FR - Myeloma Today - Volume 23 Numéro 1 - Hiver 2023

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Une publication de l’International Myeloma Foundation

Ce que les patients doivent savoir

Les principales études sur le myélome présentées lors du 64e congrès annuel et exposition de l’American Society of Hematology (ASH, Société américaine d’hématologie)

ÉGALEMENT DANS CETTE ÉDITION :

La recherche sur les disparités dans le cadre du myélome

Les dernières études sur la diversité, l’égalité et l’inclusion présentées lors du 64e congrès annuel et exposition de l’American Society of Hematology (ASH, Société américaine d’hématologie)

VOLUME 23 NUMÉRO 1 HIVER 2023
Cette édition de Myeloma Today a été cofinancée par AbbVie • Amgen • Bristol Myers Squibb • Janssen Oncology • Karyopharm Therapeutics • Legend Biotech • Sanofi • Takeda Oncology

Points clés à retenir du congrès de l’ASH 2022

Ce que les patients atteints d’un myélome et leurs proches doivent savoir

J’ai le plaisir de revenir, pour les lecteurs de Myeloma Today, sur les principaux résumés présentés lors des sessions consacrées au myélome à l’occasion du 64e congrès annuel et exposition de l’American Society of Hematology (ASH, Société américaine d’hématologie) en décembre 2022. Parmi les résumés présentés lors du congrès de l’ASH, plus de 1 000 étaient en rapport avec le myélome, nombre impressionnant qui témoigne d’avancées importantes pour la communauté du myélome. Chaque année, de nouvelles tendances se détachent ; lors du congrès de l’ASH 2022, ce sont les anticorps bispécifiques qui ont suscité l’enthousiasme, face aux résultats qui étaient rapportés pour de nombreux essais cliniques.

Les bispécifiques

Le talquétamab

Le talquétamab est un anticorps bispécifique mobilisateur de lymphocytes T expérimentaux et standards (prêt à l’emploi). Ce traitement cible à la fois la protéine GPRC5D (cible nouvelle au niveau des cellules myélomateuses) et le CD3 (cible au niveau des lymphocytes T). Il active ainsi le système immunitaire afin qu’il lutte contre le myélome. Le résumé 157, qui faisait l’objet d’une présentation orale, a attiré un public nombreux, remplissant cinq salles supplémentaires. Les participants au congrès de l’ASH ont été impressionnés par les résultats globaux. En effet, le talquétamab a montré une solide efficacité et une tolérance qui restent gérables chez les patients atteints d’un myélome multiple récidivant/réfractaire déjà largement traité. Une présentation vidéo par le Dr Ajai Chari est disponible sur le site Internet de l’IMF. Pour regarder les vidéos de l’IMF concernant le congrès de l’ASH 2022, rendez-vous sur videos. myeloma.org et cliquez sur l’onglet « ASH », puis saisissez le numéro de résumé ou le nom de l’intervenant dans la barre de recherche.

Le téclistamab

Le téclistamab, anticorps monoclonal bispécifique récemment approuvé par la Food and Drug Administration américaine (FDA) et commercialisé sous la spécialité Tecvayli™, faisait l’objet d’analyses de corrélation dans le cadre du résumé 97. Le résumé 160 rapportait les résultats de l’essai clinique MajesTEC-2 concernant le Tecvayli en association avec le Darzalex® (daratumumab) en sous-cutané + le Revlimid® (lénalidomide). Une présentation vidéo par la Dr Emma Searle est disponible sur le site Internet de l’IMF.

Autres résultats concernant les anticorps bispécifiques

Le résumé 1919 présentait une première étude chez l’humain portant sur Abbv-383 en monothérapie face au myélome multiple récidivant/réfractaire. Le résumé 4555 fournissait de nouvelles données concernant l’innocuité et l’efficacité de REGN5458 dans le cadre d’une première étude chez l’humain, en traitement du myélome multiple récidivant/réfractaire.

