Éclosion - No.4

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Hiver 2018 parution N°4 Semaine du 08/05

JEFF KOONS

FIN DE SESSION

MARC SÉGUIN

PAUSE SANTÉ

Dépot Légal : ISSN-0318-1710


TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES

MOT DE LA COORDO

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CULTURE 4

NOTRE ÉQUIPE

L’ART DES DÉFUNTS LA SÉRIE RUINES (2010) DE MARC SÉGUIN

COORDONNATRICE:

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Sarah Gingras

MARIE

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GRAPHISTE:

PAUSE SANTÉ

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Maxence Larouche

L’ATTRAIT DU LUDIQUE

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RÉDACTEURS:

ACRYLIQUE SUR NUIT

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MA SAISON

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TROIS SECONDES AVANT MIDI

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VISIONS ENTRECROISÉES

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BILLY POÈME

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HAÏKUS : INSTANTS FRAGILES

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AUTRES

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CITATIONS CINÉMATOGRAPHIQUES

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JEUX

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Camille Auclair Kim Lehouillier William Leclerc Sara Lucia Pena Ariane Sousa-Caron Sarah Gingras Charles Roberge Iseult Bacon-Marcaurelle Jeanne Lalonger-Laurent

NOTRE ÉQUIPE CORRECTEURS:

Philippe Bergeron Iseult Bacon-Marcaurelle Jeanne Lalonger-Laurent Camille Auclair


MOT DE LA COORDO MOT DE LA COORDO

Bonjour chers lecteurs dévoués,

Ceci est notre dernière parution de la saison. Nous serons de retour à l’automne prochain avec un petit vent de fraîcheur pour vous. Durant cette demi-année, il s’est passé bien des choses si on considère toutes les parutions. Il y a eu certaines chroniques récurrentes, comme les poèmes de Billy, les chroniques des testeuses, et le jardin de racines. Nous reviendrons en force avec de nouvelles chroniques plus extravagantes à la prochaine session.

Je tiens à prendre quelques lignes pour féliciter tous les membres actifs du journal pour leur beau travail et leur implication dans les dernières parutions. Sans eux, il serait impossible de constituer un journal fourni comme en ce moment. Je dis donc bravo et merci à l’équipe qui m’entoure ! Dans un autre ordre d’idée, cette dernière parution est unique en son genre. En effet, celle-ci offre un amalgame de choix de jeux et de lectures, toutes pour vous relaxer de la fin de session. Nous avons même inclus des conseils pour trouver la paix intérieure pour la dernière ligne droite avant les vacances ! Ce journal se veut plus léger pour apaiser les esprits troublés et bombés d’information pour les travaux finaux. Courage, il ne vous en reste pas long.! Par ailleurs, n’oubliez pas que si vous aimez écrire, si vous voulez publier des textes, ou juste vous faire une bonne note à votre CV, le journal est l’endroit pour ça ! N’hésitez pas à nous écrire ou tenter votre chance dans notre superbe équipe. Nous recrutons activement pour continuer la subsistance du journal. Bonne fin de session et que la Force soit avec vous !

www.facebook.com/journaletudiantleclosion j.leclosion@gmail.com

Sarah Gingras, Coordonnatrice du Journal étudiant l’Éclosion

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Section

L’ART DES DÉFUNTS LA SÉRIE RUINES (2010) DE MARC SÉGUIN PAR JEANNE LALONGER-LAURENT

Lors de la dernière parution, j’ai composé un article sur diverses façons de disposer du corps d’un proche décédé de manière plus écologique que le traditionnel enterrement. Je n’ai toutefois pas parlé d’un usage dont on entend peu parler, mais qui s’accorde bien avec la thématique artistique de cette dernière parution de la session et de l’année scolaire. Cet usage, c’est celui d’utiliser les cendres humaines afin de créer des oeuvres d’art. En effet, plusieurs artistes peintres, dont le Québécois Marc Séguin, ont opté pour un mélange de cendres humaines et d’autres matériaux pour créer une teinte de gris plutôt particulière. RUINES

