21 minute read
10
Benjamin Steen : « Le vélo, pour moi, c’est comme la cafetière, c’est un objet quotidien »
Journaliste au Progrès depuis une vingtaine d’années, Benjamin Steen a fait du vélo un véritable mode de vie. Depuis plus de dix ans, il ne se déplace désormais plus qu’à bicyclette. Une transformation radicale qui a changé sa vie et celle de sa famille, mais qui l’a également incité à militer pour cette cause.
Advertisement
Depuis l’âge de 4 ans et l’acquisition de son premier vélo rouge dont il se souvient très bien, Benjamin Steen n’a jamais abandonné cette passion de rouler. Petit, il observait, avec un œil intrigué, les coureurs du Tour de France qu’il prenait pour des héros. C’était également le cas pour les cyclistes qui passaient près de chez lui qu’il ne considérait pas comme des personnes ordinaires. Pour lui, ils vivaient des aventures. Il voulait connaître la même chose. D’abord en allant au-delà de son jardin jusqu’à se rendre finalement toujours plus loin, le vélo était finalement une destinée pour ce quadragénaire aux cheveux bruns.
pratiquent dans le 7e arrondissement de Lyon, depuis la Croix-Rousse où ils habitent, en traversant presque toute la ville. « À la base ce n’est pas du tout un truc militant. Quand je m’y suis mis il y a 10 ans, les problématiques de réchauffement climatique, de pollution et de particules fines n’étaient pas du tout aussi importantes » explique Benjamin Steen. C’est en se posant la question du moyen
de transport le plus efficace pour ses trajets Son épouse possède malgré tout une voiture (vacances, trajets longs…) qui reste la majeure partie du temps au garage. Depuis qu’elle travaille à Lyon, ce passionné l’a convaincu Benjamin Steen encourage les Lyonnais à acheter un vélo, toujous moins cher à entretenir qu’une voiture. © Benjamin STEEN d’opter pour le même mode de vie à vélo. quotidiens que le Lyonnais s’est finalement tourné vers le vélo. Son penchant affectif la recherche de l’efficacité plus pour ce dernier lui permettait également de qu’un véritable engagement pratiquer une activité physique, par-dessus tout. Sportif depuis toujours, Benjamin part Il en est de même pour ses enfants de 7 et faire des balades avec son vélo de course 11 ans, qui « n’ont pas le choix », et qui se « bad boy de la marque Cannondale » au déplacent par exemple à l’escalade, qu’ils moins deux fois par semaines, en plus de ses trajets quotidiens, mais effectue aussi beaucoup de course à pied. Rapidité, dépense énergétique, disparition des problèmes de stationnement, coûts quasi-nuls… Tous les ingrédients étaient réunis pour définitivement sauter le pas. « Il m’arrivait de tourner une heure à la Croix Rousse pour trouver une place. Je me garais finalement sur un endroit non autorisé et je mettais mon réveil à 6 heures pour aller déplacer ma voiture avant que la police ne passe le matin et ne verbalise. C’était vraiment chronophage. » Travaillant au siège du Progrès à la Confluence, il met désormais environ 20 minutes pour se rendre sur son lieu de travail à toute heure, alors qu’il pouvait mettre jusqu’à 45 minutes en voiture depuis la Croix-Rousse aux heures de pointe.
une volonté de voir les choses changer
Devenu militant du vélo au fil du temps, Benjamin Steen pointe souvent du doigt les problèmes de cohabitation qu’il existe entre les cyclistes et les automobilistes. « Avant, on adaptait la ville à la présence de plus en plus massive de cyclistes, or ce n’est pas possible. La route n’est pas extensible. » Selon ce mordu de sport outdoor, il faudrait repenser toute la ville de Lyon pour adapter la circulation des cyclistes, à l’instar de Copenhague qui a pris des décisions phares il y a une vingtaine d’années pour incorporer le cycliste au cœur des déplacements en ville. Mais il se rend aussi bien compte que les choses changent et précise même que la métropole lyonnaise possède un réseau de pistes cyclables de plus en plus important au fil du temps. Sûr de lui, il affirme que la meilleure manière de changer les choses dans le futur, c’est de « pourrir la vie des automobilistes afin qu’ils cherchent de nouvelles alternatives pour se déplacer autrement qu’uniquement grâce à leur voiture ».