Le résumé 158 montrait que l’elranatamab induit une réponse clinique et moléculaire durable en cas de myélome multiple récidivant/réfractaire. Une présentation vidéo par la Dr Noopur Raje est disponible sur le site Internet de l’IMF.

Le résumé 162 présentait les résultats d’une première étude chez l’humain portant sur l’alnuctamab en traitement du myélome multiple récidivant/réfractaire. Le résumé 567 présentait des données selon lesquelles, face au myélome multiple récidivant/réfractaire, un prétraitement par tocilizumab avant le bispécifique cévostamab permettait de réduire l’incidence et la sévérité des syndromes de libération de cytokines (SLC). Le résumé 161 expliquait que RG6234, anticorps bispécifique mobilisateur de lymphocytes T, est hautement efficace face au myélome multiple récidivant/réfractaire. Une présentation vidéo par le Dr Carmelo Carlo-Stella est disponible sur le site Internet de l’IMF.

Les traitements par lymphocytes T-CAR en première intention

Une nouvelle approche du traitement par lymphocytes T-CAR en première intention a fait parler d’elle. Le résumé 366 était présenté par le Dr Juan Du. Cette étude de phase I portait sur le myélome à haut risque de diagnostic récent et éligible à la greffe. Les données montrent que le traitement par doubles lymphocytes FasTCAR-T BCMA-CD19 (GC012F) présente un bon (suite de la page 4)

info@myeloma.org myeloma.org 2 HIVER 2023 Scientifique et clinique
Réunion de l’International Myeloma Working Group (IMWG, Groupe international de travail sur le myélome) de l’IMF lors du congrès de l’ASH 2022

#WHEREISDRJOE

La recherche sur les disparités dans le cadre du myélome Les principaux résumés concernant la recherche sur le

myélome présentés lors du congrès de l’ASH 2022

Le congrès annuel et exposition de l’American Society of Hematology (ASH, Société américaine d’hématologie) constitue une tribune importante lorsqu’il s’agit de présenter des études révolutionnaires concernant le myélome. Cette vue d’ensemble du congrès qui s’est tenu en décembre 2022 examine plus particulièrement les inégalités de santé. Vous retrouverez un résumé global des études présentées lors du congrès de l’ASH 2022 dans l’article du Dr Durie à la page 5 de ce numéro de Myeloma Today

L’incidence du myélome

Alors que le myélome est considéré comme une pathologie rare, les états précurseurs de cette maladie peuvent être très fréquents. Le myélome représente 2 % de tous les cancers, mais ce pourcentage est deux fois plus élevé parmi les patients afroaméricains. De fait, aux États-Unis, 20 % des patients atteints de myélome sont d’ascendance africaine, donnée qui me touche à la fois sur les plans personnel et professionnel, moi qui suis d’origine africaine.

Quand on parle d’inégalité de santé, on pense aux écarts dans l’incidence d’une maladie. Or en fin de compte, ce qui nous intéresse vraiment, ce sont les taux de survie et la qualité de vie des patients. Alors que les patients afro-américains ont un risque deux fois plus élevé de développer un myélome, leur survie est environ deux fois moins élevée que celle des patients blancs. Le taux de mortalité des patients afro-américains atteints de myélome est presque deux fois plus élevé que celui des Américains blancs. Une telle différence de survie est intolérable.

De même, la survie est moins élevée chez les patients hispaniques atteints de myélome. À noter par ailleurs que globalement, les patients hispaniques sont plus jeunes au moment du diagnostic : en moyenne, le myélome est diagnostiqué entre 69 et 70 ans parmi la population générale, entre 65 et 66 ans parmi les Afro-Américains et entre 64 et 65 ans parmi les Hispano-Américains.

Écart de survie

Les patients afro-américains et hispano-américains atteints d’un myélome sont moins susceptibles d’obtenir un diagnostic précoce et précis. Il existe également des disparités dans l’accès aux quatre grands traitements : le traitement combiné triple (3 médicaments), l’autogreffe de cellules souches (AGCS), les essais cliniques et le traitement par lymphocytes T-CAR (qui figure parmi les derniers traitements développés). Or il est

inacceptable de constater que de si nombreux patients n’ont pas accès aux meilleurs traitements possibles.

