Le Journal
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*[ Paysage(s) ! ]
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’attention que le Département porte au patrimoine de l’Isère, à sa connaissance, sa conservation et sa valorisation est le fruit d’un véritable engagement. En témoignent les inventaires territoriaux (celui du Pays Voironnais vient de démarrer), le dynamisme et la qualité de nos dix musées départementaux et les relations étroites que nous avons su tisser et entretenir avec les acteurs du patrimoine. Ce vingt-huitième numéro du journal le confirme, l’Isère est riche tant de ses « belles pierres » que des initiatives qui nous les font partager. Mais il est une autre richesse qui fonde tout autant notre sentiment d’appartenance à un territoire, c’est le paysage. Loin d’une vision naturaliste – le paysage porte partout la trace de la main de l’homme – il s’impose au regard de chacun, ne nécessite aucun apprentissage pour être apprécié, constitue un bien collectif transmis par des générations qui l’ont regardé et façonné avant nous et se partage sans discrimination que l’on soit natif, nouvel arrivant ou de passage. En ce sens n’est-il pas le premier patrimoine commun ? Jean-Pierre Barbier Président du Département Député de l’Isère
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LE GUIDE LECTURES
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Pour sa dixième campagne d’inventaire du patrimoine, le Département s’est associé au Pays Voironnais. Les recherches débutées au printemps dernier se poursuivront pendant près de deux ans pour aboutir à un panorama partagé avec le public sous de multiples formes.
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es équipes sont sur le pont, ou plutôt sur le terrain. Pour cette dixième opération « Patrimoine en Isère », c’est la Communauté d’Agglomération du Pays Voironnais (CAPV) qui est à la fois l’objet du quadrillage et le partenaire, notamment avec le Pays d’Art et d’Histoire. Ce n’est plus la logique du canton mais la logique du projet qui prévaut, ce qui augure bien des usages multiples des futurs résultats. Cet important travail d’intérêt public sera d’autant plus utile qu’il correspond à un souhait fort des élus et des structures culturelles. Plusieurs associations s’activent, de longue date, sur place à la connaissance et à la valorisation du patrimoine, telles l’association Histoire et patrimoine du Pays Voironnais (AHPPV) à Voiron, l’association rivoise des amis de l’histoire (ARAMHIS) à Rives, le Comité pour la recherche sur le patrimoine, l’histoire et l’art (COREPHA) à Voreppe, les Amis de Volvredo à Vourey ou Moirans de tout temps. Leur maîtrise de chaque repli du terrain, leurs patientes enquêtes auprès des anciens ou dans les greniers, leurs bulletins partageant leur passion pour le patrimoine, autant de précieuses ressources qui sont mises à contribution. De même les solides travaux d’inventaire menés par le Parc naturel régional de Chartreuse constituent une base très appréciable. Enfin quelques communes sur les trente-quatre que compte la CAPV ont déjà été inventoriées dans la précédente opération consacrée aux Vals du Dauphiné. Du tout cuit ? Sûrement pas ! Il faut éplucher les cadastres napoléoniens, arpenter rues et chemins, photographier, questionner, synthétiser, examiner avec soin, réfléchir, mettre en perspective… Tout ça en même temps, sur toutes les périodes et tous les aspects du patrimoine. Un sacré challenge donc ! En ligne de mire : constituer un tableau le plus fiable et le plus large possible de ce qui fait à la fois trace des hommes et de leurs vies, marques de l’histoire mais aussi qualités et caractères propres de notre cadre de vie quotidien. Il n’existe pas de commune sans patrimoine, d’où l’intérêt d’aller l’identifier. C’est toujours une aventure d’ailleurs, on croit connaître et on ne se reconnaît plus. Par exemple, on s’attend à trouver beaucoup de grosses fermes avec un séchoir à tommes ou pléthore de croix de chemin… et on tombe en plus sur tout autre chose, une série de mairies quasi du même modèle, une maison forte non identifiée ou des enseignes peintes anciennes toujours visibles sur l’enduit de l’immeuble. Le programme doit associer dans les mois qui viennent les investigations de terrain, les échanges avec les diverses sources d’information, ainsi que des interventions pédagogiques pour sensibiliser les plus jeunes en milieu scolaire et les premières animations publiques pour partager interrogations et découvertes sans attendre. À l’horizon, la ligne d’arrivée en 2017 comporte exposition itinérante, publication et nombre de valorisations qui restent à inventer. L Y Toutes les informations sur l’inventaire sur www.isere-patrimoine.fr ou auprès du service patrimoine culturel du Pays Voironnais au 04 76 93 16 96.
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Inventaire du Pays voironnais : patrimoine… in progress !
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UN ARTISTE INVITÉ
Dans le même temps que l’inventaire du patrimoine se construit, nous proposons à un artiste photographe de porter son regard sur le territoire exploré. Thierry Bazin est ainsi invité à explorer les lieux, à en révéler la dimension humaine, historique, paysagère. Sans nostalgie ni édulcorant, il livrera au printemps prochain son portrait du Pays Voironnais. L
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Regards sur l’inventaire S’il s’agit bien d’un travail scientifique, l’inventaire ne se résume pas à une accumulation de données et à un enrichissement de la connaissance. Sa finalité est bien de servir le développement d’un territoire en aiguisant les consciences. Et ce pays n’est pas vierge ni d’initiatives, ni de questionnements en la matière. Deux questions à trois acteurs du patrimoine : élu, technique et associatif. Trois regards.
Quel regard portez-vous sur le patrimoine de votre territoire ?
Avez-vous une attente spécifique vis-à-vis de cet inventaire ?
Jean-Paul Bret Président de la Communauté d’Agglomération du Pays Voironnais Je suis convaincu de la richesse et de la diversité de ce territoire. Les traces d’histoire qu’il porte, son héritage industriel, ses paysages et tout ce qui fait sa particularité et sa qualité, tout cela mérite d’être documenté, valorisé et porté à la connaissance de tous.
Jean-Paul Bret L’inventaire constituera un atout touristique, mais il fera aussi connaître aux habitants leur patrimoine au sens large, renforcera leur sentiment d’appartenance à un territoire, consolidera le lien qui les unit, éclairera leur identité. Il sera également un outil pédagogique : il permettra de mieux faire prendre conscience qu’il y a des règles fondamentales à respecter en matière de construction, le paysage n’étant pas façonné seulement par les élus et les grands aménageurs.
Christelle Four Animatrice de l’architecture et du patrimoine, Pays d’Art et d’Histoire du Pays Voironnais Le Pays Voironnais possède un patrimoine mosaïque, diversifié, mais complet. Chaque période peut en effet être illustrée par des objets ou du bâti et on peut suivre un fil d’Ariane chronologique, des premières traces d’occupation du Néolithique jusqu’à nos jours. À cette continuité historique s’ajoute la diversité géographique d’un pays composite riche d’un patrimoine urbain et rural. Carole Darnault Présidente de l’Association rivoise des amis de l’histoire (Aramhis) La vocation de notre association est de faire découvrir et partager le patrimoine et l’histoire de notre territoire. Le patrimoine local est riche et passionnant, mais il est encore trop mal connu. Pour moi comme pour les membres d'Aramhis, il n’y a pas de petit ou de grand patrimoine, mais une façon de permettre aux gens de s'approprier ce qui les entoure, après qu'on leur a fait découvrir. L
Christelle Four Une bonne valorisation du patrimoine nécessite que nous en ayons une connaissance fine. L’expertise de nos richesses pourra créer et alimenter le récit patrimonial du Voironnais, avec la somme de l’histoire des 34 communes qui le composent. Que ce soit à l’attention du touriste, de l’habitant ou de l’aménageur, l’inventaire est un moyen de connaissance indispensable avant tout acte d’interprétation et de valorisation du patrimoine. Carole Darnault Nous attendons de cette initiative qu’elle nous permette de découvrir des éléments de patrimoine que nous ne connaissons pas ou peu, et qui pourraient alimenter des articles pour notre revue. Par ailleurs, les associations étant conviées à participer à l'élaboration de cet inventaire, je compte sur cette collaboration pour renforcer les relations qu’entretient notre association avec le Pays Voironnais et le Département. Ce rapprochement peut s’avérer pour nous très fructueux. L Propos recueillis par Jean-Pierre Chambon
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Mont Aiguille en été, Roberto Neumiller, début des années 1980 Diapositive © Coll. Musée dauphinois.
Ils nous entourent, nous façonnent, nous habitent, nous en som
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onstitutifs de notre bagage culturel, ils s’offrent naturellement au regard dans leur incroyable diversité, naturels, agricoles, bâtis, urbains, industriels... Notion récente en Occident, le paysage est originellement défini par sa représentation, réalisée par l’artiste qui met en place un véritable dispositif visuel en choisissant
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le cadre, le point de vue. Le « jardinier » Gilles Clément évoque à la fois une expérience (ce qui se trouve à portée de nos sens) et un résidu mémoriel (ce qui reste quand on a fermé les yeux). Loin d’être seulement un décor, il est ainsi une relation entre l’observé et l’observant, surface de projection de l’intime et de la mémoire. Mais il est aussi assurément le premier des patrimoines communs, pragmatique ou sublime,
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mmes aussi les « créateurs »… « Ils » ? Ce sont les paysages.
age(s) où se croisent histoire et modernité. Aujourd’hui, il est admis qu’il n’existe plus de nature vierge. Les paysages, résultats d’un dialogue entre le bâti et l’environnement, à la fois témoins et vestiges, porteurs de traces d’activités séculaires et modifiés en permanence, racontent ce que nous sommes. Leur lecture mérite attention. En Isère, qu’ont à nous dire les terrasses agro-pastorales de l’Oisans, les alpages des hauts plateaux du
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Vercors ou les abords du lac de Paladru ? Par petites touches, et comme à l’habitude en bonne compagnie, ce dossier questionne quelquesuns de nos paysages, leurs représentations, leur valorisation, leur préservation et vous invite à aiguiser votre regard ! L
Retrouvez dans le guide lectures page 36 quelques ouvrages cités dans ce dossier ou publications récentes en lien avec la thématique du paysage
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Paysages / Décryptages
Au printemps 2015, le projet Paysages-in-situ est lancé. Offrant au public de poser un regard nouveau sur plus de 200 œuvres rarement présentées, issues des collections des musées et bibliothèques de l’agglomération grenobloise et de l’Isère, ce jeu en ligne invite à proposer une réplique de la vue originelle à l’aide de tous les outils disponibles, de la cartographie numérique au crayon ou à la photographie. En attendant les Journées du patrimoine et la présentation des restitutions des internautes en vis-à-vis des œuvres originales au musée de Grenoble et au musée Hébert, rencontre à bâtons rompus autour des paysages avec Philippe Mouillon, cofondateur avec Maryvonne Arnaud de l’association Laboratoire et initiateur du projet.
Le paysage, une émotion récente La notion de paysage est à l’origine une construction culturelle bâtie sur l’idée du regard porté, de l’interprétation. Le mot luimême, apparu tardivement au XVIe siècle en Europe, « traduit d’abord une représentation peinte » avant de devenir une « portion de nature qui s’offre à la vue de l’observateur », selon la définition du dictionnaire Le Robert. Au-delà, le paysage, c’est avant tout une émotion intime. Le philosophe-géographe Augustin Berque avance que le paysage est à la fois empreinte et matrice. Nous traversons quotidiennement des paysages qui portent l’empreinte des activités humaines anciennes
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et contemporaines, et portons en nous les paysages de notre enfance, matrice de notre sensibilité. Le paysage réunit aussi à la fois les natifs et ceux qui arrivent, héritiers d’autres environnements, d’autres points de vue. Travailler sur les paysages permet de travailler sur ces rencontres.
Du patrimoine à la « convivance » Certains paysages font sentir l’éternité, d’autres la grandeur de la nature, d’autres encore le génie humain. D’une certaine manière, parce qu’ils constituent un bien commun transmis par des générations qui les ont regardés et façonnés avant nous,
par les histoires qu’ils racontent, les traces qu’ils montrent, les paysages font, à n’en pas douter, patrimoine. Et pourtant, on ne les considère en tant que tel que depuis peu. Aujourd’hui, il s’agit de dépasser ce qu’en disent les cartes postales et inventer une réelle complicité entre les hommes et les territoires. Travailler sur le paysage, c’est aborder la notion de « convivance », cette « capacité de groupes humains différents à cohabiter harmonieusement ». Loin de toute tentation conservatrice, il y a nécessité à prendre soin des paysages dont nous héritons et à organiser une transmission responsable aux générations futures.
Paysages-in-situ n’aurait probablement pas pu naître en Normandie. Il y a en Isère une réelle spécificité des paysages liée à la présence des cours d’eau et des massifs alpins. On s’y repère avec les rivières, les vallées et les montagnes. En chinois, le mot paysage, se dit montagneseaux : montagne (haute, stable, massive) - eau (fluide, changeante, instable). Le paysage, c’est la tension entre les deux, nous dit le sinologue et philosophe François Jullien. Nous sommes ici au cœur de cette intensité.
Représenter… Avec notre jeu, nous ne sommes pas si loin des copies exécutées par les amateurs dans les musées de la fin du XIXe siècle. Mais notre proposition d’interprétation du paysage permet d’associer sans réserve tous les publics, celui des jeux vidéo, des réseaux sociaux, des imageries de synthèse, de la cartographie numérique, de la photographie, du dessin, de l’écriture… Ce choix permet de croiser les esthétiques en créant des tensions dynamiques.
…et débattre Nous faisons tous des photos que nous ne regardons pas. Nous collectons les instants, parfois de façon compulsive, espérant en
capter l’émotion sans toutefois prendre le temps du partage. Imaginez, on compte aujourd’hui en milliards le nombre d’images en ligne ! Avec ce jeu, nous avons envie de provoquer l’échange de points de vue dans tous les sens du terme, de fabriquer du lien entre les individus, de l’échange de savoirs. Si autour d’une peinture de Jean Achard, on expose 150 représentations toutes différentes, il va y avoir débat donc échange, enrichissement mutuel. Le point de vue du peintre pourra être questionné, la représentation sera mieux perçue comme une composition et on va découvrir qu’on peut regarder ailleurs, enrichi d’avoir échangé avec d’autres un point de vue.
Un banc… public C’est la prochaine étape de ce projet voulu « relationnel ». Dans quelques mois je l’espère, chacun pourra venir s’asseoir sur des bancs implantés là où les artistes étaient installés un siècle plus tôt, et consulter sur son téléphone toutes les informations disponibles sur les œuvres nées de ce point de vue précis et découvrir les répliques inventées par les internautes. Ces bancs constitueront un véritable lien avec la peinture d’un ou plusieurs artistes, avec une autre époque, voire avec son voisin. Ainsi, d’un banc à l’autre, devrait se dessiner un véritable tracé
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Paysages-in-situ, un projet né d’ici
patrimonial et relationnel. Nous pouvons imaginer des situations où le banc trouvera facilement sa place dans le site, favorisant le va-et-vient entre le paysage saisi dans l’œuvre originale et le paysage d’aujourd’hui. Mais il est probable que certains sites se révéleront si modifiés que l’installation d’un banc à cet emplacement précis apparaîtra incongrue ou sera simplement impossible. Cet aléa permettra de questionner l’état de notre espace public et de le renouveler.
Un paysage choisi
Une expérience partagée, plutôt. Je me souviens avoir emmené des écrivains de Sarajevo au Monastère de la Grande Chartreuse. Nous avons marché ensemble le long de la longue allée de hêtres. Ils ont pleuré, c’était la première fois qu’ils se retrouvaient dans une nature paisible et bienveillante depuis la guerre. J’ai su que le paysage pouvait aussi agir comme un baume, un puissant médicament. L
Vue prise du quai de la Graille, Jean Achard, 1837 Huile sur toile © Coll. musée de Grenoble. Page de gauche : Réplique proposée par Andrea Bosio sur le site www.paysages-in-situ.net
PAYSAGES-IN-SITU, JEU DE « FAUSSAIRE » Regardez, cherchez, représentez, jouez !
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e jeu Paysagesin-situ consiste à retrouver l’emplacement exact où était situé l’artiste quand il a réalisé une peinture ou une photographie de paysage, et invite le public à proposer une réplique depuis ce même point de vue (photographie, dessin, cartographie numérique…).
Il se base sur plus de 200 peintures et photographies de paysages issues des collections des musées et bibliothèques de l’agglomération grenobloise et de l’Isère. Les répliques proposées par le public seront exposées en visà-vis des œuvres originales au musée de Grenoble et au musée Hébert à La Tronche à l’occasion des Journées euro-
péennes du patrimoine (19 et 20 septembre) et jusqu’au 31 octobre 2015. Un prototype de banc interactif placé à l’endroit d’un « point de vue » et donnant accès à des contenus enrichis devrait être installé cet automne dans l’agglomération grenobloise. L Y paysages-in-situ.net Application disponible sur l’AppStore et Googleplay.
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Points de vue Le paysage s'offre à tous comme un sujet d'émerveillement et d'émotion esthétique au même titre qu'une œuvre d'art, un morceau de musique ou un texte littéraire. Particulièrement en Isère où la nature très contrastée, les panoramas que ménagent les reliefs, les jeux du soleil sur leurs versants provoquent tour à tour étonnement et admiration. Peu importe alors les bouleversements géologiques ou le contexte historique que le paysage pourrait évoquer, seul compte le moment exceptionnel où l'émotion se manifeste. A travers les siècles, les peintres vont essayer de transmettre cette impression saisissante, celle du spectateur envahi par sa vision.
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Vue de Belledonne, Jean Achard, 1850 Huile sur papier © Coll. musée Hébert.
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ette démarche ne s'est pourtant pas imposée d'emblée et pendant longtemps, la peinture de paysage a été un genre mineur. Certes, le paysage apparaît en tant que tel au XVIIe siècle, notamment avec Poussin et Le Lorrain, encore est-ce sous une forme idéalisée et codifiée qui ne va guère évoluer au XVIIIe siècle. Les massifs montagneux rentrent dans la composition comme des éléments de perspective, accessoires au même titre que les moulins, temples et autres éléments pittoresques. Les Alpes fournissent un cadre naturel aux exigences de l'académie, les peintres, dont les Dauphinois, s'en serviront par la suite. Au XVIIIe siècle, un nouveau sentiment de la nature apparaît. L'artiste ne peut plus se contenter de décrire la nature, il doit aussi exprimer ses états d'âme. Il choisit dès lors des sites sauvages, plus susceptibles de rendre le caractère précaire et sublime de l'existence, comme le fait Caspar David Friedrich dont les paysages de montagne sont à la fois étonnamment réalistes et baignés d'une lumière quasi abstraite. Le XIXe siècle voit naître une nouvelle perception des territoires. Les peintres participent à l'illustration de guides et inventaires des régions, inaugurant une première forme de tourisme. La montagne devient le sujet privilégié des artistes parisiens qui sortent de leur atelier pour peindre au grand air et sur le motif. En Dauphiné, graveurs, lithographes, peintres régionaux et bientôt photographes professionnels répondent à la demande accrue d'une clientèle de passage avide de curiosités. Il faut attendre cette période pour que la montagne soit représentée d'après nature, cependant parfois avec une vision empreinte de naïveté et de démesure. Tous les peintres qui traversent les Alpes pour gagner l'Italie sont saisis par les paysages qu'ils rencontrent et notent à main levée leurs impressions : aquarelles atmosphériques pour Turner, croquis rapides sur la route de Chartreuse pour Paul Huet ou les frères Laurens. Certains prolongent le séjour et portent leur chevalet jusqu'à Sassenage, Allevard et autres « bouts du monde ». À Grenoble, les élèves de l'école de dessin travaillent en plein air, prenant leurs motifs dans l'environnement immédiat. Jean Achard (1807-1884) suit volontiers les artistes itinérants, profitant de leurs conseils et repérant ses premiers sujets. Il s'attache à rendre la matière des éléments, à traduire la texture des sols et des coupes rocheuses, jouant sur les effets de lumière. Des peintres dauphinois, il se montrera le plus habile à faire la synthèse entre la tradition du paysage classique et celle d'un paysage plus réaliste transmise par les Hollandais. Il initiera Laurent Guétal (18411892), jeune prêtre originaire de Vienne et peintre autodidacte. L'entraînant autour de Grenoble, à Sassenage et vers Crémieu, il lui apprend à observer et lui transmet l'art d'une composition solide.
