A’hat Chaalti 3
AUTEUR Rav Its’hak ZYLBERSTEIN • COMPILATION Rav Erez ‘Hazani • TRADUCTION Noah DAHAN • RELECTURE Chochana CHAOUAT • ILLUSTRATIONS Yoni GERSTEIN • MISE EN PAGE Jérémie ARGAMAN • COORDINATION Moshé Haïm SEBBAH • DIRECTION Binyamin BENHAMOU Publié et distribué par les
EDITIONS TORAH-BOX France Tél.: 01.80.20.5000 Israël Tél.: 02.37.41.515 support@torah-box.com www.torah-box.com © Copyright 2020 / Torah-Box
• Imprimé en Israël Ce livre comporte des textes saints, veuillez ne pas le jeter n’importe où, ni le transporter d’un domaine public à un domaine privé pendant Chabbath.
Note de l’éditeur Après les tomes 1 & 2 qui ont connu un succès fulgurant, les Editions Torah-Box ont la joie de vous présenter le livre « A’hat Chaalti 3 », véritable best-seller en Israël ! Dans une génération où les nouvelles technologies et leurs attraits ont hélas réussi à balayer l’intérêt de certains pour l’étude de notre sainte Torah, le Rav Zylberstein a trouvé un recours imparable : nous faire partager les problématiques halakhiques les plus singulières et passionnantes qu’il ait eu à résoudre à l’aune des textes de nos Sages ! Suivant l›ordre des Parachiyot de la Torah et à l’appui de récits improbables, le Rav fournit des réponses actuelles et limpides à des questions telles que : -D oit-on prélever le Ma’asser sur une somme perçue suite à un attentat terroriste ? - Par erreur, j’ai récité Chéhakol Nihya Bidvaro en voyant le tonnerre ! Suis-je quitte ? - Transgresse-t-on l’interdit de capturer pendant Chabbath si on enferme un... voleur ?! - Un objet en promotion a été endommagé par le vendeur... L’acheteur réclame le prix initial ! Rav Its’hak Zylberstein est le gendre du Rav Yossef Chalom Elyashiv et beau-frère du Rav ’Haim Kanievsky. Il est Roch-Kollel, Président de Tribunal rabbinique et l’un des plus grands décisionnaires en Halakha de notre temps. להגדיל תורה ולהאדירה L’équipe Torah-Box
Que ce livre contribue à la réussite du
Collel « Vayizra’ Itshak » Centre d’étude de Torah pour Francophones à Jerusalem
sous l’enseignement du rav Eliezer FALK à la mémoire de M. & Mme Jacques-Itshak- BENHAMOU au Roch-Collel : Rav Eliezer FALK aux Rabbanim : Rav Tséma’h ELBAZ Rav ‘Haïm BENMOCHÉ Rav Eliahou UZAN
et à leurs chers étudiants assidus et dévoués pour la Torah : Rabbi Eliahou AKOKA
Rabbi Elitsour DOUIEB
Rabbi Chmouel ATTALI
Rabbi Emmanuel DRAI
Rabbi Moché AVIDAN Rabbi Binyamin BENHAMOU Rabbi Ilan BENHAMOU Rabbi David BRAHAMI
Rabbi Amir MADAR Rabbi Jonathan PEREZ Rabbi Raphaël SABBAH
Rabbi Nathan CHEMLA
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Collel « Torat Yé’hia »
Centre d’étude de Halakha pour francophones à la mémoire de M. & Mme Yé’hia TEBOUL au Roch-Collel : Rav ‘Haïm BENMOCHÉ
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TABLE DES MATIÈRES Table des matières Préface.......................................................................................................... p. 11 Béréchit Qui doit payer la contravention ?.............................................................. p. 15 L’enveloppe trouvée dans le costume......................................................... p. 17 Noa’h « Méchané Haberiot » (« Qui diversifies les créatures »)..................................p. 20 Une villa de vacances qui grouille de souris............................................... p. 22 Lekh Lékha Le complot de « l’aimable » voisin.............................................................p. 25 Le mari qui est monté sur le tiroir et… ................................................... p. 27 Vayéra Des commandes interverties..................................................................... p. 30 La sucette qui est tombée.......................................................................... p. 32 ’Hayé Sarah Des bougies salvatrices.............................................................................. p. 35 Une amulette censée protéger des vols...................................................... p. 37 Toldot La double contravention........................................................................... p. 40 La duperie et sa réparation........................................................................p. 42 Vayétsé L’argent reçu à la suite de l’attentat est-il considéré comme un bénéfice ?.... p. 45 Comme un bébé qui vient de naître.......................................................... p. 47 Vayichla’h Les diamants dérobés à l’associé............................................................... p. 50 A qui revient le bénéfice du voyage ?........................................................ p. 52 Vayéchev Me voici !.................................................................................................. p. 55