Études présentées lors du congrès de l’ASH 2022

Plus de 1 000 résumés en rapport avec le myélome ont été présentés lors du congrès de l’ASH 2022. Quand on sait que les congrès de l’ASH abordent toutes les maladies de sang, il est très enthousiasmant de constater que le myélome bénéficie d’une telle présence. Environ 25 résumés étaient axés sur les inégalités de santé dans les sept catégories ci-dessous. Parmi ces résumés, trois ont eu l’honneur de faire l’objet de présentations orales.

1. Déterminants sociaux de la santé

La santé ne désigne pas uniquement les interactions avec des professionnels de santé. Cette notion englobe également le logement, l’instruction, la nutrition et l’influence de ces systèmes sur notre vie en général. Plusieurs résumés présentés lors du congrès de l’ASH se penchaient sur le racisme et les problèmes de confiance dans le système de santé, ainsi que leur impact sur l’issue de la prise en charge. En ce qui concerne les déterminants sociaux de la santé, un impact significatif est observé non seulement au niveau de la santé en général, mais également plus précisément au niveau du myélome.

Le résumé 4907 étudiait l’impact de l’indice de vulnérabilité sociale (IVS) sur la survie après une AGCS en traitement du myélome. Dans les zones où l’IVS est important, nous devons intégrer ce facteur dans notre travail face au myélome. Le résumé 2266 montrait que les patients appartenant à une catégorie socio-économique moins élevée étaient moins susceptibles de bénéficier d’une AGCS. Le résumé 4522 montrait qu’il n’existait aucun lien entre d’une part la catégorie socio-économique et d’autre part l’observance du traitement, la survie sans progression (SSP) et la survie globale (SG). Or nous savons que l’observance permet de meilleurs résultats.

2. Assurance maladie

Le résumé 2309 examinait les différences entre les origines ethniques en ce qui concerne l’inscription au programme Medicare Part D (médicaments) et la survie chez les patients âgés. Alors que les patients inscrits au programme Medicare Part D ont parfois davantage accès à certains traitements contre le myélome, les origines ethniques ont un impact négatif sur cet accès aux traitements. En effet, une étude portant sur plus de 56 000 patients de la National Cancer Database (base de données américaine concernant le cancer) a montré que les patients afro-américains étaient moins susceptibles de bénéficier d’une mutuelle privée et davantage susceptibles de dépendre du programme Medicaid

+1 800-452-CURE appel gratuit aux États-Unis et au Canada +1 818-487-7455 numéro universel HIVER 2023 3 Scientifique et clinique (suite de la page 6)

Scientifique et clinique

profil de tolérance ainsi qu’une efficacité élevée : un taux de réponse globale (TRG) de 100 % et des tests 100 % négatifs à la maladie résiduelle minimale (MRM). Le délai de production de GC012F est de 22 à 36 heures, soit une fabrication beaucoup plus rapide que les approches standards, tout en obtenant un produit de qualité. Une présentation vidéo par le Dr Juan Du est disponible sur le site Internet de l’IMF.

Résumés iStopMM

Le projet iStopMM (Iceland Screens Treats or Prevents

Multiple Myeloma, L’Islande dépiste, traite ou prévient le myélome multiple) est une étude de l’IMF portant sur le dépistage de la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS) parmi la population générale. Menée par le Dr Sigurður Kristinsson (Université d’Islande, Reykjavík), l’étude iStopMM englobe la population islandaise, où toutes les personnes âgées de plus de 40 ans ont été invitées à participer et ont accepté à plus de 50 %. Au-delà de la population islandaise, c’est à la communauté du myélome du monde entier que les divers résultats d’iStopMM seront profitables. Au total, 10 résumés ont fait l’objet d’une présentation lors du congrès de l’ASH 2022.

