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Alain Gex
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Ă€ Jacques Fouroux
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« Des noms comme Camberabero, Spanghero ! Ce ne sont pas des noms, mais des torrents, des cascades, des tam-tams, des syllabes qui résonnent. Ces gens-là sont des sortes de Tarzan grandeur nature ! Leur équipe, leur bande n’est, elle, pas dessinée. Elle vit forte. » Claude Nougaro
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Table des matières
Remerciements ............................................................................................................................................11 Préface de Franck Mesnel..............................................................................................................13 Introduction ......................................................................................................................................................19 I. Au Panthéon 1. Du côté de Bram, la « Spanghero Valley » .........................................................27 2. Les Camberabero : au pied des vignes s’ébattent des lutins .........................................................................................................................45 3. Les Herrero : un Pacha, un Indien et le vent du large ...................58 4. À Montfort-en-Chalosse, il est deux « Boni », les 12 et 13 .....................................................................................61 5. Jep et Jo Maso du Pays catalan .........................................................................................71 6. Et un, et deux, et trois… « Canto » ............................................................................81 7. Les Prat : destins de capitaine............................................................................................89 8. Les Lafond : des Joconde en Aquitaine ...............................................................97 II. Dans l’actualité 1. Les Elissalde, cocoricos du côté de l’église..................................................109 2. Les Yachvili font de la résistance ...............................................................................115 3. Huit Lièvremont garnissent « La Ribambelle ».......................................123 4. Valse à mille temps chez les Rougerie ..............................................................129
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5. Un jumeau des « Ponts Jumeaux » chez Skréla .......................................137 6. Les Traille : nés n° 6....................................................................................................................145 7. Un chameau nommé Dourthe au pays des vachettes ..................151 III. Dans les esprits 1. Moga-Soro, l’attelage des familles ...........................................................................161 2. Pierre et Claude Lacaze, fric-frac dans les défenses ........................171 3. Les Bonal en ricochet ..............................................................................................................179 4. Les Gallion, corsaires de rades et de la Rade ...........................................187 5. Colomine et Vaquerin ne font qu’un ................................................................193
Annexes Bibliographie................................................................................................................................................207 États de service ..........................................................................................................................................209
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Remerciements « Les journalistes sont les historiens du présent », disait judicieusement Albert Camus. J’adhère d’autant plus à cette remarque que j’ai eu le privilège de relater l’actualité du sport, et du rugby en particulier. D’ailleurs, je n’ai jamais pratiqué cette noble discipline que l’été, sur la plage, ou l’hiver, derrière la ligne de touche à l’heure du vieux Tournoi. Il faisait froid et nous effectuions des passes destinées à réchauffer les doigts gourds pour prendre quelques notes sur les séances d’entraînement à l’ancienne, solides et appliquées, mais aussi décontractées. Pourquoi aurions-nous dû souffrir de ne «pas avoir touché le cuir » en compétition ? Aux dubitatifs, je rappellerai ce mot d’un confrère de France-Soir, Jean Eskenazi, amateur de bons cigares et d’œillets à la boutonnière, qui officiait, lui, auprès des adeptes du ballon rond : « Est-il besoin de pondre un œuf pour savoir… s’il est frais ? » Je me suis donc nourri aux retransmissions télévisées, en noir et blanc à l’époque de l’ORTF, de matches de Tournoi des Nations, au nombre de cinq alors, aux commentaires du seizième homme, ce cher Roger Couderc – dont je ne me pardonne pas d’avoir égaré la photo qu’il m’avait donnée, sur laquelle, jeune reporter, je posais à ses côtés, à Brisbane, en 1981 –, et aux propos du délicieux Pierre Albaladejo. À ces deux derniers, longtemps associés, je suis redevable de m’avoir guidé avec leur ton de voix inimitable. Grands 11
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mercis également à Robert Barran, Roger Bastide et Loys Van Lee, trop tôt disparus et que j’ai eu la chance de connaître, et à Jean-Jacques Simmler, personnage à la gouaille légendaire qui aurait pu rivaliser dans l’art du boniment avec Jacques Fouroux. Mais ce genre d’ouvrage ne peut également s’écrire sans le concours de témoins qui, partant à la retraite, ont déposé leur plume. Ainsi Henri Gatineau, Henri Garcia et JeanPaul Rey m’ont-ils fait partager des anecdotes essentielles. Avec Denis Lalanne et Jean Cormier, ils sont les gardiens de la mémoire. Comme les joueurs, ces serviteurs du clavier forment l’autre famille, celle qui permet au rugby de demeurer éternel.