’Hanouka Une promotion non destinée aux voleurs !................................................ p. 58 Mikets La précieuse ’Hanoukia qui a été dérobée.................................................. p. 60 Suspecter des innocents............................................................................ p. 62 Vayigach Un agent immobilier rusé.......................................................................... p. 65 Le porte-monnaie qui a glissé des doigts du prêteur et… ........................p. 66 Vay’hi Mauvais œil sur des poissons rares............................................................ p. 69 Vol d’une voiture piégée............................................................................ p. 71 Chémot Un employé qui « arrondit » ses heures.................................................... p. 77 Crainte de ’Hilloul Hachem devant l’exigence d’un antisémite................... p. 79 Vaéra Le voyageur qui s’est transformé en « conducteur de secours »................. p. 82 Une bénédiction sur le tonnerre récitée avec une émotion particulière...... p. 85 Bo Le secret dévoilé par Rabbi Nathan Tsvi Finkel aux directeurs d’entreprises....p. 87 Un service « sans garantie »...................................................................... p. 90 Béchala’h Un procès suite au retrait d’un poteau électrique...................................... p. 92 Un comportement semblable à ceux de Sodome....................................... p. 94 Yitro Un virulent conflit entre prisonniers......................................................... p. 97 Une drôle de requête............................................................................... p. 100 Michpatim Un prêteur inopiné................................................................................. p. 103 Aider un voleur de « course »................................................................. p. 106 Térouma 5001 livres sterling !................................................................................ p. 108 Un don offert grâce à un problème technique......................................... p. 111
Tétsavé « Un vêtement qu’un homme ne portera pas… » ................................... p. 114 Une amitié illusoire................................................................................. p. 117 Ki Tissa Une association sur un billet de loterie.................................................... p. 119 A propos d’un « overboard ».................................................................... p. 121 Vayakhel-Pékoudé « Les bières Badats »................................................................................ p. 124 Le mendiant riche................................................................................... p. 126 Vayikra La question cruciale du directeur............................................................. p. 131 A qui doit revenir le gain de la somme d’argent ?.................................... p. 134 Tsav Un accusé qui devient un accusateur....................................................... p. 137 La retenue et son mérite......................................................................... p. 140 Chémini « Chez moi, vous trouverez le ’Hamets le plus Méhoudar ! »..................... p. 144 Un virulent conflit à cause d’un… cafard................................................. p. 146 Tazria’-Métsora’ La force d’un mot gentil !........................................................................ p. 149 « Pour de l’argent, je suis prêt à le faire ! »............................................... p. 151 A’haré Mot-Kédochim Les dollars qui sont restés entre les mains du changeur d’argent............. p. 154 Une réduction transformée en majoration............................................... p. 156 Emor Les mérites et les Mitsvot de l’offenseur.................................................. p. 159 Lag Ba’omer Deux familles se disputent la location d’une maison de vacances............ p. 162 Béhar-Bé’houkotaï Un restaurant florissant........................................................................... p. 165 Un attrayant voyage à travers le monde................................................... p. 168
Bamidbar Poursuite pour récupérer des frais de location.........................................p. 173 Chavouot La Ségoula de la nuit de Chavouot........................................................... p. 176 Nasso Un cadeau de séparation......................................................................... p. 179 Le stratagème du locataire...................................................................... p. 181 Béha’alotékha La réparation de la médisance.................................................................p. 184 Un effroyable repas.................................................................................. p. 186 Chéla’h Lekha Agent double...........................................................................................p. 190 Capture d’un voleur................................................................................. p. 192 Kora’h