A L P E S I S ( H ) E R E M AG A Z I N E # 0 1 I ÉVASION
#5 HIVER 2019-2020 G R AT U I T
LE MAGAZINE SOURCE DE HAUTEUR
, e r è s I ’ L e r u t a n entre é t r e b i l et LA CARTE DES STATIONS ISÉROISES
À deux
LE CHARME DES BALCONS DU DAUPHINÉ 1
En tribu
RANDONNÉE NORDIQUE EN PULKA
Dossier
L’ISÈRE, TERRE DE RÉSISTANCE
ISÈRE EN QUELQUES MOTS AALLPPEESS I SI S( H E ) ERREE MMAG AGAAZZI N I NEE ##0051 II MON ÉVASION
Ici, c’est chez moi !
SAMI BOUA JIL A
Ici, c’est chez moi ! Chaque fois que je reviens, souvent après plusieurs mois de tournage, je retrouve ma famille, mes copains, mes montagnes. J’ai le sentiment de rentrer dans ma tanière. p gra oto lli, ph ©Élise Pine
Comme la plupart des petits Grenoblois, je suis né à La Tronche il y a 53 ans. Mais j’ai passé l’essentiel de mon enfance à Échirolles, dans le quartier de Gâtinais, où mes parents
pl de he
se sont installés en 1974. C’est là que j’ai été déniaisé, que j’ai tout découvert : la vie, la culture, le théâtre. Je dois beaucoup à tout
at ea u
ce tissu associatif local alors très actif, qui m’a sorti du ghetto mental de la cité. Après un CAP de tourneur, je me préparais à devenir entraîneur de natation. Puis je me suis inscrit à un atelier de théâtre un été et ça m’a pris
Combattant valeureux dans Indigènes
aux tripes. Sur le plateau, on apprenait la psychologie des personnages avant
(2006), bouleversant d’humanité
d’arriver au texte. L’année suivante, je suis entré au conservatoire régional de
et de justesse pour Omar m’a tuer (2011), irrésistiblement drôle dans Good Luck Algeria (2016)… En trente ans, depuis son tout premier rôle au cinéma dans La Thune de Philippe Galand, ce comédien isérois d’origine tunisienne, César du meilleur acteur en 2008 pour son interprétation dans Les Témoins d’André Téchiné, a incarné pas moins de cinquante personnages au cinéma, au théâtre ou au petit écran avec toujours autant de justesse. L’été dernier, il est revenu dans
Je suis monté à Paris à 24 ans pour mon premier rôle, j’y ai vécu une douzaine d’années. Mais dès que j’ai pu, je suis revenu m’installer dans ma région, dans le massif de Belledonne, avec ma femme et nos deux enfants. Ils ont maintenant 21 et 18 ans, mais c’est ici au village que je les ai vus grandir, qu’on a passé du temps ensemble, à faire du snowboard sur les pentes de Chamrousse, à randonner dans le Vercors… C’est la deuxième fois que Farid (Bentoumi) me fait revenir chez moi pour jouer la comédie – la première c’était il y a quatre ans, pour Good Luck Algeria. J’avoue que c’est très troublant : j’ai l’impression de me dédoubler !
ses montagnes pour le deuxième
Heureusement, c’est un excellent directeur d’acteur : je me glisse derrière
long-métrage de Farid Bentoumi,
lui pour plonger dans la peau du personnage. La montagne est omniprésente
Rouge – attendu sur les écrans pour le printemps 2020 – où on le verra cette fois dans la peau d’un délégué du personnel tiraillé entre son rôle de père et les intérêts de son entreprise,
à l’image dans son film et l’Isère offre tous les décors possibles. Aujourd’hui, je suis à un tournant de ma vie personnelle, je vais suivre mon fils à Bruxelles - il rentre à l’école Saint-Luc pour des études d’art. Mais je garde
une usine chimique (aux côtés
mes attaches à Grenoble : mon père, mon frère, mon salon de thé de la rue
de Zita Hanrot, Céline Sallette
Chenoise à Grenoble, mes librairies préférées, mes petits restos – le Goût des
et Olivier Gourmet).
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Grenoble. Puis j’ai été reçu à l’école de la Comédie de Saint-Étienne.
Autres, la Corne d’or à Corenc…
En
ISÈRE FAITES LE PLEIN
d’
expériences 7 IDÉ ES DE WE EK- EN D
Le Magazine © P. Jayet
56 PAGES POUR S’INSPIRER, RESPIRER, SAVOURER…
DOSS IER © P. Jayet
8 Randonnée nordique en pulka sur les Hauts-Plateaux du Vercors
14 Bons baisers du grand blanc, à Chamrousse
SAVE URS
18 Équipée sauvage en Oisans la potion magique
24 Vacances à l’école… dans le Vercors 26 Journée grand ski en famille aux 2 Alpes
36 Le charme indéfinissable des Balcons du Dauphiné
© D.R.
20 Art et nature en Chartreuse :
29 D ans les pas des Résistants autour de Grenoble
MADE IN ISÈRE
40 Masherbrum : la fibre nature
12 Des plantes qui résistent au froid 16 Ces corvidés qui vivent près de nous
41 Safeco : des jacquards hauts en couleurs
© F. Pattou
NATU RE ISH ER E
42 Reltex : des semelles uniques au monde 43 Jacques Nonnet : la musique au bout des doigts
46 Emplettes gourmandes au marché de Vienne
48 Duclos-Gonet : des pâtes de tradition fermière
50 À la table de Florian Poyet (Badine) et de
© A. Gelin
Bertrand Rivoal (La Table de la Fontaine)
Photo de Une : ©David Boudin Les crêtes du Vercors dans la mer de nuages ONT PARTICIPÉ À L’ÉLABORATION DE CE MAGAZINE Directeur de publication : Vincent Delaitre / Directeur de la rédaction : Hervé Bodeau / Coordination : Véronique Granger et Sophie Battaglia / Rédaction : Annick Berlioz, Véronique Granger / Cette publication a été réalisée par Isère tourisme avec le Département de l’Isère et les Offices de tourisme isérois / Création de la maquette : Matt Design & Communication / Mise en page : Richard Andrieux, Stéphane Dugne et Christophe Juvanon / Photo de couverture : David Boudin / Photographes : Stéphane Berthier, Emmanuel Bertrand, Jean-Marc Blache, David Boudin, Aurélien Breysse, Jocelyn Chavy, Pascale Cholette, Alexandre Gelin, Thomas Hytte - Klip.fr, Pierre Jayet, Didier Jungers, Frédéric Pattou, Elsa Pinelli, Cyril Quintard, Laurent Salino / Chargée de la diffusion : Hélène Cougouille / Coordination-impression : BLG Toul / Tirage : 655 000 exemplaires / Dépôt légal : ISSN 2608-9211
info@isere-tourisme.com - evasion.ishere.fr
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#AlpesIsHere © P. Jayet
Plus d’une centaine d’œuvres du peintre Arcabas décorent la petite église Saint-Hugues, à Saint-Pierre-de-Chartreuse. Il aura fallu plus de trente années à l’artiste pour les réaliser ! (voir aussi p. 23)
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#AlpesIsHere Pause selfie sur le Belvédère des Écrins, sur le sommet du glacier du Soreiller, à 3 400 mètres d’altitude (accessible par les pistes à la station des 2 Alpes). Cette étroite passerelle de sept mètres de long offre 1 400 mètres de « gaz » et une vue à 360° sur les plus beaux sommets environnants.
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© A. Gelin
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EN TRIBU
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e é n n o d Ran n pulka e e u q i d nor S U R L E S H A U T S - P L AT E A U X D U V E R C O R S
Pour une parenthèse dans le Grand Nord, Régis a emmené sa sœur et ses neveux bivouaquer dans l’immensité blanche des Hauts-Plateaux, arrimés à des pulkas… PAR VÉRONIQUE G R ANGE R - PHOTOS : AL E XANDRE GE L IN
> Le toit du Vercors : l’un des plus vastes déserts d’altitude d’Europe. 9
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EN TRIBU
> Utilisée par les peuples nordiques pour transporter leur maison, la pulka permet de charrier des kilos de matériel sans forcer.
«L
e ski de randonnée nordique, c’est avant tout un état d’esprit ! prévient Régis Cahn, fondateur d’Aventure Nordique. On se déplace dans la neige vierge, en pleine nature, dans une approche contemplative ou ludique… On suit les traces des animaux, on prend le temps de regarder les paysages qui changent… C’est un peu un retour aux origines du ski, moyen de déplacement inventé par les peuples nordiques pour arpenter les espaces enneigés.»
vont découvrir cette fois la pulka : ce traîneau utilisé par les Samis pour transporter leur maison permet de charrier plusieurs kilos de matériel bien mieux qu’un sac à dos, sur les reliefs vallonnés. Avant de partir, Régis s’est assuré de bonnes conditions météo – quand le blizzard souffle et que tombe un épais brouillard, on a vite fait de perdre tous ses repères…
, i k s u d s e n i g i r o x “Un retour au dans la nature” en immersion
Habitant de Méaudre, sur le plateau du Vercors, Régis Cahn est un authentique passionné, qui aime à faire partager son amour pour ce territoire du Vercors. Chaque hiver en février, il organise l’Aventure nordique, un raid à ski de trois jours a v e c pulkas dans le Vercors, encadré par des professionnels, pour faire découvrir cette activité et la réserve des Hauts-Plateaux. Ce désert d’altitude, étendu sur quarante kilomètres du nord au sud sur le toit du Vercors, est l’un des plus grands d’Europe et la plus vaste réserve naturelle de France. Un décor incroyable à nos portes ! Pour cette expédition avec sa sœur et ses neveux (quinze et dix-huit ans), Régis a choisi un itinéraire sur deux jours, empruntant en grande partie le GR 91. L’objectif, au départ du golf de Corrençon-en-Vercors, est de bivouaquer au refuge de la Jasse du Play, au cœur de la réserve : une cabane rustique, avec un poêle à bois et une simple table. Immersion totale garantie ! Olivia, Pablo et Estéban, s’ils ont déjà pu expérimenter le ski de randonnée nordique à la journée, 10
Il a aussi veillé sur l’équipement de ses protégés : les températures dégringolent vite en-dessous de zéro avec la nuit.
Pour l’heure, évoluant à pas feutrés sous un ciel d’azur, la petite équipée s’enfonce dans la forêt le long des crêtes. Au 45e parallèle, un planisphère de marbre matérialise cette ligne virtuelle, pile à mi-chemin entre l’Équateur et le pôle Nord… Encore une heure, et la cabane de Carrette se profile au milieu d’une vaste clairière avec sa cheminée qui fume, à 1355 mètres d’altitude. Pour beaucoup, c’est le but de la balade. C’est ici que commence la vraie aventure pour Olivia et ses enfants. Face aux Hauts-Plateaux qui semblent s’étirer à l’infini, dans le grand silence, la caravane entame sa redescente dans l’épaisse couche neigeuse, vers la prairie de Darbounouse. Régis rappelle que c’est ici, dans ce décor lunaire, que les Alliés lâchèrent leur premier parachutage d’armes et de vêtements chauds pour
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RNER OÙ SÉJOU
?
