La BD prend le maquis ! Journal de l'exposition du Musée de la Résistance, Grenoble

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UNE GRANDE PREMIÈRE

Kamel Moueleff

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Illustration Payen

TROIS QUESTIONS À

Dessins originaux pour le maquis

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Supplément gratuit au Dauphiné Libéré numéro 22417 du vendredi 2 décembre 2016

INTERVIEW

Xavier Aumage, commissaire de l’exposition

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AUTOUR DE L’EXPO

Un concept unique ! LE MUSÉE

RÉALISÉ EN PARTENARIAT

Illustration Lara

À partir du 3 décembre 2016

Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère

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50 ans et des idées

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« Les auteurs donnent leur représentation personnelle du maquis » Xavier Aumage :

C’est la première fois qu’une exposition se concentre sur la représentation du maquis dans la bande dessinée. Aux manettes, il fallait donc un expert. Xavier Aumage, archiviste au Musée de la Résistance nationale à Champignysur-Marne, était donc tout indiqué en tant que commissaire d’exposition. Voilà presque vingt ans que l’homme s’intéresse à la manière dont la mémoire de la Résistance se transmet à travers la BD. Entretien. La première partie de l’exposition est dédiée à la représentation du maquis dans la BD de la Libération à nos jours. Comment évolue-t-elle ? « On repère des périodes très nettes. À la Libération, par exemple, le temps est à la glorification des Résistants, qu’on assimile aux maquisards. Les histoires du maquis, pour la jeunesse, sont alors vouées à distraire, d’où leur caractère souvent rocambolesque et très peu crédible. On n’a pas forcément des visées historique ou pédagogique comme c’est le cas à l’heure actuelle. » Aujourd’hui, les auteurs de BD sont davantage à la recherche d’une certaine vérité historique. Comment la seconde partie de l’exposition le montre-t-elle ? « On expose des planches originales d’auteurs de BD

contemporains associées à des archives ou à des objets qui ont servi à la réalisation de ces histoires. Par exemple, on voit une planche de Rescapé de Béatrice Tillier, qui a adapté une partie de la vie de Gerhard Leo, un antifasciste allemand qui espionnait l’administration allemande avant d’être arrêté. Il doit sa libération à un maquisard, qui a arrêté le train dans lequel il était prisonnier. Ici, on présentera un des objets du Musée de la Résistance nationale : la

sacoche que Gerhard Leo a subtilisée à un Allemand qui le surveillait dans le wagon. » On a longtemps surnommé Grenoble la « capitale des maquis ». Est-ce visible dans l’imaginaire des auteurs de BD ? « Absolument ! Je pense en particulier à une planche du Colonel X, de Marijac, paru dans C o q Hardi (magazine apparu à l’automne 1944). La première case représente le Vercors vu de Grenoble. C’est bien sûr parce que nous sommes dans un secteur où le maquis a joué un rôle essentiel que l’on a voulu recentrer notre exposition sur cette thématique. Même s’il est également vrai que la guérilla urbaine a aussi eu une importance fondamentale dans ce secteur. »

L’exposition s’achève sur les planches inédites de quatre dessinateurs de BD (publiées en pages 4 à 7). Quel a été leur mot d’ordre ? « On a demandé à quatre auteurs de BD (Espé, Olivier Frasier, Lara et Baptiste Payen) de donner leur représentation personnelle du maquis. Ce sera une manière de boucler l’exposition puisqu’on commence avec les dessins de Jacques Barré, dit Abdon, un Résistant qui a dessiné au sein d’un maquis isérois, et on termine sur la vision 2016 du maquis ! » La BD a-t-elle laissé de côté certains aspects de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ? « Certaines thématiques sont très peu abordées dans les BD. On a beaucoup parlé de la Déportation, mais très peu de l’internement en France des Résistants. La thématique de la Résistance dans les camps est aussi quasiment absente des productions de BD. Il reste un champ énorme d’investigation. C’est pourquoi une exposition comme celle-là est aussi l’occasion de susciter l’envie chez des auteurs. » Propos recueillis par Adèle DUMINY Illustration Lara

