Cone beam et greffes sous sinusiennes

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CONE BEAM ET GREFFES SOUS-SINUSIENNES Dr Harry MAAREK, ORL

Dr Norbert BELLAICHE Radiologue

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www.conebeamparis.com

Les greffes sous-sinusiennes sont aujourd’hui des techniques théra-

I. LA TECHNIQUE DU CONE BEAM

peutiques éprouvées, plus que trentenaires (1), aux indications de

fait appel à

plus en plus nombreuses dans le cadre de la réhabilitation dentaire

- un appareil à moyen champ (supérieur ou égale à 8 x 8 cm), de

implanto-portée (2). Elles ont pour but d’augmenter la hauteur d’os

définition moyenne, à voxels de 150 à 250 µm, pour une analyse

maxillaire antral en implantologie, qu’il s’agisse d’élévation sinu-

de l’ensemble des sinus maxillaires, ostia infundibulaires compris;

sienne par voie latérale (ESVL ou « sinus lift ») ou par voie crestale

en cas de pathologie sinusienne, notamment inflammatoire, pou-

(technique de Summers [3]). Le cone beam (CBCT) des maxillaires

vant s’étendre aux autres sinus (cellules ethmoïdales, frontales et

et des sinus s’est imposé comme la technique de référence en

sphénoïdales) une étude exhaustive du nez et des sinus sera utile

implantologie et en pathologie dentaire et dentosinusienne (4,5),

(grand champ, supérieur à 12cm de hauteur) ; il est par ailleurs

loin devant les techniques standard (panoramique et rétro-alvéo-

admis qu’une exploration sinusienne, par cone beam ou scanner

laires) et supplantant la tomodensitométrie (TDM) qui est plus irra-

(TDM), doit englober le maxillaire supérieur afin de ne pas mécon-

diante, plus artéfactée, plus coûteuse et moins précise (sauf en ce

naître la responsabilité éventuelle d’une pathologie endoparodon-

qui concerne les mesures de densités). Le cone beam s’avère donc

tale dans une sinusite ;

aujourd’hui essentiel dans le bilan préopératoire et le suivi des

- des reconstructions secondaires localisées en haute définition (à

greffes sous-sinusiennes.

voxels de 75 à 125µm), pour l’étude fine d’un secteur limité.

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II. INTERET DE L’IMAGERIE DANS LE BILAN ET LE SUIVI DES GREFFES SOUS-SINUSIENNES

augmenté d’un mm de chaque côté.

1. BILAN PREOPERATOIRE

approximativement des densités relatives en cone beam (6), la

• La « qualité » de l’os résiduel (Fig.2b) est appréciée par logiciel de simulation (Simplant*, Nobelclinician*…) évaluant tomodensitométrie étant plus fiable puisqu’elle permet la mesure de

A. LE PANORAMIQUE, indispensable mais insuffisant, permet

densités précises, exprimées en Unités Hounsfield (HU) et distin-

d’approcher la hauteur d’os disponible (Fig.1),

guant les quatre types d’os selon Lekholm et Zarb (7).

Figure 1. Panoramique dentaire avant greffe sous-sinusienne. Estimation approchée de la hauteur d’os des régions dentaires antrales édentées (doubles flèches en 16, 25 et 27).

Figure 2b. Simulation Simplant* du volume du greffon (1: Hauteur de 14 mm) et des implants envisagés d’emblée. Deux implants de 4mm de diamètre et 11,5mm de longueur sont planifiés (2). La densité péri-implantaire de l’os résiduel est mesurée (3).

B. LE CONE BEAM PREOPERATOIRE DU MAXILLAIRE , incluant la totalité des sinus maxillaires, précise :

b. Le volume du greffon peut être mesuré a priori par logiciel

a. L’os résiduel

de simulation (Simplant*... [Fig.3a]), permettant de prévoir, selon le

• Le volume osseux résiduel des régions antrales à

volume à prélever, le site donneur d’une autogreffe (7) ainsi que le

implanter (Fig.2a):

choix du biomatériau [8]).

