Rav Yigal Cohen - Emouna

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Rav Yigal Cohen Emouna


AUTEUR Rav Yigal COHEN

RELECTURE Tamara ELMALEH

• COUVERTURE Zelda LEOTARDI

• MISE EN PAGE Jérémie ARGAMAN

• COORDINATION Moshé Haïm SEBBAH

DIRECTION Binyamin BENHAMOU Publié et distribué par les

EDITIONS TORAH-BOX France Tél.: 01.80.91.62.91 Israël Tél.: 077.466.03.32 support@torah-box.com www.torah-box.com

© Copyright 2019 / Torah-Box

• Imprimé en Israël Ce livre comporte des textes saints, veuillez ne pas le jeter n’importe où, ni le transporter d’un domaine public à un domaine privé pendant Chabbath.


Note de l’éditeur Les Editions Torah-Box sont heureuses de vous présenter l’ouvrage « Emouna » du célèbre Rav Yigal Cohen. La récente vogue des théories new-age et du coaching témoigne de la soif inassouvie de l’homme moderne de donner un sens à sa vie, malgré le matérialisme dans lequel il est plongé. Pour le Juif, il ne fait aucun doute que la réponse à ses questions se trouve dans la Torah. Hélas, la course effrénée dans laquelle il est pris fait parfois oublier à l’homme les fondements de sa Emouna, à savoir l’existence d’un Créateur tout-puissant, bienveillant et omniprésent, Qui le comprend, l’épaule et le soutient à chaque instant de sa vie et surtout, l’aime d’un amour infini, comme un père aimerait son fils unique… Dans cet ouvrage rédigé à la manière d’une lettre qu’un ami bienveillant vous adresserait, le Rav Yigal Cohen aborde l’une après l’autre les questions qui taraudent chacun d’entre nous au cours de sa vie. Dans un style concis et limpide, le Rav apporte des réponses claires aux interrogations suivantes : -

Comment démontrer l’existence de D.ieu ? A quoi servent les difficultés que nous rencontrons ? Vivre dans la joie, est-ce possible ? Comment rester serein face aux épreuves de la vie ?

Le Rav Yigal Cohen est l’un des plus brillants conférenciers en Torah du monde. Ses cours, qui traitent tous de foi et de proximité au quotidien avec D.ieu, ont gagné en quelques années une notoriété météorique. Il est l’une des figures emblématiques du mouvement de Téchouva actuel. ‫להגדיל תורה ולהאדירה‬ L’équipe Torah-Box


Que ce livre contribue à la réussite du

Collel « Vayizra’ Itshak » Centre d’étude de Torah pour Francophones à Jerusalem

sous l’enseignement du rav Eliezer FALK à la mémoire de M. & Mme Jacques -Itshak- BENHAMOU au Roch-Collel : Rav Eliezer FALK aux Rabbanim : Rav Tséma’h ELBAZ Rav ‘Haïm BENMOCHÉ

et à leurs chers étudiants assidus et dévoués pour la Torah : Rabbi Yechiel ALLOUCHE Rabbi Ilan BENHAMOU Rabbi Nathan CHEMLA Rabbi Emmanuel DIAI Rabbi Amir MADAR Rabbi Jonathan PEREZ Rabbi Raphaël SABBAH Rabbi Franck SAYADA

Que ce livre contribue à la réussite du

Collel « Torat Yé’hia »

Centre d’étude de Halakha pour francophones à la mémoire de M. & Mme Yé’hia TEBOUL au Roch-Collel : Rav ‘Haïm BENMOCHÉ

et à leurs chers étudiants assidus et dévoués pour la Torah : Rabbi Shlomo AFLALO Rabbi Eliahou AOUIZRAT Rabbi Moché DABI Rabbi Jérémy MAHFODA Rabbi Nathan SABBAH Rabbi Lionel SELLEM


TABLE DES MATIÈRES

Préface de l’auteur Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Glossaire

Savoir qu’il y a un Créateur du monde Quel croyant es-tu ? La force de la foi Tout puissant Tout est pour le bien Les crises La promesse pour celui qui a confiance Les avantages à faire confiance L’essence de la confiance en D.ieu Le chemin qui mène à la confiance La contribution de l’homme Les délivrances Revenus garantis Orgueil et humilité (Introduction) L’essence de l’orgueil Le chemin vers l’humilité Les effets de la colère L’origine de la colère Guérir la colère La jalousie Guérir la jalousie Les peurs Etre joyeux Le chemin qui mène à la joie

7 19 31 45 55 69 85 95 115 127 135 143 163 177 191 207 213 229 237 245 255 265 279 293 323 339



