#7 HIVER 2020/2021 G R AT U I T
LE MAGAZINE SOURCE DE HAUTEUR
rien
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l e r u t a n s u l de p
LA CARTE DES STATIONS ISÉROISES
Dossier
L’ISÈRE, AUX SOURCES DU BIEN-ÊTRE
À deux
ART ET BEAUTÉ DANS LE PAYS VOIRONNAIS
En famille BELLEDONNE, VERTUEUSE ET MAJESTUEUSE
ISÈRE EN QUELQUES MOTS AALLPPEESS I SI S( H E ) ERREE MMAG AGAAZZI N I NEE ##0071 I I MON ÉVASION
En
ISÈRE,
bien
faites-vous du
Important : Compte tenu de la crise sanitaire et de son évolution incertaine, nous vous invitons avant votre départ que les sites et activités mentionnés sont toujours accessibles.
Dans chaque numéro, la rédaction invite une personnalité iséroise à nous raconter son Isère. Cet hiver, nous avons donné la parole à un Isérois d’adoption : Charles Beaujean, directeur du pôle service d’Uriage (regroupant les Thermes et le Grand Hôtel & Spa Uriage) depuis trois ans et demi.
NAT URE
12 Hibernants et hivernants : leurs stratégies de survie
DO SSI ER
14 Fougères, mousses et lichens :
Le Magazine
toujours verts
16 L’Isère, aux sources du bien-être
56 PAGES POUR S’INSPIRER, RESPIRER, SAVOURER…
Né en Allemagne, j’ai vécu en région parisienne et passé quinze ans
19 L e climatisme dans le Vercors :
en Alsace au sein du groupe Barrière après cinq ans chez Air France,
une histoire, un patrimoine
où j’ai beaucoup voyagé en Afrique. Si j’étais déjà venu dans les Alpes
24 À deux, entre amis ou en famille :
aux sports d’hiver, avant d’arriver ici, je ne connaissais ni l’Isère,
plein d’idées pour se faire du bien
ni Grenoble, ni Belledonne !
dans le massif de Belledonne
J’ai découvert une ville d’eaux réputée depuis le XIXe siècle, où sont
quelques minutes, toutes les conditions sont réunies ici pour se faire du bien, au-delà de la station thermale et de ses cures ! Ce qui m’a d’ailleurs le plus frappé, c’est ce rapport étroit des habitants à la nature et au sport : quelle que soit la saison, les Isérois viennent ici marcher, courir, skier, s’évader et respirer.
32 T rouver la paix intérieure autour ©D.R.
ÉVA SIO N EN FAM ILLE
venues de nombreuses personnalités, et un cadre de vie exceptionnel. Entre le parc, la montagne, les courts de tennis, le golf, la station de ski à
à vérifier
8 Virée à VTT dans les Balcons du
37 A rt et beauté au musée Mainssieux 46 Découvrir l’équithérapie à Roybon
Dauphiné
20 Week-end
de la Grande Chartreuse
grand siècle à Villard-de-Lans
FAIT EN ISÈRE
30 Glisses fun entre potes au
Collet d’Allevard
SAV EUR S
42 Florence Droin, restauratrice de tableaux
40 Séjour à pleins poumons à Vaujany
43 Christel Lagarrigue, luthière dans l’Oisans
Tout comme l’Alsace où les gens sont attachés à des valeurs et à une identité,
44 Christophe Berthier : d’art,
on ressent ici également une vraie fierté des habitants pour leur territoire, leur village,
de verre et de lumière
les produits de leur terroir. Au restaurant d’ailleurs, nous avons cœur à travailler avec ©S. Barral Baron
le boulanger, le fromager, les producteurs de viandes et de légumes locaux : tout est bon et sain, pourquoi aller chercher plus loin ? J’ai découvert aussi la noix
où je vais régulièrement courir ou skier. Mais j’ai l’intention d’aller visiter d’autres stations comme Villard-de-Lans, le fief de Tony Parker. J’aimerais aussi découvrir le village et la région où l’on fait le saint-marcellin : j’adore ce fromage !
Photo de Une : Le village de Chichilianne et le mont Aiguille (Parc naturel régional du Vercors, Trièves) © Pierre Jayet
©Bruno Lavit
Jusqu’à présent, j’ai surtout pris mes marques dans le massif de Belledonne
©D.R.
de Grenoble et la Chartreuse qui sont des incontournables.
39 Bonnat : aux origines du chocolat 48 Safran du Dauphiné : l’or rouge 50 Dans la cuisine des maîtres restaurateurs
ONT PARTICIPÉ À L’ÉLABORATION DE CE MAGAZINE Directeur de publication : Vincent Delaitre / Directeur de la rédaction : Hervé Bodeau / Coordination : Véronique Granger et Sophie Battaglia / Rédaction : Annick Berlioz, Véronique Granger / Cette publication a été réalisée par Isère Attractivité avec le Département de l’Isère et les Offices de tourisme isérois / Création de la maquette : Matt Design & Communication / Mise en page : Richard Andrieux, Stéphane Dugne, Christophe Juvanon, Axel Revellin / Photo de couverture : Pierre Jayet / Photographes : C. Baudat, E. Beallet, D. Boudin, P. Cholette, A. Gelin, T. Hytte, P. Jayet, T. Lefébure, F. Pattou, D. Richalet S. Barral-Baron, B. Lavit, J. Chavy, C. Savary, B. Becker, L. Hernandez, T. Buccino, J. Meunier / Impression sur Papier Respecta 100 (100 % de fibres recyclées) : Maury Imprimeur - 74 route nationale 45300 Le Malesherbois (Manchecourt) /Tirage : 625 000 exemplaires / Dépôt légal : ISSN 2608-9211
info@isere-tourisme.com - WWW.ALPES-ISERE.COM
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A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7 I GRAND ANGLE
#alpesishere © P. Jayet
Le Musée de Grenoble, parmi les plus beaux et anciens de France, abrite la toute première collection d’art moderne hors Paris. Prescription : contempler, ressentir, ralentir…
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A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7 I GRAND ANGLE
#alpesishere
© L. Salino - Alpe d’Huez Tourisme
Le massif de l’Oisans, ainsi que le désignaient les alpinistes de la Belle Époque pour parler du massif des Écrins, est réputé pour son air pur. À la vue de ses cimes enneigées, dominées par le Pic Blanc, on se sent gagné par une sensation de plénitude...
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A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7 I ÉVASION
ÉVASION I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7
EN
FAMILLE
Escapade à V entre étangs, bois et patrimoine D A N S L E S B A LC O N S D U D A U P H I N É
VÉRONIQUE GR ANGER
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©T. Léfébure
Éric, Stéphanie et leur fille Alicia ont enfourché leurs VTT pour une virée nature sur la nouvelle voie verte aménagée entre Crémieu et Arandon, sur l’ancienne voie de chemin de fer de l’Est lyonnais. Une bouffée d’oxygène au départ de l’ancienne cité médiévale.
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ÉVASION I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7
EN
FAMILLE
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© D.R.
©T. Léfébure
OÙ DÉJEUNER
Au Pré d’chez vous À CR ÉMIEU
Face aux halles, dans un décor illuminé de touches d’orange qui suffit à mettre en appétit, la table de Camille et FrançoisXavier Bouvet est garnie de produits locaux travaillés tout en finesse. Authentique passionné, François-Xavier, maître restaurateur, accorde les saveurs en fonction des saisons et des couleurs : velouté de carottes rouge et tomate, escalope de foie gras de canard en direct de l’élevage de Santalé — celui de ses parents ! –, omblechevalier et son fumet safrané, soufflé au chocolat… On voudrait tout goûter !
15, rue Porcherie, 09 83 99 23 28
OÙ DORMIR
©T. Léfébure
Après une bonne balade, on remonte le temps et les siècles dans la cité médiévale de Crémieu, candidate au patrimoine mondial de l’Unesco. Sa halle aux grains date de 1434 !
uand on vit en ville toute l’année, on a parfois besoin de s’échapper pour s’offrir une bonne bouffée d’oxygène… sans faire des kilomètres. Et pourquoi pas une balade à VTT sur la nouvelle voie verte Crémieu-Arandon ? Le circuit, sur dix-huit kilomètres, a l’avantage d’être entièrement plat et de traverser plusieurs espaces naturels protégés. Avant d’enfourcher leurs vélos, Éric, Stéphanie et leur fille Alicia, venus de Lyon, en profitent pour faire une petite visite de Crémieu — point de départ officiel de leur balade. Amoureux de la Toscane, ils sont totalement conquis par la cité médiévale. « Dire qu’on habite à trente minutes d’ici et qu’on ne s’était jamais arrêtés ! », s’étonne Éric. Il faut dire que cette bourgade fortifiée, candidate pour figurer sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, ne manque pas d’arguments. La colline Saint-Hippolyte, le cloître des Augustins ou la halle du XVe siècle, chapeautée par une impressionnante toiture de lauzes, témoignent de sa prospérité passée. Crémieu possédait même son propre atelier monétaire ! Partant sur l’ancienne voie ferrée désormais recouverte de graviers, la petite tribu comprend mieux la présence de tous ces châteaux ou maisons fortes qui agrémentent la campagne crémolane au loin — des demeures privées qui pour la plupart ne se visitent pas. 10
NATURE ET VESTIGES MÉDIÉVAUX L’essentiel du parcours se déroule à travers bois, étangs et marais. Au bout de la voie verte à Arandon, on retrouve la ViaRhôna, cette voie cyclable de huit cents kilomètres qui relie le lac Léman à la Méditerranée. En partant vers la gauche, on rejoint en moins de dix minutes les étangs de la Serre, un site classé espace naturel sensible (ENS) où l’on peut pique-niquer en observant le ballet des cormorans, des hérons ou de la grande aigrette sur l’eau. En une heure, on peut faire le tour des trois plans d’eau, reliques de la dernière glaciation : « Ici comme sur tout le plateau de Crémieu, il y a quinze mille ans, tout était recouvert sous des mètres de glace comme en Alaska », signale Stéphanie — qui a lu le document de l’office de tourisme. Sur les troncs d’arbres, Alicia s’amuse à repérer les traces du castor qui vit dans les pa-
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Les Galapons À T R EP T
Sandrine et Sébastien vous accueillent à mi-parcours dans une grande ferme du XIXe siècle au milieu des bois et des prés : les trois grandes chambres d’hôtes sont aménagées dans une dépendance avec un vaste espace de jeux pour la détente. Sandrine, formée à l’Institut Paul Bocuse, propose aussi une table d’hôtes gourmande avec les produits du marché.
