Actuel n°5 de l’estampe
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(3) Antonio Navarro (8) Frederik Langhendries (12) Elsa Mora (14) Juliette Vivier (18) Luc Thiburs
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(22) Sandra Baud
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(34) Guy Langevin
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(26) Nicola Radosavljevic (28) Jeanne Clauteaux (36) Anne Mandorla (40) Clément Lesaffre (44) La ‘S’ Grand Atelier (48) Jana Lottenburger et Luc Médrinal (50) Le fantastique dans l’estampe du XIXe siècle (52) Mecanica
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(53) «Expression d’Aujourdhui»
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(56) Biennale internationale d’estampe contem-
(54) Journée de l’estampe contemporaine (55) Livres à Voir poraine de Trois-Rivières
Actuel n°5 de l’estampe
En couverture
Antonio Navarro : Méditation en noir et blanc
Du vide naît le geste. Un geste qui relève ici de l’inconscient pour révéler l’intériorité de l’artiste, imprégnée de principes philosophiques de l’Extrême-Orient selon lesquels tout est en transformation, en évolution. Le travail monochrome d’Antonio Navarro oscille entre vide et plein, noir et blanc, yin et yang, dans une recherche d’équilibre qui ne tente pas de représenter le monde, mais de le vivre de l’intérieur pour tendre vers la plénitude. En adoptant la technique de la gravure au carborundum, l’artiste rejoint le travail de l’encre sur papier des calligraphes. Il trace des signes chargés de sens et engendre un mouvement qui inonde la rétine de l’observateur pour l’entraîner dans une réflexion sur le monde. L’expressivité du trait crée des images sublimes. Le noir engendre une gamme infinie de couleurs. Le monde intérieur de l’artiste se fond dans la nature qui nous entoure. Et l’on finit par se poser cette question : l’âme pense-telle en image ou l’image est-elle le reflet de l’âme ? Je vous laisse méditer là-dessus… Pascale De Nève Septembre 2015
Actuel de l’estampe est une émanation de la page Facebook ‘Parlons Gravure’. Comité de sélection : Jean-Michel Uyttersprot Catho Hensmans Comité de rédaction : Jean-Michel Uyttersprot Pascale De Nève Alan Speller Joh Peccadille L’estampe en 1ère de couverture est de Antonio Navarro Technique : carborundum Titre: Ensō #8 L’estampe en 4ème de couverture est de Mélanie Duchaussoix Technique : Monotype (présentée dans Actuel de l’estampe #6) Pour toutes informations : magazine.actuel@gmail.com http://magazineactuel.weebly. com Éditeur responsable : K1l a.s.b.l
Imprimé par : Imprimerie Hengen, G.D.L Prix de vente : 20 ¤
N°Issn : 0774-6008 Dépôt légal: D/2015/13.733//2
Antonio Navarro Fernández
Né à Créon (Bordeaux), France. Diplômé des Beaux-Arts. Son travail se développe autour du papier et de ses propriétés plastiques, d’un point de vue graphique, photographique, pictural, etc. sans laisser de côté les installations et la performance, mais toujours à la recherche de la beauté dans l’oeuvre finale.
Je grave par nécessité Issu du plus profond de mon «moi», ce geste qui a évolué au fil des années, mon immersion en lui survenue il y a une décennie avec la série «Les abîmes de l’âme…» et l’intensité du «noir» obtenu par le carborundum déposé sur la matrice, ont permis la réalisation de ce projet évoquant des paysages créés par ce regard intérieur qui donne à la peinture toute sa spiritualité. Tout tableau chinois relevant d’une peinture non naturaliste, mais spirituelle, est à contempler comme un paysage de l’âme. C’est de sujet à sujet et sous l’angle de la confidence intime que l’homme y noue ses liens avec la nature. Cette nature n’est plus une entité inerte et passive. Si l’homme la regarde, elle le regarde aussi ; si l’homme lui parle, elle lui parle aussi. Peut-être ces paysages sont-ils un refuge contre la barbarie, contre le non-sens qui à certains moments m’opprime la poitrine, me fait taire. C’est pour cela que je grave, parce que c’est tout ce qu’il me reste. La vraisemblance ne m’intéresse pas. J’essaie de montrer les résonances de mon esprit, qui par extension se métamorphosent en lien d’union avec ceux qui communient avec l’œuvre par une observation silencieuse. Les abîmes de l’âme… sont devenus des images circulaires, comme des lettres qu’un langage occulte tente de déchiffrer ou tout simplement sont ce qu’ils sont, des gestes qui naissent d’un ascétisme persistant. Ils ne sont pas prémédités : ils apparaissent simplement, s’emparent de mon bras et se forment sur la matrice. Le carborundum devient fournisseur de couleur qui, de manière graduelle et silencieuse, capture la tonalité finale qui se déposera ensuite sur le papier. Mais pour une quelconque raison, l’image naît déjà prête à être estampée et redevient positive, directe, unique. Actuellement, je fais uniquement des cercles. Peut-être comme le dit Fabienne Verdier parce que le cercle est un point central, un vide nutritif, une plénitude primaire, un lieu de naissance de l’existant, une espèce de «cosmogramme» qui représente l’expérience du sacré, la diversité du monde dans l’unité. Ou probablement, après avoir fait des cercles pendant un an, c’est la phrase que j’ai trouvée
