Éclosion - No. 4

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Printemps 2017 parution No 5 Semaine du 02/05 Vol: 22

Soudan / Marijuana / Pink Floyd (pour vrai!) Dépot Légal : ISSN-0318-1710


TABLE DES MATIÈRES MOT DE LA COORDONNATRICE

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LA CICATRISATION SOUDANAISE

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COMMUNAUTÉ

LE DUMPSTER DIVING : UN DÉBUT DE REMÈDE AU GASPILLAGE ALIMENTAIRE ?

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PAS PLUS DE QUATRE « POTS »

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JEANNE LALONGER-LAURENT

SYRIE ET CORÉE DU NORD : LES TENSIONS MONTENT

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LE COIN DES MATHÉMATIQUES

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CITATIONS DE FILMS

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CULTURE

LE FRANCO PRÉSENTE VOYAGE DANS LA CONSCIENCE D’HARMONIUM

COORDONATRICE

JOURNALISTES ANNE PLANTE ARIANE SOUSA-CARON RAPHAEL MIMEAULT KIM LEHOUILLIER PAR MAXIME DELAGE RAPHAËLLE GINDRE SARAH GINGRAS ÉMILE BERGERON JEANNE LALONGER-LAURENT

JEU MATHÉMATIQUE 14 SAMUEL LACHANCE

EN ROUTE VERS LE GALA ARTIS

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LA MULTIPLICATION DES REBOOTS ET DES ADAPTATIONS 18 LE TRUAND ET LES CORBEAUX

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UN PLONGEON DANS LE PASSÉ

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DIRECTEMENT DU BARIL

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DÉTRUIRE L’ART : UN CRIME DE GUERRE

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L’OPÉRA DU MUR

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L’EMPIRE STATE BUILDING DE L’ESPRIT, OU LA CONSCIENCE ARTIFICIELLE

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GRAPHISTES MARIO FONTAINE CLAUDIA DÉSILETS MIKAËL A. NEVES-SOLALIGUE MATTHEW WATSON JEANNE LALONGER-LAURENT* SAMUEL LACHANCE*

CORRECTEURS PHILIPPE BERGERON SAMUEL LACHANCE CHARLOTTE GAGNÉ-LESAGE MAXIME DELAGE JEANNE LALONGER-LAURENT

* Ont conçu le hors-série, pas ce journal ci.


MOT DE LA COORDONNATRICE Bonjour! Le comité l’Éclosion en est à sa dernière parution de l’année et de la session. Cette dernière a d’ailleurs été assez mouvementé pour nous (Lambourghinis, cégep en spéctacle, Nirvana, Pink Floyd, etc.), mais nous sommes tout de même satisfaits du nouveau souffle que nous avons donné au journal. Nous tenons aussi formellement à nous excuser de l’absence du texte sur Pink Floyd de la dernière parution. Si vous avez des questions ou des commentaires, veuillez les faire parvenir à l’adresse suivante : j.leclosion@gmail.com et nous nous ferons une joie d’y répondre. À la session prochaine, nous tenterons encore une fois de maintenir le rythme de parution d’un journal à toutes les trois semaines. Si vous êtes intéressé à vous impliquer dans le comité à la session prochaine, l’adresse courriel mentionnée ci-haut est aussi valide. Vous pouvez sinon venir nous voir à l’Asso, il est presque garanti qu’un membre du comité sera présent dans le local Multi. Vous souhaitant une bonne fin de session et de belles vacances d’été, Jeanne Lalonger-Laurent

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LA CICATRISATION SOUDANAISE PAR ARIANE SOUSA-CARON

La période postmoderne, si fructueuse dans l’intellectualité et dans le renouveau soitelle, amène plusieurs désenchantements, plusieurs dévoilements d’aléas sociétaux, si habilement camouflés par l’espoir d’autrefois. Aujourd’hui, les jeunes se demandent pourquoi on ne veut plus être député plus tard. Pourquoi en se regardant dans le miroir, à la place d’un visage, on voit plutôt un paysage industriel ? Quand les multinationales refroidissent notre viande hachée en été, pourquoi elles ne contrent pas le même réchauffement de notre climat essoufflé ? Tous ces pourquoi sont complètement légitimes. On ne fait plus vraiment confiance à l’autorité, au système. D’ailleurs, pourquoi parle-t-on juste de la crise en Syrie à la place de fournir des informations globales et fiables sur la misère des autres crises mondiales, comme celle du Soudan ? Ne minimisons pas du tout l’ampleur de l’horreur des réfugiés syriens, là n’est pas l’intention. Il faut simplement en donner un peu à ces 300 000 morts et déplacés du Soudan.

BLESSURE

COMMUNAUTÉ

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Pour faire simple, tout a commencé avec la déclaration d’indépendance, le 9 juillet 2011, du Soudan du Sud, faisant ainsi de lui le plus jeune État du monde. Cet État était déjà autonome depuis 6 ans, et souffrait encore, même après sa séparation officielle des conflits entre ses rebelles sudistes et les gouvernements de Khartoum. Avec déjà des millions de morts, ces guerres civiles portaient surtout sur les revenus pétroliers, ceux-ci jouant un rôle immense dans la stabilité économique de l’endroit. La séparation territoriale affectait donc de manière indéniable la séparation de la ressource.

d’attiser un coup d’état. À partir de ce moment, toute la population se divise, des rivalités fatales se développent et tout l’équilibre fragile de cette région s’écroule.

DOULEUR DE L’IMPACT Un grand axe de la misère du Soudan est son insatiable famine. Plus d’un tiers de la population, soit environ 5 millions d’habitants, nécessite une aide alimentaire d’urgence. Le Soudan du Sud est le premier à reconnaître officiellement son état de famine, quoique le Yémen, la Somalie et le nord-est du Nigeria en

« JE SERAI LE MEILLEUR PRÉSIDENT DU TRAVAIL QUE DIEU AIT JAMAIS CRÉÉ » - TRUMP Non seulement ce conflit se définit sur le plan économique, il s’étend aussi sur l’identité culturelle. Avec un Sud majoritairement chrétien et plusieurs minorités ethniques, des rapports de force et des luttes de pouvoir se sont vite imposés. Tous ces facteurs ont tranquillement infusé la colère de ces pays, pour finalement s’ébouillanter et se renverser en guerre civile en décembre 2013. Le président Salva Kiir, de la majorité ethnique Dinka, accuse son vice-président Riek Machar du groupe ethnique Nuer

souffrent aussi tous très gravement. Il ne faut pas négliger le fait que ce n’est pas la première fois que de telles conditions se présentent dans cette région. Cette famine aiguë s’était également produite en 1988, lors de la deuxième guerre civile (1983-2005). Celle-ci est non seulement due à la guerre civile qui ravage le pays depuis 2013, mais aussi à cause d’une grande sécheresse et à un taux d’inflation dépassant les 800%.


Le nombre exact de victimes de ce conflit est difficile à bien cerner, mais nous savons qu’elle a causé la mort de dizaines de milliers d’habitants et exilé près de 3 millions de personnes de leur pays natal. Une violence inégalée est aussi infligée à ce peuple. Le directeur général de l’agence de l’ONU pour l’enfance, Anthony Lake rapporte que « la violence contre les enfants au Soudan du Sud a atteint un nouveau sommet dans la brutalité ». On y trouve des viols, de la torture et des mutilations à caractère ethnique. Dans les mots de Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS : « On observe donc un véritable enchevêtrement de facteurs qui expliquent cette situation sud-soudanaise critique, qui représente actuellement l’une des crises humanitaires les plus graves du monde, et non pas simplement de l’Afrique. »

GUÉRISON Il est très difficile de pouvoir définir, mettre des balises et mesurer l’état de guérison d’un peuple lors de telles atrocités. Il est certain que pour la plupart de ces habitants, les horreurs n’ont malheureusement pas encore cessé. Cependant, certaines mesures peuvent être prises pour atténuer ces souffrances, initier un mouvement de guérison, ou plutôt d’arrêt de mutilations collectives, autant sur les âmes que sur les corps. Pour cette section, il me semblait complètement légitime de conserver ces mots de Philippe Hugon, sans essayer de les interpréter, de leur amener une lumière nouvelle. Je laisserai donc un extrait d’une entrevue du site de l’IRIS complètement intact, car le pouvoir d’une information non modifiée est critique à sa digestion:

Lundi 27 mars, le président Salva Kiir a annoncé un cessez-le-feu. Peut-on espérer les prémices d’une réconciliation ? Bien entendu, il est important d’espérer une réconciliation entre Salva Kiir et Riek Machar. Ceci étant, il faut également se montrer très prudents car plusieurs cessez-le-feu ont déjà été annoncés par le passé. Or, tous ont été très rapidement rompus. En réalité, pour que ce cessez-le-feu fonctionne, il est impératif que les deux protagonistes évoqués soient contrôlés et encadrés. Dans l’idéal, ils le seraient par des forces africaines, notamment celles de l’Union africaine, mais il pourrait aussi s’agir éventuellement de forces des ensembles régionaux. Cependant dans le cas présent, il est aussi absolument nécessaire que les États-Unis fassent preuve de volonté politique, puisqu’ils sont à l’origine de la création du Soudan du Sud. Or, il ne semble pas que la situation actuelle de Juba passionne réellement le président Donald Trump. Pour l’instant, le gouvernement de Washington ne semble pas prêt à jouer son rôle de médiateur. On ne fait plus vraiment confiance à l’autorité, au système. « Je serai le meilleur président du travail que Dieu ait jamais créé » - Trump

Sources http://www.lefigaro.fr/international/2016/07/11/01003-20160711ARTFIG00217comprendre-la-crise-au-soudan-du-sud-en-cinq-questions.php http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/02/22/le-soudan-du-sud-en-proie-aune-crise-de-la-faim-dramatique_5083391_3212.html http://www.iris-france.org/91826-entre-famine-et-guerre-civile-le-soudan-dusud-abandonne-a-son-propre-sort/ http://www.liberation.fr/planete/2017/03/20/crise-alimentaire-soudan-du-sudsomalie-nigeria-et-yemen-au-bord-du-gouffre_1556119 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/27/Salva_Kiir_Mayardit.jpg

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COMMUNAUTÉ

Tout cela résulte en des statistiques plus qu’effrayantes. Un million d’enfants en bas de 5 ans souffrent de malnutrition sévère; la famine la plus totale, la plus fatale, touche environ 100 000 personnes. Cette situation économique s’ajoute aux souffrances infligées par la guerre civile qui, elle aussi, ne semble pas vouloir dégonfler son élan de ravages.


LE DUMPSTER DIVING : UN DÉBUT DE REMÈDE AU GASPILLAGE ALIMENTAIRE ? PAR JEANNE LALONGER-LAURENT

Le dumpster diving, appelé déchétarisme ou glanage urbain en français, est l’acte de fouiller les poubelles et les conteneurs d’ordures des magasins à grande surface et des restaurants afin d’y trouver des aliments encore consommables.

COMMUNAUTÉ

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Bien que beaucoup pensent que fouiller les ordures n’est nécessaire qu’aux SDF, les gens pratiquant le dumpster diving prouvent le contraire. Les raisons pour dumpster sont nombreuses. Elles sont à la fois d’ordre écologique et d’ordre économique et pratique.

choix. Oui, je parle ici des sans-abris, des SDF. Un problème lié au dumpster diving fait par des particuliers à cause de leurs idéaux est que cela réduit immanquablement la quantité de nourriture disponible dans les rues pour ceux qui doivent s’y nourrir par obligation.

C’EST ÉCOLOGIQUE PARCE QUE…

Devrait-il y avoir une réglementation plus claire pour la pratique ou est-ce que la légiférer lui ferait justement perdre ce symbole de rébellion?

