i said a hip... vol.2 (Winter Issue)

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i said a hip... #2 // winter issue




oh oh oh... c’est la Père Noël... Mais non, quel naïf tu fais, toi jeune lecteur qui a gentiment patienter 3 mois avant de retrouver ton magazine préféré. Et bien le voilà... au pied de ton sapin électronique... Franchement, ce ne sont pas tous les pères Noël qui te feraient des cadeaux en avance. Et même si tu as été le plus gros des con**** cette année, tu y as le droit quand même... on n’est pas là pour juger. Pour ce nouveau numéro, i said a hip... a mis pas mal de trucs dans sa hotte. Tout d’abord, on a embarqué avec nous une journaliste de talent. Vous savez que tous les grands médias ont leur reporter qui sillonne le monde pour être au top de l’actu. Et bien, nous, notre grand reporter vient de... Marseille. Bon c’est pas New York mais Linda, parce que c’est son prénom, a plein de qualités et n’a rien à envier à PPDA... Linda est parisienne, expatriée à Marseille et rencontre du beau monde et se retrouve toujours dans les concerts à voir. Elle écrit des articles, elle fait des photos et parce que tout ça ne suffit pas, elle fait également des interviews. Que du bonheur pour nous, d’autant plus qu’elle a eu la gentillesse de participer à notre modeste magazine. Autre fierté : Margaux Motin. Si tu ne sais pas qui c’est, franchement, y a du boulot pour 2011. Après avoir eu comme parrain Speedy Graphito, il nous fallait encore du lourd pour ce nouveau numéro. Et c’est du côté de l’illustration que nous sommes allés interviewer Margaux qui vend ses albums comme des petits pains (ou plutôt des bûches de Noël...) Je crois qu’on a fait a peu près le tour et on va vous laisser déguster cette Winter Issue remplit de musique, de chansons à gogo, de clips en veux-tu en voilà, et quelques extras culturels, parce qu’il n’y a pas que la musique dans la vie... En espérant que vous apprécierez ces 172 pages... On vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d’année. Profitez en bien. Démontez la dinde, explosez les marrons. Et on finira avec...

oh oh oh ! joyeux noël i said a hip... vol.2 // winter issue


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Aloe Blacc Good things (p.24)


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antony

& The Johnsons

une certaine idée du beau

Il

y en a qui diront que Swanlights n’est qu’un album de plus pour Antony. Que l’artiste continue de se languir sur des mélodies simplistes. Pas faux, mais Antony a quelque chose d’inégalable. Un petit truc en plus qui nous hypnotise. Qui nous émeut chaque fois que sa voix cristalline arrive à nos oreilles. Swanlights est peut-être l’album le plus simple de l’anglais. Oublié l’esprit baroque des premiers albums. Les premières notes de Everything is new nous le prouve. Quelques accords de piano. Antony qui se chauffe. Pas plus. Pas moins. On aimera le lyrisme de Ghost. L’ambiance Pull Marine (interprétée par Isabelle Adjani) de

I’m in love. Le chamanisme de Swanlights. La touche jazzy de Thank your for your love. Le duo avec Björk sur Flétta. La voix d’Antony dont il se sert comme d’un instrument. Alors peut-être que Swanlights est un album de plus, mais Antony sait, à lui seul, sublimer les mélodies les plus simplistes, donner une ambiance incroyable à un album. Sur scène, la magie opère dès les premières secondes. Si vous ne connaissez pas encore la musique d’Antony, offrez-vous le CD pour Noël. Si vous la connaissez, offrez le CD à vos amis.

antony & the johnsons swanlights myspace voir le clip de thank your for your love

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die leantwoord freak show

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Attention...

les lignes qui vont suivre peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes. Car comment présenter Die Antwoord en restant sobre et propre sur soi. Venant tout droit d’Afrique du Sud, Die Antwoord est un futuristic rap-rave crew (en anglais dans le texte...), digne représentant (et peut-être seul représentant) d’un nouveau courant musical le ZEF (on est incapable de vous expliquer simplement). Le grand maître du ZEF s’appelle Ninja... la fre$ Futuristik Rich Bitch porte le doux nom de YOLandi Vi$$er... et le mystérieux beat monster n’est autre que DJ Hi-Tek. Ça vous donne une idée du concept. Die Antwoord est un freak show musical aux personnages tous plus bizarres les uns que les autres. Pour l’occasion, on ne pourra reprocher au groupe de ne pas avoir d’univers. Cette bande de déglingos est assez porté sur le sexe. Il ne vous faudra pas longtemps pour vous en rendre compte. Que ce soit sur Enter the ninja où YO-Landi Vi$$er nous fait un strip-tease (plu-

tôt moyen) en chantant «I am your butterfly...». Ou sur Zef Side, quand Ninja s’amuse avec son sexe caché dans un caleçon Pink Floyd. Ou sur Evil Boy qui raconte l’histoire d’une légende vivante au pénis surdimensionné... Rien que pour son univers déjanté, on vous conseille d’aller jeter un oeil sur les clips de Die Antwoord... Allez carrément jeter une oreille si vous aimez le hip-hop syncopé et les trucs complètement loufoques. Sûr que Die Antwoord apportera une ambiance toute particulière à votre repas de Noël.

die antwoord sos myspace voir le clip de evil boy

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n*e*r*d sound designer since 2002

Nothing

... Selon ses dires, Pharrell serait parti de rien pour ce nouvel album. A quelques jours de la première session d’enregistrement, il aurait jeté toutes ses compos. Voulant revenir à quelque chose de plus brute, de plus authentique. Loin du bling-bling ? Pas forcément. Pharrell restera toujours Pharrell. Mais autant Pharrell et ses compères ont inventé des sonorités, ont déstructuré la musique sur les premiers albums, autant Nothing est un album d’influences. Ils le disent eux-mêmes. Jim Morrison, Queen, Ennio Morricone, la musique black américaine des années 60/70. Et le résultat est plus qu’intéressant. D’un tube comme Hot’n’Fun, au rock de I wanna Jam, en passant

par les longues plaines Morricon(iennes) de The Man, donne à Nothing une énergie très sympa. Et qui rassure quant aux qualités artistiques de N*E*R*D qui avait un peu déçu avec le précédent album. Nothing renoue avec ce que le groupe sait faire de mieux : jouer avec la musique, les sonorités. Ne pas se contenter de faire un simple album de hip-hop. Une fois de plus, Pharrell prouve que sa musique n’a pas de frontières et qu’il est encore loin d’avoir tout exploré.

n*e*r*d nothing myspace voir le clip de hypnotize u

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B B lack lack

Malgré

un nom un peu pompeux, la chillwave est une musique qui ne nous a jamais déçu jusqu’à maintenant. Et ce n’est pas le Summer Heat de BlackBird BlackBird qui nous fera changer d’avis. Pour info, la chillwave est en quelque sorte le joint de la musique. Un son un peu planant, calme, doux, qui endormirait le plus excité des hyperactifs. Les nappes aériennes synthétiques remplaçant les beats habituels de la musique de clubber. Avec Summer Heat, BlackBird BlackBird donne à écouter la bande son d’un été. Une musique douce et délicate qui accompagnerait aussi bien un ride de surf, qu’un apéro de fin de journée.

ird ird

Ce qu’on apprécie d’autant plus est la durée des chansons. Entre 1’30 et 3’00. Ça évite la lassitude des morceaux interminables de plus de 5’. BlackBird BlackBird a donc composé des instantanés musicaux qui colleront bien avec les 250 photos de vos dernières vacances. Sympa la soirée diapo.

blackbird blackbird summer heat myspace voir le clip de pure

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acte II

Kid CuDi

la lĂŠgende de Mr. Rager i said a hip... vol.2 // winter issue


Le

rap américain est sans doute le meilleur. Mais depuis quelques années, on tourne un peu en rond. Le bling-bling prédomine. L’auto-tune en perfusion. Malgré tout, il reste des artistes comme Jay-Z, Kanye West, Lupe Fiasco et Kid CuDi entre autres, qui abordent le hip-hop d’un point de vue «artistique», plus que comme une campagne publicitaire géante. Certains devenant même parfois un brin mégalo. Celle-là, elle est pour toi Kanye. Mais tant que le son est à la hauteur, il est facile de pardonner. Après un premier album magnifique et novateur, on était impatient de connaître la suite des aventures du Man on the Moon... En débutant le travail sur ce deuxième album, Kid CuDi voulait créer quelque chose de plus festif. Avant de se raviser... Et de considérer son nouveau bébé comme l’une de ses créations les plus sombres. The Legend of Mr. Rager est le digne héritier de son prédécesseur. Différent mais pas trop, il en est la suite logique. Kid CuDi d’inventer le feuilleton musical. Ou plutôt l’opéra-rap. Car il est difficile de définir précisément l’am-

biance musicale fabriquée par Kid CuDi. Si les bases sont essentiellement hip-hop, l’homme y intègre du rock, quelques nappes électroniques, créant une ambiance assez «spatiale». On appréciera également les nombreux featurings : Mary J. Blige, Kanye West, Cage, St. Vincent, GLC... Avec Man on the Moon II : The legend of Mr. Rager, Kid CuDi se ballade en apesanteur dans une forme musicale qu’il maîtrise à la perfection. En 5 actes et 17 chansons. Et deuxième volet de sa trilogie. To be continued...

