i said a hip... vol.5 (Autumn Issue)

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rédacteurs en chef // florent auray, julien valentin directeurs artistiques // florent auray, étienne voillequin rédacteurs // charlotte jeanmonod julien valentin david dahan nico prat sylvain ranc (aka dandymanchot) illustrations // étienne voillequin c215 copyright photos // dr contact // isaidahip(at)gmail(dot)com follow us // twitter(dot)com(slash)isaidahip fb(dot)com(slash)isaidahip

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édito Après quelques semaines de vacances, il a fallu remettre le cartable sur le dos et reprendre le chemin du boulot. Nouveau numéro, nouveau graphisme. On teste des choses, toujours, pour donner une vraie gueule à ce magazine. Et surtout pour vous séduire. Nouveau numéro et un contenu qui ne cesse de s’enrichir. De la musique, du streetart, du shopping, du théâtre... Les contributeurs habituels, de nouveaux venus... Ce nouveau numéro a pourtant un goût amer. La dispartion d’Amy Winehouse, grande dame de la soul. Et celle de DJ Mehdi, grosse claque. Le français était passé du hip-hop à l’électro, avait produit de grands albums, et, sans être un artiste médiatique, était certainement l’un des plus grands ouvriers musicaux français. Un sens précis de la fabrication, de la production, et un don incontestable dans le mélange des genres. i said a hip... vol.5 (Autumn Issue), c’est parti, ça dure 90 pages et c’est gratuit... comme le sampler en page 7, soit 16 titres en téléchargement gratuit pour vous donner l’envie d’acheter de bien beaux albums.

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Florent

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tracklist /// j’ai trompÊ ma meuf avec...

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/// l’image au service de...

/// parce qu’il n’y a pas...

/// halfbob

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contributeurs Christian Guémy (aka C215)

Etienne

Halfbob

street artist

illustrateur

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Nico Prat

DD

Charlotte Vié

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Pierre Dron

Valou

blogueur musical

Fondateur/Créateur Citron Bien

Dénicheur de pépites musicales

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le sampler

retrouvez tous les artistes du magazine sur le sampler a telecharger gratuitement ici

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/// j’ai trompÊ ma meuf avec...

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Je suis devenu le salaud de ces dames. J’ai trompé ma meuf. Avec qui ? Lana Del Rey Bien sûr, quand elle l’a découvert elle m’a demandé le nom de la sal****. Au début elle ne m’a pas cru. Faut dire que je ne prends quasiment jamais l’avion. Et Lana Del Rey, ça sent pas trop la nana qui vient de Limoges. La première fois que j’ai entraperçu Lana, elle posait nonchalamment dans les pages d’un magazine américain. La révélation. Physique forcément. Lèvres pulpeuses (les mecs comprendront, les filles seront désespérées), petit air coquin de fille à qui on la fait pas. On apprécie. Il y a du challenge. Elle se présentait comme une Gangsta Nancy Sinatra… On s’est méfié. Ça sentait l’entourloupe. En mec bien, je ne suis pas du genre à m’arrêter au physique… sauf quand la fille est vilaine, bien sûr. En mec bien, donc, direction Youtube. Clip de Video Games. Mieux que Youporn. On retrouve les lèvres pulpeuses. Elles bougent cette fois-ci. On comprend mieux le côté Gangsta Nancy Sinatra. Lana Del Rey est new-yorkaise. La petite vingtaine. De son vrai nom Lizzy Grant. Avec lequel elle a commencé sa carrière. La jeune femme est devenue Lana, sorte d’héroïne sortie d’un film des années 50. Qui joue d’ailleurs avec les codes des polars, du vintage... Ses clips sont en mode DoItYourself, bric-à-brac d’images de films, de dessins animés, de gens qui plongent dans une piscine. Et la demoiselle fait des apparitions, la moue boudeuse, coquine. Elle chante, susurre parfois. Lana Del Rey a tout compris. Concept super chiadé. Aussi bien dans la musique que dans l’image. On serait en droit de penser que sur la durée d’un album ce concept pourrait s’essouffler, lasser… Mais les premiers singles nous ont convaincus. Je n’ai donc pas résisté à Lana Del Rey. Mon couple est en crise. Et dire que je ne l’ai jamais rencontrée. par Florent

lana del rey // video games (ep)

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HOUSSE DE RACKET

POP HOUSSE SURVITAMINÉE La saison musicale bat son plein en cette rentrée et l’outsider n°1 nous vient de... FRANCE ! Cocorico, mesdames et messieurs ! Le groupe composé de Victor Le Masne et Pierre Leroux (deux anciens musiciens de Air et Phoenix), revient avec un album flamboyant, regorgeant de coups assurément gagnants. Pour ce nouveau challenge, Housse de Racket a tout d’abord signé sur le fameux label Kitsuné avant de faire appel au prolifique producteur Philippe Zdar (producteur et membre du groupe Cassius). Cette collaboration débouche -sans

grande surprise- sur un album ultra-efficace, large collection de tubes pop-house survitaminés où le groupe alterne anglais et français sans pour autant nous égarer une seule seconde. On passera rapidement sur Human Nature, chanson d’ouverture de l’album, qui rappelle (beaucoup) trop Klaxons. Nous vous conseillons plutôt d’aller voir du côté du prodigieux Roman (présent sur la compile Kitsuné vol.11), du farfelu TGV ou encore d’Aquarium, sans conteste un des meilleurs titres pop entendu en 2011. Les deux compères semblent avoir parcouru beaucoup de chemin depuis Oh yeah! Pierre Leroux avouait : « avec Alesia, on savait vraiment ce qu’on voulait, ce qu’on ne voulait pas, ce qu’on ne referait pas ». Visiblement, la mission est accomplie car avec une multitude de trouvailles sonores, Alesia est un disque qui frappe fort et vite. Jeu, set et match !

housse de racket // alesia (Kitsuné Coop)

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THE HO

CORBEAUX

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ORRORS

X DE JOUR

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/// musique Personne ne s’attendait réellement à cela, mais de punk hantés, les Horrors sont devenus des popeux conquérants. Audacieux, mais peu convaincants. Ça se passe toujours ainsi, au moment de l’explosion publique et / ou critique d’un groupe: le hipster qui sommeille en certains se réveille et déclare à qui veut bien l’entendre qu’il savait, dès le premier jour, qu’il avait toujours parié sur eux. Faux, bien évidemment. À l’époque de leur premier album, le très laid Strange House, personne ne voyait l’avenir en rose pour ces cinq gaillards. Pas même eux, qui se plaisaient à maltraiter leurs guitares et nos tympans dans un délire goth rock absolument dégueulasse. Pour finalement laisser entrer le soleil dans leur studio au moment d’accoucher de la suite, le bien nommé Primary Colours. Toujours pas la franche rigolade, mais on se dirigeait quand même vers quelque chose de plus ambitieux, de plus ouvert. Aujourd’hui, avec Skying, The Horrors se font moins corbeaux que colombes. Des colombes punk, certes. Même s’ils parviennent sans trop de mal à s’extraire du carcan de leurs débuts et à l’image qu’ils se sont eux-mêmes créés (en gros, des jeans aussi slims que leurs cigarettes et noirs que leurs pensées), on ne tient pas là un album de brit pop pour les stades ou les karaoké. Non. En revanche, pop, Skying l’est dans son intention, plus ou moins claire, mais qui se détache en filigrane de ces dix titres: ressusciter l’Angleterre de la fin des années 80 et du début des années 90. On y trouve du Jesus And Mary Chain (toujours ces guitares distordues faisant bloc), du Primal Scream (Screamadelica et ses trips défoncés) et même du Talk Talk (les synthés sont particulièrement mis en avant). Avec tout ça, on en oublierait presque de parler des chansons. Et c’est bien là que le bât blesse: le groupe n’en a que peu à son actif. Privilégiant le contenant sur le contenu, leurs trois albums (celui-ci pas plus que les autres, on vous l’accorde) souffre d’un douloureux manque de mélodies, le chant mal assuré de Faris Badwan, noyé sous la réverb, n’aidant pas vraiment. Skying fait penser à ses fêtes dont on retiendra une bonne ambiance, mais pas vraiment la musique. Dommage, l’invitation, sur le papier, avait de la gueule.