06 61 57 32 84 - www.lesgalapons.fr ET AUSSI…
L’’auberge du Vernay À CH AR R ET T E
Avec spa et centre de bien-être.
www.aubergeduvernay.com 11
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Il double son poids
NATURE
: s t n a n r e v i h t e s t Hibernan passer l'hiver r u o p s e i g é t a r t leurs s
S ET HIVERNANTS MMENT LES HIBERNANT CO IS MA . ER ST RE DE MIGRER, LES AUTRES DE NOURRITURE ? LES UNS ONT CHOISI DE OID ET À LA PÉNURIE FR AU R TE SIS RÉ UR FONT-ILS PO Y L E B AG O U S S E E C / D E S S I N FA N N PA R A R N A U D C A L L
Ils hivernent
Ils Luttent contre le gel
Pour rester à l’abri du gel, les grenouilles, lézards et serpents se réfugient dans l’eau ou dans le sol. Certains comme le lézard vivipare ou la grenouille rousse sont même capables de produire de l’antigel et de résister ainsi à des températures de moins 5° ! Afin de les aider à passer la saison froide, des hibernaculums artificiels ont été aménagés comme à l’espace naturel du Bois de la Bâtie, dans la vallée du Grésivaudan.
Contrairement aux animaux qui rentrent en léthargie totale (hibernation), le blaireau et l’ours sont des hivernants. Leur température baisse peu. Ils se mettent à dormir quand il gèle sans tomber dans un profond engourdissement et se réveillent régulièrement au cours de l’hiver.
Excellent grimpeur, le lérot se régale de mûres, de cornouilles, de pommes, de faînes et de noisettes. C’est aussi le plus carnivore des rongeurs, friand d’escargots, d’araignées, de musaraignes ou d’oisillons ! Durant l’été, pour se préparer à l’hiver, il se constitue des réserves corporelles, jusqu’à doubler son poids initial (de 45 g à 120 g).
Il passe la moitié de sa vie au lit
Le loir n’a pas volé sa réputation : il passe plus de 7 mois en hibernation, d’octobre à mai, dans un nid qu’il s’est aménagé entre 15 et 60 centimètres de profondeur, dans le sol. Tout comme le lérot, le loir a aussi pour habitude de se rassembler avec ses congénères pour passer l’hiver : on a ainsi retrouvé jusqu’à 69 loirs ensemble et 27 lérots dans le même nid. Le reste de l’année, il vit dans un trou d’arbre, un rocher, un bâtiment ou même un nichoir.
Elle fait ses petits en hiver
Comme l’ourse, la blairelle, la femelle du blaireau, donne naissance à ses petits en février ou mars. Le plus étonnant dans cette histoire c’est que l’accouplement a lieu au printemps précédent : l’embryon a connu une pause de 10 mois.
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Le hérisson divise par 10 son rythme cardiaque (de 150 à 15 battements par minute) et n’inspire que 5 fois par minute au lieu de 13 habituellement. Rien de tel pour s’économiser !
Zoom
Si vous dérangez un hibernant… (À ne pas faire !)
Elles dorment la tête en bas
Les chauves-souris se réfugient en hiver dans les grottes où la température reste stable, et dorment la tête en bas : en suspension, leur poids (4 à 9 grammes !) active un tendon qui maintient les griffes en position d’accrochage sans solliciter les muscles. Elles ne dépensent ainsi aucune énergie ! Certaines espèces comme les rhinolophes ont la particularité de s’emmitoufler totalement dans leurs ailes comme dans une grande cape : un moyen de les reconnaître à coup sûr.
Il retient son souffle
Elle économise son énergie
Pour réduire leur métabolisme, les animaux baissent la température de leur corps. Ainsi, la marmotte passe de 37°C à 6°C. Et pour éviter de se refroidir davantage, elle remplit son terrier de foin. Depuis quelques années toutefois, des études ont démontré que la couche isolante de neige, qui lui procure une protection naturelle, tend à diminuer. Du coup, les femelles sont plus maigres à la sortie de l’hiver et il y a moins de naissances au printemps.
Si certains comme le loir ou le lérot restent en léthargie totale, d’autres comme les chauvessouris se réveillent et puisent dans leurs réserves au risque de manquer de nourriture. Laissez-leur de quoi grignoter près de leur nid et si vous avez un jardin, plantez du lierre ou des arbustes (viorne, prunelier, cournouiller sanguin) qui donnent des fruits pendant l’hiver.
Pour en savoir plus ou faire des sorties : • biodiversite.isere.fr • isere.lpo.fr
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NATURE
s e r è g u o f , s e s s u Mo ! s t r e v s r u o j u o t : s ou lichen
NNÉES, Y A 400 MILLIONS D’A APPARUS SUR TERRE IL PLANTES S LE SES ET LICHENS SONT LES FOUGÈRES, MOUS LES PLUS PRIMITIVES. TES SANS FLEURS, YPTOGAMES, CES PLAN CR S DE E LL MI FA LA DE ÈRES. CHENT BIEN DES MYST GRAINES OU FRUITS CA
Les lichens Les lichens sont le résultat d’un mariage entre un champignon et une algue : l’un apporte les éléments minéraux, l’autre les matières organiques grâce à la photosynthèse. L’un des plus connus en montagne est le rhizocarpon geographicum : avec ses jolis dessins jaune et noir, il colonise les rochers siliceux. Il grandit de 0,1 à 0,3 mm par an et peut vivre plus de 4 500 ans !
Saviez-vous qu’il existe 43 espèces de fougères en Isère, toutes différentes par leurs formes ? L’une des plus communes est la fougère-aigle, reconnaissable à ses feuilles découpées. Lorsque vous en croisez une, soulevez ses frondes (les feuilles) et vous y découvrirez le secret de sa reproduction : des taches oranges, les sporange. Ce sont ses futures semences. Les fougères se développent aussi grâce à leurs racines, appelées rhizomes, qui se multiplient par clonage. Selon Francis Hallé, la fougère aigle vivre ainsi jusqu’à mille ans !
biodiversite.isere.fr Conservatoire botanique national alpin cbn-alpin-biblio.fr Participez aux conférences et sorties organisées par l’association botanique iséroise Gentiana www.
BIO-INDICATEUR DE L’AIR Comme les mousses, les lichens sont capables d’absorber les minéraux contenus dans l’air. Si vous rencontrez l’usnée barbue lors de vos balades en montagne - ce lichen avec ses longs filaments verts suspendus aux branches et aux troncs, c’est que l’air est pur !
SOURCE DE NOURRITURE ET DE SANTÉ En hiver par temps de neige, les chamois apprécient les lichens, qui leur apportent du sucre ainsi que des substances antibiotiques. Ils sont aussi aujourd’hui utilisés pour la fabrication de cosmétiques pour leurs multiples propriétés, en particulier antibactériennes et pulmonaires. Le plus grand lichen d’Europe s’appelle d’ailleurs lobaria pulmonaria.
Y L E B AG O U S S E E C / D E S S I N FA N N PA R A R N A U D C A L L
Vénérables fougères
Pour en savoir plus :
Des mousses sous toutes les formes Elles sont parmi les plantes terrestres les plus primitives. Sans racine, elles sont capables d’absorber l’eau simplement par leurs feuilles et leur tige. Elles peuvent vivre ainsi partout dans le monde. Sur 25 000 espèces au niveau mondial, 1 300 sont françaises, dont la moitié observées en Isère. Si vous les regardez à la loupe, vous serez étonné par leur extraordinaire diversité de formes. RÉSISTANTES À LA SÉCHERESSE Les mousses, qui apprécient les milieux humides, sont aussi capables de résister à une sécheresse extrême et de reprendre vie après une longue période. C’est la réviviscence !
DE LA PLUS GRANDE À LA PLUS PETITE Le polytric commun peut atteindre 40 centimètres de haut tandis que la buxbaumia viridis (une des plus petites), ne mesure que 1 millimètre. Celle-ci se remarque toutefois par son organe reproducteur majestueux, une capsule de spores qui peut mesurer un ou deux centimètres ! Protégée au niveau européen, c’est aussi la plus connue et recherchée des botanistes et forestiers. Sa présence est indicatrice d’un boisement de qualité…
ISOLANTES
Record de chromosomes
Les bryologues, spécialistes des mousses, ont recensé plus de 65 espèces différentes, utilisées pour la fabrication des nids par les oiseaux et les rongeurs.
ABSORBANTES Avec son unique feuille verte, l’ophioglosse commun, rare et protégé, ne ressemble pas aux autres espèces. Son nom latin signifie langue de serpent, en référence à son épi en forme de gouttière et bordé de sporanges. Les scientifiques du monde entier s’intéressent à cette famille pour leur nombre élevé de chromosomes – de 180 à 1 400 par cellule contre seulement 46 pour l’homme !
Les sphaignes sont de véritables éponges : un kilo
de cette plante peut retenir 70 à 75 litres d’eau. Ce sont ces mousses qui en grandissant continuellement de quelques millimètres tous les ans, produisent ensuite une tourbe, comme à la réserve du Luitel (Belledonne) ou à l’espace naturel sensible de l’Herretang (Chartreuse).
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DOSSIER I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7
, e r è s I L' ux sources a du
e r t ê bien PAR VÉRONIQUE GR ANGER
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©David Boudin
Des grands espaces, de l’air pur, du soleil et des forêts de résineux… Nul besoin de prescription médicale : ces trésors de bienfaits, bien connus des soignants, sont en libre accès et disponibles en abondance en Isère. Où que l’on soit, la nature n’est jamais loin. Et il suffit de prendre un peu d’altitude dans l’un de nos quatre massifs de montagne pour ressentir aussitôt les effets sur notre organisme. L’oxygène se raréfiant, la circulation sanguine et le rythme cardiaque s’accélèrent. L’horizon se dégage, la lumière s’intensifie : adieu grisaille et soucis. En quelques jours, sous l’afflux des globules rouges et des bons ultraviolets, le moral et les mollets sont regonflés à bloc !
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©D.R.