kid cudi man on the moon II : the legend of mr. rager myspace voir le clip de refovev (live from bape store) i said a hip... vol.2 // winter issue


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aloe blacc to the classics i said a hip... vol.2 // winter issue


Good Things

porte bien son nom. Si toi aussi tu aimes les petites sonorités old-school faites de soul, de jazz et de tout ce qui va avec, tu vas être heureux. Il y a quelques mois, on entendait I need a dollar, titre imparable qui restera, et parce qu’on n’a pas peur des mots, comme l’un des meilleurs titres hip-hop/soul de cette année 2010. Ce premier single avait donc mis nos nerfs à rude épreuve car l’attente de l’album se faisait interminable. Et quand celui-ci fut enfin sorti, surprise ! On n’attendait pas l’homme dans ce registre. On savait Aloe Blacc très bon rappeur, amoureux de sonorités jazzy et soul mais on n’avait eu que très peu l’occasion de l’entendre véritablement, sur tout un album, en crooner, en soul man, faisant passer, sans être mauvais langue, Ben l’Oncle Soul pour un petit joueur. Avec ce nouvel album, Aloe Blacc se place définitivement en digne représentant de la soul moderne. Reprenant tous les bons ingrédients du bon son old-school, l’artiste et l’équipe de Truth

& Soul signent un album qui se veut à la fois rétro dans le style musical mais moderne dans ses lyrics. En effet, Aloe Blacc a voulu se servir de sa musique pour délivrer quelques messages politiques. Le chômage, la précarité, les sans-domicile fixes, le capitalisme, sont les thèmes qu’il aborde tout au long de l’album. On vous laisse imaginer de quoi parle I need a dollar...

aloe blacc good things myspace voir le clip de i need a dollar

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Asa Quelque

chose a changé chez Asa. Peut-être ses 300 000 albums vendus. Pour un premier... Peut-être son Prix Constantin raflé haut la main. Une chose est sûre, Asa ne voulait pas en rester là. D’où Beautiful Imperfection... Pour être totalement honnête, le premier album d’Asa nous était un peu passé à côté. On avait apprécié. Sans plus. A l’époque, nombreux étaient les artistes à la folk un peu soul. Et réciproquement. Donc, en mettant ce nouvel album dans notre mange-disque, on doutait. Un peu... Why can’t we ne nous rassurait pas vraiment sur la «nouveauté» musicale mais on apprenait une chose : Asa était là pour s’amuser. Et la bonne humeur de devenir contagieuse dès Be my man

personne

n’est parfait et sa soul rock n’ roll qui sentait bon les 70s. Certains diront qu’Asa est passé de Ayo à Ben l’Oncle Soul. Pas faux. On dira plus qu’Asa a réussit à réunir Ayo et Ben l’Oncle Soul. La folk, la soul, les pantalons trop courts, les fameuses rayban et ce petit coté afro qu’on aime tant. Beautiful Imperfection porte bien son nom. Cet album n’est pas parfait mais arrive à nous mettre quelques beaux rayons de soleil dans les oreilles.

asa beautiful imperfection myspace voir le clip de be my man

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abd al malik maître en son royaume Trois

albums chacun. Trois round. Et le vainqueur par K.O n’est autre qu’Abd Al Malik. Sa «victime» : Grand Corps Malade. Pas que l’on croit que les deux hommes jouent dans la même catégorie. Disons que beaucoup les ont apparentés. Alors que... Mars 2006, le grand public découvre le slam en la personne de Grand Corps Malade. Surprenant, intéressant... Juin 2006, c’est au tour d’Abd Al Malik de nous faire découvrir son flow. Déjà on sent une différence. Si l’un s’exprime sur les notes d’un simple piano, l’autre orchestre ses compositions. Abd Al Malik n’est pas véritablement un slameur. L’artiste a grandi au sein du collectif N.A.P. (New African Poets), formation hip-hop strasbourgeoise. Au moment de sortir son premier album solo, Abd Al Malik se positionne comme un conteur.

Le slameur étant censé lâcher ses textes a capella. Abd Al Malik souhaite une véritable orchestration. Idée intelligente quand on écoute aujourd’hui les compos sinistres de Grand Corps Malade. Château Rouge, nouvel album du récemment vainqueur du Prix Edgar Faure de Littérature Politique (Pour son livre La guerre des banlieues n’aura pas lieu), est une nouvelle fois une réussite. Accompagné de Gonzales, Abd Al Malik mélange sonorités africaines, hip-hop, et, pour la première fois, électroniques. Un véritable métissage où textes et musiques s’accordent, s’équilibrent à la perfection. Merci Gonzales...

abd al malik château rouge myspace voir le clip de ma jolie

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gold panda

espèce protégée

Derwin

est un mec plutôt autonome. En Angleterre, sa patrie, il est surnommé le «one man beat factory». Equivalent français ? Remy Briquat... mais dans un autre genre. Lucky Shiner est son premier album. A seulement 28 ans. Pourtant Gold Panda n’est pas un débutant. Il commence à se faire les mains sur les tables de mixage dès les années 90 et commence à se forger une petite réputation qui l’amène peu à peu à se voir confier des remixes notamment pour Bloc Party. Et très vite ses différents EPs font le tour du net et le placent comme l’artiste électro anglais à suivre.

Sa musique est un savoureux mélange de sonorités : l’électro, le hip-hop, quelques samples, quelques sonorités régionales (Same Dream China)... On a parfois l’impression de passer d’une musique taillée pour le dancefloor à une petite musique de chambre. Et c’est ce qu’on apprécie sur ce premier album. Une alternance de rythme et une abondance de sons en tous genres. C’est frais et c’est incroyablement bien réussi...

gold panda lucky shiner myspace voir le clip de snow & taxis

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Cee-Lo

Green

licence

to kill i said a hip... vol.2 // winter issue


On

avait quitté Cee-Lo Green aux côtés de DangerMouse quand ils formaient Gnarls Barkley. Sur deux albums, le duo avait joué les petits chimistes. Les expériences n’étaient pas toujours très convaincantes mais dans l’ensemble, Gnarls Barkley avait réussi à concocter quelques mélodies un peu folles, mélangeant hiphop, soul, et funk... Pourtant Cee-Lo n’oubliait pas qu’il était un artiste à part entière. Et un nouvel album solo s’imposait. Pour être honnête, les précédents albums solos du rappeur ne nous avaient pas véritablement emballés. Il partait donc avec un handicap. Et pour continuer dans l’honnêteté, The Lady Killer nous a agréablement surpris. Tout a commencé avec un single. Portant le doux nom de Fuck You. Avouez que ça laisse rêveur. Premier single donc et première surprise. On attendait pas Cee-Lo dans un registre soul des années 70. Mais c’est la mode... A peine diffusé sur le net, Fuck You cartonne. Il aura pas fallu attendre longtemps pour que tout le monde se jette dessus et voir les premiers re-

mixes apparaîtrent deux jours seulement après sa diffusion. Pour ce nouvel album, Cee-Lo enfilent plusieurs costumes : soulman, crooner, rappeur. Et on a l’impression que l’artiste a voulu faire sa propre bande son d’un film de James Bond. Il suffit d’écouter Please (en featuring avec Selah Sue, la petite belge qui monte) pour se dire que ce morceau aurait sa place en ouverture du prochain film de l’agent double zéro. On se demanderait même si Cee-Lo ne se place pas lui-même dans le costume de l’agent secret comme dans le clip de Bright Lights Bigger City. The Lady Killer est certainement le meilleur album de Cee-Lo Green qui réussit un pari risqué. Se faire une place dans un style musical très à la mode en ce moment et où les artistes se bousculent.

cee-lo green the lady killer myspace voir le clip de fuck you

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ET AUSSI... aeroplane we can’t fly myspace voir le clip de superstar

belleruche 270 stories myspace voir le clip de clockwatching

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jamiroquai rock dust light star myspace voir le clip de white knuckle ride

anoraak wherever the sun sets myspace voir le clip de above your head

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yodelice cardioid myspace voir le clip de more than meets the eye

chromeo business casual myspace voir le clip de don’t turn the lights on

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aaron birds in the storm myspace voir le clip de seeds of gold

i blame coco the constant myspace voir le clip de selfmachine

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cocoon where the oceans end myspace voir le clip de comets

hurts happiness myspace voir le clip de happiness (live)

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shout out louds work myspace voir le clip de fall hard

florent marchet courchevel myspace voir le clip de courchevel (live)

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0 1 20 i said a hip... vol.2 // winter issue


1 //

TWO DOOR CINEMA CLUB Tourist History

2 //

WE HAVE BAND WHB

3 //

CRYSTAL FIGHTERS Star of love

4 //

MIAMI HORROR Illumination

5 //

KANYE WEST My beautiful dark twisted fantasy

6 //

FOALS Total life forever

7 //

SIA We are born

8 //

CHEW LIPS Unicorn

9 //

HOT CHIP One life stand

10 // THE AMPLIFETES The Amplifetes

Classement global réalisé en fonction des classements personnels de VALOU // RAMJA // DD // COCO // FRANCKY DJ

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Mars said a hip... text // pics by linda MOUFFEK

Cette planète où les concerts vont bon train et où l’achat d’une place ne rime pas (encore ?) avec ruine du porte-monnaie, vous l’aurez reconnue, c’est Marseille, deuxième plus grande ville de France. Au sommaire de cette rétrospective live, Hindi Zahra, Youssou N’Dour, Arno et Seu Jorge ont gagné leur place dans la sélection I Said a hip. Qui a dit que Paris était la capitale de la culture ?