donnant la seule explication plausible. Le spirituel affleure sans aucun doute par l’enseignement que je reçois … L’artiste doit tenir compte de trois facteurs en même temps : la nature et ses lois, la personnalisation de l’artiste, son intuition spirituelle et son imagination, et le milieu et les lois qui lui sont propices ... Cela se traduit par la transposition de la réalité en quelque chose de purement spirituel. Une thèse dit que la vie découle seulement de la rencontre fortuite de différents éléments chimiques. Dans ce cas, la valeur de ce travail dépendra de l’observateur face à l’œuvre. Éventuellement gagnera-t-il une nouvelle raison d’être, avec un regard approprié … en définitive il est des questions auxquelles je ne pourrai jamais répondre et il est impératif d’accepter
cette impossibilité. Chaque pièce en soi est autonome et dans la petitesse de chaque œuvre, j’essaie de reproduire le principe de l’infiniment grand qu’est le cosmos. Antonio Navarro Traduction : Lolita Moragues Pugibet
Antonio Navarro antonio.navarro@hotmail.es
Pages 2-3-4-6-7: Estampes au carborundum
Composition de l’installation
Boxes in transit
L’installation se compose de boîtes en carton sérigraphiées, de palettes en bois et de sangles d’arrimage. Le nombre de boîtes, la dimension des palettes et la présence ou non de divers accessoires varient selon la configuration des lieux d’exposition. Quelque 150 boîtes en carton standard double épaisseur (50 x 30 x 30 cm) ont été recouvertes de motifs inspirés des éléments de parois de conteneurs par impressions sérigraphiques sur chacune de leurs 12 faces externes (côtés, rabats supérieurs et inférieurs). Les conteneurs dont proviennent les motifs d’impression ont été photographiés dans les ports d’Anvers (B) et de Hambourg (D).
Parution prochaine : un livre-coffret dvd qui retrace les périples des boîtes-conteneurs en Europe et au Canada. Plus d’infos: frederik.langhendries@gmail.com
Frederik Langhendries Né en 1975 à Anvers. Vit à Walhain et travaille à Bruxelles. 2010-2015 : divers stages et formations : gravure sur cuivre, xylographie, coulage de bronze. Pratique la sérigraphie à l’académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort (Bruxelles). A remporté le prix de la gravure 2014 du centre de la gravure et de l’image imprimée, La Louvière, Belgique. Les conteneurs m’ont toujours fasciné. En Belgique, le port d’Anvers est un terrain de jeu riche en couleurs et éléments graphiques : écritures et pictogrammes varient selon les destinations. Les conteneurs sont balafrés, rongés par le sel puis rafistolés et repeints. Chaque voyage laisse son empreinte. Un port ne dort jamais. L’installation traduit ce mouvement perpétuel, le fonctionnement en flux tendu du monde actuel. L’interaction entre les éléments de l’installation invite aussi le public à intervenir : pliage, dépliage ou déplacement des boîtes. À l’inverse d’un socle statique, la palette implique que l’objet qu’elle supporte n’a pas encore trouvé sa place définitive, qu’il est en transit. L’installation se veut résolument libre, jamais figée. Au bout d’un long et patient travail de sérigraphie, les boîtes en carton sont enfin hors de l’atelier pour respirer le grand air du port ! Lestées et solidement arrimées pour ne pas être emportées par les rafales, elles ont été photographiées et filmées parmi leurs grands frères de métal. Les dockers, clarkistes et grutiers se sont prêtés au jeu : ils ont chargé la mini-cargaison sur un vrai porte-conteneurs. Bon voyage ! La vidéo tournée dans les ports d’Anvers et de Trois-Rivières est disponible sur Vimeo et YouTube https://www.youtube.com/watch?v=hwJePeBlDRQ
Pages 12 et 13: Linogravure
Elsa Mora Vit et travaille à Lille, France. 2008 : Diplôme de maquettiste-infographiste. 2007 : DNAP (dipôme national d’arts-plastiques) à l’ESA de Cambrai.
Inspirée par les contes, les légendes et toutes formes de récits de différents horizons, je tente à mon tour de créer des illustrations qui me parlent et racontent leurs propres histoires. Je mets en scène des animaux ou des personnages féminins plongés dans des univers nocturnes et sauvages. Les différentes techniques qu’offre la gravure me permettent d’explorer plusieurs facettes de ces univers et des thèmes qui m’inspirent. Le monotype par exemple, me permet de développer une ambiance épurée et douce faisant davantage écho au monde du rêve et de l’inconscient. La linogravure, plus précise et contrastée dans le rendu, m’invite à insister sur les détails de mes images. J’imagine des animaux géants camouflés dans des forêts abondantes et grouillantes de végétation. Je joue et m’amuse avec les démesures et les mystères qui s’en dégagent. Que ce soit onirique ou plus réaliste, mon souhait est de nous plonger au coeur d’un monde qui soit capable de nous raconter une histoire propre à chacun.
Elsa Mora elsamora59@gmail.com
Juliette Vivier Née en 1979 à Abidjan (Côte d’Ivoire), Juliette Vivier passe son enfance en Afrique de l’Ouest. De retour en France, elle fait d’abord un cursus littéraire, puis intègre l’ENSAD où elle se spécialise en gravure. Elle participe également à des échanges avec la Faculté des Beaux-Arts de Barcelone et l’atelier de lithographie de l’ENSBA.
