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DU MÊME AUTEUR AUX ÉDITIONS JACOB-DUVERNET

Le Rugby des familles, 2007 La Comédie du rugby, 2007

© Éditions Jacob-Duvernet, Paris, 2007


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Alain Gex

JACQUES FOUROUX ENTRE AMIS

Préface de Claude Spanghero

Éditions Jacob-Duvernet


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Remerciements

Ils s’adressent bien sûr à tous les participants à ce Jubilé, mais aussi à tous ceux qui ont apprécié Jacques dans ses extravagances et ses chimères. À ces sympathisants de l’ombre, bien plus nombreux qu’on ne le croit, je veux leur dire merci d’avoir aimé notre Petit Caporal, trublion aux multiples facettes, qui a noblement terminé sa sulfureuse vie dans la peau d’un « marquis de la Dèche », semblable à celui de Roland Dorgelès. Reconstituer le puzzle d’une existence aussi riche nécessite cependant évidemment quelques coups de main. Par chance, dans ce milieu du rugby du passé, ils ne manquent pas… Reconnaissances éternelles donc à mes copains « Gastronomes du Rugby », avisés chevaliers de bouche, de Gascogne et d’ailleurs, à Claude Laffitte, lui aussi notoire illuminé, en tous points « toqué », au docteur Olivier Blazy, pour son éclairage et ses brèves de comptoir, à José Alvarez, pour le méticuleux travail de mémoire et d’amitié, et à Lionel Delmas, qui m’a redonné envie d’écrire ce modeste ouvrage quand ma flamme m’avait abandonné avec le départ intempestif de Jacques.


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À Lionel Delmas, mon « GPS », fidèle compagnon de route, aux « Gastronomes du Rugby » qui entretiennent la flamme.


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« QUE JE SOIS SI LOIN EST UNE ANOMALIE. Les autres sont tous là. Les pros, les antipros, les gentils et les salauds… Ils sont ensemble, et tout le monde s’en accommode tandis que moi, je n’y suis pas et j’en souffre. Je me retrouve seul alors que j’ai tant cru en l’amitié. On ne m’appelle quasiment plus. J’ai sans doute fait le con dans ma vie, mais c’était pour le rugby et l’idée que je m’en faisais. Mais je vais revenir et mener d’autres combats. On va commencer par ce livre… J’ai beaucoup de choses à dire. » Jacques Fouroux, début décembre 2005


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PRÉFACE

Le Petit et le Grand

Combien de temps m’a-t-il fallu pour effacer cette scène de ma mémoire ? Jacques était assis dans un fauteuil, à l’aéroport, à côté de « Toto » Desclaux, lequel tirait négligemment sur sa Boyard, une tasse de café devant lui. Il parlait fort. Comme d’habitude. Il était grave et agité. « C’est moi qui suis capitaine, s’égosillait-il, et c’est le Grand qui commande… Il fout le bordel : cela ne peut plus marcher dans ces conditions. Il faut que tu arrêtes les frais… » Nous étions en 1975. Mon sort était scellé : le Petit était trop proche de l’entraîneur dacquois. Il y avait du fusionnel dans leurs relations. À partir de ce moment-là, je n’ai jamais plus été sélectionné en équipe de France. J’en suis donc resté à 22 sélections, laissant la voie libre aux Jean-François Imbernon, Michel Palmié et Jean-Pierre Bastiat pour un Grand Chelem deux ans plus tard. J’avais 27 ans et tout l’avenir devant moi. A l’époque, déjà, Jacques savait se faire entendre. On s’est fâché, longuement et irrémédiablement brouillé. « Que ce nabot aille se faire voir !… » jurais-je. J’étais d’autant plus remonté que mon frère, Walter, était également en froid avec lui. Je le confesse aujourd’hui : je lui en voulais tellement que j’ai offert une « prime » à tout joueur du Racing Narbonnais qui le choperait au cours du 1/16e de finale aller de championnat de France joué à Auch. En ce temps-là, il y avait de l’argent dans les 11


