IK?#03

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N°03 2013 # 1

Y+nc ka=

Reportage

8 filles dans le vent Humanitaire Rencontre avec Mégo Terzian (MSF) Football L’Arménie verra-t-elle le Brésil ?


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EDITO HAYLIGHT 8 FILLES DANS LE VENT RENCONTRE AVEC MÉGO TERZIAN ÇA S’EST PASSÉ À LA JAF HAY NEWS LE MONDE EN 3 IMAGES COURANT D’ART L’ARMÉNIE IRA-T-ELLE AU BRÉSIL ? HOT HOT HEAT

Y+nc ka=

Editeur JAF Président de la JAF Julien Dikran Harounyan Rédacteur en Chef Fred Azilazian Maquette / Photo Armen Catanasian Ont collaboré à ce numéro Anouch Dzagoyan Victor Balayan Emilie Azilazian Bella Shakhnazaryan Liana Davtyan Maxime Vaytet-Cazarian eLSi Traduction Nouné Karapetian

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Dario C

Edito/Médito

Julien Dikran HAROUNYAN

A

Président JAF Marseille PACA vec son temps

Pari tenu ! Le nouvel Intch Ka est bel et bien là, vivant, frais et définitivement avant-gardiste. Ce nouveau numéro de 2013 est entièrement numérique, accessible par tous où que l’on soit. Une volonté de la part de la JAF et de son collectif de journalistes, de toucher la jeunesse arménienne de France, quitte parfois à bousculer les codes. Mais l’idée est là… Le keufté, le beurek, le kotchari, c’est sympa… On adore le duduk et le zourna et on pleure sur Délé Yaman… On a tous vu (ou tourné) dans Mayrig et on écoute Aznavour, on est d’accord ! On explique, depuis qu’on est né, à nos amis « kariats » (JB) que l’Arménie est

le premier pays à avoir adopté le christianisme comme religion d’Etat et qu’on a subi un génocide en 1915. Et tant d’autres choses encore… Le champ lexical de l’Arménien connaît la même mélodie depuis des décennies. En tant que jeunes, même si le devoir de mémoire et le militantisme, c’est sacré chez nous, on s’est dit qu’on se devait aussi de parler des Arméniens d’aujourd’hui et de demain, actuelles et futures figures de notre diaspora. Dépoussiérer une actu souvent difficile, apporter une information décalée, parfois même ignorée et appuyer s’il faut là où ça fait mal, pour faire réagir, parler, bref dialoguer. Dans ce numéro, nous avons décidé de réaliser 8 portraits de femmes arméniennes dans le vent. Car si, comme le disait Aragon, « la femme est l’avenir de l’homme », c’est d’autant plus vrai en Arménie. Le women power est en marche, et depuis quelques temps, on assiste à un véritable soulèvement de celle qui était jadis peu considérée. Demain c’est sûr, elle fera avancer le pays (qui en a bien besoin). Puis, on est allé chercher Mégo Terzian, le président de MSF. Quoi !?? Un Arménien président de MSF ? Oui, et il balance toute son expérience au sein de l’organisation. Enfin, dans le IK, on retrouve toujours du sport, de la culture et de l’info en vrac. Et de l’indispensable glam ! Mais rassurez-vous, on n’oublie pas d’où l’on vient. Alors, on a pris soin de vous raconter aussi tout ce qui s’est passé au JAF. Comme ça, la boucle est bouclée ! Tant pis si le style dérange, faut bien vivre avec son temps. Vous l’avez compris ! Alors à vos tweets, facebook, email, et postez vos « coms » !

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SOAD System of a down sans Serj Tankian ? C’est l’évènement de l’été ! Le célèbre groupe arméno-américain System of a down passera par le Festival parisien Rock en Seine le dimanche 25 août. L’occasion pour Serj Tankian et les siens de faire trembler la capitale française au son de leur puissant rock-métal. Malgré une popularité qui ne faiblit pas, les SOAD vivraient actuellement une crise d’égo. Le groupe pourrait d’ailleurs continuer à tracer sa route sans Serj, son chanteur emblématique. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le guitariste Shavo Odadjian sur son compte facebook début juin, reprochant à Tankian de penser plus à sa carrière solo qu’à SOAD. « Serj ne veut pas faire un nouvel album, a révélé Shavo. Nous n’attendons que Serj. Il pourrait me haïr parce que je dis la vérité. On essaye de faire un nouvel album, c’est juste qu’on doit passer par Serj ! Personnellement, je suis prêt à en sortir un avec quelqu’un qui veut être le chanteur de System. Pas quelqu’un qu’on doit prier pour faire partie de System. Je suis furieux qu’il nous ait laissé tomber comme ça, mais on doit faire quelque chose pour garder le groupe en vie ». A noter que ce message a été ensuite supprimé par son auteur, qui a dû se faire remonter les bretelles par son management. Ambiance…

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8 filles dans le vent « La femme, c’est l’avenir de l’homme », disait le poète Aragon. Pour fêter dignement le troisième numéro de sa nouvelle formule et pour rendre votre été encore plus chaud, IK est allé à la rencontre de 8* jeunes et jolies arméniennes qui comptent et qui vont compter. Et pas seulement en 2013.

*Le Huit est considéré comme un nombre chanceux dans la culture chinoise car il sonne comme le mot « prospérité » en cantonais.

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Photos du reportage rĂŠalisĂŠes par Armen Catanasian


Diane Sands Une artiste « à l’américaine »

Une Française d’origine arménienne qui fait du mannequinat et qui prête son beau sourire et son sombre regard à Hugo Boss, Daniel Hechter, Axe, Pizza Hut, Nintendo, Ibis ou encore la BNP, avouons-le, c’est rare. Cela valait bien une rencontre. Entre deux shootings avec la star mondiale Eva Longoria, Diane Sands, qui est également pianiste, chanteuse, danseuse et comédienne nous a consacré deux heures de son temps pour nous raconter son parcours, ses projets, ses envies. Interview avec une femme de caractère, « à l’américaine ».

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Tout d’abord, pourquoi avoir choisi de t’appeler Diane Sands et non pas Diane Schnorhokian, ton vrai nom ? Pendant toute ma scolarité, mes profs et mes potes n’ont jamais réussi à prononcer mon nom. A 20 ans, j’en ai eu marre et j’ai choisi de m’appeler Diane Sands pour délirer. C’est court, facile à retenir, et c’est à consonance internationale. Raconte-nous ton parcours en quelques mots… J’ai démarré avec le Conservatoire de piano dès 5 ans. J’ai commencé à composer vers 16 ans. J’ai ensuite fait deux écoles artistiques où je suivais des cours de danse, de théâtre et de chant. La première école s’appelle l’école du spectacle, à Paris. Et la deuxième, c’est chez Rick Odums à Paris également, rue de Clichy, dans les anciens studios de Paris Centre. Ils avaient une formation spéciale de Performing Arts, à l’américaine, comme Fame. J’avais 19 ans. Mes parents ne voulaient évidemment pas que je devienne chanteuse et danseuse. Dire qu’on veut devenir artiste dans une famille arménienne, ça passe mal (rires). Mais comme je suis têtue, je ne leur ai pas laissé le choix. Ma formation a duré 4 ans. Après, tu t’es retrouvée animatrice à la télé… Oui, ça m’est tombé dessus par hasard, alors que je ne cherchais pas du tout à faire ça, j’ai dû remplacer à la dernière minute l’animatrice prévue pour le show. C’était une émission de jeunesse sur France 3 qui s’appelait Scooby Gang. C’était l’émission la plus regardée de France le samedi matin. J’ai fait ça pendant 5 mois, après j’ai lâché l’affaire parce que les enfants et moi, ça fait deux. Et puis je n’étais pas dans mon élément, c’était trop coloré pour moi. Progressivement, tu t’es mise au mannequinat… Tout à fait, et là encore, je ne pensais vraiment pas me retrouver dans ce milieu, puisque je suis plutôt petite de taille. Cela fait maintenant 5 ans que j’enchaîne des shootings pub, des photos pour les magazines, des tournages, des clips, des courts-métrages. C’est alimentaire. Je ne vais pas faire ça toute ma vie, je ne veux pas ouvrir une agence de mannequins. Je fais ça aujourd’hui pour gagner ma vie. Après, je ne crache pas non plus dans la soupe, j’y prends quand même du plaisir. Y’a pire comme métier non ? Evidemment ! Justement, qu’est-ce qui te donne le plus de plaisir dans ce métier ? C’est de sortir de mon lit et de débarquer sur un shooting, qu’on me maquille, qu’on me coiffe, qu’on prenne soin de moi, qu’on m’habille, qu’on m’apporte mon café… C’est génial d’être chouchoutée ! C’est le métier le plus bête du monde ! En fait, ça ne sert à rien de plus que flatter l’égo. C’est un milieu très superficiel dans lequel je n’arrive pas à me faire d’amis. Je ne peux pas avoir de conversation intéressante avec les autres modèles. Parler vêtements, cela ne m’intéresse pas. Toi, ton truc, c’est la musique ? Oui, la musique. La littérature aussi. La création. Je n’aime pas parler de ce qui existe déjà. J’aime créer. J’ai toujours eu

