Au cours des deux dernières années Vonnick Caroff a cherché, observé, dessiné et mangé toutes ces huîtres. Depuis Ostende, sur les rivages de la mer du Nord, de la Manche, sur tout le littoral Atlantique, au bord de la Méditerranée, jusqu’aux lagunes de Venise. Elle veut associer son travail de peintre à celui des nombreux ostréiculteurs qu’elle a rencontré, et se souvenir dans le silence de son atelier de Pont-Croix de la longue note sifflée de l’huîtrier.
Vonnick Caroff
Consommer une huître seule... Pourquoi pas ? Mais il lui tarde de partager ses belons et ses claires. Aujourd’hui la table sera rectangulaire, assez grande, un peu solennelle, tant elle a de la révérence pour les plis dans la nappe blanche du Titien au Louvre. Les invités sont tous là et ça la comble de joie : Emmanuel Guibert dont elle admire le trait, le dessin et l’intelligence du regard. Elle le place près d’Hokusaï, un point c’est tout.
Roses Célbrations, textes de Denise Le Dantec, ed Apogée, 2011 Aller simple / place entière, chez l’auteur, 2008 Partitions pour flûte à bec, ed Handpress, Zurich, 2008 Histoire d’Io, textes de Jean-Pierre Abraham, ed Le temps qu’il fait, 2002 Ile d’Aix, texte de Philippe Foucault, ed Actes Sud, 1997 Balade ballade, ed Cesure, 1996 Compère, qu’as tu vu ?, textes de Jean-Pierre Abraham, ed Le temps qu’il fait, 1993
Anne-Louise Trividic, écrivain, scénariste et comédienne… en outre extra-lucide. Ici présente, elle augmente la peinture d’un médium qui fait loupe. Citer tous les noms auprès desquels elle a travaillé retarderait la dégustation.
claire-obscure
Michel Rostain, l’homme des trois coups, qui du premier obtient le Goncourt. À vos tablettes : Wikipédia n’y parle pas d’huître bleue, de comète, des étincelles du piano, pas plus que de l’activité de forges antiques sous sa maison de Trinquetaille. Thierry Guidet le fameux journaliste et écrivain, œnologue infaillible et grand seigneur. Son absence est impensable. Pour la cérémonie elle a choisi un vin de Loire en écho à son très beau livre : La compagnie du fleuve, le vin des frères Foucault. Antoinette Dilasser, écrivain. Par quelle grâce est-elle ici, celle qui a si bien parlé du verbe et qui sait tout de la peinture ? Un immense bouquet pourpre et parfumé de la rose Dame de Kerlouan à son intention. Elisabeth Pasquier, l’amie sociologue et écrivain qui l’a introduite dans la nurserie d’huîtres de son fils Pierre en Vendée. Elle en ont partagé des sombres et des claires ! Ses sms-haïkuscontemporains vifs, chaleureux, complices ont rythmé les longues heures du travail d’atelier. Catherine Mesnard-Bornibus, comédienne au beau rôle d’éveilleuse. Elle guette, elle cueille, elle scrute, elle devine. Dans l’or de ses bacs de trempage, elle développe dans l’ombre un pan de clarté vive.
claire-obscure
Ouvrages déjà parus :
Vonnick Caroff
Terrasse à Nantes, chez Joca Seria
Isabelle Arzul est docteur en parasitologie, chercheur à l’Ifremer et coordonateur au Laboratoire de Référence de l’Union Européenne. C’est à la faveur d’un échange sur les huîtres dans l’atelier qu’en une fraction de seconde et sans réserve, elle a bien voulu prendre part au banquet. Christine Lapostolle, levée à l’aube pour lire, relire, découvrir, assise en sa haute fenêtre éclairée. Fallait-il chercher cette matinale du côté du soleil levant et faire 40 000 kms... ou sauter trois rues vers les chromatismes légendaires du couchant ? C’est là qu’elle écrit.
22 € ISBN 978-2-84809-228-7
www.jocaseria.fr
9 782848 092287
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Vonnick Caroff claire-obscure
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Š joca seria 2013 www. jocaseria.fr
« Il y a le noir antique et le noir frais, le noir brillant et le noir mat, le noir à la lumière et le noir dans l’ombre. Pour le noir antique, il faut y mêler du rouge ; pour le noir frais, c’est du bleu ; pour le noir mat, c’est du blanc ; pour le noir brillant, il faut y ajouter la colle ; pour le noir dans la lumière, il faut le refléter de gris » Katsushika Hokusaï
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5. Fotzen der See. Que le traducteur rend par l’argot désuet et un peu louche : « cramouilles de la mer », l’une des innombrables manières de nommer le sexe de la femme. Entre l’une, l’huître, et l’autre, le sexe, la parenté va de soi : laisser la vie sur la langue fondre. D’où, par les analogies qui gouvernent la pensée magique, les qualités aphrodisiaques dont sont parées les huîtres. Il existe au musée Condé, de Chantilly, un tableau peint en 1735 par Jean-François de Troy, Le Déjeuner d’huîtres. Une quinzaine d’aristocrates, tous des hommes, servis par deux laquais en livrée bleue font bombance, les coquilles jonchent le sol, le rouge monte aux joues des convives qui font sauter les bouchons de champagne. Tout à l’heure de petites femmes les rejoindront. Il y aura grand désordre de dentelles sous le compas ouvert des cuisses, l’Eau de Cologne mêlée aux remugles marins. Le champagne, les huîtres, les cabinets particuliers : durable imaginaire de genre et de classe. La crudité de l’huître en fait un objet sexuel.
