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Ce qu’il faut savoir sur
les cures thermales
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Collection « Les livres santé France Inter » dirigée par Hélène Cardin et Danielle Messager Aimer sans risque, d’Hélène Cardin et Danielle Messager, 2005
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Astrid Charlery
CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR
LES CURES THERMALES
Éditions Jacob-Duvernet
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Table des matières Avant-propos....................................................................................................................................7
LES CURES THERMALES, POURQUOI ? UNE RÉPONSE APPROPRIÉE Le contexte médical français .....................................................................................11 Le thermalisme, une médecine complémentaire.............................17 La médecine thermale, quelles preuves ? ...................................................37
LES CURES THERMALES, POUR QUI ? UNE RÉPONSE POUR CHACUN Thermalisme : gloire et recul....................................................................................51 Quelles cures, pourquoi et à quel âge ? .......................................................55 Une cure pour des patients particuliers ......................................................85 Une cure pour moi ................................................................................................................93
LES CURES THERMALES, COMMENT ? UNE RÉPONSE NATURELLE Produits thermaux : les eaux qui soignent ..........................................101 Hydrothérapie, climatologie, pédagogie, crénothérapie… une prise en charge globale ...................................117
EN CONCLUSION… Le thermalisme, pourquoi pas ? ........................................................................137
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Avant-propos Une médecine originale Au moment où la France remet en cause toute son organisation médicale, de nouvelles manières de soigner se font jour. Aujourd’hui, de nombreuses formes de médecine sont proposées aux patients, parallèlement aux traitements classiques. Sans conteste, la médecine thermale en fait partie, avec ses particularités au premier rang desquelles une approche respectueuse du corps, pris dans son ensemble. Mais elle a d’autres cordes à son arc pour convaincre… Si cette médecine que la terre nous a donnée séduit nombre de nos contemporains, c’est en effet parce qu’elle soigne, mais aussi parce qu’elle aide à prévenir les affections. Aussi n’est-ce pas une surprise que les cures thermales associent si intimement, au cœur de la démarche thermale, éducation, prévention et soins. Le thermalisme est également une façon naturelle de soigner. Et à l’heure où le respect de l’environnement s’affiche plus que jamais, cette médecine est, par excellence, sa traduction dans le domaine médical. Enfin, cette thérapeutique qui remonte à l’Antiquité a prouvé ses bienfaits de manière empirique. On commence maintenant à mesurer scientifiquement l’efficacité de la médecine thermale, à l’aide d’outils qui lui sont adaptés et qui vont permettre d’obtenir des réponses objectives et précises. On espérait cette évaluation depuis longtemps et on en attend impatiemment les résultats !
Hélène Cardin et Danielle Messager
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LE THERMALISME, POURQUOI ?
UNE REPONSE APPROPRIEE
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POURQUOI ?
Š Office de tourisme de Digne-les-Bains/Eurothermes
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THERMALISME
LE CONTEXTE MEDICAL FRANÇAIS
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est une réalité : la médecine française que de nombreux pays nous envient est une médecine hautement spécialisée, voire très technique. Elle permet des prouesses technologiques dans le domaine des greffes d’organes. Elle banalise des interventions chirurgicales comme la pose de prothèses ou d’autres dispositifs médicaux. Ou encore, investit le cerveau afin d’en pallier les défaillances avec du matériel sophistiqué. Ses résultats restent incontestables grâce aux progrès de l’imagerie médicale et à la maîtrise des actes chirurgicaux. Les interventions chirurgicales sous cœlioscopie, qui réduisent les balafres cicatricielles à quelques points d’un centimètre et qui favorisent des séjours courts à l’hôpital, deviennent courantes. On recourt aussi de plus en plus à la téléchirurgie qu’un spécialiste peut pratiquer à distance du malade. Ces progrès techniques bousculent les organisations. La durée des 11
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La santé en France : principe fondamental « C’est suivant le principe fondamental de la Sécurité sociale, “chacun cotisant selon ses moyens et étant soigné selon ses besoins”, que la France pourra conserver une médecine de qualité accessible à tous ses citoyens dans l’égalité et l’équité. Cette dernière reste le pilier de notre pacte républicain dont nous fêtons le soixantième anniversaire et auquel chaque Français est si attaché. » Professeur André Vacheron, cardiologue et membre de l’Académie nationale de médecine.