… tel que mentionné dans un article de la parution de l’Éclosion précédente, le gaspillage alimentaire augmente sans cesse dans le monde. Atteignant au Canada le montant de 31 milliards de dollars et 40% de la nourriture disponible gaspillée chaque année, les répercussions écologiques sont immenses. Premièrement, le gaspillage alimentaire est responsable de 3,3 gigatonnes de gaz à effet de serre rejeté dans l’air par an. De plus, l’expansion agricole (l’expansion des territoires utilisés pour les différentes cultures alimentaires) et la monoculture (la culture d’une seule ressource sur un certain territoire, et qui endommage les sols) représentent 66% de la menace envers la biodiversité (diversité des écosystèmes et des espèces). Ainsi, le dumpster diving permet de récupérer des aliments jetés et de nourrir une partie de la population.

C’EST PRATIQUE ET ÉCONOMIQUE PARCE QUE… … ça fait une épicerie gratuite! Ou du moins, une partie d’épicerie gratuite. En effet, puisque le concept du dumpster diving est d’aller chercher des aliments dans les poubelles, il n’y a pas à payer pour se nourrir, ou du moins en partie. Certains dumpstent par conscience écologique ou par désir de se rebeller contre un mode de vie trop capitaliste et consumériste. D’autres récupèrent des poubelles parce qu’ils n’ont pas le

DU CÔTÉ LÉGAL D’autres problèmes, plutôt du côté légal, sont aussi rattachés à la pratique. Pour commencer, ce ne sont pas tous les commerces qui permettent un accès à leurs déchets. Certains placent sous cadenas ces surplus qu’ils n’utiliseront pourtant pas, et bien que les dumpster puisse sembler la chose à faire, briser un cadenas de conteneur à ordures signifie endommager un bien de la compagnie et peut mener à des poursuites judiciaires.

La législation concernant le dumpster diving n’est pas toujours claire, mais il est nécessaire d’en savoir les grandes lignes. L’important est que les poubelles ne soient pas considérées comme une propriété, mais bien comme un bien public. Si elles sont entourées d’une clôture ou sont sur le terrain privé du commerce, elles sont considérées comme la propriété du commerce et les dumpster est donc illégal. Toutefois, plusieurs commerces participent au dumpster diving en offrant l’accès à leurs poubelles. Il s’agit à ce moment de respecter certaines règles pour que cet accord soit conservé.

LES RÈGLES NON ÉCRITES POUR DUMPSTER Évidemment, le dumpster diving ne consiste pas uniquement à ouvrir des sacs de poubelles et à prendre ce qui nous plait. C’est plus compliqué que ça. Pour dumpster, il faut respecter certaines lois non écrites, et qui existent afin que la collaboration dumpsters/ commerces fonctionne bien. Premièrement, il faut le faire uniquement lors des heures de fermeture des commerces. Comme MATV l’explique dans son article Le gratuivorisme/ Glanage urbain/Dumpster diving, « en dehors de ce moment, la récupération deviendrait de la mendicité, ce qui n’est plus du ressort de la pratique ».


part d’entre eux sont les problèmes sanitaires qui pourraient résulter du dumpster diving fait d’une façon négligée. Pour garder l’endroit propre, l’un des moyens les plus efficaces est de ne pas éventrer les sacs de poubelles, mais de détacher le noeud qui les maintient fermés et de le renouer par la suite.

DUMPSTER SAINEMENT Il est nécessaire de savoir quels aliments garder et ne pas garder, et MATV explique très bien comment trier ces aliments (voir les références). Pour résumer leur article, le pain est généralement jeté dans des sacs sans rien d’autre dans le coin des boulangeries. Il est donc sécuritaire de le récupérer. C’est plus compliqué pour les produits laitiers et la viande.

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Deuxièmement, il ne faut pas se créer un parcours de dumpster diving. En d’autres termes, se créer un circuit régulier qui pourrait amener les commerces à cesser de vouloir participer à cette pratique. C’est toujours mieux de ne pas abuser de leur générosité et de revenir occasionnellement. Troisièmement, ne jamais abuser des ressources. Il ne faut jamais prendre plus que ce qui nous est nécessaire. Si par exemple, vous vivez seul en appartement, vous n’allez pas dumpster autant de nourriture que si vous viviez en collocation avec deux autres personnes. Il s’agit de respecter ses besoins, mais aussi ceux des autres, pour les raisons expliquées précédemment. Quatrièmement, il faut respecter la propreté des lieux et ramasser les déchets s’ils ont été éparpillés. Il s’agit de l’une des règles les plus importantes en ce qui a trait à la collaboration avec les commerces. Ce qui rebute la plu-

COMMUNAUTÉ

Les produits laitiers ont une odeur caractéristique de lait caillé lorsqu’ils sont périmés. Les fromages peuvent être récupérés en enlevant les parties moisies, et le lait pasteurisé est facilement récupérable aussi. Il faut cependant éviter les yaourts et le fromage si leur emballage est percé ou gonflé. Il faut aussi vérifier s’il n’y a pas des mouches dans le conteneur, car elles pourraient avoir pondu des oeufs dans les produits laitiers et la viande. Quant à la viande et au poisson, il est mieux d’aller demander directement aux boucheries et aux poissonneries leurs produits invendus de la journée, car ces produits sont « à haut risque de contamination à température ambiante ».

DONC? Le dumpster diving, qui devient de plus en plus populaire, a ses avantages et ses inconvénients, et soulève des questions éthiques importantes sur le mode de vie occidental. Ce qui est important de retenir pour dumpster est qu’il faut respecter les besoins des autres et être prudent.

Sources: http://matv.ca/montreal/matv-blogue/mes-articles/2013-03-04-le-gratuivorisme-glanage-urbain-dumpster-diving http://www.alimenterre.org/ressource/ impacts-gaspillage-alimentaire-l’environnement-et-ressources-naturelles https://fr.wikipedia.org/wiki/Déchétarisme https://fr.wikipedia.org/wiki/Biodiversité http://www.centreavec.be/site/les-impacts-environnementaux-du-gaspillage-alimentaire http://www.greenfacts.org/fr/gaspillage-alimentaire/index.htm


PAS PLUS DE QUATRE « POTS » PAR JEANNE LALONGER-LAURENT

Tandis que l’une des promesses électorales marquantes de la campagne électorale de Justin Trudeau en 2015 était la légalisation du cannabis au Canada, le projet a refait surface le 13 avril passé lorsque le gouvernement a officiellement déposé son projet de loi C-45 à Ottawa. Il sera adopté d’ici le 1er juillet 2018 si le Parlement donne son accord.

INTERDIT AUX MINEURS Si la marijuana est connue pour être consommée plutôt couramment chez les jeunes à des fins récréatives, le projet de loi C-45 ou « Loi concernant le cannabis et modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le Code criminel et d'autres lois » stipule que la vente légale de cannabis serait interdite aux mineurs.

COMMUNAUTÉ

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Évidemment, ce n’est pas surprenant que cette règle ait été établie à l’instar de celle concernant la vente d’alcool. L’un des arguments en faveur de la légalisation du pot est qu’en réglementant sa vente, il serait plus dur d’accès aux mineurs tout comme l’alcool l’est. Alors que les jeunes doivent présentement faire affaire avec des fournisseurs privés, le projet de loi veut réduire ce marché. L’un des détails quant à la vente de cannabis légale est d’ailleurs que les emballages ne devront pas être conçus afin « d’attirer les jeunes ».

LA QUANTITÉ PERMISE Concrètement, à quel point est-ce que le pot serait permis? Il a été établi dans le projet de loi C-45 que la quantité de marijuana qu’un seul individu pourrait posséder ne pourrait s’élever à plus de 30 grammes et à quatre plants n’excédant pas un mètre de hauteur. Cependant, tout comme un cultivateur l’explique dans le journal Le Soleil, quatre plants de cannabis exploités à leur potentiel maximum peuvent produire bien plus que 30 grammes de drogue. Il prétend que cette quantité pourrait même s’élever à 6 livres.

LA SANCTION Dans cette optique, cela signifie-t-il que les cultivateurs de cannabis devraient se « départir » du surplus de leur production afin d’être dans la légalité? Cas dans lequel le trafic de pot de particulier en particulier ne serait qu’implicitement encouragé…

La loi serait toutefois sévère quant à la sanction réservée à un individu se faisant surprendre à vendre du cannabis à un mineur ; la peine s’élèverait à 14 ans de prison. Est-ce que ce serait suffisant?...

ET AU QUÉBEC? Contrairement à la croyance populaire voulant que le pot devienne légal partout sur le territoire canadien si la loi en venait à être adoptée, il s’agirait plutôt du choix des provinces. En effet, aucune province ne serait obligée à légaliser le cannabis, elle serait seulement forcée à autoriser la vente en ligne de la part d’un distributeur officiel d’Ottawa. Bref, il serait possible de magasiner du pot en ligne et de se le faire livrer par la poste. Depuis le 13 avril, le Québec semble pourtant peu enclin à adopter cette loi. L’une des principales inquiétudes du gouvernement Couillard est l’argent qui devrait être investi afin de s’ajuster à cette nouvelle réalité. Tandis que le fédéral offrirait la possibilité aux provinces de choisir si elles veulent légaliser le pot ou non, il n’offrirait cependant pas d’argent afin de favoriser la transition obligatoire. Cet argent pourrait être utilisé afin de financer le commerce du cannabis en tant que tel, mais aussi la prévention dans les écoles, l’aide aux parents, la formation des services de sûreté et les nouvelles mesures routières comme le dépistage salivaire.

UNE AUGMENTATION DE LA CONSOMMATION Selon le gouvernement Couillard, la légalisation du cannabis ferait forcément augmenter sa consommation. Le ministre de la Santé et des Services sociaux Gaétan Barrette commente à ce sujet : « Quand on légalise quelque chose, on peut s'attendre à ce que la consommation augmente ».


Évidemment, si le pot est offert derrière les comptoirs comme les cigarettes, il est fort possible que sa consommation augmente chez les personnes majeures. Ce ne sont pas eux qui inquiètent les autorités et la population. Il s’agit plutôt des jeunes. La consommation de cannabis augmenterait-elle chez les mineurs? Des études effectuées au Colorado et dans l’État de Washington, deux états ayant légalisé la marijuana, démontrent que la consommation de la drogue n’a pas augmenté auprès des jeunes. Une étude effectuée auprès des jeunes du secondaire au Colorado en 2009, avant la légalisation du pot, leur demandant s’ils en avaient consommé dans les 30 jours avant le sondage a montré que c’était le cas pour 24,8% d’entre eux. En 2011, ce nombre chuta à 22% et en 2013, un an après sa légalisation, la consommation du pot chez les jeunes diminua encore pour atteindre un 19,7%. Ce nombre augmenta cependant en 2015, remontant à 21,9%, mais sans rejoindre le pourcentage d’avant la légalisation. Le constat fut semblable pour l’État de Washington.

En bref, je crois que pour un projet si discuté et d’une ampleur aussi grande pour la campagne de Justin Trudeau, il aurait pu être amélioré. Je fais ici référence aux points illogiques du projet de loi, comme la quantité permise de drogue que chaque individu peut posséder ou encore le fait que le fédéral encourage les provinces à adopter la loi, mais n’offre aucun moyen financier à cette fin. Je suppose toutefois que l’intention derrière la Loi sur le cannabis est louable d’un point de vue sociétal. Endiguer le marché noir de la drogue, encourager une « consommation sécuritaire », faire de la prévention chez les jeunes ; ce sont tous des objectifs qu’il serait intéressant d'atteindre. Estce que ce sera grâce au projet de loi C-45?

Sources http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201704/11/01-5087693-couillard-craint-le-lourd-fardeau-du-pot.php http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201704/13/01-5088217-legalisation-de-la-marijuana-le-projet-de-loi-federal-depose.php http://www.parl.gc.ca/HousePublications/Publication.aspx?Language=E&Mode=1&DocId=8894959 http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201704/13/01-5088433-le-pot-legal-en-trois-questions.php http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201704/13/01-5088285-accueil-glacial-de-quebec-au-projet-de-loi-sur-la-marijuana.php http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1005951/legalisation-marijuana-augmentation-consommation-ados

COMMUNAUTÉ

LE CONSTAT SUR LE PROJET DE LOI C-45

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SYRIE ET CORÉE DU NORD :

LES TENSIONS MONTENT PAR RAPHAEL MIMEAULT

En considérant tout ce qui s’est passé dans les dernières semaines sur la scène internationale, il est difficile de s’y retrouver et de vraiment tout suivre en même temps, même pour quelqu’un qui est très assidu. La menace nord-coréenne, les attaques chimiques en Syrie, les relations entre Chine et États-Unis et bien d’autres sont tous des sujets qui méritent d’être analysés en profondeur. Cependant, un sujet comme les attaques chimiques pourrait avoir un article entier qui y soit dédié tant les versions des faits diffèrent, alors il sera question ici d’un survol le plus clair et concis que possible.