Philippe Désiré : « J’en suis déjà à 540 cols à mon actif »
Passionné de cyclisme depuis ses 12 ans, en recherche perpétuelle de nouvelles routes et de nouveaux cols à monter, Philippe consacre tout son temps libre à sa passion pour le vélo.
On dit souvent que le vélo, c’est d’abord un physique : un homme de taille moyenne, élancé et proche de la nature. Philippe Désiré, qui frise les 1 mètres 90, rentre à peine dans les cases. Ce passionné de vélo est tombé dedans quand il était petit. « Mon père était cyclotouriste. Il faisait beaucoup de randonnées et était membre de la fédération française de cyclotourisme », raconte-il, nostalgique. Pendant ses années collège et lycée, le jeune Philippe passait ses vacances d’été avec son père. « La fédération organise, avec une ville ou un club, une semaine de randonnés avec tous les cyclotouristes de France et d’Europe. » Sportif accompli à cette époque, Philippe est un touche-à-tout. « Je faisais surtout ces randonnées pendant l‘été, parce que je jouais aussi au foot et que la saison s’arrêtait au mois de mai, et tout les mois d’été, je faisais du vélo avec mon père. » Après plusieurs années au sein de la Marine Nationale, Philippe s’installe à Toulouse et continue sa passion. Cependant, « un jour, on m’a volé mon vélo. Donc pendant une période de ma vie, je n’ai plus touché un vélo ».
une passion dévorante
Mais la passion est revenue à son arrivée à Lyon, en 1996. Là, un de ses amis, passionné aussi, le convainc de faire un ambitieux périple : le sud de l’Irlande en vélo. « Alors, je vais chez Décathlon pour m’acheter le premier vélo que je trouve et, sans entrainement et juste une sacoche, je pars avec lui. » Les premières difficultés se font vite ressentir : « la sacoche trop lourde, la météo, le manque d’entrainement... Les premiers jours sont difficiles. Mais ça me redonne goût au vélo », confie-t-il. Dans les années 2000, marié et père de famille, Philippe prend goût aux weekends randonnée « avec un enfant dans le siège derrière et deux dans la remorque ». Mais ça ne lui suffit bientôt plus. « Je me suis trouvé un club de passionnés lyonnais : on essaye de trouver des coins dans la région pour que
Philippe Désiré vit sa passion grâce à la confrérie des 100 cols. Ici, en ardèche. © Philippe DESIRE tout le monde puisse en profiter. » Dans un t-il fièrement. Mais il n’y a pas que la France quotidien morose et alors que son genou ne dans le palmarès de ce passionné : la Norvège, lui permet plus de faire de foot, le vélo permet l’Écosse, l’Irlande, la Suède, l’Italie et la Suisse à Philipe de « découvrir de nouvelles routes, sont aussi dans ses destinations. « La Suède, de ne pas faire du vélo pour faire du vélo, c’était bien mais les paysages sont assez de prendre mon temps, d’écouter les sons répétitifs : un lac, une forêt et un col. Pour extérieurs et d’être zen (rires) ». l’Italie, on était proche de la frontière, dans les
« Ce que j’aime, dans le vélo, montagnes, c’était sympa. » Le confinement a mis un coup de frein à ses envies de voyages. c’est découvrir de nouvelles Mais une fois le confinement fini, « je vais faire routes. » des sorties randonnées, c’est sur ! Déjà avec mon club de cyclistes lyonnais, on fait 2 gros Depuis 2014, Philippe a rejoins la confrérie ‘’trips’’ : un ‘’week-end remise en forme’’, fin des 100 cols : « pour en faire parti, il faut mars-début avril. On devait aller à Sommières, que tu grimpes 100 cols, dont cinq doivent dans le Gard, et le ‘’week-end mythique’’, être à plus de 2000 mètres ». Un challenge fin juin- début juillet, dans le tour de France de plus pour ce passionné à la recherche de par exemple, et on est allés au Ballon de nouvelles routes à parcourir. « Celles que je l’Alsace dans les Vosges [1174m, NDLR]. En prends sont généralement en pleine nature et plus, je n’étais jamais allez dans les Vosges, tu as des paysages à couper les souffle. Ça me donc j’étais content (rires) ». En attendant de donne un but, j’en suis déjàà 540 cols à mon pouvoir reprendre les sorties avec ses amis actif. A chaque sortie randonnée, j’en profite aux 4 coins de la France, Philipe l’assure : « je pour pouvoir faire de nouveaux circuits et continue a chercher de nouvelles routes et à trouver de nouveaux cols à gravir », déclare- planifier un prochain voyage ».