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la musique en moi. J’aime la musique classique, je suis une grande fan de Beethoven. J’aime les accords mineurs et diminués. D’ailleurs, toutes mes compos sont mélancoliques. Mais j’aime aussi la pop et le rock. Je suis très branchée culture américaine. Entre 10 et 20 ans, j’étais une énorme fan de Michael Jackson. Ma chambre, c’était un musée dédié à MJ, on n’y voyait même plus les murs tellement j’avais de posters de lui (rires). Il m’a beaucoup inspiré. Il me fascinait parce qu’il faisait tout : il dansait, il chantait, il dessinait, il dirigeait ses clips. Pour moi, c’était un artiste complet. A part Michael Jackson, quels sont les artistes qui t’ont influencé ? Freddy Mercury, Terence Trent d’Arby, AC/DC, les Cure, les Stones, Placebo, Muse. Et aujourd’hui, celui qui m’inspire le plus, c’est Chris Corner, le leader d’IAMX. C’est un génie. C’est un Anglais qui vit à Berlin et qui s’est fait connaître il y a quelques années avec un groupe qui s’appelait Sneaker Pimps. Je rêve de collaborer avec lui. J’ai rencontré son manager. J’espère que ça va se faire. Dans la vie, j’ai appris qu’on pouvait avoir tout ce qu’on voulait. Il suffit juste d’avoir la foi. Quels sont tes objectifs ? Faire de la scène. Sortir mon album de rock alternatif. J’ai déjà tout enregistré. Mais je n’ai pas eu le temps de m’en occuper jusqu’ici car le mannequinat me prend un temps fou, et puis on m’a confié aussi pendant quelques temps la direction artistique d’un club très à la mode à Paris qui s’appelle le Tigre. J’ai 25 titres de prêt, tout en anglais. Il faudra trier et en choisir 11 ou 12. J’ai tout fait toute seule. Si un jour j’ai l’opportunité de faire de la scène,

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j’aimerais vraiment créer de gros shows à l’américaine, avec des belles mises en scènes, de beaux costumes. Je ne veux pas être juste une fille qui vient chanter ses chansons sur scène. Tu es également branchée cinéma… Oui, c’est mon autre objectif. Mes traits d’arménienne me permettraient, comme je l’ai déjà fait en publicité, de jouer des rôles d’italiennes, de mexicaines, d’indiennes, ou encore d’orientales. J’aimerais composer des BO de films mais aussi jouer des premiers rôles en tant que comédienne. C’est le cinéma américain qui me fait rêver. Je suis bilingue donc je rêve d’avoir des rôles à la Angelina Jolie. On m’a proposé de participer à la série Braquo mais j’ai refusé. Je ne veux pas faire de cinéma en France. Pas assez magique. Tu pourrais t’enlaidir et éventuellement prendre du poids pour un rôle au cinéma ? Non ! Je refuserais le rôle si on me demandait ça. Je veux bien me faire violence mais il y a des limites. Tu as suivi une formation d’actrice ? Oui, j’ai fait 4 ans de théâtre et 2 ans de cinéma. Mais je suis contre les cours de comédie. Cela peut paraître fou, mais je ne pense pas que cela soit nécessaire. Personnellement, ça ne m’a servi à rien d’imiter une feuille, de faire le singe et d’improviser sur des trucs débiles. Je lis beaucoup. Je préfère lire des bouquins sur la formation de l’acteur que d’aller en cours. Quid de la danse ? Je continue à aller en cours de danse autant que possible. J’ai une petite formation classique (en demi-pointe), mais mon truc, c’est surtout le jazz. Le

vrai jazz américain de Broadway. As-tu le temps d’avoir d’autres hobbies ? Oui, je fais du yoga et de la méditation. J’essaye de pratiquer chez moi quand j’ai le temps. Ça me ressource, ça me détend. Est-ce que tu fais attention à ta ligne ? Oui, je suis obligée. Parfois, il m’arrive de fumer une cigarette mais j’évite. Pas d’alcool ni de drogue. Et même s’il m’arrive de porter de la fourrure, je suis végétarienne. Je ne mange pas de viande. Ceci dit, j’adore manger, c’est pour cela que je fais souvent le yo-yo avec mon poids, je perds deux kilos puis je les reprends, ainsi de suite. J’essaie enfin de dormir un maximum, même si je n’y arrive jamais. La vie est tellement courte, et j’ai tellement de choses à faire ! Quelques mots sur l’Arménie, le pays de tes origines ? Dès que je peux parler de l’Arménie, je le fais. J’ai posé pour le magazine arménien El Style, j’ai fait leur couv’. Je voulais que mon père soit fier. Mes parents sont des Arméniens du Liban. J’ai baigné dans la culture arménienne. J’allais à l’école arménienne le samedi. J’ai passé l’option arménien au bac. Je suis allée plusieurs fois en Arménie, je lis, j’écris et je parle couramment l’Arménien. Je suis 100% arménienne ! (rires) Pour finir, comment te définiraistu ? Comme une jeune Arménienne amoureuse de Paris avec une mentalité américaine. Propos recueillis par Fred Azilazian


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Varduhi Yeritsyan Une pianiste aux doigts d’or Varduhi Yeritsyan est un joyau. Un joyau de pianiste classique. Cette trentenaire aux mains d’argent, protégée de Brigitte Engerer, accumule les récompenses et parcourt le monde, d’Amsterdam à Moscou en passant par Bratislava, Sofia, Londres (avec l’orchestre de la BBC en février 2014) ou encore Paris (le 25 janvier 2014 à la Salle Pleyel). Née à Erevan et diplômée du Conservatoire National supérieur de Musique de Paris, Varduhi a travaillé très dur pour y arriver – parfois jusqu’à 13h par jour. Celui qui n’a jamais entendu jouer cette virtuose passe vraiment à côté de quelque chose de grandiose. Le temps s’arrête. La magie opère. www.varduhi-yeritsyan.fr

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Anna Grigorian en

5 photos

Anna Grigorian est l’un des plus grands espoirs de sa génération. Son rêve absolu serait d’intégrer la compagnie américaine de William Forsythe. Danse néo-classique, salsa, danse africaine ou arménienne, Anna utilise les courbes de son corps pour sublimer le travail des chorégraphes. Avec sa grâce et sa classe, elle met tout le monde d’accord : elle a tout d’une grande.

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Arevik Gevorgyan « Mon âme et ma raison sont envoûtées par l’esprit du théâtre » A peine 22 ans et la charmante comédienne arménienne Arevik Gevorgyan possède une maturité étonnante. Nous l’avons rencontré à Erevan et lui avons posé quelques questions. Arevik, peux-tu nous raconter ton parcours en quelques mots ? J’ai démarré à 13 ans par le mannequinat en travaillant pour l’agence arménienne Atex. Cette expérience m’a permis de me libérer de mes complexes d’adolescentes, car j’en avais plein (rires). J’ai enchaîné les défilés et les castings pendant plusieurs années puis j’ai tenté des castings en tant que comédienne. J’ai été prise pour une série télévisé qui s’appelait Anna. C’est là que tout a commencé. Après j’ai eu une proposition pour le film La belle vie, puis pour La fille du général. Maintenant, je joue dans la série de courts-métrages Le carrousel de la vie. Parallèlement, je poursuis mes études. J’ai d’abord fait des études de peinture à l’université de Mashtots. Puis, j’ai passé le concours d’entrée de la classe de « réalisation et création » à l’université de Pédagogie de Erevan. Je termine le Master 1 cette année. Quels ont été les moments forts de ta carrière de mannequin jusqu’ici ? En 2010, j’ai participé au concours de beauté « Princesse d’Arménie » et gagné le premier prix. Ce prix me donnait accès au concours « Princesse du Monde » qui se déroulait à Prague (République Tchèque). Là-bas, on m’a décerné le prix « Miss Talent » pour mon numéro de pantomime.

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J’avais fait une version féminine d’un sketch du célèbre clown arménien Léonide Yengibaryan. En 2011, j’ai participé à un autre concours de beauté « Miss 7 Continents » à Bodrum (Turquie) où j’ai eu le prix « Miss Talent » pour la seconde fois.

les écrivains argentins Julio Cortàzar ou encore Jorge Luis Borges qui m’inspirent. Il y a aussi le théâtre. J’ai eu une proposition de rôle dans une mono-pièce, Eugène Onéguine, de Pouchkine. Mon âme et ma raison sont envoûtées par l’esprit du théâtre.

Tu préfères jouer plutôt dans des films au cinéma ou dans des feuilletons TV ? Les feuilletons télé ont permis aux comédiens de théâtre d’être reconnus par le grand public. Du coup, on a enregistré ces dernières années une hausse de fréquentation des théâtres, ce qui est plutôt positif ! Certains critiquent ces séries TV mais je ne pense pas qu’elles soient forcément de mauvais goût. Elles sont identiques partout dans le monde ! En ce qui concerne le grand écran, depuis quelques années, le cinéma arménien revit. Ça me réjouit. Toutefois, ce serait bien que l’on fasse plus de films historiques en Arménie, sur nos héros nationaux.

Qui sont tes idoles ou modèles parmi les acteurs et réalisateurs ? J’admire tout particulièrement Federico Fellini et Sergueï Paradjanov, deux génies qui m’accompagnent toujours où que je sois. En ce qui concerne les acteurs, je dirais Robert de Niro, Al Pacino, et les Arméniens Frunzik Mkrtchyan et Sos Sargsyan.

