MAGAZINE GEEA N°5 - AVRIL 2014

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UNE FORCE DE PROPOSITIONS AUX CÔTÉS DES ENTREPRISES

N°5 AV R I L 2 0 1 4

GEEA VOTE POUR UN BIG-BANG ÉCONOMIQUE, FISCAL ET CULTUREL

PORTRAIT : FRANÇOIS DELHAYE, L’AUTODIDACTE AUDACIEUX

COLLOQUE : LES SOLUTIONS DE GEEA POUR SORTIR DE LA CRISE

NOS RÉGIONS ONT DU TALENT : PARTONS À LA DÉCOUVERTE DE LA CORSE ET DE L’ORNE


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N°5

SOMMAIRE

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LES ÉDITOS

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COLLOQUE

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AV R I L 2 0 1 4

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LE GRAND TÉMOIN

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NOS PARLEMENTAIRES PARLENT ET AGISSENT

PORTRAIT : FRANÇOIS DELHAYE, L’AUTODIDACTE AUDACIEUX

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NOS RÉGIONS ONT DU TALENT : LA CORSE ET L’ORNE

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LA VIE DE GEEA

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CARTES SUR TABLE

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ZOOM : L’AUTO-ENTREPRENEUR

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LES MEMBRES

Directeurs de la publication : Olivier Dassault et Jean-Michel Fourgous ● Rédacteur en chef : Olivier Paccaud ● Comité de rédaction : Bruno Bernard - Nicolas Dainville - Violaine Hacke - Maggy Legat ● Contributeurs : François Baroin - Sylvain Berrios - Gilles Carrez Luc Chatel - Guillaume Chevrollier - Philippe Dominati - Yves Foulon - Annie Genevard - Meyer Habib - Véronique Louwagie - Thierry Mariani - Sophie Primas - Camille de Rocca Serra - Lionel Tardy - Philippe Vigier - Ainsi que tous leurs collaborateurs. Un grand merci. ● Réalisation de la revue : PUBLIEST/ Paul Meyer - 70, rue Armand Carrel - 75019 Paris. Tél. : 01 40 03 97 60 ● Infographiste : Jean-Marie Siraut ● Contact (adhésion, informations...) : Violaine Hacke- vhacke@generation-entreprise.fr ● Le magazine Génération entreprise entrepreneurs associés est financé par la publicité.


PACTE DE RESPONSABILITÉ, BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN ? 4


ÉDITORIAL O livier Dassault Q

ue reste-t-il du pacte de responsabilité annoncé par le Président de la République lors de ses vœux à la Nation et présenté le 14 Janvier ?

Pas grand-chose si ce n’est une réunion entre partenaires sociaux et une journée de manifestations à travers la France. Il reste surtout un goût amer, l’impression d’avoir été victime d’une manœuvre politicienne dilatoire, faite pour gagner du temps et tenter de retrouver un peu d’oxygène après l’échec patent de la politique menée face au chômage et de ses nombreuses annonces : choc de simplification, choc de compétitivité, retour de la reprise etc. Si en économie comme en politique, la confiance est importante, le seul optimisme ne fait pas une politique. «Un chef c’est fait pour cheffer» avait l’habitude de dire Jacques Chirac. Pourtant corrézien d’adoption comme lui, l’actuel président s’y refuse depuis presque deux ans sauf lorsqu’il décide d’envoyer des troupes françaises au Mali et en Centrafrique. Pour relancer l’économie, il eut fallu aller vite et fort, ne pas exiger d’impossibles contreparties, ne pas laisser au dialogue dit social, qui est plus souvent une succession de postures qu’une recherche d’un compromis dans l’intérêt du plus grand nombre, le soin de tout embourber. Le Président annonçait ce pacte le 31 Décembre 2013, le Gouvernement attend les propositions des partenaires sociaux fin Mars. En attendant 4 mois se seront écoulés et rien ne se sera passé. Comment se fait-il qu’il faille une nuit pour décider d’engager nos soldats mais que 4 mois ne permettent pas de lancer réellement la

réforme de l’économie française. Ce pays est-il si allergique que cela aux réformes ? Pourtant c’était bien sur un programme de rupture qu’il avait élu Nicolas Sarkozy en 2007. Si ce n’est pas le pays, serait-ce par hasard ses élites ? Ses élites politiques formées dans les mêmes moules de la haute fonction publique et des grandes écoles. Ses élites syndicales, toujours invitées aux tables de négociations, alors qu’ils ne représentent que 7 à 8% des salariés. Le taux de chômage en France est de 10,9%, peut-être serait-il intéressant d’inviter également aux négociations du pacte les représentants des chômeurs, ils sont plus nombreux après tout. Le malheur de la France est là, continuer à croire dans un modèle qui n’existe plus : l’économie colbertisée, l’emploi à vie, la représentativité syndicale, des notions périmées, dépassées. La réalité de nos concitoyens est autre : faible engagement dans les corps intermédiaires, sauf les associations, changements réguliers d’emplois, nécessité de monter son entreprise, si petite soit-elle, pour pouvoir travailler, les contrats à durée indéterminée étant devenus une denrée rare. Quand allons-nous regarder la réalité en face ? Les Français n’ont pas besoin de dialogue social et d’effets de manche politiciens, ils ont besoin d’efficacité, de décisions et de résultats. Une majorité d’entre eux continue à voter mais pour combien de temps encore ? De plus en plus ils s’aperçoivent que ni la gauche ni la droite ne semblent avoir d’impact sur leur quotidien, un quotidien décrit par 80% des maires de France comme se dégradant de plus en plus vite avec l’augmentation massive de la pauvreté depuis 2008.

Le pacte de responsabilité n’est pas «l’agenda 2010» de Gerhard Schröder, c’est chose certaine. Lorsque celui-ci l’annonce devant le Bundestag en 2003, pour que «l’Allemagne revienne en tête du développement économique et social en Europe», ses mots sont forts et ses actes tout autant : âge de la retraite repoussé, indemnisation du chômage réduite, remboursements de santé réduits, cotisations sociales diminuées, TVA augmentée. Au plus fort de la crise en 2009, syndicats et patronat allemands s’accordent pour privilégier le travail à temps partiel plutôt que les licenciements. Fondées sur le principe qu’un emploi, même peu rémunéré, est préférable à une non activité financée par des transferts sociaux, ces réformes ont permis à l’Allemagne d’aborder les années 2010 dans le rôle de la locomotive de l’Europe alors que notre pays décrochait. Si le modèle allemand n’est pas transposable in situ dans l’hexagone, son esprit l’est. Celui d’un changement radical de système, difficile certes, mais qui portera ses fruits à terme au lieu de continuer dans cette lente descente aux enfers promise à la France si rien n’est fait. «Jusqu’ici tout va bien» semble se dire la France alors que rien ne va plus : ceux qui peuvent partir le font et ceux qui restent aimeraient pouvoir le faire. La France de 2014 ressemble de plus en plus à la Grande-Bretagne des années soixante-dix et François Hollande de plus en plus à Harold Wilson, Premier ministre impuissant d’un pays démoralisé. Pour mémoire, trois ans après la démission de ce dernier, Margareth Thatcher arrivait au pouvoir et révolutionnait le Royaume-Uni au forceps. Voilà qui devrait nous laisser un peu d’espoir. ●

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PAS DE CROISSANCE SANS CONFIANCE 6


ÉDITORIAL J ean-Michel Fourgous L

e principal ressort de la croissance, c’est

le retour de la confiance», a dit Louis Gallois. Aux côtés du travail, du capital et de l’innovation, c’est l’ingrédient essentiel de toute économie de marché. Or, notre pays souffre d’un divorce inédit entre l’État et le monde de l’entreprise. Un climat de défiance préoccupant Avec une hausse de la fiscalité de cinquante milliards d’euros depuis deux ans, la limite du consentement à l’impôt est atteinte. «Ras-lebol» a d’ailleurs été désigné par les Français comme le mot qui décrit le mieux l’année 2013… Ce climat de défiance est anxiogène : il paralyse l’investissement, décourage la création d’emplois et freine la reprise de l’activité. Il y a urgence : Nos entreprises ont les taux de marges les plus faibles d’Europe et quarante-cinq mille PME ont fait faillite cette année, un record. «Notre pays est en train de décrocher, c’est inquiétant», me confiait récemment un entrepreneur. Sans la confiance de tous nos acteurs économiques - chefs d’entreprise, investisseurs, actionnaires, salariés - la France ne sortira pas de cet enlisement. La production de richesse menace de stagner à un niveau quasi-nul, près de 0,9% prévue pour 2014, alors que notre pays a désormais besoin d’une croissance d’1,5% pour créer des emplois et d’au moins 3% pour garantir la pérennité du financement de notre modèle social, le plus coûteux d’Europe. Ne nous faisons plus d’illusion : une simple croissance ne suffira pas, seule une hyper-croissance permettra à notre pays de sortir durablement la tête de l’eau. Redonner la parole aux entrepreneurs Pour sortir de la crise, redonnons la parole à nos entrepreneurs, ce sont eux qui ont les

solutions à 80% de nos problèmes ! C’est la mission que s’est fixée Génération Entreprise – Entrepreneurs Associés (GEEA). Les membres de notre groupe, cent trente parlementaires et de nombreux chefs d’entreprise, ont en effet choisi d’aller sur le terrain à la rencontre des acteurs économiques. Plus de cent heures d’auditions ont ainsi permis de formuler des propositions fortes qui soient directement issues du monde économique. Le temps des mesurettes, souvent déconnectées du terrain, doit définitivement être révolu. Des solutions concrètes issues du monde de l’entreprise Premièrement, il faut mettre fin à l’asphyxie fiscale en baissant les charges sur les entreprises, d’au moins cent milliards d’euros sur cinq ans ! Chaque année, nos entreprises payent les charges sociales les plus lourdes d’Europe, cent quarante-trois milliards d’euros de plus qu’en Allemagne, ce qui les empêche d’innover comme leurs concurrentes. Pour réduire ces charges, il faut diminuer les dépenses publiques d’au moins 10% par an ! Toute entreprise ou tout ménage en déficit budgétaire est capable de faire cet effort ! Les Français y sont prêts, ils refusent de se serrer toujours plus la ceinture pour financer l’open bar des dépenses publiques. Si la France veut conserver la confiance de ses prêteurs et continuer à emprunter à taux bas pour rembourser sa dette, qui atteint le niveau record de 95% du PIB, c’est une nécessité. De même, la convergence fiscale européenne apparaît comme un impératif. Avec des taxes uniques au monde (ISF, taxe sur les plus-values, taxe à 75%...), la France est devenue un véritable «enfer fiscal», la terre la plus hostile d’Europe aux entrepreneurs ! Les Français ont élu un Président normal», ils attendent désormais une fiscalité normale, alignée sur

la moyenne européenne ! L’alignement de l’IS enverrait notamment un signal fort à tous les investisseurs, qu’ils soient français ou étrangers. Notre pays doit aussi relever ses seuils sociaux et fiscaux qui freinent la croissance de nos PME et simplifier son code du travail ! Avec trois mille six cents pages, contre huit cents en Allemagne et soixante-dix en Suisse, notre code du travail est devenu un véritable code du chômage ! Son poids a triplé en trente ans et sa complexité renforce la peur d’embaucher. La France doit également, une bonne fois pour toute, abroger les trente-cinq heures et promouvoir les accords de branche pour fixer la durée légale du travail ! Un haut responsable chinois affirmait encore récemment : «Quand la France a mis en place les trente-cinq heures, la Chine a beaucoup ri» ! Vous retrouverez d’ailleurs l’ensemble des autres propositions sur notre site internet www. generation-entreprise.fr. Insuffler un vent de liberté Il est grand temps d’insuffler un vent de liberté, de flexibilité et de souplesse dans notre économie en faisant confiance à nos entreprises. Les François semblent, enfin, l’avoir compris. Pour la première fois depuis trente ans, ils font confiance aux entreprises, plus qu’à l’État, pour sortir de la crise ! À l’heure où la reprise est amorcée dans la zone euro et alors que notre pays sombre dans l’immobilisme, il serait temps que François Hollande applique les mesures qui ont fait leur preuve à l’étranger et fasse sienne la citation de Tony Blair : «la bonne politique n’est ni de gauche, ni de droite, c’est celle qui marche» ! ●

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L’ENTREPRISE VUE PAR LES ENSEIGNANTS : UNE MÉCONNAISSANCE PRÉOCCUPANTE 8


ÉDITORIAL A nnie Genevard T

el est le titre de l’étude réalisée en novembre dernier par les instituts «Opinion Way» et «Treize articles», étude à la fois qualitative et quantitative auprès d’enseignants du second degré. Les résultats sont éclairants hélas et je vous invite à les découvrir.

Des préjugés tenaces Pour une majorité d’enseignants du secondaire peu habitués à côtoyer les entreprises, l’Éducation nationale pourrait «perdre son âme» en développant une vision trop utilitariste de l’école. Pour une minorité d’entre eux, 44% seulement, le rôle de l’école consiste à former des jeunes pour qu’ils trouvent un emploi. «Ce n’est pas la mission de l’école de préparer à la vie active» disent certains. Je trouve ce résultat inquiétant dans une société très fragilisée économiquement et socialement par un chômage de masse. Les enseignants ont une vision du rôle de l’école essentiellement sociétale – vivre ensemble, former des citoyens, créer du lien social – de l’Éducation nationale. Par ailleurs, si des valeurs positives sont associées à l’entreprise, l’innovation par exemple, je considère tout à fait préoccupant qu’une minorité d’enseignants ne voient pas l’entreprise comme un lien d’épanouissement ou de convivialité. Pire ! pour 90% d’entre eux elle est synonyme de stress, et pour 62% d’exploitation. Associée au chômage, à une puissance lointaine et dangereuse, à un lieu de discrimination, l’entreprise fait peur aux enseignants. Leurs

références d’entrepreneurs datent (Henri Ford) ou sont peu diversifiées (Steve Jobs ou Mark Zuckerberg). J’observe que dans l’univers professionnel pourtant très féminisé de l’Éducation nationale, aucune femme n’est citée ! Enfin, ils sont porteurs et sans doute vecteurs aussi d’une vision très pessimiste de l’avenir professionnel de leurs élèves : 57% sont pessimistes quand ils pensent à l’avenir des jeunes alors que les collégiens de troisième, eux, sont positifs à 77% lorsqu’il s’agit de leur avenir. Des préjugés relayés au sein de la majorité Les récents débats à l’Assemblée nationale lors de la discussion de la loi de Refondation de l’école ont mis en lumière le prolongement de ces préjugés au sein de la majorité de gauche de l’Assemblée nationale. Ainsi, en mettant fin à la possibilité de choisir la voie de l’apprentissage à quatorze ans, le gouvernement prive les jeunes d’un choix effectué non par défaut mais par envie et dans lequel ils s’épanouissent. J’ai déposé avec de nombreux membres de mon groupe des amendements visant à sensibiliser élèves et enseignants à la réalité économique et sociale de l’entreprise mais beaucoup sont restés, hélas lettre morte. Des liens École-Entreprise à renforcer Entre une conception méfiante voire hostile à l’entreprise, encore trop souvent en vigueur dans l’Éducation nationale et une conception trop assujettie aux besoins, pourtant légitimes,

de l’économie qui négligerait la stimulation de l’employabilité, je pense qu’il y a une voie d’équilibre qu’il est urgent de trouver. L’enquête révèle d’ailleurs que les enseignants qui sont habitués à côtoyer les entreprises, l’entreprise, le travail, l’effort sont perçus très différemment. Ainsi le Réseau National des Entreprises pour l’Égalité des Chances dans l’Éducation nationale (Le Réseau) regroupe soixante-douze groupes qui s’engagent au quotidien pour favoriser le lien École-Entreprise. Les actions concrètes portent sur la découverte des Métiers, l’insertion professionnelle des jeunes diplômés issus de territoires défavorisés, le tutorat et le soutien scolaire, toutes notions qui sont pour moi essentielles à prendre en compte dans la relation école-entreprise. Créé en 2006 par Gilles de Robien, ce Réseau a fait ses preuves. Les enseignants «Réseau», véritables militants de la relation école-entreprise considèrent que «l’entreprise a toute sa place dans l’école». Réhabiliter l’entreprise créatrice de richesses et d’emploi, susciter chez les jeunes le goût d’entreprendre, voilà l’état d’esprit qui devrait prévaloir et dont notre pays manque cruellement. Les enseignants ont une responsabilité important en la matière. Ils doivent en prendre conscience. ●

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LE GRAND TÉMOIN Gilles Carrez Président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale

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Vous êtes président de la commission des Finances publiques de l’Assemblée nationale depuis 2012, voici deux budgets que vous examinez. Bruxelles a qualifié le projet de budget 2014 de «responsable et prudent»  ; la politique budgétaire menée actuellement est-elle à la hauteur des enjeux ?

Député du Val-de-Marne depuis 1993, maire du Perreux-sur-Marne, rapporteur général du budget de 2002 à 2012, vice-président du Comité des finances locales, aujourd’hui Président de la commission des finances à l’Assemblée nationale. Auteur de la fameuse loi éponyme, il ne s’est jamais intéressé aux querelles politiciennes et c’est en tant que l’un des meilleurs connaisseurs du budget de l’État et des finances publiques, reconnu à droite comme à gauche qu’il préside aujourd’hui la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Ce rôle stratégique lui donne une vision globale de l’état des comptes de la France et face au mal endémique des déficits son expérience et son analyse sont précieuses.

Depuis 1974, la France n’a pas voté un budget en équilibre, la dette va atteindre 95,1% de la richesse nationale, la croissance a été quasi-nulle en 2013. Pourtant le Gouvernement, par la voix de Pierre Moscovici, ne cesse de répéter que les choses s’améliorent, a-t-il raison ?

E

n ce début d’année 2014, les inquiétudes sur l’état de l’économie française sont grandes. En effet, la stagnation de l’activité liée notamment à la réduction de l’investissement privé (7 trimestres consécutifs de baisse ou de stagnation en 2013) et la hausse du chômage (le nombre total de demandeurs d’emploi a augmenté de trois cent quarante-trois mille entre octobre 2012 et octobre 2013) sont deux réalités qui perdurent. La politique économique menée au cours des trois dernières années autour de la nécessaire réduction du déficit y a sans doute contribué, mais il faut relever que l’ajustement est bel et bien en cours. Arrêter ce dernier maintenant n’aurait pas de sens, car il ruinerait trois années d’efforts. En revanche, il apparaît certain que les modalités d’ajustement choisies jusqu’à maintenant (via le levier quasi-exclusif des prélèvements) ont atteint leurs limites, ce qui pose la question de la capacité à retrouver des marges de manœuvre effectives via une baisse des dépenses crédible et durable.

Avec une dette publique qui devrait frôler les 100% du PIB fin 2015, la politique budgétaire menée par le Gouvernement doit être jugée à l’aune d’un seul critère : sa capacité à réduire les dépenses publiques. Or, qu’observe-t-on ? Les dépenses de l’État réellement exécutées en 2013 vont être supérieures de 2,3Mds€ à celles de 2012, et cela malgré des économies sur les frais financiers (1,9Md€), sur les pensions (830M€) ainsi que des annulations massives de crédits d’investissement. Pire, le déficit public était prévu à 61,5 milliards d’euros et nous terminons l’année avec un déficit du budget de l’État de 75 milliards d’euros. S’agissant des comptes sociaux, le déficit public va donc atteindre 4,2% voire 4,3% du PIB alors que le Gouvernement s’était initialement engagé à le ramener à 3% du PIB fin 2013. Le besoin de financement public de 2013 se sera donc élevé à près de 180 milliards d’euros. Avec l’Italie, c’est le montant le plus important de la zone euro. Concernant 2014, je crains que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets. Citons en particulier les OPEX (budgétées à 450 millions alors qu’elles dépasseront certainement le milliard d’euros), le maintien de l’indexation des prestations, en particulier des minimas sociaux, l’abrogation du jour de carence dans la fonction publique, la revalorisation de 10% du RSA socle, la création d’un RSA jeunes, le relèvement des plafonds de ressources pour accéder à la CMU-C et à l’aide à la complémentaire, etc. Pour toutes ces raisons, il est probable que le déficit public atteigne 4% du PIB l’an prochain et non pas 3,6% comme annoncé.

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À l’occasion de l’audience de rentrée de la Cour des comptes Didier Migaud, son président et votre prédécesseur à la tête de la commission à l’Ass e mb l é e, estime que le niveau de la dette est dangereux. Comment réellement réduire la dette de la France ?

la progression de leurs dépenses. Cette étape est essentielle pour continuer à bénéficier des meilleurs taux sur les marchés financiers et échapper, à l’inverse, à un choc de taux dévastateur.

Nous devons nous fixer des objectifs atteignables et réalistes, comme par exemple la stabilisation de notre endettement, ce qui suppose, d’une part, une reprise de l’activité économique en France en 2014 après deux années atones et, d’autre part, que l’ensemble des administrations publiques – et en particulier les administrations locales et sociales –contribuent à l’effort de redressement des comptes publics et modèrent significativement

Depuis la création de l’euro, nous assistons à un paradoxe peu propice à la prise de conscience de l’indispensable retour à l’équilibre budgétaire. En effet, les frais financiers que nous acquittons chaque année pour honorer les intérêts dus à nos créanciers sont d’une incroyable stabilité lors même que l’endettement public a explosé ces 12 dernières années. L’euro a, en quelque sorte, joué un rôle anesthésiant.

Toutefois, la remontée des taux d’intérêt s’avère aujourd’hui inéluctable sous l’effet de la reprise économique mondiale, du resserrement possible de la politique monétaire américaine et des aléas sur les tensions financières en zone euro. N’oublions pas que nous devons également La solution à la question du chômage passe nos excellentes conditions de financement au rôle d’optimum à la fois par la restauration des marges des second joué par la France dans entreprises françaises, le déverrouillage la zone euro, derrière l’Alledes freins aux investissements étrangers et magne. De ce point de vue, si nous devons nous réjouir pour par la libération des énergies aujourd’hui l’Espagne et le Portugal de empêchées par les normes et les contraintes. leurs récentes émissions de dette à moyen et long terme, nous devons néanmoins nous Le simple bon sens devrait conduire les resquestionner  : ce statut de valeur refuge que La France va emprunter, à ponsables publics à comprendre qu’au-delà constituent les obligations françaises a-t-il nouveau, de l’ordre de 180 d’un certain niveau, l’endettement devient vocation à perdurer en l’absence de réformes milliards d’euros en 2014 insoutenable. Les frais financiers – c’eststructurelles ? Allons-nous continuer à trouver pour financer son déficit budà-dire les intérêts de la dette – constituent des financements alors même que nous ne gétaire. L’année 2013 a été aujourd’hui le second poste de dépense du menons aucun travail précis de maîtrise de la une «très bonne année» pour budget de l’État. Ce sont autant de marges dépense publique dans l’ensemble de ses comla dette française, comment de manœuvre en moins que nous pourrions posantes (État, collectivités locales et Sécurité expliquez à nos compatriotes consacrer aux investissements, à l’éducation, à Sociale) ? cette capacité à s’endetter la recherche et au développement de la comsans fin pour notre pays ? pétitivité de nos entreprises. À l’occasion de ses vœux pour

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la nouvelle année le président de la République semble avoir pris conscience de la nécessité d’une certaine stabilité fiscale, en même temps son Premier ministre ne parle que de remise à plat de fiscalité cette année, alors qui doit-on croire ?


Depuis la fin de l’année dernière, l’opinion publique assiste, médusée, à des annonces contradictoires en matière de fiscalité. Cette cacophonie contribue à bloquer les investissements, les ventes et les embauches car les agents économiques (ménages et entreprises) sont paralysés par ces fluctuations. La fiscalité n’est pas affaire de discours grandiloquents et elle fait rarement bon ménage avec l’idéologie. Loin du «grand soir fiscal» rêvé par une partie de la gauche, il faut mettre les mains dans le moteur du Code Général des Impôts et dire clairement aux Français quels pourraient être, par exemple, les transferts massifs de fiscalité qui pourraient résulter d’une fusion de l’IR et de la CSG. Surtout, la fiscalité est perçue par la gauche comme une question en suspension, totalement déconnectée de sa vocation première : le financement des dépenses publiques. Fort heureusement, le Président de la République semble avoir entendu ce message et refroidi les ardeurs réformatrices de sa majorité. Le Président de la République a échoué dans sa quête d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année 2013. On évoque aujourd’hui cette possibilité pour 2014 grâce aux emplois aidés. La solution du chômage passe-t-elle par la création d’emplois publics ?

A l’évidence, non. La solution à la question du chômage passe à la fois par la restauration des marges des entreprises françaises, le déverrouillage des freins aux investissements étrangers et par la libération des énergies aujourd’hui empêchées par les normes et les contraintes. Pour autant, la question des emplois aidés ne doit pas être écartée d’un revers de main, elle peut constituer une solution temporaire, en bas de cycle, pour éviter la paupérisation de populations déjà fragiles.

Quelle politique sociale va être réformée ou simplement abandonnée ? Voilà les questions auxquelles il doit être répondu. Or, force est de constater que ce Gouvernement bénéficie d’une certaine complaisance de la part des médias qui jamais ne cherchent à savoir ce que recouvrent ces prétendues économies. En réalité, le Gouvernement procède à des rabots uniformes dans les périmètres des actions ministérielles ou se contente d’annuler des crédits d’investissement pour pallier les insuffisances de budgets sociaux. Le Premier Président de la Cour des Comptes Didier Migaud l’a rappelé : le principal gisement d’économie ce n’est pas la rationalisation du fonctionnement de l’État – dont les conséquences peuvent être désastreuses pour certaines administrations – mais les prestations sociales. De ce point de vue, je ne peux que regretter l’absence de propositions du Gouvernement en matière d’assurance-chômage au moment où la convention Unédic s’apprête à être renégociée. Le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE) était jusque-là le grand outil en faveur des entreprises. Désormais le Président parle de supprimer les charges famille pour les entreprises. Est-ce la fin du CICE  ? Et si l’annonce est belle, vous parait-elle réaliste ?

économiques. Quel a été le premier acte de ce Gouvernement ? La suppression de la TVA sociale, mesure éminemment simple consistant à basculer une partie des cotisations familiales acquittées par les entreprises sur la consommation et le patrimoine au motif que «son impact sur la compétitivité de l’économie discutable» . Conscient néanmoins que le taux de marge des entreprises françaises est à son plus bas niveau historique depuis les années 80 et prenant acte de la dégradation de notre commerce extérieur, le Gouvernement fait le choix à l’automne 2012 d’une mesure indirecte, le CICE. S’apercevant aujourd’hui des limites de ce modèle, il envisage aujourd’hui de revenir à un allègement direct de charges. Que de temps, d’énergie et d’emplois perdus pour ne pas faire comme la précédente majorité ! Aujourd’hui, la question qui se pose est celle du financement de cette mesure. Le Gouvernement annonce des économies. Mais où ? Quand ? Comment ? Personne ne le sait. Faute de disposer de marges de manœuvre significatives, les grands chantiers sont gagés sur d’hypothétiques baisses de dépenses. C’était le cas pour le CICE, pour les emplois d’avenir et pour les contrats de génération notamment. Rappelons que si Nicolas Sarkozy s’était limité à un allègement de charges à hauteur de 13 milliards d’euros, c’était avant tout pour pouvoir en assurer le financement. Mais il est certainement plus facile de dépenser un argent dont on ne dispose pas. ●

Là encore, on mesure le poids de l’idéologie et des alternances dans les choix de politiques

Dans sa conférence de presse de début d’année, le Président parle d’économiser 50 milliards d’euros d’ici à 2017, cela paraît ambitieux mais est-ce crédible?

Je refuse de parler des «économies» en général, comme un objet politique non identifié. Cela n’a aucun sens. Il faut dire où, comment et combien. Quel pan de l’action publique sera supprimé ? 13


LA VIE DE GEEA Présentation à la presse du livre blanc le 5 décembre 2013

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Alors que l’Assemblée nationale et le Sénat comptent très peu de chefs d’entreprise, «Génération Entreprise – Entrepreneurs Associés» représente LA solution pour faire entendre la voix de ceux qui créent de la richesse et des emplois : les entrepreneurs. Au fur et à mesure de ses activités, GEEA a su séduire les parlementaires puisque désormais, 130 d’entre eux partagent ses initiatives en faveur de la croissance et la promotion de l’esprit d’entreprendre. GEEA a pour objectif de proposer des actions concrètes et pragmatiques par l’intermédiaire d’un travail législatif conjoint et des interventions dans la presse… pour qu’enfin la France mette le cap sur la croissance grâce à plus de flexibilité et de liberté. La base de travail de GEEA se dessine autour du livre blanc qui a pour but de mettre fin aux blocages économiques, fiscaux et culturels. 100 heures d’auditions et la rencontre, sur le terrain, des acteurs économiques ont permis de concrétiser ce document sous la forme de 20 propositions… Trop d’incompréhensions, d’impôts et de taxes, trop de contraintes administratives contrarient ceux qui veulent créer, innover et oser entreprendre. Loin des inventions spectaculaires, ce livre blanc propose de relancer l’économie en proposant des solutions simples qui ont montré leur efficacité dans les pays voisins tel que la Suède, la Grande Bretagne ou l’Allemagne. 55 parlementaires ont déposé une question écrite en faveur du relèvement des seuils sociaux et fiscaux.

