis la mise en place de ce portefeuille électronique, beaucoup de détenteurs préfèrent payer leur facture d’eau et d’électricité à travers ce nouveau moyen de paiement.
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tions avec les compagnies cellulaires. Ecobank en est le précurseur, aujourd’hui toutes les banques de la place ont des liens directs avec les compagnies pour le transfert des crédits de communication dans les comptes du portefeuille électronique.
D’abord récalcitrants au lancement du produit, aujourd’hui «ils sont nombreux à utiliser nos produits que nous offrons», explique Moussa Yacouba, responsable de la monnaie électronique au niveau d’une compagnie de téléphonie mobile. « Notre objectif est de permettre à nos clients de faire leurs transactions financières sans utiliser des billets de banque ou de pièce de monnaie.» ajoute M. Yacouba. Une opportunité que semble également saisir les différents établissements bancaires du Niger. Certains d’entre eux ont signé des conven-
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Une aventure qui a commencé en 2010 C’est en 2010 que cette coopération a commencé lorsque Zain, devenue aujourd’hui Airtel, a lancé en collaboration avec Ecobank, le portefeuille électronique dénommé «MKoudi» qui est le condensé de Mobile et Koudi (argent en Haoussa, la langue la plus parlée du Niger). Au départ, très peu de gens avaient adhérer à l’option, seuls, les agents travaillant dans ces sociétés utilisent leur numéro pour faire les transactions. «Avec le temps et les avantages qu’offre le service, la population a montré un engouement », explique Moussa Yacouba. Désormais les clients de ces deux entités peuvent utiliser le compte bancaire pour charger leur compte d’appel et transférer de l’argent de leur téléphone portable vers leur compte bancaire. Depuis les autres compagnies ont aussi emboité le pas. Au-delà des transactions avec les banques, les détenteurs de numéro cellulaire peuvent transférer de l’argent à un autre utilisateur, payer leurs factures et faire du shopping dans certaine super-
marchés du Niger. Aujourd’hui on estime à plus de deux millions d’abonnés des compagnies de téléphonie qui disposent de compte dans leur portefeuille électronique. «C’est peu pour l’instant, mais nous estimons qu’avec le temps les clients prendront la mesure», professe Yarou Ousmane, responsable des transactions numériques dans une banque. Fini les queues devant les guichets Depuis la mise en place de ce portefeuille électronique, beaucoup de détenteurs préfèrent payer leur facture d’eau et d’électricité à travers ce nouveau moyen de paiement. Du coup, les longues queues devant les guichets ont disparu. «Je ne prends plus de temps pour me déplacer et rester devant les guichets», explique Ibrahim Ousmane, un agent fonctionnaire. Selon Yarou Ousmane, c’est le but recherché dans la numérisation des transactions financières partout dans le monde, «Perdre moins de temps dans les activités sociales.» D’après un rapport de la Banque mondiale, les transactions numériques sont également plus sûres. L’enregistrement numérique des transactions et des vérifications plus strictes de l’identité des parties se révèlent efficaces pour éradiquer la corruption, toujours susceptible d’entacher les programmes de transfert. Sans compter que cette numérisation est un facteur avéré de l’émancipation économique.
perspectives
Togo
Une nouvelle usine pour lutter contre la pénurie de ciment
Par Sylvio Combey
Le Togo, petit pays sur la côte de l’Afrique de l’Ouest est entrain de faire des pas de géant pour la satisfaction d’un certain nombre de besoins au plan national tout en visant au-delà des frontières. Une nouvelle unité de production de ciment devra voir très bientôt le jour, à Kara, plus de 420 km, dans la partie septentrionale du pays. Depuis 1978, le Togo a commencé par produire du ciment avec son unité CIMTOGO. En cette période, l’unité de production située dans la zone portuaire, dans une banlieue à l’est de la capitale, faisait le grand bonheur des populations qui arrivaient à s’en procurer sans grande gêne. Le 25 avril, de cette année, les installations de broyage de cette unité ont été inaugurées par le Chef de l’état Feu Etienne Eyadéma Gnassingbé. La production répondait à la demande intérieure et la marge était d’ailleurs grande pour satisfaire aussi la demande des pays voisins comme de l’hinterland. Au fil des années, la capitale s’est agrandit, des villes formées avec de nouveaux pôles de développement avec pour conséquences, une demande accrue en ciments, élément quasi indispensable au Togo dans la chaîne de construction. Depuis quelques années, c’est devenu la croix et la bannière pour les Togolais de se procurer du ciment pour construire leur toit. à cette pénurie se sont ajoutées des périodes d’inflation du prix. La demande nationale grimpe, celle extérieure aussi. C’est donc dans une perspective de juguler tous
ces paramètres, selon le ministère du Commerce que le Chef de l’état togolais, Faure Essozimna Gnassingbé, a procédé, le 14 Janvier 2015, au lancement des travaux de construction d’une nouvelle unité de production. Et de deux… La nouvelle unité de production sort de terre et les travaux de construction devront être finalisés en 24 mois. «Cette unité va contribuer à lutter contre la pénurie de ciment, aussi bien à l’intérieur de nos frontières, qu’au-delà et pourra satisfaire à terme la demande du marché national et sous-régional; ce qui placera le Togo au premier rang des pays producteurs de ciment dans la sous-région», a déclaré le ministre togolais des mines et de l’énergie Noupokou Dammipi. Le projet qui est une initiative de CIMTOGO, une filiale du cimentier allemand du groupe Heidelberg Cement, est estimé à 15 millions de dollars US, soit environ 7,5 milliards de FCFA. à terme, cette unité aura une capacité de production annuelle de 200.000 tonnes. Avec CIMTOGO Kara, le gouvernement togolais attend voir CIMTOGO (filiale togolaise du cimentier allemand HeidelbergCement
Group) contribuer de manière significative au budget de l’état au titre des redevances et taxes. Il est annoncé une production de 200.000 tonnes de ciments par an et par conséquent, la création de 60 emplois directs et plus de 200 emplois indirects. Pour alimenter l’usine, les gisements de calcaire de Namon (Dakpen) et d’Atchangbadè ( Kozah) seront exploités. Le groupe allemand HeidelbergCement possède déjà au Togo une unité de production de granulat Granutogo et une grande unité de nouvelle génération pour la production de clicher Scantogo, entrée en production au dernier trimestre de 2014. HeidelbergCement achève par ailleurs la construction d’une usine de clinker à Sika-Condji pour un investissement de 250 millions de dollars. La production est estimée à 1,5 million de tonnes par an. Le géant allemand HeidelbergCement est un acteur historique dans la production du ciment dans la sous-région ouest-africaine. Il est présent dans des pays tels la République démocratique du Congo (RDC), le Gabon, le Bénin, la Tanzanie, le Burkina Faso mais aussi en Europe, en Amérique et en Asie.
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perspectives
burundi
Haro sur la corruption dans les mines ! Dans le souci de rendre le secteur minier plus transparent et attractif pour les investisseurs, les organisations burundaises de la société civile plaident activement pour que le pays adhère à l’ITIE (Initiative pour la transparence dans l’industrie extractive), prônée par l’organisation régionale CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs), dont le pays est membre. Par Jean Bosco Nzosaba
«Le Burundi est miné par la corruption et la contre-bande qui gangrènent le secteur minier, nous exhortons vivement le Gouvernement à adhérer à l’Initiative pour la transparence dans l’industrie extractive, ITIE», déclarait début février Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire burundais de lutte contre la corruption et les malversations économiques, OLUCOME. Pour mieux promouvoir la gouvernance économique en leur sein, les 12 pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL (Angola, Burundi, République Centrafricaine, République du Congo, République Démocratique du Congo, Kenya, Ouganda, Rwanda, République du Sud Soudan, Soudan, Tanzanie et Zambie) se sont en effet accordés sur l’impératif de s’astreindre aux directives de l’ITIE. «C’est une coalition globale d’entreprises, de gouvernements et d’organisations de la société civile œuvrant ensemble pour améliorer la transparence et la gestion responsable des revenus issus des ressources naturelles», clarifie encore Gabriel Rufyiri.
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L’adhésion à l’ITIE implique un éventail d’obligations, notamment la publication par les gouvernements de ce qu’ils reçoivent des sociétés extractives et à la publication par ces dernières de ce qu’elles paient aux gouvernements. Tout faire pour que rien ne soit plus comme avant «Jusqu’à aujourd’hui, le fonctionnement de ce secteur est entaché de nombreuses, nous déplorons, notamment, un manque de transparence tant dans le processus de négociation des contrats et l’obtention des permis de travail que dans la répartition des revenus et le rapatriement des devises générées par l’exportation des produits miniers. Ce qui explique une perte de confiance de la part de beaucoup de citoyens burundais dans le système de gestion de ce secteur», indique Prudence Bararunyeretse, un des ardents défenseurs des droits économiques et sociaux au Burundi. Selon l’économiste Prime Nyamoya, ancien patron d’une banque commerciale locale et Professeur d’université, l'exploitation minière,
au Burundi, ne profite ni à l'économie nationale ni au développement communautaire mais plutôt à une poignée de personnes locales et à des économies étrangères. Pourtant, poursuit-il, le secteur minier est capable de contribuer à la croissance économique au Burundi et dans la région, à travers la création d'emplois, l'amélioration des infrastructures, et l'augmentation des revenus. Officiellement, même le gouvernement ne fait plus mystère de son intention de faire du secteur minier le levier de son économie d’aprèsguerre. Pour tenter de mettre fin à l’anarchie qui gangrène ce secteur, le pays a révisé, il y a eux ans, son Code minier vieux de près d’un demi-siècle. «Le débat sur l’adhésion à l’ITIE a déjà commencé au niveau du gouvernement, ce point était d’ailleurs à l’ordre du jour de la réunion du Conseil des ministres tenue le 9 octobre 2014, le dossier prend son cours normal», a déclaré le 15 février 2015, Côme Manirakiza, ministre burundais de l’énergie et des mines.
perspectives
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Pour tenter de mettre fin à l’anarchie qui gangrène ce secteur, le pays a révisé, il y a eux ans, son Code minier vieux de près d’un demi- siècle.
Mais un véritable flou artistique entoure toujours ce secteur. «L’exploitation est en cours pour certains gisements, mais rien ne transparaît au niveau du Budget général de l’état pour chaque exercice. Or, si le pays se conforme aux principes de l’ITIE, rien ne sera plus comme avant», susurre Faustin Ndikumana, président de l’ONG Paroles et actions pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités, PARCEM. Un potentiel minier jugé porteur Ruiné par près de deux décennies de guerre civile, le Burundi compte désormais sur son riche potentiel minier pour remettre son économie sur les rails. Les yeux semblent particulièrement tournés vers les minerais du nickel. Même si elle est encore partielle, une prospection établie fin 2013 par le ministère burundais de l’énergie et des
mines évalue ses réserves à 261 millions de tonnes. L’exploration révèle un potentiel assez porteur même au sujet des autres minerais, en l’occurrence le vanadium (au centre du pays) dont les réserves sont estimées à 97 millions de tonnes. Le pays est aussi parsemé de mines d’or par endroits. Mais l’exploration reste encore partielle et artisanale. En outre, on signale d’autres gisements de phosphates et carbonate avec des réserves estimées à 26 Mt, des gîtes minéralisés en cassitérite, Wolframite et Colombo-tantalite (nord du Burundi). à cela s’ajoutent les minerais industriels, notamment les matières premières locales destinées à l’import-substitution comme les roches carbonatées pour la fabrication du ciment (déjà effective à l’ouest du pays), le kaolin, le feldspath et le cilice pour les produits céramiques. La prospec-
tion met en effet en évidence des réserves de 2 millions de tonnes de roches carbonatées 16.320.000 tonnes de kaolin, 5.132.674 tonnes de quartzite et 730.083 tonnes de feldspath. A tout cela s’ajoutent aussi d’énormes réserves de tourbe estimées à 36 millions de tonnes. Alléchées par ce potentiel, quelques entreprises étrangères sont en phase d’exploitation minière. C’est notamment Flemish Investment Burundi (or), Rainbow (terres rares), African Mining Metallurgical–AMMG (cassitérite, wolframite et coltan), Consortium International d’Affaires de l’Alliance mondiale des sports–CIAAMS et Burundi Mining Metallurgy (nickel), Danyland; AZ, Signet Pétroleum et Surestream (hydrocarbures) et Burundi Sino-Africa Multiple Metal Metallurgy co. Ltd (colombo-tantalite et minerais associés).
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perspectives
Bénin
Des mesures pour rendre la filière anacarde plus compétitive Neuvième producteur mondial de cajou et troisième au niveau africain, le Bénin se place parmi les pays qui disposent d’un grand potentiel pour le développement de la filière noix de cajou. Avec une production de plus de 100.000 tonnes, ce produit agricole s’impose progressivement dans les calculs de la croissance économique du pays. Par Fortuné Sossa
Selon une étude de l’Initiative de Cajou Africain (ICA) réalisée en 2012, la noix de cajou est devenue un produit stratégique pour l’économie béninoise après le coton. Elle contribue pour 8% au revenu d’exportation nationale et 25% à celui de l’exportation agricole. Environ 200.000 personnes vivent directement de ce produit cultivé dans huit départements sur les
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douze que compte le Bénin. Plus de 75% des plantations sont âgées de moins de 15 ans. Les noix de cajou brutes du Bénin ont la réputation d’être de haute qualité, se classant en deuxième position en Afrique de l’Ouest tout juste derrière la Guinée-Bissau. Elles sont connues pour leurs grosses amandes et leurs testas qui s’enlèvent aisément. Mais, dans la chaîne des
valeurs pour la commercialisation, il y a également les amandes blanches et les amandes torréfiées. Selon les statistiques de la FAO en 2008, les superficies exploitées sur cette culture sont estimées à 190.000 hectares de terre dans une combinaison agro forestière avec des spéculations comme l’igname, le manioc, le maïs, le sorgho, le soja, etc.
perspectives C’est une profession au sein de laquelle les différents acteurs sont bien organisés. Entre autres, on note des associations de producteurs, des transformateurs, des exportateurs… Pour Razack Ishola Kinninnon, président du Conseil national des exportateurs du cajou béninois (CoNECBénin), «l’interprofession est le seul cadre où les acteurs concernés par un même produit peuvent se rencontrer, confronter des points de vue et définir une politique de développement commune qui peut ensuite être négociée avec d’autres partenaires dont le Gouvernement». Ainsi, la place qu’occupe désormais cette filière interpelle tous ses acteurs.
Les producteurs ont de fortes demandes des pays comme l’inde, les Etats- Unis, le Singapour, les Pays-Bas voire les pays du Maghreb.
Des usines pour la transformation à peine 30% de la production est consommée sur place et surtout dans les supermarchés installés dans les centres urbains. Au regard de cet infime taux de consommation locale, quatre usines de type modernes ont été installées dans le pays en 2011, avec une capacité de transformation allant de 1000 à 3500 tonnes. Du coup, 15 % de cette production sont localement traités. Ce qui marque un accroissement substantiel par rapport à 2010 où le Bénin disposait d’une capacité de transformation de moins de 1.000 tonnes. Dans leurs efforts pour insuffler une dynamique plus forte au développement de la filière, les producteurs allient qualité et durabilité dans la quête de la transformation.
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En effet, souligne-t-il, les producteurs ont de fortes demandes des pays comme l’inde, les EtatsUnis, le Singapour, les Pays-Bas voire les pays du Maghreb. à cette liste s’ajoute le Vietnam qui occupe la première place avec 3.155.000 dollars US d’importations en 2012.
Cependant, plusieurs défis se posent encore à eux notamment « l’a pp ro v i s i o nne m e nt , c o ns é quente des usines de transformation», insiste Aténi Atchadé, président de la Fédération nationale des producteurs de l’anacarde au Bénin (FENAPAB). Conscient de cette situation et surtout que la récolte de 2014 a été très faible par rapport aux attentes, le Gouvernement, suite à une consultation avec les parties prenantes, a décidé de consentir des exonérations d’impôts et de droits d’importation des équipements de transformation des produits agricoles.
Cette intention est matérialisée à travers le Plan stratégique de relance du secteur agricole, élaboré par l'Exécutif pour 2015. L'objectif est de rendre la filière anacarde plus compétitive et performante au plan organisationnel et économique. Il s'agit donc de créer les conditions favorables à l'accroissement de la production en la faisant passer à 120.000 tonnes cette année. Il est prévu, par ailleurs, la promotion des unités de transformation et le renforcement des capacités organisationnelles des acteurs pour la mise en marché de produits de qualité marchande.
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perspectives
Par Bachir Sylla
Guinée
La Sotelgui tente de renaitre de ses cendres La Société des télécommunications de Guinée (Sotelgui), inactive depuis un peu plus de trois ans, tente difficilement de renaître de ses cendres. Sa descente aux enfers avait été accélérée par l’arrivée sur le marché de téléphonie de quatre opérateurs privés forts de leur politique de couverture du territoire national et de la facilité pour le consommateur guinéen de s'offrir leurs services. Mais ce patrimoine national et opérateur historique des télécoms en Guinée entend, à la reprise annoncée de ses activités, lancer une nouvelle gamme de produits. Notamment la première 4G+ du pays, qui lui permettra de prendre une longueur d’avance sur ses concurrents privés du marché de la téléphonie mobile et de l’Internet à haut débit. Seulement voilà. L’optimisme affiché des autorités s'est vite évaporé. La peau de l’ours ayant été vendue avant que l’animal n’ait été abattu. L’échéance du 15 février 2015, qui avait été fixée par le ministre des télécommunications, Oyé Guilavogui, pour le redémarrage des activités effectives de la société n’a pas tenu la route. En tout cas, jusqu’à début mars, les Guinéens attendaient encore de voir se concrétiser cette énième promesse de relancer la Sotelgui, devenue comme une épine dans le pied des autorités guinéennes au plus haut niveau. Accusé par l’opposition, les syndi-
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Ancien siège de la SOTELGUI.
cats et les abonnés de n’avoir pas trop fait pour sauver ce patrimoine national, le gouvernement guinéen a pourtant multiplié les démarches auprès des institutions financières et des partenaires du secteur pour l’obtention des financements en faveur de la modernisation et l’extension des équipements de la Sotelgui. Depuis l’année dernière,
il annonce tambour battant avoir décroché une enveloppe financière de 50 millions de dollars avec la société chinoise Huawei pour rééquiper et moderniser la Sotelgui. En juin dernier, le secrétaire général du ministère des Télécommunications et des nouvelles technologies de de l’informa-
perspectives
tion, Fodé Soumah, indiquait au cours d’une conférence de presse qu’une équipe de Guinéens et de Chinois était déjà sur le terrain pour renouveler et rééquiper le réseau de la Sotelgui à Conakry et à l’intérieur du pays. Les travaux devraient à terme permettre à la Guinéenne des télécoms de se mettre au niveau des standards internationaux et d’offrir à ses consommateurs des services de qualité. L’enveloppe annoncée devrait par ailleurs permettre aux autorités guinéennes de faire face au plan de redressement de la société que les anciens travailleurs appellent de tout leur vœu. Le ver était dans le fruit Pour maints observateurs, les difficultés actuelles de relance des activités de la Sotelgui n’ont rien d’imaginaire. Elles résultent d’une gestion peu orthodoxe. Ismaël Baldé, le président du Conseil d’administration de la société connait mieux que quiconque les raisons de cette mort programmée. Il s’agit, selon lui, de la dette abyssale de l’état vis-à-vis de la société, qui aurait atteint environ 23 milliards de francs guinéens (près de deux milliards de francs CFA) en 2011, du recrutement partisan et surtout désordonné du personnel favorisé par les différents ministres en charge des télécoms, qui a entrainé le gonflement des effectifs, passés de 400 à 1600 travailleurs, en moins de cinq ans. Comme si cela ne suffisait pas, voilà que la société avait fini par être amputée de certaines de ses prérogatives régaliennes, notamment la gestion du trafic international, désormais dévolu à l’ARPT (Autorité de régulation des pos-
Oyé Guilavogui, ministre d’État guinéen en charge des postes et Télécommunications.
tes et télécommunications). Tout cela prouve que le ver était dans le fruit et que la Sotelgui avait peu de chance de survie. Un cheveu dans la soupe Dans un récent mémorandum portant sur «la gestion frauduleuse des recettes des télécommunications», un leader politique de l’opposition a dénoncé les malversations notoires dans le secteur et a proposé la création d’une nouvelle entité, en lieu et place de la Sotelgui, pour jouer le rôle d’opérateur historique de l’Etat guinéen en matière de télécommunications. Cette proposition tombe comme un cheveu dans la soupe des autorités qui, visiblement, peinent à relancer la Sotelgui en dépit des nombreuses promesses non tenues allant dans ce sens. NB : à la date du 3 mars 2015, le taux officiel de change était de 1 F CFA contre 12, 4.397 GNF.
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Burkina Faso
Coris Bank se lance dans la finance islamique CIB-BF, filiale de Coris Bank International au Burkina Faso, prévoit de lancer des produits de la finance islamique à partir de ce mois d’avril. Une expérience pilote qui devrait être élargie à ses autres filiales présentes dans le continent. Les Burkinabés pourront bientôt se familiariser avec les principes de la finance islamique. La Coris Bank envisage de proposer à ses clients des produits de la finance islamique à partir de ce mois. Ses services tourneront autour de la «Mourabaha», (ventes effectuées sur la base du coût révélé augmenté d’une marge déclarée), «Moudaraba» (financements par capitaux propres), «Ijara» (transfert de l'usufruit d'un bien à une autre personne) et «Wadia» (contrat de placement entre le déposant et la banque). «Il s'agit pour Coris Bank d’être un partenaire de référence dans l'offre de produits et services conforme aux principes de la finance islamique», indique Sylvie Sally Kinda, chargée du projet islamique chez Coris Bank. Le Burkina sera en quelque sorte un marché pilote pour la filiale de Coris Bank International puisque le groupe prévoit de déployer les mêmes offres dans les autres filiales présentes en Côte d’Ivoire, au Mali
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© photo D.R.
Siège de Coris Bank International à Ouagadougou
et au Togo. Ainsi, en optant pour la finance islamique, la banque prévoit de «diversifier ses activités tout en participant à la modernisation du système bancaire et financier», précise-
t-elle. Avec cette nouvelle offre islamique, le Burkina rejoint le Sénégal, le Niger et la Guinée qui disposent de filiales du groupe Tamweel Africa Holding.
Banques & finances
Finances
Barclays Africa veut s’installer au Nigéria
La banque Barclays Africa Group a introduit une demande de licence pour l’implantation d’une banque d’investissement au Nigéria. Avec en ligne de mire, le développement de son chiffre d’affaires en dehors de l’Afrique du Sud, son principal marché.
Barclays Africa Group, entreprise qui regroupe plusieurs actifs de la célèbre banque britannique Barclays, souhaite étendre ses bases dans le continent. Elle a déposé une demande de licence bancaire auprès des autorités nigérianes, d’après l’agence Reuters. Un pays où il ne disposait jusqu’à présent que d’un bureau de représentation. L’objectif de Barclays Africa est d’accroitre ses revenus en dehors de l’Afrique du Sud qui reste son principal marché. Selon Temi Ofong responsable chargé des services investissements et corporate en dehors d’Afrique du Sud au sein de la banque, la demande de cette nouvelle licence permettra à l’institution financière de développer son
équipe. Même si elle ne s’est pas encore implantée au Nigéria, Barclays Africa finance plusieurs projets d’investissements dans le pays. Parallèlement, Barclays Africa souhaite récupérer les filiales de Barclays présentes en Egypte et au Zimbabwe, où elle n’assurait que la gestion, elle avait décidé de les exclure des actifs intégrés de la banque à cause de troubles politiques qu’ils ont connus de par le passé. à noter qu’en 2014, la banque a connu une hausse de 6% de ses revenus, soit 4,47 milliards de $, avec notamment une augmentation de 9% (soit 11,1 milliards de $) en Afrique du Sud.
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Banques & finances
Assurance-crédit
Coface obtient son agrément au Maroc Le groupe d’assurance français Coface a obtenu l’agrément d’assurance-crédit au Maroc. Ce qui lui permettra de proposer directement ses produits aux entreprises marocaines. Par Babacar Seck
Coface Maroc avait noué un partenariat avec la société Axa Assurance Maroc qui assurait la distribution de ses offres d’assurance-crédit aux entreprises. Mais d’après l’assureur-crédit, cette collaboration ne sera pas suspendue, elle sera consolidée, car les deux entités ont «des ambitions communes en Afrique de l’Ouest».
© photo D.R.
Siège de la COFACE à Paris
Les entreprises marocaines pourront désormais bénéficier des produits d’assurance-crédit de Coface Maroc. La filiale marocaine du groupe éponyme a reçu mi-décembre 2014 l’agrément d’assurancecrédit délivré par les autorités de régulation. « En plus des services de recouvrement et d’information, les
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entreprises marocaines vont bénéficier de l’expertise de Coface dans le domaine de la prévention et de la protection des risques de crédit liés à leurs transactions commerciales, ainsi que du plus grand réseau international d’assurance-crédit », indique un communiqué de l’entreprise qui nous est parvenu. Auparavant,
à travers son bureau implanté à Casablanca, l’entreprise gère ses activités au Maghreb, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale avec ses 120 experts. Selon Jean Christophe Battle, directeur Afrique de Coface, cet agrément leur permettra de renforcer leur présence dans le continent. «Nous visons l’Afrique, une région hautement stratégique où Coface maintient son leadership: aujourd’hui Coface est implantée dans 14 pays d’Afrique et consolide ainsi sa place de premier réseau panafricain. Le Maroc est le centre de nos ambitions régionales. Sur un marché à fort potentiel, ce nouvel agrément nous permettra d’être encore plus proches des clients pour leur offrir des solutions de développement adaptées à leurs besoins, et ce, quelle que que soit leur taille», indique-t-il. Aujourd’hui, l’assureur est présent dans 14 pays africains notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, et au Gabon, quatre pays membres de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (CIMA).
