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LA GRIPPE ESPAGNOLE DE 1918-1919 Conséquences pour le parc immobilier hospitalier et le commerce de détail
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CONSÉQUENCES POUR LE PARC IMMOBILIER HOSPITALIER ET LE COMMERCE DE DÉTAIL
PAR NATHALIE SAVARIA , JOURNALISTE
Avant la COVID-19, une autre pandémie a frappé le monde. Lumière sur les répercussions économiques de la grippe espagnole, entre autres sur l’immobilier et le commerce de détail, à Montréal et à Québec.
La « grippe espagnole » est une dénomination erronée s’expliquant par le fait que c’est d’abord en Espagne, un pays neutre qui n’était pas soumis à la censure militaire, « que les médias ont été les premiers à divulguer l’information », indique en entrevue Denis Goulet, historien et auteur d’une Brève histoire des épidémies au Québec1 .
En fait, il s’agit d’une épidémie de grippe, ou influenza, engendrée par un virus de type H1N1 et extrêmement contagieuse. Issue fort probablement d’un camp militaire au Kansas, la maladie s’est propagée en Europe lors du transport des troupes en avril 1918. À la fin de la guerre, lors de la démobilisation des soldats, le virus se répand partout dans le monde.
UNE POUSSÉE DE L’ÉTAT ET DE… L’IMMOBILIER
Cette crise sanitaire sans précédent va cristalliser une volonté d’action qui donnera lieu à d’importantes transformations, notamment sur le plan étatique. Au fédéral, le ministère de la Santé est créé en 19192. Le gouvernement du Québec adopte la Loi provinciale sur l’assistance publique pour venir en aide aux nécessiteux en 19213 et renforce les pouvoirs du Service provincial d’hygiène4 .
1. Denis Goulet, Brève histoire des épidémies au Québec. Du choléra à la COVID-19, Québec, Septentrion, 2020, 180 p. 2. Ibid., p. 122. 3. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 3, Monlimoilou.com. Publié le 13 août 2020. 4. Denis Goulet, op. cit., p. 122.
DENIS GOULET
Historien et auteur
Par ailleurs, la pandémie va montrer la nécessité de mieux organiser les soins à la population. À l’époque, la majorité des malades étaient soignés à domicile. « L’hôpital était destiné surtout aux indigents qui y étaient soignés gratuitement. On y allait en dernier recours », précise Denis Goulet. À Québec, « seulement 830 personnes ont été traitées dans les hôpitaux locaux. Cela signifie que la grande majorité des malades, des décès, l’ont été dans les résidences privées5 », note l’historien Réjean Lemoine.
Ainsi, dans les années subséquentes, des hôpitaux sont érigés, entraînant la croissance du parc immobilier hospitalier. À Québec, l’hôpital de l’EnfantJésus à Limoilou et l’hôpital Saint-Sacrement à Montcalm sont établis. À Montréal, l’Hôpital chinois est inauguré en 1918 pendant la pandémie6,7, puis l’hôpital Sainte-Jeanne-d’Arc en 1919, l’hôpital St. Mary’s en 1920 et le Centre hospitalier de SaintLaurent en 1922. En 1924, l’hôpital Notre-Dame emménage dans un nouvel immeuble8 .
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Le 25 août 1924 a eu lieu l'inauguration du nouvel immeuble de l'hôpital Notre-Dame, rue Sherbrooke, devant le parc La Fontaine à Montréal La densité de la population explique aussi la propagation fulgurante du virus. À Montréal comme à Québec, c’est dans les quartiers ouvriers, où les familles s’entassent dans des taudis, que la maladie a fauché le plus grand nombre de vies9. Mise en lumière par la pandémie, la crise du logement, engendrée par l’urbanisation et l’industrialisation de la société, force les autorités à remédier à la situation, affirme Réjean Lemoine10 .
Dès l’automne 1918, le nouveau ministère des Affaires municipales et de l’Habitation11 instaure un programme de logements destinés aux ouvriers grâce à une subvention de 25 M$ accordée par le fédéral aux provinces. Selon Réjean Lemoine, Limoilou et Montcalm sont les premiers quartiers planifiés de Québec, de même que les premiers modèles d’étalement urbain, le tramway permettant l’éloignement. L’American Way of Life devient une réalité12 .