7 PRÉFACE DE L’AUTEUR

Je suis né au sein d’une famille religieuse du quartier « Hatikva » de Tel Aviv, avec des parents qui respectaient la Torah et les Mitsvot. Comme tout le monde, j’ai commencé mon parcours scolaire en maternelle, puis je suis entré à l’école primaire. Mais, peu de temps après, mes chers parents ont décidé de m’envoyer en Yéchiva à Bné Brak, car il n’y avait pas de Talmud Torah adapté à mes besoins là où nous habitions. J’avais alors neuf ans et j’étais élève en classe de CE1. Je me retrouve ainsi, petit garçon, à prendre deux autobus un dimanche sur deux pour aller à la Yéchiva - et je suis tout seul. Les Chabbatot, je rentrais à la maison de mes chers parents et étant donné que nous habitions à côté d’un terrain de foot, j’étais très curieux de voir ce qui s’y passait. Evidemment, mes parents m’en empêchaient, « Chabbath » - me disaient-ils. J’acceptais leur interdit sans rien dire, mais en vérité au fond de moi, je jalousais mes amis du quartier qui pouvaient faire ce qu’ils voulaient, et moi non. La même situation se reproduisait lorsque je retournais à la Yéchiva le dimanche. Je me sentais malchanceux : « Pourquoi tous mes amis restent chez eux et jouent autant qu’ils le veulent, tandis que moi, je dois étudier la Torah, prier et respecter Chabbath ? ». Puis ce questionnement s’intensifia en entrant à la Yéchiva Ketana : « Pourquoi tous mes amis du quartier finissent l’école à quatorze heures, alors que moi, j’étudie jusqu’à dix heures du soir ? Pourquoi


8 pendant leur temps libre, ils voient certaines émissions, alors que moi, je suis encore au Beth Hamidrach en train d’étudier la Torah ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas continuer de jouer dès que mon père m’appelle pour prier Min’ha et qu’au même moment tous mes amis me regardent avec pitié puis reprennent leur jeu ? ». Évidemment, l’accomplissement des Mitsvot était un fardeau pour moi et je ne ressentais aucune élévation spirituelle pendant la prière. Bien que j’aimais étudier la Torah, à chaque fois que j’avais l’occasion de m’échapper de la maison d’étude, je le faisais sans hésiter. Dès que le surveillant de la Yéchiva ne regardait pas de mon côté, je prenais plaisir à discuter avec mon compagnon d’étude de choses futiles : « De toute façon, personne ne me regarde » me disais-je. Un jour que je rentrais chez mes parents pour un Chabbath libre, je passais par la vieille gare routière centrale de Tel Aviv. Il y avait là-bas beaucoup des restaurants de falafels, dont l’odeur et l’aspect m’alléchaient. Il suffisait d’y entrer et manger. Mais je me rappelais que le surveillant nous avertissait toujours : « Ne mangez pas dans les restaurants sans licence de Cacheroute ». Alors j’allais d’un restaurant à l’autre avec cette question qui me taraudait l’esprit : « Pourquoi pour moi c’est interdit et pour les autres, c’est permis ? ». Si seulement j’avais eu le mérite de mieux connaître le Créateur, évidemment que cela aurait été plus facile. Pourtant, personne ne m’avait montré Hachem et personne ne m’avait expliqué combien Il m’aimait. Parfois, nous étions invités le Chabbath chez de la famille proche. A cette époque, ils diffusaient tous les vendredis « un film du soir ».


9 Évidemment, j’étais piqué, en tant qu’enfant, de voir de quoi il s’agissait, mais à peine avais-je le temps de rentrer dans le vif du sujet, que mon père m’appelait : « Chabbath rentre, on va à la synagogue ». Et ainsi, je me demandais encore : « Pourquoi eux peuvent-ils continuer de voir le film et d’en profiter et moi, on me l’interdit ? ». Vous devinerez certainement que je priais sans ferveur particulière. Au fond, tout ce que je faisais était uniquement parce que mes parents me disaient : « C’est comme cela qu’il faut faire ». A eux, s’ajoutaient mes Rabbanim qui répétaient encore et encore l’importance d’étudier la Torah et des Mitsvot - et par conséquent, je m’exécutais. Mais au fond, je ressentais que : « Je fais tout ça parce qu’ils me le disent, mais quand ils ne me voient pas, ce n’est pas la peine de faire ». Puis un jour J’ai décidé d’arrêter de jouer la comédie. Si Hachem est notre D.ieu et qu’Il existe, alors je Le suivrai jusqu’au bout. Sinon, je ferai ce que bon me semble et ne laisserai personne m’empêcher de profiter de la vie. J’ai commencé à enquêter par mes propres moyens pour savoir si le Créateur du monde existait, car je savais que si j’en étais vraiment convaincu, j’irais après Lui de toutes mes forces. Et effectivement, peu après avoir creusé le sujet, en ayant consulté des Rabbanim et lu beaucoup d’ouvrages sur ce thème capital - j’ai découvert une chose stupéfiante et tellement simple à la fois : Non seulement que le Créateur du monde existe, mais qu’en plus, Il me crie lui-même de l’intérieur de mon corps : « Je t’ai créé et Je te donne la vie à chaque instant ».