Banques & finances
Banques
UBA vise les marchés sud-africain et angolais Le groupe bancaire nigérian United Bank of Africa (UBA) souhaite étendre ses activités en Afrique du Sud et en Angola. De nouvelles implantations qui s’inscrivent dans le cadre de sa stratégie d’expansion dans le continent.
Banques
Accord de partenariat entre Attijariwafa bank et la BOAD
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Avec agences
Au Nigéria, les taux directeurs (Ndlr,taux d'intérêt au jour le jour fixés par la Banque centrale qui lui permettent de réguler l'activité économique) de la Banque centrale sont maintenus à 13%. Une situation qui n’arrange bien évidemment pas les banques. Pour y échapper, le groupe bancaire nigérian United Bank of Africa (UBA) d’aller prospecter au-delà des frontières, plus particulièrement en Afrique du Sud et en Angola. Un choix qui n’est pas le fruit du hasard d’après son directeur général Philip Oduoza. «Chez UBA nous avons planifié notre progression sur le continent africain par étape et la première est celle qui s'est achevée récemment, avec notre présence dans 19 pays à l'exception de l'Angola et de l'Afrique du Sud», précise-t-il.
Mais au-delà de cette contrainte financière, une autre raison explique cette décision. En effet, depuis mars 2014, le volume des échanges commerciaux entre le Nigéria et l’Afrique du Sud ont enregistré une forte progression. UBA veut donc surfer sur ce dynamisme pour renforcer ses activités commerciales. «Nous sommes en quête du très grand segment de marché que représente le flux des échanges entre l'Afrique du Sud et le Nigeria, qui est en hausse. Lorsque nous nous implanterons en Afrique du sud, ce point risque d'être un élément important de notre stratégie», soulignet-il. Dans le marché sud-africain, UBA devra en découdre avec de grands groupes bancaires à l’image de Standard Bank, Barclays, Firtsrand ou encore Nedbank.
La banque Attijariwafa bank et la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) ont signé le 16 mars 2014 à Genève en Suisse, un accord de partenariat pour la mise en place d'une coopération globale entre les deux institutions dans les activités de Project finance, de conseil, et d'appel au marché financier dans l'ensemble des pays de la zone UEMOA. D’après le groupe bancaire marocain, «la combinaison des expertises et savoir faire des deux institutions permettra ainsi d'accélérer la dynamique de financement et d'accompagnement des grands projets, de développer les marchés financiers à travers le déploiement de plusieurs instruments en faveur de la clientèle, et in fine de mieux répondre aux besoins du continent.» Pour Christian Adovelande, président de la BOAD, ce partenariat permettra à la banque d'accélérer sa stratégie d'accompagnement des grands projets, «en bénéficiant de l'expérience du Groupe Attijariwafa bank dans le domaine du Project finance, des PPP et des marchés financiers ».
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le grand entretien
Cristina DUARTE Ministre des Finances et du Plan du Cap-Vert
«La BAD doit devenir le catalyseur de l'innovation en Afrique» Entretien réalisé par Elimane Sembène
Vous êtes candidate à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD). Quel programme comptez-vous mettre en œuvre pour accélérer la transformation structurelle du continent ?
© photo D.R.
La Banque africaine de développement est devenue une référence internationale. Si on me fait confiance pour la diriger, je mettrais d’abord l'accent sur la consolidation des acquis à ce jour avec pour objectif construire une base solide pour relever les défis de l'avenir. Parmi les principaux domaines où je voudrais poursuivre et approfondir le travail en cours au sein de la BAD, je peux citer la construction d'infrastructures, le développement d’un secteur privé africain, la promotion de l'intégration régionale et la construction d'une économie verte. Concernant le programme de décentra-
lisation en cours qui a permis à la BAD de se rapprocher de ses clients, je voudrais engager tous les actionnaires dans une réflexion sérieuse sur le coût/bénéfice de ce programme afin de le revitaliser et d’en faire un instrument d’amélioration de l’efficacité de la BAD. Il y a aussi quelques domaines sur lesquels il est nécessaire de mettre l'accent afin d’assurer la transformation structurelle de l'Afrique. La Banque doit devenir le catalyseur de l'innovation et de la créativité de l'Afrique afin de tirer profit de l’énorme potentiel de créativité et d'innovation de la jeunesse africaine. Je serais aussi particulièrement sensible à la problématique de la femme africaine car l’Afrique ne peut pas continuer à marginaliser dans le processus productif la moitié de sa population. Le financement du développement est un autre domaine où nous allons mettre l'accent. Nous
allons développer des produits financiers nouveaux et innovants, pour mobiliser des fonds pour le continent, et nous allons travailler avec les pays et institutions africains sur les moyens de mobiliser davantage de ressources internes au sein du continent. En outre, je mettrais l'accent sur l'efficacité organisationnelle. La Banque devra prendre en compte dans toutes ses dimensions, le thème de l'efficacité organisationnelle. Nous devons nous assurer que notre banque ne devienne une bureaucratie internationale. Nous devons intensifier l'adoption d’une gestion pluriannuelle axée sur des résultats avec une approche programmatique et avec un système permanent de suivi et d'évaluation. Avec ce souci d’améliorer l’efficience et l’efficacité organisationnelle, je donnerais la priorité à un aspect qui est critique pour la BAD, celui de
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le grand entretien la réduction des délais d’exécution des projets et de l’amélioration du taux de conclusion des projets. Pour cela nous devrons nous assurer dès le début de la qualité des projets en mettant en place des critères solides lors de l’identification et formulation de ces projets. Nous donnerons aussi la priorité à la gestion des ressources humaines. L’atout principal de la BAD est la multi-culturalité et la compétence de son staff. Les défis qui nous attendent portent sur la manière d'obtenir le meilleur de chacun,
voix. Le poids diplomatique du Cap-Vert, un modeste pays dans la géopolitique africaine, ne risque-t-il pas de jouer en votre défaveur ? Une élection pour la présidence de la BAD n’est pas une partie de pêche aux voix. Ceux qui vont choisir le Président de l’institution financière la plus importante du Continent auront à cœur de choisir la compétence, l’expérience et le meilleur profil pour les nouveaux défis de la BAD. En plus, en entrant dans cette compétition
«Je suis convaincue que ma vision et mon agenda pour la Banque, mon profil, mon expérience dans les secteurs privés, publics et internationaux, seront à la fin ce qui comptera pour le choix du Président de la BAD et non le fait que je vienne d’un petit pays avec une capacité limitée en termes de lobby et de ressources.»
d'attirer à la Banque les meilleures personnes des pays membres et de nous assurer les meilleures approches pour la gestion du staff. Nous devrons pour cela adopter les meilleures pratiques de gestion des ressources humaines et optimiser l’usage des technologies d’information. Finalement, nous devons constamment réévaluer et consolider nos actions et réalisations pour que nous construisions sur les gains récents, tout en faisant des sauts précis et mesurables. Il est de notoriété publique que la diplomatie et le lobbying sont très décisifs dans la pêche aux
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nous savions que nous avions des ressources limitées et un réseau diplomatique peu dense, mais nous savions aussi que nous étions un pays crédible qui a démontré que la disponibilité des ressources n’était pas la condition suffisante pour un pays pour se développer et même de gagner des compétitions. Sinon, ce petit pays insulaire et sahélien, au développement silencieux, ne serait pas passé en quelques années d’indépendance, du pays le plus pauvre d’Afrique à un Etat démocratique en voie de transformation socio-économique. J’ai accepté consciemment de rentrer dans cette compétition parce que je crois que l’Afrique
peut mieux faire et que la BAD est un des meilleurs instruments de transformation de notre Continent. Je suis convaincue que ma vision et mon agenda pour la Banque, mon profil, mon expérience dans les secteurs privés, publics et internationaux, seront à la fin ce qui comptera pour le choix du Président de la BAD et non le fait que je vienne d’un petit pays avec une capacité limitée en termes de lobby et de ressources. Le secteur privé est devenu une composante essentielle dans le financement des infrastructures en Afrique. Quel type de partenariat envisagez-vous de mettre en place pour renforcer sa participation dans ces projets ? Nous réalisons tous aujourd’hui que le déficit de l’Afrique en infrastructures est énorme et que ceci constitue la principale contrainte pour la croissance et la transformation structurelle du Continent. Il suffit de regarder, par exemple, le secteur de l’énergie. Moins de 20% en moyenne des africains ont accès à l’électricité et quand ils en ont accès, la fourniture est irrégulière avec des coûts élevés. On n'a qu'à visiter quelques villes en Afrique, où l’on trouve des quartiers où presque tous les ménages ont un générateur. Les pertes, les inefficacités et les répercussions sur la santé sont énormes. Il a été dit que l'Espagne seule produit environ la même puissance que les 48 pays d'Afrique subsaharienne. Nous devons, cependant, penser au-delà de l'infrastructure traditionnelle de routes, de l'eau, de l'assainissement et des aéroports dans le monde émergent. La nécessité d'infrastructures du savoir est maintenant cruciale. Sur les TIC, y compris les téléphones mobiles, nous avons fait des progrès significatifs. Mais la réalité est
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En fait, pour moi, nous n’avons aucune autre option que d'engager le secteur privé dans le développement des infrastructures à travers des partenariats publicprivé. Ceci permet d'assurer le partage des risques, du savoir-faire et d’apporter des capitaux du secteur privé pour résoudre les problèmes de société. C’est un domaine où la BAD peut également faire une différence et servir de catalyseur. Pour moi, si nous voulons faire face aux principaux problèmes comme le déficit en infrastructures, le futur Président de la BAD devrait renforcer la composante banque d’investissement, ce qui veut dire introduire une culture de résultats, d’efficacité et de rigueur au sein de la Banque. Il faudrait aussi avoir dans la BAD un esprit de collaboration avec toutes les parties intervenant dans le développement de l’Afrique. Le projet Africa 50, mis en place par la BAD pour le financement des infrastructures en Afrique, est un excellent exemple du genre de programmes que je voudrais promouvoir. Nous avons besoin de ces initiatives. Nous pouvons travailler avec les banques africaines. Le réseau de banques africaines s’est densifié et celles-ci deviennent des acteurs importants dans le financement des infrastructures et le développement du secteur privé africain. La BAD se doit de travailler avec ces banques mais aussi avec les
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que nous continuons à la traîne quand on regarde la question de l'accès, la qualité, la fiabilité et les coûts. Notre infrastructure du savoir, y compris les réseaux numériques, les institutions éducatives et les réseaux de recherche sont confrontés à d'énormes déficits. Comment alors être compétitif dans ce que l’on appelle la nouvelle économie ou l’économie de la connaissance ?
«Nous n’avons aucune autre option que d'engager le secteur privé dans le développement des infrastructures à travers des partenariats public-privé. Ceci permet d'assurer le partage des risques, du savoir-faire et d’apporter des capitaux du secteur privé pour résoudre les problèmes de société.»
autres institutions africaines et régionales pour développer de nouvelles approches et nouveaux moyens de collaboration pour faciliter le développement. En plus la Banque se doit de renforcer sa fonction de conseils et de connaissance auprès des gouvernements africains pour qu’ils créent l’environnement propice au développement socioéconomique et à la transformation. Vous occupez depuis 2006, le poste de ministre des Finances et du Plan. C’est durant votre mandat que le Cap-Vert est passé du statut de pays moins avancé (PMA) à celui de pays à revenu in-
termédiaire (PRI). Il a occupé en 2014 la première place en Afrique dans le classement de la bonne gouvernance et détient le 3e indice de développement humain (IDH) dans le continent derrière les Seychelles et l’Ile Maurice. Quels sont les secrets de cette réussite ? Quel est le modèle économique du Cap-Vert? Comment pouvez-vous transposer cette réussite à l’échelle continentale à travers la BAD ? Le succès de Cabo Verde est le fruit de la consolidation permanente des institutions nationales démocratiques et d’une vision claire et partagée de tous les acteurs na-
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le grand entretien tionaux de développement portée par des leaders politiques qui aiment leurs populations et sont engagés pour construire le bienêtre des capverdiens. Notre modèle économique s’est basé sur la priorité donnée à l'utilisation des ressources humaines comme principal facteur de création de richesses et sur le fonctionnement des institutions. Mon action comme ministre des Finances et de la Planification pendant près de dix ans a été de formuler et mettre en œuvre des politiques pu-
La BAD est un instrument important qui doit devenir le partenaire de choix des pays africains. Mon point de vue est que nous pouvons construire la BAD en tant que banque de connaissances qui est capable de jouer un rôle essentiel dans le soutien des pays d'Afrique grâce à des services consultatifs, en fournissant une plate-forme pour partager des idées et aider les pays africains à apprendre avec l'expérience des autres. Pour moi, ce n’est pas simplement une question de tirer profit de l'expérience de Cabo Verde, mais mettre
«L’Afrique peut mieux favoriser les échanges économiques intra-africains, mais aussi permettre aux entreprises africaines de faire des économies d’échelle afin d’être plus compétitives sur le marché africain et même sur le marché global.»
bliques qui permettent la réalisation de la vision que nous nous sommes donnée en tant que société. Ceci a nécessité de la consistance dans la mise en œuvre des politiques publiques, des réformes pour rechercher plus d’efficacité dans l’action des institutions, de mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation de nos décisions, d’une préoccupation constante pour le bien commun et beaucoup de travail de la part de tous. Je crois que cette expérience de Cabo Verde qui est basée sur la bonne gouvernance est transposable dans beaucoup de pays qui ont plus de ressources que notre pays d’autant plus que les populations africaines aspirent d’être mieux gouvernées.
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en place des plates-formes de partage entre tous nos pays et à promouvoir l'apprentissage. Le tourisme, qui représente 30% du PIB, est le poumon de l’économie capverdienne. Prévoyez-vous de miser sur d’autres secteurs d’activité comme l’industrie ou l’agriculture (le CapVert importe 85% de ses besoins alimentaires) pour diversifier vos sources de revenus ? Effectivement, le tourisme est actuellement la principale activité économique et pour éviter une trop grande dépendance par rapport à un secteur qui dépend de beaucoup de facteurs exter-
nes, le Gouvernement a adopté une stratégie de transformation qui consiste en le développement de clusters pour tirer profit de la position géostratégique de Cabo Verde. Il s’agit de créer des avantages compétitifs dans les secteurs où nous avons des avantages comparatifs. D’abord, dans le secteur du tourisme, nous n’en sommes qu’à nos débuts car notre potentiel touristique et notre proximité des marchés émetteurs font de ce secteur un grand moteur de croissance. Mais il y a d’autres moteurs de croissance que nous sommes en train de développer. Par exemple nous sommes un petit pays insulaire mais il nous faut tirer profit du fait que nous avons près de 800.000 kilomètres carrés d’océan sous notre contrôle. Nous sommes, par exemple en train de travailler pour transformer Cabo Verde en un hub maritime, avec des services de pêche océanique, de tourisme de croisière, de recherche océanique, etc. Il y a aussi les industries créatives pour tirer profit de nos riches traditions culturelles venant du fait que le peuple capverdien est le résultat du croisement de différents peuples et dont la musique est l’une de ses manifestations. L’agriculture, qui a toujours été un problème au Cabo Verde à cause du manque de pluies (une moyenne de 250 mm par an) ayant entrainé de grandes famines dans notre histoire, est aujourd’hui source de développement. Les investissements faits dans les barrages pour éviter que l’eau des pluies se déverse dans l’océan, la maîtrise de l’irrigation goutte à goutte par les paysans et l’introduction de la culture sous serre et de l’hydroponie permet à Cabo Verde de réduire grandement sa dépendance alimentaire. Demain, le dessalement de l’eau de mer en utilisant les énergies renouvelables sera une autre opportunité pour réduire la dépendance alimentaire. Je ne
le grand entretien vais pas citer tous les éléments de notre stratégie de transformation et les sources de croissance potentielle mais je peux vous dire que nous sommes sur la bonne voie en ce qui concerne la diversification de notre économie. Les transferts de la diaspora capverdienne représentent 9,7% du PIB. Quel peut-être l’apport des expatriés capverdiens dans l’émergence de leur pays et de la diaspora africaine en général dans l’essor du continent ?
réseaux d’influence politique et économique. C’est important dans un monde plus global et compétitif. Nos pays africains doivent tous s’adapter à cette nouvelle diaspora qui est en train d’émerger et une institution comme la BAD doit en tenir compte soit pour y puiser les compétences dont elle a besoin, soit en aidant à réduire le coût des transferts d’argent ou de trouver de nouvelles voies pour les réengager avec leur pays d’origine ou de promouvoir le développement socio-économique. Au Cabo Verde, nous sommes conscients
«La stabilité sociale et politique, le bon fonctionnement des institutions et le faible niveau de corruption créent des avantages compétitifs supportant ainsi notre ambition de devenir un hub économique et culturel.»
La diaspora capverdienne a joué jusqu’à maintenant un rôle important dans le développement de Cabo Verde. Elle a été porteuse de progrès et de modernisation de la société en même temps qu’elle a permis par ses transferts aux familles de lutter contre la pauvreté. Aujourd’hui son poids relatif dans l’économie a baissé parce que notre base économique s’est amplifiée. La culture capverdienne s’est maintenue dans notre émigration et nous sommes en train de nous adapter à l’évolution démographique de notre émigration. Aujourd’hui nous avons beaucoup de cadres intégrés dans les pays d’accueil qui sont sources de transfert de connaissances et même de
de l’importance de notre Diaspora et nos politiques publiques en tant que Nation sont de nous assurer qu’elle soit engagée et qu’elle participe pleinement à la vie nationale. Votre pays est largement dépendant de l’extérieur. Les IDE représentent moins de 4% de son PIB. L’Espagne et le Portugal sont vos principaux clients avec des échanges commerciaux estimés respectivement à 66,7% et 16,5%. Une éventuelle baisse des investissements de ces deux pays touchés par la crise économique pourrait avoir des incidences sur votre croissance. Comment pensez-
vous diversifier vos partenaires pour être à l’abri d’éventuels risques ? La réduction de l’IDE est déjà une réalité. Depuis 2008 de nombreux investissements prévus dans le secteur du tourisme ne se sont pas réalisés. En même temps l’aide publique au développement a diminué avec l’argument que Cabo Verde avait quitté la liste des pays moins avancés. Il a donc fallu dans une première étape réduire les inefficiences de notre système économique comme l’élimination des subventions et l’amélioration du système fiscal. Nous avons initié un processus de diversification de notre économie pour réduire notre dépendance vis-à-vis du tourisme en même temps tout en cherchant à diversifier les pays de provenance des touristes. La question de la diversification de nos partenaires est un problème permanent à Cabo Verde. Dès l'Indépendance, nous nous sommes rendus compte qu’un petit pays dépendant de l’aide publique au développement peut réduire cette dépendance en diversifiant ses partenaires. C’est ce qui a permis à Cabo Verde d’avoir sa propre politique monétaire et d’investissements publics et de maintenir son indépendance intellectuelle et ce, même en étant un petit pays. Aujourd’hui, nous faisons face à de nouveaux défis puisque les sources traditionnelles d’investissements sont en crise alors que d’autres ont des liquidités pour investir. Il nous faut nous adapter en permanence. C’est ce que nous sommes en train de faire en développant le concept de l’IDA (Investissement Direct Africain) car nous considérons que l’Afrique a des sources de financement propre dont beaucoup sont inexploitées. Le rôle de la BAD sera justement de mettre en valeur ces gisements de financement insuffisamment exploités.
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La réduction de l’APD était prévisible depuis la graduation de Cabo Verde de la liste des pays à revenu intermédiaire. L’augmentation de l’endettement a été le fruit d’une politique consciente vu la réduction concomitante de l’APD et de l’IDE à partir de 2008. Cet endettement s’est fait en ayant recours uniquement à des prêts concessionnels. Nous n’avons pas eu recours au marché financier et tous nos indicateurs indiquent que notre service de la dette est soutenable. Nous avons eu donc raison de le faire puisque cela nous a permis de construire des infrastructures, d’améliorer la compétitivité de notre économie et de maintenir l’activité économique et les emplois. Nous sommes très conscients qu’il faut privilégier maintenant l’investissement privé et pour cela nous avons tout fait pour améliorer le climat des investissements à Cabo Verde. Il reste maintenant au secteur privé, avec l’aide de l’Etat d’identifier les opportunités d’investissements, ce qui veut dire trouver des marchés porteurs. Dans ce cadre le Gouvernement vient de mettre sur la table un ample programme de privatisation et de PPP pour attirer des partenaires stratégiques avec des capitaux, know-how et marché, dans des secteurs clés de l’économie. Lors d’un forum organisé à Bercy par l’Organisation de coopération et de développement
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Selon le FMI, l’aide publique au développement pourrait passer de 13,3% à 4,9% du PIB capverdien en 2016 et la dette publique du pays atteindrait 99% en 2016. Avez-vous pris en compte ces prévisions dans vos projets de développement ? Comment comptez-vous surmonter cette contrainte ?
économique (OCDE), vous aviez préconisé que l’Afrique accentue davantage les échanges économiques Sud-Sud pour réduire sa dépendance à l’aide extérieure. Est-ce que vous privilégiez toujours cette approche «Trade, not Aid» ? Je continue à penser, comme l’a démontré une récente étude de la Commission économique pour l’Afrique, que le Continent africain a des ressources financières qui ne sont pas suffisamment exploitées et même gaspillées.
L’Afrique se doit de montrer à ses partenaires traditionnels qu’elle est disponible à faire de son côté des efforts pour mobiliser sa propre épargne pour investir dans son développement. Ce faisant elle peut mieux favoriser les échanges économiques intra-africains, mais aussi permettre aux entreprises africaines de faire des économies d’échelle qui leur permettraient d’être plus compétitifs sur le marché africain et même sur le marché global. En même temps, la croissance des économies africaines qui en ré-
le grand entretien
BIOEXPRESS Cristina Duarte est née en 1962 au Cap-Vert. En 1984, elle obtient sa License en Économie à l’Université Technique de Lisbonne au Portugal , avant de décrocher en 1994 un Diplôme d’études supérieures en administration des affaires, The Economics Institute, University of Colorado, Boulder, Colorado, États-Unis . Elle est également titulaire d’un MBA dans le domaine de la Finance internationale et des marchés financiers émergents de l’American Graduate School of International Management (Etats-Unis). Mme Duarte figure parmi les éminentes personnalités capverdiennes. Elle a une expérience professionnelle diversifiée, notamment dans l’Exécutif gouvernemental (Ministre des Finances, du Plan et de l’Administration Publique), dans l’Administration Publique (directrice générale des études et de la planification au ministère du Développement rural), dans les Organisations internationales (directrice du Programme de développement du secteur privé et de la compétitivité, projet de la Banque mondiale au Cabo Verde), en tant que consultante à la FAO, au PNUD, et dans le secteur privé (Vice-présidente et responsable des activités de banque de financement et d’investissement de Citibank, Angola). Elle est aussi gouverneur à la Banque Africaine de développement (BAD), à la Banque Mondiale et au FMI depuis neuf (9) ans. Cristina Duarte a travaillé dans plusieurs pays africains, en particulier en Afrique du Sud, en Angola, au Cabo Verde, en Guinée-Bissau, au Kenya et au Mozambique. Polyglotte, elle parle couramment cinq (5) langues : le Français, l’Anglais, le Portugais, l’Italien et le capverdien et comprend l’Espagnol.
sulterait permettra la croissance du marché africain. C’est donc une solution où tout le monde gagne. Ceci dit, je ne suis pas favorable à l’expression «Trade Not Aid» parce qu’elle tend à opposer deux concepts qui ne sont pas auto-exclusifs. Nous avons besoin des deux. Nous avons besoin de construire notre capacité de produire et de faire du commerce. Dans ce processus, l’aide peut être utile. Le développement est un processus qui doit à cha-
que moment choisir les ressources qui sont les plus adaptées ou appropriées et disponibles. De mon point de vue l’aide doit servir à construire des capacités et faire croitre la possibilité des pays africains à être capables de produire et d’être compétitifs sur le marché mondial. Pour moi ce concept «Trade Not Aid» tend à exclure la responsabilité des Africains pour leur développement. Il appartient aux africains de formuler leur vision et leur stratégie et faire le choix des moyens qu’ils doivent utiliser.
Niché entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques, le Cap-Vert nourrit-il des ambitions pour devenir un hub économique, à l’image de Singapour porte de l’Asie du Sud-est, pour faciliter les échanges économiques entre ces trois continents ? Comme je l’ai dit, Cabo Verde veut valoriser sa position géostratégique et transformer ses avantages comparatifs en avantages compétitifs. Cabo Verde est un pays avec un micromarché. Il se doit donc de par sa position géographique à la croisée de trois continents de servir de nœud de connectivité entre ces trois grands marchés en s’ancrant sur son Continent, l’Afrique, qui est de loin le continent avec le plus grand potentiel de croissance. Il nous faut aussi remarquer que d’autres pays de la sous-région ambitionnent également de devenir un hub économique. Il nous faut donc trouver des niches où nous pourrons être plus compétitifs. Ceci a été l’objet de notre stratégie de transformation qui en plus d’identifier les clusters qui peuvent être mis en œuvre, met l’accent sur la nécessité d’une bonne gouvernance, d’un système éducatif performant, d’infrastructures adaptées et compétitives et d’un secteur privé entreprenant. La stabilité sociale et politique, le bon fonctionnement des institutions et le faible niveau de corruption créent des avantages compétitifs supportant ainsi notre ambition de devenir un hub économique et culturel.
AFRIcan business journal | N°14 | 47
big
L'Afrique, un
© photo D.R.
Le Big Data représente, actuellement, un mot clé dans le lexique scientifique et technologique. En quelques années, cette notion a pu s’imposer au point d’attiser les curiosités et de susciter plusieurs interrogations. Bon nombre d'experts considèrent le Big Data comme étant l’avenir de la technologie pour la prochaine décennie. D’après le cabinet IDC, le secteur est en pleine expansion. Son marché devrait s’établir à 24 milliards de $ en 2016 contre 3,3 milliards en 2010. Plus qu’une simple théorie, le Big Data constitue un outil managérial efficace pour les entreprises. De la santé à l’énergie en passant par le marketing et la recherche. L’Afrique offre de réelles potentialités pour être une pépinière du Big Data. En effet, le continent connait un fort taux de pénétration du mobile, qui ne cesse d’augmenter. Plusieurs études le prouvent. L’une des dernières en date, publiée par le cabinet Deloitte en février 2015 intitulée «Tendances 2015 des Technologies, Médias et Communication en Afrique », révèle que le marché des Smartphones devrait doubler d’ici à 2017 pour atteindre 350 millions d’appareils connectés. à cela s’ajoutent le nombre de croissant d’internautes (dont 100 millions sur Facebook) et l’émergence grandissante des plateformes dédiées au e-commerce. Une véritable poule aux œufs d’or pour les entreprises Télécoms.