DES MESURES EXCEPTIONNELLES
La pandémie s’est déroulée en trois vagues successives : au printemps 1918, à l’automne 1918 et à l’hiver 1919. La seconde vague, celle qui frappe entre autres le Québec, a été la plus meurtrière. Une quatrième vague, à l’hiver 1920, atteint aussi la province13 .
Au Canada, la maladie se répand depuis les villes portuaires où débarquent les soldats, pour gagner ensuite tout le pays en suivant les voies ferroviaires. Au Québec, les autorités publiques et sanitaires tardent d’abord à réagir, puis changent radicalement de point de vue au début de l’automne 1918, alors que le virus progresse à toute vitesse.
À compter du 11 octobre, le gouvernement du Québec accorde les pleins pouvoirs au Conseil supérieur d’hygiène afin qu’il mette en place des mesures préventives pour freiner la propagation de la maladie, en collaboration avec les autorités municipales14 .
5. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 3, Monlimoilou.com. Publié le 13 août 2020. 6. Stéphane Baillargeon, « Montréal au temps de la grippe espagnole », Le Devoir, 2 mai 2009. https://www.ledevoir.com/societe/sante/248594/montreal-au-temps-de-la-grippe-espagnole 7. https://ciusss-centresudmtl.gouv.qc.ca/propos/qui-sommes-nous/historique-du-ciusss/historique-hopital-chinois-de-montreal 8. https://chronomontreal.uqam.ca/chronologie 9. Denis Goulet, op. cit., p. 120. 10. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1735111/grippe-espagnole-quebec-1918-traces-histoire 11. https://www.mamh.gouv.qc.ca/ministere/100e-anniversaire-du-ministere/le-saviez-vous/lorganisation-municipale 12. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1735111/grippe-espagnole-quebec-1918-traces-histoire 13. Denis Goulet, op. cit., p. 121. 14. Mario Robert, L’influenza de 1918-1919 à Montréal : « Les mesures énergiques », Archives Montréal. Publié le 14 mai 2020. http://archivesdemontreal.com/2020/05/14 linfluenza-de-1918-1919-a-montreal-%E2%80%89les-mesures-energiques%E2%80%89
De nombreux bâtiments de grande taille pouvant accueillir un nombre considérable de gens sont ainsi fermés à travers la province: les écoles publiques et privées, les cinémas, les théâtres, les bains publics, les salles d’encan, de billard, de danse et de quilles. La fermeture des églises le dimanche est également promulguée.
Tous les commerces, à l’exception des boucheries, des boulangeries, des épiceries, des pharmacies, doivent fermer leurs portes à 16 h. Par ailleurs, les bureaux, les banques, les services gouvernementaux et l’hôtel de ville doivent fermer au plus tard à 16 h 30.
Selon l’historienne Magda Fahrni, professeure au département d’histoire de l’UQAM, les autorités municipales et médicales vont même remettre en question l’utilisation du tramway. «Véhicule de la mobilité urbaine en temps normal, il était en temps d’épidémie un lieu d’encombrement et de contagion15 », rappelle-t-elle. D’où la nécessité de réduire les heures d’ouverture des grands magasins afin d’en limiter la fréquentation.
Outre ces mesures, les rassemblements de plus de 25 personnes sont proscrits et le droit de grève est suspendu16. Aucun couvre-feu n’est décrété, mais on demande à la population d’éviter les sorties inutiles. En plus de l’interdiction de cracher dans les rues, les gens doivent observer des mesures d’hygiène personnelle, comme le lavage des mains. Selon Denis Goulet, «le port du masque est recommandé pour certains groupes d’intervenants, comme les pompiers, les policiers et le personnel soignant. Cependant, dit-il, je ne crois pas que le port du masque était généralisé.»
15. Magda Fahrni, « " Elles sont partout… " – Les femmes et la ville en temps d’épidémie, Montréal, 1918-1920 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 58, n°1, été 2004, p. 67-85.
