Le magazine de l'Institut francojaponais à Yokohama
ah bon ?!
Recettes de France
Dossier Spécial
No. 4 0ctobre 2011
&
Voyage à
Hiraizumi
Contes Légendes
Sommaire www.yokohama magazine.fr
04 07 10 14 Différence culturelle entre ...
facebook.com/ ah.bon.japon
06 08 12 16
Les légumes de quartier
Dossier Spécial « Contes et Légendes du Japon »
La femme neige
Hôichi Le sans oreilles
Le Lièvre et la Tortue : nouvelle fable
Urashima Taro
Octobre 2011
Kasa Jizô
Edito C'est avec un plaisir non dissimulé que nous sommes fiers de vous présenter le numéro 4 de Ah Bon ?! C'est en effet le premier d'une, nous espérons, longue série de numéros qui verront également le jour sous un format papier, l'impression étant prise en charge par notre nouveau sponsor gourmand : Choosee. Le nombre d'exemplaires sera cependant limité à une centaine... avis aux collectionneurs. La bataille risque d'être rude dans les couloirs de l'Institut à Yokohama pour s'en procurer un ! Merci à tous pour votre soutien, bonne lecture/étude et à très bientôt sur notre site et notre page Facebook ! Le comité de rédaction redaction@yokohamamagazine.fr
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Issun Bôshi
Voyage à Hiraizumi
20 26 30 35
Takeshi Motaï : Gauche, un violoncelliste
Le langage des signes
Les femmes japonaises
J'ai adoré Kyoto !
Recettes de France
Le nom
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Culture (B1)
Les baguettes Diffrénce culturelle entre
Le couteau et la fourchette
A
À une époque immémorable du Japon, tout le monde mangeait à la main. Dans le monde occidental, il paraît qu'on était carnivore, et de l'autre côté de la terre, ce n'était pas comme ça. Malgré le fait que je ne sois pas sûr de l'existence de couteaux et de fourchettes en bois, la découverte du métal a
Octobre 2011
dû accélérer la diffusion de ces deux ustensiles en Europe. Ils sont pratiques pour manger de la viande. Au contraire, dans les pays qui ont été influencés par le bouddhisme, en principe, on ne mangeait jamais de viande. Le poisson était l'ali mentation principale comme protéine animale pour les
gens. Pour manger du poisson, les baguettes sont plus pratiques et plus faciles à utiliser que les ustensiles occidentaux. Elles peuvent couper, « grignoter » et enlever les arrêtes. Au Japon, il semble que les baguettes soient sacrées. Tous les membres de la famille ont leurs baguettes et
Baguettes près de Asakusa Par Frédéric LaurayQuantin
n'utilisent jamais celles des autres, tout comme le bol à riz. Il y a une coutume au Japon qui est le fait d'enterrer ses baguettes et son bol à riz quand quelqu'un de la famille est mort. Bien sûr que tous les Japonais mangent de la viande main
tenant et savent utiliser un couteau et une fourchette, mais personne n'en a pour soimême. Nous, Japonais, devons garder la culture des baguettes pour toujours, et nous pouvons le faire, je crois. *
Shigetoshi Maruyama
Par Shigetoshi Maruyama
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Société (B2)
Les légumes de quartier, Nora Chraline c’est bon ! Par Nora Chraline
« Si des fruits et légumes sont non seulement sains mais aussi vraiment frais et bons, on les achètera même s’ils sont un peu chers. On a beau dire, c’est le goût qui est le plus important. » Répondant à une telle voix des consommateurs, la vente directe de produits agricoles est de plus en plus populaire au Japon depuis une dizaine d’années.
La vente directe est une mé thode par laquelle les agri culteurs vendent leurs produits directement aux consom mateurs dans les magasins de quartier, les marchés régionaux ou par correspondance.
Origine des magasins de vente directe On peut maintenant trouver parci parlà des magasins de vente directe que plusieurs agriculteurs dirigent ensemble. On dit que l’origine de ce type de magasin était les stations de repos sur les routes principales, appelées « Michi no Eki », qui ont commencé à augmenter à partir des anneées 90. Les agriculteurs de quartier ont commencé à y apporter leurs produits, si bien que les stations sont devenues un endroit où les consommateurs peuvent acheter des produits locaux et où les producteurs peuvent savoir les réactions des clients. Le succès de ce commerce a donné aux agriculteurs de chaque endroit l’occasion d’ouvrir un magasin spécialisé dans la vente directe de produits agricoles.