Source: http://www.lemonde.fr/europe/arhttp://www. lapresse.ca/arts/arts-visuels/201009/11/014314673-marc-seguin-le-peintre-des-ruinesmodernes.php https://www.marcseguin.com/#/paysages-nordiques/ https://lemediumsaignant.wordpress.com/tag/ marc-seguin/ http://espritsimple.com/?p=763 http://www.gentside.com/art/un-peintre-americain-realise-des-uvres-d-art-organiques-a-partir-de-cendres_art11657.html

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Marc Séguin, désormais connu et reconnu à l’international, a commencé à exploiter ce pigment en 2010 pour sa série Ruines, composée de gigantesques toiles représentant des églises démolies, grâce au don d’un ami, qui lui a offert les cendres de sa mère. D’une précision étourdissante, les oeuvres créent un premier malaise en raison de leur sujet autrefois noble, mais maintenant chaotique. Inutile de dire que les précisions quant au pigment utilisé suffisent ensuite à complètement chambouler le spectateur. « On ne peut rester de glace devant une ruine en cendres humaines et on ne peut échapper au fait qu’il y a quelque chose d’humain à travers tout ça, que la symbolique est plus forte que celle de la peinture à l’huile. » Marc Séguin Dans l’un de ses tableaux, Séguin a même inclus une horloge sur le toit de l’église dont les aiguilles sont placées à l’heure du décès de la personne dont

les cendres servent de pigment. Il affirme d’ailleurs qu’il a fait le choix de représenter des églises afin de conserver un certain respect pour son médium: « J’ai réfléchi à ce que je pouvais peindre avec ce matériau et pour en préserver le caractère sacré, j’ai opté pour des ruines d’églises. Quand je peins avec des cendres humaines, je le fais avec respect et révérence. C’est chargé de sens. C’est la vie et la mort. On ne joue pas avec ça. » CERTAINES CONDITIONS S’APPLIQUENT S’il est parfois accusé d’être un homme d’affaires par certains et donc de produire des œuvres pour s’enrichir, d’autres le défendent en affirmant que le projet Ruines n’a pas du tout été conçu avec des visées économiques. D’ailleurs, contrairement à l’Américain Daniel Ortega, qui lui peint principalement avec des cendres d’animaux et accepte les commandes comme les portraits des défunts, Séguin refuse catégoriquement ce type de travail : « Jamais je ne peindrai le portrait d’un défunt dont on m’a donné les cendres ». Bien qu’il semble avoir terminé sa série et être passé à autre chose (on l’espère pour lui, après huit ans…), notamment avec sa série Paysages nordiques entre 2016 et 2017 dont le calme diffère du reste de son œuvre, Séguin reste toutefois actif dans la communauté artistique québécoise et mondiale, notamment grâce aux films qu’il produit lui-même et aux romans qu’il écrit.


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MARIE PAR SARA LUCIA PENA

Les gens qui réussissent mal académiquement sont ceux qui, depuis quelque temps, me fascinent le plus. Je sais qu’habituellement on admire ceux qui performent. Moi-même, j’ai longtemps été de cette opinion, mais cette idée change depuis déjà plusieurs mois. Celle qui m’a bouleversée s’appelle Marie. J’ai connu Marie dans des circonstances ordinaires lorsqu’elle a emménagé près de chez moi à la fin du secondaire. Notre amitié a commencé à l’arrêt d’autobus au coin de ma rue, alors qu’elle lisait un bouquin qui me semblait étrange. Je croyais avoir appris à la connaître rapidement, mais je ne m’étais jamais autant trompée. À cette époque, j’étais certaine qu’elle n’était pas très douée à l’école, car elle se disputait constamment avec ses parents à ce sujet. Elle m’informait que ces derniers lui mettaient beaucoup de pression quant à sa performance académique. En effet, Marie était sur le point d’échouer la plupart des matières étudiées au secondaire. Selon ses parents, ce n’était pas ainsi qu’elle réussirait dans la vie.

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Au départ, je les trouvais bien exigeants envers elle. Elle était toujours présente en classe, y participait avec enthousiasme et étudiait autant que le font en moyenne les jeunes. Elle n’étudiait toutefois pas avec la même rigueur que moi, moi qui avais un bulletin plutôt exemplaire. Les professeurs m’aimaient beaucoup et mes parents étaient très fiers de ma réussite académique. Ça avait toujours été ainsi et je m’y plaisais bien. Quant à Marie, les professeurs se montraient impatients avec elle et trouvaient ses questions impertinentes. Une fois, je les ai surpris à argumenter au sujet de Marie pour savoir si elle avait vraiment de la difficulté à comprendre ou simplement un esprit perdu. Certes, Marie était plus ou moins attentive durant les cours et posait énormément de questions. Moi, j’étudiais à m’en ronger les ongles et j’étais stressée à ne plus dormir. Marie, elle, n’éprouvait jamais de stress par rapport à ses études. En fait, à son « éducation ». Elle me corrigeait toujours lorsque je n’employais pas ce terme.