Quelles sont tes sources d’inspirations ? Petite, j’adorais Le petit prince de Saint-Exupéry, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Il y a quelques années, j’étais également fascinée par les films du réalisateur arménien Henrik Malyan. Aujourd’hui, ce sont

*Le batik indonésien est inscrit au Patrimoine culturel immatériel mondial de l’Unesco.

Quelles sont tes autres passions en dehors de ton métier ? J’aime beaucoup peindre. Ma passion, c’est le batik*, une technique de travail sur du tissu qui demande patience et minutie. Je fais aussi des cartes postales uniques qui sont vendues dans les librairies.

Propos recueillis par Armen Catanasian (avec FA)


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Arevik est habillĂŠe par le styliste armĂŠnien Kevork Shadoyan

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Emmy en

5 phrases

De passage à Erevan, Intch ka est allé à la rencontre de la chanteuse arménienne Emmy. Surnommée « la princesse de la pop », Emma Bejanyan (son vrai nom), avait représenté l’Arménie à l’Eurovision en 2011. Elle nous a accordé un entretien chaleureux dont nous avons sélectionné ici les 5 phrases clés.

« A mes débuts, j’ai dû faire un choix entre la sculpture et la musique. J’avais envisagé de faire des études de peinture et de design. Mais mon père, qui est sculpteur, m’a donné un conseil très précieux : mieux vaux être une bonne chanteuse qu’un mauvais sculpteur. Il pensait que j’étais plus douée en musique ». « J’ai beaucoup voyagé depuis mon enfance. C’est une chance d’avoir eu la possibilité de visiter beaucoup de pays, de voir différentes cultures, de chanter devant des gens très différents. Mais je ne pourrais pas vivre à l’étranger. Je me sens comme une vraie Yérévantsi. Ici, je me sens tranquille et en sécurité ». « Je n’ai pas l’habitude d’enregistrer les moments négatifs de ma vie. Vous ne trouverez pas une goutte de matière négative dans mon corps. J’efface immédiatement tous les mauvais sentiments de ma mémoire. Par contre, je garde tout le positif. On ne vit qu’une fois et le temps qui nous est réservé est trop court pour focaliser sur des pensées et des sentiments négatifs ». « Je travaille très dur pour laisser une trace dans la chanson arménienne ».

Emmy est habillée par la styliste arménienne Anahit Simonyan

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« J’ai un lien particulier avec la France. Mon père a fait plusieurs sculptures pour l’église arménienne St Jean de Lyon. Je pense que ses œuvres vont être conservées à l’église encore de longues années. J’ai beaucoup d’amis en France. Récemment j’ai participé à un projet artistique qui s’appelle Nous et Nous (Menq yev Menq). J’avais pour partenaire le chanteur Essaï Altounian. C’était une collaboration très agréable et sympathique ». www.emmy.am



Emma Chookaszian Un modèle pas comme les autres

Les apparences sont parfois trompeuses. Si Emma Chookaszian ne renie pas son attrait pour le mannequinat - « qui n’aime pas être mis en valeur ? » -, sa vie ne se résume pas qu’à des séances de shooting glamours et autres défilés prestigieux aux quatre coins du monde. Sa vie, c’est l’art. Pas n’importe lequel. L’art avec un grand A. Etudiante en histoire de l’art à Aix-en-Provence, Emma est passionnée par les manuscrits arméniens illuminés. « Je suis spécialisée dans les manuscrits du Royaume de Silicie des 12e et 13e siècles. J’ai écrit un mémoire sur ce sujet », nous confie-t-elle. Entourée d’un père historien spécialisé dans les manuscrits de Toros Roslin et d’une mère professeur d’histoire de la musique et de psychologie de l’art à l’Université d’état de Erevan, Emma, qui est aussi chanteuse dans plusieurs groupes de jazz en Arménie, ne manque pas d’arguments lorsqu’il s’agit d’expliquer son succès auprès des stylistes arméniens. « L’Arménie est un petit pays, il n’y a pas beaucoup de mannequin à Erevan, et surtout, pas beaucoup de filles qui mesurent plus de 1,75 m. Je suis donc très demandée. J’ai travaillé avec quasiment tous les designers et stylistes du pays. J’ai eu la chance de travailler aussi aux USA - en Floride -, à Saint-Pétersbourg, en France, en Italie et en Géorgie ». Ce qu’elle préfère lors de ces voyages ? Profiter de ses jours off « pour visiter des musées ». Evidemment… FA

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Luska Khalapyan

« Je me sens inspirée à Paris »

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Impossible de ne pas remarquer Luska Khalapyan dans la rue : grande fille mince, port altier, grandes lunettes Alain Mikli (édition spéciale en collaboration avec Jean-Paul Gautier)... Réservée et peu bavarde dans la vie, elle préfère dessiner plutôt que parler. Ou, mieux encore, filmer. Deux ans à peine après son arrivée à Paris, Luska, 25 ans, est en train de se faire un nom dans le milieu du septième art parisien. Son dernier court-métrage Il settimo, travail de fin d’études à EICAR (Ecole Internationale de Création Audiovisuelle et de Réalisation), a obtenu le Grand prix du meilleur film de la promotion. Projeté à Paris, au Forum des Images, ce film a également reçu le prix du festival artistique étudiant Ici&Demain 2013 dans la catégorie courts-métrages, ainsi que des mentions honorables au festival de film Pomegranate au Canada, et au festival international Zoom, en Pologne. Paris, la ville qui enchante… Native d’Erevan, Luska a étudié le cinéma et le théâtre à l’Université Johns Hopkins à Baltimore. C’est en 2010 qu’elle débarque à Paris pour une visite de 5 jours, avant d’aller s’installer à Moscou. Luska est tellement conquise par Paris qu’elle annule son voyage en Russie et décide de faire de la capitale française sa deuxième maison. Aujourd’hui, Luska planche sur son prochain projet, un long-métrage sur la vie parisienne. « Je me sens inspirée à Paris, explique-t-elle. Les seules choses qui me manquent sont la chaleur de Erevan et la gentillesse des Américains ». Un cinéma féminin Passionnée de peinture et de street art, Luska affirme qu’elle a une faiblesse pour le cinéma féminin et qu’elle est capable de savoir si un film est réalisé par une femme dès les premières images. « Les sons y sont différents… Je ne peux pas l’expliquer… C’est différent, c’est tout. Les femmes ressentent les choses différemment ». Parmi les réalisatrices qu’elle aime, Luska cite surtout la Française Claire Denis. « Mais si j’avais la possibilité de prendre un café avec 3 personnes qui m’inspirent, ce serait sans doute Pedro Almodovar, Matteo Garrone et Harmony Korine, s’enflamme-t-elle. Et si on rêve encore plus, j’aurais adoré rencontrer Federico Fellini ». www.luska.fr Par Bella Shakhnazaryan

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Nazik Armenakyan « L’être humain est au coeur de mon travail »

Catanasian

Intch ka est allé à la rencontre de Nazik Armenakyan, une photographe arménienne de Erevan, spécialisée dans le photo-reportage et qui collabore entre autres pour Armenpress et le magazine Yerevan. Ce qui nous a poussé à faire plus ample connaissance avec cette artiste de 37 ans ? Son travail sur les transsexuels arméniens, sujet extrêmement tabou dans le pays, dont nous vous publions ici quelques clichés évocateurs.

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Nazik, pourquoi avoir effectué une série de clichés sur les travestis et transsexuels en Arménie ? J’entendais sans arrêt des choses négatives sur cette population. En Arménie, les gens ne préfèrent pas en parler, mais ces travestis ou transsexuels existent et vivent à nos côtés. La plupart d’entre eux se prostituent pour vivre à Erevan. C’est selon moi la population la plus vulnérable d’Arménie. Les transsexuels sont surtout de jeunes gays qui ont été mis à la marge de la société, et qui ne peuvent pas trouver de travail à cause de leur apparence et de leur orientation sexuelle. La plupart d’entre eux viennent de régions ou de villes reculées d’Arménie pour s’installer à Erevan. Leur réalité est très dure, pleine d’épreuves douloureuses, ils n’ont pas de futur. Comment les gens ont réagi lorsqu’ils ont vu tes clichés ? J’avais très peur de la réaction des gens à mes photos, car il y a beaucoup d’homophobes en Arménie, même dans le milieu de l’art. Mais j’ai reçu de nombreux messages d’encouragement de gens vraiment différents ces dernières semaines. Ces photos leur ont permis d’évoluer sur ces questions-là, de réfléchir. Ils ne peuvent pas oublier ces clichés. Je pense que la chose la plus importante pour un photographe, c’est d’essayer

Pour Layma, être transexuel en Arménie équivaut à s’assurer une vie de solitude.

d’apporter du changement dans la société et d’évoquer des sujets importants à travers leurs œuvres. Plus généralement, sur quoi porte ton travail de photographe ? Je suis spécialisée dans le documentaire. Ma toute première série fut consacrée aux survivants du génocide. J’ai travaillé sur ce sujet entre 1995 et 2010. J’ai suivi 40 survivants que j’ai photographiés. Je trouve ça fascinant de travailler intégralement pendant plusieurs années sur un projet documentaire. C’est un travail de révélation, de suivi, d’investigation, d’implication, d’ouverture. Tu mûris avec le projet et finalement, il devient une partie de ta vie. Quelles sont tes sources d’inspirations ? Je suis inspirée par les gens en général. L’être humain est au cœur de mon travail.