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Pour sportif et ludique qu’il soit, le rugby s’inscrit dans une démarche de combat. Il requiert solidarité et unité. Du reste, un terme symbolise à merveille cet état d’esprit : le fameux « groupé pénétrant », expression étrange, mais ô combien significative et subtile. Qu’elles soient de sang ou d’amitié, les fratries sont un atout essentiel dans la quête du succès et l’arme la plus efficace au cœur de l’action. Un soliste, aussi virtuose soit-il, qui ne tiendrait pas compte du potentiel de ses camarades peut entraîner la perte de son équipe. A-t-on déjà vu un homme faire sauter un pont sans l’aide d’artificiers ? J’aime décider seul, comme chacun. Mais mon éducation m’a inculqué le principe du partage des idées. Avec pour exemple les Indiens d’Amérique de naguère. Ils rassemblaient, eux, leurs aptitudes, leurs attitudes et leurs réactions au travers de trois générations : celles de l’ancien, de l’adulte et du jeune. Et ils en tiraient, au final, la sagesse.
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L’adulte qui part à la chasse avec le vieillard s’engage plus sereinement. Le tableau n’en est que plus riche. À chaque fois d’ailleurs qu’un homme s’engage seul dans une entreprise, il a toutes les chances de faire une connerie. Il en va du rugby comme de la vie. Si je devais me lancer dans une aventure malhonnête (ce qui n’est guère mon genre), ce serait différent. Mais du moment où je m’implique dans une société, je suis obligé de respecter des règles élémentaires d’engagement et de faire preuve d’un minimum d’éducation. Ça s’appelle « vivre ensemble ». C’est une forme de civisme. Grâce à cette conduite, on peut vaincre les montagnes et se jouer des tornades. En rugby, on a besoin d’amitié, mais aussi d’amour. Cela explique qu’il est essentiel de se fondre dans cette complicité, si étrange et si unique quand on la voit de l’extérieur. Perdu, on se retrouve. Baladé, on reprend son équilibre. Secoué, on se ressoude. Cela suppose, il faut l’avouer, d’adhérer à des décisions que nous ne comprenons pas toujours. Mais la confiance l’emporte, gage de victoires. Les intérêts, souvent, divergent, mais toujours à court terme. En fait, tous les joueurs partagent une amitié indestructible. Elle fortifie la famille. Car famille il y a. Voyez comme tout le monde s’est retrouvé à Auch, sur la place de la cathédrale, pour les obsèques de Jacques Fouroux. Cher Jacques ! Tout le monde a fini par se mettre d’accord sur le personnage : extraordinaire. Voilà l’exemple éloquent de la fraternité dont se nourrit notre sport. Cela me fait penser au film Vincent, François, Paul et les autres, avec Yves Montand, Michel Piccoli et Serge Reggiani, monstres sacrés des plateaux. Me reviennent en mémoire 14
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les confidences de tournage de Jean-Loup Dabadie, cet ami dialoguiste qui, par goût et par ses racines, est si proche du monde du rugby. Il m’avait raconté un truc fort et symptomatique à propos du titre, que l’ego d’Yves Montand, sublime mais individualiste en diable, a bien failli émasculer. « Pourquoi pas Vincent, François et les autres ? », avait proposé, cabotin, le comédien chanteur. « Ou même, tout simplement, Vincent et les autres ? » Par bonheur, l’équipe, solidaire, avait fait corps. Ce fut finalement Vincent, François, Paul et les autres, génial reflet du film de Claude Sautet, illustrant à merveille les liens de la famille et de cette amitié profonde, comme en rugby. Je suis assez admiratif de la réussite des filiations ; ce n’est pas facile pour un gosse de marcher sur les traces de son dab. Tuer le père n’est pas du tout le but. Grandir devant une star de paternel demande une sacrée force de caractère pour