AVANT-PROPOS DE JEAN-PIERRE BARBIER

« La diversité des regards » qués sous des traits héroïques, non sans une dose d’humour parfois, il n’existe pas une, mais des représentations des maquisards. Ce supplément exceptionnel du Dauphiné Libéré est le résultat d’un beau partenariat noué avec le quotidien, mais aussi les éditions Glénat qui rayonnent depuis Grenoble dans l’univers de la bande dessinée. Il est aussi une véritable production artistique par les dessins qui l’illustrent, que quatre auteurs de talent ont accepté de réaliser à l’occasion de cette exposition avec le style qui les caractérise. Deux expositions comme deux illustrations de l’engouement de toutes les générations pour la bande dessinée qui n’a pas fini de faire des adeptes. Bonne lecture et bienvenue dans nos musées départementaux. » Jean-Pierre Barbier, président du Département, député de l’Isère.

Illustration Baptiste Payen

« En cette fin d’année, le Département de l’Isère a souhaité mettre à l’honneur la bande dessinée dans ses musées et interroger les relations du “Neuvième Art” à la montagne. Quoi de plus naturel au cœur des Alpes françaises ! D’autant que la production sur ce sujet est foisonnante comme en témoigne l’exposition Pic&bulle du Musée de l’Ancien Évêché. Au Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, c’est à une exploration des représentations du maquis depuis la Seconde Guerre mondiale que nous invitons le public ; dans un département où la mémoire des maquisards résonne encore fortement soixante-dix ans après. Sur une idée originale de Xavier Aumage, archiviste au Musée de la Résistance nationale, partenaire de ce projet, l’exposition La BD prend le maquis ! donne à découvrir ou à redécouvrir la diversité des regards des dessinateurs sur ce phénomène emblématique de la Résistance. La plupart du temps cro-


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Un événement inédit Recourir à la bande dessinée : une façon d’attirer la jeunesse dans les musées ? Certes, ce support séduit enfants et adolescents mais la BD a su dépasser le cadre du simple divertissement. Au-delà du caractère inédit de son exposition, c’est aussi le mérite du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère que de le montrer. De fait, le parcours de l’exposition se fait en deux temps. La première partie est consacrée à l’évolution de la représentation du maquis dans la BD de la Libération à nos jours. Dans la seconde, ce sont les bédéistes contemporains qui sont à l’honneur. Résultat : on saisit à merveille la manière dont les albums d’aujourd’hui se chargent d’une finalité historique aiguisée, eu égard aux recherches menées par leurs auteurs. Pour autant, la part créative des planches exposées n’est pas occultée. Que l’on songe au cas de Stéphane Levallois, et l’on verra que le manque de source peut aussi être comblé par un sursaut d’imagination. Aussi, dans La Résistance du sanglier,

lllustration Lara

Dès 1943, les maquis ont joué un rôle capital en Isère. Soucieux de conserver son ancrage historique tout à la fois local et national, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère s’est déjà penché sur la question. Pour la première fois sous l’angle de la bande dessinée.

album au sein duquel il rend hommage à son grand-père, l’auteur représente-t-il ce dernier sous les traits de l’animal du titre, faute de photographies à disposition. Droite et un brin sauvage, la personnalité du grand-père, dans l’esprit de son petit-fils, colle à celle de l’animal. Le “Neuvième art” n’abandonne pas ses prérogatives artistiques devant sa quête de vérité historique et c’est tant mieux. Espé, Olivier Frasier, Lara et Baptiste Payen le prouvent également en ces pages.