6. Oui, sûrement, le sang nous inonderait la gorge si nous osions, de nos dents de lait, croquer le corps véritable du Seigneur. C’était le printemps, les années d’aubépine et de feuillages, de lumière pascale, d’eau glacée sur les fronts. Dans l’église qui sentait le sous-bois, on nous avait appris à ne pas croquer l’hostie, à la laisser ramollir sur la langue ; le pain de vie fondait doucement, comme une gaufrette un peu fade. Peut-être certains transgressaient-ils l’interdit, ajoutaient-ils aux Sept Douleurs une morsure enfantine ? Pas moi, au fond peu rétif au dressage.
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Et longtemps j’ai laissé fondre en bouche le petit animal. Depuis que je sais que l’huître ne saigne pas davantage que l’hostie, je la mâche volontiers pour mieux en exprimer la saveur, moi qui la mange toute nue, sans citron, ni vinaigre, ni saucisse à la manière des Bordelais. L’huître est pain bénit.
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« Un plateau de belons Un verre de Quincy Une grande serviette blanche bien repassée Et la patronne qui regarde la mer » Elisabeth
« Juste arrivée d’Afrique La douzaine ne lui faisait pas peur Quand son frère lui a dit L’huître est vivante, Alice a dit c’est fini » Elisabeth
« Sous la digue Les hangars Les parcs Les tracteurs à longs bras Et Pierrot avec ses grandes bottes » Elisabeth
« Nous avons les blue point Dénichées dans un Whole foods market super branché Près du New museum sur Bowery Chez nous à Harlem pas de couteau à huîtres Hariet attaque avec ce qu’elle a sous la main Elles résistent les Américaines » Elisabeth
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Au cours des deux dernières années Vonnick Caroff a cherché, observé, dessiné et mangé toutes ces huîtres. Depuis Ostende, sur les rivages de la mer du Nord, de la Manche, sur tout le littoral Atlantique, au bord de la Méditerranée, jusqu’aux lagunes de Venise. Elle veut associer son travail de peintre à celui des nombreux ostréiculteurs qu’elle a rencontré, et se souvenir dans le silence de son atelier de Pont-Croix de la longue note sifflée de l’huîtrier.
Vonnick Caroff
Consommer une huître seule... Pourquoi pas ? Mais il lui tarde de partager ses belons et ses claires. Aujourd’hui la table sera rectangulaire, assez grande, un peu solennelle, tant elle a de la révérence pour les plis dans la nappe blanche du Titien au Louvre. Les invités sont tous là et ça la comble de joie : Emmanuel Guibert dont elle admire le trait, le dessin et l’intelligence du regard. Elle le place près d’Hokusaï, un point c’est tout.
Roses Célbrations, textes de Denise Le Dantec, ed Apogée, 2011 Aller simple / place entière, chez l’auteur, 2008 Partitions pour flûte à bec, ed Handpress, Zurich, 2008 Histoire d’Io, textes de Jean-Pierre Abraham, ed Le temps qu’il fait, 2002 Ile d’Aix, texte de Philippe Foucault, ed Actes Sud, 1997 Balade ballade, ed Cesure, 1996 Compère, qu’as tu vu ?, textes de Jean-Pierre Abraham, ed Le temps qu’il fait, 1993
Anne-Louise Trividic, écrivain, scénariste et comédienne… en outre extra-lucide. Ici présente, elle augmente la peinture d’un médium qui fait loupe. Citer tous les noms auprès desquels elle a travaillé retarderait la dégustation.
claire-obscure
Michel Rostain, l’homme des trois coups, qui du premier obtient le Goncourt. À vos tablettes : Wikipédia n’y parle pas d’huître bleue, de comète, des étincelles du piano, pas plus que de l’activité de forges antiques sous sa maison de Trinquetaille. Thierry Guidet le fameux journaliste et écrivain, œnologue infaillible et grand seigneur. Son absence est impensable. Pour la cérémonie elle a choisi un vin de Loire en écho à son très beau livre : La compagnie du fleuve, le vin des frères Foucault. Antoinette Dilasser, écrivain. Par quelle grâce est-elle ici, celle qui a si bien parlé du verbe et qui sait tout de la peinture ? Un immense bouquet pourpre et parfumé de la rose Dame de Kerlouan à son intention. Elisabeth Pasquier, l’amie sociologue et écrivain qui l’a introduite dans la nurserie d’huîtres de son fils Pierre en Vendée. Elle en ont partagé des sombres et des claires ! Ses sms-haïkuscontemporains vifs, chaleureux, complices ont rythmé les longues heures du travail d’atelier. Catherine Mesnard-Bornibus, comédienne au beau rôle d’éveilleuse. Elle guette, elle cueille, elle scrute, elle devine. Dans l’or de ses bacs de trempage, elle développe dans l’ombre un pan de clarté vive.
claire-obscure
Ouvrages déjà parus :
Vonnick Caroff
Terrasse à Nantes, chez Joca Seria
Isabelle Arzul est docteur en parasitologie, chercheur à l’Ifremer et coordonateur au Laboratoire de Référence de l’Union Européenne. C’est à la faveur d’un échange sur les huîtres dans l’atelier qu’en une fraction de seconde et sans réserve, elle a bien voulu prendre part au banquet. Christine Lapostolle, levée à l’aube pour lire, relire, découvrir, assise en sa haute fenêtre éclairée. Fallait-il chercher cette matinale du côté du soleil levant et faire 40 000 kms... ou sauter trois rues vers les chromatismes légendaires du couchant ? C’est là qu’elle écrit.
22 € ISBN 978-2-84809-228-7
www.jocaseria.fr
9 782848 092287
joca seria