Faut-il refaire un Pidyone Haben ?........................................................... p. 195 « Mochélé, apporte du sel ! »................................................................... p. 197 ’Houkat Combien est doux le sommeil du travailleur........................................... p. 200 Une prière erronée...................................................................................p. 202 Balak Le chat noir............................................................................................. p. 206 Le donateur anonyme............................................................................. p. 208 Pin’has A qui revient le billet de loterie gagnant ?............................................... p. 210 Le jeune homme qui est rentré en cours avec un verre de thé à la main… ....p. 212 Matot-Mass’é Une ’Houppa sous les roquettes............................................................... p. 215 Un bienfait plus qu’intéressé................................................................... p. 217 Dévarim Qui est comme Ton peuple Israël ?......................................................... p. 223 Une question intéressante, suscitée par un faux billet.............................. p. 226
Vaet’hanane Un camp d’été qui s’est terminé en indigestion........................................ p. 229 Le serveur n’était autre que… ................................................................ p. 231 Ekev La « Pita Falafel » pour le chauffeur d’autobus !..................................... p. 233 Un drôle de coffre-fort............................................................................ p. 234 Réé Les poulets qui ont été jetés à la poubelle............................................... p. 237 Crainte de perdre la bénédiction............................................................. p. 239 Chofetim Des caméras de sécurité recouvertes........................................................ p. 243 La « grippe mexicaine »........................................................................... p. 245 Ki Tetsé Un découragement hâtif.......................................................................... p. 248 Erreur de gravure.................................................................................... p. 250 Ki Tavo Une marque d’honneur inappropriée....................................................... p. 253 Le pharmacien qui a « refait son apparition »… ................................... p. 255 Nitsavim-Vayélekh L’Etrog qui a noirci.................................................................................. p. 258 Kapparot pour des non-juifs.................................................................... p. 260 Haazinou L’homme ne peut cohabiter avec le serpent............................................. p. 262 Les clients du kiosque concurrent........................................................... p. 263 Vézot Habérakha Litige engendré par la Soucca d’une maison de vacances.......................... p. 265 La Soucca qui a disparu............................................................................ p. 267
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Préface de l’auteur Le roi David a imploré son Créateur en ces termes : « A’hat Chaalti Méet Hachem Ota Avakech, Chivti Béveth Hachem Kol Yémé’Hayaï » (« Il n’y a qu’une seule requête que j’ai adressée à D.ieu et je la réclame instamment, c’est de séjourner dans la maison d’Hachem tous les jours de ma vie »). Notre maître, le ’Hafets ’Haïm, explique : les souhaits d’un homme sont variables ; d’abord, il demande des moyens de subsistance, puis quand il les obtient, il demande la richesse. Ensuite, quand il est riche, il réclame les honneurs, le pouvoir et la gloire et ainsi de suite. Chaque jour naissent de nouveaux désirs dans le cœur de l’homme. Ce n’était pas le cas du roi David qui, depuis son enfance et jusqu’à la fin de ses jours, n’a demandé qu’une seule chose à Hachem : « séjourner dans Sa maison tous les jours de sa vie », comme le montre le verset : « A’hat Chaalti », demande formulée au passé, à l’époque où il était encore un berger et : « Ota Avakech », requête qu’il réclame alors qu’il est roi d’Israël, puis : « Chivti Béveth Hachem Kol Yémé’Hayaï ». L’unique aspiration de David Hamélekh était d’étudier la Torah tous les jours de sa vie, de se délecter de la présence d’Hachem et de se réjouir de Sa Torah. (Métsoudat David) Un enfant intelligent et vif d’esprit nommé Avraham a un jour été interrogé par son professeur qui lui a dit : « Dans le texte de ’la Téfila du Rav’ (citée dans le Talmud Brakhot 16b et prononcée dans certaines communautés au moment de la prière de la sanctification du mois ou à la fin de la Amida), nous prions Hachem et nous lui adressons une longue liste de demandes : la longévité, la paix, le bien, la bénédiction, l’abondance matérielle, l’amour de la Torah, la crainte du