Atelier d'écriture animé par l'équipe de la Maison des Ecrits d'Echirolles et l'association "BICOZ LES MOTS"
Mardi 13 octobre 2009 Musée de la Viscose
Isabelle et Icare rentrent du potager. A Echirolles, habituée des épiphénomènes bigarrés. Isabelle mange un navet poussé dans la roseraie. Icare goute de l’oignon doux qui donne soif Jeanneton, grande asperge, se tient à l’écart. Qui mangera quoi ? C’est la hiérarchie des légumes trompeurs. Pissenlits satinés, ou batavia pimentées Avec de la ciboulette ou de la civette La montagne est calme, ni masse filandreuse ni fortune de pauvre. A. M.
La machine à voyager dans le temps existe. C’est la magie. Et la magie existe bien. Dans les mots : cynorhodon, pivoine, mosaïque de pétales, elfe aux ailes de jade, autant de mots à l’opulente magie glissant avec douceur de bouche-boutons de roses à oreillescoloquintes. Enivrante sensation à la fois aérienne et dense, fluide et lourde, telle une étoffe naturelle, tantôt soie, tantôt laine, tissée par la pensée. Anne B
Quand on est bien dans sa peau, voyager c’est être ailleurs, ce n’est plus être loin. Pas besoin de traverser les Forets, les montagnes, ou prendre ma route de la soie. Il est possible de voyager sans beaucoup déplacer ses petits pieds Mettre ses lentilles afin d’admirer la beauté de la nature, son calme, ses contrastes, s’émerveiller devant une batavia au milieu des pissenlits, Découvrir chaque arbre, chaque pierre avec chaque jour un nouveau regard. La douceur du sable chaud attire toutes les générations. Aucune pluie, aucun orage ne pourra m’in empêcher, pour moi, chaque nouvelle journée est une invitation au voyage. Christine
Bonjour ma Batavia. Te voilà toute transformée Mauve chou pour les Chaussures, Bleu courge pour la Robe, Blanc tapioca pour la Coiffure, Et Rouge piment pour ton Sac. Tu es plus soyeuse et douce qu’une Caresse ! Bien commode ta cuisine claire et carrée, avec son carrelage neuf et son nouveau fourneau-potager. Seul grand nouveau look t’a causé du tracas dans le jardin ouvrier Où tu découvris Qu’il avait fait sécher Tes précieuses pépites d’Or Aminées par ta sœur, Avec graine d’ail et sa cousine Coloquinte pour fêter p’tit Mousse qui fait le coq ! Lui qui n’a même pas peur de Se faire presser le citron Car il sait qu’un jour Il ira sucrer les fraises…. Bénédicte P.
Le cotylédon Le cotylédon atterrit près du pot-au-feu farineux. Pas faramineux. Miteux, à la mi-temps. Ses chaussures, sans allure, en graines de tournesol molles, aspiraient à boire. Il scruta son étui en céleri : midi, tant pis ! Enervée, son ombre bascula dans novembre. Plus d’espoir de germer. Gerber, oui. Quelle triste villégiature dans ce jardin de curé aux choux au carré ! Le lapin surgit, guilleret : Bof bof, c’est moi ! Hitchcoquin, hein ? Et le chapeau feutreux, presque juteux, retomba, telle une viscose morose, sur le caillou du cotylédon bougon. Claire
L'homme considère le monde comme une terre de semence. Sous les sous-bois, sa soif de vie le hisse dans l'autre monde. Là, il se fond dans le soyeux reflet de ses aventures. Il polit le rugueux de son âme dans la chaude souffrance de la campagne urbaine. Eliane Reboud
Des dunes de Dunkerque aux montagnes des Vosges, j’ai le cœur qui voyage et des idées molles qui germent. Dans mon univers, je croise avec frisson un énorme cynorhodon orange sur une montagne d’écorces puis, je songe avec gourmandise à des sorbets de roses séchées. Le petit potager que j’ai dans le cœur me console de ce mal de tête dû à cette chaude sieste sur ce banc rugueux. Elise Turon
L’amour agriculteur Dans la nuit noire ta robe de soie blanche scintillait… Depuis toujours ton cœur d’artichaut faisait des ravages dans les âmes des garçons de ferme du village. Seule tu étais capable de soutenir le regard rageur du jars. Derrière ton sourire ravageur tu exhalais la senteur de la lavande en été. Le soir à la veillée je me laissais emporter par ton somptueux bouquet de cheveux noirs. L’amour est agriculteur : l’allure altière laboure, les regards de côté sèment l’espoir, les sourires encourageants poussent à voir, le sang des éconduits irrigue les armes. Et il ne manque jamais d’amoureux pour récolter les larmes. Ernest B.