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caisses pour ce genre d’opération punitive. Notre président, Me Pech de la Clauze, n’était pas regardant : il savait se montrer gentilhomme. Mais Jacques avait dû avoir vent de la manœuvre. Il était malin. Il s’est méfié. On n’a jamais pu le coincer sur le terrain… et Auch a pris 35 points. Mais dans nos rangs, il y avait un certain Patrick Bourkels, un ailier de tempérament qui comptait bien se faire un peu d’oseille à bon compte. Remplaçant, il n’avait pu mener à bien le sombre dessein sur la pelouse. Qu’importe donc, il restait le couloir des vestiaires. Voilà donc mon brave Patrick, tapi, filant le train du numéro 9 aux chaussettes baissées, puis décrochant, par derrière je dois l’avouer, un gigantesque marron à Jacques qui reçoit le coup en plein nez avant de s’effondrer. C’est pas très glorieux, mais efficace : il fallut les sels. On a été tranquille au match retour… il n’est même pas descendu du car. Il serait toutefois injuste de cataloguer Jacques dans la catégorie des poltrons. Force est de reconnaître qu’il a, au contraire, toujours eu du cran à revendre, j’en convins pendant ces longues années où nous ne nous sommes pas parlé. Nous nous ignorions. Quand on allait se croiser, on prenait la tangente, jusqu’au jour il a « divorcé » d’avec Albert Ferrasse, et s’est retrouvé dans la difficulté. Il est des moments où il faut savoir faire table rase du passé. Quand le GIE, les « Gastronomes du rugby », s’est ainsi monté, au début des années 1990, j’ai proposé à Jean Lacam, le directeur, de le faire venir. « Jacques est médiatique. Il est en ce moment à la rue et a besoin d’un coup de main. Je vais lui proposer le marché. » Faisant fi de sa rancœur, mettant un bémol à sa rancune, le Petit a accepté : va pour les foies gras de Delpeyrat plus tard « arrosés » de blanquette de Limoux. On ne l’a jamais regretté… Son influence a été des plus positives auprès des Daniel Dubroca, Dominique Erbani, Jean-Baptiste Lafond et autres Jean-Patrick Lescarboura. Là, j’ai commencé à découvrir le Petit. Un mec hyper gonflé qui n’avait peur de rien. J’appréciais son tempérament de feu et la manière dont il allait, en permanence, au bout de ses convictions. Bientôt, on a pris l’habitude de s’appeler pour un oui ou pour un non. Tous les jours. Nous partions en opération, toujours 12


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Préface

ensemble. J’allais le prendre en voiture, ou le contraire. On babillait. On refaisait le monde. Bref, on passait des bons et durables moments. C’était mon équipier. Façon Starsky et Hutch ! Un jour, au cours d’une pérégrination, il me lance : « J’ai fait le con de me passer d’un type comme toi en équipe de France… » Ça m’a touché droit au cœur. De mon côté je songeais : « Si je n’avais pas fait l’idiot, j’aurais probablement battu le record des sélections… » Côté affaires, au niveau du GIE, la société « Spanghero » représentait alors 75 pour cent du chiffre d’affaires. Il convenait donc d’opérer, au plus vite, un rapprochement avec les frangins. Je m’y suis employé. Un repas à trois à Castelnaudary, avec Laurent l’aîné, a eu tôt fait de remettre tout le monde sur la même longueur d’onde. On a parlé de tout et de rien. De sa passe et de sa technique pure qui laissaient à désirer. De son caractère enflammé propre à faire monter les types aux arbres. Des pommes de SainteBazeille. Des poires sur le terrain, et du cassoulet familial. Laurent a tendu la main, la manière de passer l’éponge. Moi, je me suis baissé et je l’ai embrassé. Comme d’habitude. On se fait toujours la bise avec le Petit. Il m’aime bien. Et je le lui rends bien… Claude Spanghero