Le gîte Arcanson À AU TR ANS-MÉAUD RE
© Thomas Hytte – Klip.fr
Sur le plateau du Vercors, cette maison typique aux pignons lauzés propose des séjours et initiations accompagnées en randonnée nordique. Au retour d’une journée de ski sauvage, on profite du spa extérieur en bois de cèdre rouge et du sauna panoramique, et on se laisse cocooner autour d’une table gourmande. www.arcanson.com 04 76 95 23 51
Quel équipement ?
les maquisards du Vercors, en novembre 1943. Le soleil rougeoie à l’horizon sur le Vercors, terre de liberté et de conquête… Après un bon thé, il est temps d’attaquer la dernière montée entre les sapins à travers le canyon des Erges pour arriver à l’abri avant la nuit. En savoir plus : www.skirandonneenordique.com http://bit.ly/34HjHlR
• Des skis larges et dotés d’écailles anti-recul sous les semelles, pour pouvoir évoluer aisément sur tout type de neige sur des terrains vallonnés. . . Des peaux de phoque (à glisser au fond du sac), indispensables dès que les pentes se relèvent ! • Des chaussures et fixations laissant les talons libres • Et un minimum de technique pour trouver son équilibre et vivre au mieux un retour au ski des origines, mais avec un matériel autrement plus léger ! 11
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NATURE
s e t n a l 7p
r e v i h n e s e n g a t n o m de nos S’ADAPTER AU FROID LEURS ASTUCES POUR N N Y L E B AG O U S S E E C - D E S S I N S : FA PA R A R N A U D C A L L
Edelweiss :
l’étoile des glaciers TAILLE : 8-20 cm HABITAT : pelouses rocailleuses alpines FLORAISON : juillet à septembre ALTITUDE : 2 000 à 3 000 m SIGNES PARTICULIERS : Sa sève
épaisse lui permet de résister à de très basses températures et ses nombreux poils la protègent de la sécheresse. La structure de ses poils carénés dévie les rayons ultraviolets. Grâce à sa petite taille, la fleur est aussi abritée par la neige qui fait office d’isolant.
Silène acaule : le pionnier TAILLE : 1 - 3 cm HABITAT : pierriers, terrains rocailleux FLORAISON : juin-août ALTITUDE : 1 800 à 3 700 m SIGNES PARTICULIERS : Sa forme
en coussin lui permet de résister au vent, mais surtout de créer un microclimat plus favorable à sa croissance (de 0,06 et 1,82 cm par an). Certains silènes ont jusqu’à 350 ans ! 12
Renoncule des glaciers : l’alpiniste
TAILLE : 5-20 cm HABITAT : éboulis, moraines, fentes
de rochers FLORAISON : mai-août ALTITUDE : 2 000 à 3 800 m SIGNES PARTICULIERS : Voici l’une
des rares plantes capables de vivre au-delà de 4 000 m et de subir des amplitudes de plus de 50 °C. Son secret ? Des feuilles charnues et peu nombreuses, des graines protégées et une floraison rapide !
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Rhododendron : l’arbre à roses
Mousses :
TAILLE : 50-120 cm HABITAT : limite supérieure de la forêt et des derniers
les discrètes
arbres (dite « zone de combat ») FLORAISON : juillet-août ALTITUDE : 1 200 à 3 200 m SIGNES PARTICULIERS : Il garde tout l’hiver ses feuilles
TAILLE : quelques cm HABITAT : tous les milieux SIGNES PARTICULIERS : On ne
les remarque pas, pourtant il existe 781 espèces différentes de bryophytes en Isère. Elles existent depuis plus de 400 millions d’années, capables de résister au froid mais ayant toujours besoin d’un peu d’eau à un moment de l’année. Leur développement sur milieux rocheux favorise la création de micro-sols puis la colonisation par d’autres végétaux !
rigides, luisantes et vert foncé et bénéficie de la protection du manteau neigeux contre le gel – ses branches souples s’abaissant sous le poids de la neige.
Saule herbacé :
un des plus petits arbres du monde TAILLE : 2 à 8 cm de hauteur HABITAT : combes à neige FLORAISON : juin à août ALTITUDE : 1 200 à 2 800 mètres SIGNES PARTICULIERS : Ce nanisme est une forme d’adaptation aux
conditions rigoureuses. Son tronc et ses rameaux sont souterrains : seules les feuilles, fleurs et fruits se développent à la surface du sol à la bonne saison.
Pin à crochet : l’ancien TAILLE : atteint 20 m HABITAT : pentes abruptes, falaises, éboulis FLORAISON : mai-juillet ALTITUDE : 1 000 à 2 550 m SIGNES PARTICULIERS : Survivant de l’ère glaciaire, il résiste au froid,
à la sécheresse et au vent. Dans le Vercors, une étude de sa croissance a démontré qu’il est un bio-indicateur du changement climatique.
Connaître la biodiversité, ça commence à côté de nous • À la découverte des fleurs des Alpes. Les guides de terrain des parcs nationaux de France. (Glénat) • Guide des fleurs de montagne. Guides du Naturaliste. (Delachaux et Niestlé) www.gentiana.org : Association botanique qui organise des sorties toute l’année en Isère. 13
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s r e s i a b s n o B c n a l b d n a r du g À CHAMROUSSE
Pourquoi partir au bout du monde ? Le temps d’un week-end, Laure et Antonin, chaussés de leurs peaux de phoques synthétiques, ont vécu la vie des Inuits dans le massif de Belledonne, à deux pas de Grenoble, au cours d’une randonnée à ski à travers les grands espaces.
© J. Chavy
PAR VÉRONIQUE GR ANGE R
L’
agglomération grenobloise émerge doucement de la brume en contrebas, à une dizaine de minutes à vol d’oiseau. Sortant de leur igloo à 1 800 mètres d’altitude, frais et dispos après une nuit de rêve, Laure et Antonin ont pourtant l’impression de revenir d’une longue expédition. Quelle aventure, cette ascension à ski dans le grand blanc au milieu des pins à crochets et des pins cembro enneigés, au sommet, à la Croix de Chamrousse, avec cette vue à 360 degrés sur les Alpes… jusqu’à cette soirée incroyable dans un village de glace. Ils n’en reviennent toujours pas ! 14
Partis la veille de Bachat-Bouloud, ces deux baroudeurs dans l’âme, venus en Isère pour leurs études, n’ont guère parcouru que quatre kilomètres et cinq cent dix mètres de dénivelé pour parvenir au sommet, à 2 250 mètres d’altitude. Soit deux heures trente de grimpe entrecoupées de pauses photo le long de la piste des Crêtes. Sur un itinéraire balisé et sécurisé, ils ont pu apprécier en toute sérénité une pratique autrefois réservée aux montagnards chevronnés. Bien sûr, le ski de randonnée exige quelques efforts – c’est aussi son but – un minimum de technique et un équipement spécifique. Les skis nécessitent des
© P. Jayet
Nuit douce en igloo
© P. Jayet
À CHAMROU SS E
chaussures et des fixations adaptées qui libèrent le talon à la montée. Le matériel s’est allégé et sophistiqué en quelques années, contribuant à un réel engouement des jeunes. Avant d’investir, Laure et Antonin ont tout de même préféré le louer et opter pour un espace dédié bien encadré – hors-piste mais sans prendre de risques inutiles. Après un déjeuner revigorant sur la terrasse panoramique du restaurant d’altitude de la Croix de Chamrousse, ils ont pu sa-
vourer le bonheur de la glisse dans les paysages sauvages, au-dessus du lac Achard givré en contrebas. Puis le soleil a commencé à embraser le Vercors et les pistes, à se vider. Enfin seuls au monde, ils ont rejoint leur résidence de neige et de glace à Chamrousse 1750 où un « chef esquimau » les a accueillis avec un vin chaud. La soirée ne faisait que commencer… Toutes les infos : www.chamrousse.com
Dormir en pleine montagne dans un nid « douillet » de glace et de neige : le rêve devient réalité dans ce village igloo qui renaît chaque année aux premiers gels avec ses décors sculptés toujours différents. Après un chocolat ou un vin chaud au coin du feu de camp, on se régale d’une bonne fondue aux chandelles, sur les bancs de glace enveloppés de (fausses) fourrures. Le lit aussi est en glace mais dans un bon duvet, aucun risque de grelotter ! « Dehors, la tempête peut souffler et les températures dégringoler bien au-dessous de zéro : on est comme dans un cocon », promet Franck Lecoutre, directeur de l’office de tourisme, qui a testé.
www.blacksheep-igloo.com 09 51 38 88 15 15 13
s é d i v r o c s e C ent autour de nous
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NATURE
qui viv
REMARQUABLEMENT RE » SONT POURTANT GU AU E AIS UV MA DE CONNAISSANCE ? CES OISEAUX DITS « BLES. ET SI ON FAISAIT INTELLIGENTS ET SOCIA Y L E B AG O U S S E E C / D E S S I N FA N N PA R A R N A U D C A L L
Joueurs Comme tous les corvidés, les grands corbeaux adorent jouer ! On a pu les observer en train de faire de la luge sur le dos ou de se laisser glisser et rouler. Voyez comme ils s’amusent à se percher la tête en bas !
Imitateurs Le saviez-vous ? Les corvidés ont une gamme de cris et chants très variée. Le grand corbeau ou le geai sont capables d’imiter le son d’autres oiseaux et même… celui des humains !
Formicage Les geais prennent des bains de fourmilière. L’acide formique projeté par les fourmis pour se défendre leur permet d’éliminer les parasites de leur corps : étonnant !
Empathiques Grâce au test du miroir et d’autres expériences, la pie a démontré qu’elle avait une conscience de soi et pouvait comme les autres corvidés faire preuve d’empathie. 16
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Malins Le cassenoix et le geai sont les deux rares espèces qui constituent des réserves de graines pour l’hiver. Le cassenoix aménage ainsi des milliers de cachettes dans la terre, qu’il retrouve à plus de 80 %, même sous la neige. Observés par un autre oiseau, les corvidés peuvent faire semblant de cacher leur nourriture dans un endroit, puis la dissimuler ailleurs.
Voltigeurs Les chocards à bec jaune, souvent appelés choucas, adorent partager notre pique-nique. Attention toutefois : comme tous les oiseaux, ils ne digèrent pas le pain. Vous pourrez les voir en train de voltiger en groupe jusqu’à 3 800 mètres d’altitude.