Au tout début, j’ai espéré que quelqu’un viendrait me libérer. Qu’on frapperait à la porte, Mais la pensée voyage à la vitesse du désir. Amour ! Parlons de l’amour avec un grand A, Le respect de la nature et d’en faire un art, De toucher des choses agréables, doux, c’est super, Merci la nature. Incognito
C’est demain dimanche sur la terre orange. Mon cœur d’artichaut sous les gros pépins de pluies oublié. Couleurs de ta peau sous les mousses vaporeuses du soleil couchant. Je cherche ton allure agrumeuse sur le fil de ma destinée, filée, défilée, ficelée au creux de mes mains. J’accueille les petites graines, grains de beauté pimentés, grains de bonté vanillée. Je te caresse toi qui me grattes d’un jet de pierres, toi qui me protèges et me gardes enveloppé par les humeurs de mon intime. Gratte, grattage adage message sans âge. Dégrattages, dérapages de pays en paysages. Parties particule de ma vie mauve, de ma mauvaise vie. C’est demain dimanche sur la terre orange. C’est demain la nuit au pays d’ici. Ghislaine M.
Espèce de courge du Mexique, avant de cuisiner, touche, tâte, frotte, goute ! Tiens, donne un petit coup de dent sur ces jupon-choux violet, lèche ces jolies chaussons de lentilles, renifle ce sac d’agrumes, dévores ces gilets de cynorhodon. Allez, déguste cette robe de mariée-plume, graines après graines. Vois ce bustier, quelle bonne soupe ! Et ces minuscules souliers de fleurs. Ta boussole pour te diriger, c’est ton nez, tes yeux, tes doigts. Hume, regarde, touche ton jardin, et après, seulement longtemps après, tu pourras manger les jolies robes que tu auras cuisiné. Ida
Cette petite fille avait la douceur de l’ange, elle se promenait lascivement quand il l’aperçu. Il grêlait alors qu’elle portait une petite jupe à carreaux qui la rendait plus timide qu’elle n’était. Elle l’exilait durant ses voyages jusqu’au bout du chemin qui mène à sa maison. Sa vie, qu’on voyait monotone et qui pour elle était pimentée de chose essentiel et simple : la nature. Elle était toujours dehors. Il la vit seulement passer en imaginant toute sorte de chose sur elle, elle était impressionnante. Léa
Une pâquerette vêtue d’une robe de soie fluide et légère, danse une pantomime sur les pensés de l’enfant halé…. La douceur de son regard égraine des milliers de pétales qui rejoignent les étoiles. Et puis, il s’aperçoit qu’il s’écarte de cet espace entré en hivernage. Peu à peu, il se laisse porter vers un horizon ensoleillé, ensemé de rêves où les floraisons durent toute l’année, ou les arbres prennent racines et gravent leur histoire sur le gazon, où les navets se dorent sur la murette, où les fleurs n’ont jamais leur robe froissées, même après le bal des jardiniers. Il arrive au pays où l’on est soi ! Patricia R.