Consulté en ligne : https://www.erudit.org/fr/revues/haf/ 2004-v58-n1-haf865/010973ar 16. Denis Goulet, op. cit., p. 113.
ISTOCK PAR BOREVINA
On entretient des bureaux, des collèges, des hôpitaux, des usines, des centres commerciaux... Mais surtout, de bonnes relations.
Le magasin Morgan's (aujourd'hui La Baie) en 1936
ARCHIVES DE LA VILLE DE MONTRÉAL VM94-Z-66-1 (1936)
DES MARCHANDS CONTESTENT
Même s’ils peuvent poursuivre partiellement leurs activités, les commerçants de Montréal accueillent avec consternation la décision municipale quant aux heures d’ouverture des commerces.
D’après Magda Fahrni, les publicités de l’époque montrent que «les magasins à rayons craignaient une perte de leur clientèle féminine; elles suggèrent également que certaines entreprises tenaient compte de l’épidémie en planifiant leurs stratégies de marketing. De nombreux magasins, dont Dupuis Frères, Morgan's, Ogilvy et Holt Renfrew, exhortaient les femmes à faire leurs emplettes le matin17».
Rapidement, des marchands et détaillants montréalais décident de contester cette mesure. Comme le relate Mario Robert, archiviste et historien, «les voyageurs de commerce font circuler une pétition afin que les magasins ouvrent à 9 h 30 et ferme (sic) à 19 h. Une délégation de marchands-détaillants se rend à l’hôtel de ville et obtient du Bureau de santé une modification des heures. Dorénavant, les commerces ne devront pas ouvrir avant 10 h 30 et devront clore leurs activités entre 18 h 30 et 19 h au lieu de 16 h18 .»
Toutefois, plusieurs commerçants au Québec ne se conformeront pas à cette mesure. «Il faut comprendre, souligne Denis Goulet, que le Conseil d’hygiène n’avait pas la même "autorité morale" que le ministère de la Santé aujourd’hui.»
UNE SITUATION CRITIQUE
Cela dit, les mesures restrictives sont essentielles, car la pandémie frappe de plein fouet la province.
«Vers la fin octobre, la société vacille, rapporte l’historien Réjean Lemoine. À Québec, deux écoles ont été transformées en hôpital temporaire. Elles débordent aussitôt. La viande et le sucre deviennent rares. On n’arrive plus à dénicher du personnel valide pour conduire les trains de marchandises. Plusieurs usines fonctionnent au ralenti, faute d’ouvriers. Même le téléphone est gravement perturbé à cause du nombre de téléphonistes malades19 .»
Un encart publié par la compagnie Bell dans les grands quotidiens canadiens demande d’ailleurs aux clients de n'utiliser «leur téléphone que lorsque c'est nécessaire20 .»
À Montréal, un bureau situé dans l’édifice de la Banque Royale, à l’angle des rues De Bleury et Sainte-Catherine, sert au recrutement des infirmières et aides-soignantes21. Devant le manque d’ambulances, «l’on fait appel aux "grands magasins" pour qu’ils prêtent leurs véhicules de livraison pour les transformer en ambulances22».
17. Magda Fahrni, op. cit. 18. Mario Robert, op. cit. 19. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 1, Monlimoilou.com. Publié le 30 juillet 2020. 20. Denis Goulet, op. cit., p. 117. 21. Ibid., p. 114-115. 22. Ibid., p. 118.
DE BONNES AFFAIRES
L’influenza étant alors une maladie inconnue et donc impossible à dépister, il n’existe ni antibiotiques, ni antiviraux, ni vaccins pour la soigner. Toutefois, les laboratoires Connaught de Toronto ont distribué gratuitement un vaccin «aux services de santé provinciaux, aux hôpitaux, au personnel médical et infirmier, à l’armée et à d'autres services de santé publique du Canada. En raison de l’urgence de la situation, aucune exigence quant à l’efficacité du vaccin n’a été requise. Cela étant, le vaccin n’a pas causé de préjudice apparent23».