48 | AFRIcan business journal | N°14
Réalisé par Elimane Sembène
d ata
affrontements post-électoraux meurtriers (3.000 morts) entre 2010 et 2012, la Côte d'Ivoire sous le nationale, avec l’ambition de devenir une économie qui émerge à l’horizon 2020. Retour sur 60 ans que ivoirien", la crise du modèle économique (Capitalisme d’Etat) dans les années 80 et 90, sur la crise rités gouvernementales ivoiriennes, le Plan National de Développement 2012-2015.
immense potentiel Toutefois, le Big Data connait un développement embryonnaire en Afrique. Seuls quelques pays anglophones se l’approprient. D’après d’une étude conjointement menée en décembre 2013 par IBM et IDG Connect auprès de décideurs et d’ «influenceurs» IT, 64 % des sondés au Nigéria et au Kenya déclarent prévoir adopter le Big Data dans les prochaines années pour devenir des leaders de leurs secteurs respectifs. La plupart des Petites et moyennes entreprises (PME) rechignent à adopter cette technologie parce qu’elle la considère comme étant une solution réservée aux multinationales. Elles préfèrent mettre en place de nouveaux modèles économiques que pourrait supporter leur trésorerie. Mais l’une des plus grosses épines, c’est la méconnaissance de ce nouveau concept en Afrique. Le manque de compétences dans ce domaine pourrait freiner son expansion. D’où la nécessité de développer des formations académiques en étroite collaboration avec les entreprises IT. Un investissement, pour récolter dans l’avenir, les retombées de «l’or du 21e siècle».
Réalisé par Elimane Sembène
N°09 | 49 AFRIcan business journal | N°14
FOCUS
Big Data
L’or du 21 siècle e
Le Big Data représente actuellement un mot clé dans le lexique scientifique et technologique. En quelques années, cette notion a pu s’imposer au point d’attiser les curiosités et de susciter plusieurs interrogations. Mais au fond, de quoi s’agit-il ?
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dus. Les données des entreprises sont les emails, les documents, la base de données, l’historique de processus métier, les données structurées (liées aux navigations et aux transactions sur les sites), les données semi-structurées ou non structurées (textes, vidéos, et autres données multimédias issus des réseaux sociaux). Mais quand on évoque le substantif Big Data, on fait référence aux fameux «3V» théorisé par en 2011 par le cabinet américain Gartner. Ses experts ont établi une grille de lecture pour mieux expliciter ce concept.
"Big Data". Cet anglicisme qui s’est dévoilé en 2011 captive les attentions, particulièrement dans le monde scientifique. Toutefois, il demeure obscur dans l’esprit de beaucoup de consommateurs. En plus clair, le Big Data encore appelé "mégadonnées" ou "données
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massives" renvoie à un ensemble de données très volumineuses qui ne peuvent être gérées par les outils classiques de gestion de l’information des entreprises. On distingue deux types de données; celles qui émanent des entreprises et celles émises par les indivi-
Les «3V», l’ADN du Big Data Selon eux, le Big Data se caractérise d’abord par leur «Volume». Autrement dit, une explosion de données à la fois massives et exponentielles qui mettent à rude épreuve les infrastructures de stockage des entreprises. à titre d’exemple, selon le Centre national de recherche scientifique (CNRS) de France, chaque jour 118 milliards d’emails sont envoyés chaque jour dans le monde, 30 milliards de contenus sont échangés chaque mois sur facebook, et ces données seront
FOCUS
Dimensions du big data Volume
Vitesse
Variété
Véracité
Données brutes d'origine
Données dynamiques
Données hétérogènes
Données incertaines
Tarabytes à exabytes de données disponibles
Analyse en temps réel, décision en une fraction de seconde
Format structuré, non structuré, texte, multimedia
Cohérence, fiabilité, qualité et prédictibilité des données
multipliées par 30 d’ici 2020. Certains experts parlent même de «data déluge» pour qualifier ces grosses quantités. Ces nombreux flux sont hétérogènes car issus de diverses sources. Une «Variété» qui rend la tâche plus complexe. En effet, cette masse volumineuse provient notamment des commentaires, des vidéos et autres publications sur les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, ou sur les plateformes telles que Youtube, Dailymotion, itunes, ou Deezer, des paiements bancaires, signaux GPS, cartes SIM, etc. Les entreprises doivent décrypter ces données souvent codées pour en faire un outil de décision stratégique dans l’élaboration de leur plan marketing. Dans ces informations disparates, on peut retrouver des données démographiques, des localisations, les profils des clients
potentiels sur les réseaux sociaux, leurs historiques de navigations et leurs achats précédents, etc. Devant ce gigantesque amas, il est nécessaire de mettre en place des ressources humaines et des outils efficace à même de déchiffrer ses données en un temps record. C'està-dire, une «Vélocité» manifeste qui permettra un traitement simultané des données. Le Cloud Computing, un des catalyseurs de cette révolution Si le Big Data connait aujourd’hui un développement phénoménal, il le doit en partie à des innovations technologiques qui lui ont balisé le chemin et facilité son émergence. Au premier chef, les technologies de stockage plus précisément le Cloud Computing. « En mutualisant les données dans le nuage et
en démocratisant ainsi l’accès des entreprises au stockage et au traitement de tous types de données, le Cloud a créé les conditions pour une généralisation du Big Data. Petites et grandes entreprises ont pu souscrire à des offres "as a service" pour explorer leurs données internes mais également d’autres données accessibles depuis le Cloud », lit-on sur le guide du Big Data élaboré par l’agence française Corp Events. L’apparition de nouvelles technologies de traitement de données non-structurées comme Hadoop, et la découverte de mode de calcul de haute performance MapReduce ont accélerer sa croissance. «J'aime comparer cette manne de données au pétrole. On en a beaucoup, mais il faut savoir la travailler», souligne Patrice Poiraud, directeur Big Data & Analytics à IBM. Il incombe aux entreprises alors d’en faire un bon usage…
AFRIcan business journal | N°14 | 51
FOCUS
management
Quand technologie rime avec stratégie
Plus qu’une simple théorie, le Big Data constitue un outil managérial efficace pour les entreprises. De la santé à l’énergie en passant par le marketing et la recherche. Le Big Data fait désormais partie de notre quotidien. Son champ d’application touche quasiment plusieurs domaines d’activité. Nous en avons sélectionné cinq: la recherche, le marketing, le secteur public, le journalisme et la communication et l’énergie. La recherche qui représente le berceau du Big data, est l’un des principaux bénéficiaires de cette révolution technologique. Ces données volumineuses permettent aux scientifiques de réaliser des explorations géologiques très pointues, de croiser des données complexes à travers l’imagerie, ou d’opérer des simulations dans le domaine spatial.
Caractéristiques des données Faible Moyenne Forte
«C’est d’ailleurs en génétique que le Big Data a fait ses premières armes car ce secteur réclamait une approche à la fois quantitative et qualitative avancée», renseigne le guide. Ses avantages sont aussi perceptibles dans le secteur de la santé. A titre illustratif l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a utilisé des outils du Big Data pour définir les urgences sanitaires, la localisation des ressources clés et l’optimisation des allocations de ces ressources après le passage du Typhon aux Philippines en 2013. Prévention des épidémies L’Université Brigham Young (états-Unis) a développé une ap-
Maturité et Investissements Organisations ayant déjà ou prévoyant d'investir dans les Big Data dans les 2 ans
plication pour essayer de stimuler la localisation des mouches tsé-tsé pour mieux contrôler la propagation d’épidémies. Toujours au pays de l’Oncle Sam, la police de Chicago visualise les données du Big Data pour surveiller les populations de rats de la ville. Outre ses avantages d’ordre sanitaire, les «méga données» permettent aussi d’alerter sur d’éventuels conflits. L’Université de Georgetown (états-Unis) a mis en place l’application Global Database of Events Language and Tones (GDELT) qui lui permet de compiler toutes les actualités, communiqués de presse, articles et discours parus depuis 1979, et d’effectuer des analyses séman-
Bénéfices potentiels et opportunités Big Data Estimation du revenu perdu à cause de l'incapacité à mettre à profit les données collectées et identification d'opportunités concrètes de mise en application des Big Data % de revenu perdu
% d'org
Investissement priviligié
Secteur Public
39 %
Hardware Services
19 %
Analyse de données comportementales pour identifier des fraudes
Services Financiers
57 %
Software
22 %
Analyse du sentiment et de la réputation de la marque Reporting réglementaire en temps réel
Santé
42 %
Software
17 %
Intégration des multiples sources de données pour améliorer les soins et la capacité à prévenir les maladies (Connected Healthcare)
Telecom/Media
76 %
Hardware Software
10 %
Ciblage publicitaire améliore et en temps réel (AdExchange)
Retail
70 %
Hardware Services
19 %
Optimisation des données transactionnelles pour mieux gérer les stocks et les promotions
Transport
62 %
Software Services
12 %
Intégration des données externes et internes pour améliorer l'acquisition et la fidélisation de la clientèle
Energie/Utilities
58 %
Hardware Software
12 %
Suivi en temps réel des opérations de terrain (forage, extraction) Suivi et optimisation de la distribution électrique (SmartGrid)
Volume
Vélosité
Variété
52 | AFRIcan business journal | N°14
Opportunités Big Data
FOCUS Big Data : unités de mesure
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1 ko = 1 kilooctet = mille octets 1Mo = 1 mégaoctet = un million d'octets 1Go = 1 gigaoctet = un milliard d'octets 1 To = 1 téraoctet = un billion d'octets 1 Po = 1 pétaoctet = un billiard d'octets 1 Eo = 1 exaoctet = un trillion d'octets 1 Zo = 1 zettaoctet = un trilliard d'octets
Mieux connaitre sa clientèle Le Big data représente également une poule aux œufs d’or pour le secteur du marketing. Il permet aux professionnels du milieu de mieux connaitre les attentes du client, les achats qu’il a effectués dans les magasins et sur internet, son historique de navigation, et les préférences affichées sur les réseaux sociaux. Ainsi, cette technologie leur permettra d’anticiper ses besoins, de cibler et personnaliser les offres. Une nouvelle approche plus connue sous l’anglicisme «Data Driven Marketing». Par ailleurs, cette révolution technologique facilite la tâche aux administrations publiques à travers l’analyse des données comportementales qui permet l’identification de fraudes. Dans secteur de l’énergie, le traitement des données massives permet un suivi réel des opérations de forage et d’extraction, de même que le suivi et l’optimisation de la distribution électrice grâce aux compteurs intelligents «Smart Grids».
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tiques pour comprendre les évènements et les principes de cause à effet pour prévenir les conflits.
Chiffres clés Big Data dans le monde •12 zettaoctets de données ont été créés dans le monde en 2011. • 118 milliards d'emails sont envoyés chaque jour. • 235 téraoctets de données ont été collectés par The Library of Congress en avril 2011. • 30 fois plus de données seront générées d'ici 2020 • Le télescope «Square kilometers away» produira plus d'1 téraoctet de données par minute en 2024. • Twitter génère 7 téraoctets de données par jour. • Facebook génère 10 téraoctets de données par jour. • Facebook traite 50 milliards de photos. • 30 milliards de contenus sont échangés chaque mois sur Facebook; (Sources : EMC2, Le Monde, CNRS)
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Le Big Data
Une mine d’or pour l’Afrique Hausse du taux de pénétration des Smartphones, montée en flèche du nombre d’internautes, développement du e-commerce… L’Afrique dispose de réelles potentialités pour être un grenier du Big Data. à condition de lever quelques freins et de miser sur la formation des ressources humaines. Le Big Data se développe timidement mais sûrement en Afrique. On pourrait ainsi résumer les conclusions de l’étude menée durant le second trimestre de 2013 par IBM et IDG Connect, à travers le télémarketing. Pour dresser une cartographie de l’usage de cette technologie, les enquêteurs ont ciblé les personnes issues des départements informatiques, les "influenceurs" IT, les décideurs, les gestionnaires et responsables d’achats de solutions informati-
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ques d’entreprises de différentes tailles et qui s’activent dans tous les secteurs d’activité. Seuls quatre pays se distinguent ; le Nigéria, le Kenya, l’égypte, et le Maroc. L’Afrique du Sud n’a pas été prise en compte dans cette étude parce qu’elle est dans une phase très avance par rapport aux autres pays du continent. Le Nigeria et le Kenya s’imposent comme les leaders dans l’utilisation des solutions Big Data devant l’Egypte et le Maroc.
Le Nigéria et le Kenya leaders dans le Big Data Concrètement, 64% de Nigérians et kenyans ont déclaré avoir mis en place un processus d’intégration des données de masses. Un pourcentage nettement supérieur à ceux de l’Egypte et au Maroc où respectivement 24% et 22% des personnes interrogées adoptent des solutions de Big Data «fonctionnelles». En revanche, 38% de sondés en égypte et 44% au Maroc n’envisagent pas de mettre en
FOCUS
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place une stratégie Big Data dans le court terme. Le rapport dévoile aussi que les pays anglophones d’Afrique subsaharienne sont plus réceptifs aux enjeux du Big Data que les pays francophones qui sont moins sensibles à cette technologie. D’après l’enquête, trois principaux obstacles freinent le développement du Big Data dans le continent. Premièrement, la faiblesse des processus d’automatisation qui opèrent la collecte des données dans les administrations et les entreprises, ensuite, l’évaluation du retour sur investissement des solutions Big Data qui reste faible, notamment en Egypte et au Maroc. Troisièmement, la méconnaissance du concept. En effet, beaucoup de sondés pensaient que les mégadonnées concernent un uniquement les données structurées. Aussi, dans plusieurs pays, les personnes ignoraient que les emails, les transactions commerciales, et les contenus sur les réseaux sociaux, sont des informations précieuses qui peuvent donner une valeur ajoutée à l’entreprise. C’est d’ailleurs pour vulgariser ce concept qu’a vu le jour le Big Data Africa Congress qui s’est tenu le 14 novembre 2013 à Cap Town en Afrique du Sud. Cette première grand-messe continentale était une occasion pour les investisseurs et experts d’échanger sur la manière de traitement rapide des données, de connaitre la méthodologie pour surmonter les défis liés au stockage et l’usage des données disponibles pour classifier la clientèle, d’extraire les données les plus significatives pour révolutionner l’offre clientèle.
Un avenir prometteur Les perspectives du Big Data sont reluisantes en Afrique. En particulier, grâce au boom des Smartphones. D’après une étude du cabinet d’audit Deloitte intitulée «Tendances 2015 des Technogies, Médias et Télécommunications en Afrique», le nombre de Smartphones devrait doubler d’ici 2017 pour atteindre 350 millions d’appareils connectés. Mieux, le marché connaitra une hausse de 40% en 2015, avec 70 millions de Smartphones vendus. «Ici, en Afrique, le Big Data a pris une forme quelque peu unique par rapport à d'autres parties du monde. Pour la plupart, les données externes que nous tirons sont générées à partir d’une source unique : les appareils mobiles. Or, plus de neuf millions de nouveaux abonnements mobiles sont enregistrés chaque mois à travers l'Afrique, ce qui représente une croissance à la fois exponentielle et complexe de données disponibles pour l'analyse, la prévision et l'amélioration à grande échelle pour les entreprises et les communautés humaines même. Ces projets couvrent une large gamme de domaines possibles : de la circulation aux soins de santé, accès à l'eau, à l'e-commerce», a indiqué Sandra K. Johnson responsable de la technologie chez IBM Afrique au magazine Réseau Télécom. Miser sur la formation des ressources humaines Cette niche d’informations aiguise l’appétit des multinationales, notamment les grandes firmes spécialisées dans les télécoms. Selon Yann Chevalier DG de Intersec, une entreprise française spécialisée dans la fabrication des logiciels pour opérateurs téléphoniques, l’exploitation de ces données volumineuses leur
permet «de lancer des services très innovants tels que la publicité mobile géolocalisée, le marketing contextuel et individualisé, le M-Education ou encore le M-Health. Mais également d’armer les équipes de direction pour la définition de leurs plans stratégiques et opérationnels en se basant sur des faits vérifiables, et en accédant à des données en temps réel.» De grandes entreprises africaines s’y mettent aussi, à l’image de Santam Ltd, une compagnie d’assurance sud-africaine qui utilise des analyses prédictives des à partir du Big data pour rationaliser le traitement des réclamations des assurés et repérer celles pouvant être frauduleuses. L’Afrique doit miser sur la formation des ressources humaines, pour ne pas rester en rade dans cette mutation technologique. C’est l’avis de Sean Mclean, responsable des relations ave les universités chez IBM Afrique. «Le Big Data est devenu une grosse affaire - mais les compétences nécessaires pour gérer, analyser et transformer sont en nombre insuffisant. Grâce à ses marchés technologiques émergents et à une croissance rapide de l'innovation, l'Afrique est dans une position unique pour s'imposer comme une plaque tournante mondiale pour le Big Data et des analyses», constate-t-il. Il invite les responsables à miser sur l’éducation pour favoriser l’émergence de nouveaux talents, d’autant plus que la demande en Big Data génère 4,4 millions d’emplois dans le monde, seul un tiers de cette demande sera comblée. «Cela représente un énorme marché que la prochaine génération de professionnels africains est bien placée pour combler», renchérit Sean Mclean.
AFRIcan business journal | N°14 | 55
FOCUS
Mégadonnées
Une arme économique Plusieurs experts considèrent le Big Data comme l’avenir de la technologie durant la prochaine décennie. Scientifiques, politiciens et entreprises ont mis en place de grands projets pour révolutionner leurs stratégies.
Le Big Data représente, à coup sûr, une arme économique efficace. Les gouvernements en sont conscients et saisissent cette opportunité. En France, l’état a investi 11,5 millions d’euros pour le lancement d’un portail unique interministériel dénommé data.gouv.fr, une plateforme d’Open Data (Ndlr ouverture des données publiques). L’objectif est de «assembler et mettre à la disposition librement l’ensemble des informations publiques de l’Etat, de ses établissements publics et, si elles
L'investissement en solutions "big data" en France Part des entreprises, en %, en septembre 2012
Utilise déjà des solutions "big data" Va commencer dans les prochains mois
10 % 1%
Etudie l'opportunité d'investir dans ces solutions
18 %
Ni projets, ni réflexions
70 %
le souhaitent, des collectivités territoriales et des personnes de droit public ou de droit privé chargées d’une mission de service public», indique le gouvernement français. Ce programme informatique est géré par etalabgouv.fr, un service interministériel crée en 2011.
la campagne électorale de Barack Obama en 2012 a indiqué avoir utilisé cette technologie pour rassembler une coalition gagnante, approcher chaque électeur pour décrocher leurs votes, jusqu’à la victoire de l’actuel locataire de la Maison Blanche.
Au pays de l’Oncle Sam, les stratèges intègrent le Big Data dans leurs activités. D’après la «Technology Review», Dan Wagner responsable du bureau des analyses lors de
Que dire encore du projet «Open Data Movement» de la Nasa ? En effet, la célèbre agence spatiale américaine a intégré le Big Data dans ce programme pour permettre à toutes ses bases de données d’avoir accès à des stratégies novatrices pour le traitement de données volumineuses. En dehors de la Nasa, bon nombre d’entreprises ont à leur disposition le «Big Data Analysis», un outil qui leur permet d’améliorer leurs stratégies marketing et communication, d’entretenir des relations avec les clients, de booster les ventes, de réduire les coûts logistiques, de faciliter les recrutements et de favoriser la veille concurrentielle. Ces différentes entités misent en quelque sorte sur l’avenir. Et pour cause. D’après le cabinet IDC, le marché du Big Data représentera 24 milliards de dollars en 2016, avec une part de stockage estimé à 6 milliards de dollars. De quoi aiguiser l’appétit.
L'évolution du marché mondiale "big data" en France En milliards de dollars
16,9
3,2 2010
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2015 prévision
FOCUS Le potentiel colossal de Big Data Volume de données créées et échangées
en 2010
7
>2.500
>250
>3.500
Inde >50
> 400 Japan
>200
en 2015
Moyen-Orient et Afrique
Evolution du marché en milliards de dollars
>70
3,2 en 2010
16,9 en 2015 (est.)
Chine
Europe
Amérique du Nord
En Zettaoctets
1,2
Des volumes très inégaux selon les régions
> 300
Amérique Latine
Quantité de nouvelles données par zones géographiques enregistrées en 2010, en petaoctets
Les secteurs les mieux placés pour en profiter Evolution de la productivité au Etats-Unis de 2000 à 2008 en %
23
Informatique et produits électroniques
9
Manufacture
3 2 1 0
En poids dans le PIB
Information Commerce de gros Immobilier et location Finance et Assurance
Commerce de détail
-1 -2
Education
-3
Reste de l'Asie-Pacifique
Gouvernement Prestatires de soins de santé Ressources naturelles
Les entreprise françaises encore peu impliquées dans les solutions Big Data N'ont ni projets ni réflexions
70%
Vont commencer à investir dans ces outils dans les prochains mois
18% 10%
Etudient l'opportunité d'investir dans ces solutions
2 % utilisent déjà des solutions Big Data
Construction Potentiel d'amélioration à venir lié au Big Data
Intérêts perçus du Big Data Question : Le terme Big Data évoque-t-il pour vous ... ? (plusieurs réponses possibles)
Question : Dans quel domaine le Big Data pourrait-il générer des bénéfices pour votre entreprise ? (plusieurs réponses possibles)
29 % 29 %
Efficacité du SI Une problématique d'analyses de données
46 %
Contrôle des données de l'organisation
24 %
Aucun Une problématique de stockage de données
44 %
21 %
Ne sait pas
23 % 23 % 21 % 19 %
Prévisions long terme
La réponse à une problématique ou un besoin métier de votre secteur d'activité ou de votre entreprise
Analyse de profitabilité
21 %
Connaissance client (intentions, sentiments...) Evaluation risque
18 % 17 %
Augmentation des ventes
15 %
Aucune proposition
Fidélisation/Réduction du chum
12 %
Détection des fraudes
0%
20 %
40 %
60 % 0%
10 %
20 %
30 %
AFRIcan business journal | N°14 | 57
FOCUS
Data scientist
Métier phare du Big Data Le data scientist est un haut responsable de la gestion et de l’analyse de «données massives» (Big Data). C’est un nouveau métier du numérique qui concerne aussi bien la finance, la banque, l’assurance que le marketing et l’informatique statistique dans les domaines les plus variés. Il est promis à un bel avenir.
Description métier Récupérer des millions d’informations disponibles grâce à internet et essayer d’en tirer une stratégie pour l’entreprise via le Web et les Smartphones, voici la mission principale du data scientist. Le data scientist est donc un professionnel de la gestion et de l’analyses pointue du Big Data pour la stratégie et l’opérationnel de l’entreprise. Ce scientifique des données est le résultat de l’évolution rapide de plusieurs métiers tels data miner (fouilleur de don-
nées) et analyst data (analyste de données). Tous utilisent des techniques statistiques et des outils informatiques afin d’organiser, de synthétiser et de traduire les informations. Mais si le data analyst n’explore en général que les données d’une seule source (CRM par exemple), le data scientist explore et examine à un plus haut niveau les données de multiples sources dispersées. Il doit faire parler ces données et en sortir des indicateurs concrets au service de la direction générale.
Les profils de ce nouveau métier croisent les compétences des managers, des informaticiens et des statisticiens. Il doit ainsi présenter une triple compétence opérationnelle : la maîtrise des techniques du data mining (fouille des données) et des statistiques ; une forte inclination aux technologies et aux outils informatiques des bases de données (BDD) ; un savoir-faire métier dans le secteur d’application des données analysées (marketing, finance par exemple). Le data scientist travaillant sur un projet doit mettre en œuvre les tâches suivantes : traduire un problème business en problème mathématiques/statistiques ; trouver les sources de données pertinentes ; proposer des recommandations sur les BDD à modifier, rapatrier, externaliser, internaliser ; concevoir des « entrepôts de données » (datawarehouse) ; évaluer les données, les traiter et les resituer dans le système d’information cible. Le data scientist maîtrise les technologies de l’information (IT) telles que Hadoop, Java, MapReduce, Bigtable, NoSQL... Le métier de data scientist est en constant mouvement et on lui prédit un succès certain. Avec cidj.com
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FOCUS Mieux connaitre les enjeux du Big Data ...
De par son expérience d’entrepreneur, puis de président du Conseil national du numérique (CNN) et, enfin, de Digital Champion, Gilles Babinet a identifié cinq domaines, i n t r i n s è q u e m e n t l i é s a u n u m é r i q u e , d o n t l ’é v o l u t i o n e n c o u r s va changer le monde : connaissance, éducation, santé, production et État. Pour chacun, il en explique avec clarté les enjeux et en précise les contours.
Le Livre blanc élaboré par le groupe Big Data Paris est un excellent guide pour les novices, qui présente clairement les enjeux du Big Data pour les entreprises, les chiffres clés, les exemples d’application concrets et les principaux acteurs sur le marché français.
L’analyse de Darrell West présente les principales applications du Big Data dans l’éducation, explore la valeur des données en temps réel et de la personnalisation de l’éducation. Il passe également en revue les freins à la démocratisation de ces méthodes, notamment en ce qui concerne le respect des données personnelles des élèves.
Niveau de compréhension des décideurs des technologies associées au Big Data France, 2012 (en % de décideurs - échelle de 1 à 5 ou 1 = concept vague et 5 = très bonne connaissance)
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Le livre explique de A à Z comment se connecter sur un compte Gmail, récupérer les emails et créer un site web en Python pour générer des graphiques en 3D et afficher le nombre d’emails par heure, ainsi que les mots les plus représentatifs selon le TFIDF. Le tout agrémenté de quelques réflexions sur la création d’une équipe de Data-Scientists, et leur manière de travailler ensemble… Alors oui, le projet est intéressant, et nous avons cru en son contenu au point de vouloir se l'approprier mais, non, il ne nous a pas convaincu.
