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Couverture : photo Graphicobsession et Fernando da Cunha.

Š Éditions Jacob-Duvernet, 2005.


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Hélène Cardin

Danielle Messager

Avec la participation du docteur Isabelle Hoppenot

Aimer sans risque Les jeux de l’amour sans le hasard

Éditions Jacob-Duvernet avec Radio France


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R e m e rciements Les auteurs tiennent Ă remercier : Barbara, Laurence, Sandrine, Julie et Caroline Louis, Jean-Pierre et Franck ainsi que les docteurs Kirstetter, Janier, Kazatchkine, Mandelbrot, Tubiana, Guibert, AubĂŠny, Eyraud et Belaisch.


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Table des matières Avant-propos ...........................................................................................................6 La contraception ..................................................................................................8 Le tour de la question ...........................................................................................10 État des lieux ..............................................................................................................20 La pilule ........................................................................................................................34 La pilule du lendemain .........................................................................................58 Les méthodes du long terme ..............................................................................63 La contraception de l’instant .............................................................................71 Les méthodes naturelles........................................................................................74 La stérilisation ...........................................................................................................76

Le sida ........................................................................................................................78 Le tour de la question ...........................................................................................80 État des lieux ..............................................................................................................90 Les moyens de la prévention ...........................................................................108 La recherche .............................................................................................................125

Les infections sexuellement transmissibles (IST).................138 Le tour de la question.........................................................................................140 État des lieux ...........................................................................................................146

Les médicaments de l’amour ..............................................................162 Le tour de la question.........................................................................................164 État des lieux ...........................................................................................................167 Le bon réflexe : en parler à son médecin .................................................176 Les traitements........................................................................................................182 Stimulants et aphrodisiaques ..........................................................................194 Bibliographie ...........................................................................................................198


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Avant-propos

Les jeux de l’amour sans le hasard Aimer sans risque… Mais avant tout aimer ! Vous avez 20 ans. Vous êtes amoureux. Elle est belle, elle vous plaît… et vous lui plaisez aussi. Des gestes tendres, un peu maladroits, des baisers, des caresses… Mais que faire au bon moment ? Vous avez 25 ou 30 ans et croquez la vie à pleines dents. Que penser de toutes les mises en garde contre les maladies sexuellement transmissibles ? Après tout, quel risque courrais-je, direz-vous… Mais êtes-vous sûr de savoir tout ce qu’il faut ? Ou encore : vous vivez depuis des années avec elle et les enfants que vous avez eus ensemble grandissent. Des ombres, pourtant, se profilent : vous êtes moins en forme et, de plus en plus souvent, connaissez des « pannes » ; votre compagne, elle, veut éviter une nouvelle grossesse. Qu’il s’agisse de contraception, de maladies ou infections sexuellement transmissibles – parmi lesquelles le fléau du sida – ou de dysfonctionnement érectile, chacun se pose un jour des questions touchant à la sexualité et aux risques possibles qu’elle implique. Et malheureusement, on ne les connaît pas toujours suffisamment, qu’il s’agisse des risques pour soi-même ou que l’on peut faire courir à d’autres. Campagnes d’information, militantisme, mobilisation, implication des médecins… Mille moyens sont mis en œuvre pour faire connaître et comprendre les dangers liés à la sexualité.