10 En contemplant aussi Sa merveilleuse création, on peut aussi comprendre qu’à travers elle, Hachem crie : « Il y a un Créateur du monde ». Je recherchais des réponses à toutes mes interrogations et j’aboutis alors à la conclusion claire et sans équivoque que, devant un monde aussi parfait, stupéfiant de beauté et de complexité, renfermant des plantes tellement belles et des animaux tellement extraordinaires sans parler de l’incroyable complexité de l’Homme - il existe forcément un Créateur très grand, très fort et très intelligent. Seulement, avant même d’avoir fini cette première étape, une autre question me perturbait : « Oui mais qui a dit que notre Torah est l’unique vérité ? ». Après de longues recherches sur cette question, je découvris des centaines de preuves tranchantes sur la véracité de la Sainte Torah, qui recelait aussi tellement de sagesse ! Je compris alors qu’une Torah aussi impressionnante ne pouvait être écrite que par le Créateur du monde, car Lui seul connaissait le passé comme l’avenir ainsi que d’autres choses qu’aucun être humain ne pouvait savoir. C’est ainsi que je commençais à parler avec Hachem et que je Lui demandais du plus profond de mon cœur : « Maître du monde, montremoi Ta Grandeur, montre-moi que Tu écoutes mes prières, donne-moi le mérite de voir que Tu me protèges, tel un père envers son fils ». Et ainsi, vraiment comme un petit enfant qui apprend à marcher, j’ai senti qu’Hachem me guidait pas à pas dans ma vie, au pont de répondre immédiatement à chacune de mes demandes. Avec le recul, je crois bien avoir vécu dans ma chair cette maxime de nos Sages : « Ouvrez-moi une ouverture grande comme le chas d’une aiguille et Je vous ouvrirai (la porte) d’une grande salle » (Chir Hachirim, chapitre 5, lettre Beth).


11 A partir de là, j’ai pris la décision d’arrêter de m’échapper. Si D.ieu existe, alors je dois Le servir de toutes mes forces, car je devrai Lui rendre des comptes sur chacun de mes actes. Plus encore, si toute ma vie est entre Ses mains et que je veux la réussir, je dois Le satisfaire. Je retournais à la maison d’étude rempli d’énergie, avec un seul but en tête : apprendre la Torah de toutes mes forces et accomplir pleinement les commandements d’Hachem. A cette période, je mis à profit chaque instant pour étudier la Torah. Je n’ai pas pour autant renoncé à étudier le Moussar, à prier avec ferveur, tout en diminuant la nourriture et le sommeil, mon seul but étant de satisfaire mon Créateur. Puis avec le temps, une grande peur apparut en moi : « Peut-être qu’Hachem va me punir pour toutes mes fautes ? Peut-être qu’Hachem n’est pas satisfait de mes actes ? ». Et s’il m’arrivait de fauter en disant du mal de quelqu’un, j’avais l’impression que : « Voilà, Hachem va me punir ». A tel point que je m’endormais parfois la nuit dans une grande frayeur, les yeux remplis de larmes. J’avais conscience d’avoir un Père aux Cieux, mais au fond, j’avais l’impression, sans savoir pourquoi, qu’Il était en colère contre moi et qu’Il « m’attendait au tournant ». Pendant de nombreuses années, plus rien d’autre ne m’intéressait que d’étudier la Torah et de me faire pardonner pour mes mauvaises actions. Tandis que la sensation de peur m’accompagnait : « Peut-être que "Papa" s’apprête à me punir ». Après bien longtemps, je compris en réalité combien « Papa » m’aimait. Pendant toute cette période, à vrai dire, je n’ai quasiment jamais souri.