Astucieuses Les corneilles ont trouvé un moyen simple pour ouvrir les noix : elles les déposent au niveau d’un feu rouge et attendent qu’un véhicule roule dessus !
Courageux Les corneilles et les grands corbeaux n’hésitent pas à poursuivre avec ténacité les rapaces (aigles, buses) qui traversent leur territoire !
Sociables Les grands groupes de corvidés qui nous survolent peuvent être soit des corbeaux ou chocards (ou choucas) qui nichent en colonie, soit des jeunes qui se retrouvent pour vivre ensemble avant de se mettre en couple pour la vie. Ces moments passés en communs seraient cruciaux pour leur développement individuel.
Connaître la biodiversité, ça commence à côté de nous Pour en savoir plus : www.inpn.mnhn.fr www.nature-isere.fr www.biodiversité.isere.fr www.vogelwarte.ch/fr/shop/brochures/noir-gai-et-ruse-comme-un-corvide https://lesmalaimesjadore.org/» 17
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> L’itinéraire des Perrins, l’un des plus beaux du massif des Grandes Rousses, servit en 1944 à évacuer les blessés de l’hôpital d’Huez.
ENTRE
AMIS
e g a v u a s e é p i Équ EN OISANS
Avides de vastes espaces et de glisse à n’en plus finir, Hugo, Magali et leur bande de copains sont partis avec un guide pour une virée aux Perrins, spot mythique des riders, à Oz-en-Oisans. PAR VÉ RONIQUE GR ANGE R
N
ichée au milieu des sapins à 1 350 mètres d’altitude, la station-village d’Oz-en-Oisans, directement connectée aux 250 kilomètres de pistes de l’Alpe d’Huez Grand Domaine Ski, offre une multitude d’itinéraires hors-pistes facilement accessibles en téléphérique aux amoureux de la glisse. Côté ouest, l’itinéraire des Perrins, dominé par le glacier du massif des Grandes Rousses, compte parmi les spots bien connus, avec ses espaces variés plongeant sur la vallée de l’Eau d’Olle et le massif de Belledonne. Couloirs, traversées, pentes raides, pentes douces… « Ici, on a un concentré de sensations hors-pistes », assure Pascal, guide de haute montagne à l’ESF (École du Ski Français) des Grandes Rousses. Pas question de partir seuls - même s’ils sont tous skieurs confirmés. L’itinéraire n’est pas si facile à repérer et le terrain, relativement complexe - « skier » la neige non damée requiert une vraie culture montagnarde. Après s’être assuré des conditions météo, leur guide leur rappelle avant de partir les consignes de sécurité et les règles d’utilisation du kit 18
indispensable à tout skieur hors-piste : le trio DVA (pour la localisation en surface), sonde (pour la mesure de profondeur) et pelle. Direction ensuite le téléphérique pour une ascension à 2⁄800 mètres, au sommet du Dôme des Rousses. Au niveau de la cabane des pisteurs, le petit groupe quitte le domaine skiable en direction du lac de la Fare. Après un démarrage en douceur via des petites combes faciles, l’entrée sud du couloir des Perrins conduit vers un corridor plus secret, une pente à 25° – la partie la plus soutenue du parcours... À la sortie, place à une toile grandeur nature au plus près des falaises habillées de cascades de glace : magique ! « C’est sûrement l’un des plus beaux parcours du massif. Et c’est en plus un lieu chargé d’histoire puisqu’en 1944, cet itinéraire a permis l’évacuation de l’hôpital de campagne d’Huez », souligne le guide. La descente rejoint ensuite les pistes de ski de l’Alpe d’Huez Grand Domaine au niveau du plateau de l’Alpette. Le plaisir
© P. Cholette
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? OÙ DORMIR
Le Moontain Hostel OZ-EN-OI SANS
Entre l’auberge de jeunesse « nouvelle génération » et l’hôtel design, ce concept d’hébergement spécial globe-trotteurs, très tendance dans les grandes villes, se décline désormais à la montagne. Au-delà de la simple nuitée, on partage un moment convivial au milieu des champs de neige, avec de vastes espaces communs - terrasse, feu de cheminée, bibliothèque, service de restauration à base de produits locaux,
Une toile grandeur nature, tout près des cascades de glace... de la glisse se poursuit alors en douceur par 700 mètres de dénivelé, entre falaises et vue plongeante sur le lac du Verney. Il est temps pour les skieurs de rejoindre, sans déchausser, le centre de la station d’Oz-en-Oisans et de faire une pause en terrasse… Toutes les infos : www.oz-en-oisans.com
Savoir utiliser son DVA Pour une utilisation efficace, il faut un minimum d’entraînement avant de partir. Et bien faire un test émission-réception de son DVA (détecteur de victime d’avalanches) ! L’Anena (Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches) propose des séances de sensibilisation à la sécurité hors pistes et au matériel dès 25 € la demi-journée. Renseignements et insciptions : www.anena.org
© Office du tourisme Oz-en-Oisans
© L. Salino
04 76 79 84 49 www.moontain-hostel.com
AURE OÙ SE REST
© L. Salino
laverie... Idéal en solo comme en bande.
R ?
L’île d’Oz OZ-EN-OI SANS
Accessible directement depuis les pistes, cette île paradisiaque au-dessus de la mer de nuages abrite un restaurant idéalement situé à 2000 mètres d’altitude sous le plateau de l’Alpette. La vue depuis la terrasse est panoramique ! On dépose ses skis à l’entrée et on savoure une cuisine maison raffinée, montagnarde (mais pas que), à base de produits frais et locaux.
04 76 80 78 96
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DÉCOUVERTE DUO
e r u t a n t e t r A : e s u e r t r a h en C e u q i g a m n la potio L’hiver dernier, Ludivine et Thomas ont passé six jours aux Ateliers du Cucheron, havre de paix situé au cœur du massif de la Chartreuse. Ici, les bienfaits de la nature alliés à ceux de l’art composent la recette d’un élixir magique.
© A. Gelin
PAR ANNICK BE RL IOZ
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> Le monastère de la Grande Chartreuse. 21
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DÉCOUVERTE DUO
“Esprit de partage et de convivialité” «
accueillons aussi des expositions et parfois même, des artistes en résidence, qui présentent leurs créations dans le salon », raconte Jérôme. Mais l’essentiel se trouve à l’extérieur, lorsque les paysages ont revêtu leur grand manteau blanc. « Il suffit de pousser le portail pour se retrouver en forêt. Le départ du sentier qui conduit au Grand Som, le deuxième plus haut sommet du massif (2 026 mètres), se fait juste devant la maison », poursuit Jérôme. Pour profiter pleinement de leur séjour, Ludivine et Thomas ont fait appel à François Ruby. Moniteur de ski nordique et accompagnateur en montagne, il connaît tous les secrets du lieu. Avec lui, ils ont profité de deux sorties. Une première de trois heures en raquettes dans le Désert de la Grande Chartreuse : c’est là que saint Bruno, fondateur de l’ordre des Chartreux, est venu s’installer en 1084. « Entre marche et silence, François nous a fait voyager
© Pascale Cholette
On n’avait pas d’autre objectif que de se promener dans les forêts inondées par la belle lumière d’hiver et de savourer l’instant présent », confie Ludivine, 28 ans. Avec son compagnon Thomas, cette Stéphanoise a passé six jours de rêve en Chartreuse en janvier dernier aux Ateliers du Cucheron, une maison d’hôtes située à Saint-Pierre-de-Chartreuse à 1 140 mètres d’altitude. Cet ancien hôtel-restaurant, construit dans les années 1930, a été restauré avec simplicité. Les chambres épurées sont confortables et tout a été aménagé pour qu’on se sente comme chez soi. Pas de télévision, mais dans le salon commun, une grande bibliothèque avec des livres, des DVD et de nombreux jeux de société à découvrir après une journée de balade ou de ski. Laure et Jérôme Belmont-Tatin, propriétaires du lieu, sont passionnés de voyages et de rencontres. « Nous aimons ouvrir notre maison à des personnes très différentes. Tout au long de l’année, nous
> L’ancien hôtel-restaurant de 1930 s’est transformé en gîte de charme, “Les Ateliers du Cucheron”, accueillant régulièrement des artistes. 22
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© A. Gelin
Halte culturelle au Musée Arcabas À SAINT-PIERRE-DE-CH ARTRE U SE
© Pascale Cholette
OÙ DÉJEUNER
hors du temps à travers une forêt de hêtres et d’épicéas, labellisée Forêt d’exception. Le monastère s’est dévoilé petit à petit. Au gré des haltes, il nous a lu de très beaux textes sur la contemplation », se réjouit Thomas. Le jeune couple a aussi pu s’initier au ski hok, un subtil mélange de ski de randonnée nordique et de raquettes à neige. Et pour finir la journée, une petite détente dans le bain nordique avant les bons petits plats de Jérôme. Au
choix : fondue au fromage d’Hérens, croziflette au délice de Chartreuse, la fameuse Cucheronnade ou autres spécialités à base de produits du terroir qui réchauffent le corps et le cœur. 04 76 77 04 35 www.lesateliersducucheron.com Toutes les infos : chartreuse-tourisme.com
?
© D.R.
> Randonnée au Grand Som, au-dessus du monastère de la Grande Chartreuse.
D’emblée, nous sommes éblouis par les couleurs et le charme de cette petite église néo-romane du XIXe siècle. Ici, l’artiste isérois Arcabas, décédé à Saint-Pierre-de-Chartreuse en août 2018, nous a laissé l’un de ses chefs-d’œuvre. Quelles que soient nos croyances, le charme opère. Face à nous, une frise sur toile de jute ocre charbon et craie ceinture l’édifice avec dans le chœur, la vie divine et dans la nef, la vie humaine. Les amateurs d’art contemporain apprécieront la série plus abstraite symbolisant un bestiaire et la Passion.
04 76 88 65 01 musees.isere.fr/musee/ musee-arcabas-en-chartreuse 23
A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5 I EN
FAMILLE
… e l l i m a f n e s e Vacanc
à l’école ! DANS LE VERCORS
Depuis deux ans, Olivier, Séverine et leurs deux enfants passent leurs vacances d’hiver au Val-de-Lans, sur le plateau du Vercors, dans une ancienne école transformée en gîte. Tout autour, un formidable terrain de jeu s’offre à eux.