« Dessine­moi ton maquis » Le musée a lancé un défi à ces quatre dessinateurs. Alors que l’exposition s’ouvre sur les dessins du maquisard Jacques Barré, dit Abdon – dessins qui appartiennent au fonds du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère –, elle se referme sur des planches on ne peut plus actuelles. Elles ont été réalisées au musée, in situ, après que leurs auteurs ont contemplé l’exposition “La BD prend le maquis !”. “Dessine-moi ton maquis” résume

bien la contrainte à laquelle se sont soumis Espé, Olivier Frasier, Lara et Baptiste Payen. La plupart d’entre eux ont déjà planché sur la question de la Seconde Guerre mondiale. Mais ils livrent là des dessins inédits (que vous tenez entre vos mains, pages 4 à 7), autant inspirés de leurs visions personnelles des maquis que de celles des auteurs de BD qui, avant eux, les ont représentés. Une passation de flambeau mémoriel qui demeure au centre des préoccupations du musée. A.D.

TROIS QUESTIONS À KAMEL MOUELLEF

Illustration Baptiste Payen

« Les combattants maghrébins n’étaient pas cités… » En 2006, le film Indigènes révélait au grand public le rôle des soldats issus des colonies françaises dans la libération de la France en 1945. Côté BD, le passionné d’histoire Kamel Mouellef œuvre dans une même direction avec l’album Résistants oubliés (paru en 2015 chez Glénat), dont il est le coscénariste.

Dans “Résistants oubliés”, vous rendez hommage aux combattants oubliés de l’histoire officielle de la Seconde Guerre mondiale. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous emparer d’un tel sujet ? « Un jour où je suis allé voir le monument aux morts du Bourg-d’Oisans, j’ai constaté que les Maghrébins, qui avaient pourtant participé aux combats, n’étaient pas cités. De là, je suis allé voir le Musée de la Résistance et de la Déportation à Grenoble, qui m’a donné un fichier contenant les noms de cinquante Nord-Africains. Je me suis dit que ce serait intéressant d’enquêter un peu. » Qu’avez-vous découvert ? « J’ai constaté que des milliers de tirailleurs algériens, marocains, sénégalais, malgaches, indochinois, espagnols, italiens, tunisiens, déserteurs ou évadés des camps de prisonniers, avaient

gagné les rangs des Forces françaises de l’intérieur (FFI) pour aider la Résistance contre l’occupation allemande. On en trouve au combat dans les maquis de plus de trente départements métropolitains, dont ceux du Vercors ou de l’Oisans. » Comment avez-vous collaboré avec le Musée de la Résistance dans vos recherches ? « Par exemple, j’avais trouvé une plaque, dans le Valbonnais, sur laquelle figuraient les noms de quatre Résistants. En dessous, était indiqué : “Un Algérien inconnu”. Or cet homme faisait partie du maquis de Corps dans l’Isère. Grâce aux archives du Musée de la Résistance, j’ai retrouvé son nom, Maamar Ahmida, et son parcours. » Propos recueillis par A.D.


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Cette scène est inspirée de la citation de Marguerite Gonnet, Résistante grenobloise, qui a déclaré devant le président du tribunal militaire de Lyon en 1942, au moment de son jugement : « Lorsque les hommes laissent tomber les fusils, il faut bien que les femmes les ramassent. » Illustration et autoportrait Espé

BIO EXPRESS Espé Espé, alias Sébastien Portet, a déjà dessiné la Résistance, celle des Corses contre la persécution des Juifs par les nazis, dans l’album L’Île des Justes (Glénat, 2015). Le dessinateur tient son trait classique des lectures de son enfance. Après un passage par les Beaux-Arts de Toulouse, il s’essaye au design

industriel avant de publier ses premières bandes dessinées chez Petit à Petit puis chez Delcourt au côté d’ Éric Corbeyran : Le Territoire (six volumes) puis Le Troisième Œil (deux volumes). Dès lors, les albums s’enchaînent. Chez Glénat, Espé est dessinateur du bestseller Châteaux Bordeaux et s’apprête à sortir Le Perroquet, un roman graphique très personnel sur la bipolarité.