Le rouge, c'est chic! En raison de ses escarpins rouges, il ne s'était pas enraciné. Bien au contraire : les porter lui avait immédiatement provoqué un malaxage intérieur sonore inédit et surprenant. Il avait soudain quitté la surface polie de la salle des pas perdus qu'il arpentait assidûment pour tourner définitivement le dos à sa banlieue, chose quasi impensable jusque là. Oui, indéniablement, il larguait la banlieue des potes et, il partait sans armes ni bagages pour planer au-dessus de lui-même. La contorsion qu'il entreprenait le faisait frémir et lui occasionnait une soif qu'il devinait déjà difficile à étancher. Il grillait en vrilles serpentines, se glissait sous les jupes de filles, pénétrait les courants d'air qui tramaient sur ses jambes des couches doucereuses. Jambes qui auraient pu être qualifiées de gracieuses si elles n'avaient été dodues et poilues... Son écorce se craquelait, ses bras s'étiraient à la façon des rémiges des buses... Il pirouettait dans les courants ascendants. Ses haubans avaient cédé et il dévidait son ruban dans le vent. Il semait sa soif à tout crin, une soif inextinguible de re-naître dans un autre port, avec ce battement accéléré au creux de ses tempes. Plus tard, il s'assiérait sur un banc avec un plaid de grandmère posé sur ses genoux. Véronique Pédréro
Dans le bas du domaine, s’étendait mon domaine à moi : Cette terre ocre, presque rouge et pourtant si fertile de mes souvenirs vagabonds. Je suis né de cette terre un jour de moisson, un jour de grand chaud. L’orage n’avait pas éclaté, mais mon cri avait surgi. Sous cet arbre immense, qui n’était pas plus haute que trois pommes. J’ai fini par me perdre loin, très loin de l’autre côté de moimême. Et pourtant, je n’ai pas bougé, là, sous mon oranger j’égraine mes pensées nostalgiques. Héritage unique de mon enfance, tu resteras au fond de ce jardin secret. Nadia
Une perle de tendresse sur mon oranger… Tout le monde se presse. Ils touchent, ils discutent de se voyage soyeux aux sensations vacancielles. Tout semble immense sur les chemins de mon enfance. Oui ! Tout le monde se presse sur les sentiers caillouteux de ma terre. Une terre où les songes claquent, tel un slam : Une lame sur l’arme de mon âme. Mon âme qui tend vers ce musée où la muse, sans s’user, amuse les enfants de la Viscose. Sereine
Ariane, ne perds pas le fil. La guerre n’est qu’un état passager. On la fait pour arriver à la paix, tandis qu’on ne fait pas la paix pour récolter la guerre. Voici donc une recette de mon beau Danube. Isabelle en a récolté les légumes du potager ouvrier, issus de la lumière d’Icare. Un zeste ou un épi à égrainer. Comme le sable doux de Copacabana. Ne loupe pas le train, Ariane. Voici donc ma recette. Ecrire un texte : Poil de Carotte, non, Poil de Cairote qui raconte la vie au Caire, tout ce bazar urbain qui fonctionne très bien quand même. Malgré tout. Comment ça, ça ne se mange pas ? Le jardinier dit : « Je vis là pour apprendre la patience ! » Sandrine D.
La diligence avançait cahin-caho au milieu des champs ; les vieux voyageurs, enfouis dans la douceur de soie des coussins moelleux, laissaient leurs regards timorés se poser paisiblement sur la multitude de fleurs de lin bleu dans ces plaines du nord. Aucune soif de risque, ils se sentaient protégés, comme dans du coton des cahors de la diligence, qui se frayait un chemin parmi les cailloux vers la mer, avec sa promesse de plage, de sable fin dans lesquels ils pourraient se fondre et se perdre. Et bientôt, dès le lendemain peut-être, on les chercherait, en vain ; ils se seraient évanouis, à peine froissés par le voyage, ne laissant qu’une empreinte fugace sur la grève.
Aujourd’hui Cynochodons Rose bonbon Parure soyeuse Danse joyeuse Sous la tonelle Qui embaume Manteau de laine Sensation de douceur De réconfort, de chaleur Sous le figuier Je t’attends Nous partirons Vers les sommets neigeux Tous les deux Adieu figuier d’Avignon Ne verse pas trop de larmes La vie est si courte, il faut la croquer N’aie pas peur De passer par toutes les couleurs De découvrir mille sensations Il faut se perdre Pour mieux se retrouver Pour devenir adulte La vie est une peinture, Sculpture, Aventure Demain sera un autre jour ! Thérèse