Analyse des données non structurées visualisation de données (datavisualisation) gestion de flux et d'évènement / CEP* analyse prédictive appliances bases de sonnées NOSql ecosystème hadoop bases de données orientées mémoire * CEP : Complex Event Processing Echantillon : 110 décideurs
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Baba Zoumanigui Directeur général - IBM Afrique francophone
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Entretien
FOCUS
«Le potentiel de l’Afrique en matière de Big Data est immense» D’après IDC, le secteur est en pleine expansion. Son marché devrait s’établir à 24 milliards de $ en 2016 contre 3,3 milliards en 2010. Quelle est, actuellement, la part de l’Afrique dans ce gigantesque flux ? C’est indéniable, le secteur du Big Data est en pleine expansion, et s’il reste difficile d’avoir des statistiques par continent, il n’en reste pas moins que cela est particulièrement à l’ordre du jour en Afrique, où le paysage socio-économique et technologique évolue plus vite que nulle part ailleurs. Même si le Big Data est souvent associé à de grandes multinationales et aux gouvernements des pays occidentaux, il est également moteur de croissance dans les pays émergents, à la seule différence que les modèles d’utilisation changent. Ainsi, en Afrique, le Big Data se met au service de la santé, de l’urbanisation, de la sécurité ou de l’environnement. En Afrique également, le Big Data est source d’opportunité, avec les investissements croissants dans les technologies de l’information et de la communication et la propagation des smartphones et des terminaux mobiles. Les premiers concernés sont les opérateurs télécoms, mais pas uniquement, il y a aussi les banques, les gouvernements, et aussi les PME.
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Les résultats d’une étude conjointement menée en décembre 2013 par IBM et IDG Connect auprès de décideurs et d’ «influenceurs» IT ont révélé qu’au Nigéria et au Kenya, 64% des sondés déclarent prévoir adopter le Big data dans les prochaines années pour devenir des leaders de leurs secteurs respectifs en Afrique. Au-delà de ces statistiques recueillies dans ces deux pays anglophones, quelle est la tendance générale qui se dégage dans le continent ? Est-ce-que les entreprises africaines, plus particulièrement les PME, utilisent cette technologie ? Dans cette étude, il apparait que les pays anglophones d'Afrique subsaharienne (et surtout l’Afrique du Sud, le Nigéria et le Kenya) sont plus réceptifs aux enjeux du Big Data et donc plus en avance sur son exploitation, que ce soit au niveau technologique ou des compétences. Mais les freins sont encore nombreux pour l’adoption du Big Data : incertitudes sur les stratégies à long terme, niveaux de maturité différents et manque de compétences pointues. IBM a adopté une stratégie Big Data et analytique qui répond efficacement à ces défis, ce qui lui permet d’être un acteur de premier plan sur le marché africain. En ce qui concerne les Petites et moyennes entreprises (PME), beau-
coup d’entre elles considèrent encore l’analytique pour le Big Data comme une solution réservée aux grandes entreprises disposant de budgets importants. Cependant, les PME et les startups font aujourd’hui partie des sociétés les plus actives, innovantes et créatives qui utilisent les technologies Big Data pour gagner en compétitivité. Mais elles le font à travers de nouveaux modèles économiques, plus adaptés à leurs moyens financiers. Le cabinet Deloitte, dans une étude intitulée «Tendances 2015 des Technologies, Médias et Communication en Afrique» publiée le 16 février 2015, indique que le marché des Smartphones devrait doubler d’ici à 2017 pour atteindre 350 millions d’appareils connectés. Cette croissance exponentielle, couplée au grand nombre d’internautes (dont 100 millions d’utilisateurs sur facebook), ne représente-t-elle pas une niche d’opportunités à exploiter et une clientèle à séduire pour les décideurs TIC du continent ? Tout à fait, cela représente une grande opportunité, pour tous les opérateurs IT, en particulier les opérateurs télécoms, premiers concernés par l’explosion du marché des objets connectés. Mais pas uniquement, puisque cette tendance aura un effet positif sur tous
FOCUS les secteurs, du transport à la santé, en passant par les banques, les médias, les chaînes de grande distribution, et j’en passe. Pour en revenir au Big Data, et comme expliqué dans la première question, c’est une notion qui touche tous les domaines ; les données sont partout et avoir à disposition des outils pour les analyser et les exploiter représente en effet un atout concurrentiel vital pour les décideurs IT africains, là où l’explosion des services IT est parmi les plus importantes au monde. Le Big Data devrait créer 4,4 millions d’emplois dans le monde d’ici à 2015 d’après le cabinet Gartner. La formation sur les outils du Big Data est-elle assez développée en Afrique pour permettre aux futurs jeunes diplômés de disposer de compétences requises pour évoluer dans ce secteur ? La mise en œuvre du Big data requiert en effet des profils polyvalents avec des compétences poussées aussi bien en informatique qu’en mathématiques appliquées à la statistique. Les métiers de demain autour du Big Data seront, à titre d’exemple, ceux de «Data Scientist», «Data Analyst» ou «Predictive Analytics Specialist». Pour répondre à votre question, je pense que nous manquons encore de formations pratiques à ces nouveaux métiers sur notre continent, et le manque de diplômés et de professionnels disposant de telles compétences est une barrière à l’adoption de nouvelles technologies qui pourtant peuvent apporter de véritables avantages compétitifs aux entreprises africaines. Mais de nombreuses universités ont déjà bien compris ce problème, et certaines s’associent déjà à de grands acteurs de l’IT pour former les experts de demain. Chez IBM, nous avons lancé depuis plusieurs années déjà plusieurs programmes «IBM Africa University», qui visent à former les étudiants africains sur les dernières technologies demandées dans les nouveaux métiers de l’IT : Mobilité, Sécurité, Busi-
«Les programmes d’IBM Africa University seront étendus à une soixantaine d’autres universités africaines, avec l’objectif de certifier plus de 35000 étudiants sur nos technologies d’ici 2016.»
ness Analytics, Data Management et Cloud. Ces programmes ont déjà ciblé seize universités sur le continent et seront étendu à une soixantaine d’autres universités africaines, avec l’objectif de certifier plus de 35 000 étudiants sur nos technologies d’ici 2016. Un autre pilier du développent des compétences en Afrique est l’IBM Africa Technical Academy, qui propose des formations pointues aux professionnels (clients et partenaires) dans différents pays en Afrique. Le programme met l'accent sur l’acquisition de l’expertise dans les nouveaux métiers de l'industrie IT en Afrique: Mobile, Sécurité, Business Intelligence et Big Data, afin de développer leurs compétences et ainsi créer un écosystème autour des solutions IBM pour soutenir nos programmes sur le continent. Enfin, IBM offre également d’accompagner les entrepreneurs, start-ups, éditeurs de logiciels indépendants (ISV), professionnels de l’IT ainsi que du monde académique et universitaire au sein de ses centres d’innovation africains dont les derniers en date ont été inaugurés il y a un an au Nigéria et au Maroc. Cet accompagnement se fait à travers la mise à disposition de ses technologies Cloud, Big Data et Business Analytics et le renforcement des compétences technologiques locales.
En novembre 2013 IBM a décidé de mettre sa technologie Big Data au service de l’Union internationale pour le Contrôle du Cancer (UICC) afin de lutter contre cette maladie plus particulièrement en Afrique. Comment comptez-vous déployer ce programme ? IBM est engagé depuis plusieurs années aux côtés du monde de la recherche et des organismes de santé publique dans lutte contre le cancer à travers Big Data, le cloud, l’analytique et les nanotechnologies. Afin d’améliorer la prévention et le traitement du cancer en Afrique, IBM a proposé sa technologie Big Data au service de l’Union Internationale pour le contrôle du Cancer (UICC). Très concrètement, la technologie Big Data d’IBM va permettre de créer des registres du cancer sur le continent et de concevoir la plus grande base de données clinique au monde pour les malades atteints du cancer. L’analyse de données permettra de mieux répertorier les malades, de rassembler et d’analyser leurs données, afin de leur offrir des traitements mieux ciblés. Ce projet est crucial car, en Afrique subsaharienne, moins de 1% de la population est couvert par un registre du cancer, outil indispensable aux gouvernements dans la lutte contre cette maladie. Ces registres fournissent des données essentielles et fiables servant au développement, à la mise en place,
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FOCUS
«La technologie Big Data d’IBM va permettre de créer des registres du cancer sur le continent et de concevoir la plus grande base de données clinique au monde pour les malades atteints du cancer. »
et à l’évaluation des plans de lutte contre le cancer, grâce à une meilleure connaissance des données des malades. Ce projet porté par l’UICC et IBM a été premièrement implémenté en Afrique subsaharienne, et sera prochainement étendu au reste du Continent, puis à l’Asie et à l’Amérique latine. Quelles sont les principales solutions Big Data développées par IBM ? En tant qu’acteur incontournable du marché mondial du Big Data, et afin de répondre aux demandes croissantes de ses clients en Afrique, IBM a mis en place le portefeuille le plus étoffé au monde en termes de Big Data et d’analytique, de solutions et de logiciels, et a constitué une solide équipe de chercheurs, mathématiciens, scientifiques, et consultants en analytique. D’ailleurs, IBM a été nommé leader de l’innovation autour du Big Data en Afrique Sub-Saharienne par le cabinet Frost & Sullivan en Février 2014. Mais laissez-moi plutôt vous parler de ce que nous avons fait pour nos clients en Afrique grâce au Big Data. Il y a tout juste un an, nous avons lancé notre système cognitif Watson en Afrique, à travers le projet Lucy, qui s’étalera sur 10 ans et vise à introduire Watson et d’autres systèmes cognitifs en Afrique afin d’accélérer le développement économique et multiplier les nouvelles opportunités d'affaires.
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Watson, entre autres applications, apporte des capacités renforcées de visualisation et intègre la dimension d'analyse prédictive, ce qui peut avoir de formidables applications en Afrique. Un premier exemple de cela en Afrique du Sud avec le Metropolitan Health, une entité du holding MMI Holdings, le plus grand administrateur de soins de santé en Afrique du Sud, qui utilise en mode Cloud le système cognitif Watson d’IBM pour fournir des soins personnalisés à ses patients. En effet, l’analyse en temps réel des données des patients permettra de leur offrir des services de soins sur mesure, transformant ainsi l’expérience client. En Zambie, IBM collabore avec le ministère de la Santé dans le but d’améliorer l’accès à plus de 200 médicaments essentiels aux habitants de ce pays. La technologie Analytics d’IBM permettra de donner une vision en temps réel de l’utilisation et des stocks de médicaments, et aussi d’identifier les tendances et les prévisions. Kenya Power, premier fournisseur d’électricité en Afrique de l’Est, utilise une solution analytique IBM pour la consolidation en un tableau de bord unique des données provenant de dizaines de sources disparates pour fournir des analyses pertinentes et mieux anticiper les risques liés à la gestion électrique.
Mais partout en Afrique, l’utilisation du Big Data s’applique également aux villes intelligentes, un domaine émergent dans lequel IBM a déjà développé de solides compétences. Les villes intelligentes sont caractérisées par l'intégration de millions de dispositifs intelligents et la coordination entre les entreprises privées, le secteur public, les institutions et les habitants pour produire des solutions et services en temps réel. Comment se dessinent les perspectives du Big Data en Afrique ? Avec les investissements croissants dans les technologies de l’information et de la communication et la propagation des smartphones qui a suivi la grande percée de la téléphonie mobile en Afrique, le Big Data est maintenant au cœur des préoccupations des décideurs IT africains. Avec la prolifération des terminaux mobiles et l’avènement des réseaux sociaux, les emails, tweets, blogs, wikis et autres outils 2.0 viennent inonder le net de données comportementales extrêmement gigantesques, ouvertes et disponibles à tous, faisant de l’Afrique un terrain privilégié pour l’exploitation du Big Data. Pour IBM, le potentiel de l’Afrique en matière de Big Data est encore immense : Plus de neuf millions de nouveaux abonnements mobiles sont ajoutés chaque mois à travers l'Afrique, ce qui représente une croissance à la fois exponentielle et complexe des données disponibles pour l'analyse, la prévision et l'amélioration à grande échelle pour les entreprises et les communautés. L'analyse prédictive est le facteur commun à presque tous les projets de Big Data à succès sur le continent jusqu'à présent. Ces projets couvrent une large gamme de domaines possibles : du transport aux soins de santé, en passant par l’accès à l'eau et l’énergie solaire. C’est pourquoi nous avons lancé le projet Lucy en Afrique, pour mettre les capacités cognitives de Watson au service du développement économique du continent.
FOCUS
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d’Alioune GUEYE bloc-notes
lee kuan yew : Les géants ne meurent pas S’il existait un Panthéon des leaders ayant réussi l’émergence économique, Lee Kuan Yew, qui nous a quittés il y a quelques jours y mériterait une place de choix. Et pour cause, l’histoire économique n’enregistre pas un cas d’un dirigeant ayant fait basculer son pays du tiers monde à un monde moderne et développé en l’espace d’une génération. Cette performance est d’autant plus spectaculaire, que leur sous-sol ne recèle aucune ressource, et qu’il leur faut dessaler l’eau de mer et recycler les eaux usées pour répondre aux besoins en eau potable de leur population. Avec un taux de chômage de 2%, Singapour est classée numéro 3 mondial pour la qualité de son système éducatif, numéro 6 pour le niveau de pouvoir d’achat de sa population et dispose d’un Budget de l’État perpétuellement excédentaire à hauteur de 5 à 20% par rapport au PNB, sans oublier les 90% de la population qui sont propriétaires de leur logement. Si Singapour l’a réussi en 25 ans, nos pays africains gorgés de ressources de toutes sortes devraient réaliser la même prouesse en une dizaine d’années. Aujourd’hui, signe de retournement de l’histoire, même les décideurs politiques de l’ancienne puissance colonisatrice anglaise viennent chercher inspiration à Singapour !
Agir en mode «Delivery» La littérature économique regorge d’ouvrages sur la stratégie et notamment sur les outils relatifs à l’élaboration et à la planification stratégiques. En revanche, très peu font référence à la mise en œuvre et aux stratégies d’exécution pour voir émerger les projets. Le «Delivery» est une approche qui privilégie l’action, la réalisation, afin d’obtenir les meilleurs résultats sans pour autant perdre de vue la notion d’exigence client. Elle s’applique aux individus, aux entreprises et aux pays eux-mêmes. «To deliver» en anglais c’est «se mettre en action pour construire et mettre en œuvre la solution». C’est justement dans cette approche mêlant action et pragmatisme qu’il faut rechercher une des clefs de succès de l’Asie émergente. Ainsi, on constate qu’en Afrique, le déclic ne se fait pas, l’absence d’appropriation par les populations des stratégies pensées et élaborées au plus haut niveau freine la mise en œuvre. En fait, l’articulation entre la rationalité et la pertinence des stratégies, d’une part, et la psychologie et les mentalités des populations, d’autre part, n’est pas garantie. Or, c’est précisément cette articulation qui fait la force d’exécution de l’Asie. Nous gagnerions à nous inspirer de la capacité d’action de l’Asie, si nous voulons trouver le déclencheur de l’émergence économique.
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**Lee Kuan Yew “From Third world to First, the Singapore Story 1965-2000”
MASTER CLASS À SINGAPOUR
DATE : DU 19 AU 24 JANVIER 2015
La diplomatie économique : pour une approche gouvernementale intégrée Contexte stratégique : Avec le développement des opportunités sur le continent africain, la bataille pour les investissements directs étrangers va devenir encore plus intense. Il ne se passe pas une semaine sans que ne se tienne forum et événements de promotion d’investissements ou de commerce en Afrique que ce soit au niveau pays ou à un niveau plus sectoriel. Toutefois, à l’avenir, les investissements étrangers se feront plus précis et discriminants, et les investisseurs auront des exigences plus éle vées du rôle que les gouvernements acteurs économiques pourront jouer dans la facilitation des investissements. Dans un tel contexte comment le secteur public africain peut-il jouer le rôle de diplomate économique ? Quels sont les outils et méthodes pour attirer les plus grandes entreprises mondiales et les investisseurs ? Comment les gouvernements africains peuvent-ils «toucher» efficacement les investisseurs notamment ceux d’Asie ? Résultats attendus : Que vous soyez ministre, fonctionnaire chevronné, diplomate, dirigeant de l’agence de promotion des investissements, membre dirigeant du patronat ou en charge d’une chambre de commerce et d’industrie, Vous serez en mesure au terme de ce « master class » inaugural a Singapour – l’une des "villes-Etats" les plusdynamiques au cœur de l’Asie - de vous approprier le cadre, les méthodologies et les outils stratégiques nécessaires à la conception d’une approche gouvernementale intégrée. Programme : Sessions pédagogiques interactives et participatives, visites de sites, sessions d’échanges et de networking avec des professionnels d’institutions spécialisées, de gouvernements, et du secteur économique de Singapour. Cible : • Conseillers de très haut niveau des présidents et premiers ministres • Conseillers en Stratégies économiques • Ministres des affaires étrangères • Ministres du Commerce et de l’Industrie • Agences de Promotion des investissements étrangers • Chambres de commerce • Patronats Prochaine session du 21 au 24 septembre 2015 About Singapore Singapore has achieved staggering economic success in the past 50 years. With little natural resources of its own, the former British colony of 5.3 million people today started life in 1965 as an independent country on par economically with most African countries. The country has had only three leaders in 54 years, and has seen a massive investment hub in the Asia Pacific, straddling China and India. It's GDP per capita grew from less than US$500 in 1960s to over US$55,000 today. Singapore is home to over 10,000 leading companies in the world and ranked the easiest place to do business according to the World Bank.
Pour tous renseignements et inscriptions :
African Business International Pte Ltd | Singapore, 10 Anson Road International Plaza #10-11 Singapore 079903 | Mail : contact@abi.com.sg
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business case
Sosama Industries Ltd Par Albert-Baudouin Twizeyimana
Une locomotive du consommer local au Rwanda Sosoma Industries Ltd est une société anonyme créée le 1er novembre 2008. Elle dispose d’un capital de deux cent vingt-six millions neuf cent mille francs rwandais (226.900.000 FRW), réparti en 2.269 actions de 100.000 FRW.
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business case
Sosoma met sur le marché une farine riche en protéines et très nutritive pour lutter contre la malnutrition des enfants et des personnes vulnérables au Rwanda… Ce produit est vendu dans plusieurs coins du pays, dans des pays voisins comme le Burundi, l’Ouganda, la R.D.du Congo, et en Belgique, grâce à un important réseau de distribution. Sosoma constitue aussi pour les paysans locaux, notamment ceux de Duhamic-Adri, un partenaire dans le développement de leur activité agricole, la garantie d’un débouché leur permettant de vendre leur production. Sosoma participe ainsi activement au développement économique rural du Rwanda à travers la création d’emplois pour la transformation des produits. Ce travail a été couronné par des prix et récompenses obtenus au niveau national et continental. La dernière en date, le Grand Prix de la PME de l’année 2014 en Afrique remporté lors de la première édition du Africa SME Champion Forum 2014 qui s’est tenue les 11 et 12 novembre 2014 à Dakar. Ce Business Case met en lumière les coulisses de ce succès.
Sosoma
leader dans la fortification des farines
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Le nom «Sosoma» est le condensé de Soja, Sorgho et Maïs. C’est à la fois le nom d’un produit alimentaire très nutritif, et celui d’une société commerciale bien connue dans l’industrie agroalimentaire au Rwanda. Jusqu’en novembre 2008, Sosoma était une unité de production créée en 1986 par l’ONG Duhamic-Adri, une initiative de citoyens rwandais qui vise à aider leurs compatriotes paysans et les appuyer dans leur lutte pour l'auto-développement. Mais depuis son détachement de l’ONG, l’entreprise a connu un accroissement de son chiffre d’affaires qui s’est multiplié au moins par deux en l'espace de 5 ans.
L’entreprise met sur le marché 11 produits en majorité de la farine composée, dite fortifiée, et la farine simple composée de céréales comme sorgho blanc, rouge, blé, etc. Avec l’idée d’incorporer des vitamines et des minéraux aux céréales, Sosoma a inspiré les producteurs de farines du Rwanda à enrichir leurs produits agricoles. D’après Thaddée Musabyimana Directeur général de Sosoma Industries, «aujourd’hui, la fortification des farines est devenue obligatoire pour différents produits alimentaires». En effet, le mélange de céréales donne un produit plus riche et facile à consommer. C’est cette farine à haute valeur nutritive qui donne son nom à l’entreprise : «Sosoma Industries Ltd». La farine Sosoma tire son nom de trois principaux ingrédients : le sorgho, le soja, et le maïs. Très riche en éléments nutritifs, en particulier en protéines de bonne qualité, elle reste indispensable pour de nombreuses familles rwandaises. «La production du Sosoma est faite d’abord dans un but purement nutritionnel. L’ambition était de produire pour
les jeunes enfants un mélange d'aliments dont la valeur nutritive pourrait freiner la mortalité infantile», souligne-t-il. Toujours à l’en croire, «au Rwanda, les mères confondent souvent le sevrage et l'ablactation. Le choix de la nature des aliments pendant la période de sevrage doit davantage tenir compte de leur consistance que de leur valeur nutritionnelle». En 2013, 73% des produits de l’entreprise ont reçu la certification «Mark normalisation» du Conseil des normes du Rwanda (Ndlr, Rwanda Standards Boards). Un an plus tard (juin 2014), Sosoma a demandé l’obtention de la norme HACCP (Ndlr, Hazard Analysis Critical Control Point). Sosoma réalise ses activités dans le respect de ses valeurs fondamenta-
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business case des protéines, des lipides, de l’eau, de la cellulose, du calcium, du fer, des vitamines variées, etc. D’après une nutritionniste qui travaille dans un centre de santé de Kigali, «les mères n'ont pas de difficulté à préparer la farine Sosoma sous forme de bouillie, car elle se prépare comme les autres farines de céréales utilisées au Rwanda (sorgho, maïs, blé, éleusine).» La farine Sosoma est avant tout destinée à la préparation de bouillie, mais elle peut être aussi utilisée pour préparer des gâteaux, des biscuits ou pour enrichir des sauces. Au Rwanda, comme dans les pays voisins, cette farine se distingue par sa devise bien connue du public: «Sosoma c’est la Qualité et la Santé». Avis partagé par Emeline Mukarutabana de Muhanga, une commer-
les telles que l'innovation, l’intégrité et la bonne gouvernance. La farine qui freine la mortalité infantile Les mères rwandaises donnent souvent de la bouillie à leurs enfants, mais sans y ajouter suffisamment de protéines. Les bouillies utilisées ont une consistance adaptée à l'enfant qui n'est pas encore capable de mastiquer, mais elles ont une valeur nutritionnelle insuffisante. Thaddée Musabyimana explique qu’en fonction de la granulométrie obtenue après mouture, on distingue deux types de farines : Une farine très fine qui peut être consommée par les enfants âgés de 4 mois et une autre, ordinaire, destinée aux enfants de 12 mois. Les deux types de farines comprennent des calories,
çante de 36 ans qui habite dans la partie sud du pays. Cette mère qui élève 4 enfants loue les qualités de cette farine. «Sans Sosoma, tous mes enfants seraient facilement attaqués par la malnutrition, car je les ai sevrés chacun à un an. Comme je ne pouvais pas distancer les naissances et que je n’avais pas le temps de rester avec mes enfants, je faisais tout pour avoir toujours la farine Sosoma. Ils l’ont bien appréciée et ont grandi sans aucun problème. L’aîné à 15 ans et le dernier 10», témoignet-elle. La société se félicite de son apport à la société rwandaise. Pour Musabyimana, Sosoma aide le gouvernement à améliorer la santé des citoyens, contribue grandement à lutter contre la pauvreté, à réduire la mortalité infantile et à protéger la santé de la mère et de l’enfant.
Prix et Distinctions
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Le 13 août 2011, le Président Paul Kagame remet à M. Thaddée Musabyimana, DG de Sosoma, la Médaille de mérite pour le «Prix du meilleur contribuable moyen en 2010» remporté par l’entreprise.
Trophée d’un des Meilleurs exposants dans le domaine des industries lors du 7e AgriShow organisé en juin 2012 à Kigali.
En 2013, Sosoma a reçu le trophée du «Top 100 Compagnies» au Rwanda durant la compétition organisé par la Rwanda Development Board (RDB) où elle a été classée à la 25e place parmi les 100 Petites et moyennes entreprises (PME) au niveau national.
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Sosoma Industries a obtenu le Grand Prix de la PME de l’année 2014 lors de la 1e édition du Africa SME Champion Forum 2014 qui s’est tenue les 11 et 12 novembre 2014 à Dakar.
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business case
Management
Thaddée Musabyimana, l'Intrapreneur Sosoma Industries compte actuellement 40 employés permanents, dont 48% d’hommes, 52% de femmes et 80 agents occasionnels, dont 25% de femmes. Son directeur général, Thaddée Musabyimana, loue la capacité des femmes dans la préparation et la conservation des aliments.
