Actuel de l’estampe contemporaine
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c o n t
(4) Après la mort, après la vie, un film de Olivier Deprez et Adolpho Avril (18) Sylvie Abelanet (24) Violaine Fayolle (32) Eric Durant (36) Kollektiv Tod (42) Gaêlle Callac (46) Sophie Philippe (50) Iâmés, un film de Claire Sichez et Marine Rivoal
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(54) Erolf Totor et Françoise Lacroix
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(62) Devohra Boxer et le prix Mario Avati
(56) Emprunte (60) Galerie Leizorovici (68) Bienalle SUDestampe
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Ont collaboré à l’écriture de ce numéro: Olivier Deprez, Sylvie Abélanet, Christine Moissinac, Marc Albert-Levin, Dominique Kermène, Violaine Fayolle, Florence Gleichmann, Eric Durant, Kollektiv Tod, Sophie Philippe, Marine Rivoal , Claire Sichez, Flore Trotot, atelier l’Empreinte, Daniel Leizorovici, SUDestampe, Gaêlle Callac et Briséi Leenhardt. 2
Actuel de l’estampe contemporaine
n°8
En couverture Olivier Deprez et Adolpho Avril
C
e numéro 8 d’Actuel a des allures de funambule.
Sur le fil de la gravure, il s’envole vers le cinéma, avec deux films réalisés avec des impressions ; il touche du doigt en plein vol des oiseaux-monstres attendrissants, il se costume de couleurs vives grâce à des Berlinois déjantés, frôle des vagues linotypées pour atterrir chez les mammouths.....Au moment où vous ouvrez ce magazine, le spectacle va commencer... que les blanchets se soulèvent !
Catho Hensmans
Actuel est une émanation du groupe Facebook « Parlons Gravure ». Comité de sélection : Jean-Michel Uyttersprot Catho Hensmans Comité de rédaction : Jean-Michel Uyttersprot Pascale De Nève Catho Hensmans
Les estampes en 1er de couverture sont des collaborations entre Olivier Deprez et Adolpho Avril. L’estampe en 4e de couverture est de Mathieux Roussel (présentée dans l’Actuel #9)
Pour toutes informations : magazine.actuel@gmail.com www.actueldelestampe.com Éditeur responsable : K1l éditions. Imprimé par : Hengen Print & More G.D.L Prix de vente : 20 € N° ISSN : 0774-6008
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«Après la mort, après la vie. Le Testament du Docteur A ».
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Quelques remarques à propos du film En janvier 2016 était présenté au public bruxellois du Palais des Beaux-arts, dans le cadre du BOZAR Cinema Days, le film d’animation cinématogravé « Après la mort, après la vie. Le Testament du Docteur A ». Film que j’ai coréalisé avec Adolpho Avril, artiste outsider du CEC La S Grand Atelier (coproducteur du film avec l’Atelier Graphoui).
Tout avait commencé en mai 2007 par la proposition d’Anne-Françoise Rouche d’organiser à La S Grand Atelier une résidence de bande dessinée où les auteurs de Frémok produiraient en binôme avec des artistes outsiders un récit dessiné. C’est lors de cette résidence que j’ai rencontré Adolpho Avril et que nous avons jeté les bases d’un livre commun. Bases sur lesquelles se sont aussi édifiés un film et une installation. L’idée était de générer un récit gravé à quatre mains. La question était alors de savoir comment susciter un imaginaire commun ? Comment accéder à ce monde sensible à partager entre Adolpho et moi et plus tard à partager avec le lecteur du livre, le visiteur de l’exposition et le spectateur du film ? La façon de répondre à ce problème, ce fut de vivre ensemble
des expériences qui produisaient un monde visuel dans lequel nous pouvions nous projeter. Nous nous sommes promenés dans la caserne (l’atelier La S se tient dans les anciennes casernes des chasseurs ardennais de Rencheux). Nous nous y sommes filmés et photographiés. Nous avons visionné des films ensemble. Nous nous sommes intéressés à Dreyer, à Murnau, à Buster Keaton et à Hitchcock. Des vidéos que nous avons filmées et des films que nous avons visionnés, nous en avons saisi des captures-écran que nous avons imprimées. Ces images, nous les avons rassemblées sur un mur. Elles constituèrent la cartographie primitive du monde du Docteur A et de l’infirmier O.
Le Docteur A et l’infirmier O sont deux personnages qui sont apparus au cours de nos séances de gravures autour de la presse mécanique. Nous étions occupés à dessiner, à graver et à imprimer et, tout en travaillant, nous discutions. Adolpho me racontait sa vie et moi la mienne. Les récits d’hôpital étaient récurrents. Adolpho vit, habite, dans un hôpital psychiatrique à Lierneux. Les personnages sont issus des récits d’Adolpho. Ils devinrent nos représentants dans la fiction que nous gravions. Et comme il arrive toujours, ces personnages acquirent
progressivement leur autonomie. À présent, ils vivent leur vie de personnage de livre et de film et nous vivons la nôtre. Si nous sommes passés de la fabrication d’un livre à la réalisation d’un film, c’est que d’une part le matériau visuel de notre récit gravé était surtout cinématographique et d’autre part la chorégraphie même de l’atelier de gravure et le mouvement de la presse qui littéralement met en mouvement l’image qui passe sous le rouleau ont induit matériellement la nécessité de réaliser un film d’animation.
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À
pour Adolpho
A pour Animation
Dans un texte paru dans la revue Formules n°19, j’ai eu l’occasion de montrer l’analogie de la lettre A avec le dispositif de projection cinématographique. Voici en résumé l’idée que je développe dans ce texte :
« Pour peu que l’on fasse opérer une rotation de nonante degrés vers la gauche, la lettre A prend l’allure schématique d’un œil autant que du cône lumineux de la projection cinématographique. D’emblée cette figure est ambivalente puisque d’un côté elle met l’accent sur le regard et d’un autre côté sur la projection de l’image. Combinés ces deux niveaux de signification proposent l’idée d’un regard actif, générateur d’images. On retrouve aussi cette dualité qui a toujours été génératrice autant que
(heureusement) problématique dans le cinéma, y compris dans le cinéma muet, entre le mot et l’image. Émerge ici l’idée d’une projection cinématographique née de la lettre et mieux encore, puisque la lettre par le jeu de la métonymie vaut pour un nom, d’une projection cinématographique née de la rencontre avec Adolpho Avril. La lettre A peut certes aussi être vue comme le schéma d’un personnage marchant vu de côté ou comme un chevalet, un écritoire à double face ou bien un livre ouvert tout simplement.. »
L’origine du film en tous les cas se tiendrait aussi là dans cette rencontre avec Adolpho et la potentialité créative de la première lettre de son nom et de son prénom. Tout se serait donc passé comme si la lettre A avait contenu le programme de création du livre et du film. La rencontre n’a pas eu lieu n’importe où toutefois puisqu’elle s’est déroulée dans un atelier de gravure. C’est-à-dire un atelier dans lequel une machine
lorsqu’elle est mise en mouvement imprime des images. Pas n’importe quel type d’image puisqu’il s’agit de gravure sur bois : un type d’image où la matérialité est prégnante, résistante, tranchante. L’image gravée a une qualité haptique autant qu’optique. Haptique, car l’œil touche la matière visuelle et tout le corps ressent ce toucher de l’œil comme si la taille du bois avait lieu dans l’œil même.
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Le cinéma, dans le cas du film « Après la mort, après la vie », serait la conséquence de la rencontreavec un corps triple : – le corps de la lettre (et par extension tout un discours, le discours cinématographique du film lui-même, discours qui serait de l’ordre du deuil, cela devra être éclairci ultérieurement), – le corps de l’image (et par extension le corps filmique, la peau du corps filmique étant déterminée par la gravure sur bois) – et le corps d’un individu sujet à la folie (rien dans le film ne dit qui est le fou, il s’agit d’une folie partagée).
Un cinéma optique et haptique
Qui dit corps dit dynamique, mouvement. Et rythme et vitesse. Rien d’autre que le cinéma n’aurait pu mieux rendre compte de la singularité de cette rencontre. De la singularité de cette rencontre allait naître un cinéma singulier. C’est-à-dire un cinéma qui dispose d’une rythmique propre et d’un réglage de vitesse propre. Un cinéma optique et haptique (un cinéma
où la peau de l’image importe autant que ce qu’elle montre). Cette singularité cinématographique se nomme « cinématogravure », appellation aussitôt contractée en « cinégravure », comme pour rappeler le caractère fondamentalement elliptique du cinéma. La cinégravure pourrait se définir comme la mise en mouvement sur l’écran de la gravure sur bois.
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fabrique du mouvement.
La
Q
uant au mouvement, le film ne s’en tient pas au dogme du « il faut que ça bouge (et vite de préférence) » caractéristique du cinéma aujourd’hui. Les plans ne tentent pas de dépasser la fixité de la gravure sur bois ni de la gommer. Au contraire, cette caractéristique de l’image cinégravée est assumée et affirmée. Le mouvement a été suscité de différentes manières. Nous avons dessiné et gravé environ deux cents bois. Chaque gravure a été imprimée cinq fois. Ensuite ces cinq impressions ont été photographiées sur un banc-titre de façon à ce que, à l’aide du logiciel Tvpaint, pour chaque plan, une boucle aléatoire combinant les cinq photogrammes puisse être générée et produire une vibration cinématographique du plan. Nous avons eu recours à la technique du « stop motion ». Elle consiste à découper le mouvement en ne privilégiant que les images clés. Il en résulte un mouvement heurté, non « naturel. »
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Nous avons également utilisé la technique du papier découpé. Le mouvement dans le plan est obtenu grâce à des figures dont les points d’articulations sont cousus de manière à faciliter la manipulation et le positionnement des moments clés du mouvement.