Sa pratique artistique évolue autour des techniques de l’estampe. La gravure en particulier est au coeur de ses recherches plastiques : approfondir ce médium complexe et riche et l’emmener vers une pratique libre et contemporaine. Ces recherches menées parallèlement à un travail de dessin, tendent à une certaine sobriété graphique. Questionner la représentation, forme imaginée ou figurée (donc réinventée), et mettre en jeu le pouvoir d’évocation du dessin. Les atmosphères minérales sont des terrains propices et exigeants pour éprouver ses recherches graphiques et l’ont amenée à s’intéresser à des notions mathématiques faisant écho à l’idée élargie de paysage. Lauréate de plusieurs bourses et résidences telles que la Fondation Miro, les Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes ou la Cité Internationale des Arts, elle a séjourné plusieurs fois en Espagne, en particulier en tant que pensionnaire de la Casa de Velázquez, mais aussi au Danemark et au Groënland.
Pages 14 et 15: - gravures-collages (techniques mixtes de taille-douce sur cuivre, impression, découpage et marouflage).
Pages 16 et 17: Nubes, gravure sur cuivre (manière noire à l’aquatinte).
Juliette Vivier juliette.vivier@gmail.com www.juliettevivier.com
Luc Thiburs
Né en Normandie en 1958. Étudie à l’École des Beaux-Arts de Rouen de 1976 à 1981. Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique en 1981. Licence d’arts plastiques Paris VIII 1983. A été l’élève de Jacques Ramondot, Guy Chaplain, Jean Pierre Mouillesseaux, Philippe Garel, Gérard Diaz, Bertholin, Jean Paul Demoule, Florence de Mérédieu, Jean Louis Boissier, Edmond Couchot.
Pages20-21-22 et 23 À partir de quatre matrices gravÊes en solvanoplastie et multiples passages.
Imprimer à tout prix… «De ses recherches faisant appel aux techniques de gravure classique et contemporaine, Luc Thiburs révèle un lieu sur papier fragile où l’architecture troublée vient aiguiser notre regard et notre questionnement d’un endroit mêlé de jadis et de devenir.» Anne Jaillette, directrice de la Maison des Arts Solange Baudoux à Evreux. La gravure, mémoire physique d’une conception immatérielle. J’ai découvert le dessin numérique en 1995. J’étais en quête d’un moyen qui me permettrait de neutraliser mon geste et il faut bien reconnaitre que ce procédé le permettait... Les points carrés incapables de faire une courbe ou une oblique sans exécuter un tracé d’escalier convenaient à merveille pour définir mon univers architectural. Une stratégie de la complexité… l’impression comme champ d’expériences. À la recherche d’une autre forme de maîtrise. Dans le monde de la gravure, l’estampe est le constat d’un travail effectué sur une matrice. J’entreprends une recherche elle aussi fondée sur le hasard ou le repentir (le re-mord), la retouche, la correction.
Chaque estampe se construit par une succession d’impressions identiques, complémentaires ou en altérité, combinées aléatoirement comme un territoire à définir, modifié, oblitéré, révélé, pour donner naissance à des peaux d’architectures. Je cherche une forme de qualité par la saturation des textures et l’imprégnation des encres sur le support papier. L’image devient matière, le support gardant la mémoire des passages successifs qui donnent corps à une lecture réversible. Ainsi l’estampe se « filigrane » et se donne à lire en fonction de la lumière proposée…Pour aborder le domaine du « trouble » au sens de Guy Scarpetta (décalage, glissement) Luc Thiburs
Luc Thiburs thiburs.luc@gmail.com
Sandra Baud
Du noir à la couleur, du trait à l’applat. «Tout est parti du noir. Je dessinais depuis l’enfance, essentiellement au crayon gris et à l’encre de Chine. Après mon baccalauréat, au moment de préparer mon dossier de candidature d’entrée à l’Ecole Supérieure d’Arts Visuels de Genève, j’ai réalisé ma 1ère linogravure : une copie d’une estampe japonaise. Peut-être est-ce elle qui a conduit le jury d’admission à m’orienter en section gravure où j’ai découvert un formidable terrain de jeu. Mon goût pour le noir a pu s’y enrichir de nouveaux apprentissages techniques avec l’eau forte, la pointe sèche, l’aquatinte et bien sûr la linogravure, complétés par une année post-diplôme de perfectionnement en sérigraphie.»
Le corps est devenu un fil conducteur dans son travail. Sandra le fragmente, le radiographie, l’écorche et le découpe pour en faire un support à détournements, évocations et résonnances multiples. En traçant le dehors pour mieux inventer le dedans, Sandra Baud joue avec son enveloppe charnelle, décline un imaginaire de l’intimité et met en scène l’émotionnel qui l’habite par le biais d’un langage allégorique où se mêlent symboliquement animaux, objets et éléments faisant souvent référence à la nature.