En fait, tous les remèdes existants à l’époque, dont l’acide acétylsalicylique mieux connu sous son nom commercial d’aspirine, la quinine et la cannelle, ne servent qu’à soulager les malades. Nombreux sont les commerçants ambitieux qui vantent, dans leurs publicités, les mérites supposés des médicaments qu’ils vendent, comme le sirop Lambert. D’autres profitent tout simplement de l’occasion. Par exemple, Dupuis Frères «publicisait des désinfectants et l’eau Riga, "for use during the epidemic". Au Bon Marché, pour sa part, annonça une “Grande vente spéciale d’articles de deuil” (chapeaux noirs, gants noirs, mouchoirs avec bordure noire)24 .»
ÉDITION 2020 – CATÉGORIE 1 – TOITURE À FORTE PENTE
Lors de son Assemblée générale annuelle qui s’est tenue virtuellement le 29 janvier 2021, l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec soulignait le travail remarquable d’un de ses membres pour les travaux de couverture du projet Domaine Cataraqui.
FÉLICITATIONS
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UNE ENTREPRISE IMMOBILIÈRE CÉLÈBRE
À New York, le mari d’Elisabeth Christ, 37 ans, meurt de la grippe espagnole en mai 1918. Pour subvenir aux besoins de sa famille, la jeune veuve fonde, grâce à la fortune léguée par son époux, la E. Trump & Son, aujourd’hui connue sous le nom de la Trump Organisation, propriété de Donald Trump, le 45e président des États-Unis*.
Curieusement, c’est en évoquant cette pandémie que l’ancien président a commis l’une de ses bourdes les plus fameuses. Lors d’une conférence de presse en août 2020, faisant le parallèle avec la COVID-19, il a affirmé que la grippe espagnole de «1917» avait probablement mis fin à la «Seconde Guerre mondiale».
LE BILAN D’UNE CRISE
En novembre 1918, la maladie persiste, mais ne semble plus effrayer autant les autorités. À preuve, le 11 novembre, plus de 20 000 personnes assistent au grand défilé de l’Emprunt de la Victoire à Montréal, qui coïncide avec l’annonce de l’Armistice. À Québec, le 17 novembre, une cérémonie solennelle d’Action de grâces se tient à la Basilique de Québec afin de commémorer la fin de la guerre et de l’épidémie26 . À la mi-décembre, l’épidémie d’influenza régresse, puis disparaît en 1920.
Selon un rapport du Conseil supérieur d’hygiène27, la grippe, apparue en septembre 1918, s’est répandue rapidement sur tout le territoire du Québec. Ainsi, 1074 municipalités sur 1221 ont déclaré l’existence de la maladie.
Entre septembre et décembre 1918, plus de 500 000 personnes sont infectées par le virus, sur une population de 2,2 millions d’habitants. Au total, près de 14 000 personnes succombent à la maladie28 .
Avec plus de 3 600 décès, Montréal, plus grande ville au pays à cette époque, paie un lourd tribut à la maladie29, plus encore que Québec, qui en dénombre environ 50030 .
Au Canada, l’influenza de 1918-1919 aurait fait plus de 50 000 morts31 et dans le monde, plus de 50 millions de victimes32 .
*Source : Mary L. Trump, Trop etjamais assez. Commentma famille a fabriquél’homme le plusdangereux du monde, Albin Michel, 2020, p. 56.
23. https://rsc-src.ca/fr/voix-de-la-src/l%E2%80%99h%C3%A9ritage-des-vaccins-au-canada-vaccinscontre-la-grippe-la-polio-la-covid-19 24. Magda Fahrni, op. cit. 25. Mario Robert, op. cit. 26. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 3, Monlimoilou.com. Publié le 13 août 2020. 27. CONSEIL SUPÉRIEUR D’HYGIÈNE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC, Rapport annuel du Conseil supérieur d'hygiène de la province de Québec 1918-1919, Québec, Le Conseil, 1919, p. 32-33. Consulté en ligne : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2903965 28. Denis Goulet, op. cit., p. 120. 29. Ibid., p. 120. Voir aussi Mario Robert, L’influenza de 1918-1919 à Montréal : « Le baromètre tragique ». Archives Montréal. Publié le 5 mai 2020. http://archivesdemontreal.com/2020/05/05/linfluenza-de-19181919-a-montreal-%e2%80%89le-barometre-tragique%e2%80%89 30. Réjean Lemoine, La grippe espagnole de 1918 au Québec – 3, Monlimoilou.com. Publié le 13 août 2020. 31. Denis Goulet, op. cit., p. 120. 32. Ibid., p. 122, p. 120.
BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES NATIONALES DU QUÉBEC, DIRECTION DU CENTRE D’ARCHIVES DE MONTRÉAL, COLLECTION JEAN-JACQUES SCHIRA, P336,S4,P3
L’ÉCONOMIE DUREMENT ÉPROUVÉE
Au Québec, le groupe d’âge le plus touché par la maladie est celui des 20-34 ans, «probablement en raison de l’absence de contact antérieur avec le virus», explique Denis Goulet.
Selon l’historien Vincent Geloso, professeur adjoint d’économie au King's University College, «la grippe espagnole a eu un impact plus important sur la population de jeunes adultes – elle a tué en grande partie des travailleurs dans la fleur de l’âge. Avec la mort de ces travailleurs, l’activité économique a fléchi33 .» Ainsi, entre juillet 1918 et mars 1919, la production industrielle aux États-Unis a chuté de près de 25%, et l’activité des entreprises, de près de 16%. Au Canada, la production manufacturière réelle de 1918 à 1919 a baissé de 13%, et le PIB réel, de 7%.
Le chercheur précise toutefois qu’il serait erroné «de voir ces chiffres comme un indicateur des dommages causés uniquement par la pandémie, car ils coïncident aussi avec la fin de la guerre. Alors que la guerre prend fin, la réorganisation de l’activité industrielle vers une production de temps de paix entraîne des coûts d’ajustement34 .»
Au moment où la crise sanitaire se résorbe, une reprise économique rapide s’effectue aux États-Unis, où la production industrielle a rebondi de plus de 25% entre mars 1919 et janvier 1920 et l’activité des entreprises, de 22 %35, signale Vincent Geloso.
33. Vincent Geloso, « Les leçons à tirer des pandémies antérieures », Institut économique de Montréal, 7 avril 2020. https://www.iedm. org/fr/les-lecons-a-tirer-des-pandemies-anterieures 34. Loc. cit. 35. Loc. cit. «La grippe espagnole a eu un impact plus important sur la population de jeunes adultes – elle a tué en grande partie des travailleurs dans la fleur de l’âge. Avec la mort de ces travailleurs, l’activité économique a fléchi.»
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MAINTENANCE D’UN HÔPITAL EN TEMPS DE PANDÉMIE DES DÉFIS TECHNIQUES ET DES ENJEUX DE COMMUNICATION
PAR JOHANNE LANDRY, JOURNALISTE
Qu’implique le maintien d’un environnement fonctionnel et sécuritaire dans un immeuble où circulent quotidiennement des milliers de personnes et dans lequel séjournent des patients atteints de la COVID ? Stéphane Daraîche du CHU Sainte-Justine nous en parle.
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Directeur adjoint des services techniques et de l’hébergement du CHU Sainte-Justine, Stéphane Daraîche travaille pour le centre hospitalier depuis 2001, toujours avec le même souci d’améliorer le confort et la sécurité du personnel et des usagers. Responsable des opérations de trois immeubles – le centre hospitalier, qui fait deux millions de pieds carrés, le centre de réadaptation Marie Enfant, rue Bélanger Est, et le bâtiment administratif, voisin de l’hôpital –, il gère une équipe d’entretien de quelque 110 personnes, des gens de métier et du personnel de bureau.