En utilisant cette technique, nous avons pris garde de nous en tenir au style heurté de l’animation, de ne pas fluidifier à outrance le mouvement. L’usage des panoramiques, des travellings et des zooms apportent également un autre type de mouvement. Dans ce cas, c’est la caméra qui introduit l’animation dans le plan en se déplaçant dans l’image ou en zoomant dans l’image.
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L
e mouvement peut aussi être suggéré par le son. Le mouvement alors n’est pas optique, mais imaginaire. Soit le son renforce la sensation du mouvement comme dans le cas du plan de l’horloge qui s’anime.
Soit le son introduit le mouvement dans le plan comme dans le cas de la projection du film « Le testament du docteur A ». Le plan est fixe, mais le son d’un projecteur induit l’idée de l’animation.
Le rythme du film naît de l’équilibre qui s’installe entre ces différentes façons de susciter le mouvement. Le montage contribue à trouver cet équilibre.
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Un monde narratif plutôt qu’un récit. Des histoires plutôt qu’une histoire. Le monde du Docteur A et de l’infirmier O, et de cette femme mystérieuse, est un monde traversé, d’histoires : l’histoire de la fabrication du film, l’histoire de la recherche du Docteur A par l’infirmier O, l’histoire de la femme mystérieuse (une histoire forcément mystérieuse), etc. Ces histoires circulaires souvent ramènent là d’où l’on est parti, avec toutefois un léger décalage. Par exemple, deux personnages sont enfermés dans ce qui a tout l’air d’un cercueil, mais lorsque le cercueil est enfin ouvert, il est rempli de bobines de films et d’images gravées. On est bien revenu au même lieu, mais à un autre degré de sens. Les récits sont spiralés plutôt que circulaires. Le monde narratif du film est constitué d’un enchâssement de spirales qui font passer les récits d’un degré à un autre. On enferme des personnages, il en ressort des images filmées et gravées. Tu es image et tu retourneras image, en somme. Il n’y a donc pas une seule histoire, mais des histoires imbriquées les unes dans les autres. Les plans des couloirs sombres suggèrent un monde architecturé dans lequel les histoires, les lieux, les temps communiquent entre eux.
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L’espace est à la fois objectif et mental. Objectif, car le lieu de la fiction se présente sous l’aspect d’une caserne qui est la transposition graphique de la caserne où le film a été réalisé. Mental, car les limites qui déterminent les lieux de la fiction sont aussi caractéristiques du souvenir, du fantasme, de l’angoisse, de quelque chose que l’on éprouve « dans » la tête. De plus, le film tend à brouiller les frontières entre ces deux espaces. Le film confronte des espaces identifiables, la chambre, l’atelier, la salle de projection, à des espaces qui ont perdu leurs limites, des espaces qui ne sont pas bornés bien qu’ils soient cadrés. C’est aussi l’espace de la folie. La folie qu’on enferme et la folie qui échappe à la réduction de la rationalité. Le geste de la gravure sur bois est idéal pour dire cette échappée (souvenons-nous de ces personnages de Masereel qui n’ont de cesse de sortir du cadre de la fenêtre, la fenêtre symbolisant entre autres, mais pas seulement, l’ordre social, la rationalité raisonnable du monde moderne)..
L’espace Le temps geste Le film met en scène un feuilleté de temporalités qui s’entrecroisent, s’enchâssent, se superposent. Il y a d’abord le temps de la lecture puisque le film s’ouvre sur des plans qui montrent deux lecteurs occupés à lire un livre aux pages noires.s.
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Il y a le
temps hors du temps
temps
Il y a le du film se faisant. de la zone que désigne le titre du film, c’est le temps d’après la mort, d’après la vie.
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temps d’après
Il y a le , quand tout est terminé depuis longtemps et où, de ce qui a eu lieu, ne demeurent que les traces, des pièces vides et abandonnées aux fenêtres décadrées. Comme cette séquence a lieu au début du film, on pourrait considérer que tout ce qui suit est de l’ordre du flash-back. Ce qui expliquerait la répétition de l’ordre plusieurs fois répété « souvenez-vous ». Et bien avant, le mouvement de la main qui remonte l’horloge en poussant les aiguilles dans le sens inverse du temps (au cinéma le temps est réversible, comme l’a noté Tarkovski).
Il y a le
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temps du rêve-cauchemar.
Il y a le
temps du film projetĂŠ dans le film.
Il y a le
temps du souvenir.
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https://antiste.wordpress.com
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La gravure sur bois est le support de ce feuilleté temporel, l’inscrit dans la matière. En est la source aussi bien, le film souligne en effet la fonction originelle et génératrice de la gravure comme ci-dessous dans le plan de la vue en plongée du plateau de la presse de gravure.
Tout se passe comme si le temps du film puisait ses qualités dans le temps de la gravure. La gravure étant entendue ici non seulement dans sa dimension technique, mais aussi dans sa dimension de matériau poétique, dans sa dimension d’instrument porteur de fiction, porteur de narration. Une narration née des rythmes de la taille, des rythmes de l’encrage, des rythmes de l’impression.
Les motifs, le deuil. Un réseau de motifs innerve et structure le récit. Parmi les principaux motifs, on peut relever le motif du souvenir et le motif du procédé de fabrication, bref le motif de la mise en abyme. Cependant parmi l’ensemble des motifs, l’un est plus prégnant que les autres. Dans « Après la mort, après la vie », le motif du deuil est sans doute ce à partir de quoi se déploie le sens. Le cinéma a à faire avec la mort, et avec la vie. Cocteau ne disait-il pas que le cinéma, c’est la mort au travail ? Faire un film, et le visionner aussi bien, c’est faire son deuil du temps qui passe, des images qui ne s’accordent pas avec le réel, de quelque chose d’obscur, d’un désir mort-né de s’accorder à ce que l’on regarde. Le film qu’Adolpho et moi avons réalisé dessine sur l’écran un lieu, un temps, qui se situe par delà le partage de la vie et de la mort, littéralement après la mort, après la vie. Pour atteindre ce lieu, il nous faut faire le deuil de nos certitudes, de nos habitudes de penser et de voir, de nos habitudes de se représenter les choses d’une manière et non d’une autre. C’est donc faire le deuil d’un certain cinéma au profit d’un autre cinéma ou d’un cinéma autre. Un cinéma dessiné, gravé, en noir et blanc, fait de plans fixes et de mouvements heurtés. Un cinéma de la folie partagée. Olivier Deprez
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Sylvie Abélanet La Quête des oiseaux Suite de sept estampes à l’eau-forte de Sylvie Abélanet librement inspirées de l’épisode du voyage des oiseaux à travers les sept vallées dans le recueil de poèmes le Cantique des oiseaux de Farîd od-dîn « Attâr dans la traduction de Leili Anvar aux éditions Diane de Selliers. * “J’ai cheminé durant plus d’un an à travers le Cantique des oiseaux pour l’interpréter avec mes propres pensées et images. Cette démarche a peut-être été induite par l’époque chaotique que nous traversons, la recherche des oiseaux pour un certain ordre pouvant se lire comme une tentative de réponse pour faire échec à ce chaos. Mais, plus généralement, le chaos guette chacun d’entre nous quel que soit le moment de sa vie et provoque ses dérèglements et ses angoisses. J’ai souhaité placer des symboles chrétiens dans ce récit soufi pour montrer le côté universel de ce long poème qui parle d’une quête spirituelle et non pas d’une démarche religieuse. J’ai aussi voulu rendre cette Quête des oiseaux très proche de nous en choisissant les oiseaux communs que je vois dans mon jardin. De même j’ai réduit les paysages des vallées à un volume identique pour chacune d’entre elles afin de symboliser notre paysage intérieur. Les montagnes et les vaux sont désignés par de simples parallélépipèdes. Les plaques sont toutes découpées aux mêmes dimensions (38 x 74 cm) pour donner la même importance à chaque étape. J’ai construit des modèles en volume, sorte de boîte pour chacune des vallées, et j’y ai introduit des silhouettes d’oiseaux découpés sur lesquelles je projetais une vive lumière. Celle de la clairvoyance ? En tout cas, celle vers laquelle ce poème nous guide.” Sylvie Abélanett
Sylivre Abélanet vit et travaille, à Charenton, région parisienne.