Pourrais-tu quitter l’Arménie pour travailler à l’étranger ? Non, mon lien avec mon pays est trop fort. Tout ce que je fais est lié à l’Arménie. Je suis née ici et je n’ai jamais eu l’idée de partir. Je ne me vois pas vivre ailleurs. Je ne serais pas contre le fait de travailler à l’étranger mais seulement pour des missions ponctuelles. Je voyage souvent, j’adore ça, mais l’Arménie c’est chez moi. Je connais tout de ce pays, la mentalité des gens, les problèmes politiques, sociaux… Je pourrais aller vivre à NY, mais ça ne m’intéresse pas, je préfère rester en Arménie et faire connaître mon pays à travers mon travail sur place. L’an dernier, j’ai gagné le prix de la Fondation Magnum et je suis partie faire 6 semaines de stage intensif sur le thème « Les Droits de l’Homme et le journalisme photo » à l’Université de NY. Armen Catanasian (avec FA)

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Une vie de solitude

Layma, dans son appartement, où transitent beaucoup de prostituées transsexuelles. Elle aussi se prostitue mais rêve d’avoir un autre job.

Une expo jusqu’au 17 août à Erevan. Nazik expose certains clichés de son travail sur les travestis arméniens au NPAK (centre arménien pour l’Art Contemporain expérimental) jusqu’au 17 août. Organisée par le centre de photo-documentaire 4Plus, l’exposition intitulée Mother Armenia, met en valeur le travail de 9 autres photographes arméniennes. L’idée directrice ? Montrer une autre Arménie, et un autre visage de la capitale. Une autre réalité. 38


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Lorena-Madonna (25 ans) a grandi dans un orphelinat. Elle se prostitue depuis 6 ans.

Vika (21 ans) vient d’Abovyan. Elle vit avec d’autres transsexuelles dans un appartement à Erevan. Elle se prostitue depuis 2 ans.

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Lyalya (45 ans) est bisexuel. Il adore s’habiller en femme en soirée.


L’an dernier, Beyoncé a quitté l’Arménie pour “une vie meilleure”.

Lorena, dans le parc où les transsexuels arméniens travaillent la nuit. Malgré de nombreux incidents (harcèlement, discrimination), ce parc, situé à côté de la mairie de Erevan est le seul endroit où cette population peut travailler ouvertement.

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Humanitaire Rencontre avec Mégo Terzian, président de Médecins Sans Frontières

Après avoir dirigé le département des urgences pendant trois ans, le docteur Mégo Terzian a été promu en juin président de Médecins Sans Frontières jusqu’en 2016. Le Franco-Libanais d’origine arménienne a répondu sans langue de bois aux questions d’Intch Ka.

Mégo, que vous inspire votre récente élection au poste de président de MSF ? De la trouille car c’est un énorme challenge. Je vais passer d’un poste opérationnel à un poste institutionnel, donc c’est un peu déstabilisant. Mais j’ai de la chance d’être très bien entouré. Je travaille nuit et jour pour MSF, je suis un « extrémiste » (rires), mais c’est indispensable pour avancer. Il faut avoir un fort degré de militantisme pour faire progresser cette association. De quand datent vos premiers pas avec MSF ? En 1994, en Arménie, alors que j’étais étudiant en médecine, je suis tombé par hasard sur un chef de mission de MSF. Il était étonné de croiser un Arménien qui parlait plusieurs langues dont le Français (Mégo parle l’Arménien, le Russe, l’Arabe, l’Anglais et le Français, ndlr). Il m’a proposé d’intégrer l’organisation, dans un premier temps pendant mes vacances scolaires, afin de donner un coup de main au Karabagh. J’ai donc tout d’abord été traducteur de guides médicaux, de l’arménien au français, et inversement. Ça a duré deux ans.

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« J’ai tout appris en Afghanistan » 43


1971

L’association Médecins Sans Frontières a été créée le 20 décembre 1971 à Paris.

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MSF est présent dans 33 pays parmi lesquels : l’Arménie, le Burkina Faso, le Cambodge, l’Ethiopie, la Colombie, l’Iran, le Congo, le Mali, le Pakistan ou la Syrie. Qu’avez-vous fait ensuite ? En 1996, une fois mon diplôme de médecine en poche, j’ai commencé à travailler dans un hôpital pédiatrique à Erevan. De son côté, MSF avait alors un projet à Erevan, aux côtés d’une organisation qui était en charge de recueillir les enfants des rues, des cas difficiles, puis de les réorienter. MSF transférait de temps en temps des enfants très malades dans notre hôpital. J’ai donc continué à garder le lien avec MSF comme ça. Quand avez-vous rejoint définitivement MSF ? Trois ans plus tard, en 1999, les conditions de travail à l’hôpital de Erevan étaient devenues compliquées, j’avais parallèlement ouvert un bar avec un ami pour pouvoir gagner ma vie. A l’hôpital, je faisais beaucoup de social. Lorsque je croisais des mamans vulnérables qui ne pouvaient pas payer les soins pour leurs enfants, j’achetais moi-même les médicaments.

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MSF en 5 CHIFFRES CLÉS

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59% des activités de MSF sont situées sur le continent africain.

1999

MSF a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1999.

1988 890 890 personnes travaillent aujourd’hui à temps plein pour MSF.

Ça ne plaisait pas à mon chef de service car l’hôpital était en déficit. C’est à cette période qu’un chargé de recrutement de MSF a voulu me rencontrer. MSF m’a proposé une mission en Sierra Leone en tant que médecin dans un petit hôpital pédiatrique. J’ai accepté. J’avais soif de découvrir un autre continent, un autre environnement de travail. Votre entourage a-t-il compris cette décision ? Non. Ils ont été très critiques au début. Les Arméniens d’Arménie sont influencés par les Russes, donc pour eux, il n’y a que l’Eglise Orthodoxe qui est humaniste. Ils ne croient pas trop aux ONG. Ce n’était pas dans leur philosophie. Racontez-nous votre première mission… C’était en décembre 1999, en Sierra Leone donc, dans une zone en guerre qui s’appelle Moyamba. Je travaillais dans un petit hôpital pédiatrique

MSF est intervenu pour la première fois en Arménie en 1988 suite au tremblement de terre. qui comptait 40 lits. Il a fallu gérer une épidémie de rougeole, une épidémie de choléra. On a installé des centres d’isolement pour prendre en charge les malades. Ce fut très enrichissant et passionnant pour moi. J’ai appris beaucoup de choses en 6 mois de présence là-bas. J’ai été ” contaminé ”. J’ai donc ensuite enchaîné les missions pour MSF en tant que médecin, jusqu’en 2005, puis en tant que coordinateur des urgences. J’ai fait 17 missions au total, aux quatre coins du globe (Congo, Iran, Pakistan, Niger, Nigeria, Syrie, Afghanistan, Côte d’Ivoire, etc… ndlr). Sur ces 17 missions, quelle est celle qui vous a le plus marquée ? C’était ma deuxième mission, dans le nord de l’Afghanistan, en 2000 et 2001, pendant 9 mois. Le pays était en guerre. C’était juste avant le 11 septembre. Je vivais dans un endroit perdu dans les montagnes. J’étais le seul expatrié. 120 000 personnes résidaient dans le district où je travaillais. MSF avait un petit hôpital d’une douzaine de lits. J’étais le seul


L’action de MSF en Arménie

Photos MSF

MSF est intervenue pour la première fois en Arménie en 1988 suite au séisme et y travaille depuis cette date. En Arménie, MSF s’implique dans le traitement des patients souffrant de tuberculose résistante. MSF mène ses activités dans des structures de santé locales à Erevan, la capitale, et dans cinq provinces reculées du pays (Armavir, Kotayk, Ararat, Lori et Shirak) où ses équipes travaillent en collaboration avec les professionnels de santé locaux dans le but d’améliorer les pratiques médicales. Au-delà du diagnostic et du traitement, les équipes proposent des services d’accompagnement et de soutien social pour aider les patients à suivre leur traitement jusqu’au bout. MSF fournit également des soins palliatifs et tente d’apporter un soutien aux patients en échec thérapeutique et en phase terminale. L’an dernier, MSF a dépensé 1 252 000 euros dans le pays. L’équipe sur place est composée de 92 membres (11 internationaux et 81 nationaux)

Pourquoi la tubercolose ? Pendant l’ère soviétique, la lutte contre la tuberculose était en grande partie financée par l’État. Après la chute de l’URSS en 1991, le système de santé s’est détérioré et la pauvreté s’est aggravée en Arménie. Des pans entiers de la population ont été exposés à la tuberculose, en particulier les personnes à risque, comme les chômeurs, les sans-abri, les toxicomanes, les détenus, etc. Les années qui ont suivi ont été marquées par une recrudescence massive de la maladie et par des niveaux élevés de formes multirésistantes. L’Arménie, comme la plupart des anciens pays de l’Est, détient aujourd’hui l’un des taux les plus élevés de tuberculose multirésistante. Quand MSF est arrivée en Arménie, l’accès au diagnostic et au traitement de la tuberculose multirésistante était totalement inexistant. Actuellement, MSF dirige deux programmes destinés aux habitants d’Erevan, et de cinq provinces, soit environ 85 % de la population totale du pays. Le principal défi consiste à s’assurer que les patients adhèrent à leur thérapie, longue et toxique. Plus de 25 % des patients abandonnent leur traitement parce qu’ils ne tolèrent pas ses lourds effets secondaires, ou parce qu’ils sont contraints d’y mettre fin pour partir travailler, notamment en Russie. Le traitement actuellement le plus efficace, s’il est correctement suivi, n’échoue que dans environ 10 % des cas.