DOSSIER I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7
Marie Dorin,
Samuel Vergès, directeur du laboratoire, Hypoxie et Physiopathologies — HP2 — (Inserm-UGA) « Nous avons ici un environnement unique au monde ».
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association entre montagne et santé ne date pas d’hier. Heidi, célèbre roman de Johanna Spyri paru en 1880 en Suisse, a largement popularisé cette image des Alpes saines et régénératrices face à des villes grises et polluées. Dans les années 1920, les plus aisés affluent sur le plateau du Vercors pour se refaire une santé dans les « préventoriums ». Cette citadelle géologique, qui culmine à 2 431 mètres d’altitude, offre un climat idéal avec son bel ensoleillement et son air sec. C’est l’avènement du climatisme et des « maisons d’enfants délicats » qui viennent ici faire provision d’air pur, de lait frais des alpages et de lumière. C’est le « paradis des enfants ». Vive le vent d’hiver ! Un siècle plus tard, ces vertus de l’altitude modérée face à des sujets obèses, cardiaques ou immunodéprimés suscitent un regain d’intérêt du monde médical. « Si à haute dose, à plus de deux ou trois mille mètres, les effets délétères du manque d’oxygène (l’hypoxie) sont avérés, des études scientifiques récentes tendent à accréditer l’impact positif de la vie entre 800 et 2 000 mètres au-dessus du niveau de la mer », confirme Samuel Vergès, chercheur à l’Inserm et porteur de la chaire « montagne, altitude et santé » de la Fondation Grenoble Alpes Université. Pour aller plus loin, son laboratoire, Hypoxie et Physiopathologies (HP2), associé au Département de l’Isère, va mener une étude approfondie sur trois ans sur des échantillons de populations vivant en montagne à l’année, comme saisonniers ou pour quelques jours de vacances, afin de mesurer précisément l’impact de leur mode de vie sur leur santé. « L’Isère est un laboratoire à ciel ouvert : nous avons ici un environnement unique au monde », poursuit le chercheur.
L'Isère, laboratoire à ciel ouvert
©La Cie des Wagons-lits
« Les montagnes ont le pouvoir de vider la tête. L’esprit libre, on oublie tout pour revenir à l’essentiel : respirer et avancer. Se sentir vivant à travers le mouvement du corps et les battements des pulsations cardiaques. La pensée avance elle aussi au rythme des pas qui cheminent verticalement. Le sport en extérieur m’a toujours apporté un bien-être physique et mental. Au-delà de tout objectif de préparation sportive ou de performance, je profite de ces moments pour me fondre dans la nature et ralentir doucement la course du temps… »
Le climatisme dans le Vercors : une histoire, un patrimoine
architecture climatique participe au charme du Vercors. Dotées de larges ouvertures et de balcons loggias où l’on peut s’allonger, les maisons d’enfants aux noms évocateurs — l’Adret, Le Gai-Soleil, la Soleillette, le Plein Ciel, la Clarté… — doivent laisser passer un maximum de lumière. Les belles demeures et les hôtels de style Art déco poussent tout autour pour accueillir les familles huppées qui accompagnent leur progéniture ou viennent en simples touristes : Villard-de-Lans comptait sept hôtels en 1930 et une bonne trentaine juste avant la Guerre. Si à partir des années 1970, nombre de ces établissements furent reconvertis en logements collectifs, dénaturés ou détruits, les amateurs peuvent toujours admirer au fil des rues et des hameaux les témoignages de cette époque : citons à Villard-de-Lans, l’ex-Splendid-hôtel (devenu une résidence hôtelière), l’hôtel de Paris, le centre de vacances Les Mélèzes aux allures de gros chalet normand, l’imposante résidence Le Diamant (ex Clocher) avec sa grande chapelle pointée vers l’est… ou encore l’Escandille à Autrans.
Pour aller plus loin : www.culture.isere.fr/page/du-sanatorium-au-climatisme-en-isere
©Maison du patrimoine
©D.R.
©T. Hytte/Klip.fr
CH AMPIONNE OLYMPIQUE D E BI AT HLON, H ABI TANT E DE COR R ENÇON- EN- VERCOR S , CR ÉAT R ICE DE Z EC AMP
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R ? OÙ MANGE ©D.R.
Le Fairway À VIL L AR D- DE- L ANS
André Buisson et son épouse Corinne vous accueillent dans leur restaurant tout en bois. Le chef, qui a fait ses armes auprès de grandes toques, vous propose une cuisine simple et raffinée. Parmi ses spécialités, le foie gras mariné au vin de noix, les ravioles aux morilles ou aux girolles, mais aussi les grands classiques de la cuisine de montagne : fondue, tartiflette, raclette.
04 76 95 11 85 - fairway.fr
Classée station climatique en 1930, Villard-de-Lans a accueilli de nombreuses personnalités au XXe siècle, comme le roi du Maroc Hassan II, la famille Rothschild, Fernandel ou Brigitte Bardot... Venus de Lyon, Marianne, Philippe et leurs enfants ont suivi leurs pas en séjournant à l’hôtel de Paris durant les vacances d’hiver. PAR ANNICK BE RL IOZ
l y a ici une ambiance « Années folles ». Avec son mobilier art déco, son grand hall d’entrée en grès peint, ses radiateurs en fonte torsadés, le Grand Hôtel de Paris de Villard-de-Lans fait figure d’exception. Luc Magnin, cinquième génération à diriger l’établissement familial construit en 1894, aime parler de son hôtel, devenu au fil des années une véritable institution. « Ce bâtiment a vu passer beaucoup de personnages illustres, comme l’Aga Khan, Coco Chanel, le Président de la République Albert Lebrun, lors de sa visite officielle dans le Vercors en 1937. Régulièrement, nous recevons des célébrités qui apprécient le Vercors pour sa quiétude et son ambiance familiale », explique-t-il. Ma-
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04 76 53 38 02 ?
©D.R.
ER QUE RAMEN
rianne, Philippe et leurs deux enfants sont sous le charme. Tout confort, rénové à plusieurs reprises, l’hôtel aux allures de palace a gardé tout son cachet avec son escalier monumental et sa rampe en fer forgé. Les chambres offrent une vue magnifique sur le parc de trois hectares et les montagnes environnantes. Pour la petite famille, le séjour s’annonce d’ores et déjà bien rempli. Au programme, du ski bien sûr, mais aussi de la luge, des balades en chiens de traîneau et en raquettes… Sans oublier de longs moments de farniente dans l’espace bien-être : 400 m2 avec bassin balnéo, SPA, sauna, hammam et salles de massages où les parents prendront le temps de se reposer pendant que les enfants suivent des cours de ski. 04 76 95 10 06 - www.ghp-vercors.com
1/ Apprentissage de la conversion dans les années 1930, un maniement du ski qui permet de changer de direction à l’arrêt. 2/ En 1910, faute de réfrigérateurs, les menus sont élaborés entièrement à base de produits locaux et de saison. Luc Magnin, maître-restaurateur, perpétue la tradition. 3/ Jusque dans les années 1950, le Grand Hôtel de Paris était le QG du club alpin.
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DANS LE VERCORS
La crêperie de l’Ours À VIL L AR D- DE- L ANS
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d'air pur
©C. Savary
l o b d n a r g n U
I… MAIS AUSS
Les biscuits de Villard-de-Lans
Voici des biscuits bio et artisanaux aux saveurs incomparables ! Vincent Grêlé et Nicolas Boullenger, qui ont trente ans d’expérience dans la gastronomie, ont créé leur biscuiterie début août au cœur de la station. Ils confectionnent une gamme de sablés pur beurre, sans conservateur ni colorant, qui valorisent les produits du terroir. Leurs recettes sont validées par un meilleur ouvrier de France et leurs produits, agréés ISHERE. Tout est fabriqué et vendu sur place.
09 54 60 56 71 la-biscuiterie-villard-de-lans.fr Toutes les infos : www.villarddelans.com
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. .. s e tt e u q a r n e e Une balad dagogique sportive et pé egarde Margaux, un chevreuil a dû passer par là. On reconnaît ses empreintes laissées dans la neige par ses deux sabots aux bords tranchants », signale Salem à sa petite sœur de 7 ans. Accompagnés de leurs parents, les deux enfants font une balade en raquettes avec François Pierrard, l’un des neuf guides de l’association « Les accompagnateurs nature et patrimoine ». François habite sur le plateau du Vercors depuis des années et connaît par cœur le territoire et ses secrets. Il adore le faire découvrir lors de grandes balades en raquettes. Chaque sortie est unique. « On suit les animaux à la trace et on découvre tout ce qu’ils ont fait avant notre passage : où ils se sont reposés, ce qu’ils ont mangé… Exemple du chevreuil qui doit se contenter des bourgeons et de bouts de branches durant tout l’hiver pour se nourrir. J’explique aussi la différence entre un sapin et un épicéa : le premier a des aiguilles qui se font face et l’autre tout autour du rameau. » La petite famille l’a rejoint au col de la Croix Perrin à 1 200 mètres d’altitude et à 10 minutes de Villlard-de-Lans pour une escapade matinale de trois heures. Après 1h30 de marche, ils ont fait une halte à la Croix de Jaume d’où ils ont pu apprécier une vue splendide sur le val de Lans. François leur a parlé de la vie des habitants du massif, de l’agriculture et des villardes, une race de vache rustique dont le lait sert à élaborer le bleu du Vercors-Sassenage - qu’ils dégusteront à midi à leur retour.
s e i t r o s x Deu
s n a L e d d r a ll i V e d r u o t au
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llan Richard élève 32 chiens nordiques : des groenlandais, des huskys et des malamutes. Les premiers sont très endurants, les deuxièmes plus rapides et les troisièmes ont une grande puissance. Toute la famille a embarqué avec lui en chiens de traîneau dans la plaine de Conversaria, à 2 kilomètres de Villard-de-Lans. L’attelage se compose de douze chiens. Confortablement installés sur un matelas dans le kart en bois, les voilà partis pour l’aventure à 25 km/h, loin de toute civilisation… 06 42 61 26 41 - www.allanordique.com
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ns ie h c n e e d a l a b e Un de traîneaux... comme dans le Grand Nord !