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Page 19 : La vallée du dénuement et de l’Anéantissement - 38x74 cm – eau-forte, vernis mou Page 19 : La vallée de la Connaissance 38x74 cm – eau-forte, vernis mou Page 20 : La vallée du Désir - 38x74 cm – eau-forte Page 21 : La vallée de la Plénitude - 38x74 cm – eau-forte, vernis mou Pages 22 et 23 : La vallée de la Stupéfaction et de la perplexité — 38x74 cm – eau-forte http://sylvieabelanet.free.fr
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La première vallée est celle du Désir, source et condition incontournable de l’aventure. Et pour que la lumière de ce désir emporte tout, il faut d’abord s’abandonner dit le poète Ici, il faut jeter tes richesses au vent Et jeter aux orties tout pouvoir temporel… Lorsque cette lumière aura conquis ton cœur Le Désir essentiel y sera décuplé Et Sylvie Abélanet de montrer en parallèle l’imposante volière qui protège, mais qui surtout enferme ! Concordance donc des deux artistes, défaire ses liens, quitter son environnement accepter ce dénuement si nécessaire, et en même temps si prometteur que les compagnons de l’enfermé sont déjà en recherche pour échapper à l’avidité, l’envie et la jalousie. Deuxième vallée, celle de l’Amour, le dangereux amour qui fait exploser les règles : Ici, l’amour est feu et la raison, fumée Quand cet amour advient, il fait fuir la raison Concordance encore, l’estampe ne montre qu’un « presque plus rien » : une brassée de lys posée sur un socle, une plume éclairée par une mystérieuse et irradiante source de lumière, sorte d’annonciation qui préfigure la passion. La troisième étape est celle de la vallée de la Connaissance. Il s’agit, le poète le souligne, d’une démarche personnelle et unique :
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Comme chacun chemine à sa manière propre Aucun oiseau jamais ne volera comme un autre Autre avertissement donc, soyez vous-même, une exigence et une manière de rassurer le voyageur acteur de son chemin avec ce qui est à sa portée justement comme le montre l’estampe qui en mettant face à face deux oiseaux, pose cette règle de la curiosité, de l’attention aux choses, de la prise en compte de rapprochements inattendus, surtout quand il s’agit d’objets mystérieux, pelote embrouillée et bois d’épines. Vient alors la quatrième vallée, celle de la Plénitude. Le texte suggère avec une véritable violence l’infinie solitude de chacun, objet, animal ou humain, perdu dans l’immensité de l’univers. Le tout et la partie seraient anéantis Que ce serait une paille envolée de la Terre. Mais alors suggère Sylvie Abélanet, tout dans l’univers étant unique, est important, d’autant plus que rien n’est durable. Et elle saisit un instant tout simple, l’oiseau qui se nourrit sous la branche de passiflore qui le protège. Par là, elle défend le principe de vie, l’unité du monde terrestre, marin et céleste, la nécessité du respect de chacun petit ou grand, le droit à vivre pleinement chaque instant, modeste ou glorieux.
La vallée de l’Unicité constitue la cinquième étape dans le prolongement immédiat de la précédente, car Ici, en ce chemin, le multiple est dans l’Un Une fois un toujours sera égal à un C’est dire en quelques mots l’appartenance de tous à un univers partagé : personne n’est un sans être tous. Oui répond Sylvie Abélanet en présentant une colombe, une seule justement, tournée vers ce qui protège et nourrit les hommes, une pierre, des épis de blé, un verre prêt à être bu, la synthèse des éléments de vie, indissolublement liés. Mais rien n’est simple ou plutôt, rien n’est sûr, car le périple débouche sur la vallée de la Perplexité : cette étape va donner un élan nouveau à la réflexion du voyageur, homme ou oiseau. Que sait-il vraiment le voyageur ? Ne doit-il pas s’interroger à nouveau en opérant un ultime recul, douloureux, mais salutaire sur lui-même ? Mortel ou immortel Il dira : « Je ne sais, non, je ne sais plus rien Je ne sais même pas si vraiment je ne sais » Fort de cette certitude de ne plus savoir quel est son savoir, le voyageur libère peut-être sa capacité d’accomplissement, mais entre dans un univers hostile : ce sera la dernière étape, la vallée du dénuement et de l’anéantissement hostile C’est un monde d’oubli, d’absence et de silence Où l’âme déambule hagarde, muette et sourde C’est alors que Sylvie Abélanet s’éloigne alors, presque imperceptiblement du poème, proposant sans l’imposer une inversion du périple, mais aboutissant aux mêmes conclusions. Ses deux dernières estampes évoquent en effet ces deux versants de l’aboutissement de cette quête de soimême : l’acceptation du dénuement et la stupéfaction celui que l’on découvre être soi-même.
L’extrême simplicité le dénuement ou même la pauvreté, importent peu. La mort non plus, comme aboutissement accepté d’un temps donné, s’il n’a pas été gaspillé. L’essentiel est le détachement. Ce que suggère cet oiseau pensif devant le reste de ses compagnons. La stupéfaction enfin parce que l’oiseau voit son autre soi, tel qu’il est dans son corps et bien sûr son esprit, le miroir permettant ce face à face empreint de sérénité, illustrant la réussite de cette épopée personnelle. En choisissant de souligner ce dernier aspect, elle rejoint, mais peut-être sans y adhérer complètement, les deux vers, les cinq seuls, les seuls apaisés de ce texte de la septième vallée. Car dans cet océan débordant de repos Le cœur ne trouve rien que la perte absolue Puis, s’il lui est donné de revenir à lui En lui s’ouvrira l’œil qui peut voir les secrets : Il verra le comment, le pourquoi du créé Ne jamais abandonner de chercher à se connaître permet, au bout d’un long périple toujours recommencé, de se trouver face à ce soi même inconnu. Rude et dangereuse démarche, mais riches récompenses, l’acceptation de soi, la liberté intérieure, le détachement, la capacité de choisir et d’assumer les orages du destin et la fureur de l’océan, sans illusion certes, mais avec la volonté et l’espérance de rester soi. C’est là l’essence de ce passage de ce long poème, c’est là aussi le sens caché de la série des estampes de Sylvie Abélanet. Christine Moissinac, Présidente du prix GRAVIX *Cette interprétation n’est née ni d’une collaboration avec la maison d’édition Diane de Selliers ni avec la traductrice Leili Anvar.
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Se construire, s’interroger, se reconnaître, pour pouvoir s’accepter dans sa plénitude, mais aussi dans son dénuement, tel est le thème de l’un des très nombreux épisodes de l’immense épopée que le poète soufi, Farîd od-dîn « Attâr a écrit au XIIe siècle : le langage des oiseaux, la conférence des oiseaux ou dans la dernière traduction, le cantique des oiseaux. Un texte foisonnant, composé de multiples séquences poétiques et philosophiques, évoquant la
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fabuleuse envolée des oiseaux du désert vers leur destin que certains pourront assumer et d’autres non. Tel est aussi le défi de Sylvie Abélanet qui a voulu illustrer cette quête de soi, nécessaire et même indispensable pour pouvoir vivre librement, chacun avec ses forces, ses faiblesses et les hasards qui pèsent parfois lourdement.
Question essentielle s’il en est, abordée par chaque civilisation, avec toujours une même réponse : réfléchir inlassablement sur soi-même, pour trouver puis construire son chemin. Même si les moyens convoqués par les philosophes de Grèce, de Chine, de Perse, d’Allemagne ou d’ailleurs… diffèrent, la règle s’impose sans concession. Farîd od-dîn « Attâr affronte à son tour ce qui fait la spécificité de l’homme, et, pour l’évoquer, choisit un être si proche et si différent, l’oiseau, ou plutôt les oiseaux nombreux comme les hommes à peupler l’univers,
acteurs symboliques et enviés de l’évasion, de la légèreté et même, plus important encore, de la liberté. Or de ces oiseaux nombreux à être appelés par le poète, peu iront jusqu’au bout de cette recherche de soi-même et chanteront le cantique final. Mais n’estce pas là aussi la rude condition humaine, qui réserve à quelques-uns seulement l’accès à la sagesse ? Le poème ne le dit pas, n’évoque pas directement les hommes, mais ne réfute pas cette hypothèse. À chaque lecteur de choisir son interprétation.
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Dominique Kermène La technique à l’eau-forte sur plaque de zinc ou de cuivre. Après préparation de la plaque, bien polie, je dessine librement sur le vernis bien sec puis petit à petit j’affirme mon dessin ou j’ajoute une aquatinte pour augmenter les nuances de gris, après plusieurs passages dans le bain d’acide nitrique, ma plaque gravée apparaît petit à petit. Il m’arrive aussi de « peindre » directement sur une plaque préparée avec un mélange dit « au sucre ». Au pinceau je démarre avec un dessin très gestuel, spontané, sans réfléchir, je laisse ma main faire....Quand je suis satisfaite de la structure je rentre dans les détails progressivement avec du trait plus ou moins fin (sur vernis), l’acide faisant son travail d’érosion à chaque passage dans le bain. La technique du Carborundum sur plaque de zinc, cuivre ou rhénalon. Tout commence avec la préparation d’un mélange à base de colle à bois avec les grains de Carborundum (carbure de silicium) plus ou moins fins. J’applique cette pâte au pinceau sur mon support et je définis des formes assez grossières. Le temps de séchage est de 24 h, juste le temps pour que cette couche durcisse et ressemble à une croûte minérale. Je peux alors « sculpter », gratter, abraser, découper, graver sur cette surface à ma guise avec un grand choix d’outils divers et variés jusqu’à obtenir un
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résultat satisfaisant. Pour les tirages, j’emploie le papier Hahnemühle ou le papier Fabriano, l’idéal étant de travailler avec un papier fait main. De temps en temps j’ai envie de jouer avec la couleur, car je suis aussi peintre, j’imprime alors mes
gravures avec des fonds très colorés appliqués au rouleau directement sur la plaque ou pourquoi pas coller du papier Japon, la technique dite du « Chine collé » qui est aussi très intéressante. Je fais partie d’une association de graveurs nanterriens « presse-papier » qui me permet de tirer mes gravures sur une magnifique et très ancienne presse « Roger Ledeuil » de l’atelier de gravure de la ville de Nanterre.
