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e Magazine s’est toujours voulu comme un résumé non exhaus f des ac ons de Jeunialissime, ainsi que des grands points qui ont marqué l’année. Ce e édi on est centrée sur l’entre-soi et les ques ons existen elles et spirituelles que se posent les jeunes LGBTIQ+, certes, mais aussi tous les jeunes en général, en quête de leur iden té. Nous espérons que le témoignage choisi ce e année sera une source de réconfort et d’inspiraon pour vous. Vous découvrirez, dans ce e édi on, comment les jeunes qui assistent à nos débats répondent aux ques ons importantes et structurantes pour eux ou elles. La religion et encore plus la spiritualité est très importante pour chaque individu qui qu’il-elle soit. Malheureusement, la religion a tendance à être le principal déterminant dans l’accepta on ou non des individus en fonc on de leur orientaon sexuelle ou iden té de genre. Concernant les personnes homosexuelles et bisexuelles, les groupes religieux expriment publiquement leur rejet à l’homosexualité et associent les comportements sexuels du même sexe au satanisme. Par exemple, à Bukavu, une sta on de radio de l’Église catholique organise un programme tous les samedis, incitant la communauté à détester
les personnes homosexuelles et bisexuelles. Comment un-e jeune issu-e de ces communautés, peut-il/elle avoir une bonne santé mentale et un bon rapport avec la religion ou la spiritualité dans ce type d’environnement? Une enquête réalisée avec CONERELA+ a mis en lumière que beaucoup de jeunes désertaient les églises parce qu’ils se sentaient discriminés et s gma sés. Pour décanter la situa on, ce e année nous avons, en partenariat avec CONERELA+, réuni certains leaders religieux et quelques représentants de la communauté LGBTIQ pour échanger sur ce e probléma que. Vous découvrirez donc ce qui en résulte dans ce e édi on. Découvrez également le Révérend JIDE MACAULAY, qui est ouvertement gay et qui dirige la structure HOUSE OF RAINBOW. Notre entre en avec lui vous aidera à faire le pont avec toutes les probléma ques abordées et vous perme ra de vous faire une opinion plus juste. Nous espérons vraiment que ce e édi on aura un fort impact dans notre objec f de la construcon d’un meilleur futur avec nos différences.
Bonne lecture !
Scaly Kep’na Président de Jeunialissime
EN COUVERTURE Photo : Ajamu Photography UK Modèle : Rév. Jide Macaulay
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coming out me permet d’être vraie.» Danielle «Un prêtre de ma paroisse a dit à mon père que je suis gay. J’ai été chassé de la maison et depuis je n’ai pas de lieu fixe où passer mes nuits. Mon avenir est menacé car on ne supporte plus mes études alors que je viens de commencer l’université.» Mardoché «Je fais mon coming out par étape. Mais le fait que je sois déjà autonome financièrement m’aide à faire face aux représailles. Certains membres de ma famille sont au courant, ils ne sont pas d’accord avec mon orienta on sexuelle, mais personne n’est en mesure de m’imposer quoi que ce soit. Ils fournissent plutôt l’effort de me prendre comme tel.» Ernest
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L’image de ce e étape n’est pas toujours rose comme l’illustrent ces quelques témoignages. Pour certains, ça a été dur et pour d’autres un peu moins. En dehors de Danielle et Ernest, beaucoup de jeunes homosexuels se retrouvent dans le cas de Mardoché qui a été chassé du toit familial et depuis il n’étudie plus car le père a décidé de ne plus supporter ses frais. Alors qu’il désire ardemment être u le à la société.
Un coming out, c’est la fait de faire l’annonce d’une orienta on sexuelle homosexuelle ou bisexuelle, voire d’une iden té transgenre. Et ce e annonce est faite par la personne concernée. Autrement, on parle du ou ng. De manière plus large, le coming out peut désigner une affirmaon de l’iden té de quelqu’un. Parfois on dit «sor r du placard». Cela marque une sor e de sa cache e, une révéla on et accepta on de soi tel qu’on est.
Nombreux sont ceux qui ne sont ni psychologiquement ni financièrement préparés à ce e étape lourde de conséquences et aussi importante. L’histoire de Mardoché a fait conclure qu’il n’est pas nécessaire de sor r du placard tant que l’on n’est pas prêt. Mais à bien des égards ce e étape permet de sor r d’une phase d’angoisse où l’on a constamment peur d’être démasqué. Seulement, il faut analyser la situa on dans laquelle on se trouve. Une autonomie financière est importante avant de prendre la décision de faire son coming out.
eaucoup de jeunes Kinois ont déjà entendu le terme coming out, dans des séries télévisées ou dans des reportages sans vraiment en connaître le sens. Il a été donc jugé opportun de partager ce que chacun comprenait par là. Les défini ons ont afflué de part et d’autre, chacun selon sa compréhension s’est prononcé sans crainte des railleries.