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Notre métier de journaliste sur France Inter nous a fait rencontrer des milliers de personnes : patients, médecins, chercheurs, militants, etc. Ce sont leurs questions, leurs hésitations, leurs expériences qui nous ont donné l’idée de faire le point sur les risques qui peuvent assombrir la vie sexuelle d’aujourd’hui. Avec ce livre, notre objectif est avant tout d’informer, et nous avons délibérément adopté une approche médicale. Quelles sont les différentes méthodes de contraception aujourd’hui disponibles ? Comment y accéder ? Comment en choisir une, en fontion de son mode de vie, et pourquoi tant de rigidité dans l’approche ? Où en est-on du sida, en cette année 2005 où il a été désigné comme Grande Cause Nationale ? Dans quelles directions la recherche travaille-t-elle et que peut-on espérer pour demain ? Comment la maladie a-t-elle été vécue par les patients et leurs médecins ? Et n’oublie-t-on pas un peu vite les infections sexuellement transmissibles (IST), si virulentes ? Leur connaissance et leur prévention, désormais en recul, laissent craindre un retour en force. Mais qui peut être évité ! Enfin, doit-on se fier aux médicaments du sexe ? Sont-ils efficaces et dans quels cas ? C’est à toutes ces questions que nous tentons de répondre de façon claire et simple. La sexualité, c’est la vie ! Nous le savons, nous l’affirmons. Notre rôle est de dire qu’il est bon de profiter des jeux de l’amour… sans le hasard.

Hélène Cardin

Danielle Messager


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● Méconnaissance et idées reçues en matière de contraception font courir à de trop nombreuses jeunes filles le risque de grossesses non désirées lors des premiers rapports.

● La pilule est proportionnellement le moyen de contraception de longue durée le plus utilisé. Elle est aussi extrêmement fiable si elle est correctement utilisée.

● Méthode connue depuis plusieurs décennies, le stérilet prend une importance croissante dans les mentalités et dans la pratique.


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Le tour de la question

« La contraception doit être adaptée à la vie de chaque femme » Ce qu’en dit le docteur Sophie Eyraud, médecin généraliste et responsable du Centre de planification familiale à l’hôpital Antoine-Béclère, à Clamart

Présente sur « le terrain », le docteur Eyraud fait le point sur la perception qu’ont aujourd’hui les femmes, jeunes ou moins jeunes, de la contraception et sur l’utilisation qu’elles en font. Elle évoque tout à la fois les blocages et réticences les plus fréquents, les problèmes de désinformation ou de préjugés, mais aussi l’évolution des mentalités et les nouvelles attitudes vis-à-vis de la contraception qu’elle rencontre chaque jour.

On obser v e q u ’ a v e c l a c o n t r a c e p t i o n m é d i c a l i s é e s o n t a p p a rues des normes. Est-ce vrai ? Lesquelles ? Et qu’en pensez-vous ? La norme contraceptive a surtout été véhiculée par les médecins. La femme se trouvait « figée » dans le schéma suivant : au moment des premiers rapports sexuels, on utilise le préservatif ; puis la pilule quand la relation se stabilise, qu’on a des enfants ; et enfin on passe au stérilet. Le problème, c’est que cette norme ne convient pas à toutes les femmes, qu’elles soient jeunes ou un peu moins. Elle ne s’adapte pas forcément aux conditions de vie de la femme et à sa sexualité. 10

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La norme sexuelle : la sexualité est aseptisée. Avant de parler de désir et de plaisir, on martèle qu’il ne faut pas se retrouver enceinte, ni être contaminée par le virus du sida. La norme de fécondité : la femme doit avoir le bon nombre d’enfants, c’est-à-dire deux, et au bon moment, entre 28 et 35 ans de préférence. Dès qu’on sort de cette tranche d’âge et de ce nombre d’enfants, on est mal vue par la société.

Tout ceci n’est-il pas très pesant ? La norme contraceptive exclut aussi la pose d’un stérilet à toute femme n’ayant pas eu d’enfant. Cette vision des choses est encore bien ancrée, même si, tout doucement, les mentalités évoluent. Certains médecins refusent Les habitudes sont coriaces et les femmes se montrent souvent encore de poser un stérilet à réticentes à recourir au stérilet, par une nullipare*. Les femmes qui peur de stérilité, d’infections, etc. ont entendu ces discours médicaux sont elles-mêmes réticentes, elles nous disent : « Vous me proposez un stérilet, mais ce n’est pas possible, je n’ai jamais eu d’enfant. On m’a dit que ça pouvait entraîner des infections. Et puis, est-ce que je ne risque pas d’être stérile ?… » On répond que non, en râlant encore une fois contre ce mot décidément bien mal adapté, mais quand on utilise le terme plus médical de « dispositif intrautérin », les femmes ne comprennent pas de quoi on parle. On leur explique aussi que ce n’est pas le stérilet qui donne des infections, mais que ce sont les partenaires. * Chez les jeunes filles qui peuvent avoir une vie sexuelle irrégulière, on ne recommande pas la pose de stérilet. Mais si on craint des infections, il faut rappeler que ce sont les partenaires qui les transmettent, non le stérilet.