Octobre 2011
Avantages Le point fort de la vente directe, c’est que les fruits et légumes sont frais, et donc bons, car ils sont récoltés à maturité le matin ou la veille de la vente. En plus, ce sont en général des produits de saison cultivés en plein air. Pour protéger le goût, les producteurs s’efforcent d’a méliorer la fertilité des sols en utilisant positivement des en grais organiques et en réduisant le taux des engrais chimiques au minimum. Ils utilisent peu de pesticides de synthèse. Il est vrai que leurs produits semblent plutôt chers par rapport aux produits vendus dans les magasins de détail tels que les supermarchés. Cependant, il faut investir une certaine somme
Un gout exceptionnel, des produits primés… CHOOSEE, le meilleur du bio à proximité d’Omotesando. Les restaurants trois étoiles nous font déjà confiance, et vous ?
pour l’amélioration des sols ou l'utilisation d'engrais organiques et c’est très important de les vendre à un prix raisonnable pour que les producteurs puis sent continuellement maintenir leur bonne qualité. Une telle tentative de vente est aussi très suggestive pour la renaissance de l’agriculture japonaise. Cela peut servir à l’activation de communautés régionales, à la protection de l’environnement, etc. N’attribuezvous pas le fait que vos enfants n’aiment pas les légumes à leurs caprices ? Mais si vous pouviez leur faire connaître la saveur des légumes de quartier... Ça vaut la peine d’essayer ! *
Contes et LĂŠgendes du Japon
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Conte (B1)
La femme Neige Soko
Par Soko
I
Il était une fois deux bûcherons qui habitaient dans un village. C'était un jour d'hiver et ils n'étaient pas capables de revenir dans une tempête de neige. Alors, ils sont restés dans une petite maison et ils y ont dormi. Quand l'homme le plus jeune s'est réveillé, il y avait une belle femme qui était recouverte de blanc. Elle a soufflé sur l'homme qui était le plus vieux, et il est mort. Elle a dit au jeune homme
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qu'elle avait décidé de l'aider parce qu'il était jeune et beau, mais il ne devait parler de ce soirlà à personne. Elle lui a dit qu'elle le supprimerait s'il en parlait à quelqu'un.
avait rencontré une belle femme qui lui ressemblait quand il avait 18 ans. Il a continué en disant que c'était un événement terrible : estce que c'était un rêve ? Ou une fée de la neige ?
Après plusieurs années passées, le jeune homme a rencontré une belle femme qui s'appelait Neige. Ils se sont mariés et ils ont eu des enfants.
Sa femme lui dit alors que c'était elle qu'il avait vu. Elle lui avait dit qu'elle le supprimerait s'il en parlait à quelqu'un : elle a fondu en un instant et a disparu... *
Il dit un jour à sa femme qu'il
Page précédente : Extraits de The Illustrated Night Parade of A Hundred Demons. Cidessus : YukiOnna de rouleaux de dessins de cent yôkai.
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Conte (B1)
Miminashi Hôichi par © sinI finetrick.
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Hôichi Le sans oreilles Yoko Aoki
Par Yoko Aoki
I
Il était une fois un jeune moine bouddhiste qui s'appelait Hôichi et qui habitait à la bonzerie. Il était aveugle, mais c'était un excellent récitateur. Il récitait l'histoire des Heïke dont la dynastie est tombée à la fin du 12ème siècle. Il le faisait en jouant d'un instrument qui s'appelle Biwa et dont la forme est comme une mandoline. Un soir, quand le chef des bonzes sortit pour une cérémonie, un soldat invita Hôichi et lui dit : « Mon seigneur désire t'écouter, viens avec moi. » Il le conduisit vers un château et ils entrèrent dans une grande
salle. Il y avait beaucoup de personnes qui se parlaient. À ce momentlà, une femme âgée lui dit : « Notre seigneur vous attend. Allez, com mencez à jouer. » Lorsqu'il finit de jouer, il entendit des voix pleurardes qui disaient : « Notre seigneur est très content de votre inter prétation, et il vous demande de revenir ici demain soir. » Après ce soirlà, il y alla chaque soir. Mais quelques jours après, le chef des bonzes le trouva bien fatigué. Il lui demanda : « Qu'estce qui se passe ? » Il lui parla de ses sorties. Le chef lui dit : « Je crois que ce sont les fantômes de la famille de