Quatre résumés iStopMM présentés

à l’oral

Le résumé 103 montrait que, malgré la prévalence élevée de la MGUS dans le cadre de l’étude iStopMM, la prévalence du soustype IgA n’augmente pas avec l’âge, contrairement aux autres immunoglobulines. Le résumé 105 montrait que les vaccins antiSARS-Cov-2 n’entraînent pas une progression de la MGUS. Une présentation vidéo par le Dr Róbert Pálmason est disponible sur le site Internet de l’IMF.

Le résumé 967 examinait l’épidémiologie et les causes des protéines M, ainsi que l’impact de la spectrométrie de masse dans leur détection et identification. Cette étude a montré un lien entre d’une part le caractère potentiellement temporaire ou transitoire des nouvelles protéines M et d’autre part les protéines de faible niveau détectées à l’aide de la spectrométrie de masse. Cette présentation vidéo par le Dr Róbert Pálmason est également disponible sur le site Internet de l’IMF.

Le résumé 107 évoquait la création d’un modèle multivarié pour prédire le risque de plasmocytes ≥ 10 % dans la moelle osseuse, limite au-delà de laquelle le MGUS devient un MMI, en sachant que ce dernier présente un risque supérieur d’évolution en un myélome. Les participants au congrès de l’ASH se sont particulièrement intéressés à ce résumé. En cas de MGUS, quatre facteurs prédictifs permettaient de déterminer s’il était nécessaire de prélever d’office des échantillons de moelle osseuse : l’isotype de la MGUS (IgG, IgA, biclonale) ; la concentration en protéines M ; le ratio de chaînes légères libres ; et les concentrations totales en IgG, IgA et IgM. Ce modèle de risque a permis d’éviter un prélèvement de moelle osseuse chez 36,1 % des patients.

Parmi une cohorte de 75 422 patients âgés de 40 ans ou plus (51 % de la population islandaise) et s’étant soumis à un dépistage, une MGUS a été identifiée chez 3 358 personnes, dont 2 542 ont été randomisées dans le groupe « suivi actif ». Une application a été créée afin de calculer le niveau de risque ; elle est disponible sur istopmm.com/riskmodel.

Ce site permet de saisir les résultats d’analyse des patients afin d’obtenir une prédiction du pourcentage de plasmocytes présents dans la moelle osseuse. Les patients et les médecins peuvent utiliser ces résultats pour choisir la meilleure approche

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au cas par cas, tout en intégrant des facteurs comme l’âge, le coût et les préférences.

Six résumés iStopMM au format affiche

Le résumé 3188 s’intéressait à l’utilisation de la cytométrie en flux de nouvelle génération (CFNG) pour déterminer l’hémodilution dans les échantillons de moelle osseuse prélevés à des fins diagnostiques, dans le contexte du myélome et ses précurseurs. Le résumé 4455 examinait les plasmocytes tumoraux en circulation parmi la cohorte de l’étude iStopMM présentant un myélome multiple indolent (MMI). L’objectif est de proposer une prise en charge clinique et des traitements aux patients qui en tireront un bénéfice supérieur, tout en limitant les interventions thérapeutiques lorsqu’elles ne sont pas nécessaires. Le résumé 4504 examinait la MGUS en lien avec plusieurs paraprotéines.

Le résumé 4507 montrait que chez les patients dépistés qui ne présentaient aucune pathologie connue avant le test, il n’existe aucun lien entre les maladies auto-immunes sous-jacentes et la MGUS. Ce résultat remet en question la corrélation selon laquelle les protéines M seraient une cause possible des problèmes auto-immuns. Le résumé 4537 expliquait que l’hypercalcémie, particulièrement lorsqu’elle est isolée, n’est pas un indicateur fiable de progression de la MGUS. Enfin, le résumé 4541 ne démontrait aucun lien entre la MGUS et l’insuffisance rénale chronique.