© D.Boudin
PAR ANNICK BE RL IOZ
O
livier, qui a vécu longtemps à Grenoble, habite aujourd’hui avec sa petite famille dans la région parisienne. Il connaît bien le Vercors. « Pour les vacances d’hiver, je recherchais un gîte reposant qui nous permette de profiter pleinement du plateau. Ici, nous avons trouvé du calme et un accueil très chaleureux. Dormir dans une ancienne école a beaucoup amusé les enfants ! », témoigne-t-il. Tombé sous le charme de La Petite École, il y revient chaque hiver avec son épouse Séverine et ses deux enfants, Émilie, 6 ans et Nathan, 10 ans. Situé sur le côté ensoleillé du Val-de-Lans, à mi-chemin entre Lans-en-Vercors et Villard-de-Lans, cet ancien établissement scolaire a été entièrement réaménagé par David et Marie-Alice Boudin. À l’intérieur, ils proposent deux gîtes, l’un au rez-de-chaussée et l’autre sous les toits. Les fenêtres, la cour de récréation et le mot « école » ont été conservés à l’identique au-dessus de la porte. David Boudin est également accompagnateur en montagne, photographe et auteur de plusieurs ouvrages sur le Vercors. Il aime faire découvrir son territoire. « Le calme, la diversité des activités et l’ambiance familiale sont les principaux atouts du Vercors. Les for-
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faits sont abordables et on peut skier tranquillement », explique t-il. PREMIERS FLOCONS
Le plateau du Vercors est aussi un endroit idéal pour apprendre à skier aux enfants. C’est d’ailleurs ici qu’Émilie et Nathan ont décroché leurs premiers flocons. Sur Lans-en-Vercors, à 1 400 mètres d’altitude, une école de ski est ouverte aux débutants. On peut s’initier en groupe ou en cours particulier au snowboard, au ski alpin et au ski de fond. « Nous accueillons les enfants dès l’âge de quatre ans, rappelle Damien Roche, moniteur de ski. L’idée est de leur faire découvrir des sensations de glisse en s’amusant. » Avec cette technique, les enfants progressent très rapidement. « Au bout de six heures, ils étaient « tout shuss » sur des pistes à faible pente et prenaient le tire-fesse sans appréhension », se réjouit Séverine, la maman. Les enfants apprécient aussi beaucoup le luge park de la colline des bains et le centre aquatique de Villard-de-Lans. www.gite-lapetiteecole.com Toutes les infos : www.lansenvercors.com
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© D.R.
À VISITER
La Magie des automates À LANS-EN-VERCORS
Dès qu’ils franchissent la porte, les enfants ont les yeux ébahis. Devant eux, s’ouvre un monde merveilleux peuplés de personnages animés : 350 animaux et poupées mécaniques sont mis en scène dans des situations féériques. Dans une autre salle, plusieurs automates sont présentés de manière interactive pour dévoiler leurs secrets de fabrication. Créé par Alain Bardo, artiste passionné de décoration, ce musée est unique en son genre. À l’extérieur, des petits chalets en bois animés accueillent les familles et leur racontent les traditions du Vercors. 04 76 95 40 14 www.magiedesautomates.fr
OÙ PRENDRE
UN GOÛTER
?
L’auberge des Allières
© D.Boudin
“ici, on découvre les plaisirs de la neige en s’amusant ”
© D.Boudin
À LANS-EN-VERCORS
Facilement accessible à pied ou en raquettes avec des enfants, cette charmante petite auberge de montagne est une bonne idée de balade, pour un goûter en famille au milieu des champs de neige. 04 76 94 32 52 www.aubergedesallieres.com 25
A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5 I
DÉCOUVERTE
Journée grand ski en famille AUX 2 ALPES
Entre 1 650 et 3 600 mètres d’altitude, la station de l’Oisans déroule sur deux versants l’un des plus hauts domaines skiables des Alpes, avec des pentes uniques en Europe ! Pour en profiter pleinement avec leurs deux ados, Lucie et François ont demandé à Pierre, moniteur de l’École de Ski Français (ESF), de les accompagner.
© A. Gelin
PAR VÉ RONIQUE GR ANGE R
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eux jours. C’est le temps dont disposent Lucie et François pour s’offrir une bonne bouffée d’oxygène et d’adrénaline en montagne avec leurs deux ados de treize et seize ans. Avec son célèbre glacier, ses 200 kilomètres de pistes et son ambiance réputée, la station des 2 Alpes est une valeur sûre ! Pour optimiser leur séjour – et parfaire leur style dans les virages –, ils ont réservé un moniteur diplômé de l’ESF pour la journée. « On est tous bons skieurs, assure François. Mais notre dernière sortie commence à dater et on ne connaît pas le domaine ! » Bonnet blanc et tenue rouge intégrale (conformément à la légende !), Pierre les retrouve à huit heures du matin au chalet Mounier, où la petite famille a pris ses quartiers. Après un petit débriefing autour d’un café – pour vérifier notamment qu’ils ont bien tous un niveau homogène -, direction le Jandri Express, qui les hisse en trente minutes au pied du glacier, à 3 200 mètres. « On a la particularité d’avoir un domaine inversé, avec trois longs plateaux horizontaux, précise Xavier Sillon, directeur de l’ESF : les pistes les plus faciles sont en haut ! Si on débute, on n’a pas la frustration de devoir rester en bas. » Même pour les plus « blasés » des ados, difficile d’échap26
per à l’effet « wouaw » quand on arrive en haut du glacier (3 600 mètres), face à cette vue à 360° sur les sommets des Écrins, les aiguilles d’Arve et le Mont-Blanc. La poudreuse toute fraîche, vierge de traces, a un attrait irrésistible ! « C’est le plus grand glacier skiable d’Europe », glisse Pierre. Les conditions sont idéales pour s’échauffer sur ce dôme de dix-huit hectares. Encore quelques conseils et révisions, et la tribu peut enfin s’élancer tout schuss vers le secteur de la Toura (2 600 mètres)… Après une pause déjeuner dans l’un des restaurants d’altitude – le chalet Toura, tout en rondins, propose plats traditionnels montagnards ou snacking – Pierre suggère une petite escapade hors-piste, maintenant qu’ils sont bien aguerris. En dérivant vers les Fées, ils peuvent aussi dévaler direct l’une des pistes (bleue, rouge et noire) qui plonge jusqu’à la station, 1 300 mètres plus bas... Les petites boutiques et les bars branchés s’alignent sur deux kilomètres en front de neige, sur l’avenue de la Muzelle – du nom de ce gros rocher de 3 400 mètres qui surplombe les 2 Alpes. La journée intense n’est pas terminée ! Pour aller plus loin : www.les 2alpes.com
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© Chalet Mounier
R? OÙ SÉJOURNE
Le Chalet Mounier AU X 2 ALPES
© A. Gelin
Tenu par la famille Mounier depuis 1933, cet authentique chalet de montagne, situé au cœur de la station, propose 43 chambres (dont six duplex familiaux) et un confort quatre étoiles avec piscine, jacuzzi, hammam... Ambiance cosy et chaleureuse garantie !
www.chalet-mounier.com 04 76 80 56 90
TROIS CONSEILS DE PRO
PAR XAVIER SILLON, DIRECTEUR DE L’ESF DES 2 ALPES (200 moniteurs et monitrices)
Le ski exige un minimum de condition physique : si on est fatigué, il faut savoir s’écouter.
Bien s’échauffer sur une piste facile avant de se foncer dans la poudreuse : il faut savoir patienter pour bien profiter ensuite ! www.esf2alpes.com
© A. Gelin
Partir bien couvert pour éviter de se contracter (et de se faire mal).
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EN QUÊTE DE L’ART SPOLIÉ EN PARTENARIAT AVEC
AVEC LE SOUTIEN DE
© Musée de Valence photo Philippe Petiot
EXPOSITION PRÉSENTÉE À PARTIR DU 5 NOVEMBRE 2019
MÉMOIRE I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5
Des maquisards devant la Préfecture à la Libération de Grenoble, le 22 août 1944.
L’Isère nce a t s i s é R e d terre NORD ISÈRE
CHARTREUSE CHAMBARAN VERCORS
BELLEDONNE
GRENOBLE OISANS
©MRDI - Département de l’Isère
TRIÈVES
Auréolée de sa couronne de montagnes et de ses hautes technologies, la métropole grenobloise regarde résolument vers l’avenir. Celle qui fut la capitale des maquis alpins n’en cultive pas moins la mémoire de tous ceux qui défendirent nos valeurs et notre liberté durant la Seconde Guerre mondiale. Visite dans les pas des Résistants. PAR VÉ RONIQUE GR ANGE R
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A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5 I MÉMOIRE
Ullibusam harum et faccatum, soluptiis autenes siminis alignatur auda vel inctio totas quias essinime consequ iducidebit as imus consequi bea dolum quamus.
©D. Boudin
Cillicia cum harum fugit ad
La nécropole de Saint-Nizier-du-Moucherotte : c’est ici, devant l’un des plus beaux panoramas des Alpes, que 250 maquisards tinrent tête aux assauts allemands le 13 juin 1944.
S
quare des Fusillés, rue des Martyrs, Esplanade des communes, Compagnon de la Libération… Les plaques et les monuments de marbre le rappellent régulièrement au visiteur : sa liberté retrouvée le 22 août 1944, Grenoble l’a reconquise de haute lutte ! La ville fut d’ailleurs honorée parmi les cinq communes de France Compagnon de la Libération (avec Vassieux-en-Vercors). Dès juin 1940, juste après la signature de l’armistice, l’Armée des Alpes livre des derniers combats et oblige les troupes allemandes à battre en retraite à Voreppe. La ville ne sera pas occupée par une armée étrangère avant 1942, et l’Isère devient un refuge pour de nombreux étrangers, parmi lesquels de nombreux juifs persécutés – dont la chanteuse Barbara à Saint-Marcellin. Le lycée polonais Cyprian Norwid, créé en 1939 à Paris, s’installe sur le plateau 30
© Dauphiné Libéré, droits de reproduction interdits
du Vercors à Villard-de-Lans. Le doyen René Gosse, l’un des initiateurs du pôle scientifique grenoblois, s’engage tout de suite aux côtés du Général de Gaulle après son appel du 18 juin, publié dans Le Petit Dauphinois. Assassiné par la police nazie en 1943, il aura le temps d’organiser les premières filières de renseignements avec les Alliés (réseau Marco-Polo). L’ISÈRE, TERRE DE REFUGE
Les grands mouvements de résistance, Combat, FrancTireur ou Libération-Sud, auront tous leurs correspondants à Grenoble. La capitale des Alpes fut en effet une résistante de la première heure, multipliant les actes de patriotisme et de sabotage parfois spectaculaires – comme les explosions du polygone d’artillerie et de la caserne de Bonne,
MÉMOIRE I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5
Groupe de maquisards à Engins dans le Vercors, en juin 1944.