séjours hospitaliers a tendance à se réduire de décennie en décennie privilégiant les gestes médicaux et chirurgicaux rapides et efficaces au détriment d’une approche médico-sociale et d’une réhabilitation complète du malade. Ainsi les femmes quittent-elles la maternité trois ou quatre jours après l’accouchement et les patients opérés d’une prothèse ne restent-ils guère hospitalisés plus de quelques jours, au bout desquels ils commencent leur rééducation. Alors que des services hospitaliers ferment, faute de moyens, d’hommes et de pratiques, les environnements chirurgicaux se regroupent autour de plateaux techniques sophistiqués dans les centres hospitaliers universitaires (CHU). Par nécessité de qualité et d’économie, la mutualisation de moyens dans des centres hospitaliers entraîne la concentration des activités et des équipes et valorise la surspécialisation qui nécessite une formation très pointue souvent ciblée sur l’organe. À défaut de réussir à mettre le patient au cœur du dispositif, on y met son organe malade. Or, au cœur de ce système sont justement des pathologies chroniques et des populations vieillissantes et fragiles. Parallèlement aux poussées vertigineuses du progrès, à cette médecine performante, émergent des contradic12
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tions. Le premier souci est celui que pose la démographie médicale, avec pour conséquence la désertification géographique sanitaire et la dépréciation de certaines spécialités. Les effets se feront ainsi sentir rapidement car l’intérêt des jeunes médecins se porte plus vers des spécialités intellectuellement stimulantes, technologiquement à la pointe mais où la part humaine est laissée pour compte. Cet hiatus confirme les problèmes soulevés actuellement par notre système concernant l’inadéquation entre les besoins des populations, la démographie médicale et la reconnaissance de tous les professionnels de santé. Le contrepoids d’une médecine de qualité, maîtrisée par un corps médical expert dans un contexte de prise en charge par la nation, c’est forcément le coût. Dix milliards d’euros de déficit en 2005 ont été annoncés pour la Sécurité sociale. Pour faire face à ce dérapage abyssal, il est temps de proposer des alternatives. Le parcours de soins, structuré autour du pivot qu’est le médecin traitant, véritable guide chargé d’éviter l’errance du patient vagabond, est sans conteste un atout. C’est aussi le meilleur moyen de renouer le dialogue avec un interlocuteur privilégié, soucieux de conseiller, contrairement au spécialiste pour qui le patient n’est souvent qu’un « malade de passage ». La deuxième ressource est la lutte qui s’organise contre les nouveaux fléaux des temps modernes, à savoir les maladies chroniques. La plupart dépendent de facteurs de risque maîtrisables et modifiables par chacun. Sont ainsi visés : le tabac, l’hypertension, le diabète, l’embonpoint (notamment le rapport taille/hanche), le manque d’activité physique, l’alcool, le stress, une mauvaise diététique… Tout un ensemble d’éléments qui favorisent le développement de nombreuses maladies chroniques. Les 13
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Le regard d’un professionnel « Les maladies cardiovasculaires et les cancers sont devenus les principales causes de morbidité et de mortalité et cette évolution constitue une véritable transition épidémiologique avec le remplacement des affections aiguës et infectieuses des siècles précédents par les maladies chroniques touchant le métabolisme et dégénératives comme les maladies rhumatismales… Parmi les affections chroniques, le diabète constitue la troisième cause d’affection de longue durée entre 45 et 74 ans. C’est, avec l’obésité qui atteint plus de 14 % des hommes et 12 % des femmes, un facteur important de risque cardio-vasculaire et d’insuffisance rénale. » Professeur André Vacheron, cardiologue et membre de l’Académie nationale de médecine.
pathologies liées au vieillissement et les inégalités sociales et géographiques face à la maladie, auxquelles sont exposés un certain nombre de nos concitoyens, sont d’autres facteurs. Le rôle de la prévention et de la responsabilisation des acteurs de santé, du malade aux soignants, en passant par l’industriel, doit nécessairement se faire de plus en plus prégnant. Cette photographie de la santé trace en toile de fond l’immense espoir qu’offre la longévité dans notre pays. Mais elle souligne aussi les zones d’ombre où se terrent les maux très contemporains : cancers et maladies cardiovasculaires, et les spectres des maladies chroniques que sont le diabète, l’obésité, voire les allergies. Par ailleurs, si le « vivre vieux » est une chance réelle, il doit s’accompagner selon la demande bien naturelle des populations d’un « vivre mieux », synonyme de qualité de vie et de confort. Cette dernière exigence assurerait autonomie et jours heureux aux personnes âgées ou malades chroniques. Reste donc à renforcer l’accompagnement de ces patients et à assurer la prévention dans laquelle l’éducation à la santé joue un rôle prépondérant, afin que notre système garde sa place de haut rang sur le podium santé de l’OMS. Notre système a des réponses 14
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et si des disciplines comme la génétique ou la chirurgie assistée par la robotique sont des fleurons de la médecine française, d’autres thérapeutiques, plus anciennes, plus expérimentées, doivent trouver leur place dans le grand domaine de la prise en charge en santé. Le thermalisme en fait partie. Aujourd’hui ignoré de nombreux citoyens et méprisé de beaucoup de médecins, qui ne sont plus formés à la thérapeutique et peu sensibilisés aux médecines naturelles, le thermalisme est sujet à controverse. C’est le bouche-àoreille, le conseil amical ou le constat d’impuissance du La médecine thermale est médecin face à la douleur du ignorée, voire méprisée. patient qui conduisent aux Il s’agit de replacer cette sources la majorité des curistes actuels. Il faut reconnaître que médecine différente, douce le thermalisme a pendant long- et naturelle dans l’arsenal temps eu du mal à prendre le thérapeutique. train de la modernité et à rassurer les institutionnels sur l’intérêt de son « service médical rendu » (SMR). Ses propres praticiens, les médecins thermaux, ne sont pas très actifs à s’engager pour leur spécialité. Il semble cependant qu’on assiste au réveil des consciences et que le thermalisme s’en trouvera sauvé. L’objectif de cet ouvrage est de replacer cette médecine différente, douce et naturelle, dans l’arsenal thérapeutique, d’en souligner les richesses comme les limites, de lever le voile sur son potentiel et d’offrir ainsi des repères aux personnes qui s’interrogent sur les meilleurs moyens de sauvegarder leur capital santé.