Après éclaircissements, ceux qui ont fait leur coming out ont partagé leurs expériences. Ceux qui l’ont bien vécu n’ont pas hésité d’en vanter les avantages et les bienfaits. «Mon coming out n’a été provoqué par personne. Mais ma famille me soupçonnait d’être lesbienne. J’ai longtemps nié. Je n’ai simplement pas supporté la pression et j’ai fini par craquer. Cela n’a pas été facile. J’étais encore étudiante. Au moindre faux pas de ma part, on m’a aquait sur ce terrain. Je n’ai pas été rejetée mais j’ai souffert de ce e période. Aujourd’hui je suis indépendante, je vis mieux mon coming out. Le
Beaucoup d’autres aimeraient vivre ouvertement leur orienta on sexuelle ou leur iden té du genre aux yeux de leurs proches, mais les condi ons dans lesquelles ils se trouvent ne garan ssent pas leur avenir. Il y en a qui osent faire le grand saut, mais beaucoup refusent de perdre privilèges, considéra on et amour de leurs proches. Le coming out, soit dit, est donc rela vement une phase importante, mais pas nécessaire. Il importe de savoir qu’on fait un coming out pour soi, pas pour quelqu’un d’autre.
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Kinshasa, capitale de la République Démocra que du Congo, nombreux sont ces jeunes qui ne sont pas en mesure de comprendre leur condi on d’homosexuels, ils ne savent pas me re des mots sur ce qu’ils ressentent et ce qu’ils sont vraiment. Beaucoup de jeunes homosexuels pensent que leur «condi on» n’est que passagère, que ce n’est qu’une étape de la vie, qui finira par leur échapper ou dont ils pourront «sor r» à un moment de leur vie. D’où entre autres raisons, la nécessité de nos rassemblements, de nos séances de débats. ‘‘Moi j’ai 20 ans et je ne compte pas rester lesbienne après mes 25 ans. Je compte me marier à un homme et fonder une famille.’’ J.J Ces considéra ons ne sont pas sor es de nulle part. Beaucoup d’aspect de la société, de l’environnement immédiat ainsi que des mythes entourant la no on même d’homosexualité ou carrément de diversité sexuelle ont exercé une influence non négligeable sur la manière dont la communauté LGBT se perçoit elle-même. ‘‘Mon père a une fois dit à ma mère de ne pas trop s’en faire pour moi, qu’il ne s’agissait que d’une erreur de jeunesse qui finirait inévitablement par passer.’’ C. Actuellement, sévit un phénomène nommé SHOWBIZ. Ce nom iden fie le fait que les jeunes hommes font des rapports sexuels avec des hommes un business, une source d’argent... Coucher avec des personnes de même sexe juste pour avoir un peu de sou. Certains jeunes ne se disent même pas homosexuels et se disent coucher simplement pour de l’argent. Et cela n’aide pas la société à apercevoir différemment les personnes homosexuelles. Ainsi elle iden fie l’homosexualité comme un travail et non un état d’être, une
condi on innée. Autant que l’hétérosexualité ou l’homosexualité, toute orienta on sexuelle peut être défini ve ou évolu ve. Cela dépend des cas. On parle d’évolu on car très souvent il pourrait être le résultat d’un besoin de se redécouvrir, d’explorer quelque chose de nouveau. Et que de ce e quête naisse un déclic. Beaucoup d’hétérosexuels refoulant leur coté homosexuel, du fait d’avoir essayé autre chose, ont bien fini soit bissexuels soit carrément homosexuels. La même logique est donc applicable pour les personnes homosexuelles. On parle de fluidité. L’orienta on sexuelle serait donc fluide. En outre, coucher avec une personne de sexe opposé ne fait pas de vous un-e hétérosexuel-le. De même, coucher avec une personne de même sexe ne fait pas de vous un-e homosexuel-le. Ce n’est pas la pra que sexuelle qui définit une orienta on sexuelle. Et donc il a été montré à J.J que ne plus avoir de pra ques homosexuelles comme elle prévoit ne ferait pas d’elle une hétéro pour autant. Mais qu’elle déciderait peut-être, qui sait, de vivre dans le déni. Les percep ons sociales peuvent condi onner quelqu’un à croire qu’il est «devenu» hétérosexuel et con nuer ainsi à se men r pour échapper à des discrimina ons et s gma sa ons. Car la no on d’orienta on sexuelle est bien plus profonde qu’un aspect sexuel. En défini ve, il y a des homosexuel-le-s et des hétérosexuel-le-s à vie, tout comme il en existe qui ont vu leur sexualité évoluer, migrer vers autre chose. Certains individus découvrent jusque tard qu’ils sont hétérosexuels alors que d’autres se rendent comptent tout aussi tard qu’ils sont homosexuels.
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ue comprenez-vous de la no on de spiritualité? Pouvons-nous dis nguer la spiritualité de la religion?
Que pensez-vous de la compa bilité entre la spiritualité et toute orienta on sexuelle différente de l’hétérosexualité? Les personnes de la communauté LGBTIQ ont-elles le droit d’accéder à une forme de spiritualité?