À LIRE
Les Justes de l’Isère La place centrale de Prélenfrey-du-Gua se nomme « place des Justes ». Durant la guerre, grâce à la solidarité des habitants, cinquante et un Juifs trouvèrent en effet refuge dans ce joli petit hameau des contreforts du Vercors, perché à 900 mètres d’altitude. Transformée en préventorium pour soigner les enfants tuberculeux, la vaste maison familiale des Guidi accueillit pas moins de vingt enfants juifs en parfaite santé. Hélène et André Guidi, ainsi que l’infirmière Anne Wahl (qui veillait sur ces enfants au quotidien) comptent parmi les 134 Isérois titulaires de la médaille de « Justes parmi les Nations » – décernée par l’État d’Israël aux personnes qui sauvèrent des Juifs au péril de leur vie, entre 1935 et 1945. Beaucoup la reçurent d’ailleurs à titre posthume comme Xavier et Marie-Françoise de Virieu, bien connus dans la région pour leur action dans la
À partir de l’hiver 1942-1943, avec l’occupation allemande, la répression va se durcir. Rafles, déportations, assassinats... La « Saint-Barthélemy grenobloise » en novembre 1943 décapite l’organisation de la Résistance. Pourtant, la mise en place du Service du travail obligatoire (STO) pousse un nombre croissant de jeunes à rejoindre les maquis dans les massifs environnants : le Vercors mais aussi les Chambaran, la Chartreuse, le Grésivaudan, l’Oisans, le Trièves ou le nord du département abriteront des milliers de clandestins, peu experts au maniement des armes... mais déterminés à en découdre. En mars 1943, un certain Henri Grouès, vicaire à la cathé-
ABSOLUMEN À VISITER
T
Le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère À G RENOBLE
Grâce aux dernières technologies numériques, ce musée d’histoire et de société nous téléporte dans l’atmosphère de l’Isère durant ces années noires, avec ses traîtres et ses héros. Une visite incontournable.
14, rue Hébert 04 76 42 38 53 - musees.isere.fr
©F. Pattou
ou l’attaque du siège de la milice, place Victor-Hugo, par Paul Vallier.
Résistance, qui ont caché deux familles juives polonaises dans leur château de Virieu-sur-Bourbre. Mais pour l’historien Olivier Cogne (aujourd’hui directeur du Musée dauphinois), qui a supervisé un ouvrage sur le sujet, nombre de ces résistants du quotidien restent et resteront anonymes. « À une époque où les vieux démons du racisme et de l’antisémitisme reviennent à la surface, c’est une belle leçon d’humanisme ! »
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MÉMOIRE I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5
L’abbé Pierre, inaugurant le monument aux morts de Malleval en 1947.
À VOIR
Héroïnes de l ’ombre
drale de Grenoble, futur Abbé Pierre, accueille ces têtes brûlées au « maquis Palace », une grange sur les hauteurs de Voreppe. Non loin de là, à Saint-Pierre-de-Chartreuse, les pères chartreux, qui ont tout juste réintégré leur monastère en juin 1940 après 37 ans d’exil, participent au mouvement en cachant du matériel et des hommes. DANS LE VERCORS ET EN OISANS
Transféré à Malleval, dans le Vercors, le maquis Palace connaîtra une fin tragique en janvier 1944 comme tous les autres maquis du Vercors. Dans cette citadelle de calcaire soi-disant inviolable, pas une grotte, un col ou une cabane de berger qui n’évoque le calvaire de ces milliers de jeunes de tous horizons – cheminots, intellectuels, paysans, commerçants ou ouvriers… – qui doivent combattre la peur, l’isolement et les problèmes de ravitaillement ! Sur les hauteurs de Villard-de-Lans, les ruines calcinées du hameau de Valchevrière, totalement incendié en juillet 1944, témoignent de la férocité avec laquelle 10 000 hommes de la Wehrmacht réduisent à néant, en trois jours, les espoirs de ces combattants de l’ombre, livrés à eux-mêmes. Parmi les 800 victimes figure l’écrivain et journaliste Jean Prévost, ami de Pierre Dalloz, auteur du fameux « plan Montagnards » qui devait faire du Vercors la base aéroportée des Alliés. Le renfort allié tant attendu n’est jamais venu… Et le Général de Gaulle n’eut peutêtre jamais vent du projet. L’Oisans est un autre haut lieu de résistance. Sous le commandement d’André Lespiau dit « Lanvin », ancien des troupes coloniales, une armée clandestine et cosmopolite de 1 500 hommes – tirailleurs indochinois, Africains, Polonais, Russes, Tunisiens ou Espagnols ou Français réfractaires au STO… – mène une guérilla sans merci contre l’occupant.
Les Iséroises ne furent pas en reste durant la Résistance. Citons Marie Reynoard, professeure de lettres au lycée Stendhal, qui fit de son appartement le QG du mouvement Combat en 1941 ou Marguerite Gonnet, mère de neuf garçons, ? qui prit la tête de la section départementale de OÙ DÉJEUNER Libération Sud… Rose Valland, native de Saint-Étienne de SaintGeoirs, alors employée comme attachée de conservation au musée du Jeu de Paume à Paris, mena quant à elle son combat sur le front de l’art : tenant une liste de tous les tableaux spoliés aux familles juives et en transit pour l’Allemagne, qui passaient par le musée, elle a permis le rapatriement de 60 000 œuvres d’art (dont des Rembrandt, Vermeer, Cézanne, Gauguin, Modigliani ou Renoir…) volées par les nazis. Rose Valland a été incarnée par Cate Blanchett dans le film de Georges Clooney, Monument’s Men. Cet hiver, on pourra découvrir son histoire et ses faits d’armes dans une exposition passionnante au Musée dauphinois :
Rose Valland, en quête de l’art spolié (jusqu’au 15 avril 2020). 33
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NER OÙ SÉJOUR
?
L ’hôtel Okko, à Grenoble
L’établissement (quatre étoiles) est un QG idéal pour un parcours mémoriel dans la capitale des Alpes, face à l’éco-quartier en plein renouveau de la caserne de Bonne. Dans celle-ci, l’ancien polygone d’artillerie, qui abritait le stock de munitions de l’armée allemande, fut totalement soufflé par la Résistance le 2 décembre 1943 lors d’un attentat spectaculaire.
www.okkohotels.com 04 85 19 00 10
Le Splendid, dans le Vercors
©D. Boudin
La Chapelle de Valchevrière, seule rescapée des affrontements des 22 et 23 juillet 1944, au-dessus de Villard-de-Lans.
Cet ancien hôtel de style art déco bâti en 1937, au centre de Villard-de-Lans, n’a rien perdu de son cachet historique avec ses fresques en trompe-l’œil. Transformé en résidence hôtelière avec 33 appartements de charme tout équipés face aux montagnes, il ouvre une nouvelle page de sa longue histoire (locations pour deux nuits minimum).
Le 15 août 1944, suite au débarquement de Provence, les Allemands se replient et les résistants de l’Oisans peuvent participer à la Libération de Grenoble. Le 22 août, les maquisards organisent la traque des miliciens et des derniers soldats allemands. Trois cents d’entre eux sont faits prisonniers au château de Vizille, fief de la Révolution française. Le 5 novembre, le général de Gaulle rendra hommage aux Grenoblois place Pasteur. Une plaque commémorative rappelle aux passants ces événements dramatiques. Juste en face, l’immense fresque réalisée l’été dernier par le street-artiste américain Shepard Fairey, intitulée « Peace », attire aussi les regards. Soixante-dix ans après, si la guerre n’est plus qu’un lointain souvenir, le message de paix reste d’actualité !
www.le-splendid-villarddelans.com 04 38 88 11 89
ER ? OÙ DÉJEUN
À VISITER
L ’hôtel du Parc
Chez Chavant, à Bresson
Une plaque sur les murs du château le rappelle : le site, construit en 1760 autour d’un parc de deux hectares au centre du bourg, abrita à partir de 1940 « le seul établissement polonais d’enseignement libre en Europe occupée ». Des centaines de jeunes polonais et une partie de l’intelligentsia de Varsovie exilée trouvèrent ici un refuge chaleureux pendant la guerre et partagèrent la vie de la population villardienne. Les départs clandestins pour Londres, les morts aux combats de Vassieux et la trentaine de déportés, ont créé des liens indéfectibles. Le bâtiment, transformé après guerre en centre de vacances, a été aujourd’hui totale34
©D.R.
À VIL L ARD -D E -L AN S
ment réhabilité pour accueillir le nouvel office de tourisme, avec en son sein un petit musée dédié à cette histoire.
www.villarddelans.com
À l’orée de Grenoble, cette chaleureuse auberge familiale est une institution depuis 1852. Si sa propriétaire, Danielle Chavant, n’a aucun lien de parenté avec le chef civil du maquis du Vercors Eugène Chavant, sa famille n’en prit pas moins sa part dans la Résistance en cachant une famille juive, les Keins, dans sa maison de campagne attenante à l’auberge. On imagine l’angoisse quotidienne quand celle-ci fut réquisitionnée par les Allemands, en 1942 ! Dégustant un « homard brûleur de loup » ou sa fameuse crêpe Suzette, dans la salle à manger vêtue de boiseries, ces souvenirs paraissent bien lointains. Mais on sent ici comme un supplément d’âme…
www.chavanthotel.com 04 76 25 25 38
A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5 I
EN
DUO
e l b a s s i n i f é d n i e Le charm des
s n o c l a B iné h p u a D du
À 30 kilomètres de Lyon, la cité médiévale de Crémieu nous dévoile ses charmes préservés. Chaque année, de nombreux visiteurs viennent arpenter ses ruelles. Marie-Line et Jean nous racontent leur voyage dans le temps.
©P. Jayet
PAR ANNICK BE RL IOZ
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> Le charme de la cité médiévale de Crémieu se dévoile aussi en hiver.
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> À l’intérieur de la halle de Crémieu, se trouvent encore des vasques qui servaient à mesurer le grain.
