Rav Yossef-’Haï ABERGEL fêtes juives
AUTEUR Rav Yossef-’Haï ABERGEL • RELECTURE Elyssia BOUKOBZA Philippe STEBOUN • PARTICIPATION Sarah GUEITZ • MISE EN PAGE Jérémie ARGAMAN • COORDINATION Moshé-Haïm SEBBAH • DIRECTION Binyamin BENHAMOU Publié et distribué par les
EDITIONS TORAH-BOX France Tél.: 01.80.91.62.91 Israël Tél.: 077.466.03.32 contact@torah-box.com www.torah-box.com © Copyright 2018 / Torah-Box
• Imprimé en Israël Ce livre comporte des textes saints, veuillez ne pas le jeter n'importe où, ni le transporter d'un domaine public à un domaine privé pendant Chabbath.
Note de l’éditeur Les Editions Torah-Box sont heureuses de vous présenter l’ouvrage sur les “Fêtes Juives” du Rav Yossef-‘Haï Abergel. Les fêtes juives constituent pour chacun d’entre nous des rendezvous incontournables avec notre tradition. Mais au-delà de leur aspect purement rituel, cernons-nous réellement la signification profonde des fêtes juives ? A l’aune des textes de nos Sages qu’il maitrise avec une remarquable aisance, le Rav s’applique à nous faire découvrir les trésors enfouis dans chacune des fêtes du calendrier juif, qui, sous ce nouvel éclairage, s’avèrent être de véritables joyaux de sagesse et de profondeur ! Grâce à ses explications riches et claires, le Rav Abergel répond aux questions que l’on se pose ou pas : - Quel est l’impact du décompte du Omer sur la Néchama de l’homme ? - Comment vivre la période des “3 semaines” de deuil sans verser dans le pessimisme ? - A ‘Hanouka, raviver notre flamme pour le Créateur, est-ce possible ? Cet ouvrage limpide et captivant vous enseignera au fil des pages l’art de s’affranchir de la servitude à Pessa’h, celui de retrouver la vitalité à Tou Bichvat ou celui de découvrir la joie qui est en vous lors de Pourim. Il deviendra votre meilleur allié pour vous préparer aux fêtes juives. להגדיל תורה ולהאדירה L’équipe Torah-Box
Que ce livre contribue à la réussite du
Collel « Vayizra’ Itshak » Centre d’étude de Torah pour Francophones à Jerusalem
sous l’enseignement du rav Eliezer FALK à la mémoire de M. & Mme Jacques -Itshak- BENHAMOU au Roch-Collel : Rav Eliezer FALK aux Rabbanim : Rav Tséma’h ELBAZ Rav ‘Haïm BENMOCHÉ Rav Eliahou UZAN
et à leurs chers étudiants assidus et dévoués pour la Torah : Rabbi Moché AVIDAN
Rabbi Amir MADAR
Rabbi Binyamin BENHAMOU
Rabbi Nethanel OUALID
Rabbi David BRAHAMI
Rabbi Mikhael RIMOKH
Rabbi Yossef COHEN
Rabbi Raphael SABBAH
Rabbi Anthony COOPMANS
Rabbi Franck SAYADA
Rabbi Aaron DANA
Rabbi David SITBON
Rabbi M. Moché GOLDBERGER
Rabbi Itshak ZAFRAN
Rabbi Binyamin JAMI
Que ce livre contribue à la réussite du
Collel « Torat Yé’hia »
Centre d’étude de Halakha pour francophones à la mémoire de M. & Mme Yé’hia TEBOUL au Roch-Collel : Rav ‘Haïm BENMOCHÉ
et à leurs chers étudiants assidus et dévoués pour la Torah : Rabbi Shlomo AFLALO Rabbi Réouven GAMRASNI Rabbi Gamliel LEVY Rabbi Lionel SELLEM
TABLE DES MATIÈRES Introduction Les fêtes juives : une dimension dans la Avodat Hachem p.11
1 - Roch Hachana Métamorphose de l’heure p.19 25 Eloul et Roch Hachana : comment exploiter ses capacités p.27 Création de l’homme et du monde p.33 Revalorisation de nos actes p.37 Roch Hachana : quelle merveilleuse journée ! p.42 Une lumière infinie p.46
2 - Roch Hachana et Yom Kippour Choisir la bonne direction p.53 Accorder de la valeur p.57 Changer d’identité p.62
3 - Yom Kippour L’excellence humaine p.69 Après Kippour p.73
4 - Souccot Dans la Soucca, Hachem nous protège p.81
5 - Hocha’ana Rabba Lâcher la faute avec joie p.87
6 - ’Hanouka Savoir éveiller son âme p.95 ’Hanouka et le football
p.100
Huit jours, huit flammes
p.105
7 - Tou Bichvat Le potentiel insoupçonné de Tou Bichvat
p.111
Naissance et conception de la vie
p.115
8 - Pourim Plaisir et Torah
p.121
Décrets annulés
p.126
Importance et enseignement
p.131
Le monde dirigé par D.ieu
p.136
Pourim et Kippourim
p.141
9 - Pessa’h Etre un homme libre (1)
p.149
Etre un homme libre (2)
p.153
Etre un homme libre (3)
p.158
Etre un homme libre (4)
p.162
Pessa’h Chéni
p.167
10 - Chavou’ot Epanouissement par la Torah
p.175
La Torah : au-delà de nos capacités ?