Folk mania

On commence par le plus populaire des festivals marseillais de la rentrée : La Fiesta des Suds. Du blues, du swing, de la folk et surtout une voix, Hindi Zahra a mis le public en émoi au Dock des Suds à Marseille le 16 octobre 2010. Il faut dire qu’elle était attendue de pied ferme pour son premier concert dans la cité phocéenne. Tandis que les morceaux se succèdent dans une indolente volupté, la jeune diva d’origine berbère prend possession des lieux, lentement mais sûrement. Sa folk aux accents orientaux s’installe petit à petit pour laisser planer une ambiance intime dans le public, entre contemplation et ravissement. Mais si la jeune diva a une voix de velours et une classe innée, il faut tout de même un certain temps avant d’entrer tout à fait dans l’ambiance. Sa timidité et sa réserve scéniques impactent cruellement sur le show qui manque par moments de puissance et l’on peut sentir une absence de complicité entre Hindi Zahra et ses musiciens mis à part le guitariste. C’est peut-être ça le hip (hic) ? Fort heureusement, les morceaux Imik Si Mik et Stand up vont ré-

tablir la balance et dissiper quelque peu notre déception. Et parce qu’il y a un moment clé durant tout concert, Hindi Zahra réussit un beau tour de maître avec l’interprétation magique du morceau Inside, paru sur l’album de Blundetto, Bad Bad Things. La grandeur d’Hindi Zahra prend alors tout son sens. Le concert aura finalement duré une bonne heure et demie et malgré un début de show plutôt gentillet, Hindi Zahra aura réussi à transporter le public dans son antre soul folk si particulière. Sans doute, la scène d’un festival n’est-elle pas appropriée à ce style de musique et Hindi devrait-elle privilégier les petites salles intimistes ? Qu’importe, avec une telle voix, on ne lui en veut pas.

Flamand Rock

Après le concert d’Hindi Zahra, on a rendez-vous avec du lourd. L’homme en question c’est Arno. A 61 ans, le plus disjoncté des chanteurs belge envoie la sauce. Une sauce rock savoureuse, jamais amer, toujours relevée un peu comme un bonbon acidulé : à la fois doux et acide. Ici pas de place pour la fadeur ni pour l’à peu près. Arno est un chanteur authentique qui ne fait pas semblant, ni dans la vie, ni sur scène. L’oncle qu’on rêverait tous d’avoir. Un homme entier, sincère mais aussi et surtout, un homme qui en a. La pêche qu’il a ce soir là est juste phénoménale et le public massif. Il débarque sur scène et se pose face à la foule avant que sa voix rocailleuse ne conquiert le public. Entre deux morceaux il emprunte les cymbales et, tel un jeu d’enfants, les fait percuter comme on claquerait des doigts. Ce i said a hip... vol.2 // winter issue


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qu’il donne est énorme, rare et époustouflant. De Brussld à la reprise de Bob Marley Get Up Stand Up en passant par Les Yeux de ma mère, Arno transcende la Fiesta des Suds. Mais le pire ou plutôt le meilleur du live se produit durant le morceau Elle chante quand elle danse dont l’interprétation donne des frissons. La grosse claque du festival !

Sénégal fever

Le 23 octobre et toujours à la Fiesta des Suds, dans le rayon « grande classe » on attend Youssou N’Dour. Accompagné du Super Etoile de Dakar, soit une bonne douzaine de musiciens et ambianceurs chevronnés, le grand chanteur sénégalais entend bien retourner la scène du chapiteau. C’est en endossant les couleurs de Marseille qu’il débarque tout de bleu et blanc vêtu, djellaba en soie sur le dos. Son ambianceur et percussioniste entame un Salam Aleikoum que déjà la moitié du public répond : Aleikoum Salam. Le ton est donné et le concert peut commencer. Dès les premiers instants, la voix sublime de Youssou s’envole, transportant le public très haut tant en émotion qu’en fascination. Tous sont en folie, les jeunes, les plus âgés, les fans de la première heure et les curieux. Aussi bien chanteur traditionnel que chanteur contemporain, Youssou ‘N’Dour sait user de sa voix. Chaque morceau est un exploit vocal à lui tout seul. Et pour cause, Youssou N’Dour descend d’une lignée de griots sénégalais… Excusez du peu ! Après avoir prouvé aussi bien en Afrique que dans le monde entier qu’il était un maître incontestable dans son style, Youssou a pris un nouveau cap, beaucoup plus reggae, avec la sortie de son dernier album. Il revisite son répertoire à la sauce Kingston en rendant hommage à Bob Marley et le résultat en live n’en est que réjouissant. Et puisque tout le monde attendait avec avidité le morceau Seven Seconds, c’est façon dub que le grand Youssou a interprété ce morceau phare de sa carrière.

Le « pape » sénégalais, comme certains aiment à le surnommer, a livré une fois de plus un concert de haute voilée. On n’en attendait pas moins, merci Youssou !

Ovni Brésilien

Au box-office des concerts vus à Marseille, celui qui aura laissé une douce empreinte dans notre esprit est le live de Seu Jorge à l’Espace Julien le 2 novembre. Déjà pour commencer, la salle est blindée et la queue pour la billetterie impressionnante. La soirée promet d’être chaude en ce début d’hiver sur la planète Mars. Prenez un chanteur brésilien, ajoutez-y un comédien, un musicien, une dose de samba et un filet de rock et vous obtiendrez le génie Seu Jorge. Avec une palette de talents aussi large qu’épatante, l’enfant des favelas n’a pas fini de surprendre. Le tout sans jamais prendre la grosse tête mais ce n’est pas une surprise quand on sait que Seu est le diminutif de « seigneur » en brésilien. Son aisance vocale n’a d’égal que sa présence scénique et il balade sa voix sur plusieurs octaves aidé sans nul doute par les multiples bières qu’il ingurgite durant le concert. Accompagné ce soir-là par les musiciens d’Almaz avec lesquels il s’est récemment associé, Seu Jorge semble chez lui. Ils forment une alchimie parfaite et balancent avec énergie les morceaux de leur dernier album commun : Cristina, Cirandar et Pai Joao. Seu Jorge chante, danse, joue de la guitare, de la flûte et invite des jeunes filles du public à swinguer avec lui. Mais la petite surprise du concert c’est l’apparition de Rockin Squat du groupe de rap français Assassin, en passage éclair sur scène le temps d’une accolade avec Seu et de quelques « big up ». Après une heure et demie de concert, Seu revient seul, guitare à la main, et donne un rappel acoustique de quatre morceaux dont trois de l’album Cru : Tive Razao, Sao Gonça et A favela ! Pour le grand méchant kiff que tu nous a fait ce soir-là, Seu : Obrigado ! i said a hip... vol.2 // winter issue


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Kanye West My beautiful dark twisted fantasy (p.74) i said a hip... vol.2 // winter issue


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nicki minaj

barbie rappeuse Amoureux du bon goût, bonjour. Laissez-nous vous présenter Nicki Minaj. On a découvert cette chanteuse il y a quelques mois et elle hante encore nos nuits. Nicki Minaj est le résultat d’une étrange expérience. Un inconnu a décidé, un matin en se réveillant, de donner naissance à une créature qui réunirait les caractéristiques de certaines icônes du rap et de la pop américaine : Lil’Kim, Rihanna, Lady Gaga, Beyoncé, Eve (pour les plus anciens). Née dans le Queens, cette jeune américaine a décidé de faire du rap sa profession. Et quand elle entreprend quelque chose, on peut dire que

Nicki Minaj ne fait pas les choses à moitié. Look de bitch complètement assumé, clips stylisés remplis de clichés et de stéréotypes... Alors pourquoi lui consacrer un article ? Parce que Nicki Minaj réussit là où on aurait pu la détester. Cette nana est fascinante, intrigante et le son mérite une oreille attentive.

nicki minaj pink friday myspace voir le clip de massive attack (feat. sean garrett)

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Ces

papys ont de la classe. Quand vous aurez vu Albert Minott se déhancher dans son costume rouge, vous n’espérerez qu’une chose : vieillir comme lui. Accompagné de The Jolly Boys, Albert Minott remet au goût du jour le mento. Cet ancêtre du reggae a de charmantes consonances blues qui ferait passer la Jamaïque pour un pays jumelé à la Nouvelle-Orléans. Penchant jamaïcain du Buena Vista Social Club, The Jolly Boys est une formation composée de 5 musiciens septuagénaires qui ont de l’énergie à revendre. Leur carrière musicale a débuté dans les années 40. A cette époque, le reggae n’existait pas. ou portait un autre nom : le mento. Sa forme ancestrale. The Jolly Boys sont l’héritage même de ce courant musical aujourd’hui méconnu. Et parfois le hasard fait bien les choses. Il aura suffit d’une rencontre avec le producteur Jon Baker, pour qu’Albert Minott et ses compagnons retrouvent une seconde jeunesse. Et le mento de renaître de ses cendres. Avec Great Expectation, The Jolly Boys nous proposent un voyage. Partir sur les sentiers jamaïcains à la découverte d’une musique ancestrale. Mais

cet album ne regroupe pas que des chansons originales du patrimoine jamaïcain. The Jolly Boys ont fouillé dans leur discothèque et ont la merveilleuse idée de faire quelques reprises. L’album commence avec une version complètement roots (et géniale) de The Passenger (Iggy Pop) qui prouve que The Jolly Boys sont en pleine forme. S’ensuivent des reprises de The Doors, Amy Winehouse, Lou Reed... Great Expectation est un formidable album à plus d’un titre et l’on ne peut que vous conseiller de le mettre au pied du sapin.

