Vol23 fr

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Gratuite 2015 JUILLET

vol. 23 De nouvelles découvertes au Japon

Quel est donc cet artiste mystérieux ?

TECHNOLOGY NEWS

Le microscope électronique le plus performant au monde au service du progrès technologique

Ecchu-Yao

「Owara Kaze No Bon」

【Spécial】les

contraintes exquises des espaces réduits

L’étroitesse et l’exigüité peuvent être un atout !

QUALITY REVIEW

Une gelée médicinale pour avaler et faire glisser les médicaments en douceur jusqu’à l’estomac Le Pico-Falcon, un mini hélicoptère télécommandé qui se faufile dans le moindre recoin

fre.jqrmag.com


De nouvelles découvertes au Japon

Quel est donc cet artiste mystérieux ?

vil.23 (sortie le 25 Juillet 2015). C OV E R

Photography/Yuko Iida

S O M M A I R E 02 De nouvelles découvertes au Japon Quel est donc cet artiste mystérieux ?

04 TECHNOLOGY NEWS

Le microscope électronique le plus performant au monde au service du progrès technologique

05 D’autres yeux, d’autres oreilles

JQR

faces, Mini sur es maxi idé

Vol.7 Histoire de Sujata

06 【Spécial】les contraintes exquises des espaces réduits

L’étroitesse et l’exigüité peuvent être un atout !

(En haut) Un nid aux motifs complexes sculpté dans le sable des fonds marins. (A droite) Un poisson-globe étoilé d’Amami mâle mord le corps de la femelle pour stimuler la ponte. Photos / Yôji Ôkata

Les motifs mystérieux géométriques soudainement apparus au fond de l’océan étaient en fait des nids de toute beauté destinés à la reproduction des poissons-globes, ces esthètes des profondeurs marines!

C’

02

est il y a 15 ans, alors que l’humanité entrait dans le 21ème siècle, que de magnifiques motifs furent découverts sur le sable des fonds marins, à 10 à 30 mètres de profondeur, au large de l’île d’Amami Oshima. Les plongeurs se perdaient en conjectures : mais quels étaient donc ces artistiques motifs géométriques circulaires, d’environ 2 mètres de diamètre ? Qui les fabriquait, et comment ? Il s’avéra que ces mystérieuses rosaces apparaissaient chaque année entre les mois d’avril et août. En mai 2011, le photographe marin Yôji Ôkata réussit à immortaliser sur pellicule le poisson auteur de ces cercles. Une équipe de reportage de la NHK, ayant eu vent de cette nouvelle, commença immédiatement ses investigations. Un chercheur, expert et docteur en ichtyologie, Keiichi Matsuura, du Musée National de la Nature et des Sciences, se lança dans l’étude du phénomène. Ces études se poursuivirent sur une période de deux années, avec la coopération des plongeurs locaux, et débouchèrent sur la découverte suivante : l’artiste était une nouvelle espèce de fugu, le poisson-globe Amami Hoshizora Fugu (« poissonglobe étoilé d’Amami »), qui fit l’objet

d’une thèse publiée en septembre 2014. Le poisson-globe étoilé d’Amami fut sélectionné parmi les 10 espèces animales nouvellement découvertes présentées chaque année par l’International Institute for Species Exploration de l’Université de New York. Chaque année, environ 18 000 nouvelles espèces vivantes sont découvertes, mais c’était la première fois qu’une espèce spécifiquement japonaise était sélectionnée : le comportement unique de ce poisson, qui crée au fond de l’océan des motifs circulaires artistiques, avait fait forte impression.

Il lui faut une semaine pour fabriquer un nid

Les investigations et recherches ont révélé que ces cercles étaient des nids destinés à la ponte des œufs par la femelle de l’espèce. Les poissonsglobes mâles, qui mesurent 12 cm de long, utilisent leur corps pour sculpter le sable des fonds marins, afin d’attirer les femelles au terme d’une semaine d’efforts au cours desquels ils créent des motifs géométriques circulaires d’environ 2 m de diamètre où les femelles viendront pondre leurs œufs.

La femelle pond au centre de la rosace, vers lequel les motifs complexes du pourtour guident les courants marins, assurant l’approvisionnement en eau de mer fraîche. D’autres poissons fabriquent des nids à des fins de ponte, mais les poissons aux créations aussi élaborées sont d’une immense rareté. Les motifs prennent la forme de rayons, au nombre de 24 à 30, et chacun d’ entre eux est différent. Ce serait là ce qui fait toute la différence entre les mâles qui ont du succès auprès de ces dames, et ceux qui n’en ont pas. D’après M. Matsuura, « d’autres caractéristiques intéressantes sont à noter, notamment le tri de déchets et de coquillages et leur utilisation pour la création de motifs décoratifs sur le pourtour du nid. » Le mystérieux poisson-globe étoilé d’Amami n’a pas fini d’étonner les chercheurs !

Dr Keiichi MATSUURA Chercheur honoraire auprès du Musée National de la Nature et des Sciences, ses domaines d’expertise sont la phylogénie, la classification et la répartition des poissons-globes, des balistes kawahagi et des poissons des récifs coralliens. Il supervise également la création d’encyclopédies ichtyologiques illustrées.

● L’exigüité est le parti-pris d’un restaurant de sushi pour mieux servir ses clients ● Une étonnante convivialité: tous sympathisent en grillant de la viande au coude à coude. ● Les petites cylindrées (KEI) sont des voitures idéales ● Parvenir à construire sa maison à soi, peut-être petite, mais agréable à vivre. ● Concevoir des maisons pleines de bonheur sur de petits terrains

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QUALITY REVIEW

Editor-in-Chief

Jun Shinozuka

Une gelée médicinale pour avaler et faire glisser les médicaments en douceur jusqu’à l’estomac Le Pico-Falcon, un mini hélicoptère télécommandé qui se faufile dans le moindre recoin

Editors

Jun Nakaki

Ecchu-Yao

2-1-14 Sarugaku-cho, Chiyoda-ku Tokyo 101-0064 03-3518-2270

Mariko Hatada Designer

Wakako Kawasaki

Web

Motoki Nakae

Translation

Manabiya Inc.

Rédaction JQR

「Owara Kaze No Bon」

Publicité JQR (Integral Corp.) 2-1-14 Sarugaku-cho, Chiyoda-ku Tokyo 101-0064 03-3518-4488

Le Japon et ses guides Vol.1

L’opération Omotenashi Tokyo

met des guides à la disposition des visiteurs étrangers dans les endroits fréquentés par les touristes. L’opération « Omotenashi Tokyo » a commencé ! En vue des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, des guides bénévoles sont postés dans les quartiers fréquentés par les touristes étrangers, comme Shinjuku ou Ueno, pour renseigner ces derniers. Reconnaissables à leur uniforme, composé d’un gilet bleu et d’un chapeau noir garni d’un ruban orné du motif de soleil levant du drapeau japonais, œuvre de la jeune designer de mode Tamaki Fujie, ces ambassadeurs de l’hospitalité à la japonaise officient chaque semaine, du vendredi au dimanche. Polyglottes, ils communiquent principalement en anglais, mais peuvent également pratiquer d’autres

langues, dont le chinois, le français, ou encore l’italien. Les guides travaillent en binômes, équipés d’un sac fourre-tout contenant guide multilingue sur Tokyo, tablette multimédia ou encore carnet de notes. Ils ne se contentent pas d’attendre qu’on leur adresse la parole mais prennent l’initiative de la communication, en allant à la rencontre de ceux qui ont besoin d’eux. D’après Mitsuko Akashi, de l’équipe Omotenashi Tokyo, le but de cette opération n’est pas seulement d’indiquer le chemin aux touristes. Partant du principe que chaque rencontre est une opportunité, Omotenashi Tokyo veut transmettre aux visiteurs l’histoire et la culture du Japon.


ce du

rvi au se n e i el ~ otid u qu ercultur d s t t e in s mo ~ Le dialogu

TECHNOLOGY NEWS

D’autres yeux, d’autres oreilles

耳 異 異目 Histoire de Sujata

Le microscope électronique le plus performant au monde au service du progrès technologique

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Vol.7

Un Indien qui a commencé à apprendre le japonais m’a un jour demandé d’un Filtre passe-bas

Positions atomiques

Des cristaux de nitrure de gallium, utilisés notamment dans les LED bleues, étudiés sous microscope électronique, qui permet d’observer et de mesurer les deux atomes de GaN, en rouge, espacés de 44 picomètres, ainsi que la structure de l’échantillon et les champs électromagnétiques, et ce à l’échelle atomique.

Maquette de l’ensemble du microscope électronique, un équipement imposant comprenant une structure de 18 m de haut.

air intrigué : « Mais qu’est-ce que c’est que ça? » Il pointait son doigt vers… un des camions de livraison de la marque « Sujata » qu’on voit partout à Tokyo. Je lui ai répondu: « C’est une marque de produits laitiers ! » Mon ami indien a accepté mon explication, mais une certaine perplexité se lisait sur son visage. Voici ce qu’il m’a appris. « Sujata » est le nom d’une jeune femme qui a donné un bol de bouillie au lait au Bouddha affaibli et squelettique après des années de pratiques méditatives austères qui ne lui ont pas permis d’ atteindre l’Éveil. Réconforté mentalement et physiquement par cette nourriture, il entre dans un bois voisin

Vue extérieure du microscope électronique holographique à résolution atomique

Le microscope électronique le plus puissant du monde Avec la fabrication de ce microscope électronique holographique à résolution atomique d’une tension d’accélération de 1,2 mégavolt, développé à partir de 2010 avec le soutien du programme FIRST (Funding Program for World-Leading Innovative R&D on Science and Technology) placé sous l’égide du Bureau du Cabinet, Hitachi a battu le record mondial du plus fort pouvoir de résolution, avec 43 picomètres (1 picomètre = 1 millième de milliardième de mètre). Sa caractéristique principale est d’être le premier microscope électronique à ultrahaute tension au monde équipé d’un dispositif de correction des aberrations de sphéricité. Les aberrations sphériques apparaissent du fait des différences des distances focales de la lumière et des électrons qui traversent la lentille loin du centre de cette dernière et sont sources de flou de l’image. Les microscopes optiques procèdent à cette correction avec une combinaison de lentilles concaves et convexes, mais ce dispositif exige la plus grande stabilité du microscope lui-même, ce qui rend problématique leur utilisation dans les microscopes électroniques, qui sont

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d’imposants appareils à ultra-haute tension. Hitachi a réussi à développer un canon à électrons qui produit sur la durée et en toute stabilité un faisceau d’électrons à 1,2 mégavolt sans dispersion énergétique ainsi qu’un système d’alimentation haute tension. L’entreprise a également construit une structure spécifiquement conçue pour accueillir ce microscope électronique qui permet d’éliminer au maximum l’impact des causes de dégradation du pouvoir de résolution : vibrations, perturbations acoustiques et champs magnétiques.