Au fil du temps, je me suis aperçue que Marie était en fait particulièrement intelligente. À maintes reprises, je me suis retrouvée sans mots devant elle alors qu’elle développait ses idées ou qu’elle m’expliquait aisément des concepts reliés à divers domaines. Puis, lorsqu’on parlait, j’ai remarqué que Marie employait un langage bien plus varié que celui des autres adolescents de notre âge, le mien inclus. Elle parlait avec une éloquence distinguée et semblait plus mature que quiconque dans mon entourage. Envahie par l’incompréhension, je l’ai questionnée au sujet de ses notes. Elle m’a simplement répondu : « Pourquoi ? » avec son regard perçant et lourd. Je me suis tue. Il y a déjà plusieurs mois que je n’ai pas parlé à Marie. Elle a déménagé, seule, dans un village à quelques centaines de kilomètres de chez moi, au moment où nos camarades de classe et moimême entamions nos études supérieures. Mais je ne m’en fais pas pour elle. Je sais qu’elle est plus complète que je ne le serai jamais. Où qu’elle soit, je sais que Marie sourit. Où que je sois, je sais que j’aurai toujours beaucoup à apprendre de Marie.


PAUSE SAN+É PAR SARAH GINGRAS

Le stress et l’insomnie sont partis pris lorsqu’on est étudiant. Les travaux de dernière minute, le peu d’heures de sommeil et un très gros taux de caféine dans le corps, c’est le quotidien. Un 8h réparateur de sommeil, c’est un mythe ! Les cernes s’accumulent, les ongles raccourcissent, le stresse de couler un cours, une bouffée d’angoisse avant un examen, tout cela peut être réduit par les petits conseils suivants.

souper. C’est une mauvaise habitude à proscrire du quotidien. En effet, cela dérègle ton cycle de sommeil, ce qui a pour conséquence de t’empêcher de dormir la nuit venue. L’habitude d’une routine de coucher aide grandement à régulariser un bon cycle de sommeil. Il est aussi important d’éviter de faire des devoirs dans son lit. Il est important de garder le lit comme lieu de repos et non d’étude puisque le corps l’assimile pour dormir et non travailler.

UN SOMMEIL DOUX ET LÉGER, C’EST POSSIBLE !

4. Rappelez-vous ce que vous avez appris lors de vos cours d’éducation physique… L’activité physique aide à mieux dormir ! Tout comme la nourriture tardive n’aide pas le système à avoir un bon cycle de sommeil.

1. Pour aider à dormir, il est important de se détendre. Quoi de mieux que de commencer par les muscles. Pour arriver à les relaxer, une bonne douche chaude ou encore un bon bain chaud fait l’affaire. Cela va aider les muscles à se décrisper et la chaleur endort le corps au même titre qu’une douche froide réveille ! 2. Il est préférable aussi d’éviter les ordinateurs, les téléphones et la télévision avant de dormir à cause de la lumière projetée par ceux-ci. Au lieu de lire des sites comme 9gag, tu pourrais lire un livre. Mais pour être sûr de bien dormir, choisis un livre peu intéressant qui ne te parle pas. Le sommeil va venir de lui même. 3. Après une longue journée, il est agréable de se prélasser dans son lit et faire une Power Nap avant le

drastiquement, créant une dépense d’énergie non nécessaire. Le fait de diminuer le sucre aide à stabiliser l’énergie et cela va t’aider à bien la répartir dans tes travaux. 3. Écouter de la musique aide à réduire le stress en plus de créer de l’endorphine (agit comme un neurotransmetteur sur le corps pour créer un effet de joie et d’euphorie sur le corps et le cerveau). Écouter de la musique revient à la même chose que faire du sport, sauf que la perte de calories n’est pas pareille si on fait du sport.