the jolly boys featuring albert minott great expectation myspace voir le clip de rehab (amy winehouse cover) i said a hip... vol.2 // winter issue


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pic by julie pujois i said a hip... vol.2 // winter issue


yael naim Comment

se remettre d’un énorme succès? Surtout quand celui-ci est pour le moins inattendu. En 2007, la franco-israëlienne voit un de ses titres posé sur les images d’une pub de la marque Apple. Il y a pire pour accéder à la notoriété. En quelques semaines New Soul devient un carton international et Yael Naim de passer de l’anonymat à la célébrité. L’étape du deuxième album est toujours importante. Confirmer. Ne pas décevoir. Avec David Donatien, Yael s’est exilée sur les bords du Mississipi. Pour s’imprégner des sonorités musicales du pays. Dès les premières notes de Come Home on sent que Yael Naim a décidé de s’éloigner du style

musical de l’album précédent. Mais pas totalement. She was a boy joint deux chemins musicaux, celui du folk auquel elle est habituée, et celui du blues de la Louisiane, qu’elle arpente avec une certaine réussite. Yael Naim et David Donatien ont fait de She was a boy plus abouti, toujours aussi bien orchestré, même s’il ne contient pas de véritable successeur à New Soul.

yael naim she was a boy myspace voir le clip de go to the river

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jean-louis aubert mort // vivant

Roc-Eclair

est peut-être l’album le plus personnel de Jean-Louis Aubert. A l’heure où les rumeurs d’une éventuelle reformation de Téléphone, le temps de quelques concerts, grandit, l’homme continue sa carrière solo et nous donne à écouter une partie des 35 chansons qu’il a composé ces dernières années. Un album personnel donc, hanté par le décès de son père suite à un cancer du sang. Etrange paradoxe que la mort d’un proche l’ai aidé à donner naissance à des dizaines de titres «comme s’il regardait par-dessus mon épaule quand j’écrivais».

Loin d’être un album triste ou dépressif, RocEclair est plutôt teinté d’optimisme, de fraîcheur, de vitalité. Jean-Louis Aubert explique que pendant qu’il accompagnait son père, il a connu des moments gais, humains, touchants. Et c’est avec ces sentiments qu’il s’est enfermé dans sa maison provençale et qu’il a composé un nouvel album sans artifice, tel un «troubadour».

jean-louis aubert roc-eclair myspace voir le clip de maintenant je reviens

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Il

existe beaucoup de qualificatifs pour décrire Kanye West. Mégalo, arrogant, égocentrique, inventif, créatif... etc. Depuis plusieurs mois, l’artiste n’a pas lésiné sur la communication pour promouvoir son nouvel album. Entre une à plusieurs fois par semaine, le rappeur américain balançait via son twitter, son facebook, son site, des news, des exclus, des «fausses» interview... Bref, la totale. Jusqu’à l’annonce d’un court-métrage de 35 min intitulé Runaway censé présenter le nouvel album. Une omniprésence qui nous a rendu très exigeants. My beautiful dark twisted fantasy serait soit un chef d’oeuvre soit une nouvelle preuve de l’arrogance déplacée du garçon. Il nous aura fallu seulement une minute pour nous rendre compte que le nouvel album de Kanye West ferait date dans l’histoire du hip-hop américain. Lorsque l’on a eu le plaisir de découvrir le courtmétrage, on s’était assez vite rendu compte que Kanye West avait construit son nouvel album comme une sorte de comédie musicale, un opéra. My beautiful dark twisted fantasy n’est

effectivement pas un disque banal, ordinaire... encore moins un album solo. Kanye West, à l’image de son poulain Kid CuDi, a créé le tout premier opéra-rap. A ses côtés, Raekwon, Jay-Z, Rick Ross, Nicki Minaj, Bon Iver, The RZA, Beyoncé, Rihanna... et beaucoup d’autres. Aucun titre n’est formaté. La plupart font près ou plus de 6 minutes. Kanye West a changé les codes du rap US... en a créé de nouveaux. L’Artiste a déstructuré la pop, reconfiguré le hiphop, démonté le rock... My beautiful dark twisted fantasy est sans aucun doute le meilleur album de Kanye West, le plus ambitieux, le plus réussi. En réussissant le disque parfait, il est devenu une véritable rockstar à qui l’on pardonnerait (presque) son manque d’humilité.

kanye west my beautiful dark twisted fantasy myspace voir le court-metrage runaway

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afrocubism mafé sauce salsa Cinquante

ans après sa fermeture, Nick Gold a l’idée de reformer le Buena Vista Social Club en réunissant des artistes cubains et africains. Malheureusement, les musiciens africains sont restés bloqués à leur aéroport. Seuls les artistes cubains ont pu enregistrer le disque que l’on connaît aujourd’hui. Un acte manqué qui aura tout de même connu un énorme succès et qui aura donné lieu à un film. Quinze ans plus tard, le projet initial est enfin réalisé. Afrocubism est la rencontre entre Eliades Ochoa, l’un des chanteur/guitariste de la célèbre formation cubaine, et de nombreuses stars de la musique malienne : Bassekou Kouya-

te, Djelimady Tounkara, Toumani Diabaté, Kasse Mady Diabaté et Lassana Diabaté. Cette rencontre musicale est certainement l’une des plus belles de ces dernières années. Afrocubism est un album rare dans le monde de la world music. Les deux cultures musicales se rejoignent et s’assemblent sans qu’aucune ne prenne le dessus sur l’autre. Un joli moment musical pour un disque que l’on n’attendait pas. Parfois le hasard fait vraiment bien les choses...

afrocubism afrocubism myspace voir le clip de Al vaiven de mi carreta

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< B2O //

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Booba

est un artiste à part dans le rap game français. Assumant totalement son personnage, il est arrivé à un niveau de crédibilité qui lui permet toutes les libertés. A la base, Booba n’est pas le rappeur français sur lequel on va se jeter à chaque nouvel album. Mais Lunatic (et avant lui, Panthéon) aura été l’un des seuls albums de l’artiste que l’on aura écouté avec beaucoup de curiosité. Pourquoi ? La maturité peut-être. La nôtre, pas celle du rappeur. Et quand le premier single de ce nouvel album commence par Fuck you, fuck la France, fuck Domenech, franchement ça fait rêver. Car Booba est le maître des punchlines acérées. On aura du mal avec sa manière de lâcher son flow mais avec un certain second degré, les lyrics de Booba sont aussi efficaces qu’une bonne vanne de Jamel Debbouze. Ne pensez pas que Booba est le personnage de ses albums. Enfin... Peut-être qu’il l’est véritablement mais pour avoir lu et écouté plusieurs de ses interviews, l’homme est loin d’avoir un regard vulgaire et violent sur la vie. Juste réaliste.

Même, si aujourd’hui, il s’est expatrié à Miami. Booba est un artiste intelligent qui n’a qu’un seul but : faire du rap comme ses mentors américains. Avec de la liberté, des mots crus, de la meuf qui se ballade en petite tenue, des images chiadées... On frise le caricatural... Euh... Bon on est carrément dedans. Lunatic, son cinquième album, a été réalisé à Miami. Pour la liberté, pour l’expérience américaine. Le rappeur se paie le luxe d’avoir P.Diddy (ou Puff Daddy ? Diddy ? Diddy Dirty Money ?), Akon, T.Pain ou Ryan Leslie à ses côtés... Pour conclure, si t’aimes pas le rap passe ton chemin. Mais si tu aimes les punchlines acides, fais-toi plaisir. PS : Conseils pour les célibataires, tentez votre chance avec cette petite phrase : Depuis tout à l’heure je regarde ton boule, je trouve que t’es fraîche... La grande classe.