Figure 3a. Simulation Simplant* du volume de greffons autogènes et des implants (7 en tout) prévus dans un deuxième temps.

• Autogreffes

Figure 2a. Cone beam avant greffe : mesures précises des régions de 17 et 16 (5 mm de hauteur et en épaisseur), autorisant une greffe avec implantation associée en un temps.

:

d’origine

extra-orale,

iliaque

ou

crânienne (Fig.3b) (9) ou bien par mélange de cellules souches mésenchymateuses autologues et de Plasma Riche en Plaquettes

*hauteur d’os sous sinusienne, «corticale» du plancher sinusien comprise, en sachant qu’une hauteur supérieure ou égale à 5 mm, permettant une stabilité primaire d’un implant, autorisera une greffe avec implantation en un temps ; en cas de technique de Summers, la hauteur minimale a pu être réduite à 4 voire 3 mm ; *épaisseur d’os à la crête, et en cas d’épaisseur inférieure à 5 mm, hauteur résiduelle à l’aplomb du niveau de 5 mm d’épaisseur; en cas d’épaisseur insuffisante, une greffe d’apposition latérale autogène (par exemple d’origine ramique), préalable au sinus lift, peut s’avérer nécessaire ; *dans les cas d’implantation encastrée, l’espace

Figure 3b. Greffe autogène (pariétal) réussie (1). Os résiduel avant greffe, de densité nettement plus basse que celle du greffon (2). Simulation pré-implantaire.

mésiodistal doit être égal ou supérieur au diamètre de l’implant,

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(PRP*) du patient (10); os d’origine orale mandibulaire: (menton et ramus) qui comme le pariétal crânien est bien évalué par cone

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beam (Fig.3c).

Figure 3e. Greffe de matériau synthétique réussie (BétaTCP : Kasios Haute Porosité*) 1.Greffon. 2. Sinus normal et ostium libre.

Figure 3c. Sites mandibulaires donneurs d’os autogène. Ramus (flèches fines) et symphyse mentonnière (grosses flèches).

• Allogreffes d’origine humaine (banques d’os humain, [Biobank*]) ; par ailleurs, le volume à greffer, évalué par cone beam, peut être transmis sous forme de fichier STL (pour stéréolithographie) à une machine-outil taillant un greffon cortico-spongieux « sur mesure » à partir d’une tête fémorale allogène [11, 12]).

Figure 3f. Comparaison des trois types de greffe illustrés ci-dessus. 1. Autogène (pariétal). 2. Xénogreffe (Bioos*). 3. Biomatériau synthétique (BétaTCP : Kasios HP*).

• Xénogreffes (Bio os* d’origine bovine) (Fig.3d).

Figure 3d. Xénogreffe réussie (Bioos*). 1. Greffe. 2. Sinusite controlatérale.

• Biomatériaux

synthétiques

(Hydroxyapatite

et/ou

Figure 4a Sinus de la face normaux. Noter la densité aérique des sinus (noirs) et la muqueuse sinusienne non épaissie et donc quasiment non visible. 1. Reconstruction frontale : a : sinus maxillaire, b : infundibulum, c : ostium infundibulaire, d : processus unciforme (ou unciné), e : méat moyen, f : cornet moyen, g : cloison nasale, h : fosse nasale, i : cellule ethmoïdale. 2. Reconstruction axiale : i : cellule ethmoïdale, j : sinus sphénoïdal. 3. Reconstruction sagittale : i : cellule ethmoïdale, j : sinus sphénoïdal. K : sinus frontal. 4. Reconstruction tridimensionnelle.