Pour concrétiser la proposition n°11 du livre blanc, GEEA a proposé à ses parlementaires de déposer une question écrite auprès du ministre du travail. L’objectif : relever les seuils sociaux et fiscaux de 10 à 20 et de 50 à 100 salariés. «Les comparaisons internationales de démographie d'entreprises montrent, qu'en France, l'augmentation des effectifs d'une entreprise et donc le franchissement de certains seuils, accroît très significativement le coût social pour l'employeur tout en y additionnant de nouvelles réglementations. En France, 7 ans après sa création, une entreprise emploie en moyenne 20 salariés, contre 80 en Grande-Bretagne. L'effectif moyen de toutes les entreprises françaises à leur création est de 2,7 personnes contre 6,6 aux États-unis ou encore 4,5 en Allemagne. Véritable frein psychologique à l'embauche, ces seuils sont perçus par l'employeur comme un facteur de complexification administrative et de hausse des cotisations. À titre d'exemple, le franchissement de la barre des 50 salariés a pour conséquence l'application de 34 législations et réglementations supplémentaires pour un coût représentant 4% de la masse salariale. Relever les seuils atténuera la «peur d'embaucher». Son impact sur l'emploi serait important: 22 500 entreprises embaucheraient des salariés supplémentaires sans ces seuils sociaux. En 2012, l'INSEE et l'IFRAP évaluaient la perte d'emplois générés par les seuils sociaux entre 70 000 et 140 000 emplois.» 15


LES ÉVÉNEMENTS DE GEEA En plus des colloques semestriels, GEEA continue de proposer des petits déjeuners mensuels à ses membres. Après l’analyse de sondages qui ont permis de comprendre les attentes économiques et sociales des Français et des chefs d’entreprise, le Président Olivier Dassault a souhaité donner la parole aux entrepreneurs.

Petit-déjeuner de GEEA

Le 25 février dernier, GEEA a donc reçu le co-fondateur de Michel & Augustin, Michel de Rovira, trublion du goût et de la réussite alimentaire française de ces dix dernières années. Avec ses 55 salariés, un chiffre d’affaires de 25 millions en 2013 et une ambition de le faire passer à 100 millions d’ici 5 ans, Michel & Augustin a attiré les investisseurs, carburant financier nécessaire afin de déployer pleinement ses activités dans le monde. A l’image de Ben and Jerry’s pour les glaces, Michel & Augustin est en quête d’être un distributeur qui compte dans l’univers international du biscuit et des produits laitiers. Sa particularité, c’est l’innovation marketing et des produits basés sur trois promesses : «la gourmandise, la naturalité et le côté souriant, même décalé.»

AVRIL

Dès 8h30

PETIT-DÉJEUNER

MAI

A l’occasion de cette rencontre, il avancera quelques bémols sur le fonctionnement du système Français et notamment le manque d’intégration de la culture d’entreprise dans l’enseignement scolaire : «Jamais je ne serais tombé dans le monde de l’entreprise sans avoir fait deux rencontres : 1 Augustin, mon acolyte, qui vient d’une lignée d’entrepreneurs et avait naturellement comme projet de vie, l’envie d’être entrepreneur. Le rencontrer m’a fait prendre conscience qu’on pouvait gagner sa vie sans être salarié ;

PETIT-DÉJEUNER

2 Les anciens de l’INSEAD et d’avoir passé un an à Fontainebleau et à Singapour pour suivre ce MBA. J’ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs sur le campus. C’est grâce à mes études que j’ai pu me rendre compte que les entrepreneurs n’étaient pas plus intelligents que les autres. J’ai pu démystifier le monde de l’entreprenariat».

JUIN

Michel de Rovira se dit «avoir été choqué» par la peur de prendre des risques, l’absence de culture de l’investissement en France ou encore la barre des seuils fiscaux et sociaux: «Le seuil des 10 salariés est un véritable saut psychologique. A ce stade, il faut un délégué du personnel. C’était très angoissant puisque cela voulait dire qu’il y avait un risque de conflit, alors qu’à 10 dans une entreprise, on peut naturellement se parler autour de la table.»

À partir de 9h30

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Dès 8h30

COLLOQUE

SALLE VICTOR HUGO 101, RUE DE L’UNIVERSITÉ PARIS


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défense des entreprises, réduction des dépenses publiques, compétitivité de la France...

précis en dehors des évènements GEEA et échanger de vive voix et de visu.

Lieu d’échanges et de débats, chaque thématique bénéficie d’un mur de discussion spécifique où vous pourrez vous exprimer soit de façon publique soit de manière privée.

Utiliser cette application c’est faire entendre votre voix au sein de GEEA. C’est essentiellement grâce à vous que sa mission première sera remplie : donner la parole des entreprises auprès des institutions.

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Au plaisir de vous retrouver bientôt sur l’application GEEA ! 17



COLLOQUE Sortir de la crise : Et si la France avait besoin d’un big-bang économique, fiscal et culturel ?

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Olivier Dassault

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Sophie de Menthon

Michaela Wiegel

Table ronde n°1 Quelles solutions concrètes pour relancer la croissance et l’emploi ? Yves Thréard

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Jean-Michel Fourgous

Éric Revel

Table ronde n°2 Redonner la parole aux entrepreneurs : une urgence pour sortir de la crise ?

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Gilles Babinet

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François Baroin

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Pierre Gattaz 19


«Les mots sont là, le discours a changé, désormais nous attendons des actes» Olivier Dassault

E

n guise d’introduction, Olivier Dassault a tenu à citer Balzac, «Dans les grandes crises, le cœur se brise ou se bronze», avant d’ajouter : «Depuis le temps que la France est en crise, son cœur n’est plus de bronze mais d’acier».

Le Président de GEEA a ensuite évoqué les propositions que les 120 parlementaires membres ont remis à Jean-François Copé, au début du mois de décembre. Ces solutions issues du monde de l’entreprise ont d’ailleurs été largement adoptées, à plus de 50%, par l’UMP, que ce soit «la baisse des charges, la réduction de la dépense publique ou la réforme du marché du travail». «Nous étions satisfaits de voir nos idées reprises par notre parti mais je dois vous avouer que j’ai été encore plus surpris d’entendre le Président de la République y faire écho dans ses vœux à la Nation le soir du 31 Décembre», a insisté le Député de l’Oise. Pour Olivier Dassault, cette prise de conscience du Président, à l’heure où le «Pacte de responsabilité» a été annoncé, concrétise un long travail de pédagogie mené sans relâche par son groupe : «Au mois de mars 2013, GEEA avait envoyé une lettre ouverte au Président de la République où nous lui rappelions que l’on ne peut pas aider le salarié en anéantissant l’employeur et que l’on n’encourage pas la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes. Nous nous faisions

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Olivier Dassault

les porte-voix des entrepreneurs pour rappeler au sommet de l’État les obstacles réglementaires et administratifs que ces derniers doivent franchir pour pouvoir simplement faire vivre leurs sociétés». Pour le Président de GEEA, il n’y a aucun doute : «Tel Helmut Schmidt, François Hollande semble avoir entamé sa mue et pourrait faire sienne la célèbre citation du chancelier allemand : les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain». En effet, «les socialistes semblent avoir redécouvert l’utilité des entreprises et leur rôle dans la croissance du pays ; soyons donc optimistes pour la France et gageons que le temps des grosses bêtises est terminé», espère Olivier Dassault. C’est pourquoi, «le plus difficile commence car si l’on constate un léger mieux pour la croissance française, les investissements ne suivent pas car l’essentiel des ajustements restent à faire et cela risque d’être douloureux pour l’emploi». Ainsi avant que le pacte de responsabilité ne porte réellement ses fruits en matière d’embauche, Olivier Dassault souhaite qu’on laisse le temps aux entreprises «de refaire leurs marges d’où la nécessité de réformer en profondeur le marché du travail français pour le fluidifier une bonne fois pour toute» ! ●


Table ronde n°1 Quelles solutions concrètes pour relancer la croissance et l’emploi ?

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«Big –bang économique, fiscal et culturel : quelles propositions, quels impacts ?» Jean-Michel Fourgous

P

our Jean-Michel Fourgous, la France «vit un décrochage économique sans précédent : soixante-trois mille entreprises ont fait faillite en 2013, un record depuis la crise de 2009».

Pourtant, les Français assistent à «un déni de réalité» et font face au «silence des médias devant la gravité de la situation». L’ancien Député des Yvelines estime que «ce manque de sincérité provoque un climat de défiance» : «Jamais l’inquiétude de nos chefs d’entreprise n’avait été aussi grande. Or, l’économie, c’est avant tout, la confiance», a-t-il alors ajouté. En effet, «nos entrepreneurs ont subi un matraquage fiscal le plus violent depuis la seconde guerre mondiale, comme nous l’a rappelé l’économiste Christian Saint-Étienne, avec une hausse de plus de cinquante milliards d’euros en deux ans». «La limite du consentement à l’impôt est atteinte», a-t-il souligné. Ce n’est donc pas un hasard, pour Jean-Michel Fourgous, si les Français ont choisi le mot «Ras-le-bol» pour désigner l’année 2013… C’est pourquoi, le délégué général de GEEA propose un «moratoire» pour «ne plus faire voter des lois synonymes de contraintes pour les entreprises pendant un an». Alors que la France traverse «une tempête avec un vent violent de force 5, surement force 8 demain», le Maire d’Élancourt a détaillé les mesures d’urgence que notre pays doit appliquer pour sortir la tête de l’eau : 1 Baisser les charges de 100 milliards d’euros sur 5 ans afin de désasphyxier nos entreprises qui ont les taux de marges les plus faibles d’Europe (28% contre 40% en Allemagne) ; 2 Baisser les dépenses publiques de 10% par an pour mettre fin à l’overdose fiscale ; 3 Renforcer la convergence fiscale européenne, en baissant l’IS de 38% à 24% et en supprimant les mesures uniques au monde comme la taxe à 75% et l’ISF ; 4 Oser de nouvelles mesures sur l’emploi comme le développement de l’apprentissage ; 5 Mettre en place un contrat de travail unique, simple et flexible avec des droits progressifs ; 6 Inscrire dans la Constitution l’interdiction de la rétroactivité des lois fiscales ;

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Jean-Michel Fourgous

7 Réaliser une vraie réforme des retraites avec un système mixte qui inclut la capitalisation ; 8 Abroger enfin les trente-cinq heures ; 9 Introduire davantage de mixité culturelle public-privé dans le processus décisionnel ; 10 Simplifier les trois mille cinq cents pages de notre code du travail ; 11 Relever les seuils sociaux et fiscaux ; 12 Multiplier les Business Angels pour davantage capitaliser nos entreprises en déplafonnant certaines mesures fiscales ; 13 Favoriser la participation et l’actionnariat salarié ; 14 Imposer le choix entre fonctionnaire et parlementaire ; 15 Rendre plus transparent le financement des syndicats ; 16 Assouplir les règles d’ouverture des magasins et des services ; 17 Supprimer le principe de précaution de la Constitution ; 18 Faciliter un rapatriement patriotique des capitaux, près d’un million d’emplois ont été détruits à cause de l’exil fiscal ; 19 Réformer l’enseignement de l’économie au lycée, 62% des professeurs de collège estiment en effet que l’entreprise est un lieu d’exploitation ; 20 Miser sur le numérique, «le secteur le plus démultiplicateur d’emplois de changements et d’innovations». «Il parait que les Français ne sont jamais meilleurs que lorsqu’ils sont dos au mur. Cela va être l’occasion de valider cette hypothèse !», a-t-il alors conclu, sous les applaudissements du public. ●


«France : Au bord de l’implosion économique ? Comment mettre fin au décrochage ?» François Baroin

P

our François Baroin, si nous devons rester attentifs à ce qui est vraiment proposé, les récentes déclarations du Président de la République offrent «un virage social-libéral» qui «va dans la bonne direction».

«François Hollande tranche enfin un litige» : après avoir d’abord nié la crise, adopté la taxe à 75% qui est «vécue à l’étranger comme une mesure archaïque symbole d’une France recroquevillée sur elle-même» et misé sur une économie administrée incarnée par Arnaud Montebourg, le Président de la République a été, in fine, contraint d’écouter «les recommandations de la Commission de Bruxelles, du FMI, de la BCE et de tous les acteurs des marchés financiers sur la nécessité de réduire les déficits publics et de conduire des réformes de structure». L’ancien Ministre des Finances est ensuite revenu sur les actions menées par Nicolas Sarkozy pour faire face à la crise des subprimes, «véritable secousse mondiale», qui a directement posé «la question de la survie des États face aux dettes souveraines». «Pourquoi la France a –t-elle mieux résisté ?», s’est-il interrogé. Pour François Baroin, c’est grâce aux choix économiques de Nicolas Sarkozy : ne pas diminuer les amortisseurs sociaux pour garantir le pouvoir d’achat des Français, soutenir la consommation et ne pas provoquer un effondrement de la TVA, une des recettes les plus importantes du budget Français. Cependant, face à l’explosion des dettes publiques, dans l’ensemble des pays touchés par la crise, «+20% en France, +29% aux États-Unis, +40% en Grande-Bretagne, et dans les mêmes proportions en Italie, en Grèce ou au Portugal», «la relance de l’activité économique passe désormais par une maîtrise de l’endettement et des réformes de structures», actions que la plupart des pays européens se sont engagés à mener, estime François Baroin. Ainsi, nos voisins ont tous entrepris «une baisse unitaire du coût du travail»  : «le Portugal l’a baissé de 6% au cours des dix-huit derniers mois, l’Allemagne et l’Espagne l’ont également diminué à hauteur de 7%». C’était l’objectif de la TVA sociale défendue par l’ancien chef de l’État.

C’est pourquoi, le Maire de Troyes reste convaincu que les déclarations de François Hollande valident, a posteriori, l’action de Nicolas Sarkozy. Elles vont d’ailleurs à rebours de tout ce qui a été mis en place depuis dixhuit mois : «le recrutement de soixante mille fonctionnaires dans l’Éducation nationale, la création de cinquante mille emplois aidés supplémentaires, l’annulation de la TVA sociale, la mise en place du CICE, qui constitue davantage une nouvelle niche fiscale qu’une réelle baisse du coût du travail». «Quelles sont les solutions pour éviter le décrochage ?», s’est-il alors questionné, avant de plaider pour une baisse du coût du travail, la suppression des cotisations familiales et d’afficher son opposition à de nouvelles contraintes imposées aux entreprises. À l’heure où «la France n’est plus comparée à l’Allemagne mais à des pays du Sud en difficulté», «l’année 2014 sera décisive», estime le Député de l’Aube. Il faut d’urgence «obtenir un consensus social et politique autour des réformes de structure pour redresser l’image de notre pays dans le concert des nations mondiales» et permettre à «nos entreprises de renforcer leurs marges, d’investir et de créer à nouveau des emplois». «Dans tous les pays où il y a eu une relance de l’activité économique, nous retrouvons une règle : ils ont des impôts à taux faibles et à assiettes larges», a déclaré François Baroin. «C’est la raison pour laquelle nous avions proposé un transfert de charges par une augmentation de la TVA», a-t-il ensuite affirmé, avant de conclure en citant Tony Blair : «Il n’y a pas des politiques économiques de droite ou de gauche, il y a des politiques économiques qui fonctionnent ou qui ne marchent pas» ! ●

Si il y a une réforme à mener, c’est bien la baisse du coût du travail.

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François Baroin


«Comment réconcilier État et Entreprise ?» Sophie de Menthon

Il faut reprendre les administrations en main, nous ne pouvons pas changer la France avec la mentalité actuelle !

S

ophie de Menthon a d’emblée voulu répondre à la question qui lui était posée : «Je n’ai pas envie de réconcilier l’État et nos entreprises !».

En effet, la Présidente du mouvement Ethic estime que l’État est «une entité artificielle composée de fonctionnaires assujettis à un Gouvernement et à ses règles, c’est une personne morale souveraine qui impose des normes et organise la société». C’est pourquoi, il s’agit désormais de «mieux définir les missions régaliennes de l’État» et de «déléguer davantage au secteur privé». Pour Sophie de Menthon, c’est indéniable : «il y a un tournant». «Le Président de la République a mis un an à dire que l’emploi dépendait des entrepreneurs, c’est déjà un bon constat», a-t-elle ajouté. Cependant, «avec l’annonce de la création d’un million d’emplois, Pierre Gattaz a pris un vrai risque». En effet, «pour créer ces emplois, il faut des conditions : si elles ne sont pas remplies, les patrons risquent de ne pas y arriver et seront considérés, à tort, comme responsables de cet échec !». Elle estime d’ailleurs que «les entrepreneurs ne supportent plus les raisonnements intellectuels magnifiques, les «cadeaux», les «compensations» ou encore les «commissions de contrôle» qui créent souvent plus d’emplois que la mesure destinée à les créer !». Le Présidente du mouvement Ethic a ainsi évoqué son entrevue avec Michel Sapin, le Ministre du Travail, lui assurant que la mise en place du CICE devait forcément entraîner des contrôles

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Sophie de Menthon

afin de vérifier que «cet argent ne soit pas utilisé pour que le patron s’achète une bagnole»… «C’est le défaut de la classe politique», penset-elle, avant d’ajouter : «Nos responsables politiques courent après une opinion publique souvent déformée par des médias qui sont hostiles au libéralisme et au capitalisme». Sophie de Menthon suggère ainsi de changer de logiciel économique et de placer à la tête des administrations, et en particulier de l’inspection du travail, un ministre responsable. «Les chefs d’entreprise subissent un harcèlement insupportable», a-t-elle souligné, avant d’évoquer certains entrepreneurs refusant d’utiliser le CICE de peur d’avoir un contrôle fiscal. «Nous avons des administrations qui ne nous aiment pas, comment voulez-vous que nous puissions créer des emplois  ?», s’est-elle interrogée. La Présidente du mouvement Ethic propose aussi de recruter des fonctionnaires sans statut contenant des régimes spéciaux, de libéraliser certains marchés comme celui des taxis en faisant racheter les avantages acquis par l’État et les entreprises concurrentes, et de «mettre fin à la peur des syndicats qui manquent cruellement de représentativité»… «On a une chance», estime Sophie de Menthon : «La gauche prend un tournant entrepreneurial ce qui obligera la droite à dévier également un peu plus à droite» ! ●


«Ras-le-bol fiscal : La fin du consentement à l’impôt» Yves Thréard

«L

e consentement à l’impôt est très malade», a regretté Yves Thréard. C’est pourtant «l’un des piliers fondateurs de la démocratie et de notre République, principe qui est d’ailleurs inscrit indirectement dans la déclaration des droits de l’Homme de 1789», a-t-il souligné.

Le constat est sans appel : à cause de l’instabilité fiscale, les Français consentent de moins en moins à se soumettre à l’impôt direct comme indirect, les sondages montrent même que la fiscalité est l’une des deux principales préoccupations des Français avec la sécurité».

Il conviendrait de créer une «flat tax», un impôt unique et proportionnel, pour que chaque citoyen ait l’impression de participer au devoir national

«Pour 4 Français sur 10, payer des impôts n’est plus un acte citoyen, ce qui est gravissime», a alors complété l’éditorialiste du Figaro. Selon lui, 3 questions se posent pour comprendre la fin du consentement à l’impôt : «Par qui on paye l’impôt ? Pourquoi ? Pour qui ?»

1 Par qui paye-t-on ?

Pour l’éditorialiste, cette rupture s’est encore accentuée avec «les mensonges liés à l’inversion de la courbe du chômage, la soi-disant reprise de l’activité et la fausse pause fiscale». 2 Pourquoi paye-t-on ? «Une des raisons pour lesquelles on paye l’impôt, c’est la justice sociale», a-t-il expliqué. Or, «on sent le ras le bol du paiement à l’aveugle de ses impôts, d’où la fraude fiscale et la multiplication du travail au noir». 3 Pour qui paye-t-on ? L’État, «trop ventripotent, doit d’urgence réajuster ses missions de service public», pense Yves Thréard. Les Français «ont le sentiment que le pays n’a plus la maîtrise de ses finances, qui seraient désormais contrôlées par des fonctionnaires européens déconnectés de la réalité, et ils ne comprennent pas comment on peut dépenser autant d’argent pour soigner des personnes qui sont clandestinement sur notre territoire». C’est pourquoi, il faut rétablir d’urgence «la confiance dans la parole publique, réévaluer les de l’État et leur fonctionnement et baisser l’impôt», a-t-il alors conclu. ●

«Le non consentement à l’impôt est directement lié à la défiance vis-à-vis du personnel politique», estime-t-il. Ainsi, «seulement 8% des Français font confiance aux partis politiques et 23% aux députés». 25

Yves Thréard


Table ronde n°2 Redonner la parole aux entrepreneurs : une urgence pour sortir de la crise ? 26


«Pactes, assises, chocs : après les mots, quelles actions pour nos entreprises ?» Pierre Gattaz

«L

es indicateurs du pays sont dans le rouge», a déclaré Pierre Gattaz.

En effet, «les entrepreneurs sont asphyxiés par les marges les plus faibles d’Europe, 28,5% contre 42% en Allemagne». «Nos entreprises sont ligotées par un environnement complexe de quatre-vingt cinq lois et quatre cent mille normes, elles sont maltraitées par trente ans de fiscalité insupportable mais aussi par dixhuit mois de zigzague et de mesures anti-entreprises qui font le tour du monde», a-t-il ajouté. Pour le Président du MEDEF, «c’est un énorme gâchis» tant «la France est un pays fantastique avec de nombreux atouts». Alors que «tous les pays européens repartent en croissance, nous sommes au bord du précipice», a-t-il alors complété.

et des freins à l’embauche. Cependant, l’emploi sera la conséquence de ce pacte, nos entreprises sont asphyxiées, elles attendent de l’oxygène, pas des contreparties !», a-t-il ajouté. «La confiance est très importante, c’est lié à l’attractivité du pays : elle consiste à arrêter les dogmes, les mesures politiques pour gagner les élections, c’est du pragmatisme !», a-t-il alors déclaré. Le Président du MEDEF a alors invité les Français à faire «le choix de l’entreprise et de la mondialisation» et il a tenu à détailler les grands défis que notre pays doit relever : - La mondialisation avec trois à quatre milliards d’individus provenant des pays émergents ;

Un partenaire chinois m’a Pour le MEDEF, «le principal problème, dit : la France c’est trentec’est l’emploi». cinq et soixante-quinze. Nous devons donc miser sur l’exporC’est-à-dire trente-cinq tation, «la France a heures et 75% d’impôt sur les soixante milliards de déficits lorsque hauts revenus… les Allemands sont à plus de deux cent - Le numérique qui est révolutionnaire et qui milliards d’excédents», et sur l’innovation en créera de l’emploi partout avec des filières «sanctuarisant le Crédit Impôt Recherche». Il du futur qui se développent comme la «silver faut également viser l’excellence opérationnelle economy» ; «pour être meilleur exportateur et plus crédible dans la livraison constante d’un produit de qua- La transition énergétique, magnifique projet, lité», a ajouté Pierre Gattaz. Le management des créateur de richesses et d’emplois si on ne hommes doit aussi être amélioré, en augmenle prend pas à court terme et de manière tant «leur employabilité et leurs compétences». dogmatique ; De même, «la montée en gamme premium est fondamentale», sinon «nos entreprises risquent - Le tourisme, l’agroalimentaire, la sécurité des d’être ruinées par le développement du lowdonnées qui sont tous des formidables gisecost», a-t-il déclaré. ments de croissance. «Nous sommes capables de créer un million d’emplois sur cinq ans à condition de régler le problème du coût du travail trop élevé, du coût de la fiscalité («cinquante milliards de trop»), du coût des dépenses publiques, de la complexité

En conclusion, Pierre Gattaz a souhaité une harmonisation fiscale en Europe et a rendu hommage aux entreprises et à tous nos entrepreneurs, les véritables «explorateurs des temps modernes» ! ●

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Pierre Gattaz


«La France vue d’Allemagne, l’Allemagne vue de la France : un regard objectif ?» Michaela Wiegel

En Allemagne, l’entreprise fait partie de la vie, il n’y a pas de frontière entre l’école et l’entreprise, cela commence dès le plus jeune âge…

O

n m’a demandé de dire la vérité au risque de créer une crise diplomatique», a déclaré la journaliste allemande.

Pour Michaela Wiegel, si François Hollande n’est pas forcément comparable à Gerhard Schröder, «on a eu l’impression que la France était effectivement au bord du précipice et que le Président de la République a enfin pris la mesure du défi». Elle a alors souligné les entretiens réguliers entre Emmanuel Macron, actuel conseil à l’Élysée, et Frank-Walter Steinmeier, le Ministre des affaires étrangères allemand, qui fut l’artisan de l’agenda 2010 Outre-Rhin.

De même, «l’excédent commercial allemand correspondrait au déficit commercial français»... «C’est totalement faux», s’est-elle exclamée. «L’excédent allemand est dû aux pays hors zone euro», a-t-elle expliqué. Michaela Wiegel a ensuite détaillé certaines différences entre nos deux pays. Elle pense que «la France doit s’améliorer sur son coût du travail et sur la montée en gamme des produits qui sont les clefs du miracle exportateurs allemands». «L’entreprise est très mal connue en France par rapport à l’Allemagne», a-t-elle aussi déclaré.

La journaliste estime que «2003 a été une année peu glorieuse» car l’Allemagne et la France n’ont pas respecté le pacte de stabilité européen : «En Allemagne, on a dit «plus jamais ça» mais les Français n’ont pas tiré les mêmes conclusions», a-t-elle expliqué.

Michaela Wiegel a complété : «En Allemagne, les jeunes sont amenés très tôt vers des filières d’apprentissage, qui sont d’ailleurs très prisées, ce qui est une garantie d’emploi». «La société entière ne valorise pas uniquement les métiers intellectuels», a-t-elle ajouté.

Michaela Wiegel est ensuite revenue sur les préjugés souvent étalés dans la presse : «la réforme de l’agenda 2010 aurait amené une forme de précarité et une paupérisation d’une certaine frange de la population» ? Mais «qu’est ce que la précarité ?», s’est-elle interrogée, avant de poursuivre : «Est-ce avoir un travail et un sens dans sa vie sans avoir un salaire mirobolant ou est-ce le chômage ?».

Concernant le secteur de l’énergie, «la France a pour l’instant réussi à maintenir un secteur nucléaire très fort alors qu’en Allemagne, nous nous sommes engagés vers la sortie, ce qui va coûter cher à nos industries».

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Michaela Wiegel

«Un des défis franco-allemand sera de retrouver de la croissance», a-t-elle affirmé, avant de conclure en ces termes : «Il faut lutter contre l’immobilisme, sinon la France ne restera pas un partenaire valable pour l’Allemagne». ●


«Chefs d’entreprise et médias : la grande incompréhension» Éric Revel

P

our Éric Revel, «la classe politique et les médias ont un point commun : ils n’attirent plus la confiance des Français».

Inversement, pour la première fois, «les entreprises obtiennent un chiffre tout à fait respectable, dans un pays où le colbertisme a toujours été une de colonne vertébrale, puisqu’elles recueillent la confiance des Français à hauteur de 40%».

Le directeur général de LCI estime ainsi que le point de vue des journalistes résulte «de leur culture, de leur histoire et de leur enseignement» : de l’Empereur Napoléon Bonaparte, qui vilipendait la révolution industrielle britannique et parlait d’une «nation de Le poids de la culture et de boutiquiers», en notre histoire infuse sur les passant par le général de Gaulle qui mis passeurs d’informations que en place le paritarisme, notre histoire sont les journalistes montre en effet que ceux qui font avancer le pays n’hésitent pas à montrer du doigt ceux qui créent, réussissent et se développent. «Les journalistes et leur formation sont directement

liés à cette Histoire et à cette tradition française, dans laquelle l’État et le paritarisme ont un rôle majeur et où les syndicats donnent le «La» de la vie économique de notre pays aux dépens de la vie des entreprises». Les choses pourraient bien évoluer, pense Éric Revel : «depuis plusieurs années, un certain nombre de journalistes économiques accèdent à des postes de responsabilité dans les grands médias». Cependant, pour Éric Revel, «la responsabilité est aussi du côté des entreprises» car «les médias ne sont pas systématiquement opposés à la vision entrepreneuriale». Ainsi, il estime que «les chefs d’entreprise doivent faire l’effort de communiquer et d’être davantage présents dans les médias, non seulement quand cela les intéresse mais aussi quand cela ne les intéresse pas». «C’est ce type de relation qu’il faudrait tisser pour qu’un monde de confiance et de transparence puisse se créer entre le monde économique et le monde des médias», a-t-il ajouté. «L’offre de pédagogie est essentielle», a-t-il alors conclu. ● 29

Éric Revel


«La révolution numérique : quels impacts pour la croissance et l’emploi en France ?» Gilles Babinet

P

our l’entrepreneur, «cette période est comparable à celle de l’âge d’or qui a suivi l’émergence du monde électrique entre 1880 et 1910». Ainsi, «entre 2008 et 2011, le bureau des statistiques américain a enregistré le plus fort taux de productivité jamais vu dans l’histoire économique américaine». «50% de la croissance américaine est due au numérique», a-t-il complété.

Il a ensuite donné quelques exemples de l’impact du numérique sur l’économie et les enjeux de puissance publique : 1 L’Éducation : «la France n’est qu’à la vingt-septième position au test international PISA», a-t-il souligné. Inversement, «l’Allemagne a gagné cinq places, en trois ans, et les États-Unis six places». Pour Gilles Babinet, «la réforme américaine repose essentiellement sur la mesure de la performance avec un système numérique qui permet de remonter des données provenant des professeurs afin de mesurer le processus éducatif et de généraliser les meilleures pratiques éducatives». Une étude américaine montre qu’ «un dollar investi dans l’école maternelle permet de réaliser sept dollars d’économies en services sociaux trente ans plus tard» !