EN
DUO
> La cité fortifiée de Morestel séduisit Ravier, Corot, Turner et de nombreux artistes paysagistes. 38
Le clou de la visite est la halle du XVe siècle, l’une des plus grandes de France ! Elle est recouverte d’un toit en lauzes de 400 tonnes supporté par une charpente en bois. A Crémieu, chaque rue raconte une histoire. Les habitants disent que ses pierres ont une âme et aiment valoriser leur village par des fêtes, dont la célèbre foire aux Dindes, instaurée en 1783, qui se tient chaque année le deuxième dimanche de décembre. LUMIÈRES DE MORESTEL
Si vous avez le temps, faites un détour par la petite ville fortifiée de Morestel, à vingt-cinq kilomètres de Crémieu. Sa lumière si particulière a séduit de nombreux artistes peintres du XIXe siècle – dont le paysagiste François-Auguste Ravier, qui a passé ici les vingt-huit dernières années de sa vie. Vous y découvrirez son église du XVe siècle, de très belles maisons bourgeoises, mais aussi sa tour, dernier vestige du château du XIe siècle, qui offre une vue à 360° sur toute la région. Toutes les infos : www.tousauxbalcons.com
© Bertrand
près avoir longé un impressionnant défilé de falaises, nous avons découvert cette charmante petite cité médiévale. Il y avait une douce lumière d’hiver. J’ai photographié la ville sous toutes ses coutures, pendant que Marie-Line, mon épouse, réalisait des aquarelles », témoigne Jean, 57 ans. Crémieu est une ville pleine de charme. Passé la porte de la Loi et l’épaisse muraille, on plonge au Moyen Âge, à l’époque des troubadours. Résidence des Dauphins dès le XIIe siècle, la cité abrita de nombreux ordres religieux et connut une période très prospère grâce à sa situation privilégiée, au carrefour du Dauphiné et de l’Italie. Du XIVe au XVIe siècle, on y frappait la monnaie ! De ce passé prestigieux, subsistent de nombreux témoins. La ville ne compte pas moins de vingtet-un monuments classés ou inscrits aux Monuments historiques, parmi lesquels ses remparts fortifiés. Ici, le temps semble comme suspendu. « Toutes les ruelles sont recouvertes de pavés et bordées de maisons aux couleurs pastel », détaille Marie-Line. Ce couple de Grenoblois a commencé sa visite par l’hôtel de ville, où demeurent les vestiges de l’ancien couvent bâti par les moines Augustins entre le XIVe et le XVIIe siècle. À côté, se trouve un petit cloître d’où l’on peut apercevoir le clocher de l’église Saint-Jean-Baptiste, recelant un ensemble exceptionnel de peintures augustéennes des XIVe et XVe siècles. Jean et Marie-Line ont ensuite déambulé dans le centre historique, où subsistent une trentaine de maisons à échoppes typiques de la Renaissance, avec leurs fenêtres cintrées ou à anses de paniers. « On peut voir comment on y vivait. Le commerce était au rezde-chaussée et l’habitation au premier étage. Aujourd’hui, ces boutiques regorgent de galeries d’art, de magasins d’antiquité et de petits ateliers d’artisans », commente Jean.
© D. Jungers
«A
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R? OÙ SÉJOURNE
Le château de Chapeau Cornu ➢À VIG NIEU
Bâti au XIII siècle à Vignieu sur l’emplacement d’une ancienne maison forte, ce château est devenu un hôtel quatre étoiles avec restaurant gastronomique (Le Capella), brandy bar, spa, salle de sport... Sous les voûtes de pierre, les salles de réception nous ramènent au temps des seigneurs avec tout autour un parc de neuf hectares avec son étang. e
© T. Buccino
© DR
04 74 27 79 00 www.chateau-chapeau-cornu.fr
OÙ CHINER ?
Le village des brocanteurs
ER ? QUE RAMEN
À T IG NIE U - JAME YZIE U
La bière des Ursulines
© DR
Vous êtes en quête d’un objet insolite pour décorer votre maison ? Situé sur la RD 517, entre Pont-deChéruy et Crémieu, le village des brocanteurs accueille en permanence vingt-cinq brocanteurs. Installés dans des containers, ils vous proposent leurs trésors : Jean-Yves et ses armoires industrielles, Olivier et son mobilier antique et des cadres dorés la feuille d’or, Béatrice et ses vêtements vintage, Denis et ses livres anciens… Et aussi, cinq décoratrices qui remettent des meubles au goût du jour et vous conseillent. Un bar-restaurant avec terrasse est ouvert à midi du mercredi au dimanche.
À Crémieu, la bière a un caractère sacré ! Installé dans la chapelle de l’ancien couvent des Ursulines, au cœur de la cité médiévale, Olivier Bourgaud fabrique depuis 2007 une bière artisanale à base de céréales maltées. Douze bières différentes, dont la « Médiévale », sont proposées et conditionnées dans d’élégantes bouteilles. Tout au long de l’année, des visites commentées sont organisées. Le soir, la brasserie se transforme en pub et programme souvent des concerts les vendredis et les samedis. 04 74 83 60 35 www.biere-les-ursulines.com
© DR
06 78 51 84 41 levillagedesbrocanteurs@gmail.com Les samedis, dimanches et jours fériés de 9 h à 17 h de novembre à mars (de 8 h à 18 h le reste de l’année).
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© D.R.
A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5 I MADE IN ISÈRE
MASHERBRUM :
la Fibre Nature ! À GRENOBLE
Le Masherbrum est l’un des sommets les plus mystérieux et difficiles au monde au Pakistan (7 821 mètres). Depuis 2015, c’est aussi une marque iséroise de vêtements éco-responsables tout doux pour les amoureux de la montagne.
C
ôté sommets, vous êtes plutôt Écrins, Belledonne, Chartreuse ou Vercors ? À moins que vous ne préfériez le Mont Aiguille ? Affichez vos opinions avec les T-shirts bio et respirants de Masherbrum, la petite marque iséroise qui grimpe ! Derrière ses designs alpins épurés, se trouve un passionné de montagne et d’alpinisme, Boris Pivaudran. Doté d’un joli coup de crayon, ce jeune créateur originaire des Alpes Maritimes, diplômé d’une école de commerce, a imaginé une ligne de vêtements sportswear pour hommes et femmes alliant performance et respect de la nature, cohérente avec ses valeurs. Et il a choisi de s’installer au cœur des Alpes de l’Isère, là où se concentre un maximum de pratiquants de sports nature. « La plupart des grandes marques de textiles outdoor ne font pas les efforts suffisants pour réduire leur empreinte environnementale et 40
utilisent presque exclusivement des matières issues de la pétrochimie non recyclées. Notre nouvelle gamme technique est conçue à base de fibres de hêtre et d’eucalyptus provenant de forêts européennes éco-gérées, couplées à des fibres issues à 100 % de polyester recyclé. » Pour l’heure, la production est réalisée hors de France – seule la sérigraphie est faite à Grenoble. Boris a toutefois la volonté de tout rapatrier dans la région pour les prochaines séries, « pour pouvoir maîtriser toutes les étapes de la confection, du fil au produit fini. Et réduire les transports ! Il faudra peut-être augmenter un peu nos prix. Mais là aussi, il faut peut-être réfléchir : chaque Français achète en moyenne neuf kilos de vêtements par an… » Et si on consommait moins, mais mieux ? www.masherbrum.fr
MADE IN ISÈRE I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5
Safeco : des Jacquards hauts en couleurs
À G I L LO N N AY Ethniques, géométriques ou exotiques, les étoffes jacquard de Safeco, tissées à Gillonnay, habillent les intérieurs chics et cosy dans le monde entier. À la pointe des tendances déco ! eaucoup d’entreprises textiles ont délocalisé leur production à l’étranger. Installés dans le sud de la France depuis 1992, Rajaï Safadi et son fils Ezzat, fondateurs de Safeco, ont fait le choix au contraire de produire leurs tissus d’ameublement en Isère, en rachetant les bâtiments d’une ancienne usine de tissage à Gillonnay, en 1995 – un coin de campagne dans la Bièvre réputé pour son savoir-faire textile. Une trentaine de métiers à tisser à mécanique jacquard – qui permettent de réaliser des motifs complexes – ont pris place dans les locaux. Végétaux, animaux, têtes de mort ou dessins géométriques, à la pointe de la tendance déco cet hiver, apparaissent comme par magie dans une savante chorégraphie de fils multicolores. Pas d’impression ni de broderie : avec le tissage jacquard, tout est dans la texture ! L’invention au XIXe siècle du lyonnais Jacques-Marie Jacquard avait provoqué à l’époque la fameuse révolte des canuts (les ouvriers du textile). À l’ère électronique, exit les anciennes machines à cartons perforés,
ancêtres de l’ordinateur. Tout est désormais piloté par informatique. « On change de dessin beaucoup plus facilement. On a gagné en compétitivité et en fiabilité ! », souligne Amar Benahcene, directeur du site. Les créations textiles sorties du studio de design de Safeco près d’Aix-en-Provence arrivent ainsi directement sur l’écran à Gillonnay, où sont réalisés les essais. « Chaque nouveau motif est un challenge ! », poursuit le directeur. L’usine, qui emploie vingt-trois salariés, dispose aussi de son propre atelier d’ourdissage pour préparer les chaînes de fils – un gage de réactivité par rapport à la concurrence. Les toiles jacquard écrues ou colorées partent ensuite subir un dernier apprêt dans l’unité de teinture du groupe à Tarare (dans le Rhône). Elles habilleront fauteuils, rideaux, nappes ou coussins. Safeco, qui produit deux millions de mètres de toiles chaque année, emploie au total cinquante personnes en France et propose trois mille références à son catalogue. www.safeco.fr © D.R.
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©J. M. Blache
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x lte Re des semelles uniques au monde À VA L - D E - V I R I E U
Depuis près de 50 ans, la société Reltex, à Val-de-Virieu, fabrique des semelles d’usure à partir de lait d’hévéa, selon un procédé unique au monde. L’entreprise a été répertoriée à l’inventaire des métiers d’art rares de l’UNESCO et labellisée Entreprise du patrimoine vivant.
«C
hez nous, il n’y a pas de machine : tout est fabriqué main de A à Z. Nos semelles nécessitent chacune une cinquantaine d’opérations manuelles étalées sur une semaine de fabrication, un procédé essentiel pour obtenir un produit d’excellence », explique Brice Giroud, directeur de la société Reltex. Créée en 1970 à Val-de-Virieu, dans la vallée de la Bourbre, cette PME artisanale produit chaque année près de 200 000 paires de semelles en lait d’hévéa pour le compte d’une vingtaine de fabricants de chaussures dans le monde, dont de célèbres maisons françaises comme Louis Vuitton, Arche à Château-Renault, Méphisto en Lorraine, mais aussi de grandes marques italiennes, comme Fratelli-Rossetti, Duca Del nord, Maurizi ou Cucinelli. La matière première est le latex, qui
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coule des arbres d’hévéa de l’Asie du sud-Est. Le procédé est identique à celui utilisé pour la production du fromage blanc : le lait est coulé dans des moules en aluminium, puis chauffé pendant une heure au bain-marie. La semelle est ensuite retirée à la main avec délicatesse, puis refroidie dans l’eau. Le lendemain, elle est entreposée doucement au séchoir où elle sera surveillée et affinée huit jours durant. Il suffira d’ajouter une sève supplémentaire pour obtenir une microstructure pleine de bulles d’air qui jouent un rôle d’amortisseur et apportent une souplesse et un confort exceptionnel au produit. L’entreprise emploie une trentaine de salariés au savoir-faire unique, tous formés maison. www.lactae-hevea.com
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Jacques Nonnet FACTEUR D’ORG UES
La musique au bout des doigts À BERNIN
Dans son atelier de Bernin, dans la vallée du Grésivaudan, Jacques Nonnet imagine, fabrique et restaure les orgues des plus grandes cathédrales et églises de France. Facteur d’orgues, il est le seul en Isère à exercer ce métier.