L'abbé, membre du Club alpin français depuis sa création en 1874, aime presque autant l'excursion que peindre sur le terrain. De retour à Grenoble, il compose ses tableaux, aidé de ses esquisses, photographies et souvenirs. S'il peint la Chartreuse et le Vercors, c'est l'Oisans qui a sa prédilection. Il est le premier à offrir aux amateurs une communion possible avec la grandeur des sommets. À ses côtés, ou dans sa suite, Bertier, Brun et la jeune génération des parisiens : Flandrin, Fournier, Mainssieux etc., sauront renouveler la tradition. Aujourd'hui, l'artiste contemporain, libéré de la nécessité de décrire objectivement le paysage, tente d'exprimer les structures secrètes qui le constituent ; un nouveau rapport à la nature s'établit avec l'abstraction. Délaissant une esthétique fondée sur la ressemblance, le peintre s'efforce d'entrer en symbiose avec le sujet qu'il ne décrit plus mais dont il transpose les résonances de sa rencontre. Nourrie d'intériorité, l'œuvre devient alors le lieu d'une interaction entre le peintre et le paysage, instaurant l'expression de « l'espace du dedans ». L
Laurence Huault - Nesme Directrice du musée Hébert
Vue du Taillefer prise des côtes de Sassenage, Jean ACHARD, 1837, détail Huile sur toile © Coll. musée Hébert Paysage, vue de la vallée du Grésivaudan et du massif de Belledonne depuis Corenc, Jules Flandrin, vers 1920, détail Huile sur toile © Coll. musée Hébert
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Panorama(s)
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Daniel Bougnoux
Esther Lambert
Daniel Bougnoux est philosophe, professeur émérite à l’université Stendhal-Grenoble 3. Le livre Vivre de paysage ou l’Impensé de la raison, de son ami le philosophe et sinologue François Jullien, a beaucoup nourri sa réflexion sur le paysage en tant que question philosophique centrale…
Esther Lambert est éducatrice en environnement en Nord-Isère, dans l’Isle-Crémieu. Parallèlement à son action de terrain, elle participe à l’élaboration des plans de gestion de sites naturels préservés et crée des outils d’interprétation du paysage et des milieux qui le constituent (livrets de visite, panneaux…).
D Point de vue sur le mot « Le paysage ? Une portion du monde qui me donne un sentiment de complétude. Ni lui, ni moi ne manquons de rien ! Un échange pluri sensoriel s’instaure et, au fur et à mesure que je respire le paysage, il entre en moi. Le contemplant, je me sens là où je dois être. »
D Point de vue sur le mot « Le paysage désigne un ensemble d’éléments naturels qui s’offrent à nos yeux, et que l’homme a marqué de son empreinte, en le modifiant, en ajoutant et organisant de nouveaux éléments (bâti, carrières, coupes de bois, voies de communication, terrasses...). Le paysage est aussi une notion subjective puisque les sensations qu’il fait émerger dépendent du vécu et de la sensibilité de chacun. »
D Artisan du paysage ? « En tant que philosophe, je n’ai rien écrit sur le paysage proprement dit mais je m’y intéresse dans le cadre de la médiologie, qui désigne à la fois l’étude des milieux et des médias. Parce que l’expérience du paysage suspend les alternatives classiques (connaissance intelligible vs connaissance sensible, corps vs esprit, dedans vs dehors…), elle chahute nos postures mentales et devient un objet de philosophie, déroutant mais passionnant ! » D À propos de patrimoine « Le paysage est la quintessence du patrimoine, de la « patrie ». Il est le vecteur par excellence du sentiment de patrimoine car chacun s’y identifie sur un mode très intime. Le paysage est par ailleurs un espace géographique autant qu’historique. On y voit les traces de l’homme, de son travail, des transformations qu’il a provoquées. La nature elle-même n’est pas hors histoire, qui marque le paysage dans son évolution. » D Ce paysage-là… « Je vous parle ici de la vue que l’on a depuis une ancienne bergerie située sur les hauteurs du village d’Herbeys, sous les ruines du fort des Quatre-Seigneurs. Du Taillefer jusqu’au mont Aiguille, le panorama est aussi profond que large, aussi grandiose qu’apaisant. Comme d’un visage chéri, on ne peut se lasser d’un paysage aimé. Bien que j’en connaisse chaque variation, à toute heure et à chaque saison, mon émerveillement est intact ! » L
D Artisan du paysage ? « Je me définis comme une interprète du paysage, une médiatrice. J’invite les publics à s’interroger sur ce qu’un paysage révèle des activités humaines passées ou actuelles (agriculture, aménagement du territoire, trames vertes et bleues). Cette lecture partagée permet de se reconnecter avec la nature, de s’approprier cet héritage que représente le paysage et de prendre conscience de l'impact de l'homme. » D À propos de patrimoine « La nature sauvage n’existant presque plus en France, la grande majorité des paysages ont été jardinés par l’homme ! Ce sont ces traces, discrètes ou presque effacées par le temps, qui donnent une spécificité régionale aux paysages et qui m'intéressent car elles constituent justement notre patrimoine collectif. » D Ce paysage-là… « De la basse vallée du Rhône aux sommets des Écrins, le département de l’Isère possède des paysages d’une diversité incroyable ! Fin juin, j’étais sur le plateau d’Emparis, juste en face de la Meije : pelouses alpines en fleurs, glaciers encore couverts de neige… et ces pentes vertigineuses ! Ce paysage-là me fascine car il constitue un tableau contrasté dans lequel la rudesse, presque hostile, de l’univers minéral côtoie la profusion bigarrée du monde végétal. » L Y La contacter : 1000lieuxalaronde@orange.fr
Y Pour aller plus loin : Vivre de paysage ou l’Impensé de la raison, François Jullien, Gallimard, 2014
Jean Lovera
Rachel Anthoine
Thomas Lemot
Architecte de métier, peintre-skieur féru de sculpture et de poésie, Jean Lovera est un amoureux du paysage. Bien que né à Grenoble, il n’a eu le goût de la montagne qu’en lisant Stendhal (Vie de Henry Brulard) alors qu’il habitait à Paris ! Depuis, il parcourt incessamment la Chartreuse où il vit désormais, dessine et peint ses paysages, sur le motif et en atelier…
Architecte paysagiste et urbaniste, Rachel Anthoine est responsable du pôle Paysage au CAUE de l’Isère, organisme associatif de conseil professionnel indépendant dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement.
Graphiste et illustrateur indépendant, Thomas Lemot est aussi un cartographe passionné. Qu’elles figurent dans des livres, des magazines comme L’Alpe, des musées (Musée dauphinois, Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère,…) ou des expositions, les cartes, vecteurs de paysages, sont pour lui un moyen de mettre des informations éclectiques à la portée du public.
D Point de vue sur le mot « Le paysage est un fragment d’espace, considéré d’un point de vue et transformé par l’homme. Audelà de ces traces concrètes (maison, fontaine, bottes de foin…), le paysage est marqué symboliquement par notre regard et l’émotion qui nous traverse. Les uns, comme le poète italien Leopardi, adoptent alors la contemplation immobile et les autres, comme Rimbaud, préfèrent parcourir les sentiers… » D Artisan du paysage ? « Mon métier d’architecte me lie au paysage. Mon but est de le recomposer en mêlant harmonieusement la nouveauté à l’existant. Parler d’insertion du bâti dans le paysage est pour moi illusoire, je préfère parler de recomposition. En tant que peintre, je cherche d’abord à prolonger l’émotion d’un paysage pour la partager autrement. » D À propos de patrimoine « Dès que l’homme agit sur la nature, le paysage surgit et avec lui le patrimoine qui nous rappelle cette histoire. Chamechaude, dont l’étymologie du nom (sommet dégarni en latin) rappelle l’usage pastoral de ses alpages, en est une illustration ! Aujourd’hui maire de Sarcenas, je souhaite soutenir des projets d’aménagements qui tiennent compte de trois éléments-clefs pour le paysage et le patrimoine : la beauté, l’émotion et le sens. D Ce paysage-là… « Chamechaude dans mon dos (dont la présence familière me protège), la Pinéa (qui se prend pour le Cervin !) sur ma droite, je regarde loin au sud, vers les falaises bleues du Vercors. Dans la plaine, la ville est là. L’hiver, dans la nuit, ses lumières font rougeoyer la neige… Ce paysage-là, qu’une horloge chromatique modifie sans cesse, me submerge d’émotions. Et bien je l’ai déjà peint plus de cent cinquante fois, je continue ! » L
D Point de vue sur le mot « Le mot paysage exprime aussi bien la structure réelle d’un espace circonscrit que la perception que l’on peut avoir de ce lieu et qui relève donc de l’interprétation subjective. Le paysage révèle l’imbrication complexe de l’humain et du naturel, c’est un élément de compréhension de la société et un outil de médiation qui permet d’imaginer demain. » D Artisan du paysage ? « Le paysage n’appartient pas au paysagiste, tout le monde est capable de se l’approprier. J’en suis cependant un artisan privilégié ! Mon métier consiste à comprendre le génie du lieu dans toutes ses dimensions afin d’apporter un conseil pertinent à ceux qui l’aménageront d’une manière ou d’une autre. Cela passe par des visites de terrain, des études précises mais aussi et surtout, sur l’ensemble de la démarche, par un dialogue avec l’ensemble des protagonistes du projet. » D À propos de patrimoine « Le paysage fait partie intégrante du patrimoine. Parce que son interprétation livre le récit d’un lieu dont on peut appréhender la valeur des éléments, matériels ou immatériels. Parce qu’il convoque tous les sens et éveille les émotions de l’observateur, c’est aussi un outil d’acculturation. » D Ce paysage-là… « C’est en dessinant la plaine agricole de la Bièvre que je m’y suis attachée et que je l’ai mieux comprise, inspirée peut-être par Eugène Viollet-Leduc, cet architecte du xixe siècle qui disait, en substance, que dessiner, c’est voir et voir, c’est savoir ! Cette grande étendue, largement ouverte et jaune de tournesols en fleurs est pour moi aussi émouvante qu’un site majestueux comme celui des gorges du Nan ! » L
Y Pour aller plus loin : Autour de Chamechaude, Jean Lovera, Libris, 2003 Rien que du blanc à songer, Jean Lovera, Calligrammes, 2008
D Point de vue sur le mot « Le paysage ? C’est la vision que chacun porte sur ce qui s’offre à son regard mais c’est aussi un imaginaire, une invitation à un voyage mental. En observant un sommet, je me demande ce qu’il y a derrière ! Quand un paysage s’embrase au coucher du soleil, je pense à l’endroit où il se lève et mon esprit s’évade. » D Artisan du paysage ? « Travaillant sur commande, je dessine des cartes, des panoramas ou des tables d’orientation qui répondent à un besoin précis et qui n’ont pas de caractère exhaustif car on ne peut pas tout montrer. Si je fais une carte historique de l’immigration italienne en Isère, cela n’a rien à voir avec une carte pratique des randonnées autour de Grenoble ! S’il n’est pas le sujet de mon travail, le paysage en constitue la toile de fond qui donne des repères essentiels comme le relief, les massifs, les sommets, les cours d’eau, les villes principales et le type de végétation. » D À propos de patrimoine « Façonné par l’homme au fil du temps, le paysage est aujourd’hui une manière de lire l’histoire et d’appréhender le patrimoine au sens large. Mon travail consistant justement à situer le patrimoine dans le paysage, je ne peux les envisager l’un sans l’autre et je suis très attaché à leur préservation. » D Ce paysage-là… « Mon paysage favori est celui que j’observe depuis la fenêtre d’une maison dans le hameau du VieuxPellafol, accroché à la pente, entre l'Obiou et le lac du Sautet. L’étagement de ce paysage, la variété des éléments et sa quiétude immobile sont une source d’apaisement pour l’œil et pour l’esprit. » L
Y Pour aller plus loin : www.caue-isere.org
Y Le contacter : thomaslemot@free.fr
Propos recueillis par Bénédicte Magne
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Paysages et géographie, une relation… sensible ? Le paysage est la grande affaire des géographes, et les montagnes offrent un observatoire particulièrement approprié pour comprendre les relations entre ces scientifiques et leur objet - et entre les sociétés et leur environnement. La géographie du début du XXe siècle ne s’affirmait-elle pas « science du paysage », faisant de la lecture de paysage l’exercice du géographe par excellence ?
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e premier géographe grenoblois, Raoul Blanchard, qui se donne pour projet de dresser une vaste géographie des Alpes occidentales, arpente les chemins et observe. Quand il décrit les paysages, il bannit tout sentiment esthétique : il y décrypte méthodiquement les roches, l‘érosion, la végétation… pour établir le cadre que la nature impose à l’occupation humaine. Le paysage lui sert tout particulièrement à découper les Alpes en unités, fournies par le relief, les massifs. Cette manière de voir se diffuse largement dans le grand public, à travers les guides touristiques, les cartes, les manuels scolaires. Les années 1960-70 marquent le grand divorce entre la géographie et le paysage, devenu emblème d’une démarche descriptive, empreinte de déterminisme naturel et incapable de répondre aux nouveaux enjeux : l’urbanisation, l’industrialisation, le tourisme, l’aménagement du territoire…
Entre-temps, au fil des lois, notamment la « loi paysage » de 1993, ou celle de la Convention européenne du paysage de 2000, le paysage est devenu un objet, un outil et un enjeu politique. Le philosophe et épistémologue du paysage Jean-Marc Besse le dit fort justement : « Le paysage est indissolublement, comme tout espace public, une question politique et sensible » (2006). La question de la patrimonialisation du paysage est en cela exemplaire. S’il y a consensus pour protéger des sites dits remarquables, cela entraîne immédiatement deux questions délicates : est-il possible de protéger un site et aussi les valeurs esthétiques qui ont présidé à sa valorisation ? L’exemple des hauts plateaux nous montre que ce regard sur notre environnement évolue, découvre de nouveaux paysages, en oublie d’autres, le patrimoine s’inscrit dans cette dynamique. Et que fait-on des autres, ces paysages que l’on appelle ordinaires : sontils condamnés à accueillir les équipements, constructions, panneaux publicitaires refusés dans les premiers ? La question est politique.
Aujourd’hui, la géographie a redécouvert le paysage et renouvelé son approche grâce à un retournement de perspective : au lieu de chercher dans la lecture de paysage l’explication aux activités humaines, les géographes analysent le regard des usagers sur leur environnement. L’objectif est de comprendre les représentations, les inspirations et les intentions des habitants, et d’étudier, grâce au paysage, la relation souvent intime, toujours fondée sur le sensible, l’émotion, l’attachement, que les habitants ou les visiteurs construisent avec le territoire. Il s’agit aussi de comprendre dans quelle mesure cette relation guide les pratiques, les discours, l’action sur le territoire. Prenons l’exemple du Vercors : pourquoi les hauts plateaux étaientils considérés comme tristes et monotones au début du XXe siècle pour devenir les plus valorisés, protégés et fréquentés des paysages vercusiens aujourd’hui ? On voit ainsi au cours du XXe siècle les codes et les valeurs esthétiques intégrer la moyenne montagne jusque-là négligée au profit des hauts sommets et des glaciers : ces paysages sont dorénavant décrits comme doux et harmonieux et on apprécie cette montagne humanisée. Le développement du tourisme transforme les paysages ainsi sélectionnés et célébrés en ressources à exploiter – et à préserver. On observe que les habitants sont prêts aujourd'hui à se mobiliser pour défendre leur cadre de vie s’ils l’estiment menacé, signe que les paysages jouent un rôle essentiel dans le sentiment d’appartenance aux lieux et sont un matériau de construction des identités individuelles et collectives, elles-mêmes en constante transformation.
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Anne Sgard Spécialiste du paysage et des politiques paysagères, ses travaux portent sur les liens entre paysage et territorialités. Elle est professeure associée de géographie à l’Université de Genève depuis 2010 et auteur de nombreuses publications sur le paysage. Elle s’est particulièrement intéressée à l’histoire et aux enjeux des paysages du Vercors.
Pays, paysans, paysages Cette déclinaison a souvent été utilisée (y compris comme titre d’un ouvrage signé par une candidate à la présidence de la République !), mais d’abord comme intitulé d’une collection éditée par Glénat et le Musée dauphinois. Elle conserve toute sa puissance évocatrice, rappelant que le paysage, dans nos territoires d’ancienne occupation – on considère que la « construction » du paysage démarre avec l’agriculture, au Néolithique, soit chez nous il y a 5 000 ans – est tout sauf… naturel.
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l fut un temps où la géographie dite « humaine » apprenait à lire les paysages. À reconnaître derrière le bocage les pratiques d’élevage bovin, associées à un habitat dispersé et à un mode d’exploitation indirect (fermage ou métayage) ; derrière les champs ouverts (openfield, fallait-il dire) la polyculture, avec village groupé, exploitation directe et pratiques collectives d’assolement ; ou encore, autour du village perché et compact méditerranéen, ces trois figures indissociables que sont l’ager (terre en culture), le saltus (espace laissé en jachère, domaine des troupeaux) et la silva (l’indispensable partie boisée). Les formes paysagères sont donc autant de témoignages de modes de vie et d’exploitation du territoire. Jusque dans les hautes vallées des Alpes dauphinoises, des traces demeurent et rendent compte d’une activité humaine millénaire et souvent obstinée : ces clapiers (tas de pierres) qui longent et séparent les champs ont été constitués par l’action quotidienne de paysans tentant d’élargir la trop rare surface arable (dans la vallée du Vénéon, par exemple). Et ces forêts de montagne, savamment cultivées pour produire des arbres (le hêtre surtout) devant fournir en quantité le charbon de bois nécessaire à la métallurgie ; forêts où se lisent partout les traces des aires à meules et celles des habitats des charbonniers (dans les Écouges ou les Coulmes). Et que dire de ces territoires où le bois a été si longtemps surexploité qu’il fallait cuire le pain collectivement une fois l’an seulement ! Ou pour se chauffer être réduit à faire sécher des briques de fumier de brebis (dans la
haute vallée de la Romanche) ! Terrains où l’administration a prescrit des mesures draconiennes de sauvegarde, imposé de nouvelles pratiques pastorales, sous l’égide de l’Office national des forêts ou celui de la Restauration des terrains de montagne, au XIXe siècle. Dans les vallées autour de Grenoble, qui sait lire l’omniprésence de la vigne jusqu’au début du XXe siècle ? Ou, autour de Bourgoin, reconnaître les efforts colossaux engagés pour assécher les marais, les rendre cultivables et surtout réduire leurs effets néfastes sur la santé des populations ? Qui sait que la belle pierre calcaire de l’Isle-Crémieu a servi autant pour la couverture des toits que pour la clôture des champs ? Partout où il y a trop de pente, comment ont été conçues et construites de si savantes terrasses ? et qui sait encore l’effort qu’il fallait déployer pour remonter chaque printemps la terre arrachée par l’érosion ? Le paysage peut donc être autre chose qu’un cadre s’offrant depuis un point de vue pour favoriser une émotion esthétique. Et bien plus encore qu’une nature « sauvage » qu’il s’agit de protéger, il est un livre ouvert, une histoire qu’il faut décrypter pour en recueillir toute la force de témoignage. Autant dire un vrai patrimoine, favorisant une émotion d’une autre nature, parce qu’enfin riche de sens, et pas seulement… béate. Patrimoine qu’il est trop rarement question de protéger, puisque, après tout, châteaux et églises suffisent pour témoigner de l’histoire d’un pays ! L
Jean Guibal Conservateur en chef, directeur du Musée dauphinois
Vue générale de Saint-Christophe-en-Oisans, Vallée du Vénéon, Oisans, 1910-1914. Henri Bussillet. Autochrome stéréoscopique, 6 x 13 cm. Coll. Musée dauphinois.