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Nous comprenons que dans beaucoup de domaines, les préjugés et les mythes, entre autres raisons non fondées, sont à l’origine de ce e confusion. Voici les réac ons de quelques par cipants à un de nos échanges:
‘‘La spiritualité, selon mon entendement, c’est le fait d’être en communion et en harmonie avec le monde qui nous entoure’’ Masema ‘‘Pour moi, la spiritualité renvoie au respect et à l’amour pour les autres’’ Naija ‘‘La spiritualité est le fait d’être en communion avec Dieu en observant Ses Lois et Principes établis’’ Paul
Saviez-vous que la spiritualité désignait au XIVe siècle l’immatérialité? En Afrique pré-coloniale, la spiritualité était associée à l’existence des forces invisibles, d’ancêtres qui servaient de pont entre le divin et les hommes ou le monde visible. Par contre, la religion peut être aujourd’hui définie comme une « reconnaissance par l’humain d’un être/principe supérieur de qui dépend sa des née ; a tude intellectuelle et morale qui en résulte ». Au gré des mouvements et des mé ssages culturels, la no on de spiritualité telle que connue à la base s’est fondue dans ce qu’est une religion. N’empêche que l’humanité cherche à redéfinir ce terme afin d’éviter tout amalgame, vu un intérêt croissant concernant la spiritualité. Car il convient de le dire, la spiritualité n’est pas une religion, régie par des dogmes bien spécifiques. La véritable spiritualité n’est pas biaisée, elle est libre et nous conduit vers une double évolu on : celle du cœur et celle de l’esprit. Son but ul me est la connaissance de soi-même. Le chemin conduisant à la spiritualité est essen ellement individuel. Par contre, la religion est stagnante et empêcherait d’évoluer sur une voie personnelle, car se reposant sur des principes établis, donc auxquels se conformer. Point de ressemblance entre toutes les religions. En religion, «vous devez croire, sans douter, sans ques onner, tout ce qu’elles avancent. A l’opposé, la spiritualité est un ques onnement con nuel, une remise en ques on, de ce que l’on croit savoir», comme nous le dit Daniel Roch dans un extrait à lire sur norja.net/lavie/ html/la_demarche_spirituelle.html).
‘‘Les personnes LGBT seraient bien dans la légi mité d’entreprendre une démarche spirituelle, puisque la recherche de notre iden té peut nous mener sur ce e voie de quête personnelle », nous dit Cléo, une par cipante S’engager à entreprendre une démarche spirituelle implique à se lancer sur une route qui puisse aider celui/celle qui s’y met à mieux appréhender sa nature profonde. C’est apprendre à s’améliorer au gré des efforts et de la prise de conscience de soi. Il s’agit d’un choix opéré en toute conscience. Nombreux sont les jeunes homosexuels qui se demandent s’ils ont le droit d’entreprendre une démarche spirituelle. Hé bien ! Que l’on soit riche, pauvre, croyant, athée, hétéro ou appartenant à la communauté LGBT, tout individu a le droit de prétendre à une démarche spirituelle. Car il n’y a aucun dogme, aucune règle qui s’impose, si ce n’est l’amour pour soi et pour son prochain.
‘‘L’homme n’est pas un être religieux, à la base, mais il est plutôt un être spirituel. Et les homosexuels font par e de la race humaine.’’ Lors d’une démarche spirituelle, souvent l’on recourt à la médita on. Car elle permet d’a eindre un éveil de conscience. Et cet éveil de conscience ne dépend pas d’un principe religieux. Ce qui fait que tout être humain, qu’importe sa croyance, qu’importe sa classe sociale, qu’importe sa situa on financière, qu’importe son orientaon sexuelle, peut prétendre à une démarche spirituelle. Puisque la spiritualité, au vu de ce qui précède, n’interfère pas avec l’orienta on sexuelle. Donc, aussi étonnant que cela puisse paraître pour certains, on peut bien concilier une vie spirituelle et une sexualité différente.
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8 Lancé en 2014, le projet Jeuniafrica a su se renforcer dans le temps. Après le renforcement des capacités des jeunes reporters, les émissions radio produites ne passent plus seulement en ligne sur soundcloud. Elles sont aussi diffusées sur une radio de la place, la RTVS1, fréquence 89.0MHz. Depuis 2016, les émissions en lingala sont des nées exclusivement aux auditeurs kinois afin de mieux nous rapprocher du public. Celles en français con nuent à être postées sur soundcloud. L’équipe compte à ce jour une dizaine de jeunes reporters. Ils sont répar s en deux groupes afin de couvrir les deux types d’émission. Jeuniafrica donne la parole à la jeunesse kinoise pour parler de ces problèmes qui sont siens. C’est aussi une émission qui vise à changer le regard que les jeunes hétérosexuels ont sur leurs frères et sœurs LGBTI. Les émissions en ligne sont à écouter sur
h p://soundcloud.com/jeunialissime
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Children’s Radio Founda on donne la parole à la jeunesse 10 dans plus de pays africains, à travers les ondes radio. En Côte d’Ivoire, au Libéria, en République Sud-Africaine, en Tanzanie, en Zambie et en République Démocra que du Congo CRF est à pied d’oeuvre pour amplifier la voix de la jeunesse. A Kinshasa, outre le fait de travailler avec les jeunes reporters de Jeuniafrica (le projet radio de Jeunialissime), la CRF encadre les enfants de la rue en leur perme ant de traiter des sujets les touchant au quo dien, à travers des émissions réalisées et présentées par eux-mêmes.