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LE THERMALISME
UNE MEDECINE COMPLEMENTAIRE
E
n 1947, la crénothérapie (ou soin par l’eau thermale) entre dans le cadre général de la prise en charge des soins des salariés par la Sécurité sociale. Enseignée, pratiquée, elle s’inscrit dans le paysage médical français. Destinée à soulager ou à traiter des maladies, elle trouve une place aux côtés d’autres approches médicales que sont par exemple les médicaments et la chirurgie. Il n’est pas question d’opposition mais de complémentarité, en termes de choix thérapeutique, comme alternative conditionnée par le facteur temps, comme maillon de la chaîne de soins ou encore comme approche sanitaire des patients. Reconnue par l’OMS depuis 1986, elle s’est dotée d’une représentativité internationale, elle propose une approche médico-sociale particulière et sans doute unique en son genre. La formation des médecins à la thérapeutique du thermalisme s’inscrit dans le cursus initial sous la forme d’un 17
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Les sources lexicales Le thermalisme, quel que soit le nom qu’on lui donne, tire ses origines du grec. L’adjectif « thermal » vient du mot thermos qui signifie chaleur. Le mot « crénothérapie », lui, vient de krene (eau de source) et therapeia (traitement des maladies).
module de deux ou trois heures, malheureusement trop souvent oublié du corps enseignant. Il existe cependant une capacité d’hydrologie et climatologie thermale qui offre, le plus souvent à des médecins généralistes, un cursus sur deux ans de cours et de stages dont l’approche transdisciplinaire s’accorde parfaitement à la médecine thermale. Dans un contexte où la notion d’espérance de vie est acquise par nos concitoyens, l’idée d’espérance de vie sans incapacité, elle, continue de cheminer. Il est urgent de sensibiliser à leur mode de vie des populations qui veulent vieillir, qui vont vieillir de fait. Notre système en France ne s’est jamais beaucoup intéressé à cette évolution, préférant le curatif au préventif. De fait, la formation à la crénothérapie proposée aux étudiants en médecine reste insuffisante au regard de l’importance de cette thérapeutique et des 500 000 personnes qui la choisissent chaque année en partant en cure. La démarche que propose l’hydrologie, associée à des exercices préventifs, voire éducatifs, peut combler ce fossé. Un séjour thermal peut alors constituer un moment privilégié pour faire le point sur sa santé. Les stations spécialisées dans le traitement des voies respiratoires et dans la dermatologie 18
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sont devenues des références en matière de pédagogie. Les médecins sont désormais rompus aux conseils dans la lutte contre les allergènes et aux moyens thérapeutiques comme le pommadage pour rendre le soin plus efficace.
Une thérapeutique qui répond aux besoins d’aujourd’hui Même si, globalement, notre santé est bonne, petits et grands maux font partie du quotidien des Français. Les temps modernes ont entraîné l’apparition de pathologies auxquelles le thermalisme pratiqué régulièrement et dans des normes sanitaires contrôlées peut répondre.
Dès 50 ans Ainsi, la crénothérapie est adaptée au vieillissement des populations. Même si le vieillissement en soi n’est pas une maladie, ses conséquences et le manque de préparation et d’anticipation à cette période de vie conduisent les seniors à souffrir de maux récurrents. Les résultats du recensement de 1999 soulignaient que 21,3 % de la population avait plus de 60 ans. Cette tranche d’âge s’est enrichie de plus d’un million deux cent mille personnes 19
Des cures, mais pas seulement « Les stations thermales peuvent devenir des centres de bilan de santé. Nous avons une grande demande, au sein d’un programme pour les seniors, de bilan mémoire, bilan sommeil ou d’évaluation des habitudes alimentaires qui viennent compléter une cure de rhumatologie par exemple. » Docteur Raymond Viale (Dax).
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Jeunes curistes « On profite de trois semaines de cure non seulement pour soigner l’enfant, mais aussi pour développer la prévention comme l’éducation sanitaire et dédramatiser des situations devenues anxiogènes. Quitter l’univers quotidien permet une meilleure adhésion au traitement, un changement des comportements grâce à l’émulation du groupe et une ouverture de l’enfant sur ses capacités physiques et psychologiques. » Docteur Philippe Sablon, ORL à Ax-les-Thermes.
entre 1990 et 2000. En 2003, plus de 12 millions de Français avaient plus de 60 ans. Et dans une projection statistique, la France comptera en 2050 onze millions de personnes de plus de 75 ans. Rester en forme, assurer l’autonomie, prévenir chutes et fractures, soulager des douleurs articulaires et préserver sa vie sociale sont des objectifs communs à de nombreuses personnes âgées. Le thermalisme peut participer à cette démarche. Par exemple, dans l’attente d’une opération de la hanche et du remplacement de l’articulation défaillante par une prothèse, une ou deux cures thermales peuvent prendre le relais, et soulager des douleurs articulaires. On assiste dans certaines stations à des cours de posture pour contrer les maux de dos, ou encore à des leçons pour apprendre à tomber en limitant le risque de fracture.