RÉDUIRE SON STRESSE 1. Saviez-vous que boire beaucoup d’eau aide le corps? En effet, lorsqu’on est en manque d’eau, le corps réagit moins bien qu’en temps normal. Cela crée un stress physiologique qui affecte les performances et la santé d’autrui si on ne s’hydrate pas correctement. 2. Évitez de consommer trop de sucre ou de caféine ! Attention à la surconsommation de ces friandises grandement appréciées. Une trop grande consommation de sucre est pro-inflammatoire, ce qui a pour conséquence de stresser le corps. Cela crée un pic d’énergie qui ensuite descend

Source: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/634038/ conseil-insomnie-sommeil-lit-dormir http://www.journaldequebec. com/2015/08/24/20-trucs-simples-pour-mieuxdormir http://votrespecialistesante.com/5-trucs-pourgerer-son-stress/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Endorphine

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L’ATTRAIT DU LUDIQUE PAR ARIANE SOUSA-CARON

Avez-vous été happé par la rondeur de ses courbes, par l’éclat de sa couleur, par le miroitement de sa surface ? Estce que vous êtes retourné à une douce enfance, où un peu de crème glacée ornait les commissures de vos lèvres et que le soleil vous aveuglait pendant que vous tentiez d’observer de plus près votre nouveau compagnon : un petit chien gonflé par le clown attitré de la fête de votre meilleur ami? Ou, au contraire, la vue de cette sculpture vous a-t-elle transporté dans vos pires cauchemars, dans lesquels vous pleuriez seul, recroquevillé dans la salle de bain, parce que ce clown vous hantait et que la seule vue de ce chien vous a terrorisé de manière viscérale? Peu importe, si votre regard s’est magnétiquement placé sur ce chien, vous êtes tombé dans le piège de ce cher Jeff Koons. Balloon Dog est une œuvre réalisée sur une période de 6 ans, de 1994 à 2000. Il en existe plusieurs versions de différentes couleurs : bleu, rose, jaune, orange (la plus chère vendue, son prix est estimé à 58,4 millions de dollars) et rouge. Contrairement à ce que l’on pourrait penser en raison de son aspect aérien, ces sculptures sont réalisées en acier inoxydable, et elles sont d’une grandeur incommensurable (307,3 × 363,2 × 114,3 cm), comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous. D’ailleurs, il est élémentaire de remarquer l’étrange décor dans lequel s’impose ce géant chien. Que cela vous fasse sourire ou grincer des dents, cette œuvre a effectivement été exposée au palais de Versailles, parmi tous les grands chefs-d’œuvre de l’humanité. Que l’on aime l’audace de Koons ou que cet artiste nous fasse détester l’art contemporain pour de bon, il est important d’apprécier certains effets formels avant de tirer une conclusion socio-historico-philosophique sur 8

cette facette de notre époque qui peut se montrer insignifiante, superficielle et exubérante par moments. Les choix de couleur pour ces cinq Balloon dog démontrent un sens de l’esthétique aiguisé dans l’aspect marketing. Je vous garantis que de voir une sculpture de ce volume et de cette vibrance de pigment capte l’attention de tous, et ce, peu importe le musée. Le choix de l’objet est également à prendre en considération. Même en photo, on peut sentir l’odeur de la putréfaction kitsch, et ce serait complètement dénigrant de penser que Koons n’a pas inclus cette odeur, cette ambiance et ce style dans son choix artistique. Il a très bien conscience de l’impact attirant ou dégoûtant de son œuvre. De plus, le travail sur le fini de la sculpture est particulièrement intrigant. Le reflet de la lumière sur la rondeur des courbes du chien est simplement frappant et sublime. Cependant, le public ne remarquera pas cela en premier : c’est son propre reflet qu’il observera. Malheureusement, ce qui anime le plus les visiteurs de musée est de pouvoir entrevoir son propre visage dans une œuvre. Koons nous démontre inconsciemment (ou consciemment) que les expositions seraient probablement plus populaires si on remplaçait les toiles par des miroirs. Le tout aurait encore plus d’impact si l’œuvre que l’on regarde nous divertit, si elle nous fait oublier nos problèmes banals du quotidien. C’est l’apogée de l’attrait du ludique. Méritons-nous l’art que nous recevons ? Si Koons peut se permettre d’avoir une telle production artistique et d’être une des plus grandes vedettes de l’art contemporain, est-ce parce que nous lui permettons cela ?