surmonter les « C’est le fils de… ». On n’y parvient qu’en affichant de réelles dispositions. Une fratrie cimentée par le sang n’en est que plus forte. À notre époque de joyeux lurons, nous possédions au sein du Racing Club de France un exemple révélateur, celui de Jean-Baptiste Lafond. Jamais il n’a cessé de baliser le terrain pour amener Jean-Marc, son frangin, à son exceptionnel niveau. Pas rancunier pour un sou, Baptiste avait effacé de sa mémoire la boule de pétanque que Jean-Marc lui avait balancée sur le crâne à l’âge de 10 ans parce qu’il trichait aux boules. Pour ma part, j’ai une sœur, Sandra, qui vaut bien plusieurs frères. Toutefois, sous ce lumineux maillot ciel et blanc, j’ai connu une fratrie de circonstance, formée de quinze mecs, et à l’intérieur de celle-ci, une autre, plus forte encore, 15
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composée de cinq potes. Elle aurait pu, elle aussi, inspirer au septième art un titre comme Jean-Baptiste, Philippe (Guillard), Éric (Blanc), Yvon (Rousset), moi… et les autres. Le quintet était fusionnel. Nous habitations en effet le même appartement. Nous prenions au moins un repas quotidien ensemble. Nous respirions ensemble, nous plaisantions ensemble, nous nous inspirions les uns les autres. L’émulation des joueurs et des hommes n’en était que plus créative. C’est ainsi, du reste, qu’est née la ligne Eden Park et notre papillon rose. Baptiste est le dernier fruit, savoureux et juteux, d’une de ces lignées qui constituent ces générations de « Peaux Rouges à la française » et qui tirent force et vigueur du passé. Elles fleurissent, ces tribus, sources de légendes, de diversité et de flamme dans ces terres d’Ovalie caressées par les zéphyrs ibériques ou transalpins. Spanghero, Herrero, Camberabero. Ça sent l’éducation, la terre, l’olive et le vin rustique ! Ça se termine aussi par un « o », un oh ! d’admiration évidemment, propice à l’émulation. Trois familles m’inspirent : les Boniface, pour leur légèreté, fine et délicate, leur atypisme et la voie spirituelle qu’ils ont ouverte aux Trillo et Maso (mais j’admets là un penchant pour la fratrie des arrières à laquelle j’appartiens) ; les Spanghero, prononcé en roulant du « r », la fratrie la plus impressionnante, celle du combat, de la puissance, du double mètre et des kilos ; et celle des Lièvremont, frères mais également sœurs, pour sa qualité et sa quantité, qui irradie du Pays catalan au Pays basque, le long de cette ligne Maginot du rugby, désormais mise à mal par les Parisiens que nous sommes. À mes yeux, les Spanghero et les Lièvremont épousent un symbole vrai du rugby : celui de la table, omniprésente jadis et cousine de notre sport en terme de chaleur, de convivia16
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lité et de tradition, celui de la fourchette et du rustique curedents, cette plume d’oie ou cette allumette taillée qui est à notre sport ce que l’auriculaire, dressé derrière la tasse de thé ou de café, est à un repas de la gentry. Hauts en couleur, Walter (« Oualtère ») et Claude Spanghero s’apparentent volontiers aux rugbypèdes des bandes dessinées. Ils représentent à souhait la force tranquille et farouche du rugby. Moi, de par ma position sur le terrain et mon physique, généreux pour un trois-quarts, je me situais entre les deux tendances, avant et arrière. Ça n’avait rien de bâtard et je peux maintenant l’avouer : ça m’allait très bien… Franck Mesnel (56 sélections)
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Introduction
