Jeunialissime mag 2018

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QUI SUIS-JE ?

Né(e) pour être

différent(e)

IDAHOT 2018 Comment bâtir un

meilleur futur avec nos

différences ?


Edito Le c doi hang e ta rr ment ive r! l arrivera en posant des actions significatives et voyantes touchant des grandes masses, mais aussi en valorisant la simplicité du quotidien… Cette année, nous avons voulu vous partager du vécu, partager avec vous nos interactions que nous avons directement eues avec les kinois sur les notions de la diversité.

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Vivons, en lecture, les questionnements interpersonnels des LGBTIQ+, leurs craintes, leurs dilemmes, leurs révoltes, leurs combats, leur fierté, leur dignité,... Lisons cela, pour nous découvrir nous-mêmes. J’espère que cette édition, écrite sur un ton léger, vous donnera envie de faire le voyage avec nous et qu’au terme de ce voyage, votre vision du monde se verra transformée de sorte à vouloir bâtir avec votre différence un futur où tout le monde est lui-même.

Scaly Kep’na Président de Jeunialissime


EN COUVERTURE Hervé-Greg Mokwabo Kabonte

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• NE(E) POUR ETRE DIFFERENT(E)

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• IDAHOT 2018 : COMMENT BATIR UN MEILLEUR FUTUR AVEC NOS DIFFERENCES ?

• PARCE QUE JE VIS A TRAVERS MON CORPS

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• L’ INDE : DE LA PENALISATION A LA DEPENALISATION DE L’HOMOSEXUALITE, UN PARCOURS DE VAILLANT !

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• LA DOUBLE VIE DE BLAISE

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• HERVE-GREG MOKWABO KABONTE INGENIEUR IT, ATHEE ET MILITANT LGBTIQ+


LECTEURS

NOS NOUS

écrivent Etienne K. Parlant de l’édition 2017, j’ai beaucoup apprécié la diversité des thèmes débattus dans le magazine. Je me suis retrouvé dans plusieurs cas et j’ai pu tirer quelques leçons. C’était vraiment une lecture instructive. J’ai aimé.

Nos lecteurs nous écrivent

Jules D.

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Tout d’abord, la mise en page. Le choix des polices, par exemple celle de l’éditorial; et aussi l’ajustement du texte pour éviter les tirets. Les gays sont souvent des gens avec beaucoup de goût et de finesse. Il faut que votre magazine en soit l’exemple. Sinon, je trouve ça superbe ! C’est vraiment bien écrit, il n’y a quasiment pas de fautes de grammaire; un peu de syntaxe, mais c’est pas très grave. La seule question que je pose est de connaître votre public cible. Parce que, en fait, c’est tellement bien écrit que ce serait super pour avoir des fonds. Car ça prouve un vrai travail de terrain. On sent très vite que chaque article est vraiment tiré d’une expérience de terrain. Mais par contre, honnêtement parlant, sur toute la communauté que vous visez à Kinshasa, n’y aurait-il pas seulement quelque 10% qui peuvent vraiment lire et comprendre tout ça. Qu’en pensez-vous ? Je pense que la lecture, c’est un peu difficile. C’est pourquoi j’aime bien l’idée de la radio, que vous gérez déjà, en lingala.

Defo K. C’est vraiment intéressant ! Je dirai que c’est surprenant... Par exemple le Révérend porte des arguments qui sont forts et qui ont vraiment des mots intéressants. Il place ses mots correctement pour essayer de contrer l’avis général négatif Et je trouve ça vraiment bien. C’est bien formulé. Ca a une vraie raison d’être. Je pense qu’il faut continuer sur cette voie-là. Et c’est vraiment intéressant de lire des exemples des vies des gens, parce que ça laisse transparaître du concret, que c’est une réalité. Je pense donc que plus on aura de témoignages, plus seront importantes vos actions parce que ça opérera sûrement des changements au niveau de l’implication des gens face à Jeunialissime, mais aussi dans leurs vies à travers des changements positifs que ça peut engendrer.


Sarah M. Vous n’avez pas parlé de l’église du Révérend de l’entretien, d’où elle vient, si c’est la sienne et si c’est lui son fondateur. Il aurait été intéressant de parler du taux de fréquentation, s’il y a beaucoup de membres, et du degré d’acceptation de cette église par toutes les autres. Sinon, pour des personnes influentes comme le Révérend ou qui osent élever la voix, il faudrait chercher ou voir s’il y a des artistes dans d’autres pays africains qui peuvent être des modèles sociétaux d’affirmation de leur homosexualité.

Dimitry Une lecture enrichissante ! Trois petites erreurs d’orthographe mais le reste est très instructif. Personnellement, j’aurais préféré que les pages 6 et 7 soient avant la page 5. Après avoir parlé de spiritualité, répondre ensuite à la question de l’homosexualité à vie. Le magazine a en fait une allure de porte-parole de la communauté LGBTI. Le témoignage de la Sud-Africaine est tellement profond ! Mais je me demande quand même si la rencontre avec les chefs religieux a porté ses fruits. Je vais être franc avec vous, même moi je fais partie de ces hétéros qui ont un regard négatif envers les personnes LGBTI. Mais j’ai toujours priorisé le respect de la croyance de chacun, que ce soit dans la religion, dans les choix,... Le respect des choix des autres prime avant tout. Cela m’a permis de rencontrer des personnes extraordinaires en compétences et en talents que, je pense, je n’aurais jamais pu rencontrer si je mettais en avant mes préjugés. Pour ma part, Jeunialissime doit continuer de dire tout haut ce que tout le monde continue de dire tout bas.