p.179
La Torah à portée de tous
p.183
La métamorphose
p.188
Morale de Torah
p.193
Valeur de notre âme
p.197
11 - Mois d’Av Les trois semaines, ou comment accéder à la liberté
p.203
Les trois semaines : bientôt le troisième Temple
p.207
Les raisons de la destruction du Temple
p.211
Tich’a Béav (9 Av)
p.215
La grande fête du 15 Av
p.219
12 - Roch ’Hodèch Un Yom Tov négligé
p.225
Glossaire
p.229
Préface de l’auteur Une vie entière passée à remercier le Créateur serait loin d’être suffisante pour tous les trésors extraordinaires dont Il nous fait bénéficier à chaque instant. Cela relève véritablement du domaine de l’infini ! Les différentes fêtes de l’année juive comptent parmi les plus précieux cadeaux que nous possédons. A l’issue de chacune d’entre elles (et surtout les plus grandes telles que Pessa’h et Souccot), il n’est pas rare de ressentir une sensation de tristesse, un pincement au cœur à l’idée de retrouver la routine quotidienne. Il peut même parfois y avoir une certaine frustration en réalisant que nous n’avons pas su tirer profit de la sainteté de ces fêtes, que nous avons manqué d’exploiter pleinement leur potentiel spirituel. « Comment se sont passées les fêtes ? » Voilà une question très souvent posée, particulièrement après Pessa’h et Souccot. Mais en réalité, il faut savoir qu’une fête ne « passe » pas. Bien au contraire, une fois terminée, elle est même plus que jamais présente en nous, elle est un trésor spirituel qui continue de nous accompagner tout au long de l’année. Comment peut-on vivre cette réalité au quotidien ? C’est ce que nous allons découvrir dans cet ouvrage. Si la lecture de ce livre sera certainement intéressante toute l’année, son étude avant et pendant chaque fête sera d’autant plus enrichissante. Par ailleurs, l’étude de tous ces cours tout au long de l’année donnera aussi bien au lecteur qu’à l’étudiant une nouvelle approche des merveilleuses fêtes dont Hachem nous a gratifiés, un nouveau regard sur la Torah et les Mitsvot, une autre façon d’aborder la vie et le monde ainsi qu’une réelle métamorphose de soi. Béhatsla’ha ! Yossef ‘Haï Abergel
Remerciements Mes remerciements à mon très cher ami, le Rav Ron Chaya, avec qui je travaille depuis de longues années, pour m’avoir donné l’occasion d’assurer des cours et des conférences sur son site exceptionnel Leava.fr. Qu’Hachem l’aide à continuer sa diffusion de la Torah et à rapprocher ses frères juifs du Créateur. Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude envers mon cher ami, le Rav Binyamin Benhamou, qui m’a lui aussi permis de mettre en ligne de très nombreux cours de Torah sur son formidable site TorahBox.com. Lui et son équipe réalisent un travail monumental de diffusion du judaïsme depuis de longues années en assurant des milliers de cours touchant à tous les domaines de la Torah. En réalité, c’est grâce au Rav Binyamin Benhamou si ce livre est publié aujourd’hui : c’est véritablement son initiative, ses idées hors du commun, ses conseils et son travail sans relâche qui ont permis à cet ouvrage de voir le jour. Merci également à madame Sarah Gueitz pour son importante collaboration à la parution de ce livre. Je suis aussi très reconnaissant envers Rav Emmanuel et Elyssia Boukobza, pour avoir réalisé un travail remarquable de retranscription de mes cours. Ils ont parfaitement saisi les idées que je voulais transmettre dans mes conférences à l’oral, en les adaptant brillamment par écrit. Mes remerciements vont également à mon cher élève Philippe Steboun pour sa contribution, son précieux travail d’adaptation et ses recommandations qui m’ont été d’un grand secours. Nos Sages enseignent que si on apprend beaucoup de ses Maîtres, on apprend encore plus de ses camarades, et encore plus de ses élèves. C’est pourquoi je tiens à remercier profondément tous mes élèves de la Yéchiva Yéchouot Yossef à Jérusalem, ainsi que tous les auditeurs et spectateurs de mes cours et conférences, aussi bien lors de mes voyages que sur les sites Leava et Torah-Box. En réalité, c’est leur motivation et leur intérêt pour la Torah qui m’ont encouragé dans mon enseignement, puis dans la réalisation de ce livre. Qu’Hachem leur permette de concrétiser leurs aspirations dans le monde de la Torah.