L’analyse à l’échelle atomique appliquée au développement des nouveaux matériaux « Ce qui ne veut pas dire que lors du processus de développement, on a fait dans l’original. Au contraire, nous avons mobilisé les technologies détenues par notre entreprise pour consciencieusement revoir les fondamentaux et résoudre les difficultés rencontrées. Pour ce qui est des composants de pointe, nous avons fait appel à la collaboration de près de 600 fournisseurs au Japon comme à l’étranger. Il y a en région de nombreuses PME qui fabriquent des composants du plus haut niveau d’excellence mondiale », relate Hiroyuki

et s’installe l’esprit serein sous un Shinada, du Centre de recherches fondamentales. Le développement a duré quatre années, au cours desquelles de nombreuses difficultés autres que celles relevant du processus de développement ont dû être surmontées. En 2011, l’usine de composants située à Hitachi, dans le département d’Ibaraki, a été endommagée par le tsunami consécutif au grand séisme du Tohoku. 2012 a été une triste année marquée par les décès du Dr. Akira Tonomura, chercheur et architecte du projet, considéré comme un prétendant sérieux au Prix Nobel, et d’Isao Matsui, un ingénieur vétéran. « Il a alors été question de faire table rase du projet, mais on l’a poursuivi, conformément aux volontés du Dr. Tonomura. L’aboutissement réussi du projet en mars 2014 a été un moment de grande émotion. » Les analyses effectuées par ce microscope électronique devraient déboucher sur des applications dans le domaine de la réduction des dépenses énergétiques, notamment les batteries légères à haute capacité pour véhicules électriques, le développement de matériaux permettant d’économiser les ressources naturelles, ou encore les biosciences.

* Pouvoir de résolution : degré de résolution permettant de mesurer ou identifier un sujet au moyen d’un équipement.

grand pipal pour approfondir la sagesse et atteindre enfin l’Éveil… Cet épisode

Ce genre de perception erronée d’un

sont à égalité à environ 2%, les

étant bien connu en Inde, très peu d’

élément emprunté à une culture

bouddhistes et les jaïns étant encore

Indiens ignorent ce nom de fille, «

étrangère est une source de surprises

moins nombreux. Qui plus est, Mumbai

Sujata ».

amusantes. Mais la méconnaissance d’

est le fief du groupe Tata, le plus

Le groupe Meiraku qui fabrique et

une culture étrangère peut nous tendre

puissant conglomérat d’Inde, dont la

distribue des produits laitiers sous la

un piège.

famille propriétaire est de confession

marque Sujata aurait certainement

Il y a quelques années, une délégation

parsie (dérivée du zoroastrisme persan).

choisi ce nom en sachant de quoi il s’

de patrons japonaise a visité Mumbai

agit. Mais demandez à n’importe quel

(Bombay). Lors de la réception de

sur toutes les lèvres, il est fondamental

Japonais ce qu’est « Sujata ». Il y a

bienvenue, le représentant de la

et essentiel de prendre conscience de

des chances qu’il vous réponde : « C’

délégation, patron d’une entreprise des

la différence des cultures.

est le nom d’une marque de produits

plus importantes du Japon, a déclaré

laitiers ! » Par contre, interrogés sur la

dans son discours qu’il était très

signification ou l’étymologie de ce nom,

content de pouvoir visiter le pays natal

combien de Japonais sauraient

du Bouddha, pays de confession

répondre correctement ? Ils s’étonnent

bouddhiste ! Toute la salle a été

d’apprendre qu’il s’agit du nom d’une

stupéfaite. Et pour cause. En Inde, les

femme indienne qui a sauvé la vie du

hindous représentent 80% de la

Bouddha en lui donnant un bol de

population et les musulmanes 13%

bouillie au lait.

tandis que les chrétiens et les sikhs

HAMAJI Michio

À l’époque où la « globalisation » est

Camion qu’on voit souvent en ville

Consultant en affaires internationales. Consultant de la Fondation Global Human Development Japan. Diplômé de la faculté d’économie de l’Université Keio en 1965, il poursuit ses études à l’Institut d’Études et de Formation Internationales avant de s’ expatrier en Moyen Orient travaillant dans la division pétrole d’une société commerciale japonaise. À 45 ans, il change d’entreprise pour travailler à New York dans le secteur numérique. Après être passé par une société de traduction et une entreprise américano-japonaise de télécommunication, il s’ installe à son compte en 2002. Il s’occupe notamment du Pavillon d’Arabie Saoudite à l’Exposition Universelle d‘Aichi et dirige, entre autres, la production d’une série de documents audiovisuels consacrés au grand chef d’orchestre Bernstein. Après avoir été consultant pour le marché japonais de l’entreprise américaine Cognizant et du groupe anglais Pearson, il est maintenant coordinateur exécutif de la filiale japonaise d’Atos, entreprise française de service du numérique.

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Spécial

les contraintes exquises des espaces réduits

JQR

faces, Mini sur es maxi idé

L’ étroitesse et l’ exigüité peuvent être un atout ! Disposer d’un ample espace a toujours été le rêve de chacun. Mais à notre époque, où la limite des terres habitables et l’épuisement des ressources sont des préoccupations constantes, ce rêve d’espace n’est-il pas devenu un château en Espagne ? Mieux encore, une petite surface peut devenir confortable grâce à des astuces et ingéniosités, ou selon l’usage auquel on la destine. « Mini surfaces, maxi idées » : voilà un concept désormais indispensable pour vivre ensemble sur Terre. Et c’est un concept vraiment génial ! Reportage et texte / Tsunefumi Honma et rédaction de JQR Photos / Susumu Nagao (restaurants), Noriyuki Kanao (kei-cars) et Satoru Naito (habitat) Illustrations / Mari Kaneko

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L’étroi tes s e e t l’ e x ig ü it é p e u v e nt ê t r e un a t o ut !

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L'utilisa

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l’espac

1 Partie rants restau

Une superficie de 6 m2 avec seulement trois places au comptoir !?

L’exigüité est le parti-pris d’un restaurant de sushi pour mieux servir ses clients

La première remarque que de nombreux clients font en s’installant au comptoir : « C’est moins exigu que je ne l’imaginais ! »

« Sushidokoro Masa » à Shinbashi, Tokyo, est un restaurant de sushi étonnamment petit. Mais là, l’hospitalité avec un grand H du cuisinier-propriétaire vous attend: ingrédients soigneusement préparés et saveur inégalable. Ce minuscule établissement affiche complet pour les 5 prochaines années !

V

ous soulevez le noren (court rideau en tissu fendu) et ouvrez la porte pour découvrir un espace presque cubique avec trois chaises et un comptoir en bois brut derrière lequel se trouve un petit meuble de rangement. La simplicité de cet espace de 6,02 m2 a de quoi vous rendre perplexe. Bienvenue au restaurant « Sushidokoro Masa ». Cela fait 6 ans que M. Yu Suzuki, cuisinier-propriétaire, officie dans ce lieu. Le restaurant qu’il tenait précédemment était spacieux – 46,2 m2 – avec 30 places en comptant celles du comptoir. Il ne désemplissait pas, mais M. Suzuki, seul derrière le comptoir, était débordé et essuyait souvent les critiques des clients qui attendaient trop longtemps leurs commandes. « Quand plusieurs groupes de clients arrivaient en même temps, il m’était impossible de les servir comme il fallait malgré ma meilleure volonté, se rappelle le cuisinier. Je n’avais pas le temps de soigner les petits détails de mon travail. J’étais à mille lieues de prêter attention à chaque client. Que personne ne me parle et ne me dérange ! Je faisais passer ce message à travers mon attitude. J’étais quelquefois franchement désagréable… Je ne savais pas où donner de la tête. » M. Suzuki a fini par rêver d’un

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restaurant dont la taille lui permettrait de servir les clients attentivement et de réaliser un travail à la hauteur de sa conscience professionnelle.

Un espace exigu, mais bien pensé pour ne pas incommoder le regard des clients L’intérieur du restaurant est bien pensé malgré son exigüité. La grande majorité des clients étant des couples, il arrive souvent que deux groupes, soit 4 personnes, s’attablent ensemble sur réservation. Pourtant, on ne voit que trois chaises. La quatrième, en bois, est rangée, tête en bas, sous une des trois chaises. La seule porte coulissante qui fermait initialement l’entrée a été remplacée par 4 portes dont les deux du milieu coulissent à droite et à gauche, ce qui permet à tout client de sortir sans déranger les autres pour aller se laver les mains (NDLR : les toilettes se trouvent dans le couloir de l’étage). L’architecture est conçue non seulement pour réduire les inconvénients dus à l’exigüité du lieu, mais aussi pour ne pas incommoder le regard des clients. Dans un restaurant aussi petit, on risque d’exposer au regard des clients des objets peu glamour comme de la vaisselle sale. L’inox de l’évier ou certains ustensiles peuvent gêner les

clients en réfléchissant la lumière. M. Suzuki a donc disposé l’évier sous la planche à découper et le réfrigérateur sous l’évier. Mais quoi qu’on fasse, l’espace est très limité. On doit se contenter du strict minimum. Il n’y a ni téléphone ni télécopieuse pour prendre les réservations. La tradition de la cuisine japonaise veut qu’on change la vaisselle en fonction de la saison en préférant une matière appropriée : le verre en été pour son impression de fraîcheur ou la céramique en hiver pour son côté chaleureux, par exemple. Dans le restaurant de M. Suzuki, il n’y a évidemment pas de place pour stocker de la vaisselle pour les quatre saisons. Il a donc placé sa collection de vaisselle dans son garage et en rapporte au restaurant les pièces nécessaires du moment.

Dans un petit restaurant, on gagne en efficacité, mais on doit tout assumer. Ce restaurant est certes minuscule, mais il se trouve tout près de la gare de Shinbashi. Son loyer par tsubo (unité de surface japonaise représentant environ 3,3 m2) est donc aussi élevé que celui au rez-de-chaussée de Ginza. Qui plus est, M. Suzuki ne sert que 8 repas au maximum par jour. Est-ce rentable ? Oui, selon le cuisinier. Parce que, étant donnée la taille de son

Le cuisinier confectionne ses sushis sous le regard des clients. La proximité est telle que les jeux du couteau, la dextérité et la tension du cuisinier sont palpables. Le plaisir visuel ajoute au délice gastronomique.

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Objectif : offrir une hospitalité optimale dans le restaurant de sushi le plus exigu du monde restaurant, il peut et doit se débrouiller tout seul. Il n’a pas d’employé à payer. Ensuite, la perte de matières premières est quasi inexistante. S’agissant d’un restaurant à grand succès où il est difficile de décrocher une place, on compte à peine 3 ou 4 annulations de réservation par an. Et de toute façon, comme il n’y a que 4 places au maximum, le risque de produits non utilisés lié à l’annulation de réservation est minime. « Puisque les poissons achetés le matin doivent être consommés le jour même, la gestion des matières premières me posait des problèmes dans mon restaurant précédent, se rappelle le cuisinier. Quand il pleuvait ou qu’il y avait une rencontre sportive internationale, des réservations étaient annulées et je me retrouvais avec des poissons non utilisés. Ceci pesait lourd sur la rentabilité. » M. Suzuki affirme qu’il gère son petit établissement actuel de façon plus stable et maîtrisée et gagne en efficacité. Bien sûr, il doit tout faire lui-même, de l’achat des produits très tôt le matin au nettoyage du lieu après la fermeture, en passant par l’indispensable aiguisage des couteaux devenu un rituel des jours de fermeture. Mais il est satisfait, parce qu’il peut se concentrer sur la qualité de sa cuisine dans la limite de son budget. « J’ai beaucoup de choses à faire, mais j’exécute mon travail sans faire de compromis. Je ne me plains pas. »

Son idéal : une échoppe de sushi de l’époque d’Edo

Photos (de haut en bas) : sashimi de crevette pandalus du Japon et de palourde aoyagi, sashimi de bonite, nigiri-sushi (fierté de la maison) et ormeau cuit à la vapeur. D’autres plats (tofu préparé à l’ ancienne, poisson grillé…) complètent le menu.