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Comment les jeunes filles considèr e n t - e l l e s l a p i l u l e a u j o u r d’hui ? Elles considèrent que cela est normal, alors que leurs aînées – les femmes qui ont aujourd’hui une cinquantaine d’années – ont vécu l’arrivée de la pilule comme une libération ; celles qui en ont 35 commencent déjà à en être lassées ; certaines jeunes peuvent parfois ressentir sa prise quotidienne comme une contrainte. Les femmes pensent : « Ce n’est pas naturel de prendre des hormones tout le temps, qu’il y a des effets secondaires ; et puis je fume, il paraît qu’on ne peut pas prendre la pilule quand on fume. » Il y a quelques années une campagne « d’information » a eu un effet dévastateur : elle affirmait qu’entre la pilule et la cigarette, il fallait choisir. Les jeunes n’ont pas hésité une seconde, elles ont choisi la cigarette ! La pilule n’est plus considérée comme un formidable outil de maîtrise de sa vie. De Gregory Pincus, le médecin biologiste américain qui, en élaborant un mélange de progestérone et d’œstrogène synthétique, a mis au point la première pilule contraceptive en 1956, elles n’ont jamais entendu parler, ce n’est pas inscrit dans leur programme d’histoire.

La « génération sida » utilise d’abor d le préser v a t i f ? Oui, au centre de planification familiale de l’hôpital, les jeunes nous disent utiliser beaucoup le préservatif, car le sida leur fait bien plus peur qu’une grossesse. Le problème, c’est qu’au bout d’un certain temps, ils se connaissent un peu mieux, ils font le test de dépistage (ou disent qu’ils le font), estiment qu’il n’y a plus de risque (même si ça n’a rien de scientifique) et abandonnent le préservatif. C’est alors souvent que les « accidents » surviennent, car l’abandon du préservatif ne va pas systématiquement de pair avec la prise de pilule.

Qu’est-ce qui fr e i n e l a j e u n e f i l l e p o u r s e f a i r e p r escrir e l a p i l u l e ? D’abord, elle s’imagine qu’une prescription passe forcément par un examen gynécologique. C’est faux. On ne pratique pas d’examen gynécologique sur une jeune fille qui n’a jamais eu de rapport : on a le temps, il ne faut rien brusquer. Ensuite, il arrive souvent que les jeunes filles n’osent pas aller chez 12

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Les jeunes filles et la pilule

un médecin, et si elles sont mineures, toutes ne savent pas qu’elles peuvent avoir une contraception gratuite dans un centre de planification familiale. De plus, ces centres ne sont pas présents partout, il y a des régions vraiment démunies, ou bien les tranches horaires des permanences sont très réduites, faute de personnel. Pour certaines jeunes filles, l’accès à la contraception est encore difficile.

L’ a r gent est-il aussi un f r ein quand il s’agit de p i l u l e s n o n r emboursées ? Pour certaines raisons médicales, il arrive que certains médecins prescrivent la première fois une pilule dite de 3e génération, non remboursée. La jeune fille qui a commencé avec cette pilule va continuer à la prendre, et si elle n’a pas d’argent, cela peut devenir un problème.

À savoir Si vous ne pouvez assumer financièrement l’achat d’une pilule non remboursée, n’hésitez pas à aborder le sujet avec votre médecin lors de la consultation et d’envisager, si c’est possible, des solutions alternatives. À noter : certaines mutuelles étudiantes prennent en charge les pilules non remboursées. Renseignez-vous !