Une sentinelle de la qualité du produit Selon ses collègues, cet homme calme, donnant l’impression de cacher sa timidité derrière ses lunettes, n’hésite pas à taper sur la table en cas de dépréciation de la qualité des produits. «Il se concentre toujours sur l’amélioration de notre entreprise. Il est très intelligent, gentil, mais trop sévère quand il s’agit de garder ou d’améliorer la qualité des farines. On dirait qu’il est né nutritionniste», témoigne un employé de Sosoma. Musabyimana loue la capacité des femmes dans la préparation et la conservation des aliments. «Les femmes
Thaddée Musabyimana, directeur général de Sosoma
sont nombreuses, car elles ont un rôle important dans la production de la nourriture. Elles s’y connaissent mieux dans l’alimentation», indique-t-il. Une employée qui travaille dans le département de production affirme que ce travail demande une grande attention. Pour elle, les femmes sont habituées à soigner les petits détails, ce qui aide dans le processus de transformation des céréales. L’assemblée générale de Sosoma Industries Ltd, l'organe suprême de la Société, compte 38 actionnaires. L’entreprise est dirigée par un Conseil d’administration (CA) composé de 5 membres élus pour un mandat de trois ans. Sa gestion journalière est confiée au direc-
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Thaddée Musabyimana, un cinquantenaire, chapeaute les trois départements de la société. Ce financier de formation a derrière lui 19 ans d’expérience au sein de Sosoma. Il a été d’abord chef de l’administration financière de Duhamic-Adri, avant d’être promu directeur général depuis 6 ans. De par son expérience, il maîtrise du bout de doigts tout le fonctionnement des trois départements. Pendant près de deux décennies, il a suivi de près l’évolution de cette entreprise. Musabyimana ne baisse pas les bras devant les obstacles. «Quand je constate l’impact de nos produits sur notre société, je suis motivé à poursuivre cette aventure qui sauve des vies de nombreux rwandais», se félicite-t-il.
teur général nommé par le Conseil d’administration. Sosoma dispose de trois entités : le département de production et de contrôle de la qualité ; le département des services, ventes et marketing, et le département administratif et financier. La société compte actuellement 40 employés permanents, dont 48% d'hommes et 52% de femmes et 80 agents occasionnels, composés à 25% de femmes. La société a ainsi contribué à la création d’emplois surtout dans le domaine agricole. Elle souhaite promouvoir des activités d’investissement dans les secteurs agricoles, industriels, de commerce et de services et représenter les entreprises oeuvrant dans lesdits secteurs d’activité.
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business case
Sosoma
Le parrain des coopératives agricoles…
Sosoma est un pur produit de l’ONG Duhamic-Adri (Action pour le développement rural intégré), créée en 1979, avec pour objectif d’aider les populations du monde rural à être réellement responsable de leur auto-développement social et économique. Environ 90% des profits générés annuellement sont reversés aux coopératives agricoles. La mission première de l’ONG Duhamic-Adri est de «soutenir le développement intégré à travers les initiatives de la population rurale dans sa lutte pour son auto-développement». Grâce aux financements accordés par divers bailleurs de fonds, elle intervient depuis sa création dans l’agriculture et élevage, l’appui à la menuiserie artisanale rurale de qualité, la transformation agroalimentaire et la structuration des organisations paysannes. L’organisation va à la rencontre des paysans et leur fournit des conseils en gestion et en recherche de financement. Le but est de conscientiser ces populations, de les «outiller» pour qu’elles soient les acteurs de leur propre développement. Au fil des années, ses interventions se sont centrées surtout sur l’appui des associations paysannes à l’installation des champs de multiplication des semences de pommes de terre, de maïs, de soja, de haricot
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volubile, l’appui à la mise en place et la gestion des comptoirs de vente d’intrants et matériel agricoles, le soutien à la commercialisation de la production agricole, la protection des sols par des activités de cultures des plantes fourragères, etc. Le programme de transformation agroalimentaire contribue à l’autofinancement de l’association à travers la production et la commercialisation de différentes farines. 90% de profits générés destinés aux coopératives agricoles D’après Thaddée Musabyimana, environ 90% de profits générés annuellement par Sosoma sont destinés à l’ONG qui les réinvestit dans l’appui aux coopératives agricoles. La société investit aussi dans la construction des hangars, car les villageois agriculteurs n’ont pas de moyens pour conservation leurs récoltes. L’idée de création de
Sosoma est née lorsque DuhamicAdri a constaté que les agriculteurs ne trouvaient pas de clients pour écouler leur production. Consciente que les produits des coopératives nationales rurales sont de meilleure qualité, la société les achète dès leur récolte, car les producteurs ne sont pas formés aux techniques de conservation. Pour pallier aussi le problème de transport de ces matières premières, la PME investit dans la collecte et la livraison des produits agricoles. «Cela évite la dépréciation de la qualité suite au mauvais stockage», estime le directeur général. Ainsi, Sosoma a mis en place une chaîne de valeurs des céréales du Rwanda en partenariat avec des coopératives locales. Au Rwanda, les productions de sorgho, de maïs et surtout de soja sont inférieures aux besoins de la population. Cela pousse souvent la société à importer des céréales des autres pays voisins.
business case
Les coopératives agricoles
maillon essentiel de la chaîne de valeur La farine Sosoma est bien connue sous toutes ses formes dans différents coins du pays, dans des contrées voisines comme le Burundi, l’Ouganda, la R.D. du Congo. Ce succès est le fruit de la mise en place d’un important réseau de distribution.
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te, collecte de la production, assure le stock temporaire, et achemine la production vers l’usine. Sosoma en tant que société de transformation organise la réception des livraisons, effectue le stockage stratégique, assure la transformation du maïs pour produire les farines, et met le produit sur le marché. Les consommateurs des produits Sosoma sont nombreux et sont localisés partout dans le pays. Aux consommateurs individuels s’ajoutent les commandes issues des établissements étatiques et non étatiques.
expliquer le mode de préparation et de conservation de nos produits», précise-t-il. Une clientèle diversifiée Duhamic-Adri, naguère principale actionnaire de Sosoma, développe la multiplication des semences qui constituent les matières premières de l’usine. Elle accompagne des coopératives agricoles pendant la récol-
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Les fonctionnaires de diverses entreprises cotisent chaque mois, et la société assure l’approvisionnement sur leur place de travail. Les représentants agréés de Sosoma se retrouvent dans différents centres commerciaux. Dans la plupart des cas, la société se charge du transport de ses produits. Musabyimana se félicite de cette mesure, car selon lui, «les produits peuvent se déprécier durant le transport, le chargement, ou suite au stockage non approprié», note-t-il, avant de poursuivre, «quand nos farines sont transportées par nos véhicules, nous sommes rassurées qu’elles arrivent à destination en bon état». Maintenir ce réseau permet aussi de sensibiliser les consommateurs sur la consommation de leurs farines. «Quand nos agents rencontrent des commerçants ou des consommateurs, ils en profitent pour leur
Progression du chiffre d'affaires de SOSOMA Industries Ltd
754 308 618 927 042 298 1 072 004 118 1 094 541 013 1 555 807 236
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Péripéties du succès
Parcours de combattant d’une unité de transformation agroalimentaire L’idée de création de Sosoma remonte à 1986, mais l’entreprise n'a commencé à fonctionner que le 15 mars 1989. L’ambition de Duhamic-Adri était de mettre à la disposition du grand public une farine de sevrage et animation nutritionnelle. Un pari réussi…
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annuelle s'est élevée à 200 tonnes de farine composée. L’équipement de l’atelier comprenait des machines d’une valeur d’environ 7.000.000 FRW (Ndlr, francs rwandais), soit 10.000 $ US, dont un moulin à marteaux, un moulin à meules, une bande de tirage, une vanneuse, un torréfacteur, une bluterie, un hygromètre… L’unité fonctionnait à son rythme de croisière et réalisait des bénéfices qui lui permettaient de s’autofinancer partiellement. En guise d’exemple, en 1993, l’unité avait dégagé un revenu total de 48.190.600 FRW avec un bénéfice net de 15.311.180 FRW soit environ 32% des recettes totales. L’unité de transformation agroalimentaire avait pour mission de «réaliser et diffuser des farines riches en matières nutritives pour améliorer la situation alimentaire de la population, surtout du groupe le plus vulnérable (enfants de 0 à 5 ans) tout en faisant tourner une unité rentable». Cette unité devait se concentrer non seulement sur la production des farines, mais aussi sur la distribution en milieu rural, dans des groupements paysans et dans des centres nutritionnels. Il était prévu qu’après la maîtrise de la technologie, l’unité soit mise à la disposition des organisations paysannes. L’aliment mis au point est une farine composée de soja, sorgho et maïs, qui a des qualités curatives
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et préventives démontrées grâce à ses éléments protéino-calorifiques. Les premières machines destinées à l’unité arrivèrent en 1988. La période allant de 1988 à mars 1989 fut consacrée à la mise au point de la formule de la farine de sevrage «Sosoma» et la même année l’ONG a démarré la fabrication de la farine composée de soja, sorgho, maïs sous l’appellation de Imvange-Sosoma (Mélange-Sosoma). Rythme de croisière vers les années 90… En 1989, l’unité produisit 37 tonnes de farine contenant 22% de soja, 30% de sorgho et 48% de maïs. Trois ans après, à l’aide de 7 employés permanents, la production
Avec le génocide de 1994, l’atelier a été complètement pillé de tout son matériel et de tout son équipement, les machines non emportées ont été totalement détruites. Sur un effectif de 7 personnes, seul un agent chargé de l’emballage s’est présenté au bureau de Duhamic-Adri pour demander la réintégration une fois l’atelier relancé. Le reste du personnel ne donnant aucun signe de vie. L’unité de production de la farine composée Sosoma à base de sorgho, soja, et maïs a été relancée en 1997, mais a repris effectivement ses activités de production et de vente au mois de février 1998 grâce au financement du CCOAIB (Ndlr,
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… Et les recettes sont aux rendez-vous Dès sa relance, l’unité Sosoma a envisagé la diversification des produits, l’adaptation du goût de ses farines, l’écoulement facile, faire connaître ses produits au niveau national et international, la promotion de culture du soja, etc. D’après Musabyimana, depuis 2000, la production annuelle est vendue presque à 100%. Au cours de l’année 2001, les travaux de réhabilitation de l’unité ont été poursuivis ave la réparation du lieu de vannage, de triage et de la cour de séchage en vue de s’assurer de la propreté de grains et par là de la qualité de la farine. Un nouveau torréfacteur à bois a été installé pour augmenter la rapidité des opérations de séchage des grains. L’Unité a également continué les activités d’animation nutritionnelle et a diversifié les produits en faisant des essais de production de farine Sosoma à travers les biscuits, les cakes, les gaufres et les gâteaux. Ils ont été fort appréciés par les consommateurs. Aujourd’hui, Sosoma se distingue dans la fortification, un moyen d’ajouter des micronutriments à des aliments lors de la transformation, une méthode intelligente de lutte contre la malnutrition.
Malnutrition
un fléau qui touche 45% d’enfants au Rwanda Au Rwanda, la malnutrition affecte 45% des enfants et se trouve à l’origine de 50% de cas de mort infantile, selon le directeur général du Centre de communication du ministère de la Santé du Rwanda. Après avoir confirmé quelques cas d'hospitalisation à cause de pathologies liées à la malnutrition aiguë, divers intervenants dans le domaine de la santé affirment qu'une alimentation insuffisante ne débouche pas forcément sur la mort, mais peut avoir une forte incidence sur le taux de mortalité lié à d'autres maladies. En effet, selon les chiffres fournis par le directeur général du Centre de communication du ministère de la Santé du Rwanda, la malnutrition affecte 45% des enfants et entraîne 50% des morts infantiles dans le pays. Les habitants de certains villages du sud du Rwanda baignent dans la misère, ils ne mangent qu’un maigre repas par jour. Pour un nutritionniste de Kigali, la «sous-alimentation» est le plus grand problème nutritionnel au Rwanda, à cause d’un apport calorique insuffisant. L’étude de l’Association de coopération et de recherche pour le développement (ACORD), publiée en 2010, révèle que six ménages rwandais sur dix ont environ 0,7 ha de terre, les autres moins de 0,5 ha. Non seulement les terres manquent, mais elles sont épuisées, faute de fertilisants. Selon ACORD, l'agriculture qui couvre près de 90% des besoins alimentaires des Rwandais ne bénéficie que de 5% du budget national. Depuis 5 ans, le gouvernement a mis en place une campagne nationale qui
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Conseil de concertation des organisations d’appui aux initiatives de base) et de l’ONG Trocaire. L’objectif escompté étant de produire une farine riche en protéines à base de produits locaux et contribuer à améliorer l’état nutritionnel des groupes vulnérables et à prévenir la malnutrition protéino-calorique. Au cours de l’année 1998, les réalisations de l’unité ont concerné surtout la réparation des machines et des locaux de l’atelier, la production et la commercialisation de la farine Sosoma et la gestion de l’atelier.
a pour objectif d'identifier et soigner les cas de malnutrition par le biais de la distribution de nourriture et d'une formation directe des parents sur la bonne alimentation des enfants. Au Rwanda, le suivi de la croissance à base communautaire est mis en œuvre par les agents communautaires de nutrition. Ce sont des personnes recrutées dans la communauté qui reçoivent une courte formation pour prester bénévolement des services. L’utilisation de tels agents permet d’améliorer l’accès géographique aux services et d’utiliser le personnel qualifié de façon plus efficiente.
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délestages et cherté des emballages importés
deux contraintes majeures Sosoma brandit son succès engrangé depuis des années. Mais elle fait face à plusieurs contraintes, notamment les coupures de courant qui bloquent les activités et la cherté des emballages importés d’Asie.
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Un autre lourd fardeau reste l’augmentation de 3% du taux de la taxe sur la valeur ajoutée (Ndlr TVA) de 3% depuis juillet 2002. Celle-ci n’a pas été accompagnée par un réajustement des prix de vente des produits Sosoma, surtout que ceux-ci restent élevés au regard des produits concurrents.
Les ouvriers passent aussi beaucoup de temps dans le triage, car les graines reçues sont sales. Le séchage s’avère un vrai calvaire, surtout en temps de pluie pour le sorgho parce qu’il n’est pas grillé. Concernant des consommateurs, le goût du soja n’est pas accepté par tout le monde, les familles paysannes n’ont pas accès au coût relativement élevé, et l’impact de l’amélioration de la situation alimentaire n’est pas prouvé. Au niveau de l’approvisionnement, il a été difficile de maîtriser les circuits d’approvisionnement et le coût de la matière première, ceci étant lié
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aux pénuries alimentaires dans le pays. Au niveau de la production du maïs, on déplore l’insuffisance des semences de qualité à temps, les faibles rendements à cause des variétés non performantes, les aléas climatiques fréquents, les prix élevés des engrais par rapport au pouvoir d’achat des producteurs, la variété de maïs «Katumani» (adaptée à la région) en dégénérescence et la variation des prix de vente au marché. La société constate souvent que les commerçants vendent la farine à un prix élevé, ce qui limite les acheteurs à faible pouvoir d’achat.
Les matériels d’emballage haussent le prix de la farine Le coût de la farine est multiplié par deux à cause de la cherté du prix des emballages importés d’Asie (Inde ou Chine). «L’emballage reste un grand handicap pour la réalisation de notre objectif qui de faciliter l’accessibilité de nos produits à un grand nombre de Rwandais et aux consommateurs des pays frontaliers», constate Musabyimana. Même si les prix sont abordables, Sosoma se mord des doigts, car elle n’a pas encore satisfait tous ceux qui veulent acheter ses produits. De nombreux villageois sont en effet limités par la cherté du prix. L’amélioration du conditionnement des produits de la société reste une priorité. Ainsi, les emballages laminés ont été introduits pour garantir la conservation des produits lors du transport et au cours des différentes activités de manutention. Comme le processus d’importation est long, les délais de livraison des emballages ne sont pas toujours respectés. Cela freine la production des farines et crée des retards ou des ruptures de stock.
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Perspectives
vendre des farines de qualité à grande échelle
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Sosoma Industries Ltd ambitionne d’être une entreprise crédible et une référence régionale dans l’agroalimentaire. Elle souhaite générer des revenus à travers la valorisation de la production agricole, la fourniture des produits agroalimentaires de haute qualité et à grande valeur nutritive, aux prix abordables et en répondant aux attentes des clients à travers l’innovation et l’usage de la technologie adaptée.
D’une manière générale, la société s’intéresse à toutes opérations industrielles, commerciales, par voie d’apport, de fusion, de souscription ou à des entreprises dont l’objet serait similaire, connexe ou simplement utile à la réalisation de tout ou partie de son objectif social. D’après Musabyimana, au début la production de la société était de 400 kg par
jour, mais aujourd’hui la transformation s’élève à 3 tonnes par jour. Depuis son détachement de l’ONG Duhamic-Adri qui l’a créée en 2008, Sosoma a toujours connu un accroissement de son chiffre d’affaires qui s’est multiplié au moins par deux pendant 5 ans. Sosoma projette, dans son business plan 2014-2018, l’augmentation de
Principaux partenaires
son chiffre d’affaires de 20% par an, soit entre 1,5 million de $ et 3,2 millions de $. Son objectif est de rendre ses farines accessibles dans tous les coins du pays. «Pour remplir notre première mission qui est de réduire la malnutrition surtout chez les enfants, nous comptons vendre les farines de qualité à grande échelle», envisage-t-il, avant de déplorer le problème d’accès au financement. Selon lui, «le taux d’intérêt de 18% par an appliqué pour l’obtention de crédits auprès des banques reste un casse-tête pour tout investisseur». Sosoma compte aussi initier de façon systématique les revendeurs et consommateurs en vue de préserver la qualité, leur expliquer la préparation, car certains achètent la farine sans savoir comment préparer la bouillie. L’entreprise n’a pas peur de la concurrence malgré la création de nombreuses petites usines qui produisent de la farine au Rwanda. Selon Musabyimana, la compétition sur le marché aide à se développer.
• Ministère de la Santé • Ministère de l'éducation • ONG Compassion International • World Vision • Programme alimentaire mondial (PAM) • Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) • Catholic Relief Services, • United States Agency for International Development (USAID) • Flour Fortification Initiative (FFI) • SSP (Projet de santé des enfants) • Rwanda Development Board (RDB) • Rwanda Standards Board (Conseil des normes du Rwanda) • Les hôpitaux et les centres de santé • Care International • ONG Trocaire
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dossier Réalisé par Elimane Sembène
Mobile Banking la Banque made in Africa Le Mobile Banking connait un développement exponentiel en Afrique. C’est un outil efficace pour permettre notamment aux populations ayant des revenus modestes d’accéder aux services bancaires. Mais concrètement, de quoi s’agit-il ?
Prosaïquement, le mobile Banking est service financier par téléphone portable offert par les banques qui permet aux utilisateurs de payer leurs factures, de consulter leurs soldes et de transférer de l’argent. Cette notion désigne l’ensemble des services financiers qui peuvent être offerts avec ou sans compte bancaire, à travers le mobile (via SMS), ou des applications d’un Smartphone. L’abonné peut souscrire à ce service soit auprès des agences de son opérateur ou auprès des distributeurs agrées, ou à la banque en tant que client. Le téléphone portable s’apparente à une carte bancaire virtuelle et un lieu pour stocker toutes les infor-
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mations du client et de la banque en toute sécurité. La Carte SIM du téléphone se présente sous forme de carte à puce, semblable à la carte bancaire. Elle renferme le Code PIN et le numéro de compte du client de la banque. Le GSM fait aussi office de guiche automatique car c’est un point de dépôt et de retrait d’argent liquide. Grâce à son appareil, le client a la possibilité d’effectuer des paiements et des transferts à distance. Le Mobile Banking a des avantages pour les clients et pour les opérateurs. Pour les clients, il permet : •La réduction des coûts de transactions internationales ou domestiques de personne à personne
(0,50 $ avec le paiement mobile contre plus de 30 $ avec les moyens précédemment développés) • L’initiation aux services bancaires basiques comme la gestion d’un compte bancaire, l’accès aux microcrédits, etc. Il leur permet aussi d’avoir de nouvelles habitudes commerciales comme les achats de biens et la recharge à distance. • La limitation des risques de vol, avec le délaissement du cash. • Un gain de temps, surtout pour les travailleurs. Par exemple, une Kenyane qui devait prendre des jours de congé ou faire venir sa sœur pour donner de l'argent à ses parents restés à la campagne.
Pour les opérateurs, il permet : • Le gain de revenus supplémentaires, la fidélisation des clients actuels et le ciblage de nouveaux clients. • Il renforce l’image « sociale » de l’entreprise car les services financiers démocratisés permettent aux souscripteurs du service de paiement mobile d’accéder aux microcrédits, développer leurs projets, et de contribuer par conséquent à la croissance économique. Par ailleurs, le Mobile Banking permet aux autorités publiques de mieux suivre la circulation de la monnaie fiduciaire. Avec BAD et l'Agence française de développement
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dossier
La Banque mobile
Un outil d’inclusion financière et économique
Le Mobile Banking a fini de séduire tout un continent. Les success-stories font légion, et démystifient les procédures bancaires pour le citoyen lambda.
Le Kenya est le précurseur de nouveau modèle. Tout a commencé en 2007, lorsque Safaricom, l’opérateur national de téléphonie mo-
16 millions de clients, 650 millions de transactions mensuelles Huit ans plus tard, M-Pesa est de-
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tion a vu le jour : le Mobile Banking. Un système très rodé mis en place par des opérateurs de télécommunication pour permettre aux populations, notamment celles habitant les zones rurales, d’effectuer des transactions bancaires avec leur téléphone portable.
bile et filiale de Vodafone a lancé le service «M-Pesa» («M» qui renvoie à mobile et «Pesa» qui signifie argent en Swahili), après avoir constaté que seuls 19% de la population adulte du Kenya disposaient d’un compte bancaire conventionnel, et que seuls les citadins avaient accès aux services bancaires. Cette ingénieuse alternative a ainsi permis aux Kenyans de transférer de l’argent à un autre appareil par simple envoi de SMS. La procédure est simple ; le client M-Pesa dispose d’un e-compte dans sa carte SIM, où il peut verser de l’argent, le recevoir, ou le transférer à un tiers. Pour toucher le grand nombre, l’entreprise a mis en place un réseau de 50.000 agents répartis dans l’ensemble du territoire. Ces relais sont des propriétaires d’épicerie de proximité, des revendeurs mobiles, des gérants de cybercafé, etc. Les clients peuvent ouvrir des comptes auprès d’eux, en présentant leur carte d’identité.
La banque demeure un luxe en Afrique. Seuls 10% de la population ont accès aux services bancaires. La délimitation géographique (les banques sont plus présentes dans les grandes villes), l’analphabétisme, et surtout le manque de confiance à l’égard de l’institution financière constituent les principaux écueils. Les populations préfèrent se regrouper autour des tontines pour épargner leurs gains. Mais au cours de la dernière décennie, une révolu-
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venu une véritable success-story. Le nombre d’utilisateurs actifs est passé de 10 millions en 2009 à 16 millions début 2013, soit une hausse de 6 millions, et 650 millions de transactions sont effectuées chaque mois. Cette réussite a séduit Equity Bank qui décide de nouer un partenariat avec Safaricom pour le lancement du service M-Pesho. C’est un compte bancaire lié au compte M-Pesa et qui permet à l’utilisateur de transférer de l’argent d’un compte à l’autre et d’épargner. Les clients peuvent ouvrir des comptes dans les agences d’Equity Bank ou auprès des agents de MPesa, et réaliser les opérations financières dans les ponts de vente de M-Pesa. «M-Kesho, comme MPesa, ne facture ni frais d’ouverture ni frais mensuels, et aucun solde minimum n’est requis. L’épargne est, par ailleurs, rémunérée», explique Peter Ondiege économiste en chef au département de la recherche sur le développement à la BAD. D’après lui, «Cette nouvelle initiative est un exemple parfait de la convergence qui existe entre téléphonie mobile et activité bancaire. Elle constitue surtout un formidable levier pour faire progresser la pénétration bancaire, bien au-delà de ce que permettait M-Pesa. M-Pesa pouvait faciliter et renforcer l’accès aux services financiers formels, mais n’encourageait pas directement les dépôts. M-Kesho pourrait amener plus de 18 millions de Kenyans vers des services bancaires formels.» Ce partenariat a permis à Equity Bank d’augmenter sa base de dépôt de 40% en moyenne annuelle entre 2007 et 2012. Récemment, Safaricom a lancé de nouveaux services pour donner la possibilité à ses clients de payer les frais de scolarité, les factures de supermarchés, les taxis, etc., et d’effectuer des
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prêts sociaux ou collecter des fonds avec leur portable. L’Afrique abonnée au Mobile Banking L’expérience de M-Pesa transcende les frontières du Kenya et embrasse presque toute l’Afrique. Au Sénégal, le service «Orange Money» de l’opérateur Orange s’y développe. «En Côte d’Ivoire le Mobile Banking compterait 19 à 20 millions de clients sur une population de 24 millions d’habitants, soit, un taux de pénétrations d’environ 83% qui est nettement supérieur à celui des banques qui est de 14%», selon Souleymane Diarrasouba, président de l’Association des professionnels des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI). En égypte, les opérateurs Mobinil et Vodafone ont lancé des applications via des partenariats respectifs avec BNP Paribas et la Banque de développement du logement, dans un pays ou taux de pénétration du mobile est supérieur à 80%, mais où seuls 10% de la population dispose d’un
compte bancaire. à Madagascar, Airtel présent dans les bureaux de postes et Orange qui s’allie avec les épiceries, essaient de vendre leurs solutions de mobile banking. «C’est parce que l’inclusion économique et financière des personnes aux revenus modestes est un véritable enjeu de développement humain et économique pour les pays africains que les institutions financières, à commencer par les régulateurs, sont souvent prêtes à jouer le jeu, comme au Nigeria, où la Banque centrale affiche son soutien en prenant le leadership de la pratique. En Afrique du Sud, où le taux de pénétration du mobile dépasse les 100 %, les banques commerciales ont été les moteurs de l’essor du paiement mobile en finançant des programmes qui permettent de faire du paiement mobile quel que soit le type de téléphone utilisé», souligne Jean-Michel Huet, membre du cabinet BearingPoint, spécialisé dans le conseil en management et en stratégie. Avec BAD et l'Agence française de développement
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dossier
les services financiers du mobile
Un marché rentable, un tremplin vers la bancarisation
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Les services financiers du mobile pourraient rapporter au moins 1,5 milliard de dollars aux banques et aux opérateurs de téléphonie mobile, selon une étude du cabinet américain Boston Consulting Group (BCG). C’est donc le temps d’y investir pour récolter les fruits de cette croissance.