Adboul A. Couverture : Très professionnelle, invite à lire le contenu. Peut-être faudrait-il penser à y mettre les grandes lignes pour encore mieux attirer les gens. Editorial : une bonne synthèse du contenu. Le sujet homosexualité et religion est captivant pour beaucoup.

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m.me/jeunialissime

JEUNIALISSIME MAGAZINE | Décembre 2018

Les sujets choisis sont interpellants et très informatifs non seulement pour les homosexuels, mais aussi pour ceux qui ne comprennent pas cette orientation sexuelle. Très bonne idée de promouvoir Jeuniafrica et les diverses activités de Jeunialissime ! La partie témoignages est une des plus parlantes. Elle fait le ‘‘coming out’’ des vécus des homosexuel(le)s qui ne s’assument pas nécessairement mais dont les histoires restent une empreinte de leur existence. Il serait bien que ce riche magazine soit publié plus fréquemment (trimestriellement, sinon d’abord semestriellement).

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NE(E) POUR ETRE DIFFERENT(E) tre différent(e) est trop souvent vu comme un problème. On se sent seul(e), incompris(e) et on est envahi(e) par la peur d’être rejeté(e)... Et si la différence était la véritable normalité ?

caractéris ques couramment a ribuées aux personnes mâles ainsi que certaines de celles associées aux personnes femelles. Cela peut se manifester à n’importe quel niveau des trois (3) principales caractéris ques citées.

A contempler les visages des gens qui nous entourent, on peut vite se rendre compte de nos nombreuses différences. Tel a des yeux bridés, un nez appâté, des lèvres pulpeuses, des bras longs, un front saillant,... Tel est friand de la musique classique, tel autre est fan du Ndombolo,... Tel autre se sent bien en vêtements socialement réservées aux personnes de sexe opposé au sien,.. Tel a une voix rauque et l’autre une voix fine et aigüe... Ce e ques on de différence a ainsi donc été décor quée à travers les no ons du sexe, du genre et de l’orienta on sexuelle.

Venant à la deuxième no on, celle du genre, il a été rappelé les différents rôles sociaux a ribué aux individus selon que l’on est mâle ou femelle, pour illustra on. Les jeunes filles aidant leur mère à la cuisine, les jeunes garçons jouant au foot ou grimpant dans des arbres. Le genre a donné lieu

Commençant par le sexe, celui-ci ne se résume pas qu’à l’appareil génital. Il est plutôt un ensemble de caractéris ques qui aident à dis nguer une personne mâle d’une une personne femelle, à savoir la signature chromosomique, les gonades, les hormones et l’appareil reproducteur.

‘‘Les caractéristiques physiques d’une personne, par exemple son appareil génital, ne déterminent pas forcément son identité du genre.’’

Qui suis-je ?

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La signature chromosomique est XY chez l’individu mâle et XX chez l’individu femelle. Chez les mâles, les gonades sont visibles à l’œil nu sous forme de ce qu’on appelle des tes cules (mabindi en lingala). Les équivalents chez les femelles sont des ovaires. Les hormones portent le nom de testostérones chez les mâles et d’œstrogènes chez les personnes femelles. L’appareil reproducteur chez le mâle est la verge et chez la femelle, c’est la vulve. Il n’existe pas que les sexes mâle et femelle. Nous rencontrons aussi des personnes intersexuées qui sont celles dont il n’est pas évident de conclure si

‘‘On parle de sexe assigné à la naissance car le vrai sexe de l’individu se révèle avec le temps.’’ elles sont mâles ou femelles. Car ce sont des individus renfermant en eux certaines des

‘‘Contrairement au sexe, le genre est une construction purement culturelle, sociale.’’ au discours sur l’iden té de genre - qui est un sen ment profond et personnel d’appartenance à un genre qui peut être opposé ou correspondant au sexe assigné à la naissance - et l’expression de genre - qui fait référence à la manière dont un

individu exprime un genre donné. Ce e expression se fait soit par des aspects physiques visibles (maquillage, vêtements, le gestuel,...) soit par la voix. Le transformisme, le traves ssement sont les différentes formes d’expression de genre.

‘‘L’expression de genre n’est pas toujours en adéquation avec l’identité de genre.’’ Ensuite ont été abordées les no ons rela ves à une orienta on sexuelle qui n’est rien d’autre que la façon dont l’on est a ré, physiquement et sen mentalement vers une personnes en fonc on de son sexe. C’est parce que la société définit des conven ons que beaucoup ressentent un profond mal-être à être différent(e)s. Sor r des stéréotypes ne devrait pas être vu comme une anomalie, mais plutôt comme la normalité, car nous sommes tou(te)s né(e)s pour être différent(e)s.


PARCE QUE JE VIS A TRAVERS MON CORPS

Une bonne santé sexuelle implique de bonnes pra ques face aux risques que représentent les IST et le VIH , de bonnes a tudes responsables de préven on et de maturité pour lu er contre la s gma sa on des personnes malades. Les IST sont des Infec ons Sexuellement Transmissibles. La syphilis, passe inaperçue les trois premières semaines. Elle est l’une des IST les plus répandues au monde. La tranche d’âge la plus fréquemment touchée se situe entre 17 et 40 ans. La blennorragie, quant à elle, est appelée couramment «chaude pisse». Un accent a été mis sur la chlamidyose, une IST qui frappe plus les jeunes femmes, des adolescentes et des

‘‘On guérit de la blennorragie, mais quand elle reste longtemps non traitée ou mal soignée, elle peut causer la stérilité.’’ jeunes adultes; le trichomonase, qui peut aussi se transme re par la masturba on mutuelle, connaît un temps d’incuba on un peu plus long chez l’homme; l’hépa te B se manifeste par la perte d’appé t, le jaunissement d’urines et des diarrhées à répé on; l’herpès génital, très résistant, peut rester ac f jusqu’à 7 jours à l’air libre. Le VHI et le papillomavirus ne pouvaient pas manquer au menu. Ce dernier étant peu connu, pourtant tout aussi dangereux. Chaque IST a son son mode de transmission, mais elles ont un dénominateur commun : la transmission par rapports sexuels non protégés. Etant un virus d’importance, le VIH a bénéficié

d’un accent par culier. Des progrès scien fiques actuels perme ent tout de même qu’une mère