Cérémonie d`ouverture de la 19ème Conférence Internationale sur le SIDA et les IST en Afrique (ICASA) Photographe : David Zamblé
La présence de Jeunialissime à la 19ème Conférence Interna onale sur le Sida et les IST en Afrique (ICASA), qui s’est tenue en Décembre 2017 à Abidjan, a été rendue possible grâce à la collabora on avec Children’s Radio Founda on. Deux jeunes reporters ont été dépêchés sur place, pour le compte du projet Jeuniafrica. La vidéo «Bringing out the voices of LGBTI youth in Kinshasa, Democra c Republic of Congo» est à voir et revoir sur www.vimeo.com. Pour en savoir plus, visiter leur site h p://childrensradiofounda on.org
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e rapport 2015 de l’ONUSIDA révèle que le taux de l’épidémie de VIH est réduit. Pour mieux éradiquer ce e pandémie, il ne faut laisser personne à côté de la lu e, quelle que soit sa situa on physique, socioculturelle ou son orienta on sexuelle. Cependant, l’ignorance des besoins de la popula on clé en général ainsi que la s gma sa on et la discrimina on des LGBTIQ en par culier, cons tuent l’un des obstacles majeurs , non seulement à la préven on des nouvelles infec ons au VIH, mais aussi à l’a énua on de l’impact du SIDA, à la fourniture d’une prise en charge, au sou en et au traitement adéquats. En RDC, le rapport de l’enquête 2016 sur la s gma sa on et discrimina on des LGBITIQ en milieu religieux dans la ville de Kinshasa montre que 53 % des leaders religieux sƟgmaƟsent et discriminent les personnes ayant une diversité sexuelle. Soit, ils sont chassés de lieux de culte ; soit les fidèles refusent de s’asseoir à leur côté ou de leur serrer la main. Certains LGBTI ont décidé de ne plus fréquenter les lieux de culte, ou étant même devenus athées; d’autres ont voulu se suicider. Ce e a tude fragilise d’avantage les personnes LGBTI face au VIH/Sida. C’est dans ce contexte qu’un dialogue a été organisé du 18 au 20 septembre 2017 dans la ville de Kinshasa entre les leaders religieux et la communauté LGBTIQ, afin de mieux comprendre et d’éliminer, dans le cadre du VIH/SIDA, les défis de la s gma sa on et de la discrimina on dans les milieux de cultes. Il s’est agi d’un moment d’échanges francs, sincères, de libre expression sans tabou et de tolérance réciproque. Un moment au
cours duquel les par cipants se sont mis à rechercher ensemble un terrain d’entente, une solu on construc ve pouvant abou r à la collabora on entre les leaders religieux et les membres de la communauté LGBTIQ. Il a connu la par cipa on de 32 personnes, venant d’horizons divers: • un représentant du Ministère de la Jus ce et droits humains; • un représentant du Programme Mul sectoriel de la lu e contre le sida (PNMLS); • un représentant du réseau des organisa ons des personnes vivant avec le VIH (UCOP+); • dix leaders religieux des diverses confessions religieuses (catholique, islam, réveil, kimbanguistes…) ; • dix personnes faisant par e de la communauté LGBTIQ; • deux représentants des réseaux des leaders religieux (CONERELA+ et INERLA+); • deux représentants de l’ONG des droits humains (FADHUC); • un représentant des agences des Na ons unies (PNUD); • une ONG interna onale (Fonda on Elizabeth Glaser); • un représentant de l’EHAIA; • deux représentants de l’ONG des Défenses des personnes ayant une diversité sexuelle.
A entes Les a entes communes à toutes les par es représentées ont été les suivantes: • Echanger sur la s gma sa on et discrimina on des LGBTIQ dans les confessions religieuses ; • Elargir la coopéra on des leaders religieux et la
communauté LGBTIQ ; • Intégrer effec ve des LGBTIQ dans les communautés religieuses ; • Effacer les mythes sur LGBTIQ ; • Comprendre les convic ons des LGBTIQ sur leur orienta on sexuelle ; • Sor r et me re en oeuvre des ou ls de résultats et de suivi de travail.
Craintes Les par cipants ont fait part de plusieurs craintes; toutefois, la plus grande était de s gma ser ou d’être discriminés à travers les propos des uns et des autres au cours de ces échanges. D’autres craintes que voici ont été évoquées : • S’a aquer aux personnes ayant diversité sexuelle au lieu d’a aquer le VIH ; • Divulga on de statut sérologique et exposi on de vie privée des LGBTIQ ; • Manque de compassion envers les LGBTIQ ; • Mésententes entre leaders religieux et LGBTIQ.
Obstacles Plusieurs situa ons ont été envisagées comme obstacles à la réussite des objec fs et résultats attendus pendant et après le dialogue : • Non accepta on des LGBTIQ au sein des confessions religieuse à cause de leur orienta on sexuelle ; • Refus ou non connaissance de mariage des personnes de même sexe ; • S gma sa on et discrimina on des personnes ayant une diversité sexuelle.
Conséquences Il a été évoqué que le rejet des LGBTIQ et PVVIH entraînent : • de l’auto culpabilisa on ; • de la division des familles • de la sous-es ma on ; • de la frustra on ; • du suicide ou tenta ve de se suicider ; • de l’auto-s gma sa on • de la s gma sa on ; • de la discrimina on.