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Résistants en embuscade. Olivier Frasier : « Ce que j’aime dans ce genre d’image, c’est que l’on soit plongé dans l’action, que le lecteur soit acteur en même temps que spectateur. Je pense d’abord à un cadrage, à une mise en scène, avant même de dessiner. » Illustration et autoportrait Olivier Frasier

BIO EXPRESS Olivier Frasier Après une maîtrise d’Arts plastiques à la Sorbonne, Olivier Frasier fait ses premières armes d’illustrateur dans le jeu de rôle, la publicité, les livres jeunesse et les jeux vidéo. Il signe sa première série comme coloriste et dessinateur chez Dargaud, Le Passeur des étoiles ; collabore aux collectifs Cicatrices de

guerre, Popeye, Mon Histoire de migration, et à un album d’hommages aux Tuniques bleues. Il dessine la série d’explorateurs Sur les bords du monde (deux volumes chez Bamboo) avant de dessiner un album marquant, Mila Racine, dans la série Femmes en Résistance chez Casterman. Il travaille actuellement sur une série d’aventures avec Joris Chamblain (Les Carnets de Cerise).


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Un groupe de Résistants progresse dans la neige quelque part dans le Vercors. Deux générations plus tard, leurs petitsenfants réalisent-ils que l’endroit où ils passent leurs vacances d’hiver a été le lieu d’un âpre combat pour leur liberté ? Illustration et autoportrait Lara

BIO EXPRESS Lara D’origine grenobloise, Lara a participé à diverses revues et collectifs de l’édition alternative. Il publie son premier livre, un magnifique carnet de voyage, En Bulgarie, chez Les Taupes de l’espace (Rennes), puis Front aux

Requins Marteaux. Il participe régulièrement au Nouveau Journal de Judith et Marinette ou à Récits et s’auto-publie dans sa revue La Belle Vie depuis 1997 (25 titres à ce jour). Il est surtout aujourd’hui dessinateur de presse, on retrouve son trait futé dans Le Canard Enchaîné et sur le site de L’Obs.


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Résistants oubliés. Baptiste Payen : « Les scènes héroïques sont très intéressantes graphiquement du point de vue de la narration. Mais la réalité de la Résistance est surtout faite d’attentes et de minutieuses préparations. La scène représente des Résistants “blacks-blancs-beurs”, symboles de la diversité de ces combattants d’origines diverses. » Illustration et autoportrait Baptiste Payen

BIO EXPRESS Baptiste Payen Baptiste Payen est diplômé de l’ENAAI (Enseignement aux arts appliqués et à l’image) de Chambéry, d’où il est originaire. Chez Emmanuel Proust Jeunesse, il a réalisé deux séries en collaboration avec Tarek : Les Chaussettes trouées et Les Poussins de l’espace. On lui doit aussi les dessins, sous

le pseudonyme de Batist, de la BD Turcos, scénarisée par Tarek et par Kamel Mouellef (Tartamundo). Toujours aux côtés de Kamel Mouellef, et d’Olivier Jouvray, il signe les dessins de Résistants oubliés (Glénat). Il travaille en ce moment sur une bande dessinée d’espionnage pour la jeunesse à paraître au printemps 2017.


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Glénat, au service de l’Histoire

INFOS PRATIQUES Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère Maison des Droits de l’Homme 14, rue Hébert 38000 Grenoble. Tél : 04 76 42 38 53 Fax : 04 76 42 55 89 Mail : musee-resistance@isere.fr www.resistance-en-isere.fr

OUVERTURE

Ouvert tous les jours, sauf le mardi matin. Lundi, mercredi, jeudi, vendredi de 9h à 18h. Mardi de 13h30 à 18h. Samedi et dimanche de 10h à 18h. Fermé les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.

De très nombreux titres des éditions Glénat sont consacrés à l’histoire.