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e s u e u t s e j a m t e e s u e u t r e v : e n n o d Belle Mais quelle bonne fée s’est penchée sur Belledonne pour lui prodiguer autant de vertus ? Observant la Chartreuse, de l’autre côté de la vallée du Grésivaudan, le massif, long de 60 kilomètres, arbore ses sommets cristallins dont le plus haut, le Grand pic de Belledonne, frôle les 3 000 mètres. S’étirant entre Grenoble et Chambéry, ce promontoire et ses balcons verdoyants invitent à venir prendre un grand bol d’air pur et vivifiant. Son eau, abondante, est à l’origine de deux stations thermales, dont l’une était très prisée par les Romains. Un territoire qui fait du bien au corps et à l’âme.
©P. Jayet
PAR ANNICK BER LIO Z
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DÉCOUVERTE AMOUREUX
©P. Jayet
e c n e v u o j e d s n “ Bai ” e n n o d e ll e B dans Les eaux thermales d’Uriage et d’Allevard-les-Bains sont reconnues depuis le XIXe siècle pour leurs multiples bienfaits, attirant l’une et l’autre les « people » et artistes de la Belle Epoque - Colette, Alphonse Daudet ou Nadar y trouvèrent l’inspiration !
A
deline et Matthieu en rêvaient depuis longtemps. Après une grande balade autour de Chamrousse, ils se sont offert une séance d’hydrothérapie dans le spa du Grand hôtel d’Uriage. Construit en 1864, l’établissement a été bâti dans le pur esprit de l’architecture thermale. L’entrée se fait par une grande baie vitrée encadrée par deux grands pilastres ornés de dauphins : le grand hall recouvert d’une mosaïque et l’escalier en colimaçon en noyer en imposent ! Dans une pièce attenante se trouve un espace de soins à base d’eau thermale d’Uriage : cette eau riche en oligo-éléments et minéraux, est réputée pour ses vertus curatives en dermatologie, rhumatologie et ORL. La source se situe à quelques mètres de l’hôtel, d’où elle jaillit naturellement à 27 degrés, à 80 mètres de profondeur, à l’abri de l’air et de toute pollution. Adeline et Matthieu se relaxent dans la piscine thermale chauffée à 33°. « Ça fait beaucoup de bien. Au bout de quelques minutes, toutes les tensions disparaissent. À deux, c’est romantique et très sensuel », Tout comme à Allevard, la station, conçue à l’apogée du thermalisme, au milieu du XIXe siècle, a conservé le charme de la Belle Époque avec son parc et son bel écrin de verdure. Le peintre Pierre Bonnard, Colette, Frédéric Mistral, Mistinguett, ou Maurice Chevalier… de nombreuses personnalités du gotha politique et intellectuel du XXe siècle sont passées par là. Adeline et Matthieu terminent leur séance par une application de boue thermale et un bain hydromassant. Ils repartiront requinqués jusqu’à l’arrivée du printemps.
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©P. Jayet
60 Place
©D. Richallet / Grand Hôtel Uriage
©D. Richallet / Grand Hôtel Uriage
Grand hôtel & Spa d’Uriage
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ENTRE
POTES
Glisse fun au Collet-d'Allevard
x SE FAIRE DU
Les thermes d’Allevard
À AL L E VAR D- L ES - B AINS
© Belledonne Evasion
© Images et rêves
Accompagnateur de montagne, animateur nature et moniteur de marche nordique, Laurent Doussot, 48 ans, s’est installé au Collet d’Allevard il y a une quinzaine d’années. Originaire de Champagne, il venait avec ses parents dans le massif de Belledonne en vacances pour skier et randonner. « Mon père était passionné de montagne. Il m’a transmis le virus et je veux à mon tour partager le goût des sommets », explique-t-il. Outre l’Airboard et le Snakegliss, il propose plusieurs types d’activités en fermeture de piste comme le Yooner ou Paret savoyard, un siège monté sur un patin de ski, ainsi que de la marche nordique en toutes saisons. www.belledonne-evasion.com - 06 85 66 90 73
© J. Damase
"Belledonne est un terrain d'apprentissage et de progression"»
A la fermeture des pistes, la montagne offre de nombreuses activités de glisse ludiques, conviviales et faciles d’accès. Exemple au Collet d’Allevard, une station familiale et « bon enfant » où l’aime se retrouver pour jouer.
Allevard-les-Bains, c’est aussi une station thermale dont les eaux, parmi les plus sulfurées au monde, sont reconnues depuis 1836 pour leurs vertus médicales. Après la glisse, profitez des bienfaits du Spa thermal avec hammam, bain bouillonnant, sauna et jacuzzi… Et tout une gamme de soins à base d’eau thermale. 04 76 45 03 32 - www.thermes-allevard.com OÙ DORMIR
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L’’Auberge Nemoz DANS L E H AU T- BR ÉDA
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L’auberge propose 5 belles chambres dans une ambiance typiquement montagnarde. Un bain norvégien et un sauna offrent des moments de détente après une journée bien remplie. 04 76 45 03 10 - auberge-nemoz.com MAIS AUSSI !
© Belledonne Evasion
l est presque 17 heures au Collet d’Allevard. Les pistes viennent de fermer mais certains en redemandent. « Lorsque nous sommes en montagne, c’est pour avaler un bol d’air et en profiter sans aucune modération », témoigne Juliette, qui passe régulièrement ses vacances avec Romain, Sylvia et Thomas dans cette petite station du massif de Belledonne, perchée à 1 450 mètres d’altitude. Cette année, ils ont voulu tester l’Airboard, un gros matelas rempli d’air qui permet de dévaler les pistes autrement. Et ils ont adoré. « On commence par une ascension en raquettes ou en télésiège, avec le coussin dégonflé dans un sac à dos. Puis c’est parti pour 20 minutes de descente, à plat ventre sur l’engin, tête en avant. Il n’y a aucun danger : tout le monde est équipé d’un casque et de vêtements de ski », explique l’accompagnateur. Vitesse de croisière ? « C’est selon. Une chose est sûre, il faut apprendre à dompter la bête et bien écouter les recommandations. Le plus impressionnant est de se retrouver à 20 centimètres au ras du sol, avec le vent et la neige qui fouettent le visage. Ça vivifie ! », rebondit Juliette. Quand on maîtrise, on peut s’autoriser des moments de folie : se doubler, voire s’élancer sur des tremplins ! Tout aussi ludique, le Snakegliss : on descend une piste de faible dénivelé, assis sur un train de luges articulées. Jusqu’à dix personnes peuvent prendre place sur ce manège des neiges pour une fin d’après-ski joyeuse et bon enfant. Là encore, des pistes vides rien que pour soi, avec à l’horizon le soleil couchant. Un vrai bonheur à savourer entre amis ! 28
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COPINES
DÉCOUVERTE FAMILLE
Le bien-être au bout des doigts
Et si on profitait d’un séjour à la montagne pour resserrer les liens ? Sophrologue et experte en massage bien-être, Fabienne Helip organise des ateliers massage parents-enfants. Un merveilleux moment. vec ses petits doigts et la paume de sa main, Louise, 7 ans, dessine un grand soleil sur le dos de sa maman. Puis, elle tapote doucement sur ses épaules pour imiter des flocons de neige en se laissant guider par Fabienne, qui raconte une histoire de lutins perdus dans la forêt. La séance peut se pratiquer à plusieurs, en famille, entre frères et sœurs ou encore entre amis. « Le but n’est pas de réaliser une performance, mais d’apprendre à communiquer, à créer par le toucher et à se faire du bien mutuellement », explique Fabienne, qui propose cette activité aux Sept Laux (versant Pleynet) depuis un an. La séance se déroule en deux temps. À l’intérieur, avec vue sur la montagne où à l’extérieur, quand il fait beau. On démarre par la « boîte à astuces des montagnes », un petit échauffement inventé par Fabienne pour se préparer à recevoir comme à donner : respiration profonde, automassage sur les jambes, les mains et les pieds, stimulation des points d’immunité au niveau du thorax, des poumons et des narines. L’ensemble du corps est sollicité afin de faire le plein d’énergie et de se détendre. La deuxième partie, plus créative, peut se dérouler autour de jeux, de contes des montagnes et d’autres activités kiné-tactiles. Chacun choisit un partenaire et détermine qui effectuera le massage en premier. Concrètement, on agit sur le vêtement et non sur la peau, afin de rassurer les plus timides et de pouvoir pratiquer à tout moment, sans avoir besoin de se déshabiller et d’utiliser de l’huile de massage. Respect de l’autre oblige, le “masseur” est toujours invité à demander la permission au “massé” et à s’assurer que la pression exercée lui convient. À la fin, on se remercie pour le moment passé et chacun repart avec un petit guide qui répertorie tout ce qu’on a appris pour le remettre en pratique à l’école ou à la maison. FABIENNE HELIP : FAVORISER L’EMPATHIE PAR LE TOUCHER « Ma passion pour le massage a commencé il y a 15 ans en suivant les enseignements du centre “Éveil du corps par le toucher”, à Grenoble. Depuis, je n’ai cessé d’apprendre et de me perfectionner. De fil en aiguille, je me suis initiée à la méthode “Bien dans ma peau”, inventée par Sylvie Hétu et Mia Elmsater et mise en application avec succès au Royaume-Uni. Cette approche consiste à communiquer de façon tactile à l’école, entre les élèves et en famille, entre parents et enfants », explique Fabienne. Ce style de massage procure un effet calmant, améliore la concentration, favorise l’empathie et une meilleure connaissance de soi. 30
Apprendre à fabriquer son savon À CHAMROUSSE
En vacances à Chamrousse, Laetitia, Perrine et Albane ont passé deux heures dans le laboratoire de Laurie Hernandez pour connaître les secrets de fabrication d’un savon. n savon, c’est simple à réaliser. Toute la magie tient dans la recette, qui doit être suivie à la lettre et au gramme près. Il faut aussi de bons ingrédients. Personnellement, je n’utilise que des produits naturels d’origine végétale et minérale 100 % biologiques », explique Laurie, savonnière à Chamrousse. Sa spécialité, la saponification à froid, est une méthode ancestrale sans cuisson des ingrédients, qui permet de préserver toutes les propriétés des huiles et beurres utilisés. Toute la glycérine est ainsi conservée. Ce qui donne des savons surgras, apportant douceur et hydratation. Laeticia, Perrine et Albane se sont inscrites à une démonstration : « Je fais très attention à ma peau et souhaite connaître la différence entre un savon fait artisanalement et un autre industriellement. C’est important, surtout lorsqu’on recherche la qualité », témoigne Perrine. Laetitia, quant à elle, insiste sur sa volonté de consommer mieux : « Il y a un aspect écologique, car aucun produit chimique n’est utilisé. » Tout comme en cuisine, l’art demande un minimum de concentration. Laurie commence son stage par la fabrication d’une lessive de soude caustique, qui par réaction chimique monte naturellement à 90°. « Attention, si un savon a une couleur flashy, c’est qu’il a été réalisé avec des colorants chimiques. » Dans un autre récipient, elle fait fondre les huiles solides et les beurres végétaux. Pour terminer, elle rajoute des huiles essentielles qui sont pesées au gramme près : des notes boisées et orientales parfumeront le savon. Du café infusé servira de colorant et le marc, d’exfoliant. Le tout sera mélangé avec un petit mixeur pour activer la saponification, puis mis à reposer pendant 48 heures dans un grand moule en silicone, avant d’être découpé avec une lyre à savon.