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Désireux de réaliser des sushis à la hauteur de sa conscience professionnelle, M. Suzuki sélectionne ses produits avec rigueur. Ainsi il a cherché et trouvé à Saitama une ferme qui lui fournit désormais du riz de la variété Sekitori. C’est une variété à sushi dont l’origine remonte à l’époque d’Edo, mais aujourd’hui délaissée parce que son rendement est faible. Une fois cuit, ce riz est moelleux à l’intérieur, mais peu visqueux à l’extérieur, ce qui permet au cuisinier de former des boulettes peu compactes qui se désintègrent en bouche. Pour mettre en valeur la saveur de ce riz historique, M. Suzuki a choisi du vinaigre rouge qui était également utilisé pour le sushi à l’époque d’Edo.

« Je ne prône pas le retour systématique aux goûts de l’époque d’Edo, mais les recettes d’antan valent la peine d’être essayées, souligne le cuisinier. Les résultats sont souvent plus positifs qu’on ne le croit. » À l’époque d’Edo, le sushi était un mets populaire servi dans la rue par des échoppes. Aujourd’hui, les grands restaurants de sushi sont des institutions luxueuses qui, avec leur budget généreux, achètent des poissons de qualité optimale. Ils ont raison de le faire, reconnaît M. Suzuki, parce que plus la qualité des produits est élevée, plus le sushi est délicieux. Mais on ne peut pas toujours donner raison à une telle démarche, surtout quand on se rappelle ce qu’était le sushi à l’origine. Servir de bons sushis à des prix raisonnables dans une petite échoppe. Voilà le point de départ du métier que tout cuisinier de sushi doit garder à l’esprit.

Les produits bien préparés et rangés très proprement font présager une grande soirée gastronomique.

Une vraie hospitalité n’est possible que quand le cuisinier est proche de ses clients M. Suzuki n’a-t-il pas envie de tenir un restaurant un peu plus spacieux ? Non. S’il devait servir plus de clients, il ne serait plus capable de nouer la conversation avec tout le monde. Des clients se sentiraient négligés, surtout ceux qui ne sont pas des habitués du lieu. « Dans un restaurant de sushi, la conversation avec le cuisinier est aussi un plaisir recherché par les clients, fait remarquer M. Suzuki. Ici, je peux établir une bonne communication avec chacun d’entre eux, presque en tête-à-tête ! Mais il n’y a pas que la conversation. Ici, je suis tellement près des clients que ces derniers peuvent observer tous mes gestes et comprennent que je fais tout pour leur faire plaisir. Ici, il n’y a ni le luxe ni le prestige des grands restaurants de sushi. Mais j’ose dire qu’une pareille proximité avec le cuisinier est un plaisir voire un luxe qu’on ne trouve pas dans les grands restaurants. » Le cuisinier de « Sushidokoro Masa » peut parler en tête-à-tête avec chacun des clients et leur offrir un maximum d’ hospitalité. C’est précisément l’exigüité de l’endroit qui procure un grand moment d’intimité.

Le cuisinier sélectionne et prépare ses produits attentivement ; il confectionne ses sushis tout en se montrant prévenant envers ses clients ; après la fermeture, il nettoie son restaurant jusqu’aux plus petits recoins. Comme il doit assumer toutes ces tâches, il fait attention à sa santé.

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« S’adonner au plaisir d’une petite causerie dans un espace exigu, cela fait partie de la culture japonaise. Je souhaite que mon restaurant pérennise cette tradition. »

Sushidokoro Masa Adresse : premier sous-sol du Shinbashi-Ekimae Building No. 2,2-21-1, Shinbashi, Minato-ku, Tokyo Tél : 080-5442-9866 (réservations suspendues au moment où nous mettons en ligne le présent article – juillet 2015) Jours de fermeture : dimanches, jours fériés et fêtes de fin d’année et du Nouvel An Heures de service : à partir de 18 h et à partir de 20 h 30

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L’étroi tes s e e t l’ e x ig ü it é p e u v e nt ê t r e un a t o ut !

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1 Partie a r nts restau

Seulement deux poêles à charbon de bois sur une surface de 7,26 m2 !

Une étonnante convivialité: tous sympathisent en grillant de la viande au coude à coude. « Rokkakai », brasserie-barbecue de Kanda, est un établissement convivial où on peut sympathiser avec des inconnus en grillant de la viande et en buvant du saké dans un espace étroit.

«

Rokkakai » se trouve près du guichet de la gare de Kanda, sous le viaduc. Dès le crépuscule et jusqu’à l’heure du dernier métro, cette brasserie minuscule ne désemplit pas. Mais est-elle rentable ? À cause de son emplacement facile d’accès, elle doit payer un loyer conséquent pour sa petite superficie de 7,26 m2. Qui plus est, elle est ouverte seulement le soir… Le patron, Hayato Morita, explique pourquoi il a choisi de s’installer dans ce local qui peut accueillir à peine une quinzaine de personnes. « Dès le début, mon idée était d’ouvrir un tout petit établissement à gérer avec très peu de personnel. Parce que les effectifs nécessaires et le coût de la main d’œuvre sont proportionnés à la superficie du lieu et au nombre de clients à accueillir. Dans le même temps, je cherchais un local où les clients puissent venir sans se mouiller les jours de pluie. Cet emplacement à 30 secondes de la gare a été donc idéal. Mais, par-dessus tout, je voulais créer un espace intime où des inconnus grillent et mangent de la viande à la bonne franquette. » Le local était précédemment occupé par un commerce de revente de billets (voyage, théâtre, concert…). L’absence d’eau, de gaz et de toilettes aurait découragé n’importe quel restaurateur. Mais M. Morita, qui est un restaurateur

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doublé d’un architecte, avait la compétence nécessaire pour aménager cet espace inadapté à la restauration. Dès qu’il y a mis le pied, il a eu une idée précise de l’agencement de sa brasserie, en tenant compte de la superficie qu’occuperait un client resté debout. Il a même identifié les obstacles à lever pour se conformer à la législation anti-incendie. Finalement, il a pu inaugurer sa brasserie avec un investissement initial de seulement deux millions de yens.

La clé de la gestion d’un établissement aussi petit: consommer tous les produits le jour même. Quand l’espace à exploiter est exigu, quoi qu’on fasse, le nombre d’ équipements doit être réduit au strict minimum, tout comme la quantité d’ingrédients à stocker. N’est-ce pas un handicap grave? « La viande livrée par notre fournisseur est immédiatement nettoyée, découpée et stérilisée pour être consommée le jour même. La fraîcheur compte pour la viande. Les morceaux de viande invendus ne doivent pas être servis le lendemain. La viande n’est pas une simple matière première, mais le corps et l’âme de notre brasserie-barbecue. » Puisque M. Morita a pris le parti de ne jamais servir de viande qui ne soit pas

ultra-fraîche, il n’a pas besoin de réfrigérateur pour la conservation de la viande. Il a seulement installé un petit réfrigérateur réservé aux boissons alcoolisées. Mais il n’y a pas de stock de saké. Tous les jours, la brasserie se fait livrer 6 grandes bouteilles de saké qui sont consommées le jour même. « Une fois la bouteille ouverte, le saké perd de ses qualités. Nous consommons donc tous les sakés le jour même, comme la viande. Par contre, nous ne pouvons pas proposer de hoppy (boisson non-alcoolisée commercialisée en petites bouteilles), faute de place. » Selon M. Morita, l’exigüité de l’espace est un facteur déterminant pour tous les aspects de la gestion de son affaire. L’étroitesse est souvent assortie d’une connotation négative, mais les contraintes qu’elle impose obligent le patron à traquer les dépenses inutiles et à trouver des solutions inédites. C’est ainsi que, par exemple, l’offre de boissons chez M. Morita est exceptionnellement courte, composée principalement de sakés. « Rokkakai » doit donc son business model unique à l’exigüité du lieu.

Grand moment de détente : des convives de hasard grillent ou s’entraident à griller de la viande

Au-delà de la recherche de bénéfice « Rokkakai » achète une sélection des viandes les plus savoureuses du

Des gens qui se rencontrent pour la première fois lèvent leur verre dans une ambiance conviviale. Dès ce moment, ils sont amis.

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manière ou d’une autre (rire). Je l’espère ! » Cette priorité accordée à la satisfaction des clients a visiblement engendré un buzz et recruté de nouveaux clients. Une réussite dont témoigne l’ouverture de 5 brasseries filiales. « Le succès des filiales est dû à mes collaborateurs, qui sont tous devenus bons gestionnaires. » M. Morita, modeste, refuse de le revendiquer, mais élaborer un nouveau concept, le mettre en œuvre et le rentabiliser, c’est un vrai exploit.

abats. Une telle manifestation de solidarité est courante, nous a-t-on dit. Comment est-il possible qu’un lien se crée aussi facilement entre inconnus, dans une métropole où les gens ont tendance à s’isoler et éviter le contact humain ? « J’ai le don d’engager la conversation avec des inconnus, affirme M. Morita. J’étais donc sûr de pouvoir créer M. Ishiwatari (client régulier résidant à Tokyo) l’intimité entre mes clients. Quand notre brasserie est pleine à craquer, nous Attiré par la qualité du barbecue, je viens ici au moins trois fois par semaine. Et puis, le prix demandons aux clients de passer les du saké est raisonnable, à 400 yens le verre. plats, ce qui est perçu comme Je connais pas mal de clients réguliers, mais sympathique, parce que c’est une j’apprécie surtout cette ambiance qui facilite le contact, même avec des inconnus. Chaque occasion d’échanger quelques mots. Quand l’espace exigu se fois, je passe un agréable moment. Les clients réunis autour remplit et se transforme en d’une même poêle grillent leur viande un lieu de convivialité joviale en se parlant. Un pareil système n’est moment. À part les possible que dans un abats, il s’agit de petit établissement morceaux classés en comme le nôtre. En catégories A5 ou A4. préparant le projet, je Pourtant, l’assiette de croyais déjà en ce viandes assorties ne concept basé sur la coûte que 1 000 yens. convivialité. Pour moi, Et le verre de saké est c’était le seul possible. » proposé à 400 yens. M. Morita est attentif à Ces prix très tout et à tous. En voyant raisonnables entrer un client, qu’il soit permettent-ils de un habitué du lieu ou un dégager un bénéfice ? néophyte, il attend le « Le coût matières est meilleur moment pour élevé. Ceux à qui je inviter toute la salle à lui À l’intérieur, il n’y a que deux poêles à charbon de bois. Les clients doivent révèle cette information porter un toast de se serrer pour griller leurs morceaux de viande. Mais cet inconvénient réduit confidentielle se bienvenue. la distance entre les convives de hasard. montrent très étonnés « Je tiens à tisser des (rire)! Je n’ai rien contre liens avec tout le monde, les bénéfices, mais il y a d’autres Si les petits prix de ses bons sakés et clients et collaborateurs. Comme facteurs qui me motivent – le plaisir ou de ses délicieux barbecues expliquent toujours, il y a du monde dans notre le côté ludique – et je me contente d’un à eux seuls le succès de « Rokkakai », brasserie aujourd’hui. Mais nous avons bénéfice qui assure la survie de mon il y a un autre attrait. En effet, les la chance de pouvoir lire la satisfaction établissement. La crédibilité et la clients peuvent y sympathiser les uns des clients sur leur visage parce que satisfaction des clients sont au centre avec les autres. En visitant la brasserie nous les servons de si près. C’est le de mes préoccupations. Si nous pour ce reportage, nous avons vu un plus grand plaisir que me procure cette gagnons en crédibilité auprès des habitué apprendre à un néophyte les brasserie. Elle est petite, certes, mais clients, nous serons récompensés d’une astuces pour réussir le barbecue des elle a quelque chose de grand que les restaurants plus spacieux ne possèdent pas. J’en suis certain. » Des clients hétéroclites – de jeunes femmes côtoyant des hommes ROKKAKAI grisonnants – qui se rencontrent pour la première fois lèvent un verre ensemble Adresse : 2 -13-24, Kaji-cho, Chiyoda-Ku, Tokyo : « Otsukaresamadeshita (Vous avez Tél : 03-3252-8644 bien travaillé)! Kanpai (À votre santé) ! Jours de fermeture : dimanches et jours » C’est peut-être le moment le plus fériés Heures d’ouverture : 17 :30 – 24 :00 délicieux de cette minuscule brasserie.