Béta

Tricalcium Phosphate [Kasios HP*]) (Fig.3e).

c. L’état du sinus maxillaire: -Sinus normal (13,14, 15) (Fig.4a) • parfaitement aérique avec membrane de Schneider invisible ou à la limite de la visibilité ;

nets moyens, volumineuse bulle ethmoïdale…) ;

• le complexe ostio-méatal doit être libre; une variante anato-

• l’éventualité de cloison (s) ou septum (s) de la paroi antérolaté-

mique, cause d’obstruction ostiale, est aussi à signaler, même sans

rale constitue une variante pouvant compliquer le décollement de la

obstruction, justifiant une attention post-opératoire particulière (cel-

muqueuse ;

lules de Haller [Fig.4b], déviation septale, concha bullosa [Fig.4c],

-cloison vestibulopalatine les plus souvent, imposant deux volets

variantes du processus unciforme, inversion d’orientation des cor-

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distincts ou à défaut un large volet (Fig.4d); 34

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Photos : JC Parmeland/Fotolia : Olaru Radian-Frank Rhode

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Figure 4e. Artère alvéolaire postérosupérieure. Intrapariétale (1) et endopariétale (2).

Figure 4b. Causes d’obstruction ostiale : Cellules de Haller éthmoïdo-maxillaire bilatérales (flèche), réduisant le complexe ostio-méatal gauche.

Figure 4f. Artère alvéolaire postérosupérieure. Trajet reconstruit en 3D (flèches). Logiciel Néovision 3D*.

-cloison mésiodistale plus rarement, réelle difficulté pouvant faire abandonner le projet de greffe par voie latérale ; • l’artère alvéolaire postéro-supérieure (Fig.4e) (formant une boucle anastomotique dite artère alvéolo-antrale avec la sous-orbitaire) chemine parallèlement à la crête alvéolaire dans la paroi antéro-externe du sinus ou le long de sa face interne ou de sa face externe ; localisée par cone beam, elle est à éviter lors de l’ouverture de la paroi ; sa lésion cède en règle à une compression prolongée mais peut gêner le décollement de la muqueuse et faire retarder le sinus lift de 3 à 4 mois, délai souvent nécessaire à la cicatrisation de la membrane. -Sinus pathologique Il peut faire retarder ou abandonner le

Figure 4c. Causes d’obstruction ostiale : Sinusite unilatérale gauche par obstruction ostiale : concha bullosa du cornet moyen gauche (flèche rouge) et déviation septale (flèche bleue).

projet de greffe. L’imagerie tridimensionnelle permet de distinguer deux tableaux radiologiques distincts, parfois associés : • en faveur d’une sinusite chronique, cas le plus fréquent et défini classiquement par une atteinte inflammatoire nasosinusienne de plus de 12 semaines (16) -épaississement muqueux régulier, linéaire ou légèrement mamelonné, partiel ou en cadre (Fig.5a): un ou des kystes sous-muqueux, bénins,

peuvent

s’y

associer,

sans

modification

du

pronostic (Fig.5b); -possibles calcifications linéaires para-pariétales, dites métaplasiques, témoignant d’une évolution lente et souvent ancienne (Fig.5b et 5c) ; -assez tardivement, épaississement des parois sinusiennes (Fig.5a); • en faveur d’une sinusite aigüe (Fig.5d) (d’emblée ou par accutisation d’une sinusite chronique) : -épaississement muqueux irrégulier, volontiers festonné et/ou bulleux

Figure 4d. Sinus cloisonné. Septums frontaux, antérieur (1), compliquant la réalisation du volet, et postérieur (2).

-niveau liquide en cas de suppuration liquidienne, une suppuration épaisse, volontiers ancienne

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imagerie

Figure 5d. Sinusite aigüe suppurée à gauche. 4 signes de suppuration : épaississement muqueux : 1. Irrégulier, 2. festonné, 3. bulleux, 4. avec niveau liquide (très inconstant). A droite, aspect de sinusite chronique, avec épaississement régulier, linéaire ou mamelonné (5). Des deux côtés, obstruction ostiale (6).

Figure 5a. Sinusite chronique maxillaire droite. Epaississement muqueux régulier, en cadre (1) et polypoïde (2). Absence d’obstruction ostiale (3) par méatotomie. Epaississement pariétal (4) signant le caractère ancien de la sinusite.