Mythes et convic ons Plein de préjugés entourent la ques on des LGBTI, et ceux-ci sont tellement ancrés dans notre mémoire qu’ils deviennent des convic ons. Certains ont été évoqués, à savoir : il n’existe pas d’homosexuels (les) chastes/vierges, LGBTI est un mou-
vement satanique et mys que qui est venu des «blancs» et veut conquérir la planète, les Lesbiennes vont vers les autres femmes parce qu’elles ont eu des décep ons amoureuses avec les hommes, les homosexuelles sont tous des athées, les LGBT sont anormaux et sont porteurs de malheurs dans la famille. Il a dès lors été souligné que la quasi-totalité de ce qu’on raconte de ce e communauté est soit fausse, soit non-applicable à toute une communauté.
Les recommanda ons communes Des domaines communs de travail entre les LGBTIQ et les leaders religieux ont été circonscrits. Il a été émis la réflexion sur les proposi ons de concré sa on des a entes de tous les par cipants au dialogue, les recommanda ons, ainsi que l’élabora on de la déclara on d’engagement et la mise en place de 3 groupes de travail. Les LGBTIQ et leaders religieux se sont mis d’accord pour collaborer et travailler ensemble en concré sant les recommanda ons suivantes : • Organiser les conférences, séminaires et les journées scien fiques sur les sujets liés aux LGBTIQ et le genre dans les communautés confessionnelles; • Sensibilisa on et accompagnement pastoraux; • Associer les LGBTIQ aux ac vités de l’église et ecclésias ques; • Prôner les discours d’amour et de rassembleur à l’endroit des LGBTIQ; • Faire le plaidoyer auprès des leaders religieux et les fidèles; • Lu er contre l’auto-s gma sa on, la s gma sa on et la discrimina on des LGBTIQ; • Cons tuer une équipe (point focal) des leaders religieux des défenses des droits des LGBTIQ; • Organiser des journées portes ouvertes pour la reconnaissance de l’existence des LGBTIQ; • Former et informer les membres des confessions religieuses de l’existence des personnes ayant la diversité de sexe; • Lu er pour l’intégra on familiale des LGBTIQ rejetés par les membres de leurs familles.
Le groupe de travail Les par cipants désireux d’apporter leur contribu on pour la réussite de ce e ini a ve dans le groupe de travail se sont librement manifestés. Au total, le groupe cons tué compte pour un départ 12 membres. 4 représentent des confessions religieuses, 4 autres pour le compte de la communauté LGBTIQ, 2 font par e de la coordina on
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CONERELA+, 1 est du Ministère de la Jus ce et 1 représentant des Organisa ons des droits humains.
l’engagement d’inviter les LGBTI à fréquenter leurs églises. D’autres leaders religieux ont souhaité la confiden alité dans leur engagement.
Ces trois jours d’échanges entre leaders religieux et les personnes ayant une diversité sexuelle s’asseyant côte à côte et se parlant ouvertement est une première dans l’histoire de la République Démocra que du Congo. Ces échanges se sont clôturés dans une ambiance très chaleureuse, tous s’engageant à poursuivre ces échanges même dans d’autres cadres. Certains leaders religieux ont pris
A la fin, le coordonnateur de CONERELA+ a sagement demandé et conseillé les par cipants de «garder confidence sur l’iden té des leaders religieux, étant donné que la théma que LGBTIQ est encore sensible dans la communauté religieuse congolaise. Ce e confiden alité perme ra aux deux par es d’a eindre les objec fs fixés.»
«Ces échanges constituent un bon départ du fait qu’il y a quelques points de convergence, malgré la sensibilité sur la thématique LGBTIQ dans nos communautés religieuses», un leader religieux «Bien que le Coran est muet sur la positivité de la thématique LGBTIQ, nous chercherons une parcelle pour injecter ce concept en Islam», Un Imam
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«Les LGBTIQ et les PvVIH sont des personnes ayant des talents qui peuvent servir Dieu à l’église ou dans nos milieux de culte», membre de la communauté LGBTIQ ; « C’est la toute première fois de ma vie que je puisse m’asseoir à coté d’une personne qui se déclare gay et cela a changé ma façon de voir les LGBTIQ », leader religieux ; « Que les leaders religieux acceptent les homosexuels comme tels dans les églises », leader religieux ;
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Lesbienne CHRETIENNE,
j’ai gardé la foi
J
e me nomme Nokuthula Dhladhla, née à Soweto. Ma famille a déménagé à Charlestown dans le Kwazulu-Natal en 2000. Nous sommes nés à cinq et je suis la plus âgée. J’ai grandi dans une famille chré enne. Nous assisons régulièrement aux cultes et ac vités religieuses dans une église, où j’ai donné ma vie à Dieu à l’âge de 10 ans. J’y ai été bap sée à l’âge de 16 ans et ac vement impliquée. J’ai fait mes études secondaires à l’école Sijabulule High School dans le Katlehong. Je suis détentrice d’un cer ficat en théologie depuis 1998 de Rhema Bible School et jai fait 3 jours de cours accélérés ministère urbain - à la Pretoria University en 2008. Ayant aussi suivi une forma on sur le VIH, le genre et la sexualité ini ée par INERELA, sur la sexualité humaine. Actuellement je suis un cours de 6 semaines sur « Les gardiens de la foi: les femmes et l’histoire de l’église chré enne ».