Le Mobile Banking est une poule aux œufs d’or. Boston Consulting Group le prouve amplement dans son rapport «l’Afrique ouvre la voie dans les services financiers sur mobile» publié le 12 février 2015. D’après le cabinet de conseil américain, en 2019, quelque 400 millions de personnes posséderont un téléphone portable en 2019 en Afrique subsaharienne, seuls 149 millions s’adresseront à la banque conventionnelle, le reste ne pouvant pas accéder aux services financiers basiques. Ce qui représente 250 millions de clients pour les acteurs du secteur. L’intégration de ces prospectus devrait
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générer au moins 1,5 milliard de dollars d’ici à 2019, d’après BCG. Moins de 30 % des Africains ont un compte bancaire traditionnel Le rapport met en exergue le fort taux de pénétration du mobile dans le continent qui contraste avec le faible taux de bancarisation. à titre d’exemple, en Afrique subsaharienne on dénombrait 98 millions d’utilisateurs de services financiers mobile en 2012 contre 36 millions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, et 36 millions en Asie du Sud. Cette zone enregistre, selon le rapport, les taux de pénétration les plus élevés au
monde. A contrario, elle présente l’un des taux de bancarisation les plus faibles au monde. En 2015, environ 300 millions de Subsahariens de plus de 15 ans ayant un revenu annuel supérieur à 500 $, possèdent un téléphone portable, au moment où seuls 130 millions disposent d’un compte bancaire classique. à en croire Othman Omary, analyste principal au bureau de BCG à Casablanca, en Afrique, «moins de 30 % des habitants disposent de services bancaires traditionnels. Dans cette situation, la bancarisation du plus grand nombre, souhaitée par les autorités, passera par le mobile, qui est dans la poche de plus de la moitié des Africains de plus de quinze ans.» Augmenter le taux de la bancarisation à travers le mobile banking D’après lui, au cours de la dernière décennie, le pourcentage d’adultes qui utilisent le mobile banking se situe à peu près à 68% au Kenya, 52% au Soudan, 50% au Gabon, 37% au Congo, et 37% en Somalie et 27% en Ouganda. Déjà le département de la recherche d’Ecobank avait indiqué dans une étude publiée en mai 2013, que 15% de la population
dossier résidant en «Afrique du Milieu» (entre le Sahara et l’Afrique du Sud), utilisent les services financiers via mobile pour recevoir de l’argent, 11% pour envoyer des fonds, et 3% pour payer leurs factures. Cette tendance haussière devrait se poursuivre avec le boom annoncé dans la vente des Smartphones. Le cabinet Deloitte, dans une étude intitulée «Tendances 2015 des Technologies, Medias et Communication en Afrique» qu’il a publiée le 16 février 2015, indique que le marché des Smartphones devrait doubler d’ici à 2017 pour atteindre 350 millions d’appareils connectés. D’après la Fédération bancaire française, 60% des 400.000 villages africains sont couverts par les réseaux télécoms alors que les agences bancaires ne sont pas présentes que dans les grandes villes. Les opérateurs télécoms sont conscients de ces enjeux et rivalisent d’ingéniosité dans leurs offres de services. Et les retombées sont là. Le service M-Pesa a enregistré un chiffre d’affaire annuel de 305 millions de $ fin mars 2014, soit une hausse de 21,3% sur un an. Orange Money comptait 12,6 millions de clients en 2014 soit un gain de 6 millions d’utilisateurs supplémentaires en un an. Selon Freddy Tchala PDG de MTN Congo, «80% des économies africaines, tout au moins d’Afrique sub-saharienne, se manifestent dans l‘économie informelle. Et si on veut pouvoir modéliser cette économie, il faut la faire ressortir sur un ensemble de transactions qui sont plus facilement modélisables. Donc la bancarisation passera par le mobile. 80% des Africains découvriront les nouvelles technologies par le mobile et découvriront également la banque par le mobile».
Wari, un système de paiement mobile made in Sénégal Wari signifie argent en «Dioula», une langue parlée ou comprise par 20 millions de personnes en Afrique de l’Ouest. Créée en 2008, cette société sénégalaise spécialisée dans le transfert d’argent est implantée dans 16 pays d’Afrique de l’Ouest. Elle dispose également de bureaux en Europe et aux états-Unis. Outre le transfert classique, Wari se distingue par un modèle de paiement mobile innovant. Tout se passe depuis un téléphone portable pour envoyer de l’argent, payer ses factures d’électricité, jouer à la loterie ou acheter du crédit téléphonique. Une plateforme multiservices numérique destinée aux personnes non bancarisées. C’est une solution commerciale qui se rapproche de l’e-banking très populaire dans les pays d’Afrique de l’Est. L’argent peut être déposé ou récupéré dans de nombreux points de vente affiliés, généralement des commerçants, mais aussi auprès des banques partenaires et dans les bureaux de poste. Wari réalise environ 45 millions de transactions par mois à l’échelle continentale. Trois (3) millions de personnes utilisent notre plateforme de façon permanente avec des marges de progression assez fortes à hauteur de 30% par mois. « Aujourd'hui, Wari a fini de s'imposer sur le marché grand public. Nous proposons et offrons des services à une frange importante de la population. Nous faisons de l'inclusion financière mais aussi sociale. Grâce à cette solution, nous avons pu répondre aux immenses besoins financiers de la population non bancarisée, exclue des circuits bancaires classiques. Cette cible qui oscille entre 80 et 95% a désormais accès à nos services, à travers un réseau densifié de points de vente, via internet, ou le téléphone mobile », explique Kabirou Mbodje, le fondateur de Wari. Avec Afritech.com
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dossier
Par Maimouna Dia Ndour
Mobibank
Orange-Money et la Bicis s’associent pour mieux servir
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Payer ses factures d’internet, d’électricité, d’eau sans se déplacer, envoyer de l’argent, effectuer des virements sur son compte épargne Bicis via Mobile et Orange Money sont désormais des transactions à la portée de tous les clients de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis). La Mobibank, lancé conjointement par les deux parties, est à l’origine de ces services.
Le Sénégal, à l’image d’autres pays africains, est faiblement bancarisé. Toutefois, des pratiques novatrices ont fait leur apparition et se traduisent par le recours aux mobiles pour effectuer des transactions. Ces dernières sont réalisées via mobiles par des opérateurs solidement implantés dont Orange-Money. La Bicis a ainsi voulu faire profiter à sa clientèle de ce vaste réseau pour diverses transactions. La banque
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filiale de PNB Paribas, fondée en 1962 et au capital de 5 milliards de FCFA, a lancé la Mobibank en partenariat avec la Sonatel à travers sa plate forme Orange Money. Le service permet d’effectuer, à partir de son téléphone mobile, des virements entre son compte bancaire Bicis et son compte mobile Orange Money. Il fonctionne dans les deux sens et en temps réel. Le principe est simple et consiste à recharger le
compte Orange Money en passant par celui de la Bicis et idem pour le déchargement. Les transferts peuvent s’effectuer par mobile tous les jours à toute heure. La souscription est gratuite et le service activé sans frais ni dépôt minimum requis. Les transactions par Mobibank sont 100% garanties aussi bien pour le client final que pour l’accepteur. La Sonatel se veut rassurante et soutient que «Orange Money est construit autour d’un dispositif qui authentifie l’intégralité des transactions contre les risques de vols et de fraudes». Et qu’il respecte parfaitement la réglementation en vigueur dans la zone de l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA). Un meilleur accès aux services bancaires Afin d’attirer le maximum de clients, la Bicis, dans sa communication, met largement en relief l’aspect gain de temps pour certaines catégories socioprofessionnelles. En outre, la Mobibank se veut une solution à l’insuffisance des points d’accès bancaires
dossier Le vaste réseau de points d’accès d’Orange Money
et au difficile accès aux services bancaires des Sénégalais les plus isolés. «Nos clients ont désormais accès à l’ensemble des distributeurs Orange-Money. Ainsi, la Bicis se rapprochera toujours plus de ses clients», a-déclaré Pierre Bérégovoy, Directeur général de la Bicis, lors de la cérémonie de lancement du produit. En d’autres termes, même les clients de la Bicis implantés dans des zones non bancarisées ont la possibilité d’alimenter leur compte par mobile et de récupérer de l’argent dans n’importe quel distributeur Orange Money. Ce dernier est fort d’un réseau de plus 3.000 points de distribution contre 43 agences Bicis répartis sur l’ensemble du territoire. Le partenariat des deux structures filiales de groupes français ouvre la porte à des collaborations entre Orange Money et d’autres banques ou entreprises de la place.
Fort d’un réseau de distribution bien axé, Orange Money est devenu le cheval de bataille du groupe Sonatel dans la course pour se positionner sur le marché africain des transactions électroniques. Il totalise aujourd’hui près de 10 millions de clients dans 13 pays en Afrique et au MoyenOrient. La souscription au service Orange-Money est gratuite et permet d’accéder à un ensemble de services depuis son mobile, d’effectuer des transactions pour les services de la Sonatel et ceux de ses partenaires marchands, sans manipuler de l’argent liquide ou se déplacer. Cependant, l’avenir de la Mobibank et des services similaires est largement tributaire de la connectivité des sénégalais. Mais peu de Sénégalais ont accès à la connexion. Ce pourcentage est appelé à aller crescendo d’autant plus que l’offre a été étoffée par la mis en place de services innovants notamment «les pass internet» proposés par les divers opérateurs et adaptés à toutes les bourses.
Frais de transfert entre les deux opérateurs
TARIFICATION
Compte bancaire vers compte Orange Money Montant transféré
Frais perçus
500 FCFA – 100.000 FCFA
585 FCFA
Compte Orange Money vers Compte Bancaire Montant transféré
Frais perçus
500 FCFA - 100.000 FCFA
1500 FCFA
PLAFONDS Plafonds par opération (chargement ou déchargement) Maximum
Minimum
100.000 FCFA
500 FCFA Source: Bicis
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Les cahiers du manager
tpam® un modèle de management 100 % Africain est né Réalisé par Khalid Limamy
Réussir à transformer durablement son entreprise, un dessein qui hante la plupart des dirigeants. Toutefois, l’ampleur et la complexité des changements à effectuer apaisent souvent l’engouement. Cet ouvrage présente une approche structurée de la transformation des organisations à travers un modèle global, cohérent et intégré : Le modèle TPAM.
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Les cahiers du manager
Les Instigateurs du modèle Le Pôle Prévoyance de la Caisse de Dépôt et de Gestion Maroc
Le modèle TPAM est totalement inspiré du modèle d’excellence du Pôle Prévoyance de la Caisse de Dépôt et de Gestion. En effet, TPAM est le résultat d’un travail de conceptualisation des facteurs clés de succès ayant permis au Pôle de réussir une transformation spectaculaire basée sur plusieurs leviers : • L’adoption d’un système de management de la qualité totale. • L’alignement aux standards internationaux. • L’implémentation d’une organisation totalement dématérialisée. • Le développement d’un système d’information urbanisé et aligné. • L’agilité organisationnelle… Les réalisations et les performances enregistrées ont été reconnues par les organisations aussi bien nationales qu’internationales. En effet, plusieurs distinctions ont couronné le programme d’excellence du PP CDG.
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Les cahiers du manager
Le chercheur a pu concevoir et formaliser le modèle TPAM après trois années de recherches effectuées au PP CDG, selon une démarche scientifique qui peut être résumée en trois grandes phase : une phase exploratoire, une phase confirmatoire et une phase de conceptualisation-modélisation.
Analyse rétrospective étude exploratoire Analyse des facteurs clé de succès
étude confirmatoire
Validation des facteurs clés de succès
Conceptualisation des facteurs clé de succès confirmés Conceptualisation modélisation © photo D.R.
Mise en cohérence des concepts dans un modèle global de management
Auteur-Concepteur du modèle TPAM® Khalid Limamy est professeur à l’Université Mohammed V Rabat, et à la Faculté des sciences de l’éducation. Co-fondateur de la Communauté des praticiens et chercheurs en management des organisations, il œuvre pour rapprocher le monde de l’entreprise et celui de la recherche universitaire. Il est membre du comité de pilotage du Centre d’Expertise et de formation pour l’entreprise CEFE Il intervient auprès des entreprises pour accompagner les dirigeants dans la conduite de projets de changement et de transformation.
fig.01 : La démarche de construction du modèle TPAM ®.
Concepts du modèle TPAM® Le modèle TPAM foisonne de nouveaux concepts de management : TAM®, CAMiCAS®, PAP, Roue 6 [A]², Matrice LD du manager agile, C5 étoiles de la valeur®. Nous vous présenterons à chaque fois dans le cahier du manager de votre revue ABJ certains de ces concepts inédits.
Sponsor éditeur du modèle TPAM® Le Groupe Afrique Challenge, l'Afrique qui ose! dont le siège social est à Casablanca, est une compagnie de conseil et de formation à vocation africaine, dont l'Afrique est l'espace de travail quotidien. Notre portefeuille comprend 1926 entreprises du Maroc à Madagascar, et du Sénégal à Djibouti. Notre conviction est qu'il nous faut inventer un management à l'africaine, en nous appuyant sur nos valeurs culturelles, car l'expérience démontre les limites de la transférabilité des concepts anglo-saxons de management.
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GROUPE
Les cahiers du manager
Composantes du modèle TPAM® Le Modèle TPAM est formalisé autour de quatre composantes essentielles : 1. La combinaison TROPHE® : regroupe les grands facteurs clés de succès qui ont permis au PP CDG d’implémenter son modèle d’excellence. 2. Les Principes d’Agilité et de Performance (PAP) : un ensemble de principes de gestion et de management qui facilitent le fonctionnement du modèle et l’orientent continuellement dans le sens de l’agilité et de la performance. 3. Le TPM (Total Performance Management) : symbolise la performance globale mesurée à travers la valeur créée et adressée à toutes les parties prenantes 4. Le TAM® (Total Agility Management) : considère l’agilité selon une approche globale impliquant toutes les composantes de l’organisation.
C5 étoile
Combinaison
TROPHE
de la valeur®
Le modèle d'excellence du PP CDG
TPAM
TPAM®
PAP
Principe d'Agilité et de Performance
Total Agility Management
fig.02 : Les composantes du modèle TPAM®.
L’organisation en réseau PME Pour supporter le fonctionnement, à la fois par objectif et par projet (Management POP), l’entreprise doit se doter d’une structure multidimensionnelle intégrant plusieurs formes organisationnelles : l’organisation processus orienté client, la structure fonctionnelle avec des fonctions stables, la structure matricielle ou encore l’organisation par projet. Cela requiert une organisation agile favorisant : • la multiplicité des rôles joués par un même individu; • la mobilisation et l’articulation des compétences; • la coopération au-delà des processus, notamment dans le cadre de projets et de productions collectives. La structure en réseau est l’organisation la mieux adaptée pour intégrer autant de facteurs et d’exigences. Le modèle TPAM® introduit dans ce sens une forme d’organisation spécifique appelée la structure Réseau PME (fig. 03) du fait qu’elle renvoie à la coexistence de trois types de réseaux : • Le réseau des Processus Micro Entreprise formé par un ensemble de processus : • Orientés client et parties prenantes ; • Pilotés selon une logique entrepreneuriale ; • Disposant d’une large autonomie ; • Ouverts sur leur environnement conçu en véritable système ouvert ; • Partageant les mêmes valeurs et la même vision globale;
• Coopérant continuellement pour optimiser les valeurs créées. • Le réseau des Equipes à Mission Provisoire formé par des équipes projets et des équipes objectifs : • Engagées dans le cadre d’une mission propre et provisoire (projet ou objectif) ; • Partageant les mêmes valeurs et la même vision globale de l’entreprise ; • Partageant les ressources, les connaissances et les compétences disponibles ; • Partageant les mêmes critères de performance ; • Ouvertes sur leur environnement ; • Communiquant en interne et/ou en externe ; • Coordonnant avec les autres équipes. • Le réseau de Partenaires en Mutuelle Entraide formé par un ensemble de communautés avec qui l’entreprise coopère selon un esprit de partenariat : • Réseaux de Clients ; • Réseau de fournisseurs ; • Réseaux de prestataires de services ; • Réseaux d’experts techniques ; • Réseaux de parties prenantes qui influencent de manière significative l’environnement de l’entreprise. (voir figure 01).
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Processus
+ Leadership Directeur Projet
Entreprise
Micro
élévé
Mission Valeurs Stratégies
Animateur d'atelier de réflexion stratégique
Manager de projet de changement Manager de programme
soutenu
Provisoire
Manager de portefeuille Conducteur du changement Sponsor d'objectif stratégique
Sponsor de processus
Manager de valeur Diffuseur de la cculture d'excellence Porteur de la missionvision
Animateur d'atelier de réflexion
Manager de projet
Approbateur de
Animateur d'atelier de réflexion stratégique
Animateur d'atelier de réflexion stratégique
Animateur d'atelier de réflexion stratégique
Animateur d'atelier de réflexion stratégique
Animateur d'atelier de réflexion stratégique
Animateur d'atelier de réflexion stratégique
Animateur d'atelier de réflexion stratégique
Momentané
Provisoire
Durabilité
Permanent
Manager de grand projet
Sponsor de l'innovation
Vision Valeurs Stratégies
Mission moyen
Equipe
Partenaires
faible
Réseau de Partenaires en Mutuelle Entraide
Réseau d' Equipes à Mission Provisoire
Réseau de Processus Micro-Entreprise
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Coopération Partenariat vision à long terme
Entraide
Mutuellle
Durabilité +
fig.03 : L’organisation réseau PME
Le fonctionnement en réseau des équipes et des personnes est une conception selon laquelle les objectifs et les projets façonnent continuellement l’organisation et priment sur les routines de fonctionnement. Cette conception se traduit concrètement par la multiplicité des rôles et des fonctions exercées par les collaborateurs illustrée dans le modèle TPAM® par la matrice LD du manager agile (fig. 04).
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fig.04 : La matrice LD du manager agile.
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Test
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Abderrahmane Sissako
Maimouna Dia Ndour
Une fierté africaine Le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako est devenu avec Ousmane Sembène, Djibril Diop Mambety, Idrissa Ouedraego… l’un des plus célèbres cinéastes d’Afrique. Il a surtout été propulsé à ce rang par son film «Timbuktu», précédé d’une kyrielle d’autres réalisations moins connues.
© photo D.R.
été récompensé par sept césars en 2015 dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Interrogé sur ces prouesses, le cinéaste et producteur Sénégalais Oumar Sall dira d’Abderrahmane Sissako que «c’est un vrai Africain et une fierté pour tout le continent». Cependant, le réalisateur de «Timbuktu» n’en n’est pas à son premier essai, sa filmographie est très riche. «Timbuktu», le nom du film est sur toutes les lèvres depuis sa sortie en 2014. Traité de chef-d’œuvre par les uns et de conte pour occidentaux par d’autres, le long métrage ne fait pas l’unanimité. Le film aux 7 Césars est d’ailleurs reparti bredouille du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) en 2015. Le jury de la dernière édition lui a préféré des productions telles que «Fièvres» du Marocain Hicham Ayouch (Etalon d’or), «Fadhma N’Soumer» de l’Algérien Belkhacem Hadjadj (Etalon d’argent) et «L’œil du cyclone» du Burkinabé Sékou Traoré (Etalon de bronze). Plébiscité à l’international, le film raconte la vie dans une ville près de la cité historique de Tombouctou, tombée entre les mains des jihadistes. C’est l’histoire de Kidane, qui mène tranquillement sa vie entouré de ses proches. Ils observent de loin les exactions des
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extrémistes religieux sur la population : Les femmes sont écrasées et terrorisées, les habitudes et coutumes bannies. Les tribunaux instaurés par les nouveaux occupants, venus d’ailleurs, rendent chaque jour des verdicts cruels auxquels ils n’échapperont pas longtemps. Un scénario. Un film d’actualité qui a séduit dans un monde marqué par la menace terroriste. Dans ce film dramatique, l’auteur est sorti de ses sentiers battus. Abderahmane Sissako avait des thèmes de prédilection axés sur l’exil et le déplacement. Ses œuvres peignaient le continent avec des touches autobiographiques. Dans «Timbuktu», l’auteur change de registre. La démarche a payé dans la mesure où il a été sélectionné pour représenter la Mauritanie à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère aux Oscars du cinéma 2015. Et a
Des films autobiographiques En 1989 Sissako a réalisé son premier film «Le jeu». C’est un travail de fin d’étude situé en Mauritanie et tourné en Turkménistan. En 1993, place au film «Octobre». Il a été tourné dans la banlieue de Moscou et à obtenu le prix «un certain regard» au festival de Cannes et le prix du meilleur long métrage au festival du cinéma africain de Milan. En 1995, il réalise «Le chameau et les bâtons», d’après Jean de la Fontaine, adaptation tournée en Mauritanie. En 1998, c’est un retour aux sources avec «La vie sur terre», tourné au Mali dans le village de son père. De même que «En attendant le bonheur», réalisé en 2002, est dans la même trame, car inspiré de son bref retour en Mauritanie 1980. En 2002, son film «Bamako» obtient le grand prix du public des rencontres du festival du cinéma de Paris et le prix du film du conseil de l’Europe. En outre, il a aussi été président du jury du Festival les Premiers Plans d’Angers en 2007, puis membre du jury des longs métrages au Festival de Canne 2007. En 2014, il a été membre du jury du festival international du film de Moscou. Des pays dont Sissako est bien imprégné de la culture. Né en Mauritanie, il a vécu ses plus jeunes années au Mali. Il fit ses études en URSS où il étudie le cinéma au VGK (Institut fédéral d’Etat du cinéma) et s’est installé en France au début des années 90.
entretien
Propos recueillis par Maimouna Dia Ndour
oumar sall
© photo D.R.
«Sissako porte cette dynamique africaine» Oumar Sall, DG de la société de production Cinekap, est producteur, réalisateur et critique de cinéma sénégalais. Il a coproduit le film «Tey» d’Alain Gomis, seul étalon d’or remporté par le Sénégal au Fespaco. En tant que producteur quel regard portez-vous sur le film «Timbuktu» et son réalisateur Abderrahmane Sissako? Ce film, je n’en pense que du bien. C’est une fierté pour tous les Africains. Abderrahmane Sissako est lui-même une fierté africaine. Il faut aussi savoir que Sissako est un vrai africain. Il est à la fois Sénégalais, Mauritanien et Malien. Il porte cette dynamique africaine. C’est également un film d’actualité, avec les histoires de djihadistes dans le nord du Mali. J’ai eu à tourner en Mauritanie. Le pays a quelques rares maisons de production. Donc c’est un film qui a été beaucoup supporté par la France. Quelles sont les principales difficultés auxquelles le cinéma africain est confronté ? Les principales difficultés sont liées aux restrictions imposées par les institutions de Bretton Woods. Nous avions ensuite eu une attitude attentiste envers nos Etats qui n’ont pas réagi. Aujourd’hui, toute la chaine doit être reconstituée. Les salles ont disparu, même si l’on produit un film on a du mal à l’exploiter. En Europe, la TV a fait perdre des habitudes et donc elle finance le cinéma pour compenser ce manque à gagner, en faisant par exemple des pré-achats, des coproductions. Or en Afrique, les TV ne jouent pas leurs rôles. Une télévision n’a pas vocation de production, elle devrait externaliser sa production et utiliser les trois mécanismes que sont la création,
la diffusion de programmes et la coproduction sans envoyer le producteur démarcher l’annonceur. Nous avons aussi besoin d’accords de coopération. Le Sénégal a fait un pas en avant dans ce domaine. Il a eu à signer des conventions de coproduction avec la France et pour lesquels je salue la clairvoyance du Ministère de tutelle de l’époque (Djibo Leyti Kâ). Il a fait de très bons textes. Des accords similaires ont été signés avec le Canada. Mais il n’existe pas d’accords de coproduction entre les pays africains. Quelles solutions préconisez-vous pour remédier à ces difficultés ? Les solutions se trouvent dans la contribution de l’Etat, la création de communautés de cinéma fortes ainsi que la bonne structuration à travers des centres nationaux cinématographiques. Et aussi, il faut un véritable dialogue entre diffuseurs (téléviseurs) et producteurs. L’autre aspect important est la formation des acteurs. Quels sont les pays africains les plus dynamiques dans la cinématographie ? Pour ce qui est de dynamisme, je prends l’exemple du Maroc. Le Sénégal était pourtant aussi dynamique que le Maroc avant les années d’ajustement structurel et avait près de 80 salles de cinéma. L’élan a été brisé par les institutions de Bretton Woods. Comme il n’y avait pas d’entrepreneurs culturels, les ténors du milieu n’ont pas su élaborer d’autres modè-
les économiques pour parer au désistement de l’état. C’est ce nous avons essayé de contourner avec la production de «Tey» 1er étalon d’or du Sénégal, produit sans l’aide de personne. Un pays comme le Maroc produit 25 longs métrages et près de 100 courts métrages annuellement, alors que le Sénégal produit à peine deux longs métrages chaque année. La preuve, j’ai porté le seul long métrage du pays au Fespaco 2015. Il s’agit «Des étoiles» de Dyana Gaye. Si l’on prend le cas du Nigéria, c’est un autre modèle. Le problème du producteur Nigérian n’est pas le même que celui du producteur Sénégalais ou Marocain. Le pays a une vraie industrie du cinéma. Des investisseurs et mécènes croient au cinéma et y investissent. On dit que le pays ne fait pas de films de qualité, mais moi je réponds qu’ils ont du courage. S’ils produisent 100 films et que 20 sont de bons films, c’est déjà une bonne chose. Voilà pourquoi, je respecte la production cinématographique nigériane dans sa forme actuelle. Cette politique des investisseurs devrait s’appliquer à tous les pays africains. Le Burkina Fasso est aussi est un bon exemple. En dépit de leurs difficultés, les Burkinabés ont du mérite avec des salles de cinéma opérationnelles et bien entretenues. Ils sont bien classés dans le domaine de fabrication des genres comme les séries et leur Fespaco reste une belle vitrine pour tout le cinéma Africain.