Page 22: Sweater N°36, eau-forte 36,5x60cm / 1989 Pages 24 et 25: Chair N° 82 eau-forte 40x60cm / 1982 Page 27: Sweater N° 38 eau-forte 45x60cm / 1997
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Vous avez dit : « dilemme » ? « Ce que l’on appelle peinture abstraite est un dilemme pour celles ou ceux qui la regardent. Car celles ou ceux qui la peignent — et ce dilemme, Dominique Kermène, en la gravant, l’aggrave — évitent de toutes leurs forces de répéter quoi que ce soit de déjà dit, de déjà vu ou de déjà connu.
comme la belle-mère de Blanche-Neige devant son miroir, elle lui pose ces questions insolubles : “Qui étais-je ?”, “Qui suis-je ?”, “Qui serai-je ?”. Ou bien encore “Où étais-je ?”, “Où vais-je ?”, “Où irai-je ?”. » Marc Albert-Levin — mai 2014
De sorte que les regardeurs, et même les plus regardants, comme les critiques d’art par exemple, sont bien embarrassés. Que vont-ils dire devant l’indicible et l’indéchiffrable ? Devant les hiéroglyphes d’une langue qui fait tout pour ne pas être comprise ? Figurez-vous que Dominique ne veut rien figurer du tout. Elle s’en va, comme à l’aveuglette, faisant d’abord courir sa main et n’enclenchant qu’ensuite le cerveau. Depuis plus de quinze ans qu’elle consacre le plus clair (ou le plus obscur) de son temps à cet épuisant passe-temps, elle se pose devant sa toile ou sa feuille de papier. Et
Mais qui est Marc Albert-Levin ? Écrivain, critique d’art et traducteur. A écrit pour la revue « Cimaise » art et architecture actuels dans les années 60 ; dans « Les Lettres Françaises » dans les années 70 ; dans « Les Nouvelles Littéraires » dans les années 80 ; dans les revues « Passage » et « Passage d’encre » dans les années 90 ; dans « Artpress » dans les années 2000, et dans « Valeurs
Humaines », un mensuel bouddhiste, depuis 2010. Membre de l’AICA (Association internationale des Critiques d’Art) en 1966, la seule année où il ait payé sa cotisation, il n’a cessé depuis d’écrire sur les arts plastiques et sur le jazz. Il a enseigné l’histoire de l’art à Cooper Union, New York et donne sporadiquement des conférences sur ce sujet lorsqu’il y est invité.
http://www.dominique-kermene.com
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Dominique Kermène vit et travaille à Nanterre, France 27
Violaine Fayolle « Je suis un corps qui pense » telle est la vision que Violaine Fayolle nous propose d’elle-même et nous donne à voir à travers son travail d’artiste graveuse et c’est sans doute le lien qui peut nous aider à entrer dans son univers qui, partant du corps déformé, monstruosé, questionné, nous invite à sortir de notre rôle de spectateur pour nous conduire à réfléchir sur nous-mêmes. « Humain, trop humain », mais qu’est-ce qu’être humain ? « Le rapport à l’autre est quelque chose de complexe : alors que les autres ont, de premier abord, l’air d’être identiques à ce que nous sommes et en cela nous nous projetons en eux, avec le temps et la maturité chacun découvre sa singularité et par là son isolement. Différent, il se sent autre. Se révèle alors l’ambiguïté de se croire similaire, de faire semblant de l’être, tout en se rendant compte que cette similitude est vaine ou n’existe qu’à de très courts moments. Des malentendus de similitude. »
Violaine Fayolle est née à Dijon Elle vit et travaille à Lorient, Bretagne
www.violaine-fayolle.com
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our elle toujours est-il que créer, graver, c’est résister. Lutter contre la simplification des êtres, combattre une vision binaire qui conduit à tant de naufrages individuels ou collectifs. C’est la matrice de ses créations des Messagers, série de gravures dialoguant avec des œuvres canoniques fantastiques et gothiques jusqu’à cette dernière composition des Désailés qui nous laisse face à ces êtres hybrides qui nous charment, nous fascine pour mieux nous interpeller. Ils sont d’ailleurs le fruit d’un travail de naturaliste qui observe, scrutent les éléments naturels, pommes de pin, fleurs, écorces, pour les réinvestir dans ses créations graphiques à contre-emploi, à contre-courant. Enfin peut-être pas tant que cela finalement… Violaine Fayolle utilise tout ce qui résonne en elle pour produire, travaillant en symbiose avec d’autres : que ce soit des singes au zoo (série Humains, peut-être) ou des artistes qui lui sont chers, de Jérôme Bosch à Frida Kahlo, en passant par Gustave Doré ou Olivier de Sagazan. Elle grave sur bois. Il s’agit de creuser le matériau, de fabriquer une trace de manière indélébile dans cette matière vivante, sans retour en arrière possible. De la même manière qu’elle essaie de comprendre toujours plus la complexité des humains, de la même manière elle creuse toujours plus, avec toujours plus de volonté d’exactitude, de finesse, ses matrices..
Florence Gleichmann.
Page 44 : Ernest Page 45 : Igor Page 46 : Margueritte Page 47 : Jean-Pierre.
Pages 44, 45, 46 et 47 : Gravures sur bois, 7 exemplaires, matrices de formats variables, format raisin (50 x 65 cm), Velin BFK Rives, 250 g. Les gravures sont extraites de la série « Les désailés — oiseaux migrateurs au désespoir de voler ».
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Eric Durant « J’utilise de façon régulière la linogravure dans ma pratique artistique. J’aime l’odeur de lin et de liège de la plaque de linoléum, son homogénéité, sa souplesse. J’apprécie le travail du geste, maîtrisé ou impulsif, qui va sillonner le champ de la surface imprimante ou l’inciser de signes secs et nets. L’entaille gravée est le signe en attente, en suspens, inversé, qui, pour être révélé, doit être imprimé. L’image imprimée est un transfert, un report, un retour figuré de la mémoire du geste, inscrite dans la matrice. Le lent processus de fabrication de l’image, artisanal, manuel et mécanique, est très important pour les artistes graveurs. Il donne à l’estampe une intensité et une profondeur bien particulières, inimitables par d’autres techniques. L’image finale peut varier selon la manière d’encrer, la nature du support et sa préparation (sec ou humide, vierge ou déjà encré). À la créativité artisanale qui conduit à la réalisation de la matrice, mélange de savoir d’artisan et de talent artistique, s’ajoutent également des possibilités de créativité lors de l’impression et du tirage. Le papier se couche sur la matrice, le report http://ericdurant.art.free.fr
par pression assure l’impression et l’image peut être alors dévoilée. La magie du tirage est un moment fort pour l’artiste graveur. En marge du dessein initial, inscrit dans la plaque gravée, des images imprévues peuvent toujours advenir et redynamiser la création. L’image se présente toujours comme une révélation, une surprise plus ou moins annoncée. Par ses différentes techniques, la gravure propose un répertoire d’instruments expressifs aux sonorités et aux registres mélodiques très caractéristiques. Le principe du report, la possibilité de reproductibilité, même minimale, sont constitutifs de ces techniques. La gravure offre des qualités expressives particulières et une nature d’objet artistique spécifique qu’il convient, aujourd’hui plus que jamais, de préserver dans un monde saturé d’images le plus souvent destinées à une consommation rapide. L’estampe originale reste une image qui peut résister et faire face à l’indifférenciation, la banalisation et la confusion. Toutes les images ne se valent pas, tant s’en faut » Eric Durant vit et travaille à Bois-Colombe, en Hauts-de-Seine en région Île-de-France.
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Les ombres ne parlent pas. Elles ne font pas de bruit. Elles sont ici pour nous rappeler qui nous sommes, nous rappeler le son de nos pas, de notre cœur, de notre solitude, de notre souffle. Ces visages figés sont ici en contraste avec nos vies modernes, dynamiques, pressées, dirigées. Ces visages figés depuis l’éternité nous regardent d’un air posé ou effrayé, coincé dans leur prison éternelle. Ils ont eu le temps de penser à eux, à leur existence, à leurs doutes et leurs angoisses. Depuis leur sagesse, ils nous jugent peut-être. Ou bien nous implorent de les libérer de leur toile. 34
Maxime Bienbeau
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ous avons rendez-vous avec le département des relations publiques du Kollektiv Tod le temps d’un café à Kottbusser Platz. Kollektiv Tod est connu (si on les connaît) pour leurs sérigraphies et leurs gravures sur bois, leurs livres, la maison d’édition du même nom, ainsi que pour leurs affichages dans l’espace public. Depuis à peu près neuf ans, on peut les rencontrer, avec leurs livres faits main, sur des salons du livre de
Paris à Barcelone. Et puis, de manière plus ou moins régulière on peut trouver, ici ou là, une exposition ou un projet de street art. Comme Kollektiv Tod ne semble avoir qu’un intérêt restreint pour l’attention médiatique, nous devrons limiter cette interview à la longueur d’un espresso.
KOLLEKTIV TOD Koralle : d’abord une question que vous avez sans doute entendu plusieurs fois, mais dont la réponse, d’après ce que je sais, ne se trouve dans aucun de vos textes ni sur internet. Que signifie le nom « Kollektiv Tod » (Collectif mort) ? Hand : beaucoup et puis en fait pas grand-chose. En tout cas il ne s’agit pas à proprement parler de la mort.
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Fuß : si quand même d’une certaine manière. Le titre de notre premier livre était « Danse macabre de Friedrichshain ». Mais il ne s’agissait pas de la mort de personnes. Il s’agissait des changements de la ville, de la disparition d’espaces libres et donc de la mort d’une certaine forme de subculture organisée collectivement.
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Koralle : mais on peut voir constamment des squelettes traverser vos images et vos livres. Ils semblent être un Leitmotiv dans votre travail. Hand : oui, mais ce ne sont pas pour nous des symboles de la mort. Nous les aimons parce qu’ils sont affranchis du superflu. Pas de genre, pas de couleur de peau, pas de classe sociale. Koralle : on pourrait dire ça de beaucoup de créatures. Pokémon n’a pas de genre non plus… Hand : si. Les Pokémon ont un genre depuis la deuxième génération et des distinctions de genre depuis la quatrième. Koralle : oui, bon. Est-ce qu’il s’agit alors pour vous de la mort de l’individu tant invoquée par le postmodernisme ? Disons que les squelettes ne sont pas vraiment dissociables entre eux… peut-être même qu’ils forment une sorte de Multitude ? Hand : non.
des livres ? Pourquoi la rue ? Et puis surtout pourquoi les deux ensemble ? Hand : pourquoi pas ? Koralle : et bien disons que traditionnellement le street art est fait pour l’espace public, il ne s’agit pas de l’importance du nom de l’artiste qui se cache derrière l’œuvre, mais au contraire de le rendre accessible à tous et d’utiliser l’espace public de manière non commerciale. Par contre les livres sont des objets emblématiques de la bourgeoisie cultivée : cher et élitaire et en plus dans votre cas fait main ! Hand : n’importe quoi. Je vais chercher mes livres à la bibliothèque et le street art m’est apparu ces derniers temps surtout comme de la publicité grand format. Fuß : cela dit, effectivement il s’agit bien pour nous, en ce qui concerne les images dans la rue, que tout le monde puisse les voir. Avec les livres nous imposons une succession au lecteur. Hand : oui, dans un livre on enferme les images. Mais cette opposition entre le livre et la rue n’est pas vraiment notre but. En fait depuis quelque temps on aimerait refaire une exposition avec des tirages indépendants, des dessins, des peintures, mais nous ne trouvons pas l’espace… Koralle : comment se font vos livres ?