COMMUNAUTÉ

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SYRIE, QUE S’EST-IL PASSÉ ? Comme beaucoup de gens en sont déjà conscients, la ville de Khan Sheikhoun fut frappée par une attaque chimique le lundi 4 avril. Plus de 80 personnes seraient mortes des suites de cette attaque. Maintenant, tout devient compliqué quand la question suivante est posée : qui a mené cette attaque ? Ici, les histoires diffèrent, se contredisent, et personne n’arrive à donner une réponse précise. Les États-Unis, quant à eux, jettent le blâme sur Bachar Al-Assad. Cependant, ils manquent de preuves pour dire sans l’ombre d’un doute que c’est l’armée syrienne d’Assad qui a menée cette attaque. Celui-ci est supposé s’être débarrassé de ses armes chimiques depuis un bout de temps et Assad est en train de gagner, alors ce serait inutile d’employer ce genre d’armes. La Russie de son côté a déclaré qu’une bombe aurait touché un dépôt d’armes chimiques détenu par les rebelles. Cette version comporte aussi des éléments contradictoires, comme le fait que le gaz utilisé (Sarin) n’est pas du tout facile à entreposer, surtout pour des forces rebelles. Ce n’est pas un gaz qui peut être gardé dans un entrepôt pendant une semaine.

Le gouvernement syrien d’Assad a, quant à lui, nié toute utilisation d’armes chimiques. L’envoyé syrien à l’ONU a déclaré ces accusations de «fabriquées». Celui-ci affirma que l’armée syrienne n’a nullement utilisé d’armes chimiques et qu’elle n’en a aucune en sa possession. Certains ont aussi levé l’hypothèse d’une attaque de type «false flag» de la part des rebelles ou de l’État islamique ayant pour but de salir la réputation d’Assad et lui causer de sérieux ennuis. L’EI ayant utilisé ce genre d’armes auparavant et pas juste une fois, cela porte à prendre cette hypothèse au sérieux. Suite à ces événements et à la vague de protestations qui en découla, Trump prit une décision allant à l’encontre de ses promesses de campagne : répliquer contre le gouvernement syrien. C’est donc une cinquantaine de missiles balistiques Tomahawk qui allèrent s’écraser sur la base aérienne de l’armée syrienne de Shayrat, celle qui aurait mené l’attaque chimique. La Russie a réagi immédiatement à cette attaque, déclarant que c’est un acte de guerre contre une nation indépendante et coupant différents accords militaires avec les États-Unis. De plus, elle a annoncé que plus de consé-

quences auront lieu puisque l’attaque aurait failli toucher des forces russes. Il est aussi pertinent de mentionner la première utilisation de la MOAB, l’une des plus grosses bombes non atomiques dans le monde, en Afghanistan sur un réseau de tunnels de l’EI. Cela envoie peut-être un message au monde, mais le but principal était de faciliter le combat contre l’EI dans cette région en les privant de ce moyen logistique. En bref, il est difficile de réellement savoir ce qui se passe en Syrie. De nombreux pays sont constamment impliqués, toutes sortes de groupes militants ayant chacun leurs propres revendications se battent et c’est tout simplement un chaos total. Personne ne doit réellement savoir où tout cela va déboucher ni ce qui s’est réellement passé le 4 avril, alors c’est pourquoi des hypothèses ont été présentées, mais aucune véritable réponse n’a été donnée.

LA CORÉE DU NORD, OÙ EN SOMMES NOUS ? Pour ce qui est de la Corée du Nord et du régime communiste de Kim Jong Un, ceux-ci ne se sont pas tenus très tranquilles ces derniers temps. En effet, Kim menace constamment de ré-


duire en cendres ses voisins avec les armes nucléaires qu’il est en train de développer petit à petit. Les propos que le régime nord-coréen ont tenu ont mené la Chine et les États-Unis à s’intéresser au problème. C’est donc dans cette atmosphère tendue que les deux puissances font de leur mieux pour affaiblir et intimider la Corée du Nord. De son côté, la Chine a récemment coupé les importations de charbon nord-coréen, le produit d’exportation le plus important de la Corée du Nord. C’est donc deux millions de tonnes de charbon qui furent renvoyées à son pays d’origine. Ceci est un sérieux coup au régime de Kim puisque la Chine était presque la seule nation qui achetait ses produits. Trump, suite aux négociations difficiles avec Xi Jinping, le président chinois, semble avoir réussi à convaincre la Chine d’appliquer des sanctions à leur vieil allié. Trump ayant annoncé qu’il s’occuperait du problème nord-coréen avec ou sans l’aide de la Chine, Xi Jinping n’avait pas vraiment le choix.

Avec ces deux situations de crise dans le monde, l’actualité dans les prochains mois risque d’être assez mouvementée. Dans ces temps de confusion générale face à certains événements, il est très important de garder un esprit critique face à ce qui nous est présenté dans les médias, ayant chacun leur agenda. Ce sont des situations très volatiles, et les analyser est d’autant plus important que cela peut aider à les résoudre.

Sources https://archive.fo/QPMA4 https://archive.fo/HlYi5 https://archive.fo/BLjNQ https://archive.fo/KR674 https://archive.fo/QfT2P https://archive.fo/MGDBh https://www.youtube.com/watch?v=53ooU8ahTnY&app=desktop http://syrianobserver.com/EN/News/32576 http://www.reuters.com/article/us-mideast-crisis-syria-idUSKBN1782S0 https://www.airforcetimes.com/articles/military-gbu-43-moab-bomb-dropped-in-afghanistan https://www.nytimes.com/2016/11/21/world/middleeast/isis-chemical-weapons-syria-iraq-mosul. html?_r=1&referer=

COMMUNAUTÉ

Les États-Unis, quant à eux, ont surtout fait part à la Corée du Nord de leur puissance en envoyant une flotte de la U.S. Navy, comportant notamment un porte avion, très près de la péninsule coréenne. De plus, les ÉtatsUnis ont annoncé que des frappes préventives avec des armes conventionnelles seraient utilisées contre la Corée du Nord s’ils avaient la certitude que le régime de Kim Jong Un se préparait à un autre test d’armes atomiques. La situation étant encore en développement, les détails futurs seront à voir dans l’actualité.

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LE COIN DES MATHÉMATIQUES PAR SAMUEL LACHANCE

Aucune solution n’est fournie puisque vous pouvez vérifier votre réponse par vous-même. Si vous avez des commentaires à formuler (trop facile/difficile, encouragements, insultes), vous pouvez venir me voir au Grimoire et je le prendrai en considération. Voici le top 5 des meilleures solutions de la dernière parution :

Rappels : -Il faut utiliser exactement 4 fois le chiffre 4 et aucun autre chiffre. -Il est interdit d’utiliser les logarithmes, mais tous les autres symboles sont permis.

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-Les solutions seront évaluées selon leur simplicité, par exemple, une solution avec seulement les quatre opérations de base est meilleure qu’une autre solution qui utilise une racine carrée. Les problèmes en ordre de difficulté (attention, ça devient VRAIMENT difficile):


CITATIONS DE FILMS 1.

Je ne peux le ______ pour vous, mais je peux vous ______ vous. (Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du roi)

2.

Si ça _______, ça peut mourir. (Predator I)

3.

Il faut se perdre pour trouver l'__________. (Pirates of the Caribbean : At World's End)

4.

J'aime ta façon de ______ mon gars. (Django Unchained)

5.

Le meilleur moyen de réaliser l'__________ est de croire que c'est possible. (Alice au pays des merveilles)

6.

Nul ne peut bafouer l’empire romain ! Quand on l’attaque, l’empire _____________! (Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre)

7.

On peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres, il suffit de se souvenir d'allumer la _________. (Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban)

8.

Nous sommes le ________ de l'avenir de nos enfants. (Interstellaire)

9.

Prenez l’ascenseur suivant, il n’y a pas assez de place pour moi et votre _______. (James Bond, Casino Royale)

10.

La _______? Là où on va, on n’a pas besoin de ______! (Retour vers le futur)

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LE FRANCO PRÉSENTE

VOYAGE DANS LA CONSCIENCE D’HARMONIUM Il m’a dit de vous dire Qu’il n’y a plus rien à dire Il m’a dit de vous dire D’écouter. En lisant ces paroles, vous avez sûrement eu soudainement dans votre oreille une mélodie, une voix familière. Un souvenir d’enfance d’une chorale, peut-être, ou sinon vos parents fredonnant un air dans le salon. La raison de ce souvenir est simple. Il s’agit de la chanson éponyme du groupe Harmonium, qui en seulement trois albums est devenu un véritable symbole musical, une sainte référence du folk québécois, ayant fortement marqué les années 1970. Toutefois, leur influence ne se limite pas strictement à cette décennie, puisque le groupe peut se vanter de son intemporalité de par son public toujours fidèle.

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C’est notamment pourquoi en automne dernier, Serge Fiori et Louis Valois, deux des trois membres principaux d’Harmonium, ont lancé L’Heptade XL, une réédition de leur album épique, 40 ans plus tard. La republication de ces chansons a alors permis à encore plus de Québécois de découvrir leur merveilleux disque, basé sur la thématique du « 7 », comme Fiori l’exprime dans une entrevue : «C’est là que j’ai imaginé un voyage initiatique à travers la colonne vertébrale de quelqu’un. Un voyage qui passe de l’inconscience à la conscience en sept étapes. Pour arriver à écrire là-dessus, fallait toutefois que je vive l’expérience au ‘’je’’ en intégrant les concepts des sept niveaux de conscience.» Bref, c’est en honneur de cette réédition de l’Heptade, pour son 40e anniversaire, que le Franco (un peu en retard) décide de revisiter ce classique québécois, et vous propose ses 4 coups de coeur de ce sublime album.

COMME UN FOU Pour débuter cette chronique, quoi de mieux que la première pièce de cet album audacieux, soit l’introduction à ce voyage de la conscience que Fiori et ses collaborateurs voulaient créer? Comme un fou est donc une chanson de l’inconscience, ou plutôt de l’expérience de sa propre folie, dont les paroles explicites, simples, sans le ly-

risme caractéristique d’Harmonium, passent néanmoins un message fort, où l’émotion se traduit sans difficulté : J’me sens devenir étranger / J’sais pas si c’est triste ou drôle / C’est comme si j’perdais le contrôle. Ainsi, sans allégorie ou métaphore poétiques, le groupe évoque de manière poignante l’incompréhension face à sa propre vie, le tout accompagné d’une mélodie singulière. La musicalité d’Harmonium, qui sort véritablement de l’ordinaire, nous amène à vouloir plus que ses huit minutes de génie. Commentaire éditorial, énorme coup de coeur pour le segment commençant à la marque des deux minutes et cinquante secondes. Dites-moi quoi faire / J’suis tombé par terre / Au milieu des gens qui n’ont rien remarqué. Fiori reprend le refrain avec une émotivité encore plus rehaussée, et on n’en sort que plus bouleversé.

CHANSON NOIRE Pour la chanson suivante, le Franco a décidé de vous présenter Chanson noire, ou comme on aime l’appeler, le poème paradoxal. En effet, sa mélodie parait joyeuse, entrainante même, alors que les paroles sont, à l’opposé, complètement tragiques ; alors que les notes instrumentales incitent à des désirs dansants, il en est tout autrement de Fiori, qui entame que Le coeur vide, la bouche pleine / Pendant que la vie cherche à briser ses chaînes / La mort fait des noeuds dans mes veines. Ainsi, de manière candide, Harmonium évoque la mort telle une ballade d’après-midi. Pari risqué, mais réussi toutefois, car ce qui aurait pu sonner étrange, voire faux, dans les mains d’un groupe moins doué, devient un succès incontesté grâce à la musicalité incroyable de ses membres. La percussion rythmée de Denis Farmer et l’exceptionnel piano de Neil Chotem nous embarquent donc immédiatement dans leur univers, et nous laisse ébahis, en en redemandant encore. Bref, cette longue tirade musicale, dont les mots à eux seuls forment une oeuvre sublime, reste un incontournable de L’Heptade.