“Des savons conformes à mes valeurs” L AUR IE HER NANDEZ
©F. Pattou
© D.R.
©L. Hernandez
A U X S E P T- L A U X
Installée depuis 10 ans à Chamrousse, Laurie a ouvert « Doux voyage », une savonnerie-boutique où elle vend de l’artisanat local. Ne trouvant aucun produit miracle pour son eczéma, elle s’est formée à la fabrication de savon et très vite a constaté de nettes améliorations sur sa peau. Depuis, elle a créé six recettes toutes validées par un toxicologue. Elle propose des démonstrations et des stages de fabrication. 06 51 46 89 09 - www.savondouxvoyage.com Pour aller plus loin : www.chamrousse.com 31
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: e s u e r t Char
e r u e i r é t n i x i a p a l
La Chartreuse, c’est tout à la fois un massif de montagne secret et sauvage, un ordre monastique mystérieux, une liqueur aux vertus médicinales et une forêt d’exception. On s’y ressource, on y prie et on y glisse en famille dès que les reliefs s’aplanissent sous la neige. L’atmosphère alors devient féérique…
©A.Gélin
PAR VÉ RONIQUE GR ANGE R
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> Le monastère de la Grande Chartreuse.
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, e c n e il s e l r e l r a p r Laisse e s u e r t r a h C e d n autour de la Gra François Ruby, accompagnateur de montagne, emmène régulièrement des petits groupes dans le Désert, autour du monastère, pour des marches silencieuses de jour ou de nuit, à pied ou en raquettes. Une aventure intérieure en communion avec la nature sacrée. Des diamants aux étoiles…
: À VISITER
Le musée Arcabas
«L’
François Ruby, chartreux dans l’âme
> Le habert de Billon. cette forêt majestueuse (classée forêt d’exception !), qui se déploie tout autour à la verticale et en profondeur. A progresser sur ce moelleux tapis de feuilles mortes dans un calme absolu, entre les fûts de quarante mètres de haut, la pression et les soucis quotidiens se dissipent comme par enchantement. DES DIAMANTS AUX ÉTOILES Pour Nathalie, ces marches diurnes ou nocturnes avec François, dont elle est devenue une habituée, sont une source d’inspiration : « En tant qu’intervenante en arts plastiques et artiste peintre, j’y puise plein d’idées créatrices. Sous la lune, c’est encore plus magique : le temps se dilate, on perd tous ses repères », confie-t-elle lors de la seconde halte, au-dessus du monastère. Depuis ce belvédère, quatre hectares de toitures se déploient dans un somptueux amphithéâtre de montagnes : les rouges abritent les obédiences ou ateliers, où les frères œuvrent aux tâches nécessaires à la vie communautaire et à la préparation des plantes destinées à la distillerie d’Aiguenoire à quelques kilomètres de là. Les gris, en ardoise, distinguent les zones de prière et de silence, réservées aux pères. François propose quelques textes sélectionnés sur les chartreux. Pas besoin d’être croyant. Dans ce lieu habité par mille ans de présence cartusienne, le silence a quelque chose de sacré. Du diamant aux étoiles… on se sent relié à l’infini. OÙ DORMIR
AUSSI…
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Le Moulin des Chartreux À SAIN T-PIERRE D ’EN TREMON T
Ce moulin édifié en 1733 sur la rive savoyarde du Guiers vif propose des chambres d’hôtes et un gîte. Ici tout inspire le calme et le repos – avec un espace détente et un spa.
Natif du Voironnais, François a toujours été fasciné par l’ordre des chartreux… mais n’a jamais voulu renoncer à une certaine liberté. Moniteur de ski nordique et accompagnateur en montagne, il a passé trente ans en Méditerranée comme professeur de voile avant de revenir au pays pour y retrouver son activité d’origine. En hiver, il vous fait découvrir aussi le ski-hok, subtil mélange entre raquette et mini-ski de randonnée nordique.
04 79 65 94 77 - moulin-des-chartreux.com
06 76 91 98 45 www.francoisruby.com 34
> Le col de Bovinant.
©Photos : A. Gelin
OÙ MANGER
«La balade de François en Chartreuse»
©Photo : P. Jayet
âme des choses n’est pas dans les mots. » Nathalie a tiré cette citation d’Antonin Artaud au hasard, dans l’épais jeu de cartes de François, et la partage volontiers à voix haute. Vincent enchaîne : « Parle si tu as des mots plus forts que le silence… c’est d’Euripide. » Après dix minutes de marche lente et sans paroles au-dessus de la Correrie (qui abrite le musée de la Grande Chartreuse), cette première halte permet à chacun d’exprimer son ressenti et de s’informer sur le déroulé de cette randonnée pas comme les autres. En contrebas, l’enceinte du monastère, impénétrable pour le profane, commence à se dévoiler. Il faudra s’élever six cents mètres plus haut, via un sentier forestier tout en douceur à flanc de montagne, pour pouvoir l’embrasser dans sa totalité. Chartrousin d’origine, François est intarissable sur l’ordre mystérieux qui a donné son nom au massif. Ou l’inverse… De retour sur ses terres depuis deux ans, il emmène en toute saison des petits groupes – six personnes maximum, quatre aujourd’hui – dans les pas de saint Bruno et des six compagnons qui en 1084, vinrent s’établir ici, dans le Désert. Le mot d’ordre : s’imprégner de ce silence dont les Chartreux firent vœu, devenu si rare en bas. « Autrefois, à partir de cette limite, les femmes étaient invitées à rebrousser chemin et les hommes, à déposer leurs armes », sourit le guide. Les deux randonneuses du jour savourent, avant de reprendre leur progression derrière François. Vincent, sportif hyperactif, a un peu plus de mal à s’habituer à ce nouveau rythme. Mais déjà, au fil des pas, il se sent rentrer en communion avec
©Photo : A. Gelin
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La ferme de Brévardière À SAIN T-PIERRE D E CH ARTRE U SE
Vue de l’extérieur, cette église néo-romane, érigée en 1860 dans un magnifique écrin de montagnes et de forêts, paraît modeste. Quand on pousse la porte, c’est un tourbillon de couleurs et d’émotions ! Les 111 toiles du peintre Arcabas, œuvre de toute une vie, ont transfiguré le site, transformé en musée d’art sacré contemporain. En 1952, quand il franchit pour la première fois le seuil de l’église, alors en réfection, Jean-Marie Pirot est un parfait inconnu. En quête de murs à peindre pour y exprimer sa foi, le jeune artiste venu de Lorraine demande la permission de décorer les lieux. Des peintures sur toile de jute représentant la Cène et les Dix commandements prennent bientôt place dans le cœur et la nef. Le sol s’incruste d’or, des clous de laiton dessinent des anges sur les portes… Les visiteurs commencent à affluer d’un peu partout : quelle audace dans ces scènes bibliques ! Peintures, vitraux, gravures, dessins, tapisseries, mosaïques : l’aventure artistique durera trente-quatre ans. Jean-Marie Pirot alias Arcabas est décédé en 2018 à l’âge de 92 ans. Mais sa flamme reste vive. 04 76 88 65 01 - musees.isere.fr/musee/ musee-arcabas-en-chartreuse 35
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À DEUX
Musée Mainssieux : art et beauté D A N S L E PAY S V O I R O N N A I S
©Pierre Jayet
Les récentes études scientifiques confirment ce que pressentaient depuis longtemps les philosophes de l’Antiquité : l’art et la beauté font du bien au corps et à l’âme. Ce week-end, Louison et Nicolas se sont prescrits une cure de bienfaits dans le Pays voironnais.
PAR VÉRONIQUE G R ANGE R
OÙ DORMIR
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Une roulotte au Paradis des animaux
Orphelin de mère à dix-huit mois, atteint d’une tuberculose des os qui l’obligea à passer une bonne partie de son enfance alité et le fit souffrir toute sa vie, le peintre et musicien voironnais Lucien Mainssieux (1885-1958) trouva son exutoire dans l’art. En témoigne son œuvre prolifique : cet artiste peintre, qui fit en parallèle une belle carrière de
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À COUBLE VIE
©T Buccino
violoniste et altiste sous la baguette de chefs comme Igor Stravinski, ne cessa de peindre et de collectionner frénétiquement les maîtres du XIXe siècle — Corot, Courbet, Ravier, Carrand — et ses condisciples ou amis comme Vuillard, Flandrin (son maître), Dunoyer de Segonzac, Marval… UNE COLLECTION UNIQUE Lucien Mainssieux aurait pu tomber dans l’oubli, comme tant d’autres artistes de talent, s’il n’avait eu la bonne idée de léguer sa collection et son fonds d’atelier à sa ville natale de Voiron. Trente ans après sa mort, son rêve de créer un musée a été enfin exaucé : les 8 000 toiles, dessins, carnets ou objets entreposés dans son atelier sont sortis des cartons pour être exposés dans une maison de maître du quartier Saint-Bruno, à deux pas de la cathédrale. En 2004, le Musée Mainssieux, réaménagé, a obtenu l’appellation « Musée de France » du minisSuite en page 38 tère de la culture.