• Les sinusites chroniques sont le plus souvent asymptomatiques. • Les poussées infectieuses aigües sur sinusite chronique et les sinusites aigües d’emblée sont souvent symptomatiques, douloureuses et/ou fébriles, avec possible jetage purulent. • Des opacités sinusiennes asymptomatiques, non pathologiques, se voient dans 20 % de la population ; il s’agit volontiers de simples kystes sous-muqueux, d’étiologie mal élucidée, retrouvés volontiers en cas de trouble de la ventilation sinusienne par rétrécissement ou obstruction ostiale et/ou en cas de pathologie dento-alvéolaire Figure 5b. Sinusite chronique avec calcifications métaplasiques à droite (flèche rouge) et kyste sous muqueux à gauche (flèche bleue).

sous-jacente (Fig.5e); leur contenu est muqueux ou séreux et ils sont souvent faussement décrit comme des « polypes », le cone beam comme le scanner ne pouvant les distinguer; dans le doute, l’endoscopie tranche le plus souvent, au besoin par histologie.

Figure 5c. Sinusite chronique avec calcifications métaplasiques linéaires fines (flèches).

Figure 5e. Kyste sous muqueux en rapport avec une communication buccosinusienne (CBS) incomplètement comblée (sur le plan osseux). 1. Kyste sous muqueux 2. CBS.

pouvant ne pas se traduire par un niveau linéaire ;

• Des opacités sinusiennes asymptomatiques peuvent être patho-

• une obstruction du complexe ostio-méatal n’est pas systéma-

logiques (polype proprement dit, aspergillome, voire tumeur

tique mais signe une sinusite de confinement. Ses causes possibles

maligne), diagnostics parfois évoqués par la sémiologie radiolo-

sont multiples :

gique et confirmés par l’endoscopie, voire l’histologie.

-épaississement muqueux infundibulaire obstructif (Fig.5d) ;

• Des opacités sinusiennes pathologiques peuvent disparaître

-variantes anatomiques locales (vues plus haut).

temporairement sous traitement corticoïde (polypose naso-sinusienne, les polypes n’étant pas différentiables de simples kystes au cone beam, le diagnostic étant endoscopique [Fig.5f et 5g]), d’où

-Certaines règles d’interprétation du cone beam des

l’intérêt d’un interrogatoire portant sur l’existence d’une baisse de

sinus sont à garder en mémoire (14,17).

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l’odorat et sur les thérapeutiques précédant l’examen, la polypose 37

(...)


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Figure 5i. Communication bucco-sinusienne post extractionnelle (flèches).

Figure 5f. Polypose nasosinusienne typique : pansinusite et polypes nasaux bilatéraux.

une activité ostéoclasique et étant plus fragile.

-› L’avis d’un médecin ORL, avant la greffe, est souvent indispensable au moindre doute de sinus pathologique ou à potentiel pathologique (causes d’obstacle ostiale, cloison pariétale…).

2. BILANS POSTOPERATOIRES Ils sont précoces ou à distance de la chirurgie. A. EN POSTOPERATOIRE IMMEDIAT OU PRECOCE (0 à 8 jours) a. Le panoramique dentaire permet de s’assurer du volume

Figure 5g. Polypose nasosinusienne traitée : ne persistent sous corticothérapie que deux petits polypes maxillaires droits (1) et une polypose nasale bilatérale (2).

approximatif du greffon (Fig.6), et de l’absence de signe évident de complication: opacité sinusienne patente, parfois fragment détaché intrasinusien.

Figure 6. Panoramique dentaire de contrôle à distance d’une réhabilitation implanto-portée bilatérale sur greffes sous-sinusiennes sans complication.

Figure 5h. Solution de continuité pariétale (flèches).

nasosinusienne étant une contre-indication formelle à toute forme

b. Un cliché rétro-alvéolaire est souvent suffisant après tech-

de greffe sous-sinusienne.

nique de Summers, pour contrôler le volume greffé.

• Il est admis qu’un épaississement muqueux régulier inférieur à 5

c. Cone beam

mm, non suppuré et sans obstruction ostiale ne constitue pas une

• Indications

contre-indication au sinus lift .