Dans une société du savoir, «on ne peut pas supporter en France le coût d’un système scolaire où 20% des enfants sortent de l’école primaire sans savoir convenablement ni lire, ni écrire», a-t-il affirmé. 2 La Santé où la France dépense beaucoup (avec 11,7% du PIB, notre pays est en deuxième position en termes de dépenses, juste derrière les États-Unis) et où la dépense croît «de manière incontrôlable». Là aussi, le numérique permet «des choses fantastiques» : «En réussissant à garder une historicité de données et en mesurant la performance, on arrive à optimiser le système de santé de manière considérable, on réduit les actes médicaux non appropriés, dont 15 à 25% n’ont aucun sens», a-t-il alors expliqué, citant l’expérience de Shanghai qui a mis en place «le dossier médical personnalisé (DMP) à l’échelle de quarante millions de personnes». 3 L’État et l’ensemble des services publics où il est nécessaire de mesurer la performance et d’accepter la transparence. Pour Gilles Babinet, «cela permettra notamment de baisser la défiance entretenue par les citoyens envers les responsables politiques», a-t-il ainsi conclu. ●

Les gains de productivité du numérique sont considérables, nous sommes face à une rupture de modèle et de paradigmes.

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Gilles Babinet




NOS PARLEMENTAIRES PARLENT ET AGISSENT

34

38

Guillaume Chevrollier

Lionel Tardy

36

Luc Chatel

44

Philippe Vigier

42

Sylvain Berrios

50

Thierry Mariani

40

Sophie Primas

46

Meyer Habib

48

Philippe Dominati et Franรงois Baroin

52

La proposition de loi de Yves Foulon 33


Nos parlementaires parlent et agissent

L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE, SOURCE DE COMPÉTITIVITÉ G uillaume Chevrollier

Guillaume Chevrollier, député de la Mayenne, souhaite diffuser la culture d’intelligence économique. Source incontestable de compétitivité des entreprises françaises dans un contexte de globalisation, l’intelligence économique doit être portée par l’État et la sphère politique comme un outil de création d’emploi et de croissance.

La notion d’intelligence économique est encore floue pour bon nombre de nos concitoyens et c’est aussi vrai pour nos dirigeants de sociétés. En quoi cette pratique est-elle essentielle pour la compétitivité des entreprises françaises ?

E

n France, l’Intelligence économique est connue et reconnue au plus haut niveau de l’État et dans les conseils d’administration des grands groupes. Mais le citoyen lambda ou le chef d’une ETI, d’une TPE-PME a une vision de l’intelligence économique trop parcellaire. Elle se limite généralement au seul aspect de veille technologique, réglementaire, commerciale...

Or, la mise en œuvre d’une pratique d’intelligence économique, outre effectivement le volet veille, implique également un volet sécurisation et un volet influence. 34

Ces trois aspects de l’IE sont aujourd’hui fondamentaux face à la globalisation économique, à un environnement mouvant et aux surprises stratégiques. La concurrence est exacerbée, il suffit de regarder du côté des BRICS (Brésil Russie - Indes - Chine - Afrique du Sud) pour s’en convaincre : ils développent leur secteur industriel et leur secteur des services sur les bases d’une compétitivité dangereuse pour nos entreprises. Si nous voulons rester dans la course, si nous voulons créer des emplois, il est indispensable de s’adapter aux nouvelles règles du jeu. La mondialisation est une source d’opportunités si on sait se prémunir des risques. Les Américains, depuis bien longtemps et les Chinois plus récemment, ont compris les vertus de l’IE. Les révélations autour des pratiques de la NSA montrent bien que l’obtention et la maîtrise de l’information sont essentielles. Elles


montrent également combien il est nécessaire de sécuriser les systèmes d’information des entreprises. La France doit suivre ce mouvement, c’est encore plus vrai aujourd’hui face à la crise et demain dans la perspective de l’Accord de libreéchange entre l’Europe et les États-Unis. Les entreprises agricoles et agro-alimentaires, par exemple, seront confrontées aux géants américains du secteur. La maîtrise des pratiques de l’IE et la connaissance stratégique seront obligatoires pour leur développement commercial et leur pérennité. L’intelligence économique assure le développement des entreprises. Comment les ETI et les TPE-PME ont intégré cette notion ?

Les ETI et les TPE-PME sont les moteurs de notre économie, je le vois chaque jour sur mon territoire en Mayenne. Or ces entreprises qui possèdent des savoir-faire et des actifs immatériels susceptibles d’être protégés, ne sont pas suffisamment sensibilisées à la culture et aux méthodes de l’Intelligence économique. En France, seules 15 à 20% des entreprises de moins de 200 employés pratiquent l’Intelligence économique. Pourtant, dans le contexte actuel de guerre économique, elles ont, au même titre que les grandes entreprises, besoin d’avoir à leur disposition de l’aide à la décision et des outils de protection. Bien sûr, beaucoup d’entre elles n’ont ni les moyens financiers ni les moyens humains de mettre en œuvre une politique d’intelligence économique. Mais elles peuvent mutualiser leurs efforts au sein de pôles de compétitivité ou de grappes d’entreprises, démarches qui sont soutenues par l’État. Les petites entreprises doivent également sortir d’une logique «retour-sur-investissement-rapide» et travailler sur des démarches de long terme, de développement durable. Certes, la période actuelle pousse à réfléchir à deux fois en termes d’investissement mais les entreprises doivent être convaincues qu’investir dans les procédures de

recherche et de développement et, plus précisément dans les procédures d’intelligence économique, leur sera bénéfique. À l’inverse, la défaillance informationnelle pourrait leur être fatale. Quelles sont, selon vous, les clés d’une politique d’intelligence économique réussie ?

L’État doit sensibiliser à la pratique de l’IE. C’est incontournable. Il doit proposer des formations à nos étudiants et aux professionnels, poursuivre et accentuer le travail de sensibilisation en cohérence avec sa politique d’intelligence économique territoriale. La garantie de la sécurisation et de la compétitivité des secteurs stratégiques préalablement identifiés par l’État est indispensable. Elle passe par le jeu de la collaboration avec les entreprises, où l’État devient le transmetteur des informations nécessaires à leur développement. Mais surtout, la puissance publique est tenue d’avoir un positionnement pro-actif en termes d’influence. Nous sommes soumis aux contraintes de la globalisation. Plutôt que de les subir, agissons.

Mais surtout, notre pays bénéficie encore d’un rayonnement culturel sur lequel il doit s’appuyer. Travaillons avec notre réseau de la francophonie. Imposons nos modes de pensée, nos ressorts culturels et nos visions. Non seulement, nous maintiendrons notre identité industrielle et culturelle, mais nous façonnerons aussi les marchés à notre image. Nos entreprises seront davantage en capacité de dominer la concurrence car ce seront nos normes qui seront imposées. Enfin, militons pour une politique d’Intelligence économique communautaire, même si aujourd’hui à Bruxelles la conception française est encore trop perçue comme un patriotisme économique. La France a besoin d’une Europe forte et il faut que chaque Etat sorte d’une logique purement nationale. Que pensez-vous de la notion actuelle du Secret des affaires ?

Il faut que les parlementaires, notamment ceux de la commission des lois qui travaillent sur le sujet, prennent cette question très au sérieux. Une refonte du droit des affaires s’impose, afin de prendre des mesures adaptées à la défense du secret des affaires.

Un rapprochement de la France de toutes les organisations internationales, multilatérales ou européennes à vocation économique et finan-

Une réforme du Code de la procédure civile est nécessaire, à l’image de ce qui est déjà applicable devant l’Autorité de la concurrence où le rapporteur général Si nous voulons rester dans la course, si peut refuser à une partie nous voulons créer des emplois, il est la communication de pièce mettant en jeu le secret indispensable de s’adapter aux nouvelles des affaires. Le secret des règles du jeu. La mondialisation est une affaires est donc à redéfinir source d’opportunités si on sait se prémunir juridiquement.

des risques.

cières (OMC, OCDE, FMI...) qui dictent les règles du jeu, est inévitable. En faisant entendre la voix de la France, en participant à l’activité normative, nos entreprises bénéficieront d’une compétitivité égale à leurs concurrents internationaux. Cette présence dans les organisations internationales, espace d’informations ouvert, est également essentielle en termes stratégiques. Il s’agit pour nos représentants de penser Intelligence Économique en faisant de l’influence au profit de l’équipe France, en collectant l’information utile et pertinente sur nos concurrents, sur l’environnement, sur les futures normes qui permettront à notre économie d’anticiper.

Nous devons tous nous imprégner de la culture IE et c’est à nous, politiques de choisir pour notre économie cette direction et engager une démarche collective entreprise-État. Il en va de notre compétitivité et de nos emplois, c’est un enjeu national, l’intérêt général le commande. ●

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Nos parlementaires parlent et agissent

OUVERTURE DES COMMERCES LE SOIR : NON AU DOGMATISME L uc Chatel

Luc Chatel a défendu en décembre 2013 une proposition de loi cosignée par Nathalie Kosciusko-Morizet, Frédéric Lefebvre et quatre-vingt dix députés UMP pour permettre aux commerces d’ouvrir le soir dans certaines zones de forte affluence. Cela fait suite au retentissement de l’affaire du Sephora des ChampsÉlysées, contraint par un arrêt de la Cour d’appel de Paris du 23 septembre 2013 de fermer son magasin à 21 heures, sous peine d’une astreinte de quatre-vingt mille euros par jour. Le texte a été rejeté par la majorité socialiste. 36

Pourquoi vouloir légiférer sur ce sujet ?

À

l’heure où nous courons après le moindre point de croissance, où le chômage frappe massivement la population, et où la France manque cruellement de compétitivité, il nous semble absurde de refuser à un commerce situé dans une zone d’affluence touristique nocturne, où les clients sont présents, et les salariés volontaires, la possibilité d’ouvrir en soirée, alors même que la quasi-totalité de nos voisins européens ont largement libéralisé les horaires d’ouverture de leurs commerces, voire même la définition du travail de nuit.

Quelle est la règle chez nos voisins européens et de l’autre côté de l’Atlantique?

Très peu de grandes capitales se retrouvent dans la même situation que la nôtre. Quiconque voyage à New York ou Londres, certes, constate qu’il existe une réelle activité commerciale la nuit. Mais à Madrid et Rome, par exemple, qui ont une dimension moins internationale, les commerces de détail ont aussi la liberté d’ouvrir 24 h / 24 et 7 jours / 7 depuis 2012. La seule condition exigée pour une telle ouverture à Rome est l’absence de nuisance sur le voisinage !


Ressentez-vous un décalage entre ce que permet le droit français et l’évolution des habitudes de consommation ?

Oui, évidemment. À l’heure où se développe plus que jamais le commerce électronique, à l’heure où Amazon conclut un accord avec la Poste américaine pour organiser ses livraisons le dimanche et même la nuit, les règles du code du travail français apparaissent bien archaïques !

clientèle, principalement touristique et étrangère, le magasin réalise 23% de son chiffre d’affaires après 21 heures ! Cette décision de justice crée un précédent inquiétant pour de nombreux autres commerces : elle contient la fermeture potentielle de tous les commerces avant 21 heures. Dès lors que la Cour d’appel de Paris estime que, en présence ou non d’un accord collectif, certaines dispositions d’ordre public doivent être respectées, l’ensemble des magasins de centres

Il nous semble absurde de refuser à un commerce situé dans une zone d’affluence touristique nocturne, où les clients sont présents et les salariés volontaires, la possibilité d’ouvrir en soirée, alors même que la quasi-totalité de nos voisins européens ont largement libéralisé les horaires d’ouverture de leurs commerces. L’évolution des habitudes de vie, en particulier des citadins, mais aussi l’évolution des modes de consommation qui l’accompagne, nous obligent à réfléchir aux moyens d’adapter notre réglementation : aujourd’hui, dans les grandes villes en particulier, peut-on vraiment considérer que la vie s’arrête à 21h ? Les populations urbaines connaissent des rythmes de vie quotidienne décalés, et exercent des activités professionnelles qui commencent plus tard le matin et se terminent plus tard le soir. Leurs attentes ont changé. Pourquoi vous être saisi du sujet précisément après l’affaire Sephora qui a été amplement médiatisée  ? Le parti socialiste vous a reproché de vouloir faire une loi de circonstance, pour régler un cas particulier.

L’arrêt de la Cour d’appel de Paris condamnant la société Sephora à fermer dès 21 heures son magasin situé sur les Champs-Élysées a stupéfié un bon nombre d’observateurs : pensons qu’en raison de la spécificité de sa

commerciaux et des supermarchés pourrait être amené à fermer avant 21h. Vos opposants dénoncent l’ultralibéralisme de cette proposition de loi et le risque qu’elle ferait peser sur la liberté et les conditions de travail des salariés.

Notre proposition de loi n’a pas pour objet de libéraliser intégralement le recours au travail de nuit, ni de fragiliser le statut protecteur du travailleur de nuit, bien au contraire. Il s’agit simplement de revenir sur les situations qui apparaissent aujourd’hui les plus ubuesques sur notre territoire, autrement dit sur ces zones, touristiques ou culturelles, dans lesquelles on constate un afflux important de touristes ou de personnes en soirée, et dans lesquelles les commerces seraient contraints de baisser les rideaux dès 21 heures.

garantiraient une rémunération majorée de 30%, un repos compensateur, et d’éventuelles garanties supplémentaires ouvertes à la négociation au sein de l’entreprise. Quel gain en escomptez-vous ?

Nous avons là les moyens de donner un signal politique fort, dans un domaine créateur d’activités et de nombreux emplois. Il s’agirait d’une mesure de bon sens économique. Ne laissons pas nos touristes partir à Londres ! N’empêchons pas de travailler le soir les employés qui le souhaitent pour des raisons d’organisation personnelle ou de bénéfice salarial ! Ne laissons pas, enfin, certaines organisations intersyndicales nullement représentatives de ces salariés dicter la loi et imposer la fermeture progressive de tous nos commerces le soir ! Une majorité de Français se déclare favorable à l’ouverture des magasins au-delà de 21 heures, selon un sondage de septembre 2013 : ils seraient ainsi 64% à être en faveur d’une telle ouverture nocturne, cette proportion atteignant même 73% pour les 25-34 ans. Sachons répondre à leurs attentes ! Malheureusement, la majorité socialiste a rejeté cette proposition de loi au terme d’un débat pauvre, peu argumenté et purement dogmatique, dénonçant le «retour au XIXe siècle» que nous voudrions opérer en matière de protection des salariés sur la question du travail de nuit. Elle condamne la France, dans une période difficile, à se priver d’opportunités économiques majeures alors qu’elle est une destination touristique de premier plan. Nous continuerons à nous mobiliser pour ne pas laisser faire cette erreur économique et voir disparaître des emplois. ● GEEA propose dans son livre blanc…

Dans ces zones donc, et dans ces zones seulement, les commerces pourraient recourir au travail en soirée, dans le strict respect du volontariat du salarié et de ses droits, qui lui 37


Nos parlementaires parlent et agissent

DES CHOCS ET DES PACTES… ET APRÈS ? L ionel Tardy

Après le «choc de simplification», voici le «pacte de responsabilité». Au-delà de ces éléments de langage, Lionel Tardy, député de la Haute-Savoie et chef d’entreprise, revient sur les annonces de François Hollande.

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Que retenez-vous de l’annonce du «pacte de responsabilité» par le Président de la République ?

S

ur la forme, voilà encore un beau terme inventé par les communicants de l’Élysée. Depuis le début du quinquennat, on ne compte plus les «chocs» et les «actes» annoncés à grand renfort de conférences de presse. Il y a à peine un an, c’était le «choc de simplification». Mais lorsqu’on fait le bilan de ce genre d’effets de manches quelques mois plus tard, on se rend compte qu’il ne reste plus grand-chose à part

des formules creuses. Sur le fond, j’attends de voir comment tout cela sera mis en pratique. Car pour une fois, François Hollande a l’air de vouloir aller dans le sens des entrepreneurs… mieux vaut tard que jamais ! Justement, quel bilan tirezvous du «choc de simplification» ?

Tout le monde sait qu’une simplification est nécessaire à tous les étages. J’étais d’ailleurs plutôt enthousiaste quand il a fait cette annonce. Depuis, je me demande où sont passées ces bonnes intentions. Pas un seul projet de loi que


nous examinons à l’Assemblée nationale depuis plus d’un an ne mérite d’être qualifié de texte de simplification. Que ce soit pour ceux relatifs à la consommation ou au logement, récemment, des piles de documents administratifs viennent s’ajouter aux obligations déjà existantes. Les vieux réflexes sont toujours présents. La preuve la plus extraordinaire a été donnée par le Président lui-même lors de sa conférence de presse : au bout de cinq minutes de discours, il nous annonçait déjà la création d’un «observatoire» [observatoire des contreparties] et d’un «conseil stratégique» [conseil stratégique de la dépense publique] ! La création de comités Théodule va totalement à l’encontre du «choc de simplification», et pourtant le gouvernement se complaît dans ces commissions et autres instances de réflexion qui ont plutôt tendance à pousser à l’inaction. Qu’attendez-vous de la mise en application de ces mesures ?

Le «pacte de responsabilité», on l’aura compris, c’est tout simplement la suppression des cotisations familiales pour les entreprises à l’horizon 2017. Si l’on veut toucher à la fiscalité directe des entreprises, il ne faut surtout pas reproduire l’erreur du crédit d’impôt compétitivité-emploi (CICE), que beaucoup de chefs d’entreprises, notamment dans les PME, rechignent à utiliser car il s’agit d’une véritable usine à gaz. Au contraire, il faut que cette baisse des charges profite à tout le monde, sans distinction, et surtout qu’elle soit accessible. Il faut que le mécanisme soit simple à utiliser et à mettre en pratique, sans quoi évidemment les chefs d’entreprises ne l’utiliseront pas. Certains à gauche crient au scandale et demandent des contreparties… Autrement dit, le grand risque est que l’on se retrouve avec des conditions, des tonnes de documents à remplir, des démarches interminables qui finiront, un peu comme d’habitude par décourager et à faire perdre au mécanisme tout le côté incitatif et bénéfique qu’il avait en théorie. C’est pourtant très clair : il faut cette fois le moins de contreparties possibles, voire aucune, car si c’est pour rigidifier le système, autant ne rien faire du tout. Veut-on aider le tissu entrepreneurial ou faire plaisir aux socialistes anti-entreprises ? C’est la vraie question qu’il faut se poser.

Pas un seul projet de loi que nous examinons à l’Assemblée nationale depuis plus d’un an ne mérite d’être qualifié de texte de simplification. Croyez-vous au financement de ce pacte ?

J’aimerais y croire, mais il faudrait que le gouvernement recherche en contrepartie trente milliards d’euros à économiser d’ici 2017. De ce côté-là, on manque cruellement d’information ; c’est pourtant une question cruciale. Ces trente milliards, il va falloir les trouver et tailler dans la dépense publique. A part une baisse des dépenses, on voit en effet mal quelle autre possibilité de financement il pourrait rester pour ce dispositif. Or, réduire les dépenses, c’est justement ce que le gouvernement s’est toujours refusé à faire… je n’ose même pas imaginer les cris d’orfraie que vont lancer certains membres de la majorité quand il va falloir toucher aux services publics.

Êtes-vous prêt à soutenir ces mesures ?

Encore une fois, si le gouvernement a enfin compris que ce sont les entreprises qui créent de l’emploi, et qu’elles croulent littéralement sous les charges fiscales et administratives, nous n’allons pas nous en plaindre. J’ai simplement envie de dire à François Hollande : chiche ! Au vu de ce qui s’est passé sur le choc de simplification, de ce qu’il en reste, j’aurais tendance à être sceptique. Mais le débat parlementaire viendra et à ce moment-là, on pourra réellement voir s’il a su transformer l’essai. Je partage le principe de ces mesures – qui ne le partage pas ? – mais tout va résider dans leur application. C’est pourquoi, si j’approuve l’esprit de ces annonces, je pense qu’il faut rester prudent et surtout vigilant

dans la forme qu’elles prendront. A gauche, certains syndicats et élus vont faire pression pour amenuiser le dispositif ou l’assommer à coups de «contreparties». Ceux qui voient en lui un «cadeau au Medef» sont tout simplement désolants. La réalité, c’est qu’à chaque début d’année les entrepreneurs voient des taxes s’abattre sur eux, et que beaucoup ne sont pas sûrs que leur trésorerie pourra supporter ces augmentations. Pensez-vous qu’il s’agit d’un tournant dans la politique gouvernementale ?

J’aimerais beaucoup, mais il en a fallu du temps pour réaliser que la croissance et l’emploi n’allaient pas revenir comme par enchantement si l’on continuait d’accabler les entreprises. Peutêtre que si quelques membres du gouvernement étaient issus du monde de l’entreprise, le déclic aurait été plus rapide, mais c’est un autre débat. Rappelons-nous simplement du nombre de mesures invraisemblables que nous avons vu défiler avant d’en arriver là, et dont on se demande encore comment elles ont pu être pensées. Lors du projet de loi de finances pour 2012, c’était le dispositif de donation-cession, une véritable atteinte au tissu entrepreneurial français. En décembre dernier, nous avons échappé de peu à une taxe sur l’excédent brut d’exploitation (EBE), autrement dit la capacité d’investissement des entreprises ! Il y en a eu bien d’autres, et je serais ravi que la spirale s’arrête ici. Pour cela, rien ne vaudra une vigilance totale sur l’application concrète de ce «pacte». Une fois la valse des belles formules terminées, nous verrons alors ce qu’il reste pour les entreprises françaises. ● GEEA propose dans son livre blanc…

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Nos parlementaires parlent et agissent

L’ÉCONOMIE AGRICOLE, LA GRANDE OUBLIÉE DU CHOC DE SIMPLIFICATION S ophie Primas

Sophie Primas, sénateur des Yvelines, fait part de la nécessité d’engager une réflexion sur le processus d’élaboration des normes imposées au monde agricole, afin de dynamiser la compétitivité de ce secteur central de notre économie. Elle propose notamment de remettre la confiance et la responsabilité au cœur des relations entre l’État et les exploitants agricoles.

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Au cours des derniers mois, les crises se sont multipliées dans les secteurs agricole et agroalimentaire, allant de pair avec une crispation grandissante de la profession. Pourquoi et comment ces évènements, parfois violents, prennent-ils en partie leur source ?

C

évènements sont bien sûr, avant tout, l’expression d’une crise de compétitivité de notre agriculture. Les difficultés des abattoirs finistériens de la société GAD sont symptomatiques de cette situation : le manque de compétitivité des activités agricoles a engendré un affaiblissement de la production, lequel a impacté l’ensemble de la filière agroalimentaire locale entraînant également dans son sillage des sous-traitants. Les causes de ces crises sont multiples. Il faut bien sûr mentionner la question centrale du coût du travail dans le es

secteur agricole, qui pénalise les performances de la Ferme France sur tous les marchés, y compris au sein même de l’espace intra-communautaire. Ainsi, pour la filière fruits et légumes, le coût du travail s’élève à douze euros par heure travaillée en France contre six euros par heure en Allemagne et six euros par jour au Maroc ! Le second facteur déterminant est effectivement l’empilement des normes. La multiplication des contraintes administratives bride naturellement la croissance de ce secteur et l’expose à la concurrence de nos partenaires économiques. Tandis que la création d’une unité de biogaz nécessite huit-dix mois en Allemagne, elle exige entre trois et quatre années de démarches administratives en France. Les exemples de complexités, inutiles, redondantes ou incomprises, sont pléthores et recouvrent l’ensemble du champ des activités agricoles. A chaque étape, les exploitants sont soumis à des contrôles sur la base de sous- règlements parfois contradictoires,


quelque fois même laissant lieu à interprétation. Leur application s’avère complexe et souvent localement inappropriée. Enfin, au-delà des conséquences économiques, cette complexité suscite une véritable exaspération pour une profession, qui a fait ces dernières années d’importants efforts et à qui l’on demande «toujours plus». Le calcul du revenu même des exploitants est infiniment complexe au regard des éléments de conditionnalité du versement des aides, rendant ainsi l’exercice du métier incertain et anxiogène. Un état d’esprit qui se traduit d’ailleurs dramatiquement avec le suicide d’un agriculteur tous les deux jours. Les réponses proposées par le Gouvernement sont-elles à la hauteur de l’enjeu ?

La volonté de mettre en place des mesures de simplification va dans le bon sens, pour d’ailleurs l’ensemble du monde économique. Toutefois, ces mesures ne sont, aujourd’hui, que des propositions. Celles concernant plus spécifiquement le monde agricole sont bien trop maigres. Nous pouvons à ce titre regretter qu’aucun représentant de la profession agricole n’ait fait l’objet d’une audition dans le cadre la Mission parlementaire de simplification de l’environnement réglementaire et fiscal des entreprises. De plus, le Projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt actuellement examinée au Parlement passe complètement à côté de l’objectif de simplification et de clarification du droit applicable. Trop peu de dispositions vont dans ce sens et certaines d’entre elles complexifient même le quotidien des exploitants, à l’image de la mise en place des déclarations annuelles relatives aux quantités d’azote utilisées. Cette loi aurait dû être, au contraire, l’occasion d’améliorer, dans un esprit transpartisan, la lisibilité d’un code rural qui compte aujourd’hui près de 3000 pages ! Quelles seraient les solutions envisageables, notamment en ce qui concerne la multiplication des normes environnementales, édictées au niveau européen ?

La question des normes environnementales est naturellement au cœur de la problématique. Sur le fond, tout d’abord, il est essentiel de garantir un équilibre entre les enjeux environnementaux et la nécessité de production agricole. Mais, ces

normes ne peuvent jouer contre la production. La productivité doit être assurée pour une agriculture dont le rendement mondial devra s’accroître peu ou prou de 70% afin de parvenir à nourrir les neuf milliards d’êtres humains qui peupleront la planète en 2050. La protection de l’environnement constitue un intérêt évident pour les exploitants, tant cette exigence de qualité globale de la production et du produit apparait progressivement comme une plus-value financière sur les marchés.

concerne l’abattage industriel et celui exercé en «circuits courts». L’application uniforme des normes arrive ainsi à être en totale contradiction avec la volonté politique. Ces règles ont trop souvent tendance à être édictées avec une insuffisante prise en compte du terrain. Il conviendrait de revenir sur ce procédé, en proposant d’évaluer systématiquement les normes existantes avant d’en produire de nouvelles.

Parallèlement, un plus grand pragmatisme dans l’application du règlement passerait concrètement par un meildialogue entre Il faut engager une leur les Administrations, action visant à moins, notamment celles et mieux réglementer. du Ministère de l’Agriculture et de Cela suggère une l’Environnement.

Afin de parvenir à cet équilibre nécessaire, il faut dès à présent, mettre fin à une certaine surenchère réglementaire. Celle-ci nous mène à transmeilleure adaptabilité Nous constatons crire des directives dans l’élaboration de actuellement une européennes avec la norme et un plus véritable défiance plus de fermeté des agriculteurs à que dans les autres grand pragmatisme l’égard de l’État. pays, comme cela Ce dernier, au tradans son application. a pu être le cas en vers des normes ce qui concerne et contrôles liés, l’élevage porcin. semble les infantiliser, les suspecter et les insLa clé de la compétitivité pour notre pays, et à pecter en permanence. Alors que les crises se terme pour notre continent, est sans nul doute multiplient, il est plus que jamais impératif de l’harmonisation européenne. C’est à partir d’un reverser cette logique, en retissant le lien de socle normatif commun, puis fiscal et social, confiance qui a longtemps prévalu entre le que les exploitants européens se détourneront monde agricole, les Français et l’État. d’une concurrence intracommunautaire pour partir, ensemble, à la conquête des marchés Dans ce nouveau contexte, la norme prendrait internationaux. d’avantage la forme d’un ensemble d’objectifs et de moyens, laissant à l’agriculteur une certaine Afin de s’engager sur la voie de liberté d’application. Une forme de pacte de resl’harmonisation européenne, ponsabilisation en quelque sorte ! Assorti d’une quelles seraient les préconilogique de résultats économiques et environnesations à mettre en œuvre dès mentaux. Nous pouvons être assurés que cette aujourd’hui ? confiance et cette responsabilisation retrouvées Un socle commun sous-tend naturellement permettraient d’obtenir de bien meilleurs résull’existence d’une stabilité du stock de normes, tats, y compris en termes de réalisation des qui est actuellement loin d’être acquise, au objectifs environnementaux. L’agriculteur, ne regard de l’empilement annuel des réglementaconnaît-il pas mieux que personne, le territoire tions. Il faut engager une action visant à moins et qu’il exploite ? N’a-t-il pas lui-même intérêt à mieux réglementer. l’amélioration de la valeur ajoutée de sa production ? N’a-t-il pas lui-même conscience de l’intéLa norme doit pouvoir s’adapter aux différentes rêt de la durabilité agricole de son territoire ? situations et conditions de productions. Il ne s’agit pas d’imposer une règle, presque aveugléResponsabilisation sur les résultats, y compris ment, pour l’ensemble d’un secteur qui dispose environnementaux et flexibilité sur les moyens : d’une grande diversité. Il est ainsi aberrant de telles pourraient être les bases d’un renouveau constater que les normes relatives aux abattoirs de notre système normatif. ● de volaille par exemple sont identiques en ce qui 41


Nos parlementaires parlent et agissent

MÉTROPOLES : HOLD-UP INSTITUTIONNEL SUR LES COMMUNES S ylvain Berrios

Sylvain Berrios, député du Val-de-Marne, appelle les maires de France à refuser de livrer l’avenir de leurs communes aux métropoles, véritables monstres technocratiques et à manifester leur désaccord.

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Selon vous, la réforme de décentralisation du Gouvernement respecte-t-elle l’autonomie des communes ?