Source: http://www.jeffkoons.com/artwork/celebration/ balloon-dog-0


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ACRYLIQUE SUR NUIT

PAR PHILIPPE BERGERON Extrait de mon projet d’intégration en Littérature et création

Dans la chambre remplie de nuit, elle se leva lentement dans un froufrou de pyjama. Ses pieds nus caressaient délicatement le plancher glacial tandis qu’elle faisait les quelques pas qui séparaient le lit du bureau. Elle alluma la lampe. Elle créa le jour. Ce nouveau soleil l’aveugla un instant, la figea dans son élan, mais pas pour bien longtemps. Assise bien droite, les yeux encore couverts du voile lacté des rêves en train de s’étioler, elle posa les deux mains sur la table, ouvrit un cahier, prit un crayon et une grande respiration. Puis elle éclata. De son crâne fissuré, fendu, fracturé, sortirent des serpents de brume cosmique qui s’installèrent tout près du plafond, y accrochant de petites étoiles discrètes. Du sang qui éclaboussa le bureau jaillirent des roses rouges, mauves, bleues, parcourues de veinures remplies de néon. Son sang d’encre coula le long des murs, y imprimant des décors fantasmagoriques. Des forêts d’épinettes et de baobabs poussèrent au-dessus du lit, des montagnes enveloppées par le blizzard se dressèrent au-dessus de la 10

table de nuit et les abysses se dessinèrent lentement, au rythme de la descente du sang. Puis, des mares disséminées un peu partout dans la chambre, surgirent des êtres, petits au début, qui grandirent rapidement. De leurs pattes longues et gracieuses, ils voyageaient en troupeaux, faisaient des pèlerinages et des migrations au travers de la pièce. Certains se mirent à voler, d’autres à nager dans les profondeurs de la mer. De temps en temps, les créatures levaient les yeux vers le divin cadavre qui les surplombait. Tout y était : l’environnement, la flore, la faune. Le soleil éclairait ce monde nouveau et silencieux qui pulsait au rythme d’une mélodie cosmique et inaudible, qui dansait dans une harmonie surréelle. Soudain, un bruit fit se figer l’univers, un froissement venu de Dieu sait où. Le monde entier tendit l’oreille, effrayé. Et la lumière s’éteignit.


MA SAISON

PAR SARAH GINGRAS

Je t’ai connu durant l’hiver glacial du Québec. Tu m’as semblé être la première fleur de ce printemps qui s’annonçait. Tu étais douce, délicate, et ton parfum embellissait l’air ambiant. Tu me complétais au gré des saisons. La neige avait pris une teinte et une chaleur différentes lorsque tu étais à mes côtés. Elle se liquéfiait à ton simple toucher, comme mon cœur au contact de tes yeux. Je venais vite à la conclusion qu’une saison sans toi m’était aujourd’hui impossible. Ton être auprès de moi signifiait que je pouvais continuer de vivre tant que tu étais à mes côtés. Les bourgeons de mon estomac, devenus papillons avec le temps, voltigeaient dans cet espace clos. Espace que nous avions créé pour nous. Je m’épanouissais et tu te fanais peu à peu. Un jour parmi ces 365 jours, l’automne arriva brusquement. Je n’étais pas totalement prêt, je m’adaptais rapidement, contrairement à toi, qui te détériorais. Notre relation n’allait plus. Les papillons moururent et la neige réapparut à mes côtés. Tu ne la faisais plus fondre comme avant. Tu t’étais enlisée dans le sol blanc à l’abri de mes regards. Pourtant, tu étais celle qui illuminait et qui assombrissait mes nuits de solstice. Tu étais mon climat, changeante, mais constante.