Une réponse aux maladies chroniques Le thermalisme est une réponse au développement de maladies chroniques telles que les allergies, les problèmes endocrinologiques, le surpoids et certaines pathologies rhumatismales qui sont les nouvelles calamités des temps modernes. Ce pourrait être le cas, par exemple, pour contenir « l’épidémie » 20
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d’obésité qui se profile : une prise en charge de trois semaines en station thermale, où les soins s’accompagnent d’activités physiques et d’une éducation alimentaire, peut représenter une respiration dans le quotidien souvent difficile de ces patients. Les curistes perdent entre 5 et 9 kg, ce qui encourage à envisager la fin de l’engrenage. La cure permet d’amorcer un changement de comportement tout en profitant des soins.
Une réponse aux problèmes psychologiques Dans le cas de troubles psychosomatiques, « l’eau thermale, expliquent le docteur Olivier Dubois (psychiatre) et les professeurs Michel Boulangé et Henri Lôo (psychiatre), a certes une valeur de symbole purifiant et hydratant, mais elle constitue aussi, à travers les soins thermaux, un instant de régression thérapeutique qui renvoie le curiste à un vécu précoce, voire archaïque, de sa vie psychique et corporelle ». Dans la lutte contre les troubles névrotiques ou de la personnalité et contre une ou plusieurs affections endogènes modérées, le thermalisme s’impose comme une alternative bénéfique. Les cures thermales répondent à ces états de fragilité que sont le stress, l’anxiété et la dépression. De fait, dans 21
Une respiration dans les traitements La cure permet de sortir, pendant quelques mois, du cycle infernal de la chronicité des réactions allergiques, notamment de la sphère ORL ou de la peau, calme les irritations et soulage le patient. Le temps de cure permet au malade de retrouver une motivation pour le soin, d’échapper à l’environnement qui provoque chez lui l’allergie et, pour certains, de se reconstruire un potentiel immunologique.
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Une prise en charge globale « On se rend compte que l’art médical exige du temps et consomme du temps. Voici que l’on magnifie, parfois à l’excès, les techniques de soins, les protocoles standards, anonymes et aveugles, sans vouloir comprendre que la personne malade est bien autre chose et d’un tout autre registre qu’une machine en panne. […] En cure thermale, le malade bénéficie d’une multiplicité d’actions thérapeutiques convergentes dans une même unité de temps et de lieu. » Professeurs Patrick Queneau et Bernard Graber-Duvernay.
le domaine de la psychiatrie, l’hydrothérapie est le traitement le plus ancien et le plus constant. La symbolique de l’eau thermale joue un rôle thérapeutique, tranquillisant, anxiolytique et sédatif. Les soins thermaux sont adaptés également pour lutter contre des problèmes de rythme et de conditions de vie qui, souvent, entraînent des pathologies psychosomatiques. Une solution pour soigner les traumatismes Que ce soit pour faire face aux accidents de la vie et prendre en charge, dans le cadre du parcours de soins, les besoins de personnes ayant subi un grave traumatisme physique – accidentés de la route, grands brûlés, etc. – ou pour préparer – ou soigner – des sportifs, l’hydrothérapie a montré son efficacité. Rééducation fonctionnelle et accélération de la cicatrisation s’inscrivent dans des dynamiques de réadaptation pour ces populations fragilisées.
Une approche qui se veut unitaire et globale Et c’est justement parce qu’elle a un impact global sur le malade que la crénothérapie s’impose comme une médecine différente et complémentaire. La 22
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prise en charge psychocorporelle que propose la cure thermale suppose une approche unitaire et globale. La cure est un lieu, un temps, une homogénéité d’action. Au cœur de ce projet de soins doit être le patient, le curiste. Quelle que soit la durée de la cure, la démarche thermale s’appuie sur ces différents points. Salutaire dépaysement Le dépaysement ainsi provoqué permet une véritable déconnexion des curistes avec leur cadre de vie quotidien. Annick (55 ans) est partie suivre une cure dans la station thermale de Saujon (Charente), spécialisée dans les affections psychosomatiques : « Je suis partie en cure à 30 km seulement de chez moi, mais j’avais décidé de me loger sur place, dans une petite pension de famille. Je n’avais pas de tâches matérielles à assumer. Résultat une vraie rupture avec le quotidien. » « La motivation est essentielle : décider son médecin traitant et parfois même le convaincre, organiser le séjour, partir trois semaines loin de chez soi, trouver un hébergement, s’adapter à un traitement, un lieu, un environnement, des gens… Cette démarche demande un investissement global et multifacette », explique de son côté Chantal, alors qu’elle fait l’expérience de sa première cure. 23
Géographie Depuis toujours, la nécessité d’aller chercher les eaux thermales là où elles jaillissent a conduit les gens à « aller prendre les eaux ». C’est le patient qui se déplace, parfois très loin de son lieu de vie. Balaruc-lesBains, qui ne se trouve qu’à 7 km de Sète, en pleine région Languedoc-Roussillon, reçoit ainsi essentiellement une population originaire de RhôneAlpes. Ces curistes représentent presque 30 % du bassin de clientèle de Balaruc. Les curistes de la région parisienne représentent eux 6,60 % (Paris est à 870 km). Quant aux Languedociens, les premiers concernés, ils ne forment que 18 % de la clientèle. Les sanatoriums qui, quasiment à la même époque, se sont développés autour de leurs vertus climatiques, ont encouragé ces migrations saines et hygiéniques.