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Les morceaux de viande fraîche de qualité sont grillés et dégustés avec de la sauce ponzu. L’accord avec le saké est parfait.

L’assiette de viandes assorties (1 000 yens), un grand succès auprès des clients : viande rouge fraîche, tripes de bœuf, bajoue de porc…

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L’étroi tes s e e t l’ e x ig ü it é p e u v e nt ê t r e un a t o ut !

Les petites voitures japonaises

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Les petites cylindrées (KEI) sont des voitures idéales Les petites cylindrées de la classe keijidosha constituent les plus petites voitures dans les normes automobiles japonaises. Autrefois elles étaient extrêmement étroites et inconfortables et leur seule qualité était leur prix. Mais depuis quelques années elles se sont métamorphosées. Ces petites voitures sont aujourd’hui devenues grandes grâce à diverses avancées technologiques et à l’ingéniosité de leurs concepteurs.

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À la campagne 18

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Économique, maniable... mais quand même spacieuse !?

Le confort des petites cylindrées

Les petites cylindrées ont le vent en poupe. En mai 2015 les dix premières places du classement des ventes de voitures au Japon étaient monopolisées par les petites cylindrées. Comment ces petites voitures ont-elles évolué au fil des ans et pour quelles raisons ont-elles gagné une telle popularité ?

L’

année dernière, pour la première fois, le pourcentage des petites cylindrées a dépassé la barre des 40 % des ventes de voitures neuves au Japon. Si cette popularité ne se dément pas, il est probable que les petites cylindrées finiront dans un futur proche par représenter la moitié du parc automobile japonais. Autrefois elles avaient une image d’étroitesse, d’inconfort et de mauvaise qualité, mais aujourd’hui, les petites cylindrées sont sophistiquées et dotées d’un habitacle spacieux. Nous avons donc loué une de ces petites cylindrées afin de découvrir ce qui faisait le secret de leur popularité. Nous avons essayé le modèle Move de chez Daihatsu dont la location ne coûte que 5832 yens pour 6 heures. Nous prenons les clés, nous mettons au volant et sortons la voiture prudemment. Un bref regard pour contrôler devant, derrière et sur les côtés nous permet de constater immédiatement que ce véhicule offre un large champ de vision.

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Sa faible largeur permet d’avoir une bonne visibilité des deux côtés. La route nous paraît plus large que d’habitude et nous disposons de suffisamment d’espace vis-à-vis des autres véhicules, même quand la circulation est dense, ce qui libère de tout stress. Le rayon de braquage n’est que de 4,4 m ce qui permet de faire facilement demi-tour sur une petite route. Le véhicule est léger, seulement 820 kg, ce qui lui offre des capacités d’accélération inattendues. La présence des fonctionnalités les plus récentes telles qu’un système d’arrêt automatique du moteur quand la vitesse descend à 11 km/h avant de s’arrêter à un feu, lui permet de bénéficier d’une consommation économique de 31 km/l (3,25 l/100 km). Avec l’augmentation de la population mondiale et l’épuisement des ressources, nous vivons désormais une époque où les considérations environnementales sont primordiales, et où le concept de ces « petites voitures » est tout à fait pertinent.

Classement des ventes de voitures neuves Entre janvier et juin 2015

normes automobiles japonaises]

Classe

Cylindrée

Longueur totale

Largeur totale

Hauteur

Keijidosha - Petites cylindrées

Moins de 660 cm3

3,4 m ou moins

1,48 m ou moins

2,0 m ou moins

Moins de 2000 cm3

4,7 m ou moins

1,7 m ou moins

2,0 m ou moins

2000 cm3 ou plus

12,0 m ou moins

2,5 m ou moins

3,8 m ou moins

Kogatajidosha

– Voitures compactes (immatriculation à 5 numéros)

Futsujidosha

- Voitures ordinaires (immatriculation à 3 numéros)

1

Aqua (Toyota)

2

N-BOX (Honda)

KEI

3

Tanto (Daihatsu)

KEI

4

DAYZ (Nissan)

KEI

5

Move (Daihatsu)

KEI

6

Prius (Toyota)

7

Fit (Honda)

8

Alto (Suzuki)

KEI

9

Wagon R (Suzuki)

KEI

10

N-WGN (Honda)

KEI

Source : Fédération japonaise des associations des concessionnaires automobiles et Fédération japonaise des associations de keijidosha

L’habitacle compact offre un large champ de vision qui permet de bien voir ce qui nous entoure.

Petites de l’extérieur, mais spacieuses à l’intérieur ! Quelles sont les avancées technologiques qui rendent les petites cylindrées si confortables ? Le constructeur automobile Suzuki s’efforce de concevoir des petites cylindrées toujours plus évoluées dans les limites de taille imposée à cette classe de véhicules. Nous avons demandé à son responsable du développement les idées et avancées technologiques permettant de les rendre confortables.

4

À la mi-avril, nous nous sommes rendus au siège social du constructeur automobile Suzuki, à Hamamatsu, et avons testé le modèle « Every Wagon ». Son habitacle spacieux nous a surpris d’emblée. Il ne se contente pas d’avoir un plafond élevé, il offre également un large espace pour les jambes que l’on peut étendre à son aise. « La banquette arrière en particulier est beaucoup plus spacieuse que celle que l’on peut trouver dans les véhicules de la classe supérieure (de cylindrée de 1000 cm3) », nous précise Masahiko MIZUSHIMA, ingénieur en chef. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les véhicules de la classe des keijidosha, les petites cylindrées, ne sont pas conçues sur le modèle des voitures ordinaires en réduisant leur taille, mais sont conçues en tant que telles à partir de zéro. L’une de leurs principales différences avec les voitures ordinaires est la petitesse de leur capot. « Pour l’Every Wagon, nous avons placé le moteur sous le plancher afin de réduire la longueur du capot et de libérer de l’espace pour l’habitacle. Nous avons également déplacé les roues vers les extrémités avant et arrière, car elles constituent un facteur limitant la largeur de l’habitacle. Nous avons ainsi obtenu un empattement (distance entre les axes des roues avant et arrière) largement supérieur à celui d’une voiture ordinaire », ajoute-t-il. Après diverses tentatives pour agrandir l’habitacle, l’avant du véhicule a été réduit, ce qui a également permis de faciliter l’appréciation des distances. En outre, la disposition des roues aux extrémités du véhicule a permis de raccourcir son rayon de braquage, ce qui confère à cette voiture une maniabilité incomparable sur les petites routes. C’est pour ces raisons qu’elle est très maniable même pour ceux qui ne sont pas habitués à conduire.

Le moindre millimètre d’espace doit être

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Un design astucieux pour mettre en valeur l’espace de l’habitacle

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Les responsables de la conception de l’ Every Wagon qui ont répondu à nos questions

Masahiko MIZUSHIMA « Je veux essayer de donner à ces petites cylindrées une to uche drôle et ludique qu’on ne retrouve pas dans les voiture s ordinaires. Je voudrais qu’elles deviennent un outil indispe nsable aux loisirs ou pendant les jours de congé. »

exploité pour agrandir l’habitacle un tant soit peu. Masahiko MIZUSHIMA nous assure que la conception de telles voitures constitue un véritable casse-tête dans lequel on doit se battre contre les chiffres. D’ailleurs, sur la nouvelle version de l'Every Wagon qui n’avait pas été renouvelée depuis 9 ans et demi, les roues avant ont été avancées de 3 cm et les sièges avant de 4,5 cm pour agrandir l’habitacle.

Yuki IRITE

« Je voudrais concevoir des petites cylind rées pratiques dont la conduite soit sûre mais pas fatigante ni inconfortable, même sur de longues distances. »

Yuki IRITE, responsable du design intérieur nous parle du choix d’un style mettant en valeur les lignes latérales de base ou d’un plafond arrondi, afin d'améliorer l’impression d’espace de l’habitacle. Elle précise que les espaces de rangement ont été laissés volontairement visibles pour éviter de perdre de la place avec des couvercles, alliant ainsi design et fonctionnalité. Elle ajoute également avoir fait le tour des

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Suzuki Every Wagon Avec un habitacle d’une longueur de 2240 mm, une largeur de 1355 mm et une hauteur de 1420 mm, c'est un des véhicules les plus spacieux de sa catégorie. Prix de vente conseillé par le constructeur : à partir de 1 425 600 yens (TTC)

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L’habitacle des petites cylindrées keijidosha est souvent considéré comme trop étroit, pourtant il a une capacité de chargement étonnante

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entreprises concernées par ce marché, interrogé les utilisateurs et observé leur manière d’utiliser leurs véhicules dans la réalité afin de s’en s’inspirer pour créer un design fonctionnel. « Les amateurs de camping par exemple percent eux-mêmes des trous dans l’habitacle pour y fixer des crochets ou des étagères afin de pouvoir y charger le plus de choses possible. Ceux qui utilisent leur véhicule pour un usage commercial s'arrangent pour pouvoir y charger le volume maximal de produits possible. C’est en observant les usagers que nous avons conclu qu’il serait encore plus pratique de disposer d’avance de trous pour vis ou des rainures pour installer des étagères. Nous avons d’ailleurs un retour très positif en ce qui concerne ces trous pour vis », nous précise-t-elle. Les petites cylindrées ne sont pas seulement un moyen de transport, elles sont également utilisées pour les loisirs. Leur design extrêmement varié est d’ailleurs une des raisons de leur popularité.

pour répondre aux normes de sécurité devenues plus sévères. Mais ce gain de taille n’est pas dédié dans sa totalité à l’amélioration de la sécurité des véhicules, il est également mis à contribution pour élargir les habitacles une fois les normes de sécurité satisfaites. « Toutes ces conditions à remplir nous obligent à faire preuve d’ingéniosité. Je pense que c’est ce qui fait la particularité des petites cylindrées », ajoute-t-il. C’est en surmontant toutes ces exigences extrêmement contraignantes que les petites cylindrées keijidosha ont ainsi gagné de la popularité auprès de nombreux utilisateurs. Décidément, l’évolution de ces petites voitures japonaises mérite d’être suivie.