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Vagabondages d'un historien dans les paysages du Vercors Vercors, célèbre massif des Préalpes dauphinoises peut être appréhendé comme un « paysage histoire » (Julien Gracq), puisqu'il fut consacré haut lieu de la Résistance dès l'automne 1944. Cette « citadelle », à la fois naturelle et mémorielle, nous paraît en effet familière, comme le Mont Gerbier de Jonc, la Pointe du Raz ou la forêt de Brocéliande... quand bien même n'y aurions-nous jamais mis les pieds.
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orsque je l'arpentai, je fus guidé par les hommes du maquis, dont certains étaient particulièrement sensibles à « l’esprit du lieu » : « Le paysage qui allait nous servir de cadre était extraordinaire ; cela tenait du labyrinthe, du décor pour film de guet-apens. Sur un soubassement de grandes dalles de calcaire profondément entaillées de failles verticales, d'énormes blocs de rochers étaient jetés pêle-mêle. Làdessus croissaient de magnifiques sapins en compagnie de vieux fayards tordus par le vent et l'altitude. Nous trouvâmes à côté de la source une plate-forme recouverte d'herbe et de mousse où nous pûmes planter nos trois tentes isothermiques » (Camp II de Sornin, décrit par son chef « Charles »). Les sciences sociales ont bien montré que les « représentations paysagères » sont effectivement transmises socialement au moyen d'images et de discours. N'oublions pas cependant les effets de contexte dans la perception quotidienne de ce paysage. Ainsi, le même individu peut-il successivement
pester contre la « méchante saison », en raison des chutes de neige abondantes lui interdisant au petit matin l'accès immédiat à l'étable pour traire les vaches... puis, une fois son labeur accompli, célébrer la beauté immaculée d'un paysage hivernal, skis de fond aux pieds. Certains chantres d'un « paysage terroir », souhaitent le conserver à tout prix comme une image fixe, alors qu’il est dans le temps et donc l’impermanence. Le paysage à la fois « naturel » et « anthropique » peut en effet se lire comme un grand livre à ciel ouvert sur lequel les groupes sociaux qui s'y sont succédé ont laissé leur empreinte. Si l'on prend l'exemple du paysage forestier, on devinera dans la hêtraiesapinière, caractéristique de la moyenne montagne humide, la trace d'aménagements engendrés par l’administration forestière ainsi que d'autres modes d'exploitation traditionnels et industriels (charbonnières, baraque de bûcheron... ). Quid enfin des établissements humains, pourtant bien présents dans le monde rural, comme les carrières, les mines et usines
Paysage des hauts plateaux du Vercors, Roberto Neumiller, début des années 1980 Diapositive ©Coll. Musée dauphinois,
Pas de la Ville et le Veymont, Raoul Blanchard , 1918 Plaque de verre ©Coll. Musée dauphinois,
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au fil de l'eau, elles-mêmes génératrices de paysages dits industriels ? On parle de « paysage culturel » pour qualifier certains de ces sites qui font désormais patrimoine, en mettant l'accent sur une lecture ethnohistorique de ces ensembles remarquables. Le paysage c'est enfin un produit phare du marketing territorial, permettant aux territoires de se distinguer, dans l'hyper compétition touristico-économique. JeanPierre Ostende dans la nouvelle Superparc supernaturel, relate les péripéties d'un certain Barbera, «l'homme aux mains d'or du paysage fort », recruté dans le Vercors pour mettre en scène ses paysages… L Philippe Hanus Historien, chargé d'études CPIE-Vercors Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA) UMR 5190.
Affiche PLM, Frédéric Hugo d'Alési, 1898, ©Coll. Musée dauphinois,
Anatomie d’un paysage. Le terroir de Charavines en l’an mil.
Fouillé durant plus de trente ans, le site d’archéologie lacustre de Colletière a livré suffisamment d’indices pour que soit permise une reconstitution hypothétique du paysage des bords du lac au début du XIe siècle.
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orsque la documentation fournie par un site archéologique est aussi riche et que son environnement a été étudié dans le détail, il devient possible de proposer une reconstitution du terroir à grande échelle. Dans l’habitat médiéval de Colletière, la liste des plantes sauvages ou cultivées est complète grâce aux semences, graines et pollens conservés sous l’eau (360 espèces). On connaît d’autre part les animaux d’élevage (porcs, moutons, vaches, chèvres, chevaux) ainsi que leurs besoins alimentaires spécifiques. Pour ce qui concerne les hommes, la superficie des terres agricoles peut être calculée d’après le nombre de bouches à nourrir et les rendements permis par les techniques agraires de l’époque. Le premier facteur à prendre en compte est l’étendue des défrichements qu’il a fallu réaliser pour construire un habitat entièrement en bois. Plusieurs indices montrent que les arbres utilisés dans l’architecture provenaient des collines toutes proches du lac. Mais en raison de la pente et de la médiocre qualité des sols, les quinze hectares de forêt abattue pour la circonstance ne pouvaient être mis en culture. De fait, l’analyse des charbons de bois recueillis dans les foyers domestiques montre que plusieurs types de terrains ont été simultanément déboisés car les chênes et les frênes fournissant le combustible proviennent de zones plus lointaines, mieux adaptées à l’agriculture. D’après le volume « utile » des trois bâtiments, la population ne pouvait guère excéder une cinquantaine d’individus. Même si la cueillette fournissait d’abondantes ressources, il fallait par conséquent une centaine d’hectares de terres cultivables pour assurer leur subsistance. Compte tenu de la topographie locale et de la nature
des sols, les grandes parcelles céréalières (seigle, avoine, orge, blé, millet) couvraient les terrasses voisines de la Fure (où des moulins s'établiront d’ailleurs au XIIIe siècle) et la berge opposée du lac. Irrigués par les sources qui coulent au pied du relief, les jardins potagers (pois, fèves, lentilles) occupaient les replats voisins du lac, tandis que les vergers (pommiers, pruniers, cerisiers, pêchers) et les vignes se trouvaient au-dessus des champs de céréales, sur une longue bande de terrain pas trop haute et bien exposée. Pâturages et prairies de fauche se développaient à proximité des champs de céréales sur la rive ouest ou au-dessus du secteur réservé à l’arboriculture fruitière sur la rive est, en lisière de forêt. Beaucoup plus vaste et dense au XIe siècle, celle-ci était propice au pacage des porcs élevés en semi-liberté. Enfin, il ne faut pas oublier les espaces aujourd’hui délaissés ou désormais urbanisés, comme les milieux humides dont la végétation offrait une nourriture appréciée des chevaux et des bovidés rustiques. On le voit, l’utilisation du terroir de Charavines semble optimale au début du XIe siècle. La diversité des cultures correspond parfaitement aux besoins d’une population pionnière. La brièveté de l’occupation du site (à peine plus de 30 ans) ne permet pas de connaître la suite de l’extension du paysage agraire, qui a alors dû prendre les traits d’un terroir villageois de plus en plus vaste à mesure que la population croissait. L
Eric Verdel Archéologue
Reconstitution du site de Colletière qui figure parmi les habitats ruraux du XIe s. les mieux documentés. Infographie J. Martel.
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NOUVEAUX REGARDS SUR Le Col du Coq
Paysage 2.0 Propriété du Département, qui en a fait un Espace naturel sensible (ENS), ce domaine de moyenne montagne au fort attrait paysager comprend une mosaïque d’habitats naturels remarquables, rares et fragiles. Sa proximité avec l’agglomération grenobloise le classe parmi les sites naturels sensibles les plus fréquentés d’où la nécessité de renforcer son identité en tant qu’espace protégé et d’en faire un lieu privilégié d'éducation à la nature et au patrimoine. À la faveur du rapprochement des politiques environnementale et culturelle, une réflexion s’est engagée pour trouver de nouvelles formes de médiation dans le but de croiser les publics nature et culture et de valoriser la dimension patrimoniale du site tout en renouvelant le discours de prévention et d’information. En parallèle aux actions classiques de valorisation (présence de guides nature sur place durant tout l’été, visites guidées, animations gratuites, fiches pédagogiques nature et culture disponibles sur le site, collecte de témoignages des bergers, panneaux de présentation du habert de Pravouta, interventions auprès des scolaires…), l’action pilote a consisté à imaginer, en s’appuyant sur les nouvelles technologies, un moyen de médiation ni invasif, ni destructif, facilement accessible, pouvant à la fois servir à préparer sa visite ou à la revivre en l’enrichissant. Cette première expérimentation propose donc aux internautes une « randonnée virtuelle » au col du Coq (seul l’air frais et pur n’a pu être virtualisé !). Un plan interactif permet de plonger, au gré de ses envies, dans des visites virtuelles à 360° de quatre points du site et de le découvrir à chaque saison. Outre le plaisir des yeux, ces visions panoramiques - elles aussi interactives - proposent des éclairages enrichis d’images, de sons et de vidéos sur la vie des animaux, la diversité de la flore, l’histoire et le patrimoine. Enfin, chaque pétale de la « fleur virtuelle » du plan donne accès aux pages d’un mini site internet fournissant informations pratiques, calendrier des animations et approfondissant les thématiques abordées dans les cartels des visites virtuelles. En s’appuyant sur le retour d’expérience de cette réalisation, les prochains projets « Nature/Culture » s’attacheront à développer des interactions avec les populations locales tout en explorant d’autres formes de médiation numérique. L
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Pour aller plus loin : www.colducoq.isere.fr
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WAOUHHHHH ! Afin de renverser notre regard et bousculer nos sensations en plein air, le chorégraphe Christian Ubl accompagné d’artistes complices a été invité à élaborer un acte éco-artistique dans l’Espace naturel sensible du col du Coq. La proposition ? Une randonnée d’automne artistique et participative où le public sera incité à fabriquer des outils pour toucher l’invisible dans le visible dans ce site exceptionnel. L’objectif ? Un moment de partage sous la forme d’une mise en situation qui interroge la relation entre la nature et l’homme et questionne nos valeurs, nos traditions, nos rituels. L’homme au cœur du paysage devient témoin, gardien et initiateur. L
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Dimanche 4 octobre, à 6h30, 12h30 et 17h.
Renseignements auprès de l’Hexagone Scène Nationale Arts Sciences Meylan. 04 76 90 00 45, www.theatre-hexagone.eu
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Vie de château Les spectaculaires échafaudages qui ont emballé le château de Lesdiguières à Vizille durant de longs mois ont désormais disparu laissant apparaître une toiture à l’ancienne, flambant neuve, affichant 160 000 ardoises…
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ette restauration de grande ampleur - deux ans de travaux durant les quatre dernières années - s’est déroulée en deux tranches, précédées à chaque fois d’une phase d’études menée par un architecte du patrimoine - Nicolas Detry pour la première tranche et Bruno Morel pour la seconde - et un bureau d’études spécialisé, Frizot Concept, qui ont ensuite assuré conjointement le suivi du chantier. En 2012-2013, les travaux ont concerné les toitures des ailes sud et ouest ainsi que celles de la grande tour et de la tourelle polygonale, dite tour des latrines, soit un tiers de la couverture. En 2014-2015, ce sont les toitures des ailes nord et est, du grand dôme de l’horloge, du pavillon des chercheurs et du pavillon d’entrée qui ont bénéficié de la restauration. Ce chantier exemplaire a obéi à cinq grands principes visant à respecter la valeur patrimoniale du bâtiment et la singularité de la silhouette des toitures du château. Il fallait avant tout conserver le maximum de bois anciens (pratiquement toutes les fermes) et utiliser, pour les pièces remplacées (pannes, chevrons, voliges), une essence ne nécessitant aucun traitement : le mélèze. Les épis de faîtages anciens ont été conservés et restaurés tandis que les plus récents, faits à l’économie, ont été remplacés par des créations originales plus en harmonie avec l’esthétique de la toiture. Les ajouts tardifs comme par exemple les petites tabatières et les cloisons du comble ouest transformé en chambres de service à l’époque où le château était un hôtel (1901-1906) ont également été supprimés. Les éléments de « zinguerie » trop abîmés ont été remplacés à l’identique en utilisant soit le plomb soit le zinc selon le cas. Et bien sûr l’ardoise a été privilégiée comme revêtement de couverture en respectant la pose traditionnelle au clou. Pour la première tranche, il a été possible d’utiliser des ardoises en provenance des Ardoisières d’Angers mais la fermeture de celles-ci fin 2013 a nécessité le recours à des ardoises d’Espagne pour la seconde tranche. Seul un œil très averti peut noter la légère différence de texture et de reflet à la lumière entre les deux types d’ardoise.
Une consolidation des éléments de maçonnerie a également été effectuée et le système de sécurité incendie a été renforcé à cette occasion dans les combles. La partie la plus visible de cette restauration, pour les visiteurs du Domaine de Vizille, a sans nul doute été les immenses échafaudages nécessaires pour atteindre les toitures (la tour ronde culmine à 45 mètres) ainsi que le « parapluie » déployé au-dessus du toit de l’aile abritant le centre de documentationbibliothèque Albert Soboul. Leur montage a nécessité plusieurs semaines et représente 20 % du coût global du chantier. Mais c’est en parcourant les combles ou en empruntant les échafaudages qu’il était possible d’apprécier la qualité du travail des compagnons charpentiers et couvreurs à l’œuvre, savoir-faire qui garantit aujourd’hui une protection plus que centennale du château.
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PROTéGER - RESTAURER
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Le patrimoine de Vienne n’en finit pas de se révéler ! L'ancienne abbaye des "Dames nobles de Saint-André-le-Haut" est l'une des plus anciennes abbayes de Vienne : elle aurait été fondée au VIe siècle. Fouillée depuis plus de dix ans, elle vient de révéler une bien curieuse sculpture…
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epuis 2003, l’abbaye fait l'objet d'une fouille programmée avec l'Université de Lyon et le service archéologique municipal. Depuis 2008, la fouille est placée sous la responsabilité d'Anne Baud, maître de conférences de Lyon-2. En 2014 a eu lieu une découverte intrigante : l'une des tombes du Moyen Âge découvertes dans les galeries du cloître, constituée de dalles de pierre pour le coffre et le couvercle, comprenait un élément sculpté en remploi. Il n'y a pas de traces de peinture conservées sur
cathédrale Saint-Maurice de Vienne. La facture est cependant beaucoup plus fruste, en particulier pour les personnages. L'iconographie n'est pas très claire. Deux scènes se répondent : deux chevaliers orgueilleux se combattant, mais qui finiront tels les deux morts représentés. Les têtes de diables iraient dans le sens de cette interprétation. L'association des animaux est plus problématique : le cochon est-il représenté ici au-dessus des morts parce qu'il est l'animal qu'on empêche d'aller déterrer les cadavres en clôturant les cimetières ? Ou bien est-ce une référence au cochon animal de
la pierre, mais on voit par endroits un badigeon blanc. La scène sculptée se décompose en deux parties, sous deux arcs reposant sur une colonne centrale ronde, à grosses cannelures, et deux pilastres cannelés. Trois têtes de monstre ou de diable, aux yeux surdimensionnés et oreilles pointues, font partie du décor : audessus du pilier central, entre les deux personnages de gauche, et à l'horizontale en décor du chapiteau de gauche. La scène de gauche présente deux humains allongés, les pieds en extension, l'un en chemise, l'autre nu (côtes et nombril incisés). Au-dessus d'eux, un cochon ne repose pas sur une ligne de sol, il est comme flottant. Dans la scène de droite, deux guerriers à pied combattent à l'épée, avec aux pieds un chien basset, et au-dessus un serpent à deux têtes. Ils portent un grand bouclier et une cote de mailles (tunique à réseau quadrillé visible pour celui de gauche). Le décor d'architecture est très semblable à l'arcature romane de la façade nord de l'ancienne
Satan ? Le chien, compagnon du noble, l'est surtout à la chasse, il est aussi symbole de fidélité sur son tombeau ; ce n'est pas le cas ici. Le serpent est aussi un animal de Satan, plus souvent figuré en dragon qu'en serpent à deux têtes. Cette pierre n'était probablement pas destinée à un couvercle de tombe, elle devait être présentée verticalement à l'époque romane, mais s'est retrouvée un ou deux siècles après en remploi. Etait-elle cependant en vue dans la zone cimétériale de l'abbaye ? Les scènes représentées pourraient le laisser penser. Faisait-elle partie d'un ensemble ? La destruction du cloître médiéval pour sa reconstruction au XVIIe siècle ne permet pas
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de reconstituer cet espace des morts. L
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www.culture.vienne.fr
Moirans, terre d'archéologie De nombreuses interventions archéologiques conduites récemment à Moirans confirment l'importance de ce site depuis de hautes périodes et en particulier pendant l'époque gallo-romaine : l'agglomération nommée Morginum sur les itinéraires (ou cartes) antiques commence à se révéler...