Heïke. Si c'est ça, ils te tueront. Mais si j'écris des mots sacrés sur ton visage et ton corps, de la tête aux pieds, tu seras certainement sauvé. » Mais il oublia d'écrire sur ses oreilles. Ce soirlà, le chef des bonzes sortit aussi pour une cérémonie. Un soldat vint voir Hôichi, mais il ne put le voir. « Il n'est pas là, mais voici ses oreilles. Je les prends pour les montrer à mon seigneur. » Hôichi survécut comme ça. Depuis ce jour, les gens l'appelèrent « Hôichi, le sans oreilles », et il devint un célèbre récitateur. *
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Conte (B1)
L
Le lièvre et la tortue se mirent d'accord pour faire la course jusqu'au sommet d'une colline. Naturellement, la tortue savait bien que le lièvre courait plus vite qu'elle. Alors, elle demanda de l'aide au kangourou. La tortue entra dans la poche marsupiale du kangourou. Le lièvre va vite, mais le kangourou va encore plus
Octobre 2011
vite. Le kangourou et la tortue dépassèrent le lièvre facilement. Donc le lièvre demanda de l'aide à un aigle. L'aigle accepta, le leva facilement et vola vers le sommet de la colline. Quand le kangourou arriva au sommet de la colline, l'aigle se reposait déjà là. Le kangourou demanda : « Où est le vainqueur, le lièvre ? »
L'aigle répondit : « J'ai eu une faim de loup et je l'ai déjà mangé. À propos, ta tortue est où ? » Le kangourou fouilla dans sa poche, mais sa tortue n'était pas là. Il l'avait laissé tomber en cours de route car il avait sauté trop rapidement. Morale de l'histoire : « N'uti lise pas la force des autres ! »*
Le Lièvre et la Tortue
Kenji
Une nouvelle fable
Par Kenji
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Conte (B1)
Urashima Taro Il était une fois un jeu pêcheur qui s'appelait Urashima Taro. Un beau jour, il sauva une tortue qui était maltraitée par des enfants méchants sur la plage. La
tortue voulut le remercier de sa gentillesse, donc elle l'emmena au palais du dragon au fond de la mer, le ryûgû jô.
Au palais, une très jolie princesse lui fit bon accueil en lui offrant une belle table avec du bon vin, et en lui présentant une danse éclatante par des poissons comme des dorades et des turbots. Le temps passa vite et, quand la princesse lui dit adieu, elle lui donna un coffret élégant en lui conseillant de ne jamais l'ouvrir. Taro retourna à la plage d'où il était parti, mais il trouva que sa ville n'avait pas son aspect d'autrefois. En effet, 300 ans s'étaient écoulés depuis son départ. Il se sentit perdu mais il se rappela le coffret donné par la princesse et il l'ouvrit. Tout à coup, une fumée l'entoura. Il vieillit en un instant et mourut : dans le coffret, il y avait son âge réel.*
Kiyomi
Par Kiyomi
Octobre 2011
À gauche : © Poisson par Si Scott Cidessus : Urashima Tarô par Kuniyoshi Utagawa.
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Conte (B1)
I
Il était une fois un vieil homme et sa femme. Ils habitaient dans un village. Le vieil homme faisait des des chapeaux de paille et les vendait ; et sa femme faisait la lessive, cuisinait et cousait pour son mari. Ils travail laient beaucoup du matin au soir. Pourtant, ils étaient très pauvres. Mais il ne se plai gnaient pas et s'entendaient bien. Le dernier jour de l'année, ils n'avaient pas encore assez
Octobre 2011
d'argent pour faire la veillée du Nouvel An. Le vieil homme dit à sa femme : « Ma femme, j'ai fait cinq chapeaux de paille. Dès maintenant, je vais aller les vendre en ville. » « Ah, c'est une bonne idée ! Nous pourrons gagner de l'argent pour le Nouvel An ! Je vais chauffer la pièce avec la cheminée et t'attendre. » Le vieil homme alla en ville avec ses cinq chapeaux de paille, mais ils ne se vendirent pas. De plus, il commença à
neiger. Il décida de rentrer chez lui avant qu'il fasse nuit. Sur le chemin du retour, il passa devant une forêt. Là, il y avait six petites statues bouddhiques en pierre. Le vieil homme dit : « Ils ont l'air d'avoir très froid. Bon, je leur donne mes chapeaux de paille. » Mais il n'avait que cinq chapeaux : « Ah, il manque un chapeau ! Mais pas de problème, je vous donne mon chapeau ! » Le vieil homme enleva son chapeau et en coiffa la
Kasa Jizô Fumiko
Par Fumiko
sixième statue. Il arriva chez lui et dit à sa femme : « Mes chapeaux de paille ne se sont pas bien vendus. Sa femme dit en souriant : « Pas de problème. Tu es bien rentré, c'est le plus important pour moi. Mais qu'estce qui s'est passé ? Tu ne portes pas ton chapeau de paille, et il n'y a pas les cinq chapeaux non plus. Où sont les chapeaux de paille ? » « Je les ai donnés aux petites statues bouddhiques au bord