- au moindre doute clinique ou radiologique de complication

• Une solution de continuité osseuse rend difficile le décollement de la muqueuse ainsi que l’ostéoconduction d’un greffon (Fig.5h),

- et, en cas de technique de Summers, si le comblement est peu

• de même qu’une communication bucco-sinusienne, imposant sa

ou pas visible du fait, par exemple, d’un os résiduel trop dense.

fermeture préalable par lambeau palatin ou par la boule de Bichat

• Il recherche d’éventuelles complications immé-

et un délai de 3 à 4 mois avant sinus lift (Fig.5i);

diates (18):

• le même délai est à respecter en cas d’extraction récente, sur-

-

Hémosinus, évoqué en cas d’épistaxis, dû à l’effraction

tout si les dents souffraient de parodontite, la muqueuse gardant

LS

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de la membrane ou par atteinte d’une artère alvéolaire (anastomoses intraosseuses surtout). Il se caractérise le plus souvent par une opacité d’allure liquidienne, avec bords festonnés, bulles et niveau liquide (aspect évocateur de suppuration sans signe infec-

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tieux) et peut se surinfecter en cas d’obstruction ostiale associée, imposant une antibiothérapie de couverture. - Fuite de greffon * Fuite intrasinusienne de greffon (Fig.7a) : due à une perforation de la muqueuse (constatée en peropératoire dans 15 à 35 % des cas selon les séries) insuffisamment réparée ou passée inaperçue (technique de Summers), se compliquant de sinusite réactionnelle, voire de sinusite de confinement en cas de blocage ostial par un fragment. * Fuite vestibulaire de fragment de greffon (Fig.7b), expulsé par le

Figure 7c. Fuite intrasinusienne d’implants (1) et communication bucco-sinusienne (2).

volet d’ostéotomie, plus rare et due à un lâchage complet de suture vestibulaire. - Fuite intrasinusienne d’implant (Fig.7c) Cliniquement évidente en règle, le cone beam permet de localiser le ou les implants et guider l’extraction par méatotomie moyenne (implants

Figure 7d. Sinusite aigüe postopératoire menaçant la greffe sous-sinusienne gauche.

situés dans les 2/3 supérieurs du sinus), méatotomie inférieure ou par voie vestibulaire ou crestale en cas d’implants bas situés. - Sinusite aiguë précoce, dite sinusite du 8ème jour (Fig.7d) suspectée devant des signes cliniques évocateurs (rhinorrhée purulente, douleurs, fièvre), souvent due à une contamination peropératoire à germes anaérobies, favorisée par un hématome Figure 7a. Greffe menacée en postopératoire précoce : fuite de greffon intrasinusien incarcéré dans l’ostium (1). Sinusite de confinement (2).

insuffisamment drainé ou par à une couverture antibiotique insuffisante, elle cède en règle sous traitement anti-infectieux adapté de dix jours, si le sinus est préalablement sain. Sauf en cas de sinusite suraiguë ou de confinement précoce, le cone beam n’est en général pratiqué qu’en fin de traitement pour en confirmer la guérison.

B. EN POSTOPERATOIRE SEMI-PRECOCE (3 à 12 semaines) les complications sont surtout infectieuses (18). • Sinusite trainante, dite sinusite de confinement de la 3ème semaine (Fig.8a). Elle est trois fois plus fréquente que la sinusite aigüe précoce, et serait liée à quatre mécanismes parfois intriqués : 1. Décompensation d’un complexe ostio-méatal initialement pathologique : d’où l’intérêt du dépistage systématique d’une obstruction ostiale et de ses facteurs de risque anatomiques par cone beam préopératoire. Figure 7b. Greffe menacée. Greffon détaché en vestibulaire par lâchage complet des sutures (flèches).

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2. Opacité polypoïde du plancher ou d’une paroi impactée dans l’ostium.

(...)


bactériologique protégé au méat moyen, méatotomie moyenne souvent associée à une voie de Caldwell-Luc, exérèse du greffon, curetage de la muqueuse et dépose des implants. On rapproche de l’ostéite la nécrose du greffon, pouvant se surin-

imagerie

fecter, due volontiers à un greffon volumineux (Fig.8c) (nécrose centrale) ou à une greffe sur os pathologique, ostéite ou ostéonécrose d’origine iatrogène (biphosphonates ou radionécrose [Fig.8d]).