L’information sur la contraception : acquise ou à r e f a i r e ? On pourrait presque dire que les jeunes sont surinformés, ce qui ne signifie nullement qu’ils savent tout, ni qu’ils savent mettre en pratique ce qu’ils connaissent. Quand on intervient en milieu scolaire, on entend régulièrement « nous, on n’a rien à apprendre », et c’est vrai qu’ils connaissent le préservatif, qu’ils savent en théorie comment le mettre. Ils l’on lu dans tous les magazines. Mais ce qui les intéresse et dont malheureusement on ne parle pas assez, c’est la confiance, le respect, c’est de savoir pourquoi il est difficile d’évoquer le préservatif avec son ou sa petite amie, avec la peur de s’entendre répondre : « Tu n’as pas confiance en moi ? » La contraception, ou la protection avec l’arrivée du sida, est abordée sous un angle mortifère. Les jeunes ont envie d’entendre les mots « désir », « relation à La contraception

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l’autre », « sexualité », sans cette approche purement hygiénique ou scientifique. Globalement, si on disposait de davantage de temps pour parler de sexualité en général en milieu scolaire, on pourrait aborder d’autres aspects, mais ce n’est vraiment pas le cas. La loi de 2001, qui prévoit au moins trois séances d’information par an dans les classes du CP à la terminale, n’est pas encore bien mise en œuvre. On touche correctement les 4e et les 3e ; pour les autres classes, c’est au bon vouloir des chefs d’établissements. En Hollande ou au Canada, une vraie politique est menée, qui commence très tôt : on leur parle de relations, on les emmène dans les centres de planning… C’est une mentalité bien différente dont on pourrait s’inspirer.

Cette nor m e c o n t r a c e p t i v e q u e v o u s évoquiez, comment la fair e évoluer ? Une contraception, pour être efficace, doit être acceptée par la femme, correspondre à son désir. Si, dans un premier temps, on arrive à former les médecins à cette idée, et ce dès la fac de médecine, on aura fait avancer les choses. Quitte à faire hurler certains médecins, je dis qu’il vaut mieux une contraception acceptée par la femme, même si elle est moins efficace. Si on la sent réticente à une prise de pilule, ça ne sert à rien de lui en prescrire une, elle la prendra mal, l’oubliera. Pour une femme qui a des rapports irréguliers – une ou deux relations sexuelles tous les trois mois, disons – lui donner la pilule à prendre tous les jours, c’est la confronter quotidiennement au fait qu’elle n’a personne dans son lit le soir. Il faut aussi être à l’écoute d’une femme qui a pris la

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pilule pendant 10 ans et qui en a assez, car c’est maintenant qu’elle est « à risque » et va prendre sa pilule moins « sérieusement ». Une autre que l’on incite fermement à se faire poser un stérilet parce qu’elle est dans la « tranche d’âge », mais qui, en fait, n’en a pas envie, a toutes les chances de ressentir la panoplie entière des effets indésirables.

Que conseillez-vous aux femmes qui n’ont pas de r elations sexuelles régulièr es ? Le préservatif, si on est à l’aise avec, La pilule est le premier moyen que le partenaire est d’accord et de contraception chez les jeunes, que l’on sait bien l’utiliser. Mais même si elles n’ont pas d’activité toujours avec une pilule du lende- sexuelle régulière. main à proximité, en cas d’incident. Le patch et l’anneau peuvent parfois être proposés. Sinon, on assiste à un certain engouement pour l’implant. C’est une bonne méthode, a priori très attractive, les femmes se disent : « J’ai quelque chose dans le bras, et vive la liberté, je n’ai plus à penser à la pilule* », et les jeunes sont assez partantes. Il ne faut toutefois pas oublier des effets secondaires importants : des saignements qui touchent a début une majorité de femmes. Dans certaines religions, c’est vraiment un problème, la femme qui saigne est impure, elle ne peut pas avoir de rapport, faire la prière… En fait beaucoup de méthodes peuvent provoquer des saignements : les pilules sans œstrogènes ou faiblement dosées, le stérilet, etc. La prescription d’une contraception doit être le résultat d’une discussion approfondie avec la femme, pour connaître ses souhaits, son mode de vie… Ça ne doit pas se faire en cinq minutes.