Sandra Baud vit et travaille à Lausanne, en Suisse. Née le 8 mai 1966 à Poitiers, France. Nationalités suisse et française. Diplômée de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Genève, section gravure et expression graphique. Perfectionnement en sérigraphie. Sandra Baud pointdujour@bluewin.ch
http://delamaingauche.ch
Pages 22-23-24 et 25: Linogravure
Nikola Radosavljevic
, né en 1991 à Uzice, Serbie. Il est diplômé de l’école secondaire des arts et de l’Académie des arts appliqués de Belgrade, département gravure. Jusqu’ici, il a exposé ses oeuvres dans plusieurs expositions individuelles et plus de quarante expositions internationales et nationales collectives. Il vit et travaille en Serbie. Nikola Radosavljevic paganpoetry2011@yahoo.com Pages 26 et 27 : médias mélangés (pointe sèche avec trois couleurs, techniques mixtes sur papier)
Jeanne Clauteaux
Jeanne Clauteaux est née à Paris en 1983. Elle suit deux ans d’études à l’école préparatoire l’Atelier de Sèvres (Paris), ce qui lui permet d’expérimenter un certain nombre de disciplines artistiques et de confirmer son goût pour le dessin, en particulier l’illustration. Elle intègre l’Ecole de La Cambre (Bruxelles) en 2003, où elle découvre la gravure, qu’elle n’a cessé de pratiquer depuis. Jeanne Clauteaux a vécu ces 7 dernières années au Venezuela. Elle est revenue s’installer en France en 2014. Elle participe régulièrement à divers salons : Salon de Garches (Prix de la Gravure et de l’Estampe Européennes en 2008 – Prix Art Papier en 2014), Salon d’Automne (Prix Jeune Gravure en 2012 – Prix Taylor en 2014), Salon de Croissy, Biennale de l’Estampe de Saint-Maur... Ainsi qu’à des expositions collectives et individuelles. Elle a reçu récemment le Prix Kiyoshi Hasegawa décerné par la Fondation Taylor, ainsi qu’une deuxième mention au Concours Lacourière, organisé par la BNF.
Jeanne Clauteaux Jeanneclauteaux@gmail.com http://www.jeanneclauteaux.com
Pages 28 à 33 : Gravure à la pointe sèche.
Guy Langevin est né le 29 mai 1954 à Chicoutimi, au Canada. Il étudie les Arts visuels à l’Université du Québec à Trois-Rivières et la lithographie avec Don Wright et Lyndal Osborne à Québec. Il se perfectionne ensuite à Tokyo, au Japon. Pages34 et 35, Manière noire (mezzotinte)
Mon travail explore la dualité ; celle de la persistance des sens face à l’oubli, celle de la lumière fugace. Comme cette dualité, l’image oscille entre la précision et le flou. Ce flou peut être, parfois, la manière la plus précise pour exprimer une idée. Dualité ne veut pas dire contradiction. La mémoire et l’oubli sont les deux côtés d’une même médaille, comme la vie et la mort ; ils sont indivisibles, inséparables. La lumière a besoin de l’ombre pour qu’on l’apprécie, et les souvenirs, pour être magnifiés, trouvent dans l’oubli le compagnon parfait. La vie, comme la mémoire, est fugace. Le corps humain est pour moi le meilleur instrument pour parler aux humains des humains. Le corps est le matériau même de l’œuvre, bien plus qu’un simple modèle. Le corps humain, dans mon travail, est l’œuvre, crée l’œuvre. Guy Langevin Guy Langevin guy.langevin@cgocable.ca
Anne Mandorla
Peintre et graveur, vit et travaille à Paris. Ses nombreux voyages enrichissent sa réflexion artistique. Elle pose un regard contemporain et sobre sur la réalité - qu’elle transforme; son interprétation picturale et gravée offre une vision figurative à la limite de l’abstraction. Son langage chromatique et gestuel évolue vers une expression de plus en plus minimale. Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Nancy. Université de Paris I-Sorbonne : Licence d’Arts Plastiques. Université de Nancy II- Lorraine : Maîtrise d’Histoire de l’Art.
Anne Mandorla anne.mandorla@wanadoo.fr http://www.mandorla.net
«Je réalise mes travaux d’impression sur plaques de cuivre dans l’atelier parisien du taille-doucier René Tazé (Zao-Wou-Ki, Barcelo et autres artistes).» Anne Mandorla Pages36-37-38 et 39: Gravures sur cuivre, diverses techniques : burin, pointe sèche, eau-forte.
Clément Lesaffre Clément Lesaffre est un artiste de l’image émergent et réalisateur de clips musicaux de la région lilloise, cherchant sans cesse à pousser les frontières. Grâce à une publication récente sur Libération et à sa collaboration avec Pierre-Yves Gayraud, créateur de costumes pour le cinéma sollicité par Warner Bros et HBO, il bénéficie d’une grande visibilité à l’international. Il est représenté par la galerie du Château (Nord). « Mes préoccupations se centrent principalement sur l’Humain, dans sa dimension spirituelle et charnelle. Ce sujet est poétiquement traité tantôt avec gravité, tantôt avec légèreté. Cela constitue le fil rouge de ma création, que ce soit au travers de mes peintures, monotypes, vidéos, photos et même de ma musique. L’esthétique de mes oeuvres reflète à la fois une beauté formelle, mais tente aussi de saisir les tréfonds de l’âme humaine. Ce qui m’intéresse, c’est autant le « je » que le « nous ». À travers la retranscription de ma propre expérience - celle de mon introspection - je cherche, de manière souvent frontale, à susciter une émotion, à interroger. » C’est ainsi qu’il jongle avec les contrastes, en dépeignant ses plaques de zinc pour y dévoiler la lumière. Le résultat, une fois pressé, n’est souvent qu’un reflet.