the horrors // skying (XL Musikvertrieb)

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par Nico Prat

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WOLF GANG AMADEUS POP Voila bien longtemps que l’on n’avait pas autant vibré devant un nouvel artiste à l’univers incroyablement riche. Tout commença par la découverte d’un titre, que dis-je, d’un hymne accrocheur comme jamais, l’incroyable The king and all of his men. Nous venions de faire connaissance avec Wolf Gang, alias Max McElligott, talentueux londonien d’à peine 24 ans, maestro de cet ouvrage aux multiples facettes et influences variées. Car la curiosité aiguisée, nous avons décidé d’écouter Suego faults et force est de constater que l’album, à une ou deux exceptions prêt, est un véritable bijou, le compagnon idéal pour une rentrée dynamique et colorée. L’album s’ouvre sur Lions in cages, où l’influence d’Arcade Fire sur le travail du jeune homme se fait tout de suite sentir, sans tomber pour autant dans la pâle copie grâce à une énergie pop débordante. Et les influences vont ainsi se succéder tout a long des 13 titres de Suego faults. Vous y retrouverez du Mika, du MGMT, du David Bowie... Un éclectisme des plus surprenants mais avec une fraicheur intacte où le chant à l’accent british de Max résonne et s’accorde parfaitement avec une composition typiquement électro-pop américaine. Back to back est une des autres immenses réussites de Suego faults. Sur un rythme bien plus lent que le reste de l’album, ce titre empreinte une voie très 70s avec une guitare et une basse beaucoup plus présentes pour un résultat fascinant. Impossible de ne pas revenir sur The king and all of his men, sans conteste LE morceau de l’album, et qui figurera certainement en bonne position dans notre classement 2011. D’autres titres méritent le détour comme Something unusual ou Nightflying, le reste est de qualité inégale mais est largement compensé

par cette usine à tubes !

wolf gang // suego faults (Atlantic Records)

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par Valou

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THEOPHILUS LONDON

THIS CHARMING MAN

Ne cherchez plus la nouvelle star ! Ce garçon bien sous tous rapports est en lice pour rafler la mise et mettre à genoux la concurrence. Au premier abord, le cas Theophilus London intrigue. Lui-même le reconnaît: les étiquettes, il les porte aux cols de ses vestes, jamais au micro: “ Le hip hop traditionnel ne me plaît pas plus que ça . Enfin disons que je ne me reconnais absolument pas là-dedans. N’y vois surtout pas de la prétention de ma part, je veux juste faire quelque chose que je juge bon. Je vais piocher dans toutes les cultures. Je veux que les gens s’aiment sur ma musique, dansent sur ma musique”. Promesse tenue: son premier album est un magnifique grand écart entre street cred et rock’n’roll. Après tout, c’est la moindre des choses quand on cite à longueur d’interviews l’influence de James Brown autant que des Smiths, de Jay-Z autant que de Prince. La pochette de This Charming Mixtape, au-delà de la référence évidente dans le titre au groupe de Marr et Morrissey (et du sample bien senti du titre en question), voyait le bonhomme recréer la pochette de This Year’s Model de Elvis Costello. Mêmes lunettes, même pose derrière l’objectif... Le décor est planté. Il semblerait qu’une nouvelle génération soit en train de voir le jour. En tout cas, ils sont une poignée ces temps-ci à enfreindre les sacro-saintes lois du MC. Merci pour l’ouverture d’esprit les mecs. D’ailleurs, s’il fallait chercher un double à Theophilus (c’est son vrai prénom), ce serait bien plus dans l’Angleterre de Jamie T et des Arctic Monkeys qu’il faudrait aller chercher, et non pas dans une ruelle poisseuse du Bronx. Un commentaire ? “Je pense que je fais de la pop . Vraiment. C’est le style dans lequel tu as en tout cas le plus de liberté. Tu peux aller où tu veux avec la pop, tu n’as plus aucune limite”. L’occasion de reparler d’un des plus grands artisans pop du siècle passé, Steven Patrick, dit le Moz. Génie et grosse influence : “Les gens

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le respectent énormément. J’ai fait beaucoup de recherches sur lui, à la fois sur son style vestimentaire et sur sa méthode d’écriture. Il est l’un des plus grands songwriters de notre époque, non ?” Si. Absolument. Et toi Theophilus, il se pourrait bien, le temps aidant, que tu deviennes rien moins qu’une énorme star. Si tu évites les faux pas. D’ailleurs, tu en as déjà commis un, et pas des moindres. Une collaboration avec ce tâcheron de Mark Ronson, simili producteur mais authentique tête à claque. D’ailleurs, sans grande surprise, le morceau incriminé servait à vendre des chaussures. On te pardonne, avec ta bonne gueule et ton flow d’ange, mais n’y reviens pas. Le sentier de la gloire est pavé d’embûches, et ils sont nombreux à s’être noyé dans leurs bulles de champagne. Plus malin que les autres (“Je ne me sens pas obligé de sampler un titre. Why Even Try ? par exemple n’en contient aucun”) et de toute évidence un pied dans le présent et un autre dans le futur (“J’ai déjà cinq titres pour mon deuxième album, qui devrait être très down tempo et comporté beaucoup de soul”),

Theophilus London, sous ses airs de petit con, pourrait bien être la perle rare.

theophilus london // timez are weird these days (Warner)

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par Nico Prat

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CULTS

DÉJÀ CULTE... Le premier album de Cults est un véritable piège acidulé ! Le genre de sucrerie de cour de récré dont vous tombez accro et avec lequel vous saoulez vos parents tout l’été (là, en l’occurrence, les parents ont été remplacés par les potes). En effet, à l’approche de chaque période estivale, nous recherchons toujours ce disque simple mais pas trop, pop mais pas gnangnan pour autant, ce disque qui aura l’honneur de nous accompagner qu cours de nos longs moments de détente entre amis. Et le duo originaire de Californie a tout à fait répondu à ce cahier des charges pas si facile à remplir qu’il en à l’air. Là où Best Coast nous avait épuisés à force de mièvrerie, Cults nous fait littéralement fondre de bonheur. Une voix fémi-

nine candide et émoustillante, un homme en charge des basses besognes à la guitare et aux percussions, voici la formule parfaite pour 11 titres pop à l’efficacité redoutable. Les rythmes sont électriques, originaux et il en sort quelques titres irrésistibles comme Abducted ou Bumper pour ne citer qu’eux. On sent très clairement l’amour du groupe pour le son très 60s, très « girly-pop » et la force de Cults est indubitablement de remettre au goût du jour ces sons-là en leur y ajoutant claviers nébuleux, guitares bruyantes et samples accrocheurs.