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tendres kisses Autant

être honnête, la musique de Kisses ne va pas révolutionner le monde musical. On pourrait même aller jusqu’à dire que le duo originaire de Los Angeles a un peu copié sur ses petits copains. Faire de la pop vintage sentant les années 80, en gros faire du neuf avec du vieux, n’est plus aujourd’hui d’une originalité folle et le concept maintes et maintes fois revu. Avec plus ou moins d’intérêt. Mais étrangement, car on ne se l’explique pas vraiment, la musique de Kisses nous a tout de suite plu. Faite avec très peu de choses, elle est la bande son idéale d’un été achevé. Certains vont même jusqu’à comparer Kisses avec Passion Pit ou The XX. Bon... Ne nous enflammons pas trop non plus. Si effectivement

Kisses a quelques préférences instrumentales et musicales du côté des claviers et des atmosphères cold-wave, le niveau de Passion Pit et de The XX est encore tout même très loin. Disons juste que Kisses a réussit à nous faire une nouvelle fois gober des mélodies vintage sans que l’on s’étouffe. Et rien que ça mérite de beaux encouragements.

kisses the heart of the nightlife myspace voir le clip de people can do the most amazing things

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michael jackson

de son vivant

Il

y a de fortes chances que vous ayez déjà lu un bon nombre d’articles sur le nouvel album de «feu» Michael Jackson. Certainement que vous avez écouter son premier album posthume. Vous ne nous en voudrez pas mais on va passer sur les polémiques habituelles : est-ce vraiment sa voix, est-ce que ce sont de vraies chansons... Une chose est sûre Michael Jackson a fait du Michael Jackson. On a trop souvent entendu ces derniers moi que finalement cet album n’étais pas à la hauteur de la star. Que le King of Pop avait perdu de sa créativité et qu’aujourd’hui en terme de pop/r’n’b tout avait été fait et que malheureusement Michael n’est qu’un album de plus qui s’oubliera assez vite. Effectivement ce nouvel album n’est pas le plus original. Effectivement le son Michael Jackson

n’a pas beaucoup évolué. Mais cet album nous apporte de bonnes choses. Déjà, on a de nouvelles chansons à se mettre dans les oreilles. Car même si on adore le répertoire de Jackson, entendre toujours les mêmes titres depuis sa mort commence sérieusement à nous rendre dingue. Et puis Michael possède un certain charme qui nous rendrait presque indulgent sur la présence de Akon (Hold my hand) ou de 50 Cent (Monster). Une dizaine de titres pour du vrai et du bon Michael. Ne chercher pas de l’originalité ni de l’avant-gardisme. Après tout l’artiste n’a rien sorti depuis 10 ans.

michael jackson michael myspace

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ET AUSSI... fistful of mercy as i call you down myspace voir le clip de fistful of mercy (studio)

mike posner 31 minutes to takeoff myspace voir le clip de cooler than me

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peder dirt & cold myspace

shugo tokumaru port entropy myspace voir le clip de rum hee

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mayra andrade studio 105 myspace

ceu vagarosa myspace voir le clip de grains de beautĂŠ

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fyfe dangerfield fly yellow moon myspace voir le clip de she needs me

quadron quadron myspace voir le clip de slippin

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Cascadeur premier album en mars 2011 i said a hip... vol.2 // winter issue


t FUTURE (pour prendre de l’avance sur tes amis)

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Keren Ann est en pleine préparation de son nouvel album. 101 sera disponible le 28 février dans toutes les bonnes crèmerie. Et pour Noël, la demoiselle vous fait le cadeau d’écouter un premier extrait ici.

Mike Skinner et The Streets reviennent avec un nouvel et dernier album intitulé Computers & Blues. L’homme n’est pas avare en exclusivité. Sur son site, on peut découvrir régulièrement quelques nouveautés auditives ou visuelles. Au milieu de tout ça, nous avons une petite préférence pour le clip de Trust Me. De quoi patienter jusqu’à début février.

Mogwai nous aime et nous veut du bien. C’est pour cette raison que le groupe de rock progressif nous gratifie d’un nouvel album qui porte le doux nom de Hardcore will never die, but you will (on vous laisse le plaisir de la traduction). Quelques sons sont disséminés ici et là sur la toile. i said a hip... vol.2 // winter issue


La bande à Bono ne sortira pas un mais trois albums dans le courant de l’année 2011. Le 1er sera le fruit d’une collaboration avec DangerMouse responsable de Gorillaz (entre autres). Suivrait un album «électro» ! Si, si ! Et on vous promet ça fait flipper. Les noms qui circulent sont entre autres Will.I.Am (de tous les coups, bons ou mauvais), RedOne, l’éminence grise de Lady Gaga et David Guetta… Ça laisse rêveur et Bono d’annoncer que ce deuxième album serait plus «club» car « les remixes de U2 dans les années 90 ont été un vrai trésor… ». Troisième album en prévision, il serait un choix des morceaux créés par The Edge et Bono pour la comédie musicale Spiderman.

Les anciens membres d’Oasis ont décidé de revenir à la musique sous le nom de Beady Eye. Leur 1er album s’appellera Different Gear Still Speeding et devrait sortir en février. On vous tiendra au courant dès qu’on en aura entendu plus. i said a hip... vol.2 // winter issue


Medi abandonne son Medicine Show pour débuter une carrière solo. You got me moving est un album fort sympathique. On vous en reparle dans le prochain numéro.

Adele, la soulwoman anglaise sortira son nouvel album le 24 janvier. Intitulé 21, il sera la suite logique à 19. Vous pouvez déjà écouter un premier extrait ici.

Le plus bel ambassadeur musical des Iles Féroé sortira Let the dog drive home le 31 janvier. Teitur réussit une nouvelle fois un très bel album. On a eu la chance d’écouter il y a quelques semaines et on vous écrira quelques lignes sur le site. Après sa collaboration avec Scarlett Johanssonn sur l’album Break Up, Pete Yorn sort son 5ème album solo intitulé PY. Il sera produit par Franck Black (The Pixies) et sortira le 24 janvier. i said a hip... vol.2 // winter issue



e parce qu’il

n’y a pas

que la musique

dans la vie...

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BASQUIAT (p.106)


Jean-Michel Basquiat dans son atelier de Great Jones Street, New York, 1985 devant Untitled, 1985 Acrylique et pastel gras sur bois, 217 x 275,5 x 30,5 cm (détail) Collection particulière Photo : © Lizzie Himmel © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010 i said a hip... vol.2 // winter issue


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Š Karine Cesaroli


Il y a 3 mois

on vous faisait découvrir le travail de Speedy Graphito. Avec une petite fierté et un grand honneur qu’un tel artiste accepte notre invitation. Mais nous avions un challenge de taille : qui allait être notre invité d’honneur pour le numéro d’hiver. Nous y avons été au culot. En croisant les doigts... Et nous sommes fiers, aujourd’hui, d’avoir dans nos colonnes une interview d’une croqueuse de génie en la personne de Margaux Motin. La demoiselle est devenue en très peu de temps un phénomène de l’illustration. Son premier album J’aurais adoré être ethnologue paru en 2009 (un an seulement après l’ouverture de son blog) s’est vendu à plus de 50 000 exemplaires. Son nouvel ouvrage en vente depuis le 22 septembre est en tête des ventes avec plus de 20 000 exemplaires déjà vendus. Pour Margaux, tout est allé très vite. Ses débuts professionnels se font en tant qu’illustratrice de presse chez le magazine Muteen de 2002 à 2008. Par la suite, elle signe ses illustrations autant pour la presse, l’édition, que pour la publicité. En mars 2008 elle ouvre son blog qui l’a fait connaître du grand public. C’est donc tout naturellement qu’en mai 2009 elle publie son premier recueil d’illustrations issues essentiellement de son blog. Margaux Motin est donc une illustratrice de talent, une dessinatrice sans oublier une folle de mode et de chaussures. Au fil de son blog, elle nous livre ses chroniques de la vie quotidienne. Un oeil aussi affûté que sa palette où l’humour décalé voire déjanté est sans concession mais juste et touche à tous les coups. Avec son nouvel album La théorie de la contorsion, Margaux exprime cette capacité qu’ont toutes les femmes à être multiples tout en restant elles-mêmes. Forte de son dernier succès en librairie, Margaux Motin récidive et livre les aventures familiales

et professionnelles d’une trentenaire qui lui ressemble de très très près ! En quelques traits d’un crayon vif, on assiste amusé(e) et souvent concerné(e) aux débats quotidiens de cette illustratrice avec son entourage : discussions avec le jules qui ne s’intéressent qu’aux jeux vidéos, négociation avec la fille, la mère, la cousine, les séances de gym, rêveries et réalités sont brossées avec un talent reconnu. Parfois Margaux nous rendrait presque parano tant ses dessins reflètent notre vie quotidienne. On a l’impression d’être enfermé dans son monde où elle nous regarde dans haut. Et si tu croyais que ta vie était la plus originale, elle te prouvera le contraire car il y aura forcément un dessin qui te racontera ton quotidien. Allez, sans plus tarder, voici l’interview que i said a hip... a eu le plaisir de réaliser rien que pour vous. LA THEORIE DE LA CONTORSION de Margaux Motin Editions Marabout margauxmotin.typepad.fr

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Quel a été ton parcours avant la paru- Toi et ta collègue Pénélope Jolicoeur, tion de ton 1er livre, J’aurais adoré être on vous compare souvent à Claire Breethnologue ? técher… Heu...BTS de communication visuelle, serveuse, Des strips courts, la vie des femmes d’aujourd’hui, serveuse, vendeuse... et puis un jour Muteen, il y a un poil caricaturées, passées a la moulinette de 8 ans, et le début de mon boulot d’illustratrice. l’humour, je peux comprendre le rapprochement, et il est très très flatteur !

Tu as fait tes débuts professionnels pour le magazine Muteen en 2002. Tu as également bossé pour l’édition, la pub… Qu’est-ce qui t’as poussée à ouvrir un blog (seulement) en 2008 ? Au départ je voulais juste me faire un genre de book en ligne pour ne plus avoir à démarcher mes clients potentiels avec un gros book papier sous le bras. Le blog, c’était pas censé être ce que c’est devenu, à la base !

En parlant de comparaison, t’en as pas marre d’être mise dans le même panier que Pénélope ?

Non pourquoi? On est comme deux cow boys qui se partagent la même ville et se retrouvent au saloon pour se bourrer la gueule après une grosse journée de boulot. On se partage les clients, les commandes, je suis très très respectueuse de son travail et de son parcours, moi ça me va très bien de partager son panier. Y’a toujours une bonne bouteille de Bourgogne dedans, en plus.