Autre voyage poétique exceptionnel, L’appel / Le premier ciel / Sur une corde raide nous chavire dès ses premiers échos dans un univers enivrant, comme dans un film à mi-chemin entre le fantastique et la science-fiction. Cette atmosphère s’incarne principalement dans l’utilisation du synthétiseur, mais se retrouve aussi dans les paroles au physique mythique : Chacun devient le premier homme / Sorti d’une autre forme / La terre lui fournit un visage / La lune lui donne un langage. Par ailleurs, l’essence d’Harmonium se dévoile dans la chanson par l’utilisation de multiples instruments, notamment par le contraste assumé entre la flûte et le synthétiseur. Une incohérence surprenante, mais qui fonctionne pleinement. Ces mélodies originales sont encore une fois appuyées par la voix envoûtante de Fiori, de laquelle se dessine une ode à l’être humain, avec ses doigts qui ramènent tout sur soi et qui se sent seul comme un roi, qui ne peut faire autrement que pousser à la réflexion. En définitive, impossible de mentionner Le premier ciel sans parler de ses crescendos incroyables, qui excellent dans l’art de faire monter l’émotion en une simple mesure (psst, allez voir à la marque des 3 minutes!).

LUMIÈRES DE VIE Finalement, pour terminer cette toute première chronique du Franco, on vous parle de Lumières de vie, qui se trouve justement à être la préférée de l’auteure ici présente. Ça tombe bien, puisqu’il s’agit de la pièce la plus longue de l’album, avec ses 14 minutes d’incomparable musique. De fait, l’introduction musicale à elle seule réussit à charmer son public, avec un solo de piano tout à fait sublime, dont les accords angoissés et les notes profondes lui donnent un aspect troublé et nous amènent à être au bout de notre siège. Chapeau à Neil Chotem pour cette excellente prestation! Néanmoins, la grandeur de la chanson ne s’arrête pas après la performance de Chotem, puisque vient ensuite la voix grave, mais aérienne, de Fiori, qui arrive doucement dans une transition fortement réussie. Les paroles sont alors belles et porteuses d’amour, Fiori ne pouvant qu’émouvoir lorsqu’il dit, la tristesse dans la gorge, Tu fais tourner la terre / Et moi, je cherche autour / Lumière d’amour / Comme le temps est court. De par ses émotions et sa dimension épique, Lumières de vie rappelle ainsi presque l’apogée d’un opéra.

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L’APPEL / LE PREMIER CIEL / SUR UNE CORDE RAIDE


EN ROUTE VERS LE GALA ARTIS PAR CHARLES ROBERGE

Les nominations pour le Gala Artis ont été connues entre le 27 et le 31 mars à chaque matin à l’émission Salut Bonjour. Cette semaine toute en surprises pour plusieurs artisans de la télévision s’est terminée avec la conférence de presse du Gala Artis qui se déroulait pour la première fois sur le plateau de Salut Bonjour, où nous avons pu connaître les 10 nominés dans la catégorie Personnalité de l’année.

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Dans cet article, je vous en parlerai et vous donnerai mes prédictions (ceux que je voudrais voir gagner et ceux qui vont gagner selon moi. Il y a une grosse différence entre les deux) pour six des 16 catégories (les plus importantes) Tout d’abord, faisons la différence entre deux catégories. Série dramatique annuelle et série dramatique saisonnière. La différence est importante entre les deux catégories. Quand on parle de série dramatique annuelle, on parle de série qui ont été diffusés toute l’année télé (à l’automne et à l’hiver), par exemple Unité 9 et O’. Celles qui ont été diffusé qu’une partie de l’année télé (par exemple Les pays d’en haut), sont des séries dramatiques saisonnières. La première catégorie dont je vais vous parler est la catégorie meilleur acteur dans une télésérie SAISONNIÈRE. Cinq artistes masculins sont en nomination dans cette catégorie. Charles Lafortune, pour son personnage de Karl dans la télésérie Karl et Max. Personnellement, je n’ai jamais embarqué dans cette série-là. Alexandre Goyette est nominé pour son interprétation de Marc Lemaire dans l’extraordinaire série Feux.

Marc-André Grondin, qui en est à sa première série au Québec depuis plusieurs années, est en nomination pour ses rôles de Philippe et de Youri dans la série L’imposteur. L'excellent acteur Éric Bruneau, qui joue des rôles importants dans Mensonge et Blue Moon, fait également partie des candidats en lice pour remporter ce trophée. Le dernier candidat en lice dans cette catégorie appartient à Vincent Leclerc, qui incarne brillamment le personnage de Séraphin Poudrier dans Les pays d’en haut. C’est très difficile pour moi de me prononcer pour cette catégorie. J’aimerais beaucoup voir gagner Alexandre Goyette, mais, selon moi, Vincent Leclerc ou Éric Bruneau repartiront avec le trophée. Pour ce qui est des dames dans cette même catégorie, ce sont toutes des actrices extraordinaires. Les nominées sont: Karine Vanasse, qui n’avait pas tourné au Québec depuis 30 vies, et qui est en lice pour son rôle de Justine Laurier dans Blue Moon. La talentueuse actrice Mélissa Désormeaux-Poulin, pour son excellent rôle d’Ariane Beaumont dans Rupture. La vétérane Maude Guérin pour la première fois au Gala Artis pour son rôle de Claudine Grenier dans Feux. Fanny Malette pour ses rôles de Julie Beauchemin dans Mensonge et de Mylène dans Feux. En terminant Sarah-Jeanne Labrosse, qui interprète de façon exceptionnelle le personnage de Donalda dans Les pays d’en haut est celle qui vient fermer le bal.


Même si je voue une passion sans nom pour Sarah-Jeanne Labrosse et pour les jeunes acteurs et actrices en général, je crois que Mélissa Désormeaux-Poulin va gagner. C’est son année. Mélissa, qui en est à sa deuxième année en nomination au Gala Artis, fait également partie des candidates comme personnalité féminine de l’année pour la toute première fois.

Deux acteurs de cette série ont été nommés dans cette catégorie. Vincent-Guillaume Otis, qui interprète l’inspecteur Patrick Bissonnette, a reçu sa première nomination à vie. Il est ancré dans le cœur des Québécois. L'agent Marco Choquette de Lietteville dans Unité 9, interprété par Mathieu Baron. Luc Guérin, qui incarne Steven Picard dans cette même série. Revenons à District 31. Celui qui incarne avec brio le commandant Daniel Chiasson, Gildor Roy se retrouve dans le carré d'as. Celui qui est connu pour son rôle de faire-valoir dans la comédie Km/h dans les années 90 et 2000 fait un retour à la télé avec dans District 31. Un habitué du Gala Artis, Guy Nadon est encore une fois en nomination pour son personnage de Samuel O’Hara dans O’. J'espère sincèrement que Vincent-Guillaue Otis ou Gildor Roy va gagner.

La catégorie qui est selon moi la plus serrée est la catégorie de meilleure actrice dans une série dramatique annuelle. Nous avons affaire à cinq grandes comédiennes. Les cinq comédiennes nommées sont: La talentueuse actrice Guylaine Tremblay, pour son rôle de Marie Lamontagne dans la populaire série Unité 9. Son ancienne acolyte dans cette série, qui est maintenant actrice principale de l'excellente série L'Heure bleue à TVA, Céline Bonnier. La talentueuse comédienne Ève Landry, qui interprète avec brio le rôle de Jeanne Biron dans Unité 9 est elle aussi en nomination. Sophie Laurain, qui interprète l'urgentologue Béatrice Clément dans Au secours de Béatrice puis, pour terminer, est aussi en nomination la dernière et non la moindre Magalie Lépine-Blondeau pour son rôle de lieutenante-détective Nadine Legrand dans District 31. Je ne m'en cache pas, j'ai adoré cette émission quotidienne. Je sais que Guylaine Tremblay est excellente dans son rôle, mais j'aimerais bien que Magalie Lépine-Blondeau ou Céline Bonnier gagne ce prix.

Pour ce qui est du prix de personnalité de l'année, les nominées dans la catégorie personnalité féminine de l'année sont : Magalie Lépine-Blondeau, Guylaine Tremblay, Sophie Lorain, Mélissa Désormeaux-Poulin et Véronique Cloutier. Je crois que le prix reviendra à Magalie Lépine-Blondeau cette année. Pour ce qui est de la catégorie personnalité masculine de l'année, deux des cinq nommés n'ont jamais gagné. Les nommés sont : Gino Chouinard, Éric Salvail, Charles Lafortune, Guy Nadon et Vincent-Guillaume Otis. J'espère sincèrement qu'Éric Salvail ou Gino Chouinard va gagner.

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Pour ce qui est de la catégorie meilleur acteur dans une série annuelle, je ne comprendrai jamais les nominations dans cette catégorie. Des cinq nominés, seulement deux ont un rôle principal dans leur série respective chez les hommes. C’est l’année District 31.


LA MULTIPLICATION DES REBOOTS ET DES ADAPTATIONS PAR ÉMILE BERGERON

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le cinéma de divertissement se focalisait de plus en plus vers les adaptations et les reboots? ... Non? Eh bien, peut-être vous êtes-vous demandé si l’on avait vraiment besoin de séparer The Hunger Games : Mockingjay en deux parties qui sont aussi peu inspirées qu’ennuyantes? … Non? Ce n’est pas grave, j’ai quand même un article de 500 mots à vous présenter.

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Beaucoup pensent que la raison pour laquelle notre génération semble prise dans une régurgitation continue de reboots, remakes et adaptations est parce que les scénaristes sont simplement à court d’idées. Tout semble avoir déjà été fait dans le domaine du cinéma de divertissement, tous les films de fantasy ne sont qu’une légère adaptation du Seigneur des anneaux et tous les films de science-fiction ne sont qu’une légère adaptation de Star Wars. Pourtant, si vous avez déjà écouté The Happening, vous savez qu’il y a encore beaucoup d’idées qui n’ont jamais été explorées. Mais surtout, si vous décidez de lire cette relique de l’ancien monde que l’on nommait autrefois un roman, vous comprendrez qu’il y a encore bien de nouvelles histoires qui sont écrites chaque année.

qui passent du livre à l’écran. Elles se font elles aussi facilement financer par les grosses boîtes de production grâce à leur popularité et donc grâce à leur sécurité financière. Alors, le cinéma est-il affecté positivement ou négativement par ces changements? Après tout, le but d’aller voir du cinéma de divertissement est d’être diverti, peu importe si c’est en écoutant le millième Star Trek ou La La land. Et c’est vrai, mais il y a un petit problème : si l’on ne finance que des films de divertissement dans le but de se faire le plus d’argent possible, le cinéma n'évoluera jamais. Nous n’aurons que des films de superhéros et des films d’apocalypse. Aucun scénariste ou écrivain ne voudra s’essayer à créer un nouvel univers ou un nouveau style de film, puisqu’il n’aura aucune chance que qui que ce soit le finance. Et puis, un beau jour, le public ne s’en pourra plus d’écouter que des films de superhéros et d’apocalypse, et ils se dirigeront vers un nouveau genre de film et le cycle recommencera.