pas en plein dedans. Elle a demandé des séances de prières et nous sommes devenues amies, étant donné que je pouvais m’iden fier à elle, livrant les mêmes combats. Un jour, l’église a découvert mon orienta on sexuelle et ça a été le pire jour de ma vie, parce que tout ce qui que j’avais appris sur l’amour de Dieu avait disparu. Ce jour-là, le Dieu d’amour s’était transformé en un Dieu monstre que je ne connaissais pas. On avait fini par me dire que Dieu ne m’aimait pas, que Dieu me détestait et j’avais besoin de changer afin que Dieu m’aime à nouveau. Je me suis mise à prier pendant des mois, j’ai été ba ue, humiliée. J’ai été traitée comme si j’étais le pire des pécheurs. C’est ce que m’a fait endurer l’église dans laquelle j’ai grandi où j’ai parcipé à des ac vités depuis mon enfance. Ils ont fini par me bannir.
‘‘A un moment, j’ai bien fini par croire que
L’expérience de la découverte de mon iden té en tant que lesbienne remonte à j’étais possédée par un démon, que j’étais sale et dans le besoin d’être transformée la fin de mon adolescence. Je n’étais pas sure de ce qui m’arrivait ni de ce que je par Dieu. Car j’étais convaincue que si je ressentais. Je ne pouvais partager avec ne changeais pas, je brûlerais en enfer. personne ce e épreuve – c’en était une - parce que dans mon église la prédica- C’est ce qui m’avait toujours été enseigné on avait toujours été claire que l’homoet je ne voulais pas que cela m’arrive à sexualité était une abomina on devant moi.’’ Dieu et que c’était d’origine démoniaque. Ainsi, confier à quelqu’un ce que j’éprouvais n’était aucunement une op on. J’avais peur Dans la mêlée de ce e expérience, j’ai également d’être considéré comme quelqu’un de sombre, de été vic me d’un viol collec f par un gang. Et lorssatanique. Ce qui a fait que j’ai gardé mon secret. que mon église a été au courant de l’incident, les Je me suis alors mise à prier, à jeûner durement au membres de la congréga on ont dit que Dieu me point d’avoir honte de moi-même parce que rien soume ait à cela pour me punir parce que je ne ne changeait. Au début de ma vingtaine, une fille voulais pas changer, et que je méritais tout ce qui a commencé à venir à notre église, elle s’est mon- m’arrivait. Cela m’a affectée bien plus que tout ce trée ouverte quant à sa sexualité, mais elle n’était que j’avais vécu jusque là. Je n’avais plus personne,
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refuge, mon église, est devenu un lieu terrifiant pour moi où j’ai commencé à me sen r en danger permanent. Puis j’ai pris la décision de divorcer de Dieu et de l’église. Je ne pouvais plus con nuer d’aimer ce Dieu qui ne prenait pas soin de moi mais qui par contre me punissait. Je ne comprenais pas parce que tout ce que je savais était que j’avais été créée à son image. Alors pourquoi tout cela m’arrivait-il ? Le pire, c’est que ma famille ne disait rien. Ce qui en rajoutait à ma peine. Je me sentais honteuse devant eux, l’église et Dieu.
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J’ai été une oreille pour écouter et une épaule sur laquelle pleurer pour ceux qui en avaient besoin. J’ai été une compagne de voyage vers la recherche d’eux-mêmes et de Dieu, sur la voie de la conciliaon de leur sexualité et de leur foi. J’ai donc fini par voir beaucoup de gens se transformer et s’accepter encore une fois et se refaire une es me. J’ai rencontré beaucoup de personnes lgb qui avaient expérimenté la haine et la discrimina on dans l’église, qui avaient été désavouées par leurs familles et des lesbiennes qui ont été vic mes de viol collec f à travers lequel elles ont a rapé le VIH. Je me dis que je dois être là pour eux et les soutenir dans leur douleur pendant leur processus de guérison. Je me suis rendue compte que je peux u liser mon expérience pour aider des gens brisés à construire leur es me de soi et leur apporter du changement en leur rappelant que Dieu les aime les quels qu’ils soient. Maintenant, je comprends le verset qui dit que tout concourt à notre bien, peu importe la gravité de la situaon que l’on traverse. Ce qui aurait dû me détruire dans le passé a concouru à mon bien et à celui de mon prochain.