Petites cylindrées ou pas, les capacités de chargement de l’habitacle sont un facteur crucial dans le cas d’une utilisation commerciale. Ainsi, au moment de renouveler son modèle Every Wagon, Suzuki a tenu à vérifier combien on pouvait y charger de boîtes en carton. Résultat, l’habitacle comporte assez de place pour 69 boîtes de mandarines, 40 caisses de bière, ou 46 cartons de petite taille. Les petites cylindrées, peu encombrantes quand on les stationne sur une route de faible largeur pour charger ou décharger du matériel, sont idéales pour transporter des marchandises.

Une bicyclette de 27 pouces (43 cm) y loge debout sans problème.

L’habitacle est suffisamment haut pour permettre d’entrer et de sortir facilement. L’espace pour les jambes est assez large qu’un homme adulte puisse s’asseoir confortablement.

Nouveau vide-poche de tableau de bord, situé à côté du compteur dans la nouvelle version. Très pratique et facile d’accès pour y mettre de petits objets comme des clés ou des pastilles de menthe.

Des panneaux en tôle plus fins mais renforcés ont été utilisés afin d’élargir l’habitacle. Ils satisfont pleinement les normes de sécurité.

Élargir l’habitacle tout en assurant la sécurité Le déplacement des sièges vers l’avant du véhicule ou l’amincissement des panneaux de carrosserie pour agrandir l’habitacle laissent cependant craindre pour le problème de la sécurité. « Nous renforçons la structure des véhicules et utilisons de la tôle plus fine, mais renforcée, ce qui nous permet de satisfaire les normes de sécurité en matière de collision. Auparavant, nous procédions en menant des essais de choc avec nos prototypes, afin de déterminer les endroits à renforcer. Mais maintenant, grâce aux progrès des technologies informatiques, nous pouvons mener de nombreuses simulations, ce qui nous a permis d’améliorer la qualité de nos prototypes. Ceci étant dit, utiliser de la tôle plus fine pour alléger les véhicules et améliorer leur consommation tout en renforçant leur carrosserie pour en améliorer la sécurité est un travail paradoxal et assez problématique », note Masahiko MIZUSHIMA. C’est pour cette raison que les normes s’appliquant à la classe des keijidosha ont été modifiées afin d’augmenter leur taille

On peut y loger 17 cartons de taille moyenne (319 x 669 x 432 mm). Pas de problème non plus pour de plus gros objets ou des objets longs tels que les tapis. L'équipement de série comporte des trous et rainures pour installer une tablette, un filet ou d’autres accessoires. Le coffre est simple d’utilisation.

Suzuki Every

Un vide-poche est situé au plafond, au-dessus du siège conducteur. Il permet de ranger des documents A4 ou des boîtes de mouchoirs plates. Facile d’accès et très pratique. * Équipement de l’Every Wagon

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Il dispose d’un des plus grands coffres de sa catégorie avec une profondeur (quand la banquette arrière est en place) de 1910 mm, une largeur de 1385 mm et une hauteur de 1240 mm. En repliant la banquette arrière, la profondeur du coffre passe à 2640 mm. Prix de vente conseillé par le constructeur : à partir de 923 400 yens (TTC)

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Essayez : vous ne voudrez plus en sortir !

On♥ les petites cylindrées

Photographe de studio

Kaori TAKATA

Nombre d'années d’utilisation d’une petite cylindrée : 7 ans Ce qui lui plaît dans sa voiture ?

Toshihiko NISHIMURA Nombre d'années d’utilisation d’une petite cylindrée : 18 ans Ce qui lui plaît dans sa voiture ?

Flûtiste

Artiste ciseleur

Nombre d'années d’utilisation d’une petite cylindrée : 5 ans

Nombre d'années d’utilisation d’une petite cylindrée : 6 ans

Sumiko FUKATSU Ce qui lui plaît dans sa voiture ?

Hiroshi DEGUCHI Ce qui lui plaît dans sa voiture ?

Le large champ de vision et le petit rayon de braquage qui la rendent facile à conduire

Sa maniabilité qui la rend très efficace pour les livraisons

Pouvoir conduire sans soucis, même quand elle prend des raccourcis étroits

Sa capacité et sa facilité de chargement et de déchargement

K

oshihiko NISHIMURA tient un commerce d’alcools, et s’il se sert d’un camion pour le transport des marchandises en grande quantité, il prend exclusivement sa petite cylindrée pour les livraisons moins volumineuses. « Une petite cylindrée ne prend pas de place et braque bien, ce qui me permet de faire mes livraisons sans problème dans les quartiers résidentiels où les rues se rétrécissent soudainement et où la place pour se garer est limitée » nous confie-t-il. Et d’ajouter : « En plus, contrairement à ce qu’on pourrait croire, on peut y mettre beaucoup de choses. On peut par exemple y charger sans problème 20 caisses de bière (1 caisse contient 20 grandes bouteilles) ». Sa faible consommation et sa puissance qui ne faiblit pas même chargée en font un véhicule indispensable. La Honda Acty qu’il utilise actuellement est sa 5e petite cylindrée.

T

umiko FUKATSU base ses activités à Tokyo, mais passe ses week-ends à Tateyama, dans la préfecture de Chiba où elle a un studio. « Je me rends à Tateyama en train ou en bus, mais utilise ma voiture pour me déplacer dans les environs. C'est plus écologique, non ? » nous dit-elle en ajoutant que sa voiture, une Daihatsu Esse, porte le sobriquet de « Pionkichi ». Sumiko FUKATSU a été nommée « ambassadrice » de la ville de Tateyama et s’ occupe avec ses collègues musiciens d’organiser des concerts et gère un jardin communautaire. « Ma voiture est très pratique pour transporter le matériel de jardinage et les raccourcis que je prends passent généralement par des chemins agricoles ou de petites routes où seules peuvent passer des petites cylindrées. » Sa voiture « Pionkichi » lui est ainsi indispensable pendant ses week-ends très chargés.

iroshi DEGUCHI utilise son mini monospace de petite cylindrée de manière intensive, pour déposer des œuvres, en remporter, pour son travail, pour faire ses courses quotidiennes, ou pour aller surfer. Il y a 10 ans, il est retourné dans la maison de son enfance qui se trouve dans la ville de Minamiboso, et y a commencé ses activités d’artiste ciseleur. Sa voiture lui permet de se déplacer facilement où que ce soit, tout en bénéficiant d’une réduction de taxes et en faisant des économies de frais d’entretien. Il affirme même qu'aucune autre catégorie de voiture n’est aussi pratique et que « le Japon peut s’enorgueillir de ses petites cylindrées ». Il ajoute : « On peut dire d’une certaine manière qu’à la campagne, les camionnettes de la catégorie keijidosha ont remplacé les chevaux. Aujourd’hui tous les foyers en possèdent une ». Les petites cylindrées constituent ainsi un partenaire indispensable de sa vie quotidienne.

aori TAKATA s’est donné pour tâche dans la vie de photographier les 4 saisons à Karuizawa. Sa voiture préférée est la Suzuki Jimny. Elle l’a acquise en même temps que son permis de conduire afin de se rendre à Karuizawa qu’elle devait photographier pour son projet de fin d'études. Cette voiture étant très utilisée par les habitants de Karuizawa, elle a eu l’occasion de l’essayer et a trouvé qu’elle braquait bien. Dotée d’une puissance suffisante, même en côte, elle l’a trouvé très sûre pour une conductrice débutante comme elle. Kaori TAKATA trouve ainsi que « la Jimny offre une très bonne visibilité qui permet de conduire tout en admirant le paysage ». Tous les week-ends, son appareil photo en bandoulière, elle se rend en voiture à Karuizawa depuis la capitale.

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Vendeur d’alcools

Les keijidosha sont très populaires que ce soit en ville ou à la campagne, pour une utilisation commerciale ou privée.

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Voiture préférée : Suzuki Jimny

Voiture préférée : Honda Acty

Sa voiture préférée : Daihatsu Esse Custom

Sa voiture préférée : Suzuki Every

Longueur totale : 3395 mm Largeur totale : 1475 mm Hauteur totale : 1680 mm Poids : 980 kg Rayon de braquage minimum : 4,8 m

Longueur totale : 3395 mm Largeur totale : 1475 mm Hauteur totale : 1880 mm Poids : 960 kg Rayon de braquage minimum : 4,5 m

Longueur totale : 3395 mm Largeur totale : 1475 mm Hauteur totale : 1470 mm Poids : 780 kg Rayon de braquage minimum : 4,4 m *Ce modèle n’est plus produit ni commercialisé

Longueur totale : 3395 mm Largeur totale : 1475 mm Hauteur totale : 1815 mm Poids : 970 kg Rayon de braquage minimum : 4,5 m

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Mieux que « loin et spacieux » : « petit mais proche » !

Parvenir à construire sa maison à soi, peut-être petite, mais agréable à vivre.

Même petite, il n’y a pas de plus grand bonheur que d’avoir sa maison à soi !

« Construire une grande maison en banlieue, c’est bien, mais passer chaque jour deux heures et demie dans les transports, quoi de plus pénible ? D’un autre côté, les terrains sont chers en centre-ville, et il n’est pas possible de construire une maison satisfaisante sur un terrain trop étroit. » Voilà ce qu’on aurait tendance à penser, mais, sur un terrain en centre-ville d’une superficie d’à peine 18 tsubo (59,49 m²), Monsieur et Madame K. ont bâti la maison idéale. Comment ont-ils fait pour acquérir la maison de leurs rêves ?

À

À dix minutes à pied de la gare de Shibuya, dans un quartier résidentiel de grand standing bien paisible, Monsieur et Madame K. ont fait construire leur maison. C’est une très petite maison, mais lorsque l’on pénètre dans l’entrée, la vue est agréable, et l’on ne se sent pas à l’étroit. Chaque niveau est compact et d’une bonne qualité de construction. La maison semble beaucoup plus agréable à vivre qu’une grande maison spacieuse. Selon Monsieur K., quand il a songé à acquérir une maison, il a hésité quant à savoir s’ils allaient en prendre une grande en banlieue ou se serrer pour vivre dans une maisonnette dans le centre-ville. – Je suis un bourreau de travail, et je rentrais tard du travail. Malgré tout, ma femme m’attendait tous les jours. Si nous avions habité loin de mon lieu de travail, je serais rentré encore plus tard, et il était évident que j’arriverais après minuit. Je me disais donc que, pour ne pas augmenter encore la charge pesant sur les épaules de ma femme, nous ne pouvions habiter qu’en centre-ville. Je voulais si possible avoir une maison près de Shibuya, dans ce quartier où naissent de nouvelles cultures. Pourtant, à voir le prix des terrains, je ne pouvais même pas l’envisager en rêve. Je ne pensais pas un seul instant que cela

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puisse se réaliser. Un tournant du destin inespéré s’est produit en 2009. Un ami leur a présenté le propriétaire d’un terrain à Shibuya, ce qui leur a donné l’opportunité de discuter de son achat. – Nous avons parlé avec passion du genre de vie que nous souhaitions

De l’entrée, on a une vue directe sur l’espace qui se prolonge jusqu’au jardin intérieur. Ainsi, on ne se sent pas à l’étroit.

mener ici, et il s’est alors décidé à nous vendre le terrain en disant « Si mon terrain peut vous être utile... » Le terrain, d’un aspect peu commun, est en forme de « L » et ne fait que 18 tsubo. Pour cette raison, le prix de

vente a été raisonnable. C’est ainsi que Monsieur et Madame K. ont vu s’ouvrir la porte de leur rêve en acquérant un terrain dans un quartier résidentiel de grand standing en centre-ville.