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médecin de tout le district. De temps en temps, un médecin et un infirmier afghans venaient me donner un coup de main. Les conditions climatiques pendant l’hiver étaient très rudes. C’était le moyen-âge. Il n’y avait quasiment pas de voiture, pas de route. On se déplaçait à cheval. C’est là que j’ai tout appris : à être courageux, solide, médecin humanitaire.

structures hospitalières, conseiller éventuellement les chefs de mission. J’ai été là-bas fin mai, dans le Nord, dans la zone de l’opposition. J’y suis allé pour négocier des espaces humanitaires avec les groupes islamistes, qui sont maintenant les maîtres des lieux. J’ai demandé à augmenter les opérations de secours. Et ma requête a été acceptée.

Depuis plusieurs mois, vous apparaissez souvent dans les médias pour évoquer le conflit en Syrie… Quel est votre travail dans ce pays ? Je m’y rends régulièrement (6 fois en un an, ndlr) pour faire le point avec nos équipes sur place, contrôler nos

Vous aviez lancé un appel l’hiver dernier face aux difficultés d’accès aux soins pour les populations. Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce qui se passe en zone rebelle n’est pas tolérable en terme d’accès aux soins. Aujourd’hui, il y a plusieurs

petits hôpitaux créés par les médecins syriens de Diaspora. Ces petits hôpitaux sont dédiés exclusivement aux chirurgies de guerre. Tout le reste est négligé. Si une femme enceinte a des problèmes, le système de santé publique s’étant écroulé, elle va galérer pour se faire soigner. Idem pour les enfants malades. Aucun établissement ne gère la santé primaire. Les activités de prévention comme les vaccins de routine, ne sont plus opérées, donc le risque d’épidémies est grand. Les maladies chroniques comme le diabète ou l’insuffisance rénale ne sont quasiment plus traitées ou ne sont traités que dans un seul centre. Imaginez la


semaines. J’essayais de ne pas alterner les missions, afin de garder de la distance et la tête fraîche pour être apte à repartir si besoin. Aujourd’hui, les choses sont plus cadrées à MSF. Deux psychologues exercent au siège à Paris. Nos salariés peuvent les consulter à tout moment. Ils sont en charge de la gestion du stress. Ils reçoivent donc régulièrement des expatriés qui reviennent de terrains difficiles. C’est devenu obligatoire. Ils se font systématiquement briefer avant le départ, puis à leur retour. Si nécessaire, les expatriés sont suivis bien après leur mission, avec des psychologues extérieurs à MSF.

difficulté pour avoir recours aux soins ! Pour beaucoup, le risque est fatal ! La première raison de la mortalité en Syrie actuellement n’est paradoxalement pas la violence, mais plutôt l’abandon de soins pour les populations. En étant présent sur des zones de conflit ou de catastrophe naturelle, vous avez dû voir des choses horribles durant votre carrière. Psychologiquement, n’est-ce pas trop dur à gérer ? Oui, c’est très dur, bien sûr. A mes débuts, lorsque je faisais des missions de 6 mois, j’essayais toujours ensuite de prendre un repos de plusieurs

Parlons un peu de l’Arménie… Quel est votre diagnostic sur ce pays au niveau médical ? Même si des progrès sont notables, l’Arménie reste en énorme difficulté économique et sociale. Au niveau médical, il faut savoir que la tuberculose multirésistante est un problème de santé publique dans tout le Caucase. Les traitements pour tous ces patients sont extrêmement chers et donc difficiles d’accès. MSF apporte donc une vraie valeur ajoutée selon moi dans le pays en participant aux traitements pour beaucoup de patients. Les autres problèmes médicaux sont selon moi globalement bien gérés par le Ministère de la Santé arménien. Il y a certains hôpitaux de qualité en Arménie mais le problème, c’est l’accès aux soins pour les personnes en difficulté financière. Il faut encore progresser sur ce plan là.

Comment vivez-vous votre arménité au quotidien ? Dès que je quitte mes bureaux chez MSF, je parle arménien. Avec ma femme, qui est de Erevan, et avec mes amis. Mes amis parisiens sont presque exclusivement des Arméniens d’Arménie. Je ne croise quasiment pas d’Arméniens de diaspora. Tous les soirs, je surfe sur des sites internet arméniens d’informations pour prendre des nouvelles du pays. Je me rends en Arménie tous les deux ans, rendre visite notamment à deux amis médecins qui ont un petit centre de santé près de Goris destiné aux populations vulnérables. Les 100 ans du génocide approchent. Croyez-vous à une reconnaissance par la Turquie ? Je suis optimiste. Il y aura des changements. Il va y avoir un tournant politique aux USA notamment avant 2015. La société turque est quant à elle beaucoup plus ouverte qu’on ne le croit. Je suis allé plusieurs fois en Turquie. Je pense qu’ils sont prêts à accepter certaines choses. Propos recueillis par Fred Azilazian

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Envie d’une mission humanit Vous souhaitez intégrer une équipe de bénévoles pour réfléchir et participer à des missions humanitaires ponctuelles en Arménie ? Ne cherchez plus : Intch ka est là pour vous guider. Voici une sélection de 4 associations arméniennes basées en France qui valent le détour.

ALTITUDE Créé par la JAF en décembre 1988 suite au tremblement de terre, l’association Altitude œuvre depuis 25 ans pour améliorer le quotidien des Arméniens dans le domaine de la santé. Altitude a notamment créé en 1994 la pharmacie centrale de Erevan. Ainsi, jusqu’au 26 janvier 2007, l’association a mis à disposition gratuitement dans la pharmacie des médicaments collectés et conditionnés à Marseille et délivrés sur ordonnance à la population la plus défavorisée de Erevan ainsi qu’à de nombreux hôpitaux d’Etat. La loi française du 11 janvier 2007 interdisant aux associations la collecte de médicaments, a contraint Altitude à fermer cette pharmacie. En 13 années d’exercice, près de 100 000 patients ont toutefois pu bénéficier de cette aide. Avec le soutien du Conseil Général des Bouches-du-Rhône,

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Altitude a inauguré en mai 2003 le Dispensaire français de Gumri. Quatre cabinets dentaires neufs répondant aux normes européennes ont été installés, et pendant 9 ans, ce dispensaire a délivré des soins gratuits à près de 11 000 patients (pauvres, handicapés, familles des victimes de la guerre du Karabakh). Altitude, toujours avec l’aide du CG 13 a, entre autres, également rénové une grande partie de l’orphelinat Houyss de Gumri en 2004 puis 2006, inauguré un Centre d’imagerie médicale (scanner) à Gumri en 2005, ainsi que deux nouveaux dispensaires : l’un, de 400 m2, à Etchmiadzine (2005), dans lequel plus de 8000 patients ont été soignés, et l’autre à Varténis (2009). En mai 2013, Altitude a lancé une campagne de prévention pour la santé buccodentaire des enfants d’Etchmiadzine et des villages alentours. Cette opération

consiste à organiser des visites dans les écoles maternelles et primaires d’Etchmiadzine pour sensibiliser les enfants aux principes élémentaires d’hygiène bucco-dentaire.

Pour participer aux prochains projets d’Altitude ou rejoindre carrément l’équipe, appelez Nouné au 04 91 802 820.


taire ?

Sevan Karian

AYO

UGAB JEUNES

DA-CONNEXION

Emmenée par son équipe jeune et dynamique, AYO est une association d’aide au développement qui vise à améliorer les conditions de vie et d’éducation des enfants en Arménie, en utilisant le sport et l’art comme outils de développement. AYO a construit ou reconstruit des écoles et des infrastructures sportives et artistiques dans des villages pauvres d’Arménie, et a donné vie à ces constructions matérielles en organisant chaque été des camps d’animation pour les enfants grâce à des dizaines de bénévoles venus de France et d’ailleurs. Cette année, du 17 juillet au 6 août, une nouvelle équipe s’est rendue en Arménie pour une nouvelle mission.

La section jeune de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance en France (UGAB) organise sa seconde mission humanitaire et sociale en Arménie du 1er au 30 août à Haygavan (région d’Armavir) et autour du Lac Sévan. Pendant 20 jours, la mission des bénévoles consistera notamment en des actions sociales (animations pour les enfants du village d’Haygavan, sensibilisation à l’hygiène buccodentaire, etc…) et des actions de rénovation et de reconstruction. La mission se poursuivra ensuite autour du Lac Sévan avec une action de préservation et de sensibilisation à l’environnement par le biais notamment de l’installation de panneaux d’affichages destinés aux touristes et riverains afin de les encourager à ne pas jeter les déchets.