du chemin. » « Ah, tu as bien fait. Heureusement, il reste encore un peu de riz. On peut le manger. » Le lendemain matin, ils se levèrent de bonne heure car des chants se faisaient entendre. « Où est le vieil homme qui nous a donné des chapeaux de paille ? Où est le vieil homme qui est très gentil ? » C'était les petites statues bouddhiques ! Ils marchaient et cherchaient sa maison en chantant. Le vieil
home dit : « Moi, ici ! C'est moi. » Une des petites statues bouddhiques en pierre dit : « Merci de nous avoir donné des chapeaux en paille ! Voilà, ce sont des cadeaux du Nouvel An pour vous ! » Il y avait beaucoup d'aliments, de vêtements et de l'argent qu'ils avaient apportés pour le couple âgé. Depuis ce jour, le vieil homme et sa femme ne connurent plus jamais la misère et ils vécurent heureux très longtemps. *
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Conte (B1)
Issun Bôshi Le petit garçon de trois centimètres Octobre 2011
I
Il était une fois, un couple sans enfant sans un petit village. Le couple désirait ardemment avoir un enfant. Ils priaient Dieu d'en avoir un avec ferveur tous les jours. Un jour, à leur grande surprise, un bébé est né, mais le bébé était très petit. Il faisait trois centimètres. Le bébé était tellement petit que les parents l'appelèrent « issunbôshi », le petit garçon de trois centimètres. Les parents le chérirent comme la prunelle de leurs yeux, mais le garçon ne devenait pas grand, gardant une taille de trois centimètres. Pourtant, il était en bonne santé et très intelligent. Ils étaient fiers de leur fils. Un, jour, le garçon dit à ses parents : « Mes chers papa et maman, donnezmoi une aiguille, un bol en bois et une baguette. » « Qu'estce que tu vas faire avec ça ? », demandèrent les parents. « Une aiguille comme sabre, un bol comme barque et une baguette comme perche. Je veux aller à la capitale et devenir un brave samouraï », dit le petit garçon. Ses parents lui donnèrent la permission de partir, en lui donnant ce qu'il voulait. Le lendemain, le petit garçon
partit pour la capitale, en descendant la rivière dans le bol, avec une aiguille et une baguette. Pendant le voyage, il rencontra des difficultés : des vagues, la pluie, le vent. Mais il les surmonta et, finalement, il arriva à la capitale. En marchant dans une rue animée, il trouva une belle et grande maison. Il voulut y travailler. Il cria devant la porte : « Ouvrez la porte s'il vous plaît. Je voudrais vous demander un service. » Le maître de la maison ouvrit la porte et regarda autour de lui : « Où êtesvous ? Je ne vois personne. », dit le maître. « Je suis ici, à vos pieds ! », dit le petit garçon. « Je m'appelle Issunbôshi et je voudrais travailler pour vous ici. » Le maître trouva le petit garçon à ses pieds et lui dit : « Tu as l'air actif et intelligent. Je vais t'em ployer. » Ce maître était riche et il avait une fille très belle. Un jour, la fille alla au temple avec le petit garçon. Ils rencontrèrent un grand démon sur le chemin du retour. Le grand démon allait kidnapper la fille pour l'emmener chez lui. « Si tu t'approches d'elle, je te tuerai ! », dit le petit garçon. « Qu'estce que tu peux faire contre moi, petit garçon ? Je
vais te manger. », dit le démon. Et il avala le petit garçon tout rond. Pourtant, le petit garçon perça le démon avec son aiguille dans l'estomac plusieurs fois. « Aïe ! Aïe ! Au secours ! », cria le démon. Il vomit le petit garçon et s'enfuit à toutes jambes vers la montagne. La fille dit : « Merci beaucoup, petit garçon. Tu m'as sauvé la vie ! » « Regardez, le démon a laissé quelque chose. Qu'estce que c'est ? », demanda le petit garçon. « Ah ! C'est uchide nokozuchi, le maillet ma gique. C'est le trésor du démon. Si on agite le maillet, n'importe quel vœu sera réalisé. Petit garçon, quel est ton souhait ? », demanda la fille. « Je veux être un homme de taille normale. Je voudrais grandir. » Tout de suite, la fille agita le maillet magique et le petit garçon devint un grand jeune homme. Il se maria avec la fille et il devint samouraï comme il l'avait voulu. Grâce au maillet magique, il devint très riche et ils vécurent heureux très longtemps. *
Natsuko
Par Natsuko
Art (B1)
Takeshi Motaï Gauche, un violoncelliste En janvier 1956, un peintre a achevé l’illustration d'une œuvre : Gauche, un violoncelliste. Ce peintre s’appelle Takeshi Motaï. Il avait dit comme ça à celui qui lui avait proposé ce travail : « C’est Gauche de Kenji ? Si je peux faire ça, je ne regarderai pas la mort (1). » Il avait un asthme très grave à ce momentlà...