J

suis pour l’autonomie des communes et l’indépendance de nos territoires. Or, cette réforme remet en cause la compétence des maires en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire communal puisque les métropoles seront chargées d’établir des plans métropolitains de l’habitat et de l’hébergement qui s’imposeront aux documents locaux d’urbanisme. Ainsi, chaque ville se verra imposer des décisions contraires aux choix des habitants et perdra toute prise de décision sur son avenir. e

De plus, un nouvel échelon administratif et politique a vu le jour participant ainsi à la complexité administrative et à l’illisibilité de l’action publique. L’institution des métropoles est une confiscation du pouvoir des maires en matière d’urbanisme, d’aménagement du territoire et de logement. Sans concertation avec l’ensemble des communes, le Gouvernement passe outre les inquiétudes des maires et le refus exprimé au Sénat. Cette réforme contrevient au principe constitutionnel de libre administration des communes et à l’esprit de représentativité de la démocratie locale.


Et concernant les compétences des maires récemment élus ?

La réforme présentée par le Gouvernement visant à moderniser l’action publique territoriale et à affirmer le rôle des métropoles n’a été que le révélateur d’un objectif obsessionnel du Gouvernement et de sa majorité : celui de déposséder les maires de leurs compétences et d’imposer toujours plus de logement social. Avec cette loi qui confisque toutes les compétences des maires en matière d’urbanisme, ceci aura pour conséquence de donner naissance à un monstre technocratique, sorte de démocratie administrative qui se substituera à la démocratie locale représentative. Alors que l’échelon communal a prouvé son efficacité, source d’équilibre et de cohérence des territoires et des politiques publiques, relai de proximité indispensable, reflet des choix et des aspirations légitimes des habitants, capable de créer des coopérations intercommunales intelligentes, le fait de confisquer les compétences des maires en matière d’urbanisme au profit du monstre technocratique que représente les métropoles relève de la provocation et d’une méconnaissance de l’action publique territoriale. Quel sera le coût de cette réforme ?

A ce jour, nous savons qu’une ponction sur les dotations de l’État aux communes aura lieu pour financer la création de ces nouvelles structures supra-communales. Pour atteindre son objectif, le Gouvernement aura usé de tous les stratagèmes en cachant au commissaire de la commission des lois le projet de Métropole de Paris afin d’éviter toute discussion, et surtout –ce qui est encore plus grave !-, en ignorant l’obligation de produire une étude d’impact budgétaire afin de taire le coût réel de cette réforme et les augmentations d’impôts qui en découlent. En prenant l’exemple de la Métropole de Paris, l’actuel président de Paris Métropole évoque 4 à 5 milliards, mais la comparaison avec des métropoles équivalentes, pour peu qu’elle soit possible, donne plutôt autour de 2 milliards, comme les prévisions sur la base du transfert de la fiscalité. Dans tous les cas, il s’agit de sommes très considérables et, du fait que cette réforme ne prévoit de supprimer aucune strate existante, ce nouveau budget nécessitera des abondements supplémentaires, probablement de nouveaux impôts. Il faudra en effet financer de nouveaux personnels mais aussi, probablement,

un nouveau siège pour cette métropole. C’est un chèque en blanc qu’on nous demande de signer, faute de réponse sur cette question. Outre le coût exorbitant de la dotation de fonctionnement de cette suprastructure alimentée par les ressources prélevées sur les collectivités, il faudra s’attendre à une augmentation des prélèvements fiscaux… Vous êtes élu dans une collectivité territoriale, comment percevez-vous les futures conséquences de cette réforme ?

J’ai dénoncé lors des débats à l’Assemblée nationale, et je dénonce encore le choc de complexité et d’inefficacité que représente cette réforme illustrée par la création d’un nouvel échelon politique et administratif, sorte de démocratie administrative parallèle. Ce texte est abscons et conduit à créer un Haut conseil des territoires présidé par le Premier ministre, des métropoles, des pôles ruraux, une conférence territoriale de l’action publique, des conseils des territoires et un schéma régional de coopération intercommunal présenté à une commission régionale de coopération intercommunale, elle-même constituée de commissions départementales de la coopération intercommunale ! Et cet ensemble doit s’articuler avec les collectivités existantes : régions, départements, intercommunalités et communes. C’est ubuesque ! Le Gouvernement et sa majorité ont livré l’avenir des communes à un monstre technocratique qui exhale le poison d’un centralisme exacerbé, idéologique et destructeur de nos territoires et de la démocratie locale. Je ne vous citerai qu’un exemple, pris dans le département dont je suis, le Val-de-Marne. Une partie travaille avec l’établissement public d’aménagement de Marne-la-vallée, une partie du 93, et une partie du 77, ce qui signifie qu’il y aura une césure en deux, ou trois, ou plus encore, de manière totalement arbitraire. Des projets pour lesquels des villes se sont investies durablement, des projets créateurs de nombreux emplois, dans lesquels les habitants ont mis beaucoup de leur cœur et de leur histoire ne verront pas le jour. Cette réforme passe à côté de choses si évidentes que si le Gouvernement avait été attentif aux recommandations des élus, des maires, il aurait su pourquoi ils ne pouvaient pas scinder arbitrairement ainsi la région Île-de-France et

pourquoi ils auraient dû épouser, à tout le moins, les communautés de projets. Enfin, cette réforme remet en cause la compétence des maires en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire communal puisque la Métropole de Paris sera chargée d’établir un plan métropolitain de l’habitat et de l’hébergement qui s’imposera aux documents locaux d’urbanisme. Ainsi, Saint-Maur, ville dont je suis élu, se verra imposer des décisions contraires aux choix des Saint-Mauriens et perdra toute prise de décision sur son avenir. Que proposez-vous ?

Je propose de s’opposer fermement à cette réforme qui ne prend pas en compte les spécificités historiques et géographiques des communes en confisquant le pouvoir des maires en matière d’urbanisme, d’aménagement et de logement. J’ai demandé au Gouvernement le retrait immédiat de cette réforme et l’organisation d’une véritable concertation avec l’ensemble des communes pour remettre à plat le projet de loi de décentralisation dans son ensemble. Lors des débats à l’Assemblée nationale de cette réforme, j’ai aussi interpellé la ministre sur la nécessité de simplifier le mille-feuille administratif, source de dérives des finances publiques ; de rendre plus simples, plus lisibles et plus accessibles les processus de décision pour les acteurs publics ; d’un acte fort de décentralisation basé sur la confiance, le respect et la responsabilité des élus locaux, notamment des maires. J’ai une conception toute autre de la métropole, fondée sur la légitimité du suffrage universel, sur le respect des libertés locales et sur la possibilité de laisser aux Français le choix de leur avenir. Le véritable enjeu, les véritables besoins de modernisation de l’action publique, résident dans la lisibilité de l’action publique, dans la simplification des processus de décision, dans l’affirmation de l’identité des territoires, dans la capacité d’expérimentation et d’innovation des acteurs publics, dans le respect du principe de subsidiarité dans l’exercice de la clause de compétence générale. ●

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FORMATION PROFESSIONNELLE : UNE OCCASION MANQUÉE ! P hilippe Vigier

Michel Sapin vient de présenter une réforme de la formation professionnelle qu’il a présentée comme la «nouvelle arme antichômage du gouvernement». Cette réforme s’inscrit dans le cadre du pacte de responsabilité. Philippe Vigier, député d’Eure-et-Loir, qui représente le groupe Union des Démocrates et Indépendants (UDI) dans le cadre des consultations sur le pacte de responsabilité menées par le Premier ministre, dénonce lui une «occasion manquée» et avance plusieurs pistes pour une réforme de la formation professionnelle «ambitieuse».

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Notre système de formation professionnelle permet-il de répondre aux objectifs qui lui ont été assignés ?

I

mparfaitement.

Ce système a été créé en 1971 et n’a jamais été véritablement dépoussiéré. Or, des bouleversements sociaux, économiques ou technologiques sont intervenus à l’échelle mondiale depuis quarante ans. Avec 31,3 milliards d’euros, la formation professionnelle mobilise en France un effort de financement considérable sans pour autant permettre un accès équitable à la connaissance, véritablement sécuriser les parcours professionnels ou favoriser la promotion professionnelle. Il est devenu urgent de moderniser notre système de formation professionnelle pour l’adapter à un monde ouvert aux échanges et qui évolue à toute vitesse. Il s’agit d’un enjeu majeur pour que la France reste dans le peloton de tête.

Quels sont les carences de notre système de formation professionnelle ?

Il est inégalitaire : il pénalise les salariés des petites entreprises par rapport à celle des grandes, les ouvriers par rapport aux cadres, les femmes par rapport aux hommes et les chômeurs par rapport aux actifs. Son financement est complexe et opaque : il existe trois contributions distinctes, des obligations de financement qui varient en fonction de la taille de l’entreprise et la collecte des fonds de la formation professionnelle est assurée par des organismes différents qui appliquent chacun leurs propres règles de gestion. Sa gouvernance est caractérisée par l’éparpillement : Etat, régions, partenaires du dialogue social, entreprises, organismes de formation continuent de se marcher sur les pieds. Sans pilote dans l’avion, les filières de formation sont artificiellement pourvues, parfois au mépris des aspirations personnelles, des spécificités


des bassins d’emplois ou des compétences dont la France aura besoin demain. Qu’est-ce qu’un système de formation professionnelle plus performant pourrait apporter ?

La formation professionnelle est un outil indispensable qui doit permettre à la France de sortir de la crise et d’affronter demain les défis de la mondialisation. Quatre cent mille offres d’emplois demeurent sans réponses chaque année : la formation professionnelle devrait permettre de mettre en adéquation les profils des candidats et les besoins du recruteur et mettre un terme à cet immense gâchis. Les parcours sont de moins en moins linéaires et le développement des compétences des salariés doit permettre d’améliorer la compétitivité des entreprises : la formation professionnelle doit être le trait d’union entre les désirs d’évolution des salariés et les besoins nouveaux des entreprises. Chaque nouvelle fermeture d’usine est vécue comme un drame national : la formation professionnelle est une réponse à la fatalité, elle doit donner une seconde chance à celles et ceux qui se trouvent dans l’impasse. Le projet de loi relatif à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale issu de l’accord du 14 décembre 2013 est actuellement examiné par le Parlement. Est-il à la hauteur des enjeux ?

Pas plus que le précédent. Nous sommes face à un projet de loi frileux alors même qu’il faudrait réformer en profondeur. Cette réforme est articulée autour de deux nouveautés : la création

Sans pilote dans l’avion, les filières de formation sont artificiellement pourvues, parfois au mépris des aspirations personnelles, des spécificités des bassins d’emplois ou des compétences dont la France aura besoin demain. d’un Compte Personnel de Formation qui remplacera le Droit Individuel à la Formation à partir du 1er janvier 2015, qui va dans le bon sens mais demeure insuffisant, et la modification de l’obligation fiscale de financement au titre du plan de formation, qui risque à terme de pénaliser les salariés des Petites et Moyennes Entreprises. Ce projet de loi ne répond à aucune des questions fondamentales qui peuvent nous permettre d’améliorer notre système de formation professionnelle. Quelles sont ces questions essentielles auxquelles cette réforme aurait dû répondre ?

Peut-on réformer la formation professionnelle sans réformer profondément notre démocratie sociale, faire toute la transparence sur l’argent des syndicats et en acceptant la mainmise des organismes de formation sur le système ? Les besoins en formation ne doivent-ils pas être enfin définis par le salarié ou le chômeur, en accord avec les entreprises d’un bassin d’emploi pour être véritablement efficaces ? Comment mieux évaluer les résultats de la formation professionnelle ? Chaque euro dépensé est-il un euro utile au salarié et à l’entreprise ? Ne faudrait-il pas confier la responsabilité de la gouvernance de la

formation professionnelle à une seule entité ? Sans apporter une réponse claire, ambitieuse et courageuse à ces questions, la formation professionnelle continuera de fonctionner en «sous-régime». Vous avez des propositions concrètes à formuler pour améliorer la formation professionnelle ?

Je fais trois propositions simples pour améliorer la formation professionnelle : pour structurer l’offre de formation autour des besoins des salariés et adapter l’offre de formation aux besoins économiques des territoires, il faut mettre en place une nouvelle gouvernance unique, assurée par les conseils régionaux. Pour répondre à l’urgence du chômage, je propose la création de fonds régionaux d’urgence pour sécuriser les transitions professionnelles suite à des fermetures d’entreprises. Je propose enfin que les chômeurs de longue durée aient une obligation de formation, correspondant en priorité à des offres d’emplois disponibles, et que le respect de cette obligation conditionne le versement des indemnités chômage. ●

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Nos parlementaires parlent et agissent

LA COMPÉTITIVITÉ PASSE AUSSI PAR L’ATTRACTIVITÉ DE LA PLACE FINANCIÈRE M eyer Habib

Meyer HABIB est député de la 8e circonscription des Français de l’étranger (Israël, Italie, Vatican, Saint-Marin, Grèce, Malte, Chypre, Turquie) et ancien vice-président du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France). Il était directeur général adjoint de la marque Citizen, et dirige le Groupe Vendôme, actif dans le domaine du luxe. 46

Face à la crise, le changement de pied du Président de la République est-il une bonne nouvelle ?

L

France traverse une crise d’une magnitude effrayante. Et malheureusement, le Gouvernement a mis trop longtemps pour en prendre la mesure. Durant 18 mois, il a pris quelques bonnes mais timides mesures, comme le CICE. Mais, laissant l’idéologie a

l’emporter sur le bon sens et sur le pragmatisme, le Gouvernement n’a pas su réduire les déficits ni baisser les dépenses de l’État. Il n’a pas voulu mettre en place une fiscalité efficace. L’augmentation des impôts a touché de plein fouet les classes moyennes ainsi que les entreprises, grandes et petites. Ainsi, les entreprises ont vu les impôts augmenter de près de 20 milliards d’euros pour 2013. L’impôt étouffe l’économie française.


Les dernières déclarations du président de la République tranchent cependant avec les positions habituelles d’une gauche qui peine à rentrer dans le 21e siècle. Au pacte de responsabilité, on est tenté de répondre : Banco ! La France a besoin de réformes ambitieuses, et il faut espérer que le pouvoir en place ait le courage d’apporter des vraies solutions. Si le Gouvernement prend des mesures à la hauteur des enjeux, il faudra l’accompagner. La France ne peut pas se permettre d’attendre. Concrètement, que doit-on faire pour relancer la compétitivité de l’économie française ?

D’abord, il faut reconnaître un changement structurel dans le débat politique français. Le mot compétitivité était jusqu’ici considéré comme un «gros mot» dans la bouche des socialistes. Aujourd’hui, tout le monde ne jure plus que par ce concept. Il faut saluer cette évolution. Certes, elle ne se traduit pas encore suffisamment dans les politiques mises en œuvre, mais il ne faut pas sous-estimer cette transformation sémantique. Le rapport Gallois, commandé par le Gouvernement, est une excellente feuille de route. Dommage qu’il ait été si vite mis au placard ! Dans un rapport au ministre de l’économie, l’association représentant la place financière de Paris, Paris Europlace, propose aussi des pistes intéressantes permettant de dynamiser notre économie en favorisant l’accès des PME et des grandes entreprises à un financement durable. La finance est souvent décriée par les politiques. Or vous n’avez pas peur de dire qu’elle doit être au cœur de la compétitivité de notre économie. Pourquoi ?

Il faut aller au-delà des concepts simplificateurs qui opposent les gentils entrepreneurs et les méchants financiers. Parler de la finance comme d’un «ennemi sans visage» qui avance à «visage couvert», c’est n’avoir rien compris aux enjeux d’un écosystème économique efficace. Sans oublier les excès aux conséquences dramatiques de la fin des années 2000, considérer la finance comme un ennemi est une faute. C’est voir le monde à travers un prisme idéologique. Or le vrai combat pour la France, ce n’est pas de

disserter sur des concepts éloignés de la réalité, mais c’est de mettre les mains dans le cambouis pour créer un écosystème économique permettant aux entrepreneurs, aux PME, aux grandes entreprises, de financer leurs projets, de se développer, et de créer de l’emploi. Quand GDF Suez veut construire un barrage au Brésil, il a besoin de mobiliser des capitaux. Il faut donc que nos banques françaises soient en mesure de l’accompagner. Quand le jeune Laurent Decaux lance sa chaine de magasins de vins Nysa à la sortie de Sciences Po, quand les jeunes Augustin Paluel-Marmont et Michel de Rovira lancent leur marque Michel & Augustin à

Quelles mesures concrètes proposez-vous pour améliorer la compétitivité de la Place financière de Paris?

Il faut renforcer la compétitivité et la stabilité du cadre réglementaire et fiscal. Cela passe notamment par une fiscalité plus attractive. En faisant passer le taux d’imposition du résultat comptable avant impôt de 38% en 2010 à 63% en 2012, nous plombons nos banques françaises… Il faut aussi renoncer au projet de taxe européenne sur les transactions financières tel qu’il est proposé. Les premiers touchés de cette fausse bonne idée seront évidemment les entre-

Parler de la finance comme un «ennemi sans visage» qui avance à «visage couvert», c’est n’avoir rien compris aux enjeux d’un écosystème économique efficace. la sortie de l’ESCP, ils ont besoin de financement pour lancer ces aventures ! Dix ans plus tard, ils ont des besoins de produits financiers différents pour accompagner une nouvelle étape de leur croissance. Demain, peut-être, ils auront besoin de financement pour faire une acquisition… Peut-être qu’ils auront besoin de trouver des acheteurs, capables de mobiliser des capitaux pour leur racheter leur entreprise. La finance occupe donc un rôle clé auprès des entreprises à chaque étape. Pour qu’elles puissent se développer et créer de l’emploi, il est essentiel que ces entreprises de toutes tailles évoluent dans un écosystème compétitif avec un secteur financier dynamique. Comment financer nos entreprises de façon compétitive par l’inter-médiation et par les marchés? Comment mobiliser des capitaux pour accompagner l’économie du futur (les hautes technologies et les services) ? Comment drainer l’épargne longue vers le financement des entrepreneurs plutôt que vers l’immobilier ? Et comment réguler la finance de façon intelligente, souple et efficace, de façon à éviter les excès de la fin des années 2000 sans pour autant étouffer la croissance ? La France doit trouver des réponses concrètes et efficaces à ces questions.

prises, dont l’accès aux produits de financement de leurs projets industriels sera restreint. Le ministre de l’économie Pierre Moscovici semble avoir compris cela. Il faut aussi développer l’épargne financière longue en faisant la promotion d’une fiscalité incitative. Je préfère que l’épargne des français soit utilisée pour financer les projets des Laurent Decaux, Michel & Augustin et autres entrepreneurs courageux, plutôt qu’elle ne dorme sur des comptes moins utiles pour l’économie française. La France compte quatre mille cinq cents business : on en compte dix fois plus en GrandeBretagne, cent fois plus États-Unis. ● GEEA propose dans son livre blanc…

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ILLUSION OU BON SENS : QUEL SORT À ACCORDER À LA TVA SOCIALE ? P hilippe Dominati et François Baroin Adoptée à la fin du mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy, la TVA sociale avait pour objectif d’augmenter le taux normal de TVA à 21,6% en contrepartie d’un allègement des charges patronales. L’actuelle majorité socialiste s’était empressée de supprimer cette réforme symbolique du quinquennat de Nicolas Sarkozy… avant de revenir, deux ans après, avec un CICE contesté et une augmentation des taux normaux et intermédiaires sur la valeur ajoutée. La TVA sociale est-elle un remède aux problèmes de compétitivité ? Philippe Dominati, sénateur UMP de Paris, membre de la commission des finances, ne croit pas en l’opportunité d’une telle mesure. Il s’est d’ailleurs distingué lors de l’examen du projet de loi de finances rectificatif pour 2012 en ne soutenant pas l’amendement de son groupe politique à ce sujet. François Baroin, député de l’Aube, reste convaincu par la nécessité de la TVA sociale pour doper la croissance. Il a d’ailleurs défendu cette réforme lorsqu’il était ministre de l’économie.

Quels sont les objectifs de la TVA sociale et quelles seraient ses conséquences ?

compter que dans les zones frontalières cette mesure incitera les riverains à acheter ces produits hors de France.

Philippe Dominati :

Enfin, une TVA sociale pour doper la compétitivité, ce dernier argument me semble disproportionné. Je ne peux que souscrire à cet objectif

C

ette mesure magique, pleine de promesses, pourrait résoudre un grand nombre de maux. Pourtant il s’agit d’une augmentation d’impôt de l’ordre de 13 milliards d’euros, payable par tous les Français, alors que ces derniers sont saturés par la pression fiscale. Sur le plan technique, le débat fut long et laborieux et il ne s’est achevé que par l’alternance qui a obligé l’opposition à se regrouper sur une posture qui se voulait cohérente.

Cette solution fiscale est censée détaxer le coût du travail en transférant sur le consommateur des charges qui incombent aujourd’hui à l’entreprise. Elle aurait pour vertu de faire contribuer les produits importés au financement de notre protection sociale et permettrait de lutter contre les délocalisations en dopant la compétitivité de nos entreprises. Ces trois atouts me semblent très contestables car, si je suis évidemment favorable à une baisse des charges sociales pour nos entreprises, je ne suis pas favorable à un transfert au détriment des consommateurs. Cette mesure est bénéfique pour la population active productive mais, au détriment de l’ensemble des Français. La droite n’a t- elle pour ambition que de transférer la charge fiscale alors que nous ne cessons de dénoncer le niveau historiquement élevé des prélèvements obligatoires ? Le deuxième argument, lutter contre les délocalisations, semble séduisant, mais ce n’est pas le produit qui paie l’impôt, c’est l’utilisateur. Croire qu’augmenter le prix d’un smartphone américain ou asiatique permettra à ces firmes de payer pour notre protection sociale est illusoire puisque en définitive c’est le ressortissant français qui paiera plus cher ce produit au détriment de son épargne ou de son pouvoir d’achat. Sans

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mais je doute qu’une mesure qui impactera l’ensemble de nos entreprises et dont la plupart sont des entreprises de service, par nature peu-délocalisables, fera gagner à nos entreprises industrielles une marge suffisamment significative pour lutter contre les industries des pays émergents. L’avantage peut s’inscrire dans l’espace européen à condition que nos voisins ne fassent pas de même. François Baroin : La TVA sociale a pour ambition de permettre le redressement de notre économie et de favoriser la compétitivité de nos entreprises. Ces objectifs sont nobles et structurants afin de répondre avec efficience au contexte économique et budgétaire présent. En effet, la crise économique et financière, sans référence comparable depuis 1929, a conduit les responsables politiques, que nous sommes, à concevoir de nouvelles réponses adaptées et soutenables tant pour


les contribuables que pour les entreprises. Une action guidée par le désir de maintenir une pression fiscale acceptable pour les ménages et les entreprises mais aussi de réduire la dette et les déficits publics. La TVA sociale a ainsi pour fondement de réaliser un transfert des charges imputables aux entreprises sur les consommateurs. Un mécanisme permettant de préserver et de renforcer la compétitivité de nos entreprises. Dans cet esprit, le Président Nicolas Sarkozy avait annoncé en février 2012, l’instauration de la TVA sociale permettant de garantir le financement de la protection sociale et de diminuer les charges sociales supportées par les entreprises. Initialement, la TVA a été instituée en 1954 sur le principe de mettre à contribution les consommateurs sans pour autant pénaliser les différents facteurs de notre système de production. Une taxe à la charge des consommateurs permet-

Une augmentation de TVA concevable en raison du fait que la France connaît un taux de TVA nettement inférieur à la moyenne des pays de l’Union Européenne. La moyenne des Etats membres de l’Union Européenne est de 21,45% et pour les Etats membres de la zone euro celle-ci est de 20,7%. Dans ce contexte, une réorientation de la fiscalité vers les consommateurs semble soutenable. En remontant les différents taux de TVA, le premier janvier 2014, le gouvernement estime collecter 6 milliards d’euros supplémentaires en 2014. Un alignement sur la moyenne de la zone euro permettrait ainsi près de 10 milliards d’euros de recettes supplémentaires au budget de l’État. Pour vous, la TVA n’est pas en mesure d’améliorer la compétitivité de nos entreprises ?

Philippe Dominati : S’il est clair que la diminution des charges sociales est de nature à améliorer les marges et la compétitivité de nos entreprises, je crains que le transfert de la charge financière d’une telle mesure sur le pouvoir d’achat des Français soit bien plus destructeur. François Baroin :

tant de générer annuellement près de 50% des recettes fiscales nettes de l’État. La TVA est ainsi la recette la plus importante pour l’État et a représenté pour le budget 2013 près de 141 milliards d’euro. La TVA est par sa nature classiquement qualifiée de taxe simple, transparente et prévisible par les acteurs économiques. Elle est ainsi considérée comme simple et transparente en raison du fait que celle-ci est supportée équitablement par l’ensemble des consommateurs. Par conséquent, le taux de recouvrement est nettement supérieur aux autres impôts, tel que l’impôt sur le revenu. La TVA demeure une charge fiscale juste, en raison d’une modulation de son taux, lequel est déterminé selon la nécessité du produit de consommation. Une assiette fiscale large et un faible taux sont les principes directeurs de la TVA, laquelle est par conséquent un des instruments du sérieux budgétaire tout en sauvegardant la compétitivité de nos entreprises.

La TVA sociale est incontestablement un des instruments permettant de repositionner la fiscalité au profit des entreprises, d’une part, en dopant leurs compétitivités et, d’autre part, en luttant contre la délocalisation de leurs activités. Des recettes supplémentaires générées par la hausse de la TVA, permettant de réduire les charges fiscales des entreprises, tout en préservant les contraintes budgétaires engagées et nécessaires. Un transfert de la pression fiscale entraînant une diminution du coût du travail et par conséquent un repositionnement efficient de nos entreprises sur les marchés européens et internationaux. La TVA sociale est un contrat de confiance entre les acteurs politiques et les acteurs économiques fondé sur le principe selon lequel une baisse des charges va entrainer une relance de l’activité, laquelle permettra ensuite une diminution du chômage. De cette équation structurante, nous devons créer des conditions d’un choc de compétitivité, structuré sur une baisse réelle du coût du travail. La TVA sociale est au service de la compétitivité car les produits importés sont tous soumis à la TVA quand ceux exportés y échappent par définition. Ainsi, la hausse de la TVA permet de faire

financer partiellement le déficit budgétaire par les importateurs. Cette mesure est tout de même souhaitée par une majorité de parlementaires UMP ?

Philippe Dominati : Oui mais, cette mesure est néfaste pour l’UMP sur le plan politique. Elle semble indiquer que nous ne sommes pas capables, contrairement à nos engagements, de réaliser des économies et que pour un gain de 13 milliards sur un total de 967 milliards d’euros nous ne pouvons qu’envisager un transfert de charges. Il faut pourtant se rappeler que cette mesure avait été pour la première fois suggérée par Jean-Louis BORLOO lors de son court passage au ministère des finances et que ce fut l’objet de son remplacement par Madame Christine LAGARDE en juin 2007. Ce fut ensuite Manuel VALLS et Jean-Marie LE GUEN qui proposèrent cette mesure le 14 octobre 2010 en s’inspirant de ce qu’avait fait le chancelier SCHROEDER en Allemagne sur un point de TVA. Cette idée est un progrès pour la gauche puisqu’elle admet que l’entreprise ne doit pas payer seule pour la protection sociale, mais cette idée est une régression pour la droite puisqu’elle semble démontrer son impuissance à s’orienter vers une baisse réelle des prélèvements obligatoires. D’ailleurs, les Français ne se laissent pas tromper et ils sont nombreux à ne pas faire confiance aux hommes politiques qui n’osent pas appeler une augmentation d’impôts par son vrai nom. A l’heure où, pour la troisième année consécutive, nous apprenons que la consommation est en stagnation, je ne peux souscrire à une mesure qui affecte aussi sûrement ce moteur de la croissance. François Baroin Le contexte économique et budgétaire actuel impose aux Parlementaires UMP, de faire preuve de sérieux et de responsabilité. Car il est illusoire de promettre une baisse globale de la pression fiscale. Il est ainsi nécessaire de réorienter la fiscalité en faveur des entreprises et de leurs investissements. La TVA sociale étant ainsi un des éléments constitutifs du pacte de confiance que nous devons passer avec les Français et en particulier avec les entrepreneurs afin de conserver notre compétitivité et notre attractivité économique et financière. ● 49


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L’EXPORTATION : UN POTENTIEL ILLIMITÉ POUR LES SAVOIR-FAIRE FRANÇAIS T hierry Mariani

Avec Thierry de Montbrial - fondateur et directeur général de l’Institut français des relations internationales et LEE Hsien Loong - premier ministre de Singapour.

Thierry Mariani, ancien Ministre, Député des Français de l’étranger, rappelle l’importance de l’exportation pour nos entreprises. La France doit donner l’envie d’exporter et transmettre l’image d’un pays industriel dynamique.

Le développement des entreprises françaises à l’international est souvent jugé insuffisant. On explique cette situation à la fois par une insuffisante compétitivité à l’export, un manque d’intérêt de nos entrepreneurs pour l’international, une action pas assez efficace des pouvoirs publics ou encore des réticences culturelles de la part des chefs d’entreprise français. Quel est votre analyse ?

S

les grands groupes français comme Alstom, Dassault, Danone ou l’Oréal sont très présents à l’international, nous pouvons déplorer la faiblesse de nos PME en matière d’exportation et d’investissement à l’étranger. En plus, d’un manque de compétitivité et d’une capacité d’investissement limitée, force 50

i

est de constater la frilosité de certaines de nos PME face à l’international. Aussi, nous devons améliorer l’efficacité globale de notre système de soutien à l’export. Si l’État ne peut se substituer aux entreprises, il a la mission de s’adapter en permanence aux besoins des entreprises d’autant plus qu’elles sont confrontées à une pression concurrentielle croissante. En comparaison, l’Allemagne a un système d’aides à l’export plus simple mais aussi plus efficace. Les Allemands peuvent s’appuyer sur des organismes de promotion très puissants et l’effort à l’exportation est plus rassemblé. En France, il y a une trop grande complexité des mécanismes publics de soutien et d’accompagnement de nos entreprises à l’étranger. Il faut que l’équipe que forment ensemble les différents acteurs soit réelle et que tous fonctionnent avec les mêmes objectifs sans se concurrencer. À cet égard, il y a urgence et nous devons rapidement prendre des mesures qui s’imposent ! En effet,


malgré une mobilisation grandissante des dispositifs publics de soutien aux exportations (de 225 à 320,17 millions d’euros entre 2008 et 2012) le déficit commercial apparu en 2002 ne cesse de croître en atteignant le record historique de 74 milliards en 2011. La réforme de nos structures publiques destinées à accompagner le développement international de nos entreprises est un véritable «serpent de mer». Quels principes devraient guider cette réforme pour lui assurer une efficacité maximale ?