La rencontre qui a redonné vie aux espoirs évanouis. – Après avoir décidé d’acheter le terrain, nous avons parlé tous les deux de l‘image que nous nous faisions de la maison à construire : un espace déconnecté du quotidien, avec une atmosphère de lieu de villégiature. Et nous nous disions aussi que ce serait bien que cette maison soit en même temps fonctionnelle. Monsieur K. a synthétisé sous la forme d’une fiche de conception l’image qu’ils se faisaient de la maison, et Madame K., décoratrice d’intérieur, a dessiné les plans. Munis de ces documents, les deux époux sont ensuite allés voir un constructeur de maisons, mais n’ont rencontré que déception sur déception. – Quand nous avons parlé de nos attentes au responsable, son visage s’est assombri et il nous a dit « Ce ne sera pas possible ». On a même été jusqu’à nous dire : « Tel quel, ça ne nous rapporterait rien, alors nous ne pouvons pas vous faire ça »... Le constructeur leur a proposé un plan fait par son entreprise. N’ayant

À travers cet escalier en spirale blanc, léger et transparent, la lumière douce provenant des fenêtres se déverse sur le niveau semi-souterrain (photo du haut). Les bambous qui poussent dans le jardin. Les parois extérieures du jardin sont faites de persiennes, qui permettent à la lumière d’entrer de l’extérieur, mais empêchent de voir l’intérieur depuis de l’extérieur du bâtiment (photo centrale). L’espace hamac qui prolonge sa chambre plaît beaucoup à Miroku (photo du bas).

La famille de Monsieur K. est composée du couple et de leur fille, mais aussi de deux grands chats. L’endroit où ils se trouvent est leur place de parking. 2015 vol.23

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pas d’autre solution, le couple, tout en se référant à ce plan, exprimait des demandes précises, mais le constructeur ne faisait que leur proposer des options en supplément. C’était pour eux comme si ce rêve qui s’était formé à l’achat du terrain s’évanouissait en un instant. C’est alors que Monsieur et Madame K. décidèrent que, s’il en était ainsi, ils construiraient eux-mêmes leur maison, et se mirent à la recherche d’un architecte. Leurs recherches les amenèrent à aller consulter Densou Sugiura, un architecte qui avait conçu bon nombre de logements de petite superficie. – Lorsque nous lui avons tendu la fiche de conception et les plans, Monsieur Sugiura, s’est réjoui : « C’est la première fois que je rencontre des gens qui savent aussi concrètement ce qu’ils veulent ! » Et il semble que ce genre de terrain en forme de « L » soit un cas rare, ce qui aurait attisé la passion d’architecte de Monsieur Sugiura. Quand il nous a dit « Je veux absolument travailler avec vous », nous en avons presque sauté de joie !

Les « trois principes d’aménagement de l’espace dans une p’tite maison » qui ont exaucé le rêve du couple. Dans la maison du couple K., les « trois principes d’aménagement de l’espace dans une p’tite maison » prônés par M. Sugiura, « laisser passer, perméabilité, et cumul », sont appliqués sans réserve. En premier lieu, il n’y a pas de cloison entre l’entrée et le salon-salle à

manger-cuisine. Avec ce principe du « laisser passer », ils ont tiré parti au maximum de l’espace disponible. L’entrée est disposée de façon à ce que le salon-salle à manger-cuisine ne soit pas visible, et que les visiteurs qui sont dans l’entrée ne risquent pas de voir la famille se détendant dans le salon. Le salon « cumule » les fonctions de salle à manger et de cuisine, mais dans la mesure où l’on peut cacher la cuisine avec une porte translucide, il peut changer de fonction en un instant. De plus, les hôtes accueillis dans le salon sont préservés de la vue de la cuisine ou de la salle de bain. Le jardin intérieur donne sur le salon-salle à manger-cuisine, et comme il est entouré de verre, la « perméabilité » permet un ressenti plus ample de l’espace. Il cumule aussi les fonctions de « laisser passer » notamment en termes d’éclairage et de renouvellement de l’air. Au pied de l’escalier, le bureau de Monsieur K, la chambre de leur fille, un espace de jeu avec un hamac suspendu, et un espace de rangement. – Avec seulement le rez-de-chaussée et le premier étage, nous n’avons pas assez de surface de plancher. Mais dans cette zone, il y a des restrictions en matière de hauteur des bâtiments, si bien que nous n’avons pu faire une maison à deux étages. Nous en avons parlé avec M. Sugiura, qui nous a dit que si nous faisions un niveau semi-souterrain à une profondeur ne dépassant pas 1,40 m, il n’y aurait pas de problème au niveau de la législation, et que l’impôt sur les propriétés serait moins élevé. À ce niveau semi-souterrain, la lumière provient du jardin intérieur du

La cloison translucide ne laisse pas voir la cuisine, tout en préservant une impression de profondeur. On ne les voit pas sur les photos, mais on trouve aussi sur le mur de droite un grand écran, et à gauche un sofa et une installation audio.

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niveau supérieur et de petites fenêtres, si bien que l’on ne se sent pas oppressé. De plus, le mur en béton offre une bonne insonorisation, qui permet, nous dit-on, de jouer du piano sans déranger les voisins. L’espace de rangement est vaste, et accueille des objets de grande taille tels que des planches de surf ou des skis. – On nous avait dit : « Comme vous êtes en centre-ville, autant recourir aux facilités de la ville. En destinant l’espace prévu pour le parking à d’autres usages, vous auriez une maison encore plus agréable. » Mais nous n’en avons fait qu’à notre tête, et nous avons demandé à faire une place de parking. Au premier étage, on trouve une salle de bains éclairée d’une douce lumière. C’est un espace ouvert, donnant une véritable impression de lieu de villégiature. Quand on veut faire une salle de bains dans le style d’un rotenburo (spa à ciel ouvert), les problèmes d’intimité vis-à-vis de l’extérieur se posent, mais en utilisant ingénieusement la « perméabilité », on peut trouver des solutions en recourant aux persiennes qui empêchent d’être vu de l’extérieur.

Un moment de détente en musique dans une baignoire entourée de lumière

Une maison confortable, en contact avec la nature. Toutes les pièces sont très claires et l’air y circule en permanence. La chambre du couple se trouve à l’étage, mais, bien que nous soyons en centre-ville, les oiseaux viennent se poser sur les bambous qui ont poussé dans le jardin, et Monsieur et Madame K. se réveillent tous deux chaque matin au pépiement des oiseaux et à la lumière du jour. La lumière, l’air, le chant des oiseaux... L’énergie de la nature rend cette maison encore plus confortable. À voir une maison d’un tel niveau de perfection, il est difficile de ne pas s’inquiéter de son prix. – Nous sommes restés dans les limites du montant que nous avions convenu au départ. Comme nous ne pensions pas que notre idéal de maison se réaliserait à ce point, quand nous avons pris possession de la maison, nous avons ressenti une grande émotion. Pour terminer, nous avons demandé à Miroku, la fille du couple K., ce qu’elle pensait de leur maison : – Nous passons de bons moments dans le jardin autour d’un barbecue ou d’une fondue bourguignonne. Pour me changer les idées, je fais mes devoirs dans le jardin. Notre vie ici avec nos chats est très agréable tous les jours. J’adore cette maison !

Les persiennes et les fenêtres de toit offrent un espace semblable à un spa à ciel ouvert. Les moments passés dans cette baignoire entourée de murs blancs et d’un carrelage de qualité sont de véritables moments de luxe.

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JQR

L’étroi tes s e e t l’ e x ig ü it é p e u v e nt ê t r e un a t o ut !

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tion max

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l’espac

3 Partie t habita

L’architecte qui n’empêche pas ses clients de rêver !

Concevoir des maisons pleines de bonheur M. D ensou S ugiura ,

architecte , réalise la maison

idéale pour ses clients sur la base des

«

trois principes d ’ aménagement de l ’ espace dans une p ’ tite maison

qu ’ il a développés .

F ace

»

Le modèle de l’aménagement d’un espace exigu, c’est la maison de thé. J’ai beaucoup appris des maisons de thé.

aux contraintes de l ’ étroitesse des grandes villes ,

il donne naissance à des maisons fonctionnelles et agréables à vivre .

C’

C’était il y a maintenant 18 ans. M. Densou Sugiura, architecte, s’est vu demander de concevoir une maison sur un terrain ne faisant que 31,2 m², soit 9,4 tsubo. M. Sugiura, qui n’avait jamais pensé que l’on puisse construire une maison sur un si petit terrain, a relevé le défi et s’est engagé dans ce travail. – Il s’agissait là d’un problème difficile, qui consistait à faire d’un espace limité quelque chose d’agréable et pratique. La réponse que j’ai trouvée à ce problème, je l’ai nommée les « trois principes d’aménagement de l’espace dans une p’tite maison », à savoir « perméabilité, laisser passer, et cumul ». En recourant à ces trois principes, on peut construire une maison agréable et pratique sur un terrain de superficie limitée. Le premier de ces principes, celui de la « perméabilité » consiste à jouer sur la visibilité aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur. Il s’agit d’utiliser, lorsque l’on cloisonne l’espace, des matériaux perméables, laissant passer les regards, l’air et la lumière. – En recourant à des plaques de métal ajouré ou à du métal étiré pour créer les cloisons, il est possible de voir le paysage extérieur depuis l’intérieur de la maison, mais pas l’intérieur depuis l’extérieur. La lumière et l’air traversent les pièces, et la vision s’étend en profondeur vers l’extérieur. On obtient

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ainsi un espace ouvert, capable dans le même temps de préserver l’intimité des occupants de la maison. Le deuxième principe, celui de « laisser passer », consiste à retirer une partie des murs et planchers afin d’étendre l’espace. Comme la superficie absolue est limitée pour les maisons construites sur de petites surfaces, il est fréquent d’avoir trois niveaux, mais on utilisera par exemple des matériaux aérés pour les escaliers. – Avec un escalier à la structure aérée, si l’on ouvre en été une fenêtre au niveau supérieur, un appel d’air se produira comme dans une cheminée, générant un agréable courant d’air du bas vers le haut. De plus, la lumière entrant par les fenêtres de toit éclairera les niveaux inférieurs, augmentant ainsi la luminosité à l’intérieur de la maison. Le troisième principe, celui du « cumul » consiste à assigner plusieurs fonctions à un seul espace, comme par exemple dans le cas d’un espace qui cumule les deux fonctions de jardin et d’entrée. – L’espace occupé par une maison représente ordinairement 60 % de la superficie du terrain, laissant un espace non bâti de 40 %. Si l’on dispose une entrée dans la maison, la superficie utilisable en est réduite d’autant, tandis que si l’on utilise le jardin comme entrée, on profite efficacement du terrain. Intégrer l’extérieur et l’intérieur de la maison, c’est ce qui permet à une

petite maison de vivre. Ces « trois principes d’aménagement de l’espace », de par leur synergie, permettent de générer un espace étendu au milieu des contraintes de l’exiguïté.