Mobilisé par ces préoccupations artistiques et humaines, il forme et anime également un public varié, en termes de compétences et d’horizons sociaux différents ainsi que des groupes de musique au rayonnement national, lors d’ateliers, cours, formations techniques et artistiques.
Vit et travaille à Wazemmes, France. Vidéaste, photographe, peintre et musicien. En estampe, il travaille essentiellement le monotype.
Clément lesaffre art@clementlesaffre.com www.clementlesaffre.com Pages 40-41-42 et 43 : monotypes
La « S » Grand Atelier
est un laboratoire artistique situé à Vielsalm, au cœur des Ardennes belges. Il propose une série d’ateliers de création (arts plastiques et de la scène) pour des artistes handicapés mentaux. Ces artistes ne sont pas malades – juste mentalement déficients. Ils pratiquent un art journalier, abouti et souvent depuis de nombreuses années. Ils s’appellent Rémy Pierlot, Adolpho Avril, Christine Remacle, Rita Arimont, Eric Derkenne, Léon Louis, Nicole Claude, Dominique Théate, Joseph Lambert, Richard Bawin, Marcel Schmitz, Régis Guyaux etc. Nous ne pourrions tous les citer. Ils travaillent chaque jour dans des ateliers qui sont encadrés par des professionnels de l’art, qui diffusent les œuvres produites dans tous les milieux culturels – et non exclusivement ceux liés au handicap mental. Loin de toute considération compassionnelle, la « S » Grand Atelier n’est pas fermé sur lui-même et organise régulièrement des résidences pendant lesquelles artistes handicapés – appelonsles outsiders – et non handicapés – appelons-les contemporains – se rencontrent pour créer des œuvres communes. Les pratiques mixtes sont un terrain d’échanges où chacun avec ses spécificités entretient une
forme de dialogue. Le langage d’un artiste rencontre celui d’un autre, la rencontre des deux langages en crée un troisième, qui diffère des deux autres et dont il est la résultante. C’est ainsi que ce « Troisième Langage » innove. Et c’est là que repose la force de cette mixité. Depuis quelques années, la « S » questionne un nouveau rapport à l’art dans ce domaine de l’art outsider, mais aussi du côté des pratiques courantes des artistes contemporains.
LA « S » GRAND ATELIER Place des chasseurs ardennais, 31 B-6690 VIELSALM BELGIQUE Tél : ++32(0)80 281151 ++32 (0) 474 282137 Direction artistique : Anne-Françoise Rouche communication@lasgrandatelier.be annefrancoiserouche@hotmail.com
Série des «etxeak»
D’après une proposition de la céramiste Eliane Monnin (Bayonne). Tirages photo (émulsion argentique sur papier Magnani Velin) de Luc Médrinal. Jana Lottenburger mail@janalottenburger.de Luc Médrinal
lucmedrinal@gmail.com www.lucmedrinalphoto.com www.janalottenburger.de
Jana Lottenburger Née en 1975 à Berlin. Après la chute du mur, elle intègre le groupe très actif des jeunes artistes berlinois, peint et expose son travail dans la capitale et ailleurs. En 2005, elle s’installe à Bayonne pour y poursuivre ses recherches artistiques. Naissance de deux enfants. Au fil des années, elle abandonne peu à peu la peinture et se consacre à la gravure, exclusivement depuis 2012. 2011 : Obtention de l’Aide à l’Installation de la DRAC Aquitaine pour l’achat d’une presse à taille-douce. Depuis octobre 2013 : Enseignement de la gravure à l’Ecole d’art de l’Agglomération Côte Basque-Adour. Lauréate du Prix Gravix 2015
Labo Estampe En 2015, Luc Médrinal, Jana Lottenburger et Judith Millot créent l’atelier Labo Estampe, lieu dédié aux recherches autour de l’image imprimée et de la photographie, adapté aux nouveaux procédés de gravure, dits “non-toxiques”
Luc Médrinal
Né au Havre en 1966. Un père passionné de photographie lui offre son premier boitier à 12 ans et l’initie au tirage, moyen idéal pour transcrire émotions et rébellions. Des années d’apprentissage au fil des rencontres, avec en parallèle des études d’horticulture. Depuis 1997, un travail solitaire sur plusieurs axes choisis qui se résumeraient par cette phrase de Bernard Descamp : « Entrevoir, voir sans rien pouvoir dire, faute de mots exacts, faire des images, juste des images. » En 2014, une formation avec Henrik Boegh sur les procédés photopolymères lui ouvre de nouveaux horizons.