12 Un matin, je finis par me lever très faible, avec des vertiges dans tout mon corps et des douleurs étranges dans la poitrine. Au début, je n’y prêtai pas attention et je courus comme à mon habitude à la maison d’étude pour étudier la Torah. Mais l’étude devint de plus en plus difficile, mon étouffement dans la poitrine grandissait et dès que j’ouvrais une Guémara, les douleurs s’intensifiaient. À tel point qu’une grande faiblesse m’envahit et me força à m’aliter. Sur les conseils des médecins, je passais tous les examens possibles afin de trouver l’origine de mes maux – mais tous les résultats étaient complètement normaux. Dans ma souffrance, je me tournais vers les grands Rabbanim de notre génération, en les suppliant de prier pour moi et qu’avec l’aide de D.ieu je puisse retourner à mon travail dans le service du Créateur. Mais Hachem, le Roi des Rois, dans Sa Bonté et Sa Générosité ainsi que dans Sa Sagesse suprême, décida de laisser ce mauvais état de santé perdurer. Pendant plus d’un an, je continuais de souffrir de douleurs étranges dans tout le corps accompagnées d’une grande faiblesse me rendant quasiment incapable de sortir du lit. Je criais à Hachem : « Je désire faire Ta volonté, tout mon but n’est que de Te servir, guérismoi afin que je puisse Te réjouir, guéris-moi afin que je puisse enseigner Ta Torah aux autres ». Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’Il attendait de moi. Jusqu’au jour où un médecin, qui était aussi un grand érudit, m’examina et finit par me dire :


13 « Tu n’as rien, tu n’es simplement pas heureux dans ton service divin, tu accomplis les Mitsvot dans la peur et par conséquent tu es sous pression. Rentre chez toi et commence à servir Hachem dans la joie ». Puis il conclut : « Hachem t’aime, n’aie pas peur ». Au début, je reçus ces paroles très durement : je m’efforçais de servir mon Créateur de toutes mes forces, et comme me l’avaient appris mes maitres, j’essayais d’étudier la Torah avec persévérance, de prier avec ferveur et de faire le bien. Jusqu’à ce que j’eusse le mérite de comprendre. Hachem me parlait au travers de ces douleurs et me laissait entendre : « Bien que tu aies de bonnes intentions, ce que tu fais n’est pas en réalité ce que J’attends de toi. Pourquoi n’as-tu pas confiance en Moi, que Je vais te venir en aide ? Pourquoi penses-tu toujours que tu risques de recevoir une punition ? Pourquoi n’es-tu pas heureux dans l’accomplissement de la Torah et des Mitsvot ? Pourquoi ne souris-tu pas aux autres ? Pourquoi ne te reposes-tu pas sur Mon aide ? Au lieu de ça, tu t’inquiètes en permanence : "Que va-t-il advenir de ma subsistance, de ma santé ?" ». Je compris alors effectivement, la crise que je traversais était le seul moyen qu’ Hachem avait pour me convaincre de le servir dans la joie. Personne n’aurait réussi d’une autre façon à me convaincre que le chemin que j’empruntais n’était pas le meilleur. En parallèle, je découvris le merveilleux livre de Rabbénou Be’hayé, « ‘Hovot Halévavot ». Je lus le chapitre « La porte de la confiance » et un monde nouveau s’ouvra à moi, un monde dans lequel j’apprends qu’Hachem m’aime, ainsi que tout le peuple d’Israël, d’un grand et immense amour. Il ne cherche pas à me punir tout le temps, au contraire, Il cherche à me faire du bien.


14 Le Créateur aime immensément celui qui se repose sur Lui et attend vraiment cela, comme il est dit : « Mettez votre confiance en D.ieu éternellement » (Isaïe 26, 4). Je compris que toute inquiétude découle d’une mauvaise connaissance du principe selon lequel tout est entre les mains du Créateur et rien ne dépend de l’homme. Donc si seulement j’arrivais à me reposer sur Lui et à tout Lui déléguer, Il répondrait déjà à l’ensemble de mes besoins, puisque je me trouve entre les meilleures mains, Ses mains aimantes. Et même s’il était important de craindre les fautes, il l’était bien plus de servir Hachem dans un grand amour pour Lui. Ce livre me fit retrouver des forces petit à petit. Je réussis à surmonter ma peur et mes inquiétudes, ainsi qu’aux questions du genre « Que va-t-il m’arriver au sujet de ma subsistance, et autres problèmes ? », car grâce à ma confiance en Hachem, je vécus des miracles dévoilés dans le domaine financier. Pour autant, je ressentais que je n’avais pas encore assez d’outils pour servir D.ieu dans la joie, car on ne m’avait jamais appris la véritable joie ni donné les moyens pour y accéder. Je me mis donc à enquêter et à étudier sur l’importance de la joie dans le service divin et je finis par découvrir le plaisir spirituel qui peut être ressenti pour chaque Mitsva ou chaque bienfait accompli. Je commençais enfin à sourire à moi-même, ainsi qu’à mon entourage (selon les dires de mon épouse). Je compris que la joie dépend de la satisfaction de soi et que si je n’étais pas suffisamment satisfait de mes actes, je ne pourrais jamais réaliser le verset : « Servez D.ieu dans la joie » (Psaumes 100, 2).