Aujourd’hui, seulement 10% des entreprises qui exportent utilisent des dispositifs de soutien pilotés par l’État (hors dispositifs régionaux). Le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) International accomplit un formidable travail mais peut parfois faire partiellement doublon avec les bénéficiaires des dispositifs étatiques. Selon une enquête réalisée par l’IFOP pour l’OSCI (organisation professionnelle des Opérateurs Spécialisés du Commerce International), les chefs d’entreprise estiment le système français de soutien à l’export peu ou pas efficace (61%), peu ou pas compréhensible (66%) et peu ou pas adapté au contexte économique actuel (67%). Ainsi, il apparait qu’une concertation est nécessaire avec les entreprises. Ce sont elles les utilisatrices du réseau, et elles sont, par la même, les plus capables d’en diagnostiquer les faiblesses et d’en concevoir la réforme, y compris de manière différenciée en fonctions des situations locales. Il me parait également indispensable de consulter nos compatriotes établis à l’étranger, capables de nous apporter des compétences et des connaissances précieuses touchant nos marchés extérieurs.

En facilitant la circulation des Français, notre économie pourra bénéficier de leur expérience des marchés de l’export. des initiatives individuelles qui s’enrichissent constamment de nouveaux arrivants. Cependant, nos entreprises peinent trop souvent à trouver des collaborateurs susceptibles de piloter leur développement à l’international. Cette situation est imputable en partie à un manque d’ouverture dans les formations - je constate que la plupart des établissements travaillent aujourd’hui à combler ces lacunes. Elle s’explique également par une trop faible proportion de Français ayant une expérience professionnelle à l’étranger qui est pourtant un atout majeur pour notre économie. L’activité des citoyens français hors de nos frontières doit être valorisée au mieux, notamment au bénéfice des entreprises désireuses de conquérir des marchés à l’export. Le Volontariat International en Entreprises (VIE) constitue le principal instrument de cette politique (85% des volontaires étant embauchés à la sortie). Nous devons, par ailleurs, faciliter l’accès à ce type d’expérience à tous les jeunes actifs. Si, aujourd’hui, les grandes entreprises emploient plus facilement des VIE que les PME, nous devons favoriser l’emploi de VIE par les plus petites entreprises. Nous pourrions, par exemple, créer un contrat «post VIE» combinant à la fois des avantages du VIE (exonération de certaines charges) et des caractéristiques du contrat d’expatriation ce qui créerait une continuité bénéfique aux PME. Il m’apparaît essentiel de faire du VIE un moyen d’insertion internationale pour les jeunes actifs.

Le principal problème n’est-il pas historique et culturel  ? Les chefs d’entreprise français n’éprouvent-ils pas une invincible méfiance vis-à-vis de l’international ?

Les grands débats concernant le rayonnement économique de la France à l’international se concentrent en général sur la question de l’exportation et de l’investissement. Quel rôle devrait être reconnu aux Français qui s’établissent hors de nos frontières pour y créer des entreprises ?

Il faut quand même rappeler que la France continue d’être une grande puissance commerciale au niveau mondial. Selon l’agence Reuters, en 2012, notre pays est connu pour être le 3e pays le plus innovant du monde. La France s’inscrit avec succès dans la mondialisation grâce à nos grandes entreprises mais aussi grâce à

Les Français établis hors de France constituent une population de près de deux millions de personnes présente sur tous les continents. Porteparole de la France dans le monde, fers de lance de l’économie française, ils contribuent au rayonnement et à la diffusion du savoir-faire français. Le profil, les motivations et les activités de ces

citoyens français ont beaucoup évolué au cours des dernières années. Souvent stigmatisée par la Gauche, cette population reflète aujourd’hui parfaitement l’insertion de la France dans la mondialisation : elle inclut notamment des entrepreneurs, des salariés d’entreprises étrangères, des retraités et un nombre toujours croissant d’étudiants. En facilitant la circulation de ces expatriés entre la France et les pays où ils ont choisi de s’installer - grâce à la simplification des démarches administratives ou à la mise en place d’un régime fiscal favorisant le retour en France - l’économie française pourra bénéficier de leur expérience, notamment en ce qui concerne le développement des marchés à l’export. Aussi, il serait souhaitable de concevoir un dispositif répondant aux besoins propres des entrepreneurs français de l’étranger ne disposant pas d’une base en France. Les Chambres de commerce françaises ont un rôle déterminant à jouer et devraient être plus efficacement soutenues. ● Expatrié à Pékin, Benjamin Devos, chef d’entreprise de 34 ans, importe l’art de vivre Français en régalant les chinois ! Parti à la conquête de Pékin en 2005, Benjamin Devos est devenu en 8 ans une figure emblématique de la pâtisserie française en Chine. Lorsqu’il décide de s’installer en Chine, ce diplômé de l’école hôtelière de Vatel Bordeaux et de l’école hôtelière de Lausanne n’est pas un novice de l’expatriation. C’est, en effet, après plusieurs expériences professionnelles à l’étranger, notamment en Angleterre et aux États-Unis, qu’il décide d’élire domicile dans la capitale chinoise pour se lancer dans l’entrepreneuriat et y développer la chaine de boulangeries «Comptoirs de France» ou «Fapai 1855» en chinois. Son entreprise est aujourd’hui largement reconnue sur le marché comme étant garante de la qualité française. 12 boutiques offrent des produits français : pâtisserie/sandwicherie et chocolaterie aux habitants de Pékin. «Comptoirs de France» est devenu au fil du temps l’ambassade officielle du croissant à Pékin. Depuis son arrivée en Chine, ce jeune marié et père de deux enfants s’est également fortement impliqué dans la vie de la communauté française. En 2010, il s’engage dans un fond d’investissement, First Stone Equity, qui a pour vocation de financer, d’aider et d’accompagner les entrepreneurs français et occidentaux, aux projets pertinents, à s’implanter en Chine. ● 51


SOUTENIR LA CRÉATION D’EMPLOIS DANS LES TPE 52


Nos parlementaires parlent et agissent

PROPOSITION DE LOI Y ves Foulon Yves Foulon, député de la Gironde et maire d’Arcachon, est avocat. Depuis son élection à la députation en 2012, il a déposé plusieurs propositions de loi afin de soutenir les entreprises face aux lourdeurs administratives et au poids des charges. Il souhaite notamment mettre un terme à l’instabilité juridique qui menace la pérennité des entreprises et propose d’exonérer les TPE de cotisations sociales, patronales et salariales pendant un an pour toute embauche d’un nouveau salarié en CDI.

L

e seuil des trois millions de demandeurs d’emploi sans activité a été franchi en septembre 2013. Ainsi, un tiers de la population française en âge de travailler reste inactive malgré les tentatives du Gouvernement de freiner cette hausse par des emplois d’avenir, financées à 75% par l’État, dans le secteur public et associatif ou encore les contrats de génération.

Les difficultés économiques que connaît actuellement le pays ont fait de l’emploi la priorité. Les gouvernements successifs ont mis en place des séries de mesures pour y remédier : primes, exonérations, aides financières... Toutefois, du fait de la multiplication des plans, de leurs aménagements, de leur éparpillement dans le temps, il est difficile de s’y retrouver. C’est pourquoi les entreprises renoncent trop souvent à ces aides ou, dans l’ignorance, passent à côté d’un avantage dont elles auraient pu bénéficier. Tous les acteurs économiques devraient avoir à cœur de favoriser l’attractivité de notre pays en améliorant notamment la qualité de son dialogue social. Car le climat actuellement tendu entre syndicats et dirigeants est en partie la cause de la chute de 77% des investissements étrangers en France l’an dernier. C’est d’autant plus frappant que sur la même période, ils ont augmenté de presque 400% en Allemagne ! Certains dans notre pays ne veulent pas comprendre que l’instabilité sociale et fiscale réduit l’attractivité de la France. J’espère d’ailleurs que la proposition de résolution n°352 que j’ai déposée en novembre 2012 tendant à la création

d’une commission d’enquête sur le coût économique de l’instabilité juridique en matière fiscale et sociale, pourra être discutée et adoptée dans les prochains mois, car cette situation pousse malheureusement les entreprises à survivre en rognant sur la masse salariale et les embauches. Il n’existe pas actuellement de dispositif d’aide à l’embauche puissamment incitatif. Le dispositif «zéro charge» mis en place sous l’impulsion du Président Nicolas Sarkozy en décembre 2008 a permis environ un million d’embauches en 2009. Il s’agissait d’une aide de 185 euros par mois pendant un an pour les employeurs de moins de dix salariés recrutant un salarié au Smic. Lors de la campagne présidentielle de 2012, il avait également proposé d’exonérer de toutes charges patronales de façon permanente et dans la limite du plafond de la Sécurité sociale (2,2 Smic), les entreprises qui embaucheraient un chômeur de plus de cinquante-cinq ans en CDI ou en CDD de plus de six mois. M’inspirant de cet exemple, j’ai déposé en novembre 2013 une proposition de loi n° 1514 tendant à favoriser la création d’emplois dans les très petites entreprises. L’objectif de cette proposition de loi soutenue par une cinquantaine de députés UMP est d’exonérer de cotisations sociales, patronales et salariales, pendant un an toute entreprise de moins de dix salariés qui embaucherait un nouveau salarié en CDI. L’adoption de ce texte permettrait d’enrayer significativement le chômage, de soutenir de manière pérenne les TPE et l’artisanat, et de favoriser le secteur des services à la personne car ce dispositif pourrait également concerner les particuliers employeurs. ● GEEA propose dans son livre blanc…

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FILS FORMÉS

TRACTION

TORSION

COMPRESSION

Rue Benjamin Delessert – 60510 BRESLES Tél. : +333 44 07 34 34 Fax : +333 44 07 77 32 contact@rdosprings.com www.rdosprings.com


CARTES SUR TABLE Carte sur table a l’ambition de mettre en avant des chefs d’entreprise, des présidents d’association ou de coopératives qui ont pour mission de créer de la richesse en mettant l’individu au cœur du projet… à la condition que l’initiative soit innovante et apporte une valeur ajouté à la collectivité. L’activité peut aussi bien avoir trait aux domaines du handicap, de la santé ou toute autre finalité sociale. À l’occasion de ce numéro, GEEA met en avant l’action du Cosem, une association qui regroupe trois centres de santé à Paris. Au-delà de sa mission originelle via l’accès aux soins pour tous, sans que le patient n’ait à avancer les frais médicaux, le Cosem rompt avec l’image du dispensaire gris et vétuste trop souvent dénigrée. Il mise à la fois sur les soins de qualité, dans des locaux modernes et équipés au cœur des lieux de vie. En 2014, le Cosem a élargi sa palette de compétences en affectant un service spécifique à la prise en charge rapide des petits et moyens soins immédiats, dans un de ces centres, derrière l’Opéra Garnier. Une perspective intéressante pour les patients et les pouvoirs publics puisqu’il a pour but de participer au désengorgement des urgences hospitalières. Fini les longues files d’attente pour une jambe cassée, une plaie ou la poussée de fièvre d’un nouveau-né aux urgences. Cette médecine de proximité sera-t-elle la solution qui participera à remédier à la désertification médicale en milieu rural et dans certaines banlieues ?

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CARTES SUR TABLE LE COSEM : UNE PRISE EN CHARGE RAPIDE ET DE QUALITÉ POUR TOUS !

Situé dans le 9e arrondissement, à quelques pas de l’opéra Garnier, le centre du Cosem Auber est le dernier né des centres de santé parisiens. Remplaçant le centre Rome vieillissant et difficile à réaménager, le centre Cosem Auber a ouvert ses portes fin 2013. Cet immeuble tout neuf, d’un blanc immaculé pourrait rivaliser par son style, la modernité du matériel médical et son emplacement, avec les plus chics cabinets médicaux parisiens. Pourtant, la philosophie du Cosem est toujours la même depuis sa création en 1945 : permettre l’accès aux soins. Au tarif conventionné avec la sécurité sociale secteur 1 et conventionné avec deux cent cinquante mutuelles, les 56

patients n’ont pas à avancer les frais de santé pour bénéficier des prestations proposées par ce centre. Ils bénéficient du tiers payant. Le Cosem représente une vraie valeur ajoutée pour les habitants de la ville lumière, puisqu’à lui seul, il accomplit 30% de l’offre de soins parisienne en secteur 1. «Le but de notre association est d’offrir le meilleur et d’aller au bout de nos idées pour nos patients. Tous les bénéfices sont systématiquement réinvestis dans du matériel dernier cri. L’argent ne doit pas être un frein à l’accès aux soins» observe Daniel Dimermanas, Directeur Général des trois centres de santé du Cosem.

Dans le nouveau centre Auber, 1600 m2 sont mis à la disposition des patients, pour proposer une offre de soins très diversifiée sur un même site. Médecine générale, dermatologie, acupuncture, nutrition, pneumologie, gynécologie, ophtalmologie… Vingt-sept spécialités y sont représentées. Ouvert 6 jours sur 7, de 7h30 à 19h, les médecins généralistes, dentistes et prélèvements d’analyses reçoivent sans rendez-vous. Le Directeur Général du Cosem, Daniel Dimermanas, chirurgien dentiste de formation, a également installé un pôle dentaire ultramoderne pour répondre à tous les besoins en chirurgie, implantologie, orthodontie,


CARTES SUR TABLE

parodontie et stomatologie. Pour que les patients puissent gagner un temps précieux et leur éviter une succession de déplacements, tous les examens radiologiques nécessaires peuvent être effectués directement sur place, par des professionnels qualifiés. Un centre de médecine esthétique feutré, design, propice au bien-être est mis à la disposition de ceux qui veulent prendre soin de leur image. Grâce à une technologie non invasive et quasi indolore, des médecins de qualité répondront aux besoins de votre peau et de vos souhaits. Au menu pour préserver sa beauté, un traitement des rides, de la cellulite, des différents problèmes de peau, épilation définitive au laser ou encore retrait d’un tatouage… sont proposés à des prix abordables. Un service d'imagerie médicale qui cumule la radiologie générale, la radiologie dentaire ou encore la mammographie numérisée ainsi qu’un laboratoire de biologie médicale garantissant des prestations analytiques de haut niveau complètent l’offre de soins. Le centre

n’attend plus que l’autorisation de l’Agence Régional de Santé pour s’équiper d’un scanner et IRM. La particularité du Cosem, c’est d’avoir réussi à mettre le «savoir-faire» du secteur privé au service de la santé : une bonne gestion budgétaire, des économies d’échelle par l’intermédiaire d’achats groupés pour les trois centres sont les clefs du succès qui permettent au Cosem de garantir un accès aux soins à tous, aux tarifs conventionnés, tout en offrant une prestation de qualité. Trois cent soixantequinze praticiens du Cosem pour huit cent mille consultations annuelles participent à la réussite de cette aventure humaine.

bien sûr, il y a les soins vitaux, les pathologies et accidents graves mais le plus grand nombre des actes sont réalisés en faveur des soins immédiats de faible à moyenne gravité. L’originalité du Cosem est d’avoir su innover dans l’offre de soins en mettant à disposition des soins urgents de proximité pour pallier à la saturation des hôpitaux. Dans son tout nouveau service «Urgent Care», ouvert depuis janvier dernier, les huit médecins urgentistes et les quatre infirmiers se relaient pour offrir une offre de soins complémentaire à celles prodiguées au sein des urgences hospitalières.

LE COSEM INNOVE EN OFFRANT LES SOINS IMMÉDIATS

Un projet dont les médias se sont emparés : BFMTV, le Figaro, le JT de TF1, France 5 ou encore le Parisien ; en raison de l’énorme potentiel qu’offre cette innovation existant déjà dans de nombreux pays dont les États-Unis.

Selon la fédération hospitalière de France, dix-huit millions de personnes, se rendent aux urgences hospitalières chaque année. C’est cinq millions de plus qu’il y a dix ans. Alors

Le Docteur Patrick Vidal, médecin urgentiste, ancien chef de service de l’hôpital Simone-Veil (95), pilote ce nouveau service depuis le début du projet. 57


CARTES SUR TABLE

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De part son expérience au sein des hôpitaux, il a vu de l’intérieur le fonctionnement des services d’urgence, le plus souvent surchargés où se mélangent tous types d’urgences, les personnes âgées, la psychiatrie et les problèmes sociaux. Il a pris conscience de l’intérêt de la création d’un cycle court de consultations pour les urgences à faible et moyenne gravité qui prennent trop de temps à l’hôpital et qui dans une structure plus légère, gérée par des médecins urgentistes avec un plateau technique performant (radio et labo) sont pris en charge dans des délais plus courts. Il revendique ce système de gestion des flux de patients sachant que ce modèle de «walk’in clinic» existe déjà aux États-Unis. «J’ai visité à New-York ce type de structure pour observer leur fonctionnement. Sans comparer le système de santé Français et américain, j’ai trouvé que c’était parfaitement adapté à la France.» De plus, la situation du centre Auber au cœur de la ville, dans un cadre cosy permet au patient d’être accueilli dans un contexte moins anxiogène pour ce type d’urgences avec un gain de temps énorme ! «À l’hôpital, une entorse de la cheville peut nécessiter trois à quatre heures d’attente. Au Cosem, nous prenons en charge les patients qui sortent du centre avec un diagnostic et / ou des réponses à leurs questions en moins d’une heure.». En cas d’urgence vitale, le patient est stabilisé puis transféré à l’hôpital…ces situations

sont rares et ne représentent même pas une personne par semaine, explique le docteur Vidal. «Le premier mois, nous avons reçu et réadressé trois personnes à l’hôpital, par le Samu, pour des syndromes coronariens aigus». Urgent care est une autre façon de prendre en charge les soins urgents du quotidien.

LA MÉDECINE DE DEMAIN, ELLE EST DÉJÀ CONNECTÉE AU COSEM : Au-delà du déficit gargantuesque de la sécurité sociale, la France doit faire face à une diminution importante du nombre de médecins. Malgré un relèvement du numerus clausus en 2012, il faut compenser, dans l’immédiat, la disparition de 6% par an du nombre de médecins, soit 30% sur les cinq prochaines années. A titre d’exemple, il n’y a jamais eu autant de postes à pourvoir chez les urgentistes. Selon les résultats du second baromètre d’Appel Medical Search (groupe Randstad), les urgentistes sont l’une des spécialités les plus recherchées. Elle affiche ainsi la plus forte progression (+40%) des offres d’emploi entre mai et septembre 2013. Le Cosem cherche des remèdes pour corriger ces deux carcans liés à l’assurance maladie. Les médecins manquent de temps pour être à l’écoute du patient et les patients, quant à eux, n’osent pas forcément se confier sur des syndromes, dont les conséquences sont parfois bien plus profondes et inhérentes à la situation

familiale ou professionnelle. Le Cosem a souhaité donner davantage de responsabilité aux infirmiers qui accompagnent le malade lors de sa prise en charge : en l’écoutant, en l’aidant à remplir le questionnaire médical et en consignant ses signes vitaux (température, pouls, respiration et pression artérielle). Comme le geste du grand chirurgien, le médecin se concentre sur le diagnostic et grâce à cette délégation de compétence, c’est 40% de temps gagné. D’ailleurs, pour l’aider à mieux appréhender le parcours de soins du patient, le médecin se base sur le dossier médical personnel qui évolue dans les réseaux informatiques du Cosem depuis déjà 11 ans ; bien avant son lancement national de 2010. L’informatisation du Cosem permet aux professionnels de santé de travailler sur une base de pathologie importante puisque huit cent mille consultations ont lieu chaque année. Grâce à ce dispositif, des mesures adéquates ont pu être prises rapidement au moment du scandale du médiator. Grâce à cette mise en ligne des dossiers médicaux, le Cosem participe activement à la baisse des dépenses de santé. Actuellement, la France consomme 11,7% de son PIB en dépense de santé et ce chiffre s’accroît dangereusement de 4,2% par an. Le numérique permet de pondérer cette courbe dramatique. En réussissant à garder une historicité de données, on arrive à optimiser le système de santé de manière considérable grâce à la réduction des actes médicaux non nécessaires. ●

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PORTRAIT François Delhaye, l’autodidacte audacieux

I

à Beauvais dans l’Oise depuis 1963, Telecoise est une entreprise de second œuvre. Elle aménage et équipe des logements et bâtiments du secteur tertiaire (maison de retraite, collège, lycée, résidence étudiante...) en électricité générale, éclairage public, alarmes, chauffage solaire, géothermie et en aérothermie. mplantée

Reconnue pour son savoir-faire, son rayon d’action géographique s’étend dans l’axe nord-sud de Doullens à Melun et dans l’axe est-ouest de Meaux à Pont-Audemer. Fort d’un effectif de 265 salariés, cette réussite entrepreneuriale se caractérise par une solide implication dans le domaine de l’apprentissage : 10% de son effectif est composé d’apprentis. Avec une moyenne d’âge de 32 ans, l’ensemble de la classe politique, droite et gauche confondue, affiche Telecoise comme

un modèle d’intégration professionnelle par la transmission des savoirs. François Delhaye, son PDG, est l’exemple même de la réussite par l’apprentissage. L’originalité de son parcours, c’est qu’il n’a suivi initialement aucune formation en électricité ni en gestion d’une entreprise avant d’entrer chez Telecoise en 1973. C’était pour suivre un stage de dessins, six mois. Il quittera l’entreprise le temps de son service militaire pour ne plus la quitter ensuite. Il gravira un à un tous les échelons, suivant parallèlement des formations au conservatoire des arts et métiers, de dessinateur à métreur, chef de chantier, à conducteur de travaux, d’acheteur à directeur technique… Monsieur Bottigliengo, l’homme qui lui aura donné sa chance, lui confiera la charge de gérer la comptabilité fournisseurs puis celle du service clients. Lorsqu’il cédera l’entreprise à son protégé, en janvier 1993, ce sera avec

l’assentiment des cadres qui l’avaient formé. « On me surnommait, à cette époque, le plus ancien des jeunes et le plus jeune des anciens » se rappelle François Delhaye. Entrepreneur passionné, François Delhaye s’implique aussi au sein de la fédération départementale du bâtiment où il y occupe la vice-présidence et en tant qu’administrateur de BTP CFA Picardie pour valoriser l’apprentissage et aussi de l’OPCA du bâtiment. Sa déontologie et la saine gestion de son entreprise le conduiront jusqu’à la présidence du tribunal de commerce de Beauvais en 2009. Grâce à la connaissance des difficultés rencontrées par les chefs d’entreprise et son action en faveur de la formation, François Delhaye est un atout important pour GEEA.

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Interview de François Delhaye… Telecoise s’illustre comme une entreprise modèle sur l’emploi des jeunes. François Fillon, Premier ministre, est venu visiter votre structure et y a évoqué le plan d’action en faveur de l’alternance, en août 2011. Il était, par ailleurs, accompagné d’une bonne partie de son Gouvernement. Il y a quelques semaines, Bernard Cazeneuve, ministre du Budget, s’y est déplacé également. Quelles actions menez-vous pour être si populaire auprès des responsables politiques ?

Telecoise recrute et fidélise son personnel grâce à une politique ambitieuse de formation professionnelle. Depuis 10 ans, environ 25 apprentis sont constamment présents chez nous. On donne beaucoup d’importance aux diplômes, c’est appréciable mais ce qui compte, c’est la culture d’entreprise. Au cours de toutes ces années, j’ai pu constater que les ingénieurs, à la sortie de l’école, sont dans l’incapacité à rentrer dans le monde professionnel. Peut-être sont-ils trop formatés par le système scolaire mais, en tout cas, ils ne connaissent pas les codes du monde de l’entreprise. Les apprentis s’intègrent plus facilement. Ils la voient dans ses bons et moins bons jours, intègrent son fonctionnement, analysent ses besoins, apprennent à parler sa langue. A peine 7 % des jeunes français de 16-25 ans sont en alternance contre 17 % en Allemagne. J’ai à cœur, comme en Allemagne, de faire en sorte que cette culture d’entreprise soit inculquée dès le plus jeune âge. L’entreprise est un outil de travail qui est au service des salariés..

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Grâce à l’apprentissage, les jeunes trouvent plus facilement un travail, le taux d’insertion est voisin de 80%. C’est bien plus efficace qu’un emploi aidé non-marchand dont le taux de probabilité pour trouver un travail est faible. Plus que tout autre méthode, je crois beaucoup en l’insertion par l’économie. Par cet intermédiaire, j’ai à cœur de faire fonctionner l’ascenseur social. La dévalorisation de l’apprentissage détourne de nombreux jeunes sortis du parcours scolaire du monde du travail. Pourtant, c’est une solution d’emploi durable ! On parle de 120 000 jeunes par an sans formation. C’est énorme ! A ceci s’ajoutent souvent des problèmes familiaux. Il est important de leur donner une chance et leur montrer qu’ils peuvent s’épanouir dans le milieu du travail. Beaucoup d’entre eux pensent qu’ils n’auront jamais accès à l’emploi. J’ai ouvert une classe au sein de mon entreprise. C’est une plateforme pédagogique accessible à mes confrères et concurrents et aussi aux centres de formation d’apprentis. L’objectif est de former les jeunes, qui n’ont pas de qualification, à réaliser des tâches spécifiques ; dans un premier temps, je propose un stage de deux mois qui se termine très souvent par un contrat de professionnalisation qui s’étend sur huit mois. Je leur donne des tâches qui ne demandent pas de compétence particulière en électricité ; la pose des pieuvres par exemple. C’est un tremplin pour donner le goût et la satisfaction du travail et la plupart d’entre eux s’orientent vers une formation. La réinsertion est souvent le déclic qui leur permet de réorganiser leur vie. Nous avons recruté 40 personnes grâce à cette formation. Telecoise est précurseur dans ce domaine et nous avons le soutien de la DIRECTE et du Conseil Régional pour continuer sur cette voie.

En tant qu’acteur singulier de la formation, quelles sont les solutions qui vous semblent les plus appropriées pour rendre l’apprentissage plus attractif ?

Concrètement, il y a plus de demandes de contrat d’apprentissage que d’entreprises qui recrutent, notre secteur d’activité étant en régression sensible depuis bientôt 3 ans. Embaucher un apprenti représente un coût pour l’entreprise. Il faudrait pérenniser les incitations financières et fiscales. Les démarches administratives sont beaucoup trop complexes : il y a trop d’acteurs et les aides aux entreprises sont trop diverses. Entre les exonérations de charges, les primes d’apprentissage, le crédit d’impôt, le bonus en cas de dépassement du quota de 3 % d’alternants, les chefs d’entreprise sont perdus. Les métiers du bâtiment ont été longtemps dévalorisés car considérés comme physiquement pénibles. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une sinécure mais Telecoise a beaucoup travaillé sur la pénibilité des charges à transporter. Désormais, pas un seul colis qui sort de l’entreprise ne fait plus de 25 kilos. L’image de notre secteur doit être renouvelée. C’est une question de mentalité. Dans le secteur du bâtiment, on peut très bien gagner sa vie. Aujourd’hui, un électricien dans le bâtiment est mieux payé que dans l’industrie. Pensez-vous que le CICE est une réponse suffisante aux attentes des entrepreneurs ?

Le CICE est une usine à gaz mais il apportera, d’ici le mois de mai, des effets concrets sur la baisse de charges pour les employeurs qui remplissent les conditions et qui ont fait les démarches. Je comprends qu’en termes de finances publiques, il soit plus simple pour le Gouvernement de décaler l’allégement des charges dans le temps. Bien sûr, j’aurais


préféré que cette mesure soit directement liée à l’exercice comptable de l’année en cours et qu’elle soit applicable à l’ensemble des entreprises. Cela aurait été beaucoup plus simple et perceptible pour les acteurs économiques. Un avantage : la possibilité de le faire préfinancer par la BPI après accord du trésor public. Mais les chefs d’entreprise d’une manière générale ne demandent pas d’aide. Ils attendent de l’activité et une égalité entre les entreprises. Vous êtes très impliqué dans les actions menées par GEEA et participez à ses différentes activités. Quelles pistes proposez-vous pour améliorer le sort des entreprises ?

Les entreprises ont besoin de stabilité. Avant de faire des investissements, elles veulent s’assurer que le dispositif proposé par les responsables politiques soit maintenu sur la durée. Nous avons connu beaucoup trop de désillusion. Aujourd’hui, la parole du politique a perdu toute crédibilité. Je pense à quelques confrères qui se sont retrouvés dans des situations délicates parce qu’ils ont cru aux promesses du Grenelle de l’environnement. Ils avaient investi dans le secteur du photovoltaïque, avaient formé leurs salariés. Pour finir, la baisse des incitations voir leur suppression liée à la baisse du prix de rachat de l’électricité produite par le photovoltaïque ont fait que l’installation n’était plus assez rentable pour les ménages. S’aventurer dans ce débouché a été désastreux pour certains d’entre nous. Un des sujets sur lesquels je me bats concerne la stricte application de la loi de modernisation de l’économie de 2008 et plus particulièrement le respect du délai de 45 jours pour le paiement des entreprises dans le cadre des marchés privés. Alors qu’elle a été longtemps critiquée, l’Administration paie désormais mieux les entreprises. Il reste, bien sûr, des collectivités locales

qui ne respectent pas les délais de paiement, mais globalement, la profession constate une légère amélioration. 25% des défaillances d’entreprises sont dues à des retards de paiements. Si l’entreprise n’est pas rémunérée pour le service ou la tâche accomplie, elle ne peut pas non plus régler les fournisseurs. Cette question du respect des délais de paiement est cruciale. C’est un enjeu macroéconomique majeur. Trop souvent, les maitres d’ouvrage doivent relancer les maîtres d’oeuvre au sujet du paiement des situations. Au sein de Telecoise, j’emploie une personne et un mi-temps pour régler ces problèmes de règlement. D’après les chiffres de la fédération française du bâtiment, les donneurs d’ordre mettent entre 60 et 90 jours pour payer les entreprises. En attendant, nous devons payer nos fournisseurs dans les 45 jours. Cela met de nombreuses entreprises en difficulté, faute de trésorerie. . L’Assemblée nationale vient d’adopter en 1ère lecture une proposition de loi sur la sous-traitance et la lutte contre le dumping social. Pensez-vous qu’elle soit suffisante ?