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INTRODUCTION

Cher Grand Petit Homme

Et si nous parlions de Jacques ? Ce personnage pathétique et majeur du rugby « à la passe de maçon » (selon ses détracteurs) qui, tel Vauban, a pourtant élevé tant de forteresses. Ce capitaine bâtisseur le mérite bien pour services rendus à nos plumes, quand celles-ci étaient menacées par cet étrange syndrome de la page blanche qui glaçait les plus grands, les plus talentueux. Et si l’on s’en payait encore une bonne tranche sur le dos, et à la santé du « Grand Petit Homme », comme du temps où il nous régalait, en petit groupe, autour d’une table réservée chez André Daguin et Claude Laffitte à Auch, ou chez Joël Robuchon à Paris. Sur ses propres deniers sans doute, ou peut-être. Oh, ce n’était pas tant les mets étoilés, le cadre fastueux, qui nous émerveillaient alors, mais plutôt le débit de ce Cyrano, toujours en forme, drôle et spirituel, incisif et exalté, tendre et caustique, bateleur et frondeur quand il n’était pas paranoïaque et perfide. Il n’a pas eu toujours le nez, mais quel jarret. Olé toro ! Dressez l’oreille… Il arrive avec ses gros sabots. Un peu de patience car il salue son monde. Un bon mot par-ci, une vanne par-là. Gare à vos avant-bras, il va s’y accrocher. Gare à votre montre, il va vous la piquer, avant de vous demander l’heure dans un grand éclat de rire. 15


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Entendez-le, c’est Louis de Funès. Les mêmes mimiques. Car comédien il l’est aussi. Garde-pêche, il pourrait taper du pied sur les berges pour attirer les truites ; gendarme, poursuivre quelques nonnes en 2CV sur les départementales menant à SaintTropez ; amiral, voguer sur le Petit Baigneur. Mais le rôle qu’il incarne le mieux est celui d’entraîneur, avide d’importer l’arme fatale, la « bajadita » argentine derrière laquelle il aime tant se fondre. « Ça va Jacques ? » Il vient encore de faire des siennes. En transit à l’aéroport, il a trouvé le moyen d’appeler Robert Paparemborde, son adjoint de cœur, pour lui demander de sortir la Mercedes et de venir le chercher à la descente d’avion, avec une casquette vissée sur le crâne. Est-il marquis, comte ou baron ? Mais il est impératif qu’il soit quelqu’un pour l’attendre, lui ouvrir la porte, faire chapeau bas, lui demander « avez-vous fait bonne voyage », avant de l’emmener sur le front de Seine, à l’hôtel Nikko où il a ses quartiers. Chut… ne dérangez pas l’artiste gascon : il est en affaires… « Quatre milliards et demi de lecteurs. » Cette fois, c’est le coup de la voiture de maître. Cet autre, il lit les lignes de vie sur les empreintes d’un pied, gauche, incrustées dans une motte de beurre. C’est dingue : il est toujours des curieux ou des candides pour relever le pantalon ou la jupe… Jacques, faut toujours qu’il épate son monde et qu’il en mette plein les yeux de son entourage. Je l’aime bien. Il m’a également à la bonne. C’est nécessaire dans cet univers impitoyable de la presse. Je le fais marrer avec ma formule : « L’AFP ? Quatre milliards de lecteurs… potentiels… sans compter les Chinois. » Ça m’octroie une légitimité accrue auprès des mastodontes, Midi Olympique ou L’Équipe. L’Agence aux « quatre milliards de lecteurs » a ainsi eu un midi l’idée saugrenue de mettre, face à face, tête à tête, bouc à bouc, les deux monstres sacrés du boniment dans un établissement à la hauteur de l’événement, chez Drouant, à l’endroit même où les Goncourt posent leur auguste fessier et donnent libre cours aux ébats de leur matière grise. Pour cette partouze de la galéjade, Amédée Domenech est arrivé le premier, suivi de Jacques, un brin en retard comme à son habitude. L’ancien contre le nouveau. Le « Duc » face au « Petit Caporal ». Le tenant à l’épreuve de son challengeur. 16