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n 2014, les équipes de l'INRAP (Institut national de recherche archéologique préventive) ont réalisé un diagnostic sur une partie du site des anciennes usines SADAC (société anonyme dauphinoise d’applications chimiques). Ces investigations n'ont pu porter que sur les terrains non bâtis près des grandes halles à sheds car il faut attendre la démolition des bâtiments industriels et la dépollution pour envisager la poursuite des recherches dans le sous-sol. Outre la présence d'un foyer à pierres chauffées, structure en général datée de l'Âge du Fer ou du Bronze, les archéologues ont repéré une dizaine de fosses à résidus de crémation, des premier et second siècles de notre ère. De quoi s'agit-il ? La connaissance des pratiques funéraires a bien évolué et nous savons maintenant que le bûcher funéraire, en vogue à ces hautes périodes, s'accompagnait d'une inhumation des restes brûlés. Après la crémation, les proches du défunt recueillaient les cendres, qui étaient déposées en général dans un contenant en céramique, en verre ou en métal, lui-même placé dans une petite fosse ménagée dans le sol. Ces sépultures, sans doute marquées en surface par des dalles
ou un quelconque signe, se trouvaient disposées le long des voies, en bordure des zones habitées. Ces fosses à vocation funéraire signalent donc la toute proximité de l'une des voies desservant le bourg de Moirans ; elles nous renseignent sur les limites des zones habitées. Début 2015, une fouille a été réalisée sur un vaste terrain destiné à accueillir un programme immobilier à l'entrée ouest de Moirans. Seule la zone en bordure de rue ne recèle plus de vestiges, car les constructions sur cave ont détruit le sous-sol, mais le reste de la parcelle renferme de nombreuses traces d'occupation antique. Dans la partie aval du terrain, des murs bien organisés dessinent des salles dont les sols en terrazzo (béton à base de briques) sont conservés. Ce type de sol soigné signale une habitation, sans doute assez raffinée puisque les murs étaient couverts d'enduits lissés, blancs ou colorés et que des fragments de pilettes d'hypocauste ont été repérés. Non loin se trouvait donc une pièce chauffée par le sol. à l'extérieur, l'occupation toujours dense du terrain évoque plutôt une zone artisanale. Le mobilier archéologique comprend un nombre élevé de pesons pour les métiers à tisser et des amphores d'un type particulier destiné à transporter de l'alun, cette matière indispensable au traitement des cuirs et à la teinture. La chronologie de l'ensemble de ces aménagements (habitat et artisanat) paraît assez courte, de 30 avant à 80 après Jésus-Christ, après quoi le secteur est définitivement abandonné. Cet abandon précoce est peut-être lié à des problèmes récurrents d'inondation et de stabilité des terrains. En effet les bâtiments connaissent pendant leur courte période d'occupation un épisode de destruction important qui a renversé les murs et perturbé les sols qui présentent aujourd'hui une pente marquée. Peut-être s'agit-il d'un glissement de terrain. L'étude des sables et des graviers par un géomorphologue laisse penser que le secteur subissait des inondations de la Morge. Dans cette zone périphérique de l'agglomération antique, les hommes venaient également creuser des fosses pour se procurer sable, graviers ou argile. En remontant vers la rue, les aménagements toujours nombreux mais difficiles à interpréter suggèrent que l'occupation se maintient jusqu'au IIIe siècle de notre ère. L
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La restauration des peintures de Marc Chabry Un chantier à la mesure de l’abbatiale de Saint-Antoine Aux lendemains des Guerres de religion, l’ordre des Hospitaliers de Saint-Antoine est exsangue. Face à la dislocation d’un empire constitué au fil des siècles aux confins de l’Europe, les religieux engagent de profonds remaniements tant spirituels que temporels. L’Abbaye devient alors un creuset artistique, lieu de toutes les démesures. L’inventaire du Trésor de l’Abbaye dressé en 1696 donne une idée de l’étendue des richesses accumulées au cours du Grand siècle. Reliquaires, sculptures, peintures, vaisselle sacrée comprenant des bassins d’argent parfois ornés de gemmes, ornements, coffres et miroirs mêlant subtilement le bois, l’ivoire et le métal précieux participent au prestige d’un ordre en reconquête.
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armi les collections insignes rassemblées au sein des bibliothèques, du Trésor et des bâtiments conventuels, les peintures de Marc Chabry (16601727), élève du sculpteur Pierre Puget, sont certainement les plus représentatives des grandes commandes du XVIIe siècle. Les six peintures illustrant des épisodes de la vie de saint Antoine sont destinées à orner le chœur de l’église abbatiale. Malgré les libertés prises par l’artiste dans l’exécution de certaines scènes, ces toiles de grand format (H. 4m ; L. 3m) constituent un ensemble cohérent. Protégées au titre des Monuments historiques en 1911, elles sont déplacées en 1934 et positionnées dans les chapelles collatérales sur proposition de l’architecte des monuments historiques et de l’Abbé Blanc en raison, vraisemblablement, d’un
état de conservation jugé préoccupant si l’on considère les sources iconographiques connues. À partir de 1958, plusieurs restaurations se succèdent à l’issue d’un premier constat effectué par Robert Baudoin. Mais, malgré ces interventions successives, la couche picturale, les cadres de bois doré et argenté datés du XVIIIe siècle présentent des signes tangibles d’altérations qui, aujourd’hui, ne permettent plus une lecture aisée de l’œuvre. Les dégradations apparues sur le support ont généré peu à peu de multiples soulèvements dans les zones de craquelures les plus marquées, mais aussi la généralisation de chancis1 liés à une dégénérescence des vernis. Un diagnostic sanitaire placé sous la direction de la Conservation régionale des Monuments historiques s’est donc imposé permettant de déterminer à la fois les
éléments constitutifs de la couche picturale et les données techniques d’exécution. Une analyse des facteurs de dégradation devrait orienter le protocole de conservation préventive et permettre de mieux appréhender les conditions d’une restauration future et nécessaire à une meilleure compréhension de l’œuvre. L’étude, confiée à une équipe pluridisciplinaire de restaurateurs et conduite in-situ en juin 2015, met en lumière cet ensemble intimement lié à l’histoire de l’un des sites les plus emblématiques du département. Première étape d’un chantier ambitieux, l’étude s’accompagne d’une expositiondossier destinée à sensibiliser le public à la préservation de ce patrimoine d’exception. Une redécouverte en quelque sorte avant une renaissance tant attendue. L 1
Altération physico-chimique de la couche picturale entrainant une opacification du vernis due le plus fréquemment à un climat humide.
En Isère, un Conservateur des Antiquités et Objets d’art, Sylvie Vincent et un Conservateur délégué, Géraldine Mocellin assurent le suivi des objets protégés au titre des Monuments historiques : les protections, le recolement, les restaurations, leur valorisation. Cette mission qui relève du Ministère de la culture a été confiée au Département.
Y En savoir plus www.isere-patrimoine.fr, rubrique protection des objets
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Patrimoine en Isère, LE label
Créé en 2007, le label « Patrimoine en Isère » distingue aujourd’hui 73 édifices qui par leur caractère singulier, exemplaire ou représentatif témoignent de la richesse du patrimoine du territoire. Au-delà de la reconnaissance culturelle, obtenir le label permet également un accompagnement technique et financier du Département. Labellisation 2015 : • Villa Brise des Neiges à La Tronche • La Veyrie à Bernin • Cure de Virieu
Les règles de l’art Villa Brise des Neiges, à La Tronche Cette villa à l’italienne, typique de l’architecture grenobloise du début du XXe siècle, se signale dès la Grande rue par la richesse de sa modénature et de son décor, mêlant éléments de terre cuite et pierre factice en ciment prompt. C’est à Alphonse Vernet, auteur de l’Histoire populaire et anecdotique de Grenoble et de celle du Dauphiné, ouvrages parus en 1901, que l’on doit à cette même date, sa construction. En 1904, la villa devient une pension de famille (les Tilleuls) avant d’accueillir en 1918 des orphelines de guerre (Foyer retrouvé). Un foyer pour étudiantes lui succède vers 1924, époque à laquelle la villa prend le nom de Brise des Neiges. Sur la rue, le garde-corps d’une ancienne terrasse transformée en loggia, retient l’attention pour le raffinement de son décor. Au-dessous, une plaque rend hommage à Eva Péan-Pagès, nommée « Juste parmi les Nations », qui a caché ici cent vingt réfugiés durant l’Occupation, dont près d’une centaine de juifs. A l’arrière, une vaste terrasse bordée de balustres invite au repos. Le jardin d’agrément qui s’étendait en contrebas a été en partie bâti suite à l’acquisition du domaine par la Ville dans les années 1960. Au pied de l’escalier en fer à cheval subsistent encore de beaux marronniers, pour le plus grand plaisir des résidents du
foyer club du 3e âge. Le rez-de-chaussée leur est entièrement dédié pour des activités culturelles, de détente et de loisir. Deux pièces réunies forment un grand salon-salle à manger. L’essentiel du décor est encore en place : les gypseries du plafond, les glaces de trumeau au-dessus des cheminées et les dessus de portes avec leurs toiles peintes enchâssées dans des cadres en gypserie. Deux scènes allégoriques représentent Vénus et Diane avec leurs attributs. La déesse de l’amour est figurée avec un miroir et une torche ; Diane chasseresse est reconnaissable à son arc, ses chiens et le croissant de lune au-dessus de son front. Le thème est repris dans un charmant boudoir, de plan octogonal. Quatre scènes peintes en médaillon - probablement en référence aux 4 saisons - accompagnent la grande peinture du plafond figurant le Triomphe de Vénus, dans un décor florissant de gypseries. Le parquet à bâtons rompus de la grande salle a trouvé une nouvelle jeunesse depuis sa restauration en août 2014, par Frédéric Théry, maître-ébéniste à Theys. Son intervention a minima, dans un esprit de conservation exemplaire, a permis de remettre le sol en état pour le confort et la sécurité des usagers. L
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EN BREF
P R O T É GER
Peau neuve pour le chevalement du puits des Rioux Après celui du Villaret en 2009, le chevalement du puits des Rioux à Prunières vient de faire l'objet d'une remise en peinture, couplée à des travaux de dépollution de l’ouvrage et de la salle des machines attenante. Situé un peu en marge du pôle principal de Susville, le site, mis en place à partir de 1942 par la Compagnie des Mines d’anthracite de La Mure, constitue une enclave industrielle de petite taille mais presque complète. Puits, chevalement, salle des machines, bâtiment des compresseurs, vestiaires, douches, lampisterie, sans compter la cité minière voisine, ont pu être conservés ou réaffectés. La remise en état du chevalement devrait être le prélude à une plus ample campagne de valorisation ... à suivre donc. L
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RESTAU R ER
Des fleurs de cristal à la Chapelle de Boussieu (Nivolas-Vermelle) Depuis l’automne dernier, on peut à nouveau admirer la table de communion conçue dans les années trente par le célèbre maître parisien René Lalique (18601945), en écho aux vitraux de la chapelle. Les pavés de verre moulé qui constituaient la table dans une armature en métal chromé, avaient été mis à l’abri depuis son démontage en 2003. Grâce au travail patient et minutieux de l’Atelier Montfollet de Grenoble, ils retrouvent aujourd’hui tout leur éclat dans une présentation contemporaine, fidèle à l’esprit du projet voulu par l’architecte berjallien Ribollet. Une structure très sobre en inox brossé maintient les pavés en deux panneaux, à l’emplacement originel de la table. La lumière blanche qui inonde la chapelle joue subtilement avec les reliefs des lys de cristal … une très belle renaissance ! L
Brezins, Le Grand Plan La fouille préalable à l’aménagement d’un bassin d’écrêtement du ruisseau de La Coule s’est déroulée de septembre à novembre 2014. Pour la Préhistoire, il s'agit principalement d'un alignement de structures à pierres chauffées daté du Néolithique moyen II (Chasséen récent : vers 3955-3705 av. J.-C.). Elles sont organisées en batteries au sein d'un axe sud-ouest/ nord-est. Elles se composent d'un dépôt de limons très charbonneux en fond de fosse sur lequel s'installe un niveau de galets chauffés ou non, fragmentés ou complets qui est lui-même recouvert par un limon argileux brun comportant de rares résidus de charbons. En l'absence de mobilier archéologique et de structures associées à proximité, leur fonction n'a pas pu être établie. La période protohistorique est représentée par de rares fosses et quelques céramiques de l’âge du Bronze moyen/final et du premier âge du fer, avec un fossé attribué au début de la période laténienne (vers 415-235 avant J.-C.). Une voie installée à l’époque romaine traverse le site : plusieurs états ont été identifiés, qui suggèrent que l'axe de la chaussée a connu de légers déplacements au cours du temps. Les rares éléments de mobilier recueillis permettent d’envisager une utilisation de cet axe de circulation dès le tournant de notre ère jusqu’aux Xe-XIIe siècles. Enfin pour l'anecdote, la période contemporaine est illustrée par une fosse contenant des blocs de béton et des morceaux de ferraille attribuables aux restes d’un pylône électrique ! L
Le mystère des griffons de Brandes... Dans les fouilles archéologiques de Brandes-en-Oisans (commune d'Huez), sur le site du village de haute altitude occupé aux XIIIe et XIVe siècles par les mineurs qui extrayaient le plomb argentifère, un certain nombre d'objets atteste un niveau de vie plutôt élevé. Parmi ceux-ci deux petites plaques décoratives en bronze moulé et estampé représentent un griffon inséré dans un cadre rectangulaire. Strictement identiques, ces deux objets qui devaient être fixés sur un support (cuir, tissu ?), proviennent d'un même lieu de production, voire d'un même moule. Or une troisième plaque a été découverte récemment sur le territoire de la commune de Jarrie, à la grande surprise des archéologues. Il convient de remercier l'inventeur (nom donné à celui qui découvre un site ou un objet nouveau) qui a reconnu l'intérêt de cette pièce et pris contact avec les spécialistes, leur permettant de relancer les questionnements sur ce sujet : s'agit-il d'une production locale, d'un lot rapporté en de nombreux exemplaires par des marchands ambulants ? Un bon réflexe, quand tant d'objets en vente sur internet ne mentionnent aucune provenance, ce qui les rend à peu près inutilisables pour faire progresser la connaissance...L
Disparu depuis un siècle et demi, le piano de l’épouse d’Hector Berlioz vient d’être retrouvé à la faveur d’un fabuleux hasard. Depuis le mois de juin dernier cet instrument exceptionnel est présenté au public du musée de La Côte-Saint-André.
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Le 6 novembre 1847, Marie Recio, sous le nom de « Mme Berlioz » achète chez le célèbre facteur français Érard, un piano à queue. L’adresse figurant sur le registre de vente est bien la sienne et celle du compositeur : 41, rue de Provence à Paris. Ce dernier précise que le piano, numéro 19972, est un « quart de queue, petit format, en la, avec cinq barres, en palissandre ». Alors qu’un carnet de comptes de 1849 à 1850 (Coll. Bnf) fait apparaître les frais de l’accord d’un piano, le contrat de mariage des époux Berlioz, rédigé en 1854, mentionne bien la présence de l’instrument. En 1865, le peintre Melchior Blanchard réalise un portrait du compositeur dans son appartement parisien. Un piano Erard apparait à l’arrière-plan de ce tableau acquis en 2010 par le musée Hector-Berlioz. À la mort du compositeur, l’instrument apparaît également dans l'inventaire de ses biens. Une annotation au crayon sur l'exemplaire conservé à Paris, précise que l’instrument est donné à l’exécuteur testamentaire du musicien, Édouard Alexandre. Puis on perd sa trace jusqu’à l’été 2014. Pour diverses raisons, la dernière propriétaire du piano souhaite se débarrasser d’un instrument considéré sans valeur et sollicite sans succès les Compagnons d’Emmaüs. Elle le met alors en vente sur le site « Le bon coin » au prix de 800 euros. Rapidement sollicitée par de nombreux collectionneurs, elle tente d’en savoir plus sur cet instrument et découvre son origine ! Elle s’adresse alors, l’été dernier, au musée Hector-Berlioz. Dans le même temps, la presse s’empare de ce fait divers et les collectionneurs font monter les enchères. Frédéric de la Grandville, directeur du département de musicologie de l’université de Reims et spécialiste de l’histoire du piano au XIXe siècle et Thierry Maniguet conservateur au Musée de la musique à Paris, spécialiste des instruments anciens, encouragent le musée à faire l’acquisition de l’instrument. Mais ayant été approchée par la maison Érard d’Amsterdam qui lui propose de restaurer l’instrument et de le valoriser en organisant des concerts puis de trouver un acquéreur, la propriétaire ne donne plus suite à cette proposition. Le piano risque de quitter la France ! En janvier 2015 enfin, un accord est trouvé comprenant l’achat du piano, sa restauration par Frits Janmaat, de la Maison Erard d’Amsterdam, son convoiement et son installation au musée. C’est ainsi qu’un nouvel avenir se dessine pour lui. Il pourrait même être joué par des interprètes invités par le Festival Berlioz ! L
Berlioz, décidément moderne ! Le développement de dispositifs interactifs au musée Hector-Berlioz permet aux visiteurs d’approfondir et de découvrir avec un autre regard la vie et l’œuvre du musicien romantique. Ainsi, le jukebox numérique de l’auditorium entièrement modernisé offre au public plus de 130 heures d’écoute en parcourant à loisir l’œuvre musical du compositeur. Un autre dispositif propose au public de parcourir l’ensemble de la correspondance du musicien, de sa famille et de ses proches conservée au musée. Plus de 4 500 pages dévoilent tour à tour le quotidien et l’intimité de ces derniers et les liens qui les unissent. De plus, ce fonds inestimable de par l’importance et la qualité des documents réunis, demeure une source exceptionnelle de documentation pour historiens, musicologues ou passionnés. Ces dispositifs réalisés par la société Opixido s’ajoutent au « Phonomaton » et au « Rétroquizz » présentés dans le cadre de l’exposition La musique, du phonographe à Internet. À tester également jusqu’à l’automne, « Experimental maestro », une interface expérimentale de contrôle musical développée par la société grenobloise ISKN. L
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Epopée pour piano
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L’union fait la force !
Une année de partenariats originaux. Croisement de compétences, de savoirs et de publics, le recours aux partenariats, s’il n’est pas nouveau en Isère, s’engage désormais dans une nouvelle voie : la médiation multimédia. Jouant sur la proximité des lieux ou sur des réseaux plus larges, les opportunités de collaborer à un projet commun se multiplient localement ou via des opérations nationales et internationales. Les réalisations ou projets en cours donnent un aperçu de l’étendue du champ des possibles…
Promenez-vous dans l’Histoire
Les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale et leur proximité géographique ont amené le musée de Grenoble et le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère à élaborer un dispositif commun innovant autour du tableau La Guerre d’Othon Friesz. « 1915 – Fragments d’Histoire » offre une double lecture du tableau. Au musée de Grenoble où il est conservé, le public découvre les œuvres de l’artiste et revisite les collections permanentes ; au Musée de la Résistance, il est invité à mettre en lien le regard du peintre avec les portraits de 12 Isérois présentés dans l’exposition Poilus de l’Isère. En s’appropriant un ou plusieurs fragments virtuels du tableau via le dispositif numérique interactif, le public peut naviguer entre l’œuvre réelle et sa reproduction enrichie. Il devient ainsi acteur d’une nouvelle expérience de visite autour d’un thème, d’un musée… à l’autre.
Y Les musées tissent leur toile
De plus en plus présents sur les réseaux sociaux, les musées ont activement participé à la seconde semaine mondiale des musées sur Tweeter (Museumweek) qui a fédéré dans 77 pays 2825 participants dont 337 en France. En Isère, quatre institutions publiques ont relevé le défi de tweeter de concert. Autour des 7 thématiques journalières, le musée de Grenoble, le Museum, le CCSTI-La Casemate et le musée archéologique Grenoble SaintLaurent ont saisi cette occasion de toucher d’autres publics via une communication courte, rythmée et quasi instantanée tout en jouant la complémentarité. Pour la 11e Nuit européenne des musées, un tweetwall (mur de tweets) relayait les contributions taguées du #NDM15 sur un mur virtuel projeté dans les musées participants, tandis qu’un concours photos était lancé par Instagram France.
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Danse avec les os
« Strat’OS », « Profil’OS’cope », « Rest’OS », « OS’can » et « Mir’OS », sous ces noms bizarres se cachent cinq dispositifs numériques qui, tout au long de l’exposition du Musée dauphinois Confidences d’outre-tombe, dévoilent les méthodes de fouilles et d’anthropologie pour mieux expliquer l’apport majeur de ces disciplines dans la connaissance des modes de vie des populations anciennes. Conçus par le CCSTI - La Casemate, ces objets virtuels permettent aux visiteurs de fouiller comme de vrais archéologues, de jouer aux anthropologues en reconstituant un squelette, en déterminant l’âge, le sexe et la taille d’un individu, en définissant son mode d’alimentation ou en détectant les pathologies dont il souffrait. Pour finir sur une note plus enlevée, « Mir’Os » propose au public une danse avec son propre squelette. Y Voir les vidéos sur : www.youtube.com/user/CCSTIGrenoble/videos
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Vous êtes plutôt nature ? Résolument culture ? Vous aimez les jardins ? Préférez les grands espaces ? Mais ce que vous souhaitez le plus, c’est voir les choses autrement ? Alors, prenez de la hauteur et plongez dans les visites virtuelles à 360° des musées départementaux, de leurs jardins ou de sites emblématiques comme le Palais du parlement de Grenoble ou le col du Coq. Y www.isere-culture.fr - http://bit.ly/1H3uSrb
Et les lauréats sont…
Drone-collector
Dans le cadre du chantier de son nouvel aménagement hydro-électrique en cours de construction dans la vallée de la Romanche, EDF a demandé à la société MedeO de faire voler ses drones pour engranger du matériel documentaire pour le futur. Les barrages, prises d’eaux, conduites, centrales intérieures et extérieures ont été littéralement « léchés » par l’œil de la caméra embarquée en suivant le fil de l’eau. Tous ces aménagements voués pour leur majorité à la destruction auront ainsi été engrangés en images animées, assorties de quelques prises de son, afin de ne pas en perdre la mémoire après leur disparition. Les possibilités offertes par les drones pour survoler à 2 ou 100 mètres, pivoter en tous sens et donner une continuité à la vision offrent une richesse supplémentaire à cette collecte.