Les clubs lyonnais en perte de vitesse
PHOTO
Les compétitions de cyclisme sont à l’arrêt depuis le reconfinement et jusqu’à nouvel ordre © Marie COIFFET-LACAILLE
Baisse des licenciés, arrêt des compétitons et projections pessimistes pour 2021. La COVID 19 a mis à mal le monde du cyclisme amateur lyonnais, qui peine à profiter pleinement de l’engouement pour le vélo au niveau national. « S i le confinement n’est pas levé, notre club peut disparaître en 2021. » C’est avec ces mots peu rassurants que Lionel Clément, président du club amateur de l’AC Lyon Vaise, résume la situation. Avec 45 licenciés, principalement des adultes « entre vingt et quatre-vingts ans », le club a été touché de plein fouet par la crise et l’arrêt des compétitions, dû au confinement. Le président se dit inquiet pour la survie du club en 2021 même si, financièrement, la situation est sais que pour de nombreux autres clubs, c’est compliqué. » Un constat global reflété dans la récente enquête de l’Office des Sports de Lyon, qui indique que « les clubs lyonnais ont perdu 10 à 15% de leurs licenciés sur la période 2020. Notamment chez les jeunes » relate Guy Chabrier. Des chiffres qui confirment la tendance nationale. La fédération a annoncé le mois dernier la perte de 8 500 licenciés en un an, soit 7,5% des effectifs. restée stable cette saison. « On reste à l’équilibre économiquement. On ne gagnait pas d’argent avec les sponsors car ils finançaient « le seul engouement, c’est le tour » moins à cause de la crise. Mais d’un autre côté, on dépensait moins car plus aucun frais de déplacements ou d’équipement par exemple. » La question d’un engouement a le don de faire sourire les présidents de clubs. Et vraisemblablement, ils ne semblent pas 8500 licenciés en moins pour la fédération y croire : « Le seul vrai engouement c’est le Tour de France, explique Guy Chabrier. En fonction des performances des Français, Des situations et des projections pour 2021 très variées selon les clubs au sein de la métropole. Du côté du club de Lyon Sprint Evolution, la crise ne se fait que très peu ressentir. Le club axé sur la jeunesse a gagné des licenciés contrairement à ses voisins. « Chez les -18 ans, on a enregistré 12 nouvelles licences. Ce qui est énorme » c’est cela qui a un vrai impact sur le nombre de licenciés. » Même son de cloche du côté de l’AC Lyon Vaise et Lionel Clément, avec un « engouement » qui ne se fait visiblement pas trop ressentir. « L’effet sur notre club, ce sont plus des gens qui avaient arrêté le vélo pendant longtemps, qui ont repris pour aller au travail et qui se sont dit pourquoi explique Guy Chabrier, le président. Fort de ses 145 licenciés, le ne pas reprendre la compétition ? Il est là notre effet d’engouement. » club peut envisager 2021 paisiblement. « Aujourd’hui j’ai plutôt Malgré l’effervescence de ces derniers mois pour le vélo, il n’y a pas une vision positive, mais je suis conscient d’être un privilégié. Je foule à la porte des clubs de cyclisme. Tristan CHALVET
politique - 10
Plan vélo, la folle ambition des nouveaux élus Verts
Le vélo s’impose comme le nouveau roi de Lyon. Engagement phare de Grégory Doucet et Bruno Bernard : placer le vélo au centre de la vie du Grand Lyon. Le nouveau maire et le nouveau président de la Métropole mettront en place ce programme « quoi qu’il en coûte ».