TROP NOMBREUX Le train passe Il fait froid D’autres âmes errantes arrivent Elles s’acumulent L’odeur aussi. L’impureté tâche le décor Le signal de détresse Vient par vagues Nauséabondes Nous sommes crasseux J’évite la douche Personne n’en revient. La réalité: Jamais je ne reviendrais du camp. 11


TROIS SECONDES AVANT MIDI PAR WILLIAM LECLERC

-Dites-moi, monsieur Schwann, avezvous le temps pour une question? -Pardon? répondit l’interrogateur, confus. La petite salle immaculée faisait sentir l’influence de son volume restreint : seul Schwann Désarbores et le criminel qu’ils avaient réussi à attraper occupaient la pièce, et pourtant le policier étouffait. Dans la pièce adjacente, son collègue Ranvier observait attentivement la scène depuis les moniteurs à l’aide d’Axane, sa nouvelle compagne. Le café posé sur son bureau risquait à tout moment de se renverser sur le vieux clavier délabré. L’étrange suspect disait être coupable, mais n’avait pas voulu expliquer de quel crime, et esquivait habilement les questions de l’interrogateur, qui perdait patience. Arborant une robuste barbe blanche, une calvitie avancée et un regard indéchiffrable, ses lunettes rondes lui donnaient un air inexplicable.

-Je n’ai pas le temps de jouer à vos petits jeux. -Ayons-le, ce temps si cher, alors. *** Un groupe d’enfants jouent au soccer sur le bord d’une route achalandée. Malgré les conseils, puis les interdictions des parents, le groupe solidaire a décidé de se réunir tout de même. La partie va bon train, mais l’équipe des rouges semble plus déterminée à gagner. Le pointage en témoigne. *** -Madeleine, est-ce qu’il reste du lait dans le frigo? lança une voix fatiguée depuis le premier étage.

-Vous êtes le cerveau de ce poste, n’est-ce pas? demanda-t-il.

-J’espère, j’en ai acheté hier, répondit sa contrepartie féminine, tout aussi fatiguée.

-Ici, je pose les questions! Est-ce que je me suis fait comprendre? lâcha Schwann, enragé.

Le riche condo retourna dans son silence usuel, déchirant violemment toute tentative de vivre pleinement.

L’homme porta la main à la poche de sa chemise et en sortit une vieille montre de gousset, en cuivre, semblait-il.

***

-Je pense que vous avez besoin d’un peu de temps pour vous. Votre travail vous épuise. Schwann sentit le poids de son âge peser sur ses épaules. Il pensa un moment aux cernes qu’il voyait sur son visage tous les matins, aux nouvelles 12

rides qui apparaissent peu à peu, et choisit de répondre avec la rage de celui qui s’avoue mal ses torts.

Un homme, n’osant plus se décrire jeune, s’assit dans le métro, s’isolant au sein de la foule en écoutant de la musique avec ce que son cellulaire détenait encore comme énergie. En risquant une futile tentative de penser à autre chose qu’à Leila, il se mit à fixer les gouttes de pluie qui tombaient à vive allure, et eut comme seul réflexe de les imiter tristement.


*** -Ce monde, et le monde, perd son temps, monsieur Schwann. Mais heureusement, vous avez encore le temps d’avoir du temps. C’est plus ou moins à ce moment que Ranvier et Axane s’entendirent pour écrire Cinglé dans son futur dossier criminel. Schwann eut une vague pensée similaire, et aurait éclaté de rire n’eût été le ton doux et pacifique de l’homme. Celui-ci mit sa montre sur la table, et changea les aiguilles pour qu’elles pointent midi moins 3 secondes. -Je vous donne un bref instant de répit. Cependant, il faudra le partager, expliqua l’homme à la montre. *** L’équipe bleue, sentant la défaite approcher, redoubla d’ardeur et de force. Le ballon atterrit au milieu de la route : le plus petit d’entre eux opta pour aller le chercher. Le précieux objet dans ses mains, il n’eut que le temps d’observer l’immense camion qui fonçait droit vers lui. ***

-Je recommande de vous asseoir, dit l’étrange suspect, et de saisir ce moment pour vous et les autres. -Les autres? répondit Schwann, hésitant. Ranvier venait de prendre une gorgée de café, se disant que la situation devenait de plus en plus loufoque et qu’il aurait enfin une histoire à raconter à ses amis. Il se retourna brusquement vers Axone, qui fixait l’inconnu, incapable de percer son regard. Il renversa sa tasse de café.