‘‘Le VIH ne se guérit pas, mais il est possible d’avoir une vie longue et épanouie en étant séropositif(ve). Le traitement permet de ralentir la progression du virus jusqu’à le rendre indétectable, pas de l’anéantir’’ séroposi ve allaite son enfant sans lui transme re le virus. Le VIH non dépisté ou non soigné conduit au SIDA. D’où la nécessité de s’en protéger et de respecter son traitement si l’on est a eint(e). Les différents modes de traitement spécifiques à chaque IST ont été explorés, en appelant à une a tude responsable et à des rapports sexuels

‘‘Un dépistage régulier permet une rapide prise en charge au cas le test serait positif, limitant ainsi tout risque de contamination.’’ protégés. Les préjugés existant en nombre considérable autour des IST et surtout du VIH, la no on de la sérophobie est tombée à pic, ainsi que ses sources et ses dangers. Des a tudes posi ves sont à observer pour par ciper tous et toutes à lu er

‘‘La sérophobie engendre la ségrégation, le rejet et la discrimination. Ce qui pousse les personnes séropositives à se cacher, les personnes séroignorantes à ne pas se faire dépister. Situation favorable à la propagation du virus ou des IST’’ contre la sérophobie, comme le respect de la confiden alité du statut sérologique d’un individu. Nous devons faire très a en on à la portée de nos mots et au sens qu’ils véhiculent. En rapport avec le VIH/SIDA et les IST, le projet LINKAGES/ Jeunialissime est d’un sou en, d’une contribu on non négligeable dans ce e lu e. Lors de ce «Qui Suis-je?», chaque intervenant a eu droit à cinq minutes durant lesquelles il a répondu aux ques ons de l’assistance avec brio. Si bien que plusieurs par cipants ont pris part à une séance de dépistages volontaires à l’issue de la conférence.

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ous tous, nous sommes vivants. Et si on arrive à être heureux, à ressen r du plaisir, c’est parce qu’on a un corps. Sans un corps, il nous est impossible de faire quoi que ce soit. Malheureusement, il est fragile. Et parfois, on s’accorde du plaisir qui finit par nous détruire. Parmi les grands plaisirs, nous avons le plaisir sexuel. Il faut bien jouir du sexe de manière sécurisée afin que ce ne soit pas une source de problèmes pour la santé.

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IDAHOT 2018

Comment bâtir un meilleur futur avec nos différences ?

L Regard sur l’actualité 2018

a communauté LGBTIQ+ est une communauté suje e à des controverses en RDC, par culièrement à Kinshasa. La majorité des gens ont du mal à différencier le sens de chaque le re qui représente un groupe de personnes spécifiques, les gays et lesbiennes, appelés respec vement Pédé et Lélé en lingala urbain, étant la par e visible de l’iceberg. Beaucoup de kinois, pour des raisons variées allant des convic ons religieuses à l’intériorisa on des mythes diffus dans la société, s gma sent, discriminent, ou violentent les individus de ce e communauté.

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Le 17 mai étant la journée interna onale de lu e contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, Jeunialissime avait jugé primordial d’organiser cet échange entre les jeunes kinois lambdas et ceux issus de la communauté LGBT, pour penser à une meilleure façon de cohabiter avec nos différences. C’est en fin d’après-midi du 17 mai 2018 que la discussion avec les jeunes Kinois s’est tenue à la Maison Des Jeunes De Victoire. Vingt-trois personnes, dont quatre femmes cisgenres, une femme transgenre, quinze hommes cisgenres, deux hommes transgenres et une personne qui a gardé l’anonymat sur son genre, étaient présent.e.s. ATTENTES DES PARTICIPANTS L’échange a débuté aux environs de 15h, soit une heure après l’heure prévue; et l’âge de dixsept par cipants variait entre vingt-et-un ans et quarante-sept ans… (les six autres personnes n’ayant pas précisé leur année de naissance). Chacun des par cipants est venu avec ses idées,

ses convic ons et une prédisposi on à engager un échange sur un des sujets les plus sensibles de la société. Mais en plus de cela, ils a endaient beaucoup de ce e ac vité : • Savoir ce qui pousse les gens à être homosexuels; • Comprendre le mystère qu’il y a dans l’homosexualité; • Saisir ce qui fait la différence entre les homosexuels et ceux qui ne le sont pas; • Faire comprendre le regret de s gma ser les gays; • Savoir quel genre de comportement prendre face aux lesbiennes; • Trouver des solu ons pour une cohabita on avec ceux qui ne sont pas homosexuels; • Savoir si les homos n’ont pas envie d’avoir des enfants; • Savoir s’il arrive aux homosexuel.le.s d’avoir envie de devenir heterosexuel.le.s; • Arriver à considérer la personne au-delà de son orienta on sexuelle. ECHANGES Après une brève présenta on de Jeunialissime, de JeuniAfrica, de la maison des jeunes de victoire et des par cipants, les échanges étaient ouverts. Un pe t Quizz a été lancé sur la connaissance générale de l’auditoire sur les droits des LGBTIQ+. L’émission Jeuniafrica ayant pour tre S gma sa on des homosexuel.le.s a été audi onnée par les par cipants et une récolte des impressions des par cipants s’en est suivie. Ensuite, il a été demandé aux par cipants de partager leurs connaissances sur le sexe et le genre, avant que Scaly KEP’NA ne se soit exprimé sur les no ons y rela ves, afin que ces dernières servent de tremplin l’échange avec les par cipants.