Je tiens à exprimer du fond du cœur ma reconnaissance infinie à mes très chers parents qui m’ont toujours élevé dans le chemin de la Torah, et qui n’ont épargné aucun effort pour assurer mon épanouissement dans tous les domaines de la vie. Je leur dois toute ma réussite. Certains cours de cet ouvrage n’ont pu voir le jour que grâce à leurs enseignements. Qu’Hachem leur accorde une excellente santé, une longue vie, et qu’ils aient toujours la joie d’être entourés de leur descendance. Ma reconnaissance également à mon frère et mes sœurs ainsi qu’à mes beaux-frères et belles-sœurs. Certaines idées de ce livre sont en fait le fruit de discussions fréquentes que nous avons eues dans notre jeunesse (et encore jusqu’à ce jour !), ce qui m’a permis de faire éclater au grand jour quelques merveilleuses facettes de la Torah. Mes profonds remerciements à mes chers beaux-parents qui ont toujours été à mes côtés pour me soutenir dans toutes mes entreprises, et qui ont également grandement contribué à ma progression et mon élévation spirituelle dans le monde de la Torah. Qu’Hachem leur accorde une excellente santé, une longue vie, et qu’ils aient toujours la joie d’être entourés de leur descendance. Enfin, ma gratitude envers mon épouse vertueuse qui a elle aussi été d’une aide précieuse à la préparation de la plupart de ces cours, grâce à nos discussions passionnantes et enrichissantes. Qu’Hachem la protège et la bénisse. Et évidemment, une infinie reconnaissance envers le Créateur qui nous guide et nous dirige dans tout. Une vie entière ne serait pas suffisante pour Le remercier comme il se doit. Sachons apprécier tous les bienfaits qu’Il nous prodigue à chaque instant, et n’oublions pas que chaque respiration est un cadeau divin qui nécessite nos remerciements les plus sincères. J’espère de tout cœur que cet ouvrage permettra à tous ses lecteurs de se rapprocher davantage de la Torah et des Mitsvot. Qu’Hachem protège et bénisse l’ensemble du peuple d’Israël, Amen ! Yossef ‘Haï Abergel
Introduction Les fêtes juives : une dimension dans la Avodat Hachem
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Introduction
Les fêtes juives constituent des moments importants pour chacun d’entre nous. Quel que soit notre niveau religieux, on y accorde tous de l’importance. Même les juifs éloignés de la Torah célèbrent au moins Yom Kippour, le Séder de Pessa’h ou allument les lumières de ‘Hanouka. En fait, ces évènements de l’année juive renferment la capacité extraordinaire de transformer notre être. Découvrons ensemble de quelle manière. Qu’est-ce que les fêtes juives ? Le Ari Zal, qui vécut au XVIème siècle, ainsi que Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato, grand Sage et kabbaliste du XVIIIème siècle, expliquent tous deux dans plusieurs de leurs ouvrages ce qu’est l’essence des fêtes juives. Lorsque nous célébrons une fête telle que Pessa’h ou Chavou’ot, il ne s’agit pas pour nous de commémorer le souvenir lointain d’un évènement déroulé il y a des millénaires. En fait, l’année juive ressemble à un parcours jonché de « stations » temporelles, sur lesquelles nous marquons des haltes. A la manière de passagers qui voyagent dans un train, nous faisons des arrêts à chacune de ces stations que sont les différentes fêtes juives. Ainsi, lorsque la Torah affirme que la fête de Pessa’h est « le temps de notre liberté », cela signifie que lorsqu’arrive chaque année la fête de Pessa’h, il nous est donné de revivre cet évènement grandiose que fut la sortie d’Egypte pour nous affranchir à nouveau des chaines de notre servitude. A Chavou’ot, qui commémore le don de la Torah, il nous est donné de recevoir la Torah à nouveau chaque année, comme ce fut le cas il y a des millénaires au mont Sinaï. Et ainsi de suite avec chacune des fêtes de l’année juive… Or, à la lumière de ce que nous venons de rapporter, il apparait clairement que si nous voulons chaque année être en mesure de devenir des hommes libres à Pessa’h, raviver la flamme de l’âme juive à ‘Hanouka ou encore bénéficier de miracles comme ce fut le cas à l’époque de Pourim, il va s’agir de nous mettre en condition. C’est là l’essence et le but de notre ouvrage, grâce auquel, avec l’aide de D.ieu, nous serons 13
Fêtes Juives