Ciel, une vie où toutes nos aspirations seront comblées… « Je voudrais te demander, s’est adressé le maître à son élève : "Quelle est d’après toi la demande la plus importante parmi toutes celles-ci ? " » L’enfant a répondu : « La demande la plus importante de toutes est : l’amour de la Torah et la crainte du Ciel ! » « Il me semble que tu te trompes, lui a rétorqué le professeur, c’est plutôt la dernière demande, c’est-à-dire qu’Hachem comble toutes les aspirations de notre cœur, qui est la plus importante de toutes ; en effet, si Hachem comble tous les désirs de notre cœur, alors nous bénéficierons automatiquement de la Torah, de la crainte du Ciel, du bien, de la bénédiction, de l’abondance matérielle, etc. » L’enfant a répondu à cela de manière époustouflante : « Si une personne n’est pas animée d’amour de la Torah et de crainte du Ciel, quelles peuvent bien
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être les aspirations de son cœur ? Tout son être, toute son essence et toutes ses aspirations seront tournés vers la matérialité de ce monde… Seul celui dont le cœur est habité par l’amour de la Torah et la crainte du Ciel est en mesure de demander à Hachem qu’Il comble les désirs de son cœur, requête qui prend alors tout son sens ! » Plus tard, cet enfant est devenu célèbre dans le monde de la Torah. Il dirige aujourd’hui la Yéchiva Torah Vadaat aux Etats-Unis et n’est autre que le Rabbi Avraham Pam. Nous adressons toutes nos louanges au Maître du monde, que Son Nom soit exalté, pour le bien infini qu’Il nous prodigue, pour la bonté et la miséricorde dont Il fait preuve à notre égard en nous permettant de faire partie de ceux qui étudient dans les Baté Midrach et pour nous avoir donné le mérite de mener à son terme l’élaboration du troisième tome du livre A’hat Chaalti. Béni soit Celui qui nous a accordé la vie et nous a permis d’arriver à ce moment ! C’est, animés par des sentiments profonds de respect et de reconnaissance, que nous rendons grâce du fond du cœur à notre maître et notre emblème, dirigeant spirituel de Ramat El’hanan, Roch Collel des institutions Beth David de ’Holon, le, Rav Its’hak Zylberstein, notre guide faisant irradier sur nous sa lumière et qui est pour nous et pour tout le peuple d’Israël un modèle et une inspiration dans toutes ses voies. Dans ce tome également de la série A’hat Chaalti de nombreuses questions captivantes sont traitées et résolues par notre maître, de façon unique et singulière, mettant toujours en avant la douceur de notre sainte Torah. Qu’Hachem lui accorde la force et la santé de continuer à abreuver de nombreuses années encore le peuple d’Israël de ses enseignements profonds et emplis de crainte du Ciel. (Il convient de préciser que les questions du présent ouvrage ont été dans leur majorité rédigées à partir de la série de livres Oupirio Matok et Véhaarev Na, dans lesquels les réponses sont développées plus amplement.) Enfin, précisons que notre humble livre est destiné uniquement à susciter l’envie et le plaisir d’étudier la Torah. Ainsi, il n’est pas à considérer comme un livre de Halakhot ! Nous élevons une prière vers Celui qui nous a gratifiés de Sa Torah afin que la requête du chantre d’Israël : « A’hat Chaalti Méet Hachem, Ota Avakech, Chivti Béveth Hachem Kol Yémé’Hayaï, La’hazot Béno’am Hachem Oulévaker Béheikhalo » s’accomplisse pour nous.
Beréchit
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Beréchit « Sur ton ventre, tu marcheras » (Béréchit 3, 14) Si le serpent n’avait pas été maudit (de ramper sur le ventre et d’avoir les jambes coupées), chaque individu du peuple d’Israël aurait reçu deux bons serpents, l’un aurait été envoyé au nord et l’autre au sud pour lui ramener des pierres précieuses. (Sanhédrin 59b)
Qui doit payer la contravention ?
David travaille comme livreur et chaque jour, au volant de la voiture de son employeur El’hanan, il se déplace d’un bout à l’autre du pays pour transmettre des enveloppes, livrer des paquets et de la marchandise. Une partie inévitable de son travail consiste aussi à chercher où se garer dans les vastes villes où il se rend.
Un jour, David a dû effectuer une livraison urgente de marchandise dans la ville de Jérusalem. Il est arrivé à l’endroit convenu, a cherché partout une place de parking, mais n’en a pas trouvée. Le seul endroit où il y avait une place libre était près d’un trottoir aux bandes rouges et blanches qui est, comme on le sait, un endroit de stationnement interdit. David s’est dit que la livraison ne durerait pas plus de cinq minutes et qu’il n’y avait que très peu de chances qu’un policier ne passe par là au même moment et lui assigne une contravention. Joignant l’acte à la pensée, il a garé sa voiture près des bandes rouges et blanches et s’est empressé d’effectuer sa livraison. Vous devinez déjà sûrement la suite de l’histoire… Un policier est passé par là et lui a infligé une contravention de 500 Shéquels.