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social
Bénin
55 milliards pour basculer à la Télévision numérique terrestre à l’instar des autres pays membres de l’Union internationale des télécommunications, le Bénin s’apprête à migrer de la télévision analogique à vers celle numérique terrestre. Pour cela, plus de cinquante-quatre milliards de FCFA (54.928.000.000) sont à mobiliser avant l’échéance du 17 juin 2015. Fortuné Sossa (Bénin)
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mulguée par le Gouvernement le 20 août 2014. Cette loi, relative à la «Radiodiffusion numérique» en République du Bénin, impose la libération de plusieurs fréquences. En effet, souligne le ministre Komi Koutché, avec «le numérique, une seule fréquence peut véhiculer plusieurs télévisions».
Le schéma directeur pour la mise en place de la télévision numérique terrestre au Benin ainsi que l’inventaire financier du coût global des investissements du basculement au numérique est estimé à 54.928.000.000 de francs CFA. Ce montant englobe le coût des infrastructures techniques, de la mise en place de l’opérateur de diffusion, de l’adaptation du paysage audiovisuel public... à cet effet, «des dossiers d’appel d’offre d’achat d’équipement sont bouclés et déposés dans les locaux de la Banque ouest-africaine de développement», informe Christian de Souza, Secrétaire permanent de la Commission
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nationale de migration de l’analogique au numérique (CNMAN). Selon ses propos, le Bénin n’attend que l’avis de non-objection de la banque. En fait, souligne Komi Koutche, ministre de la Communication, «l’UEMOA et la CEDEAO ont adopté une démarche communautaire de mobilisation de ressources pour les états». Ainsi, la BOAD et la BIDC sont mobilisées pour que les requêtes introduites par les états commencent par être instruites. Pour faciliter le processus, dans son ensemble, une loi a été votée par l’Assemblée nationale et pro-
Avantages de la TNT Aux dires de Gildas Sounouvou, un technicien des télécommunications, la télévision numérique terrestre est «un mode de diffusion dans lequel les signaux vidéo, audio et de données sont numérisés et ordonnés dans un flux unique avant d’être diffusés via les ondes électromagnétiques». Selon lui, elle permet la diffusion de plusieurs programmes sur un seul canal. Ainsi, les téléspectateurs pourront capter plus de chaînes de télévision en modes de réception fixe, portable, mobile avec une amélioration de la qualité de l’image et du son. « Pour les opérateurs audiovisuels, poursuit Gildas Sounouvou, on notera une diminution significative des coûts d’investissement et des charges d’exploitation avec la possibilité d’offrir des services innovants aux téléspectateurs. »
social
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Recommandations UEMOA CEDEAO
Manque de compréhension chez les consommateurs Cependant, les consommateurs ne semblent pas être vraiment convaincus. «L’actuelle forme de gestion du processus n’est pas ouverte», relève Robin Accrombessi, président d’Association de consommateurs. Les populations, elles-mêmes de façon générale, sont très touchées par le message suivant : «à partir du 17 juin 2015 votre télé affichera ça !» Ledit message est accompagné d’un poste téléviseur avec, pour toute image, des grains. Cela figure sur de nombreux géants panneaux qui bordent des importantes artères à travers le pays. Tel que livré, le message apparaît hermétique, incompris des populations. La majorité n’y comprend pas grand-chose. On s’interroge dans les ménages. Les discussions tournent autour du sujet : «Doit-on jeter les postes téléviseurs actuels ? » « Non ! », répond Christian de Souza. «Contrairement à l’opinion répandue selon laquelle les postes téléviseurs et radios en cours d’utilisation sont appelés à être jetés à la poubelle, il est plutôt prévu des mesures d’adaptation. » Il précise qu’en dépit de leur caractère
obsolète, ces matériels pourront toujours être utilisés mais avec des adaptateurs et des décodeurs. Néanmoins, estime Robin Accrombessi, «le système numérique implique également de nouveaux frais», car, «chaque chaîne devra élaborer ses programmes pour le confier à un même et unique diffuseur qui se chargera de les mettre en fréquence». Ce qui implique que les populations seront contraintes de capter les mêmes chaines dans le même bouquet. Alors si «les chaînes décident de vous facturer, vous êtes obligés de payer». En plus, chaque ménage sera dans l’obligation d’acheter des démodulateurs qui fonctionnent un peu comme des décodeurs. Ce qui engendre, conclut le défenseur des droits des consommateurs, «des frais supplémentaires». «Si le «prix du numérique» n'est pas clairement énoncé, les populations africaines courent le risque de ne tout simplement pas comprendre les raisons d'effectuer la transition numérique», fait observer Russell Southwood dans une étude intitulée «La migration numérique de la diffusion en Afrique de l'Ouest : Tirer le meilleur parti de la transition»
Face à l’obligation de passer de l’analogique à la télévision n u m é r i q u e t e r r e s t r e , l’UEMOA et la CEDEAO ont r e c o m m a n d é , d e f a ç o n impérative, à tous les Etats membres de conduire le processus en procédure d’urgence afin d’être à ce rendez-vous dont l’échéance est le 17 juin 2015. En effet, lors de la Conférence des radiocommunications tenue à Genève en 2006, il a été adopté un accord régional relatif à la planification du service de radiodiffusion numérique de terre dans la région I des bandes de fréquences 174-230 MHz et 470-862 MHz. Pour ce faire, dans le programme qui a été élaboré et homologué par l’UEMOA et la CEDEAO, les Gouvernements ont la responsabilitéd’accompagner les populations dans la mise à disposition de décodeurs numériques, pour que ces populations n’aient pas à faire face à de lourdes dépenses. Du coup, pour matérialiser ce passage incontournable au numérique, le Conseil des ministres des pays de l’UEMOA a adopté un décret portant «interdiction de l’importation et de la commercialisation des postes téléviseurs analogiques et ceux non conformes aux normes de diffusion (DVB-T2) et de compression (MPEG 4)».
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social
Agriculture
Pour une inclusion financière des petits agriculteurs La Fondation MasterCard a lancé un programme d’un montant de 50 millions de $ pour favoriser l’inclusion financière des petits agriculteurs d’Afrique Subsaharienne. Vingt quatre pays sont éligibles à ce projet.
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Ce fonds doté d’une enveloppe de 50 millions de $, cible les secteurs de l’innovation et le développement.
«MasterCard Foundation Fonds pour la prospérité rurale». C’est le nom de ce programme dédié aux petits agriculteurs du continent. Ce Fonds doté d’une enveloppe de 50 millions de $, cible deux secteurs: l’innovation et le développement. Plus précisément, 35 millions de $ seront consacrés au développement de nouvelles techniques novatrices, les 15 millions restants seront destinés à la mise en place de services et de procédés qui peuvent améliorer la situation des petits agriculteurs. Le Kenya fait partie des pays éligibles à ce projet. Selon le Pr Njuguna Ndung’u, «l’inclusion financière est le moyen le plus sûr d’obtenir une croissance inclusive au Kenya. Nous espérons
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que cette initiative de The MasterCard Foundation sera capitale pour réaliser cette vision grâce à l’élargissement des services financiers à un plus large éventail de ménages en milieu rural». Il révèle que son pays a pu réduire le pourcentage des exclus du système bancaire qui est passé de 38,4% en 2006 à 25% en 2013. La Fondation a ouvert les soumissions d’idées depuis le 20 janvier 2015, le délai de soumission était fixé au 20 mars 2015. Combattre l’insécurité alimentaire La Fondation Bill et Melinda Gates investit également dans l’agriculture africaine. Elle a lancé le projet Seed, farmer, Market, and Consu-
mer (SEED). Ce programme d’une durée de 4 ans veut lutter contre l’insécurité alimentaire à travers la culture de la patate douce et de la banane. Il concerne 1 million de personnes reparties dans 192.000 ménages en Tanzanie, Ouganda et éthiopie. «SeFaMaCo a pour objectif de libérer le potentiel de production de la région en matière de bananes et de patates douces», indique Stanley Mangui responsable du programme. D’après David Ruchiu directeur de Farm Concer Internationale l’agence chargée de la mise en œuvre du projet, SEED permet de combattre le sous-développement car il regroupe des milliers de producteurs, un échantillon représentatif de la chaîne de valeur des filières bananes et patates douces dans les trois pays concernés.
24 pays éligibles au programme de la Fondation MasterCard Burundi, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Djibouti, RDC, éthiopie, Gambie, Ghana, Kenya, Libéria, Madagascar, Malawi , Mali, Mozambique, Niger, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Tanzanie, Togo, Ouganda et Zambie.
social entretien
Makane MBENGUE Responsable du Développement Formation et de la Qualité au Groupe Afrique Challenge, l’Afrique qui Ose
Le Groupe Afrique Challenge l’Afrique qui Ose a reçu en février 2015 la certification ISO 9001 version 2008 de la société SGS Maroc. Que symbolise cette distinction pour vous ? Le certificat ISO 9001 version 2008 attribué est la récompense d’une démarche volontaire et cohérente qui a été menée avec détermination par l’ensemble du personnel en collaboration avec nos partenaires et clients. La mise en place d'un système de management de la qualité (SMQ), conformément à la norme ISO 9001, nous a permis d'instaurer un nouveau style de management basé sur l'écoute et la satisfaction du "Client", axé sur la maîtrise des processus de valeur et l'amélioration continue des performances. Elle montre aussi l’engagement de notre Direction à promouvoir la qualité et la performance des prestations du Groupe Afrique Challenge, l’Afrique qui Ose ! à l’échelle africaine voire internationale. Pour nos clients, cette certification est un gage supplémentaire de notre professionnalisme et de la qualité de nos services. L’obtention de la certification est souvent l’aboutissement d’un long processus. Quelles furent les grandes étapes de cette démarche ? La mise en œuvre de notre Système de Management Qualité s’est faite d’une manière classique en plusieurs étapes ; elle permet d’améliorer le fonctionnement de l’entreprise en fédérant tous les acteurs (Direction, encadrement, pilotes de processus, collaborateurs) et en intégrant des exigences ISO 9001 dans les activités opérationnelles. La méthodologie repose sur six étapes : 1. Obtenir l'engagement de la direction et définir la politique qualité orientée client
2. Organiser les structures Qualité: comité de pilotage, correspondants Qualité. 3. Engager la démarche par un diagnostic pertinent : Coûts d’obtention de la Qualité, relation client-organisme, analyse du processus, enquête client. 4. Mettre en œuvre du PAQ (Plan d'Actions Qualité). 5. Mesurer et améliorer en continu. 6. Prévoir Audit et certification du Système. Quelles sont les raisons qui ont motivé la demande de ce statut ? étre à l’écoute du client, lui apporter le meilleur conseil, répondre à ses exigences et lui assurer un service de qualité dans les meilleurs délais, tout en respectant les exigences réglementaires, sont les principes-clés de notre stratégie de développement. Le Management par la qualité constitue le principal levier pour y réussir, en améliorant d’une manière efficace et rigoureuse nos méthodes de travail, la qualité du service rendu à nos clients et en mobilisant nos ressources humaines. C’est ainsi que nous avons relevé le défi de faire évoluer notre système conformément aux exigences de la norme ISO 9001 Version 2008 et de passer à la certification. Ce label qualité pourrait-il engendrer des retombées positives pour les activités du groupe ? Est-ce un atout supplémentaire par rapport à la concurrence ? Nous voulons être leader sur le marché africain dans le domaine de la formation, du conseil, assistance sociale et sanitaire, et de l’édition. S’appuyer sur une démarche Qualité permet d’avoir le souci de la Qualité et de la satisfaction des attentes et besoins des clients, une amélioration de la Qualité du service, des clients sa-
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«Nous voulons être leader sur le marché africain»
tisfaits et fidèles, qui font de la bonne publicité à l’entreprise. Dans le contexte de sévère concurrence que nous vivons cette démarche d’amélioration continue va permettre d’être en avance sur la concurrence, de répondre aux demandes les plus pointues des parties (Clients, Partenaires) et d’avoir une reconnaissance à l’internationale en s’appuyant sur une norme universellement reconnue. La certification en poche, quelles seront les prochaines étapes de votre management qualité ? Actuellement, nous nous trouvons dans une phase de suivi et de «pré-renouvellement» et donc dans un processus continu et pérenne. En effet il y’aura un audit de suivi par an et un audit de renouvellement au bout de 3 ans. Le renouvellement du certificat est soumis aux mêmes exigences que celles de l'audit de certification initial. Il ne faut pas oublier aussi que la version 2015 de l’ISO 9001 sera publiée en septembre 2015. Cette révision de la norme relative aux systèmes de management de la qualité s’annonce majeure. Les organisations disposeront d'une période de transition de trois ans à compter de la publication de la nouvelle version, pour en répercuter les modifications dans leur système de management. Une fois cette mise à jour achevée, elles se verront délivrer la certification ISO 9001/2015.
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Par Maimouna Dia Ndour
L’exposition aux rayons X un réel danger pour la santé Les rayons X, très nocifs pour la santé sont partout, mais plus concentrés sur certaines zones. D’où l’impératif de garantir une bonne protection aux professionnels évoluant dans ces lieux. Le Sénégal dispose d’une agence et d’une loi bien ficelée afin de préserver ses citoyens des rayons ionisants non sans difficulté.
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Les rayons X sont des rayons ionisants à court rayon d’onde. Ces rayons peuvent créer des radicaux libres dangereux pour les cellules humaines, pour des durées d’exposition longues et répétées ou pour de fortes intensités. Ils sont parfois à l’origine d’attaques cutanées, ophtalmologiques, hématologiques, cellulaires pouvant provoquer des cancers, des malformations fœtales. Ils sont partout mais sont plus concentrés au niveau de quelques structures constituant un grand danger pour la santé des catégories de professionnels y évoluant. Dans le domaine médical, c’est le personnel en radio diagnostique et radiothérapie. Dans le milieu industriel aussi, l’exposition aux rayons X est
une réalité pour les employés effectuant les contrôles non destructifs et de la radiométallographie pour vérifier les jointures par exemple. Par ailleurs, il y a une forte exposition aux rayons X du personnel scientifique officiant dans les laboratoires dont seule une bonne protection peut préserve la santé. Mieux vaut prévenir La protection contre le rayonnement X est donc impérative tant par la prévention collective à travers la vérification période des appareils, la formation à leur utilisation, la délimitation et la signalisation des zones d’émissions… que par la prévention individuelle via la dosimétrie, la surveillance médicale
Le Dr Abdoulaye Taye est enseignant en physique à l’université de Bambey et formateur au service de radiologie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
santé & entreprise
Le cadre réglementaire existe, mais la difficulté réside dans l’application. Plusieurs manquements ont été signalés ces dernières années par l’Autorité de radioprotection et de sûreté nucléaire (ARSN). Ce qui a poussé le député Iba Der Thiam a demandé au parlement, en 2013, l’audition du secteur. Cette demande fait suite aux révélations de l’ARSN, qui a indiqué dans un rapport que seul un cabinet médical sur 10, inspecté à Dakar, respecte certaines normes de protection contre les rayonnements ionisants. Interrogé par «ABJ», le professeur Abdoulaye Taye, enseignant en physique à l’Université de Bambey et formateur au service radiologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, suppose que «les structures sont conscientes mais ne prennent pas toujours les précautions adéquates et n’informent pas suffisamment le public».
Docteur AbdoulayeTaye : «La protection contre les rayons x est une question non seulement juridique mais éthique» Selon le niveau d’exposition des travailleurs, nous avons les catégories A et B. Pour la catégorie A, l’exposition doit être comprise entre 6 et 20 millisieverts alors que la catégorie B a un niveau autorisé de 1 à 6 millisieverts. Tous sont tenus de bénéficier d’un suivi médical strict. Et pour la catégorie A, il doit perdurer au-delà de la retraite. Cependant, la prévention reste la meilleure arme contre les rayons X. En plus des précautions précitées, le Dr Taye a insisté sur la nécessité de limiter l’exposition. «Toute prescription de radio doit être parfaitement justifiée». Il a également mis l’accent sur le principe de l’éloignement, de la délimitation et l’interdiction d’accès des zones dangereuses. «Au niveau des ports, il existe par exemple des camions à scanner pour conteneurs vérifiant les contenus. Dans ce cas les responsables en place doivent interdire l’accès des lieux, lors que ces scanners sont en fonctionnement, pour limiter les risques d’exposition», a-t-il souligné. Autre point soulevé par le chercheur est l’importance de la formation, de l’information et de la sensibilisation du personnel concerné. «Nous sommes dans un monde où nous serons de plus en plus exposés aux rayons X. On va toujours fabriquer d’avantages d’appareils qui émettent des rayonnements ionisants. Il faut donc prendre la radioprotection comme un domaine important et sensible », a-t-il conclu. © photo D.R.
renforcée, le port d’équipement de protection entre autres. Au Sénégal, la question est prise très au sérieux par l’Etat qui a mis en place l’Autorité de radioprotection et de sûreté nucléaire (ARSN). Elle assure le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection au Sénégal, pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement, face aux risques liés aux activités nucléaires. Sur le plan juridique, la loi de juin 2004 relative à la protection contre les rayons ionisants assure un cadre réglementaire adéquat. à titre indicatif, elle stipule dans son article 11 que «doit demander une autorisation qui prend la forme d’une licence toute personne physique ou morale ayant l’intention de procéder à une pratique ou de posséder une source de rayonnement». Ou encore l’article 8 assure qu’«aucune pratique n’est permise à moins de présenter des avantages suffisants pour les individus exposés ou pour la société, capables de compenser les dangers potentiels des rayonnements ».
Propos recueillis par MDN
L’alignement aux normes internationales Le Sénégal n’est pas le seul pays où la question des rayons se pose avec acuité. C’est une préoccupation commune à tous les pays africains, dont la plupart ont signé et adopté les normes internationales de radioprotection et de sûreté des sources de rayonnements (Basic Safety Standards) de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Bien que protégés par ces normes internationales, ces Etats africains se dotent en plus d’agences de régulations et des lois pour mieux protéger leurs populations contre les rayons ionisants. Au Maroc par exemple, il existe un arsenal de guides et de lois. Les arrêtés n°918/919/920/921/922-01 (14 novembre 2000) du ministre de la Santé fixent notamment les prescriptions relatives aux pratiques. Le guide sur la radioprotection dans le milieu médical publié en 2001 par le Ministère de la Santé avec l'appui de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), est aussi un outil de taille. Il y a également le guide sur la prévention des expositions accidentelles en radiothérapie, qui a été publié en 2007 par le ministère de la Santé avec l'appui de l'OMS.
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itechnologiques nnovations mPedigree
L’application qui dévoile les faux médicaments Au Ghana, l’application mPedigree permet aux consommateurs de déterminer l’authenticité des médicaments. Une solution efficace pour lutter contre les faux produits pharmaceutiques. Par Baye Sakho tions transmises par les fabricants de médicaments présents dans la plateforme de téléchargement mPedigree. Pour tester le médicament, l’utilisateur envoie le code inscrit sur le produit par SMS au serveur de mPedigree, qui après vérification de l’information auprès des industriels pharmaceutiques, lui renvoie une réponse.
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Cette success-story médicale a même séduit l’Ordre des pharmaciens du Ghana qui a adopté le dispositif depuis le 21 août 2014.
C’est une véritable révolution médicale que l’application mPedigree a introduit au Ghana, depuis son lancement officiel en 2007 par le Ghanéen Bright Simons. C’est une véritable aubaine pour l’industrie pharmaceutique, dont les vendeurs de faux médicaments sont les premiers ennemis. Grâce à cette application, les utilisateurs peuvent déterminer la provenance du médicament et son authenticité en quelques minutes. Vous êtes sûrement en train de vous demander comment se déroule le processus ? C’est très sim-
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ple. En effet, «mPedigree» a mis en place une plateforme interconnecté dénommé «Réseau mPedigree» qui regroupe les réseaux mobiles GSM du pays dans un registre central. Ce registre stocke les informa-
Cette success-story médicale a même séduit l’Ordre des pharmaciens du Ghana qui a adopté le dispositif depuis le 21 août 2014 et l’Association des fabricants pharmaceutiques. «mPedigree» a aussi reçu l’approbation du ministère de la Santé. Fort du succès de cette solution, l’initiateur prévoit d’étendre le réseau dans d’autres pays le Niger, la Tanzanie, le Nigéria, l’Ouganda, le Kenya.
Quatre grandes distinctions
Décembre 2009. Désignée «Pionnier technologique pour l’année 2009», lors du Forum économique mondial. Novembre 2010. Start-up du Défi mondial de sécurité à Londres. Première entité de l’hémisphère sud à remporter une telle distinction selon les organisateurs. Février 2011. Grand prix Netexplorateur 2011 pour la lutte contre les faux. médicaments en Afrique par texto au siège de l’Unesco à Paris. Août 2013. Bright Simons remporte le prix d’excellence à vie remis par la Fondation internationale pour l’innovation en Afrique (FIA), pour cette innovation mobile.
innovations technologiques
application mobile
CAMEROUN : LES PREMIèReS CARDIOPADS SERAIENT BIENTôT DISPONIBLES
dépistache au vih Des médecins rwandais et américains ont créé un accessoire pour Smartphone qui permet de détecter le VIH et la syphilis. Une innovation qui a été déjà testée chez 96 patients au Rwanda.
D'après le quotidien Camer24, les 100 premières cardiopads seront bientôt disponibles. Cette information aurait été donnée par Arthur Zang, concepteur de la tablette, samedi dernier lors de la conférence «Youth as solution» à Douala.
D'après les chercheurs, l’utilisateur a juste besoin d’un briefing d’une demi-heure pour connaitre le mode de fonctionnement et analyser les résultats.
La technologie n’a pas de limites. L’ingéniosité aussi. Les Rwandais ne nous démentiront pas. Selon la revue Science Translational Medicine, ils peuvent désormais effectuer des tests de dépistage au VIH grâce à une nouvelle application mobile développée par des médecins rwandais et américains qui permet de détecter le virus en moins de 15 minutes, après une piqûre au doigt. Elle a été déjà testée auprès de 96 patients au Rwanda. D’après Samuel Sia, professeur d’ingénierie biomédicale à l’Université de Columbia et un des chercheurs associés à ce projet «le dispositif peut facilement se connecter à un Smartphone ou à un ordinateur. Il est suffisamment petit et léger pour tenir dans une main et tire toute
l’énergie dont il a besoin simplement en se branchant dans la prise audio d’un Smartphone». Cet appareil coûte 34 dollars, très loin des 18.000 dollars demandés pour le test Elisa. Selon les chercheurs, il est même plus fiable que ce test mieux encore, on n’a pas besoin d’avoir des compétences techniques pour le manipuler. L’utilisateur a juste besoin d’un briefing d’une demi-heure pour connaitre le mode de fonctionnement et analyser les résultats. Outre le VIH, cet appareil permet aussi de dépister la syphilis. «En augmentant la détection des infections de syphilis, nous pourrions être en mesure de diviser le nombre de décès par 10», indique Samuel Sia.
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Par Moussa Camara
Au Cameroun, on compte une trentaine de cardiologues pour 20 millions d'habitants. La situation dans?les zones rurales est encore plus inquiétante, car ces spécialistes ne s'y rendent pas toujours, préférant s'installer dans les métropoles. Dans les rares hôpitaux dotés d'un service de cardiologie, les files díattente sont interminables, et il n'y a pas toujours le matériel adéquat pour le diagnostic. Conséquence : des milliers de Camerounais meurent chaque année d'accidents cardiovasculaires ou de toute autre maladie liée au coeur faute de soins. C'est face à ce constat, qu'Arthur Zang, ingénieur en génie informatique et diplômé de l'Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé, a décidé d'agir en créant la cardiopad. Grâce aux 27 millions de francs CFA gagnés en tant que lauréat du" Rolex Awards for Entreprise", et au soutien du gouvernement camerounais, Arthur Zang a pu initier le processus de fabrication de la cardiopad. Elle sera bientôt disponible à environ 4000$ (2 millions de FCFA). A ce prix, les acheteurs bénéficieront d'une tablette cardiopad, les électrodes et tous les accessoires nécessaires pour effectuer les examens, les diagnostics et les transmissions des données à distance.
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innovations technologiques
Villes intelligentes Nairobi première en afrique Nairobi est la première ville africaine intelligente, selon le classement 2015 Smart 21 établi par le think tank Intelligent Community Forum. Un satisfecit pour les progrès technologiques réalisés par le Kenya.
Par Babacar Seck
formations itwebafrica.com, Louis Zacharilla, co-fondateur du think tank a déclaré « Nairobi a réuni tous les critères pour une transformation en profondeur de la société kenyane».
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Nairobi occupe la 10re place au niveau mondial et la 1ère en Afrique sur la liste des 21 villes les plus intelligentes au monde.
La capitale Kenyane s’est distinguée dans le classement 2015 du rapport «Smart 21» qui étudie le développement économique et social des communautés au 21e siècle. Nairobi occupe la 10re place au niveau mondial et la 1ère en Afrique sur la liste des 21 villes les plus intelligentes
au monde. Elle devance de grandes métropoles comme Rio de Janeiro (Brésil) et Sherbrooke (Canada) Pour établir ce ranking, le think tank Intelligent Community Forum s’est basé sur trois critères : l’innovation, l’éducation et la technologie. Dans une interview accordée au site d’in-
1- Comté d'Arlington, en Virginie, USA 2- Astana, au Kazakhstan 3- Aurora, Illinois, USA 4- Comté de Changhua, Taiwan 5- Columbus, Ohio, États-Unis 6- Dubuque, Iowa, États-Unis 7- Edmonton, Alberta, Canada 8- Ipswich, Queensland, Australie 9- Mitchell, Dakota du Sud, états-Unis 10- Nairobi, Kenya 11- New Taipei City, Taiwan 12- Prospect et la Région Alliance de l'Est, l'Australie du Sud, Australie
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Cette transformation se traduit par une population active formée, l’émergence d’une classe moyenne avec un assez bon niveau de vie, l’usage des technologies par les entreprises publiques et privées ainsi que les collectivités locales pour faciliter les démarches aux populations, et la naissance de start-up pourvoyeuses d’emplois et de richesses. Les politiques d’inclusion numérique, notamment dans les universités de Nairobi, mises en place par le gouvernement kenyan justifient aussi ce rang. D’ailleurs sur leur site web, le think tank «si les tendances actuelles se poursuivent et que Nairobi continue sur cette dynamique, elle pourrait atteindre le statut de ville développée plutôt que prévu».