pans de Schwann comme une délivrance. Comme la première éclosion du printemps, le premier éclat de soleil après la pluie et l’instant où le cœur des grenouilles recommence à battre. La trotteuse de l’homme fit un pas vers le douze. Le café de Ranvier venait de se figer dans l’air. *** -Chéri, viens voir, l’évier ne coule plus. Il faudra appeler un plombier, dit Madeleine. Le silence était différent cette fois-ci. Même son mari ne répondait plus. -Chéri? Elle redescendit les marches et vit son mari figé dans la cuisine, fixant le vide loin devant. Elle s’arrêta, stupéfaite. Étonnée, surtout, mais satisfaite. Elle se surprit à apprécier ce nouveau silence. *** -Deux.

d’à côté, et dans toutes les pièces du bâtiment. Un silence inhabituel. Un rien généralisé. Comme un instant dans la brume, sans voir embrouillé, mais juste assez pour se sentir libéré du poids de regarder loin. Un instant de répit. *** Si les fenêtres du train révélaient un paysage étonnant depuis un moment déjà, il prit un aspect fantomatique à cet instant précis. Lorsque le voyageur voulu regarder la pluie encore, il remarqua, sans émotion d’abord, puis avec fascination, que la pluie s’était arrêtée. Mais les gouttes d’eau étaient toujours là, figées dans l’air. Un instant de répit dans une tempête anodine. *** -Êtes-vous satisfait? demanda l’homme à la montre. -Non, répondit Schwann. -Alors, quelle différence entre maintenant et avant? -Maintenant, je sais.

Un nouveau coup de gong, un écho retentissant, cependant paisible. Une syllabe d’argent, résonnante comme le tonnerre, suivie d’un instant de répit. La trotteuse de la montre avançait toujours. *** Le petit garçon pleurait, serrant le ballon dans ses petits bras, très fort. Pourtant, il ne se passa rien. Lorsqu’il se risqua à ouvrir les yeux, le camion avait arrêté sa course à quelques centimètres devant lui. Le mastodonte de métal se tenait devant lui, figé. ***

-Un.

-Maintenant, trois.

L’homme à la montre venait de prononcer le chiffre avec un tel souffle, qu’on aurait pu penser de l’extérieur qu’il venait de crier. Mais le son fut grave, vibrant, accueilli par les tym-

-Qu’est-ce qui se passe? demanda Schwann. Qu’est-ce qu’il se passait? Rien. Aucun mouvement dans la pièce, dans la pièce 13


VISIONS ENTRECROISÉES PAR ISEULT BACON-MARCAURELLE & PHILIPPE BERGERON

SOIF

VERMINE

Prisonnière de ton corps de fleur Tu diriges tes feuilles vers la lumière Tes racines te retiennent sur terre

Des rats mâchonnent mon ventre Entre leurs dents de plâtre Flottent mes douleurs en lambeaux

Tes pétales qui s’échappent Libérées de leurs liens Embrassent la liberté Ta jalousie coule Pour régaler les abeilles

Ma tête dans l’air plastique Je pleure des cris décharnés

Un œil dans les airs Comme unique voyage Tes rêves, ta soif Du jour où tu seras cueillie Où tu pourras enfin T’élever jusqu’au ciel

LA DERNIÈRE NUIT Les lèvres fanées de la nuit qui s’achève baisent mon front. Dans ses yeux-miroir, je nous vois hier, pareillement couchés, pareillement brûlants, couverts des brûlures de notre abandon désespéré. Le soleil se lève. Mon lit est vide. La journée sera longue, et la nuit, froide.

Jusqu’à ce que s’éteignent les bêtes Qui arpentent et calculent De mort en large et en artères Les jardins de mon sang empoisonné Je serre mon âme dans ma mâchoire Le temps qu’ils s’étouffent Affamés

SOLEIL

BANQUET AMOUREUX

il faisait noir dans sa tête

Ton amour au compte-gouttes C’est des dégustations d’épicerie Je savoure, je découvre, je déguste De nouvelles saveurs toutes plus exquises, Puis, c’est déjà fini Je ne suis jamais rassasiée Ce que je veux, c’est un buffet à volonté de ton corps Carte des vins de ta voix Bar à salade de ton odeur Table d’hôte de ton âme Je suis affamée que les barrières explosent

quand elle avait les yeux ouverts elle ne voyait que la nuit que le noir elle avait le ventre rempli de désert et de cendres j’ai vu ses larmes de pétrole et ses pleurs de charbon j’ai vu sa tristesse d’apocalypse je l’ai prise dans mes bras et j’ai essuyé la suie qui couvrait ses yeux j’ai créé le jour dans sa vie de nuit.