« C ela fait à peine six mois que la transition pour favoriser le vélo est lancée », explique Valentin Lungenstrass, adjoint aux mobilités à la mairie de Lyon. Mais concrètement, à quoi correspond ce fameux Plan vélo, engagement phare du programme du duo écologiste ? Outre l’aspect sportif, car comme le rappel Fabien Bagnon, vice-président à la Métropole en charge de la voirie et des mobilités actives, « les enfants ont des performances cardio-vasculaires en baisse de 25%, par rapport à il y a 30 ans », il y a un vrai enjeu écologique, sanitaire et pratique.
Cette ambition politique est justifiée par un changement de mode de vie significatif au sein de la population. La dynamique du vélo étant en augmentation de 12% depuis une douzaine d’années, il y a une vraie nécessité
A Lyon, le vélo est au centre des projets municipaux.© Vincent IMBERT
de répondre à des besoins grandissants. La Métropole du Grand Lyon et la Ville de Lyon ont fait de cette demande une priorité.
« C’est un projet qui prend du temps [...]. On parle d’une durée de deux, voire trois mandats pour observer une reelle transition », selon Fabien Bagnon
« On a bâti ce projet ensemble, depuis la campagne électorale. » Fabien Bagnon et Valentin Lungenstrass, en charge du Plan vélo, respectivement à la Métropole et à la Mairie, veulent une transition rapide et efficace. Cinq mois après leur prise de fonction, la transformation de Lyon et sa Métropole a commencé. Parmi les premiers faits d’armes de ce duo, la volonté de pérenniser les 60 kilomètres de pistes cyclables qui avaient été mis en place provisoirement au mois de mai. Par exemple, dans le 6ème arrondissement, le cours Vitton a subi une transformation d’une des voies routières en piste cyclable. Un changement qui a provoqué des réactions hostiles. Pour le moment, la grande transformation promise tarde à venir, car « les politiques publiques sont toujours très longues et dépendent du vote du budget qui est en cours ». Il faudra donc attendre janvier 2021 pour que ce projet commence à se concrétiser. Fabien Bagnon affirme même : « c’est un projet qui prend du temps. Notre slogan lors des élections était de rendre la Métropole 100% cyclable. On parle d’une durée de deux,
« la contrainte fait l’adaptation »
Cette grande promesse de transformation est portée par un projet ambitieux : le REV. Si cet acronyme est encore inconnu pour beaucoup, il devrait de plus en plus faire parler de lui. « Réseau Express Vélo », c’est le vaisseau mère du plan de bataille vélo porté par les écologistes, qui doit être voté dans les semaines qui viennent. Concrètement, c’est environ 250 kilomètres de voies exclusives pour les usagers des vélos parcourant toute la Métropole lyonnaise. « Les grandes lignes ont déjàété identifiées avec la mairie de Lyon.
La question suivante : le choix du tracé ? », explique Fabien Bagnon. « Le but est de créer un réseau structurant d’aménagement confortable, continu et sûr. Chaque voie sera d’une largeur entre 3,5 et 4 mètres. L’armature va venir relier les différentes communes de la Métropole, mal desservies par les transports en commun, d’abord en étoile, puis, à terme, en rocade. L’idée est de faire la même chose que pour le réseau routier. » Pour distinguer les différentes voies cyclables, Valentin Lungenstrass explique qu’un « code couleur va permettre de les identifier », à l’image de ce qui a été fait avec le métro. À l’échelle de la Métropole, Fabien Bagnon souhaite multiplier par quatre le nombre de parcs à vélo, passant ainsi de 15 000 à 60 000, mais également multiplier par dix le nombre de stationnements sécurisés, augmentant de 1 500 à 15 000 places. À l’échelle de la ville, les travaux seront principalement axés sur la transformation de la voirie. Une place encore plus importante sera accordée aux vélos dans le flux de circulation lyonnaise. Enfin, en terme de stationnement, des négociations sont en cours, notamment avec LPA (Lyon Parc Auto), pour augmenter l’offre de parcs à vélo et atteindre les objectifs de la Métropole. Bien conscient de la difficulté de faire accepter un tel projet pour tous les métropolitains, l’adjoint de
Lugenstrass.