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Le ministère de la Culture et de la Communication qui soutient l'innovation numérique via un appel à projet "Services numériques culturels innovants", a sélectionné, en 2014, 60 projets sur 200 candidatures. Grâce à leur approche « jeunesse et tourisme » et aux partenariats qu’ils proposent, les projets lauréats impliquant des institutions iséroises sont : la Machine à contes (Musée dauphinois, Arts du Récit, France Bleu et service de la lecture publique du Département), Paysages-in-situ (Laboratoire, musée de Grenoble, Musée dauphinois, musée Hébert, Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine de Grenoble, CAUE, Laboratoire de recherche CNRS-PACTE) et MojMoc (moteur open-source de jeux mobiles et collaboratifs) porté par le Centre Érasme en collaboration avec le Château des ducs de Bretagne - musée d’histoire de Nantes, Paris Musées, le musée des Confluences, les musées gallo-romains de Fourvière et de Saint-Romain-en-Gal, le réseau des musées départementaux de l’Isère, la Cuisine du Web, l’Université de Lyon et ELICO.
Points de vue images de l’Isère
Peau contre peau
Le musée EDF-Hydrélec à Vaujany accueillait pour la 11e Nuit européenne des musées « Lights Contacts », une œuvre interactive participative de Scenocosme qui réunit les artistes Grégory Lasserre et Anaïs met den Ancxt. Cette installation, basée sur une expérience sensorielle de groupe, ne fonctionne qu’à travers l’interaction des spectateurs entre eux puisqu’elle joue sur les contacts énergétiques. La transmission de l’électricité statique d’un corps humain à l’autre déclenche un spectacle de son et lumière dont l’intensité s’accroît et se module en fonction du nombre de participants et de contacts. Les corps se transforment en instruments sonores humains lorsqu’ils sont « connectés » par le toucher de la peau mais le spectacle reste désespérément muet si une seule personne l’active. Une manière d’inciter le public à aller à la rencontre de l’autre qu’il lui soit connu ou inconnu et à partager une émotion artistique commune ! Où est le numérique dans tout ça ? Bien présent, il est aussi bien caché car les artistes s’intéressent plus à l’interaction des personnes entre elles à travers leur œuvre qu’à la performance technologique.
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Hommage aux grands hommes Ils sont nombreux ceux et celles qui en naissant ici ou en passant par-là donnent à l’Isère une épaisseur humaine qui, bien souvent, rejoint celle de l’Histoire. Nous en retenons trois, et non des moindres, dans les pas desquels les évènements culturels se sont glissés cette année.
Hommage du Grésivaudan Napoléon, au Chevalier Bayard le retour enfant du pays Il y a deux siècles, le 1 devenu héros national C’est en mai qu’ont débuté les festivités liées aux commémorations des 500 ans de la bataille de Marignan au cours de laquelle Pierre Terrail (v.1476-1524), plus connu sous le nom du Chevalier Bayard, s’est particulièrement illustré. Une occasion pour le Grésivaudan de remettre à l’honneur le noble chevalier né à Pontcharra et dont la carrière militaire exemplaire lui a valu, dès sa mort, de devenir un homme de légende porteur de valeurs universelles : le courage, la loyauté et la générosité. Le Chevalier Bayard est probablement, avec Du Guesclin et Jeanne d’Arc, l’un des personnages les plus mythiques de l’Histoire de France. Depuis le mois de mai, une exposition et des animations ont été consacrées au preux chevalier qui s’est formé en Savoie, a servi trois rois de France successifs, fut l’un des grands vainqueurs de Marignan aux côtés de François 1er avant de mourir au combat en 1524. Le musée d’Allevard a travaillé en collaboration avec l’association « Les Amis de Bayard » pour réaliser l’exposition Le Chevalier Bayard (1476-1524), enfant du Grésivaudan et héros national, qui retrace l’histoire du personnage et son mythe. Parallèlement, de nombreuses associations culturelles et plusieurs municipalités du territoire se sont mobilisées autour de cette année de commémoration. Un riche programme de festivités autour de Bayard, du Moyen âge, de la Renaissance et de la chevalerie a été conçu pour tous les publics. Ainsi, jusqu’à fin octobre, le Grésivaudan met
en attendant Lesdiguières
mars 1815, Napoléon Bonaparte exilé à l’Ile d’Elbe depuis près d’un an débarque à Golfe-Juan avec la ferme intention de gagner Paris pour reconquérir le pouvoir. Il emprunte un itinéraire auquel il a donné son nom, la célèbre route Napoléon qui le conduit jusqu’à Grenoble où il arrive triomphant ! L’Histoire retiendra un ralliement progressif des populations au fur et à mesure de son avancée et surtout une fameuse victoire remportée à Laffrey face aux troupes du roi Louis XVIII venues l’arrêter, sans qu’aucun coup de feu ne soit échangé. S’il a marqué l’histoire, cet épisode a également marqué l’Isère et les évènements ont été nombreux pour l’évoquer ou le commémorer. Les reconstitutions du passage des troupes en Matheysine et de la confrontation de Laffrey, le 7 mars, ont pris cette année une dimension à la mesure de l’anniversaire. Le site de la Prairie de la Rencontre a aussi fait peau neuve mettant particulièrement en valeur la statue équestre de l’Empereur er
Rendez-vous est pris pour 2017 avec un mythe et un homme, un siècle qui a façonné notre territoire et sa capitale, un château de presque roi, une école hôtelière et un stade…. Avez-vous deviné ? Une dynastie marquante, au cœur du pouvoir politique et militaire mais aussi des arts, qui nous ouvre la porte d’un XVIIe siècle trop peu connu. Dans cette perspective, les troisièmes journées d’études, co-organisées par l’Université de Grenoble et le Département, rassemblent le 4 décembre prochain chercheurs, étudiants, bénévoles associatifs, musées, archives autour des Lesdiguières. Les projets fleurissent d’ores et déjà en vue du grand rendez-vous et la porte est ouverte aux initiatives, il est encore temps… L Y Contact : sce.pac@cg38.fr Portrait de Lesdiguières, anonyme, XVIIe siècle Huile sur toile © Coll. Musée de la Révolution française
restaurée pour l’occasion. L Y Voir aussi p 30 et 32
Bayard à l’honneur. L Y Exposition présentée jusqu’au 16 octobre. Programme complet des animations sur www.allevard.fr et www.le-gresivaudan.fr
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Portrait de Bayard, Victor Désiré Cassien, Album du Dauphiné Tome II, Grenoble Prudhomme, 1836 Lithographie © Coll. Musée dauphinois.
7 mars 2015 - Reconstitution du passage à Laffrey dans le cadre du Bicentenaire du retour de Napoléon de l’Ile d’Elbe © Association Laffrey Développement Route Napoléon
École et Patrimoine
Architecture 38 On connaissait déjà l’efficacité du projet « ArtsVisuels38 » qui vise à faire découvrir aux écoliers la richesse du patrimoine départemental. Chaque année, ce sont plus de 1 000 élèves qui bénéficient d'une visite et d'un atelier de pratique au sein des musées partenaires, les musées Mainssieux et Hébert. Bonne nouvelle ! le Musée matheysin s’est lancé dans l’aventure cette année. À partir de l’exposition de la collection du peintre Garanjoud, 126 élèves de 6 classes des écoles primaires de la Matheysine et du Beaumont ont étudié durant une année scolaire ”Le paysage, du figuratif à l’abstraction“. En plus de ce projet, il manquait une action dans le domaine de l’architecture : c’est chose faite avec « Art’chitecture38 ». Son objectif est de sensibiliser les élèves (et leurs enseignants par des actions de formation) aux arts de l’espace à travers une démarche originale : étudier le bâtiment de l’école dans sa dimension architecturale. Des architectes interviennent dans les classes pour apporter des outils de compréhension en privilégiant la question du sensible, car l’enseignement de l’architecture passe beaucoup par le ressenti. C’est ainsi que les élèves sont amenés à dessiner la façade de leur école, à décrire ses matériaux mais aussi à la situer sur une photo aérienne de leur commune et par là même à aiguiser leur regard sur leur patrimoine local. L
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Pour en savoir plus : www.ac-grenoble.fr/educationartistique.isere/spip.php?rubrique140
"Raconte-moi Berriat / Saint-Bruno" Un guide multimédia entièrement dédié à la découverte du quartier Berriat / Saint-Bruno est désormais disponible. Cet outil a été réalisé dans le cadre d'un projet mené auprès des élèves des écoles Ampère et Anthoard de Grenoble au cours de l'année scolaire 2014-2015 par l’association « Histoires de…découverte & patrimoine ». Les commentaires audio de ce guide ont été réalisés à partir d'interviews menées par les enfants auprès d'habitants et d'acteurs culturels du quartier. Téléchargez le guide sur votre téléphone ou votre lecteur MP3 et partez en balade dans le quartier à la découverte de l'histoire et de l'évolution des lieux! L
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comme sujet d’étude et en découvrant les spécificités du territoire des Vals du Dauphiné. L’occasion d’une ouverture culturelle multiple, la possibilité d’une relation directe avec des architectes, d’une initiation à la culture architecturale, au patrimoine du territoire ainsi que la concrétisation d’une réelle approche codisciplinaire. Les enseignants du collège accompagnés par le CAUE ont vécu une expérience sensible de leur espace éducatif, des temps de conférences liés au patrimoine local avec la collaboration du service du patrimoine culturel de l’Isère, des temps d’ateliers de manipulation du matériau « terre », majoritairement présent dans les constructions traditionnelles locales avec la participation du laboratoire Craterre, un dernier temps enfin de préfiguration de la résidence par l’organisation des idées, des thématiques de manière interdisciplinaire. L
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www.caue-isere.org
www.histoires-de.fr
It bag éco-friendly Entrée en matière(s)… La première résidence d’architectes dans un collège s’est déroulée au collège des Dauphins de Saint-Jean-de-Soudain. Deux architectes, Christophe Séraudie et Soline Brusq, ont côtoyé les 645 élèves de l’établissement durant 5 mois pour les initier de manière originale et innovante à l’architecture, tout en travaillant sur le bâtiment du collège
Confectionner des sacs et pochettes en recyclant les bâches utilisées pour la communication des expositions est certes très développement durable mais pas très original. Faire confectionner ces mêmes objets par les élèves des sections métiers de la mode des classes du lycée Argouges (Saint-Martin-d’Hères) est l’option « tendance » qu’a choisi le Musée dauphinois ! L
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www.musee-dauphinois.fr
Paradis, bonheur, joie de vivre Dans le cadre d’une action pédagogique, le lycée Pablo Neruda de Saint-Martin-d’Hères a développé, en lien avec le musée de
l’Ancien Évêché, un travail avec une classe de terminale littéraire, sur le thème « La notion d’interprétation dans le champ du religieux ». Sous la conduite de leur professeure de philosophie, accompagnés de nombreux intervenants, les élèves ont effectué un travail d’étude sur des textes issus des trois religions monothéistes, qui s’est poursuivi par une visite approfondie du musée de l’Ancien Évêché, à la découverte des témoignages historiques et patrimoniaux qui intéressent le sujet. Ce travail de réflexion s’est concrétisé sous des formes diverses, écrites ou plastiques, exposées en plusieurs lieux. Les travaux réalisés ont été présentés au musée autour du thème imposé « Paradis, bonheur, joie de vivre » . Deux réalisations complémentaires se font écho : une œuvre picturale collective produite et commentée par les élèves, et une sculpture de l’artiste grenobloise Marie Mathias. Ces deux créations n’en font qu’une, nourrie du travail des lycéens qui se sont engagés dans cette réalisation, entourés de leurs professeurs et de Marie Mathias. Un hymne à la vie, en somme.L
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www.ancien-eveche-isere.fr
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Les biens communaux, un patrimoine collectif Chaque année, le laboratoire ARC-Nucléart organise un concours national pour la conservation et la restauration de biens communaux à base de bois. Depuis sa création, il a permis de restaurer en Isère des objets très variés : Vierge à l’Enfant, roue hydraulique, catafalque ou pompe à incendie. L Y La liste des lauréats est sur www.arc-nucleart.fr
Le patrimoine, on peut tous y contribuer Au-delà de son « label fiscal », la Fondation du Patrimoine c’est aussi une aide précieuse pour organiser des souscriptions. En
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PARTAGER Isère, plus de 13 projets de restauration des plus variés (des églises, des orgues, des statues, un château et même un autocar de 1939 !) attendent aujourd’hui votre contribution financière, même modeste. L
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INNO V ER ouvrage »… avec vous ! L Y Vendredi 25 septembre à la Maison des Arts, Montbonnot-Saint-Martin. Inscriptions : fapisere.fr
Y www.fondation-patrimoine.org
Rendez-vous du patrimoine 2015 Face à face ou dans le même sens ? D’un côté il y a des artisans : soucieux de trouver des chantiers, formés «sur le tas» ou non, portés à faire du neuf parce que c’est plus simple mais aussi souvent désireux de monter en qualité. De l’autre côté il y a les chantiers du patrimoine, petits et grands, avec des tours de main et des matériaux parfois perdus, l’enthousiasme pour respecter et sauver le bâti et la crainte des budgets irréalisables. De la maçonnerie à la dorure, du tapissier au charpentier, de l’architecte au peintre fresquiste, il faut trouver le bon opérateur, lequel doit trouver la bonne pratique. Pour cela, prendre le temps de l’observation fine, de l’échange tout au long du chantier entre praticiens et avec les porteurs de projet constitue un préalable indispensable. Mais il faut aussi pouvoir se former, obtenir soutien et reconnaissance lorsqu’on a acquis un savoir-faire. Comment les besoins du patrimoine et les offres de l’artisanat peuvent-ils mieux se rencontrer ? Quel rôle les grandes associations, la chambre des métiers, les formateurs peuvent-ils jouer ? Faire travailler « local » a-t-il du sens et dans quel cadre ? Les Rendez-vous du Patrimoine 2015 mettent donc sous les projecteurs la question de « la belle
1815-2015 la prairie de la Rencontre Depuis le 15 juin dernier, le site classé de la « Prairie de la Rencontre » à Laffrey est le théâtre d’une installation éphémère qui commémore la rencontre historique du 7 mars 1815, entre les troupes de Napoléon et celles du roi Louis XVIII. Cette installation de 24 mas symbolise le face à face des deux armées : au nord, des drapeaux blancs avec le sceau du roi Louis XVIII ; au sud des drapeaux bleublanc-rouge ornés du sceau de Napoléon. Le visiteur peut découvrir portraits et récits de personnages clés évoquant cette bataille…qui n’eut finalement pas lieu. L Y www.isere-patrimoine.fr, rubrique grands sites de l’Isère.
Theys, portail du château Jail : peindre à l'ancienne. Ce beau portail du XVIe ou XVIIe siècle revient de loin (voir Journal n°26, page 23). Renonçant à des projets de déplacement de cet ensemble, la commune de Theys s'est engagée dans sa restauration complète, grâce au soutien de la Région Rhône-Alpes et de la Fondation du Patrimoine par le biais du concours « Au fil du patrimoine ». Cette opération est destinée à
aider la restauration du patrimoine bâti public de proximité et à valoriser les métiers et savoir-faire du patrimoine en Rhône-Alpes. Après maçonnerie puis toiture (qu'il fallut reprendre entièrement, ce qui n'était pas prévu...) confiées à des professionnels, c'est l'association « Theys Patrimoine » qui a pris en charge la peinture de la porte, dans une démarche originale utilisant un savoir-faire traditionnel. Auprès de l'association "Terres et couleurs" qui promeut cette technique, les membres de l'association tarine ont acquis les connaissances nécessaires. Au Conservatoire des ocres à Roussillon-en-Provence (Vaucluse) et à Apt (entreprise Ocres de France), ils se sont procuré les matières premières, ces ocres aux teintes chaudes. À Theys, l'architecte du patrimoine Thierry Poulain recommande une couleur proche du lie-de-vin, bien assortie aux pierres violettes de l'encadrement. Une grande journée sympathique a été consacrée à la mise en œuvre : il convient de chauffer le mélange de poudres colorantes naturelles avec de l'eau, de la farine, de l'huile de lin et du savon de Marseille râpé ! Le résultat, d'une couleur profonde et mate mettant bien en valeur les ferronneries devrait tenir trente ans, et pour un prix très modique...L
ZOOM
Une exposition et un musée à redécouvrir L’Isère en histoire, Préhistoire20e siècle Musée de l’Ancien Évêché - Grenoble
L’Isère au XXe, une chronique cinématographique, Denis Vedelago, 2015
On l’a un peu oublié ces dernières années, au fil d’un programme d’expositions temporaires qui a porté l’image du musée, comme Grenoble, visions d’une ville ou encore He Yifu, le Voyage d’un peintre chinois dans les Alpes, mais le musée de l’Ancien Évêché est aussi et avant tout un musée de site et un musée d’histoire.
fossile humain trouvé dans notre région, et se termine 11 000 ans plus tard par une évocation de la vie de nos contemporains. Après dix-sept années de présentation, l’installation nécessitait d’être rénovée. Le chantier, programmé en deux temps, vient de s’achever. Si le contenu et le propos du parcours n’ont pas changé, celui-ci a désormais
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nauguré en 1998, il répond à une demande du public de disposer d’un espace permanent sur l’histoire du territoire qui s’inscrive en complémentarité du travail développé au Musée dauphinois. Ainsi, outre sa dimension de site patrimonial autour des vestiges de la crypte archéologique et du palais épiscopal, le musée présente une exposition permanente consacrée à l’Isère sur la longue période historique. En un parcours chronologique qui met en scène les plus belles collections départementales, issues pour l’essentiel du fonds du Musée dauphinois, il dévoile sur 500 m² quelques jalons dans la longue durée, comme autant de clés de compréhension de cette aventure humaine. La visite débute par une rencontre avec le plus vieux
un titre L’Isère en histoire, Préhistoire 20e siècle et un nouveau visuel qui renvoie aux prophéties de l’Ancien Testament ! Les salles ont pris de la couleur et les collections ont été enrichies notamment pour la salle consacrée au 19e siècle traitée à la manière d’un cabinet
de curiosités. Un guide interactif du musée (français – anglais) permet de découvrir en toute tranquillité l’ensemble des espaces avec soixante commentaires audioguidés et dix-sept livrets multimédias. L’édition papier du guide du musée est quant à elle prévue en octobre prochain. Plus austère est le 20e siècle où aucun patrimoine matériel n’est présenté. La salle qui lui est consacrée n’en reste pas moins saisissante avec la projection sur un mur d’images d’une chronique cinématographique qui effeuille le siècle en cent une dates et autant de sujets : de l’industrie à l’agriculture, de l’histoire sociale à la vie quotidienne sans oublier les guerres, les migrations… Ce documentaire de création de 92 minutes, nourri d’archives cinématographiques les plus diverses, sélectionnées à l’appui d’un scénario historique, nous renvoie à un passé proche, familier mais suffisamment lointain pour que la nostalgie laisse place à l’histoire et à la mémoire. Cette œuvre a été réalisée par un artiste grenoblois, Denis Vedelago, et produite en partenariat avec l’Ina. Pour tous ceux qui pensent connaître le musée et son exposition, une nouvelle visite s’impose. Étonnement, curiosités et plaisir garantis au fil de la visite. L
MONTRER - EXPOSER
vos sorties et incitez vos amis à découSoyez curieux, Préparez vrir les musées grâce au dépliant présentant le des 10 musées départementaux. Gratuit, osez les musées réseau il est disponible à l’accueil des musées et dans DÉPARTEMENTAUX ! les offices de tourisme.