Seulement un an après, ton premier recueil sort chez Marabout. Comment Comment expliques-tu cet engouement s’est faite cette collaboration ? Par le biais de Pacco, mon poto, illustrateur. Les édi- pour les illustratrices/bloggeuse ? trices de Marabout sont d’abord entrées en contact avec lui, puis on s’est retrouvés à aller ensemble au premier rendez-vous et voilà, c’était parti! Dans la mesure où Marabout lançait son activité BD avec nous, il n’existait aucune grille, aucun schéma éditorial, pas de maquette, on était libres de tout inventer pour nos bouquins, c’est ce qui nous a séduit.

C’est une porte qui s’ouvre sur un univers féminin facile d’accès, transcendé par le dessin, drôle et léger, on aurait tort de s’en priver!

Sinon tu aimes la BD ou pas ?

Non je ne suis pas une grande lectrice de BD. il faudrait sans doute que je me mette à réviser plus sérieusement mes classiques ! Si, j’ai beaucoup aimé toute la série des AYA.

Publier des dessins sur le net, c’est finalement une nouvelle manière d’appré- Je suis un mec… Donc, a priori, pas le cœur de cible de tes histoires. Pourtant hender la BD… Sans doute, je ne me suis jamais posé la question à chaque dessin, je m’y retrouve que ce en ces termes, c’est surtout un excellent moyen de soit au travers de mes ami(e)s, ma copipeaufiner son style graphique, de travailler l’écri- ne, mes parents… Est-ce la force de ton ture, de bosser sur la technique. Le retour rapide boulot : avoir un regard universel avec des lecteurs permet d’évaluer un peu les choses. Et une fille comme personnage principal. puis c’est génial d’être lue et de partager son travail Ne pas s’arrêter à un point de vue totasans attendre d’être éditée sur papier, le contact di- lement féminin… rect avec le lecteur offre souvent la possibilité d’un Je ne me sens pas très très en adéquation avec le regard extérieur brut. Ça fait avancer. côté casse-couille et relou de la meuf. Je réfléchis souvent comme un garçon. Je suis du genre «viens i said a hip... vol.2 // winter issue


pas me péter les couilles et je viendrai pas bullshiter sur tes godasses». Du coup forcément, même si le propos est très féminin et assez universel, je pense que les lecteurs mâles ne se sentent pas pris au piège d’un truc qui leur broie la tronche quand ils me lisent.

La chanson qui peut te faire changer d’humeur ? Si je suis de mauvaise humeur tu veux dire? La chanson qui me réconcilie avec la vie? Marvin Gaye // Ain’t no mountain high.

Ton chanteur/chanteuse/groupe préféAu fait, qu’est-ce qui t’inspire en dehors ré de tous les temps ? de tes aventures personnelles ? Trop dur, je change tout le temps. Tout. C’est pénible, je suis une vraie éponge.

Ton dernier bouquin s’appelle La théorie de la contorsion. Est-ce une métaphore pour dire qu’aujourd’hui une femme peut être une serial shoppeuse, une mère, une amante, une amie. Que la femme d’aujourd’hui a plusieurs rôles à jouer…

La chanson qui te ressemble ?

Ça dépend, à quel moment? t’as vu, t’as noté, je suis pas toute seule, ça fait beaucoup de chanson! mais Golden de Jill Scott, ça me parle bien.

Si tu devais dédicacer une chanson à un(e) ami(e)… The XX // Island

C’est surtout une façon de dire qu’elle se fait mal aux lombaires si elle essaie d’exceller dans tous les L’artiste que tu aurais aimée être ? rôles qu’on lui impose. Personne, je suis bien comme ça. J’ai mis 32 ans à apprécier le voyage, c’est pas pour changer de Parlons musique… Tu en écoutes beau- train.

coup ?

J’en écoute beaucoup oui, beaucoup beaucoup de Hip Hop. Le Wu Tang, Jurassic 5, Jill Scott, Badhu, Mob Deep, Tout Prince, Al green aussi. Bon j’achète plus trop de CD j’avoue, le dernier c’était un Nina Simone. Mon dernier concert c’était Max Roméo. Et je déteste personne, j’ai trop la flemme.

Pour finir, je vais te faire mon questionnaire de Proust musical… La chanson de tes années étudiantes ? Red Hot Chili Peppers // Under the Bridge

La chanson de ton mariage ?

L’Ave Maria de la Callas. Après j’étais bourrée j’me souviens plus

La chanson de ton enterrement ?

Ce qui fera plaisir à ceux qui seront là. Moi je m’en tamponne un peu j’avoue. i said a hip... vol.2 // winter issue


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Š Motin/ La thÊorie de la contorsion/ Editions Marabout 2010


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Š Motin/ La thÊorie de la contorsion/ Editions Marabout 2010


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Š Motin/ La thÊorie de la contorsion/ Editions Marabout 2010


Jean-Michel Basquiat dans son atelier de Great Jones Street à Noho, New York (1985) devant Flexible (1984) Acrylique et pastel gras sur bois, 259 x 190,5 cm © 2010, The Estate of Jean-Michel Basquiat, New York Photo : © Lizzie Himmel © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010 i said a hip... vol.2 // winter issue


D’origine

portoricaine et haïtienne, né en 1960 à Brooklyn dans l’Etat de New York et mort à New York en 1988 à la suite d’une overdose à l’âge de vingt-sept ans, Basquiat appartient à la génération des graffiteurs qui a brusquement émergé à New York à la fin des années 70. En 1977, il commence à signer ses graffitis du nom de SAMO (pour « Same Old Shit ») accompagné d’une couronne et du sigle du copyright. Au cours de sa fulgurante carrière, sa peinture passe de la rue au tableau.

Julian Schnabel. En 1984, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris avait déjà présenté JeanMichel Basquiat dans une exposition collective consacrée au mouvement de la Figuration Libre France/USA, aux côtés de Robert Combas, Hervé Di Rosa, Keith Haring.

À partir de 1984, il réalise en commun des peintures avec Andy Warhol jusqu’à la mort de ce dernier en 1987.S’étant toujours défini comme un peintre influencé par son environnement urbain quotidien, les racines de sa pratique «expressionniste primitiviste» sont à trouver du côté d’une peinture européenne d’après-guerre, celle de Jean Dubuffet, réfractaire à l’«asphyxiante culture» ou celle de Cobra, ainsi que du côté de la grande tradition américaine de Robert Rauschenberg à Cy Twombly. Après sa mort prématurée en 1988, il laisse une œuvre considérable habitée par la mort, le racisme et sa propre destinée. Sa vie brûlante et explosive, mêlant le star-système et la révolte, a inspiré en 1996 le film « Basquiat » du peintre et cinéaste

BASQUIAT Musée d’Art Moderne de la ville de Paris jusqu’au 30 janvier 2011

Cette rétrospective composée d’une centaine d’œuvres majeures (peintures, dessins, objets) provenant de nombreux musées et de collections particulières américains et européens, permet de reconstituer le parcours chronologiSon univers mélange les mythologies sacrées que de l’artiste et de mesurer son importance du vaudou et de la Bible en même temps que dans l’art et dans l’histoire de l’art au-delà des la bande dessinée, la publicité et les médias, années 80. les héros afro-américains de la musique et de la boxe, et l’affirmation de sa négritude. Il définit L’exposition Basquiat a été conçue par la Fondaainsi une contre-culture urbaine, underground, tion Beyeler à Bâle - où elle a d’abord été présenviolente et anarchique, pétrie de liberté et de tée (9 mai - 5 septembre 2010) -, et organisée en vitalité. En 1982, Basquiat est invité à partici- collaboration avec le Musée d’Art moderne de per à la Documenta 7 de Kassel en Allemagne. la Ville de Paris. C’est la première exposition de L’année suivante, il est le plus jeune et premier cette ampleur jamais consacrée à Basquiat. artiste noir à exposer à la Biennale du Whitney Museum of American Art à New York.

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The Box (1980-1981) Acrylique, pastel gras, peinture à l’aérosol, papier collé et plâtre sur boîte de bois, 6 x 82 x 46 cm Collection Doriano Navarra © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010 i said a hip... vol.2 // winter issue


Untitled (1981) Acrylique et pastel gras sur toile, 207 x 176 cm The Eli and Edythe L. Broad Collection, Los Angeles Photo : Douglas M. Parker Studio, Los Angeles © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010 i said a hip... vol.2 // winter issue


Boy and Dog in a Johnnypump (1982) Acrylique, pastel gras et peinture à l’aérosol sur toile, 240 x 420,5 cm Courtesy The Brant Foundation, USA © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010


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Untitled (Fallen Angel) (1981) Acrylique, pastel gras et peinture à l’aérosol sur toile, 168 x 197,5 cm Fondation d’Entreprise Carmignac Gestion © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010

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Riddle Me This, Batman (1987) Acrylique et pastel gras sur toile, 297 x 290 cm Collection Amalia Dayan et Adam Lindemann © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010 i said a hip... vol.2 // winter issue


Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat // 6.99 (1985) Acrylique et pastel gras sur toile, 297 x 420 cm Collection Bischofberger, Suisse © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010


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Discography Two (1983) Acrylique et pastel gras sur toile, 168 x 152 cm Collection Bischofberger, Suisse © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010 i said a hip... vol.2 // winter issue


Untitled (1982) Acrylique pastel gras et peinture à l’aérosol sur bois, 183 x 122 cm Collection particulière, courtesy Tony Shafrazi Gallery, New York © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010 i said a hip... vol.2 // winter issue


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i oĂš sont

les Femmes ?