Bases de données des dépistages en Islande

N’hésitez pas à consulter tous les résumés issus de l’étude iStopMM. Mis bout à bout, ils soulignent de nombreux paradigmes nouveaux dans l’évaluation et la prise en charge des troubles des protéines M et permettent des observations inédites. Ces données inaugurent une nouvelle ère dans l’étude des entités pathologiques précoces qui sont potentiellement des précurseurs du myélome ou d’autres troubles

lymphoprolifératifs. Rendez-vous sur myeloma.org/black-swanresearch-initiative/istopmm pour en savoir plus sur l’étude iStopMM.

Les approches curatives potentielles

La Black Swan Research Initiative® (BSRI®) de l’IMF finance des essais cliniques CURE aux États-Unis et dans le reste du monde. Parmi eux, les études ASCENT et CESAR portent sur une stratégie curative visant à traiter agressivement le myélome précoce. Cette approche curative est centrale dans la feuille de route de la BSRI en vue de trouver un traitement contre le myélome. Des traitements nouveaux efficaces contre le myélome multiple permettent d’obtenir des rémissions plus longues et la notion de « guérison » émerge sous trois formes :

 La guérison fonctionnelle, quand le patient présente une rémission prolongée, mais une petite quantité de myélomes est encore détectée par les analyses.

 La survie relative normale, quand le patient présente une rémission prolongée et atteint une survie égale ou supérieure aux autres personnes du même sexe et du même âge.

 La vraie guérison, qui est l’objectif des essais CURE. Ce dernier type de guérison est le plus difficile à confirmer, quel que soit le niveau de sensibilité des analyses pratiquées.

Essais CURE présentés lors du congrès de l’ASH 2022

Le résumé 757 présentait des données de l’essai clinique ASCENT concernant un traitement d’induction agressif d’une durée fixe face au MMI à haut risque. Ce traitement associait Darzalex + Kyprolis® (carfilzomib) + Revlimid + dexaméthasone (D-KRd) pendant deux ans. 87 patients ont été sélectionnés pour cette étude, dont 31 % reçoivent encore un traitement actif.

À ce jour, le meilleur TRG est de 97 % ; la maladie a progressé chez seulement trois patients. 84 % des patients ont obtenu (suite à la page suivante)

1. Cesar Rodriguez, MD

2. Alfred Garfall, MD

3. Bruno Paiva, PhD

4. Joseph Mikhael, MD

5. Suzanne Lentzsch, MD, PhD

6. Philippe Moreau, MD

7. Sonja Zweegman, MD, PhD

8. Paul Richardson, MD

9. Meletios Dimopoulos, MD

10. Noopur Raje, MD

11. Thomas Martin, MD

12. Sundar Jagannath, MD

13. Sigurður Kristinsson, MD, PhD

14. Ruben Niesvizky, MD

15. Elena Zamagni, MD, PhD

16. Ajai Chari, MD

17. Jesús San Miguel, MD, PhD

18. María-Victoria Mateos, MD, PhD

19. Dr Shaji Kumar, Kenneth Anderson et S. Vincent Rajkumar, avec Lisa Paik (IMF)

20. Sikander Ailawadhi, MD

21. Solomon Manier, MD, PhD

22. Noemí Puig, MD, PhD

23. Sæmundur Rögnvaldsson, MD, PhD

24. Dan Vogl, MD

25. Kwee Yong, PhD

26. Dan Navid (IMF) s’exprime en ouverture d’une réunion auxiliaire de l’Asian Myeloma Network (AMN) lors du congrès de l’ASH