La DA-Connexion (Diaspora-Arménie Connexion) organise également une mission humanitaire en Arménie et au Haut-Karabagh, du 3 au 28 août, en partenariat avec Birthright Armenia. Au menu : animations, rénovations, reportages photos et vidéos, ou encore prévention médicale.

contact@ayo.org

contact@da-connexion.org

humanitaire@ugab-jeunes.fr

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Flashback

Photos Raphael Behar

(ça s’est passé au JAF)

Mouvements de vie « Nous étions en paix comme nos montagnes, vous êtes venus comme des vents fous. Nous avons fait front comme nos montagnes, vous avez hurlé comme les vents fous. Eternels nous sommes comme nos montagnes, et vous passerez comme des vents fous. » C’est sur ces mots d’Hovhannès Chiraz que s’ouvrait le dernier spectacle de l’Ensemble Ani, Mouvements de vie le 25 Mai au Palais des Congrès d’Issy-les-Moulineaux. Ce soir là, les danseurs incarnaient ces montagnes aux neiges éternelles, venus nous chuchoter dans la pénombre de la salle leur histoire. Pour la dire, Arto Bekdjian, le directeur artistique et répétiteur de la troupe, avait choisi les meilleurs conteurs : les maestri Vanouch Khanamirian et Azad Gharibian. Les acteurs n’étant autres que les danseurs. Ce spectacle, qui concluait 10 années de travail depuis la naissance de la troupe à l’initiative

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de la JAF, était aussi un hommage à ces deux grands chorégraphes, trésors vivants de la culture arménienne multimillénaire. A l’instar des pièces antiques d’Eschyle et d’Euripide, les acteurs ne racontaient rien d’autre que l’histoire du public. Dès le lever de rideau, le ton est donné : les premiers mouvements sont ceux de la lutte. Ainsi, les vents fous évoqués par le poète se brisent contre la citadelle - le Pert - que montent les hommes et tombent lors de la bataille symbolique de la plaine de Sardarabad, où les Arméniens avaient repoussé les troupes ottomanes. Comme pour mieux souligner la virilité

des hommes, les femmes incarnent à leur tour la douceur des coquelicots balancés au gré des vents apaisés, le charme et la grâce des joueuses de lyre. Puis les scènes de séduction prennent le pas, comme pour nous rappeler l’origine de cette vie que les danseurs nous racontent. La femme est alors au centre de toutes les attentions, tantôt bourgeoise allant à la rencontre des badauds de Tiflis, tantôt jeune fille virginale convoitées par les hommes qui font la démonstration de leur habileté. La première partie s’achève telle qu’elle a commencé : sous les airs du célèbre ballet d’Aram Khatchadourian, Gayané,


les danseurs interprètent la Danse des Sabres, pour nous rappeler que le salut des Arméniens ne se trouve que dans la résistance. Après les danses de Vanouch, la suite du spectacle présente celles d’Azad Gharibian grâce à qui la danse traditionnelle a été codifiée après un long travail de recueil des pas dans les campagnes, à l’instar du Révérend Père Komitas, précurseur de la logique dans le domaine musical. C’est d’ailleurs à lui que l’on pense lorsque le thème de l’exil est abordé, en particulier lors de l’envolée des cigognes incarnée par les femmes, dont il chanta la célèbre plainte. La symbolique des roseaux

est aussi présente, ces plantes qui à l’image du peuple arménien plient mais ne rompent pas sous la menace des vents fous. S’ensuit alors une véritable fresque de la vie pastorale : scènes de travail à travers les gestes des fileuses de laine ou ceux des pêcheurs ; scènes de célébration où les hommes, dansant le kotchari, frappent le sol de leurs pas, affirmant leur domination sur la nature. L’important, dans un spectacle, est toujours ce qui reste au fond de soi quand se sont éteints les feux de la rampe. Une fois le rideau tombé, l’esprit du public dansait encore : au fil de ces mouvements de vie, il avait

retrouvé une partie de lui même. L’ovation qu’il fit aux jeunes danseurs de l’Ensemble Ani n’était pas un simple remerciement pour la beauté du spectacle, c’était un véritable triomphe à la vie car si la danse fait vivre le mouvement, elle ne le fait pas exister. Anouch Dzagoyan

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Arto Bekdjian « On est parti de rien » Quelques jours après le succès du spectacle Mouvements de Vie à Paris, le directeur artistique de la troupe Ani de la JAF, Arto Bekdjian, s’est confié à Intch Ka. Passionnant. Arto, comment décrirais-tu le nouveau spectacle de la troupe Ani à ceux qui n’ont pas eu la chance de le voir ? C’est un spectacle d’apogée (sic). La troupe a été créée en 2001 et n’a pas eu jusqu’ici l’occasion de fêter ses 10 ans d’existence. L’idée c’était de présenter une sorte de bestof de nos danses préférées créées par deux chorégraphes phares : Vanouch Khanamirian et Azad Gharibian. C’est une rétrospective du travail qu’on a mené depuis 10 ans. Le spectacle est scindé en deux parties. La première est consacrée aux danses de Vanouch et la deuxième à celles d’Azad. En séparant de cette façon le travail des deux chorégraphes, on arrive à un résultat étonnant, qui prend aux tripes. Le contraste est réel entre la puissance des danses de Vanouch et la sensibilité de celles d’Azad. Pourquoi avoir appelé le show Mouvements de vie ? Les danses arméniennes sont des moments de vie. Elles ont chacune une histoire, un thème. Grâce à ses moments de vie, j’ai réussi à fédérer des dizaines de jeunes autour de la danse, créant une sorte de grand mouvement de vie. C’est ce que je voulais exprimer dans ce titre. Comment juges-tu le travail de la troupe Ani depuis 2001 ? Quand je suis arrivé à Paris en 2001, il n’y avait pas de troupe à la JAF. Quelques enfants et adolescents se réunissaient le samedi aprèsmidi mais ça s’arrêtait là. Très vite, lorsque j’ai accepté de prendre les choses en main, j’ai essayé de sensibiliser les jeunes à la danse, et on est arrivé petit à petit à ce que deux

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groupes prennent forme : celui des enfants, Nor Alik, et celui des ados et adultes, Ani. Le premier spectacle est arrivé en 2005 avec Songes d’Arménie. On est donc parti de rien, et aujourd’hui, pour Mouvements de Vie, j’ai un effectif de 19 filles et 17 garçons, soit un ensemble de 36 danseurs. C’est fantastique. Il y a trois répétitions par semaine, les mardis, mercredis et vendredis. Aujourd’hui, la troupe Nor Alik se réunit le samedi et compte une trentaine d’enfants. Idéalement, on aimerait qu’il y en ait encore plus car ce sont les gamins qui représentent la relève et qui feront que notre identité ne s’évapore pas. Qu’est ce qui te pousse à continuer à enseigner la danse arménienne, après plusieurs décennies de pratique ? La passion évidemment, mais surtout l’envie de transmettre. Il y a dans la troupe quatre jeunes qui ont été formés en Arménie et qui commencent à prendre la relève et à donner des cours aux enfants, le samedi. C’est un grand plaisir pour moi de voir les choses évoluer de façon positive. Quels sont les projets de la troupe ? Après Mouvements de Vie, on voudrait vraiment passer à autre chose. On a des idées. On aimerait par exemple créer un show à partir du thème du mariage et de l’arbre de vie. Propos recueillis par Fred Azilazian


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Catanasian


Gala des écoles 15 juin, un acte I placé sous le signe de la fiesta !

Mi Nor Syndicate enflamme la JAF Castellane vibre aux couleurs et sonorités arméniennes

La JAF Marseille a organisé sa soirée de clôture le 15 juin dernier. Un programme varié pour réunir les 7 - 77 ans et les inviter à partager un moment de convivialité et de rassemblement culturel. C’est ainsi que les élèves des écoles de langue et musique ont lancé l’acte I du 13ème gala. Entre chants, poésies, théâtre, le public a été transporté par les sonorités des instruments traditionnels. A la fin de ce premier show, c’est à l’extérieur, au cœur de la cité phocéenne, que la Place Castellane a vibré aux couleurs arméniennes autour d’un apéro/barbecue urbain où parents, enfants, amis et familles se sont retrouvés. Et pour clôturer cette soirée, le groupe Mi Nor Syndicate a assuré jusqu’à tard dans la nuit une ambiance jazzy et arménienne des plus festives en cette période estivale !

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Les enfants des écoles de langue et de musique


19 juin, un acte II qui a enflammé le Dock des Suds !

Les enfants de l’éveil 1 âgés de 5 ans, pour leur première fois sur scène

Quatre jours après l’acte I, les 150 élèves des écoles de la JAF ont enflammé le public du Dock des Suds, venu pour l’occasion voir la consécration d’une année de travail ! Quelques heures magiques pendant lesquelles ils se sont produits sur scène pour le plus grand bonheur des quelques 500 spectateurs présents. Grâce à la danse, la musique et langue, ces enfants de 5 à 17 ans ont fait partager la richesse de cette culture plusieurs fois millénaire. A cette occasion, Hranouch Hakobian, Ministre

de la diaspora de la République d’Arménie, a remis à Marion Chamassian (directrice de l’école de danse Vanouch Khanamirian), Michaël Vemian (directeur de l’école de musique Khatchadour Avédissian), Emma Martirosyan (directrice de l’école de langue), et Julien Dikran Harounyan (président de la JAF Marseille), la médaille du mérite pour leur implication dans la préservation de la culture arménienne en diaspora.

Araxe-Sassoun séduit le public d’Aubagne et de Bollène L’ensemble Araxe-Sassoun a participé le 8 juin à Aubagne à l’événement «Le Monde est chez nous» dans le cadre de Marseille-Provence Capitale Européenne de la Culture 2013. Le 20 juillet, c’est à Bollène que l’ensemble a clôturé sa saison artistique. Lors de ces 2 spectacles, Araxe-Sassoun a conquis un public des plus enchanté.