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Introduction

L’affiche avait de l’allure… l’addition aussi car le « combat », âpre, a duré cinq heures. Disons le tout de go, Jacques a gagné aux points face à un rival un peu vieillissant, mais c’est Amédée, ou plutôt son attaché de cabinet, dans la vénérable assemblée nationale des collaborateurs de ministres et parlementaires, qui a donné le ton en lançant : « M. Domenech ne boit que du champagne… » Je revois la tête de Michel Hénault qui, en sa qualité de chef de service, avait tendu la carte de crédit dorée. 8 000 francs à six au début des années 1990, voilà le prix du sommet. Mon pote a dû discrètement faire un signe au maître d’hôtel pour qu’il fasse trois notes, « sans détails » bien sûr, car cela aurait toussé du côté du service comptabilité de l’Agence « mondiale ». Il n’en menait pas large ce Chef, complice bon vivant et journaliste reconnu pour le scoop relatif au dopage avéré de Ben Johnson. Trois mois, qu’il a mis pour se faire rembourser en frais… Il se souviendra longtemps de ces « verres de contacts », immortalisés sur le Tour de France par Blondin. Jacques aurait toutefois pu commander de la blanquette. Il en était l’ambassadeur durant deux ans et demi du côté de Limoux où les citadelles cathares, sises un peu plus haut à la verticale dans la caillasse, entendaient ses rodomontades lorsque soufflait le marin, ce vent venant du large, affectueux compagnon de solitude. Mon héros ne connaissait pas Amédée, mais il a tout de suite apprécié son regard malicieux, son accent rocailleux des Corbières au service d’un timbre corrézien, et son aplomb, décapant. On s’est tous bien marrés quand Domenech nous a raconté comment il avait inondé sa cave à Brive, pour se faire rembourser par les assurances au lendemain d’une inondation qui avait, hélas, « épargné » son établissement. Pressé par la réputation ravageuse du patron, l’assureur était accouru, mais avait remarqué des traces anormales laissées par l’eau sur les murs… « Monsieur Domenech, mais comment se fait-il que le niveau ne soit pas rectiligne ? » s’était enquis le brave homme. « Hé, monsieur l’assureur, lui avait benoîtement rétorqué l’inénarrable figure de tronche. Les vagues, qu’est-ce vous en faites alors ? » Sacré Amédée, dont les morceaux de bravoure courent encore dans les couloirs de vestiaire ou de tribunaux : la « feinte de passe » à la reine d’Angleterre mettant l’Anglais au « garde-àvous » à Twickenham, la plainte pour « vol d’arbres », après 17


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qu’il les eut coupé en pleine nuit parce qu’ils étaient un frein à l’extension de la terrasse de son bar et enfin ce mot, au terme d’un procès en Irlande en recherche de paternité. Une soubrette avait pointé du doigt Amédée, alors en compagnie de camarades de l’équipe de France. « M. le Juge, s’est-il exclamé pour toute défense, si la dame met au monde des quintuplés, mettez-m’en un de côté… » Jacquot a toujours eu un faible pour les piliers forts en thème : « Papa », Cholley, Ondarts, Dospital et Garuet sont autant d’exemples truculents par leurs croustillantes personnalités. Il faut toujours qu’il les touche, qu’il les tance, qu’il les secoue quand il ne les caresse pas. Parfois, il leur fait les honneurs. Ainsi, un après-midi de 1984 à Wellington, sous l’inquiétante enseigne de l’hôtel… « Waterloo », il aperçoit un buste de l’Empereur avec le bicorne, et jette un œil illuminé sur l’imperméable vert armé que je porte. En deux temps, trois mouvements, voilà notre saltimbanque battant le rappel. « Dans cinq minutes, tous au salon ». Et de s’emparer du Corse en plâtre et de mon habit de campagne, de passer la tête de Napoléon par le col et d’entrer, « impérial », pour une revue de ses vieux grognards, sous des ovations rappelant celles d’Austerlitz. Ses « gros » dont il est chef de meute, c’est quelque chose ! Tiens, cet après-midi de 1990 au Grand Hôtel, tandis qu’il m’invite à monter dans sa chambre pour me donner quelques derniers tuyaux relatifs à la tournée en Australie, il me reçoit en caleçon léopard qui jurait un peu avec sa petite taille (1,62 m), quand nous entendons faiblement toquer à la porte… « Qui c’est ? – C’est moi, Laurent… – Qu’est-ce qu’il y a ? – J’ai trop mal à la tête Jacques, j’peux pas partir avec vous. – Entre et montre… » Apparaît alors le malheureux pilier agenais Seigne, avec l’allant d’un Bourgeois de Calais, la tête au carré, « œuvre » de Michel Tachdjian qui avait pris son carafon pour une enclume en finale au Parc. Le pauvre Laurent avait lâchement été livré à lui-même. Point d’aide aux fesses ! Bernard Mazzer, qui ne garde habituellement pas ses poings dans les poches, s’en est « excusé » de la sorte : « Cela fait deux ans que l’on se voit au bistrot… et tu ne m’as jamais offert un café… tu ne veux tout de même pas que je me mouille pour toi. » 18