Madeline Follin et Brian Oblivio aborde le renoncement à l’adolescence, la peur du passage à l’âge adulte mais également des sujets autrement plus graves comme sur Go Outside, titre évoquant Jim Jones, gourou responsable du massacre de Jonestown en 78. De quoi donner du crédit à un groupe que certains pourrait trouver (à tort) trop « léger ». Et vous auriez bien tort de vous priver de cette friandise musicale en ces temps si moroses...

cults // cults (In the name of)

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LE RETOUR

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R DES JEDI

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Icônes de la scène alternative française, les Birdy Nam Nam écrivent une nouvelle page de leur épopée, depuis la première heure une hérésie dans le paysage de leur époque. Le quatuor d’excités n’en finit plus de brouiller les pistes et

de gribouiller sur l’étiquette que les malheureux civils que nous sommes essayons de leur coller . Après un premier album immédiatement adoubé par les geeks de la sub-culture turntable, fourré d’hymnes à la technique de ce style qu’on pensait pourtant sur le déclin, le deuxième opus, sorti en 2009, au nom sans équivoque de Manual for Successful Rioting, avait démontré le talent de la petite équipée à déjouer les pronostics et à s’inscrire dans une trajectoire qu’eux seuls sont capables de lire. Avec comme porte-drapeau l’infréquentable Trans Boulogne Express, qui a réduit en charpies moult ententes coridales entre voisins, ce Manual s’était plutôt avéré être celui de la boucherie dancefloor, flirtant sans trop de chichis avec le bruitisme. Retrospectivement, on se dit qu’on aurait dû voir certains signes annociateurs du futur, car se cachaient entre les beats bestiaux quelques nappes éthérées aux subtils relents de pop. Sottement, nous n’y avions pas trop fait attention. Aujourd’hui tout s’explique. Avec Defiant Order et son invraisemblable jaquette psychédélique, on embarque sur un navire dont il faut faire sans cesse le tour du pont

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pour être certain du cap vers lequel on se dirige. La frénésie de recherche de l’exploit technique possible avec quatre virtuoses simultanément aux platines semble être définitivement du passé, et la volonté de savoir qui de babord ou de tribord chante le plus fort un vague souvenir. C’est désormais la maîtrise et l’intelligence

qui frappent, au long de plages plus soft, limite cold-wave, archi80’s, en réussissant toujours aussi bien à ne pas faire comme tout le monde : entre les envolées cosmiques au synthé, on retrouve quelques missiles qui mettent tout le monde d’accord (El Cobra D) et au final très régulièrement des réminiscences de beats aussi férocement enlevés que savamment amenés. Il serait particulièrement mal venu de s’en plaindre : Birdy Nam Nam est toujours là. On ne doute pas un instant que leur réputation légendaire sur scène devrait asseoir définitivement ce troisième volet de leurs aventures comme une totale réussite.

par DandyManchot

birdy nam nam // defiant order (Kitsuné Coop)

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THE RA

L’AMOUR L’ AMOUR

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APTURE

R À MORT R À MORT i said a hip... vol.V // autumn issue

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On craignait de ne jamais les revoir. Comme beaucoup d’autres, les Rapture n’ont pas eu que des moments faciles ces dernières années. Bonne nouvelle: de l’adversité est né leur meilleur album.

Le rock des Rapture tient pour beaucoup à sa capacité à faire danser un maximum de monde en un minimum d’effort apparent . Centre névralgique de ce groupe, la bassiste Mattie Safer décida néanmoins de se barrer, du jour au lendemain, laissant l’un des noms les plus flamboyants des années 2000 dans le doute. Renoncer? Aller de l’avant? Et si oui, sous quelle forme? Les mois devinrent des années, et petit à petit, on commença à les oublier. On n’attendait plus rien d’eux. La présence de Echoes au générique de la meilleure série télé du moment, Misfits, n’y changea strictement rien. Pour nous, les Rapture étaient grillés. On avait tort. Délaissant le garage des débuts pour se frayer un chemin sous les spotlights, le désormais trio se fait plus pop (le mot est lâché) mais pas plus con. Très loin de la naïveté attendrissante puis rapidement énervante des Two Door Cinema Club (avec qui ils ont en commun un producteur, Philippe Zdar), le ton est sérieux sans être prétentieux, ambitieux mais pas indigeste. Bref, In The Grace Of Love sonne juste. Classe. D’ailleurs, Luke Jenner, chanteur, parolier, frontman et, sachez-le, vrai gentil, le dit

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lui-même, cette collaboration avec Philippe, producteur adulé(scent) de Phoenix (et également membre de Cassius), s’est avéré être fructueuse, bien au-delà de leurs attentes: «C’est Pedro Winter, la patron du label Ed Banger, qui nous a conseillé de travailler avec lui. Il se trouve que nous habitions à quelques rues l’un de l’autre, sans le savoir. En studio, ce fut un véritable échange. Ce n’est pas comme si le producteur ou le groupe avait le dernier mot, ça ne se passe pas comme ça. Nous avions une idée de la direction que nous souhaitions prendre, mais nous avions besoin d’un producteur avec des idées pour nous y emmener. Tu vois ce que je veux dire ? Zdar était parfait pour cela, il nous a apporté beaucoup». Moins crade et plus accessible que ses prédécesseurs, In The Grace Of Your Love explore, cherche, se ballade. D’un hymne de stade synthétisé (Sail Away), on passe à une électro musette sous influence DFA (Come Back To Me) en sifflotant une pop robotique (In The Grace Of Your Love), un funk caverneux et hanté (Never Gonna Die Again) ou un Cure désarticulé (Children). Visiblement conscients d’être

des miraculés, les Rapture signent avec cet album la première page d’une nouvelle histoire. Osent tout, prennent des risques. Et visent juste. Finalement, on se dit que leur avenir n’a jamais été aussi radieux.

the rapture // in the grace of your love (DFA)

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par Nico Prat

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THE ANTLERS

CHEF D’OEUVRE HYPNOTIQUE Deux ans après Hospice, brumeux et ténébreux album qui reçut un succès critique indiscutable, le trio new-yorkais de The Antlers est de retour avec Burst Apart. Cet opus opte résolument pour un style plus immédiat que son prédécesseur. Dès le premier titre, I don’t want love, la guitare le dispute au sérieux des paroles de Peter Silberman, comme une éclaircie dans un ciel assombri après un violent orage. Et c’est cette alchimie parfaite qui portera d’ailleurs tout l’album

vers des sphères insoupçonnées, dans un vibrant mélange d’arrangements impeccables et de paroles pleines de grâce et d’émotion. Le trio de chansons constitué par Parentheses, No widows et Rolled together nous ramène aux plus belles heures de Radiohead tout en accomplissant chacune quelques chose d’unique, de quasi-hypnotique. La voix de Peter Silberman semble s’étirer et invite son auditoire à s’alanguir. Vous l’aurez compris, la musique de The Ant-

lers recèle une part de mystère magnifiée par des arrangements originaux et subtils comme en témoigne encore la ballade Corsicana. Celle-ci précède la formidable conclusion de ce chef d’œuvre, Putting the dog to sleep, qui ne vous donnera qu’une seule envie : celle de recommencer l’écoute de l’album encore et encore. Ce disque parle de regrets, de peines ou de place dans le monde mais c’est définitivement à vous de choisir quel chemin vous emprunterez avec lui. Musique

pour esthète, certes, mais qui gagne à être connu du plus grand nombre , pour ne pas demeurer comme un des secrets les mieux gardés de cette année musicale.

the antlers // burst apart (Frenchkiss)

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KANYE WEST x JAY-Z 2 ROIS SUR LE MÊME TRÔNE Kanye West et Jay-Z sont dans un studio. L’ego est à flot. Qu’est ce qui reste ? Un album ambitieux, certes, mais un tantinet gâteux. Dès l’annonce de cette collaboration, l’emballement fut de mise. Normal. Deux artistes de cette envergure, partageant un micro, s’époumonant dans la même direction, l’idée ne manque pas de gueule. Avec un risque, néanmoins: celui de sombrer dans la caricature. Un album commun, ok. Un affrontement entre deux individualités, non merci. La vidéo diffusée sur le net les montrant tous deux échangeant des idées dans un studio de fortunes entre deux cuites avec Russell Crowe avait quelque peu rassuré les esprits les échauffés. affaire de fun.