Donc, que se passe-t-il? Pourquoi avons-nous une troisième génération de Spiderman et 200 remakes de Planet of the Apes? Ce sont les producteurs qui en sont la cause; ils ont la réaction très normale et humaine de financer des films plus sécuritaires où ils sont sûrs d’avoir au moins un minimum de succès, au lieu de financer de nouveaux films qui pourraient apporter un sérieux déficit en cas d’échec. Malgré l’échec total de Terminator Genisys et Fant4stic, les deux films ont respectivement fait 440 et 168 millions de dollars US. Ça paie bien, la torture. Le facteur de la nostalgie joue aussi un gros rôle dans ces chiffres, puisque la plupart des personnes qui ont grandi avec Terminator et Fantastic 4 sont maintenant des adultes et vont probablement aller voir le film avec leur famille. Et donc, ce que nous voyons de plus en plus sont des histoires originales

http://pro.boxoffice.com/movie/23795/ terminator-genisys http://pro.boxoffice.com/movie/22270/ fantastic-four-2015


LE TRUAND ET LES CORBEAUX PAR MAXIME DELAGE

Jeffrey Smith souriait parce que son vieux père, trop saoul pour entretenir son lopin de terre gorgé de sable, avait mordu la poussière pour de bon après que sa femme ait décampé avec un prospecteur local. Il souriait parce que le maudit père Francis, qui s’amusait à le ridiculiser devant tous ces gens sur la place centrale de la ville, fut arrêté trois ans après le départ de sa garce de mère par les autorités fédérales pour possession d’alcool de contrebande, de séquestration et de viol sur une mineure. La malheureuse n’avait que six ans et mourut d’une maladie inconnue peu de temps après. Il souriait parce qu’il avait appris à voler d’une bande de hors-la-loi à un très jeune âge et qu’il s’était rapidement fait les poches de tout le monde qui s’était amusé à le battre quand il vagabondait dans les petites rues de Jerome, en Arizona. Il souriait parce que le chef de cette bande, celui qui l’avait recueilli, lui avait finalement donné une arme digne de ce nom quand il eut l’âge adulte. Parce que l’autre ne savait pas que son arme allait se retourner contre lui peu après. Il souriait parce qu’une fois devenu le chef lui-même, il attaqua avec ses sbires la banque d’Abilene. Parce que le vol tourna mal à cause d’une femme qui criait, et qu’elle porta en réponse deux trous dans le sternum, pour toujours. Il souriait parce que les autorités finirent par encercler le bâtiment et qu’il fut le seul survivant de la fusillade en se cachant dans un chariot marchand qui partait justement hors de la ville, vers l’ouest. Parce que personne n’eut la chance de le retrouver par la suite. Il souriait parce que grâce à ses talents de voleur et à l’avènement de la fièvre de l’or, il se fit énormément d’argent en devenant l’un des prospecteurs les plus importants du Nouveau-Mexique. Il souriait parce qu’il se souvenait du visage couleur de farine qu’arborait

le minable Willy Dunkins lorsque celui-ci lui présenta sur un bout de tissu les coordonnées du célèbre contrebandier Lawrence Pott, un canon sur la tempe. Il souriait parce qu’il avait encore l’odeur de la fumée de toutes ces armes qui avaient joyeusement exprimé leur joie dans ce bureau miteux ainsi que celle du sang de tous ces hommes devenus des épouvantails désarticulés dans les narines. Parce qu’il avait encore la vision du dernier gars encore en vie ce soir-là, un pauvre môme qui le suppliait en vain d’épargner sa misérable vie. Il souriait parce qu’il avait eu l’occasion d’entendre les légendes saugrenues de ses potentiels acheteurs d’armes, les Peaux-Rouges. Parce qu’une avait retenu son attention ; celle des trois Corbeaux, trois frères qui hantaient les plaines de cette partie du pays à cause de leur redoutable efficacité pour tuer et à cause du fait qu’ils rapportaient seulement les os des bandits qu’ils croisaient à ceux qui les voulaient morts. Parce que certains Indiens racontaient que ces gars se transformaient en corbeaux pour manger leurs victimes, et qu’il trouvait cela beaucoup trop improbable pour être vrai. Il souriait parce que l’incroyable fortune qui l’attendait avec son immense réseau de contrebande aurait fait pâlir le grand Pott lui-même s’il l’avait encore laissé vivre. Parce que son commerce illégal s’était étendu de Sacramento jusqu’aux portes du Congrès. Parce que même les agents de la police fédérale les plus aguerris n’osaient pas s’approcher à deux cents mètres de sa luxueuse villa qu’il avait fait construire au beau milieu du Nevada et avaient accepté ses copieux potsde-vins sans rechigner pendant deux décennies. Il souriait parce que malgré le fait que son associé lui envoya une lettre de St-Elmo lui annonçant que trois hommes correspondant à la description des « volatiles » l’avaient fait parler et savaient maintenant où il était, il avait décidé de voyager constamment, sans s’arrêter, pour les narguer. Parce qu’ils avaient finalement pris trois ans et demi à le retrouver.

Il souriait parce que lorsqu’il fut finalement pris en chasse par les tueurs aux manteaux noirs, ces derniers n’arrivèrent pas à rattraper son cheval, qui était reconnu parmi les tribus de sauvages comme étant le plus robuste et le plus rapide de tous. Parce que, ironie du sort, celui-ci fut mis à mort par une balle bien placée, près d’un canyon. Il souriait parce qu’une fois tombé d’une hauteur de soixante pieds, il était sûr que les autres ne le rejoindraient pas en bas à cause la falaise trop escarpée. Parce qu’il ne croyait toujours pas au fait qu’ils auraient pu devenir de ridicules piafs noirs et voler jusqu’à lui pour lui dévorer les entrailles. Parce qu’ils avaient laissé tomber une photo, qui voleta lentement jusqu’à lui et qui atterrit sur son torse. Il souleva le carré. Une femme, qu’il reconnut. La dernière fois qu’il l’avait vue, elle avait reçu deux balles par derrière. Ses balles. Il leva les yeux. Trois hommes n’étaient plus. Trois paires d’ailes couleur de charbon avaient pris leur place. Au pied d’une falaise rouge comme le sang qui commençait à envahir sa chemise et battue par les vents, un homme ne souriait plus.

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Au pied d’une falaise rocheuse rouge comme le sang et battue par les vents, un homme souriait.


UN PLONGEON DANS LE PASSÉ PAR KIM LEHOUILLIER

39 longueurs de piscine pour les 39 années de sa vie, une écriture rythmée qui rappelle la nage et les souvenirs d’été à la piscine : Elle nage. L’été est à nos portes ! Cela est synonyme de journée sur le bord de la piscine au soleil, à lire. Il faut donc une liste de romans d’été ! Je vous propose Elle nage, de Marianne Apostolides. Une lecture de 119 pages parfaite pour les journées d’été ensoleillées sur le bord de la piscine, le soleil sur le visage et une boisson proche.

L’AUTEUR

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Marianne Apostolides est une Canadienne de Toronto native de la Grèce. Elle s’inspire de ses racines dans son dernier roman où le personnage principal, Kat, nage dans son pays natal, la Grèce. Elle nage a été traduit par Madeleine Stratford aux éditions La Peuplade en 2016. Un autre de ses récits est disponible en français, soit Voluptés parut en 2015 à la même maison d’édition. Auteure de six livres publiés en anglais au total, Marianne Apostolides joue avec les styles d’écritures et de textes.

LE RYTHME DE LA NAGE Kat, une mère de famille, nage et replonge dans ses souvenirs : voilà le gros de l’histoire. Ses études en littérature, son mariage, son amour pour un professeur, tout y passe. Il faut comprendre son jeu avec les mots pour suivre l’histoire. Ce n’est pas facile au début, mais plus les pages passent et plus on y prend goût. Ce ne sont pas des retours dans le passé indiqués clairement avec des termes tels que « c’était il y 10 ans » ou « je me souviens de ce moment ». Une fois que l’on sait se laisser immerger par l’eau et par ses mots, tout devient clair dans notre tête. Le roman est habilement conçu pour suivre ses respirations et ses mouvements dans l’eau. Phrase après phrase, on respire et on bouge avec elle. L’écriture a du rythme. Une fois dans l’histoire, les pages se tournent toutes seules, la lecture se fait en chantant dans notre tête. Les mots coulent aisément et l’histoire également.

Les thème de la famille, des études, des problèmes alimentaires, de l’amour traversent l’esprit de Kat. Ils font leur chemin dans son esprit à travers ses longueurs de piscine et ses années de vie. Apostolides pourrait être considérée comme une poétesse. Chaque mot est choisi avec soin. Bien sûr, la traductrice joue un rôle important pour cette partie. La traduction demande une habileté avec les mots pour savoir recréer les mêmes effets dans une autre langue. C’est mission accomplie pour ce roman. Chacun des mots crée des images dans nos têtes, la ponctuation rythme notre lecture. C’est magnifique ! Je recommande cette petite lecture de 119 pages aux lecteurs d’été qui aiment avoir un livre à la main sur le bord de l’eau. C’est aussi un incontournable pour tous les êtres nostalgiques du cégep ! Pas besoin d’être un amoureux des livres ni d’être un grand lecteur pour s’attaquer à ce roman.

« Marianne Apostolides », 2017-04-16, http ://lapeuplade. com/auteurs/marianne-apostolides/ « Marianne Apostolides », 2017-04-16, http ://marianne-apostolides.com/


DIRECTEMENT DU BARIL PAR RAPHAËLLE GINDRE

Faute de moyens, j’ai souvent recherché les restaurants ou les cafés pas très chers. Sauf que quelquefois, on se lâche lousse pour y aller avec la crème de la crème ! On sort en groupe le vendredi soir, on se commande un gros plat réconfortant en dégustant un excellent cidre. Oreilles à l’écoute du barde! Sortie tout droit d’un temps révolu, La Chope Gobeline, au 1249 avenue Maguire, sait nous charmer. Vous y entrez comme dans une ancienne taverne et le temps s’arrête. Les vitraux colorés vous cachent du monde extérieur pour vous garder dans le moment présent. La nuit peut bien tomber si elle le veut.

Les clients sont tout de suite pris en charge par une serveuse habillée d’une robe médiévale. Avec son plus bel accent, elle vous présente le menu du jour. Un peu perdu ? Le menu en papier parchemin, écrit en vieux français, vous aidera à faire votre choix. Les grosses faims carnivores vont être sustentées par les nombreux plats de volailles et de viandes rouges. Perdrix et sanglier sont mis à l’honneur! En manque de réconfort gustatif ? Vous allez être tenté par les chilis et les soupes dont quelques-uns sont végétariens. Le plat de pois et haricots, bien apprêté en un ragoût garni de fromage, fera certainement votre bonheur. Passons aux choses sérieuses. Bien entendu, les amoureux des cocktails et des vins seront ravis. Toutefois, ce qui est intéressant à la Chope, c’est leur cidre et leurs alcools forts. Il est toujours possible de commander au verre, mais mettez-vous à plusieurs et commandez plutôt le baril au complet afin de faire plus d’heureux.

vos demandes. Nous avons les classiques avec Le Seigneur des Anneaux, mais aussi les nouveautés que nous offrent les jeux vidéo. À savoir : la taverne n’est pas ouverte seulement de soir. La Chope Gobeline a trois menus: brunch, midi et soir. Tout pour faire votre affaire! Vous pouvez être aussi très original en conseillant la taverne pour vos soupers de famille ou de travail ! Il est plutôt rare de trouver des gens seuls ou en couple à la Chope alors réservez vos places assez tôt. Vous ne regretterez certainement pas d’avoir payé le prix fort, mais les frileux peuvent très bien s’en sortir avec une facture d’à peine vingt dollars. En ce cas, les excellentes corbeilles de pain au beurre artisanal au miel seront un atout pour vous. Rires et musique se mélangent avec un peu d’ivresse pour vous faire passer un bon moment. Profitez-en, amusez-vous et sonnez joyeusement la cloche!

Pendant que vous profitez de vos victuailles, un(e) musicien(ne) vient vous épater. Après leur prestation personnelle, n’hésitez pas à faire 1

http://www.lachopegobeline.com/

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« Bienvenue à vous, pucelles et damoiseaux, fiers ivrognes et autres bonnes gens assoiffés de bagosse et de connoissances. »1


DÉTRUIRE L’ART : UN CRIME DE GUERRE PAR SARAH GINGRAS

L’art fait partie de notre patrimoine, de notre culture, mais surtout, il nous définit en tant que nation. L’art raconte notre histoire et notre évolution dans le temps, il est ce qui reste des civilisations éteintes de nos ancêtres. Les musées ont pour fonction première de nous rappeler notre histoire à travers les oeuvres de divers artistes qui ont su résister aux épreuves du temps. Mais si tous ces vestiges en venaient à disparaître ou à être détruits, où ira notre histoire ? Nous ne pourrions plus reconstituer les évènements passés.