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La scène est surréaliste. On eut dit un homme sortant du tambour d’une machine à laver, mâché, désarticulé, sans ressort « Soit, tu vas rester, mais rend-toi immédiatement à la clinique des sports de la Porte de Choisy de ma part. » En route pour le Jubilé. Parler de Jacques, ce jouisseur patenté ayant tant besoin d’être aimé, me semble une nécessité dans la mesure où l’on va réparer une injustice. Je l’ai appelé l’autre jour, lui faisant part de mon projet à l’approche des fêtes de fin d’année : un livre lui étant, enfin, consacré. Monique, son épouse, m’a répondu. « Oh, Monsieur Gex, ça fait longtemps… – Jacques est là ? – Il est dans son fauteuil, il arrive – Oh Alain… Quatre milliards de lecteurs, sans les Chinois, qu’est-ce qui t’amène ? – T’es partant pour un bouquin ? – Ça tombe bien. Je commençais à m’ennuyer : je ne reçois plus beaucoup d’appels. D’accord, mais j’ai beaucoup de choses à dire… » « Comme toujours, Jacques. » Être en panne de correspondants : voilà qui a du lui peser à notre Jacques. Il compose tant avec le téléphone au bout duquel il fait aboyer, miauler, voire roucouler son monde. Le fixe ou le portable ? C’est son cordon ombilical. Tiens, en tournées, ne dépensait-il pas des sommes considérables à babiller avec sa maman Marthe ? Mais il est prêt pour la nouvelle aventure. Comme Alain Juppé en politique, il vole de révolution de palais en défi. Il n’a plus de permis de conduire : mais qu’importe. Déjà, il saute sur le volant, desserre le frein à main, tourne la clé. Contact, moteur ! Vous seriez avisés d’attacher vos ceintures ! Cette précaution me paraît d’autant plus indispensable que l’homme le plus marquant et extravagant de l’histoire du rugby français, qui a eu, un temps, le pouvoir dans le creux de la main (trop facile…), a pour habitude de franchir les lignes jaunes. Sa seconde nature. Jacques nous pilote au pays de l’amitié. Le sachant un peu distrait, je réglerai donc les détails du voyage qu’il entreprend avec trente potes (peut-être davantage pour le « coaching »), de tous horizons, et parmi ceux qui ont compté. Cela devrait se terminer par un match. Il aime tant, Jacques, les affrontements. 19


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Entendez le Petit commencer à siffler avec enthousiasme, lèvres en bataille, comme à l’époque où, chaussettes sur le bas de survêtement, un rien militaire, il préparait ses troupes dans la froidure, en forêt de Rambouillet, à l’ombre du cher Château Ricard où les murs résonnent encore de son génial machiavélisme. Prêts ? En place pour le Jubilé ! Qui peut ainsi prétendre que Jacques est parti, un foutu 17 décembre 2005 ?

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ACTE 1

PÉRIODE BLEUE


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