STÉPHANE DARAÎCHE
Directeur adjoint des services techniques et de l’hébergement CHU Sainte-Justine
LES DÉFIS DE LA PANDÉMIE
Qu’est-ce que la pandémie a changé dans le quotidien d’un directeur adjoint des services techniques et de l’hébergement? Au printemps dernier, il a d’abord fallu apprivoiser «la bête», établir les nouveaux besoins qu’elle générait pour les équipes de soins, adapter certains secteurs, modifier l’aménagement des atriums pour en faire de vastes salles d’attente et faciliter la distanciation, énumère Stéphane Daraîche. Le manque de ressources a alors posé de sérieux problèmes. «Ajuster les débits d’air dans certains locaux, ce n’est pas simple. La plupart des entreprises étaient fermées, les spécialistes avaient peur de venir sur place; et ensuite, il y a eu une rareté des matériaux. Tout le monde cherchait du plexiglas et des cloisons temporaires», relate-t-il.
Si la situation s’est stabilisée maintenant que toutes les mesures d’hygiène sont en place, le volume d’activité du centre hospitalier demeure plus élevé qu’en temps normal. «Nous servons une clientèle pédiatrique moins affectée que les adultes et nos soins intensifs sont moins achalandés que ceux d’autres hôpitaux. Reste que nous avons des cas de COVID sur place, ce qui nous amène à intervenir de façon différente dans certains secteurs. L’enjeu principal est de répondre rapidement pour résoudre un problème qui pourrait entraîner une éclosion», explique-t-il.
LES ZONES CHAUDES ET L’ASSAINISSEMENT DE L’AIR
Dans les secteurs où sont hospitalisés des patients atteints de la COVID, une barrière physique limite la circulation. Il s’agit, avant d’entrer, de revêtir un couvre-vêtement et l’équipement de protection individuelle, puis de les enlever adéquatement dès la sortie. «C’est un protocole mis en place pour protéger les travailleurs. Cloisons et affichages indiquent clairement la zone chaude, des personnes contrôlent les entrées et les sorties», dit Stéphane Daraîche. « Ajuster les débits d’air dans certains locaux, ce n’est pas simple. La plupart des entreprises étaient fermées, les spécialistes avaient peur de venir sur place; et ensuite, il y a eu une rareté des matériaux. Tout le monde cherchait du plexiglas et des cloisons temporaires.»
– Stéphane Daraîche
Le respect du décret, l’affaire de tous.
LE COMITÉ PARITAIRE AVISE LES EMPLOYEURS ET LES SALARIÉS ASSUJETTIS AU DÉCRET que depuis le 1er novembre 2020, les nouveaux taux horaires sont les suivants :
Catégorie « A » 19,06 $ Catégorie « B » 18,75 $ Catégorie « C » 19,58 $ Chef d’équipe : Nombre de salariés à sa charge Prime horaire 5 et moins 0,60 $ 6 à 11 0,90 $ 12 et plus 1,20 $
727, avenue Royale, Québec (Québec) G1E 1Z1 Téléphone : 418 667-3551 | Sans frais : 1 888 667-3551 info@cpeep.com
Dans les blocs opératoires, des salles sont réservées aux patients atteints de COVID alors que d’autres sont utilisées pour les patients non infectés. «Il faut revoir toute la gestion des gradients de pression pour éviter la propagation d’éléments dans l’air. On s’assure qu’il y a transfert d’air contrôlé et adéquat pour limiter ces risques. Tout cela dans un contexte où la problématique de la transmission dans l’air est discutée et analysée par les spécialistes du monde entier», mentionne-t-il.
Dans certains locaux, il faut abaisser le débit d’air admis et augmenter l’air évacué pour créer un balayage empêchant l’air des chambres de revenir dans les corridors. L’urgence est alimentée d’air neuf à 100%. «Derrière cela, poursuit Stéphane Daraîche, il y a des enjeux techniques. Prenons par exemple un système de ventilation qui fonctionne habituellement avec 30% d’air nouveau. Pour faire entrer 100% d’air neuf, il faut jouer avec certains paramètres. Ce qui nous oblige à un suivi quotidien pour réajuster le volume d’air qu’on doit changer.»