en mesure de nous préparer de manière optimale à chacune des fêtes juives. Bâtir et s’épanouir Dans son ouvrage Alé Chour (tome 2, p. 388), le Rav Wolbe explique une notion essentielle du judaïsme, celle de « Binyan Outsmi’ha » soit « l’édifice et la croissance ». Il s’agit d’un processus que on retrouve notamment dans le domaine de l’éducation des enfants, mais aussi au niveau des fêtes juives. Le Rav explique que tout édifice, matériel comme spirituel, est composé de deux volets : sa structure, qui assure son maintien, et son élévation, qui va lui permettre de s’épanouir. Pour mieux illustrer cette idée, prenons l’exemple de l’éducation des enfants. Celle-ci comprend deux phases : une première dite de l’édifice de sa personnalité et une seconde d’épanouissement de sa personnalité. La première phase, qui s’étend généralement de la naissance à l’âge adolescent, va voir les parents tenir un rôle déterminant dans la vie de leur enfant. Il va s’agir pour eux de le guider, de le diriger dans la bonne direction, en fait de lui fournir les outils nécessaires à sa vie d’adulte et de juif. Ils lui poseront certaines limites, aussi bien dans le domaine social (interdiction formelle de voler, de mentir etc., être ordonné, respecter autrui etc.) que dans le domaine religieux (observer Chabbath, prier à Hachem, respecter les règles de la Tsni’out etc.) Au fur et à mesure que l’enfant grandira, interviendra graduellement la phase de la Tsmi’ha, de sa « croissance », grâce aux outils que lui auront fourni ses parents. Le rôle de ceux-ci va aller en s’amenuisant, tandis que l’enfant va prendre davantage d’initiative et commencer à se diriger vers la voie qui lui est propre et dans laquelle il pourra s’épanouir. Or, le Rav Wolbe explique que ce processus en deux phases se retrouve également au niveau de l’accomplissement des Mitsvot et notamment des fêtes juives. Le premier volet, l’édifice, va consister à se préparer convenablement à la fête en étudiant les lois concernant ses Mitsvot spécifiques afin de les accomplir de façon parfaite. Le second volet, la 14
Introduction
croissance, consiste pour le juif à s’intéresser aux commentaires de la fête et de ses Mitsvot afin de bien comprendre le sens et la signification de chaque Mitsva, pour ainsi établir un lien particulier avec l’évènement en question. Cette préparation lui permettra de s’identifier à cette fête, ce qui laissera une empreinte considérable sur sa personnalité. En suivant ce processus, nous nous donnons l’opportunité de faire rayonner notre être à travers les Mitsvot et les fêtes de l’année juive. Faire Téchouva grâce à un Séfer Torah Concernant la manière dont un juif peut éveiller sa Néchama grâce à une seule Mitsva, j’aimerais vous rapporter une histoire édifiante que je tiens de Rabbi Ya’akov Pinto, qui me l’a racontée il y a quelques années. Rabbi Ya’akov connaissait un juif qui habitait à Phuket en Thaïlande et qui y tenait un restaurant hélas non Cachère. Ce juif voyagea une fois en Israël et y rencontra Rabbi Ya’akov, qui lui conseilla de cachériser son restaurant. « Phuket est rempli d’Israéliens, je te promets une grande réussite », lui assura-t-il. De plus, il lui demanda s’il était prêt à ouvrir une synagogue sur l’île, auquel cas lui-même se chargerait de lui fournir un Séfer Torah. Après réflexion, le juif accepta les deux propositions. Il retourna à Phuket et commença les préparatifs sur place tandis que le Rav se chargea de l’achat d’un Séfer Torah de la plus belle qualité. Pour l’acheminer jusqu’en Thaïlande, il manda son frère Rabbi Dany Pinto ; celui-ci prit deux avions puis un bateau pour le conduire jusqu’à la ville de Phuket. Or, le bateau dans lequel il se trouvait accosta précisément sur une plage très fréquentée par les Israéliens ! Imaginez la vision irréelle qui s’offrit alors à ces derniers : eux se prélassent sur la plage et aperçoivent soudain un Rav en train de descendre d’un bateau, tenant un Séfer Torah flambant neuf dans ses bras… Nombre d’entre eux, des centaines, se couvrirent et accoururent à la rencontre du Rav, chacun essayant de s’approcher du Séfer Torah et de 15