15 Je décidais donc de travailler sur la joie. Au départ, ce fut très difficile car j’étais très exigeant avec moi-même. Je voulais finir tout le Chass, connaître tout le Choul’han Aroukh, ainsi que le Beth Yossef, comme on m’en avait donné l’envie à la Yéchiva. Je voulais atteindre la perfection de mes traits de caractère. Et quand je n’arrivais pas à remplir mes objectifs, je me mettais en colère contre moi-même et j’étais évidemment insatisfait. Je compris que, sous la face dévoilée de l’iceberg, un sentiment d’orgueil était responsable de cette grande colère intérieure. Je savais que si je ne m’occupais pas de ces défauts (la colère et l’orgueil), je n’arriverais jamais à connaitre le vrai bonheur, ni procurer une authentique satisfaction à mon Créateur, car, comme il est dit : « Tout cœur hautain est en horreur à l’Eternel » (Michlé 16, 5). Et donc même si je devais continuer d’avoir le mérite d’étudier toute la Torah, Hachem m’aurait en abomination si je les n’extirpais pas de moi. Comprendre l’essence de l’orgueil me demanda beaucoup de temps. « Est-ce que je dois penser que je ne suis rien ? Est-ce la volonté du Créateur ? » me demandais-je. Plus j’approfondissais l’étude de ce sujet, plus je réalisais que le Créateur déteste les orgueilleux pour une raison très simple ; en effet, chaque pensée qui vient dans notre cerveau provient de Lui. Donc si, par exemple, j’ai le mérite d’étudier une page de Guemara, c’est un cadeau du Créateur en personne (comme j’ai pu en être le témoin lors de ma maladie : rien ne provient de ma force, mais de la Sienne). Et si j’ai réussi à donner un cours de Torah, c’est que le Créateur luimême m’a ouvert la bouche pour parler et c’est Lui qui a mis dans mon cœur les justes paroles à prononcer.


16 Et si j’ai gagné une certaine somme d’argent pour subvenir aux besoins de ma famille, ce n’est pas du fait de mon intelligence, mais bien le Créateur, qui dans Sa grande miséricorde, a eu pitié de moi et m’a envoyé ma subsistance, sans aucun rapport avec mes capacités, ni mes efforts. Je compris en réalité qu’en m’attribuant une quelconque réussite dans la vie, j’étais ingrat envers le Créateur, car comment peut on s’enorgueillir de quelque chose qui ne nous appartient pas ? Au départ, je ne me percevais pas comme coléreux. Je me disais : « Je ne crie sur personne et ne tape personne non plus ». Mais je réalisais bien vite que j’étais furieux d’une part du contre moimême : sur mes fautes, sur des choses que j’aurais pu mieux faire, ou sur des objectifs que je n’avais pas remplis et d’autre part contre les autres : sur mes enfants s’ils n’avaient pas exécuté l’une de mes demandes, ou sur mes élèves. Et bien qu’elle ne s’extériorisât pas, cette rage me rongeait de l’intérieur. Bref, j’en voulais au monde entier. À un certain stade, je compris que le grand perdant de toute cette histoire c’était moi-même. Je me rongeais juste parce que je n’avais pas bien compris qu’Hachem était Celui qui m’envoyait chaque chose dans la vie et que si j’avais été blessé, cela venait directement de Lui. Comme l’ont dit nos Sages : « Tout celui qui se met en colère est considéré comme un idolâtre » (Chabbath 105). De même qu’un idolâtre poursuit l’absurdité en servant des idoles car il ne comprend pas que le Créateur est le seul et unique Maitre sur Terre, ainsi se comporte le coléreux pour toute chose qui n’est pas conforme à sa volonté. Par sa colère, il ignore que l’offense ou le non-respect de sa volonté sont envoyées directement d’Hachem.