13- Rio de Janeiro, Brésil 14- Sherbrooke, Québec, Canada 15- Shiojiri City, Japon 16- Sunshine Coast, Queensland, Australie 17 - Surrey, Colombie-Britannique, Canada 18- Taitung, Taiwan 19- Comté de Taoyuan, Taiwan 20- Whanganui, Nouvelle-Zélande 21- Whittlesea, Victoria, Australie
innovations technologiques
Science Bientôt une mission spatiale africaine sur la lune … La Fondation pour le développement spatial basée en Afrique du Sud, effectue actuellement une collecte de fonds pour le lancement de la première mission spatiale africaine. Un challenge gigantesque, mais pas impossible. Par Baye Sakho
Développer le goût de la science chez les étudiants africains Le véritable objectif de ce projet c’est d’inciter les étudiants africains à s’investir dans les filières scientifiques et à s’intéresser à l’exploration spatiale et de lutter contre la fuite des cerveaux de plusieurs cadres
La Fondation prévoir de lancer l’étude de faisabilité d’«Africa2- moon» d’ici fin novembre 2015.
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«Africa2moon». C’est le nom de cet ambitieux programme initié par des chercheurs sud africains de la Fondation pour le développement spatial. L’objectif est d’envoyer une sonde en orbite sur la lune et diffuser et diffuser les vidéos dans les salles de classes du continent à travers internet. Bien évidemment, ce genre de mission nécessite un financement colossal. D’où la collecte de fonds sur internet lancé depuis le 25 novembre 2014 sur la plateforme de financement participatif «CauseVox», pour financer la première phase de la mission jusqu’en novembre 2016. Plus de 13.000 $ ont été récoltés, sur un objectif de 150.000 $ qui était fixé pour fin janvier 2015. Toutefois, l’optimisme reste de mise. «La réaction des donneurs a été plus lente que prévu, mais elle s'est accélérée dans les premiers jours de janvier. Nous restons optimistes quant à nos chances d'atteindre notre but. Lors de cette campagne, ou grâce à d'autres appels de fonds que nous lancerons au premier trimestre», a déclaré le responsable de la Fondation Jonathan Weltman sur le site «sciencesetavenir.fr».
du continent. D’après lui, «tout ce qui est optimiste, ce qui vise à nous tirer vers les secteurs de pointe, est reçu avec scepticisme. Mais je suis convaincu que l'Afrique peut le faire, sans aucun doute». Le choix de la lune n’est pas anodin. Car, à travers ce programme spatial, «chaque enfant pourra sortir devant chez lui, lever les yeux au ciel et partager sa fierté avec tous les habitants du continent. Un continent qui a récemment dépassé le milliard d’être humains », explique-t-il.
La Fondation prévoit de lancer l’étude de faisabilité d’«Africa2moon» d’ici fin novembre 2015 avant de présenter le projet dans une conférence internationale. Après la construction de l’avion made in Africa AHRLAC (Avion léger de reconnaissance de haute performance), l’Afrique du Sud souhaite innover à nouveau. «Nous avons l'expertise pour concevoir, développer et lancer un tel vaisseau», déclare Adrian Tiplady, un des responsables du projet.
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innovations technologiques
E-commerce L’ile Maurice au premier rang en Afrique L’ile Maurice occupe la première place en Afrique dans le commerce en ligne, selon l’indice du commerce électronique (B2C) établi par la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). L’objectif est de mesurer la capacité des pays à faciliter les achats électroniques des consommateurs.
Le «Rapport 2015 sur l’économie de l’information», publié par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, révèle que la part de l’Afrique dans les transactions mondiales d’entreprises à consommateur devrait augmenter légèrement et passer à 2,5%. Cette étude sous-titrée : «Libérer le potentiel du commerce électronique pour les pays en développement», indique que les pays en développement et ceux en transition devraient représenter près de 40% des transactions mondiales d’entreprise d’ici 2018. En Afrique c’est l’ile Maurice, 54e mondiale, qui prend la première place du top 5 devant l’Afrique du Sud (67e), l’Égypte (68e), la Tunisie (74e), le Maroc (75e). En Afrique de l’Ouest, la Sierra Leone (89e) devance le Mali (100e), le Nigéria (101e), le Ghana (109e), le Sénégal (112e), le Gabon (113e), le Togo (118e), le Bénin (119e) le Libéria (120e), le Burkina Faso (125e), le Niger (128e). La Guinée (130e) ferme la marche. La Côte d’Ivoire n’est pas répertoriée. E-commerce, un marché de 1.200 milliards de $ Le montant du commerce électronique (B2C) s’élève à 1.200 milliards de dollars dans le monde. Beaucoup moins que les transactions d’entre-
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prise à entreprise (B2B) estimées à 15.000 milliards de dollars. L’indice de la CNUCED permet aux pays de déterminer leurs forces et leurs faiblesses. Il s’appuie sur les données relatives à l’utilisation d’internet, aux serveurs sécurisés, au taux de pénétration des cartes de crédit et à la livraison postale à domicile. Les pays africains souffrent encore du faible taux de pénétration d’internet, mais les marges sont énormes et l’Afrique peut tirer profit des
possibilités offertes par le commerce électronique. D’après Mukhista Kituya, le secrétaire général de la CNUCED, «au fur et à mesure que l’économie numérique se développe et touche de plus en plus d’activités commerciales, il devient plus important pour les gouvernements d’examiner des politiques susceptibles d’aider à mettre le commerce électronique au service du développement durable». Avec Afriqueitnews
Business Asia
Africa
est une séléction trimestrielle d’analyses sur les échanges et les investissements entre l’Asie et l’Afrique. Publiée en français et en anglais, elle vise à fournir des grilles de lecture pertinentes sur un large éventail de projets et de secteurs entre ces deux continents. Asia Africa Business, une lecture intelligente des dynamiques économiques entre les deux continents
Singapore | Maroc | Sénégal Commandez votre exemplaire en envoyant un message à l'adresse suivante: abi-singapore@abi.com.sg AFRIcan business journal | N°14 | 103
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GREEN BUSINESS
Cuisson Durable
Les fourneaux écologiques se frayent un chemin
Par Maimouna Dia Ndour
Au fil des années, les Sénégalais découvrent et apprécient les privilèges liés à l’usage des fourneaux et autres foyers améliorés utilisés en cuisson. Plus connus sous le nom de «Fourneaux Jambaar», ces outils aident à la préservation des ressources de la forêt et offrent un gain de temps et d’argent. La filière est organisée par l’état, soutenue par des partenaires et regroupe plus de 200 opérateurs. Près de 40.000 hectares de forêts disparaissent chaque année au Sénégal, selon les estimations de la FAO. Cette déforestation est due partiellement à la forte pression exercée par les populations sur les ressources forestières afin de satisfaire leurs besoins énergétiques domestiques. Plus de 75% des ménages sénégalais utilisent les fourneaux traditionnels à bois et à
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charbon de bois. Ils favorisent une combustion rapide et dégagent d’importantes quantités de CO2, très nuisibles à leur santé. Pour y remédier, l’état sénégalais en collaboration avec des partenaires étrangers, dans le cadre du Programme de gestion durable et participative des énergies traditionnelles et de substitution (Progede) a mis en place les foyers améliorés
dont les fourneaux Jambaar, Yokkute, Mbana, Jegg, Jaboot... Ces espèces de barbecues esthétiquement dimensionnées divisent par deux la quantité de charbon et du bois de chauffage consommée. Les foyers améliorés désignent ainsi un ensemble de produits commercialisés pour réduire la consommation du charbon de bois et du bois de chauffage.
green business
Plusieurs opérateurs privés impliqués dans la filière
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La fabrication des foyers améliorés entre dans le cadre d’un vaste programme de développement durable. Il a été initié par le ministère de l’environnement en partenariat avec la Banque mondiale, les Pays-Bas et du fond mondial pour l’environnement. Le Peracod est l’un des organismes phares pour vulgariser ces fourneaux modernes mieux adaptés aux habitudes de cuisson des ménages sénégalais. Il bénéficie pour cela d’un cofinancement de la direction générale de la Coopération internationale des Pays-Bas pour un projet dénommé FASEN (Foyers Améliorés Sénégal). Grâce au FASEN, environ 3.000 à 6.000 fourneaux améliorés sont produits et vendus chaque mois dans les régions de Dakar et Kaolack.
Au profit de l’environnement Ils sont présentés sous différents formats. Les gammes comprennent les foyers pour la cuisson au charbon de bois, la cuisson au bois, des petits et grands modèles pouvant supporter des marmites de 3 à 25 kg, voire plus. Au Sénégal, ils sont de plus en plus prisés, mais restent loin derrière les foyers classiques de cuisson. L’un des organismes les plus dynamiques dans l’accompagnement pour leur production est le Peracod via son programme FASEN (Foyers améliorés Sénégal). Chaque année, les foyers améliorés diffusés grâce au FASEN contribuent à eux seuls à protéger 2 000 ha de forêt que l’on ne dégradera pas pour satisfaire les besoins en combustibles de cuisson, selon les estimations de l’organisation. Grâce à ces outils, les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont réduites. Aujourd’hui, plus de 50.000 tonnes d’émissions
de CO2 sont évitées chaque année au Sénégal grâce aux fourneaux améliorés diffusés avec l’appui du Peracod. Ce dernier travaille en collaboration avec les forgerons, les potiers, et les distributeurs. Des avancées socio-économiques L’usage des foyers améliorés s’est traduit par une réduction des fumées toxiques et des infections qu’elles occasionnent. Les femmes n’ayant plus besoin de collecter beaucoup de bois gagnent du temps. Dans les villes ou bois et charbons s’achètent le coût des dépenses ménagères se réduisent. Les foyers améliorés favorisent aussi la création d’emplois. La fabrication des produits requiert le recours aux artisans locaux, ainsi que l’intervention d’intermédiaires pour former, informer, vendre et sensibiliser sur les bienfaits des foyers améliorés.
La promotion des fourneaux améliorés participe au développement économique local car leur vente génère de nouveaux revenus pour les 200 opérateurs privés impliqués actuellement dans la filière. Des opérateurs qui attendent un appui plus important des partenaires et de l’état. «Les contraintes sont énormes mais se résument dans un seul domaine, manque de partenaires financiers pour répondre à la demande qui est, en effet, énorme», déclare Seydina Alioune Ndiaye, DG et gérant de Selico SARL, une entreprise spécialisée dans les énergies domestiques renouvelables. Il estime par exemple qu’une production semi-industrielle des foyers améliorés est très coûteuse. «Il faut un certain nombre de machines adaptées pour produire une quantité qui pourrait couvrir une grande partie de la demande sousrégionale», a-t-il ajouté.
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green business
Afrique du Sud
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Quand l’énergie solaire favorise l’intégration sociale
Par Julie Ilondo
L’Afrique du Sud est de plus en plus confrontée à des problèmes d’électricité non seulement dans les milieux ruraux, mais aussi dans les grandes métropoles. Les élèves, surtout ceux issus de milieux défavorisés, sont parmi les plus touchés par ce phénomène. Deux jeunes filles, Rea Ngwane et Thato Kgatlhanye, âgées respectivement de 22 et 21 ans ont décidé de créer des sacs équipés d’un panneau solaire pour venir à bout de cette difficulté. Une contribution non des moindres, car elles ont su mettre au point une solution qui répond à la fois à trois besoins fondamentaux des jeunes écoliers grâce au projet qu’elles ont surnommé : «Repurpose School Bag». Ce qui fut
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un simple projet d’école devint au fil des mois un outil de reconnaissance pour les jeunes entrepreneures et une véritable motivation pour qui le manque d’électricité est un handicap à la formation scolaire. «Repurpose School Bag»,
équipée de sachets recyclables et d’un panneau solaire emmagasine durant la journée la lumière solaire et la transforme, la nuit, en électricité grâce à l’énergie solaire pendant 12h, permettant aux écoliers de s’en servir le soir à la
green business ressemblerait à un objet lié à la nature. Kgatlhanye a ainsi présenté un sac à main qui ressemblait à un nid d’oiseau. Grâace à cette œuvre, elle a gagné la 3e place et remporté cette somme.
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Dupliquer le projet dans d’autres pays du continent Le processus de fabrication de ces sacs n’est pas si long mais requiert plusieurs jours de travail : les sachets sont récupérés à partir des bacs à contenu recyclable et nettoyés méticuleusement avant d’être retravaillés à l’usine basée à Tlhabane à Rustenburg. Chaque sac est composé de 20 sachets recyclés. «La particularité de ces sacs est qu’ils sont écologiques, deviennent des «compagnons» des élèves issus des communautés défavorisées», indique Thato Kgatlhanye.
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Pour le moment, Rethaka emploie huit ouvriers, dont sept femmes qui travaillent à l’usine chargée de produire ces sacs lumineux. La compagnie travaille en partenariat avec deux écoles à Rustenburg et Pretoria. Ces écoles les aident à récolter le matériel recyclable. En impliquant ces établissements dans la collecte et le recyclage des sachets, les deux jeunes entrepreneures entendent ainsi impliquer toute une communauté dans le processus de recyclage des sachets.
maison pour leur leçon ou encore leur fournissant de l'éclairage sur les sentiers sombres, les rendant ainsi plus visibles face aux automobilistes. «J’ai toujours pensé que toute personne a droit à une seconde chance, ces sacs donnent justement une seconde chance à ces écoliers issus des milieux défavorisés et leur permet de braver les obstacles liés au manque d’électricité», déclare Thato Kgatlhanye,
la co-fondatrice. Ce projet, une initiative de Rethaka, une compagnie à profit, est orienté vers le bien-être de la communauté. «Repurpose School Bag» a été rendu possible grâce à la somme de 300.000 rands que Thato Kgatlhanye avait remporté au cours d’une compétition organisée par SAB Foundation Innovation Award en 2013. Il s’agissait de créer un produit organique qui
Les fondatrices de Rethaka ne comptent pas se limiter à leur pays natal. Elles projettent également de faire parvenir ces projets aux autres pays africains qui connaissent des problèmes d’électricité. Pour l’heure, les fonds proviennent aussi des compagnies privées et d'investisseurs pour la production massive de ces sacs lumineux.
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livre du trimestre «Value Proposition Design»
de Yves Pigneur, Alex Osterwalder, Greg Bernarda, Alan Smith Value Proposition Design complète le «Business Model Canvas» de Business Model Generation, un outil qui a été largement utilisé par des start-ups autant que par des multinationales. L’ouvrage, traduit en 30 langues, a par ailleurs été cité récemment dans «Les 12 meilleurs livres business de tous les temps» par USA Today. Dans leur nouveau livre, les auteurs expliquent comment utiliser le «Value Proposition Canvas», un outil pratique pour concevoir, tester, créer et gérer les produits et services qui correspondent réellement aux besoins et aux attentes des clients. Des exercices pratiques, des illustrations et des outils permettent d’apprendre de manière simple mais précise à créer ou améliorer un produit, un service ou une idée commerciale. L’ouvrage donne de plus accès en exclusivité à un supplément en ligne sur Strategyzer.com, où sont proposés des outils interactifs, des évaluations, et bien plus encore. Steve Blank, multi-entrepreneur et père de l’approche entrepreneuriale «Lean startup & Customer development», en parle: «Value Proposition Design est un must have pour tout créateur d’une nouvelle entreprise. Il cerne les questions fondamentales relatives à la compréhension et l’identification des problèmes des clients ainsi que la conception et validation de solutions potentielles.»
«The Singapore Story: Memoirs of Lee Kuan Yew, vol.1» de Lee Kuan Yew This is the first of two volumes of memoirs by Lee Kuan Yew, prime minister of Singapore for 30 years, and its most influential leader. It is not without reason that he titles his memoir The Singapore Story. His prose is disciplined and workmanlike, and he prefers stating facts over reminiscence. He passes over his very British early education, his childhood in Singapore, and even over the incredible brutality of the Japanese occupation with crisp mechanical description. He goes to work on the black market with astonishing discipline, almost casually describing how he escaped several massacres. After finishing his law degree with top marks, he describes his early forays into politics, and the founding of the People's Action Party, which has had a majority since 1959. He describes his political machinations with astonishing detail and candor, and is an adept judge of character. His description of urban politics, with mass mobilization campaigns, coalition building, and multi-lingual speeches and coalitions, is fascinating. His first aim, after British decolonization, was to unite Singapore with Malaysia. He speaks very favorably of "The Tunku" Abdul Rahman, but less so of the more local politicians. After tense and uneasy relationship, the union broke down after only two years, and Singa-
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pore was to be expelled from Malaysia, with the British soon leaving, and the once-supportive Communists planning an all-out uprising.
«Introduction aux finances des collectivités territoriales d'Afrique francophone» de Nze Bekale Ladislas La préparation et la présentation des budgets des collectivités territoriales d'Afrique francophone présentent des similarités. Elles concernent également les opérations budgétaires et, d'une certaine manière, la fiscalité. Cependant, il ressort une différence quant à la structure de la fiscalité locale entre le Gabon et les autres pays. Elle se présente sous une forme globale au Gabon alors qu'elle est spécialisée par niveau de décentralisation dans les autres pays. Cette antinomie est également observable dans l'exécution des transferts financiers de l'État aux collectivités territoriales. Une perspective dans laquelle s'inscrivent aussi les ressources extérieures des collectivités territoriales qui sont quasi inexistantes au Gabon alors qu'elles sont abondantes et en croissance dans les autres pays. En revanche, les contrôles exercés par l'État sur les financements des collectivités territoriales présentent une fois de plus les mêmes caractéristiques. À travers cette étude comparative en Afrique francophone, Ladislas Nze Bekale présente la
structure des ressources financières des collectivités territoriales des pays d'Afrique francophone, au prisme de cinq États (Bénin, Burkina Faso, Mali, Gabon et Sénégal).
«L'Économie des télécommunications en Afrique» de Raymond Marin Lemesle L'Afrique compte environ le même nombre de téléphones que la ville de Tokyo. Son retard pourrait s'accentuer à l'heure où le monde industrialisé se lance sur les super-autoroutes de l'information. De plus, la plus grande partie des équipements en service en Afrique est importée et l'assistance technique y manque de coordination. Le poids économique des télécommunications repose aujourd'hui sur des disparités techniques et financières que les organisations internationales tentent d'atténuer afin de promouvoir le Continent sur le marché mondial des télécommunications. Le présent ouvrage n'est ni un traité d'économie, ni un traité technologique, mais plutôt une synthèse des principaux problèmes intéressant une économie spécialisée, où les aspects des télécommunications spécifiques de l'Afrique sont abordés.
rendez-vous Du 2 au 3 avril 2015 à Casablanca (Maroc) 3e édition du Salon Hub Africa La troisième édition du Salon «Hub Africa», le rendez-vous des entrepreneurs et des entreprises d'Afrique, aura lieu à Casablanca les 2 et 3 avril 2015 sur le thème: «La co-localisation triangulaire, levier de développement Nord-Sud». Cet évènement est organisé par l’entreprise NGE Impact, avec le soutien du CJD (Centre des jeunes dirigeants) International. Plus de 10.000 visiteurs venus de 20 pays sont attendus. Au programme, une centaine d’expositions, des ateliers de formation, une présentation des dernières solutions pour les entrepreneurs (montage juridique, études de faisabilité, financement, équipements, communication, personal branding, transfert de savoir-faire, etc.), des séances de consulting et de pitching, des rendez-vous avec des investisseurs et la remise des trophées qui récompensent les meilleurs entrepreneurs. Du 3 au 15 avril 2015 à Abidjan (Côte d'Ivoire) 3e édition du Salon de l’agriculture et des ressources animales La Côte d’Ivoire abritera du 3 au 15 avril la trosième édition du Salon de l’agriculture et des ressources animales (SARA). «La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao et de noix de cola, premier producteur africain de latex, de bananes et premier exportateur mondial de noix de cajou, demeure plus que jamais une terre aux potentiels agricoles inestimables. Mettre en valeur ces richesses et promouvoir l’investissement, pour le développer et le pérenniser, ont poussé les autorités à relancer le SARA en 2015», lit-on sur le site web dédié à l’évènement. Du 13 au 15 avril 2015 à Marrakech (Maroc) 7e édition du Forum africain du carbone La septième édition du Forum africain du carbone (FAC) se tiendra du 13 au 15 avril 2015 à Marrakech. Selon les initiateurs, le forum «propose aux développeurs de projets et aux décideurs un programme complet sur les dernières opportunités d’investissement, de financement et de développement liées aux changements climatiques. C’est aussi l'occasion
pour connaitre «les tendances actuelles des marchés internationaux du carbone ; les opportunités de financement et de projets, comme par exemple par le biais du Fonds vert pour le climat; les efforts visant à accroître la demande en crédits carbone générés par le mécanisme de développement propre (MDP); les opportunités du financement axé sur les résultats.» Un espace sera aussi aménagé pour favoriser les interactions entre les développeurs de projets et investisseurs étrangers, et entre opérateurs du marché et acteurs gouvernementaux. Du 17 au 18 avril 2015 à Dakar (Sénégal) 10e édition du Forum Afric Talents Le cabinet AfricSearch Sénégal organise la dixième édition du Forum de recrutement Afric Talents les 17 & 18 avril à Dakar. Une quinzaine d’entreprises sont attendues. Ce sera un moment d’échanges entre les étudiants ou jeunes diplômés et les potentiels recruteurs. La 9e édition 2014 qui s’est déroulée en mars 2014 avait enregistré la participation de 800 candidats et la présence de grands groupes qui interviennent dans plusieurs secteurs d’activité, selon le cabinet. Le 25 avril 2015 à Paris (France) Forum international sur l'économie africaine : Time for Africa - le Temps de l’Afrique Le Forum économique se déroule chaque année à Paris à la fin du mois d’avril. Il réunit des représentants d’entreprises ainsi que des responsables politiques, des chercheurs, des membres de la société civile et des personnalités du monde des médias. Au total, 300 y prennent part. Cette année, les discussions porteront sur des questions économiques en relation avec l’Afrique notamment les facteurs qui expliquent le redressement économique de l’Afrique, sont les obstacles structurels qui pourraient remettre en cause cette dynamique, les changements majeurs observés dans l’agriculture, le secteur manufacturier, les ressources naturelles et le secteur des services, les opportunités d'affaires dans le continent et les secteurs porteurs aujourd'hui et demain. «Trois pays constituent chaque fois des invités d’honneur. Cinquante projets porteurs sont à chaque session mis en lumière», indiquent les organisateurs.
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Elimane Sembène
Réformer la fiscalité pour stimuler la croissance… Au mois de février 2015, la Suisse fut au-devant de la scène. Genève, la plupart du temps à l’abri des radars, a été éclaboussée par une enquête publiée par «Le Monde», et qui a mis à nu l’ingénieux système de transferts de flux de capitaux orchestré par la HSBC Private Bank entre 2006 et 2007. L’existence de ce paradis fiscal, cachot secret très prisé par de gros calibres du business pour y loger leurs fortunes, est un secret de polichinelle. Mais c’est l’ampleur des volumes de transactions et le nombre impressionnant de clients, africains en particulier, qui suscitent étonnements et interrogations. Ces investigations, fruit de plusieurs mois de recherches, nous renseignent que la majeure partie des clients africains de la banque suisse sont localisés en Égypte (3,5 milliards de $), en Afrique du Sud (1.787 clients) et au Maroc (1.068
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clients), avec respectivement près de 2 milliards de $ et plus de 1,5 milliard $ de placements. En Afrique de l’Ouest, le Nigéria compte 236 clients (266 millions $), la Côte d’Ivoire 382 clients (plus de 190 millions $), et le Sénégal 310 clients (plus de 188,5 millions $) forment la triplette. Les sommes en provenance des dix premiers pays africains les plus affectés culminent à 10,9 milliards de $, soit 82,5% du montant total déposé par les clients africains. L’on ne peut que s’étonner devant cette valse financière. D’autant plus que sa corrélation avec les opérations de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale est souvent établie. En 2013, la France avait révélé que 98% de ses ressortissants qui avaient des comptes dans cette banque «pratiquaient l’évasion fiscale». Les conséquences de cette activité illicite sont drastiques pour
le continent. Ces flux financiers font perdre à l’Afrique, chaque année, plus de 50 milliards de $. Plus de 1.000 milliards de $ de pertes sont estimés au cours des 50 dernières années. L’importance des recettes fiscales dans les économies africaines n’est plus à démontrer. C’est l’une des mamelles nourricières qui alimentent la trésorerie. En Côte d’Ivoire, par exemple, première puissance économique de l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA), elles ont représenté plus de 80% des recettes publiques entre 2011 et 2015.
AGENDA 2015 FORUM FIJE : Forum Interafricain des Juristes d’Entreprise • L’intelligence juridique : une nouvelle démarche stratégique pour les juristes d’entreprise Date : 27 au 31 janvier 2015 Lieu : Dakar FIASGA : Forum Interafricain des Achats, Services Généraux et Approvisionnement • La Fonction Achat : Contrôle Interne et Prévention des Risques Date : 24 au 28 février 2015 Lieu : Casablanca FIRH : Forum Interafricain des Ressources Humaines • Nouveaux enjeux, Nouvelle offre de valeur RH : quelle place pour le SIRH ? Date : 24 au 28 mars 2015 Lieu : Casablanca FISAD : Forum Interafricain des Secrétaires et Assistant(e)s de Direction • Assistante Orientée résultat : comment évoluer vers l’Office Manager 2.0 ? Date : 21 au 25 avril 2015 Lieu : Dakar FICOM : Forum Interafricain de la Communication • E-reputation - Manager le capital reputation de l’entreprise et du dirigeant à l’heure du digital Date : 26 au 30 mai 2015 Lieu : Casablanca FISI : Forum Interafricain des Systèmes d’Information • Elaboration d’un plan stratégique IT : démarche et outils Date : 21 au 25 juillet 2015 Lieu : Casablanca CIF : Congrès Interafricain de la Finance • Plan Anti Fraude : Quels outils et quelle démarche face aux nouvelles fraudes ? Date : 01 au 05 septembre 2015 Lieu : Casablanca
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