Rassembler était son pêché mignon. Il était chef de meute, d’orchestre, rebelle et bonimenteur. Il était prophète. Il était tour à tour diable et bon Dieu. Il n’existait pas un attroupement intempestif dont il ne soit le centre, s’agitant, prêchant, prophétisant, vociférant… Amusant et fascinant tout à la fois. On le surnommait le « Petit Caporal » pour la maestria avec laquelle il orchestrait les batailles (Twickenham, Lansdowne Road, Nantes et Sydney et bien d’autres). Mais il pouvait subitement faire le Jacques avec le même bonheur et prendre les traits d’un Louis de Funès dont il avait la malice et la verve. À Jacques Fouroux, rien d’impossible ! Le grand petit homme était au rugby ce que le nez de Cyrano de Bergerac est à la littérature et Napoléon à l’Histoire. Un être irremplaçable qui, un temps, eut le pouvoir dans le creux de la main. Il lui eût suffi de la refermer. Trop simple ! Il était d’autres défis à lancer, d’autres révolutions à faire, d’autres utopies à réaliser. 19
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En l’imposante cathédrale d’Auch, chère à ce d’Artagnan qu’il incarnait parfois, Jacques Fouroux avait donc rassemblé ses fidèles avant d’entreprendre son dernier voyage et de rejoindre Robert Paparemborde, son dévoué grognard, dans un monde plus paisible et moins belliqueux. Le rassemblement, cette fois, était de taille, au point qu’il avait fallu interdire l’accès au centre-ville dès onze heures du matin. Il y avait là les amis, mais aussi les autres, ceux qui vilipendaient ce superstitieux, attaché au chiffre 7. De véritables funérailles nationales ! En ces tristes moments, le rugby se fait famille. On se retrouve à l’église, on se rend au cimetière et on boit un dernier coup à la santé du défunt, en prenant soin de rester bien soudés, comme il est de mise sur les pelouses d’Ovalie. Ces obsèques touchantes furent ponctuées par les quelques paroles symboliques prononcées par son lieutenant du Grand Chelem 1977, Jean-Pierre Bastiat : « Jacques, par une bisquouette, encore une, tu es parti on ne sait où, mais te connaissant, on a laissé les portables allumés… » Cette cérémonie a révélé à quel point le rugby constitue une grande et belle famille pouvant faire table rase des querelles de pouvoir, d’influence ou de clocher. Au milieu de cette mêlée, il ne manquait que le ministre des Sports, Jean-François Lamour, dont l’avion n’avait pu se poser sur l’aérodrome gersois, et Albert Ferrasse, l’ex-omnipotent président de la Fédération française, qui, avant qu’une durable brouille les éloigne, avait fait de Jacques son successeur. Son grand âge (88 ans) ne lui avait pas permis de se déplacer. «Mais je suis resté cloîtré à la maison, en hommage», précisa « Bébert », qui avait eu l’occasion de renouer les liens grâce à une malicieuse intervention de Serge Blanco. 20
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Introduction
Le joueur de rugby aime à se fondre en famille. S’il n’en existe pas, on la crée. Ainsi fit Claude Spanghero qui, au début des années 1990, avait mis sur pied une association de bouche : « Les Gastronomes du rugby », constituée de quinze personnalités désireuses de monter à l’assaut des grandes surfaces. Et chacun sait que le terrain et la table constituent un axe naturel du rugby. Il y avait là le cadet de Walter avec ses cassoulets, Gérard Bertrand, avec ses vins de Corbières, Dominique Erbani, de Buzet, Jean-Baptiste Lafond, de Bordeaux et Pierre Rougon, des Beaumes-de-Venise, Didier, Guy et Lilian Camberabero, avec leurs nougats, Daniel Dubroca, avec ses pommes de Sainte-Bazeille, Stéphane Graou, avec ses fromages de brebis, Jean-Luc Joinel, avec ses confitures Andros, Jean-Patrick Lescarboura, avec ses cafés, Olivier Merle, avec ses salaisons, Laurent Rodriguez, avec ses eaux minérales de Dax, Philippe Sella, avec son savoir-faire en communication, Jean Lacam, digne représentant du secteur commercial, et, incontournable, Jacques Fouroux, avec ses foies gras. Tous pour un, un pour tous !