Pages 48 et 49: Photo : Luc Médrinal - gravure à la pointe sèche : Jana Lottenburge
Le fantastique dans l’estampe du XIXe siècle au Petit Palais, Paris. Un article de Joh Paccadille Les artistes ont toujours regardé les œuvres de ceux qui les ont précédés. C’est peut-être plus vrai encore chez les graveurs ou du moins, c’est plus manifeste, plus criant : la filiation est revendiquée, l’hommage déclaré. Rembrandt, Dürer, Callot, combien de graveurs ont-ils inspiré ? Dans l’ambiance feutrée des cabinets d ’e s t a m p e s , des centaines d’artistes ont religieusement contemplé une taille, un effet d’encrage, une morsure virtuose. La diffusion massive que permet l’estampe, par essence multiple, les reproductions à bas coût qui envahissent les journaux du XIXe siècle ont autorisé certains motifs à pénétrer profondément la culture visuelle. Tel monstre tiré d’une Tentation de Saint-Antoine se retrouve décliné à l’envi, d’un graveur à l’autre, toujours renouvelé, réinventé, chargé de sens nouveaux. Et que dire du Songe de la Raison de Goya, dont la composition a marqué une pléthore d’artistes ? Ce jeu de miroirs, de références, d’emprunts et de recréation est le fil rouge de l’exposition Fantastique ! L’estampe visionnaire de Goya à Redon, qui se tient à partir du 1er octobre au Petit Palais. Fantastique ? Une thématique qui traverse le XIXe siècle et trois générations d’artistes : de Delacroix à Redon, en passant par Gustave Doré. Le romantisme noir tisse sa toile à travers le noir et blanc de l’estampe. Le parcours de l’exposition suit cette progression chronologique. La salle introductive présente quelques figures tutélaires, sources d’inspiration incontournables de l’estampe fantastique : Dürer, et
sa fameuse Mélancholia, Jacques Callot et sa fourmillante Tentation de Saint-Antoine, Piranèse et ses monumentales Prisons. Et Goya, bien sûr, à qui l’on doit Le Sommeil de la raison engendre des monstres. Goya, que la génération romantique de 1830 a abondamment regardé : les Caprices viennent d’être découverts par les cercles intellectuels français et pénètrent progressivement la culture visuelle populaire à travers les r e p r o d u ctions parues dans le Magasin Pittoresque. La première section de l’exposition traite de ce dialogue avec Goya à travers les lithographies magistrales de Delacroix et les truculents bois gravés de Tony Johannot (Voyage où il vous plaira) et de J.-J. Grandville (Un autre monde). Sous le Second Empire, le goût romantique renaît à travers l’estampe. Gustave Doré perpétue cette tradition en dessinant les illustrations de L’enfer de Dante. Étranges sont les eaux-fortes de Charles Meryon qui peuple ses minutieuses vues topographiques de Paris d’un cortège de créatures fantastiques. La fin de siècle renoue avec le macabre et l’onirisme. La dernière partie de l’exposition est consacrée à Odilon Redon, dont l’album Dans le rêve est intégralement exposé. Le fantastique a les faveurs des symbolistes belges, Klinger, Rops, Ensor…
Artistes du XIXe siècle, œuvres intemporelles: Goya, Redon, Meryon, Grandville n’ont rien perdu de leur pouvoir, leurs motifs frappent, émeuvent et inspirent. Les graveurs actuels ne manqueront donc sous aucun prétexte cette exposition : voir « en vrai » et d’aussi près tant de chefs-d’œuvre de l’estampe occidentale est une chance inouïe. On sait la fragilité des arts graphiques, qui ne supportent pas une longue exposition à la lumière. Aussi les feuilles conservées à la Bibliothèque nationale sont parcimonieusement montrées, pour en sauvegarder la fraîcheur. Dans l’exposition, les œuvres le plus célèbres côtoient des tirages méconnus. Sur le plan technique, c’est un régal pour les yeux : quel exploit que ce Burg à la Croix d’un mètre par soixante-dix centimètres gravé sur bois de bout par Méaulle d’après Victor Hugo ! Et que dire de ces Doré, dont on expose les fumés, c’est-à-dire les premiers tirages d’essais ? On y découvrira aussi quelques curiosités, comme les gypsographies de Pierre Roche, réalisées grâce à une matrice de plâtre…
En pendant de L’estampe visionnaire de Goya à Redon, le Petit Palais présente une autre exposition consacrée au graveur japonais Kuniyoshi (1797-1861), inconnu en France, mais extrêmement célèbre en Asie. L’institution parisienne a bénéficié d’un prêt exceptionnel de deux cents œuvres issues d’une collection privée. Des tirages aux couleurs exceptionnellement bien conservées, que l’on ne manquera donc pas d’admirer. Enfin, au sous-sol, dans la salle d’arts graphiques, le musée présente un accrochage intitulé « Sabbat et tentation, Dürer, Callot et Desmazières ». La saison s’annonce réjouissante pour les amateurs d’estampes !
Du premier octobre 2015 au 17 janvier 2016 Le Petit Palais propose à l’automne une saison sur le thème du fantastique à travers deux grandes expositions d’estampes. La première, Kuniyoshi, le démon de l’estampe rassemblera près de 250 estampes et peintures de l’artiste, provenant pour l’essentiel d’une collection particulière japonaise. La seconde, L’estampe visionnaire, de Goya à Redon présentera plus de 170 œuvres issues des collections du département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France. Activités pour les élémentaires, les collèges et les lycées Le service éducatif et culturel du Petit Palais propose des diverses activités à destination des publics scolaires. Au programme : Des visites découverte ; Des visites contées et littéraires ; Des ateliers d’estampes fantastiques. Pour toute visite, la réservation est obligatoire, au moins un mois à l’avance au 01 53 43 40 36, du mardi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 16h. Les entrées dans les expositions sont gratuites pour les moins de 18 ans.