Musée de l’Ancien Évêché 2, rue Très-cloîtres, Grenoble 04 76 03 15 25 www.ancien-eveche-isere.fr
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Musée de Saint-Antoinel’Abbaye • De parcs en jardins, une flânerie parisienne Jusqu’au 11 novembre 2015 Ces vues de parcs et jardins parisiens réalisées entre 1858 et 1914 sont autant d’instantanés émouvants issus des fonds patrimoniaux de la Ville de Paris. Témoignages sensibles d’une époque révolue, ils sont le reflet des aménagements conséquents survenus parallèlement à la Révolution industrielle et au dynamisme instauré sous le Second Empire dans le façonnage du paysage urbain. • Le jardin médiéval, entre Orient et Occident Quatre jardins, quatre histoires, quatre haltes ponctuées de plantes exubérantes, d’herbes aromatiques, de fleurs et d’arbres fruitiers réunies par l’eau d’une fontaine et de bassins, élément inhérent et fondateur même de l’idée du jardin. Enfin, un jardin de plantes méditerranéennes, trait d’union entre Orient et Occident accueille le visiteur dans sa redécouverte des jardins médiévaux : le Jardin des simples et ses plantes médicinales ; le jardin du Paradis, lieu de délectation et de contemplation avec ses fleurs et ses oiseaux ; le Jardin du parfumeur, quintessence du jardin clos où la rose embaume ; le Jardin céleste arabo-andalou, où la symphonie minérale répond à la profusion végétale. Saint-Antoine-l’Abbaye 04 76 36 40 68 www.musee-saint-antoine.fr
EXPOSER
Musée dauphinois • [K]RÂNES 42 Catacombe artistique Jusqu’au 4 janvier 2016 Ce projet s'inscrit dans la volonté du musée d'inviter les artistes à se confronter à l'histoire et au patrimoine, voire à s'exprimer sur les questions de société soulevées par ses expositions. Dans le cadre de l’exposition Confidences d’outre-tombe, quarante-deux plasticiens ont ainsi travaillé à partir d'une même pièce - un moulage de crâne en plâtre blanc - sur le thème récurrent de la vanité. Au-delà de leur diversité et de leur singularité, les sculptures se répondent pour composer une œuvre unique, une « catacombe artistique ». Chaque sculpture créée pour l'exposition nous confie une interprétation contemporaine de l'icibas et de l'outre-tombe. À voir aussi
• Confidences d’outre-tombe Jusqu’au 4 janvier 2016 • Premières couleurs, la photographie autochrome Jusqu’au 22 septembre 2015 « Bientôt le monde entier sera fou de couleur et Louis Lumière en sera responsable ! » affirme un photographe américain au début du XXe siècle. Les frères Lumière viennent d’inventer l’autochrome, un procédé pour obtenir la photographie des objets avec leurs couleurs véritables. Obtenue à partir de fécule de pomme de terre, leur technique va permettre de redécouvrir le monde. En Isère, Jules Flandrin, Henri Bussillet, Jean Jacques et d’autres, seront les premiers à donner les couleurs de la vie à leurs photographies. Le Musée dauphinois présente pour la première fois trois cent huit autochromes, tous issus de ses collections, qui entraînent vers des paysages aux couleurs inédites. • Grenoble 1925, la grande mutation Automne 2015 (voir Maison Bergès page 33) 30, rue Maurice Gignoux Grenoble 04 57 58 89 01 www.musee-dauphinois.fr
Musée de la résistance et de la déportation de l’Isère • Poilus de l’Isère Jusqu'au 12 octobre 2015 C'est de l'engagement militaire des Isérois sur les champs de bataille dont il est question ici. Parmi eux, 17 000 à 19 000 hommes ont perdu la vie au cours de la Première Guerre mondiale. Tout en relatant les grandes phases du conflit, le musée revient sur les principaux faits d'armes au cours desquels ces soldats ont été engagés : les Vosges, la Somme, l'Artois, la Champagne, Verdun... en s'appuyant sur le parcours documenté de quelques-uns d'entre eux. Au terme du parcours, le musée propose une réflexion sur les enseignements qu’il nous faut retirer aujourd’hui de l’histoire des grands conflits du siècle dernier. • 1915 - Fragments d'Histoire Jusqu'au 12 octobre 2015 À l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère et le musée de Grenoble s'associent pour proposer une exploration numérique de l'œuvre La Guerre, peinte par Othon Friesz en 1915. Mobilisé en 1914, Othon Friesz est blessé en 1915. Il met à profit sa convalescence pour réaliser cette œuvre aujourd'hui conservée au musée de Grenoble. Dans un contexte très chaotique, il retrace de manière précise et documentée certains évènements marquants de cette première période du conflit. 1915 - Fragments d'Histoire offre une double lecture qui vous permet de revivre l'Histoire au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère, en lien avec l'exposition Poilus de l'Isère, et de parcourir le contexte artistique de cette époque charnière au musée de Grenoble.
Musée de la Révolution française • Rencontre avec Napoléon, un empereur à cheval pour la postérité Jusqu’au 26 mars 2016 Depuis 1988, année de célébration de l'Assemblée de Vizille, nous avons vécu en temps réel le bicentenaire de la Révolution française et de l'Empire. Ce cycle historique de 28 ans s'achèvera en 2015 avec la défaite de Waterloo (18 juin 1815). Cependant quelques mois auparavant, le 7 mars 1815, Napoléon Bonaparte, empereur déchu, échappé de l'île d'Elbe, ralliait à lui l'armée française à l'entrée de Laffrey, sur le plateau matheysin. Après un passage rapide devant le château de Vizille et une étape à Grenoble, il continua sa marche triomphale jusqu'à Paris. À cette occasion, le musée de la Révolution française présente une exposition consacrée au bronze équestre de Napoléon Ier réalisé par Emmanuel Frémiet vers la fin du Second Empire pour la place d'Armes de Grenoble. Ce chef-d’œuvre de la sculpture, situé depuis 1929 sur la Prairie de la Rencontre surplombant le lac de Laffrey, à l'endroit même où Napoléon a retrouvé sa légitimité impériale, fait en effet partie des collections du musée. Domaine de Vizille Place du château - Vizille 04 76 68 07 35 www.domaine-vizille.fr
14, rue Hébert - Grenoble 04 76 42 38 53 www.resistance-en-isere.fr
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MUSÉE HECTOR-BERLIOZ LA CÔTE SAINT-ANDRÉ
La musique
Du phonographe à Internet EXPOSITION
DU 21 JUIN 2014 AU 26 AVRIL 2015 ENTRÉE GRATUITE
Maison Bergès Musée de la Houille blanche Cet automne, la Maison Bergès et le Musée dauphinois présentent deux expositions autour de l’Exposition internationale de la Houille blanche et du Tourisme :
• Maison Bergès Grenoble 1925, la modernité glorifiée • Musée dauphinois Grenoble 1925, la grande mutation Automne 2015 (dates à préciser) À l’occasion du 90e anniversaire de l’Exposition internationale de la Houille blanche et du Tourisme de Grenoble en 1925, la Maison BergèsMusée de la Houille blanche et le Musée dauphinois, en partenariat avec la Ville de Grenoble, s’associent pour présenter un évènement commun sous la forme de deux expositions. Au Musée dauphinois, l’Exposition internationale de 1925 sera l’occasion de parler de la grande mutation de Grenoble durant cette période (urbanistique, économique et touristique), la construction de son image et identité comme capitale des Alpes, sans oublier la Tour Perret, tour d’orientation construite en béton armé qui est aujourd’hui l’unique vestige de cette Exposition. À la Maison Bergès-Musée de la Houille blanche, c’est la glorification de la modernité à travers la houille blanche, l’hydroélectricité et l’électricité qui sera mise en exergue, et notamment la mise en scène particulière de la lumière. Deux approches complémentaires permettant de mieux comprendre cette manifestation marquante de l’entre-deux-guerres qui incarne alors la pleine confiance des élites politique, économique et culturelle dans la technique, alors véritable vecteur du progrès social. 40, avenue des Papeteries Lancey/Villard-Bonnot 04 38 92 19 60 www.maison-berges.fr
Musée Hébert • Frédéric Benrath (1930-2007) L'espace du dedans Jusqu’au 2 novembre 2015 Avec une trentaine de tableaux, l'hommage rendu ici à Frédéric Benrath retrace le parcours d'un peintre du courant de l'abstraction lyrique de l'après-guerre dont la carrière s'est arrêtée brutalement en 2007. Il avait déjà exposé ses œuvres plus récentes en 2000 au musée. Fréderic Benrath, figure majeure du groupe des nuagistes, avec Laubies, Duvilier, Graziani, etc., révélés dans les années 50 par le critique d'art Julien Alvard, est resté fidèle à l'abstraction, s'attachant à rendre les valeurs atmosphériques -transparence et profondeurcaractérisant ce mouvement. Marqué à ses débuts par le romantisme allemand, le peintre s'est d'abord exprimé dans une gestuelle tourmentée et dramatique, évoluant vers une expression plus maîtrisée et apaisée, tout en intériorité et en lumière, qui l'amènera, in fine, aux limites du monochrome. Chemin Hébert La Tronche 04 76 42 97 35 www.musee-hebert.fr
Musée Hector-Berlioz • La musique. Du phonographe à Internet. Jusqu’au 30 septembre 2015 Depuis la nuit des temps, l’Homme rêve d’emprisonner les sons. Au cours du XIXe siècle apparaissent les premiers dispositifs pour conserver la musique. La diffusion de ces appareils, sans cesse modernisés, va engendrer une mutation profonde des modes d’écoute de la musique. Le musée Hector-Berlioz ne pouvait occulter l’aventure de la musique enregistrée. L’exposition vous fera découvrir phonographes et machines parlantes, 78 tours et TSF, pick-up et tourne-disques jusqu’à la musique numérique. Durant le parcours, le visiteur est invité à des expériences sonores inédites : plusieurs dispositifs interactifs permettent de s’enregistrer, d’écouter des cylindres ou des 78 tours ou encore de s’immerger dans une sphère de musique spatialisée. Pour des connaissances et des émotions nouvelles…
Musée d’art sacré contemporain Saint-Hugues-deCHARTREUSE
Voulu, pensé, réalisé par un seul artiste, Arcabas, au fil de plus de trente années, cet ensemble unique se place parmi les réalisations les plus ardentes, mais aussi les plus abouties de l'art sacré contemporain. Il faut entrer dans cette petite église de montagne, construite en 1860, pour recevoir le choc de cette masse colorée, ordonnée solennellement, devenant discours enflammé, qui va d' exorde en narration pour finir dans la conversation des textes sacrés. • Nouveautés 2015 : > focus sur Arcabas et l’Italie à l’occasion de l’exposition temporaire consacrée à l’artiste présentée à Bergame et Milan Saint-Pierre-de-Chartreuse 04 76 88 65 01 www.saint-hugues-arcabas.fr
69, rue de la République La Côte-Saint-André 04 74 20 24 88 www.musee-hector-berlioz.fr
Musée archéologique GRENOBLE Saint-Laurent Excellent ! Le musée archéologique, avec sa muséographie moderne et interactive offre un voyage exceptionnel pour décrypter près de deux mille ans d’histoire de Grenoble. Situé dans le quartier historique Saint-Laurent, le musée met à disposition des visiteurs un audioguide en cinq langues. Compté parmi les premières visites incontournables de Grenoble selon l’évaluation des touristes, le musée reçoit à nouveau cette année le Certificat d’Excellence de grand site de voyage décerné par Tripadvisor France. Place Saint-Laurent Grenoble 04 76 44 78 68 www.musee-archeologique-grenoble.fr
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LES AUTRES EXPOSITIONS EN ISÈRE
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Bièvre-Valloire Musée-Château de Jarcieu "14-18 Evocation - Images du front dans nos assiettes !" Le musée s'associe à la commémoration de la première guerre mondiale par une évocation du conflit autour d'une série d'assiettes, issue des réserves du musée. Cette série est, à ce jour, la seule de ce type, en forme de "reportage", à avoir été créée et produite pendant le conflit. Entre propagande et témoignage, elle illustre un quotidien de la guerre 151, route de Saint-Sulpice 04 74 79 86 27 www.chateau-de-jarcieu.com
GRenoble et alentours
Muséum de Grenoble Troisième vie Quand les acquisitions s’exposent Jusqu’au 15 novembre 2015 Les muséums d’histoire naturelle du monde entier archivent depuis plusieurs siècles la diversité du monde naturel. Le Muséum de Grenoble lève le voile sur vingt ans d’enrichissement de ses collections. Dons, achats, inventaire, restauration… Venez à la rencontre de collections uniques et à travers elles, de ceux qui leur offre une troisième vie : scientifiques les collectant et les étudiant, régisseurs les transportant, taxidermistes les « ressuscitant », animateurs ou artistes les rendant accessibles à tous…. Une rencontre rare avec des pièces d’exception. L’exposition Troisième vie est accompagnée de la présentation du projet photographique « Animals » de Patrick Leclerc. 1, rue Dolomieu 04 76 44 05 35 www.museum-grenoble.fr Musée Géo-Charles Échirolles Julien Beneyton - The B.A.G Jusqu’au 27 septembre 2015 Originaire d'Échirolles, Julien Beneyton est un peintre figuratif hyper-réaliste qui puise son inspiration dans son entourage, les personnes qu'il croise et les scènes de la vie quotidienne. Ce tableau The B.A.G représente un groupe d’amis d’enfance, rassemblé à Échirolles en Isère en 2012. La plupart d’entre eux y sont nés, y ont vécu ou y ont étudié. Le parking du cinéma Pathé-Échirolles où ils se trouvent est hautement symbolique. En août 2012, une vingtaine d’années après, ils se sont retrouvés à cet endroit précis dans le but de réaliser ce portrait de groupe. Ce projet est en résonance avec l’exposition de Julien Beneyton La Vie qui va avec à la Chapelle de la Visitation à Thonon-les-Bains.