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l’embrasser. Certains versèrent même quelques larmes d’émotion à la vue de cet objet si saint… Soudain, un homme s’approcha du Rav et lui demanda : « Rabbi, puis-je tenir le rouleau quelques instants ? », ce que le Rav accepta de bon cœur. L’homme en question raconta au Rav qu’il habitait en Amérique et travaillait en tant que garde du corps de Georges Bush (qui était président des Etats-Unis à l’époque). Il prenait là quelques jours de vacances et était ébahi de voir ici, en plein cœur de la Thaïlande, un Séfer Torah… Après la transformation du restaurant et l’inauguration de la synagogue avec l’intronisation du Séfer Torah, ce juif des Etats-Unis présenta sa démission de son poste à la Maison-Blanche. Aujourd’hui, chers amis, cet homme habite en Israël. Il s’adonne à l’étude de la Torah 16 heures sur 24, cette même Torah qui réveilla il y a des années sa Néchama de sa torpeur sur cette île en Thaïlande. Voilà ce qu’une seule Mitsva est capable d’opérer sur notre être. Ce juif a tenu en mains un Séfer Torah quelques instants, et c’est toute son âme qui a vibré pour la Torah. Illuminer son âme grâce aux fêtes juives Sachez que ce qui se produisit chez ce garde du corps de Georges Bush peut se réaliser en nous à chaque instant, si nous prenons la peine de nous préparer correctement aux fêtes juives et de les laisser produire leur impact sur notre Néchama. Si nous prenons le temps de nous imprégner des lois relatives à chaque fête, de nous imprégner des explications qui les concernent, de nous préparer mentalement à chaque évènement de l’année juive, notre âme pourra trouver au travers elles son harmonie, une harmonie qui tend vers l’infini. Puisse Hachem nous aider à nous préparer de manière optimale à chaque fête ; puisse celles-ci nous transformer en bien et porter leur impact sur notre personnalité afin de nous rapprocher de Lui pour toute l’année, et enfin puissions-nous les célébrer dans la joie et l’allégresse, entourés des nôtres, Amen ! 16
1 - Roch Hachana Métamorphose de l’heure 25 Eloul et Roch Hachana, ou comment exploiter ses capacités Création de l’homme et du monde Revalorisation de nos actes Roch Hachana : quelle merveilleuse journée ! Une lumière infinie
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Roch Hachana
Les Yamim Noraïm, et plus particulièrement Roch Hachana et Yom Kippour, sont des jours de jugement, comme nous l’enseigne ce verset des Téhilim (96, 13) : « Car Il vient, car Il vient pour juger la terre ; Il juge le monde avec équité et les nations avec Son intégrité ». « Le mois de la miséricorde et du pardon » Vous remarquerez la redondance, a priori superflue, des mots « car Il vient » dans le verset que nous venons de citer. Ceci pour nous enseigner qu’effectivement, D.ieu juge le monde à deux reprises chaque année, une fois à Roch Hachana et une autre fois à Yom Kippour. Cependant, de manière assez paradoxale, le mois d’Eloul, qui précède Roch Hachana et Yom Kippour, est appelé « ‘Hodèch Hara’hamim Véhasséli’hot », le mois de la miséricorde et du pardon. Car en effet, le fait de savoir que D.ieu S’apprête à nous juger n’est pas pour nous une source d’inquiétude démesurée, mais plutôt l’occasion de revenir vers Lui d’un cœur entier et de réparer nos fautes. Si on y réfléchit de plus près, nous réaliserons que ces jours que D.ieu offre à Son peuple sont un cadeau d’une valeur incommensurable. Essayons ensemble de comprendre le fonctionnement de ces jours si particuliers ainsi que la manière dont l’homme doit s’y préparer. Il faut avant tout savoir qu’à l’occasion de Roch Hachana, D.ieu renouvelle Son monde. L’être humain étant un élément du monde, il est, au même titre que toutes les autres créatures, renouvelé lui aussi. D.ieu opère une sorte de flash-back sur toute l’année écoulée afin de faire un bilan global et de décider de ce qu’il adviendra de chaque créature pour l’année à venir. Un peu comme un PDG qui, à l’approche de la fin d’année civile, passerait en revue toutes les performances de ses employés pour vérifier dans quelle mesure chacun a rempli sa mission. Les meilleurs éléments, ceux qui auraient intelligemment fait fructifier les fonds à leur disposition, bénéficieraient d’une promotion et accéderaient à des postes de haute responsabilité ; ceux qui au contraire auraient fait un mauvais emploi des sommes qu’on leur aurait confiées se verraient rétrograder vers des postes moins importants. Il en est de 19