Watch The Throne serait avant tout

On s’y attendait, l’album est long. Trop long. Seize titres pour la version deluxe, et pas mal de remplissage. De grands moments de bravoure aussi, certes. Le premier single, H.A.M (pour Hard As A Motherfucker) avait donné le ton : Jay Z sera hargneux, Kanye sera grandiloquent, et les rôles seront interchangeables. Who Gon Stop Me suit cette voie. Moins sombres, Murder To Excellence et That’s My Bitch sonnent l’heure de la récréation et adoptent une tenue pop pour aller secouer quelques derrières sur les dancefloors ensoleillés. Ailleurs se pose la question de l’utilité de Lift Off, si ce n’est de faire chanter Beyoncé, ou de Welcome To The Jungle, qui n’a de sauvage que le titre. Loin de la guerre d’egos crainte (et aussi, avouons-le, un peu espérée), Watch

The Throne n’est rien d’autre qu’une pause détente dans la carrière de deux géants. Ce moment où l’artiste, au sommet du monde, peut se permettre ce qu’il veut, y compris d’exciter son monde avec un délire entre potes. Pas snobs, Kanye et Jay Z nous invitent à les rejoindre. On ne pige pas tout, mais on est content d’y être.

kanye west + jay-z // watch the throne (Roc-A-Fella LLC Shawn Carter)

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PAUL KALKBRENNER

LE TECHNOCRACK

Jusqu’il y a peu, et contrairement à la croyance populaire, un mur extrêmement solide restait debout à Berlin : celui du son. Les ruines encore fumantes de l’autre mur, celui qui coupait l’Allemagne en deux furent le berceau de toute une génération de musiciens d’un genre nouveau, qui progressivement définirent un genre et s’en firent rois : la techno. Les cadors historiques du mouvement, à l’initiative de la légendaire Ellen Alien, se regroupèrent au sein du label B-Pitch Control, et magnétisèrent les nuits déliquescentes des clubs mythiques de la capitale dès les années 90. A l’orée du 21ème siècle, un jeune homme du nom de Paul Kalkbrenner rejoint la troupe et se fait notamment remarquer en 2004 pour son LP Self, à tel point qu’il est choisi en 2006 pour réaliser la BO cruciale d’un film romançant (quoique…) la chute sous acides d’un DJ star à Berlin. Kalkbrenner s’offre alors une retraite de six mois qu’on imagine monacale à Aix-en-Provence pour mettre en musique Berlin Calling. Le film deviendra culte, et la BO tout autant, avec notamment l’effarant Sky and Sand, hit absolu à la croisée parfaite des chemins de la pop et de la minimale pure souche.

Berlin Calling s’avèrera un catalyseur primordial dans la démocratisation de la culture techno germanique, aujourd’hui croquée à pleines dents chaque week-end par des milliers d’Easy Jet-setters venus de toute l’Europe.

On pouvait légitimement craindre pour la crédibilité du néo-poids lourd, devenu un savant mélange de VRP et de MVP d’un style musical qu’il maîtrise à la perfection. Il aura fallu attendre trois ans pour regoûter un LP du messie. Icke Wieder est là pour nous rappeler que nous avions tort de douter. L’hypnose s’établit dès les premières secondes et perdure dans une longue asymptote à un équateur parfait entre le trop et le trop peu. Jamais bruyant, jamais trainant, toujours présent, Icke Wieder sait flatter les sens du plus grand nombre, sans être une purge pour les spécialistes. Une réussite, sans hésiter, une de plus pour son créateur. Jusqu’à la prochaine ?

paul kalkbrenner // icke wieder (Rough Trade)

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RED HOT CHILI PEPPERS

PIMENT (très) DOUX

Il était une fois un groupe de blanc-becs californiens jouant un mélange improbable de punk, de funk et de rap... C’était en 1983. Aujourd’hui un des plus grands rock band du moment, les Red Hot Chili Peppers nous livrent un dernier album intéressant, mais qui nous laisse sur notre faim... Depuis l’album Stadium Arcadium, voire By The Way en 2002, le son du groupe a atteint sa maturité et ne semble plus évoluer que dans la maîtrise de son style. Le mélange de rock, funk et blues est ici savamment dosé, mais on peine à retrouver les composantes fusion et rap. Et c’est bien dommage, car l’ensemble manque cruellement d’énergie. Bien que la force du groupe repose grandement sur l’exceptionnel et omniprésent jeu de basse de Flea et sur le style très particulier du chanteur Anthony Kiedis, peut-être faudrait-il chercher du côté d’une éventuelle lassitude des

deux compères, ou bien du côté de l’absence remarquée de la guitare du prodige John Frusciante.

Il serait malgré tout dommage de passer à côté de cet album dans l’ensemble très bien travaillé, et de titres comme l’excellent Factory Of Faith ou encore Goodbye Hooray !

red hot chili peppers // i’m with you (Rough Trade)

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Zach Condon a un défaut : ses albums se suivent et se ressemblent. Il a également une qualité : ses albums se suivent et se ressemblent . En 2006, avec The Gulag Orkestar, on découvrait un jeune homme qui adorait le ukulélé, les fanfares et les sonorités d’Europe de l’Est. Un jeune homme qui créait sa musique, unique, mondiale, voyageuse. Moins d’un an après, The Flying Club Cup affirmait tout le bien que l’on pensait de l’artiste. Avec moins d’originalité et de surprise. Mais avec efficacité. Deux albums en moins d’un an, les concerts qui s’enchaînent, Beirut n’arriva pas à tenir le rythme qu’il s’imposait et tomba de fatigue. «Dans une station service en Angleterre, j’ai été pris d’une sensation étrange et je me suis écroulé. J’ai annulé ma tournée européenne et je me suis terré six mois à Albuquerque.» On l’a dit malade, dépressif. Et pendant 4 ans, presque pas de nouvelles. Hormis un double EP March of the Zapotec and Realpeople Holland. Anecdotique. Mais aujourd’hui, Beirut va mieux. The Rip Tide le prouve. «Rip Tide, c’est ce courant qui emporte les nageurs au large. En repensant aux cinq dernières années, je me rends compte que j’ai été pris dans un tourbillon, balancé d’un côté ou d’un autre au rythme de ma carrière. Cet album, c’est une volonté de reprendre le contrôle.» Et effectivement, Beirut reprend là où il s’était arrêté. Avec sa fanfare balkanique, ses cuivres mexicains, il continue de voyager même si elle semble arpenter plus ou moins les mêmes chemins. Et alors que cette «facilité» pourrait être fatal à la bonne appréciation de ce nouvel album. Alors que cette «facilité» pourrait être un violent reproche pour n’importe qu’elle autre artiste, on pardonne facilement ces trois albums qui pourraient n’en former qu’un seul. Un pardon comme une faiblesse ? Peut-être bien. Car Beirut arrive encore à nous émouvoir. De ses mélodies se dégage une délicatesse et une force qui nous font penser, parfois, au Yann Tiersen années «Amélie Poulain» (pour que tout le monde visualise bien). Tout simplement : la musique de Beirut ne ressemble à aucune autre . C’est peut-être bien la meilleure raison de notre pardon. par Florent

beirut // the rip tide (Pompeii Records)