17 Je décidais donc d’essayer d’emprunter la voie tracée par le Roi David, qui a témoigné sur lui-même : « Je fixe constamment mes yeux sur l’Eternel » (Psaumes 16, 8), en cherchant Hachem à chaque instant de ma vie. Si quelqu’un levait la voix sur moi, c’était Hachem qui me l’avait envoyé. Et si je me mettais en colère, c’était comme si je me mettais en colère contre Lui. Petit à petit, plus je faisais rentrer Hachem dans ma vie, plus ma colère disparaissait. Si je ne remplissais pas mes objectifs, cela aussi venait de Lui. Je ne ressentais plus l’obligation de réussir, car la réussite vient de Lui et mon rôle se contentait à vouloir et m’efforcer devant Lui. Pour autant, je sentais encore que quelque chose m’empêchait d’atteindre la joie authentique. Je finis par trouver aussi beaucoup de jalousie en moi. Et à cause d’elle, même si je parvenais à réaliser tous mes objectifs, dès que je voyais un ami réussir mieux que moi, ma réussite perdait toute valeur à mes yeux. Je savais que si j’arrivais à briser ce défaut, à souhaiter du bien aux autres et à me réjouir de leur réussite, le monde serait tellement plus extraordinaire. Comme le dit le Roi Salomon dans sa grande sagesse : « Celui qui a bon œil sera béni » (Michlé 22, 9). Plus j’approfondissais ce verset, plus je comprenais que la mesquinerie vis-à-vis des autres est de la mesquinerie vis-à-vis d’Hachem, puisque la réussite des autres est la réussite et la joie du Créateur. Si seulement j’arrivais à vouloir le bien des enfants du Créateur, alors Il se réjouirait de ma réussite. Tout au long des cours que j’ai donnés ces dernières années, j’ai découvert que le public avait une grande soif sur ces sujets tels que


18 la foi et la confiance en D.ieu, la joie, le travail personnel, ou l’amour qu’Hachem nous porte. J’ai vu comment ils ont fait sourire les auditeurs, les aident à changer leurs pensées négatives et les transforment en personnes plus croyantes, plus heureuses et plus positives. J’ai donc pensé traiter par écrit tous ces thèmes qui m’ont tellement aidé, afin que je puisse, avec l’aide de D.ieu, être utile au peuple d’Israël et à le rapprocher de son Créateur. Je souhaite surtout que chacun sache combien Hachem aime Son peuple et ne cherche qu’à lui faire du bien. Pour conclure, j’adresse une prière à Celui qui réside dans les Cieux, qu’il soit Sa volonté que ces paroles rentrent dans les cœurs du peuple d’Israël, qu’elles suscitent un grand amour pour le Créateur et un amour sincère envers son prochain. Et pour tous ceux qui sont tristes ou en difficulté, que ces paroles éclairent leurs âmes et transforment leurs cœurs en cœurs joyeux. Que nous puissions enfin avoir le mérite de vivre et de voir le jour où tout le monde saura que Hachem est Un et que Son nom est Un.

Yigal Cohen


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Chapitre 1 SAVOIR QU’IL Y A UN CRÉATEUR DU MONDE


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Emouna CHAPITRE 1

SAVOIR QU’IL Y A UN CRÉATEUR DU MONDE Comment peut-on savoir si le Créateur du Monde existe ? Je le crois ou je le sais ? Comme je l’ai écrit en introduction de ce livre, lorsque j’étais jeune, j’avais la foi en l’existence d’un Créateur du Monde, à travers les paroles de mes maîtres à la maison d’étude, de mes parents ainsi que de mes amis proches. Dans mon cœur, je croyais en leurs paroles, mais je ressentais bien que ce n’était pas un savoir. Et pourtant, notre sainte Torah nous ordonne : « Et tu sauras aujourd’hui et tu réaliseras en ton cœur que l’Éternel est D.ieu, dans les Cieux en haut et sur la Terre en dessous : il n’y en a point d’autre » (Dévarim 4, 39). Savoir, au sens connaître et réaliser : tout comme je sais que mes mains existent, car je les vois et les utilise au quotidien, ou que la terre d’Israël existe, car j’y habite, je dois savoir de la même façon qu’un Créateur du Monde existe et qu’Il me donne vie, ainsi qu’au monde entier à chaque instant. Lorsque j’ai commencé à étudier et à chercher, j’ai réalisé que l’univers tout entier me criait : « J’ai un Créateur impressionnant par Sa sagesse et Sa puissance ! » Mais pas seulement. Car en plus d’avoir créé un monde magnifique dont la beauté et l’extraordinaire complexité transcendent l’esprit humain, Il lui donne vie à chaque instant, comme il est dit dans la prière du matin : « Lui qui renouvelle chaque jour dans Sa bonté l’œuvre de la création ». De l’électricité dans le cœur ? Prenons par exemple les merveilles du corps humain. Il y a quelques années, au cours d’une excursion dans le nord du pays, nous nous préparions à faire Min’ha avec des amis, lorsque nous avons réalisé