P
Pour Motaï, Kenji Miyazawa était un écrivain de rêve. Motaï avait déjà peint une aquarelle (2) dans laquelle il y a un livre et, sur une page ouverte, deux tankas : « Où est ma Terre ? Je baisse la tête, je lève les yeux, mais je ne le sais pas. » « Je m’assieds dans le ciel et regrette la flamme verte. Sur la Terre, estce que les gens m’aperçoivent, ou non ? » Ce sont des tankas de Kenji.
Gauche, un violoncelliste l'histoire Gauche, un violoncelliste est
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le récit d'un violoncelliste maladroit. Une nuit, alors qu'il ne reste plus que 10 jours avant le concert de son orchestre, un chat visite la maison de Gauche. À partir de cette nuit, un coucou, un petit tanuki (chien viverrin), et une mère et son enfant mulot lui rendent visite l’un après l’autre. Chaque animal a une façon musicale, une liaison avec la musique dans sa vie différente de celle des autres. Gauche les rencontre et joue du violoncelle avec eux et pour eux ces quatre nuits. Et il fait de grands progrès.
Un théâtre de marionnettes Ce n’est pas l’histoire d’un grand musicien mais celle d’un amateur de musique. Le personnage de Gauche que Motaï a peint paraît anonyme. Il s’intègre dans le paysage décrit. Motaï avait imaginé ce récit comme un théâtre de marionnettes et avait pris une poupée pour modèle pour dessiner Gauche. Cette poupée fabriquée à la main s’appelait « Dr. Ivrogne » et lui avait été offerte par un ami peintre, Teïkichi Miyoshi (3).
Le visage de Gauche se teinte de différentes couleur selon les choses autour de lui. Le récit que Motaï a représenté est une symphonie de couleurs. La couleur du visage de Gauche est une note qui s’harmonise avec les autres.
Un artiste reconnu Pour cet ouvrage, Motaï a peint 8 illustrations. L'image qu’il a peint pour la couverture a été remplacée par une autre car elle avait l’air un peu mélancolique. La première édition a été publiée en avril 1956. C'était un livre
modeste : le texte était résumé (15 pages en tout), la reliure était simple. En 1966, une édition remaniée est publiée. Il a été réimprimé plusieurs fois jusqu’à aujourd’hui. Le texte n’est plus résumé (56 pages en tout) et l’image refusée à l'origine a été ajoutée. Dans les sept mois après que la première édition a été publiée, Motaï est mort à l’age de 48 ans. On compte Gauche de Motaï parmi les chefsd'œuvre du livre d’images maintenant. *
du livre d’images, Daiwashobo, 1984, pp.183184. (2) « Recueil de tanka de Kenji et une jeep rouge » 1947, 27x24 cm, Musée d’art Chihiro. (3) Musée d’art Takeshi Motaï, Les fragments de mémoire, Kodansha, 2008, p.103. Motaï y a peint des aquarelles comme «Dr. Ivrogne que M. Miyoshi a fabriqué » (1949, 34.5x31.5cm).
Chieko Endo
Par Chieko Endo
(1) Tadashi Matsuï, À l’époque
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Voyage (B1)
Les cerisiers à coté du temple Môtsuji
Rui Sakurai
Texte et photos par Rui Sakurai
Voyage à Hiraizumi Au printemps de l'année dernière, je suis allée à Iwate qui est une préfecture située dans le nord du Japon. Estce que vous connaissez la ville d'Hiraizumi ? Au XIIe siècle, à l'époque d'Heian, c'est une ville connue pour son opulence et sa richesse grâce aux familles du clan OshuFujiwara shi. On peut retrouver son histoire glorieuse dans les temples qu'ils ont construits.
Octobre 2011
Le pavillon principal du temple Môtsuji
Motsuji Le temple Motsuji s'enor gueillissait de sa grandeur et de sa beauté. Cependant, tous les bâtiments magnifiques ont été détruits par le feu après la défaite du clan OshuFujiwara shi. Ça faisait longtemps qu'il n'y avait que des ruines. Le pavillon principal a été récemment reconstruit. Il y a un grand jardin et une étendue d'eau : on y retrouve les traits de l'époque de Heian.