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Scientifique et clinique

TEMPS FORTS DU CONGRÈS DE L’ASH 2022 – SUITE DE LA PAGE 5

une négativité de la MRM au niveau de la moelle osseuse. La durée médiane pour atteindre cette négativité de la MRM était de 6,6 mois. Elle a été observée : à la fin de l’induction chez 53 patients ; à la fin de la consolidation chez 16 patients ; et à la fin du traitement d’entretien chez 4 patients. Par conséquent, la négativité de la MRM augmentera à mesure que les patients termineront leur traitement. Le traitement a été bien toléré et aucune alerte inattendue n’a été rapportée sur le plan de la toxicité. Ces données sont très prometteuses quant à une négativité de la MRM sur le long terme et la possibilité d’une « guérison » chez certains patients. Le résumé 118 présentait l’analyse post-hoc des niveaux de MRM durablement indétectables dans le cadre de l’essai clinique GEM-CESAR. Cet essai, qui portait sur le MMI à haut risque, assurait un suivi plus long après l’étude du traitement Kyprolis + Revlimid + dexaméthasone (KRd) associé à une autogreffe de cellules souches (AGCS) plutôt qu’au Darzalex. Les résultats étaient similaires à ceux de l’étude ASCENT : 63 % des patients ont atteint une négativité de la MRM à l’issue du traitement d’entretien. Après 70,1 mois de suivi, 94 % des patients sont toujours en rémission et la maladie a évolué chez 6 patients. À ce jour, 7 patients sont décédés, soit un taux de survie à 6 ans aux alentours de 90 %. Une présentation vidéo par la Dr MaríaVictoria Mateos est disponible sur le site Internet de l’IMF.

Bien qu’un suivi plus long soit nécessaire dans le cadre des essais ASCENT et CESAR, on peut raisonnablement s’attendre à d’excellents bénéfices sur le long terme.

Approches pour la détection de la MRM

Le résumé 865 présentait l’utilisation d’analyses ultrasensibles de la MRM dans le sang périphérique en complément de la CNFG.

L’objectif était d’obtenir une sensibilité de 10-7 ou 10-8 d’après la méthode « BloodFlow », méthode qui s’avère très prometteuse en vue de réduire les prélèvements de moelle osseuse. Une présentation vidéo par la Dr Laura Notarfranchi est disponible sur le site Internet de l’IMF.

Le résumé 866 abordait l’impact clinique de la CNFG au niveau de la moelle osseuse comparativement à la spectrométrie de

masse au niveau du sang périphérique pour ce qui est d’évaluer la MRM. La CNFG de moelle osseuse et la spectrométrie de masse sanguine ont produit des données prédictives similaires. Des analyses sanguines récentes semblent pouvoir réduire considérablement la nécessité d’avoir recours à des prélèvements de moelle osseuse. Cette tendance est très prometteuse à la fois pour les patients et pour l’efficacité des essais cliniques. Bien qu’un suivi plus long soit nécessaire dans le cadre de ces deux essais, on peut raisonnablement s’attendre à d’excellents bénéfices sur le long terme. Une présentation vidéo par la Dr Noemí Puig est disponible sur le site Internet de l’IMF.

Approche permettant d’éviter la dexaméthasone

Le résumé 569 présentait une analyse de l’efficacité et l’innocuité dans le cadre de l’essai clinique de phase III IFM2017-03. Cet essai a beaucoup intéressé les participants du congrès de l’ASH 2022 en raison de son approche non agressive chez les patients fragiles et âgés atteints d’un myélome de diagnostic récent. L’association Revlimid + dexaméthasone (Rd) était comparée à l’association Darzalex + Revlimid (DR), qui permet d’éviter la dexaméthasone. S’il est vrai que l’association Rd produit des réponses plus profondes, le DR a présenté d’excellents résultats sans dexaméthasone au long cours. En outre, ce traitement était bien toléré, ce qui rend son utilisation possible chez les patients fragiles ou âgés.

Conclusion

Des recherches importantes concernant le myélome se poursuivent. Les comptes rendus présentés lors du congrès de L’ash 2022 sont porteurs de nombreuses observations nouvelles et d’un immense espoir pour l’avenir immédiat. Retrouvez ces résumés plus en détail dans les vidéos que l’IMF a réalisées avec les intervenants du congrès de l’ASH 2022, à l’adresse videos. myeloma.org. L’IMF met également à votre disposition deux webinaires : « Top Myeloma Research Presented at ASH 2022 » (Les principales recherches sur le myélome présentées lors du congrès de l’ASH 2022) et « Making Sense of Treatment » (Comprendre le traitement). MT

LA RECHERCHE SUR LES DISPARITÉS DANS LE CADRE DU MYÉLOME – SUITE DE LA PAGE 3

ou de n’avoir aucune assurance, ce qui entraînait une survie inférieure. Plusieurs résumés conseillaient aux établissements de santé de se doter de « navigateurs » chargés d’aider les patients à s’inscrire à une assurance maladie et à d’autres programmes utiles.

