Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 1
Les merveilleuses histoires de la coupe du Monde
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 2
Déjà parus dans la collection « Légendes du sport », dirigée par Jean-Paul Brouchon : Les merveilleuses histoires du Tour de France, par Jean-Paul Brouchon, 2003 Poulidor, par Raymond Poulidor, 2004 Hinault, par Bernard Hinault, 2005 Kopa, par Raymond Kopa, 2006
© Éditions Jacob-Duvernet, mai 2006 ISBN : 2-84724-116-7
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 3
Patrice Burchkalter
Les merveilleuses histoires de la coupe du Monde PrĂŠface de Raymond Kopa
Éditions Jacob-Duvernet
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 4
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 5
Table des matières PRÉFACE de Raymond Kopa ............................................................................................................. 9 INTRODUCTION ................................................................................................................................................... 13 CHAPITRE I
Jules Rimet, le visionnaire… .................................................................................................... 19 CHAPITRE II
1930. Heureux qui comme Ulysse… ......................................................................... 25 CHAPITRE III
1934. Forza Italia ....................................................................................................................................... 37 CHAPITRE IV
1938. L’Italie toujours… avant le chaos.................................................................. 47 CHAPITRE V
1950. Brésil, les larmes de tout un peuple........................................................... 57 CHAPITRE VI
1954. Des balbutiements de télévision… au miracle allemand ................................................................................................................................ 67 CHAPITRE VII
1956. La coupe du Monde « orpheline » .............................................................. 75
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 6
CHAPITRE VIII
1958. De la consécration de Kopa à l’avènement de Pelé............ 77 CHAPITRE IX
1962. Un « petit oiseau » maintient le Brésil au sommet ............. 89 CHAPITRE X
1966. « Made in England ».......................................................................................................... 97 CHAPITRE XI
1970. Quand « Dico » devient le « roi Pelé » .............................................. 107 CHAPITRE XII
Nouveau trophée, nouveau président ..................................................................... 117 CHAPITRE XIII
1974. La malédiction du favori ....................................................................................... 119 CHAPITRE XIV
1978. Super Mario, le « libérateur ».......................................................................... 129 CHAPITRE XV
1982. Il était une fois Séville ................................................................................................ 145 CHAPITRE XVI
1986. Le sacre de Maradona, ange et démon ............................................. 157 CHAPITRE XVII
1990. Une revanche pour un triplé............................................................................ 167 CHAPITRE XVIII
1994. Samba chez les cow-boys ....................................................................................... 175
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 7
CHAPITRE XIX
1998. Le rêve étoilé ............................................................................................................................ 183 CHAPITRE XX
2002. Un sacre au pays du Soleil Levant ! ....................................................... 197 CONCLUSION
2006. Le rêve de Franz Beckenbauer ....................................................................... 205
Palmarès de la coupe du Monde ..................................................................................... 209
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 8
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 9
PRÉFACE
Tous les quatre ans, la coupe du Monde déclenche son lot de passions, d’émotion et d’enthousiasme auprès d’un public toujours plus nombreux à travers la planète entière. Que ce soit en famille, entre amis, le plus souvent devant son poste de télévision, chacun se transforme en supporteur. Pour tous, c’est un moment magique. Mais pour un joueur, croyez-moi, ce rendez-vous est un événement encore plus exceptionnel, un instant unique dans une carrière, un passage obligé pour connaître la consécration. C’est le rendez-vous des meilleurs de l’univers du football. Il ne suffit pas de briller dans son championnat national, en Ligue des champions. Pour être reconnu, il faut encore s’illustrer dans cette coupe du Monde, cette compétition qui dépasse toutes les autres par son niveau d’excellence. Tous les grands joueurs de l’histoire ont marqué cette épreuve. C’est elle qui leur a donné une dimension supérieure, une reconnaissance internationale. Puskas, Pelé, Garrincha, Eusebio, Maradona, Beckenbauer, Cruyff, Kempes, Platini, Zidane, Ronaldo et moi-même avons connu 9
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 10
Les merveilleuses histoires de la coupe du Monde