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Voyage (B1)
Les bâtiments du temple Chusonji
Chûsonji Le temple Chusonji a été construit au XIIe siècle par Fujiwara no Kiyohira, qui est le premier souverain d'Oshu Fujiwarashi. Quand il a construit ce temple, il a affirmé : « Autrefois, beau coup de gens ont perdu la vie. Je sonne la cloche de Chusonji et je prie tous les jours pour leurs âmes. J'espère qu'ils sont au paradis. » Quand il était jeune, il a perdu sa famille à cause de la guerre. Il a donc
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essayé de réaliser une société utopique sans guerre à Hiraizumi. Le Konjikido, c'est le seul bâtiment qui reste ; il est recouvert d'or. Les corps de la famille OshuFujiwara shi y sont préservés comme des momies. Cette pratique est rare au Japon, même si quelques prêtres ont été préservés en momies dans la tradition des pratiques bouddhistes.
Le pavillon principal du temple Chusonji
Patrimoine mondial Au début du mois de mai 2011, le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) a recommandé Hiraizumi pour inscription sur la liste du patrimoine de l'UNESCO. Comme vous le savez, le 11 mars, un séisme et un tsunami ont dévasté des villes dans le nord du Japon. Heureusement, les temples et les monuments d'Hiraizumi ont échappé à cette cata strophe. Après ce séisme, on
craint que les touristes étrangers hésitent à y aller, alors cette nouvelle nous a encouragés. À la fin du mois de juin, a eu lieu la réunion du Comité du patrimoine mondial à Paris et sa décision finale a été positive. Main tenant, vous devez vraiment visiter Hiraizumi ! *
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Mode (B1)
Q
Je vais vous parler du langage des signes. Ce n’est pas la langue universelle dans le monde; c’est l’anglais. Les signes de l’anglais ont pris modèle sur les signes fran çais. Autrefois, il y avait un pasteur américain; il s’ap pelait Thomas Hopkins Gallaudet. Il est allé à Paris pour faire des recherches sur les signes du français à l'Institut National des Jeunes Sourds. Et puis, il est rentré dans son pays avec un professeur français qui était
Octobre 2011
sourd, Laurent Clerc. Ils ont adopté et arrangé les signes du français pour l’anglais, donc les signes de l’alphabet sont les mêmes.
comprendre quel que soit le pays. Surtout, les signes du japonais et du coréen sont à 90% les mêmes ou ressemblants.
Je n’ai pas de livre sur les signes du français, mais je pense que, peutêtre, les signes de l’anglais et du français sont à 70% les mêmes ou ressemblants. Ce qui est intéressant, en Asie, c'est que la forme des signes est un peu différente, mais on peut presque toujours les
Quand j’ai fait un voyage à Vienne, j’ai acheté du papier dans une papeterie. La vendeuse m’a dit Thank you avec le signe anglais. J'étais très étonnée parce qu’elle a aussi fait le signe japonais pour Arigatou ! Elle est chrétienne et fait des signes pour les sourds à l’église.
Le langage des signes Megumi Takahashi
Par Megumi Takahashi
Donc elle peut bien faire les signes. Je lui ai demandé comment faire le signe allemand pour Danke schön. C’était le même signe que l’anglais pour Thank you. Cette foislà, j’avais pris une compagnie aérienne française et j’ai vu les consignes de sécurité à la télé dans l’avion. Il y avait le signe français pour Merci. C’était aussi le même signe. Thank you, Merci, Danke, tout se fait comme cela : la main
est à plat, poser le bout des doigts sur le côté de la bouche, paume vers soi. Puis déplacer la main vers l’avant et le bas.
l'expression, avoir la volonté de communiquer et avoir des sentiments pour comprendre leurs paroles : ils compren dront bien.
Chez les sourds, il y a des personnes qui ne peuvent pas parler tout à fait, qui peuvent parler un peu, qui ne comprennent pas les signes, qui ne peuvent pas lire et écrire, qui peuvent parler bien, etc. Mais si vous voulez parler avec eux, vous devez faire des gestes avec de
Si vous vous intéressez aux sourds ou aux signes, il y a un film français sur les sourds français, Le pays des sourds. Comme dans le film, dans mon enfance, moi aussi j'ai fait des exercices pour prononcer le japonais à l’école. Je vous remercie de votre attention ! *
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Société (B2)
Waka Shinozuka
Par Waka Shinozuka
Les femmes japonaises Apparemment les femmes japonaises d’aujourd’hui sont pleines d’énergie et actives. On les compare à des carnivores visavis des hommes, comparés, eux, à des herbivores. Mais en réalité, le statut des femmes est inférieur à celui des hommes...