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Vers des durées variables… C’est sans doute la contradiction du thermalisme médical institutionnalisé : dans certains domaines thérapeutiques, on a remarqué des améliorations après seulement quelques jours de cures. Aussi des programmes à la carte, non remboursés par l’Assurance maladie (contrairement aux cures de trois semaines) se multiplient-ils pour favoriser la venue de curistes pressés, tenus par un rythme de vie et des engagements professionnels et/ou familiaux. Le thermalisme s’adapte aux rythmes d’aujourd’hui.
Pendant le temps de cure, le patient profite d’un endroit nouveau, différent qui marque concrètement une rupture avec sa vie quotidienne et qui participe de la démarche thérapeutique. Le programme hebdomadaire du curiste est centré sur l’établissement thermal qui assure ses soins. Le lieu est clos, protégé : il a ainsi valeur de symbole. C’est une parenthèse dans les soins du patient. Prendre le temps La durée est, elle aussi, un facteur primordial dans la réussite d’une cure. La démarche qui consiste à faire des cures de trois semaines induit, là encore, une rupture avec la vie quotidienne. Pour profiter des bienfaits des eaux thermales, il est en effet recommandé, en France, de partir vingt et un jours (soit dix-huit jours de soins). Cette coupure extrêmement bénéfique permet de « prendre son temps » et favorise la détente. Le patient « lâche prise », peut évacuer son stress, enrayer le cycle des poussées allergiques, etc., se réglant sur le rythme des soins quotidiens qui réclament un véritable investissement de temps. Un rythme différent La répétition des soins thermaux rythme le séjour des malades. Passant un temps bien défini dans un lieu cir24
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conscrit, le curiste peut se concentrer sur l’action bénéfique de l’eau. Des soins réguliers, répétitifs, prescrits par un médecin, et une action prégnante et quotidienne de l’eau thermale, des boues ou du gaz favorisent l’amélioration de l’état de santé du malade. Dans certaines indications, l’eau est prescrite en boisson. Cette ingestion fait prévaloir les caractéristiques biochimiques des composés Outre son rôle thérapeutique, en sels minéraux et oligoélé- la cure offre aux patients ments des eaux. Le patient une détente physique et profite des bénéfices externes psychique très bénéfique. et internes de l’eau thermale. Dans bien des cas, c’est le curiste qui demande la prescription d’une cure à son médecin, souvent peu averti en la matière. Une fois sur place, de nombreux patients s’abandonnent aux mains des équipes soignantes. Ce « lâcherprise » bénéfique permet une détente globale, tant physique que psychique, qui favorise l’action biochimique, thermique, dynamique, mécanique et sociale de la cure comme l’imprégnation de messages de santé, de prévention et d’éducation du patient.
Faire le point… en toute sérénité Au bout du compte, la période de cure devient le moment privilégié pour repenser sa santé et la concevoir dans sa globalité. La notion de prévention trouve alors tout son sens. Elle est primaire quand le patient ne présente pas de pathologie, mais des facteurs de risque. Elle est secondaire face à une maladie caractérisée qui altère la qualité de vie et gêne le patient. Dans les deux cas, on peut agir efficacement. Encadré et détendu, le curiste peut plus facilement mettre en pratique une bonne hygiène de vie. Les stations thermales proposent souvent un cadre propice aux 25
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promenades et aux activités sportives. Les offices du tourisme, voire les établissements thermaux eux-mêmes, offrent des programmes de conférences ou d’ateliers de gymnastique, de chi-gong, de diététique, de posture, de maquillage… toute une liste d’animations en station centrées autour de l’hygiène de vie. Certes, la fréquentation de ces animations varie selon le thème et la météo. Dans le sud de la France, c’est l’office de tourisme d’une station thermale, très impliqué dans les activités proposées aux curistes, qui organise des ateliers. Ceux-ci regroupent toujours une douzaine de personnes. Les conférences hebdomadaires accueillent en général entre 80 et 100 personnes. Les curistes sont alors réactifs et en profitent pour poser des questions à l’intervenant, médecin, nutritionniste ou autre spécialiste, professeur d’activité physique, voire secouriste. Des échanges très profitables !