Fuß : non, vraiment pas (rire) Koralle : revenons à vous : dans quelle mesure travaillez-vous en temps que collectif ? Fuß : il y a déjà bien assez de rapports de dépendance Koralle : euh… je dois comprendre ça comment ? Fuß : eh bien nous composons, imprimons et éditons nos livres nous-mêmes. … Koralle : bien, essayons plutôt de parler du contenu de votre travail : la combinaison d’estampes, de street art et de livre me semble inhabituelle. Pourquoi
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Fuß : en règle générale nous utilisons pour nos images la gravure sur bois et la sérigraphie avec des tirages assez réduits. Le passage au livre lui-même laisse encore de l’espace à la création, ce qui fait une part du caractère de nos livres. Koralle : oui caractère ! Vos livres sont tout de même des pièces de collection. Vous ne produisez que des petites éditions : il me semble quand même que la rareté, le « fait main » ont une importance.
Hand : je ne sais pas. Nous nous intéressons pas trop à la perfection artisanale et encore moins au culte du « fait main » ou à la valeur des matériaux. C’est plutôt que nous n’avons pas de machine pour produire nos livres… je n’ai pas de frigo non plus. Fuß : (rire) n’importe quoi ! En fait nous choisissons très concrètement les matériaux en fonction de ce que nous voulons dire et le choix des matériaux a en retour une influence sur les idées transportées par le livre. Avec des livres faits à la main, il y a beaucoup plus de possibilités. On peut utiliser du PVC pour la couverture, des attaches câbles pour une reliure si ça nous semble pertinent. Pour le livre gris par exemple on a utilisé le papier que les peintres utilisent pour protéger les sols, le matériel le plus gris que l’on puisse imaginer. Koralle : pour finir : est-ce que vous pouvez me citer des œuvres d’art qui vous ont marquées ou influencées ?
(secoue la tête) ces intérieurs domestiques ce n’est pas trop mon truc. Ce qui m’a enthousiasmé c’est le Merzbau de Schwitters et Ma gouvernante de Oppenheim Koralle : je ne vois pas d’influence directe sur votre travail ni chez Vermeer ni chez Schwitters ou Oppenheim… Hand : moi non plus. Mais j’ai fini mon café.
Les membres Du Kollektiv Tod, vivent et travaillent à Berlin, Allemagne http://kollektivtod-verlag.de
Fuß : personnellement, Vermeer me fascine Hand : (incrédule) la fille avec les perles aux oreilles ?
Page 50 : Accumulation, pointe sèche, 30X25 cm / 2013 Pages 52 et 53 : Motherhood, pointe sèche, 90x50c / 2012 Page 54 : Temptation, pointe séche, 26X28cm / 2014 Page 55 : Floating in mind, pointe sèche, 90X138 cm / 2014
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GAELLE CALLAC, lauréate du concours « Talents Contemporains » Le concours « Talents Contemporains » : La Fondation François Schneider a pour vocation de soutenir la création contemporaine sur le thème de l’eau. Son ambition est de découvrir, d’accompagner et de révéler de nouveaux talents au grand public. La sélection des lauréats par le Grand Jury international : Après sélection de 41 finalistes par 4 Comités d’Experts, le Grand Jury international, composé de personnalités reconnues, choisit les 7 lauréats du concours « Talents Contemporains ». La dotation annuelle est de 300 000 € : Les 6 lauréats reçoivent chacun 20 000 euros pour l’acquisition de leur œuvre, le Talent d’Eau 30 000 euros. Une enveloppe de 150 000 € est consacrée à la réalisation des œuvres présentées sous forme de projets. Lors de la 4e édition des « Talents Contemporains », Gaëlle CALLAC compte parmi les sept lauréats. Elle a été récompensée pour son œuvre, « L’ABC de l’eau », une série de 27 gravures réalisées en 2015 sur des pages titre de livres. Gaëlle Callac utilise les pages titres de livres anciens et contemporains comme base de son travail dans « L’ABC de l’Eau ». Chaque page fait référence à l’eau d’une certaine façon en mots ou en images.
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Depuis toujours, mes productions sont narratives. Les films et vidéos, les estampes (sérigraphies, photographies, gravures), les textes, les bandes sonores que je crée proposent une « histoire ». Il m’arrive parfois d’emprunter, de me réapproprier des textes et des images issus de la mémoire collective, comme des citations, des proverbes ou des images découpées dans des livres… L’important, pour moi, étant de proposer ensuite des images personnelles dans lesquelles le spectateur peut se projeter, de proposer des récits par le biais desquels il peut s’évader. Fixes, en mouvement, abstraites notamment lorsqu’elles s’incarnent dans des mots, ces images rassemblées forment un travail où les fantômes, les absences en sont les acteurs, où le passé flirte avec le présent. Pendant une dizaine d’années, Gaëlle Callac est conceptricerédactrice et depuis 2005, elle est directrice artistique au sein d’une maison d’édition jeunesse, Les éditions Le buveur d’encre. Elle est l’auteur de plusieurs albums jeunesse aux éditions Le buveur d’encre dont : Céleste une étoile dans la nuit, 2009 ; Les perles de Jade, 2013, Salammbô et Aimé, un air de liberté, 2011. L’ABC de l’eau : « “Eau” m’a bercée pendant des jours, et, tel un canot se laisse dériver dans les sinuosités d’une rivière, je me suis laissée transporter par ses flots. Au fil de mes divagations, ce mot en tête est devenu le son : O. Un son, une lettre, une seconde, une troisième… l’alphabet coule de source… et, ainsi, naît “L’ABC de l’EAU”. Je choisis ensuite dans la littérature vingt-six titres de livres comportant le mot “eau” en privilégiant le genre : roman, poème, essai. Des mots découlent naturellement des images que je réalise en eau-forte sur les pages titre de ces livres. Parfois, le genre littéraire est une source d’inspiration pour le dessin, parfois j’en détourne le titre... Je tente à chaque fois de montrer la richesse de l’eau, son essentialité, sa pluralité. L’ensemble se ponctue de clins d’œil, d’hommages à l’histoire de l’art ancien, moderne et contemporain ». Site de l’artiste : http://gaellecallac.com/ Page 43: L’ABC de l’eau, G, eau-forte. Page 44: L’ABC de l’eau, J. eau-forte. Page 46: L’ABC de l’eau, W. eau-forte.
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Sophie Philippe Les éléments propres au dessin, à la sculpture, à la peinture et à l’architecture sont, entre autres, les plans en relation et c’est spontanément que j’ai dégagé de l’histoire de l’art l’intensité vitale de ma création. Mes dessins et estampes, qui sont mon travail actuel, se constituent sous la force des éléments qui les composent et ils résultent d’une somme d’actions constitutives. Ainsi la liaison intime de toutes les surfaces planes de mes dessins et estampes, dont chacune donne sa force à une autre surface comme une cellule dans l’organisme, est une circulation, une trame dynamique, de toutes ces forces naturellement autonomes. Le dessin réunit tous les éléments qui lui sont communs avec la peinture, la, sculpture et l’architecture. À savoir, l’arrangement des surfaces, des plans, lignes, masses colorées, images nodales d’où sont tirées les émotions par un effort physique et mental. Ainsi, plus de densité monumentale est atteinte par le Jeu des surfaces différemment agencées, juxtaposées, superposées, croisées, composées, simples… De cette monumentalité, non pas due aux dimensions, mais à l’intensité du contenu, irradie un sentiment tragique : une sensation intense de vie reptilienne. L’image devient comme un essaim rayonnant.
La technique utilisée est : estampe digigraphique sur un papier japonais traditionnel Washi-Unryu (arbre de mûrier), préparé pour passer en imprimante Epson, la meilleure pour les reproductions artistiques.
Sophie Philippe est née à Paris, elle y vit et y travaille
www.sophiephilippe.com
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Pages56,57,58 et 59: Sans titre 22cm x 22cm Estampes digigraphiques 2013/2014
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Claire Sichez et Marine Rivoal Iâhmès et la Grande Dévoreuse Un court métrage d’animation de Claire Sichez et Marine Rivoal, scénario Claire Sichez, création graphique Marine Rivoal, producteur Luc Camilli, Xbo films. Diffusion par France Télévision courant 2016.
les préoccupations. Les Égyptiens passaient leur vie entière à préparer leurs funérailles. Les images qu’il nous reste de cette époque montrent des figures récurrentes, symboliques.
Synopsis, En Égypte Antique, dans le Royaume des Morts, la règle est immuable : si le cœur du défunt est plus léger que la plume il a droit à la vie éternelle, si le cœur est plus lourd, la Grande Dévoreuse le dévore et le défunt sombre dans le néant. Iâhmès est un enfant de 10 ans. Il vient de mourir et refuse le jugement des Dieux. Face à Osiris, Thot et Anubis, il clame justice et subtilise son cœur pour retourner dans le monde des vivants. Commence alors son chemin vers l’acceptation.