L
Les femmes n’occupent pas de postes importants dans la société au Japon. Selon une enquête menée par les services généraux du premier ministre en 2004, 70% des femmes pensent que les hommes sont mieux traités qu’elles concernant le salaire et la promotion. En 1986, à la suite de l’application de la loi pour l’égalité des sexes devant l’emploi, la Conven tion sur l’élimination des discriminations de toutes sortes contre les femmes a été ratifiée au Japon. Les
Octobre 2011
femmes ont commencé à travailler en dehors de la maison.
Les femmes japonaises après le mariage Mais la plupart d’entre elles ont quitté leur travail après le mariage ou après avoir eu un enfant, par manque d'un congé maternité et parental suffisamment long et de crèches. Une fois qu’on a quitté son travail, il est difficile ou presque impos sible de le reprendre chez
nous. Après avoir élevé leurs enfants, elles doivent tra vailler à temps partiel ou elles n’ont plus qu’à travailler comme intérimaires. Il en résulte que l’encadrement féminin est très faible chez nous. Environ 6 % des femmes occupent des postes importants parmi les entreprises de plus de cent personnes. Depuis 2003, le gouvernement japonais s’est donné pour but d’augmenter le nombre de femmes cadres pour que, avant 2020, 30% des postes à responsabilité
A woman in Kimono Par idua_japan
soient occupés par des femmes, quel que soit le domaine. Mais le taux n’atteint aujourd’hui que 10%.
Les femmes japonaises et la politique Parmi les 480 membres de la chambre des représentants, on compte 54 femmes soit 11,3%. Concernant le nombre de femmes politiques, le Japon occupe la 121ème place parmi les 186 pays recensés. Quant aux femmes de la chambre des conseillers, elles
ne sont que 44 sur 242 et cela ne représente que 18,2%. Par rapport aux hommes, les femmes qui se portent candidates sont peu nom breuses.
Les femmes japonaises sont conservatrices Les conditions de travail s’améliorent graduellement et même les hommes peuvent bénéficier du congé parental, mais le tradition reste encore bien ancrée chez les hommes et les femmes japonais :
l’homme au travail et la femme au foyer. Beaucoup de femmes souhaitent élever leurs enfants soigneusement chez elles jusqu’à ce qu’ils aient au moins 3 ans. A ma surprise, il y a encore beaucoup d’étudiantes qui veulent devenir femmes au foyer après avoir terminé leurs études. Les femmes japonaises sont conserva trices. *
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Voyage (A2)
Katsuko Yoshino
Par Katsuko Yoshino
J'ai ADORÉ Kyoto ! L'année dernière, j'ai visité Kyoto avec mon mari pour le tourisme d'automne. Les collines commençaient à se colorer. Voici notre itinéraire si vous voulez y aller cette année...
La zone ouest
La zone sud 1er jour
Nous avons visité le temple Tofukuji. Son pont en bois est un endroit nationalement connu pour ses feuilles d'érables rougies. C'était merveilleux ! Ensuite,nous avons visité le sanctuaire Fushimi Inari pour regarder « la fête de faire du feu »
Octobre 2011
2ème jour pour remercier Dieu pour la récolte du riz. Nous croyons que c'est une fête traditionnelle japonaise.
Nous avons pris le train Romantique (le petit train Sagano). Comme c'était agréable de voir le rivière Hozuwana et ses feuilles d'érables rougies ! C'est un beau paysage où les cerisiers en fleurs sont très beaux au printemps.
En haut : Tenjuan. En bas : FushimiInari Par Frédéric LaurayQuantin
La zone nord Ensuite, nous avons visité la villa Impériale Shugakuin. On doit réserver à l'avance pour la visiter. Alors, on peut entrer gratuitement. De là bas, j'ai vu la ville de Kyoto. Le jardin est très grand. J'ai été très émue par ce jardin japonais.
La zone sud 3ème jour
Si vous aimez Ryoma Sakamoto, je vous conseille le Ryoma Teradaya à Fushimi. C'était intéressant ! On peut regarder ses calligraphies.*
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Gourmet (B1)
La classe Terroir de France présente
Recettes de France Voici des recettes que vous proposent les étudiants de la classe Terroir de France. N’hésitez pas a laisser vos remarques et astuces de chef ! Bon Appétit !