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En voyant cela, David a décidé d’user d’un stratagème ; il a appelé son patron El’hanan et lui a dit : « Regardez, je ne sais vraiment pas quoi faire, je suis arrivé à destination, mais je n’ai pas trouvé où me garer. La seule place libre que j’ai trouvée est un lieu de stationnement interdit marqué par des bandes rouges et blanches et en m’y garant, je risque de recevoir une contravention de 500 Shéquels. Qu’en pensez-vous ? Etes-vous prêt à prendre le risque malgré tout ? » El’hanan a réfléchi un instant et lui a répondu : « C’est une livraison rapide. D’accord, j’accepte que tu te gares à cet endroit et, je ne l’espère pas, mais si tu reçois une contravention, je la règlerai… » Le soir, David est rentré à son bureau et a tendu à son patron la contravention qu’il avait reçue. El’hanan lui a alors répondu, attristé : « Ce n’est pas de chance, je vais devoir la payer, car c’est moi qui t’ai permis de garer ma voiture à cet endroit… » Cette même nuit, David n’a pas réussi à s’endormir, car sa conscience l’en a empêché. Rongé par les remords, il s’est dit : « Et si je ne m’étais pas comporté comme la loi le demande ? Peut-être est-ce à moi de payer cette contravention ?... » Tôt le lendemain matin, il s’est rendu chez Rabbi Its’hak Zylberstein et lui a posé sa question. Réponse : Il est expliqué dans les Tossefot (Baba Métsia 22 et dans le Choul’han Aroukh Harav, Hilkhot Métsia Oupikadon) que celui qui rentre dans le champ de son prochain n’a pas le droit de récolter de fruits sans son consentement même si ce dernier est son ami et qu’il se réjouirait qu’il profite de ses fruits. En effet, puisque le propriétaire du champ n’est pas informé qu’une personne s’apprête à manger ses fruits, le faire reviendrait à commettre un interdit et même le consentement ultérieur d’un propriétaire ne permettrait pas de profiter de ses biens (cela s’appelle Yéouch Chélo Midaat). Ainsi dans notre contexte, nous pourrions dire que le consentement de l’employeur, après la réception de la contravention, n’enlève rien à la faute commise. Toutefois, il semblerait qu’il y ait ici une différence : les situations où les livreurs ne trouvent pas de place où se garer se rencontrent quotidiennement et les employeurs en sont tout à fait conscients avant même que les livreurs ne soient confrontés au problème. En outre, dans notre cas où l’employeur a donné un consentement clair à son livreur de se garer sur une place interdite, d’autant plus qu’il s’agissait d’une livraison rapide (et qu’il n’y avait nulle part ailleurs où se garer), le livreur a parfaitement le droit de le faire. Ici, le consentement de l’employeur enlève tout
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caractère d’interdit à l’acte commis et on pourra considérer que le livreur s’est garé avec l’autorisation et l’aval de son employeur. Cela fait partie des ’règles du jeu’ pour un employeur : lorsqu’il envoie un livreur effectuer son travail, il sait d’avance que ce dernier aura parfois besoin pour cela de garer sa voiture sur des places aléatoires. Et puisque c’est l’employeur qui demande à son employé d’effectuer un tel travail, c’est à l’employeur qu’il incombe de payer la contravention. En résumé : El’hanan qui a permis à David de se garer sur une place marquée par des bandes rouges et blanches devra payer la contravention. *** « Sur ton ventre, tu marcheras » (Béréchit 3, 14) Cela nous enseigne que le mensonge n’a pas de ’pieds’. C’est nous, par nos fautes, qui lui donnons des pieds de fer. (Tsror Hamor)
L’enveloppe trouvée dans le costume
Un jeune homme est rentré quelques jours avant son mariage dans un magasin de vêtements masculins haut de gamme afin de se préparer pour ce grand jour. Le propriétaire du magasin qui proposait des costumes à l’achat ou à la location lui a présenté un modèle élégant. Après de nombreuses hésitations, le jeune homme lui a dit : « Je ne suis pas encore certain que je le porterai. Toutefois, je suis prêt à vous l’acheter à la condition que si je décide de ne pas le mettre, je puisse vous le rendre et récupérer mon argent. » Le gérant a accepté, mais lui a précisé : « Si vous portez le costume, je n’accepterai sous aucun prétexte que vous me le rendiez ! » « Evidemment que je ne vous rendrai pas le costume si je le porte ! » lui a répondu le jeune homme en souriant. Puis, il lui a tendu le règlement.