Š Christopher Shay i said a hip... vol.2 // winter issue


JR

Du Brésil au Cambodge, de l’Inde à l’Afrique, ce a la rue pour galerie, on pourrait ainsi documentaire plonge le spectateur au coeur de dire qu’il possède la plus grande galerie d’art au la vie des femmes aux prises avec la dureté du monde. Il réalise des projets engageants qu’il quotidien dont les Occidentaux n’ont plus idée. met en oeuvre et présente dans le cadre d’expositions urbaines monumentales aux quatre JR embarque donc le spectateur dans des lieux coins du monde. Au fait, JR est un artiste photo- qui suscitent le fantasme, ou dont on entend graphe. parler à la télévision à l’occasion d’événements dramatiques, mais qui sont loin des sites tourisEn 2006, il réalise Portrait d’une génération, des tiques habituels. portraits de jeunes de banlieue parisienne, qu’il En travaillant incognito, il transforme les rues, expose dans les quartiers bourgeois de Paris. En les immeubles, les bidonvilles, les favelas et des 2007, Face2Face présente illégalement des por- villages entiers en galeries d’art, confrontant le traits géants d’Israéliens et de Palestiniens de spectateur à une expression artistique inédite. part et d’autre du mur de séparation de sécurité et dans huit grandes villes palestiniennes et Et le réalisateur d’expliquer son projet : «Woisraéliennes. En 2008, il part pour un long pé- men are heroes m’a permis de tenir la promesse riple international pour Women are heroes, un que j’ai faite aux femmes qui ont participé à mon projet dans lequel il souligne la dignité des fem- projet consistant à raconter leur histoire partout mes, cibles de conflits ou piliers de leur société dans le monde. C’est ce qu’elles m’ont demandé en crise. dans le bidonville de Kibera et dans la favela de Morro da Providencia. En 2009, JR décide d’en faire un film documen- Avec ce film, j’ai souhaité rendre hommage aux taire de long métrage afin de passer de l’autre femmes dont la dignité est manifeste à travers côté de l’image et de donner vie à ces femmes. leurs portraits affichés sur les murs de leurs vilEt le cinéma est le seul vecteur capable de ren- lages et du monde entier. Quand je les ai rencondre la force et le gigantisme de ses images. trées, elles m’ont fait part de leurs difficultés à Avec JR, l’acteur est gigantesque lorsqu’il est vivre dans un monde dominé par les hommes. collé sur les murs, et les passants tous petits. Women are heroes a été tourné dans des lieux qui Avec JR, ces femmes vont exister, elles vont de- n’intéressent les médias que lorsqu’il s’y passe venir des héroïnes des temps modernes, si ce quelque chose. Quand j’y suis allé, ce n’était pas n’est l’espace d’un instant. Car JR ne photogra- dans le but d’amplifier le message des médias, phie, ni n’affiche au hasard. Chaque photo re- ni de le contredire, mais de dévoiler une réalité cèle un vécu fort, une histoire. Or, comme les qui se dissimule derrière la quête du sensationréactions de passants et le passé de ces femmes nel. Et c’est dans le contexte d’une normalité participent à l’oeuvre artistique, il faut écouter trop souvent ignorée, que ces femmes ont pris attentivement leurs combats et leur courage, les l’initiative d’inviter les médias à leur montrer ce enregistrer et donc les filmer. Ainsi, JR ne cher- qu’elles ont construit, et non plus ce qu’elles ont che pas à exploiter ces destins abîmés ni à en ex- subi.» pliquer les causes mais simplement à les montrer de façon authentique, épurée et sincère. WOMEN ARE HEROES réalisé par JR le 12 janvier au cinéma

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© JR / Agence Vu



© JR / Agence Vu



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i said a hip... vol.2 // winter issue


larry clark une jeunesse mise à nue Première

rétrospective en France du photographe et réalisateur Larry Clark, né en 1943 à Tulsa aux Etats-Unis. L’exposition, conçue en étroite collaboration avec l’artiste, revient sur 50 années de création à travers plus de 200 tirages d’origine, pour la plupart inédits.

de la culture de la rue et du rock, affirment son regard acéré sur la marginalité, telle que l’Amérique refuse de la voir.

Enfin, les grands formats en couleur de la série Los Angeles 2003-2010 accompagnent le passage de l’enfance à l’âge adulte de Jonathan VeDe ses clichés noir et blanc du début des années lasquez, jeune skater vénézuélien, personnage 1960 aux longs métrages qu’il réalise depuis principal du film Wassup Rockers (2006). 1995 tels que Kids (1995), Bully (2001) ou Ken Park (2002), Larry Clark, internationalement re- Depuis la parution en 1971 de Tulsa, ouvrage connu pour son travail, traduit sans concession fondateur sur le désarroi et la violence d’une géla perte de repères et les dérives de l’adolescen- nération, le travail de Larry Clark hante la culture américaine. La force de ses images, au-delà ce. de leur dureté et de leur noire séduction, réside À côté des portraits de nouveaux-nés et d’ani- dans la quête d’une vérité nue, d’un réalisme maux réalisés par sa mère photographe dont il sans fard. était l’assistant, l’exposition présente les images mythiques de Tulsa (1971) et Teenage lust LARRY CLARK (1983), ainsi que des œuvres inédites de ces péKiss the past hello riodes. Un film 16 mm sur la vie des toxicomaMusée d’Art Moderne de Paris nes de Tulsa, tourné en 1968 et récemment rejusqu’au 2 janvier 2011 trouvé, est également projeté pour la première fois. Des skateboarders de New York au ghetto latino de Los Angeles, Larry Clark révèle, dans ses séries photographiques des années 1990 et 2000, le quotidien d’adolescents en quête d’eux-mêmes, expérimentant drogues, sexe et armes à feu. Les séries 1992, The Perfect Childhood (1993) et punk Picasso (2003), toujours issues i said a hip... vol.2 // winter issue



Larry Clark Untitled, 1972 Mention obligatoire : Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London


Larry Clark Dead 1970, 1968 Mention obligatoire : Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London


Larry Clark Acid Lower East Side, 1968 Mention obligatoire : Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London


Larry Clark Billy Mann, 1963 Mention obligatoire : Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London



Larry Clark Jonathan Velasquez, 2004 Mention obligatoire : Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London


Larry Clark Jonathan Velasquez, 2004 Mention obligatoire : Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London



Larry Clark Untitled, 1968 Mention obligatoire : Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London



Thierry Guetta

est un Français qui a réussi dans le commerce à Los Angeles. Cet excentrique décide de tout abandonner pour filmer les maîtres du Street Art qu’il poursuit jusque dans les lieux les plus inaccessibles, les plus périlleux, les plus improbables afin d’immortaliser leur travail. Sa quête n’aurait pas pu être complète sans sa rencontre avec le mythique Banksy, le graffeur légendaire dont personne ne connaît le visage ni l’identité… Ayant réussi à gagner la confiance de Banksy, Thierry Guetta le suit et le filme sur les terrains les plus hasardeux. C’est alors que, sommé par Banksy de finir et montrer son film, il se révèle un cinéaste calamiteux. Banksy lui conseille alors de quitter la mise en scène pour devenir un Street Artist… et s’empare à son tour de la caméra ! Connu entre autres pour ses oeuvres murales et ses installations sauvages dans les plus grands musées du monde, Banksy, artiste graffeur anglais de réputation internationale, a toujours préservé son anonymat afin d’échapper à la police et aux média… Faites le mur (Exit through the gift shop) est son premier film. Il a été présenté aux festivals de Sundance, Berlin et Deauville.

Faîtes le mur (Exit through the gift shop) réalisé par Banksy au cinéma depuis le 15 décembre VOIR LES 5 PREMIERES MN DU FILM

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Dans le dossier de presse du film, Banksy a mais aussi parce que si les Basquiat et les Picasso donné une interview. Instant rare que l’on vous accrochés dans mon salon étaient authentiques, je n’oserais plus sortir de chez moi ! fait partager. Est-ce bien vous qui nous parlez de votre film ? Ce ne serait pas la première fois que des journalistes se font avoir par des imposteurs … J’aimerais bien être un imposteur… Je n’ai pas beaucoup de personnalité et j’ai donc un peu de mal à « être » quoi que ce soit, même un imposteur. Et puis, j’ai envie à la fois de défendre le film, mais pas trop envie d’en parler : je ne veux pas risquer de dévoiler la fin. On ne pourrait pas simplement publier une page blanche sur laquelle les spectateurs pourraient faire des dessins ? Depuis qu’une photo anthropométrique de vous a été publiée dans la presse, estce qu’on vous reconnaît dans la rue ? Il y a deux ou trois ans, un type s’est fait passer pour Banksy pour qu’on le laisse entrer dans une boîte de nuit de Shoreditch mais quand cela s’est su, il a été rejeté par tous les graffeurs. Ce n’est pas dans mon intérêt de commenter les photos de moi qui circulent un peu partout. Quand ma mère a découvert que j’étais Banksy, elle m’a dit : « Tu me déçois beaucoup ! » Je lui ai demandé pourquoi. Elle m’a répondu : « Si tu es graffeur, pourquoi n’as-tu jamais barbouillé la fourgonnette qui est tout le temps garée devant mes fenêtres ? »

Quelle a été votre formation ?

