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FRÉDÉRIC ADAM

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DO SÉ

DO SÉ

AU BOUT DE L’ARGOAT ———

Au bout de l’Argoat L’Armor De la gaffe toucher le vrombissement Comme une précaution prise face au bagout de l’orbe Nous n’avons pour bastion que le bois flotté Des partances et des gloires revenues À demeure les poches vides Cette perche que nous tenons de l’intérieur Est notre porte-plume dont, de la pointe Nous trempons les pioches Dans l’encrier des embruns L’aviron à même l’effeuillement du bleu Nous souquons au plus près des teintes Nous y épaulons les ramures Grâce à elles nous filons doux Soulagés des cautères Dans la ouate du liège Avec en tête toujours des châteaux en Arrée Et tâtons le temps qu’il fait Du coin qui nous devance Qu’il penche du côté des pléiades Ou vers l’embellie des fatalités Il œuvre en sous-main dans chacune de nos retombées

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BRETAGNE

Et ses fortunes, qu’elles soient de mer ou rivées à l’analogue Nous gouvernent de ses ballades Sans en enlever ni les voiles, ni les refrains Son chant est tout autant notre accroche Que notre vergue Et la hampe des mâtures Que nous distinguons dans l’antienne des drisses En dépit de la magnificence des mélancolies Écrit dans le vent Le souci de nos rébus, l’arc de nos bâtisses C’est à ces fidélités que nous nous dévouons À ces partitions que nous lançons nos défis Nous ne jetons nos filets alors Qu’après avoir mis pied à terre Et tendu nos retours Du rebond et de l’ode des ressacs Ils sont l’étoffe de nos contes La geste récitée que nous tissons dans la profondeur de nos prêches Et relient nos idées fixes, nos amulettes à la grâce des sorts Telle une arche entre le compact et le fluctuant Le liseron d’un côté, la laminaire de l’autre Cousent des bords qui affirment notre terre Et sa parenté avec la mer.

UNE TERRE FAITE POUR L’OCÉAN ———

Une terre faite pour l’océan Stèle arrimée en arche au ponton des aléas Une terre dans les linges de l’horizon Peut-être simple caillou au bord Des zébrures de l’extrême Ou bosquet de genêts griffant de ses couleurs Le ciel total des excès N’en déplaise au sel des marches blanches Et aux lys des emblèmes que dressent Tels des pieux des bas-côtés inhérents À l’autorité des sabords L’hermine à fleur de peau Comme une abeille spirituelle C’est en terre-plein qu’elle s’ancre À la cale des clous Promontoire planté à même le raz Ses manies y prennent voile Comme on écrit dans l’air Des billets cousus à la trame des nues Et ses hypnoses assises sur la jetée Regardent au loin en flattant la marotte Elle ne se coule

BRETAGNE

Que dans le moule des brisants Et flotte ainsi entre une étale rêvée Et l’étoc en fléau de balance Point de fers pour la lester La seule amarre qu’elle s’octroie Est la main tendue du soleil couchant Sa lumière du soir Le baiser lumineux de l’obscur.

PHOTO —— FRED CHAPOTAT

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