Il conclut ce chapitre en parlant brièvement de l’intersexua on. Après un mot sur les implica ons du genre dans la société, il y eut un rappel historique des autres genres qui existaient dans d’autres cultures, comme les bispirituels aux Amériques, les kitesha en Afrique par exemple. Il poursuivra en parlant très brièvement de l’iden té du genre pour gagner le temps, avant de chuter avec l’orienta on sexuelle qu’il explique aussi très brièvement. Il a ensuite été demandé aux personnes hétérosexuelles présentes dans la salle pourquoi elles ont peur des personnes homosexuelles. La discussion a été très ouverte et les par cipants ont pu échanger entre eux. Une dernière discussion a été lancée autour du thème “comment faire pour vivre ensemble en harmonie?”. RECOMMANDATIONS Les par cipants ont déba u et formulé des recommanda ons pour vivre en harmonie : • Il faut juste que l’amour soit de mise ; • Il faut que tous on arrive à se comprendre ; • Il faut le respect mutuel ; • Plus de tolérance entre nous et les “Dike, Dume” (Mwasi-mobali) ; • Il faut une large éduca on sur les droits de l’homme comme le font les ac vistes de “Human Rights Broad Educa on” (HRBE).

Statistiques

Sur les homosexuels : • 37,5% des répondant.e.s pensaient que les homosexuel. le.s sont comme tout le monde. • 62,5% des répondant.e.s avaient une impression encourageante des homosexuel.le.s, en disant par exemple que les homos devraient jouir de leurs droits, que l’homosexualité est naturelle, qu’il(elle)s sont merveilleux(ses) et talentueux(ses). • 37,5% des répondant.e.s avaient une impression néga ve des homosexuel.le.s en disant par exemple que l’homosexualité était un problème physique, moral, ou spirituel. • 25% des répondant.e.s confondaient les homosexuels avec les femmes transgenres et les hommes qui épousent des hommes. • 25% des répondant.e.s définissaient l’homosexualité comme une a rance sexuelle et émo onnelle envers les personnes de même sexe.

A propos des causes de l’homosexualité : • 25% des répondant.e.s disaient que c’est une a rance sexuelle. • 25% des répondant.e.s disaient que c’est inné. • 25% des répondant.e.s disaient que c’est une dépression mentale • 12,5% des répondant.e.s disaient que ça dépendait de leur propre désir. • 12,5% des répondant.e.s disaient ne pas savoir.

Est-il possible d’arrêter d’être homosexuel.le ? : • 50% des répondant.e.s déclaraient que c’était impossible. • ● 37,5% des répondant.e.s déclaraient que c’était possible. • ● 12,5% des répondant.e.s déclaraient que la ques on n’avait pas lieu d’être.

Quant à fréquenter les personnes homosexuelles : • 100% des répondant.e.s déclaraient pouvoir fréquenter les personnes homosexuelles.

Jauge de changement de mentalité après l’activité Au début de l’ac vité nous avons pris les impressions de huit par cipants au hasard sur les LGBTIQ+. Voici leurs réac ons à nos ques ons : • 25% des répondant.e.s ont dit avoir compris qu’on pouvait naître homosexuel(le) et qu’on avait qu’à s’accommoder à l’évidence de l’homosexualité. • 12,5% des répondant.e.s ont dit que pas grand-chose avait changé dans leur percep on des LGBTIQ+. • 25% des répondant.e.s ont dit que rien n’avait changé dans leur percep on des LGBTIQ+.

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L’orateur principal a donc précisé qu’il était important de comprendre que les mots qui perme ent de désigner le sexe d’un individu sont “Femelle et Mâle”, tandis que ceux qui désignent le genre sont “Femme et homme”. Il a ensuite été un peu plus spécifique en martelant que le sexe désigne la catégorisa on biologique des individus, là où le genre désigne une catégorisa on sociale. Par la suite, il a développé la no on du sexe en citant et en expliquant ses caractéris ques qui sont la signature chromosomique, les gonades, les hormones et l’appareil reproducteur.

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Ce e année, le projet Jeuniafrica a été nomminé et a par cipé aux Prix NOW-Us! de Partos Innova on Fes val à Amsterdam, au Pays-Bas, où il a remporté le deuxième prix. Les Prix NOW-US! récompensent des projets qui perme ent à des voix jusqu’ici non écoutées d’exprimer leurs points de vue et d’exiger leur droit d’être entendues et incluses. Trois ini a ves visant à autonomiser les groupes marginalisés ont été sélec onnées et ont reçu des prix en espèces. En 2014, Jeunialissime crée une émission radio éditée par les jeunes pour changer la percep on de la société sur la ques on LGBTIQ+. En 2015, Children’s Radio Founda on s’associe à Jeunialissime. Une collabora on qui permet de développer la capacité de communica on des militants LGBTIQ+ et des groupes de défense des droits de l’homme à Kinshasa. Les programmes promeuvent les droits des personnes LGBTIQ+, réduisent la s gma sa on et améliorent l’accès aux services de santé. Les émissions en ligne sont à audi onner sur www.soundcloud.com/jeunialissime. hƩp://soundcloud.com/jeunialissime 10


h p://childrensradiofounda on.org

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r lifie p Am oix la v s de s ne jeu

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L’inde :

De la pénalisation à la dépénalisation de l’homosexualité, un parcours de vaillant !

L

e jeudi 06 septembre dernier, la terre toute en ère a vu défiler les images de réjouissance des indiens célébrant la suppression de la «Sec on 377» de leur code pénal.