© Musée Mainssieux
«L
e premier bien est la santé, le deuxième la beauté. » L’intuition de Platon est désormais prouvée par les neurosciences : la contemplation d’une œuvre d’art ou la pratique artistique active la sécrétion de dopamine (hormone du plaisir), d’endorphines (qui calment la douleur), stimule la mémoire… Pour le neurologue Pierre Lemarquis, c’est un puissant antistress. Des chercheurs de l’University College de Londres en concluent même que les visites culturelles réduisent de 32 à 48 % les risques de dépression, selon la fréquence des visites.
> L’épave, de Gustave Courbet.
Au pied de la Chartreuse, à 2 km de Voiron, Catherine propose un hébergement bohème et cocooning en pleine nature, dans une roulotte en bois de 20 m2 douillettement aménagée. Depuis la terrasse, on domine son parc animalier : lama, âne, alpaga, brebis, cochon ou ponette sont aussi câlins que gourmands ! 06 30 63 15 65 le-paradis-des-animaux.fr
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À DEUX
Les chocolats Bonnat : délices et volupté À VOIRON
«C
OÙ DÉJEUNER
e qui fait du bien au palais ne fait pas de mal à l’âme. » Cette devise est celle de la Maison Bonnat depuis 1880, l’une des plus anciennes familles de maîtres-chocolatiers au monde, de père en fils. Et il suffit de pousser les portes de la fameuse boutique du cours Senozan aux allures de bonbonnière pour sentir son cerveau inondé de sensations voluptueuses, sous l’effet des arômes suaves et puissants du cacao et des autres effluves sucrés qui se dégagent des lieux.
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Parmi les cinq artisans chocolatiers français qui torréfient, concassent et conchent (brassent) eux-mêmes les fèves, de la cabosse à la tablette, Stéphane Bonnat passe la moitié de
La Brasserie Chavant
r u e n n o 'h l à s e m m e f Les
Parcourant cet écrin de charme, au fil des salles, Louison et Nicolas rentrent dans l’intimité d’un homme de son temps, depuis ses premiers autoportraits à la pâte épaisse, très colorés, jusqu’aux peintures plus classiques ou orientalistes, imprégnées par ses voyages autour de la Méditerranée ou son amour de la musique. Que d’influences ! S’il ne propose pas d’expositions temporaires, le musée s’attache 38
à renouveler la scénographie tous les six mois pour assurer une rotation des œuvres. Actuellement, les femmes sont à l’honneur dans toute une salle. Louison est particulièrement émue par les tableaux tout en touches légères et couleurs pastels de Jacqueline Marval, incroyable de modernité. Un beau bain d’art…
Pour aller plus loin : www.paysvoironnais.info
Chavant, c’est une institution gastronomique depuis 1852 à Bresson. Et c’est en train d’en devenir une à Voiron. Depuis un an, la famille Ducret-Chavant a mis le couvert dans le décor élégant et baroque de la villa Maison mille pas, imposante maison de maître située juste à deux pas des Caves de la Chartreuse et… à mille pas de l’église Saint-Bruno (d’où son nom). Les assiettes, généreuses, sont garnies avant tout de produits locaux dument sélectionnés par le chef Julien Rondepierre : savourez entre autres délices le foie gras à la Chartreuse, le parfait glacé à l’Antésite ou le dessert au chocolat signé Bonnat !
©Pierre Jayet
©Pierre Jayet
À VOIRON
l’année à parcourir les terres tropicales, à la recherche des pépites de cacao. Pour assurer leur pérennité, il a acquis ses propres plantations, au fin fond de la jungle amazonienne ou au Chiapas, au Mexique où il a contribué à la renaissance du fameux Real de Conocusco, réputé être l’un des plus parfumés au monde. Les empereurs des civilisations précolombiennes se le réservaient pour y puiser force et courage ! Le laboratoire, qui jouxte le magasin, reste fermé à la visite. Mais le meilleur se trouve dans les vitrines miroitantes. Goûtez l’un des grands crus d’origine, l’une des grandes spécialités de la maison. Chaque carreau est à lui seul un voyage… bonnat-chocolatier.com
À s'offrir : Le livre à croquer
Chocolat
C’est un aliment mythique issu de la fève du cacao... et c’est depuis cet automne un livre de référence publié par Stéphane Bonnat sur le fruit du cacaoyer et sa transformation, de la fève à la tablette. Un coffret luxueux où le maître-chocolatier révèle quelques-uns de ses secrets et de ses recettes comme celle du Dauphin. Divinement beau !
04 76 93 19 11 - brasserie-chavant-voiron.fr
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FAMILLE
OÙ SÉJOURNER
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Photos © JocelynChavy
Au « V »
Un séjour à pleins poumons À VAUJANY Ski, balade en chiens de traîneau, patin à glace, mais aussi lecture, piscine ou cinéma... En vacances à Vaujany, une famille de Lille profite de son séjour à pleins poumons. PAR ANNICK BE RL IOZ
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inq jours au ski, oui, mais dans une station qui a gardé le charme d’un village de montagne de 350 habitants perché à 1 200 mètres d’altitude, dans l’Oisans, face au massif des Grandes Rousses et de la cascade de la Fare. C’est le choix qu’ont fait les Douillet, une famille lilloise venue passer les vacances d’hiver à Vaujany avec ses trois enfants de 3, 6 et 10 ans. Avec ses maisons en pierre, ses lavoirs et son église - l’une de plus anciennes des Alpes –, on se croirait dans une carte postale de Noël. « C’est exactement ce qu’on attendait ! Du beau, du vrai et des équipements sportifs exceptionnels », se délecte la maman. Admirant la grandeur du paysage, entre courbes et arêtes minérales, la famille imagine déjà son programme : des cours de ski pour les enfants, une initiation à l’escalade sur glace pour les grands. « Et pourquoi pas une randonnée à ski sur l’itinéraire de l’Alpette… », ajoute le papa. Côté ski, la station dispose d’un domaine exceptionnel. Le téléphérique donne accès 40
à un immense terrain de jeux de plus de 250 kilomètres de pistes sur 10 000 hectares dominé par un site majestueux, le Pic Blanc (3 330 mètres). Les enfants sont particulièrement choyés. Labellisée « famille plus », la station dispose d’une garderie (dès 6 mois) et de clubs pour les 3 à 11 ans proposant toutes sortes d’activités (raquettes, lecture…). Et pour ceux qui ne comptent pas s’éterniser sur les pistes, ils auront le choix entre la magnifique patinoire où s’entraînent de grands champions, la piscine, le bowling, le cinéma, la médiathèque ou même un musée sur le patrimoine de la région… Chacun repartira avec des souvenirs plein la tête. ESCALADE SUR CASCADE DE GLACE À OZ-EN-OISANS Stéphane Laurenceau, guide au bureau des guides de l’Alpe d’Huez, encadre cette activité sur le massif des Grandes Rousses à Oz-en-Oisans, l’un des premiers sites d’escalade glaciaire de France. L’endroit est idéal pour débuter. « Avec l’évolution du matériel, l’escalade sur glace est devenue une discipline assez simple d’accès. Bien sûr, il faut être en bonne condition physique et un peu entraîné. Avec deux ou trois conseils, on s’élève. Il suffit d’utiliser les reliefs de la glace pour poser les pieds et bien planter les piolets. » En prime, on gagne un super panorama sur les massifs de Belledonne et de l’Oisans et une descente au coucher du soleil inoubliable. www.guidesalpedhuez.com 04 76 80 42 55
S’INITIER AU SKI DE RANDONNÉE
©D.R.
Photos ©Urope
À VAU JANY
Chaleureux et authentique, l’hôtel (quatre étoiles) a été conçu dans l’esprit du chalet de montagne, dans le plus pur style alpin. Enfant du pays, Bruno Avêque voulait qu’on s’y sente comme chez soi. Pari réussi ! Les 25 chambres, toutes différentes, offrent une vue imprenable sur le village et les sommets environnants. Le bar à cocktail, le SPA et la cuisine gourmande apportent une note luxueuse. www.hotel-vdevaujany.fr 04 76 80 71 00 MAIS AUSSI...
La résidence Perle de l’Oisans Un chalet de standing avec spa à flanc de montagne www.laperle-location-vaujany.fr - 04 76 80 71 00
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FAIT EN ISÈRE I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7
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Dans l'atelier de l'Arno
odeur de vernis, les nombreuses toiles entreposées, évoquent l’antre d’un artiste. Aucun des tableaux qui patientent dans l’atelier de Florence Droin, dans le quartier des Antiquaires de Grenoble, n’aurait pourtant pu être peint de sa main, étant donné leur âge avancé. Son métier, c’est de leur donner l’éclat de la jeunesse, au plus près de leur aspect originel. Craquelées, déchirées, éventrées, noircies : les œuvres qu’on lui confie, datées du XVe au XXe siècle, arrivent souvent en piteux état, après des années passées dans l’humidité. « Les plus anciennes ne sont pas les plus abîmées : avec l’arrivée de la peinture industrielle en tube, les peintres se sont moins souciés de la pérennité de leur travail », constate-t-elle. Certaines
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portent des signatures connues, comme ce paysage verdoyant de Jules Flandrin ou ce Bernard Buffet. D’autres ont une valeur purement sentimentale, à l’instar de ce portrait anonyme de l’Abbé de la Salle au regard pénétrant, qu’il lui a fallu suturer fil à fil au vu des déchirures. « On finit par
s’y attacher. D’ailleurs, chacune des toiles sur lesquelles j’ai travaillé avait une qualité propre », explique la restauratrice, toujours aussi passionnée malgré les années. « C’est un métier de patience où l’on ne compte pas ses heures ! » Des heures, il en a fallu par exemple pour cette peinture d’église monumentale éclatante de couleurs, qui trône aujourd’hui en majesté dans les lieux. Tendue sur un nouveau châssis de forme ogivale, la toile a dû être doublée grâce à une poche sous vide. Nettoyage des couches et vernis jaunis et encrassés, pose de mastics pour combler les lacunes, reconstitution au pinceau des parties manquantes par glacis superposés : chaque opération relève de la chirurgie ! Si elle est spécialiste dans les objets et toiles peints à l’huile, Florence Droin s’interdit d’utiliser celle-ci pour les retouches : « Notre déontologie exige que l’intervention soit lisible par un œil averti : on doit juste recréer l’illusion de la matière originelle. Mais elle doit aussi être réversible : on recourt à des pigments qui peuvent se retirer avec un simple solvant. Les autres règles, ce sont la stabilité dans le temps et le respect de l’œuvre. On n’a pas le droit à l’interprétation. » Florence Droin restaure environ 60 tableaux ou objets par an, tant pour des particuliers que pour les musées départementaux, les Monuments historiques... Autant d’œuvres qui grâce à ses talents, pourront traverser de nouvelles générations d’amateurs d’art et de beauté.