Caractéristique de ce sport de gentlemen, même la plus individualiste des bourriques savoure le moment où il va se retrouver en famille. L’exemple du 2e ligne Thierry Picard est sur ce point révélateur. Personnage original, l’Auvergnat avait pour habitude de donner les noms de ses adversaires à la lignée de cochons qu’il engraissait parallèlement. De sorte que, certains matins, son épouse le voyait partir, guilleret, sur ses mots: « Je reviens tout de suite… juste le temps d’aller tuer untel.» Le gaillard de l’ASM prenait un malin plaisir à égorger 21
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ses rivaux les plus détestés. Imaginez la panique dans la porcherie lorsqu’il sélectionnait, coutelas en main, le condamné du moment, destiné à terminer en boudin… Qu’en penseraient les Pelous, Thion, Papé et Nallet d’aujourd’hui ? Ce livre a pour objet de démontrer combien le rugby est une famille ordinaire, combien il trouve dans les particularismes de ses branches et de ses bourgeons éclat, vigueur, force et équilibre. Notre choix est subjectif, que le lecteur nous en excuse. Nous aurions pu opter pour d’autres illustres lignées, celles des Berbizier (René, Philippe et Pierre), des Castaignède (Pierre et Thomas), des Delaigue (Gilles et Yann), des Martinez (Ernest et Gérald), des Pebeyre (Élie et Michel) ; ou bien pour les frangins Max et Michel Barrau, Bernard et Christian Viviès, Pierre et Claude Besson, Julien et Nicolas Laharrague, Alain et Michel Marot, Aubin et Franck Hueber, Antoine et François Labazuy, Philippe et Olivier Carbonneau, de sacrés arrières et demis ; ou encore pour les frères Jean et Nicolas De Gregorio, Claude et Gérard Portolan et Yvan et André Buonomo, de rudes avants à l’ancienne. Tous auraient eu leur place et seul le nombre nous a fait renoncer. Dynasties obligent, il ne sera que peu question d’un Serge Blanco, devenu un puissant président de Ligue (une autre sorte de famille, c’est vrai), d’un Franck Mesnel, avec les papillons roses de sa ligne de vêtements, ou d’un Philippe Saint-André, qui a mis au goût du jour outre-Manche l’entraînement à la française. Mais que serait aussi cette noble famille du rugby sans la présence de son insaisissable artiste, Jean-Pierre Rives qui, aux côtés du président Bernard Lapasset, patriarche de la Rue de 22
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Introduction
Liège, a fait obtenir à la France l’organisation de la sixième coupe du Monde à l’automne 2007 ? Pourtant, cet artiste, élève d’Albert Féraud, se refuse encore obstinément à offrir une sculpture ou une toile à la Fédération française. Et, s’il a composé une œuvre pour le Centre national de rugby à Marcoussis, c’est avec l’assurance que celle-ci se trouverait érigée à l’entrée, mais côté extérieur de l’enceinte. Que serait enfin, que serait surtout cette magnifique famille sans la mémoire de son enfant terrible, Jacquot le croquant, l’homme qui se targuait de lire l’avenir dans les lignes du pied gauche, selon les principes de son maître grenoblois Jean Liénard disparu un mois avant lui ?
Le 17 décembre 2005, Jacques Fouroux s’est échappé pour l’au-delà, sans bruit, lové dans son fauteuil, après un repas de famille, un soir d’hiver où son frère Maurice lui avait préparé un délicieux foie gras. Fatigué par tant de combats, son cœur a lâché. Peut-être pensait-il alors à l’autobiographie qu’il projetait d’écrire… Faute de place, cet ouvrage ne peut honorer tous les enfants de Jacques. Aussi se propose-t-il de relater l’histoire de vingt familles, les plus représentatives parmi celles qui ont mérité de la nation du rugby. Mais se sent-on vraiment seul en rugby ? Il suffit d’un peu d’imagination comme le fredonnait Charles Trenet dans son « jardin extraordinaire ». J’en veux pour preuve, cette parole d’une sympathisante béotienne qui s’interrogeait à l’époque de la radio, reine du direct : « Albala… et Jo, je ne comprends pas comment ils trouvent toujours le moyen d’être ensemble 23
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dans les actions de jeu. » Les secrets de la complicité sans doute. Puissent toutes les filiations et fratries de l’Hexagone s’y reconnaître, et les enfants uniques aussi.