7 - Rencontre
par leur bicyclette adorée
Benjamin Steen : « Le vélo, pour moi, c’est comme la cafetière, c’est un objet quotidien » Journaliste au Progrès depuis une vingtaine d’années, Benjamin Steen a fait du vélo un véritable mode de vie. Depuis plus de dix ans, il ne se déplace désormais plus qu’à bicyclette. Une transformation radicale qui a changé sa vie et celle de sa famille, mais qui l’a également incité à militer pour cette cause.
D
epuis l’âge de 4 ans et l’acquisition de son premier vélo rouge dont il se souvient très bien, Benjamin Steen n’a jamais abandonné cette passion de rouler. Petit, il observait, avec un œil intrigué, les coureurs du Tour de France qu’il prenait pour des héros. C’était également le cas pour les cyclistes qui passaient près de chez lui qu’il ne considérait pas comme des personnes ordinaires. Pour lui, ils vivaient des aventures. Il voulait connaître la même chose. D’abord en allant au-delà de son jardin jusqu’à se rendre finalement toujours plus loin, le vélo était finalement une destinée pour ce quadragénaire aux cheveux bruns.
pratiquent dans le 7e arrondissement de Lyon, depuis la Croix-Rousse où ils habitent, en traversant presque toute la ville. « À la base ce n’est pas du tout un truc militant. Quand je m’y suis mis il y a 10 ans, les problématiques de réchauffement climatique, de pollution et de particules fines n’étaient pas du tout aussi importantes » explique Benjamin Steen. C’est en se posant la question du moyen de transport le plus efficace pour ses trajets
« À la base, ce n’est pas du tout un truc militant. »
ses trajets quotidiens, mais effectue aussi beaucoup de course à pied. Rapidité, dépense énergétique, disparition des problèmes de stationnement, coûts quasi-nuls… Tous les ingrédients étaient réunis pour définitivement sauter le pas. « Il m’arrivait de tourner une heure à la Croix Rousse pour trouver une place. Je me garais finalement sur un endroit non autorisé et je mettais mon réveil à 6 heures pour aller déplacer ma voiture avant que la police ne passe le matin et ne verbalise. C’était vraiment chronophage. » Travaillant au siège du Progrès à la Confluence, il met désormais environ 20 minutes pour se rendre sur son lieu de travail à toute heure, alors qu’il pouvait mettre jusqu’à 45 minutes en voiture depuis la Croix-Rousse aux heures de pointe. une volonté de voir les choses changer
un évènement déclencheur Alors qu’il sortait d’un parking en voiture, à l’âge de 32 ans, un automobiliste l’a percuté, envoyant par la même occasion son véhicule à la casse. À partir de là, le journaliste s’est promis de ne pas racheter de voiture et d’essayer désormais de devenir « 100% vélo ». Après une phase test concluante, cela fait dix ans qu’il n’a jamais racheté de voiture. « Le vélo c’est pour moi comme une cafetière, un objet du quotidien. » Il effectue tous ses reportages, dans le périmètre de l’agglomération lyonnaise, avec sa bicyclette. Son épouse possède malgré tout une voiture (vacances, trajets longs…) qui reste la majeure Benjamin Steen encourage les Lyonnais à acheter un partie du temps au garage. Depuis qu’elle vélo, toujous moins cher à entretenir qu’une voiture. © Benjamin STEEN travaille à Lyon, ce passionné l’a convaincu d’opter pour le même mode de vie à vélo. quotidiens que le Lyonnais s’est finalement tourné vers le vélo. Son penchant affectif la recherche de l’efficacité plus pour ce dernier lui permettait également de qu’un véritable engagement pratiquer une activité physique, par-dessus tout. Sportif depuis toujours, Benjamin part Il en est de même pour ses enfants de 7 et faire des balades avec son vélo de course 11 ans, qui « n’ont pas le choix », et qui se « bad boy de la marque Cannondale » au déplacent par exemple à l’escalade, qu’ils moins deux fois par semaines, en plus de
Devenu militant du vélo au fil du temps, Benjamin Steen pointe souvent du doigt les problèmes de cohabitation qu’il existe entre les cyclistes et les automobilistes. « Avant, on adaptait la ville à la présence de plus en plus massive de cyclistes, or ce n’est pas possible. La route n’est pas extensible. » Selon ce mordu de sport outdoor, il faudrait repenser toute la ville de Lyon pour adapter la circulation des cyclistes, à l’instar de Copenhague qui a pris des décisions phares il y a une vingtaine d’années pour incorporer le cycliste au cœur des déplacements en ville. Mais il se rend aussi bien compte que les choses changent et précise même que la métropole lyonnaise possède un réseau de pistes cyclables de plus en plus important au fil du temps. Sûr de lui, il affirme que la meilleure manière de changer les choses dans le futur, c’est de « pourrir la vie des automobilistes afin qu’ils cherchent de nouvelles alternatives pour se déplacer autrement qu’uniquement grâce à leur voiture ». Eliott ROGLIARDO