Figure 8a. Sinusite de confinement chronique antérieure. Sinusite maxillaire obstructive (1), ethmoïdale (2) et frontale (3) homolatérales, respectant les cellules sphénoïdales et ethmoïdales postérieures (4).

3. Obstruction ostiale par fuite intrasinusienne et incarcération ostiale de greffon. 4. Rehaussement sinusien supérieur à 16mm, bloquant l’ostium. Figure 8c. Nécrose centrale de greffon à 6 mois (1) sans sinusite. Sinusite controlatérale (2).

Tous ces facteurs peuvent être dépistés par cone beam, en préopératoire pour les deux premiers et en postopératoire pour les deux derniers. Suspectée cliniquement devant un tableau de sinusite aigüe ou subaigüe associant mouchage purulent unilatéral nauséabond, algie de la face, toux grasse et fièvre inconstante, son traitement associe une bi-antibiothérapie à base d’Amoxicilline*-Acide clavulanique* et de Levofloxacine* durant 10 jours, corticothérapie et désinfection nasale et est contrôlé par endoscopie nasale à J15 et cone beam systématique à J21 ; en cas de persistance de l’obstruction, s’impose une méatotomie moyenne par voie endonasale afin d’éviter l’infection et l’ostéite du greffon.

Figure 8d. Nécrose de greffe (1) sur os pathologique (Ostéoradionécrose [2]).

• Ostéite du greffon (Fig.8b) C’est une complication non rare d’une sinusite de confinement masquée par un traitement médical inadapté, pouvant s’étendre aux autre sinus, réalisant une

C. LE CONTROLE CONE BEAM DU GREFFON A SIX

pansinusite antérieure, s’associer à une ostéite des parois du sinus

MOIS est systématique, coïncidant avec le terme évolutif classique

maxillaire, une cellulite vestibulaire avec lâchage des sutures, une expulsion des greffons ostéitiques par une communication bucco-

d’une cicatrisation des tissus profonds.

sinusienne et une mobilisation des implants posés lors du comble-

• En

ment.

greffon (Fig.9):

Le traitement associe antibiothérapie parentérale après prélèvement

- volume satisfaisant, mais de hauteur inférieure ou égale à 16 mm;

Figure 8b. Sinusite de confinement (1) et nécrose du greffon (2).

Figure 9. Contrôle de greffe à 6 mois sans implantation d’emblée. Tous les critères de réussite sont présents.

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faveur

de

l’évolution

favorable

d’un

(...)


imagerie Figure 10. Contrôle de greffe à 6 mois avec implantation d’emblée réussie, sans signe de complication.

le remodelage inéluctable à envisager est d’environ 30 % du volume global au terme de plusieurs années d’évolution ;

Figure 11. Sinusite de confinement tardive après 6 mois (1). Résorption importante du greffon (2). Non-ostéo-intégration des implants (3).

- greffon homogène, sans hypodensité évocatrice de nécrose, en général centrale ; - à contours réguliers, harmonieux ; - de densité satisfaisante, volontiers supérieure à celle de l’os résiduel ; - bien fusionné avec l’os résiduel ; - avec réaction muqueuse modérée ou absente - et complexe ostioméatal perméable. • Les implants posés en même temps que le greffon doivent être complètement et largement ostéo-intégrés, suffisamment séparés les uns des autres et harmonieusement répartis (Fig.10). •

Si l’implantation n’avait pas encore été réalisée, elle peut être

Figure 12. Kyste sous-muqueux (1) sur greffe réussie (2), sans valeur pathologique.

planifiée, au mieux par simulation implantaire (Fig.3b)

complète de l’ostium) et/ou à une pathologie inflammatoire sous-

• Les complications sont surtout infectieuses comme

jacente (greffon, alvéolite…) (Fig.12).

nous l’avons vu: - sinusite de confinement évoluant sur un mode chronique et ayant pu induire ostéite et/ou nécrose du greffon (Fig.11) ; - kyste sous-muqueux, se présentant comme une opacité du plancher peu ou pas évolutive, en rapport avec un blocage du canal des cellules glandulaire de la muqueuse, s’associant volontiers à un trouble de la ventilation sinusienne (obstruction plus ou moins