Johanna Daniel (Peccadille). Diplômée de l’Ecole du Louvre et de l’Ecole des Chartes, elle travaille dans la valorisation du patrimoine par les technologies numériques et enseigne l’histoire de l’estampe. Elle est aussi l’auteur du blog «Orion en aéroplane» www.peccadille.net. www.johannadaniel.fr
Mecanica
est une revue imaginée et imprimée par Céline Thoué en janvier 2014. Cette revue est dédiée à la gravure en relief et à l’impression. Tous les six mois, quatre graveurs et un auteur sont invités à réaliser une proposition artistique autour d’une thématique. Après un délai de deux mois de création, les plaques de lino sont imprimées et le texte composé en typographie traditionnelle (plomb ou bois), puis imprimé sur presse manuelle. Le projet de Mecanica est de permettre à des artistes d’être rassemblés dans un format à feuilleter, où les gravures vivent autrement qu’en format affiche. Elles entourent le texte, cohabitent et se répondent parfois. C’est un objet qui rassemble des artistes plasticiens ou des illustrateurs, des auteurs et des poètes. Chaque artiste ou auteur a bien évidemment une vision très singulière du thème qui lui est proposé ; certains s’en échappent d’autres s’en rapprochent. Mecanica est un objet de résistance à l’ère du numérique et de la rapidité d’impression et de façonnage. Chaque exemplaire est encré et tiré sur presse manuelle, puis cousu à la main. Loin d’en faire une revue d’art avec des gravures originales, Mecanica est pourtant un objet qui sent l’encre, où les tailles du lino deviennent presque sensibles et dont le caractère plomb rend visibles autrement les mots. Avec ses deux parutions par an, en janvier et juillet, et sans abonnement, Mecanica se diffuse par internet ou sur les salons du livre, de la main à la main. La revue est tirée en 70 exemplaires.
Céline Thoué revuemecanica.over-blog.com cthoue@hotmail.com
Expression d’Aujourd’hui est une galerie en ligne à domicile située à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine, proche de Paris. La galerie est spécialisée dans les œuvres sur papier d’artistes contemporains francais et européens. Elle encourage et soutient ses artistes dans la production et la diffusion de leurs œuvres à travers les salons et les foires européennes (ST-ART). Elle organise régulièrement des expositions collectives et personnelles dans des lieux parfois insolites, comme le site industriel de La Fonderie à Fontenay sousBois ou l’hôtel Mercure à Rambouillet. La galerie propose des œuvres originales et uniques (aquarelle, gouache, dessin, encre, collage), des estampes à tirages limités représentatives de toutes les techniques de gravure (xylogravure, linogravure, pointe sèche, eau-forte, aquatinte, manière noire, lithographie, héliogravure...) sans oublier l’impression numérique et la photographie très prochainement. Créée et dirigée par Christophe Gobée. Il fait ses études au Centre des Arts du Livre et de l’Estampe à Paris, en abordant tous les aspects techniques de la reliure d’art. Il met en pratique ses connaissances et acquiert des expérience enrichissantes au contact d’artisans et de bibliothèques parisiennes (Bibliothèque Nationale de France, Sainte Geneviève). Il devient libraire chez Flammarion au Centre Georges Pompidou et entreprend une formation à l’Institut d’Études Supérieures des Arts à Paris, en expertise d’objets d’art (peinture et arts graphiques). Collectionneur passionné, il est invité en tant que jury à la Biennale de l’Estampe de SaintMaur et à Graver Maintenant à Rueil-Malmaison. Il a fait partie de l’association La Gravure Originale et des Amis de la Maison Rouge - Fondation Antoine de Galbert Expression d’Aujourd’hui contact@expressiondaujourdhui.fr http://expressiondaujourdhui.fr
Journée de l’estampe contemporaine Foire Saint-Sulpice La Foire Saint-Germain, soucieuse de favoriser les conditions d’échanges et de transmission qui lui étaient chères, a décidé en 2009, lors de sa XXXIIe édition, de créer la Nuit de l’estampe contemporaine pour faire découvrir un art encore trop souvent méconnu et dont la diversité des pratiques est ignorée du grand public ; en 2011 la Foire Saint-Sulpice, a pris le relais de ces manifestations et maintenu cette Journée de l’estampe contemporaine. L’objectif est d’offrir un espace de grande notoriété à des artistes de tous horizons ; et c’est avec plaisir que l’on a vu de nombreux exposants de province et même de l’étranger venir s’installer le temps d’une journée au cœur de la capitale. Cette manifestation populaire rassemble plusieurs centaines d’artistes et quelques associations, ateliers, écoles et artisans. Selon la volonté des initiateurs, c’est donner l’occasion à tous ces artistes et aux visiteurs le rare privilège de dialoguer autour des œuvres exposées au cours de rencontres passionnées et enrichissantes pour la meilleure reconnaissance de cet art majeur. Cette foire à l’estampe, hors toute considération élitiste, a pour seul objectif de rendre accessible à un large public la diversité et l’originalité des tendances contemporaines de ces multiples dans tous leurs états : gravure sur métal, sur bois, sur lino, sur plexiglas, lithographie, sérigraphie ou image numérique, permettant ainsi aux amateurs et collectionneurs d’accéder facilement à des œuvres d’une valeur certaine et de très haute qualité. Christian Massonnet membre fondateur et commissaire général de la Journée de l’estampe contemporaine de la Foire Saint-sulpice. .