La douleur a été telle que j’en suis arrivée à tenter de me suicider. Mais je n’en suis pas morte. Ce qui m’avait plongée dans le coma. Lorsque j’ai été conduite à l’hôpital, le médecin qui s’est occupé de moi, après le pompage des pilules de mon ventre, m’a donné une forte gifle qui me réveilla. Il m’a demandé : « Pourquoi as-tu voulu te tuer ? Toi qui es encore si jeune, toi qui as encore la vie devant moi. Peu importe ce que tu traverses, Dieu t’a créée pour un but et te tuer ne répond pas au dessein de Dieu pour ta vie. » Je dois dire que c’était comme un réveil, une résurrec on, un appel pour moi. Une seconde chance m’avait été accordée et je remercie Dieu que je ne sois pas morte ce jour-là. A dater de ce jour je me suis assumée J’ai aussi œuvré pour aider les parents des enfants et acceptée telle que Dieu m’avait créée. J’ai été lgb , car d’une certaine manière ils font égaleremplie d’espoir. Cet esment face à la s gma sapoir était en rapport avec on et la discrimina on ‘‘...je me suis assumée et le fait de savoir que Dieu dans leurs églises et la me connaissait avant ma acceptée telle que Dieu m’avait communauté. Ce n’est pas naissance, que Dieu m’a une expérience facile pour créée.’’ créée pour un objec f eneux. Ce que j’ai appris de tre autre celui d’aider les tout cela est que, lorsque autres personnes LGBTI qui ont connu la même nous sortons du placard, les parents eux retoursitua on que ou pire encore. Ce qui a été passion- nent dans le placard car couverts de hontes et criques. Il a fallu à ma famille 20 ans pour s’adapter nant comme révéla on. et ça n’a tout simplement pas été facile. Après tout ça, j’ai commencé à lire ma Bible, à trouver des versets qui me parlaient. Mon excita- Travailler avec les pasteurs et les chefs religieux on était à son comble, sachant désormais que je a été une bénédic on. Partager mon expérience n’étais pas une erreur mais une créature de Dieu, avec eux à travers des dialogues et faciliter des créée à son image. Le travail que je mène depuis ateliers autour des ques ons de la sexualité a été sur la communauté LGBTI est de ce fait inspiré de une joie. Même si je con nue de faire face à de mon expérience personnelle avec l’église et ma foi nombreux rejets et à la discrimina on de la part de en Dieu. J’ai à nouveau appris le pardon et l’amour, certains d’entre eux, s’interrogeant sur a voca on je devais me pardonner à moi-même, à ma famille entant que pasteur et mon ordina on, j’ai appris et à mon église afin de trouver suffisamment de que les ques ons de la sexualité sont complexes force et être en mesure de guérir et ainsi pou- et mon devoir est de partager avec un pasteur à la voir aider les autres dans leurs expériences. Mes fois et leur être ouverte, peu importe la difficulté épreuves m’ont permis, au fil des ans d’aider des de ce voyage. Dieu est Celui qui peut transformer gens perdus qui n’avaient personne à qui se confier. chacun de nous.
Rév. Jide Macaulay
Il est le pasteur fondateur et le PDG de House Of Rainbow CIC. Britanique-Nigérian né à Londres, il est ministre chrétien depuis 1998, conférencier dynamique, inspirateur, auteur, poète, pasteur et prédicateur, activiste VIH+, titulaire d’un diplôme en Droit et d’une maîtrise en inclusion et réconciliation de la sexualité, de la spiritualité et les droits humains. Il écrit pour divers journaux chrétiens et laïques. Il est l’auteur de plusieurs livres, Poésie inspirée en 2001 et Dévotion de Poche pour les LGBT chrétiens en 2005. Il a remporté plusieurs prix, notamment celui des Black Community Awards en 2003 et 2007 dans la catégorie «l’homme de l’année» pour son travail au service des croyants. Présélectionné pour les National Diversity Awards 2014, dans la catégorie «Modèle de rôle positif». Il a servi de 2007 à 2013 entant que membre exécutif du Conseil et Co-Président de la Pan Africa International Lesbians and Gays Association. Il est actuellement Représentant Régional d’Afrique au Réseau Global Interreligieux, Conseiller financier à Kalidescope Trustee Royaume-Uni, et volontaire à Africa Children’s Charity.
Comment vous définissez-vous ? Rév. Jide : Je me définis comme un être chèrement croyant, enfant du Dieu Vivant. Je suis l’enfant gay favori de Dieu. Je suis un parent, africain, Ministre Britannique-Nigérian, théologien chréen et non apologé que ouvertement gay. Je suis DIVA, ce qui signifie Divinement Inspiré Victorieusement Oint (Divinely Inspired Victoriously Anointed). Il est très rare de rencontrer un Révérend Africain qui se dise ouvertement gay. Cela demande beaucoup de courage. Comment vivez-vous le regard des gens de manière quotidienne ? Rév. Jide : C’est rare tout simplement parce que des gens comme moi ne vivent pas leur vie authenque. Ils vivent dans le mensonge et le déni. La vérité est que Dieu dans les Cieux n’est pas peiné par votre sexualité, mais beaucoup plus par votre comportement. Aimez vos voisins comme vousmêmes. Entant que gay chré en, lorsque vous sous témoignez de l’amour à vous-même, vous défiez les préjugés de tous ceux qui vous haïssent. Lorsqu’ils le font, c’est le reflet de leur incapacité à s’aimer eux-mêmes. Que vous soyez une bonne personne ou non, il ne s’agit de ta manière d’observer les règles ni d’obéir à la loi, mais plutôt de comment tu vis ta vie en étant témoin de la charité et des besoins des autres. Je vis chaque jour l’expression de l’amour de Dieu pour moi, et je le partage aux autres. C’est un réel défi, mais nous sommes appelés à «...plutôt donner de la bénédic on en retour car c’est ce pourquoi nous sommes appelés. Ainsi nous pourrons avoir des bénédic ons en héritage.» Mon principe d’accepta on se base sur l’affirma-