TRAVAILLER DANS UN MILIEU À RISQUES
Outre les aspects techniques et mécaniques liés à la qualité de l’air, des espaces et de la circulation, la gestion d’équipes pose d’autres défis. Car un hôpital est un milieu où le virus est davantage présent que dans un autre genre d’immeubles. «Nous devons veiller à répéter souvent l’importance des mesures de distanciation, surtout pendant les dîners ou les pauses, alors que les gens enlèvent leur masque pour manger. Ils se parlent et parfois se rapprochent sans trop s’en rendre compte» , remarque Stéphane Daraîche. Quand des employés doivent entrer dans les zones chaudes, la peur est bien présente. L’équipe de la prévention des infections vient les aider. «On peut démontrer que toutes les mesures que nous avons mises en place fonctionnent. Nous le constatons au cours de nos enquêtes auprès d’employés qui ont été contaminés; lorsque nous respectons bien les mesures, les risques demeurent bas. Nos employés infectés n’ont d’ailleurs pas contracté la COVID dans leur milieu de travail mais plutôt à la maison. Une infirmière demeure à la disposition du personnel d’entretien pour répondre à des questions précises. Nous sommes quand même moins exposés qu’un travailleur de la santé qui donne des soins. Il faut relativiser le niveau de risque selon le type d’activité», déclare le responsable des opérations.
DES ACTIONS QUI ONT UN IMPACT SUR LA SANTÉ DES ENFANTS
Ingénieur de formation, Stéphane Daraîche a un parcours de carrière qui l’a mené d’un centre hospitalier de Shawinigan vers le secteur manufacturier pour un retour vers l’institutionnel lorsqu’il a découvert ce qui l’intéressait vraiment.
«Dans un centre hospitalier, explique-t-il, on couvre tous les aspects du bâtiment, les réseaux d’eau domestique, de drainage, d’air comprimé, de gaz médicaux, de chauffage, d’eau glacée.»
Il poursuit: «Quand il y a une urgence, un bris d’équipement majeur qui pourrait entraîner une interruption des services à la clientèle, un dégât d’eau dans un secteur de
pharmacie, par exemple, qui pourrait influer sur la préparation de médicaments de chimiothérapie, les répercussions sont graves. Pour un traitement de chimiothérapie, on prépare le patient quelques jours à l’avance et son médicament dans les 12 à 24 heures avant sa visite. Si on interrompt cette chaîne d’événements, les inconvénients sur la santé des patients peuvent être majeurs. Pour éviter cela, nous devons donc toujours être capables d’intervenir rapidement.»
Quelle différence voit-il entre la maintenance d’un centre hospitalier et celle d’un autre bâtiment institutionnel? «Le taux d’occupation plus élevé d’abord, répond-il. Puis les conséquences. Si on arrête la climatisation dans une université, on créera de l’inconfort, on recevra des plaintes de gens qui ont chaud. Dans un hôpital, ça peut aller jusqu’à causer des complications médicales chez certains patients. Une intervention mal planifiée peut occasionner des problèmes graves chez des gens hospitalisés.»
Qu’est-ce qui le motive à œuvrer dans ce milieu? «Le contact quotidien avec les gens de mon équipe et avec la directrice du service, dont je partage la vision. Nous avons mis en place des standards de qualité élevés et des plans directeurs à long terme. Nous travaillons aussi sur les aspects énergétiques et la diminution des gaz à effet de serre. Comme responsables d’un bâtiment institutionnel, nous nous devons d’être des leaders en la matière. Nous participons à des regroupements comme l’Association des gestionnaires de parcs immobiliers institutionnels dans laquelle nous sommes actifs. Dans ce milieu, le développement ne s’arrêtera jamais. Je ne vois pas le jour où nous n’aurons plus rien à améliorer. Un hôpital, c’est ouvert 24 heures par jour et certains secteurs sont particulièrement critiques, nos équipements doivent donc être sécuritaires et adaptables à toutes les situations. J’ai un rôle d’influence à jouer dans cela, c’est valorisant», confie Stéphane Daraîche qui se décrit par ailleurs comme un amoureux de la nature. Fidèle utilisateur des parcs nationaux du Québec, il campe et marche en forêt pour se détendre. Il aime aussi la pêche, le vélo et les rencontres entre amis. «Il a fallu mettre cette dernière activité sur pause et j’ai hâte de pouvoir la vivre à nouveau», conclut-il.
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