Projet de fin d'études : La Co-Fabrik - un lieu de partage et de renouveau

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Projet de fin d'études

LA C)-FABRIK Un lieu de partage et de renouveau BONNET Emilie - DREVET Estelle - FAURE Julien

École Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble Architecture et Cultures Constructives - juin 2016



Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble

Architecture et Cultures Constructives

Projet de fin d'études - juin 2016

-

LA C)-FABRIK

-

Un lieu de partage et de renouveau

-

BONNET Emilie - DREVET Estelle - FAURE Julien

Membres du jury :

-

Directeur d’études : Nicolas Dubus, Architecte, Maître assistant ENSA Grenoble. Enseignant de la thématique de master : Bruno Georges, Ingénieur, Enseignant contractuel ENSA Grenoble. Enseignant d’une autre thématique de master : Philippe Liveneau, Architecte, Docteur en Architecture, Maître assistant ENSA Grenoble. Enseignant d’une autre thématique de master : Barbara Martino, Architecte, Enseignante contractuelle ENSA Grenoble. Enseignant d’une autre école : Olivier Balaÿ, Architecte, Docteur en Urbanisme et Aménagement, Professeur HDR ENSA Lyon. Personnalité extérieure : Alain Vargas, Architecte, Agence Tectoniques Architectes.



Equipe pédagogique ensa grenoble, ensa lyon

Equipe pédagogique Grenoble :

ENSA

Equipe Lyon :

pédagogique

ENSA

Master A&CC (Architecture et Cultures Constructives)

Master AA&CC (Architecture Ambiances et Cultures Constructives)

Enseignant porteur : Nicolas Dubus (Architecte, Ma. TPCAU)

Enseignants porteurs : Olivier Balaÿ (Architecte, Prof. TPCAU, HDR), Rémy Mouterde (Ingénieur, Ma STA, Docteur en Mécanique des structures)

Anne-Monique Bardagot (Ethnologue, Ma. SHS), Anne Coste (Architecte, historienne, Prof. HCA, HDR), Bruno Georges (Ingénieur, approche environnementale), Jean-Christophe Grosso (Architecte, mécanique des Structures, Ma. STA), Hubert Guillaud (Architecte, Ma STA, HDR), Karine Lapray (Ingénieur, éco-conception), PaulEmmanuel Loiret (Architecte), Guillaume Pradelle (Architecte), Stéphane Sadoux (Urbaniste, Ma. SHS), Olivier Zanni (Ingénieur, énergie).

Amilcar Dos Santos (Architecte), Guillaume Lafont (Programmation),Vincent Dubreuil (Economiste), Karine Lapray (Ingénieur, éco-conception), Samuel Tochon (Acousticien).

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Remerciements Nous souhaitons tout d’abord remercier l’ensemble du corps enseignant du studio A&CC de l'ENSAG et plus particulièrement Nicolas Dubus et Guillaume Pradelle pour nous avoir suivi et conseillé tout au long de l’année. Merci à Olivier Balay et Amilcar Dos Santos du studio AA&CC de L'ENSAL, pour leur regard avisé. Nous remercions également Jean-Christophe Grosso, Cédric Avenier, Behrang Fakharian, Magali Paris, Frédéric Dellinger, Bruno Georges, Vincent Dubreuil et Samuel Tochon Danguy, pour nous avoir aiguillé sur des questions en particulier. Merci également à Paul-Emmanuel Loiret, Sébastien Fabiani et Mehtab Sheick Badordine d'avoir échangé avec nous sur le sens et la portée du projet. Nous tenons aussi à remercier grandement Nicolas Gamby, chargé de travaux du service de traitement des déchets de la Métro, pour nous avoir reçus à plusieurs reprises et nous avoir emmené visiter la déchetterie de Vif. Nous remercions Pierre Kermen, directeur général de la SEM SAGES, pour son accueil chaleureux et l’aide qu’il nous a apporté dans la compréhension du quartier de Flaubert et de ses enjeux. Merci aux employés et gérants des déchetteries et ressourceries, dans lesquelles nous nous sommes rendus, pour avoir discuté avec nous et nous avoir informé. Merci aux entreprises que nous avons contactées (CBDM, Renson, Rector, Aldoriv, Sunflex) pour les renseignements et devis fournis. Enfin, un grand merci, à nos familles et nos amis pour avoir échangé avec nous sur le projet et nous avoir entouré tout au long de l’année.

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Résumé

Le projet de LA CO-FABRIK s’inscrit dans le contexte du renouvellement urbain de la ZAC Flaubert de Grenoble. Il propose un programme multiple, qui mêle habitats, équipements publics et commerces, au sein d’un îlot de 4.7 hectares. La thématique de la revalorisation est la ligne directrice du projet. Le projet s’est nourri de l’existant, de l’histoire du site, du « déjà là », ici envisagé comme une véritable ressource. La question de la gestion des déchets a été le point de départ de la conception du projet. Dans cette optique, sont proposées la création d’une déchetterie couplée à un atelier de réparation et la requalification d’anciens bâtiments industriels en lieux d’activités innovant sur cette même question. L’ensemble fonctionne en synergie et participe à redynamiser le quartier et à lui conférer une plus grande attractivité. L’idée de revitaliser le quartier a aussi eu son importance. Le travail réalisé sur l’aménagement paysager de l’îlot crée des espaces capables d’accueillir une biodiversité riche, mêlant intimement les activités humaines à un contexte végétal très présent. Enfin, une volonté notable, celle de mettre l’homme au cœur du projet, a été portée au travers de la conception programmatique et architecturale. Les logements, équipements et espaces publics sont conçus comme des lieux propices aux rencontres, au partage et favorisant la mixité.