Ces images sont des figures que tout le monde connaît. Elles font partie d’une mythologie commune à bien des peuples. Dans l’histoire de Iâhmès et la Grande Dévoreuse nous nous sommes approprié ces figures afin de donner un visage concret à la mort. L’utilisation de rites funéraires anciens pour parler du deuil nous permet d’aborder cette notion librement, avec distance. Notre héros est un enfant d’aujourd’hui qui n’a jamais été préparé à cet événement. Il n’a pas sa place au Royaume des Morts. Le contraste entre deux mondes, celui d’aujourd’hui et celui d’hier nous intéresse particulièrement. Nous voulions raconter une histoire contemporaine sur un thème finalement intemporel qui nous concerne tous.
Des inspirations égyptiennes, L’histoire de « Iâhmès et la Grande Dévoreuse » est une histoire librement inspirée du Livre des Morts des anciens Égyptiens, tant sur le plan du scénario que sur le plan du graphisme et de la mise en scène.
Visuellement, nous avons développé le graphisme du film autour des images récurrentes du culte égyptien. En choisissant de travailler le graphisme du film en collagraphie, nous voulions évoquer cet héritage de l’Égypte antique en donnant à l’histoire une allure de conte fantastique.
En Égypte ancienne la mort était au centre de toutes
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Une technique d’impression au service de l’image : la collagraphie Marine Rivoal vient des métiers du livre et grave habituellement ses productions en eau-forte « au scotch » remplaçant les couches de vernis par des morceaux d’adhésifs qu’elle façonne au scalpel avant de les plonger dans l’acide (à titre d’exemple son album jeunesse Trois petits pois aux éditions du Rouergue, 2012). Réaliser les images d’un film d’animation uniquement à partir d’estampes représentait un vrai challenge pour les réalisatrices, et pour des contraintes évidentes de coût et de temps il a fallu adapter sa technique. Marine s’est
À propos des réalisatrices, Claire Sichez et Marine Rivoal se rencontrent en 2008 à l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg. Elles se côtoient une année en section Illustration. Claire diplôme du DNSEP en poche quitte les Arts Décoratifs pour assouvir sa passion pour le cinéma d’animation et intègre l’École de la Poudrière à Valence pour devenir réalisatrice. Marine continue 52
alors tournée vers la collagraphie « au scotch » qui lui permettait de retrouver un rendu proche de ses eauxfortes (des cernés très nets grâce aux superpositions d’adhésifs, une large gamme de gris grâce à des adhésifs texturés, etc.) tout en évitant l’utilisation de métaux et d’acides. Tous les personnages et les décors du film ont été réalisés de la sorte, imprimés et tirés sous presse à la manière de gravures tailledouce, tantôt à l’atelier ETR Balistic à Arcueil tantôt à Lyon. En résultent des centaines d’estampes uniques à partir desquelles ont été fabriqués tous les éléments du film.
dans les métiers du livre et se perfectionne en gravure, elle devient auteure illustratrice. Toutes deux se retrouvent à Paris en 2011. Marine travaille alors au Louvre comme gardienne, à mitemps de son activité d’illustratrice free-lance et propose à Claire de travailler autour d’un personnage qu’elle a gravé : une petite momie égyptienne.
Une technique d’animation artisanale : le papier découpé Le choix technique du papier découpé pour l’animation du court métrage s’est présenté comme une évidence. Nous voulions également travailler la mise en scène de manière artisanale. Le film a été animé sur un banc-titre, image par image, en papier découpé et dessin animé. À partir des images collagraphiées de Marine, nous avons fabriqué les pantins articulés du film. Trois animateurs spécialisés en stop motion ont réalisés chacun 6 secondes d’animation par jour avec ces pantins pour donner vie au court métrage.
Ni une ni deux, Claire se plonge dans cet univers et écrit l’histoire de Iâhmès et la Grande Dévoreuse. Entre les différentes demandes de soutiens, le peaufinage du scénario et le développement graphique, Marine publie ses premiers albums Trois petits pois en 2012 et Cui Cui en 2016 aux éditions du Rouergue. Ils remportent chacun le prix Premières Pages. Claire quant à elle, réalise plusieurs films dont Moi j’attends, finaliste du cartoon d’or 2015.
Iâhmès et la Grande Dévoreuse est un film de 14 minutes. C’est le fruit de quatre années de travail, dont 14 mois de fabrication qui se sont terminés en mars 2016. Marine Rivoal et Claire Sichez, mai 2016.
Un blog est dédié au film pour en savoir plus : http://iahmesetlagrandedevoreuse.blogspot.fr/ Bande annonce du film : https://vimeo.com/158480810
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FEMMES QUI COURENT AVEC LES MAMMOUTH’S En avril 2016, deux artistes, Erolf Totort et Françoise Lacroix se retrouvent en résidence Aux Ateliers Mommen de Bruxelles autour d’un même sujet « Femmes qui courent avec les mammouths “. Un titre clin d’œil au célèbre ‘Femmes qui courent avec les loups ‘de Clarissa Pinkola Esté. Un livre de chevet, un livre initiatique, universel, qui accompagne Erolf Totort et qui va séduire Françoise Lacroix. Lors de cette résidence, les deux artistes travaillent à partir du texte sur le mammouth extrait du bestiaire de Erolf Totort.
‘Mammouth J’entends le sol gronder. Les grands mammouths arrivent du nord. Ils passent au loin armés de leurs défenses blanches, écrasant la terre de leurs puissantes pattes. Nag le frère de ma mère m’a rapporté un morceau d’ivoire de son voyage vers le soleil levant. J’ai sculpté dedans, une petite statuette de Mère, comme le font les mères de mon clan. J’ai demandé à la Grande-Mère sa protection. Nag raconte que là-bas, vers le soleil levant, il y a tellement de carcasses de mammouths que les chasseurs et les mères les utilisent pour construire des huttes solides. Il dit qu’elles ressemblent à des petites grottes et que chaque cycle de treize lunes, quand le froid revient, le clan les retrouve intactes, et peut ainsi s’y installer à nouveau pour passer l’hiver au chaud. Un jour, j’irai sur la piste du soleil levant. Un jour j’irai voir. ‘
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Erolf Totort imagine une mythologie préhistorique, de la femme sauvage. « Les petites Vénus préhistoriques de l’époque Gravettienne, retrouvées de la Sibérie aux Pyrénées sont souvent sculptées dans de l’ivoire de mammouth. (Lespugue, Brassempouy, Avdeevo en Russie). Une gravure pariétale représentant vraisemblablement un ou une chamane mammouth, m’a permis de faire le lien. Jouant des transformations de la matière et des métamorphoses des esprits, les défenses sculptées deviennent effigies, les femmes en transe, appellent les esprits du mammouth pour la protection de la fertilité “. Erolf Totort décortique les mythes pour nous les présenter sous un nouveau jour, celui de la femme ancestrale que nous avons en nous. ‘Je travaille sur l’histoire culturelle des humains, je m’imprègne, d’une image, d’un objet, d’un personnage, d’une représentation, d’une théorie, d’une découverte... et je me l’approprie. Je l’ingère et la digère. Puis je la retranscris à ma manière pour l’offrir au spectateur ‘. La visite au Musée d’Histoirs Naturelles de Bruxelles leur permettra de voir le célèbre squelette du deuxième mammouth reconstitué. Erolf Totort dessine et avec l’aide bienveillant de Françoise Lacroix trouve le sens qu’elle voulait mettre en avant. Leur réflexion aboutit à la conception et à la réalisation d’une installation qui fut présentée en France au mois de mai suivant. De son côté Françoise Lacroix qui développe un travail intitulé ‘installation papillon ‘œuvre en parallèle à un objet en bande dessinée. Inspirée par cette histoire de mammouths qui traverse le temps, elle continue à explorer les histoires imagées cherchant en continu, l’accident, le possible de la matière et du sujet comme source d’inspiration. © Nadia Rabh
Restitution de la résidence
Exposition de l’installation ‘Femmes qui courent avec les mammouths ‘, une ‘Installation papillon ‘La Grotte Nomade, des lectures avec un accueil chaleureux au coin du feu, de la sérigraphie, de la bande dessinée, ‘le journal d’Ava ‘ainsi que ‘Le bestiaire ‘fraîchement imprimé. Salon Mommen, 37, rue de la Charité, 1210 Saint-Josse-ten-Noode Bruxelles, Belgique Vernissage jeudi 10 novembre 2016 à 18 h Exposition 11, 12 et 13 novembre de 14 h à 19 h fernissage dimanche 13 novembre 2016 Galerie K1L, rue du sergent Sortet, 29 à Jodoigne, Belgique. Xmas art shop, les 9,10 et 11 décembre, de 13 h à 20 h Entrée libre, pour les deux événements. Flore/Erolf TOTORT Graveure, diplômée de l’ENSAD de Paris 1996, cherche le sens de la vie ‘Au fond des grottes’. En 2014, les Éditions Points de suspension ont édité ‘Le journal d’Ava, Femme de Cro-Magnon ‘un magnifique livre en deux volumes, regroupant son travail d’écriture, illustré de vingt ans de dessins et de gravures. En octobre 2016 sortira un appendice, ‘Le bestiaire d’Ava ‘toujours aux Éditions Points de suspension. Françoise LACROIX Artiste plasticienne/sérigraphie/bande dessine et ‘installation papillon’. ‘Conçue dans une caserne militaire en 1969, Françoise Lacroix fait ses premiers ‘pas’ en bifurquant très vite, à la grande inquiétude de ses parents, dans le 9e art. Afin de concilier son penchant pour ses histoires imagées et le fait que dessiner n’est pas un métier d’avenir, elle se lance dans la sérigraphie (technique d’impression et d’expression graphique) ; sachant que le support d’impression est un moyen de réaliser sa production (de la création à la réalisation)’. http://lagrottedavaerolftotort.blogspot.be
https://acroc.wordpress.com
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L’EMPREINTE
a été créée en 1995 à Givors, dans la région lyonnaise, autour de deux presses taille-douce à l’initiative d’un taille-doucier : Alain Piroir et d’artistes graveurs qui travaillaient avec lui. Actuellement notre association réunit une trentaine de graveurs de France, mais aussi du Brésil, du Danemark, d’Allemagne... qui multiplient les projets. L’EMPREINTE c’est une volonté d’ouverture, vers les autres artistes et vers le public de façon indissociable. Le travail sur des thématiques communes est un des moteurs de L’EMPREINTE qui édite ses propres ouvrages : recueils de gravures originales comme Le Fleuve, Le Bestiaire, Frontière, un port-folio, Lyon, traces pour demain et dernièrement Envol. L’EMPREINTE édite également les « Petites Éditions », livres d’artistes. Des échanges ont eu lieu, avec l’Atelier Circulaire de Montréal, Québec (1997-98) ; l’Union des Artistes Plasticiens de Roumanie (1999) ; des
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artistes brésiliens, sur le thème HÉMISPHÈRES/ HEMISFÉRIOS et dans le cadre de l’année de la France au Brésil (2005, 2009) ; l’Atelier Outotsu de Kyoto au Japon (2007) ; l’atelier Fyns Grafiske d’Odense au Danemark (2005, 2008) et le BBKL de Leipzig (2013). Les manifestations organisées par L’EMPREINTE sont placées sous le signe de la gravure contemporaine. Les techniques les plus diverses et les moins conformistes de l’univers de l’estampe y sont représentées au même titre que les techniques traditionnelles...