Un lieu de sociabilité Enfin, la cure joue aussi un rôle social bénéfique à la santé. La longueur du séjour permet de nouer des liens entre curistes. Les malades, souvent affectés des mêmes pathologies, trouvent dans les établissements thermaux l’occasion de parler, d’échanger des conseils et de se rassurer face à un isolement que certains peuvent croire inéluctable. C’est notamment le cas des personnes qui vivent seules : la cure devient ainsi un moment de sociabilité, ce qui n’est pas sans influence sur leur moral, en particulier leur énergie et leurs envies. Les soins thermaux sont également des moments privilégiés, au cours desquels le personnel thermal masse, prend soin et accompagne le corps malade ou vieillissant. Enfin, les soignants formés ont un discours cohérent qui participe au changement de mentalité vis-à-vis de la pathologie. 26
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Une médecine qui soulage et qui prévient
Des Français convaincus
Si les cures présentent quelques contreindications (voir pp. 81-83), leur absence d’effets secondaires sévères est incontestée. Contrairement à certains médicaments, l’agressivité du traitement thermal est quasi nulle. Les effets indésirables sont d’une relative banalité et restent passagers, n’entraînant qu’exceptionnellement l’interruption de la cure. Cette qualité permet à la crénothérapie d’ouvrir les portes des établissements thermaux à de nombreux malades. Ce sont les caractéristiques biochimiques des eaux thermales, leurs effets thermiques mécaniques ou dynamiques à travers les soins qui valorisent l’aspect médical et permettent de choisir la station. Ainsi les cures sontelles appréciées dans certaines indications où la chaleur apaise les contractures, assouplit les muscles et dérouille les articulations. On remarque alors une baisse de la consommation d’antiinflammatoires et une récupération des mouvements, d’où un retour à plus d’autonomie. L’amélioration de dermatose et de la qualité de la peau qui retrouve sa souplesse est reconnue chez des patients en post-cure dermatologique. Moins de douleur, une meilleure confiance en soi et une revalorisation
■
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Plus de 80 % des Français jugent la médecine thermale efficace. ■ 87 % estiment que le thermalisme est une alternative dans le traitement de certaines maladies (rhumatismes, allergies, asthme, problèmes dermatologiques…). ■ 85 % considèrent que la médecine thermale est adaptée à tous les âges de la vie. ■ 94 % des curistes ont été convaincus par l’efficacité du thermalisme pour soulager les douleurs. ■ 83 % pensent que le thermalisme permet de réduire la consommation de médicaments. Sources enquête IPSOS commandée par le CNETh sur les attentes des Français en matière de médecines naturelles.
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de son image personnelle donnent un espoir à des patients renfermés sur leur maladie. L’objectif de la cure se situe dans les mois qui suivent le déplacement. Les conseils prodigués et les soins à base d’eau favorisent la récupération et l’amélioration. « Une cure me permet de tenir tout l’hiver », rapportent ainsi de nombreux curistes enfants ou seniors.
Écologie et respect des critères de qualité La médecine thermale est naturelle par définition. C’est « la médecine que la terre nous a donnée », comme le proclame le Conseil national des exploitants thermaux (CNETh) qui en a fait son slogan. Elle correspond d’ailleurs aux aspirations actuelles de nombreux patients. Une médecine douce, sans effets secondaires, exigeante. Pour beaucoup, la cure s’impose comme un « retour aux sources ». Mais le nouvel environnement scientifique du XXIe siècle exige aussi une médecine de très grande qualité en termes de sécurité et d’efficacité. L’hydroclimatologie ne déroge pas à cette démarche, aussi bien au niveau des produits, des soins et de l’environnement que du service médical rendu.
Le contrôle de la qualité de l’eau La qualité de l’eau en particulier a basculé sous le contrôle de laboratoires. Si l’eau est thérapeutique, ce statut lui donne des obligations : elle doit être utilisée pure et ne subir aucune modification de l’état où elle se trouve quand elle émerge. Aussi la plupart des établissements thermaux français proposent-ils des installations respectueuses des standards de qualité définis par la profession et cadrés par les normes AFNOR. 28
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Le thermalisme, une médecine complémentaire
Depuis l’an 2000, à la demande des pouvoirs publics, le secteur thermal s’est engagé dans la voie du « zéro bactérie pathogène ». Cette norme extrêmement stricte, que les hôpitaux eux-mêmes ne sont pas tenus d’appliquer, a entraîné une modernisation rapide des installations utilisées par les curistes. Des efforts de rénovation des parcs de forage et des réseaux thermaux ont été consentis qui préservent alors les qualités des eaux et garantissent leur stabilité.