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qu’il nous manquait une dixième personne pour pouvoir prier en collectivité. Quand soudain, surgit un homme manifestement non pratiquant, en short et torse nu. Alors que mes amis lui demandaient de nous faire la faveur d’être la dixième personne, il me pointa du doigt et me lança d’un ton provocant : « Si tu peux me prouver ici et maintenant que le Créateur du Monde existe, je me joindrai à vous ! » À cet instant, je priai le Créateur pour qu’Il place dans ma bouche les bons mots et les bons arguments afin de pouvoir le convaincre avec rapidité et efficacité. Je pointai mon doigt sur son cœur et lui répondis : – Sais-tu comment fonctionne le cœur ? – Non. – Le cœur est composé de quatre cavités dont le rôle est de récupérer le sang provenant du corps, de l’expulser vers les poumons afin de l’oxygéner puis de le renvoyer à nouveau dans tout le corps. Il bat entre soixante et soixante-dix pulsations par minute sans interruption. Et qui fait battre ton cœur ? Le foie ? Les reins ? Ne sachant pas trop quoi répondre à cette question, il balbutia : « Je n’y ai jamais vraiment pensé. » Je poursuivis mon explication : – Il existe un endroit précis dans le cœur qui le fait battre grâce à de petites décharges électriques et c’est la raison pour laquelle, lorsqu’une personne fait un arrêt cardiaque, D.ieu nous en préserve, elle reçoit un choc électrique pour le faire repartir. Et en réalité, à ce jour, aucun scientifique ne sait expliquer pourquoi cette zone libère régulièrement des décharges électriques grâce auxquelles le cœur bat. Mais nous, nous savons que c’est le Créateur du Monde qui, par Sa grande force, est Celui qui donne l’ordre à cette petite zone de stimuler le cœur. Et toi, mon cher juif, si tu veux entendre comment le Créateur te fait fonctionner, tout ce que tu as à faire est d’écouter les battements de ton cœur.


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C’est ainsi que j’achevai de lui parler. Et le jeune homme, abasourdi par les informations qui venaient de lui tomber dessus, finit par prendre la fuite… « De ma chair, je Te contemplerai mon D.ieu » Pour voir le Créateur, il suffit de réfléchir sur notre corps et de l’écouter, à travers notamment les yeux. Ils sont l’appareil photo le plus sophistiqué au monde, possédant un mode diurne et un mode nocturne, une vision à quatre dimensions avec des couleurs magnifiques et incroyablement variées et encore bien d’autres choses. Le ‘Hazon Ich a ainsi écrit dans son livre Émouna Oubita’hone (« Foi et Confiance ») que si les Sages de toutes les générations s’appliquaient à essayer de comprendre la sagesse que recèle l’œil, ils ne parviendraient à en appréhender qu’une partie seulement. Et D.ieu en crée des milliards de paires chaque génération ! Les capteurs les plus sophistiqués au monde Un autre exemple de cette création incroyable qu’est le corps humain est le nez. Dans chaque narine, il existe dix millions de capteurs d’odorat envoyant au cerveau jusqu’à dix mille odeurs différentes qu’il parvient à différencier et à mémoriser sur de nombreuses années. Et pour cette raison, nos Sages nous ont ordonné de réciter une bénédiction sur les végétaux ou autres éléments dégageant une bonne odeur, afin que l’on reconnaisse aussi le Créateur et Son immense sagesse à travers l’odorat. L’ordinateur le plus sophistiqué au monde Il en est de même pour tous les membres du corps. En y pensant, on réalise l’incroyable génie qu’ils renferment, leur élasticité particulière et leur place parfaite dans le corps afin que l’homme puisse fonctionner au mieux, avec une mention spéciale pour le cerveau humain !


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J’ai entendu au nom d’un scientifique reconnu qu’il existe aux États-Unis trois super ordinateurs qui analysent toutes les données sécuritaires, économiques et statistiques de 250 millions d’habitants. Or, bien qu’ils soient les plus sophistiqués, les plus performants et les plus grands au monde, même s’ils étaient reliés ensemble, ils ne parviendraient pas à reproduire ce qu’est capable d’accomplir le cerveau humain d’un seul homme en un seul instant. En effet, dans le même temps, le cerveau pense, parle, donne l’ordre au corps de marcher ou de courir, tout en maintenant l’équilibre, tandis que tous les systèmes internes comme la digestion, la régulation des nutriments et des vitamines dans toutes les parties du corps, l’oxygénation du sang par les poumons, la filtration des toxines par les reins, etc., continuent de fonctionner normalement. Et si l’on se pose alors la question : « Qui a créé ce puissant ordinateur qu’est le cerveau, organe plus sophistiqué que tous les ordinateurs au monde ? », la réponse ne peut qu’être : « Un Être extrêmement intelligent, qui se situe au-delà de notre perception et de notre compréhension. » Une viande qui danse, c’est possible ? Tout celui qui réfléchit à ces merveilles ne pourra que s’exclamer en son cœur : « Mais qui a bien pu créer cela ? » Comme l’a dit le prophète Yéchaya : « Levez les yeux vers les hauteurs et voyez Qui a créé cela. » Maintenant, je sais immédiatement répondre : « Au commencement, D.ieu créa le ciel et la Terre. » Au fil des années, j’ai appris aussi à voir le Créateur à travers l’âme pure qui réside en moi. Et si vous me demandez : « Comment ? » Ma réponse est : dans le rire comme dans la peine, dans l’amour comme dans la haine et dans chaque désir qui naît à l’intérieur de nous, nous pouvons dévoiler le Créateur, grâce à notre âme.