Mémoire

Que ce soit à Delhi, Bombay, Bangalore, Chennai ou Calcu a, une même liesse a répondu au très a endu jugement de la Cour suprême indienne. Cet ar cle, datant de 1862, interdisait et condamnait de lourdes peines les ac vités sexuelles considérées «contre nature», notamment l’homosexualité. La plus haute instance judiciaire de ce pays d’Asie du Sud de 1,25 milliard d’habitants a jugé illégal cet ar cle de loi. Ce e disposi on «était devenue une arme de harcèlement contre la communauté LGBT», a déclaré le président de la Cour Suprême Dipak Misra.

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brahmanes. Par exemple, le verset qui renvoie aux rela ons sexuelles entre une femme vierge et une femme plus âgée disent : «... Une femme qui pollue une pucelle aura sans délai la tête rasée ou deux doigts coupés, et devra chevaucher, dans la ville, un âne», suggérant une puni on sévère. Toutefois, le verset qui fait référence aux rela ons sexuelles entre deux vierges suggère un châ ment rela vement plus léger : «Une pucelle qui pollue une autre pucelle doit payer le double de sa dot, et recevoir dix coups de bague e». Ces disposi ons, citées hors contexte, semblent homophobes, mais en fait elles ne concernent pas le genre des partenaires mais la perte de la virginité qui rend une jeune fille indigne de se marier. Il n’y a ainsi pas de peine prévue pour deux femmes non vierges qui ont une rela on sexuelle ensemble.

La communauté LGBTIQ+ dans la culture indienne Les Lois de Manu, un traité de loi datant environ du IIème siècle de notre ère, qui rassemblent les plus anciens codes de conduites à suivre par les Hindous, incluent des men ons de pra ques homosexuelles, mais seulement comme quelque chose à réguler.

Les puni ons prévues pour les hommes étaient moins sévères : «... une offense contre nature avec un homme, est déclaré causer la perte de la caste (Ga bhramsa)». «... Un homme qui commet une offense contre nature avec un homme... devra se baigner, vêtu de ses habits». Le châ ment semble extrêmement doux, étant donné qu’on pense que la plupart des villageois prenaient ainsi leur bain.

Bien que l’homosexualité fasse par e des pra ques sexuelles, elle n’était pas toujours bien acceptée. Des châ ments étaient prescrits par les Lois de Manu pour le comportement homosexuel. Toutefois, les Lois de Manu, jusqu’à la colonisa on britannique, n’étaient pas appliquées comme peut l’être un code pénal moderne: il s’agissait plutôt de modèles de conduites, op onnels par nature, et qui plus est dirigé principalement vers les

La version traduite non censurée du classique indien Kâmasûtra aborde sans ambiguïté ou hypocrisie tous les aspects de la vie sexuelle - y compris le mariage, l’adultère, la pros tu on, la sexualité de groupe, le sadomasochisme, l’homosexualité féminine et masculine, et le traves ssement.

* Wikipedia

Le texte révèle une Inde dont l’ouverture à la sexualité a permis de développer de manière


Se considérant comme «des femmes nées dans des corps d’hommes», elles adoptent généralement un comportement a ribué au genre féminin. Certaines renoncent à tout désir sexuel, allant jusqu’à subir une émascula on sacrificielle, dite nirvan, soit renaissance. Autrefois, elles gardaient les harems. Mais de nos jours, elles bénissent mariages et naissances. Elles sont tout de même rejetées par leurs familles qui les considèrent comme une malédic on. Elles sont contraintes de vivre en marge de la société. Cependant, la Cour Suprême de l’Inde n’a pu reconnaître officiellement l’existence de ce troisième genre que depuis 2014. Un parcours de vaillant vers la dépénalisaƟon Suite d’un premier pas effectué neuf ans plus tôt, la dépénalisa on des pra ques homosexuelles du 06 septembre dernier est le résultat d’un travail intense de la communauté LGBTQ+ indienne pendant de longues années. Son chemin était fait des hauts et de bas, il y avait de quoi épuiser leur ferveur de militan sme. La première victoire a eu lieu en 2009 lorsque la Haute Cour de Delhi a décriminalisé les rela ons homosexuelles. Un renversement s’en est suivi en 2013 avec une nouvelle criminalisa on sur la décision Koushal par la Cour Suprême. Deux juges de ce e ins tu on ont es mé à ce e occasion qu’il était du ressort du législateur, et non de la jus ce, de faire évoluer la loi sur ce sujet. Ce

retour en arrière avait causé un grand émoi parmi les défenseurs de la dépénalisa on, qui n’ont pas a énué leurs efforts et engagé alors de nouveaux recours judiciaires. D’autres résultats posi fs pour les droits des LGBTQ+ s’en sont suivis : en 2014, la décision Nalsa reconnaissait les droits de citoyenneté de la communauté transgenre ; la décision Pu aswamy en 2017 déclarait le respect du droit fondamental de la vie privée ; la décision Shayara Bano en 2017 toujours déclarait qu’une loi peut être déclarée incons tu onnelle si elle est manifestement arbitraire; la décision Shafin Fahan en 2018 défend le droit d’être en rela on avec la personne de son choix ; ou encore la décision Shak Vahini en 2018 qui reconnait le droit de choisir un partenaire de vie comme face e de la liberté individuelle. Toutes ces décisions mises les unes après les autres ont donné de la ma ère à la décision finale de la cour suprême indienne du 06 septembre dernier. Rappelons, par ailleurs, que ce e loi de criminalisa on de l’homosexualité – étant considéré comme l’un des actes contre-nature – trouve son origine de l’époque coloniale britannique, comme c’est le cas de la plupart des pays ayant fait par e de l’empire britannique (Nigéria, Ghana, Jamaïque, Ouganda, etc.). La criminalisa on en Grande-Bretagne contre les personnes LGBTQ+ date du Moyen Âge, et est intégrée à la common law élaborée du XIe au XVe siècle. Ces disposi ons étaient censées protéger des principes chré ens limitant la sexualité à la reproduc on. En 1533, la première loi civile réprimant la sodomie est adoptée, connue sous le nom de «loi de 1533 sur la Bougrerie». La Grande-Bretagne abolit ces disposi ons en 1967. Malgré son indépendance en 1947, l’Inde – comme la plupart des anciennes colonies britanniques – avait maintenu l’héritage des lois de ce passé colonial. Et à ce jour, les actes homosexuels restent encore criminalisés dans environ 70 Etats de par le monde.