20 ANS que Livres à Voir revendique son engagement pour le livre d’artiste, cet objet si particulier aux infinis possibles. 20 années de découvertes, de partage et d’émotions qui font de Livres à Voir l’un des plus anciens événements dédiés aux livres d’artiste en France et l’unique au nord de Paris. Imaginée en 1996 par Luc Brévart et Pierre Vandrotte, la Biennale internationale du livre d’artiste d’Arras s’est rapidement imposée comme un événement majeur du livre d’artiste, et contribue depuis, à l’instar du Festival International du Film et du Main Square Festival, au rayonnement culturel arrageois. Au fil des éditions, Livres à Voir offre au public un large panorama de la création contemporaine dans le domaine du livre d’artiste. Un univers riche où se croisent typographes, graveurs, lithographes, illustrateurs, peintres… dont le but est d’explorer tous les possibles du livre, de le faire exister au-delà des mots. À la fois livre et oeuvre d’art, le livre d’artiste s’affranchit cependant des circuits traditionnels de l’édition et des rapports classiques entre le public et l’oeuvre d’art. Le livre d’artiste se lit, se regarde, se manipule, se joue et se déjoue de notre regard ; il s’offre tout entier au public. Pour cette 10ème édition, Livres à Voir a investi le prestigieux Hôtel de Guînes. Une soixantaine d’artistes français et européens s’y sont donné rendez-vous du 4 au 26 avril 2015, pour la plus improbable des bibliothèques.
La 9e Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières Un événement incontournable ! C’est à Trois-Rivières, à mi-chemin entre Montréal et Québec, que s’est tenue jusqu’au 6 septembre 2015 la 9e Biennale internationale d’estampe contemporaine. En la visitant, au-delà de la qualité des œuvres exposées, on ne peut qu’admirer le dynamisme, l’enthousiasme et le sens de l’organisation d’une équipe de passionnés qui parvient, depuis un peu plus de 18 ans, à mettre sur pied un événement d’une telle ampleur. Car c’est bien d’un événement dont il faut parler – le plus important d’Amérique du Nord dédié exclusivement à l’estampe –, qui met en scène plus de 300 œuvres, exposées en quatre lieux de la petite ville québécoise, et qui est doté de plusieurs prix importants. Un accrochage subtil et intelligent, organisé autour d’une dizaine de thématiques, assure la mise en valeur de chacun des 57 artistes sélectionnés par le jury international de la Biennale. Un jury qui, cette année, a extrait des 385 dossiers qui lui étaient soumis la quintessence même de l’estampe actuelle. Un art depuis longtemps affranchi de son image d’art du multiple et dont la variété des techniques – traditionnelles ou actuelles – invite naturellement à l’exploration et l’expérimentation. Cette Biennale en est une parfaite illustration. L’estampe y occupe plus que les cimaises. Elle s’approprie l’espace, se monumentalise, se fragmente, devient matière, est unique. Les limites sont questionnées, bousculées, redéfinies. Les techniques s’affrontent, se mélangent, se superposent. Matrice et épreuve se muent en objets. Cette inventivité, à la fois impétueuse et maîtrisée, alimente une créativité débordante. En parcourant les différentes salles de cette merveilleuse exposition, la diversité des univers auxquels nous sommes confrontés impressionne d’emblée. Rendre compte de tous est impossible ici – la tentation est grande pourtant – mais, de ce foisonnement d’images puissantes, intrigantes, touchantes, violentes, tendres, nous citerons le monde silencieux et oppressant de Mehdi Darvishi (Iran) – Grand Prix de la Biennale –, l’histoire revisitée du capitaine Cook de Rew Hanks (Australie), les gravures-sculptures de Mario Laplante (États-Unis), la monumentale installation-mosaïque de Chloé Beaulac (Canada), les intérieurs sombres et épurés aux lumières tamisées de Marta Lach (Pologne), les espaces semi-désertiques d’Ellen Karin Maehlum (Norvège), les voyageurs anonymes et fantomatiques hantant les couloirs du métro d’Ariane Fruit (France), les détournements ironiques d’Ericka Walker (Canada), les piscines de Nils-Erik Mattsson (Suède) et les délicates évocations végétales d’Anne Leloup (Belgique). Signalons également qu’en marge de la Biennale, plusieurs autres événements célébrant l’estampe sont organisés dans la ville. Alan Speller ©2015 De gauche à droite : Sandra Baud (Suisse) - Prix Banque Nationale, Chloé Beaulac (Québec, Montréal) - Prix Télé-Québec, Martine Souren (Belgique) - Prix Invitation Presse Papier, Jo Ann Lanneville, présidente de la BIECTR, Élisabeth Mathieu, directrice artistique de la BIECTR, Mehdi Darvishi (Iran) - Grand Prix de la 9e BIECTR.
Photographie : Olivier Croteau