CONCLUSION Les complications des greffes sous-sinusiennes sont dominées par le risque de perforation de la membrane et la sinusite de confinement, pouvant être prévenues : -en préopératoire par un dépistage des patients aux antécédents rhino-sinusiens et un cone beam systématique, évaluant l’état du complexe ostioméatal ainsi que les facteurs de risque anatomiques d’obstruction ostiale secondaire; en cas de sinusite chronique ou évolutive, sa prise en charge par un médecin ORL avant toute greffe, est indispensable ; -en peropératoire, la prévention de la sinusite est assurée par l’absence d’excès de hauteur du greffon et par la bonne gestion de la réparation des perforations de la membrane de Schneider et, à défaut, par le report du sinus lift. -En postopératoire, le diagnostic d’une sinusite doit être précoce, par une surveillance clinique et au besoin par cone beam et

Figure 10. Contrôle de greffe à 6 mois avec implantation d’emblée réussie, sans signe de complication.

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fibroscopie nasale, pour un traitement adapté en collaboration étroite avec un médecin ORL.

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Le cone beam a donc un intérêt préopératoire pour le bilan chirur-

11. BELMON P. Utilisation de plaques allogéniques cortico-

gical et le dépistage des sinusites, ainsi que postopératoire pour

spongieuses dans la reconstruction du maxillaire. Inform. Dent

l’évaluation de la greffe et le dépistage des complications. Son

2013; 9/10 : 17-27.

usage dans l’exploration des sinus devrait à l’avenir se substituer, comme en odontologie, à celui de la tomodensitométrie.

12. DEMOLON I. Utilisation du cone beam en chirurgie buccale. R.O.S, septembre 2013.

REMERCIEMENTS du Dr Norbert BELLAICHE au Dr Maurice

13. BRAVETTI P. Anatomie et radiologie mésenchymateuses en

Rotenberg, pour sa confiance et sa fidélité.

chirurgie buccale et implantologie. In Hodez et Bravetti éditeurs, Imagerie par faisceau conique « cone beam ». Montpellier, Sauramps Medical ; 2010.

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1. BOYNE P.J, JAMES R.A. Grafting of the maxillary sinus floor with autogenous marrow and bone. J Oral Surg (1980), 38

15. PEYRONY C, BELY N, HURTIER O, BONFILS

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inflammatoire des sinus. Feuillets de radiologie (1995) : 35, 321-

2. SEONG W-J, BARCZAL M, JUNG J, BASU S, OLIN

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HALIMI Ph. Comment interpréter une TDM dans la pathologie

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implantologie

communiqué Le Système Bicon est un système d’implants dentaires unique qui offre depuis 1985 une solution globale à la communauté dentaire du monde entier. Les ingénieurs et les cliniciens de Bicon sont à l’origine de nombreuses innovations en dentisterie des implants, depuis plusieurs dizaines d’années. Le design de plateau unique de Bicon suit les principes de bio-ingéniérie qui permettent l’utilisation d’implants courts. Son cône d’obturation assure la connexion implant-pilier et une totale étanchéité (absence de “gap” et de micro-mouvements). Le cône morse garantit un positionnement à 360° du pilier, ce qui offre une flexibilité de restauration sans précédent par rapport aux autres systèmes d’implants. L’épaulement incliné de l’implant Bicon garantit une restauration esthétique de la gencive, réalisée aisément du fait que l’os qui est maintenu au-dessus de l’épaulement de l’implant offre un support naturel pour les papilles inter-dentaires. Le design unique de Bicon et ses techniques cliniques révolutionnaires ont non seulement passé l’épreuve du temps, mais continuent à guider toute la dentisterie des implants. Bicon accueille les cliniciens du monde entier, de façon à ce que vous et vos patients puissiez également profiter des avantages cliniques de Bicon. Bicon Europe, Ltd. Tél. +353.61.303.494 • www.bicon.com

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