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SDF : confinés dehors

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Jean-Marc Roffat, en maraude rue Victor Hugo

Confinés dehors

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L’hiver approche et, avec ses longues nuits, arrive le grand froid qui fait des ravages chez les SDF. Dans un contexte de crise sanitaire, la préfecture du Rhône a revu à la hausse et lancé en avance son plan hivernal. 1358 places en hébergement d’urgence sont prévues et 698 sont déjà disponibles. Mais pour ceux qui dorment dans les rues de Lyon, trouver une place au chaud pour la nuit reste très difficile.

«100% d’échec lors des appels au 115» pour les demandes d’hébergement, c’est le constat alarmant de Jean-Marc Roffat, président de l’association Donner la main, Don de soi. Chaque mercredi à 19 h, il part avec ses bénévoles de l’ancien Hôpital de la Charité place Antonin Poncet, pour une maraude dans les rues de la Presqu’île à la rencontre des SDF.

En plus de distribuer nourriture, vêtements et café chaud, l’association cherche à aider les personnes à sortir de la rue. Un processus qui commence souvent par l’emploi. «Le problème, c’est que cet hiver on perd l’hôtellerie-restauration, l’employeur numéro un des sans-abri», explique l’ancien journaliste de TLM. Avec la crise sanitaire et les mesures gouvernementales, le secteur est complètement à l’arrêt. Une situation dommageable selon lui car «pour des gens qui n’ont pas de diplôme, pas d’expérience, faire la plonge est un métier accessible. Tout le monde sait faire la vaisselle et le service, du moment que l’on est propre sur soi.» L’impact du coronavirus sur les métiers de bouche est si important qu’il craint, en plus d’une baisse des embauches, une précarisation des employés de restauration. «On va se retrouver avec un tsunami de nouveaux sans-abris», reprend-t-il après avoir offert

©Donner la main, don de soi

un café et une collation à un homme assis contre un mur, rue Victor Hugo.

«Une situation malheureusement normale»

Chaque hiver, l’association trouve des personnes qui acceptent d’accueillir chez eux un sans-abri pour quelques nuits. Une solution entravée par les risques sanitaires. «C’est dramatique de le dire mais on va avoir des morts de froid cet hiver parce qu’on ne pourra pas trouver ces familles d’accueil généreuses», déplore Jean-Marc Roffat, avant d’ajouter, «tout le monde va avoir peur d’accueillir une personne qui sort de la rue avec tous les problèmes d’hygiène qui viennent avec». Selon le président de l’association, «on se retrouve dans une situation malheureusement normale de début d’hiver à Lyon».

Un élan solidaire

Au cœur de la crise, les Lyonnais ont su se mobiliser. Pendant le premier confinement, «la manche ne fonctionnait plus» et les SDF n’avaient plus aucun moyen de subsistance. «On a été à l’origine d’un grand mouvement de solidarité avec plus de 50 structures qui sont venues aider», se souvient-t-il. «En maraude on faisait la distribution, avec des triporteurs prêtés par des professionnels bloqués par le confinement», termine-t-il, avant d’aller saluer un sansabri qui croise le chemin des maraudeurs. «Bonsoir, j’ai du café si vous voulez», lance-t-il. «Et de la soupe», ajoute une bénévole. L’homme accepte, puis demande s’ils ont quelque-chose pour ses enfants, «per bambino ?»

La conversation se lance laborieusement dans un mélange de français, d’italien et de sourires. La famille est hébergée à l’hôtel, l’homme repart avec un manteau, de la nourriture et des papillotes.

Antoine Desvoivre

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