La foule en liesse - h ps://www.lepoint.fr

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considérable l’expression de l’éro sme.* Outre l’homosexualité masculine et féminine, en plus du sexe mâle et du sexe femelle, le peuple indien cohabitait avec les individus d’un troisième sexe. Il s’agit de la communauté des Hijra. Existant dans le pays depuis près de 4000 ans, elles sont une communauté de transgenres. Certaines sont nées hommes, d’autres intersexes.

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La double vie de Blaise

Témoignage

J

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e m’appelle Blaise*, j’ai 43 ans et je suis médecin. Je me suis marié en décembre 2017. Mon épouse et moi avons été fiancés pendant 5 ans. Et deux mois avant notre mariage, ma femme a découvert ma double vie.

En effet, cela fait 10 ans que je travaille. J’ai toujours été une personne disciplinée, très sociable, mais quand il fallait étudier ou travailler, j’arrêtais tout. Mes amis et la famille sont très admira fs de ma personnalité. Seulement, il me manquait une chose: je ne draguais jamais les filles et on ne me voyait pas en couple. A un moment, ça passait parce que assidu comme je l’étais, tout le monde se disait que c’est pour mieux me concentrer sur mes études que je ne voulais pas me distraire avec les filles. La vérité était ailleurs. Comme mes amis, j’étais déjà sexuellement épanoui. Si je ne regardais pas les femmes, c’est parce que ce sont les hommes qui m’a rent. Et je l’ai su depuis mon adolescence. J’aimais faire du sport, et je jouais souvent au basket avec mes amis. Et c’est pendant nos matches que je tombais sous le charme du corps masculin. C’est d’ailleurs avec un des amis avec qui je jouais que j’ai eu ma première expérience en en 1993. J’avais 18 ans. Nous habi ons le même quar er à Kinshasa. Il venait prendre sa douche chez moi. Chez mes parents, je vivais à l’annexe où j’avais une chambre avec salle de bain. L’ami avait sûrement remarqué que je le regardais d’une certaine façon, et s’était invité chez moi. Ce n’est qu’après plusieurs semaines qu’une fois on a vraiment pris la douche en même temps, et qu’on s’est mis à se toucher puis nous embrasser avant de passer à l’acte sexuel plus tard dans la nuit. * Pour des raisons d’anonymat, certains noms ont été changés

J’avais aimé ce e première expérience, mais des deux côtés, on était habité par la peur. On était tous les deux chré ens et cela nous laissait dans une sorte de culpabilisa on. On s’est évité pendant un temps, mais après un autre match, on s’est retrouvé chez moi, et s’était repar pour un autre moment d’extase. Je savais que j’aimais les hommes, à l’université j’ai fait d’autres rencontres. Voilà, c’était ce e par e de moi que ma famille et mes amis ignoraient, mais une fois que j’ai commencé à travailler, on m’a mis la pression. Ma mère, mon père, mes tantes et cousins me poussaient à aller faire des rencontres. On m’a même proposé des filles. C’est d’ailleurs une cousine qui m’a présenté à ma femme. Au début, on était juste amis, elle venait fréquemment à la

Image d’illustra on


En 2012, on se met en couple, et on annonce nos fiançailles. C’est l’extase pour les amis et la famille. Entre temps, j’ai dû aller sur Lubumbashi pour y travailler. Avant de par r, nous avons fait la prédot. Je revenais assez souvent sur Kinshasa, je disais à Ashina et à la famille que j’avais besoin de faire des économies avant le mariage officiel. Entre temps, sur les réseaux sociaux et les sites de rencontres gays, je me trouvais des mecs, je m’étais aussi fait plusieurs amis gays sur Kinshasa, Lubumbashi et Johannesburg (j’y allais souvent en vacances) et avec ces personnes, nous communiquions sur Facebook et WhatsApp, on se racontait nos aventures, en s’envoyait des vidéos et photos explicites. Je suis rentré sur Kinshasa en 2016. Là, il me fallait