Des femmes disent ouver t e m e n t a u j o u r d’hui ne plus vouloir de règles, ou moins. Est-ce possible ? Est-ce dangereux ? Il est évident que les femmes sont beaucoup moins obsédées aujourd’hui par leurs histoires de règles. Mais on ne peut pas généraliser une demande de réduction ou de suppression des règles. Les femmes * Il faut toutefois préciser que le retrait de l’implant n’est pas toujours très facile.

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citadines, d’un milieu assez éduqué, y sont plutôt favorables. Tout comme les adolescentes, que j’entends fréquemment déclarer qu’elles s’en passeraient bien. Mais d’autres femmes, comme celles que je vois dans mon cabinet de généraliste en banlieue, ne sont pas sur cette ligne. Les règles représentent encore la féminité, elles ont besoin de se sentir possiblement fécondes, même par rapport à leur compagnon. Je proposais l’autre jour à une femme la pose d’un stérilet à la progestérone, en lui expliquant que, souvent, les règles diminuaient alors fortement, voire disparaisLes femmes sont moins obsédées saient. Elle m’a répondu : aujourd’hui par leurs règles, mais on « Mais alors, je vais grossir si ne peut généraliser une demande de réduction ou de suppression des règles je n’ai plus mes règles, et les saletés vont rester à l’intérieur ? » On voit qu’il y a encore tout un symbole. Pour beaucoup, les règles sont indissociablement liées à leur corps de femme, même s’il s’agit de fausses règles. Quant à la question de savoir si c’est dangereux, par exemple en enchaînant ses plaquettes de pilules de ne pas avoir ses règles, la réponse est clairement non, puisqu’on est, je le répète, sous hormones, dans une configuration de fausses règles. Même aux élèves de CM2, j’explique que les règles, c’est juste la peau de l’utérus qui a poussé pour accueillir un éventuel embryon et qui se décroche lorsqu’il n’y a pas nidation de l’œuf. Quand on a une contraception à base de progestérone (pilule, stérilet ou autre), cette hormone empêche la peau de pousser, il n’y a alors plus de peau, donc rien ne se décroche. Une femme qui souhaite ne pas avoir ses règles peut enchaîner les plaquettes, si elle prend la pilule. D’ailleurs les Américains viennent de commercialiser une pilule : elle s’appelle « seasonale » et permet de n’avoir ses règles qu’une fois tous les trois mois, soit quatre fois par an, d’où son nom. Ce n’est donc pas un problème de nocivité pour la santé, mais d’inconvénients, d’effets secondaires (les saignements).

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E t l a p i l u l e d u l e n d e m a i n , i l e s t d a n g e r eux d e l a p r e n d r e souvent ? Non. La pilule du lendemain n’est pas dangereuse. Mais la prendre souvent signifie que la prise de risque a été répétée. C’est ça qui est dangereux, pas le médicament lui-même. On entend parfois dire que ça donne le cancer ou que ça rend stérile, c’est faux. C’est un moyen de dépannage, pas une contraception de tous les jours, mais encore une fois, davantage parce que c’est la preuve que la jeune fille ne s’est pas protégée d’une infection sexuellement transmissible ou d’une grossesse. D’ailleurs, si le médicament en lui-même était dangereux, il ne serait pas en vente libre dans les pharmacies.