L’Empreinte poursuit son parcours au-delà de [s] Frontière [s] *. C’est au cœur de cette actualité qui voudrait bien nous mettre aux fers que nous, artistes-graveurs, avec nos convictions — et nos rêves — nos acides et nos outils d’acier, encres et papiers chiffon, avec nos techniques si variées, pressont librement nos gravures.
Envol
hors des prisons d’une tentaculaire et étouffante productivité technique. Envol vers la diversité d’une authenticité retrouvée où l’être soit le centre. Envol vers cet ailleurs tout intérieur de chacun d’entre nous où le temps connaisse la durée, où la pensée sache se nourrir de sens. * Frontière, 3e titre de la collection commencée avec Le Fleuve et Bestiaire.
Fiche technique du livre. Composé de 26 gravures et estampes originales, et d’un poème de Nimrod. 50 exemplaires numérotés, 34 feuillets in-plano sur Rives 270 g, format 30 cm x 30 cm, sous chemise plexiglas plié à chaud et socle bois, prix 820 euros. Édition L’EMPREINTE — 34, rue Père Chevrier — 69007 — Lyon N.-B. Il existe un catalogue comprenant la reproduction des gravures et du texte reproduits à l’échelle 1/1. Prix 20 euros (Color Gang Edition) 57
Historique de la Collection de L’Empreinte :
Le Fleuve, Bestiaire, Frontière, Envol. En 1997, L’Empreinte a organisé une exposition avec des graveurs québécois, de l’atelier circulaire à Montréal. L’association était soutenue par le Musée de l’Imprimerie et le Centre Jacques Cartier. Les Québécois invitaient en retour les Rhône alpins. Nous avons cherché comment remercier tous les acteurs de ce bel échange, et l’idée d’un port folio de gravures est vite apparue. Nous voulions tous y participer et concevoir un bel ensemble, un livre d’artiste. Les graveurs aiment le papier, aiment les livres, et les critères de réalisation du projet furent ainsi définis : Un format de matrice (de plaque) Un format de papier Un support protecteur et permettant une visibilité des gravures (rien n’est plus triste que ces magnifiques livres d’artiste qui restent au fond d’une bibliothèque). Une édition à 40 exemplaires, constituée de 25 œuvres originales (chaque gravure tirée à 40 exemplaires, numérotée signée) et d’un texte. Un thème : LE FLEUVE François Montmaneix fut très enthousiaste envers ce beau projet et a écrit un texte (Le fleuve. Der Fluss. Pourquoi tout à coup penser à Shubert ?...) Il s’agit d’une réalisation associative : les produits de la vente servent à rentrer dans les frais d’édition et financer d’autres projets.
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Ce projet, parti du modeste désir de remercier plusieurs personnes ou organismes, a donc pris de l’ampleur et a eu beaucoup de succès. Les livres ont été rapidement vendus. Un éditeur, Stéphane Bachès a proposé à L’Empreinte un projet parallèle en éditant le livre : LA ROUTE, 50 graveurs et 13 écrivains. LE FLEUVE avait été fédérateur, constructif et le projet suivant conçu sur les mêmes bases fut le BESTIAIRE, avec un texte d’Isabelle Pinçon (rencontrée grâce à LA ROUTE). Nous avons invité le graveur : Mordecaï Moreh, le tirage a été maintenu à 40 exemplaires. Le projet suivant fut FRONTIERE. Michel BUTOR a écrit le texte. Ritsuwo Kanno, maître graveur japonais fut notre invité. Le livre a été édité à 50 exemplaires. ENVOL est la nouvelle édition, 50 exemplaires ; Nimrod, écrivain franco-tchadien a écrit pendant que les graveurs préparaient leur œuvre dans leur atelier. Les graveurs de L’Empreinte trouvent dans ces éditions luxueuses une occasion d’être présentés largement et au-delà des frontières. Les rencontres avec les Danois, les Roumains, les Allemands, les Japonais… nous ont montré combien la gravure reste vivante, contemporaine. Le livre est un lieu d’expression très cher aux graveurs qui goûtent profondément cette relation au texte.
conflits.tumblr.com
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es artistes d’aujourd’hui, pour beaucoup maîtrisant les outils informatiques les plus performants, n’en continuent pas moins de penser, travailler et créer de l’estampe. De nouvelles sensibilités et de nouvelles énergies émergent sans cesse. La main, suppléée quelquefois par l’ordinateur, reste leur outil privilégié. La gravure, et plus largement l’estampe, l’une des quatre disciplines enseignées dans les Écoles des beaux-arts, reste très active et continue d’attirer à titre professionnel ou de loisir, un public toujours plus nombreux et curieux.
Page 60 : Diana Quinby, Couple, H x L : 56 x 76 cm, lithographie Page 61 : Awena Cozannet Nuage rouge, H x L : 65 x 50 cm, lithographie
http://www.galerie-leizorovici.com
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L es débuts.
Créée en 2009, la Galerie Leizorovici est principalement dédiée à l’édition de multiples sur papier. Les différentes techniques de l’estampe traditionnelle, tailledouce, linogravure, xylogravure, lithographie, sérigraphie ou plus récentes comme l’impression pigmentaire sont présentes. Quelques livres d’artistes figurent aussi au catalogue. Galerie sans murs, elle participe tout au long de l’année à des manifestations telle la Foire Européenne d’Art Contemporain de Strasbourg (St-Art), Art Up ! à Lille et Donostiartean, à SaintSébastien (Espagne).
exemplaires. Il faut les convaincre de l’utilité et de la faisabilité de cette entreprise. Une bonne connaissance des techniques, des lieux de production et une bonne dose d’optimisme finissent par les persuader. Ainsi, Awena COZANNET (2), sculpteur utilisant le tissu et le fil dans ses créations, réalise « Nuage rouge », lithographie éditée à l’URDLA (Villeurbanne). Son public entre plus facilement dans son parcours et peut acquérir une œuvre significative de ses recherches formelles et picturales.
d’artiste, est né. 22 exemplaires originaux correspondant aux 22 portraits. Depuis, éditions-act, ont publié ce livre en version courante. Nicole DAVY (3), dessinatrice, peintre et graveure, est à l’origine du second livre d’artiste. « Un jour, les pierres », sur un poème de François CHENG, offre l’opportunité de travailler avec un typographe de renom, Michael CAINE, à la production d’un ouvrage de bibliophilie contemporaine.
Le monde du livre d’artiste n’est pas oublié. L’estampe est intimement liée au livre. Historiquement, elle en est issue et n’est devenue autonome qu’assez récemment. Poésie et littérature accompagnée d’illustrations perdurent encore Après quelques années à aujourd’hui pour notre plus grand collectionner, en 2009, le projet plaisir. de devenir moi-même éditeur Après avoir produit deux d’estampes aboutit. La Galerie lithographies, « la jeteuse de Leizorovici naît avec ses deux rêves » et « sommeil noir », le premières lithographies, « Le peintre couple » de Diana QUINBY (1) et Bertrand JOLIET souhaite une « Diaphane » de Lumi MIZUTANI collaboration sur un livre d’artiste pour aboutir aujourd’hui à une cette fois-ci. trentaine d’artistes édités totalisant Des portraits, réductions de toiles une quarantaine d’images grands formats, illustrent la partie produites (voir liste en fin). supérieure de la page au-dessus de ses propres textes. La Éditer plutôt que diffuser. couverture de l’ouvrage est une huile originale signée et une Dès les débuts, l’ambition est sérigraphie, produite de manière de proposer aux artistes une artisanale est insérée. « Toutes nouvelle visibilité et l’accès à un mains », éloge de la débrouille et autre public, cela en les amenant de la récup », et premier livre à produire une image en plusieurs 61
L’Académie des beaux‐arts de Paris, expose du 8 septembre au 9 octobre 2016 les oeuvres de Devorah Boxer, lauréate de la troisième édition du Prix de Gravure Mario Avati‐Académie des beaux‐arts .