ces moments inoubliables durant lesquels le talent s’exprime pleinement dans un environnement sans pareil. J’ai eu la chance de vivre ces instants particuliers, cette griserie des actions au cours desquelles tout semble facile, où tous les gestes sont justes et précis. La communion avec les partenaires est alors totale. En 1958, pour la première fois de l’histoire, la France était présente dans le dernier carré des meilleures nations. L’aventure s’acheva avec une troisième place. Nous méritions mieux alors. Sans la blessure de Robert Jonquet, à une époque où les remplacements n’étaient pas autorisés, sans doute aurions-nous pu obtenir encore plus. Mais il y avait aussi une formidable équipe du Brésil. Le Brésil ! Voilà bien pour moi la référence absolue. Cette Seleçao de 1958 ou de 1970 reste ce que l’on peut faire de mieux en football. Technique, tactique, adresse, intelligence de jeu, le Brésil est la synthèse même de ce que doit être ce sport. L’équipe de Pelé en 1970 au Mexique est, à mes yeux, celle de l’excellence. Pelé et le Brésil étaient au sommet de leur art, alliant toutes les qualités d’un football idéal. Sur le plan émotionnel, après notre épopée suédoise et vingt-quatre ans d’attente, c’est la génération de Michel Platini (1982 et 1986) qui m’a apporté beaucoup de plaisir. C’est aussi la consécration, en 1998, de la bande à Zidane. Paradoxalement, l’équipe de France 2002 était plus forte que sa devancière, sacrée quatre ans plus tôt. Mais il ne suffit pas de posséder d’excellents joueurs et une belle équipe, ni même la meilleure, pour être assuré du succès final. Plusieurs pays l’ont appris à leurs dépens : le Brésil en 1950, la Hongrie en 1954, les Pays-Bas en 1974… Et c’est ce qui fait tout l’intérêt, toute la beauté du football. Rien n’est acquis. Tout peut arriver. Le secret pour réussir dans cette épreuve ? Certes, il y a toujours une part de chance. Il faut surtout être prêt au bon 10
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 11
Préface
moment. C’est une alchimie savante, difficile à trouver. Et puis il est indispensable que les grands joueurs répondent présents le jour J. Ç’a été le cas pour beaucoup. La victoire est souvent le fruit d’exploits individuels. Depuis sa création, la coupe du Monde a été marquée par des hommes, des grands matches, des drames et des joies. De formidables histoires ont jalonné cette épreuve pendant plus de soixante-dix ans. Certaines sont connues, d’autres un peu moins. Patrice Burchkalter vous les conte dans cet ouvrage. À vous de les découvrir ou de les revivre…
Raymond Kopa
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 12
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 13
INTRODUCTION
En 2006, la coupe du Monde célèbre en Allemagne sa dixhuitième édition. Des centaines de millions de téléspectateurs et, dans les tribunes des stades allemands, des centaines de milliers de supporteurs sont attendus pour ce rendez-vous quadriennal devenu aujourd’hui l’événement sportif le plus populaire de la planète. Cette magie du jeu, de cette épreuve, un homme l’a subodorée à la fin du XIXe siècle. Un Français, Jules Rimet. Dès sa jeunesse, cet homme visionnaire, épris de justice, voit dans le sport, et notamment le football, un formidable vecteur d’émancipation sociale, de rapprochement entre les différentes classes de la société et les peuples. Dès lors, il n’aura de cesse de mettre en œuvre une compétition réunissant les footballeurs du monde entier. C’est ainsi qu’il s’attelle à une tâche colossale, semée d’embûches. Car pour Rimet, seule une épreuve de cette nature et de cette envergure est susceptible de permettre à la fois de rapprocher les joueurs de tous les pays et d’asseoir définitivement la suprématie du football sur tous les autres sports. 13
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 14
Les merveilleuses histoires de la coupe du Monde
En 1905, un premier projet prévoit d’organiser chaque année un tournoi des équipes, championnes dans leur pays, qui appartiennent à l’une des associations nationales affiliées à la FIFA. L’épreuve doit débuter dès l’année suivante, la Suisse étant désignée pour être l’hôte des demi-finales et de la finale. Mais aucun engagement ne parvient au secrétariat de la FIFA dans les délais, et ce premier championnat avorte. En attendant, le football trouve pour la première fois sa place dans le programme des jeux Olympiques organisés en 1908 à Londres. Le démarrage est modeste avec seulement six équipes engagées (dont deux représentent la France), toutes européennes. Souveraine, l’Angleterre remporte ce premier tournoi. Tout comme elle domine le deuxième, auquel onze pays prennent part, quatre ans plus tard à Stockholm. Mais ces tournois, s’ils ont le mérite d’exister, sont considérés comme des spectacles, non comme de véritables compétitions internationales. Le tournoi olympique de football, disputé en Belgique en 1920, ne réunit que quatorze pays. Son succès est pourtant incontestable, en dépit de l’absence des nations vaincues dans la Grande Guerre. De nouveaux pays y font leur apparition : la Yougoslavie, l’Espagne et l’Égypte. Une surprise marque la compétition : l’Angleterre, tenante du titre, est éliminée dès le premier tour par la Nor vège. La finale met aux prises la Belgique et la Tchécoslovaquie. Alors que les Belges mènent 2-0, l’arbitre expulse un joueur tchèque, Steiner. Dépités, ses camarades quittent le terrain pour le suivre au vestiaire, abandonnent la rencontre et la victoire à la Belgique. L’épreuve est un succès sur le plan sportif, mais des voix s’élèvent contre le faible nombre d’équipes engagées, arguant à juste titre que le reste du monde n’est pas représenté. Les jeux Olympiques de Paris vont marquer en 1924 un tournant capital dans l’histoire du football mondial. Pour la 14