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M83

WALKING ON A DREAM Pour ce sixième album studio (déjà), le français Anthony Gonzalez nous emmène, comme le titre l’indique, dans un monde de rêve. 3 ans passés à préparer ce double LP, et cela se voit ! Une set-list épique de 22 titres pour 80 minutes de sons méticuleusement peaufinés . Le style reste inchangé, une dreampop planante, parfois expérimentale, mais avec une vraie sensibilité sous-jacente, comme en témoigne le magnifique Wait. Une certaine grandiloquence fait toutefois son apparition plus marqué et permet ainsi à Hurry up... de se démarquer de ses prédécesseurs. Zola Jesus vient d’abord apposer sa voix sur Intro, chanson d’introduction de l’album, titre magnifique qui lance parfaitement cette odyssée sonore. Suit la pièce majeure de Hurry up..., Midnight city, le tube de la rentrée, le genre de son qu’il vous est impossible d’oublier et dont l’air vous traine dans la tète de longues heures. Complexe, parfait, impressionnant ! Là où le précédent opus, Saturdays=Youth se faisait plus lourd et plus grave, Hurry up... est aérien, nébuleux, unique. L’illustration parfaite vous en est faite avec l’enchainement de Where the boats go et Wait. Léger, minimaliste dans les arrangements, ce subtil passage de l’album est d’une beauté sidérante.

Impossible de s’attarder sur chaque morceau tant ils révèlent tous des sentiments ou souvenirs propres à chacun . Chaque titre est finalement très différent du précédent et ces variations sonores entrecoupées de paroles légèrement murmurées donnent toute sa splendeur à ce patchwork réussi . Alors, prêts à rêver ?

m83 // hurry up, we’re dreaming (Naïve)

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par Valou

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ORELSAN ...QUI, COMME ULYSSE

Personnage à part dans le vaste monde du rap français, Orelsan ne ressemble ni aux gueulards de banlieue, ni aux fines plumes. Même si le canneais sait très bien manier les mots. Après un premier album séduisant quoiqu’un peu limité, et une controverse médiatique et féministe pour un Sale pute lâché comme une erreur de jeunesse, le rappeur a décidé de régler ses comptes sur un deuxième album qui n’est pas encore celui de la maturité mais avance sereinement vers l’âge adulte. Perdu d’avance nous avait présenté un jeune mec, looser, antipathique, mysogine, vulgaire. Un personnage à prendre avec du second degré mais si proche de la réalité de la jeunesse d’aujourd’hui. Un second degré qui avait manqué à certain(e)s créant de fausses polémiques et clouant le rappeur au piloris. Pour être honnête, la vulgarité des textes d’Orelsan nous avait un peu saoulés sur la longueur. L’exercice était un peu facile et pas toujours justifié. Mais le jeune homme était le symbole d’un renouveau du rap français . Il était le lien entre les « racailles » (Booba, Sefyu…) et les « poètes » (Oxmo, Hocus Pocus…). Le chant des sirènes est un album un peu bancal. Plus adulte que son aîné, il n’en reste pas moins tout aussi « égocentrique ». Si l’on apprécie la précision avec laquelle le rappeur dépeint la société, sa manière bien à lui de manier les mots et sa qualité de planter ses textes là où ça fait mal, on tourne un peu rond . Même si des titres comme 1990, ils sont cool, La petite marchande de porte-clefs (peut-être le titre le plus étonnant de l’album), La morale, Le chant des sirènes, etc... sont plus qu’efficaces. Orelsan n’a plus à convaincre qui que ce soit de son talent. Il lui reste juste à bosser un peu les thèmes abordés. par Florent

orelsan // le chant des sirènes (3ème bureau)

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THE KOOKS UN CD PRESQUE PARFAIT

Luke Pritchard et sa bande sont de retour pour un troisième tour. L’attente est grande, pour ne pas dire immense car les deux premiers albums des Kooks ont emballé la critique, et pas seulement. Pop accrocheuse, rock « so british » et lives endiablés ont fait d’eux les fiers héritiers de cette grande tradition pop-rock anglaise.

Autant doucher tout de suite votre enthousiasme, Junk of the heart n’est pas aussi bon que ses prédécesseurs ! Autant raviver tout de suite votre enthousiasme, Junk of the heart est un excellent album ! Produit par Tony Hoffer (Beck, Air, Depeche Mode…) qui suit le groupe depuis ses débuts, ce disque marque l’arrivée du nouveau batteur Chris Prendergast, qui remplace Paul Garred, écarté du groupe à cause de ses problèmes de drogue. Avec Junk of the heart, on sent que les Kooks ont voulu prendre un tournant artistique, en nous livrant un son bien plus électrique que précédemment, bien plus dans l’air du temps au final. Seulement, l’ensemble reste très formaté et ne surprend pas tant que ça. On regrettera d’ailleurs que l’excellent Saboteur, qui avait fuité sur la toile en août ne soit pas présent sur l’album. Pritchard a beau se démener à grands coups de refrains fédérateurs, le disque ne présente pas de vrai bijou comme pouvait l’être Ooh la ou Always Where I Need To Be.

Côté positif, il reste toujours l’énergie fondatrice de ce groupe qui vous donnera l’impression de prolonger quelque peu votre été. Bien qu’atténuée, cette énergie reste incroyablement communicative sur la plupart des titres qui composent Junk of the heart. On retiendra ainsi l’excellentissime Runaway ou encore Is it me (curieusement en huitième position sur l’album...). Au final même s’il nous déçoit légèrement, Junk of the heart reste un album très bien construit sans inégalités ou les Kooks réussissent à garder intact ce brin d’insouciance salvateur et typique depuis leurs débuts. Allez! Vivement le quatrième !

the kooks // junk of the heart (Kitsuné Coop)

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par Valou

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/// l’image au service de la musique

OK GO i said a hip... vol.V // autumn issue

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Le 27 juillet dernier, vous découvriez peut-être OK GO, ce groupe de rock US qui repousse les frontières de la création... Rappelez-vous, All is not lost leur tout dernier clip était dévoilé en avant-première mondiale sur la page d’accueil du site internet du New York Times !!! Un clip ? En Une du NY Times ? Oui, enfin pas seulement... il s’agit de la dernière réalisation du groupe OK GO, qui collabore à cette occasion avec un groupe de danse (Pilobus), et Google. Il s’agit de leur dernière expérimentation musicale et interactive en HTML5 avec Google Chrome ! L’information pourrait s’arrêter là...

Mais, ce qu’il faut retenir, c’est que ce

groupe a su repousser les frontières de la création, et de l’industrie musicale.

