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runway : PODIUMS D ’ AILLEURS

runway Par virginie # purple # spécial haute-couture Code Rouge

Le ton ardent par excellence a dévoré nos créateurs de la « Haute ». Vif, captivant, voluptueux, il affirme son charisme. Que l’on soit Jessica Rabbit ou Petit Chaperon, on assume et on attend (espère ?) que Robert/Edward vienne nous croquer. Couleur de la passion, le rouge est synonyme de confiance en soi, d’assurance et de désir. Portez du rouge quand votre moral est au plus bas et il vous boostera, vous conférera un sentiment de puissance et d’efficacité. Mais pour celles qui sont déjà pourvues d’un caractère autoritaire, fuyez cette couleur qui ne fera ressortir que l’aspect agressif, dominateur et menaçant de votre tempérament. Mais aujourd’hui le rouge n’est plus exclusivement réservé aux ambitions de séduction, il se porte désormais sport, casual, trendy et désinvolte. Il vous faut juste… assumer. Car impossible dès lors de passer inaperçue.

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Comme à son habitude, Jean-Paul Gaultier nous a ravi d’une collection fantastico-gothique divine où les silouhettes 80’ aux épaulettes carrées côtoient les princesses russes, du rouge sang au blanc virginal : un vrai régal. Mais s’il y a bien deux créateurs que le rouge a bouleversé, c’est bien Victor & Rolf. Cette saison, obnubilés par le red carpet, ils ont annobli la moquette en la drapant sur leurs modèles. Utilisée en total look ou découpée et collée comme des broderies, une sorte de démo de recyclage en tapis rouge ! La palme d’or du rouge revient pourtant à Yinqing Yin, créatrice invitée de ces collactions HauteCouture (voir pages suivantes). Qui aurait osé une mariée de sang ? Sa pièce finale a ébloui nos sens, monstre de savoir-faire. On ne peut qu’admirer la démonstration toute en smock de la jeune sinofrançaise. Petite mention également pour la Maison Martin Margiela qui, pour sa ligne Artisanal, présentait une collection aux accents japonisants, mix & match de matières et d’étoffes dans l’esprit des cadavres exquis surréalistes du siècle dernier.

Serkan Cura

Chanel authier v lexandre a

Divines

lexis Mabille a usso r alph & r Elie Saab rmani Privé a Giogio

Mutines

Giuseppe Zanotti

Jean-Paul Gaultier olf r iktor & v

Glitters

Yinqing Yin Maison Martin Margiela

Zuhair Murad

Glams

« Ma passion, ce n’est pas la mode, mais la matière. Le vêtement est un moyen d’expression. Le corps est un support. »

Coup de yiqing yin

tellement plus que de la mode…

Les défilés parisiens de Yiqing Yin font penser à des films de Miyazaki. Il y règne une atmosphère étrange. On ne sait si ses héroïnes, enveloppées de toiles d’araignée, d’un cocon ou de corail, sont les victimes ou les souveraines d’une nature exubérante.

Yiqing Yin est « la » fille qui agite la sphère de la mode. Ses collections sont ambitieuses et se démarquent dans le flot des défilés, mais pas seulement. A 28 ans, elle a déjà fait sensation en habillant Audrey Tautou, la maîtresse de cérémonie du Festival de Cannes 2013. Sa maison n’a que trois ans d’existence et emploie deux salariés, mais elle fait déjà partie du calendrier officiel de la haute couture (en tant que membre invité). Ses références en matière de couture s’appellent Madeleine Vionnet et Azzedine Alaïa. « Des architectes. Chacun des vêtements qu’ils ont créés est un casse-tête ». Née à Pékin, arrivée à Paris avec ses parents à 4 ans, Yiqing s’imaginait devenir sculptrice. Après le bac, elle intègre l’école des Arts décoratifs, où elle développe une sensibilité pour le textile. Et une méthode affranchie des codes : « Je travaille de manière instinctive, expérimentale, presque anarchique. Cette liberté conduit à des accidents parfois merveilleux ».

Une fois diplômée, Yiqing Yin grille les étapes. Elle rafle le Grand Prix de la création de la Mairie de Paris, celui du festival de la mode de Hyères, celui de l’Andam ; elle obtient une double page dans Vogue, une expo à la galerie Joyce. En juillet 2011, sa première collection lui vaut un succès critique et la présence de grands manitous de la mode à ses défilés. Guerlain et Cartier lui commandent des costumes pour des spots publicitaires. Son dernier fait de gloire : la maison Léonard, certes un peu poussiéreuse, vient de la nommer directrice artistique. « C’est plus excitant que de reprendre une affaire qui roule déjà, explique-t-elle. Je vais faire de mon mieux pour définir une nouvelle identité. Cibler une clientèle plus jeune. J’imagine quelque chose de plus grunge. Plus geisha. De la nonchalance, des superpositions. »

Même si elle affirme toujours rechercher l’ADN exact de sa griffe, elle a quelques idées précises sur le sujet. « S’il fallait résumer en un mot, je dirais « paradoxe ». Une femme sensuelle habitée par une certaine violence. Pour qui les vêtements - rêveurs, mais faits avec rigueur - jouent le rôle d’une armure molle. » Yiqing Yin, elle, est en train de se construire un petit empire aux bases inébranlables. u

on aime # Les visages sculptés dans la matière # Le smock réinventé et magistralement interprété

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