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 15
Introduction
première fois, des équipes viennent de tous les continents. Vingt-quatre pays s’engagent dans le tournoi de Paris. Un engouement qui conduit à organiser une phase préliminaire. Cette ouverture nouvelle permet au public européen de découvrir le football sud-américain, notamment de l’Uruguay. Qualités techniques, art du dribble, l’efficacité uruguayenne étonne. 7-0 face à la Yougoslavie, 3-0 contre les États-Unis, 5-1 contre la France, 2-1 contre les Pays-Bas, l’Uruguay s’impose en finale face à la Suisse 3-0 devant soixante mille spectateurs enthousiastes. Ce tournoi marque l’apogée du football aux jeux Olympiques. Il renforce également le désir de la FIFA d’avoir son propre championnat du monde. Mais le tournoi olympique est réservé aux seuls amateurs. Et la FIFA est décidée à promouvoir une compétition universelle ouverte à tous les joueurs sans exception. Le succès de 1924 offre à Jules Rimet une formidable opportunité et un argument décisif pour convaincre les derniers sceptiques. Il sait désormais que son grand projet de 1905 va se réaliser en Amérique du Sud. Un an plus tard, à Genève, Jules Rimet, charmeur et persuasif, déploie une montagne de diplomatie pour convaincre Enrique Buero, ambassadeur d’Uruguay à Bruxelles, de mettre tout en œuvre afin d’avoir l’assentiment de son pays quant à l’organisation d’un championnat du Monde, malgré la jeunesse du projet, au cas où la Fédération uruguayenne serait sollicitée. En 1926, Jules Rimet obtient de la FIFA que soit nommée une commission chargée d’étudier l’organisation éventuelle d’un championnat du Monde. Cette commission, présidée par le Suisse Gabriel Bonnet, et dans laquelle la France est représentée par Henri Delaunay, soumet trois propositions au comité exécutif de la Fédération internationale le 9 février 1927. Toutes prévoient la création d’une « coupe du Monde ». 15
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 16
Les merveilleuses histoires de la coupe du Monde
La préférence va à une compétition organisée en 1930 dans un pays désigné par la FIFA et ouverte aux équipes représentatives de chaque association nationale. Mais les délégués n’ayant pas reçu à temps les propositions de la commission d’étude, le congrès qui se tient en mai 1927 à Helsingfors ajourne le vote. Jules Rimet parvient enfin à ses fins le 26 mai 1928, à Amsterdam. Ce jour-là, le congrès de la Fédération internationale de Football Association, sur la base d’une motion déposée au nom de la France par son secrétaire général, Henri Delaunay, décide d’organiser une compétition ouverte à toutes les nations du football. Deux mois plus tard, une commission spéciale se réunit et décide que « la Fédération internationale organisera tous les quatre ans une compétition dénommée “coupe du Monde” ». La première aura lieu en 1930. Il ne reste plus désormais que deux années pour préparer cet événement qui marque la prise d’indépendance du football international vis-à-vis des jeux Olympiques. Au lendemain de la décision d’Amsterdam, une commission d’organisation est chargée de définir les modalités de l’épreuve. Sous la présidence de Gabriel Bonnet, Messieurs Linneman, Meisl et Delaunay se réunissent. Le 8 septembre 1928, ils décident que « la compétition se disputera par matches éliminatoires, qu’un objet d’art sera offert par la FIFA au vainqueur et que cette coupe du Monde aura lieu dans la période du 15 mai au 15 juin 1930 ». Les délais sont courts, très courts. Mais Jules Rimet garde confiance. Pourtant, les conditions financières imposées par la FIFA au pays organisateur sont draconiennes ! L’aspect financier… C’est là en effet la principale difficulté que rencontre le congrès de la FIFA à Barcelone en 1929. Finalement, les délégués optent pour que le pays organisateur prenne tout en 16
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 17
Introduction
charge : les frais d’organisation, de déplacement et d’hébergement des équipes participantes et des arbitres. Au cas où les recettes ne seraient pas suffisantes pour couvrir ces frais, l’association organisatrice s’engage à payer le solde. Et si jamais des bénéfices étaient dégagés, ils seraient partagés entre les équipes concurrentes au prorata de la recette faite lors des matches auxquels chacune des équipes aura pris part. Face à de telles contraintes, ils ne sont que six pays à proposer leur candidature pour l’organisation de cette première. La Hongrie, l’Espagne, l’Italie, la Suède, les PaysBas et l’Uruguay, le seul à n’être pas européen. Cette dernière candidature s’impose très rapidement. L’Uruguay vient de remporter les deux dernières éditions du tournoi olympique. Ce pays se prépare également à célébrer avec faste le centenaire de son indépendance en 1930. Faire coïncider ces deux événements paraît d’autant plus logique que les autres fédérations sud-américaines soutiennent leur homologue uruguayenne. L’histoire est définitivement en marche.