Au-delà des stations, préserver l’environnement C’est l’environnement au sens large qui doit toujours être protégé. Ainsi, le vaporarium de Luchon est le site naturel par excellence pour profiter d’un bain de vapeur authentique : l’eau thermominérale filtre directement à travers la paroi rocheuse et tombe sous forme de vapeur et de gouttelettes dans des grottes aménagées pour recevoir les malades. En s’infiltrant, elle dégage une agréable chaleur humide de 38 ° à 42 °C. Il n’y a donc aucune intervention humaine dans ce processus, si ce n’est l’aménagement de galeries dans la grotte naturelle. L’environnement est protégé. « La protection de la ressource exige une attention particulière pour le maintien de la qualité de 29
Zéro bactérie pathogène… Afin de remplir un cahier des charges exigeant en matière de sécurité sanitaire, les établissements thermaux ont mis en œuvre de nombreux contrôles bactériologiques. Ceux-ci sont effectués sur les eaux minérales, tant à l’émergence des sources qu’au niveau des soins (buvettes, bains, douches, postes ORL, etc.). Les conditions d’hygiène des établissements sont elles aussi très contrôlées (prélèvements au niveau des sols, des équipements et du matériel de soins).
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l’eau, explique le maire de Luchon. Nous nous situons dans une zone de montagne qui est un site protégé. Aucun aménagement et aucune construction ne peuvent se faire sans étude d’impact. Le plus petit projet est soumis à une commission départementale des sites qui rapporte au ministère. Par ailleurs, la zone thermale est protégée par un périmètre dans lequel toute activité à risque est interdite. »
L’utilisation des boues et des gaz Les boues, elles, ne sont pas soumises aux mêmes réglementations, car elles n’apparaissent pas dans le Code de santé publique. Cependant, les établissements tendent à assurer le contrôle qualité des péloses (boues naturelles) tout au long de la chaîne de production, du prélèvement aux applications. De nombreux responsables techniques valorisent l’intégration de l’utilisation des boues dans un cycle parfaitement écologique. « De la récolte au rejet, ce qui appartient La variété des soins à la terre revient à la terre » est thermaux proposés et devenu la philosophie de Balarucl’origine naturelle des les-Bains concernant le sédiment limono-sableux extrait du bassin produits utilisés sont de Thau. D’ailleurs, les boues utideux aspects phares lisées retrouvent en général le lieu de la crénothérapie de leur extraction. Certaines stations proposent des soins particuliers à partir de gaz thermaux ou de produits naturels dérivés, issus d’une culture locale. Ainsi, les établissements thermaux de Dax ont profité de la situation géographique de la station, au cœur de la forêt landaise et de ses pins pour valoriser les effets antiinflammatoires et la tolérance cutanée d’une formule de soins, une douche qui associe eau thermale et essence de térébenthine. Directement issu des pins des Landes, ce 30
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produit est assuré d’une remarquable stabilité due aux conditions d’approvisionnement de proximité, de stockage et de traçabilité.
Une thérapeutique encore sous-développée et à moderniser En dépit de ses qualités, le thermalisme traverse aujourd’hui une vraie crise : baisse de fréquentation, image vieillotte et défraîchie, méconnaissance du public et ignorance du corps médical. « On ne m’a jamais prescrit de cure », rapporte Maryse, âgée d’une soixantaine d’années et qui souffre d’arthrose depuis huit ans. « Je ne connais le thermalisme que de nom, mais je ne pourrais pas vous dire à quoi ça sert », avoue Paul, affecté d’un psoriasis qui perturbe son quotidien et gêne ses rapports sociaux. « Mon beau-père garde d’excellents souvenirs de Luchon. Je devrais certainement l’accompagner car, bien que je n’aie que 50 ans, je souffre au niveau des articulations. Je ne sais pas auprès de qui me renseigner pour une cure et je n’ose pas demander à mon médecin traitant, j’ai peur qu’il se moque de moi », affirme de son côté Véronique. Finalement, la question est de savoir si la crénothérapie souffre d’être mal reconnue, ou est mal reconnue parce qu’elle souffre de son image et de son mauvais positionnement dans le panel de propositions thérapeutiques. La réponse est certainement double.