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même pour D.ieu qui, à l’occasion de Roch Hachana et de Yom Kippour, va faire le bilan de nos actes pour décider des conditions matérielles et spirituelles à nous accorder pour l’année à venir. Une Téchouva particulière Pourtant, il convient de se demander sur quelle base D.ieu opère ce fameux bilan de notre personnalité. Car si cette période de l’année qui est celle de Roch Hachana et de Yom Kippour est également appelée les Asséret Yémé Téchouva, c’est bien que les notions de Téchouva, de repentance et de réparation y interviennent. Serons-nous donc jugés en fonction de nos conduites passées ou de nos résolutions présentes ? Sous quel angle D.ieu va-t-Il nous considérer en ces jours de jugement ? De plus, une autre question se pose. Les deux jours que dure la fête de Roch Hachana sont inclus dans les Asséret Yémé Téchouva, qui s’achèvent avec la fin de Yom Kippour. S’il en est ainsi, et que cette période est profondément marquée du sceau de la Téchouva, pourquoi n’est-il fait nulle mention de cette idée durant les prières de Roch Hachana ? En effet, un rapide coup d’œil sur un Ma’hzor de Roch Hachana vous suffira à réaliser qu’à aucun moment, ni à l’office du soir, ni à celui du matin et de l’après-midi, ni durant la lecture de la Torah, on y évoque la notion de Téchouva. Même le texte du Vidouï que nous récitons quotidiennement dans la Téfila y est omis ! Comment comprendre une telle contradiction ? Afin d’apporter quelques éléments de réponse à la première question que nous avons posée, à savoir quelle était la base sur laquelle D.ieu allait juger l’homme à Roch Hachana sachant que ce dernier était en plein processus de Téchouva, rapportons le texte de la Guémara Yérouchalmi (Roch Hachana, 7b) dans lequel Rabbi Chimon enseigne au nom de Rabbi Yéhochoua ben Lévi : « D.ieu ne juge l’homme qu’en fonction de son état présent ». A ce propos, nos Maîtres expliquent que non seulement D.ieu, au moment où Il juge l’homme, ne tient pas compte de son avenir et des péchés qu’il sera à même de commettre plus tard, mais en plus, Il fait fi du passé et des égarements qu’il a pu avoir 20
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antérieurement. Ainsi, lorsque D.ieu juge l’homme à Roch Hachana, Il ne prend pas en compte son passé et toutes les fautes qu’il a pu commettre, mais considère son état d’esprit et sa conduite au moment présent, durant les 48 heures que dure la fête de Roch Hachana ! Si vous pensiez avoir saisi un début d’explication, vous vous apercevez qu’à ce stade, on ne comprend plus rien… Ainsi, selon ce principe, l’homme qui aurait commis les pires fautes toute l’année durant et qui à Roch Hachana s’envelopperait d’un manteau de pureté et de droiture serait jugé favorablement par D.ieu, chez Qui l’injustice n’existe pas ? Comment comprendre une telle idée ? Transformer son être profond Afin de cerner ces notions, il nous faut au préalable nous pencher un tant soit peu sur la personnalité de l’homme et sur sa réalité spirituelle. Qu’est-ce que l’homme ? Il s’agit d’une créature dont l’essence est spirituelle, certes. Mais il s’agit en même temps de la somme de toutes les expériences, positives ou négatives, qu’il a connues. On comprend aisément que l’homme ne saurait être détaché de son vécu. Ainsi, lorsque cet homme se présente en jugement devant D.ieu, il est évident que son passé lui est inéluctablement associé. Il porte en lui un condensé de toutes ses expériences passées. Une mauvaise action commise par l’homme, tant qu’elle n’a pas été regrettée et réparée, accompagne son auteur toute sa vie durant. Idem pour une Mitsva accomplie par l’homme, qui va le marquer d’un sceau durable d’éternité et de bonté. C’est pourquoi nos Sages expliquent (entre autres le Maharcha, traité Makot, 10a) que nos actions, bonnes comme mauvaises, ont pour effet de créer des anges qui nous accompagnent dans notre existence et ont une influence sur nous. S’il en est ainsi, l’homme qui se présente devant D.ieu à Roch Hachana ne peut se défaire des actions qu’il a accomplies dans le passé ; comment comprendre donc que D.ieu puisse le juger selon le moment présent exclusivement ? Pour répondre à cette question édifiante, nos Sages nous dévoilent un secret porteur d’un espoir renouvelé : à 21