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 18
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 19
CHAPITRE I Jules Rimet, le visionnaire…
Theuley-les-Lavoncourt. C’est là, dans ce petit village de Haute-Saône, entre Dampierre-sur-Salon et Combeaufontaine, près de Vesoul, que naît Jules Rimet, le 24 octobre 1873. La famille de cinq enfants, trois garçons et deux filles, est modeste et habite à Theuley une petite maison dont elle déménage au moment où Jules fête son douzième anniversaire. Le jeune Jules est un bon élève, ce qui lui vaut de décrocher ainsi un premier prix au certificat d’études primaires. Quand il n’est pas en classe, il aide son père, marchandépicier, à servir les clients. Mais, la guerre de 1870 est encore dans toutes les mémoires, et les temps sont durs. Le principal souci de la famille Rimet est de survivre et, à leurs yeux, le salut ne peut venir que de la capitale. Les parents de Jules s’installent à Paris, rue Cler, au cœur du quartier du GrosCaillou, entre le Champ-de-Mars et l’esplanade des Invalides. En 1885, Jules Rimet quitte donc la Franche-Comté. Dans le quartier alors populaire du Gros-Caillou, Jules découvre les joies du football parmi les activités proposées par le patronage de son école, La Rochefoucauld. Le garçon 19
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 20
Les merveilleuses histoires de la coupe du Monde
s’épanouit. Il décroche d’abord son baccalauréat, puis une licence en droit. Jules Rimet devient rapidement associé du Comptoir fiduciaire de Paris, important cabinet de contentieux et recouvrement. Il s’engage dans le mouvement en plein essor du catholicisme social, participant activement aux œuvres du Cercle catholique d’ouvriers du Gros-Caillou, dont l’objectif est de réconcilier les classes sociales tout en soulageant les plus pauvres. Impliqué dans les idées de démocratie chrétienne, Rimet est également à l’origine de la création d’une revue sociale, catholique et démocrate, La Revue, dans laquelle il publie des poèmes. C’est à partir de 1897 qu’il commence à consacrer son énergie au sport, avec la création d’un club omnisports, le Red Star Club. Rimet, qui se marie le 22 octobre 1898 avec Jeanne Peyègne, n’a que vingt-quatre ans. Mais le club est la première étape de sa fulgurante ascension au sein des instances dirigeantes du sport français. Dans le fond, le football n’est pas le domaine de prédilection de Jules Rimet. Dans sa jeunesse, il a plutôt pratiqué l’escrime ou l’athlétisme. Pourtant, il se passionne immédiatement pour la gestion du club. Quand le Red Star voit le jour, il n’existe alors qu’une trentaine d’équipes de football en France. Toutes sont essentiellement composées d’Anglais expatriés. Le football est plutôt mal vu. La brutalité de cette discipline et le professionnalisme qui lui est attaché – et qui est déjà bien ancré en Grande-Bretagne – sont autant de causes de défiance. Grâce à ses capacités d’organisateur, Jules Rimet intègre l’USFSA (l’Union des sociétés françaises des sports athlétiques). Avant de prendre progressivement ses distances et de quitter brutalement cet organisme. Il a déjà en tête un leitmotiv : « Une fédération par sport, le football aux footballeurs. » 20
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 21
Jules Rimet, le visionnaire…
Création de la FIFA Les rencontres entre nations se multiplient et cette fréquence croissante nécessite la mise en place d’un organisme chargé de contrôler et de développer le football au plan mondial, mais aussi de préserver l’unité et la cohérence de ce sport sur la scène internationale. Le 21 mai 1904 est ainsi une date capitale dans l’histoire du football international. À l’initiative du secrétaire général de l’USFSA, le Français Robert Guérin, et du secrétaire de la Fédération de football des Pays-Bas, le Néerlandais C. A. W. Hirschman, est créée la Fédération internationale de Football Association, plus couramment désignée sous le sigle FIFA. Comme l’USFSA, son siège se trouve au 229, rue SaintHonoré, à Paris – il ne trouvera son adresse définitive à Zurich que plus tard. L’acte de