Pour Cécile Duflot, ministre de l’égalité des territoires et du logement, le BTP n’est pas délocalisable. Or, faute de délocaliser le travail, ce sont des entreprises étrangères qui viennent travailler en France, avec des salariés qui n’ont ni les mêmes droits, ni les mêmes formations, ni les mêmes exigences que les travailleurs nationaux. Ils ne sont pas aux 35 heures et les charges sociales sont loin d’être équivalentes ! Avec l’arrivée des nouveaux entrants et le contournement des règles de détachement, la libre circulation en Europe conduit à une concurrence déloyale dans un secteur déjà très concurrentiel.

On compte 25 000 entreprises étrangères actives sur notre territoire. Le dumping social est un véritable fléau. C’est aussi un désastre social car les petites entreprises locales en étant écartées de ces gros chantiers, vont devoir licencier. Un des points positifs de la proposition de loi socialiste sur la sous-traitance et la lutte contre le dumping social est de rendre responsable solidairement le donneur d’ordre s’il n’exerce pas son devoir d’injonction et n’en informe pas l’inspection du travail. J’estime que la sous-traitance en chaine doit être interdite. Sinon, a minima, le client final doit en être informé. L’enjeu qui n’est pas abordé dans la proposition de loi est encore une fois celui des charges sociales, versées dans le pays d’origine de l’entreprise sous-traitante et non pas au fisc français. Il faut bien comprendre qu’y compris dans les commandes publiques, la faiblesse des prix arrive à un tel niveau qu’il est impossible d’appliquer le tarif minimum légal pour l’heure de travail. Y compris dans les marchés publics, la règle « du mieux disant » devrait être la seule à être applicable. Le code des marchés l’indique. Je deviens un chef d’entreprise obsolète : je suis attaché à la défense de l’emploi en France et considère que seul le patriotisme économique des employeurs, qui se tourneraient vers des travailleurs soumis au régime Français, permettra d’endiguer ce phénomène de plus en plus préoccupant. Mais sans l’appui de nos élus qui voteraient les lois obligeant nos clients, publics comme privés, à aller dans ce sens l’avenir me parait bien compromis. Le secteur du bâtiment représente 17 % du PIB et pèse lourd en emplois : près d’1,5 million de personnes. Et là, effectivement, ceux sont des emplois non délocalisables, accessibles aux jeunes y compris pour certains sans qualification ni diplôme. Si rien de concret n’est proposé, le secteur du bâtiment et des

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industries rattachées risque de perdre tant d’emplois que nous ne saurons les indemnisés… Vous occupez la présidence du tribunal de commerce de Beauvais depuis 2009. Avezvous constaté une évolution du profil des entreprises en difficulté ?

Depuis la loi de 2005 de sauvegarde des entreprises, comme dans chaque tribunal de commerce, nous mettons l’accent sur la prévention. Les chefs d’entreprise viennent d’eux-mêmes pour anticiper les difficultés qu’ils risquent de rencontrer. En réagissant à temps, des mesures de sauvegarde auprès du tribunal de commerce peuvent les aider à se redresser. J’incite toujours les chefs d’entreprise qui viennent demander conseils de mensualiser les charges. Cette dernière année, je n’ai pas constaté une forte augmentation du nombre de cessation de paiement. Ceux qui tombent, c’est en général, ceux qui n’ont pas la meilleure formation ou une bonne gestion de leur entreprise. Ça peut aller très vite ; certaines d’entre elles sont « mortes nées » car pour beaucoup de demandeurs d’emploi la création d’entreprise ou l’ouverture d’un commerce est la seule voie perçue pour tenter de s’en sortir. Hélas, la faiblesse des études de marché ajoutée à celle des fonds propres est souvent fatale. Par contre, la taille moyenne des entreprises en difficulté augmente depuis septembre dernier. Pensez-vous que la prochaine réforme sur les juges consulaires des tribunaux de commerce soit judicieuse ?

Un projet de réforme des tribunaux de commerce a récemment été présenté par la Chancellerie aux juges consulaires. Ce texte est loin de nous satisfaire. Nous sommes favorables à l’instauration d’une obligation de formation ou encore d’un renforcement des règles de déontologie. Mais la défiance contre notre institution est inacceptable. Nous refusons l’instauration de l’échevinage au niveau des cours d’appel comme le prévoit l’actuel projet de loi. Nous refusons que les juges consulaires soient relégués au rang d’assesseurs avec des juges professionnels qui seront les seuls décideurs en première instance. Intégrer les magistrats professionnels est une faute, une illustration de la défiance vis-à-vis d’un système qui a pourtant fourni les preuves de son efficacité. En 2012, ce sont plus d’un million de décisions rendues, pour un traitement sur 5,4 mois en moyenne et un taux d’infirmation en appel très faible. Grâce à la proximité des tribunaux de commerce et des milieux socioprofessionnels dont ils jugent les litiges, les décisions sont rendues en cohérence avec les bassins d’emploi. Les juges consulaires comptent sur la réaction des parlementaires pour empêcher la destruction d’une juridiction consulaire chevronnée. ●

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www.telecoise.fr


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ZOOM SUR

LE RÉGIME DE L’AUTO-ENTREPRENEUR

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Laurent Grandguillaume, député PS de la Côte d’Or, a présenté le 17 décembre dernier au Gouvernement un rapport sur «la simplification des régimes juridiques, sociaux et fiscaux de l’entrepreneuriat individuel». Homme politique et conseiller en formation de 36 ans, il préside le groupe de réflexion «Entreprendre à gauche», pendant de GEEA et avec lequel il existe plusieurs points de convergence : c’est notamment le cas de la simplification de la vie des entreprises. Laurent Grandguillaume est un parlementaire qui compte dans la sphère politique. Ses propositions dans la loi présentée par Sylvia Pinel ont permis d’apaiser les tensions sur le statut du régime des auto-entrepreneurs que le Gouvernement, dans un premier temps, souhaitait restreindre dans la durée et diviser par deux les seuils au-delà desquels il devient obligatoire de passer à un régime classique. L’objectif de Laurent Grandguillaume, c’est de renouer avec la croissance tout en y apposant une empreinte sociale.

Comment avez-vous mené les auditions pour rédiger ce rapport ?

C

est dans le cadre du choc de simplification annoncé par le Président de la République que le Premier ministre m’a demandé de mener une mission visant à explorer des voies d’une rénovation ambitieuse pour faciliter le développement des activités des entrepreneurs individuels. Pour passer en quelque sorte d’un parcours du combattant à un parcours de croissance.

L’entreprise est pour moi une communauté de destin à l’origine de laquelle il y a des femmes et des hommes qui prennent des risques, investissent leurs temps, leur énergie et leurs moyens. Il s’agit parfois de réaliser un rêve, une ambition ou simplement de tester une idée. Créer une entreprise est un acte de volonté et de courage. L’aspiration, qui a conduit aux conclusions de ce rapport, était de simplifier la vie des entrepreneurs pour qu’ils se consacrent entièrement à leurs projets et donc au redressement de notre pays. J’ai souhaité conduire les travaux en réunissant chaque semaine des représentants de l’ensemble des parties prenantes pour débattre de thèmes spécifiques sur la base de présentations préalables : constat partagé, statuts, régimes fiscaux, régimes sociaux, accompagnement, financement, qualifications. Les petits entrepreneurs, à commencer par les artisans, s'estiment victimes d'une concurrence déloyale quand les auto-entrepreneurs craignent une remise en cause complète de leur statut. Comment avez-vous réussi à créer un consensus autour des propositions de votre rapport ?

Le rapport ouvre des pistes de simplification et de réforme du cadre de l’entreprise individuelle qui visent à la fois à sécuriser l’entrepreneur, à simplifier ses formalités et les modalités d’acquittement de ses charges sociales et fiscales, à améliorer sa protection sociale et à protéger son patrimoine personnel. C’est ce qu’attendaient les entrepreneurs ! J’ai essayé de trouver sur chaque sujet des voies de convergence qui répondent aux 68

objectifs de simplicité, de lisibilité, d’équité et de sécurité des entrepreneurs et des consommateurs. Mes propositions appellent des réformes profondes pour sortir durablement des oppositions. Quelles sont les principaux axes du rapport retenus dans le projet de loi ?

Avec le rapporteur du Projet de Loi relatif à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises, Monsieur Fabrice Verdier, ainsi qu’avec Sylvia Pinel, ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, nous avons fait progresser le projet de loi en commission des affaires économiques en faisant adopter des amendements découlant des recommandations du rapport. Je me félicite de l’adoption de l’amendement du gouvernement visant à créer un régime unique de la micro-entreprise en fusionnant le régime micro-social et le régime micro-fiscal au 1er janvier 2015. La création de ce régime unifié, qui se substitue à la mesure visant à limiter dans le temps le régime d’auto-entrepreneur, permettra de simplifier de manière importante la gestion des cotisations sociales de plus de 150 000 entrepreneurs inscrits au régime micro-fiscal. Un amendement du Gouvernement après l’article 12 prévoit de les autoriser à opter pour des cotisations minimales s’ils le souhaitent. A ce sujet, j’ai défendu un amendement, avec le groupe SRC, afin de rendre cette option explicite à savoir que ces personnes soient par défaut non soumises aux cotisations minimales, sauf si elles souhaitent disposer d'une meilleure protection sociale. Au-delà des auto-entreprises et des micro-entreprises qui sont concernés par les nouvelles dispositions du projet de loi de Sylvia Pinel ?

De multiples administrations sont concernées par les diverses facettes du projet : juridiques, techniques (systèmes d’information pour l’essentiel), accompagnement au changement (formation des équipes, préparation des outils de communication, information/accompagnement des créateurs et des entrepreneurs actuels, etc.). Dès lors, le pilotage d’un tel chantier est en lui-même complexe. C’est pourquoi il est préconisé de mettre en place une


EN BREF : ce que cette réforme va changer pour les auto-entrepreneurs et les micro-entreprises

1 Les cotisations sociales seront calculées à partir du chiffre d’affaires ou des recettes effectivement réalisées. Les deux structures pourront profiter du versement libératoire, c’est-à-dire s’acquitter de leurs cotisations tous les mois ou tous les trimestres, au fur et à mesure. Jusqu’à présent, les cotisations sociales des micro-entrepreneurs étaient calculées sur la base d’un revenu forfaitaire, cumulé au versement d’acomptes provisionnels. Rien ne changera pour les auto-entrepreneurs.

Les TPE sont celles qui, dans les territoires, prennent des risques, innovent, créent et développent. Elles représentent une des clés de l’objectif de réduction du chômage car elles sont porteuses d’emplois durables et non-délocalisables gouvernance ad hoc, à travers un comité de pilotage qui associe à chaque étape l’ensemble des parties prenantes (organisations et représentants de l’Éat). L’article 16 bis du projet de loi évoque l’établissement d’un statut unique de l’entreprise individuelle dans les six mois après l’adoption du texte. En quoi consiste ce statut ?

L’amendement adopté vise à instaurer un comité de préfiguration en vue de parvenir à des propositions claires et complètes permettant d’instaurer un statut unique de l’entreprise individuelle. C'est essentiel pour éviter un nouvel empilement de statuts. Cela devrait aboutir d'ici la fin de l'année. Ce statut juridique unique sera doté de la personnalité juridique et d’un patrimoine propre. Il se déclinera en deux régimes sur les aspects fiscaux et sociaux : le régime au

forfait (ou simplifié) fusionnant le régime de la micro entreprise et celui de l’auto entrepreneur et le régime réel (de droit commun). Le parcours de croissance nécessite de rendre plus aisé le passage du régime simplifié au régime réel lorsque l’activité atteint les seuils de franchissement de TVA qui resteraient inchangés. En effet, les deux changements principaux, lorsque l’un passe du régime forfaitaire au régime réel, sont l’assujettissement à la TVA et l’obligation de tenue d’une comptabilité en bonne et due forme au-delà des seuils. Un accompagnement de l’entrepreneur individuel est donc souhaitable pour le former et le préparer à la professionnalisation de sa gestion. Je propose de construire à l’échelle régionale, plus pertinente, une politique en faveur de l’entrepreneuriat individuel en lien avec l’ensemble des acteurs de l’accompagnement et de l’aide au financement. ●

2 Les micro-entreprises pourront prétendre au versement libératoire de l’impôt sur le revenu, qui était jusqu’alors réservé aux auto-entrepreneurs. 3 Exonérés jusqu’à présent, les auto-entrepreneurs devront s’acquitter de la cotisation foncière des entreprises au même titre que les micro-entreprises. 4 Les auto-entrepreneurs exerçant une activité artisanale devront s’immatriculer auprès de la chambre des métiers de l’artisanat, en justifiant d’une qualification ou d’une expérience dans le domaine. Un autre amendement prévoit que les artisans et les auto-entrepreneurs devront indiquer sur leur facture leur qualification et des données sur leur assurance professionnelle afin de sécuriser les consommateurs et lutter contre la concurrence déloyale. 5 Le suivi du stage obligatoire de préparation à l’installation est étendu aux auto-entrepreneurs. 6 Un statut unique de l’entreprise individuelle sera créé dans les six mois qui suivront l’adoption définitive du texte. S’il arrive à terme, ce projet scellera le sort de nombreux statuts juridiques actuels, à savoir l’EURL, l’EIRL ou encore l’EI. Adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 18 février dernier, le projet de loi relatif à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises est toujours en cours de discussion. Tant que la loi n’a pas été promulguée, certaines dispositions relatées risquent d’évoluer. ●

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PAR CAMILLE DE ROCCA SERRA Député de la Corse-du-Sud et Conseiller à l’Assemblée de Corse


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LA CORSE, TERRE D’EXCEPTION VOUS OFFRE SES PRODUITS D’EXCELLENCE Comme le disait le grand économiste Jacques Marseille : «la Corse pourrait être le futur petit dragon de l’Europe». Pour les grecs de l’Antiquité, elle était «Kallisté» (la plus belle), pour d’autres elle est l’Île de Beauté. Sauvage et généreuse, la Corse est d’abord un archipel de montagnes dans la mer et au-delà de ces appellations, elle est l’expression d’une culture, d’une histoire partagée par des hommes et des femmes qui participent depuis des siècles à la préservation de son patrimoine et de son identité. A travers ce numéro spécial, vous découvrirez des entreprises corses qui sont des exemples de réussite et qui doivent leur succès à l’extraordinaire démarche de qualité qu’elles ont su mettre en œuvre.

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Les potentiels locaux s’exportent au niveau mondial, depuis l’agroalimentaire, l’agriculture avec ses six AOC (vins, brucciu, huile d’olive, charcuterie, farine de châtaigne et miel), en proposant une exploitation raisonnée, à travers des techniques comme la biodynamie. La typicité des produits y est à l’honneur et la transmission des savoir-faire d’exception conduisent inévitablement la Corse vers un modèle d’excellence. Son artisanat gastronomique, ses cosmétiques 100% naturels, ses eaux pures de montagne en passant par un tourisme d’excellence et des nouvelles technologies de pointe font de la Corse une terre de talents. La production de niches locales, à forte valeur ajoutée, représente «la» Génération Entreprise de Corse. Ces modèles locaux, par leur grande qualité, seront capables de vous apporter ce qu’il y a de meilleur, à condition de respecter les normes les plus rigoureuses pour garantir l’authenticité et la traçabilité des produits.

Vous qui séjournez en Corse, vous ne pourrez pas échapper à ses produits, à l’excellence de son terroir, à la passion de ses artisans qui ont su distiller l’essence du potentiel corse, avec une énergie et un dynamisme toujours en harmonie avec l’environnement et l’âme de cette identité insulaire. Depuis mon premier mandat de parlementaire en 2002, je me suis investi pleinement pour apporter à la Corse tous les outils de financement d’une économie qui est bâtie aujourd’hui sur un tissu de TPE. Mon ambition est de permettre au plus grand nombre d’entre elles de se développer et de devenir des PME de renommée mondiale. A travers ce panel d’entreprises, je vous invite à découvrir et à aimer cette Corse que j’ai au cœur. CAMILLE DE ROCCA SERRA


La Corse ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, L’EXCELLENCE DES PRODUITS CORSES La Corse est la première région de France pour le nombre de ses produits labellisés. Cette belle notoriété est le résultat d’un travail d’exception, né de l’envie et de la volonté d’hommes et de femmes respectueux des savoir-faire et confiant dans l’avenir de leur terre. Grâce à la diversité de ses terroirs, à la richesse de sa biodiversité, à la préservation de ses traditions et à cette détermination humaine, elle bénéficie aujourd’hui de labels de qualité Bio, IGP, AOP, AOC à l’identité très forte pour son miel, ses vins, son huile d’olive, sa charcuterie, sa viande, ses fromages, sa clémentine, sa farine de châtaigne, etc. Cette authenticité alliée à cette modernité séduit un large public de consommateurs, amateur de produits de qualité et il est fréquent de goûter l’excellence des produits corses sur les plus grandes tables étoilées du monde entier. La politique d’excellence menée sur le terrain par les filières agricoles corses, a permis un développement économique respectueux de l’ héritage traditionnel et de l’environnement. Pour les consommateurs, elle est la garantie d’une production et d’une transformation de qualité typique de la Corse ancestrale. Le secteur de la viticulture, dès 1975, a fourni un gros effort afin de ne pas perdre la typicité de certains cépages tout en modernisant les outils de production. Sur de petites surfaces d’exploitation, des gammes d’exception ont été mises en valeur et de nombreux vignobles ont obtenu des AOC. Ce secteur a connu une forte croissance puisque les surfaces ont augmenté de +23% en 2010 où l’on comptait 31 domaines viticoles certifiés ou en conversion pour une surface totale de 600 ha. La clémentine corse obtient le signe d’origine et de qualité IGP en 2007. Ce fruit cultivé naturellement, juteux, sans pépins, acidulé, reconnaissable à ces longues feuilles vertes est issu

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d’un croisement naturel de la mandarine commune et d’une orange, démontré par l’Inra en 2002. Grâce à ce label, la clémentine corse a conquis avec succès de belles parts de marché en dehors de son île. Pour l’huile de l’olive, l’AOC a été obtenu en 2004 et l’AOP en 2007. Les premiers oliviers sauvages sont installés depuis des millénaires sur la terre corse. Un mortier rudimentaire utilisé pour l’extraction découvert à Scaffa Piana daterait même de 1800 ans av. J-C ! Les conditions climatiques optimales en Corse, la grande diversité des reliefs, l’environnement aromatique du maquis, permet au verger oléicole de présenter une variété extraordinaire d’huiles d’olive dont l’harmonie des saveurs a été préservée. La démarche de qualité très rigoureuse engagée dans le respect des traditions protège ce patrimoine culturel tout en assurant son organisation, son développement et ses débouchés. En parallèle, un travail de restructuration des vergers abandonnés a été mené. Aujourd’hui, le terroir est labellisé à 68% pour une production moyenne de 137 000 litres et un palmarès d’huiles multi-médaillées. La qualité du miel corse reconnu en AOC et AOP repose sur la spécificité de la flore insulaire qui est extrêmement riche et diversifiée au sein d’un environnement protégé exceptionnel. L’enjeu de cette filière apicole très structurée est d’augmenter la production en quantité et en qualité avec l’installation de nouveaux apiculteurs tout en pérennisant les exploitations actuelles par la formation et l’appui technique. L’objectif du secteur apicole étant de valoriser la notion de miels des terroirs. Pour l’AOC de la farine de châtaigne, obtenu en 2006, il s’agit de protéger le mode de culture naturel de ce produit à toutes les étapes de la production. La filière s’est organisée pour défendre le maintien et le savoir-faire de cette activité en milieu rural. 80 exploitations environ produisent 150 tonnes de farine de châtaigne par an. La profession se bat pour sauvegarder le châtaignier, pour promouvoir l’image

du produit et ses dérivés tels que les gâteaux, marrons glacés, alcools, confitures, etc… Chaque année, à Bocognano se déroule la fête de la châtaigne, l’une des plus anciennes foires agricoles de Corse. Sur l’île, les fromages sont aussi une histoire d’excellence. En premier lieu, l’incontournable Brocciu reconnu AOC en 1998. Cette certification lui permet une protection contre les produits contrefaits. En Corse, de nombreuses petites exploitations proposent des produits labellisés «fromage fermier» fabriqués par le berger avec le lait cru de son troupeau sur son exploitation. D’autres zones géographiques en AOP permettent de certifier la qualité de ce patrimoine gastronomique exceptionnel. La filière de la charcuterie et de la viande, a obtenu de nombreux labels AOC, IGP, Bio avec pour certains éleveurs la réintroduction réussie de certaines races d’élevage d’origine. Cette reconnaissance notamment à une partie de la charcuterie corse est une belle victoire pour des produits dont les noms coppa lonzu, lonzu corse, prisuttu et prisuttu corse sont désormais protégés. Une fois encore, la Corse se distingue en étant la seule région à bénéficier de l’appellation d’origine contrôlée charcuterie sèche. Ce sont dix années d’un travail acharné sur le terrain pour mettre en place cette traçabilité de qualité avec l’objectif d’encourager de nombreux jeunes à s’installer. Une prise de conscience partagée par les responsables des filières traditionnelles. Avec cette démarche d’excellence, ils souhaitent aussi convaincre et transmettre à cette jeunesse corse pour que cette formidable valeur ajoutée économique et sociale préserve la Corse de demain. 73


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JACQUES ABBATUCCI ET SON ÉLEVAGE DE «LA VACHE TIGRE» Une belle réussite économique d’excellence, celle de Jacques Abbatucci qui a réintroduit l’élevage de «la vache tigre», issue d’une authentique souche bovine corse menée comme au XIXe avec une technologie du XXIe. Certifiée agriculture biologique, sa marque déposée en 2006, est le fruit d’une longue sélection. Sur les 360 hectares de l’exploitation, le cheptel de 200 têtes se nourrit des essences végétales du maquis donnant un goût incomparable à la viande très appréciée des plus grandes tables insulaires. Il fait sensation également avec ses rôtissoires mobiles et s’est diversifié avec le tannage des peaux à la robe bringée. Jacques Abbatucci – 20140 – Serra Di Ferro – Tél. : 06 08 69 94 45 www.vachetigre.com

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LE DOMAINE COMTE ABBATUCCI Les vins du Domaine Comte Abbatucci, un des plus anciens vignobles de Corse, sont parmi les fleurons des vins de la Méditerranée. Le Domaine a plus d’un siècle et son propriétaire, JeanCharles Abbatucci a réussi avec talent ce subtil pari de la conservation de cépages anciens aux saveurs originales et spécifiques du terroir corse associé à la modernité d’une agriculture bio-dynamique. Une collection unique a même été élaborée en hommage à des parents renommés de l’Empire. Elle porte les noms d’un Diplomate d’Empire (Don Jacques Pascal Abbatucci), d’un Général Divisionnaire de la Révolution (Jean-Charles Abbatucci) et d’un Ministre Impérial (Jacques-Pierre-Charles Abbatucci). Les cuvées d’exception font aujourd’hui partie des cartes des plus grands restaurants à travers la France et dans le monde entier. Domaine Comte Abbatucci - Casalabriva - 04 95 74 04 55 www.domaine-abbatucci.com 75


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LES MACARONS TRÈS CORSÉS D’ANNE MARCHETTI Après des études de journalisme et de communication, Anne Marchetti, 31 ans, se lance en 2005 dans la fabrication des macarons un peu par hasard. En effet, une cousine lui fait parvenir un paquet de farine de châtaigne vraiment extraordinaire, elle en fait des sablés. Ceux qui les ont goûtés l’encouragent à les commercialiser, le succès est immédiat et très vite, l’affaire est lancée. Anne Marchetti a commencé son projet dans la cuisine familiale avec un four de ménagère et un rouleau à pâtisserie avant de partir en formation chez Le Nôtre en 2006. Dès lors, elle crée son propre laboratoire de fabrication et son entreprise, puis elle commence la commercialisation des macarons. Fidèle aux valeurs de la Corse, Anne Marchetti tenait à ce qu’ils soient produits de façon artisanale, en collaborant avec des petits producteurs locaux.

Innovante et créative, Anne Marchetti décide de changer la recette traditionnelle qui se fait à base d’amande en remplaçant celle-ci par la noisette de Cervioni. Après plusieurs essais, elle tient enfin sa recette. Puis, elle suit une formation au sein de la prestigieuse maison Pierre Hermé en 2009 afin de peaufiner sa technique. Sa gamme s’est étoffée de saison en saison, au fil des rencontres avec des agriculteurs et d’artisans passionnés : mandarine, pomelo, bergamote, cédrat, muscat, figue ;.. Même le macaron vanille qu’elle produisait seulement depuis deux années a une histoire et un parfum particulier. Des amis Malgaches lui avaient parlé de leur manière traditionnelle de conserver la vanille dans du rhum et de cette idée est né un macaron vanille rhum au goût exceptionnel. Depuis 2012, Anne Marchetti a quitté son premier laboratoire de Porto-Vecchio pour en créer un plus spacieux avec une grande

boutique qu’elle partage avec le Clos Venturi sur la route de Corte à Piedigriggio. Aujourd’hui, cinq personnes travaillent dans l’entreprise : Anne Marchetti n’a pas de commerciaux et distribue ses produits dans les épiceries fines de l’Île. La plus grande partie de la production est vendue aux particuliers, dans les boutiques de Piedigriggio et Porto Vecchio, sur les foires et salons ; le reste est vendu via un réseau d’épiceries fines et magasins de produits en Corse. Anne Marchetti et son équipe proposent également une gamme de biscuits traditionnels corses : 3 sortes de canistrelli (Huile d’Olive, Noisette et Châtaigne) tous à base d’huile d’olive AOP Corse et de vin blanc du Domaine Vico AOC Corse, de noisette de Cervioni et de farine de châtaigne de Rusiu. Anne Marchetti propose également des sablés, des diamantines à la châtaigne de Rusiu et comptabilise aujourd’hui 24 parfums de macarons dont les saveurs mettent à l’honneur les parfums de la nature corse et le savoir-faire local. Ainsi, on peut déguster des macarons chocolat pralinés à la noisette de Cervioni, à l’ amande et noisette de Cervioni, à la châtaigne de Rusiu et au Whisky corse P&M, à la figue de la famille Vitti, à la clémentine du jardin de Didier Paoli, au cédrat de l’INRA, au miel d’arbousier des ruches de Maman, à l’huile d’Olive du domaine Torraccia, à l’Aceto Balsamico (vinaigre balsamique 25 ans d’âge de Malpighi) etc..

© Jean Harixcalde

Anne Marchetti incarne l’excellence du potentiel corse, qui concilie avec succès la tradition puisée au cœur du patrimoine de l’Île et le dynamisme de la jeunesse corse.

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La Corse CASANERA : «LA BEAUTÉ MADE IN MAQUIS»

corse, celui de Monsieur Pierre Alessandri, situé à Sarrola dans la région d’Ajaccio.

Marie Ceccaldi, originaire de la région de Calvi a lancé en 2010 une ligne de cosmétiques naturels appelée Casanera. Cette marque unique en France en termes de fabrication est réalisée de façon artisanale avec les plantes du maquis corse.

Afin de préserver toute l’intensité des actifs, les matières premières 100% naturelles sont pressées à froid, le jour même de la cueillette.

Elle poursuit l’héritage de sa mère, pionnière en formulation de cosmétiques naturels sur l’Île de Beauté (1979) et de sa grand-mère, guérisseuse : un héritage ayant à cœur d’offrir depuis trois générations des produits 100% naturels, de haute qualité et sans concession contre les produits de synthèse.

Marie Ceccaldi a fait le choix de travailler en famille, avec des producteurs locaux, en proposant des produits d’une pureté exceptionnelle, en accord avec son souci de préserver les trésors de la nature corse. Ainsi, la saponification est faite à la main, tout comme les émulsions d’huiles qui sont réalisées en petite quantité tous les mois afin de garantir la fraîcheur des produits. Les distillations sont faites exclusivement à base d’eaux florales et les macéras sont fabriqués selon les processus de la biodynamie, afin de perpétuer la tradition corse, c’est-à-dire selon les lunaisons. Casanera se décline en sept gammes de soin 100% bio, une ligne de parfums naturels, une collection de bougies végétales, une collection de parfums d’ambiance, cinq boutiques situées à Ajaccio, Bastia, Calvi, Saint-Tropez, Cannes

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ainsi qu’au Bon Marché à Paris. Marie Ceccaldi est avant tout une actrice de la préservation du patrimoine corse et a voulu imprégner sa marque d’une philosophie soucieuse de l’environnement, du travail des hommes et qui a mené Casanera vers un si grand succès. Les produits sont formulés sans parabène, sans conservateur issus de la pétrochimie, sans phénoxyéthanol et sans parfum de synthèse de façon à répondre à une demande de plus en plus exigeante. Parmi les matières premières utilisées, on peut citer par exemple : le myrte, arbuste typique du maquis corse, connu pour ses propriétés assainissantes, tonifiantes et accroissant la vitalité cellulaire, l’immortelle, plante aromatique du maquis de Balagne à l’action radicalaire protectrice des membranes cellulaires et de prévention du vieillissement ou encore la figue de Barbarie aux propriétés antioxydantes et retardant le vieillissement. Casanera a su restituer l’authenticité et la beauté naturelle de la flore corse, en respectant également les exigences d’éthique et l’âme de la culture de l’Île.