Parallèlement à l’exposition à l’académie des beaux-arts, des oeuvres (gravures et dessins) de Dévorah Boxer seront visible à la galerie de l’Echiquier, du 10 septembre au 9 octobre
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En quelques soixante‐dix estampes et dessins, l’exposition présentera un choix d’oeuvres de Devorah Boxer de ses quarante dernières années. Dans la plupart de ses créations, quel que soit le médium choisi — fusain, pastel, xylographie, eau-forte — elle s’attache à redonner vie aux vieux outils aux mécanismes archaïques, aux objets d’antan. On redécouvre ainsi le taille-crayon à manivelle, la machine à écrire Remington, le peigne de tisserand. L’artiste est fascinée par cette « intelligence de la main » qui les a mis en mouvement et qu’elle saisit toujours dans un « instant décisif ». Son œuvre présente à la fois une approche traditionnelle de la gravure via un traitement du sujet en noir et blanc, mais également très contemporaine dans la sobriété du dessin, côtoyant ainsi de près les lignes du design. Elles peuvent être rapprochées, selon Sandra Kraskin, Directeur de la Sidney Mishkin Gallery (CUNY), des « compositions libres de Morandi en noir et blanc, des objets usuels et formes énigmatiques (qui) constituent un point de référence fort dans l’œuvre de Devorah Boxer. […] (L’objet) est le sujet de la gravure, occupant tout l’espace à grande échelle. Sans description ni même de décor cet objet devient le protagoniste d’une pièce de théâtre inconnue ». Les objets, sous sa pointe, prennent une nouvelle dimension, s’animant à la manière d’un paysage toujours changeant : C’est la beauté de la chose qui m’intéresse. On dirait un paysage. Comme un paysage, l’outil a une perspective, une lumière, une structure. Il est une incarnation du temps. La main ne peut être séparée de l’œil. Ce que l’œil voit, la main le traduit. C’est une chance de pouvoir exprimer. (Extrait de la revue Temporel, 2008).
« Le
pouvoir de ses estampes émane d’une définition détaillée des objets et de la mise en scène dramatique créée par son contraste du clairobscur ». (Sandra Kraskin) Les objets se voient dotés d’un supplément d’âme, invitant à découvrir de véritables portraits chargés d’humanité et de poésie.
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Devorah Boxer
est née à Troy (New‐York) en 1935. Elle a étudié à Brown University, puis à Yale Art School où elle suit des cours de gravure avec Gabor Peterdi. Devorah Boxer s’installe définitivement en France en 1959. Le maître taille‐doucier, Jean Pennequin l’initie aux techniques de l’impression. Elle fréquente les cours de gravure de Jacques Frélaut à l’atelier Lacourière. Elle expose des gravures sur métal et sur bois depuis 1980. Devorah Boxer a participé à de nombreuses expositions de groupe et a présenté ses œuvres dans des expositions personnelles en France, en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne et en Israël. Ses œuvres figurent dans des collections publiques et privées aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Allemagne, au Luxembourg, en Suisse, en Israël, au Chili, au Mali, en France, ainsi qu’à l’UNESCO. En 2008, une exposition lui est dédiée au Musée de Gravelines, en 2013 à la Galerie l’Echiquier à Paris et en 2014 à la Mishkin Gallery du Baruch College à New York. Devorah Boxer se voit attribuer le Prix « Art et métiers du livre » lors du XXe Salon de l’Estampe, Rueil-Malmaison en 2004. En 2006, l’Académie des beaux-arts lui décerne le Prix de Gravure Paul — Louis Weiller. Elle est lauréate du Prix Spécial du Maire de la Biennale de Saint‐Maur (2013) et du Prix de gravure ADAGP, SNBA (2014). Devorah Boxer est représentée par la galerie de l’Échiquier (Paris 10e).
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Le Prix de Gravure Mario Avati ‐ Académie des beaux‐arts : un prix pour encourager la gravure contemporaine. Attribué pour la première fois en 2013 à Jean‐Baptiste Sécheret puis en 2014 à Christiane Baumgartner, il a été créé en hommage au graveur Mario Avati, grâce à la donation d’Helen et Mario Avati, sous l’égide de l’Académie des beaux-arts et le parrainage de CAFAmerica. D’envergure internationale, le prix est destiné à encourager les artistes qui par la qualité de leur œuvre contribuent à faire progresser l’art de l’estampe, à laquelle Mario Avati a consacré sa vie. Il récompense un artiste confirmé, de toute nationalité, pour son œuvre gravée, quelle que soit la technique d’impression utilisée. Il est doté d’un montant de 40 000 US $.
Le jury de la troisième édition du Prix était composé de : ‐ M. Arnaud d’Hauterives, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux‐Arts et Président du jury ; ‐ M. Juan Manuel Bonet, directeur de l’Institut Cervantes de Paris ; ‐ Mme Catherine de Braekeleer, directrice du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de la Fédération Wallonie‐Bruxelles ; ‐ M. Érik Desmazières, membre de la section de Gravure ; ‐ Mme Mireille Pastoureau, ancienne directrice conservatrice de la Bibliothèque de l’Institut de France ; ‐ Mme Cécile Pocheau‐Lesteven, conservatrice en chef au département des Estampes et de la photographie, Bibliothèque nationale de France ; ‐ M. Maxime Préaud, conservateur général honoraire à la Bibliothèque nationale de France ; ‐ M. Pierre‐Yves Trémois, membre de la section de Gravure.
INFORMATIONS PRATIQUES Palais de l’Institut de France - 27 quai de Conti, 75006 Paris. Entrée libre. Exposition ouverte du 8 septembre au 9 octobre 2016, du mardi au dimanche de 11 h à 18 h. Galerie de l’Echiquier — 16 Rue de l’Échiquier, 75010 Paris. Exposition ouverte du 10 septembre au 9 octobre 2016, du mardi au vendredi de 14 h 30 à 18 h 30, les samedis de 14 h 30 à 19 h et les dimanches de 14 h 30 à 18 h http://galerie-echiquier.com
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Pour sa cinquième édition, fidèle à sa vocation, la biennale SUDestampe 2016 offre un panorama large et diversifié de l’estampe contemporaine. Diversité des lieux d’exposition, l’espace culture Jean Jaurès de Vauvert et la médiathèque d’Uzès, le musée Médard de Lunel et le musée de la poterie méditerranéenne de Saint — Quentin-la-Poterie ont rejoint la biennale 2016. À Nîmes, Carré d’Art accompagne la biennale SUDestampe en proposant au public l’exposition « Nouvelles Vagues » ; 25 artistes ont produit une estampe dans des techniques variées qui donnent un aperçu du dynamisme de la création actuelle. Treize lieux d’exposition participent donc à cette nouvelle édition, dont Nîmes reste l’épicentre. Diversité des supports utilisés par les artistes, des gommes gravées de Kikie Crêvecoeur au lycée Daudet à Nîmes, aux monotypes sur argile d’Annette Gibert au musée de Saint Quentinla — Poterie. À la médiathèque d’Uzès, l’exposition « Ferme ta boîte », produite par la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois Rivières au Québec, invite les artistes à imprimer leur imaginaire sur la forme dépliée d’une boîte, 400 artistes de toutes nationalités ont répondu à l’invitation. Le photographe Carlos Barrantes exposera son « Livre des Morts » à la galerie du Lac Gelé, utilisant un procédé photographique hybride, photochimique/numérique. Variété des techniques présentes, le musée des Beaux-arts à Nîmes propose une collection d’estampes autour d’Henri Goetz (1909-1989) et de la technique de gravure au carborundum qu’il inventa. Le village des Arts et Métiers d’Octon présente une exposition de gravure au burin représentée par les deux artistes contemporaines Catherine Gillet et Isabel Mouttet. Au musée des Alpilles à Saint Rémy de Provence, Michéa Jacobi exposera ses linogravures ainsi que de nombreuses publications de son cru. Le livre est aussi à l’honneur dans cette nouvelle édition. La médiathèque de Vauvert a commandé à deux commissaires une sélection de livres d’artistes, Patrice Vermeille a opéré sa sélection à l’URDLA de Lyon (centre international de l’estampe et du livre) tandis que Vincent Dezeuze a choisi de présenter des ouvrages de petites éditions. Au musée Médard de Lunel, dans le cadre de l’exposition sur la reliure, Jean-Charles Legros donnera à voir des « Livres sans coutures ». David Maes a investi le musée Borias à Uzès sur le thème de Gide, en s’attachant au personnage de Madeleine, épouse de ce dernier. La Maison de la Gravure de Castelnau-le-Lez a invité Victoria Arney et Dominique Emery, deux graveurs qui interrogent le rapport entre l’homme et la nature pour l’un, entre l’homme et la ville pour l’autre. Les Graveurs du Sud ont été sollicités à produire une œuvre de 15 x 15 cm dans la technique de leur choix, ces œuvres seront exposées à la Chapelle de la Salamandre.
Page 68: Françoise Pétrovitch, Filles aux ballons, 2012, eau-forte, aquatinte et pointe sèche sur papier Hanemüller, 108 x 76 cm Victoria Arney « Serre roses », 2016, 107 x 47cm, détail, intaglio sur papier coloré www.sudestampe.fr
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Biennale SUDestampe 2016
Page 69: Kikie Crêvecoeur: Variation,impressions de gommes gravées, 40 x 50 cm Catherine Gillet, gravure au burin, « La surprise de vivre », 68 x 53 cm Dominique Emery: Diptyque lecteurs, pointe sèche, 29x38cm, 2015 Michéa Jacobi: Picasso possède le monde , linogravure
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Code promo: Actuel8 -10%,valable pour tout achat sur le site Du 01 octrobre au 01 novembre 2016
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