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Roch Hachana, nous avons le pouvoir de changer la donne du tout au tout ! Car effectivement, D.ieu est prêt à mettre le passé de côté et à ne prendre en considération que nos résolutions présentes. C’est donc le moment de se décider à orienter sa vie vers la spiritualité, de se rapprocher de D.ieu, d’améliorer son comportement au quotidien… Ces résolutions, dans la mesure où elles sont sincères, ont le pouvoir de transformer notre personnalité et de faire de nous des créatures nouvelles. Désormais transformés, notre personnalité est à présent débarrassée des scories qui l’entachaient, et c’est pourquoi D.ieu nous juge de manière favorable. En effet, nos Maîtres expliquent qu’une véritable Téchouva comporte trois étapes : tout d’abord, il faut confesser à l’oral son péché devant D.ieu, ensuite le regretter sincèrement, et enfin prendre la ferme résolution de ne plus jamais recommencer. Or, il apparait que la plus importante des trois étapes de la Téchouva, celle sans laquelle la Téchouva ne saurait être acceptée et en même temps celle qui pourrait presque se suffire à elle-même, est la dernière, à savoir le fait de prendre sur soi de ne plus réitérer la faute. C’est cette résolution qui a le pouvoir de nous transformer réellement. Et c’est elle qui a le pouvoir de faire en sorte que notre Téchouva soit acceptée par D.ieu, même si concrètement, l’occasion de faire nos preuves dans le domaine en question ne s’est pas encore présentée. D.ieu va en effet prendre en compte notre niveau de sincérité et nous juger en fonction. Pour mieux comprendre cette idée, prenons un exemple de la vie de tous les jours. Un homme qui a l’habitude de fumer deux paquets de cigarettes par jour, décide un jour d’arrêter de fumer. Sa décision, ferme et sincère, a peut-être été prise en quelques secondes. Pourtant, c’est déjà un autre homme. Il va tenir le temps qu’il tiendra, peut-être une semaine, un mois, ou même toute la vie, peu importe. Ce qui est important, c’est qu’au moment où il a formulé sa résolution, il était sincère. Or, le niveau de sincérité de l’homme ne peut être appréhendé que par D.ieu, « Qui sonde les cœurs et les reins », comme il est dit dans la prière des Yamim Noraïm. Même si l’homme chute à nouveau 22
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quelque temps après avoir pris sa décision, cela ne signifie pas que celleci n’était pas sincère. Et c’est en fonction de ce niveau de sincérité, et lui seul, que D.ieu nous juge à Roch Hachana. Un nouvel homme C’est ce qui va expliquer que D.ieu, comme nous l’avons mentionné précédemment, ne juge pas l’homme le dernier jour de l’année, mais bien le premier jour. D.ieu fait ainsi fi du passé, de nos égarements, de nos fautes, pour nous inviter à commencer une nouvelle page de notre existence. Et si Roch Hachana, ce jour où D.ieu nous juge et décide de l’année à venir, a été fixé précisément à la date de la création du premier homme, Adam Harichone, c’est bien parce que l’homme est créé à nouveau en ce jour. Ce sont ses nouvelles résolutions qui auront le pouvoir de le transformer pour en faire une créature nouvelle. Le Ram’hal (Dérekh Hachem, partie 4, chap. 7, 6) explique en effet que les fêtes de l’année juive ne sont pas de simples commémorations d’évènements certes importants, mais appartenant au passé. Pour le judaïsme, la fête de Pessa’h par exemple, que l’on appelle également « le temps de notre liberté », est en fait l’occasion de revivre, littéralement, la sortie d’Egypte et l’abandon des pratiques idolâtres pour devenir à nouveau des hommes véritablement libres. La fête de Chavou’ot est quant à elle l’occasion pour nous de recevoir à nouveau la Torah, comme lorsqu’elle fut donnée par D.ieu au mont Sinaï. Il en est de même pour la fête de Roch Hachana, au cours de laquelle D.ieu créé l’homme à nouveau, comme lors de la création du monde. C’est du reste l’une des raisons pour lesquelles on a la coutume de tremper certains aliments dans le miel lors du Séder de Roch Hachana. En effet, le miel a cette particularité de transformer en miel tous les aliments qu’on y laisse mariner. Placez-y un morceau de pain, un fruit ou un légume, et vous constaterez au bout de quelques mois que ceuxci se sont transformés en miel. Ceci pour nous enseigner qu’à Roch Hachana, il nous est donné à nous aussi, à l’instar de ces aliments 23