Photos : © F. Pattou
Christel Lagarrigue
En quête de la note parfaite À BOURG-D’OISANS Dans son atelier, Christel Lagarrigue, luthière, imagine, fabrique et restaure des violons, violoncelles, altos et contrebasses. Chaque pièce est unique et conçue au dixième de millimètre près.
04 76 51 33 66 www.artizz.fr
Photos : © D.R.
Photos : © D.R.
Photo : © B. lavit
Depuis trente ans, Florence Droin redonne leurs couleurs d’origine aux œuvres d’art outragées par le temps. Un travail quasi chirurgical, où l’on pénètre dans les entrailles de la peinture.
e passe mon temps à rechercher le son idéal, une quête d’absolu qui par définition ne s’atteint jamais. Mais les instruments que je fabrique aujourd’hui n’ont strictement rien à voir avec ceux que je confectionnais il y a vingt ans », commente Christel Lagarrigue, luthière, qui crée des violons, violoncelles, altos et contrebasses qu’elle bichonne avec ses doigts de fée. En Isère, ils ne sont qu’une vingtaine à exercer ce beau métier. L’histoire débute il y a trente ans. Originaire de Picardie, cette ancienne musicienne se reconvertit à la suite d’une rencontre fortuite avec un luthier. Après dix ans d’apprentissage, elle ouvre en 2007 son atelier à Bourg-d’Oisans. Dans cet antre qui embaume la colle et le vernis, elle raconte sa passion : « Tout l’art consiste à créer de la vibration à partir de matériaux inertes comme le bois. Nous sommes au service d’un projet à dimension artistique et travaillons de concert avec le musicien. Pour progresser, il faut beaucoup de persévérance. Comptez un mois pour un violon et quatre pour une contrebasse », confie-t-elle. Reprenant des techniques utilisées au XVIe siècle, Christelle peut créer des instruments à partir de modèles conçus par de grands maîtres luthiers, comme Antonio Stradivari ou Francesco Ruggieri. Elle conçoit aussi des pièces sur mesure, adaptées à la morphologie des musiciens. Sa clientèle est composée d’amateurs, de professionnels et d’élèves d’écoles de musique. De l’épicéa pour la partie vibratoire, de l’érable pour la résonance, ses mains et ses yeux font corps avec l’instrument. À chaque étape, l’intuition et la sensibilité guident ses gestes et ses choix. 06 78 68 36 28 43
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FAIT EN DÉCOUVERTE ISÈRE
FAIT EN ISÈRE I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7
I FAIT EN ISÈRE
D'art, de verre et de lumière
Ses vitraux illuminent de nombreuses églises de Chartreuse – et des milliers d’autres édifices privés ou publics dans le monde ! Repris en 1998 par Christophe Berthier, l’atelier Bessac est l’un des trois plus anciens de France encore en activité, depuis 1860.
À GRENOBLE PAR VÉ RONIQUE GR ANGE R
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Photos : © F.Pattou
immeuble a été édifié en 1897 face à la gare par Jean-Augustin Bessac, frère de Benoît et fils d’Antoine, cofondateur de la manufacture. L’atelier depuis est resté là dans son jus, avec ses neuf mètres de hauteur de plafond (à la taille de l’impressionnant chevalet d’époque), ses immenses verrières qui laissent entrer la lumière, ses 1 500 verres colorés qui servent de nuancier, ses 160 ans d’archives… « Nos vitraux sont présents dans 5 000 édifices tout autour du monde », explique Christophe Berthier, tournant les pages du volumineux album de photos en noir et blanc. On retrouve ici chacune des créations sorties des ateliers Bessac, scrupuleusement documentée. C’est dans ces murs chargés d’histoire que le maître-verrier grenoblois perpétue des gestes millénaires avec quatre compagnons : Vincent, Dianka, Paul et François participent aux différentes opérations nécessaires à la création de vitraux contemporains ou à leur restauration, depuis la découpe au diamant au sertissage du plomb ou au collage… jusqu’à la pose finale. Mais l’application de la grisaille, cette peinture ton sur ton que l’on retire ensuite en grattant pour rendre les modelés et les ombres, reste l’apanage du maître-verrier. « C’est cette fine couche en lavis qui donne toute sa sensualité au vitrail », poursuit Christophe. Un artiste qui a choisi la lumière pour mode d’expression. DE LA GRANDE CHARTREUSE AU SACRÉ CŒUR DE GRENOBLE
> Christophe Berthier a transcrit en vitraux les quatre des huit derniers dessins du peintre Arcabas, pour l’église de Saint-Christophe-sur Guiers en Chartreuse.
Régulièrement appelé pour restaurer des œuvres sorties de l’atelier bien avant sa naissance, il peut aussi intervenir sur des vitraux encore plus anciens comme ceux du monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse, datés du XVIe siècle. Dernièrement, il était à la Grande Chartreuse, au chevet de la centaine de verrières séculaires du cloître. Mais la maison est aussi renommée depuis ses origines pour ses créations, tant pour des édifices religieux que pour des particuliers, parfois en collaboration avec des artistes. Le compagnonnage avec le peintre Arcabas, décédé en 2018, a duré vingt-cinq ans et se poursuit aujourd’hui. Après l’achèvement des vingt-quatre vitraux monumentaux (6,5 m de haut par 2 de large) conçus pour la basilique du Sacré-Cœur de Grenoble – l’un des plus vastes chantiers de ce début de siècle ! – , l’atelier vient de finaliser les quatre premiers vitraux de l’église de Saint-Christophesur-Guiers, en Chartreuse, d’après les esquisses de l’artiste. « Ce sont ses toutes dernières maquettes, que j’ai retranscrites en verre et en lumière. Il y en aura huit au total. » Les vitraux transcendent ainsi le temps et les âges. Toute une histoire…. berthier-vitraux.com
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DOSSIER I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7
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DEUX
À VOIR EN RO UTE
Murmurer à l'oreille d'un cheval
© Jo Meunier
Le château de Bressieux
SUR LES TERRES DE BERLIOZ, DANS LES CHAMBARAN
Dressées au-dessus du village, sur une colline, les ruines de l’ancienne forteresse de briques roses nous transportent au temps des chevaliers et des seigneurs, dans un décor médiéval. L’accès au site est libre, en pleine nature. Et depuis le dernier étage du donjon, la vue s’ouvre sur toute la vallée du Rhône, avec les monts du Pilat au loin, et le Nord-Isère de l’autre côté.
Avec ses hectares de forêts, ses multiples étangs et ses vestiges historiques, le territoire des Chambaran est idéal pour randonner à cheval. Mais c’est une autre rencontre avec le noble animal que propose Jean-Marie Brun, équithérapeute. PAR VÉ RONIQUE GR ANGE R
Plus d’infos : terresdeberlioz.com
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e lac de Roybon s’étend en contrebas. Poursuivant à travers les bois, on arrive très vite au centre équestre « Autrement », dans une maison de galets roulés typique du pays. C’est ici, en retrait du village, que Jean-Marie Brun, ancien ingénieur parisien de France Télécom, s’est mis au vert il y a vingt-cinq ans pour y vivre et transmettre sa passion des chevaux. Il prévient tout de suite Élodie et David, venus de Lyon se renseigner sur la pratique de l’équithérapie : « On n’apprend pas ici les techniques d’équitation, mais à découvrir le cheval et à travers lui, à se découvrir soi-même. Car le cheval est un miroir pour nous : si on est stressé ou inhibé, il le ressent immédiatement. Or si on sait l’écouter, il peut nous guider pour dépasser nos peurs. Il est le véritable soignant. » Élodie, tombée de cheval il y a quelques années, rêve de retrouver le plaisir de monter en confiance et de ressentir à nouveau cette connexion affective unique entre le cavalier et sa monture. Son compagnon David quant à lui voudrait simplement gagner en sérénité dans ses relations avec les autres. Titulaire d’un diplôme d’accompagnateur de tourisme équestre et équithérapeute, formé à la psycho-somatothérapie, à la médiation et à la communication non violente, Jean-Marie s’attache désormais à partager sa longue expérience des comportements humains et équins à travers des séances de développement personnel à la carte, sur rendez-vous. Disposant d’un gîte aménagé pour accueillir ses stagiaires, il initie aussi des thérapeutes à la médiation homme-cheval, sur plusieurs jours, pour une immersion en pleine nature.
LE CHEVAL, MIROIR ET SOIGNANT Pour l’heure, il invite le couple à faire connaissance avec ses quatre chevaux, en pâture dans le pré voisin. « Restez derrière moi dans un premier temps et observez leur comportement », recommande-t-il. Yakari, un magnifique cheval palomino, s’avance aussitôt vers Élodie, tandis que OÙ MANGER OÙ DORMIR ? ? les trois resserrent les rangs pour observer les autres nouveaux venus. « Un cheval est une proie », fait observer Jean-Marie. « Et sa première réaction est toujours la À BRESSIEU X fuite s’il est stressé.» À ROYBON Élodie sent déjà naître une Situé au pied des ruines du château Claude et Robert Paëz vous accueillent dans complicité avec Yakari. David, et dominant la plaine de la Bièvre, le leurs magnifiques chambres d’hôtes ou encouragé par Jean-Marie, restaurant propose une cuisine au gré dans leurs hébergements insolites comme la fraternise à son tour peu à peu des saisons, privilégiant les producteurs roulotte. Vous pouvez venir à cheval ! avec le plus grand des quatre : « régionaux. 04 76 36 28 99 - www.ladupre.fr Lui, c’est le dominant du groupe», poursuit leur maître. Le simple 04 74 20 91 01 - www.aubergedebressieux.fr contact avec le puissant animal a un effet apaisant. Pour sûr, le couple www.domainededony.com/ reviendra à Roybon.
Le Domaine de Dony
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L’’Auberge du château
©D.R.