La tradition de l’habitat japonais au présent M. Sugiura explique que ces « trois principes d’aménagement de l’espace dans une p’tite maison » étaient déjà présents dans l’habitat originel des japonais : – Par exemple, il y avait systématiquement un engawa (véranda faisant le tour de la maison) dans les maisons individuelles des Japonais. Les gens s’y asseyaient avec leurs hôtes et devisaient agréablement en contemplant les arbres du jardin. Les maisons japonaises d’autrefois intégraient donc déjà l’intérieur et l’extérieur ! Quand M. Sugiura conçoit une maison, même si l’espace est exigu, il met systématiquement un arbre au rez-dechaussée. L’objectif principal est de donner de la profondeur à l’espace, mais cela permet aussi de profiter agréablement de la nature. – Les feuilles bruissent quand le vent souffle, et l’ombre de l’arbre suit les mouvements du soleil. Comme je fais en sorte de planter des arbres à feuilles caduques, les bourgeons apparaissent au printemps, les fleurs s’épanouissent

M. Sugiura dirige le Bureau de recherche architecturale Arts & Crafts. Il est le numéro 1 en matière de petites maisons, pour lesquelles 70% de sa clientèle le consulte. 2015 vol.23

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En réduisant les coûts, l’exiguïté est l’arme suprême pour avoir sa maison en été, les fruits se forment en automne, et l’hiver venu, les feuilles tombent. Cela permet de bien ressentir les quatre saisons. Nous touchons là à un fondement de la culture japonaise, la coexistence avec la nature.

rendement énergétique en termes de chauffage et de climatisation est bon, et elle est aussi plus aisée à entretenir. Comment M. Sugiura voit-il de son côté les avantages et les désavantages d’une petite maison ? – Si on envisage d’y abriter un grand nombre de personnes, une petite maison est bien entendu trop exiguë. Contexte de Cependant le problème n’est pas l’accroissement des petits qu’une maison soit grande ou petite. Je habitats pense que ce qui importe, c’est ce et budget moyen qu’on veut faire dans cette maison, et Cela dit, les maisons japonaises que tout dépend du genre de vie que n’étaient pas nécessairement de petites l’on veut y mener, de l’usage que l’on maisons. Pour M. Sugiura, veut en faire. Par exemple, les fonctions l’accroissement de la demande en à assurer dans le cas petites maisons à partir des années d’une maison en banlieue et dans celui 1990 est dû à plusieurs d’une vie dans une grande facteurs sociétaux : la ville sont totalement préférence pour les différentes. Quand on maisons individuelles habite une grande ville, il par crainte d’avoir à n’est pas obligatoire d’ subir un séisme dans un inviter les gens chez soi : appartement, la moindre un bon restaurant dans le nécessité d’habitats de voisinage permet d’ grande superficie par l’ accueillir ses hôtes. Car la effet des changements vie dans une grande ville dans la structure des permet de recourir aux ménages comme la commodités de cette diminution du nombre grande ville. Ainsi, on peut d’enfants, la demande concevoir une maison pour des habitations centrée sur les joies de la originales accompagnant vie de famille. dans sa hausse la Lorsque l’on demande aux « Un espace n’est pas agréable seulement parce qu’il est vaste : toutes sortes d’éléments entrent en jeu, comme la lumière, l’air, la température, diversification des styles familles qui vivent dans les les odeurs et le ressenti des matériaux » explique M. Sugiura. de vie, la promotion petites maisons conçues sociale des femmes et par M. Sugiura ce qu’elles la préférence des en pensent, on constate ménages à double revenu pour les que le niveau de satisfaction est les frais d’architecte**. Et il faut en plus centres-villes, etc. extrêmement élevé malgré la superficie un terrain. Les terrains en centre-ville – On a longtemps considéré au Japon limitée. sont chers, mais si la forme du terrain qu’un logement impliquait un minimum – Quand je vois les visages heureux de est inhabituelle, on peut l’acquérir à un de superficie, au moins une trentaine de la famille d’un client qui prend prix relativement bon marché, et si l’on tsubo (1 tsubo = environ 3,3 m2). Mais possession d’une maison dans laquelle trouve le moyen de construire une on a finalement compris qu’avec de ils pensent pouvoir vivre agréablement, maison sur ce type de terrain, cette l’ingéniosité, on pouvait vivre de façon je me dis que j’ai vraiment bien fait de maison sera tout naturellement une agréable et pratique dans une petite choisir ce métier ! maison amusante. maison. Même avec un petit terrain, il ne faut Les clients qui viennent au Bureau de pas renoncer. Car en vous adressant à Qu’y a-t-il à perdre, recherche architecturale Arts & Crafts la bonne personne, vous pourrez qu’y a-t-il à gagner sont souvent des couples d’au moins réaliser une maison agréable à vivre. à vivre dans une petite maison ? 35 ans, voire des quadragénaires, * Ces montants sont indiqués hors taxe Une petite maison permet de limiter les disposant d’un prêt immobilier d’environ ** Ce montant est celui estimé à la date de frais de terrain et de construction. 55 millions de yens. Si l’on veut avec l’interview, en mai 2015 Comme elle est compacte, le cette somme acheter un terrain en

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L’obstacle de l’exiguïté incite à la créativité et à rechercher tous les jours sur de nouvelles idées

centre-ville et y faire bâtir, on ne pourra acquérir qu’un terrain de moins de 20 tsubo. La superficie moyenne du terrain des petites maisons que M. Sugiura a conçues tourne autour de 17 tsubo, avec une surface de plancher d’environ 27 tsubo. Le prix moyen par tsubo d’un bâtiment est d’environ 890 000 yens*, le coût des travaux étant d’environ 24 millions de yens*. Ces chiffres sont dans tous les cas déjà obsolètes. Les coûts des travaux et le prix des terrains sont ces derniers temps tous deux en augmentation. – Aujourd’hui, le coût des travaux pour une petite maison va s’élever à 30 millions de yens environ. Il faudra aussi ajouter la taxe sur la consommation et

Pour tous renseignements : Bureau de recherche architecturale Arts & Crafts, Tél : 03-3402-5315

M. Sugiura dans son bureau de Kita Aoyama dans l’arrondissement de Minato. Durant les 18 dernières années, il a conçu ici de nombreuses petites maisons. On notera au passage que le plus petit terrain sur lequel il ait construit était d’une superficie de 7 tsubo (4,3 tsubo pour le plus petit bâtiment). 2015 vol.23

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Quality Review

Les gelées avalement

Toutes les gelées sont sans sucre, sans caféine et sans allergènes. Les personnes devant limiter leur consommation de sucre peuvent les consommer en toute tranquillité.

Les gelées avalement

Une gelée médicinale pour avaler et faire glisser les médicaments en douceur jusqu’à l’estomac Photos et texte / Rédaction JQR

Avaler des médicaments n’est plus une épreuve, quels que soient leur goût, leur odeur ou leur forme

P

Les comprimés passent difficilement par la gorge… J’ai du mal à avaler plusieurs comprimés à la fois… Cette poudre est amère… Ce ne sont là que quelques exemples des désagréments rencontrés lorsque l’on doit prendre des médicaments. Mais puisque c’est indispensable à leur santé, nombreux sont ceux qui endurent ces désagréments à chaque fois qu’ils en prennent. Les gelées avalement est le produit qui peut faire disparaître cette souffrance. Cette gelée à base d’agar-agar enrobe les médicaments et atténue ainsi leur goût et leur odeur. Les médicaments passent plus facilement par la gorge et glissent jusque dans l’estomac. Composée d’eau à hauteur de 85 %, elle se dissout dès son arrivée dans l’estomac. Cette gelée a été développée par Atsuko Fukui, une pharmacienne qui a acquis une grande expérience en travaillant au contact des patients à l’hôpital et qui est chef du département recherche et développement. « Nous donnons tous les jours des médicaments par voie orale aux patients hospitalisés dans notre établissement. Mais pour un grand nombre d’entre eux qui ont des troubles de la déglutition, il est très difficile d’avaler les médicaments. J’ai aussi vu beaucoup d’enfants refuser la nourriture parce qu’ils ne supportaient pas de prendre des médicaments » explique Mme Fukui. Les difficultés à avaler les médicaments entraînent parfois des irritations de la gorge ou, dans les cas les plus graves, une irritation des bronches lorsque le médicament pénètre dans la trachée. Réduire le médicament en poudre pour le

rendre plus facile à avaler n’est souvent pas une bonne solution puisque les molécules, qui ne sont plus enrobées, se décomposent et irritent la gorge. Certaines personnes mélangent aussi les médicaments avec du yaourt ou du lait pour en masquer le goût et les faire boire aux enfants. Mais dans ce cas, les protéines se collent à la membrane de l’estomac, ce qui diminue les performances d’absorption du médicament et l’empêche d’avoir son efficacité maximale. Dans la première phase du développement, Mme Fukui avait reçu comme instruction de concevoir une « eau permettant de prendre des médicaments n’importe où ». Persuadée d’après son expérience que ce n’était pas une eau qu’elle devait concevoir mais une gelée, elle proposa cette idée dans l’entreprise. Mais l’opposition fut si forte que l’idée fut tout de suite abandonnée. Après un certain temps, elle avança de nouveau l’idée que ce n’était pas une eau mais bien une gelée dont les patients avaient besoin. Devant tant d’insistance, le directeur de la société se rendit lui-même dans les établissements de soin et constata de ses propres yeux que les patients avaient des difficultés à prendre leurs médicaments. Et c’est ainsi que le développement du produit put commencer un an après que l’idée eut été émise.

Des médicaments difficiles à avaler avec de l’eau Les nombreuses expérimentations menées pendant le développement de cette gelée ont permis de faire beaucoup de découvertes, comme nous l’apprend Mme Fukui : « Tout d’abord, nous avons découvert qu’avaler un médicament avec de l’eau exerce une pression inutile sur les muscles de la gorge. Nous avons aussi remarqué que comme le médicament et l’eau passent dans la gorge à des vitesses différentes, le médicament se retrouve seul dans la gorge. Dans 85 % des cas, le médicament se colle à la

paroi de la gorge et ne glisse pas bien jusque dans l’estomac, et ce même s’il est pris avec de l’eau. » Cette gelée, mise au point après de nombreux essais et expérimentations, a immédiatement été adoptée dans les établissements de soin. Les nombreux témoignages recueillis mettent en avant non seulement la disparition du stress causé par la prise des médicaments avec des patients qui ne s’étouffent plus et ne vomissent plus leurs comprimés, mais aussi l’efficacité accrue des médicaments. Cependant, il y a aussi eu des plaintes, notamment chez les enfants, concernant l’acidité trop prononcée de la gelée au citron, seul goût disponible initialement. Des gelées aux goûts fraise et raisin ont donc été commercialisées pour les enfants. Par la suite une gamme de produits spécialement conçus pour la médecine Kampo, issue de la médecine chinoise, a aussi été développée. Ces gelées ne diminuent l’amertume des médicaments que de 50 %, étant donné que selon les médecins Kampo, l’amertume et le parfum particuliers de ces médicaments sont nécessaires à leur efficacité. Il n’est pas acceptable que la prise d’un médicament, destiné à améliorer la condition physique, crée du stress et provoque même parfois de nouveaux maux, ou que les effets attendus ne soient pas obtenus. Il est important que les patients puissent utiliser cette gelée pour les aider dans leur prise de médicaments et ainsi mieux vivre leur médication.