3. Accès au traitement

Quelle est la plus grande inégalité de santé face au myélome ? L’accès au traitement. Le résumé 172 se penchait sur les obstacles à un accès à la santé dans le cadre du myélome. Pour résoudre toutes les difficultés lorsqu’il s’agit d’inciter les patients à consulter, une intervention sur plusieurs niveaux est nécessaire. En outre, cette intervention doit impliquer les acteurs locaux et comprendre une assistance pour organiser le transport, appréhender les aspects financiers et prendre des rendez-vous. En conclusion, cette étude expliquait qu’un

travail de sensibilisation à l’échelle locale était important, afin d’informer à la fois les patients et le personnel soignant généraliste. Il est gratifiant de voir un résumé de premier plan lors du congrès de l’ASH évoquer l’importance des acteurs locaux et la nécessité d’informer les soignants généralistes en vue de réduire les inégalités de santé.

4. Différences au niveau de la biologie

Des études avaient déjà démontré que la biologie du myélome est différente parmi les patients afro-américains, chez qui l’anomalie cytogénétique de risque standard « t(11;14) » est associée à une incidence supérieure, tandis que l’anomalie cytogénétique à haut risque « délétion 17p » présente une incidence inférieure. Par conséquent, les patients afroaméricains sont davantage susceptibles de bien répondre au traitement contre le myélome, car sur le plan biologique,

info@myeloma.org myeloma.org 6 HIVER 2023

leur pathologie est associée à un risque inférieur. Lorsque ces patients ont accès aux mêmes traitements, la différence de mortalité par rapport aux patients blancs s’efface.

Le résumé 3582 soulignait l’impact des origines hispaniques sur les caractéristiques du myélome. Comparativement aux patients blancs, les patients hispaniques sont davantage susceptibles de présenter un myélome extramédullaire et une anomalie chromosomique « délétion 1p ». Le résumé 4495 examinait la fonction rénale et les origines ethniques des patients qui faisaient l’objet d’un dépistage de la MGUS. Le résumé 252 (qui figure également dans les deux catégories ci-dessous) présentait les différences ethniques dans le contexte des résultats cliniques des patients atteints de myélome traités par lymphocytes T-CAR.

5. Effets secondaires

Le résumé 252 montrait que les patients afro-américains et hispano-américains étaient davantage susceptibles de présenter un syndrome de libération de cytokines (SLC) après un traitement par lymphocytes T-CAR. Ils étaient également davantage susceptibles d’avoir une hospitalisation plus longue. Le résumé 3173 remarquait que les patients afro-américains récemment diagnostiqués risquaient davantage de développer une neuropathie périphérique sous l’effet du Velcade® (bortézomib). Le résumé 4560 portait sur un sous-groupe de patients noirs au diagnostic récent, éligibles à la greffe et recevant un traitement combiné quadruple (4 médicaments). Cette étude a montré que les patients afro-américains risquaient davantage de nécessiter une réduction de la dose et d’arrêter le traitement en raison des effets secondaires. En revanche, leur mortalité était inférieure.

6. Issue de la prise en charge

Plusieurs études se penchaient sur les différences entre les résultats des essais cliniques et les résultats observés en conditions réelles. Ces études s’appuyaient souvent sur de grandes bases de données comme le programme Surveillance, Epidemiology, and End Results (SEER, surveillance, épidémiologie et résultats finaux) du National Cancer Institute (NCI, Institut américain de lutte contre le cancer). Le résumé 4904 observait les grandes tendances au fil du temps en ce qui concerne la SG des patients atteints de myélome, en fonction de leurs origines ethniques et de leurs comorbidités. Face au myélome, la SG continue de s’améliorer. Malheureusement, cette amélioration n’est pas aussi marquée chez les patients afro-américains et hispanoaméricains. Ceci étant dit, il existe un espoir, dans la mesure où l’écart se réduit. À noter qu’une baisse de la survie est observée, quelles que soient les origines ethniques, en cas de diabète et d’hypertension. En tant que médecin spécialisé dans le myélome, je traite des patients, et pas uniquement des plasmocytes. Je tiens compte du cadre social et de la prise en charge médicale dans leur ensemble.