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Par chance, L’UNESCO veille à conserver les vestiges de notre évolution avec certaines lois et sanctions. Malheureusement, ces mesures n’ont pas toujours empêché les extrémistes de détruire le patrimoine culturel. La convention de La Haye, soit la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, est une convention qui n’est pas respectée par trois de ses signataires soit : la Libye, la Syrie et l’Irak. Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Par contre, le vendredi 24 mars 2017 à New York, une nouvelle mesure de sécurité fut votée. En présence du Conseil de sécurité des Nations Unies, la résolution 2347 en faveur de la protection du patrimoine a été approuvée unanimement. C’était la première fois qu’une telle résolution portant uniquement sur le patrimoine culturel était votée en accord commun au Conseil de sécurité. Cela montre l’importance de conserver les vestiges de notre passé. Cette résolution engage les pays signataires à utiliser les données d’INTERPOL et la base de donnée législative de l’UNESCO pour retrouver les œuvres volées, mettre sur pied des programmes, enseigner sur la préservation des œuvres, etc. Ultérieurement, soit le 28 mai 2015, L’Assemblée générale des Nations Unies a voté encore une fois à l’unanimité une résolution proposée par Allemagne, et l’Irak a déclaré que la destruction des patrimoines par l’État islamique pouvait être reconnu comme étant un crime de guerre nécessitant des mesures internationales. La destruction d’œuvres historiques est considérée comme une « stratégie de guerre ».

Mais ce n’est pas tout. Une autre résolution, la 2199, avait déjà été votée en 2015 sur l’interdiction de commerce de biens culturels en provenance d’Irak et de Syrie. Cette résolution fut approuvée par plus d’une cinquantaine d’États, pour renforcer la législation contre le trafic illicite d’antiquités. Selon le commandant des carabiniers Fabrizio Parulli et le groupe de travail UnisPourLePatrimoine, 800 000 objets volés ont été saisis depuis 1969, par les forces italiennes. Ce même groupe partage les données qu’ils recueillent avec l’UNESCO, INTERPOL et le service des douanes afin de démanteler les réseaux de trafiquants. Une autre intervention importante inscrite à la date du 22 septembre 2014 est l’annonce que le département d’État a engagé un partenariat avec les American Schools of Orient Research afin d’« obtenir des renseignements exhaustifs sur l’état et les menaces portant sur le patrimoine culturel en Irak et en Syrie, pour évaluer les futurs besoins de protection et de restauration ». Le 28 mars 2015, une campagne fut lancée par Irina Bokova dans le but de créer un mouvement protectionniste de sauvegarde des zones patrimoniales menacées par les extrémistes. Cette action fut le sujet d’une controverse. En effet, Antònio da Silva reproche à cette institution de ne pas dénoncer avec la même rigueur les crimes de lèse-patrimoine perpétrés que le racisme envers les réfugiés de guerre en Europe. Par ailleurs, il se plaint aussi que cette organisation sollicite l’émergence d’une fétichisation du patrimoine laissant dans l’oubli que la protection de l’héritage culturel sert avant tout d’argument contre le racisme comme le déclare la charte constitutive de l’institution de 1945.

QUELQUES EXEMPLES DE SITE TOUCHÉS Plus de 46 sites sont sur la liste des patrimoines en péril dont près du tiers se trouve dans un pays en guerre ou dans un milieu où la conservation est beaucoup plus complexe en raison du climat ou du contexte sociopolitique.


Sources : http ://www.lemonde.fr/culture/article/2017/03/24/pourl-onu-la-destruction-du-patrimoine-culturel-devient-uncrime-de-guerre_5100566_3246.html https ://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_du_patrimoine_culturel_par_l%27%C3%89tat_islamique http :// www.mondialisation.ca/le-patrimoine-mondial-et-lesguerres-la-destruction-de-hatra-et-de-nimrud/5435685

Plus récemment, l’EI a saccagé les cités antiques de Ninive, Nimroud, Hatra, de l’ancienne Mésopotamie, là où se trouvent entre autres les vestiges des premières architectures et l’endroit même où l’écriture prit naissance, et cela continue avec Palmyre, luxuriante oasis du désert syrien. Leur objectif : éradiquer toute trace de civilisation passée pour revenir à la base, au temps de Mahomet. L’État islamique compte à son actif plus de 28 monuments historiques détruits. Irina Bokova, la directrice générale de L’UNESCO, qualifie ces activités de « génocide culturel ». Celleci souligne aussi en 2014, lors de son neuvième congrès, la violation de la résolution 2199 du Conseil de sécurité de l’ONU pour la destruction de Mossoul et l’anéantissement de Nimrud comme crime de guerre. La directrice espère de ce fait obtenir le soutien des acteurs internationaux pour la préservation du

patrimoine des zones contrôlées par ce groupe d’extrémistes.

UNE CITATION POIGNANTE SUR LA PROTECTION DE NOTRE PATRIMOINE « La destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre, elle est devenue une tactique de guerre pour mettre à mal les sociétés sur le long terme, dans une stratégie de nettoyage culturel. C’est la raison pour laquelle la défense du patrimoine culturel est bien plus qu’un enjeu culturel, c’est un impératif de sécurité, inséparable de la défense des vies humaines, a déclaré Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco. Les armes ne sont pas suffisantes pour vaincre l’extrémisme violent. Bâtir la paix passe aussi par la culture ; cela passe par l’éducation, la prévention et la transmission du patrimoine. C’est tout le sens de cette résolution historique1 »,

1. http ://www.lemonde.fr/culture/article/2017/03/24/pour-l-onu-la-destruction-du-patrimoine-culturel-devient-un-crimede-guerre_5100566_3246.html#kyMrkeZIZjxgJqrO.99

http ://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/354571/ destruction-du-patrimoine-un-enjeu-pour-tous http ://www.un.org/fr/documents/view_doc. asp ?symbol=S/RES/2347(2017)

Source image http ://www.atlantico.fr/decryptage/monuments-men-en-syrie-brigade-archeologues-au-secours-patrimoine-menace-guerre-1751045.html

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En ordre chronologique, ce fut en 2003 que le paysage de la Vallée de Bamiyan, en Afghanistan, fit son apparition sur la liste du patrimoine mondial en péril. L’état des lieux reste dans un état de conservation fragile à cause de l’abandon et des opérations militaires et de dynamitage.


L’OPÉRA DU MUR PAR SARAH GINGRAS

L’opéra est bien connu pour ses classiques tels que Carmen et Les Noces de Figaro, qui furent maintes fois reprises dans des films, des comédies ou même des annonces publicitaires. Et si maintenant, je vous parlais de Pink Floyd, vous devez certainement avoir entendu certains de leurs succès comme Another Brick In The Wall ou encore I Wish You Were Here. Ce groupe fut bien connu, entre autres, pour son spectacle intitulé The Wall. Et bien, cette fois, leur légendaire spectacle, The Wall, fut présenté, mais cette fois, sous forme d’opéra à Montréal. Cet opéra ne sert pas juste à la diversité artistique, mais bien à la dénonciation de faits. En effet, depuis l’élection du président Donald Trump, un mur est prévu d’être construit à la frontière du Mexique et des États-Unis. Le 45e président fait plusieurs procédures, pour que s’élève une barrière de brique entre les deux frontières. Cela ne vous rappelle-t-il pas un moment historique ?

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Pour plusieurs, cela rappelle le symbole du mur de Berlin. Roger Water, l’ancien bassiste de Pink Floyd, n’a pas mis long avant de proposer de rejouer la deuxième partie de leur fameux spectacle, The Wall, avec le mur démontable dans ses bagages. Se sentant interpellé par les revendications du nouveau président, il a décidé de dépoussiérer ses anciens hits et de les adapter en opéra, avec la collaboration de plusieurs techniciens et musiciens.

L’HISTOIRE DE THE WALL Ce fut, le 6 juillet 1977, au stade olympique de Montréal, que le bassiste créa une polémique en crachant au visage d’un spectateur extrêmement dérangeant. Après cet incident, frustré, le chanteur imagina un spectacle avec un mur entre lui et le public. Cette idée fut le coeur du concept de The Wall, qui raconte l’histoire de Pink, un rockeur, antihéros, qui vivra de nombreux périples qui le mèneront à construire un mur entre lui et son entourage. La pièce parle, entre autres, de la perte de son père qui est mort durant la Seconde Guerre mondiale, de l’enfance passée avec une mère surprotectrice, d’un mariage raté et d’un professeur tyrannique qui tentait de modeler les élèves dans le moule de la société, d’où la référence d’un hachoir à viande dans le vidéoclip Another Brick In The Wall.

Lors du départ du bassiste en 1985, celui-ci revendiqua les droits d’auteur sur l’album The Wall, qu’il avait écrit au grand complet durant les vacances d’été. À la fin de la bataille judiciaire, tous les droits lui revinrent, sauf pour quelques chansons ajoutées au cours de l’enregistrement de l’album (Young Lust, Comfortably Num et Run Like Hell). Les droits de certains produits dérivés réalisés dans les tournées précédant son départ, lui furent aussi payés, incluant le fameux cochon gonflable. Au cours des années, il a ravivé, modifié, rajouté des chansons, mais surtout, il a amélioré le spectacle The Wall à chaque nouvelle tournée. Par ailleurs, pour ajouter de la variété, il y avait trois parties à The Wall : un album en découla, ainsi qu’une série de concerts théâtraux et un court métrage fut même réalisé. Le personnage de Pink est le reflet du bassiste à un certain niveau.

LA SIGNIFICATION « DU MUR » Le mur représente bien plus qu’un tas de pierres, montées les une sur les autres. Il est tout autant un symbole qu’une allégorie, qu’une métaphore. Tout dépend sous quel regard nous voulons l’observer. Le personnage principal, Pink, se retire dans son monde imaginaire en construisant un mur irréel, une allégorie qui représente une distance émotionnelle du personnage envers les autres pour se protéger du reste du monde. Chaque traumatisme est représenté par une nouvelle brique qui s’ajoute au mur. En d’autres mots, le mur peut représenter une sorte de symbole de la quête de liberté. Ce sentiment fut plus fortement développé lors du démantèlement du mur de Berlin en 1989. Après la démolition du mur de la honte, plusieurs invités, dont Roger Waters, interprétèrent The Wall pour plus de 350 000 personnes rassemblées près de la porte de Brandebourg. L’ancien bassiste voudrait recréer ce même scénario, mais pour cette fois, proche de la frontière américano-mexicaine. Lors de ses concerts les plus récents, des projections évoquent les guerres de toutes les époques, avec l’ajout des plus récents attentats, passant par une image de George Bush et d’Hitler. Par


L’histoire serait-elle en train de se répéter ?

L’OPÉRA L’opéra Another Brick In The Wall fut présenté à Montréal à la salle Wilfrid-Pelletier jusqu’au 27 mars dans le cadre du 375e de Montréal. L’œuvre fut composée par Julien Bilodeau, originaire de Québec, et mise en scène par Dominic Champagne. Cette pièce avait une production de 3,1 millions de dollars pour épater la galerie, et avait aussi 10 solistes, 48 choristes et 70 musiciens. L’effet ne fit pas l’unanimité. Le premier acte était composé entièrement de nouvelles musiques, avec certaines exceptions, tout en rappelant les pièces originales du groupe. Le second acte fut plus réussi selon les critiques ; il reprit entre autres le succès Another Brick In The Wall part I et part II. Les amateurs ont pu un peu plus

facilement repérer certaines de leurs mélodies d’enfance. Bref, l’opéra est parti de l’histoire du crachat de Roger Waters au stade olympique de Montréal, comme expliqué précédemment. Pink est le personnage qui en a découlé. Le metteur en scène a décidé de faire se côtoyer le Pink père et le Pink enfant au début de l’acte deux en monologue. Par ailleurs, des références visuelles sur la toxicité de l’argent apparaissent dans la pièce avec des personnages tels que Vera Lynn pour représenter la Seconde Guerre mondiale.