Bruno Bernard conçoit que « l’objectif n’est pas de mettre tout le monde à vélo, mais de le démocratiser pour ceux qui le veulent dans la Métropole lyonnaise ». De son côté, Valentin Lungenstrass, « ne recherche pas de compromis ou de consentement avec l’opposition ». Pour cet ingénieur de formation, le dialogue doit être instauré, mais le Plan vélo doit être appliqué à tout prix car « le temps est compté ». L’adjoint aux mobilités assume et déclare « la ville de Lyon est prête pour cette transformation majeure. Évidemment, des axes resteront circulables, mais les Lyonnais vont devoir s’habituer. La contrainte va faire l’adaptation. » Ce passage en force risque de mécontenter de nombreux Lyonnais, mais « le temps n’est plus au débat d’idées » pour la mairie centrale.
un partage des idées au niveau national et européen
Lyon, une ville en retard en France et en Europe ? Valentin Lungenstrass a vécu six mois à Copenhague. Pour lui, la Capitale des Gaules a encore beaucoup de chemin à parcourir pour devenir une référence du vélo en Europe. « Du côté de l’urbanisme, des villes comme Vienne, capitale autrichienne, ou encore Barcelone doivent être des modèles pour nous. Ces villes ont su modifier leur architecture pour intégrer le vélo dans les rues .» L’adjoint de Grégory Doucet compte ainsi intensifier l’échange avec des villes de l’Hexagone. « J’ai décidé de mettre en place un groupe de discussion avec mes homologues français pour connaître les avancées et les axes de développement dans leurs communes. Je suis d’ailleurs en train de créer un réseau similaire à l’échelle européenne. » Car oui, il est important de rattraper ce retard pour Lyon. Outre les échanges avec les autres villes, le meilleur moyen de s’en inspirer est de voir ce qu’il se fait en matière de vélo de nos propres yeux. « On a organisé des déplacements », explique Fabien Bagnon. « On est en train de planifier un voyage à Strasbourg. Notre rêve ? Voyager jusqu’au Danemark, car c’est à Copenhague, notamment, que se trouve la plus grande avancée en matière de moyens de transports verts. Cette option est pour le moment compliquée, au vu de la situation sanitaire actuelle. On ne va pas se déplacer en avion tout en conseillant aux habitants du Grand Lyon d’aller au travail à vélo. »
Le vélo a été au cœur de la campagne de Gregory Doucet et de Bruno Bernard. Si certains pensent que le Plan vélo n’est qu’un outil de communication, du côté de l’Hôtel de Ville, la vision est différente. « Le vélo nous permet de faire des avancées rapides et efficaces. Évidemment, dans un second temps, c’est un moyen pour nous de faire passer un message aux Lyonnais. Oui, le vélo est l’avenir de Lyon. »
Fabien Bagnon rêve de voyager jusqu’au Danemark pour s’inspirer des voisins européens. © Grand Lyon Valentin Lungenstrass a intégré la mairie principale pour défendre le Plan vélo. © EELV Rhône Ugo MAILLARD & Nathan VACHER
politique - 12
Gérard Collomb : « On ne peut pas forcer tout le monde à abandonner sa voiture »
Malgré sa défaite aux dernières municipales face au candidat des Verts, Gérard Collomb ne semble pas mécontent que le maire en place poursuive le développement du vélo. Toutefois, l’ancien maire de Lyon estime que d’autres moyens de transports méritent d’êtres développés.