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Le lendemain du mariage, le jeune marié est revenu au magasin et a dit au propriétaire : « Finalement, je me suis rendu compte que le costume ne m’allait pas tellement bien, c’est pourquoi je suis venu vous le rendre. Le voici ! Je voudrais à présent récupérer mon argent, s’il vous plaît ! » « Vous êtes sûr que vous ne l’avez pas porté ? » lui a demandé le gérant d’un air méfiant et il a ajouté : « Comme vous l’avez sûrement lu sur l’enseigne du magasin, nous proposons des costumes à l’achat et à la location ; ainsi, si vous avez porté le complet et que vous ne voulez pas l’acheter, vous pouvez vous contenter de payer la somme de 700 Shéquels pour la location et je vous rendrai la différence. » « Monsieur, lui a assuré le jeune marié, vous pouvez me croire sans l’ombre d’un doute, je n’ai pas porté le costume ! » Le gérant n’a pas eu d’autre choix que de le croire sur parole. Il lui a rendu son argent et a récupéré le costume. Le jeune marié est parti et quand le gérant a voulu le remettre à sa place, il a soudain senti quelque chose dans la poche intérieure du vêtement… Il y a rentré sa main et y a trouvé… une enveloppe !! Au dos de cette dernière, il a pu lire : « Pour mon cher neveu, tous mes vœux de bonheur, de la part de ton oncle Zékharya. » Le propriétaire du magasin a ouvert l’enveloppe et y a découvert ni plus ni moins la somme de 700 Shéquels en espèces ! Il s’est posé alors la question suivante : « M’est-il permis de considérer que le jeune homme a porté le costume, comme le prouve l’enveloppe trouvée dans la poche, et de m’approprier l’argent comme règlement de la location du costume ou est-ce que je dois considérer cet argent comme une somme ’trouvée’ que je dois rendre à son propriétaire ? » Réponse : Il existe un principe nous enseignant : « Hamotsi Mé’havéro Alav Haréaya. » (« Celui qui désire soutirer de l’argent à une personne doit prouver que cela lui revient. ») (Baba Kama 46) Cela veut dire que nous ne pouvons pas réclamer à une personne une somme d’argent qui nous revient en l’absence de preuves claires qu’elle nous doit cette somme. Par exemple, nous voyons dans la Guémara (Baba Batra 93 et dans le Choul’han Aroukh ’Hochen Michpat 408, 2) que lorsque l’on voit un chameau s’agiter parmi d’autres chameaux, et qu’un autre chameau est soudain trouvé mort parmi le groupe (a priori tué par le chameau agité), on ne pourra pas affirmer de manière certaine que ce chameau l’a tué. Par contre, si des témoins valides ont vu ce chameau agité tuer l’autre chameau, on pourra
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obliger le propriétaire du chameau sanguinaire à dédommager le propriétaire du chameau tué. Dans notre cas aussi, il semblerait qu’on ne puisse réclamer au jeune marié les frais de location du costume tant qu’on n’a pas de preuve limpide que celui-ci a utilisé la veste. Toutefois, la règle du chameau agité ne s’applique pas vraiment à notre sujet, car dans le cas où un chameau n’a pas été vu en train d’en tuer un autre, mais seulement en train de s’agiter à côté de lui, il n’est pas possible de réclamer un dédommagement financier. Par contre, dans notre cas, nous ne pouvons pas considérer l’enveloppe trouvée dans la poche du costume comme une simple coïncidence, mais plutôt comme une preuve claire que le jeune marié a bel et bien porté la veste le jour de son mariage. Car sinon, comment cette enveloppe contenant le cadeau de mariage de son oncle aurait-elle pu se retrouver là ? On ne peut en aucun cas supposer que le jeune marié ait décidé de mettre cette enveloppe justement dans la poche du costume qu’il s’apprêtait à rendre au magasin. Ainsi, le fait d’avoir trouvé l’enveloppe dans la poche du costume prouve bien que le jeune marié a porté le vêtement le jour de son mariage et a introduit dans la poche l’enveloppe remise par son oncle. Le propriétaire du magasin peut donc encaisser cette somme en tant que frais de location de la veste. En résumé : Le propriétaire est autorisé à garder l’argent du jeune marié. ***