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Encore une colonie inoubliable !

Session rafting pour les courageux

Activité paintball pour le groupe des ados

C’est à Serre Chevalier, station nichée au cœur des Hautes-Alpes, que la 27ème colonie de la JAF s’est déroulée. Un séjour destiné aux jeunes de 6 à 17 ans, qui ont pu découvrir leur arménité via de nombreuses activités

culturelles telles que l’initiation à l’arménien, la musique, la danse et les chants arméniens. De nombreuses activités physiques et sportives étaient également au menu : sports d’eaux vives, escalade, randonnées, VTT,…

Le tout encadré par des professeurs et moniteurs issus de la JAF. Une colonie de vacances familiale pour l’épanouissement de nos enfants !

Courir pour la mémoire soutient des Juniors Une délégation venue d’Arménie, composée de 4 athlètes et de 2 entraîneurs, a posé ses bagages à Marseille du 6 au 16 juillet pour se préparer au mieux physiquement et mentalement aux championnats d’Europe junior d’athlétisme de Rieti (Italie) du 17 au 21 juillet. Grâce à un partenariat entre les Fédérations Française et Arménienne d’Athlétisme, la Ligue de Provence d’Athlétisme et Courir Pour La Mémoire (CPLM) avec le soutien du Conseil Général des Bouches-du-Rhône, ces jeunes champions ont pu peaufiner leur préparation dans les meilleures conditions. C’est la 3ème fois que ce projet est mené, après la participation l’an dernier de la délégation junior aux Championnats du monde de Barcelone, et une délégation d’adultes au Marseille-Cassis qui, pour rappel, avait brillé de mille feux. Cette année, Levon Aghasyan, a été sacré champion d’Europe du triple saut dans sa catégorie. Présent l’année dernière à Marseille, il a rejoint la délégation directement en Italie.

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Misha Hayrapetyan, staff; Gegham TerGrigorian, staff ; Diana Khubeserian, sprinteuse 100m et 200m ; Pascal Chamassian, Président d’honneur de CPLM ; Robert Emmiyan, Président de la Fédération Arménienne d’Athlétisme ; Satenik Hovhannisyan ; Sauteuse en longueur ; Gérard Kirkorian, Président de CPLM ; Suren Khatchatryan ; Lanceur de disques ; Albert Martirosyan, Lanceur de poids

Levon Aghasyan, champion d’Europe triple saut, entouré de ses amis


Robert Terzian

Gilbert Minassian de retour à Marseille : dossier spécial dans le prochain numéro d’IK !

Bienvenue chez toi baron Hovsep ! Après 26 ans de clandestinité, Gilbert Minassian, alias le colonel Hovsep Hovsepian, a fait son retour à Marseille, sa ville natale, le lundi 12 août. A peine sorti du TGV, celui qui fut condamné par contumace à la perpétuité en 1989 pour le braquage d’un fourgon de la Poste

qu’il a toujours nié, a retrouvé ses amis de la JAF sur le Vieux-Port, pour une séance photo dans le Square Missak Manouchian, dont on ne peut s’empêcher de penser qu’il est l’un des héritiers. Gilbert, qui rappelonsle est devenu un héros en Arménie après avoir libéré Karvadjar le 1er avril

1993, lors de la guerre du Karabagh, ne rentre pas dans la cité phocéenne les mains vides : il vient d’écrire un livre intitulé Karvadjar, notre dette d’honneur, disponible au Centre Culturel de la JAF.

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Haynews

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L’ONG Kanachastan et la municipalité d’Erevan ont récemment ouvert la première piste cyclable de Erevan. L’intérêt pour le cyclisme a augmenté dans le pays depuis quelques années. De plus en plus d’ONG et de mouvements de jeunes arméniens prônent un mode de vie sain et écolo.

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Selon une enquête réalisée par une fondation de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Arménie, seuls 8% des entrepreneurs arméniens sont des femmes. L’Arménie compte aujourd’hui 60 000 entreprises, dont 92% de PME.

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2020

L’Arménie veut soumettre sa candidature à l’UEFA pour accueillir un match de l’Euro 2020 de football. Cette compétition devrait avoir lieu dans plus d’une douzaine de villes à travers le continent européen. Le stade Hrazdan de Erevan, d’une capacité de 54 000 spectateurs, va prochainement être ajusté aux normes internationales afin de devenir l’une des meilleures arènes du football en Europe d’ici cinq ans.


200 000

Catanasian

Questionné sur sa fortune par la presse arménienne, le président Serge Sarkissian a déclaré posséder un appartement de 96 mètres carrés à Stépanakert et une voiture Mitsubishi de 1996. Il a par ailleurs déclaré posséder une collection de 32 tableaux de peintres arméniens renommés, ainsi que des statuettes de valeur datant des 18e, 19e et 20e siècles. Son compte en banque ? Garni d’environ 200 000 euros assure-t-il. Officiellement…

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DR

Le monde en 3 images

TURQUIE - PLACE TAKSIM

Le mois de juin a été explosif en Turquie où quelques 2,5 millions de personnes sont descendues dans la rue de près de 80 villes pour demander la démission d’Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir islamiser la société turque, qui rêve toujours d’Europe. La répression policière a été violente (canons à eau, gaz lacrymogènes,…), notamment sur la place Taksim d’Istanbul, symbole du mouvement de protestation. Ces manifestations, qui au départ étaient menées par les écologistes turcs pour s’opposer au projet de destruction du Parc Gezi d’Istanbul - sous lequel est toujours installé le cimetière arménien Sourp Hagop -, ont fait 6 morts et près de 8000 blessés, dont de nombreux journalistes.

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DR

URUGUAY - MONTEVIDEO Montevideo va avoir son Musée du Génocide arménien. L’établissement, qui ouvrira ses portes le 24 avril 2015, a été pensé par le ministère uruguayen de l’Éducation et de la Culture ainsi que la Commission de la commémoration du centenaire du Génocide arménien, composée des associations arméniennes d’Uruguay. Ce musée sera le premier créé à l’initiative d’un État en dehors du territoire arménien. Rappelons que l’Uruguay a été le premier pays au monde à reconnaître le génocide en 1965.

SYRIE - ALEP

Les combats se poursuivent en Syrie où de nombreux arméniens continuent de perdre la vie. Le 23 juillet, à une trentaine de kilomètres d’Alep, deux autobus reliant Alep à Beyrouth avec de nombreux Arméniens à bord ont notamment été la cible d’une attaque par les forces d’oppositions en Syrie. Les tirs ont fait 17 blessés arméniens, selon l’Ambassade d’Arménie à Damas. DR

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Catanasian

Courant Made in d'art France

L’été sera chaud pour Tigran Hamasyan L’été sera chargé pour Tigran Hamasyan, qui sort son tout nouvel album Shadow Theater le 26 août. Après avoir dévoilé début juin sur la toile son premier single, Road song, dont le clip a été réalisé par le photographe arménien Karen Mirzoyan, le génial pianiste arménien va prendre la route pour une série de shows en France, en Italie et en Belgique. Il sera notamment à l’affiche du Jazz festival de la Villette à Paris le 5 septembre. Trois ans après A Fable, qui l’a propulsé au rang de star, avec à la clé une victoire de la musique Jazz en 2011, on espère que ce nouvel album permettra à Tigran de poursuivre sa belle ascension. www.tigranhamasyan.com

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Laurent Garnier et Tricky à Marsatac ! Pour sa 15e édition, qui aura lieu entre le 19 et le 29 septembre à Nîmes et Marseille, le festival électro-pop Marsatac a décidé de frapper fort en programmant 90 concerts dont ceux de Laurent Garnier, Carl Craig, Tricky ou encore Cassius. Dans ce menu concocté par Dro Kilndjian, on retrouvera aussi le slammeur Fred Nevchehirlian, actuellement en préparation d’un nouvel album. Depuis sa première édition en février 1999 à l’Espace Julien de Marseille, Marsatac a vu défiler des centaines d’artistes connus et moins connus (de Public Ennemy à Xzibit en passant par Joey Starr, Mogwai, dEUS, The Divine Comedy, Archive, Rachid Taha, Franz Ferdinand, Kavisnky, Gonzales, Skip the Use, Orelsan, The Do, C2C, etc…) et réunit chaque année de plus en plus d’adeptes (35 000 en 2012) qui viennent parfois de l’étranger pour assister au festival.

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Ara Aslanyan décomplexe VARDAVAR

Vahan Stepanian

Imaginez que vous vous promenez dans les rues d’une capitale moderne. Une bande de jeunes se met à courir derrière vous et au passage vous verse quelques seaux d’eau sur le visage... Vous êtes surpris, abasourdis, vous ne savez pas quoi faire. Appeler la police ? Porter plainte ? Pleurer ? Quelle est la solution ?