Le résumé 252 remarquait que, comparativement aux patients blancs, les patients hispaniques semblaient présenter un taux de réponse et une SSP inférieurs après le traitement par lymphocytes T-CAR. Cette donnée, qui doit être mieux comprise, nous permet d’apprécier l’impact des origines ethniques, y compris sur les nouveaux traitements hautement

efficaces. Le résumé 4948 examinait les facteurs associés à une mortalité précoce chez les patients décédés dans les deux ans suivant le diagnostic de myélome. Or ces décès précoces sont plus fréquents chez les patients afro-américains et hispanoaméricains. De toute évidence, il reste un travail considérable pour réduire ces disparités.

7. Communication

Le résumé 2235, présenté par moi-même, rapportait le vécu et les attentes des médecins et des patients, ainsi que leurs impressions face au traitement. L’objectif était de mettre en évidence les éventuelles différences de point de vue. Cette étude nous a montré que souvent, il existe une différence entre les patients blancs et afro-américains en ce qui concerne les problématiques suivantes : dans quelle mesure ils sont à l’aise face à leur plan thérapeutique ; dans quelle mesure ils font confiance à leur équipe thérapeutique ; et dans quelle mesure ils ont l’impression qu’on leur a signalé les problèmes potentiels. L’un des points essentiels est que la relation et la communication entre les patients et les fournisseurs de soins sont de première importance. N’ayez pas une idée préconçue concernant vos patients avant même de les voir. Écoutez-les. Quels sont leurs souhaits et leurs attentes ? Pourquoi hésitentils ? Ont-ils besoin d’aide pour prendre des décisions ? Signal très positif, de nombreux médecins qui participaient à cette étude étaient disposés à adopter des stratégies pour améliorer la communication avec les patients. Ils étaient notamment d’accord pour suivre des formations concernant les préjugés implicites et le partage des décisions.

Conclusion

C’est un honneur de vous présenter les études récentes concernant les disparités dans le cadre du myélome. Ces écarts ne se retrouvent pas uniquement dans le retard de diagnostic et l’accès au traitement. Ils englobent également le racisme systémique qui gangrène notre système de santé et la manière dont les fournisseurs communiquent avec les patients et leurs aidants.

L’IMF s’efforce non seulement de mieux comprendre ces disparités, mais aussi d’amener des solutions. Ainsi, l’IMF a lancé son initiative M-Power pour donner aux patients et aux acteurs locaux le pouvoir d’infléchir le myélome. Nous nous associons aux groupes locaux, qu’ils évoluent dans le domaine médical ou non, pour sensibiliser concernant le myélome, pour permettre un diagnostic plus précoce et précis et pour améliorer l’accès au traitement. Rendez-vous sur le site mpower.myeloma.org pour en savoir plus sur notre programme et pour consulter les ressources que l’IMF met à la disposition de tous. En travaillant main dans la main, nous pouvons changer la vie des patients atteints de myélome. MT Ne manquez pas la prochaine chronique #WHEREISDRJOE du Dr Mikhael et si vous avez des questions ou inquiétudes concernant le myélome, n’hésitez pas à appeler l’infoline de l’IMF. Nous vous répondons de 9 h à 16 h (18 h à 2 h, heure de Paris) du lundi au vendredi, au 1.800.452. CURE aux États-Unis et au Canada, ou au +1.818.487.7455 dans le reste du monde. Veuillez soumettre vos questions par courriel à l’adresse

InfoLine@myeloma.org

+1 800-452-CURE appel gratuit aux États-Unis et au Canada +1 818-487-7455 numéro universel HIVER 2023 7

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