en finir avec ce mariage. C’était Ashina ce e foislà qui me faisait la pression, elle habitait toujours chez ses parents. J’avais déjà ma propre maison et elle y avait accès libre et passait souvent la nuit. Alors qu’on était déjà très avancé dans les prépara fs du mariage, à deux mois du grand jour, j’avais oublié mon téléphone portable à la maison. Je m’étais connecté sur une applica on de rencontre gay, et une fois sur ce e applica on, le téléphone ne se verrouille pas automa quement. Donc Ashina tombe directement sur les messages reçus. Elle a aussi parcouru mes messages sur WhatsApp et Facebook où elle a vu ce que je gardais secret, des échanges avec des hommes, des photos d’hommes nus, et des vidéos pornographiques gays. Elle n’a pas a endu pour me confronter. En rentrant du boulot, elle m’a posé la ques on de savoir si j’étais gay. Elle avait mon portable dans sa main, j’ai compris qu’elle y avait eu accès. Je lui ai demandé pourquoi elle me posait ce e ques on, et m’a tout de suite dit qu’elle a accédé à mon téléphone. Sur le champ j’ai inventé une histoire qui ne tenait pas la route, mais il fallait que je trouve une excuse. Je lui ai donc dit qu’après une décep on amoureuse, j’avais été dragué par un homme et je me suis laissé aller, j’ai eu quelques rencontres puis je ne me retrouvais pas dans ce type de rela on, que je suis resté amis avec eux et pour ne pas les vexer, j’ai con nué à avoir des conversa ons avec eux pour qu’ils ne pensent pas que je les juges. Je lui ai dit que je n’avais plus de rela ons avec les hommes. Elle m’a dit «Ok, si tu me promets que tu n’es plus dans ça, je n’en fais pas un problème». Deux mois plus tard, on a eu notre mariage de rêve, on est par en lune de miel à Dubaï. Au fond de moi, je sais que ma femme sait que je mentais, parce qu’il y avait tant d’évidences dans mon téléphone qui prouvaient que je voyais toujours des hommes. J’ai compris que ce qui importait pour elle était d’être dans un foyer. Si je ens à ce que mon secret soit gardé, j’ai intérêt à protéger ce mariage. Depuis, j’ai arrêté d’avoir de mul ples partenaires masculins, mais j’ai un pe t ami que je con nue à voir en secret. Il sait que je suis marié et il est lui-même fiancé et père de deux enfants. Nous fréquentons tous une même église bien connue de Kinshasa.

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maison, elle était sympathique et avait un sens de l’humour. Elle n’avait que deux ans de moins que moi. De son côté aussi, il y avait une sorte de pression. A 31 ans, elle n’était pas encore mariée et rentrait de l’Afrique du Sud où elle venait de finir ses études. Je savais que la famille s’arrangeait pour que je me me e avec Ashina. Malgré la pression et mon indifférence, elle ne regardait pas ailleurs. Lors des fêtes, elle m’invitait comme son partenaire. Et avec la pression incessante, je me suis dit qu’il serait peut-être mieux de m’engager dans ce e rela on pour éviter les soupçons sur ma sexualité.

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Entretien avec...

Hervé-Greg Mokwabo Kabonte Ingénieur IT, athée et militant LGBTIQ+

H

ervé-Greg est né à Kinshasa et travaille depuis quelques années en France. Il est ingénieur IT, athée et militant LGBTIQ+. Il est membre de Jeunialissime depuis sa créa on en 2012. Il a accordé une interview à Rodriguez Katsuva, journaliste indépendant, pour le compte de HABARI RDC, lequel entre en que voici !

Entretien avec...

Bonjour Hervé... Heureux de vous rencontrer ! À quel âge avez-vous découvert que vous n’éƟez pas hétérosexuel et quelle avait d’abord été votre première réacƟon ?

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H-G: Les premières fois où j’ai éprouvé de l’a rance pour les hommes remontent à mon enfance. Je devais avoir entre 7 ou 8 ans quand j’ai embrassé un garçon pour la première fois, mais c’était comme un jeu. J’ai réellement pris conscience de ce e a rance à mes 21 ans, je sortais d’une longue période de ques onnement sur les croyances et je m’engageais sur une recherche intrinsèque de ce qui ferait mon bonheur; c’est dans ce e démarche que j’ai réalisé qu’il y avait une chose au fond de mois qui brûlait pour les hommes et j’ai voulu l’explorer. Et vous vous définissez en fait de quelle sexualité? H-G: Rires. Votre ques on est très vague pour quelqu’un qui maîtrise autant la vaste sphère de la «sexualité». Je vais essayer de faire simple, la nature m’a fait mâle, je me définis comme un cisgenre d’orienta on sexuelle bisexuelle mécaniquement parlant, même si sen mentalement parlant je penche plus vers une a rance homosexuelle.

Combien de temps s’était passé entre quand vous avez commencé à vivre votre sexualité telle que vous le vouliez, et le coming out? Qu’est-ce qui vous a poussé à le faire? H-G: Entre le moment où j’ai commencé à faire des rencontres et mon coming out à la première personne de ma famille, il s’est passé 3 ans. Il n’y avait pas un besoin urgent de faire un coming out, je dépendais énormément de ma famille et je voulais a eindre une certaine indépendance financière avant de le faire. Je savais que ce serait un désastre si je le faisais avant car quelques années plus tôt j’ai été sévèrement puni pour avoir fait deux piercing à l’oreille droite. Un coming out, ça ne se fait pas en une fois comme pour les stars. On le fait progressivement à des groupes précis de gens. Le fait d’accepter votre interview est une forme de coming out encore auprès d’autres personnes. La première fois que j’en ai parlé à un de mes frères, c’était à l’occasion du OUTING de mon cousin Scaly. Je m’en souviens comme hier, j’étais chez mon ex de l’époque, on préparait son retour en Belgique et il arrivait à deviner toute la conversa on rien qu’en me regardant. A l’époque(2011), mon cousin avait quelques amis européens plutôt mûrs qui complimentaient ses photos sans aucune gêne sur Facebook. Cela a mis la puce à l’oreille à mon frère. Il a exploré les profils de ces contacts et a compris qu’ils étaient gays; nous sachant très proches l’un et l’autre, mon frère m’a contacté pour savoir si le cousin l’était aussi. N’étant pas un accroc du


mensonge, j’ai fini par cracher le morceau au bout d’une demi-heure d’échange environ. Ensuite, il a voulu savoir ma posi on face à cela, je lui ai dit que ça ne me dérangeait pas. Et là, il a commencé à me ques onner sur moi-même, je lui ai avoué aussi à mon sujet. Il a voulu me faire réfléchir pour changer, mais ses arguments sur la religion ne me convainquaient pas – J’étais