Les comprimés sont pris dans la gelée. On les prend dans la cuiller sans avoir à mélanger, et on avale.

Utilisation générale

Pour les enfants

Pour avaler facilement plusieurs comprimés ou de la poudre. La gelée Les gelées avalement goût citron est efficace aussi pour les grosses gélules ou les compléments Versez de la gelée Les gelées avalement alimentaires. puis déposez les médicaments.

Utilisation avec la

Les sachets à usage unique sont très faciles à emporter partout avec soi et facilitent la prise de médicaments lors des déplacements.

● Contact : Société Ryukakusan http://www.ryukakusan.co.jp/ Tél : 0120-797-010 (de 10:00 à 17:00 sauf les week-ends et jours fériés) 2015 vol.23

Versez à nouveau de la gelée pour recouvrir les médicaments.

Les gelées avalement pour enfants sont disponibles en cinq saveurs : fraise, raisin, pêche, citron et chocolat.

Les médicaments sont plus faciles à prendre et conservent leur parfum et leur amertume.

Versez le médicament et la gelée dans un récipient et mélangez bien.

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La sensation de prendre un médicament disparaît derrière un goût et un parfum savoureux.

La gelée pour la médecine Kampo est disponible en deux saveurs : fraise-chocolat et café.

Mangez avec une cuiller. La sensation de consommer une poudre a disparu.

La gelée au raisin contient des pigments de couleur extraits de la peau du fruit. Elle donne réellement l’impression de manger du raisin et non un médicament !

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Quality Review

Pico-Falcon Disponible en 3 coloris. Le Pico est équipé de piles qui peuvent être rechargées à l’aide du chargeur inclus dans la télécommande. Autonomie de vol d’environ 4 mn pour 30 mn de charge.

Pico-Falcon

Le Pico-Falcon, un mini hélicoptère télécommandé qui se faufile dans le moindre recoin Photos / texte : Rédaction JQR

Le mini hélicoptère le plus petit au monde, avec une taille de 59 mm et un poids de 9 g. Les adultes en sont fous…

? Quand CCP a lancé le premier mini

également d’absorber les chocs en cas

hélicoptère d’intérieur, en 2006, des

de collision. Cela a permis de le rendre

contrefaçons de mauvaise facture ont

plus robuste ».

été produites en quantité à l’étranger. Ces imitations, peu robustes, ont injustement donné aux mini hélicoptères la réputation de jouets qui cassent tout de suite. « On était vexés. L’équipe de

Des astuces ludiques Tout a été fait pour rendre le PicoFalcon plus petit et plus solide, mais également plus ludique. Prenons sa

développement a alors déployé des

boîte de transport, la Pico-Box : c’est

trésors d’inventivité pour balayer cette

une boîte à outils compacte qui, une

n hélicoptère si petit qu’il tient

réputation et fabriquer un hélicoptère

fois ouverte, révèle hélicoptère,

sur le bout du doigt. Moi qui

radioguidé qui soit encore plus petit,

télécommande, piles ou encore

croyais que c’était une maquette, quelle

encore plus solide. C’est ainsi qu’on a

tournevis. Couvercle fermé, elle se

ne fut pas ma surprise quand je l’ai vu

mis sur le marché en 2013 le Nano

transforme en hélipad. L’avant de

décoller ! Utilisée avec adresse, sa

Falcon, le prédécesseur du Pico-

l’hélicoptère est équipé d’une LED

télécommande permet d’effectuer à

Falcon, qui fait 81 mm », dit Kiyoko

blanche qui peut être allumée ou

loisir montées et descentes, rotations et

Hayasaki, du service des relations

éteinte pendant le vol, comme un

virages à gauche et à droite,

publiques de la firme.

véritable hélicoptère ! Trois appareils,

U

mouvements avant et arrière : tout le

Dans un secteur où la vente de 30

et il peut également voler en formation.

réalisme d’un véritable hélicoptère dans

000 exemplaires est considérée comme

Petit, mais permettant une authentique

un modèle réduit. Le Pico-Falcon, un

un succès commercial, environ 150

expérience de vol, le Pico-Falcon met

mini hélicoptère radioguidé

000 Nano Falcon ont été écoulés dans

le rêve à la portée de tous, petits et

commercialisé par le fabricant de jouets

les 9 mois suivant leur mise sur le

grands.

CCP, mesure 58,5 mm pour un poids

marché. Puis vint le Pico-Falcon, 30%

de 9 g. C’est le plus petit hélicoptère

plus petit que son prédécesseur : le

au monde, une performance enregistrée

nombre de ses composants a été réduit,

au Livre Guinness des records.

et certains, comme les cartes

L’hélicoptère et la télécommande

électroniques, ont été miniaturisés.

communiquent par infrarouge avec une

D’après le responsable de la

portée maximale de 5 m en intérieur.

planification et du développement,

Son prix est raisonnable, de l’ordre de 5

Shogo Matsuda, « les hélices et les

480 yens pour le Pico complet avec

patins du fuselage sont faits dans un

télécommande.

matériau flexible qui permet non

Pourquoi développer un mini hélicoptère

seulement d’alléger le tout mais

● Pour toute information, merci de contacter CCP à l’adresse suivante : http://www.ccp-jp.com ou par téléphone au 03 3527 8866 (de 9h30 à 12h et de 13h à 17h sauf samedis, dimanches et jours fériés)

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La Pico-Box contient l’hélicoptère, la télécommande, le tournevis pour changer les piles. Mesurant 11x10 cm, cette boîte de rangement compacte est facile à transporter. * Piles vendues séparément

Les capteurs gyro d’angle et de vitesse haute performance et le birotor contrarotatif confèrent au Pico-Falcon une grande stabilité de vol.

caméra ique équipé d’une un re tè op lic hé Un Mode caméra héliportée

Replié

Mode Digicam

Le Nano Falcon DigiCam, un nouveau produit équipé d’une caméra 300 000 pixels. D’une longueur de 13 cm, il permet de filmer et prendre des clichés en intérieur depuis l’hélicoptère en vol. Polyvalent, une fois pales et queue repliées, il peut être rangé dans le contrôleur et devient caméra numérique.

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Ecchu-Yao

Owara Kaze No Bon Les festivals de danse Bon-odori sont des événements estivaux organisés partout dans l’archipel japonais. Mais de toutes les danses Bon-odori, « Owara Kaze No Bon » est celle que beaucoup souhaitent voir au moins une fois dans leur vie.

Photos / texte: Yuko IIDA 38

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Une fête qui remonte à

Les sanglots longs du kokyu rythment une danse envoûtante

Les fleurs d’hibiscus ouvrent leurs amples pétales comme autant de cœurs qui s’épanouissent d’un tendre sentiment. Trois jours durant, à la fin de l’été, dans les rues noires de monde, femmes et hommes de Yao défilent en dansant. Une danse Bon-odori envoûtante dont l’extrême raffinement enveloppe les spectateurs d’une sensation de fraîcheur. Tous les ans, dès le 20 août, l’enthousiasme commence à se faire sentir dans la ville d’Ecchu Yao. Au fond des maisons à façade en treillis, on joue du kokyu (instrument de musique à cordes doté d’un archet), et les furins, ces petits carillons japonais accrochés au-dessus des portes, tintent pour marquer la cadence. Dans cette ambiance pleine de grâce, l’enthousiasme envahit la ville par petites vagues avant de l’entraîner dans un fol tourbillon. À l’occasion du « Kaze No Bon » qui se tient du 1er au 3 septembre (correspondant à peu près au 1er août du calendrier traditionnel japonais), plus de 200 000 personnes arrivent de tous les recoins du Japon et envahissent les rues de cette petite ville. Sous le regard des spectateurs, les citoyens de Yao dansent, concentrés sur leur chorégraphie. Malgré la ferveur environnante, leurs mouvements gracieux dégagent une grande fraîcheur. La gracilité de la nuque et la souplesse des mains des danseuses, le visage caché sous un chapeau de paille porté très bas, sont l’expression même de la féminité. Vêtus d’une veste teinte à l’indigo avec au dos un motif d’épi de riz en blanc, les danseurs impressionnent avec la beauté de leurs mouvements, lestes et dynamiques. Tantôt sobres, tantôt expressifs, ces hommes et ces femmes s’entrecroisent et dansent sans mot dire. D’aucuns disent que le « Kaze No Bon» était à l’origine une fête « Kaze Shizume» (rituels pour apaiser les vents). Quand arrive le 1er août du calendrier traditionnel – le 210ème jour à compter du début du printemps (milieu entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps) – les épis de

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riz courbent sous le poids des grains. Or, c’est un jour fatidique souvent marqué par un typhon. Les paysans de Yao organisaient donc une fête afin d’apaiser les vents pour empêcher ces derniers de coucher au sol les tiges de riz avant la moisson. À la période Genroku, c’était, semble-t-il, une fête rustique et bruyante, comme on en voyait partout au Japon. Elle a subi des transformations profondes dans les années 1920 (du milieu de l’ère Taisho au début de l’ère Showa). Junji Kawasaki, médecin local, avait à l’époque invité des hommes de lettres, chorégraphes et autres artistes illustres à Yao pour les présenter à des personnalités passionnées d’art de sa ville. À l’initiative de ces élites, la danse Bon-odori de Yao a raffiné son style et jeté les bases de ce qui est actuellement connu sous l’appellation de « danse des hommes » et de « danse des femmes ». Aujourd’hui, 11 quartiers de Yao rivalisent de créativité pour faire évoluer le répertoire composé notamment de danse sur scène, danse en ronde et danse « Honen » qui simule les gestes du travail agricole. Au crépuscule, le vent se lève et annonce la pluie. Quand la pluie passagère s’arrête, on reprend la danse sur les tréteaux et dans les rues. La nuit avance et les touristes s’en vont avec le dernier train. Quand les rues pavées de pierre retrouvent leur calme, la danse du « Kaze No Bon » recommence aux carrefours plongés dans la pénombre. À la lueur de la lune, les musiciens et les danseurs, presque irréels, exécutent leurs numéros, chacun suivant son inspiration, et ne se dispersent qu’à l’aube.

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Fin d’été, début d’automne

Éclairée par la lueur pure de la lune, la danse dégage une sensation de fraîcheur. Les musiciens défilent sous un ciel légèrement voilé.

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L’explication de l’origine du mot « Owara »ne fait pas l’unanimité. Les uns prétendent qu’il s’agit d’une déformation de « Oowaraï (rire à gorge déployée) », paroles qu’on chantait autrefois à la fête tandis que les autres avancent la théorie du « Oowara (grand épi de riz) », symbole de récolte abondante.

Informations pratiques

« Owara Kaze No Bon» Lieu: Yao-machi, Toyama-shi, Toyama-Ken Période: du 1er au 3 septembre Pré-fête: du 20 au 30 août Accès: Prendre la ligne JR Takayama-Honsen à la gare de Toyama et descendre à la gare d’Ecchu-Yao. Le centre-ville est à 12 minutes de bus de la gare.

※ Chaque soir de la pré-fête, un des 11 quartiers de la ville défile et danse en ronde ainsi que sur scène. La grande fête attire une immense foule de touristes, alors que la pré-fête permet de profiter du spectacle plus confortablement.

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Le regard caché derrière un chapeau de paille de jonc tressée, elle danse, comme en transe, jusqu’au bout de la nuit.

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