J’ai fait de la peinture à l’école, mais ensuite, je n’ai pas suivi d’études d’art. J’ai une collection de tableaux de maîtres chez moi, mais ce sont tous des faux. Je les peins moi-même. Quand j’aime un tableau, je le prends en photo, je l’agrandis et j’en fais une reproduction. Parfois, j’en change les couleurs pour l’assortir aux rideaux. Je fais ça non seulement pour ne pas les payer, i said a hip... vol.2 // winter issue

Comment vivez-vous votre célébrité ? Être médiatique est très éprouvant ; vous devez vous endurcir, vous construire une solide carapace et ignorer l’opinion des uns et des autres. Un vieux proverbe chinois dit : « Qui dort dans une armure n’a pas des nuits reposantes. » On pourrait me demander : « Si tu tiens tant à l’anonymat, pourquoi accepter qu’on fasse un reportage de six pages sur toi dans le Sunday Times Magazine ? ». Ma réponse est simple : « Je suis simplement un prix Nobel d’hypocrisie ». Pourquoi avez-vous voulu faire un film ? Faire un film qui évoque l’expressivité de la création artistique et la sensation physique qu’elle procure est très difficile. Du coup, on n’a même pas essayé. En revanche, notre film parle en toute simplicité de la vie, du désir et du vandalisme gratuit. Tout y est vrai, surtout les séquences où nous mentons tous autant que nous sommes ! Au départ, je voulais que le film s’appelle Comment vendre de la m… à des c…, et mon distributeur était d’accord, mais il m’a conseillé de ne jamais dire que c’était un documentaire. Je n’avais jamais cherché à faire un film, mais au final je n’ai pas vraiment eu le choix. Alors que Guetta me filmait en train de peindre depuis quelques mois, je me suis rendu compte que chaque fois qu’on partait à l’aventure, je ne parlais que de lui en rentrant chez moi. Peu importe si on se baladait sur un pont ou si un type nous avait repérés et nous suivait - c’était toujours les anecdotes sur le fou furieux qui me filmait qui déclenchaient l’hilarité. Du coup, c’était assez logique de braquer la caméra sur lui. Je crois que c’est un film intéressant, mais j’aimerais que les gens viennent le voir sans avoir trop d’attentes.


Il ne faudrait pas qu’ils s’attendent à une sorte tache vos cahiers etc.., ne choisissez pas le d’Avatar version graff ! graff comme hobby ! C’est impossible de savoir aujourd’hui si l’une de mes oeuvres passera à Quelle est votre ambition avec ce la postérité. À la Nouvelle-Orléans par exemple, film ? j’ai peint sur la façade d’une boutique délabrée, Je crois que ce que j’ai cherché à faire, c’est réa- dans une rue jonchée d’épaves de voitures et liser un film qui soit à l’univers du graffiti ce que de matelas pourris, mais deux heures plus tard, Karaté Kid a été au monde des arts martiaux - mon « oeuvre » avait disparu… effacée ! J’avais autrement dit, un film qui pousserait les gamins peint sur le mur d’un repaire de dealers, et le du monde entier à prendre une bombe de pein- propriétaire des lieux ne cherchait surtout pas ture et à tenter leur chance. Au final, je pense à attirer l’attention. La seule chose dont vous que ce film sera pour les artistes de rue ce que pouvez être certain, c’est que si vous êtes interLes dents de la mer a représenté pour le ski nau- rompu au beau milieu d’une peinture pas tertique. Faites le mur n’est pas un canular, c’est rible, il y aura toujours quelqu’un pour vouloir l’un des films les plus sincères qui soient. Il n’y l’emporter avec lui, et en prendre soin. Et puis, avait ni plan de travail, ni scénario, et on ne s’est quelques mois plus tard, elle sera présentée en rendu compte qu’on tournait un film qu’au mi- grande pompe chez Sotheby’s par des types en lieu du tournage. gants blancs. Pourquoi vous êtes-vous exprimé avec les graffiti ? On s’est servi des graffiti pour déclencher des révolutions, arrêter des guerres et ils représentent en général la voix de tous ceux que l’on n’écoute pas. Les graffiti, c’est l’un des rares outils que l’on a à sa disposition si on n’a presque rien. Et même si vous ne faites pas un dessin destiné à enrayer la misère du monde, vous pouvez toujours réussir à arracher un sourire à quelqu’un qui est en train de pisser ! Je conseille à tout le monde de faire des graffiti, ne serait-ce que parce que c’est toujours intéressant de sillonner une ville en recherchant de nouveaux endroits et en se demandant comment on peut les transformer. De même, si jamais vous êtes du genre à vous ennuyer au musée, vous ne vous ennuierez plus du tout si vous y venez avec votre propre oeuvre dissimulée sous votre manteau, et que vous l’accrochez clandestinement quelque part! Souhaitez-vous que vos oeuvres soient conservées ? Si vous détestez qu’on raye votre voiture, qu’on

Est-ce que les oeuvres des artistes de rue peuvent être exposées dans des galeries ? Je ne suis pas certain que le Street Art soit destiné à se retrouver dans des salons ou des salles à manger. Si vous domptez un animal, il perd sa nature sauvage et devient gros et paresseux. C’est pour cela que les oeuvres des graffeurs devraient sans doute rester dans les rues. Même si c’est triste pour ceux qui aiment bien avoir un animal domestique chez eux… C’est difficile de ressentir la montée d’adrénaline que procure un graff dans une jolie pièce bien cosy où l’on sirote une tasse de thé ! Peut-être que ceux qui volent les graffiti sur les murs sont au bord d’y arriver... Ce sont des gens étonnants : ils me demandent de leur fournir un certificat d’authenticité, garantissant que c’est bien moi qui ai peint telle ou telle oeuvre. Ce qu’ils me demandent, c’est tout bonnement une lettre d’aveu sur papier à en-tête de dégradation de propriété !

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Pourquoi continuez-vous à réaliser vos graffs dans la rue ? Je fais toujours des graffiti parce que je pense que les bords d’un canal sont un espace d’exposition plus intéressant qu’un musée. Et d’ailleurs, si vous exposez vos oeuvres dans une galerie ou un musée, vous vous retrouvez en compétition avec des maîtres comme Rembrandt, alors que si vous peignez dans une ruelle, vous n’êtes en compétition qu’avec une poubelle ! Je crois qu’on préfère fréquenter des obèses pour se donner l’illusion d’être mince. La communauté des graffeurs vous accuse d’avoir retourné votre veste. Qu’estce que vous leur répondez ? J’utilise l’art pour contester l’ordre établi, mais peut-être que j’utilise simplement la contestation pour promouvoir mes oeuvres. Vous êtes-vous enrichi grâce à vos graffiti ? Je ne gagne pas autant d’argent que ce que les gens s’imaginent. Mon avocat dit que je suis « l’artiste vivant le plus plagié au monde » et voudrait que je réagisse. Mais si vous avez construit votre identité sur la réputation de vous moquer un peu de la notion de propriété, ce serait assez mal venu d’attaquer qui que ce soit pour des questions de droits d’auteur ! Quand je suis allé au festival de Sundance, j’ai loué un mini-van pour pouvoir sillonner la région et faire quelques graffs. Avec un copain, on a dormi pendant une semaine sur un terrain pour caravanes, couvert de neige et envahi de Rottweilers. Je tentais de me réchauffer avec un minuscule radiateur électrique et je taillais mes crayons sur un lit pliant, entouré de crottes de chien. Une semaine plus tard, un journal du coin a décrit ma venue comme une « redoutable opération marketing »…

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Que pensez-vous du fait que vos oeuvres aient une valeur marchande ? Est-ce que cela vous pose problème qu’elles soient vendues comme des articles de luxe ? Mon avocat estime que les flics ne pourront plus vraiment m’accuser de vandalisme puisque, en théorie, mes graffiti contribuent à augmenter la valeur d’une propriété, plutôt qu’à la dégrader. C’est sa théorie, mais il faut dire que mon avocat pense aussi que c’est élégant de porter des cravates représentant des héros de BD ! Que pensez-vous du milieu de l’art ? Je ne ferai plus de grandes expositions pendant un bon moment car c’est vraiment trop risqué. J’ai croisé bien plus de voyous depuis que mon travail est « reconnu » et n’est plus considéré seulement comme du vandalisme. Le milieu de l’Art est rempli de gens louches qui cherchent à vous en mettre plein la vue. Les associations anti-graffiti aiment à dire que les tags rebutent les gens - mais pas autant que l’art contemporain ! L’art contemporain est délibérément conçu pour que les gens normaux se sentent bêtes. Je pourrais tenter de réaliser des oeuvres murales plus « officielles », mais je trouve qu’il est plus facile d’escalader une gouttière que de présenter un projet original à une commission ! Quels sont vos futurs projets ? C’est une bonne question. J’avais envisagé d’exprimer sur de grandes surfaces comment nous nous dirigeons, tels des somnambules, vers l’apocalypse, mais finalement, j’ai fini au pub et j’ai mangé des frites.



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