Un groupe créatif qui compose aussi avec l’image ! OK GO est surtout connu pour ses clips déjantés et hyper-créatifs. Cette imagination débordante leur a permis de se créer une Fan-Base impressionnante... dont tout artiste indé rêve de posséder ! A l’heure, où l’industrie du disque peine à proposer des solutions pour sortir de la crise, certaines succès story font plaisir à voir. La clé de ce succès ? Le

groupe OK GO a tout simplement mis en place UNE démarche créative au cœur de son processus de création, en proposant autre chose que juste sa musique. Le clip en fait partie. Le public n’est pas qu’un public qui aime ou écoute de la musique, c’est aussi un public qui aime découvrir des choses, se faire surprendre... et OK GO l’a compris. Quant à l’industrie du disque, elle peine à sortir du schéma classique « sortie d’album - tournée », alors que le public est déjà lui à l’ère du multi-supports (il regarde la TV, en twittant, joue aux jeux vidéo en surfant sur facebook, et partage sa musique sur Tumblr...)

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/// l’image au service de la musique

OK Go est un bon exemple pour montrer que la créativité est centrale dans la réussite d’un groupe, et que le business model doit irrémédiablement tendre au-delà de la seule musique.

Un groupe qui se paie le luxe de l’indépendance Les succès de OK GO ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis la sortie de A million ways en 2005, et davantage avec Here it goes again en 2006, le groupe n’a cessé d’augmenter sa Fan-Base et son impact médiatique. De tels succès attirent forcément les marques. Elles qui sont de plus en plus désireuses de capitaliser sur de tels vecteurs de communication, et d’y être associées... Elles évitent alors de tomber dans la banale pub-synchro qu’on ne désire plus ! Le groupe est d’ailleurs si bien identifié (aux USA essentiellement) pour leur approche créative et pluri-disciplinaire qu’il est démarché directement. OK GO propose alors à la marque les projets sur lesquels il travaille et ils décident ensemble celui qui se fera !

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Plutôt imaginées par le groupe comme un partenariat que comme du sponsoring, certaines collaborations n’aboutissent pas, parce que la marque est trop poussive dans ses demandes : le groupe garde une totale indépendance, et une liberté de choix.

A titre d’exemple réussi, This too shall pass (ribe goldberg machine) a été financé par une compagnie d’assurances qui a juste demandé à être créditée au générique !

Toutefois, même si les clips vus des millions de fois sur le net générent des droits, les vidéos sont surtout des moyens pour se promouvoir et générent ainsi du licensing et de la synchro (leurs titres ont habillés les pubs de Nike, Apple, Bing... ou des séries TV). Cette indépendance (ils ont leur propre label) leur permet ainsi de continuer de «créer des trucs cools», comme l’indique le sémillant Damian Kulash ... mais aussi de leur permettre de faire des choses créatives qu’on imagine pas pour un groupe de musique: ils ont ainsi collaboré avec un designer autrichien d’avant-garde, Moritz

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/// l’image au service de la musique

Waldemeyer, sur un système de LED intégrées à leurs habits et jeux de scène avec des guitares spécialement dessinées pour la présentation du projet à Design/Miami Avoir une telle notoriété, n’empêche pas l’engagement sur le terrain politique avec des actions diverses, comme lever des fonds pour les sinistrés de Katrina, se positionner contre Bush aux élections, s’engagner sur les questions de neutralité du net (devant le Congrès Américain), distribuer des burritos gratuits aux SDF... Et comble de la hype,

versaire !

OK GO est l’invité qu’on aime avoir à son anni-

Invité aux 5 ans de Youtube au Musée Guggenheim de New York , c’est Barak Obama (himself ) qui leur a proposé de participer à la fête de son 50ème anniversaire cet été ! Comme quoi : travailler son image et proposer du contenu créatif ouvre de belles portes. Je reste convaincu qu’un tel exemple est tranposable en France... reste à savoir si la mentalité française y est prête... et surtout, reste à savoir si un(e) président(e) français(e) inviterait un groupe de rock pour son anniversaire !!!

www.okgo.net

youtube.com/okgo

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facebook.com/okgo

par Pierre

@okgo

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/// parce qu’il n’y a pas que la musique dans

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CHRISTIAN

GUÉMY aka C215 « je

me fous d’entretenir un

mystère qui pourrait exciter mon public ... »

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/// parce qu’il n’y a pas que la musique dans Salut C215, tu peux te présenter ? Je suis un artiste peintre oeuvrant dans les rues au pochoir, pour y représenter des portraits en situation contextuelle. j’ai 37 ans et suis le père d’une petite fille de 7 ans. Je dois t’appeler C215 ou Christian ? Christian... C215 ne me servant principalement qu’à signer dans la rue. D’où te vient ce pseudo ? Je voulais trouver un nom apoétique, qui représente l’inhumanité de notre époque, entre code barre et colorants artificiels. Tu as commencé à peindre très jeune. A l’âge de 14 ans ? A la bombe oui, sur la demande de mon oncle, qui m’avait emmené voir Wild Style au cinéma. Il s’agissait d’un lettrage publicitaire, puis j’ai peint des vespas jaunes car j’en possédais un. Ta jeunesse artistique a été très influencée par la culture américaine, notamment hip-hop… J’ai grandi sous l’influence de Sydney de son émission H.I.P H.O.P. avec la Zulu Nation. Ensuite il y eut les NTM et le rap français. Je n’ai pas pu y échapper.

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... mais tu as voulu garder l’esprit frenchy. Ma culture familiale était largement orientée vers la chanson populaire et le jazz des années 50. Moi même j’ai vagabondé dans de nombreux univers musicaux, en particulier le swing et le jazz manouche. L’université m’a aussi forgé une forte identité française, sinon classicisante. Tu as donc mis les pinceaux et les bombes de côté pendant de nombreuses années, est-ce que ça a été une « souffrance » ou est-ce que ça t’as permis de te construire en tant qu’homme pour mieux appréhender ton art et le message visuel que tu voulais faire passer ? Je n’ai pas souffert du tout d’avoir renoncé à un truc que j’ai trouvé rapidement insatisfaisant. Les bombes de l’époque ne permettaient pas de réaliser des oeuvres fines et je n’avais pas les exemples nécessaires sous les yeux pour affiner cette technique, car je n’étais pas parisien. C’est en arrivant sur Paris que j’ai découvert le pochoir, et imaginé ses possibilités. Quel est le message ou la vision du monde que tu as envie de faire passer à travers tes pochoirs ? Celui d’un homme libre qui porte un regard fraternel sur l’humain, avec la volonté de dignifier tout individu, même les plus rejetés socialement, et la foule des anonymes. Ton art, à travers tes portraits, semble vouloir porter un regard sur le monde mais également sur les gens… Je reste touché par chacun des portraits de Nina (sa fille, ndlr) que je réalise : ils me font percevoir la magie de fixer un instant de vie pour toujours. Chacun porte son histoire et son identité. J’espère réaliser autant de portraits que possible. Tes portraits sont également une manière de nous dire que l’on est parfois très égoïste… Peints sur des objets du quotidien, ils sont là pour nous rappeler que nous vivons en communauté… J’aime tenir un discours social mais j’avoue aussi avoir peur de m’enfermer dans un discours sentencieux, moralisateur et culpabilisateur. Je mène une vie agréable et me sens aussi égoïste qu’un autre. Cependant, je pense que même les clochards sont dignes de représentation, et qu’il sont porteurs d’une certaine beauté, sinon d’une certaine image de la liberté et du renoncement.