on du Psaume 139 : 13-15 : «C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as ssé dans le sein de ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes oeuvres sont admirables, et mon âme le reconnaît bien. Mon corps n’était point caché devant Toi, lorsque j’ai été fait dans un lieu secret, ssé dans les profondeurs de la terre» Quels facteurs de votre vie vous a conduit à embrasser cette carrière ? Rév. Jide : Je ne pense pas qu’on puisse parler de carrière s’agissant d’un clergé. Je vois plutôt cela comme une voca on. Une voca on à faire du bien et faire par e de quelque chose d’extraordinaire, au-delà de ce monde. Etre là au service de Dieu à travers l’humanité. Lorsque j’avais 13 ans, je savais que Dieu m’appelait à la prêtrise, mais j’avais aussi découvert des choses terrifiantes sur l’interprétaon li érale de la Bible sur l’homosexualité. J’ai dû alors lu er avec Dieu et ma conscience. J’aime Dieu et je voulais tellement avoir raison en Dieu. Mais j’ai été exposé à une culture de violence spirituelle er d’homophobie religieuse. Il était difficile de trouver la vérité dans un tel environnement. J’ai passé ma vie dans la peur et me suis même marié à une femme, parce que je croyais à tort que cela était la volonté de Dieu. Je sais mieux à présent que Dieu m’aime tel que je suis. Et j’en conclus que je suis merveilleusement cons tué. Quelle est la valeur ajoutée de House Of Rainbow ? Rév. Jide : La valeur ajoutée de House Of Rainbow est la compréhension que nous partageons sur l’Evangile de l’inclusion dans le but de ramener à l’église ceux qui sont en marge de la société, par culièrement les lesbiennes, les gays, les bissexuels, les personnes transgenres. Pendant des
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siècles, nous avons été dénigrés et exclus de nos communautés. Nous avons été appelés abominaon, bons pour l’enfer. Le passage de Jean 10:16 nous avait rappelé que Jésus a dit : «J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de ce e bergerie; celles-là, il faut que je les amène; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger.»
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Les parents chré ens et les chefs religieux ont une compréhension erronée de l’homosexualité. Les abus des gens sur les personnes LGBT sont impardonnables. Cependant, nous croyons que Dieu nous appelle à un niveau plus élevé d’amour et dans le non jugement. La valeur ajoutée de House Of Rainbow est de sensibiliser le public sur le fait que les personnes LGBT sont aussi enfants de Dieu, pour inviter les communautés religieuses à approfondir leurs recherches sur l’homosexualité. Notre valeur ajoutée se situe également dans la capacité à apporter la guérison et la réconcilia on aux croyants LGBT, afin de perme re aux familles d’accepter leurs membres LGBT comme un don précieux et unique venant de Dieu. La République Démocratique du Congo est un pays où les problèmes d’orientation sexuelle sont une source de conflit avec la religiosité et le cadre politique. En plus, la majeure partie de la société y condamne l’homosexualité. Mais House Of Rainbow y a tout de même ouvert une extension. Pourquoi donc? Rév. Jide : Nous croyons fermement que la sexualité n’entre pas en conflit avec les ques ons de foi. Mais nous nous devons d’aborder cela sous un angle inclusif. La Bible était autrefois u lisée pour jus fier l’esclavage et l’oppression des fem-
mes, des enfants et des personnes handicapées. Il y a aussi une différence entre religiosité et spiritualité. Ce qui, pour beaucoup de personnes LGBT, est inacceptable. Malheureusement, de nombreuses lois na onales interdisent les comportements homosexuels, considérés comme inhumains et les communautés religieuses vont souvent à l’encontre de l’éthique de leurs propres croyances qui appellent à la paix, à l’unité et à l’amour. De nombreuses législa ons na onales sont élaborées sur base des principes religieux. Si tel est le cas, je pense que le gouvernement et la société de la RDC doivent considérer avec équité les préoccupa ons rela ves au bien-être des citoyens LGBT. Quels sont vos projets à court et à long termes pour la RDC? Rév. Jide : Nous n’avons pas de projets ni d’agenda élaborés. House Of Rainbow en RDC était une coïncidence, nous n’avions pas réalisé qu’il y avait un si grand besoin d’une communauté de foi qui puisse accueillir les personnes LGBT. Nous sommes à l’écoute des besoins des personnes qui songent à me re en place des espaces sûrs et des rassemblements réguliers. C’est ainsi que nous avons voulu y répondre. Et nous espérons con nuer à soutenir ces ini a ves. Quel message avez-vous à donner aux jeunes Congolais en général et aux jeunes congolais chrétiens en particulier? Rév. Jide : Dieu est amour, nous devons réaliser que nous ne sommes pas dans ce monde par notre choix. Dieu nous appelle afin de répondre à un monde en quête de guérison et de compassion. Les chré ens Congolais sont des gens qui connaissent très bien les atrocités commises contre l’humanité quand on prend en compte leur histoire d’abus. Il faut réagir avec soin et amour pour faire en sorte que les personnes LGBT soient également les bienvenues dans leurs lieux de prières.
Jide Rebirth Macaulay
@jidemacaulay
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