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Courant Made in Armenia d'art

Il est difficile de répondre à cette question si vous êtes en France, en Allemagne, en Russie ou ailleurs. Mais si vous êtes en Arménie, la réponse est très simple : souriez et amusez-vous ! Le 14ème dimanche après Pâques on y célèbre Vardavar, une fête traditionnelle et religieuse, qui perdure depuis la nuit des temps. Comme le révèle l’étymologie du mot, « vardavar » c’est la superposition des racines « vard » (rouge pourpre) et « var » (brûlant), signifiant le chaud ardent, caniculaire. C’est au mois de juillet, quand le soleil est à son apogée et la terre souffre de la sécheresse, que l’on célèbre Vardavar. Cette fête, avec son histoire 6 fois millénaire, était au début un rite païen, pour demander les bonnes grâces du Dieu de la Pluie à la période

Cependant l’innovation de l’année et l’événement phare de la journée étaient les séances photo. Les caméras installées dans cinq points dominants estivale. Christianisée avec le temps et perdant progressivement son sens du jardin prenaient des photos spontanées, fixant les moments initial, Vardavar était réduit à un jeu inoubliables de joie et de bonheur. d’arrosage à l’époque soviétique. Malgré la multitude des activités, le scénario était construit autour de Par l’initiative du designer arménien l’eau, la reine incontestable de la Ara Aslanyan, on a fêté Vardavar journée. Les meilleurs photographes autrement en 2013. Il a choisi comme lieux de fête les « Jardins des du pays proposaient des clichés amoureux » ou les Jardins Poghossian insolites des grands et des petits dans leurs délires du jeu d’eau, plongés qui célébraient leur cinquième dans un aquarium, dans la cascade anniversaire cette année. Le but de l’événement était de mettre en valeur ou en train d’arroser les gens. Cinq DJs assuraient la bonne ambiance les jeux et les traditions ancestraux, oubliés avec le temps, en les associant dans tous les coins du site. A la fin avec des activités plus modernes. Les des festivités le concepteur du projet Ara Aslanyan a promis de reconduire festivités du Jardin des Amoureux cet événement l’année prochaine. proposaient une large panoplie d’activités attrayantes: des jeux Liana Davtyan traditionnels, des ateliers de tissage d’épis de blé et dégustations de plats www.vardavar.am anciens.

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L’Arménie en dents de scie La sélection nationale arménienne de football alterne le chaud et le froid lors des phases de qualification pour la Coupe du Monde 2014 au Brésil. D’ailleurs, sauf exploit, elle ne devrait pas se qualifier.

Après avoir raté de très peu sa qualification à l’Euro 2012 en Pologne et en Ukraine, l’Arménie était attendue lors des éliminatoires pour la prochaine Coupe du Monde brésilienne. Mais malheureusement, dans un groupe B au niveau relevé, les joueurs de Vardan Minasyan n’ont pas su confirmer les espoirs placés en eux. Le bilan de mi-parcours est de ce fait assez mitigé. Une 4ème place sur 6 et quatre défaites pour seulement deux victoires en six rencontres. Et si l’Arménie a déçu, c’est surtout à cause de son revers concédé à domicile, le 7 juin dernier, face à une modeste équipe maltaise 0-1. Une défaite qui a refroidi toutes les ardeurs des supporters arméniens ; car une victoire aurait permis aux rouge, bleu, orange de garder contact avec le dauphin de l’Italie, la Bulgarie. Après l’humiliation subie face à Malte, les Arméniens ont su néanmoins réagir, et de belle manière, face au Danemark. A Copenhague, le 11 juin, un doublé de Yura Movsisyan et deux buts d’Aras Ozbiliz et d’Henrikh Mkhitaryan ont permis à l’Arménie de l’emporter 4-0 et de reconquérir le cœur de tout un peuple. Une qualification quasi-impossible

Photolur

Malgré cette embellie en terre danoise, il faudra un exploit à l’Arménie pour voir le Brésil en 2014. La bande à Mkhitaryan compte quatre points de retard sur la Bulgarie, et huit sur la Squadra Azzura. Difficile donc d’espérer se qualifier, d’autant que le calendrier arménien s’annonce des plus compliqués. Un déplacement en République Tchèque le 6 septembre, les réceptions consécutives du Danemark et de la Bulgarie puis une dernière étape en Italie. Les partenaires de Roman Berezovsky ont sûrement grillé leur dernier joker face à Malte. Quoiqu’il en soit, il n’est pas interdit de rêver… Maxime Vaytet-Cazarian

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Rémi Vorano

« Mkhitaryan est, hors politique, l’homme le plus populaire d’Arménie » Le journaliste sportif Rémi Vorano a récemment réalisé un superbe documentaire pour l’émission Intérieur Sport (Canal +) sur Henrikh Mkhitaryan, la star actuelle du football arménien. En exclusivité, il nous raconte les dessous de sa belle rencontre avec le joueur mais aussi et surtout avec l’Arménie.


Rémi, comment avez-vous connu l’Arménie ? J’y suis allé pour la première fois en 2005, juste après avoir passé mon bac. C’était mon premier voyage en solitaire et pour être honnête, j’ai atterri en Arménie par pur hasard. J’avais 17 ans et, dans le cadre d’un projet humanitaire, j’avais le choix entre plusieurs destinations. L’Arménie était le pays le plus lointain et c’est pour cela que j’ai décidé d’y aller. Une fois sur place, le but était de retaper la cours de récréation d’une école à Erevan. Avant cela, vous ne connaissiez pas le pays ? Vaguement, car je n’avais aucun pote d’origine arménienne même si dans ma région, aux alentours de Lyon, il y a une forte communauté. C’est à partir de mon voyage que j’ai commencé vraiment à connaître des Arméniens. Emotionnellement, j’ai énormément accroché avec le peuple arménien. J’ai beaucoup visité le pays et je me suis intéressé à son histoire. Ça a été une fabuleuse première expérience pour moi à l’étranger. L’hospitalité des gens et leur culture à la fois si lointaine et si proche m’ont touché. J’ai senti un lien très fort, un peuple très uni, très homogène. D’ailleurs, à l’époque, je me suis lié d’amitié avec certaines personnes que je vois encore aujourd’hui.

Comment en êtes-vous arrivé à réaliser un sujet sur Mkhitaryan ? En fait, ça a été une coïncidence, même une suite de plein de coïncidences. De par mon voyage arménien, je me suis intéressé à tout ce qui pouvait toucher le pays. J’ai commencé à lire des articles sur Mkhitaryan, à récolter des informations sur lui. J’ai trouvé son parcours original et j’ai commencé à le regarder à la télé, dès que je pouvais, lorsqu’il jouait avec le Shakhtar en Ligue des champions. Et puis en janvier dernier, avant de partir à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) pour un reportage, je suis tombé sur une brève annonçant un match amical à Valence entre l’Arménie et le Luxembourg. J’ai de suite proposé un petit portrait sur Henrikh, qui, pour ne rien gâcher, parlait français. En partant à la CAN, j’ai tout organisé et calé un rendez-vous à mon retour. Malheureusement, je suis arrivé trop tard et j’ai dû demander à un collègue de me remplacer. Ce dernier, ravi, a trouvé l’histoire d’Henrikh très touchante. Ça valait le coup de faire plus, alors, pourquoi pas un documentaire entier pour Intérieur Sport ? Au départ, il n’était pas très partant mais sa mère et sa sœur l’ont rapidement convaincu. C’est comme ça que tout a démarré.

Comment Henrikh est-il perçu en Arménie ? C’est une star c’est certain, mais il peut marcher dans la rue sans être harcelé à chaque pas. Durant le reportage, on pouvait l’attendre en bas de chez lui sans être gênés. En fait, les gens le laissent tranquille. Mais il est clair que c’est la star du pays. C’est un des seuls par exemple à figurer dans des publicités. Lors de la rencontre à la faculté avec Yura Movsisyan et Roman Berezovsky, ses deux compères de l’équipe nationale, c’est Henrikh qui a été au centre de toutes les attentions. D’ailleurs, la plupart des questions étaient pour lui. C’est un garçon hyper disponible, très attentionné. C’est rare vu sa notoriété. La preuve, il a été élu Arménien de l’année et selon moi, il est, hors politique, la personnalité la plus populaire dans le pays. Propos recueillis par Maxime Vaytet-Cazarian

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Hot Hot Hea

Parce qu'ils le valent bien...

Sos Janibekyan Age : 25 ans. Né à : Erevan. Profession : Comédien.

Arbre généalogique : Fils de l’acteur Karen Janibekyan et petit-fils de Gourguen Janibekyan, un des piliers du théâtre et du cinéma arménien. Sources d’inspirations : La vie. Ses rêves. « Je transporte l’énergie de mes souffrances, de mes peines, de mes joies et de mes amours dans les rôles que je joue. Je suis en permanence en attente du miracle qui va se produire. J’aimerais aller le plus loin possible en tant qu’acteur. Je travaille dur pour y arriver. C’est difficile mais je crois aux miracles ». Hobbies : Son métier, regarder des films et écouter de la musique (Avet Terteryan, The Doors, Pink Floyd, Red Hot Chili Peppers, Led Zeppelin, Deep Purple). L’Arménie : «Je m’y sens bien ! C’est chez moi. Je suis toutefois chagriné par l’état actuel du cinéma arménien. Il n’y a pas assez de beaux films, de beaux spectacles. On voit du progrès depuis quelques années mais le métier d’acteur n’a pas encore l’estime qu’il devrait avoir. J’aimerais partir de Erevan quelque temps pour voir autre chose, d’autres cultures. Accumuler de l’énergie et revenir en Arménie pour vivre et créer ici ».

Catanasian

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