Nous aurions tendance à penser que le maire sortant Gérard Collomb se positionnerait en tant qu’opposant au nouveau duo des Verts à la mairie et à la Métropole de Lyon. Dans les faits, l’ancien ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron se montre plutôt satisfait que des plans de développement concernant le vélo soient mis en place dans le Grand Lyon. « Il y a toujours Gérard Collomb, l’ancien édile de Lyon, est aujourd’hui conseillé municipal du 9ème arrondissement. © Jean-Luc MEGE eu un problème de mobilité dans l’aire urbaine de Lyon », constate Gérard Collomb. « Le Plan développer d’autres Bas. Malheureusement, notre ville est faite vélo est une bonne idée pour relier toute la moyens écologiques de collines. On ne peut pas imposer à tout Métropole lyonnaise. Il ne faudra pas empiéter sur les voitures. Tout le monde ne peut pas se déplacer uniquement en moyen de transport vert. » Si ce Plan vélo se montre important aux yeux du maire sortant, il n’en n’oublie pas l’importance des autres moyens verts. « Le vélo est un élément que l’on doit continuer de développer, mais ce n’est pas le seul », estime l’ancien édile de Lyon, Gérard Collomb. « À Lyon, nous ne sommes pas dans la même configuration que les Paysle monde d’abandonner sa voiture. Certes, il y a urgence à désengorger les routes de Lyon. Mais il est important de garder en tête que certains vivent à 30 kilomètres de l’hyper-centre, d’autres sur les collines de Fourvière ou de Croix-Rousse. » Mais alors, quelles solutions sont envisageables dans la capitale des Gaules pour ceux qui ne peuvent se déplacer uniquement à vélo ? « Le gouvernement a lancé un plan d’hydrogène. Il faut développer ce type de carburant nouveau qui remplacera très bientôt les énergies fossiles », conseille Gérard Collomb. Outre un développement des transports en commun, Gérard Collomb souhaite « un réel travail sur la piétonnisation de l’hyper-centre lyonnais, afin d’écarter au maximum la circulation de l’agglomération lyonnaise ». Aujourd’hui en retrait de la vie politique lyonnaise, l’ancien maire et président de la Métropole de Lyon peut amener un avis complémentaire quant à la question des mobilités à Lyon, que ce soit en tant que conseiller ou opposant. L’aménagement des quais du Rhône a été l’un des chantiers les plus importants des mandats Collomb dans le volet écologiste. © Vincent IMBERT
Sur le Cours Vitton, le vélo bénéficie de plus d’espace que les voitures. © Ugo MAILLARD
Les commerçants du 6ème exigent du dialogue
Avec le Plan vélo, c’est toute une ville qui va changer. Pour beaucoup de commerçants lyonnais, l’inquiétude grandit. Isabelle Burtin, Présidente de la Fédération des commerçants du 6ème arrondissement, se fait le relai du mécontentement grandissant dans le secteur. Zoom sur les problématiques de cet arrondissement.
« O n s’est réveillé et le cours Vitton avait changé ». Une voie de circulation brutalement supprimée. La refonte de l’urbanisme du cours Vitton dans le 6ème arrondissement a été vécu comme une trahison par les commerçants de cet arrondissement. Isabelle Burtin explique que les services municipaux « sont intervenus dans la nuit sans que personne n’ait été prévenu en amont. On a l’impression que ces opérations sont faites en cachette et sans notre accord ». Le cours Vitton, axe principal du 6ème, a été transformé d’une route à deux voies pour les voitures à une voie vélo et une voie voiture.
Pour les commerçants lyonnais, la pilule a du mal à passer. En réduisant l’accès aux voitures et les possibilités de stationnement, la crainte est de perdre encore un peu plus de chiffre d’affaires. Avec une fermeture totale de deux mois pendant le premier confinement, et la période hybride que nous vivons actuellement, le point de rupture est proche. Avec la crise sanitaire, les commerces souffrent énormément et cette volonté de remplacer la voiture par le vélo est très mal passée dans ce secteur économique. « On va perdre toute la clientèle extramuros avec cette décision. Alors, je suis d’accord pour insister sur le commerce de proximité, mais à quel prix ? »
de l’inquiétude au désarroi
« Je suis en charge de 2500 commerçants. Nombreux sont ceux qui sont venus me voir en larmes. Des vraies larmes ». En bloquant l’accès aux commerces, beaucoup d’entre eux redoutent une fermeture définitive. « Comment vont intervenir nos artisans ? Comment allons-nous pouvoir être livrés, si les camions ne peuvent pas accéder à nos boutiques ? »
Toutes ces questions « pratique » font peur aux commerçants et pour eux, la mairie ne se pose pas ces questions. « C’est déjà un problème. On est sur un débat idéologique où le côté pratique est totalement occulté ».
un manque de communication
« Les pistes cyclables nous sont imposées. » Dans les rues du 6ème arrondissement c’est l’incompréhension. Isabelle Burtin explique qu’il n’y a « aucun échange avec la mairie ». Les commerçants ne sont pas contre les pistes cyclables. Ils ne réclament qu’une seule chose : « nous devons nous poser autour d’une table pour avoir une discussion constructive sur ce sujet. » Le message de la Fédération des commerçants du 6ème est clair : il faut trouver un consensus.