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Emouna

Il est évident que tous ces sentiments ne proviennent pas de notre chair, ni du sang, ni de substances chimiques contenues dans notre cerveau, car la chair ne peut pas être contente, tout comme la substance chimique la plus complexe ne peut se mettre en colère, aimer ou désirer un bonbon. Prenez un récipient dans lequel vous mettez un cerveau humain recevant du sang, de l’oxygène et une substance chimique euphorisante : quelle chance y a-t-il pour que la chair se mette à danser de joie ? La seule façon d’expliquer les sentiments est l’âme pure que le Créateur du Monde a insufflée en nous : c’est elle qui pense, qui désire, qui est contente et qui aime. À bien y penser, cher lecteur, quelle partie de vous lit et comprend les mots qui sont devant vous ? Évidemment pas le sang qui circule dans votre cerveau, ni les cellules cérébrales, faites de chair, d’eau, de graisses et autres éléments qui n’ont aucune faculté de penser ! La seule entité qui peut comprendre, analyser, aimer, rire ou s’énerver est l’âme que le Créateur du Monde a mise en nous. Prenons le cas de deux frères jumeaux, issus de mêmes parents et qui partagent le même code génétique : l’un peut être très intelligent et patient tandis que l’autre peut l’être moins et colérique. Ce phénomène s’explique simplement : la partie divine qui est en eux, l’âme pure insufflée par le Créateur, a un but défini pour chacun d’eux. Petit hélicoptère J’ai été plusieurs fois confronté à la théorie du Big Bang ainsi qu’à ses théories sœurs, irréalistes par définition, car dépourvues de toute logique. L’homme qui croit en ces arguments insulte la vérité même ! En effet, si quelqu’un venait le voir en prétendant que le verre de thé que je bois en ce moment a été créé par un coup de foudre qui a frappé le rebord de la fenêtre de la cuisine et a soudainement formé une tasse en verre remplie d’eau chaude ayant le goût et la couleur du thé, de surcroît adoucie avec la quantité exacte de sucre que j’ai l’habitude


SAVOIR QU’IL Y A UN CRÉATEUR DU MONDE

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d’ajouter, il lui conseillerait d’aller se faire soigner et de toute façon, personne ne croirait à son histoire ! Personne n’imagine qu’une mouche qui vole dans ma pièce, comme un petit hélicoptère (qui fonctionne sans essence et ne tombe jamais en panne !), a été créée par un coup de foudre. Ceux qui s’accrochent à la théorie du Big Bang redoutent tout simplement d’accepter la conclusion évidente que : « Au commencement, D.ieu créa le ciel et la Terre », car cela les engagerait automatiquement à respecter Ses commandements. Si on leur disait que le Créateur du Monde n’attendait rien de Ses créatures, ils reconnaîtraient alors immédiatement qu’un monde aussi beau et structuré n’a pu être créé que par un Créateur intelligent qui l’a agencé et ordonné ainsi. Pourquoi les étoiles ? Continuons de réfléchir sur le globe terrestre sur lequel nous vivons : il ne tombe pas et pourtant, il ne repose sur rien, tout comme les milliards d’étoiles qui l’entourent et se tiennent parfois à une distance de millions d’années-lumière de la Terre (chaque année-lumière équivaut à neuf billions de kilomètres). Et le soleil qui nous réchauffe et nous éclaire se situe exactement au bon endroit : s’il était à peine plus loin, notre monde serait congelé, s’il était à peine plus près, il serait carbonisé. De même pour la lune qui reçoit la lumière du soleil et la réfléchit la nuit vers la Terre : elle se trouve à une distance parfaite pour éclairer la Terre et non à des milliards de kilomètres comme les étoiles voisines. Une fois, on me demanda : « Pourquoi le Créateur a-t-Il créé les étoiles à une telle distance ? On ne peut en tirer aucun profit ! » Je lui ai répondu : « Il suffit qu’un juif dans le monde entende qu’il existe des étoiles immensément loin, qu’il lève ses yeux au ciel et s’exclame : "Papa qui est dans le ciel, Tu es vraiment grand !" C’est pour qu’un juif puisse s’extasier de Sa grandeur qu’Hachem a créé un nombre infini d’étoiles lointaines. »


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