fondation de la FIFA est signé par les représentants des fédérations de sept pays : la France, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, la Suisse et l’Espagne, représentée par le Madrid Football Club (car la Fédération espagnole n’existe pas encore). L’Angleterre, fidèle à ellemême, préfère ignorer l’essor pris par le football sur le continent, et s’enferme plus que jamais dans son isolationnisme. Ce n’est que des années plus tard que les Anglais rejoindront les rangs de la FIFA. En France, le football s’organise peu à peu : en 1910 est fondé un nouveau groupement, la Ligue de Football Association (LFA), sous la présidence de Jules Rimet. Il déclenche le mouvement d’autonomisation du football qui, en 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale, aboutira à la Fédération srançaise de Football Association (FFFA). Mais auparavant, Jules Rimet doit répondre présent à la mobilisation militaire qui, en 1914, marque le début de la guerre. Appelé le 21
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 22
Les merveilleuses histoires de la coupe du Monde
4 août 1914, à l’âge de 40 ans, il rejoint aussitôt le 22 e Régiment territorial d’infanterie (RTI) basé à Rouen, laissant à Paris sa femme et ses trois enfants, Annette, Jean et Pierre. En son absence, le monde du football tourne au ralenti. Mais Rimet, infatigable, n’a pas l’intention de renoncer à se rendre utile. Nommé sergent en février 1915, il ne veut pas en rester là : il suit les cours d’élève-officier du camp de Valbonne et est nommé sous-lieutenant au 23 e RTI. Non seulement il est visionnaire, mais il sait aussi se révéler un génial inventeur. C’est lui, en effet, qui met au point un appareil individuel d’évaluation des distances, le « télémire ». Élevé au grade de lieutenant, Jules Rimet reçoit à l’issue de la guerre la Légion d’honneur, tant pour ses faits d’armes que pour son action en faveur du développement des sports athlétiques en France. Démobilisé le 6 janvier 1919, il est élu président de la Fédération française de Football Association dès le 11 avril, quatre jours après la création de cette dernière.
Sur une feuille de cahier d’écolier Aux commandes du football français, Rimet poursuit son idée de créer une compétition internationale. En 1920, à Anvers, alors que s’organisent les jeux Olympiques, le congrès de la FIFA désigne Jules Rimet comme candidat unique à la présidence de cet organisme. Le Français est officiellement intronisé à ce poste l’année suivante, le 1er mars 1921. Deux ans seulement après avoir pris le pouvoir à la tête du football français, Jules Rimet prend donc en mains les destinées mondiales de ce sport. Dès lors, ce visionnaire peut accélérer la mise en place des fondements de la coupe du Monde. Le 8 septembre 1928, la FIFA, dans ses décisions, a annoncé qu’un objet d’art serait offert au vainqueur de cette coupe du Monde jouée tous les quatre ans. Mais quel objet d’art ? 22
Maquette Coupe du Monde
21/04/06
17:12
Page 23
Jules Rimet, le visionnaire…
La légende veut que ce soit encore Jules Rimet qui ait créé ce trophée bientôt convoité par toutes les nations. Jeune élève, Rimet aurait profité d’une récréation, à l’ombre d’un arbre dans la cour de l’école de son village natal, pour griffonner à la hâte sur une feuille de cahier d’écolier l’esquisse de ce qui allait devenir une Victoire ailée portant dans ses mains élevées au-dessus de sa tête une vasque octogonale en forme de coupe. C’est à Boulogne-Billancourt qu’un sculpteurgraveur du nom d’Abel Lafleur, ancien élève des Beaux-Arts et des Arts-et-Métiers, mais surtout passionné de football, transforme le rêve de Jules Rimet en réalité. Cette Victoire ailée est ciselée dans un bloc de 1 800 grammes d’or sur un socle de marbre. Le tout pèse légèrement moins de quatre kilos. Une inscription figure sur le socle : « Coupe du Monde de Football Association ». Une autre sera ajoutée plus tard « Coupe Jules Rimet ». À chaque édition, chaque victoire finale, le nom des trois premiers seront également inscrits. La première nation qui remportera trois fois l’épreuve gardera ce trophée…