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EXPOSER Émile Savitry, un photographe de Montparnasse Jusqu’au 20 décembre 2015 Sur une proposition de Sophie Malexis, journaliste et commissaire d'exposition, le musée vous invite à découvrir le photographe Émile Savitry. Ce peintre surréaliste puis photographe méconnu, a côtoyé tout ce que le Paris des années 1930-1950 abritait d'artistes et d'intellectuels venus du monde entier, Django Reinhardt, Stéphane Grapelli, les frères Prévert mais aussi Alberto Giacometti, Anton Prinner, Victor Brauner, Oscar Dominguez. Une exposition au cœur de l'histoire du musée et de Géo-Charles qui mettra également en lumière les archives de la donation. 1, rue Géo-Charles 04 76 22 58 63 www.ville-echirolles.fr Musée de Grenoble Georgia o’Keefe (1887-1986) Du 7 novembre 2015 au 7 février 2016 Première monographie consacrée à Georgia O’Keeffe en France, l’exposition offrira un large aperçu de l’œuvre de cette grande figure du modernisme américain. Après s’être consacrée à des abstractions organiques héritées de l’art nouveau, O’Keeffe offre une réinterprétation du motif de la fleur qu’elle appréhende comme une métaphore de ses sentiments avant de peindre les paysages du Nouveau Mexique où elle s’installe définitivement en 1949. Afin de rendre compte d’un aspect fondamental de son œuvre, l’exposition associera l’artiste aux grandes figures de la photographie qui ont marqué son travail : Alfred Stieglitz (son compagnon), Paul Strand ou encore Ansel Adams. Aussi célèbre que Jackson Pollock aux Etats-Unis, Georgia O’Keeffe, peu représentée dans les collections françaises, trouvera avec cette exposition qui réunit une quarantaine de ses peintures, la reconnaissance européenne qui lui revient. 5, place de Lavalette 04 76 63 44 44 www.museedegrenoble.fr Musée des troupes de montagne - Grenoble Dernière Libération Jusqu’à décembre 2015 Avril 1945. Depuis huit mois, les principales villes des Alpes sont libérées de l’occupation allemande. Pourtant, sur les sommets, s’engagent de véritables combats de montagne entre les FFI et les soldats allemands et italiens. Le musée des troupes de montagne évoque cette dernière Libération par la présentation de matériel d’époque. Fort de la Bastille 04 76 00 92 25 Musée de la Chimie - Jarrie Réouverture ! Jusqu’au 30 novembre 2015 Le musée présente l'histoire de la chimie et retrace l'histoire, les tech-
niques et les applications de l’industrie chimique du sud de Grenoble de 1915 à nos jours. La chimie du XXIe siècle, omniprésente dans notre quotidien, indispensable pour répondre aux enjeux de développement durable, est plus que jamais innovante et responsable. Après plusieurs mois de fermeture, le musée propose une présentation totalement renouvelée. Le Clos Jouvin 100 montée de la Creuse 04 76 68 62 18 www.ville-jarrie.fr Grésivaudan Musée d’Allevard Le Chevalier Bayard (v.1476/1524), enfant du Grésivaudan et héros national Jusqu’au 16 octobre 2015 (Voir page 28) Parc des Forges 04 76 45 16 40, www.museedallevard.wordpress.com Forges et moulins de Pinsot À la rencontre des paysans de montagne - Des Alpes à l'Himalaya Jusqu’au 20 septembre 2015 Paysans... montagne... Deux mots à la résonance toute particulière pour Perrine Delamarre et Fabien Merminod. Le mode de vie paysan comme héritage millénaire, comme patrimoine de l'humanité. La montagne lancée comme un défi à l'orgueil humain, un milieu où l'homme peine à imposer sa loi. Un voyage de six mois pour rencontrer ces femmes et ces hommes, à travers les alpages du Pamir et du Caucase, les potagers du Tadjikistan, les rizières d'Iran, les ruchers d'Arménie, les noyeraies de Turquie, les pâturages de Roumanie .... Perrine en a rapporté des photos et des dessins, Fabien des enregistrements sonores. Ils vous invitent aujourd'hui à partager leur périple et à rencontrer à votre tour ces paysans de montagne, en sons et en images. Rue Louise Barnier 04 76 13 53 59 www.forgesmoulins.com Haut-Rhône dauphinois Maison de la pierre et du ciment MONTALIEU-VERCIEU Parcours d’œuvres, Parcours d’artiste Jusqu’au 30 septembre 2015 Dessins, esquisses, moulages, sculptures et tableaux racontent le parcours d’apprentissage et de formation de Louis Luttrin, sculpteur retenu pour le prix de Rome et mort à la guerre, en mai 1940, à l’âge de 27 ans. Ils nous racontent aussi les grandes étapes de travail du sculpteur avant d’achever une œuvre. La vie de Louis Luttrin commence dans le bassin carrier de Mon-
talieu-Villebois, passe par les BeauxArts de Lyon et Paris et trouve sa fin tragique sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. 1, rue du Rhône 04 37 06 10 71 www.maisondelapierreauciment.fr Maison Ravier - MORESTEL Cent pièces de nô. Estampes japonaises Jusqu’au 25 octobre 2015 • Tsukioka Kôgyo (1869-1927), maître moderne de l’estampe Les œuvres de Tsukioka Kôgyo sont largement tournées vers l’art traditionnel comme le théâtre nô remontant au XIVe siècle. Tout au long de sa carrière, il réalise plus de 550 estampes en trois grandes séries, qui rendent compte des représentations de nô, en s’attardant en particulier sur les costumes et les attitudes des acteurs. Ces estampes sont largement distribuées, certaines reproduites dans des magazines, des livres et en affiches. • Nôgaku Hyakuban : cent pièces de nô Le théâtre nô est une forme hautement stylisée née au 14e siècle, art de la récitation, du chant, de la danse et du mime. Influencé par les aquarelles occidentales et la photographie, Tsukioka Kôgyo s’intéresse au mouvement et à l’aspect tridimensionnel des représentations. Il conçoit un style unique et une nouvelle vision de l’acteur remplaçant l’image traditionnelle. 302, rue Auguste Ravier 04 74 80 06 80 www.maisonravier.fr Isère Rhodanienne Cloître Saint-André-le-bas VIENNE Le coin des anges. Jacques-Denis Pilliard Jusqu’au 8 novembre 2015 Formé à Vienne, à l'Ecole des Beauxarts de Lyon puis à Paris, Pilliard partit pour l'Italie afin de compléter sa formation. Il décida de s'établir à Rome où il passa près de cinquante années, mais en revint régulièrement pour exposer à Paris, Lyon et Grenoble. Il n'en resta pas moins un Viennois attaché à ses racines, apprécié de ses concitoyens auprès desquels il vécut ses dernières années. Connu comme peintre religieux, Pilliard travailla aussi des thèmes profanes, trouvant ses sources d'inspiration dans l'art des maîtres anciens et les vestiges antiques. L'exposition présente des pièces (huiles sur toile ou sur papier, œuvres graphiques) principalement issues des collections des musées de Vienne, notamment un ensemble inédit de majestueux dessins d'anges, de prophètes et d'Evangélistes exécutés aux dimensions des voûtes d'une chapelle. Place Saint-Pierre 04 74 78 71 06 www.museesvienne.fr
Matheysine Musée Matheysin - LA MURE Histoire en briques Lego Jusqu’au 18 octobre 2015 Plongez dans l’univers des briques colorées… Venez découvrir des œuvres uniques illustrant le patrimoine du Premier Empire et entièrement construites en briques LEGO®, tout en vous essayant à la construction avec les célèbres LEGO® ! Un émerveillement devant la reproduction du Dôme des Invalides (3m x 2.5m, 274 000 briques) et de nombreuses pièces uniques réalisées grandeur nature en Lego (le bureau Empire, le fauteuil de l'Empereur, la harpe de Joséphine, des tableaux, des accessoires, des scènes, le bicorne...) À découvrir, 5 œuvres nouvelles spécialement conçues pour La Mure, notamment la scène de la « Prairie de la Rencontre » (300 mini-personnages LEGO®). Pour les petits et… pour les grands, un rendez-vous impérial à ne pas manquer ! Rue Colonel Escallon 04 76 30 98 15 musee.matheysine.com Oisans Musée des minéraux et de la faune des alpes LE BOURG-D’OISANS Le monde des abeilles Jusqu’au 31 octobre 2015 Partez à la découverte du monde fascinant des abeilles à travers une exposition ludique et pédagogique tout public. Au programme : maquettes géantes des insectes pollinisateurs, projections de films, conférences débats, animations. Place de l’église 04 76 80 27 54 http://www.bourgdoisans.com
Espace Patrimoine Vaujany Mules et mulets, des animaux d'exception Jusqu'en août 2016 Tête de mule ! Cette expression est peu flatteuse pour nos amis les mulets. Ces équidés, nés de l’union d’une jument et d’un âne, ne sont malheureusement pas reconnus à leur juste valeur. Tentons alors de réparer cette injustice et intéressons-nous à cet animal exceptionnel à travers cette exposition qui ne retrace pas seulement l’histoire mais également le travail exceptionnel du mulet pendant les guerres et dans l’armée française. Une partie de l’exposition est dédiée au rôle du mulet dans le quotidien des Vaujaniats, illustrée par des histoires vécues et de nombreuses photos. Route du col du Sabot 04 76 79 96 35 www.mairie-de-vaujany.fr
Musée EDF Hydrélec Vaujany Villages d'Oisans, patrimoine de montagne Jusqu’au 27 septembre Cet été, le patrimoine uissans est mis à l’honneur au musée EDF Hydrélec. L’exposition temporaire, conçue par l’association Richesses culturelles de l’Oisans présente vingt communes de l’Oisans sous l’angle de leur patrimoine naturel, culturel, architectural, historique, populaire… Elle s’enrichit d’objets de collection issus des onze musées de l’Oisans et spécialement réunis pour l’exposition au musée. Présentée pour la première fois au public, elle est une belle occasion d’embrasser l’ensemble du patrimoine du territoire. Elle entamera une tournée en Oisans, dans les offices de tourisme, les mairies, les bibliothèques… Route du Lac – Le Verney 04 76 80 78 00 www.musee-edf-hydrelec.fr Maison départementale des Alpages - Besse-en-Oisans Une terre, des hommes… des photos de Henri Didelle Jusqu’à décembre 2015 L’auteur, Henri Didelle, nous présente ses photos d’hommes et de femmes de la Maurienne, portraits d’une société paysanne de montagnards qui semblait éternelle et qui s’est éteinte progressivement au fil du siècle dernier. La particularité de cette exposition réside dans le fait que l’auteur, dont la carrière professionnelle a été celle d’un scientifique et non d’un photographe, a pris ces photos il y a 40 ans. À l’heure du numérique, il décide de les développer et d’écrire un livre pour présenter les hommes et les femmes que vous découvrirez sur les clichés. Le Village 04 76 80 19 09 www.maisondesalpages-besse.com
Porte des Alpes Musée de Bourgoin-Jallieu Artisans du luxe : Robes d’exception Jusqu’au 4 octobre 2015 Cette exposition s'articule autour de 45 robes signées par la créatrice AnnaBarbara Aumüller. Elles permettent de faire découvrir au plus grand nombre la technicité et la virtuosité des meilleurs artisans français tant dans la création de matières, leur mise en œuvre, que des accessoiristes ou des ennoblisseurs. Chaque robe est un hommage et un challenge. Structure et assemblage visent à sublimer les matières ou les techniques : hommages aux cuirs, aux dentelles, à la moire, au tulle, à la soie, hommages aux plissés, au « broché au tonneau », aux smocks, au velours au sabre, à l’assemblage ultrason, au
thermoformage, hommages aux fils, aux galons, à la passementerie, aux broderies, à la teinture, à l’impression sur étoffes, etc. 17, rue Victor-Hugo 04 74 28 19 74 www.bourgoinjallieu.fr Sud-Grésivaudan Le Grand séchoir - Vinay Gourmandises, la noix de Grenoble, reine des desserts et des confiseries À partir du 20 septembre Les recettes et confiseries à base de noix ont fini par rejoindre les cuisines familiales. Il existe aujourd’hui autant de recettes de gâteaux aux noix que de ménagères ! Noix «caramelées», fourrées ou chocolatées, la Noix de Grenoble s’affiche comme la reine des desserts et des gourmandises ! Dispositifs sonores, olfactifs, visuels, manipulations et dégustations permettront une véritable découverte au travers des 5 sens. 705, route de Grenoble 04 76 36 36 10 www.legrandsechoir.fr Musée de l’eau Pont-en-Royans SOS Le dessin de presse prend l'eau L’eau est un bien commun aussi indispensable que fragile, qu’il nous faut absolument protéger et préserver. L’eau est une richesse si familière à nos vies occidentales urbaines que nous ne concevons pas que chaque année, près de 3 millions de personnes meurent par manque d’accès à une eau potable ; que nous sommes tous acteurs de sa pollution et de sa raréfaction ; bref, que l’eau est aujourd’hui un enjeu vital pour l’humanité. Heureusement, il y a des gestes simples qui permettent d’enrayer ce processus et il y a le talent des dessinateurs de presse qui éveillent les consciences par l’humour, la subtilité, la justesse et la force de frappe du trait et de l’idée. Mobilisés autour de Plantu et de Cartooning for Peace, 26 dessinateurs de nationalités différentes ont créé plus de 80 dessins exposés en formats spectaculaires, une collection d’idées rares pour notre or bleu... Reflets dans la Bourne Jusqu’à avril 2016 Une exceptionnelle et surprenante exposition photographique d'Yves Pillet présentée sur les cimaises du restaurant du musée. Venez découvrir une série de reflets des maisons suspendues dans la rivière... Place du Breuil 04 76 36 15 53 www.musee-eau.com
Trièves Musée du Trièves - Mens Le fait religieux en Trièves Jusqu’au 27 novembre 2016 Aujourd’hui, l’histoire des religions se lit surtout à travers le patrimoine bâti, monumental ou plus modeste : églises, temples, cimetières et croix sont présents partout dans le paysage. La religion a pendant très longtemps imprégné la vie quotidienne et fait désormais partie intégrante de notre culture commune, croyants comme non-croyants. En Trièves, l’histoire des religions fut particulièrement mouvementée, notamment en raison de l’opposition entre catholiques et protestants. Le musée retrace cette longue histoire, aujourd’hui apaisée, pour nous aider à mieux comprendre et préserver cet héritage. Place de la halle 04 76 34 88 28 www.museedutrieves.wordpress.com Vals-du-Dauphiné Musée Gallo-Romain - Aoste Les Gaulois entre Alpes et Massif central au second âge du Fer Jusqu’au 30 septembre 2015 Réalisée par l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), cette exposition itinérante ne prétend pas à une synthèse sur les Gaulois dans la région RhôneAlpes du IVe siècle au Ier siècle avant notre ère. Elle vise surtout à mieux les faire connaître à travers quelques exemples de fouilles programmées ou préventives réalisées au cours de ces dernières années. De la Loire au pied des Alpes en passant par l'Ardèche méridionale, deux habitats fortifiés, des fermes fossoyées dont l'une avec un témoin de pratiques rituelles, des activités artisanales et commerciales ou des sépultures caractéristiques de cette période, sont ainsi présentées. 43, place du musée 04 76 32 58 27 www.musee-aoste.fr Voironnais-Chartreuse Musée Mainssieux - Voiron Le fantastique bestiaire de Lucien Mainssieux Jusqu’au 30 septembre 2015 L'exposition montre une sélection totalement inédite de dessins d'animaux réalisés par Lucien Mainssieux, autant de croquis pris sur le vif ou d'entrainement, qui révèlent l'artiste au travail. Parallèlement, des dessins d'animaux fantastiques, hybrides ou imaginaires mettent en valeur un aspect totalement méconnu de son œuvre, entre surréalisme et occultisme. Mainssieux comme vous ne l'avez jamais vu ! 7, Place Léon Chaloin 04 76 65 67 17 www.voiron.fr
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Arcabas. Réalisations monumentales. Collectif Coordination François Gauthier
Le lecteur aura plaisir à retrouver ici recensées les œuvres connues ou très connues du peintre, comme les œuvres ignorées du grand public que ce soient des œuvres de jeunesse, des réalisations aujourd'hui disparues ou encore des œuvres destinées à des lieux qui ne se visitent pas. Ce livre est un guide qui doit permettre une déambulation libre sur les "routes Arcabas" qui sillonnent principalement la France, la Belgique, la Suisse et l'Italie, ou encore l'Équateur. Avril 2015 Éditions Scriptoria 112 pages, 8€
Arcabas a depuis soixante ans réalisé de très nombreuses œuvres destinées à des lieux spécifiques répondant ainsi souvent à des commandes, inventoriées dans cet ouvrage sous l'appellation "Réalisations monumentales".
D’une vallée à une autre. Le Grésivaudan en 1968 Collectif sous la direction de Sylvie Vincent En 1967, Paul Jargot, maire de Crolles, demande à des photographes amateurs de la maison des Jeunes et de la Culture de sa commune, de photographier la vallée du Grésivaudan. Sa commande est très précise : montrer la « vocation de développement » de cette dernière. Neuf apprenti(e)s de
Frédéric Benrath, l'espace du dedans Laurence Huault-Nesme Quinze ans après l'exposition de Frédéric Benrath, consacrée aux peintures des années 1985-1999 et présentée au musée Hébert en juin 2000, nous avons souhaité honorer la mémoire de l'artiste décédé accidentellement en 2007. Cette présentation est aussi un hommage rendu à un
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l'image formés et encadrés par Armand Mercier, alors conseiller technique et pédagogique au ministère de la Jeunesse et des Sports, empruntent ainsi, en cette année 1968, routes et chemins du territoire et vont à la rencontre des habitants. Ces regards constituent aujourd'hui un témoignage original et inédit qui permet de prendre la mesure des transformations de la vallée et de mieux comprendre ses enjeux actuels de développement. Novembre 2014 Éditions Département de l’Isère / Maison Bergès Musée de la Houille blanche 76 pages, 12€
homme généreux et tourné vers les autres. De grandes amitiés ont en effet marqué sa vie : le philosophe JeanNoël Vuarnet, le critique d'art Julien Alvard, Geneviève Bonnefoi, directrice de l'abbaye de Beaulieu, mais aussi nombre d'écrivains, d'éditeurs d'art, de collectionneurs, d'amis qui se sont réunis après sa mort en association pour faire connaître son travail. Outre ses recherches plastiques, il s'est aussi intéressé à la musique contemporaine et à la littérature, qui l'ont nourri et dans lesquelles il a trouvé matière à enrichir sa vie intérieure en même temps que son art. Un ouvrage récent rassemblant sa correspondance, des interviews et ses conférences nous permet aujourd'hui de suivre sa démarche et de mieux comprendre sa vision de peintre. Juin 2015 Éditions Département de l’Isère / Musée Hébert 40 pages, 20€
Confidences d’outre-tombe, squelettes en question Collectif sous la direction de Jean-Pascal Jospin Que peuvent nous apprendre les morts de leur vie ? Que recherchent les archéologues en exhumant les défunts des siècles passés ? L’ouvrage évoque les recherches anthropologiques dans le domaine alpin, depuis la préhistoire récente. Aujourd’hui, les techniques d’investigation des chercheurs per-
Eugène Chavant. Du « poilu » au chef de maquis Gilles Vergnon Première biographie dédiée à Eugène Chavant (1894-1969), chef civil du Vercors, cette publication est l'œuvre de l'historien Gilles Vergnon dont les travaux font aujourd'hui référence sur l'histoire de la Résistance dans le massif. Suivant les principes qui ont présidé à la création de cette collection, c'est
Jean Couty (1907-1991) Paysages et paysans du Nord-Isère Alain Vollerin, Brigitte Riboreau, Yves Lacour, Edouard Couty Tous ceux qui croyaient bien connaître l'oeuvre du peintre Jean Couty, le plus célèbre des artistes ayant vécu à Lyon au XXe siècle seront "bluffés" par la qualité et la quantité des études, dessins et toiles produites sur le thème des paysages du Nord-Isère. Lorsqu'il découvrit à cin-
mettent de « faire parler » les ossements sur l’âge, le sexe et l’état de santé des individus ainsi « auscultés ». Des disciplines innovantes, comme la bio-anthropologie, reconstituent le mode d’alimentation des hommes dans leur environnement. Toutes ces données sont à comparer avec le contexte funéraire qui informe sur l’évolution des rites, croyances et pratiques (inhumation ou crémation) à travers les âges. De tout temps, l’image du squelette a été utilisée, autant pour décrire notre destinée que pour jouer avec la représentation ultime de la mort. Ces images sont aujourd’hui reprises par l’industrie du loisir. Autant de confidences livrées par les restes humains que cet ouvrage tente de rassembler. Décembre 2014 Éditions Département de l’Isère / Musée dauphinois 104 pages, 14€
l'ensemble du parcours de vie du résistant qui est ici raconté : depuis l'enfance dans son village natal de Colombe, les longues années passées sur le front de la « Grande Guerre », ses premiers engagements professionnels et politiques qui le conduiront à devenir maire de Saint-Martin-d'Hères, son opposition précoce au régime de Vichy et à la collaboration, mais aussi son action infatigable au lendemain de la Libération en tant que président de l'association des Pionniers du Vercors pour entretenir la mémoire du maquis. Septembre 2014 Éditions Département de l’Isère / Collection Parcours de résistant 88 pages, 12€
quante-neuf ans les paysages isérois, Jean Couty venait d'épouser Simone Drevon, originaire du village de Culin. Il prit plaisir à disposer de son savoir-faire, comme un disciple de Jean-Jacques Rousseau, pour traduire la rude existence des paysans isérois, dans cette manière qui le fit, à Paris, chez Katia Granoff, comparer à Bernard Buffet. Il retrouvait une thématique, à laquelle il était attaché : l'humain au travail. Pas un pré de cette campagne préservée, pas un champ, pas une forêt, ne lui resteront indifférents. Décembre 2014 Mémoire Des Arts 96 pages, 20€
Mars 2015 Éditions Département de l’Isère / Musée Hébert 48 pages, 20€
Joël Negri. Sculptures, collages 1978/2015 Laurence Huault-Nesme
[K]rânes42, catacombe artistique Collectif
De quelques œuvres anciennes, symboliques et énigmatiques, à des œuvres plus récentes, aériennes et légères, aux résonances poétiques, jusqu'à la série actuelle des Douze apôtres, photographies retravaillées et bustes, comme issus de l'antique, le grenoblois Joël Negri n'a cessé d'explorer les formes et d'approfondir
L’exposition Confidences d’outretombe. Squelettes en question interroge la relation que nous entretenons avec la mort à la lumière des analyses livrées par l’archéologie funéraire. Les pratiques sociales de la vénération des restes humains, les représentations allégoriques et les usages sociaux auront en effet dû attendre cinq ans de parution et le numéro 19 de la revue (« Des sports et des jeux ») pour lire un premier article consacré à l’alpinisme ; encore s’agissait-il (décalage oblige) de l’alpinisme pratiqué par les femmes. Et près de dix-sept ans (avec ce numéro 69) pour trouver dans nos pages un dossier consacré à cette pratique à tous égards exceptionnelle de la haute montagne.