Source utilisée : http ://www.ledevoir.com/culture/musique/493789/another-brick-in-the-wall-l-opera-lesecond-acte-est-le-bon http ://www.ledevoir.com/culture/musique/493619/ the-wall-l-opera-rock-qui-casse-des-briques http ://www.lapresse.ca/le-soleil/arts/sur-scene/201703/11/01-5077925-the-wall-lopera-rockdevenu-opera.php https ://fr.wikipedia.org/wiki/The_Wall Source image http ://www.pink-floyd-lyrics.com/html/the-wall-lyrics. html

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ailleurs, l’artiste aurait exprimé plus récemment que sur le cochon gonflable qu’il avait utilisé pour la tournée de l’album Animals, qui s’était arrêtée à Montréal, on pourrait y lire : « Fuck Trump and his wall ». Les propos utilisés font une fois de plus référence au mur de la honte qui risque de refaire surface, plus proche de nous cette fois.


L’EMPIRE STATE BUILDING DE L’ESPRIT, OU LA CONSCIENCE ARTIFICIELLE PAR CÉDRIC PARADIS

de la mémoire et le raisonnement critique ». Plus simplement, c’est un programme qui tente d’imiter l’esprit humain. Il existe deux types d’intelligences artificielles. Les intelligences artificielles faibles sont les IAs communes, qui ne font que suivre des directives précises. Les IAs fortes, pour leur part, sont celles qui tentent de simuler la pensée et la conscience humaine.

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L’esprit humain, quoique domicile de toute pensée, reste un mystère de la science. Il est un miracle de génie bio technique jusqu’à ce jour inégalé par des mains humaines. Par contre, les technologies informatiques s’approchent, lentement mais sûrement, d’architectures virtuelles reproduisant la mécanique précise d’un cerveau humain. Ligne par ligne, étage par étage, les ordinateurs remplissent le fossé qui les sépare de nous et nous permettent d’en apprendre plus sur notre propre pensée.

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, C’EST QUOI ÇA ? Une intelligence artificielle est avant tout un programme informatique : un ensemble de lignes de codes donnant des directives à l’ordinateur sur lequel il se situe, rien de plus, rien de moins. Bien sûr, ces programmes comportent parfois des milliers, lorsque ce ne sont pas des millions, de lignes de code informatique. Évidemment, ce programme n’effectue par des tâches au hasard, mais tente d’accomplir des objectifs bien précis. Marvin Lee Minsky, l’un des pères de l’intelligence artificielle, décrit le domaine comme « la construction de programmes i n f o r m a t i q u e s q u i s ’a d o n n e n t à des tâches qui sont, pour l’instant, accomplies de façon plus satisfaisante par des êtres humains car elles demandent des processus mentaux de haut niveau tels que : l’apprentissage perceptuel, l’organisation

LA CONSCIENCE, MONUMENT BIOLOGIQUE La conscience humaine est construite comme un gratte-ciel : elle est supportée par de solides fondations, la mémoire, sur lesquelles se basent tous les éléments subséquents. La mémoire biologique consiste d’un enchevêtrement de neurones qui ont la capacité de retenir des états électrochimiques. Par l’analyse ultérieure de ces états, le cerveau est en mesure de revivre les stimuli qui ont provoqué les souvenirs concernés. Ensuite vient le plancher du bâtiment : la capacité de planification. Le cerveau cherche des liens de causalité entre les stimuli qu’il perçoit. Une fois que des liens de cause à effet ont été établis, le cerveau est en mesure de prédire les conséquences de certaines actions. Par exemple, par expérience, vous savez que si vous lancez une pomme dans les airs, elle retombera vers le sol. Il n’est point nécessaire de faire l’expérience avec tous les objets possibles : votre esprit a déjà établi le lien entre un objet sans soutien et sa chute vers le sol. À partir du plancher s’élancent les piliers, auxquels les éléments futurs viendront s’arrimer. Ces piliers sont l’imagination, ou la capacité de genèse d’idées. Concrètement, l’imagination est le processus qui permet de créer une pensée nouvelle à partir d’informations connues. Imaginez-vous un cheval fuchsia.


Fixés aux piliers sont les murs de l’esprit : le libre arbitre, ou la capacité de faire des choix en évaluant les conséquences résultantes des différentes options. Le libre arbitre est omniprésent dans la vie de tous les jours. Ce matin, par exemple, lorsque vous avez déjeuné. Plusieurs choix étaient probablement disponibles : un bol de céréales, une tartine de beurre d’arachide ou une tartine de tartinade au chocolat et noisettes. Peu importe le choix fait, vous avez pesé les avantages et les inconvénients de chaque option avant de préparer votre repas. Finalement, au sommet du bâtiment se trouve le toit, couronnant le monument qu’est la conscience. Ce toit est la conscience de soi, la réalisation qu’un individu est distinct de son environnement. Lorsque vous vous regardez dans un miroir, vous êtes conscient que la réflexion n’est pas vous ou un autre individu, mais bien seulement une image de vous-même. Avec la réalisation que chaque individu est indépendant viennent plusieurs instincts, tel l’instinct de conservation et de reproduction.

UN SECOND GRATTE-CIEL EN CONSTRUCTION Lors de la conception d’intelligences artificielles, ces différentes structures sont répliquées. La mémoire biologique est remplacée par des disques durs conservant de l’information électrique. La capacité de planification par l’interpolation de modèles mathématiques pour prédire les impacts futurs des actions. L’imagination par des changements aléatoires dans le programme de l’IA. Le libre arbitre est remplacé par un critère d’évaluation des options selon les modèles construits au préalable. L’IA fait un choix en évaluant le score des options donné par le critère d’évaluation. Pour ce qui est du toit, la conscience de soi, aucune entreprise de réplication n’a été couronnée de succès. Pour le moment, aucun système informatique, aussi complexe soit-il, n’a réussi à prendre conscience de son existence.

APPLICATIONS ACTUELLES Actuellement, les intelligences artificielles les plus développées sont dans le domaine des jeux de stratégie, tels les échecs et le go, jeu s’apparentant aux dames chinoises et reconnu comme l’un des jeux les plus complexes au monde. En 2015, Alpha Go, l’IA développée par Google, joue contre quelques-uns des meilleurs joueurs de go au monde et est placé 2e au classement mondial. C’est une réalisation importante, puisque le jeu de go demande une capacité d’analyse très importante, qui n’a pas été atteinte par le passé.

UNE MACHINE CONSCIENTE La conscience informatique n’est plus qu’un rêve : les spécialistes de l’IA travaillent d’arrache-pied pour construire une machine consciente. Mais par-delà les défis techniques, des questions éthiques méritent d’être soulevées. En autre, est-ce qu’un ordinateur conscient reste une machine, ou atteint-il un niveau d’existence similaire à un animal ou un humain ? Estil éthique de blesser une IA capable de ressentir la douleur ? De telles questions, en plus de définir un domaine entier, nous forcent à réfléchir sur notre propre condition. Ainsi, par les machines, peut-être cernerons-nous ce qui nous donne notre humanité.

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Formez son image dans votre esprit et conservez-la. Même si vous n’avez jamais vu de cheval de cette couleur dans le passé, vous êtes tout de même capable de le visualiser. C’est l’essence même de l’imagination : à partir de données connues distinctes, soit l’image d’un cheval et la couleur fuchsia, il est possible de combiner les deux pour créer quelque chose de nouveau. L’imagination permet à l’esprit humain de franchir les limites de ses propres sens et d’envisager des options originales lors de ses choix.


UN GRAND BOND POUR L’INDUSTRIE, MAIS UN ENVOL VERS LE FUTUR PAR MAXIME DELAGE

Chers amis « geeks » et autres amateurs de la culture populaire, j’ai mentionné dans mon article précédent sur les innovations du jeu vidéo qu’il y aurait une suite à ce dernier. Alors, après avoir sué, pleuré et stressé (mais aussi découvert de nouvelles choses intéressantes, évidemment), je vous ai pondu cette succession tant attendue de votre part - du moins, je l’espère.

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Mesdemoiselles et messieurs, je vous prierais donc, avant de continuer la lecture de ce présent texte, de bien vouloir déposer vos manettes, JoyCons et souris dans un endroit sécuritaire. De toute façon, avec ce que vous pourrez lire ci-dessous, vous remarquerez probablement que l’obsolescence de ces outils de divertissement se rapproche de plus en plus au fil des ans.

THEY TRIED TO MAKE ME GO TO REHAB AND I SAID… WELL, WHY NOT? Allons maintenant explorer l’un des systèmes les plus joyeux et accueillants du monde : la prison. Vous ne le savez peut-être pas, mais les pénitenciers de plusieurs pays, particulièrement aux États-Unis, traversent présentement une crise majeure à cause d’un problème très contraignant et récurrent, c’est-à-dire la surpopulation. En réalité, le fait que les prisonniers dépassent de très loin en nombre les gardiens chargés de les surveiller n’est pas vraiment causé par une hausse de la violence (en fait, c’est plutôt une baisse d’attaques en tous genres qui se produit depuis plusieurs années) : ce sont principalement les cas de récidive qui sont devenus les grands coupables de cet ennui. De plus, tous ces gens écartés de la société coûtent cher à l’État, qui doit débourser des milliards de sa poche simplement pour qu’aucun tort ne soit causé aux autres citoyens innocents. La compagnie Virtual Rehab a donc décidé de supprimer cette ré-

pétition des séjours carcéraux grâce à son programme spécial de réhabilitation en réalité virtuelle. Bien entendu, ledit programme virtuel s’adresse aux détenus, mais également aux gens qui sont tombés dans la dépendance aux drogues, en permettant à ces derniers de parfaire leurs connaissances dans des matières telles que l’anglais, les mathématiques, l’économie, les sciences et la technologie, mais aussi dans la plomberie, la menuiserie et la mécanique : tous ces acquis qu’ils auront appris en prison leur permettront donc de développer leur débrouillardise et de faciliter leur recherche d’emploi lorsqu’ils finiront par sortir de leur cellule. De plus, grâce à des simulations effectuées dans un cadre virtuel, ils peuvent également comprendre de quelle façon des comportements et des crimes comme le viol, la violence familiale ou la dépendance à l’alcool peuvent être dommageables pour les gens qui subissent ces torts sans le vouloir. Comment arrive-t-on à ce résultat, me direz-vous? C’est simple : on inverse simplement les rôles. Ici, ce sont les captifs qui n’ont d’autre choix que de jouer les victimes innocentes. Est-ce que cette percée sera assez utile et efficace, cependant ? Si c’est bien le cas, en plus de permettre une énorme économie d’argent pour les gouvernements, nous pourrions améliorer la sécurité des villes de manière significative, puisque les anciens détenus ne penseront probablement plus à causer du tort à leurs pairs. Et qui dit nouveaux travailleurs dit réduction du chômage, donc une progression économique positive. Les résultats à long terme ne sont évidemment pas disponibles pour l’instant, mais il y a fort à parier que beaucoup de gens verraient cette percée d’un bon œil pour le développement de notre société actuelle.


Chaque fois qu’un joueur entend parler d’un « ragequit », il a l’une de ces deux réactions : soit il hoche la tête comme s’il avait déjà connu lui-même le sentiment, soit il grogne en pestant contre ceux qui ont eu ce comportement. Pour ceux qui ignorent ce dont je viens de parler, le terme « ragequit » désigne une violente réaction suite à une défaite dans un combat virtuel qui se termine par un arrêt soudain du jeu de la part du joueur aux prises avec cet afflux d’émotions négatives. Cette réaction peut se traduire par un cri de plus de 100 décibels, le bris d’un objet quelconque (manette, télé, console, ou les trois) ou même un flot d’insultes dont vous n’auriez jamais cru l’existence jusqu’au moment où vous l’aurez entendu. Comment, donc, avoir une chance de tempérer ces mauvais perdants ? Champions of the Shengha serait probablement la solution la plus appropriée. Développé par la firme BfB Labs à Londres et toujours en cours de financement, ce nouvel outil de divertissement est un jeu de duel de cartes dans le genre fantastique fonctionnant au tour par tour – un peu à la manière de Hearthstone, pour les connaisseurs. La différence entre ces deux titres, cependant, est assez intéressante : pour avoir une chance de triompher de votre adversaire dans le premier opus, vous devez non seulement utiliser plusieurs types de sorts et de personnages, mais également votre niveau de stress.