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Qu’elles m’ouvrent l’accès À ton désir illimité Pour que je puisse enfin te dévorer jusqu’à l’indigestion

AURORE j’ai bu l’aurore qui perlait à ses lèvres pour colorer le ciel de mes paupières lourdes


Billy

Poème

Plus ils sont petits, plus ils remplissent la page.

PAR BILLY CHARLAND

PASSAGER

ESPRIT SAUVAGE

Le bonheur est un avion de papier

Croquis d’un chaos sur nos corps d’encre Les aiguilles ont fait leur chemin jusqu’à nos cœurs sauvages

Une folie sans pilote Une comète sans traînée Un poète entraîné Nos trou noirs inversés CHUUUUT Nous sommes les seuls à connaître la fin Seuls Tous ensemble à vol d’euphorie

DÉGÉNÉRATION Filtrer nos tristesses en mémoire Préparer le chaos pour le soir Chercher la perfection dans un nuage Poster l’ennui dans l’immensité Une autre bouteille à l’océan Parchemin de nos cœurs vitrés Métamorphosé en un souffle séant Voguer jusqu’au courant Chercher le contact d’un

ami

Un émoticône sans émotion rassurés Clouons nos âmes sur nos murs Notre galerie Fantômes

Les selfies ont mémorisé nos sourires préfabriqués nos âme déteintes des spectres étendus au cul-de-sac d’un coup de tête un mur indélébile trop dur pour mon front

UNE ÉTINCELLE SUR L’EAU Une allumette en spectacle Billets de bonheur Plein les poches Poudre d’euphorie Plein la face Pupilles de désirs Plein le cul Mon esprit miroir Plein la chambre Mon corps meuble Accessoire Plein le cul Le spectacle est fini

COURANT Les saumons remontent nos chutes désertes le temps que nos reflets fleurissent ce sera l’automne

désarticulés

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HAÏKUS

INSTANTS FRAGILES PAR ISEULT BACON-MARCAURELLE

Crocs de l’hiver Poignards glacés Fragilités suspendues

Chant de l’espoir Caché entre les branches nues L’oiseau appelle le soleil

Traces de vie Chemins croisés J’utilise ses pas

Langue du bonheur, Au palais de mes lèvres, Arpenteuse

Mouvement fugitif Réveil tendresse Nos corps se serrent plus fort

Cœur en mousse Goûteur insolent Chocolat au coin du bonheur

Surprise matinale Route gelée Chute de rire

Les nuages moutonneux Perdent leur laine Dans l’ultime tonte

Orage d’enfance Frissons d’innocence Étreinte réconfortante

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Autres

CITATIONS CINÉMATOGRAPHIQUES 1 « Peu importe ce qu’on pourra vous dire, les mots et les idées peuvent changer le monde. » film : _________________________________________________ , Peter Weir 2 « Les choses que l’on possède finissent par nous posséder. » film : _________________________________________________ , David Fincher 3 « À la gare, y’avait trois manteaux, dans ces trois manteaux y’avait trois mecs et dans les trois mecs y’avait trois balles. » film : _________________________________________________ , Sergio Leone 4 « C’est à une demi-heure d’ici. J’y suis dans dix minutes. » film : _________________________________________________ , Quentin Tarantino 5 « Tu vois, le monde se divise en deux catégories: ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi tu creuses. » film : _________________________________________________ , Sergio Leone 6 « La différence entre toi et moi, c’est que moi j’ai la classe. » film : _________________________________________________ , Barry Sonnenfeld 7 « J’ai les mains faites pour l’or, et elles sont dans la merde! » film : _________________________________________________ , Brian de Palma 8 « Comment définir le réel ? Ce que tu ressens, vois, goûtes ou respires, ne sont rien que des impulsions électriques interprétées par ton cerveau. » film : _________________________________________________ , Andy & Lana Wachowski 9 « Je Veut Faire Un Jeu. » film : _________________________________________________ , James Wan

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1 - Le cercle des poètes disparus, 2 - Fight Club, 3 - Il était une fois dans l’ouest, 4 - Pulp Fiction, 5 - Le bon, la brute et le truand, 6 - Men in black, 7 - Scarface, 8 - La Matrice, 9 - Décadence

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