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VILLE DE MONTRÉ AL ET UNIVERSITÉS Une alliance naturelle

VILLE DE MONTRÉAL ET UNIVERSITÉS

UNE ALLIANCE NATURELLE

PAR GABRIELLE BRASSARD-LECOURS, JOURNALISTE

Certaines ententes avaient déjà été conclues entre la Ville et les établissements d’enseignement supérieur auparavant, mais cela fait véritablement un an et demi qu’un travail concret a été enclenché pour valoriser l’enseignement supérieur», explique François Croteau, maire de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie et responsable des dossiers de ville intelligente, technologies, information, innovation au comité exécutif de la Ville de Montréal. « Montréal, avec ses quatre universités et autres établissements d’enseignement supérieur, est une ville de savoir. Il apparaissait donc tout naturel que l’administration de Valérie Plante tisse des liens plus étroits avec le milieu de l’éducation pour mettre les connaissances montréalaises au service des citoyens et des problématiques urbaines.

L’administration Plante a donc enclenché une réflexion et envisagé des pistes de solutions pour faire ressortir trois axes principaux d’intervention sur lesquels elle voulait travailler en priorité: le talent, le savoir et l’amélioration des services aux citoyens grâce à l’utilisation des données probantes. De ces axes ont découlé plusieurs projets en partenariat avec les 12 établissements et départements d’enseignement supérieur de Montréal.

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

FRANÇOIS CROTEAU Maire de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie et responsable des dossiers de ville intelligente, technologies, information, innovation au comité exécutif Ville de Montréal

RETENIR LES TALENTS ICI Grâce à la collaboration de la Maison de l’innovation sociale, des étudiants de l’Université Concordia, en collaboration avec les employés municipaux, se sont lancé le défi de réfléchir aux problématiques urbaines de Montréal par l’intermédiaire du projet CitéStudio. Issus du Service des grands parcs, du Mont-Royal et des sports de la Direction Gestion des parcs et biodiversité de la Ville de Montréal et du département d’Études en communication de l’Université Concordia, ils se sont demandé : «Comment pouvons-nous identifier, comprendre et augmenter la diversité et la superficie de la canopée urbaine?» D’autres ont réfléchi à la façon de sécuriser et d’augmenter la convivialité des intersections les plus dangereuses de Montréal. Ce pari tente d’être relevé par le Service de l’urbanisme et de la mobilité de la Direction de la Mobilité de la Ville de Montréal et par les départements de Géo graphie, urbanisme et environnement et Génie mécanique, industriel et aérospatial de Concordia. Près de 25 projets pilotes sont donc développés par CitéStudio, qui fait appel à six cours de l’Université Concordia, à 150 étudiants de différents départements et à huit professeurs de l’établissement qui donnent des cours liés à un défi urbain. «Comme ça fait partie de leur formation, c’est de l’apprentissage pratique qui, d’une part, soutient les étudiants dans leur parcours, et, d’autre part, aide à la rétention de talents en montrant aux étudiants de premier cycle que leurs études peuvent servir concrètement à améliorer la ville », confie François Croteau en parlant de CitéStudio, inspiré d’un modèle semblable établi à Vancouver.

Outre ce laboratoire, la Ville a également lancé des appels à projets axés autour de problématiques précises ciblées par les services municipaux. Les équipes universitaires retenues reçoivent des bourses servant à développer concrètement leur projet.

Enfin, Projet Montréal travaille également à faciliter les stages au sein de son administration. «Les stages sont une très belle façon de connaître la ville et d’avoir le goût d’y travailler. Actuellement, les stages se font par l’intermédiaire des services et des arrondissements, c’est donc éparpillé. On aimerait plutôt avoir une porte d’entrée unique, avec une liste complète de tous les stages offerts pour y poser sa candidature. Nous voulons aussi que tous les étudiants de Montréal aient accès à cette liste, pas seulement ceux issus de quelques départements ou programmes d’études. Nous souhaitons démocratiser la possibilité de faire des stages chez nous », explique le maire de Rosemont–La Petite-Patrie.

VALORISER LES SAVOIRS François Croteau affirme que la connaissance et la recherche sont des éléments fondamentaux de l’énergie montréalaise, et il assure que la Ville veut valoriser cet aspect, Montréal ayant déjà été reconnue meilleure ville universitaire au monde. Le politicien explique travailler avec d’autres villes, comme celle de Nantes, en France, où la collaboration entre fonctionnaires et universitaires fait partie intégrante de la culture. «Je voudrais que ce soit comme ça ici aussi», affirme le membre du comité exécutif. Il ajoute par ailleurs que son parti a noté que la Ville a déjà octroyé 14 millions de dollars au cours des sept dernières années en financement direct à la recherche universitaire. « Il s’agit d’une somme qui a permis de développer plusieurs travaux de recherche et de formuler des recommandations concrètes pour aider la Ville à offrir de meilleurs services aux citoyens. Il s’agit d’une des manières selon lesquelles on peut travailler pour valoriser les savoirs», soutient-il.

La Ville a ainsi mis en place une table de travail qui réunit les directions d’établissement d’enseignement supérieur (qui inclut aussi les collèges techniques) avec comme objectif d’établir une stratégie conjointe. Cibler les priorités et les modes de fonctionnement, mieux connaître ce que font les universités : beaucoup de travail se fait à cette table, ce qui permet de faire les suivis entre les différents services de la Ville et les chaires de recherche, explique François Croteau.

AMÉLIORER LES SERVICES AUX CITOYENS «On voudrait se servir davantage des données probantes pour que nos prises de décision et

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l’amélioration des services soient collées à la réalité, aux faits et aux données», affirme le responsable des dossiers de ville intelligente, technologies, information, innovation.

Dans ce cadre, le politicien décrit entre autres le programme «Séri Montréal». Né d’une initiative du Service du développement économique de la Ville de Montréal, ce programme vise à mettre en relation les experts des milieux universitaires et d’affaires pour faire émerger des projets, au moyen de rencontres, de journées de remue-méninges, de rendez-vous en petits groupes, etc. Le premier thème émergeant de ce projet est celui de l’environnement . « Ce fut fascinant de voir les solutions proposées», témoigne F rançois Croteau.

Là encore, des bourses sont offertes à des étudiants qui proposent des solutions concrètes pour améliorer les services aux citoyens. Le maire d’arrondissement a aussi récemment été nommé pour faire partie d’un nouveau comité «s ciences et politiques » , dont le scientifique en chef fait partie ; il aura comme objectif d’améliorer le lien entre la politique et la recherche, avec l’aide de partenaires tels que l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) et le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI).

«Nos chantiers d’action sont nombreux et couvrent tous les domaines: sports et loisirs, architecture, gestion de l’eau, etc. J’ai le privilège d’être au centre de l’action concrète et de la science et du politique. Je veux réussir ces projets, j’en fais une mission personnelle», conclut François Croteau, qui croit que les initiatives de la Ville pourraient un jour inspirer d’autres villes universitaires du Québec à créer également plus de liens avec la recherche.

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