autour de ces deux genres. Il suffit de voir la possibilité des visages humains dis ncts sur la planète pour s’en rendre compte. L’iden té sexuelle est un construit social, on ne naît pas homme ou femme, c’est la société qui nous y oriente. Quant à l’orienta on sexuelle, c’est une ques on d’a rance. J’ai conscience que l’objet de mon a rance peut changer du jour au lendemain et cela dépend des facteurs personnels et externes que je ne maîtrise pas, je pense qu’il y a un peu des deux. Quel mal le rejet de votre famille vous a fait? Une dépression ? Une tristesse conƟnue ? H-G: Actuellement, je vis à l’écart de mes proches, pour éviter d’être une gêne, un sujet de honte pour eux. J’ai un grand cercle familial dans le pays où je vis actuellement et même autour; mais je reste seul dans mon coin.

déjà non-croyant à l’époque –. Les jours qui ont suivi, quelques-uns de mes sœurs et frères m’ont contacté pour parler du sujet, ça a été plutôt bien géré entre nous. Qu’est-ce qui vous fait le plus mal dans la réacƟon de votre famille face à votre orientaƟon sexuelle? H-G: Le plus dur a été le OUTING auprès de ma mère par mon oncle, j’aurais voulu le faire de moi-même. Elle l’a appris de quelqu’un d’autre et a organisé une réunion familiale au cours de laquelle, on m’a appelé pendant au moins deux heures au téléphone et j’ai fini par craquer et leur dire que j’étais homosexuel. J’aurais tellement voulu qu’elle m’en parle de mère à fils ! Il m’a fallu environ un an pour m’en reme re. Je n’ai pas parlé à ma mère pendant plusieurs mois. Heureusement pour moi, j’étais déjà indépendant à ce moment-là. En toute honnêteté, que répondriez-vous à ceci: croyez-vous être né ainsi, ou alors seraitce qu’une influence extérieure aurait été un des facteurs déclenchant? H-G: Je ne pense pas que le monde soit binaire (femelle, mâle), je suis convaincu que biologiquement il y a une panoplie de varia ons

Je vous avoue que c’est très dur, j’ai une famille chaleureuse mais je n’aimerai pas qu’il y en ait un (ou une) qui soit dérangé juste par ma présence. Je me suis retrouvé une fois aux urgences à minuit pour une complica on ar culaire et libéré à 04h du ma n, je ne pouvais même pas appeler quelqu’un de ma famille pour raconter ce qui m’arrivait; j’ai fait le choix de la solitude… Une dépression ? Il y a des fois où on s’en sent proche, mais j’ai la chance d’avoir une personnalité suffisamment forte pour tenir. Y en a peu qui se perme rait ce genre d’aventure. Une tristesse con nue ? C’est constant au fond de nous. J’espère juste que les prochaines généra ons ne seront pas obligées de subir cela. Hoo merci, Hervé-Greg !

Par Rodriguez Katsuva h ps://habarirdc.net/auteur/rodriguez Pour HABARI RDC www.habarirdc.net

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Selfie de Hervé-Greg - Bruxelles

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ObjecƟf L’objec f de la conférence «Qui suis-je?» est de donner aux LGBTIQ+ des clés pour cul ver leur épanouissement personnel, en passant par une meilleure compréhension de soi et de son environnement.

CaractérisƟques Qui y par cipe ? Le “Qui suis-je?” est une conférence qui réunit la communauté LGBTIQ+, des spécialistes dans l’épanouissement personnel, des personnes qui ont su trouver un équilibre de vie malgrès un environnement hos le ou oppressant, et des personnes qui maitrisent les no ons de diversités sexuelles et du genre.

Comment ça se déroule ? Les intervenants ont une quinzaine de minutes pour partager leurs propos et un temps supplémentaire pour répondre aux ques ons des par cipants, et échanger avec eux. Un résumé de l’échange est fait à chaque prime.

Où ça se déroule ? L’ac vité est documentée et rapportée dans nos plateformes de communica on. Elle se ent dans un cadre où les par cipants ne seront pas exposés à d’éventuelles s gma sa ons, discrimina ons et violences.

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Conférence sur l’épanouissement personnel des LGBTIQ+ En RDC, comme un peu partout en Afrique, les homosexuel(les), les bisexuel(le)s, les Transgenres, les intersexués, les personnes nonconformes au genre, à l’hétéronorma vité ou à la cisnorma vité, ne sont pas bien perçues. À cause de cela, ils sont souvent s gma sés, discriminés et violentés moralement et physiquement par la société, leurs proches, ainsi que leur famille. De ce fait, plusieurs de leurs droits sont limités ou violés. Vous pouvez avoir un aperçu clair à travers nos émissions audios sur SoundCloud. com/Jeunialissime. Vivre dans un tel cadre de vie a un effet dommageable pour la communauté LGBTIQ+. Nous pouvons constater l’autos gma sa on, le désamour de soi, le désespoir face à la vie, une quo dienne peur d’être reconnu, une homophobie et une transphobie présentes au sein même de la communauté. Les LGBTIQ+ ne vivent plus pour eux, ils s’efforcent avec douleur à n’être que ce qu’on a end d’eux. Il est donc important d’agir sur ce e communauté en leur redonnant le goût à la vie, l’es me de soi, l’espoir en l’avenir et les clés pour prendre soin de leur personne. C’est dans cet angle de vue que se posi onne la conférence « Qui suis-je? ».


N

ous sommes

une association des jeunes qui lutte pour le changement positif des mentalités, pour une société ouverte à la différence. Le magazine Jeunialissime est produit une fois l’an dans le but d’Informer l’opinion publique et la communauté sur les réalités qui restent méconnues.

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