La ligne Casanera 100% d’origine biologique utilise exclusivement des huiles essentielles issues de la flore du maquis, produits ramassés à la main, distillés sur place en Balagne dans les heures qui suivent la cueillaison des plantes sauvages (immortelle, romarin, genièvre…) et selon un savoir-faire ancestral. Les agrumes bio (cédrat, oranges..), d’une qualité extraordinaire, proviennent exclusivement d’un verger 77


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AVEC LE CERCLE DES GRANDES MAISONS CORSES, DES DESTINATIONS D’EXCEPTION POUR UNE TERRE D’EXCEPTION

Hôtel La Villa, à Calvi

Terre d’exception, patrimoine naturel, culturel et gastronomique qui doit tout à la diversité et à la richesse de ces paysages, la Corse est une destination privilégiée pour le tourisme avec cet atout de proximité des grandes capitales européennes.

Quelles sont les prochaines étapes envisagées et comment voyez-vous l’avenir de l’hôtellerie à forte valeur ajoutée économique et sociale en Corse ?

Partant de ce postulat, de nombreux professionnels insulaires du tourisme ont fait le pari de l’excellence et se sont regroupés pour créer le Cercle des Grandes Maisons Corses afin de mettre en avant la richesse et la complémentarité de leurs offres. Derrière l’emblème du cerf rouge qui a été choisi pour qualifier cette nouvelle entité, c’est le symbole de la renaissance de la Corse qui s’affiche majestueusement. Au sein du Cercle, les professionnels partagent les valeurs premières de l’île, la beauté et l’atmosphère des bâtisses anciennes, l’authenticité et la qualité des produits, la disponibilité et le savoir-faire des hommes. Sa volonté étant de les faire découvrir et aimer. Ces pionniers du tourisme haut de gamme représente dix-neuf hôtels (3*, 4*, 4* luxe et 5*) regroupés en association loi 1901 (créée en 2009) et des restaurants souvent récompensés par une étoile au Guide Michelin. Sa vocation est de promouvoir les entreprises, les emplois et les savoir-faire de l’hôtellerie et de la restauration à forte valeur ajoutée économique et sociale, dans le respect de l’environnement, de l’identité et des valeurs de la Corse. Ces différents établissements de standing sont répartis sur l’ensemble de l’île et cultivent avec passion les vertus de l’hospitalité et de l’accueil. Le Cercle des Grandes Maisons propose des prestations sur mesure, des produits spécifiques avec des itinéraires personnalisés et complets et le meilleur de la gastronomie pour séduire une clientèle française et internationale des plus exigeantes.

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Vous y ajoutez dans la gouvernance et l’action : la sagesse et l’expérience des «anciens», la technologie et la fougue des plus jeunes ! Vous enlevez toute velléité de concurrence entre les membres ! Vous comprendrez alors aisément le rayonnement et l’écoute majeure que reçoit aujourd’hui le Cercle auprès de l’ensemble des professionnels, des institutions et des médias.

Les acteurs économiques motivés que nous sommes restent bien sûr très mobilisés, dans une conjoncture actuelle difficile, pour le tourisme en général, y compris dans notre catégorie !

2 QUESTIONS À CÉSAR FILIPPI PRÉSIDENT DU CERCLE Cinq ans après la création du Cercle, pouvez-vous faire un premier bilan ?

La première idée qui me vient à l’esprit est que si le cercle n’existait pas, il faudrait se dépêcher de l’inventer ! En effet, en créant le Cercle nous n’avons pas simplement constitué une association d’hôteliers de type classique, mais nous avons voulu reconstituer une grande famille disséminée sur l’ensemble de la Corse ! Et vous connaissez certainement l’importance que l’on attache à la famille en Corse !!! Le Cercle est en effet une vraie famille, unie, solidaire, complémentaire, dans le plus pur esprit du respect de la tradition, des valeurs ancestrales de l’accueil, et de l’hospitalité. Voilà les valeurs cardinales communes qui nous ont réunis et que nous mettons en œuvre dans nos établissements. Elles constituent la grande force du Cercle.

Mais il ne faut jamais oublier que sur l’île de Corse le tourisme échappe pour moitié à l’initiative de l’acteur économique et même à la dynamique d’un groupe très actif, comme l’est le Cercle ! Ce secteur d’activité reste en effet chez nous très dépendant de la démarche publique… Transports, promotion et image de l’île, sont du ressort de la région voir de l’état : Les transports aériens sont sous dimensionnés, très chers et sans ambition internationale ! Les politiques de promotion touristiques régionales restent très généralistes et à petits budgets ... L’image de l’île est souvent écornée par une actualité turbulente. Il est à noter que les établissements du Cercle fournissent par leur rayonnement 80% de l’image médiatique positive de la Corse ! Nous allons bien sûr poursuivre notre action dans cette direction, mais surtout accentuer notre travail de fond afin de convaincre les pouvoirs publics (État et Région) du rôle essentiel qui est le leur dans le fonctionnement et le développement du tourisme, moteur économique de l’île. En Corse, le tourisme sera l’affaire de tous ou ne sera pas.


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Hôtel Belvédère, à Porto-Vecchio

LE DOMAINE DE MURTOLI C’est le luxe à l’état sauvage. Sur 2500 hectares, d’anciennes bergeries restaurées avec goût. Ancien domaine agricole de son grand-père, Paul Canarelli et son épouse ont créé un lieu magique, un site hôtelier à nul autre pareil, confidentiel, magique et respectueux de cette nature si majestueuse. À Calvi, La Villa, l’hôtel de Jean-Pierre Pinelli qui a présidé le Cercle jusqu’en avril 2013. A PortoVecchio, l’hôtel Belvédère de César Filippi. Très appréciés pour leur confort, et leur gastronomie, ces établissements de luxe sont d’abord un hommage à leur île, à son identité et à ses valeurs. 79


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EAUX DE SAINT-GEORGES, SI PURE ET SI CORSE… Alexandre Colonna d’Ornano est seulement âgé de 21 ans quand il reprend en collaboration avec sa mère les rênes de l’entreprise familiale, les Eaux de Saint Georges. L’une de ses premières préoccupations est de développer une bouteille qui distingue clairement la qualité de l’eau Saint Georges. Adepte du travail de Philippe Starck, il fait naturellement appel à lui. Séduit par sa démarche audacieuse, la collaboration du designer n’a jamais cessé depuis et va propulser d’un coup de crayon l’eau Saint Georges au Sommet. La suite est déjà dans l’histoire. Avec le parti pris fort d’un bouchon noir qui rend hommage au blason Corse, le dessin d’une bouteille dont les fines cannelures suggèrent la force d’une colonne de granite, le choix d’un logo relevé d’une touche d’impertinence avec un «T» de couleur orange, Philippe Starck signe un objet identitaire qui ouvre à l’eau Saint Georges les portes d’une distribution planétaire. En parallèle, il a aussi dessiné une nouvelle bouteille en verre, que l’on retrouve sur les tables des grands restaurants et dans un réseau de distribution sélectif. L’image de la marque, c’est aussi de l’humour et de l’impertinence avec des campagnes d’affichage commanditées par Alexandre Colonna d’Ornano qui abordent la pureté qui distingue l’eau Saint Georges. En 2002, le grand prix de l’affiche Française lui est remis par l’Académie Nationale des arts de la rue. Très attaché à son environnement, Alexandre Colonna d’Ornano fait construire en 2010, une nouvelle usine qui est un modèle du genre. Sa chaîne de production ultra-compacte a été spécifiquement imaginée par lui pour s’inscrire sur une superficie de terrain restreinte. L’unité permet de fabriquer, remplir, étiqueter, conditionner et mettre sur palette jusqu’à 14 400 bouteilles de PET en seulement une heure. 8 000 bouteilles de verre (qui arrivent déjà formées à l’usine) peuvent être traitées dans le même délai. L’usine est aussi dotée d’un laboratoire intégré, qui analyse de façon quotidienne la qualité de l’eau, complétée par des analyses réalisées trois à quatre fois par semaine, par 80

deux laboratoires indépendants, en plus des contrôles légaux obligatoires. La construction de cette usine ultra moderne a été l’opportunité de reconsidérer le design des bouteilles dans l’objectif de réduire encore leur empreinte environnementale. Commercialisée depuis 1980, l’histoire de l’eau Saint Georges s’écrit depuis deux générations Père et fils ont su développer l’entreprise dans l’équilibre de la tradition et de la modernité. Tradition d’une méthode de captage à la romaine digne des anciens, modernité d’un outil de production perpétuellement perfectionné et d’une communication résolument ancrée dans l’époque. La réussite d’une entreprise familiale qui a su garder toute son âme locale. Eaux Saint Georges : 21 salariés +des saisonniers en haute saison (de mai à octobre) Production en 2013 : 19 millions de bouteilles et 1 million en verre 10% à l’exportation

CHARLES ANTONA, 30 ANS D’AMBITION ET DE PASSION POUR LA CORSE Si on retrouve les fabrications Charles Antona sur les linéaires des plus belles enseignes alimentaires nationales et parfois même européennes, c’est grâce à plus de vingt années de labeur, d’ambition et de passion. Au début des années 90, Charles Antona relevait le pari d’investir dans un outil de fabrication agroalimentaire aux normes européennes. Les deux décennies qui se sont écoulées depuis ont été souvent difficiles, parfois périlleuses dans un contexte économique complexe, mais toujours passionnantes pour le chef d’entreprise et son équipe L’entreprise, conserverie à l’origine, s’est d’abord formée à la fabrication de terrines aux recettes maison (figatelli, brocciu à la menthe, sansonnet à la myrte…) aux plats cuisinés, puis aux nougats parfumés aux fruits de l’île (clémentine, cédrat, châtaigne, myrte…), pour enfin et surtout proposer une gamme riche et variée de confitures qui font d’elle aujourd’hui


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CORSE, VAGUE DE TECHNOLOGIES un confiturier reconnu. Cette notoriété lui vaut d’ailleurs d’être inévitablement «visitée» chaque fois qu’une personnalité importante demande à aller sur le terrain. Elle a ainsi eu l’honneur de recevoir plusieurs ministres et même une Président de la République en fonction, c’était en avril 2012 avec la venue de Nicolas SARKOZY. La PME a, depuis 2004, mené trois programmes d’investissements ambitieux dont le dernier s’achève cette année avec une ligne entièrement dédiée à la valorisation des fruits locaux. CORSICA GASTRONOMIA se donne les moyens de prendre à sa charge les étapes en amont pour lesquelles les filières agricoles locales ne sont pas encore équipées. De cette manière, elle entend participer à un développement harmonieux de l’économie locale. Plus qu’une philosophie, elle l’entend comme un devoir. La PME possède aujourd’hui un outil intégrant toutes les évolutions technologiques et de sécurité alimentaire qui lui permet de se contraindre au même niveau d’exigence normative que les plus aguerris au niveau national et international Dans ce sens, CORSICA GASTRONOMIA recevait, en 2009, la certification aux normes ISO 22000. Ce référentiel de renommée internationale est une référence au sein de la chaîne alimentaire. Cette reconnaissance professionnelle entièrement dédiée au consommateur, garantit, au sein de ses ateliers, un contrôle, une surveillance et une traçabilité pour proposer un produit non seulement bon mais aussi sain et sûr.

Toujours poussés par le challenge et l’envie d’évoluer, Charles ANTONA et son équipe se sont lancés ensuite dans une démarche d’agrément auprès d’ECOCERT, organisme international d’accréditation des produits issus de l’Agriculture Biologique. Cette structure a validé les recettes de confitures BIO développées par l’entreprise en décembre 2009. Cette gamme de produits naturels est d’ailleurs un atout dans la recherche de nouveaux marchés et notamment dans la prospection à l’export. C’est justement sur ces marchés, d’Europe en premier lieu, mais aussi d’Amérique du nord ou même du Japon, que l’entreprise voit son développement comme un nouveau défi, une autre manière de se surpasser. Charles ANTONA insiste pour rappeler le rôle de son équipe dans cette aventure fabuleuse. Les hommes et femmes qui constituent son encadrement (financier, administratif, commercial, communication, production, qualité, R&D) ont une moyenne d’âge de 40 ans et une ancienneté de plus de 15 ans. Autant dire que la majorité d’entre eux ont été «cueillis» à la sortie du Lycée Professionnel, de l’Université et se sont épanouis au sein de l’entreprise dont la culture et les valeurs l’apparentent à une structure familiale. Selon Charles ANTONA, c’est ce patrimoine humain et l’état d’esprit partagé, qui ont accompagné l’entreprise à toutes les étapes de sa vie avec un bilan très satisfaisant.

La passion des nouvelles technologies est partout. En Corse, elle a suscité des vocations, l’envie d’entreprendre et des succès fulgurants. Souhaitant créer un espace de travail favorisant l’échange et la créativité, Campus Plex, héberge à Ajaccio, trois entreprises innovantes reconnues à l’international. Webzine, DuoApps et Mapize spécialisées dans l’édition internet, emploient de jeunes talents dont la moyenne d’âge est de 27 ans qui sont tous issus de l’université de Corse (bac +5) et d’écoles d’ingénieurs de Centrale Lyon, Epita, Polytech’Marseille. S’appuyant sur un réseau de partenaires composés d’une trentaine de sociétés en France, en Belgique, en Espagne, au Japon, au Maroc… Campus Plex ne cesse de créer, repoussant avec talent la limite des outils, apportant de prestigieuses références. Leurs utilisateurs sont répartis dans 45 pays. WebMag &t WebTV. Webzine édite un logiciel de gestion de contenu. Ce logiciel permet à l’utilisateur d’être autonome dans la réalisation d’un Webmagazine ou d’une WebTV. 70% de l’activité de Webzine provient de la partie édition logicielle. Il s’agit de la vente d’abonnements pour utiliser le service. Un réseau d’une trentaine de sociétés s’est constitué autour de Webzine pour réaliser des prestations d’intégration de WebMagazines ou de WebTV à destination des tiers. Applications Mobiles. La spécialité de DuoApps est le développement d’applications mobiles 81


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sur mesure (iPhone, iPad, Android & Windows Phone. En parallèle, la société développe un service industriel de création d’applications mobiles sur plusieurs plateformes permettant aux éditeurs de contenu en ligne de créer des applications mobiles sans aucune connaissance technique et à un prix très abordable. Visualisation des données. Mapize est spécialisée dans le développement d’outils de visualisation de données. Son métier consiste à rendre intelligible les données de ses clients en les analysant et en créant des tableaux de bords dynamiques et intuitifs. La société développe également des solutions innovantes à usage interne (marketing, administratif, monitoring) ou externe (communication) permettant aux clients de mieux valoriser leurs données. Webzine Née en 2001. C’est 250 millions de pages vendues par mois. 50 millions de newsletters par an. 20 000 vidéos encodées par mois. La société emploie 14 personnes pour un chiffre d’affaires de 1,3 M€ (2500 clients dans 45 pays). Principales références : Marianne, Logica,

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Oseo, Crédit Agricole, CTC de Corse. Prix : Oseo Excellence, Technology Fast 50 Méditerranée 2011 par Deloitte. DuoApps Née en 2009. 5 personnes. Chiffre d’affaires : 200 K€. Principales références  : Marianne, Arianespace, Corsica ferries ou l’Agence Spatiale Européenne. Prix : Lauréat du concours national de création d’entreprise innovante du Ministère de la Recherche 2010. Mapize Née en 2010. 4 personnes. Chiffre d’affaires : 120 K€. Principales références : Google France, Danone, Bred Banque Populaire, Sunlight Fondation. Prix : Lauréat du concours Sunlight Fondation aux États-Unis pour le lancement de data.gov. Un cabinet d’expertise comptable et de commissariat aux comptes AUTREMENT Le groupe COREVAL-BAKER TILLY a innové en développant un cabinet conseil en Qualité et

Responsabilité sociétale tant pour son marché de proximité la Corse que pour l’ensemble du territoire national. Leader du groupe BAKER TILLY France, il est la 1re entreprise en Corse à avoir été labellisée ISO 26000 en 2013 et il entraine l’ensemble du groupe BAKER TILLY France également labellisé en 2013. Cette évolution leur est apparue incontournable dans un contexte de développement durable, chère à la corse qui par les nombreux Eco Labels Européens existants doit permettre aux entreprises corses de rester à la pointe. Dans un autre domaine, les établissements sociaux et médico-sociaux, pour maintenir un niveau élevé de bien être des personnes en fragilité, ont l’obligation de formaliser leur démarche RSE en particulier leur gouvernance responsable. Pour ouvrir le cabinet aux générations à venir, une charte a été signée avec le Rectorat de Corse pour permettre aux élèves de 4e de comprendre l’évolution des techniques en visitant l’exposition permanente «4 000 ans d’histoire des techniques comptables et de communication». COREVAL - BAKER TILLY, un cabinet AUTREMENT au cœur de sa région.


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CORSE COMPOSITES AÉRONAUTIQUES : UNE TECHNOLOGIE DE POINTE AU SUCCÈS MONDIAL Corse Composites Aéronautiques (CCA) est une PME de près de 200 personnes localisée à Ajaccio, et compte parmi les meilleurs spécialistes mondiaux du développement de pièces complexes en matériaux composites, à destination de l’aéronautique (trappes de train d’atterrissage d’avions, éléments de fuselage et de mâts réacteurs, pièces de nacelles moteurs...) Aujourd’hui CCA est présent dans la plupart des programmes aéronautiques nouveaux, comme l’Airbus A 350, l’Airbus A320 NEO ou encore le futur avion d’affaires Dassault Aviation Falcon 5X. CCA est un «Risk Sharing Partner» de rang 1 pour les grands donneurs aéronautiques. Cela signifie que CCA a la responsabilité de

l’ensemble de la conception des pièces, de leur industrialisation, de leur certification et enfin de leur production en phase série. La totalité de ces travaux qui se chiffre en plusieurs millions d’euros est financée par CCA. Ce n’est que lors de la livraison des pièces séries que l’entreprise vend alors son développement en l’amortissant sur un nombre d’avions prédéfini avec son client. Le remboursement de l’ensemble des coûts de développement supporté par CCA est donc dépendant de la réussite commerciale du programme avion. L’entreprise a pour concurrents directs des sociétés de plusieurs milliers de personnes, réparties à travers le monde, principalement en Chine, en Corée, à Taïwan, aux États-Unis et en Europe. CCA développe actuellement 4 sous-ensembles complexes pour les avions nouveaux (les trappes de train d’atterrissage avant et les Karmans de mâts réacteurs pour l’Airbus A 350, la virole composite de l’entrée d’air moteur de

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l’Airbus A 320 Néo et enfin le carénage ventral du futur avion d’affaire Dassault Aviation.F5X.). L’avantage concurrentiel de CCA réside dans son exceptionnelle capacité d’innovation, dans une expérience de plus de 30 ans et dans un potentiel humain très expérimenté. CCA compte en effet une trentaine d’ingénieurs au sein de son bureau d’études. CCA possède deux sites de productions, CCA Ajaccio (BE, Développement, Production) et CCA Tunisie (production très grandes cadences). CCA est également la locomotive du Pôle Aéronautique Corse qui regroupe une dizaine de partenaires aéronautiques pour un potentiel global de 350 personnes. Acteur majeur du tissu industriel insulaire, CCA a ainsi permis la création d’une véritable filière aéronautique dans la région. ●

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PAR VÉRONIQUE LOUWAGIE Député de la deuxième circonscription de l’Orne 85


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L’INTERVIEW GEEA  : Véronique Louwagie, vous êtes reconnue comme une femme engagée dans la défense de l’activité économique, tant, dans votre parcours professionnel, puisque vous avez créé et développé un cabinet d’expertise-comptable qui compte aujourd’hui près de 50 salariés, qu’au sein de vos mandats électifs. Quels sont concrètement vos rapports avec les acteurs économiques de la 2e circonscription de l’Orne ?

V. LOUWAGIE : Issue du monde de l’entreprise et forte de mon expérience aux côtés de plusieurs centaines d’artisans, agriculteurs et PME de la circonscription pendant plus de vingt ans comme Expert-comptable et commissaire aux comptes, je sais la force de notre territoire, je connais ses atouts et ses richesses. C’est donc avec une grande fierté que je représente cette circonscription depuis juin 2012 à l’Assemblée nationale. Il me semble indispensable que les élus, et plus encore les Parlementaires, puisqu’ils détiennent le pouvoir législatif, aient une connaissance réelle et pas seulement théorique de l’activité économique. Face à la complexité du monde actuel, de ses mutations et des défis qu’il faut relever pour s’y adapter, les hommes et les femmes qui font vivre les entreprises possèdent les clefs de notre succès et de notre rebond. Il est donc indispensable de les écouter, d’entendre leurs difficultés et de favoriser l’activité. Les politiques ne doivent pas être un poids supplémentaire pour celles et ceux qui créent la richesse et l’emploi dans nos territoires. Au contraire, il faut créer des ponts permanents entre acteurs d’un même territoire pour améliorer sans cesse les conditions favorables à l’activité économique et avancer ensemble dans la même direction. Oui, très concrètement, mon lien avec des entrepreneurs est permanent. Chaque jour, je suis attentive à la situation de l’activité économique parce que je mesure pleinement ses 86

conséquences sur l’emploi et sur l’attractivité d’un territoire. J’ai des échanges très réguliers et libres avec différents chefs d’entreprise sur tous les sujets. Dès qu’il me semble possible d’agir pour dénouer une situation qui pénalise l’activité, je réagis instantanément. GEEA : Est-ce encore logique qu’en 2014, les députés doivent répondre et agir sur des difficultés individuelles que rencontrent les Français ?

V. LOUWAGIE : La loi a vocation à s’appliquer partout et sans exception. Mais nous le constatons tous quotidiennement, l’enchevêtrement législatif, réglementaire, administratif et fiscal génère dans notre pays une paralysie latente. Si rien n’est fait, elle peut être mortifère.

GEEA : Vous pensez donc être un rouage nécessaire dans un système complexe et difficile pour beaucoup.

V. LOUWAGIE : Je n’irai pas jusque là, nous avons la chance en France d’avoir une administration compétente. Cependant, la multiplicité de textes sur tous les sujets donne le sentiment, à ceux qui prennent l’initiative de s’engager dans une voie nouvelle, d’entrer dans une jungle hostile. GEEA : Avez-vous un exemple ?

V. LOUWAGIE : J’ai en tête un projet de production d’énergie photovoltaïque dont je viens d’apprendre sa future réalisation grâce à l’accord obtenu auprès des autorités de l’État. En lui-même ce projet n’a que des atouts et apporte des solutions pour l’ensemble des acteurs concernés. C’est pourquoi, dès mon élection comme député, je me suis saisie de ce dossier que beaucoup pensaient impossible face aux obstacles de la réglementation. En concertation avec l’ensemble des parties prenantes, et avec la volonté des autorités compétentes, nous avons réussi à lever un à un les verrous administratifs qui gelaient ce projet depuis plus de cinq années. GEEA  : Finalement, comme député vous êtes également un acteur économique de votre territoire ?

V. LOUWAGIE : Député certes, mais avant tout un acteur économique de notre territoire. Depuis 2010, je suis membre titulaire du bureau de la CCI d’Alençon. Une fois élue député, je n’ai fait qu’inscrire mon action dans la continuité de mes engagements.


L’Orne L’AIGLE-MORTAGNE AU PERCHE

➜ Rennes : 2h13

+ Infrastructures d’accueil :

➜ Marseille : 5h34

Au cœur d’un territoire naturel et préservé, cette circonscription dispose d'infrastructures modernes et adaptées à l'accueil de nouveaux acteurs économiques.

➜ Lille : 3h30

En plein cœur d'un carrefour géographique et économique, la 2e circonscription de l'Orne est actuellement équipée de 4 télécentres (Berd'huis, Bellême, Vimoutiers et Rémalard), de pépinières d'entreprises et d'un comptoir de zones d'activités à L'Aigle.

PAR BATEAU :

+ Chiffres clés de la circonscription :

➜ À 1h30 du port de Rouen 1er port européen pour l’exportation de céréales

➜ 1 : Parc Naturel Régional du Perche ➜ 3 terroirs qui composent la circonscription : le Pays d’Auge, le Pays d’Ouche et le Perche

➜ Lyon : 4h06 ➜ Strasbourg : 4h50

L’Orne, ➜ À 45 minutes du port de Caen-Ouistreham liaisons vers la Grande-Bretagne

➜ À moins de 2h du port du Havre 1er port français pour les conteneurs ➜ À moins de 2h30 du port de Cherbourg liaisons vers la Grande-Bretagne et l’Irlande

➜ 34 hab. /Km² (France : 114 hab./Km²) – un territoire préservé

PAR AVION :

➜ 205 communes

L’Orne,

➜ + 16 000 Résidences secondaires dans l’Orne (dont une grande partie au sein de cette circonscription)

➜ À 1h30 des aéroports de Caen, Deauville et Nantes pour la France et l’Europe

+ Une accessibilité, par tous les moyens de transports :

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«UNE TERRE D’AUDACE ET D’ENTREPRENEURS» Dès le 19e siècle, du Pays d’auge au Sud du Perche, cette terre rurale sauvage a donné naissance à de grands capitaines d’industrie et à des entrepreneurs hors du commun. En effet, un jeune bellêmois, Aristide Boucicault s’installe à Paris en 1829 pour révolutionner en quelques décennies le commerce et la vente. Sous son impulsion, le Bon Marché et ses 52 800 mètres carrés seront l’emblème de cette innovation et du libéralisme insufflé par le Second Empire. Deux figures ont marqué et fortement enrichi ce territoire puisqu’aujourd’hui encore l’activité liée à leur ingéniosité perdure toujours. Benjamin Bohin, tout d’abord, né à L’Aigle en 1822, et les générations qui lui succédèrent ont permis de faire de ce nom, Bohin, le numéro un français de l’aiguille à coudre. Joseph Abadie, ensuite, inventeur du papier à cigarettes sans colle s’installe en 1866 au Theil-sur-Huisne. L’entreprise theilloise emploie désormais environ 340 salariés.

➜ À 2h00 de Paris-Orly et 2h20 de ParisRoissy-Charles de Gaulle

En moins de 30 minutes, un accès aux échangeurs autoroutiers A28 (Calais-Bayonne) et A88 (Caen-Tours) qui traversent le département et permettent d’accéder : PAR LA ROUTE : ➜ À Paris en 1h45 ➜ Au Mans en 40 minutes ➜ À Rouen et Caen en 1h30 Source : Orne Développement

➜ Au Havre et à Rennes en moins de 2h PAR LE TRAIN : ➜ Paris : 1h20 ➜ Nantes : 1h54 87


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«UN TERRITOIRE MARQUÉ PAR L’EXCELLENCE» De Jean Gabin né à Vimoutiers et installé à Bonnefoi près de Moulins-La-Marche - l’acteur aux plus de cent films - aux leaders mondiaux dans des secteurs industriels et de pointe, la 2e circonscription de l’Orne recèle de nombreux savoir-faire reconnus à l’export et dans les voies d’excellence : - Coffret Pack, L’Aigle, fabrique les cartonnages des grands noms de la Haute Couture ; - Mafter-Bourgeat, Longny au Perche, leader mondial de l’équipement de cuisine professionnelle ; - RT Rai-Tillières, Rai, 1er fabricant de tissus techniques plastiques en Europe ; - Riffaud-Gimaex, Tourouvre, dont les échelles équipent les véhicules de secours du monde entier ; - Frénéhard et Michaux, L’Aigle, 1er fabricant français d’accessoires de couverture pour le bâtiment ; - Armistol SAPO, Saint-Cyr-la-Rosière, dont les huiles sont présentes chez tous les armuriers de France et connues de tous les chasseurs d’Europe ;

- Boutaux Packaging, basé à Mâle, est lauréat de l’Oscar de l’emballage 2013 dans la catégorie papier carton pour son fourreau collector réalisé pour le DVD du film «Sur la piste du Marsupilami» ; - Cidrerie CSR, La Rouge près du Theil-surHuisne, produit 9 millions de bouteilles de Champomy par an (boisson pétillante festive sans alcool à base de pommes).

«UN TERROIR DE RENOM ET DE QUALITÉ» De cette vaste zone rurale et vallonnée, une spécialisation agricole et agro-alimentaire s’est façonnée durant les siècles. Des concours de vaches de race normande dans le Pays d’Auge aux chevaux de traits percherons, le secteur agricole est encore très présent dans l’économie locale et produit grâce à une inventivité permanente, une valeur ajoutée et des emplois non délocalisables. Le Pays d’auge par exemple dispose d’une AOP (appellation d’origine protégée) pour le cidre qui y est produit. Le cidre du Perche s’est inscrit récemment dans cette démarche d’une AOP spécifique. C’est pourquoi, une large place a été faite à cette spécialisation agricole et agro-alimentaire dans les focus de présentation qui suivent.

IMV TECHNOLOGIES

A

près avoir créé, en 1946, le premier centre français d'insémination artificielle pour bovins, Robert Cassou fonde IMV («Instruments de Médecine Vétérinaire») en 1963 à L’Aigle. Le fondateur du groupe, invente un contenant révolutionnaire : la paillette destinée à l'insémination artificielle des bovins. Dès son lancement, celle-ci devient la référence universelle pour conditionner et conserver de la semence bovine, propulsant IMV Technologies sur la scène internationale. Depuis 1980, le groupe a consolidé sa présence à l'international en ouvrant des filiales aux États-Unis, en Inde, en Chine, en Italie et aux Pays-Bas.