L’ENTRÉE DU MUSÉE EST GRATUITE

Photo Pascale COLLET

VISITE GUIDÉE

Dimanche 4 décembre à 14h30 Dimanches 8 janvier, 5 février, 5 mars, 2 avril et 7 mai 2017 à 14h30 Durée : 1h. Gratuit, dans la limite des places disponibles. Retrouvez toute la programmation autour de l’exposition sur www.resistance-en-isere.fr et Facebook.

ACCÈS Accès aux personnes à mobilité réduite. Ascenseur desservant les différents niveaux. Tramway ligne A : arrêt Verdun Préfecture. Tramway ligne C : arrêt Hôtel de Ville. Bus lignes 16, 21, 31, 32, 33 et 41 : arrêt Verdun Préfecture. Parking place de Verdun ou rue Hébert.

Pour la première fois, les éditions Glénat sont partenaires du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère dans l’élaboration d’une exposition. Jacques Glénat a toujours été féru d’histoire. De la bande dessinée d’abord puisque son premier acte éditorial a été de créer les Cahiers de la Bande Dessinée, une référence

évidemment pas absente de ce catalogue. On citera Il était une fois en France de Fabien Nury et Sylvain Vallée, Juger Pétain de Philippe Saada et Sébastien Vassant, Kersten, le médecin d’Himmler de Fabien Bedouel et Pat Perna, L’Île des Justes de Espé et Stéphane Piatzszek ou encore Résistants oubliés de Kamel Mouellef, Olivier Jouvray et Baptiste Payen.

De 1966 à 2016 : 50 ans d’un musée précurseur À l’origine, il y a un demi-siècle, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère est le fait d’une poignée de pionniers : deux pédagogues, un a rc h i v i s t e et un grou-

Le musée en quelques chiffres

Illustration Lara

Plus de 500 000 visiteurs en 20 ans, dont plus de 180 000 scolaires. 2 expositions temporaires par an. 7 films documentaires produits et réalisés. Plus de 28 évènements pour l’année 2015.

Ce supplément a été réalisé en collaboration avec : Alice Buffet, Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère. Didier Pasamonik pour les Éditions Glénat.

pour les historiens du genre. On lui doit surtout le lancement au début des années 80 de collections historiques qui feront date : Les Passagers du vent de Bourgeon (1980), Tours de Bois-Maury de Hermann, l’actuel Grand Prix d’Angoulême, Les 7 Vies de l’épervier de Cothias et Juillard (1983), etc. La Seconde Guerre mondiale n’est

pe de Résistants et de Déportés. Et déjà, ce musée – d’abord associatif avant de devenir départemental en 1994 – gardait un pied dans le passé, un autre dans le présent. En s’inscrivant dans une démarche scientifique fondée sur l’archive et le recueil de témoignages, l’équipe originelle donnait l’occasion à ceux qui n’avaient pas connu la guerre d’en tirer malgré tout des leçons.

Héritage et innovation Cinquante ans plus tard, l’équipe actuelle du musée s’appuie plus que jamais sur cet héritage. Comme ses prédécesseurs, elle porte haut l’exigence historique et mémorielle. Mission éternelle qui ne l’empêche pas d’innover, notamment en tâchant d’ouvrir toujours davantage le musée à un public plus large, plus jeune aussi.

Les derniers Résistants disparaissant peu à peu, les grandes commémorations se vident progressivement de leur mémoire. Le 8Mai, pour les plus jeunes, se résume de plus en plus à un jour férié comme les autres. Ne cédant pas au déclinisme ambiant, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère fouille dans son ADN et multiplie les initiatives novatrices. Pour exemple, en 2015, il organise à Grenoble la Course de la Résistance ! Résultat: 1 000 participants faisant étape aux endroits clefs de l’histoire que la ville entretient avec la Seconde Guerre mondiale. L’exposition temporaire La BD prend le maquis ! participe de ce même élan. Consacrer une exposition au maquis via l’angle du “Neuvième art” ? Une première en France. Décidément, un esprit précurseur continue d’animer le musée. Gageons qu’il résistera encore longtemps.


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