Les hauts et les bas de l’histoire médicale Historiquement, la crénothérapie est une démarche ancienne qui s’est épanouie essentiellement au XIXe siècle, puis dans un deuxième temps après la dernière guerre dans un élan social pour culminer dans les années 1970. 31
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Elle était à l’époque une des rares thérapeutiques qui soulageaient des maux grâce à des eaux aux composants thérapeutiques. Mais la deuxième partie du siècle dernier a vu se placer dans l’éventail médical une médecine technique, efficace, rapide et pharmaceutique, extrêmement concurrentielle pour la crénothérapie. Cette dernière, vivant sur des acquis et des certitudes, n’a pas essayé d’entrer rapidement dans ce courant moderne et exigeant, ne se mêlant pas de rechercher la reconnaissance d’un service médical rendu, critère actuel pourtant nécessaire à la valorisation d’une thérapeutique. Elle s’est par ailleurs contentée de continuer à accueillir des curistes, pour la plupart rhumatisants et âgés, dans des cadres certes chargés d’histoire, mais à l’image vieillotte et désuète où l’ennui prévaut et où la qualité des soins n’était pas forcément homogène. Ce manque de remise en cause a perduré et aujourd’hui une poignée de médecins, de responsables de stations et de scientifiques attachés à cette autre médecine se lance dans l’évaluation de ces résultats thermaux. La concurrence des technologies médicales modernes Le contexte médical de ces dernières décennies qui valorise la technique au détriment du naturel et du global n’a pas facilité les choses et a, indirectement, porté atteinte à la crédibilité de la thérapeutique thermale. Alors que la médecine moderne s’illustre par ses prouesses technologiques, la crénothérapie s’est enfoncée dans une routine sans remise en question. Dans les années 1970 en effet, plus de 600 000 curistes se rendaient chaque année en cure. C’était l’âge d’or du thermalisme. Aujourd’hui on prescrit des cures à 500 000 patients par an. Le thermalisme ne correspon32
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drait-il plus aux normes de sécurité et d’efficacité nécessaires pour répondre aux besoins actuels ? Il est vrai, on l’a vu, qu’une cure requiert un investissement en temps non négligeable et qu’à l’époque où chacun vit à un rythme effréné, la mode n’est guère à la décélération, au temps pour soi Le thermalisme doit ou à la prévention. Le thermalisme secouer ses habitudes doit donc secouer ses habitudes et et prouver à tous son prouver son intérêt. intérêt. Lorsque s’est développée la crénothérapie, les références scientifiques n’étaient pas aussi exigeantes qu’aujourd’hui : la médecine d’antan ne s’embarrassait pas de normes et de critères très précis. Le thermalisme s’est donc développé sur des bases empiriques, développant des indications, efficaces pour certaines, hasardeuses pour d’autres. Un réveil tardif du thermalisme C’est cette réputation que la crénothérapie traîne encore actuellement. Si les spécialistes thermaux de quelques indications (la rhumatologie, les affections psychosomatiques, la dermatologie, la phlébologie et les voies respiratoires) ont décidé de prouver l’efficacité de la crénothérapie en s’inscrivant dans des études scientifiquement formatées, de nombreux domaines d’activité thermale restent figés incitant les médecins à généraliser leur point de vue sur la spécialité. « Ça ne peut pas faire de mal ! », argumentent certains professionnels, sceptiques sur la démarche sanitaire de la cure thermale. C’est peu pour convaincre. Enfin le souci financier, comme pour d’autres domaines thérapeutiques, a contraint les organismes de l’Assurance maladie à se pencher sur les remboursements des soins, exigeant de la crénothérapie qu’elle apporte des preuves de son efficacité. Depuis vingt ans, le secteur 33
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La prescription d’une cure thermale La prescription d’une cure thermale doit être motivée par l’existence d’un état pathologique défini qui s’exprime par une symptomatologie avérée. La cure entre dans une stratégie thérapeutique au long cours dans laquelle elle joue le rôle de traitement d’appoint, de relais ou de substitution. La crénothérapie n’est pas indiquée dans les affections aiguës. Elle s’adresse avant tout aux affections subaiguës, récidivantes ou chroniques. Le bénéfice attendu est de procurer des rémissions prolongées, de réduire la fréquence des récidives, de freiner l’évolution vers l’aggravation ou de hâter la guérison. Sources : Fédération thermale et climatique française.
subit donc régulièrement des crises déstabilisantes. Les détracteurs du thermalisme dénoncent le coût – « le juteux business des stations thermales et le manque de réponse de la profession sur l’efficacité médicale » – ou encore « les pratiques à la hussarde du CNETh pour obtenir une réévaluation du prix des cures ». Un secteur attaqué Le thermalisme dérange. Il fait en effet régulièrement l’objet d’assauts relayés par la presse et doit affronter les questions rudes des organismes sociaux ou le silence distant des institutions. Il reste suspendu aux décisions de remise en cause de son remboursement par l’Assurance-maladie et manque de visibilité pour établir des stratégies médicales. Dans le budget global, la crénothérapie ne représente que 0,3 % du montant global des dépenses de l’Assurance-maladie et moins de 2 % du déficit de la Sécurité sociale. Une cure en soi ne coûte pas grand-chose à la Sécurité sociale : l’équivalent d’une journée de base d’hospitalisation ou d’une vingtaine de séances de kinésithérapie. (environ 300 euros). Ces rapports de force déstabilisent et inquiètent les professionnels du secteur, mais aussi les curistes. Ceuxci ne sont que peu remboursés pour cette démarche car, en dehors de la 34
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prise en charge partielle du forfait honoraire médical (74 euros remboursés à 70 %) et des soins de crénothérapie (entre 400 et 500 euros remboursés à 65 %), l’hôtellerie, le déplacement et la restauration sont à la charge du patient – seuls quelques cas isolés reçoivent un forfait. Il faut ainsi compter en moyenne 1 300 euros de dépenses pour trois semaines. C’est peu dire que le déplacement doit valoir le coup. Par ailleurs, « je vois mal des gens payer pour un traitement qui ne ferait pas de bien » ajoute le professeur Christian Roques, du CHU de Toulouse, qui s’indigne du manque de respect pour des thérapeutiques différentes.