Champions of Shengha est en effet accompagné d’un petit senseur, que vous devez accrocher à l’oreille afin qu’il puisse être coordonné avec vos pulsations du coeur. Celles-ci sont un élément important du jeu, puisque leur nombre permet de déterminer si les attaques que vous portez à l’ennemi seront puissantes ou non. Par exemple, si votre rythme cardiaque est élevé, vous aurez plus de difficulté à donner des coups efficaces et mortels. Le jeu se veut réellement plus qu’un passe-temps récréatif en proposant un motif relaxant à des personnes souffrant d’anxiété pour leur permettre de réduire leur niveau de stress. De plus, il serait vraiment plus pratique que le yoga, par exemple, puisque vous pourrez ainsi vous exercer à contrôler vos émotions un peu partout, grâce à l’application développée spécialement pour les appareils mobiles. Alors, qu’attendez-vous pour rester zen ? Voilà qui fait le tour des innovations les plus intéressantes du moment. En espérant que cet article vous permettra de développer un nouvel intérêt pour le jeu, qui sait ? Sur ce, amis « geeks » et amateurs de culture populaire, je vous dis à la prochaine.

Virtual Rehab, http://www.virtualrehab.co/, consulté le 5 avril 2017 « Champions of the Shengha : Play with your emotions », Indiegogo, https://www.indiegogo.com/projects/champions-of-the-shengha-play-with-your-emotions#/, consulté le 11 avril 2017 Champions of the Shengha, http://championsoftheshengha.com/, consulté le 11 avril 2017

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APPROUVÉ PAR TOUS LES MOINES ZEN !


ENTREVUE AVEC UN AUTEUR D’ICI–STEVE LAFLAMME ANNE PLANTE ET RAPHAELLE GINDRE

«À force de lui faire montrer les dents, la colère transforme l’homme en animal...» Le mercredi 12 avril, un de nos professeurs, Steve Laflamme, a vécu son premier lancement, nous invitant à la librairie Laliberté. Le Chercheur d’âme. Son premier roman. 10 ans de réflexion, 4 ans d’écriture, 27 ans de désir à se faire publier. Pour Steve, tout a commencé à 15 ans, après avoir lu Stephen King. Quelle a été ta réaction lorsque tu as appris que tu allais être publié?

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C’était une joie intense parce que ça faisait quand même plus de 25 ans que j’attendais ça, que je voulais ça, que je faisais des choix professionnels en fonction de ça. Plus de la joie. De la joie et de la fierté.

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Es-tu satisfait de la page couverture? C’est dans le moindre détail, le fini, ils appellent ça le fini velouté, c’est pas tous les auteurs qui ont ça. C’est super, vraiment je suis choyé. […] Est-ce toi qui l’a choisie? Non, moi j’avais envoyé une photo qui me semblait intéressante sur le plan artistique, mais […] ça fonctionnait pas. Pis ils m’ont fait une proposition, en fait ils m’ont envoyé ça. […] Dès le départ ça me plaisait. Quand on connaît le roman un peu, on sait que c’est très représentatif aussi de ce que le meurtrier fait. C’est noir et blanc, c’est assez traditionnel. Le rouge, le noir pour le polar. Ça dit ce que ça doit dire. Je suis vraiment très content. Pourquoi Le Chercheur d’âme? C’est le surnom du meurtrier pis quand on sait, je veux pas trop en dire, mais quand on sait un peu ce qu’il inflige à ses victimes, c’est un peu le surnom que les médias lui ont donné, de façon un peu poétique. Il ouvre le visage de ses victimes, un peu comme s’il voulait chercher l’âme de ces personnes-là.

Quelle a été ton inspiration principale? Y’a un mélange de pas mal d’affaires là-dedans. Y’a une discipline sportive fantaisiste que je nommerai pas, mais qui est là-dedans pis que j’ai suivi pendant très longtemps. Y’a aussi le fait que ça fait 20-25 ans que je m’intéresse au phénomène des meurtriers en série. J’ai lu beaucoup là-dessus, je me suis documenté pas mal là-dessus pis je trouvais que les deux ensemble c’était un bon mélange. […] Pis je trouvais que c’était un terreau qui était très fertile pour la littérature policière aussi. Ayant commencé le roman, c’est une façon très originale d’utiliser cette discipline. On prendrait habituellement le côté spectacle, mais ici c’est le côté histoire. Pis sur le côté glauque aussi de cet univers-là, je voulais montrer que c’est une discipline sportive qui est ridiculisée par plusieurs parce que c’est très clownesque pis c’est exagéré, c’est quasiment inspiré des comédiens dell’arte. Je voulais montrer les coulisses de ce monde-là qui sont très glauques, y’a des choses pas belles qui se passent dans les coulisses de ça. […] C’est un univers de faux semblant, pis derrière le décor y’a toute sorte de choses affreuses qui se passent. Le Chercheur d’âme, c’est plus qu’une enquête. J’espère que c’est plus que ça, parce que la littérature policière, ça peut pas être juste une enquête, faut qu’il y ait plus de profondeur pis j’ai l’habitude de travailler beaucoup sur les personnages pour les enraciner, pour qu’on voit, pis je pense qu’on le voit dans le roman, comment le passé de ces personnages-là influence ce qu’ils sont aujourd’hui. Autant pour l’enquêteur que pour le criminel. Je m’efforce beaucoup de travailler sur leurs antécédents pis le fait que ce qu’ils font dans le présent, c’est pas gratuit, ça vient de leur passé, de l’héritage de leur passé.


À quel personnage t’identifies-tu?

Quel personnage a été le plus difficile à créer?

En quoi Le Chercheur d’âme se distingue-t-il?

Le plus difficile, c’était le meurtrier, le chercheur d’âme comme tel parce qu’on est exigeant. Des romans policiers, y’en a un, pi un autre, pis un autre. Le personnage du meurtrier en série, faut que ça soit crédible. Pis faut pas qu’on voit qu’il tue gratuitement. Faut qu’on voit pourquoi, il faut que sa personnalité… Vers la fin, y’a des confrontations entre l’enquêteur pis le meurtrier qui sont face à face à quelques occasions dans un interrogatoire. Je voulais vraiment que le lecteur sente que c’est quelqu’un de dérangé, mais en même temps je pense, vous allez le voir, c’est quelqu’un qui est très vulnérable aussi. […] Je ne voulais pas que ce soit tout blanc ou tout noir. Comme l’enquêteur, c’est quelqu’un qui a ses zones d’ombres aussi puis le meurtrier je voulais qu’on voit une certaine vulnérabilité de sa part. Pis ça on le comprend, on comprend pourquoi il est comme ça quand on voit l’échappé de son enfance.

Dans la littérature policière, il y en a vraiment beaucoup des livres. J’ai l’impression d’avoir un sens du suspens, c’est ce que mon éditeur a pensé aussi, y’a beaucoup de rebondissements. Je pense que les personnages sont forts aussi, sont enracinés. Le personnage principal de l’enquêteur, c’est vraiment le pivot dans un récit policier. Si l’enquêteur n’est pas intéressant, tu ne finiras pas le roman. […] Je sais pas, je suis pas le premier à explorer les zones d’ombre d’un enquêteur pis les zones de vulnérabilité d’un criminel, mais je sais pas, c’est ma brique sur le dessus du mur.

Est-ce que des personnes dans ton entourage t’ont influencé?

Et les passages les plus difficiles? De mémoire, j’ai l’impression que le moins évident c’était justement les faces à faces, à la fin, parce que la pression est forte, tu as un crescendo dans l’œuvre. C’est vers la fin, y’a beaucoup de choses qui doivent se

Lors du lancement, il a été mention d’une fin large. Est-ce que ça signifie qu’il va y avoir une suite? Ça laisse entendre ça pas mal, c’était voulu de ma part. Je travaille sur le deuxième qui est pas nécessairement la suite de ça, parce que dans ce roman-là y’a comme deux intrigues. Y’a l’intrigue sur le chercheur d’âme comme tel qui est bouclée à la fin pis en parallèle à ça, y’a une intrigue qui concerne l’enquêteur lui-même pis qui va traverser dans le prochain. Probablement dans l’autre d’après aussi. Moi, je vois cinq romans au total avec ce personnage-là.

Quelle est ta méthode d’écriture? Il ne peut pas y avoir personne autour, j’essaie des fois d’écrire avec de la musique, mais j’ai bien de la misère parce que ça me dérange plus que ça m’aide. Je sais qu’il y a des auteurs qui en ont besoin pis ça les aide à plonger dans l’ambiance. Moi faut vraiment que je sois tout seul dans ma tête. [...] C’est beaucoup par vague. As-tu des conseils à donner? Humilité, accepter de lire les autres, accepter que tout n’est pas parfait la première fois, accepter de retravailler, accepter qu’une critique, pis là ça c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, même pour quelqu’un d’expérimenté, accepter qu’une critique, c’est une critique de l’œuvre et non de la personne. Humilité. Patience. Des fois, un moment donné ça n’aboutit pas, pis quand on force les choses, ça marche pas. Des fois, y’a des choses qui apparaissent d’elles-mêmes. […] Des fois, ça arrive un peu par hasard, c’est bien frustrant parce que là, tu te dis bon bien ça serait le temps que ça arrive, mais c’est ça, faut pas forcer les choses. Humilité, patience, persévérance. Et beaucoup de café. Quelque chose à ajouter? Je souhaite que tout le monde, que le lecteur trouve son compte, même quelqu’un qui n’aime pas nécessairement la littérature policière là-dedans, la profondeur des personnages que ce soit peut-être pour l’écriture, le style. […] Si le roman est lu par des lecteurs qui aiment la littérature policière bin qu’ils réussissent à voir que j’ai pas marché trop souvent dans le champ de mines des clichés qu’il faut éviter. J’espère que le lecteur aura autant de plaisir à le lire que j’en ai eu à l’écrire.

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CULTURE

Pas vraiment, non. Quand tu vois l’univers qu’il y a là-dedans… Non, y’a pas vraiment de personnages à qui je pense, qui ressemblent ne serait-ce qu’un peu à quelqu’un que je connais.

passer dans ces scènes-là. Il faut que tu sois capable de donner au lecteur des réponses, faut qu’il y ait une certaine tension aussi et faut qu’on voit que c’est l’enquêteur qui a le gros bout du bâton, mais en même temps, qu’il dépend un peu de ce que l’autre va lui dire. C’est pas évident comme échange. Il y avait autre chose aussi, je peux pas trop en dire parce que c’est vers la fin pis, vous allez découvrir ça, le meurtrier a une particularité physique qui nuit à son élocution pis c’était pas évident parce que ça, par souci de vraisemblance, j’avais pas le choix d’influencer les dialogues parce que dans sa façon de parler, j’ai pas le choix de le montrer pis en même temps c’était pas facile parce qu’il fallait pas que ça devienne risible, fallait pas que ça devienne ridicule pis que ça donne envie au lecteur de rire. Ça c’était un gros défi.

C’est drôle parce que le premier roman que j’ai écrit qui était un roman fantastique, dont je parlais tantôt, le personnage principal était clairement influencé par moi, pis j’ai l’impression que c’est pas mal le cas de plusieurs auteurs qui écrivent leur premier roman. […] Mais dans celui-là, j’ai l’impression que les personnages sont assez loin de moi quand même. Ne serait-ce que la représentation physique que je me faisais du personnage principal, c’est très loin de moi aussi. Quelques petites affaires peut-être ici et là, mais pas tant.


PONEY À COLORIER


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