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/// parce qu’il n’y a pas que la musique dans

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Pourquoi avoir choisi le pochoir ? Pour peindre très vite et assez petit des oeuvres figuratives abouties en plein coeur de la rue. Comment travailles-tu ? Je prends des photos, les imprime et les découpe, je vais dans la rue, je peins, c’est à peu près cela. En 2008, tu as reçu l’invitation d’un autre pochoiriste, Banksy… Pour le Cans Festival à Londres en effet. Nous étions 40 pochoiristes venus du monde entier pour y investir un tunnel de 250m de long en plein coeur de Londres. Un moment inoubliable. Banksy utilise également le pochoir mais il détourne de plus en plus les objets (parfois même les animaux…), est-ce que tu as également envie de faire évoluer ton art vers autre chose que le pochoir ? J’ai réalisé des installations, comme à l’Institut français de Prague ou à la Biennale de Moscou. Mais je suis heureux d’explorer les possibilités de cet outil, toujours en interaction avec un contexte. Contextuel avant tout, sans être illustrateur.

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/// parce qu’il n’y a pas que la musique dans

Depuis plusieurs années maintenant, l’art urbain commence à sortir du ghetto dans lequel il était enfermé. Les artistes ne sont plus considérés comme de simple vandales… Que le street art se retrouve dans les musées, au cinéma (JR, Banksy…) est-il un véritable changement d’état d’esprit de la part d’une certaine intelligentsia ou un effet de mode et commercial ? La commercialisation et l’institutionnalisation sont des phénomènes incontournables. Il y aura aussi des effets de reflux. Seuls les plus affirmés, et ceux qui sauront évoluer, seuls les meilleurs donc, resteront dans les mémoires.

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Nous avons rencontré Tilt, il y a quelques mois… Il nous disait qu’il ne se considérait pas comme un street artist et qu’il n’aimait d’ailleurs pas trop ce terme. Est-ce qu’on peut te considérer comme un street-artist ou non ? Si on doit mettre la rue au coeur de mon travail, je suis ok. Si on veut mettre le pochoir aussi. Pourtant je me sens plus artiste contextuel, artiste peintre voir même artiste contemporain. On parle de street-art, de graph, d’art contemporain urbain… C’est quoi la différence entre tous ces termes ? Je ne sais pas vraiment. L’essentiel est de susciter débat autour de la question de l’art et de la poésie dans la ville, à l’heure de la standardisation économique et architecturale. Aujourd’hui tu exposes et tu t’exprimes dans le monde entier… Comment s’est construite cette notoriété internationale ? Dans la rue, toujours par la rue, plutôt que par les galeries. Il y a beaucoup d’artistes qui avancent masqués et qui entretiennent un certain mystère autour de leur personne… et toi, tu évolues à visage découvert… Tout ceci n’est qu’une affaire de marketing. Je me fous d’entretenir un mystère qui pourrait exciter mon public. Je prends mes responsabilités car je ne me sens nullement coupable à peindre dans les rues sans autorisation. Quels sont les artistes que tu apprécies et qui peuvent être une source d’inspiration ? Caravaggio, pour son itinérance et sa science du clair obscur, Banksy pour son génie contextuel et son humour, Pignon Ernest pour sa technique, sa lucidité et son engagement. Je sais que tu as également écrit des poèmes… Tu peux en partager un avec nous ? C’est du passé. La poésie est une pulsion temporaire. J’ai laissé tomber l’expression par les mots en dehors des interviews. Quelle est ta prochaine expo de prévue ? En décembre à la Shooting Gallery de San Francisco

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/// parce qu’il n’y a pas que la musique dans Passons maintenant à notre questionnaire musical… Dernier album acheté ? Un immense juke-box dans mon téléphone, jusqu’à en remplir toute la mémoire. Vive iTunes. Chanson préférée ? Stormy Weather // Fred Astaire Album préféré ? Le premier album de M (Le baptême, ndlr) La chanson que tu adores mais dont tu as un peu honte ? Salade de fruits // Bourvil La chanson de ton mariage ? La vie en rose // Louis Armstrong Celle de ton enterrement ? Le poinçonneur des Lilas // Serge Gainsbourg L’artiste/groupe qui n’aurait jamais du se séparer ? Stone et Charden

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s la vie... L’artiste/groupe qui n’aurait jamais du exister ? Michel Sardou L’album qui te suivra toute ta vie ? Zunguzungguguzungguzeng // Yellowman Si tu devais dédicacer une chanson à un(e) ami(e) ? Beautiful Tango // Hindi Zahra // pour Alice La chanson qui te met de bonne humeur ? Gwarn // Pato Banton La chanson qui pourrait être une source d’inspiration ? Goodbye Stranger // Supertramp La pochette d’album que tu aurais aimé réaliser ? Ça aurait donné quoi ? N’importe quelle pochette de Manu Chao, avec un portrait sur un mur, en Amerique du Sud. *retrouvez la playlist de C215 sur isaidahip.com

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MA VIE EST UN SPECTACLE par Charlotte Vié

« Mais, quand d’un

passé ancien

rien ne subsiste (…) l’odeur

et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappe-

ler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable,

l’édifice immense du souvenir. » Marcel Proust // A la recherche du temps perdu

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/// parce qu’il n’y a pas que la musique dans

Il y a des airs qui ne nous laissent pas indifférents… En ce qui me concerne, je sais par exemple qu’ une bonne vieille chanson de Julien Clerc aura toujours l’odeur des fauteuils de la vieille Toyota de ma mère...parce qu’elle adorait écouter Juju en nous trimballant partout avec mes frères et sœur. De même, quand j’entends Brian Adams, je me retrouve illico à la boum en classe de neige, et je danse mon premier vrai slow. Branchez-moi sur l’album Ok Computer de Radiohead et voilà que j’ai 15 ans et que je suis en larmes sur mon lit...je pleure sur mon adolescence si cruelle ! La chanson Onde Sensuelle de M a exactement le même parfum que mon premier amant. Quant au fameux bourdon du Fil de Camille, il me rappelle une époque : un printemps heureux, doux et lumineux, j’habitais dans le 14ème et je l’écoutais en boucle en marchant dans les rues fleuries de Paris… Le pouvoir extraordinaire de la musique ! Certaines chansons nous rappelle

des chagrins, d’autres nous scotchent directement un sourire au coin des lèvres. On y peut rien, c’est plus fort que nous et ça nous submerge. Par-

fois un simple accord peut nous paraitre étrangement familier. La musique a cette faculté magique et sensible de nous renvoyer directement à une époque passée de nos vies et d’en retrouver la saveur, l’existence, le sentiment réel d’y retourner. Elle peut réveiller un amour oublié le temps d’une chanson, raviver une douleur enfouie ou sublimer un moment qu’on pensait anodin. Elle nous renvoie à des époques, des évènements, des états. Le pouvoir de la nostalgie. Le pouvoir de la musique contre le temps qui passe. Comme autant de marqueurs. Comme des milliards de madeleines de Proust en puissance qui nous entourent. Et si le théâtre avait le même pouvoir ? J’ai testé pour vous et témoigne. Bertrand Brossard : un nom qui n’a l’air de rien…En l’occurrence il s’agit d’un auteur, metteur en scène et comédien français. Désolée Bertrand, mais pour moi, même si pourtant, je ne suis jamais allée voir aucun de tes spectacles, ton nom maudit sera toujours associé à mon premier chagrin d’amour! Car je me souviens que c’est en venant me chercher chez moi pour aller voir la première d’Incredibly Incroyable à Chaillot, que mon premier amour et moi nous nous sommes séparés dans les larmes…pour la première fois. Car oui, pas de bol, mon premier grand amour m’aura brisé le cœur deux fois ! Et la deuxième fois aussi, je m’en souviens à travers le prisme d’une de mes sorties théâtrales ! Après une première rupture à laquelle je ne pensais pas survivre donc, nous décidons de retenter notre chance. Et quelques mois après, mon cœur

explosera une deuxième fois. Cette fois, Bertrand n’y était pour rien…Je me souviens qu’il y avait un spectacle de danse qui ne m’avait pas pas-