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on atelier est une vraie caverne d’Ali baba. On y trouve des tuyaux en étain, des soufflets, des casiers en bois, de l’os, des claviers, de l’ébène, des rouages mécaniques et toutes sortes d’outils. Jacques Nonnet, 59 ans, est facteur d’orgues, un métier hérité du compagnonnage et des bâtisseurs de cathédrales, qui nécessite de l’oreille, du doigté, beaucoup de patience et une grande dose d’humilité. Il vient tout juste de rapatrier l’orgue de la cathédrale de Notre-Dame de Senlis, un instrument du XVIIIe siècle démonté pièce par pièce, qu’il devra reconstruire de A à Z (restructuration, restauration, harmonie et accord). Au total, 10 000 heures de travail sont prévues, dont plusieurs centaines pour le raccorder. Jacques est passionné par son métier. « À 22 ans, alors que je préparais des études d’ingénieur, je me suis rendu compte que j’avais des prédispositions pour cet art. Je le dois un peu à mon grandpère qui m’avait transmis le goût du travail manuel accompli. La musique remplissait aussi une grande partie de ma vie. Initié au piano à sept ans, je suis tombé rapidement sous le charme de
l’orgue. J’ai fait mes premières gammes sur celui de ma paroisse lyonnaise dès l’âge de quatorze ans », témoigne-t-il. Après un apprentissage auprès de Barthélémy Formentelli, facteur d’orgue à Vérone, en Italie, Jacques rejoint en 1982 Michel Giroud, artisan réputé dont il prend la succession en 2000. Aujourd’hui, il est à la tête d’une équipe de sept salariés dont il tient à saluer la compétence et le dévouement. Soucieux de transmettre sa passion, il forme régulièrement de jeunes apprentis. En bientôt quarante ans de carrière, il a supervisé une quarantaine de réalisations. La plupart sont des commandes publiques subventionnées par des collectivités (mairies, État…). Parmi les plus récentes, les restaurations des grandes orgues des cathédrales de Montpellier (2013), d’Angoulême (2015) et du Mans (2018). L’Isère lui doit aussi la réalisation de l’orgue de l’église de Bourgd’Oisans (2015). Cette création contemporaine a été financée en quasi-totalité par Claude Oudet, un généreux donateur soucieux d’apporter sa pierre au patrimoine local et à sa paroisse. www.orgues-giroud.com
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Au temps de la ganterie grenobloise Jean Strazzeri, PDG de la ganterie Lesdiguières-Barnier, est le dernier représentant d’une tradition remontant au XVIe siècle : le gant de Grenoble en chevreau.
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ntré en 1964 comme apprenti à la ganterie Lesdiguières, à Grenoble, Jean Strazzeri est aujourd’hui à la tête de cette entreprise de sept salariés fondée en 1885, classée « entreprise du patrimoine vivant ». Seul Meilleur ouvrier de France (MOF) de la profession, ce maître-gantier se bat pour perpétuer un savoir-faire remontant au Moyen Âge, dont il est l’ultime représentant : le gant de Grenoble en peau de chevreau. « On ne trouve plus d’ouvrier formé. Je dois refuser des commandes ! »
La capitale des Alpes fut en effet pendant des siècles la capitale mondiale du gant de luxe, produisant à son apogée au XIXe siècle jusqu’à 18 millions de paires par an (dont 80 % pour l’exportation) ! Cette notoriété remonte au début du XVIe siècle en 1606 quand Mathieu Robert, gantier rue du Palais, obtient le titre suprême de gantier-parfumeur du roi de France, sur recommandation du duc de Lesdiguières. Les gantiers affluèrent alors de partout, pour profiter de l’abondance de peaux de qualité, donnant naissance au XIXe siècle à de grandes manufactures : les Jouvin, Perrin, Terray, Reynier, Vallier ont laissé leurs marques ! Dans le quartier de l’Aigle, les rues portent les nom des villes où s’exportaient les gants : New York, Paris, Londres, Boston. Une famille sur deux vivait de la ganterie dans la région ! En 1835, Xavier Jouvin fit entrer la ganterie grenobloise dans l’ère industrielle en inventant la « main de fer » : cet emporte-pièce, qui permet de couper six paires de gant à la fois et à la bonne taille, est toujours utilisé de nos jours. ERIE RIR LA GANT POUR DÉCOUV
Un atelier boutique. Au 10, rue Voltaire, à la ganterie Lesdiguières-Barnier, on pourra s’offrir une authentique paire de gants de Grenoble en peau de chevreau doublée de soie ou de cachemire, dans un vaste éventail de couleurs. https://ganterielesdiguier.wixsite.com/monsite
Un petit musée. Au 12 rue Saint-Laurent, non loin de la place Xavier Jouvin où trône sa statue, un petit musée fondé par l’arrière-arrière petit-fils de ce dernier présente le matériel utilisé pour la fabrication et de magnifiques modèles d’époque. Uniquement sur rendez-vous : 06 81 78 48 44 www.museedelaganterie.fr
Un guide et un circuit urbain. L’association de sauvegarde et de promotion du gant de Grenoble (ASP2G) a édité un guide avec une carte détaillée permettant de découvrir l’important patrimoine bâti qui témoigne de cette époque glorieuse dans la ville. 44
www.cirig.org/
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Haut la main ! FST HANDWEAR
S’inscrivant dans une longue tradition locale, Benjamin Cuier et Philippe Larguèze ont fait le pari, il y a dix ans, de remettre le gant à la mode en créant une marque chic et choc 100 % française. Le gant de Grenoble est relevé !
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l y a cent ans, les ganteries grenobloises, synonymes de luxe et de glamour, rayonnaient dans le monde entier et le quartier de la rue de New York vibrait au rythme des tanneries. Loin de ces images sépia, l’atelier-showroom de FST Handwear, installé depuis trois ans dans ce quartier historique, hisse haut les couleurs et les imprimés flashy. Avec leur design vintage et leurs matières microfibres doublées de polaire, ces gants new look redeviennent un accessoire de mode qui s’accorde à chaque tenue. « La main, c’est le premier vecteur de communication. Notre volonté est de l’habiller avec un produit de qualité et à un prix abordable, en nous appuyant sur un savoir-faire bien vivant. Tout est créé, imprimé et façonné dans la région, avec des matières made in France et un réseau de partenaires. Nous privilégions l’emploi local », expliquent Benjamin Cuier et Philippe Larguèze, créateurs de la marque. Pannes de velours romantiques, motifs asiatiques, inspirations animalières ou cosmiques
avec les signes du zodiaque : chaque hiver voit naître une vraie collection avec cinquante nouveaux modèles créés (dont quelques uns pour homme). En dix ans, cela fait cinq cent créations originales au catalogue dont le coquelicot stendhalien en rouge et noir – le grand favori ! Les imprimés se déclinent aussi en étoles de cachemire. Avec une production de 15 à 20 000 paires par an, FST Handwear (quatre salariés) se positionne comme le premier gantier de France ! « Nous ne cherchons pas à faire du volume à tout prix, précise Philippe. Notre croissance est entièrement autofinancée. On veut préserver nos valeurs. » Pour privilégier la relation humaine, les créateurs ont ainsi choisi de ne pas vendre sur Internet (hormis les modèles hommes), mais à travers un réseau de 350 boutiques (dont 50 à l’international). www.fsthandwear.com
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SAVEURS
s e d n a m r u o g s e t t e Empl e n n e i V e d é au march
Tous les samedis matins sans exception, Vienne s’anime avec un grand marché en plein cœur de son centre historique - le deuxième plus grand de France ! Anne et Christian en ont fait le tour avec un couple d’amis.
© S. Berthier
© S. Berthier
PAR ANNICK BE RL IOZ
ienne est connue pour ses vestiges antiques. Depuis longtemps, c’est aussi une capitale gastronomique, renommée depuis le XIIIe siècle pour son marché. On y vient de toute la région pour remplir son panier de bons produits du terroir : fromages, viandes, charcuterie, fruits et légumes de saison… Sa taille est impressionnante, sur six kilomètres de linéaire, avec quatre cent forains qui investissent le centre-ville et ses cinq places principales. Partis de la gare, Anne et Christian ont remonté le cours Romestang, où l’on trouve des vêtements et toutes sortes d’objets du quotidien. « Nous sommes venus pour nous faire plaisir aux yeux et aux papilles et sommes ressortis avec de quoi nous régaler. Difficile de résister, tant les couleurs et les odeurs sont alléchantes ! », se réjouit Anne. Le point névralgique se situe place Miremont : à l’est, c’est le marché dit « à la bassine », où l’on achète à celui qui « crie le plus fort » et vend au meilleur prix. À l’ouest, c’est l’espace réservé aux producteurs locaux. « Au moins, on est sûr que tout est frais et local ! », remarque Christian. Faire son marché, c’est aussi l’occasion de rencontrer des personnages « hauts en couleurs », qui entretiennent des relations de confiance avec leurs clients depuis plusieurs générations. Exemple, Gilles Revouy, alias Gilou, agricul46
teur à Cours-et-Buis, qui vient avec sa remorque de fromages et sa citerne à lait. Sa grand-mère Séraphine était déjà sur le marché il y a cent ans ! Beaucoup sont intarissables sur leur métier. Marc Foulon, fumeur de saumon et d’omble chevalier - qui a également une boutique sur le cours de Verdun – vous racontera pourquoi il met huit jours pour fumer ses poissons. Cédric Viallet, producteur de fruits et légumes à Agnin, vous donnera volontiers ses bonnes recettes. Rue Chantelouve, où se concentrent les producteurs bio, Denis Lardin vous fera déguster quant à lui son Pavé viennois, un biscuit qu’il a créé de toutes pièces à base de noisettes de Faramand : « 80 % des ingrédients sont isérois », précise-t-il. En arrivant très tôt le matin, vous pourrez aussi croiser des chefs étoilés. Patrick Henriroux, de la Pyramide à Vienne et Philippe Girardon, du Domaine de Clairefontaine de Chonas-l’Amballan, organisent parfois avec la complicité de Vienne-Condrieu Tourisme des visites guidées pour les passionnés de gastronomie. LE NOUVEAU MUSÉE DE L’INDUSTRIE TEXTILE
Outre la gastronomie et les vieilles pierre, la ville de Vienne possède aussi un important patrimoine industriel. Du XVIIIe
© DR
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SAVEURS I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5
RRE ?
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OÙ DÉJEUNER
Les Saveurs du marché © OT Vienne
À VIENNE
NE ? PRÈS DE VIEN OÙ DORMIR
au XXe siècle, Vienne était spécialisée dans la production de laine cardée et de tissus dédiés à l’armée. Transféré depuis peu dans les locaux de l’ancienne usine Proplan, un site industriel entièrement réhabilité, dans la vallée de la Gère, le musée de la Draperie retrace l’histoire de cette industrie qui faisait vivre une grande partie de la population.
