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INTERVIEW : philippe darrason

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VIEW Philippe Darrason

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à l'aube de la cinquantaine, Philippe Darrason présentait tous les signes extérieurs de la réussite sociale : Belle situation, poste à responsabilité et confort matériel. Mais las des horaires à rallonge, il a décidé il y a un peu plus d'un an de tout plaquer pour goûter, enfin, aux petits et grands plaisirs de la vie.

propos recueillis par Charlotte Mannevy

Must : Vous avez décidé de changer de vie à la cinquantaine. Pourquoi ?

Philippe Darrason : J’ai tout simplement attendu d’avoir 50 ans pour me poser les bonnes questions ! Il y a deux ans encore, j’étais directeur général de Cofely Socometra. J’avais beaucoup de responsabilités, des réunions à ne plus en finir et je ne voyais ni ma famille ni mes amis. Un jour, je me suis demandé si j’avais vraiment envie de continuer sur cette lancée-là pendant dix ans. La réponse était non ! Alors j’ai dit au revoir à tout ça et j’ai cherché une nouvelle activité, qui ait plus de sens et me laisse du temps pour vivre autre chose qu’un quotidien entièrement consacré au boulot.

Et vous avez trouvé ?

Oui ! J’ai rejoint l’aventure Recy’verre, une entreprise lancée début 2014 par Véronique Kerangouarec. J’y ai trouvé un projet qui a un sens, puisque non seulement on recycle le verre mais on le transforme pour qu’il puisse être réutilisé localement. Et surtout cette nouvelle activité est compatible avec le mode de vie que je me suis choisi.

Ce virage à 180 ° a - t - il tout changé ? Aujourd’hui j’ai retrouvé l’harmonie dans mon couple, avec mes enfants et avec moi-même. Je prends le temps. C’est plus facile à dire qu’à faire, car la seule façon d’avoir du temps c’est de se donner les moyens de vivre l’instant présent et ça demande une grosse remise en cause.

Qu ’ est - ce qu ’ on fait quand on a le temps ? Il y a d’abord le temps que je prends... tout simplement pour moi. Tous les jeudis après-midi, qu’il pleuve ou qu’il vente, je vais jouer au golf avec une bande d’amis. Ça veut dire qu’on part pour six heures, en dehors du monde. Il n’y a rien de mieux pour se vider la tête et se sentir ailleurs. Je profite aussi du meilleur bateau du monde, le BDA, le bateau des amis (rires). Que ce soit la pêche au gros ou la chasse sous-marine j’adore ça. C’est quelque-chose que j’ai redécouvert. J’ai à nouveau des relations amicales avec des gens que je ne voyais plus depuis longtemps. Du coup, j’ai enfin des choses intéressantes à raconter à ma famille quand je rentre le soir !

Avoir le temps, c ’ est aussi enrichir ses

relations avec les autres ?

C’est avoir des échanges sincères avec d’autres personnes, sans que ceux-ci soient pollués par le travail. Grâce à ces échanges, j’ai découvert des choses dont je ne connaissais même pas l’existence avant. Dans mon ancienne vie, je ne me rendais pas compte à quel point j’étais seul. Maintenant, à 17 heures, je vais voir les copains. On discute de ce qu’on fera le week-end. Je suis rentré dans un cercle social alors qu’avant on ne m’appelait pas. Les gens se disaient : « C’est pas la peine, Fifi a jamais le temps. » Côté famille, je fais du golf avec mon fils qui partage ma passion. Quel père a le temps de passer 4 ou 5 heures avec son enfant ? Tout à l’heure je vais même le chercher à 11h30 à l’école. Ça ne m’arrivait jamais avant. Quant à ma fille de 18 ans, elle m’emmène avec elle lors de certaines de ses sorties, ça m’a permis de découvrir sa vie.

Est - ce que pour vous temps libre rime

avec gourmandise ?

En tout cas j’adore manger, mais je ne me suis pas mis à la cuisine pour autant ! Par contre je m’intéresse de plus au plus au vin. Je commence à connaître mes goûts, en ce moment par exemple j’ai une affection plus particulière pour les Côtes-du-Rhône.

Est - que vous regrettez quelque - chose

de votre ancienne vie ?

Pas du tout ! C’est vrai que j’ai laissé derrière moi un certain confort financier - temporairement j’espère ! -, mais c’est plus que compensé par le confort personnel. Je n’ai pas l’impression d’avoir fait un sacrifice, je ne suis pas frustré. Vous savez, je me rends compte que je suis passé à côté de ma vie pendant très longtemps. En fait j’ai fait ce que mes parents m’ont dit : « Travaille bien à l’école pour avoir un bon travail et bien t’occuper de ta famille, c’est comme ça que tu seras heureux. » Seulement, tout ça, c’est pas la réalité. J’ai compris que le bonheur ne se trouve pas dans l’argent ou la position sociale mais dans la joie de vivre. Aujourd’hui j’ai retrouvé une certaine créativité. Prendre le temps ce n’est pas rien faire, c’est laisser libre-court à son imagination et donc au final se lancer dans des projets. J’ai envie de faire des millions de choses, à tel point que je réveille la nuit à cause d’une idée.

Avez - vous des rêves pour l ’ avenir ? Mon tableau à rêves est plus que plein ! S’il fallait en choisir deux ce serait faire le tour du monde des golfs, et puis arrêter de travailler le plus tôt possible ! Ou plus exactement me donner les moyens de dire « tiens aujourd’hui il fait beau si j’allais plutôt à la pêche ? »

« J’ai compris que le bonheur ne se trouve pas dans l’argent ou la position sociale mais dans la joie de vivre. »

En bref…

Signe Astrologique Capricorne Date de naissance 18 janvier 1964 Ton in sur le caillou Sa nature et son lagon préservé Ton out sur le caillou La gestion déplorable des déchets Ton plat préféré Les ris de veau aux crevettes Dans la vie tu adores La sincérité Dans la vie tu détestes Ceux qui profitent des autres sans aucun état d’âme Qualité Passionné Défaut Je garde les choses pour moi afin de ne pas blesser mon entourage.

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