La contraception d’ur gence

S u r l a p i l u l e d u l e n d e m a i n , l ’ i n f o r mation est-elle bien d i f fusée ? Ça commence à se savoir, les jeunes en parlent entre elles. Mais en province, il y a encore des pharmaciens qui refusent de délivrer le Norlévo (nom de la pilule). Ils disent qu’ils n’en possèdent pas en stock, et la jeune est alors obligée de faire des kilomètres pour trouver une autre pharmacie. Un pharmacien qui refuse devrait orienter vers une autre officine, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. Ce qui est peu connu en matière de contraception d’urgence, c’est aussi la possibilité d’avoir recours au stérilet. Il peut être posé dans les six jours qui suivent le rapport non protégé, et l’efficacité est excellente (presque 100 %). La pilule du lendemain a une bonne efficacité dans les 24 heures qui suivent un rapport sexuel non protégé, mais après 48 ou 72 heures, cette efficacité diminue. Or, les femmes croient le plus souvent que c’est une méthode efficace à 100 % ! Évidemment, pour une jeune fille en particulier, l’accès à la pilule du lendemain est beaucoup plus simple. Pour le stérilet, il faut aller chez un médecin : les gynécologues ont de longs délais de rendez-vous et les généralistes ne sont pas tous formés à la pose d’un stérilet. Cependant, l’information mérite d’être mieux diffusée.

Pilule du lendemain ou stérilet ?

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P o u r q u o i y a - t - i l e n c o r e en France 200 000 interr uptions volontaires de grossesse par an ? C’est vrai que ce chiffre ne varie pas alors que la France est l’un des pays qui offrent le plus de possibilités en matière de contraception. 60 % des femmes en âge de procréer ont une contraception, et parmi celles qui disent ne pas vouloir d’enfants, seules moins de 5 % n’utilisent aucune contraception. Lors d’une grossesse non désirée, les femmes ont davantage recours à l’IVG qu’il y a 25-30 ans. Entre 1975 et 1980, quatre grossesses non prévues sur dix se terminaient par une IVG, aujourd’hui, c’est six sur dix. Mais on a trop tendance à dire que l’IVG est un échec de la contraception. Il faut arrêter de considérer les choses comme ça. Nathalie Bajos, chercheur à l’INED, a réalisé de nombreuses études sur la contraception : elle a bien démontré qu’il n’y avait pas spécifiquement de femme « à risque de grossesse imprévue », donc d’IVG, mais des moments de la vie d’une femme, qui eux, étaient à risque. On peut, on doit, certainement, améliorer la prescription des contraceptions, faire qu’elles correspondent mieux aux modes de vie des femmes, à leurs souhaits. Oui, cela est possible. Mais quand j’entends des 70 % des femmes en âge de procréer ont une contraception, réflexions du genre « Vraiment, et parmi celles qui disent ne pas maintenant, avec tous les moyens vouloir d’enfants, seules 3 % qu’ont les femmes, elles pour- n’utilisent aucune contraception. raient faire attention ! », ça me met hors de moi. La vie féconde d’une femme est de 30 ans, avec une moyenne de deux rapports sexuels par semaine, soit plus de 3 000 dans une vie. Et en France, le nombre d’IVG ne dépasse pas 200 000 par an. Par ailleurs, l’IVG n’est pas une opération dangereuse en soi et le taux de décès est très bas. Cela peut faire partie du parcours de la vie d’une femme, à côté de la contraception. Quant aux conséquences psychologiques, leurs raisons peuvent être multiples : elles peuvent être liées à l’IVG elle-même, ou bien aux conditions

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psycho-affectives dans lesquelles la femme se trouvait lorsqu’elle a dû prendre cette décision, ou encore à l’accueil reçu lors de l’intervention chirurgicale. L’interruption volontaire de grossesse est toujours une épreuve, souvent traumatisante ; c’est une décision difficile à prendre. Dans notre société, où il faut savoir tout contrôler, tout maîtriser, la femme est encore très culpabilisée quand elle a recours à l’IVG, car elle a failli à la norme. Finalement, on peut dire qu’il n’y a pas de contraception parfaite, il n’y en aura jamais. Il existe actuellement une offre importante de moyens de contraception, mais la vie des femmes est faite d’émotions, de moments plus ou moins heureux, plus ou moins difficiles, de rencontres… La contraception aide, c’est un outil formidable, mais plus elle sera choisie en toute connaissance de cause, adaptée à la vie de chacune, mieux elle remplira son rôle.

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