S'en suit une longue série d'innovations, parmi lesquelles des consommables, des solutions pour l'automatisation du travail en centre d'insémination et dans les biothèques, des milieux de conservation ou encore des solutions de cryopréservation. Ces solutions concernent de nombreuses espèces animales, mais aussi l'humain depuis 1987, date de création de la filiale Cryo Bio System. Aujourd'hui leader mondial sur le marché des biotechnologies de la reproduction, le groupe IMV Technologies reste fidèle à son esprit pionnier et continue de développer des techniques à la pointe de l'innovation en matière d'insémination artificielle. Plus de 95% de la fabrication du groupe se fait depuis le site industriel, basé à L'Aigle. Cette production est constituée de produits à la pointe de l'innovation mis en œuvre dans des standards de qualité très exigeants. Le groupe IMV Technologies emploie à L’Aigle plus de 250 collaborateurs de 9 nationalités différentes.

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Gilles de Robert de Lafregeyre, président du directoire

«IMV Technologies, c’est un demi-siècle d’histoire au service du vivant. Nous sommes fiers d’assister dans leurs efforts, au quotidien, éleveurs et inséminateurs du monde entier, en leur offrant des technologies toujours plus innovantes et performantes. Force motrice du groupe, l’esprit pionnier d’IMV a su rester intact. Mais il a su aussi intégrer avec soin cette notion de développement durable, désormais aussi incontournable qu’essentielle.» IMV DES ACTIONS TRÈS CONCRÈTES

LA BIODIVERSITÉ : Des technologies spécialement étudiées sont élaborées pour constituer des banques de gamètes. Celles-ci contribuent à préserver le patrimoine génétique de diverses espèces, dont certaines en voie d’extinction.

UNE NATURE RICHE EN ENSEIGNEMENTS

UN ENGAGEMENT SOCIÉTAL CONCRET

La protection de la biodiversité est un sujet qui a retenu toute l’attention de notre groupe. De plus, l’étude de gènes ou de certaines combinaisons pourrait être très utile à l’avenir pour mieux comprendre des caractéristiques aujourd’hui mal définies (comme la résistance aux maladies et au stress ou l’adaptation à différents environnements) ou identifier des mécanismes encore inconnus.

Pour prolonger son implication locale le groupe prend part à différentes initiatives en faveur du développement économique et social.

DES ESPÈCES À PRÉSERVER La sauvegarde du patrimoine génétique requiert un savoir-faire scientifique éprouvé. Le Groupe IMV technologies s’est impliqué dans plusieurs programmes de recherche sur la conservation du sérum et de la semence de certaines lignées de bovins, de la semence d’huîtres, des micro-algues, de différentes variétés de poissons, du sperme de faucons et de grues de Sibérie, de la semence d’animaux sauvages dans un parc sud-africain, ainsi que d’espèces menacées d’extinction comme le loup éthiopien.

Un siège industriel et social, conçu selon les critères Haute Qualité Environnementale (HQE), reflète l’engagement du groupe. Le nouveau siège réunit sur 13 500 m2 nos trois anciens sites, toujours à L’Aigle, en Normandie, berceau de notre histoire. Dans un environnement privilégié, il a été conçu pour regrouper les activités et optimiser les processus de fabrication, tout en améliorant le cadre de travail des équipes. Il a ouvert ses portes en septembre 2010 et répond aux critères HQE. Éco-construction, gestion durable de l’énergie, 1 700 m2 de panneaux solaires, confort et santé : tout au sein de ce bâtiment a été pensé pour respecter l’environnement comme l’humain. Vitrine du savoir-faire d’IMV Technologies, il accueille les clients, distributeurs et partenaires du monde entier.

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LES ÉLEVEURS DE LA CHARENTONNE

Inscrite dans le schéma de la consommation en circuit court, cette entreprise connaît une croissance impressionnante depuis sa création.

LEMIERE, qui ont su appréhender de nouveaux métiers, créer ainsi une valeur ajoutée à leur production et générer de l’emploi.

«Les Éleveurs de la Charentonne» est une récente entreprise locale issue d’une réflexion commune de 5 agriculteurs originaires du Canton de la Ferté Fresnel (61-Orne), Canton où la Charentonne prend sa source.

Ce n’est sans doute pas un hasard si, le 1er prix de la création d'entreprise, lui a été délivré en 2006 par le Conseil général de l'Orne.

POINTS DE VENTE :

Elle a pour vocation de découper, transformer puis de commercialiser au travers son propre réseau de distribution, des viandes bovines, porcines, ovines ainsi que des viandes de volailles. Son développement rapide amène aujourd’hui l’entreprise à fédérer des éleveurs implantés majoritairement dans le pays d’Auge et le pays d’Ouche. 90

95 salariés travaillent aujourd’hui dans cette entreprise avec une perspective de création de 10 emplois par an. Cette valorisation d’un savoir-faire et d’une qualité locale est un atout important du territoire ornais tant pour l’emploi que pour le maintien de l’activité d’élevage dans les prairies du pays d’Ouche. Il faut saluer la compétence et l’adaptation de ces agriculteurs et notamment de François

Amilly (45) – Arçonnay (72) – Argentan (61) – Aubigny-sur-Nère (18) – Bernay (27) – Condé-sur-Sarthe (61) – Gacé (61) – Gien (45) – L’Aigle (61) – Mortagne-au-Perche (61) – Pont-Audemer (27) – Vernon (27) QUELQUES CHIFFRES : Date de création : 2004 CA : 12 millions d’euros Salariés : 95 Prévisions : 10 postes supplémentaires par an


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CIRE TRUDON MANUFACTURE ROYALE Histoire et fabrication :

En 1643, un marchand nommé Claude Trudon arrive à Paris et devient propriétaire d’une boutique de la rue Saint-Honoré. Épicier, il est aussi marchand graissier ou cirier et fournit à ses clients des chandelles pour l’éclairage domestique et des cierges pour la paroisse. A cette époque, la cire était traitée de façon très minutieuse : elle était récoltée des ruches avec le plus grand soin, puis nettoyée et blanchie dans une série de bains. Elle était ensuite coupée en longueur et séchée à l’air libre. Les rayons du soleil aidaient à blanchir la cire. Grâce à l’extrême pureté de la cire, les bougies Trudon dégageaient une lueur magnifique. Ils sont inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques. Trudon est à l’époque devenue la plus belle et plus grande manufacture de cire du royaume ! En 1762, une section entière de l’Encyclopédie raisonnée des Sciences est consacrée à l’art du cirier dans laquelle l’ingénieur Duhamel du Monceau fait l’éloge du talent des Trudon et donne la manufacture en exemple.

Au seuil du règne de Louis XIV, Maître Trudon crée ainsi une première petite manufacture familiale qui portera son nom et fera la fortune de ses héritiers. Son fils Jacques devient à son tour un droguiste-cirier et entre dans le sillage de la cour de Versailles, en 1687, sous le titre d’apothicaire distillateur de la reine MarieThérèse, épouse du Roi.

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fournisseur de cierges de nombreuses églises et développe depuis plusieurs décennies des bougies parfumées pour de nombreuses maisons de prestige depuis son usine en Normandie. Le luxe reconnu à l’export :

La Manufacture obtiendra, en 1889, une médaille d’or à l’exposition universelle et d’autres récompenses pour l’intelligence de son savoir-faire, toujours aussi innovant.

La maison TRUDON® est aujourd’hui reconnue à travers le monde comme incarnant la qualité et le luxe français. Sofia Coppola a fait appel aux bougies Trudon pour son film «MarieAntoinette». Aujourd’hui, le développement à l’international du groupe est important. Des implantations en Chine, Asie du Sud-Est et sur d’autres pays émergents viennent renforcer la présence d’une marque déjà très présente aux États-Unis et dans les pays anglo-saxons. Malgré des marchés antagonistes, et de niveaux de maturité des modes de consommation très différents, le chiffre d’affaires à l’export ne cesse de croître et promet de belles réussites à venir.

Une tradition préservée :

Quelques chiffres :

Depuis le début du 20 siècle le site de production situé à Mortagne-au-Perche, au sein duquel environ trente personnes réalisent, aujourd’hui encore, des gestes ancestraux pour des commandes de séries artisanales ou sur-mesure. La Maison Trudon reste le

270 grammes : bougie phare de la maison

Au XVIII siècle, en 1737, Jérôme Trudon rachète l’une des plus célèbres fabriques de cire de l’époque : la Manufacture Royale de Cire. e

La Maison fournit la cour de Louis XIV, ainsi que les grandes églises de France. Plus d’une centaine d’ouvriers œuvrent alors dans un vaste bâtiment. Certains bâtiments sont encore présents à Antony (Hauts-de-Seine).

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60 pays : Cire Trudon® est présente dans une soixante de pays 600 points de vente à travers le monde 91


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FERME DES CHAMPS-ROMET PRODUCTEUR PAYSAN Innover, transformer, créer, valoriser, la ferme du Champ Romet à Saint-Fulgent-des-Ormes (61130) est un modèle d’exploitation agricole familiale. La recherche constante de la valorisation de la production a conduit la famille Chaussée à se doter de son propre abattoir et d’une boutique pour écouler en vente directe (après une transformation sur place) l’ensemble de sa production de porcs, de bovins, ainsi que quelques volailles. Depuis 1967 cette saga familiale, qui voit arriver la troisième génération, est en pointe et parie sur l’investissement pour générer de l’activité et répondre à une demande qui ne cesse de croître. Bien avant l’esprit du retour

à la ferme des années 2000, la vente directe est privilégiée en 1991. La surface de la Ferme des Champs Romet s’élève à 140 hectares qui servent à produire le fourrage et les céréales nécessaires à l’alimentation des animaux. Des légumes sont également cultivés sous serres à proximité de la boutique. L’ensemble de ces activités génèrent l’équivalent de 15 emplois à plein temps. Chaque fin de semaine plusieurs centaines de clients réguliers viennent s’approvisionner à la boutique. Tous les produits sont également présents chaque semaine sur les marchés du Mans, de Nogent-le-Rotrou, et de la Ferté-Bernard. Vous pouvez retrouver leurs recettes sur le site internet : www.fermechamps-romet.com

DATES-CLÉS DE LA FERME DES CHAMPS-ROMET : • 1967 : Installation de Marie-Claire et Jean-Claude Chaussée sur l’exploitation de la Ferme des Champs-Romet ; • 1991 : Création du laboratoire et ouverture d’une boutique à la ferme ; • 2000 : Création d’un nouveau laboratoire et d’une nouvelle boutique, conformes aux normes européennes ; • 2010 : Construction de l’abattoir d’une surface de 540 m².

Véronique LOUWAGIE et sa collègue Laure de LA RAUDIERE en compagnie de Jean Claude et Marie Claire CHAUSSEE et de leur fils Arnaud, Responsable de l’abattoir. 92


L’Orne LES POULARDES DE CULOISEAU

Quelques Chiffres :

Une terre, un village :

5000 volailles par an

Terre d’élevage et de culture, le Perche est une région de caractère, qui a su conserver son héritage culturel et son authenticité.

4 mois minimum de maturité

Élevées à Moutier au Perche dans la tradition des volailles haut de gamme pour la qualité et le goût, les Poulardes de Culoiseau renouent avec les méthodes ancestrales d’élevage d’une «volaille bien faite». Une volaille de qualité :

Les Poulardes de Culoiseau, au plumage roux et aux pattes blanches, sont issues d’une souche ancienne à la croissance lente. La poularde est un produit noble recherché tant par les fins gourmets que par les restaurateurs puisqu’il s’agit d’une viande fine, dense et savoureuse obtenue grâce à la maîtrise des stades de maturité associée à une alimentation adaptée et élaborée avec les céréales produites au sein de l’exploitation agricole familiale. L’élevage familial du Perche, mis en place par Bénédicte Poisot il y a près de 4 ans, grâce à l’alliance de la passion et d’un travail approfondi sur l’alimentation des volailles, séduit sans cesse de nouveaux clients. Avec pour seul but la qualité et l’excellence. Cet élevage associe la qualité d’une production artisanale et l’expertise d’un savoir-faire familial concocté au fil des ans.

50 ans de savoir-faire rigoureux Points de Vente :

• BOUCHERIE ANDRÉ 25, avenue Jean Baptiste Clément - 92100 Boulogne-Billancourt 01 46 05 07 55 • BOUCHERIE LEMOINE 35, rue de Chezy - 92200 Neuilly-sur-Seine 01 46 24 02 94 • BOUCHERIE DE L'AVENIR 51, rue du Rendez-vous 75012 Paris 01 43 43 72 80

NOS RÉGIONS ONT DU TALENT

• BOUCHERIE JEAN PAUL GARDIL 44, Rue Saint-Louis en l'Île, 75004 Paris 01 43 54 97 15 • BOUCHERIE P. HUET 20, rue de Saint-Cloud - 92140 Ville-d’Avray 01 47 09 23 44 15, rue Chante Coq - 92800 Puteaux 01 47 75 81 55 4, Place du Général Leclerc - 92150 Suresnes 01 47 72 04 72 36, rue du Maréchal Foch - 78000 Versailles 01 34 50 09 89 • BOUCHER GILLES PRÉVOST 61110 Moutiers-au-Perche 02 33 73 96 79

• BOUCHERIE DE L'AVENIR 47, rue Poliveau - 75005 Paris 01 47 07 33 11

• VILLA FOL AVRIL 2, rue Fers Chauds 61110 Moutiers-au-Perche 02 33 83 22 67

• BOUCHERIE YVES MARIE LE BOURDONNEC 172, avenue Victor Hugo 75016 Paris 01 47 04 03 28

• LE DOMAINE DE LA LOUVETERIE 61110 Moutiers-au-Perche 02 33 73 11 63

• BOUCHERIE YVES MARIE LE BOURDONNEC / LE COUTEAU D'ARGENT 4, Rue Maurice Bokanowski - 92600 Asnièressur-Seine 01 47 93 86 37 • BOUCHERIE TIM SAUTEREAU 25, rue Ramey - 75018 Paris 01 42 64 78 71

IDÉE RECETTE : Poularde de Culoiseau au vin jaune et aux morilles

INGRÉDIENTS : Pour 6 personnes Une Poularde de 2 kg 200 grammes de morilles séchées 1 oignon 1 cuillère à soupe de farine 25 cl de vin jaune ou de vin d’Arbois 1/4 de litre de bouillon de poule 25 cl de crème fraiche épaisse Beurre huile Sel, poivre du moulin

RECETTE : Découpez la Poularde en moreaux Dans une cocotte, faites revenir et dorer à feu vif dans le mélange beurre huile. Salez, poivrez. Pelez et émincez l’oignon. Ajoutez les dans la cocotte et saupoudrez le tout de farine. Laissez cuire quelques instants en remuant les morceaux.

Versez le vin, mouillez de bouillon de poule et laissez mijoter à feu très doux pendant 50 minutes. Versez la crème fraiche, ajoutez les morilles préalablement réhydratées et laissez cuire 30 minutes à découvert afin de faire réduire la sauce jusqu’à ce qu’elle nappe la cuillère. Rectifiez l’assaisonnement si besoin.

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NOS RÉGIONS ONT DU TALENT

L’Orne

CAMEMBERT, L’IDENTITÉ MONDIALEMENT CONNUE DE LA NORMANDIE Grâce à Marie Harel qui vers 1791 met au point des techniques innovantes que ses descendants amélioreront, le village de Camembert, en plein cœur du pays d’Auge, donne son nom au plus connu des fromages. Une solide tradition veut que, pendant la Révolution, Marie Harel tenait caché, à la ferme de Beaumoncel, un prêtre réfractaire qui, en remerciement, lui aurait donné un secret pour la confection du fameux fromage. Fromage favori de l’Empereur Napoléon III qui en réclame chaque jour à sa table :

c’est le début de sa notoriété au-delà de la Normandie. Aujourd’hui encore la fromagerie Durand perpétue artisanalement, au cœur même du village, la tradition d’un moulage à la louche du lait cru issu des meilleures vaches. LE TERROIR, LE SECRET DE LA TRADITION FROMAGÈRE Terre natale du Camembert, le pays d’Auge offre à lui seul l’image de la généreuse Normandie. Le bocage déroule une

campagne vallonnée, sillonnée en ses creux par d’innombrables ruisseaux et quadrillée par des vergers et des prés cernés de haies. Cette terre riche et la douceur de son climat régulier favorisent des herbages généreux. Ainsi les vaches laitières normandes offrent un lait d’une qualité unique, odorant et crémeux. A flanc de coteaux, les grandes maisons à colombages du village de Camembert retiennent en leurs murs toute leur histoire. ●

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Les membres

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Damien ABAD

Député de l’Ain ● Membre de la Commission des affaires économiques

Yves ALBARELLO

Député de la Seine-et-Marne ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Directeur administratif et financier

Julien AUBERT

Député du Vaucluse ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Magistrat à la Cour des comptes

Olivier AUDIBERT TROIN

Député du Var ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Agent général d’assurances

François BAROIN

Député de l’Aube ● Membre de la Commission des finances ● Avocat à la Cour

Michel BECOT

Sénateur des Deux-Sèvres ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Chef d’entreprise

Jacques-Alain BENISTI

Député du Val-de-Marne ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Cadre d’entreprise

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Sylvain BERRIOS

Député du Val-de-Marne ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées

Xavier BERTRAND

Député de l’Aisne ● Membre de la Commission des finances ● Agent d’assurance

Étienne BLANC

Député de l’Ain ● Membre de la Commission des finances ● Avocat

Jean-Marie BOCKEL

Sénateur du Haut-Rhin ● Membre de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées ● Avocat

Marcel BONNOT

Député du Doubs ● Membre de la Commission des lois ● Avocat

Valérie BOYER

Député des Bouches-du-Rhône ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Cadre du secteur hospitalier

Jean-Claude BOUCHET

Député du Vaucluse ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Gérant de société


Philippe BRIAND

Député d’Indre-et-Loire ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Chef d’entreprise et assureur

Bernard BROCHAND

Député des Alpes-Maritime ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Cadre du secteur privé retraité

Olivier CARRÉ

Député du Loiret ● Membre de la Commission des finances ● Chef d’entreprise

Gilles CARREZ

Député du Val-de-Marne ● Président de la Commission des finances

Luc CHATEL

Député de Haute-Marne ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Directeur des ressources humaines

Gérard CHERPION

Député de Vosges ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Pharmacien

Guillaume CHEVROLLIER

Député de la Mayenne ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Directeur de programme immobilier

Alain CHRÉTIEN

Député de la Haute-Saône ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Cadre du secteur public

Dino CINIERI

Député de la Loire ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Consultant sécurité

Philippe COCHET

Député du Rhône ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Gérant de société

Jean-Louis COSTES

Député du Lot-et-Garonne ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Fonctionnaire territorial

Jean-François COPÉ

Député de la Seine-et-Marne ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Administrateur civil et avocat

Édouard COURTIAL

Député de l’Oise ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Consultant

Jean-Michel COUVE

Député du Var ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Cardiologue

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Gérald DARMANIN

Député du Nord ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Cadre supérieur du secteur privé

Olivier DASSAULT

Député de l’Oise ● Membre de la Commission des finances ● Président de société

Serge DASSAULT

Sénateur de l’Essonne ● Membre de la Commission des finances ● Président directeur général de sociétés

Bernard DEBRÉ

Député de Paris ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Chirurgien des hôpitaux ● Professeur des universités

Isabelle DEBRÉ

Sénateur des Hauts-de-Seine ● Vice-présidente de la Commission des affaires sociales ● Vice-présidente de la Commission sénatoriale pour le contrôle et l’application des lois ● Gérante de société

Jean-Pierre DECOOL

Député du Nord ● Membre de la Commission des lois ● Professeur

Bernard DEFLESSELLES

Député des Bouches-du-Rhône ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Ingénieur

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Lucien DEGAUCHY

Député de l’Oise ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Horticulteur

Francis DELATTRE

Sénateur du Val-d’Oise ● Membre de la Commission des finances ● Attaché principal d’administration

Sophie DION

Député de Haute-Savoie ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Professeur de faculté

Philippe DOMINATI

Sénateur de Paris ● Membre de la Commission des finances ● Chef d’entreprise

David DOUILLET

Député des Yvelines ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Sportif de haut niveau ● Consultant

Virginie DUBY-MULLER

Député de la Haute-Savoie ● Membre de la Commission des lois ● Cadre du secteur privé

Claude DE GANAY

Député du Loiret ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Cadre de la fonction publique territoriale


Daniel FASQUELLE

Député de Pas-de-Calais ● Vice-président de la Commission des affaires économiques ● Professeur des Universités

Georges FENECH

Député du Rhône ● Membre de la Commission des lois ● Magistrat

André FERRAND

Sénateur des Français établis hors de France ● Membre de la Commission des finances ● Directeur de société

Michel FONTAINE

Sénateur UMP de la Réunion ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Médecin radiologue

Marie-Louise FORT

Député de l’Yonne ● Membre de la Commission des affaires étrangères

Yves FOULON Député de la Gironde ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Avocat

Annie GENEVARD

Député du Doubs ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Professeur du secondaire

Bernard GÉRARD

Député du Nord ● Membre de la Commission des lois ● Avocat honoraire

Alain GEST

Député de la Somme ● Vice-président de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Consultant

Daniel GIBBES

Député de Saint-Barthélemy et Saint-Martin ● Membre de la Commission des lois ● Notaire

Philippe GOSSELIN

Député de la Manche ● Secrétaire de la Commission des lois ● Maître de conférence à sciences po

Arlette GROSSKOST

Député du Haut-Rhin ● Membre de la Commission des finances ● Avocate

Françoise GUÉGOT

Député de la Seine-Maritime ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Maître de conférence associée

Meyer HABIB

Député des Français établis hors de France ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Chef d’entreprise

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Michel HEINRICH

Député des Vosges ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Pharmacien retraité

Michel HERBILLON

Député du Val-de-Marne ● Vice-président de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Cadre

Patrick HETZEL

Député du Bas-Rhin ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Professeur des Universités

Sébastien HUYGHE

Député du Nord ● Secrétaire de la Commission des lois ● Notaire

Christian JACOB

Député de Seine-et-Marne ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Agriculteur

Denis JACQUAT

Jacques KOSSOWSKI

Député des Hauts-de-Seine ● Secrétaire de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Dirigeant d’entreprise

Valérie LACROUTE

Député de la Seine-et-Marne ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Profession libérale

Jacques LAMBLIN

Député de Meurthe-et-Moselle ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Vétérinaire

Laure DE LA RAUDIÈRE

Député d’Eure-et-Loir ● Secrétaire de la Commission des affaires économiques ● Chef d’entreprise

Guillaume LARRIVÉ

Député de l’Yonne ● Membre de la Commission des lois ● Avocat

Isabelle LE CALLENEC

Député de la Moselle ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Médecin O.R.L. retraité

Député d’Ille-et-Vilaine ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Cadre supérieur du secteur privé

Christian KERT

Sénateur du Nord ● Membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation, du suffrage universel, du règlement et d’administration générale ● Enseignant du supérieur

Député des Bouches-du-Rhône ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Cadre administratif

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Jean-René LECERF


Marc LE FUR

Député des Côtes-d’Armor ● Vice-président de l’Assemblée nationale ● Membre de la Commission des finances ● Sous-préfet

Frédéric LEFEBVRE

Député des Français établis hors de France ● Membre de la défense et des forces armées ● Avocat

Pierre LELLOUCHE

Député de Paris ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Avocat ● Universitaire

Bruno LE MAIRE

Député de l’Eure ● Membre de la Commission des finances ● Grands corps de l’État

Maurice LEROY

Député du Loir-et-Cher ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Économiste

Gérard LONGUET

Sénateur de la Meuse ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Administrateur civil

Véronique LOUWAGIE

Député de l’Orne ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Expert comptable

Lionnel LUCA

Député des Alpes-Maritimes ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Professeur d’histoire-géographie

Gilles LURTON

Député d’Ille-et-Vilaine ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Cadre supérieur du secteur privé

Thierry MARIANI

Député des Français établis hors de France ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Cadre

Alain MARLEIX

Député du Cantal ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Ancien journaliste

Alain MARSAUD

Député des Français établis hors de France ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Magistrat

Alain MARTY

Député de la Moselle ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Gynécologue obstétricien

Patrice MARTIN-LALANDE

Député du Loir-et-Cher ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Cadre administratif

103


Jean-Claude MATHIS

Député de l’Aube ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Directeur de société

Jean-François MANCEL

Député de l’Oise ● Commission des finances ● Administrateur civil

Franck MARLIN

Député de l’Essonne ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Philippe-Armand MARTIN

Député de la Marne ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Viticulteur

Damien MESLOT

Jean-Luc MOUDENC

Député de la Haute-Garonne ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Grands corps de l’État

Yannick MOREAU

Député de la Vendée ● Membre de la Commission des affaires économiques

Philippe NACHBAR

Sénateur de Meurthe-et-Moselle ● Membre de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication ● Avocat

Yves NICOLIN

Député de la Loire ● Membre du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Avocat

Patrick OLLIER

Député du Territoire-de-Belfort ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Cadre bancaire

Député des Hauts-de-Seine ● Membre de la Commission des finances ● Cadre de société

Pierre MOREL-A-L’HUISSIER

Député de la Meuse ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Directeur du développement

Député de Lozère ● Membre de la Commission des lois ● Avocat

Alain MOYNE-BRESSAND

Député de l’Isère ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Chef d’entreprise

104

Bertrand PANCHER

Bernard PERRUT

Député du Rhône ● Secrétaire de la Commission des affaires sociales ● Avocat


Jean-Frédéric POISSON

Député des Yvelines ● Membre de la Commission des lois ● Chef d’entreprise

Christian PONCELET

Sénateur des Vosges ● Ancien Président du Sénat ● Membre de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées ● Haut fonctionnaire

Axel PONIATOWSKI

Député du Val-d’Oise ● Vice-président de la Commission des affaires étrangères ● Directeur de société

Hugues PORTELLI

Sénateur du Val-d’Oise ● Membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation, du suffrage universel, du règlement et d’administration générale ● Professeur des universités

Sophie PRIMAS

Sénateur des Yvelines ● Secrétaire de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication ● Directrice commerciale

Didier QUENTIN

Député de la Charente-Maritime ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Ministre plénipotentiaire

Jean-Luc REITZER

Député du Haut-Rhin ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Cadre d’entreprise chargé des relations sociales

Bernard REYNÈS

Député des Bouches-du-Rhône ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Chirurgien-dentiste

Bruno RETAILLEAU

Sénateur de la Vendée ● Secrétaire de la Commission des affaires économiques

Camille DE ROCCA SERRA

Député de Corse-du-Sud ● Membre de la Commission des finances

François ROCHEBLOINE

Député de la Loire ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Directeur commercial

Franck RIESTER

Député de Seine-et-Marne ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Chef d’entreprise

Arnaud ROBINET

Député de la Marne ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Enseignant chercheur praticien hospitalier

Sophie ROHFRITSCH

Député du Bas-Rhin ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Juriste

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François SAUVADET

Député de la Côte-d’Or ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Journaliste

Claudine SCHMID

Député des Français établis hors de France ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation

François SCELLIER

Député du Val-d’Oise ● Membre de la Commission des affaires étrangères ● Directeur divisionnaire des impôts honoraire

Fernand SIRÉ

Député des Pyrénées-Orientales ● Membre de la Commission des affaires sociales ● Médecin retraité

Thierry SOLÈRE

Député des Hauts-de-Seine ● Membre de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ● Profession libérale

Éric STRAUMANN

Député du Haut-Rhin ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Professeur agrégé

Claude STURNI

Député du Bas-Rhin ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation

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Alain SUGUENOT

Député de la Côte-d’Or ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Avocat

Michèle TABAROT

Député des Alpes-Maritimes ● Membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ● Chef d’entreprise

Lionel TARDY

Député de Haute-Savoie ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Gérant d’entreprise

Jean-Charles TAUGOURDEAU

Député du Maine-et-Loire ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Chef d’entreprise

Catherine VAUTRIN

Député de la Marne ● Vice-présidente de l’Assemblée nationale ● Membre de la Commission des affaires économiques ● Directrice marketing

Patrice VERCHÈRE

Député du Rhône ● Membre de la commission des lois

Jean-Pierre VIAL

Sénateur de la Savoie ● Membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation, du suffrage universel, du règlement et d’administration générale ● Avocat


Philippe VIGIER

Philippe VITEL

Député du Var ● Vice-président de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Chirurgien plasticien

Michel VOISIN

Député de l’Ain ● Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées ● Expert comptable ● Commissaire aux comptes et expert-judiciaire

Éric WOERTH

Député de l’Oise ● Membre de la Commission des finances ● Associé dans un cabinet d’audit international

Les 130 parlementaires membres de

Député d’Eure-et-Loir ● Membre de la Commission des finances ● Biologiste A.I.H.P

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Bulletin d’adhésion Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse :

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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Commune : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mél : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je suis une personne physique : � � �

100 euros 200 euros Autre montant :

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Je souhaite faire adhérer ma société : � � �

1 000 euros 2 000 euros Autre montant :

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Je souhaite être membre bienfaiteur et verse la somme de : � � � �

500 euros 1 000 euros 2 000 euros Autre montant :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le chèque est à établir à l’ordre de Génération Entreprise - Entrepreneurs Associés. Chaque don de particulier est déductible de vos impôts à hauteur de 66% du montant de votre don. Un reçu fiscal vous sera adressé en retour. A retourner à: GÉNÉRATION ENTREPRISE - ENTREPRENEURS ASSOCIÉS 53, RUE DU CARDINAL LEMOINE — 75 005 —PARIS


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De belles voilures...

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