Le gîte Daumus Aurea À RE VENTIN-VAUG RI S
Sur une petite colline, dans un village typique de l’Isère rhodanienne, Elisabeth et Christian Golly vous accueillent dans un gîte de charme pour six personnes dans un cadre chaleureux mêlant tradition et modernité.
Pour aller plus loin : www.vienne-condrieu.com
© A. Breysse
Contacts : 06 81 92 34 36 www.calmeetcosy.fr/
Valérie et Sébastien, maîtres du lieu, vous servent une cuisine de bistrot très soignée, à base de produits du terroir et de recettes traditionnelles. Le menu change tous les jours en fonction du marché. Parmi leurs spécialités, le tendron de veau sauce à l’ail ou la truite de l’Isère, arrosée d’une sauce aux amandes et au citron. Pour le vin, 400 références sont proposées, dont 80 % en provenance de la vallée du Rhône. 04 74 31 65 65 www.lessaveursdumarché.fr
Bacchus and Pool
À la fois bar lounge, café, restaurant et salle de billard, le Bacchus and pool est le lieu où se croisent les cultures et les générations. Une large gamme de vins est aussi proposée au verre ou à la bouteille, ainsi que des plats du jour le midi et une restauration légère le soir. Des soirées à thèmes permettent de s’évader en musique. www.bacchus-pool.fr 04 72 00 80 08
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SAVEURS
t e n o G DuclosD E S PÂT E S D E T R A D I T I O N F E R M I È R E
À Crémieu, Valérie et Xavier fabriquent des pâtes au blé dur avec des céréales 100 % biologiques cultivées sur leur exploitation, selon des procédés à l’ancienne, qui donnent la sensation d’avoir le blé sous la dent.
© F.Pattou
PAR ANNICK BE RL IOZ
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ès que l’on pousse la porte de leur petite boutique, ça sent bon la farine fraîchement moulue. Dans une pièce attenante, Valérie et Xavier écrasent leur blé avec une meule de pierre pour proposer toute une gamme de farines et de pâtes qu’ils écoulent en vente directe à la ferme ou en circuits courts. Revenir à la fonction première et nourricière de l’agriculture était leur projet de vie. En 2006, après 15 ans dans l’industrie agroalimentaire, ils ont repris une exploitation familiale pour devenir paysans pastiers. Ils ont la satisfaction d’avoir 48
pu créer deux emplois. « Nous travaillons à l’ancienne, dans le respect des fondamentaux. Notre blé est récolté en juillet, puis stocké et nettoyé à la ferme. Il est ensuite écrasé avec des meules de pierre au fur et à mesure des besoins », explique Valérie Gonet. La pâte sera tout simplement réalisée à partir de cette semoule avec 30 % d’eau, sans œuf, ni adjonction de sel. En tresses, en coudes (grosses coquillettes), en pennes, en nouilles plates, en coquilles ou en torsades, neuf moules en bronze permettent de donner la forme voulue. Les pâtes sècheront en-
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Certifié
ISHERE
Faire un repas 100 % isérois, c’est possible ! Viande, fromage, charcuterie, miel, biscuits, pain… Comme les pâtes Duclos-Gonet, 835 produits sont labellisés ISHERE : une marque qui garantit leur origine iséroise, une bonne pratique d’élevage, le respect du bien-être animal et une juste rémunération de l’agriculteur, producteur ou artisan. En vente dans une vingtaine de grandes surfaces, mais aussi dans les foires, marchés, magasins bios et commerces de proximité.
suite lentement et à basse température pour garder toute la saveur du blé. Au total, il faudra cinq jours pour passer du grain de blé dur aux pâtes prêtes à déguster ! Nature, au basilic, à l’ail des ours, au curry, au piment d’Espelette ou même à la bière des Ursulines… Une trentaine de références est aujourd’hui proposée. En juin dernier, les pâtes Duclos-Gonet ont obtenu l’agrément ISHERE, qui atteste leur provenance iséroise. www.patesalaferme.fr
© F.Pattou
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* Liste des producteurs, produits agréés et points de vente sur www.ishere.fr
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Un savoir-faire récompensé Créé en 2007, le titre de maître restaurateur est la seule reconnaissance officielle de l’Etat qui récompense la cuisine maison et les restaurateurs de métier.
de l 'Isere
DES FEMMES ET DES HOMMES DE GOÛT
Ils sont une centaine en Isère à arborer le titre officiel de maître-restaurateur : le gage d’une cuisine maison de qualité, privilégiant les produits frais et locaux.
Florian Poyet 30 ANS
CHEF D E L A MAI SON BADINE, À LA TRONCHE
Après le bistrot Badine à Grenoble, ce talentueux jeune chef, qui ne badine pas avec l’amour des bons produits, a investi depuis février dernier une belle bâtisse lumineuse à la Petite Tronche, sur une place verdoyante où coule une fontaine. Les assiettes, tout en touches de couleurs artistiques et en fraîcheur, sont dressées devant vous dans la cuisine ouverte. La carte, renouvelée tous les mois, suit l’inspiration du moment et des saisons, avec un menu du jour (23 euros la formule à midi) et des plats dont l’énoncé met l’eau à la bouche – « cannelloni farci au butternut, noix de Grenoble et champignons », « lotte de Bretagne rôtie et chou farci aux carottes fanes et tomme de chèvre », « filet de bœuf Angus et poireaux brûlés avec pommes de terre confites… »…
« Ma signature? L’instinct et la simplicité », assure Florian. On retrouve cette même exigence dans l’espace « lounge » à l’étage où l’on peut déguster sa cuisine sur un mode décontracté, à l’apéro : la charcuterie truffée, les bouchées au foie gras et les cuisses de grenouille remplacent avantageusement les habituels tapas, avec une sélection de vins souvent en direct du producteur – dont des vins isérois bien sûr. Ouvert du mardi au samedi, midi et soir.
04 76 01 03 33 www.maison-badine.com
Bertrand Rivoal 58 ANS
CHEF D E L A TABLE DE LA F ONTAINE À AU TR ANS-MÉAUDRE EN VERCORS
Son credo : la simplicité et le raffinement. Chef cuisinier de la Table de la Fontaine, un vieux bistrot typique du Vercors situé au cœur de Méaudre, qu’il a rénové avec son épouse en 2016, Bertrand élabore chaque jour un menu différent selon le marché, la saison et son humeur. Reconverti dans la restauration en 2010, et après avoir a fait ses armes auprès du chef étoilé Jérôme Faure de Corrençon, cet ancien directeur de structure associative propose une cuisine de montagne authentique dans le seul souci de faire plaisir, en sublimant les produits du terroir. « Nous nous approvisionnons le plus souvent possible sur le Vercors, directement auprès des fermes du plateau. Nous avons aussi un très bon boucher au centre du village. Nos poissons, fruits et légumes sont livrés trois fois par semaine. Nous n’avons pas de spé-
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cialité, simplement quelques plats à la carte qui mettent en avant les producteurs d’ici et un menu qui n’est jamais écrit à l’avance ! Notre seul objectif est de valoriser le savoir-faire de nos paysans, dans un véritable esprit de convivialité, un peu comme à la maison. »
04 56 17 79 40 www.latabledelafontaine.fr
5 IDÉES EN ISÈRE I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 5
Étonnez-vous ! 5 I D É E S P O U R S E FA I R E P L A I S I R E N I S È R E
1/ Passez-vous un savon (de Grenoble) en douceur…
Photos © D.R.
3/Soignez votre bronzage à la piscine de l’Alpe d’Huez
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www.savonneriedegrenoble.bio
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Photos © D.Boud in
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5/Passez à la raclette au bleu avec la Vercouline
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Surprenez vos invités en remplaçant le traditionnel fromage à raclette par du bleu du Vercors-Sassenage : fondu sur les pommes de terre et la charcuterie, avec une petite salade, c’est un pur régal ! La Vercouline se déguste aussi chez les maîtres-restaurateurs du plateau du Vercors.
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latabledumontquichat.fr
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www.alpedhuez.com
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Photos ©
Plonger dans l’eau turquoise avec vue sur les sommets enneigés, après une belle journée de ski : quel plaisir ! Surnommée « l’île au soleil », la station de l’Oisans permet de se faire bronzer tout l’hiver dans sa piscine découverte. Ouverte tous les jours de 8 h à 20 h (tarifs réduits à l’heure du déjeuner).
Cuisinier de métier, Patrick trouve son inspiration dans la nature. Il vous invite à partager sa passion et vous livre ses astuces de chef dans son chalet, sur les hauteurs de Quaix-enChartreuse, pour un cours de cuisine parents-enfants à base de produits du terroir. De retour à la maison, faire les pommes gaufrées, le chutney coloré à la betterave, la soupe de sorcière au Kiri ou les tartelettes aux groseilles du jardin sera un jeu d’enfant ! Les séances (trois heures) se font par petits groupes - quatre parents et quatre enfants maximum. La Table du Mont Quichat, c’est aussi une excellente table d’hôtes. Comme tout est frais, pensez à réserver à l’avance ! D.R .
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2/ A pprenez à cuisiner en famille en Chartreuse
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… Faites-vous mousser en soignant votre peau avec ces savons ou gels douche 100 % bio et locaux qui fleurent bon le massif de la Chartreuse, le miel, la noix ou la lavande... Affranchis de la cosmétique et des méthodes industrielles, Fred et Franck, créateurs de cette savonnerie artisanale grenobloise, utilisent la recette ancestrale de la saponification à froid (sans cuisson), qui préserve toutes les propriétés hydratantes des huiles.
4/Osez le curling pour épater vos amis
Très populaire au XVIe siècle en Écosse sur les lacs gelés, le curling est un peu la pétanque du grand Nord ! On joue à deux ou trois équipes, sur une piste de glace de 42 mètres de long sur 4,75 m de large, avec un balai et de grosses pierres de granit taillé que l’on doit faire glisser au plus près d’une cible. La station de Vaujany, qui accueille régulièrement les championnats de France, propose des initiations gratuites tous les lundis soir (sur inscription). www.vaujany.com
Toutes les recettes sur : vercors.fr
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LE PANORAMA DES STATIONS Quatre massifs bien typés, trois parcs naturels, des sommets vertigineux et des Hauts Plateaux… il y a mille façons de prendre de la hauteur dans les Alpes de l’Isère ! Retrouvez toutes les informations sur les stations et les activités hivernales sur : EVASION.ISHERE.FR
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©Kaliblue
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r son territoire su s l re tu na s rc a Avec trois p re vous sè 'I l s, in cr É , rs co - Chartreuse, Ver l de nature. o b nd ra g n u re invite à prend
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