Octobre 2011
Bouillabaisse Par Chiot's Run
difficulté : ***** coût : ***
Préparation : 30 minutes Cuisson : 1 heure
Remarques et astuces des chefs : il est très difficile de trouver toutes les sortes de poissons nécessaires pour la bouillabaisse dégustation un peu difficile à cause des nombreuses arêtes de poisson parfait pour un grand repas d’été Dans un faittout, mettez des pommes de terre coupées en gros morceaux, des tomates coupées en quartier, des gousses d'ail entières, des poireaux émincés, une bonne rasade d'huile d'olive, une pointe de safran, une branche de thym et du bouillon. Ajoutez tous les poissons entiers. Faites cuire à feu très vif sur un feu de bois (si possible) à découvert. Puis, ajoutez l’araignée de mer et les crevettes, ainsi que les palourdes. Salez, poivrez. Poursuivez la cuisson à couvert. Remarques : les poissons ne doivent pas être complètement cuits mais juste à point. Bon appétit !
La bouillabaisse Ingrédients * des pommes de terre * des tomates * au moins 4 sortes de
poissons de roche (par exemple : murène, rascasse, congre, grondin) * une araignée de mer * des crevettes * des clovisses (=palourdes) * des moules * de l'ail * des poireaux * du safran * du thym * de l'huile d'olive * du bouillon * du sel, du poivre
Accompagnement * Aïoli : ail râpé + mayon naise maison (jaune d'œuf, moutarde, huile d'olive) * une baguette de pain * un vin rosé
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Gourmet (B1)
Les petits farcis Ingrédients pour 6 personnes * 4 tomates * 2 courgettes * 2 poivrons verts * 300 grammes de viande hachée (porc ou bœuf, ou mélange de porc et bœuf) * 1 œuf * 1 oignon * 2 échalotes * 1 gousse d'ail * de la chapelure * 1 tranche de pain * 100cl de lait * sel et poivre * huile d'olive * thym * basilic * persil
difficulté : ** coût : *
Préparation : 30 minutes Cuisson : 45 minutes à 160oc
Remarques et astuces des chefs : choisissez des tomates mûres mais bien fermes plat très apprécié des jeunes comme des moins jeunes Évidez les tomates, les courgettes et les poivron.s Égouttez bien tous les légumes. Trempez le pain dans le lait. Épluchez les oignons et les échalotes et hachezles ainsi que le persil et l'ail. Mélangez le tout avec la viande hachée et ajoutez le thym, le basilic et l'œuf pour lier. Ajoutez de la chapelure et bien mélangez le tout. Assaisonnez. Farcissez les légumes et arrangezles sur une plaque de cuisson. Versez l'huile d'olive sur les légumes. Mettezles au four 45 min à 160 degrés. Bon appétit !
Octobre 2011
Pensées (A2)
L e N o m Je m'appelle Endô. C'est la faute de mon nom de famille si je ne suis pas encore mariée. C'est l'idée de mes amis et des anciens. Endô signifie la fin (end) en anglais. En japonais, on dit endô : cela signifie « je n'ai pas du tout de lien » en français. La mère de mon amie m'a dit : « Tu es passée à l'âge adulte ? » à l'âge de 20 ans, et mon père m'a dit : « Je veux que tu sois mariée avant l'âge de 23 ans. » Quand je suis
passée à l'âge de 23 ans, il ne m'a rien dit. Et puis je suis tombée sur ce livre, Endôsan (NDLR : Ma dame Sans lien), l'année dernière. Ça m'a donné un tel choc que j'ai voulu acheter tous les livres. Une ancienne m'a dit : « Il ne faut pas que tu manques une bonne occasion. Il faut tou jours être prête à lancer des flèches. Certainement, tu lanceras beaucoup de flèches. Tu devrais réussir. » Je lui ai
dit : « Peutêtre, elles s'oxy dent... » Elle m'a dit : « Donc il faut les aiguiser. » Je lui ai dit : « Peutêtre, elles se cassent... » Elle m'a dit : « Donc il faut les consolider de rubans adhésifs. » Je pense suivre ses conseils jusqu'à obtenir mon bonheur. *
Haricot
Par Haricot
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!? nob ha amahokoY à sianopajocnarf tutitsnI'l ed enizagam eL
[école] en langage des signes japonais
Imprimé grâce la participation de : Ah Bon ?! No4, octobre 2011. Conçu et édité par des élèves et enseignants de l'Institut francojaponais à Yokohama (www.institut.jp). Directeur de publication, responsable du projet, design et maquettte : FLQ Frédéric Lauray Quantin (flauray@institut.jp). Comité de rédaction et rédacteurs : Nora Chraline, Miki, Noriko, Reiko, Kyoko et Tomonori. Merci à toutes les personnes nous ayant fait parvenir articles et photos. © 2011 Journal Institut. Textes, photos et dessins restent la propriété de leurs auteurs respectifs. Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas celles des institutions mentionnées. Réalisé avec le logiciel Scribus.