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Incredibility incroyable // Bertrand Brossard © Pacome Poirier

sionné. Je me souviens surtout, gravé pour toujours dans ma mémoire, du chemin entre le Centre Georges Pompidou et l’appartement de mon Roméo dans le 14ème, méditant sur le spectacle que je venais de voir et me réjouissant en même temps de retrouver mon amoureux…pour passer, encore une fois, l’une des pires soirées de ma vie ! Allons un peu plus loin…c’est en sortant d’un spectacle appelé J’ai tout au Théâtre du Rond-Point, que ma sœur a décidé de quitter son mec du moment. Je me souviens que je l’avais trouvée étrangement chamboulée en sortant du spectacle, ne sachant pas bien dire s’il lui avait plu ou non... Deux jours plus tard elle m’annonçait sa rupture et m’avouait que c’est dans la salle de spectacle, en voyant le comédien jouer ce mec absolument désespéré, qu’elle en avait pris la décision définitive. Comme quoi,

le théâtre peut trouver un champ d’action dans la réalité, jusqu’à influencer nos décisions et nous faire agir.

Certains spectacles m’ont aussi franchement bouleversée sensoriellement parlant. Ils sont inscrits dans mon corps et dans mes souvenirs de façon charnelle. Prenons N, du chorégraphe Angelin Preljocaj, que j’ai découvert à Chaillot en 2004. Une scène de 20 minutes terminait ce spectacle avec des effets stroboscopiques de plus en plus rapides, des basses très fortes et des effets lumineux aveuglants. Je me souviens que le spectacle était déconseillé aux épileptiques, aux femmes enceintes et

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/// parce qu’il n’y a pas que la musique dans

aux personnes portant des pacemakers…je n’étais aucun des trois et pourtant…. J’ai bien cru m’évanouir plusieurs fois sans pouvoir me lever. Depuis ce jour, cela fait 7 ans, mais je vous jure que je ne puis rentrer dans la grande salle de Chaillot sans avoir une sensation de vertige. Dans le même genre, le spectacle le plus dingue que j’ai vu, reste Purgatorio, de Roméo Castellucci : une expérience hallucinante, d’une force incroyable et géniale, dans le fond comme dans la forme. Ce qui s’est passé dans cette salle entre le plateau et moi m’a profondément perturbée. Et je ne suis pas la seule : nous étions 4 amis à aller voir ce spectacle. En sortant de la salle nous n’avons pas réussi à nous parler. Il nous aura fallu une demi-heure pour retrouver l’usage de la parole et sortir de notre état de torpeur. J’ai compris aussi la puissance du théâtre avec les spectacles d’Emma Dante, et en particulier grâce au premier que j’ai vu : Vita Mia. Il s’agissait d’une forme courte de 50 minutes. Un spectacle drôle et étonnant au premier abord. Et puis, on ne sait pas trop comment, la situation si joyeuse bascule dans quelque chose de terrible et d’effroyable et alors tout devient affreux...et les larmes remontent tout à coup et débordent, la gorge se serre, les tripes bondissent et c’est si bon de laisser l’émotion prendre le dessus. Je me souviens que j’ai pleuré comme une enfant en sortant de ce spectacle. J’ai pleuré avec force parce que je sentais une angoisse profonde et inattendue, un truc viscéral, un bout d’enfance et de quelque chose de ma vie, remonter à la surface. Un genre de catharsis à l’ancienne quoi ! Dans un autre genre enfin, La Veillée des Abysses de James Thierrée est pour moi associé à un doux sentiment d’espoir et de bien-être. Je me souviens, à l’époque, James Thierrée n’était pas très connu en France. C’était la première fois qu’il passait au Théâtre de la Ville. Je ne sais plus comment, j’avais eu une invitation pour ce spectacle dont je ne savais rien. Le soir en question j’étais complètement déprimée, c’était l’hiver. Je me souviens aussi que j’avais hésité à y aller. Je me suis forcée, j’étais seule…et j’ai été émerveillée ! Et même si les autres spectacles de James Thierrée m’ont moins touchée que celui ci, j’ai toujours gardé cette impression de réconfort très puissant en allant les voir. Un jour, j’ai compris que j’aimais vraiment beaucoup sortir au théâtre et qu’en plus d’être curieuse de cet art, j’en ressentais physiquement le besoin. Voilà que je me sentais étrangement bien, assise, dans une salle de théâtre ; l’attente du lever de rideau me mettait dans un état de douce excitation comparable à celui qu’on ressent

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Purgatorio // Romeo i said aCastellucci hip... vol.V // autumn issue Š Pacome Poirier

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/// parce qu’il n’y a pas que la musique dans

quelques minutes avant un rendez-vous amoureux. Avec le recul je

réalise aussi que je ne suis jamais autant sortie au théâtre que durant mes chagrins d’amour . Bref, j’ai eu l’occasion de confirmer à maintes reprises que dans ces diverses salles parisiennes, en attente du début d’un spectacle, je me sentais bien, sereine, prête à recevoir. Alors j’ai décidé de garder une trace de chacune de ses sorties et j’ai ainsi regroupé plus de 450 billets de théâtre depuis fin 2002. Et quand je les passe en revue, je ne me souviens pas de tous, mais je voyage à travers les années. Les lieux et les titres me renvoient à des images, et je me souviens de ma vie à l’époque, de où et avec qui j’étais, pourquoi je m’étais insurgée, pourquoi j’avais passé une belle soirée, pourquoi j’avais détesté tel spectacle... C’est pourquoi, regarder tous

ses billets de théâtre, c’est, pour moi, comme de se replonger dans de vieux agendas, de tomber sur un vieil album photo, d’écouter une chanson oubliée ou de manger un dessert d’enfance… ça participe à l’immense édifice de nos souvenirs, celui que l’on construit malgré tout.

MES CONSEILS POUR FAIRE DE VOTRE VIE UN SPECTACLE Au moins j’aurai laissé un beau cadavre // Vincent Macaigne Théâtre National de Chaillot // 2 au 11 novembre 2011 Sul concetto di volto nel figlio di Dio // Roméo Castellucci Théâtre de la Ville // 20 au 29 octobre 2011 // au 104 // 2 au 6 novembre 2011 Le Chagrin des Ogres // Fabrice Murgia Théâtre National de l’Europe – Odéon / Ateliers Berthiers // 6 au 15 octobre 2011 Cendrillon // Joël Pommerat Théâtre National de l’Europe – Odéon / Ateliers Berthiers // 5 novembre au 25 décembre 2011 Clôture de l’amour // Pascal Rambert Théâtre de Gennevilliers // 30 septembre au 22 octobre 2011

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Le Chagrin desi Ogres Fabrice said a//hip... vol.VMurgia // autumn issue Š Alain Fonteray

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