La chambre d’hôte de La Dupré
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SAVEURS I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7
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DÉCOUVERTE SAVEURS
Safran du Dauphiné : l'or rouge
Agréé
© S. Barral Baron
Entre le château médiéval de Bressieux et la forêt de Chambaran, Coralie Chenavas cultive une épice millénaire au parfum envoûtant, connue pour ses vertus énergisantes, antidépressives ou aphrodisiaques : le safran.
ISHERE
Le safran du Dauphiné figure parmi les quelque 1 000 produits certifiés IsHere. La marque garantit non seulement l’origine iséroise du produit, mais le respect de bonnes pratiques et une rémunération équitable du producteur ou de l’artisan.
PAR VÉRONIQUE GR ANGE R
© S. Barral Baron
Liste des producteurs et points de vente sur www.ishere.fr
De l'Orient à l'Isère © S. Barral Baron
épice et un bon kilo de pistils frais pour récolter 200 grammes de filaments. Fragiles comme la soie, les stigmates couleur de sang sont extraits délicatement à la main puis aussitôt mis à sécher. C’est le condiment le plus cher au monde – 30 000 euros le kilo. Mais ses pouvoirs aromatiques sont hors du commun. « Avec un gramme, on parfume 150 assiettes… », assure la productrice.
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our admirer le champ de fleurs violettes, il faudra repasser fin septembre ou début octobre 2021, au moment de la récolte : Coralie vous fournira un petit panier si vous voulez participer ! Dès l’aurore, à cette période, la jeune femme guette fébrilement cet instant magique où les pétales vont apparaître au premier rayon de soleil, par centaines ou par milliers. « Chaque matin, c’est la surprise : on peut avoir 500 ou 15 000 fleurs le matin... Qu’il pleuve ou qu’il vente, il faut ensuite impérativement les cueillir et retirer les pistils dans la journée. » Les 60 000 bulbes ont été plantés au printemps, sur 3 000 mètres carrés de terrain. Le safran mérite bien son surnom d’or rouge : il faut 150 fleurs de crocus sativus pour obtenir un gramme de la précieuse 48
C’est en écoutant un reportage radiophonique sur un cultivateur de safran dans la Creuse que Coralie, alors salariée dans un bureau d’étude, découvre sa vocation. « Je n’imaginais pas que cette épice originaire d’Orient, chantée par Homère, était en fait cultivée en France depuis le XIe siècle. » Un coup de fil et elle est accueillie en stage dans la Creuse, où elle s’initie à cette culture rare et laborieuse. Installée officiellement depuis 2009 à Saint-Pierre-deBressieux, Coralie accueille le public toute l’année à la ferme. Au détour d’une balade dans ces collines enchanteresses, on pourra découvrir dans sa boutique les précieux filaments, mais aussi des confitures, thés, miels et autres délices issus de son exploitation. Intarissable sur les bienfaits du safran, elle partagera volontiers ses idées de recettes – l’épice rouge, préalablement infusée dans l’eau tiède, le lait ou la crème, exaltera un velouté de butternut, un tajine aux abricots secs ou un clafoutis aux poires et amandes…
Des pouvoirs connus depuis l’Antiquité À S AINT- PIER R E- DE- BR ES S IEU X
Cité dans le papyrus d’Ebers, le plus ancien traité médical connu (- 1 500 av. J.-C.), le safran figure depuis la nuit des temps dans la pharmacopée égyptienne ou chinoise pour ses pouvoirs énergisants, digestifs, aphrodisiaques, antispasmodiques… Marc Aurèle, empereur romain, était réputé abuser de bains safranés pour augmenter sa virilité et améliorer son teint. Un vrai trésor de bienfaits ! www.safrandudauphine.fr 49
A L P E S I S ( H ) E R E M AG A Z I N E # 0 7 I SAVEUR
Ce magazine a été imprimé au mois de novembre. Pendant la période de confinement, retrouvez les maîtres restaurateurs qui proposent de la vente à emporter et de la livraison à domicile sur la page Facebook des maîtres restaurateurs de l’Isère @maitresrestaurateursisere
Un savoir-faire récompensé
de l 'Isere
Créé en 2007, le titre de maître restaurateur est la seule reconnaissance officielle de l’Etat qui récompense la cuisine maison et les restaurateurs de métier.
DES FEMMES ET DES HOMMES DE GOÛT
Ils sont une centaine à arborer le titre officiel de maître-restaurateur en Isère : le gage d’une cuisine maison de qualité, qui privilégie les produits frais et locaux. Tout ce qu’on aime !
René Peltier 53 ANS
PATRON D E S IGN AL 2108 À L’ALPE D’HUEZ
Qui dit séjour à la neige, dit restauration à la hauteur. Et René Peltier l’a bien compris en ouvrant en 2016 un restaurant au sommet de la piste du Signal, à l’Alpe d’Huez. Perché à 2 108 mètres d’altitude, l’établissement, conçu en forme de pyramide, s’intègre parfaitement dans le paysage. À l’intérieur, l’ambiance est cosy et de grandes baies vitrées offrent une vue magnifique sur les Grandes Rousses. Côté cuisine, l’excellence est au rendez-vous. La carte, renouvelée chaque année, propose de nombreux plats à base de produits régionaux : tartare de truite du Vercors, cromesquis de saint-nectaire avec émulsion de noix de Grenoble, filet d’omble cheva-
Samuel Suissa 42 ANS
09 80 72 12 99 signal2108.fr
lier de la maison Burgat… Tous les fromages sont fournis par Bernard Mure-Ravaud, meilleur ouvrier de France à Grenoble et champion du monde des fromagers en 2007. Incontournable, la salade « Signal », un délicieux mariage de poulet et de légumes croustillants, est déclinée à la mode veggie avec des fallafels de pois chiche et de lentilles. Le soir, sur réservation, on peut déguster une fondue aux quatre fromages et d’autres spécialités montagnardes de l’Oisans.
04 74 95 68 12
GÉR AN T D U BIS T ROT COLETTE À THE VILLAG E À VILLEF ONFAINE bistrotcolette.com
Salade lyonnaise, gratin de quenelles, andouillette ou œufs meurette : la carte, la déco rétro et les photos de chefs, évoquent les petits bouchons de son enfance à Caluire, où ses parents tenaient un restaurant. « C’est la cuisine que j’aime, généreuse et gourmande », explique Samuel Suissa, qui s’approvisionne à 95 % avec des produits frais et locaux – la viande provient de son propre élevage bovin, à Villemoirieu (Gicolette’s meat). Sa voie étant toute tracée, le jeune chef a vite fait ses classes auprès des grands, dans des restos étoilés et des palaces réputés – l’Auberge de Fond Rose, Paul Bocuse, Alain Alexanian, le Hilton de Lyon, Nicolas Le Bec… Il a aussi passé dix-huit mois aux ÉtatsUnis, où il a découvert le business de la gastronomie. De retour au
pays, après avoir relancé l’affaire familiale, il a fini par poser ses bagages à Bourgoin-Jallieu en 2006, où il a d’abord tenu la brasserie Esprit XV au stade Pierre-Rajon puis lancé deux établissements (Albion et Le Piccante). En 2014, nouvelle aventure, il crée le Bistrot Colette, avec Julien Bonnaire et Julien Pierre – deux camarades connus en ovalie. En six ans, la « mère » Colette a fait des petits : le Café Colette à Bourgoin-Jallieu, un deuxième Bistrot Colette et un Steak House à The Village (à Villefontaine) et le restaurant Cocotte à Ruy-Monceau.
Étonnez-vous ! 1 5 I D É E S P O U R S E FA I R E P L A I S I R E N I S È R E
À VIENNE
S’offrir un road trip œnologique
Au temps des Romains, Vitis Vienna était considéré comme l’un des meilleurs crus de l’Empire et la ville de Vienne possédait le deuxième port après Ostie. Venez vivre cette histoire et goûter ce vin toujours exceptionnel aujourd’hui avec un guide conférencier qui vous emmènera au cœur des fameux vignobles des Côte-Rôtie et Condrieu pour une excursion intimiste. www.rhonetrip.com
À VILLEFONTAINE
Se faire une virée shopping à prix doux à The Village Ici, pas de galerie couverte mais un vrai village de boutiques de marques et de nombreux restaurants, où les fashionistas et foodistas satisferont toutes leurs fringales sans se ruiner. Une centaine d’enseignes prestigieuses proposent leurs collections de l’année précédente. Luxe et volupté !
www.thevillageoutlet.com
À L’ISLE-D’ABEAU
Travailler son swing
Vous êtes un fan de Tiger Woods, mais vous pensez que le golf est réservé aux riches ? Le golf public des Trois vallons (9 trous) vous invite à un parcours d’initiation gratuit qui vous fera changer d’avis. Avec ses greens adaptés à toutes les bourses et son parcours ludique, avec vue sur le mont Blanc, les débutants comme les initiés pourront se faire plaisir : le golf offre 42 hectares d’espaces préservés et vallonnés en pleine nature et quelques surprises comme au trou n° 7 - une rivière coule au milieu du fairway !
AUX 7 LAUX
Dévaler la pente au clair de lune en luge sur rail
De nuit, l’expérience est encore plus grandiose, avec le tunnel éclairé par les lumières qui changent au passage des luges. À la sortie, vous voilà en plein coeur de la forêt toute illuminée. Des sensations à la fois euphorisantes et inquiétantes où l’on perd tous ses repères. En hiver, c’est encore plus beau dans ce paysage immaculé où la neige étouffe tous les bruits. www.les7laux.com
À AUTRANSMÉAUDRE
Faire le grand saut ! (en tyrolienne) avec la Zipline
Suspendue dans le vide jusqu’à 50 mètres de hauteur, cette tyrolienne de 1 200 m de haut pour 250 m de dénivelé attend les amateurs de sensations et d’expériences insolites ! On glisse au-dessus des sapins enneigés, avec un panorama magnifique sur les montagnes du Vercors. www.autrans-meaudre.com
www.capi-agglo.fr/ 50
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PANORAMA I A L P E S I S H E R E M AG A Z I N E # 0 7
LE PANORAMA DES STATIONS Quatre massifs bien typés, trois parcs naturels, des sommets vertigineux et des Hauts Plateaux… il y a mille façons de prendre de la hauteur dans les Alpes de l’Isère ! Retrouvez toutes les informations sur les stations et les activités hivernales sur : ALPES-ISERE.COM
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SKI NORDIQUE
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