Fêtes Juives
marinés dans le miel, de nous transformer entièrement pour devenir de nouvelles créatures. Prendre des résolutions authentiques Cette réflexion va nous permettre de répondre à la seconde question que nous avions posée, à savoir comment comprendre que les deux jours de Roch Hachana soient inclus dans les Asséret Yémé Téchouva, vu que la notion de Téchouva est totalement absente des prières de ce jour. La réponse à cette question, qui rejoint l’idée que nous venons de développer, consiste à dire que la Téchouva qui caractérise Roch Hachana est d’une tout autre dimension. A l’inverse de la Téchouva des autres jours de l’année où nous confessons nos fautes du passé et les regrettons, ici, il s’agit de se concentrer sur la troisième étape que nous avons évoquée en début d’exposé, à savoir le fait de prendre sur soi la ferme résolution d’accomplir la Torah et les Mitsvot. C’est pourquoi durant Roch Hachana, le texte de la prière met tant l’accent sur la notion de « Malkhout Hachem », la Royauté de D.ieu. Car proclamer haut et fort que D.ieu est le Roi suprême revient à accepter le joug de cette Royauté, donc faire Téchouva. Celui qui accepte au plus profond de lui l’idée que D.ieu le dirige, qu’Il oriente sa vie et guide ses pas, accomplit la plus grande et la plus sincère Téchouva qui puisse être. Cette Téchouva sublime, c’est la Téchouva de Roch Hachana. Une Téchouva qui n’est plus un retour sur le passé, mais une disposition authentique pour l’avenir. Evidemment, vous comprendrez que ces résolutions, pour être considérées comme sincères par D.ieu, devront impérativement être accompagnées d’un programme bien établi pour l’avenir. Celui-ci est le garant de l’authenticité de notre démarche. Comment D.ieu pourraitIl considérer nos résolutions comme sincères si nous ne faisons pas d’ores et déjà preuve de bonne volonté en décidant de maintenir notre Téchouva à long terme ?
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Roch Hachana
C’est ce qui explique que la bénédiction que nous récitons chaque jour dans la Amida : « Baroukh Ata Hachem Mélekh Ohèv Tsédaka Oumichpat » (Béni sois-Tu, D.ieu, Roi Qui chéris l’équité et la justice) devienne durant les Asséret Yémé Téchouva : « Baroukh Ata Hachem Hamélekh Hamichpat » (Béni sois-Tu, D.ieu, le Roi [de] la justice). Cette formulation singulière, si elle peut signifier que D.ieu est Luimême le Juge par excellence, a une portée plus profonde encore : elle signifie que notre degré d’acceptation de Sa Royauté est en soi un jugement. Pendant Roch Hachana, allons-nous endosser le joug de la Royauté divine avec joie et empressement ou au contraire avec peine et hésitation, comme on endosse un fardeau ? Allons-nous seulement l’endosser ? C’est cela qui sera donc déterminant. Une visite du Président Ce jugement si particulier qui caractérise Roch Hachana explique également que notre état d’esprit durant ce jour est fait à la fois de joie et de crainte : joie de l’espoir inhérent à un nouveau départ, joie de renouveler notre pacte avec le Roi des rois ; crainte de ne pas être à la hauteur des exigences de ce même Roi et de Le décevoir… Pour mieux comprendre cette idée, donnons un exemple : imaginez un instant que le Président du pays où vous vivez dépêche chez vous une délégation vous annonçant sa visite imminente. Immédiatement, vous vous lancez dans toutes sortes de préparatifs, mettez de l’ordre chez vous, préparez un repas de fête, vous parez de vos plus beaux vêtements, etc. Votre état d’esprit est évidemment mitigé : d’un côté, vous vous sentez infiniment flatté de mériter un tel honneur ; d’un autre, vous craignez de ne pas recevoir le Président comme il se doit ou de commettre la plus infime erreur dans votre comportement ou dans vos paroles… Dans tous les cas de figure, vous comprenez qu’il serait vraiment malvenu de recevoir le Président avec une mine défaite, sous prétexte que vous craignez de commettre un faux pas ! De la même manière, nous donnons une importance presque démesurée à chacun de nos faits et gestes à Roch Hachana. Même les aliments que 25