L’Alpe 69 Alpinisme : patrimoine de l’humanité ? Collectif
Juin 2015 Éditions Glénat 98 pages, 18€
À trop vouloir cultiver le regard décalé (modeste adaptation du « regard éloigné » de l’anthropologue Claude LéviStrauss), L’Alpe semble s’être interdit un thème central pour la montagne : cette discipline sportive qui a forgé son nom sur celui du massif. Nos lecteurs
La Pierre & l’écrit n°25 Collectif Fidèle à sa tradition cette revue réunit les contributions d’auteurs venant d’horizons divers : des universitaires, des érudits, des spécialistes du patrimoine, des archéologues et de jeunes historiens. Cet amalgame est rare et nous devons en tirer une vive satisfaction tant ces milieux, en règle générale, ont tendance à s’ignorer. Sans oublier les autres périodes, cette édition fait la part
L’histoire si curieuse des mines de Brandes Fernand Peloux, Marie-christine BaillyMaître et Hélène Viallet
des motifs du crâne et du squelette enrichissent cette vaste réflexion. Le projet « [K]RÂNES 42 - Catacombe artistique » s’inscrit dans la volonté du musée d’inviter les artistes à se confronter à l’histoire et au patrimoine, voire à s’exprimer sur les questions de société soulevées par ses expositions. Quarante-deux plasticiens ont ainsi travaillé à partir d’une même pièce – un moulage de crâne en plâtre blanc – sur le thème récurrent de la vanité. Au-delà de leur diversité et de leur singularité, les sculptures se répondent pour composer une oeuvre unique, une « catacombe artistique ». Chaque œuvre originale, créée pour l’exposition, nous confie une interprétation contemporaine de l’ici-bas et de l’outre-tombe. Décembre 2014 Éditions Département de l’Isère / Musée dauphinois 52 pages, 12€
de l’Oisans, non loin de l’Alpe d’Huez. Une cité ouvrière se développe dans cet environnement naturel hostile. La mine de Brandes, principale source d’argent du dauphin, est dotée de tous les aménagements nécessaires à la vie et au travail des mineurs : habitations, église, nécropole, fortification, chantiers miniers, ateliers. Ce livre rassemble un choix de documents d’archives éclairés par l’archéologie, revisitant l’une des plus belles pages de l’histoire du Dauphiné médiéval. Juillet 2015 Éditions PUG / Collection La Pierre et l'Ecrit 320 pages, 35 €
LE GUIDE - LECTURES
son travail. N'hésitant pas à prendre des chemins de traverse pour aboutir à une nouvelle réalisation, il expérimente les techniques et les matériaux les plus divers et les plus inattendus. À travers un parcours plastique très personnel, l'exposition s'ouvre sur un réel onirique.
En 1930, le grand historien Marc Bloch découvrait « l’histoire si curieuse des mines de Brandes ». En effet, du XIIe au milieu du XIVe siècle, à 1800 mètres d’altitude, une agglomération minière occupe un plateau au cœur du massif belle au Moyen Âge, un peu délaissé les autres années. La revue se devait de persévérer dans ses analyses électorales surtout s’agissant du scrutin municipal qui, à Grenoble, a apporté le changement que l’on sait. Enfin notre président honoraire nous a donné deux articles sur des sujets bien différents. Dans « Grenoble, ville de garnison au XVIIIe siècle », nous voyons le militaire, si longtemps soudard craint et détesté, mieux s’intégrer au reste de la population. Voilà qui est d’importance dans une ville où les casernes vont rester jusqu’à nos jours un élément essentiel du paysage urbain. L’autre aborde à partir d’un épisode original, à la fois picaresque et tragique, le « genre », matière historique présentement très en vogue. Avril 2015 Éditions PUG / La Pierre et l’écrit, 292 pages, 31€
Le château de Sassenage. Gardien de la mémoire familiale Lise Soulbieu Magnifique exemple d’architecture classique, le château de Sassenage a été, pendant plus de trois siècles, le gardien de la mémoire d’une famille de la noblesse dauphinoise : les Bérenger-
Sassenage. C’est à un voyage dans le temps que convie cet ouvrage : texte et images racontent l’évolution du château depuis le XVIIe siècle et retracent le destin captivant de ses propriétaires au gré des épisodes marquants de l’histoire de France, du Moyen Âge jusqu’au XXe siècle. Illustré de photographies actuelles et de documents issus des archives du château, cet ouvrage s’adresse à tous, du visiteur curieux au passionné d’histoire et de patrimoine, du promeneur épris d’architecture à l’amateur d’art et de mobilier… Juillet 2015 Éditions PUG 80 pages, 12 €
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LECTURE S fils du Grésivaudan de petite noblesse mais ayant acquis une renommée internationale. C’est l’un des rares hommes assez illustre pour avoir donné naissance à un mythe durable, celui du héros exemplaire, « sans peur et sans reproche ». Mai 2015 Editions du musée d’Allevard 60 pages, 7 €
Le Chevalier Bayard (v. 1476 / 1524) Enfant du Grésivaudan et héros national Collectif sous la direction de Fabienne Pluchart
Le grand retour des loups dans nos paysages et nos imaginaires Laurent Garde
L’année 2015 est l’occasion de nombreuses manifestations commémorant la bataille de Marignan un peu partout en France. En Isère, c’est aussi l’occasion de célébrer le chevalier Bayard, un
Voici vingt ans, le loup faisait irruption dans les montagnes françaises après une éclipse de plus d'un siècle. Animal fantastique de nos contes et légendes, il retrouvait dans les écosystèmes sa place de régulateur de la faune sau-
Le Vercors n’est pas une carte postale, Paysages en partage Anne Sgard Ce livre-objet se déplie selon trois volets. Livre de cinéma, il contient un DVD avec quatre documentaires de 25 à 50 minutes, que prolongent des entretiens avec les cinéastes. Peut-on filmer le paysage en échappant aux
Marco Lipszyc. Étranger et notre frère pourtant Claude Collin Marco Lipszyc figure dans la longue liste des résistants qui n'ont pas connu la Libération. Sans cesse menacé par la police nazie et ses suppôts français, il est arrêté le 17 mai 1944 et exécuté le 21 juillet. Meneur d'hommes, « Lenoir » - dans la Résistance - échappe
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tentations de la carte postale ? Quatre films, nourris de récits, de mémoires et d'histoires, répondent en offrant des images du Vercors, ouvertes, inattendues, complexes. La réflexion des cinéastes se prolonge à son tour dans un essai sur le paysage. Anne Sgard, dans une analyse géographique sensible, adossée aux films et étayée par sa connaissance du Vercors, propose une approche inédite des "paysages en partage", qui fraye la voie à des démarches de médiation paysagère. Au final, le livre déploie sa carte-jaquette... et c'est une invitation à l'arpentage et au vagabondage dans les territoires du Vercors, à un retour au don qu'est l'expérience du paysage. 2014 Rochechinard 26, un comptoir d’édition 119 pages, 14 €
plusieurs fois à la répression avant sa fin. Quand en février 1944, il devient le chef en Isère des Francs-tireurs et partisans français, il a déjà derrière lui une sacrée expérience. Né en Pologne dans une famille d'origine juive, il adhère très vite aux idées de la Troisième Internationale au sein du Parti communiste et part combattre l'armée franquiste en Espagne. C'est avec la même volonté d'en découdre avec le nazisme qu'il se porte volontaire dans l'armée française en 1939, avant d'entrer plus tard dans la lutte clandestine. Au-delà de son parcours, c'est à l'engagement d'un grand nombre d'hommes et de femmes d'origine étrangère qui ont fait la Résistance en France, que ce livre tient à rendre hommage. Avril 2015 Éditions Département de l’Isère / Collection Parcours de résistant 88 pages, 12€
Les Alpes - L'image qu'on s'en fait, l'image qu'on en fait Jiri Benovsky La montagne est différente pour chacun. L'image que l'on s'en fait, et les raisons que l'on a de la parcourir sont souvent personnelles, parfois intimes. On y cherche quelque chose que l'on ne trouve pas ailleurs. Issu de plusieurs années de travail, ce livre du photographe et alpiniste Jiri Benovsky donne accès à de superbes images des Alpes, mais offre aussi une certaine vision de
vage. Un grand prédateur strictement protégé par deux textes internationaux, la convention de Berne et la directive Habitats. Prédateur sur le bétail, aussi ! Éleveurs et bergers, pris par surprise, étaient sommés de retrouver les gestes d'antan pour protéger leurs troupeaux. Une histoire vieille comme l'élevage ! Aujourd'hui, les loups se répandent dans les campagnes. Un défi redoutable pour les éleveurs, un défi, aussi, pour une société qui voudrait des loups dans ses paysages sans renoncer à des gigots et fromages produits dans des conditions naturelles. Après les Alpes, le loup dessine l'avenir de nos campagnes, entre ruralité contemporaine et ensauvagement. Mars 2015 Editions Le Dauphiné Libéré 50 pages, 7,90 €
la montagne. Son travail est marqué par la recherche de lumières et d'ambiances particulières, et par la place proéminente qu'il accorde à l'Homo alpinus qui évolue dans ce milieu à la fois hostile et magnifique. L’ouvrage est également un partage et une invitation à vivre des expériences esthétiques fortes : Jiri Benovsky y propose de nombreux conseils pour permettre à ses lecteurs de réaliser des photographies de montagne. A travers ces conseils pratiques, il offre son expérience du terrain et ses astuces pour réaliser les plus belles prises de vue. Octobre 2014 Editions Slatkine 128 pages, 35€
conflits des siècles derniers mais aussi de s’attarder sur les matheysins disparus en 2014, à travers quatre touchants hommages consacrés à Philippe Poncet, Gilbert Rovetto, Michel Bernard et Fabrice Marchiol. Mai 2015 Editions Musée matheysin 160 pages, 20 €
Mémoire d’Obiou, n°20 La revue annuelle des Amis du Musée matheysin fête ses 20 ans cette année. Elle rassemble une fois encore diverses contributions autour du patrimoine et de l’histoire de la Matheysine, du Beaumont, du Valbonnais et du Trièves. L’occasion de revenir sur la présence des hommes du pays dans les différents
Monestier-de-Clermont terre d'entrepreneurs Allibert,Tarkett, Moncler et les autres... Jean Garnier, Bernard Cotte, Bernard Freydier, Lionel Riondet, Emma Mouret
lée de la Gresse et celle du Drac, Monestier-de-Clermont est un village dauphinois qui ressemble à bien d’autres villages de moyenne montagne… C’est ici que sont nés, à l’aube du XXe siècle et de l’industrialisation, de petits ateliers et de modestes entreprises dont le succès a rapidement dépassé les frontières régionales, hexagonales, voire continentales. Qu’il s’agisse d’Allibert, aujourd’hui devenue Tarkett, leader mondial des revêtements de sol, de Moncler, icône de la mode milanaise dont le nom (Mon-Cler) porte encore l’empreinte monéteronne, c’est cette histoire, à la fois ordinaire et hors du commun, que relate cet ouvrage Mai 2015 Editions Glénat 160 pages, 30€
Du village isérois à la conquête du monde, les parcours surprenants de familles d'entrepreneurs. Niché au pied du Vercors, entre la val-
Premières couleurs. La photographie autochrome Collectif coordonnée par Jean Guibal et Valérie Huss Des photographies en couleurs ! Tous les amateurs en rêvent à la fin du XIXe siècle, dans l'effervescence qui suit la diffusion des premiers daguerréotypes (1839). Cette attente de la polychromie sera comblée par la plaque autochrome des frères Lumière, brevetée
Vienne au crépuscule des templiers Collectif sous la direction de Roger Lauxerois En 1308, le pape Clément V choisit la ville de Vienne pour accueillir le concile général qui met fin définitivement à l’ordre des templiers. Que représentait alors cette petite cité épiscopale qui, aux portes du royaume de France, se
en décembre 1903, et produite industriellement à Lyon à partir de 1907. Très au fait des nouveautés techniques, les amateurs photographes de l'Isère s'approprient le procédé autochrome. Parallèlement, les fabricants d'appareils photographiques, de matériel de laboratoire, de plaques et de papiers, rivalisent d'inventivité. Une offre qui va dans le sens du désir de mobilité du photographe, avec du matériel toujours plus compact, plus léger et plus polyvalent. Mai 2015 Éditions Département de l’Isère / Musée dauphinois 124 pages, 16€
Organiser l'espace sacré au Moyen Âge - Topographie, architecture et liturgie (Rhône-Alpes - Auvergne) Anne Baud, Joëlle Tardieu Percevoir ce qu'était l'espace sacré au Moyen Âge est à la fois simple et complexe, car si la société médiévale est profondément christianisée, il n'en demeure pas moins que déterminer
Un empereur de bronze et de papier Alain Chevalier Le bronze équestre de Napoléon ler réalisé par Emmanuel Frémiet en 1867, dominant la prairie de la rencontre à Laffrey, est aujourd'hui le monument le plus emblématique du 7 mars 1815. Ce jour-là, en Isère, entre Corps et
maintenait pourtant encore dans la dépendance de l’Empire romain germanique ? Comment en est-on arrivé à la suppression de l’ordre des templiers, sorte de compromis entre le pape et le roi de France ? Que sont devenus ceux qui avaient fait l’objet d’enquêtes hors du royaume de France ? Autour de Vienne, de son histoire et de sa cathédrale, qui accueillit les séances plénières du Concile, de nombreux sujets qui traversent la chrétienté de l’époque sont abordés : les mouvements théologiquement déviants et hérétiques, les divisions au sein de l’ordre franciscain ; la question de la croisade contre les infidèles, et la mission en terres musulmanes… Décembre 2014 Éditions PUG Collection La Pierre et l'Ecrit 221 pages, 35 €
Vivre de paysage ou L'impensé de la Raison François Jullien En définissant le paysage comme "la partie d’un pays que la nature présente à un observateur", qu’avons-nous oublié ? Car l'espace ouvert par le paysage est-il bien cette portion d’étendue qu’y découpe l’horizon? Car sommes-nous devant le paysage comme devant un "spectacle"? Et d’abord est-ce seule-
Retrouvez les ouvrages publiés par le Département de l’Isère dans la librairie du patrimoine sur www.isere-culture.fr
l'espace sacré dans sa dimension spatiale n'est guère aisé. Le lieu sacré est lié à la pratique du culte qui se traduit par des rites et des choix liturgiques. À travers un grand nombre d'exemples puisés dans les régions Rhône-Alpes et Auvergne, des archéologues, historiens de l'art et liturgistes, issus de diverses institutions de recherche françaises et réunis en " Action collective de recherche ", offrent ici une approche croisée de l'espace sacré depuis l'Antiquité tardive jusqu'au XVe siècle. L'ouvrage s'appuie sur des études régionales dont plusieurs sont inédites. Juin 2014 ALPARA - Maison de l'Orient et de la Méditerranée, Collection des Documents d'Archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne (DARA n° 40) 328 pages, 38€
Grenoble, Napoléon, empereur déchu, évadé de l'île d'Elbe et en route pour Paris où il espère retrouver son trône, rallie autour de lui grâce à son seul charisme les troupes royales envoyées pour lui barrer la route. Sous le règne de Napoléon III, plusieurs projets de monuments commémoratifs sont imaginés. Finalement c'est celui de la place d'Armes de Grenoble qui aboutit après bien des péripéties. Mis en pièce après la proclamation de la République en 1870, le bronze équestre restauré est installé soixante ans plus tard sur le site historique de Laffrey. À l'occasion du bicentenaire du 7 mars 1815, l'auteur restitue l'histoire de ces images et statues commémoratives depuis leur création jusqu'à nos jours. Juin 2015 Éditions Département de l’Isère / Domaine de Vizille musée de la Révolution française 84 pages, 9€
ment par la vue qu’on peut y accéder – ou que signifie "regarder"? En nommant le paysage "montagne(s)-eau(x)", la Chine, qui est la première civilisation à avoir pensé le paysage, nous sort puissamment de tels partis pris. Elle dit la corrélation du Haut et du Bas, de l’immobile et du mouvant, de ce qui a forme et de ce qui est sans forme, ou encore de ce qu’on voit et de ce qu’on entend... Dans ce champ tensionnel instauré par le paysage, le perceptif devient en même temps affectif ; et de ces formes qui sont aussi des flux se dégage une dimension d’"esprit" qui fait entrer en connivence. Le paysage n’est plus affaire de "vue", mais du vivre. Une invitation à remonter dans les choix impensés de la Raison ; ainsi qu’à reconsidérer notre implication plus riginaire dans le monde. Mars 2014 Editions Gallimard, Collection Bibliothèque des Idées 272 pages, 17,90€
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SOMMAIRE Y 03 Inventaire
S ur le w e b Y
03 • Inventaire du pays voironnais : patrimoine… in progress ! 04 • Un artiste invité 05 • Regards sur l’inventaire
www.isere-culture.fr www.isere-patrimoine.fr www.isere-archives.fr www.ancien-eveche-isere.fr www.musee-dauphinois.fr www.musee-hebert.fr www.musee-hector-berlioz.fr www.musee-revolution-francaise.fr www.musee-saint-antoine.fr www.resistance-en-isere.fr www.saint-hugues-arcabas.fr www.maison-berges.fr www.musee-archeologique-grenoble.fr www.museechampollion-isere.fr
Y 0 6 D ossier Pay sa g e ( s ) 08 • Paysages / Décryptages 10 • Points de vue 12 • Panorama(s) 14 • Paysages et géographie, une relation… sensible ? 15 • Pays, paysans, paysages 16 • Vagabondages d’un historien dans les paysages du Vercors 17 • Anatomie d’un paysage. Le terroir de Charavines en l’an Mil 18 • Nouveaux regards sur le col du Coq
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Y 1 9 P roté g er, restaurer 19 • Vie de château 20 • Le patrimoine de Vienne n’en finit pas de se révéler ! 21 • Moirans, terre d’archéologie 22 • La restauration des peintures de Marc Chabry 23 • Patrimoine en Isère, le label 24 • En bref
Y 2 5 Valoriser , parta g er, innover 25 • Épopée pour piano 26 • L’union fait la force ! 28 • Hommage aux grands hommes 29 • École et patrimoine 30 • En bref
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Y 3 1 M ontrer , exposer 31 • Une exposition et un musée à redécouvrir, « L’Isère en histoire, préhistoire > 20e siècle » 32 • Les musées départementaux 34 • les autres expositions en Isère •
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Y 3 6 L e g uide- lectures •
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Le Journal Patrimoine en Isère Le journal #28 40 pages Septembre 2015 10 000 exemplaires Dépôt légal 3e trimestre 2015 Département de l’Isère 7, rue Fantin-Latour 38031 Grenoble cedex 1 Tel. 04 76 00 31 21 www.isere-patrimoine.fr Directrice de la publication : Valérie-Aube Pellier Rédactrices en chef :
Contributeurs : B. Ailloud (pp 4, 18, 22, 28, 29, 30) ; A. Buffet (p 19) ; A. Cayol-Gerin (pp 3, 27, 28, 30) ; A. Clavier (pp 20, 21, 24, 30) ; È . Feugier (p 29) ; G. Girard (pp 18, 26, 27) ; M. Gotti (pp 34, 35) ; A. Jonquières (pp 23, 24) ; I. lazier (p 31) ; G. Mocellin (p 22) ; F. Pluchart (p 28) ; H. Piguet (pp 6, 7, 8, 9, 25) ; S. Poisson (p 30) ; C. Sapin (p 29) ;
Hélène Piguet et Béatrice Ailloud
A. Troncy (p 25).
09.2015
#28
Crédits photos : T. Bazin (pp 3, 4, 5) ; A. Bosio (p 8) ; B. Bodin (p 18) ; Département de l’Isère (pp 20, 21, 23, 24, 27, 29, 30) ; Domaine de Vizille (pp 19, 28 ) ; E. Eymard-Duverney (p 28 ) ; C. Hélie/Gallimard (p 12) ; Isère tourisme (p 30) ; Musée dauphinois (pp 6, 7, 15, 16, 28, 29) ; Musée de Grenoble (p 9) ; Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye (p 22) ; Musée Hébert (p 10, 11) ; Musée Hector-Berlioz (p 25) ; Scenocosme (p 27) ; D. Vinçon (p 26) ; 7Légo (p 27)
Couverture : Détails de 4 œuvres d’Hippolyte Mouthier, Charles Bertier, Louis Vagnat et Jules Flandrin, coll. Musée dauphinois et musée Hébert Conception graphique : Denis Vedelago Impression : Imprimerie Cusin