The CO-FABRIK project comes within the context of the Flaubert ZAC urban renewal in Grenoble. It proposes a multiple program that combines housing, public facilities and shops within an area of 4.7 Hectares. The theme of the revaluation is the guideline of this project. The project was handled with the existing situation, the history of the site, the “already there” considered in this case as a real resource. The issue of the waste management has been the starting point of the project design. In this respect, it was suggested the creation of a waste treatment center coupled with a repair workshop and also the rehabilitation of old industrial buildings to turn them into innovative business places. The whole project operates in synergy and contributes to revive the area and make it more attractive. The idea of revitalizing this area has also been important. The work carried out on the landscaping creates places which are rich in biodiversity, combining both human activities and very present plant context. Finally a significant willingness to put the human at the heart of the project was expressed through the programmatic and architectural design. Housing, facilities and public spaces are designed as meeting and exchanges places and that promote social diversity.

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Sommaire -

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Sommaire

1. Analyse du contexte territorial 1.01.

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Grenoble et son grand territoire

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1.01.1. Un rapport fort au grand paysage 1.01.2. Un climat atypique 1.01.3. Une ville laboratoire 1.01.4. La politique logement

14 14 16 18

1.02.

La ZAC Flaubert

1.02.1. Une situation centrale au sein de l'agglomération 1.02.2. Les équipements de mobilités 1.02.3. Des espaces verts déconnectés 1.02.4. Un paysage marqué par son patrimoine industriel 1.02.5. Population présente 1.02.6. Les équipements 1.02.7. Un projet de ZAC abandonné 1.02.8. De nouvelles orientations

1.03.

Le site étudié

1.03.1. Historique 1.03.2. Bâtiments existants 1.03.3. La déchetterie Jacquard

19 19 20 21 23 24 25 26 27

28 29 29 30

2. Le réemploi, un moyen de revaloriser à expérimenter 33 2.01.

Concept du réemploi

2.01.1. 2.01.2.

2.02.

Définition Légitimité environnementale

Le réemploi, un potentiel architectural

2.02.1. Le réemploi, une pratique ancestrale 2.02.2. Vers une revalorisation des matériaux industriels 2.02.3. Formes architecturales et esthétiques nouvelles

34 34 34

37 37 37 38

2.03. Le réemploi, un secteur à faire valoir pour un développement urbain durable 40 2.03.1. Une piste "low-tech" du développement durable 2.03.2. Un levier économique et social 2.03.3. Faire sauter les verrous

40 40 41

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3. L'îlot Jacquard, un îlot de valorisation des ressources locales 43 3.01.

Programmation

44

3.01.1. Objectifs du projet 3.01.2. Démolition et conservation des structures existantes 3.01.3. Connexion des parcs et diffusion de la voie verte 3.01.4. Une nouvelle déchetterie 3.01.5. Des activités en résonnance avec celle de la déchetterie

44 45 48 49 51

3.01.6.

56

3.01.5.1. Le bâtiment des sheds 3.01.5.2. Les bâtiments de la parcelle sud 3.01.5.3. Localisation et synergie des activités

Création d'un secteur résidentiel

3.02. Traitement paysager du site 3.02.1. 3.02.2. 3.02.3. 3.02.4. 3.02.5.

3.03.

57 59 62 64 66

Le bâtiment des sheds

68

Faire avec un existant remarquable

3.03.1.1. Concept architectural 3.03.1.2. Un édifice, trois programmes, trois ambiances 3.03.1.3. Construire dans l'existant

3.03.2. Stratégie énergétique

La déchetterie

3.04.1. Des gisements de matériaux comme matière à projet 3.04.2. Fonctionnement de la déchetterie 3.04.3. Atelier de réparation 3.04.4. Choix constructifs 3.04.5. Chantier

3.05.

57

Composition générale Promenade paysagée Place publique Abords des logements Mobilier urbain

3.03.1.

3.04.

52 52 54

Les logements

3.05.1. Une architecture conciliante 3.05.2. Rez-de-chaussée 3.05.3. Répartition des logements 3.05.4. Les coursives 3.05.5. Aménagement des logements 3.05.6. Toitures partagées

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70

70 72 75

77

78 80 83 85 88 90

91 92 95 97 98 100 105

13


3.05.7. Stratégie énergétique

107

3.05.8. Stratégie constructive

112

3.05.9. Stratégie économique

119

3.05.7.1. Stratégie passive 3.05.7.2. Stratégie active

3.05.8.1. Une logique de mix matériautique 3.05.8.2. Construction 3.05.8.3. Détails techniques

107 110 112 115 116

Conclusion

121

Conclusions personnelles

125

BONNET Emilie

126

DREVET Estelle

128

FAURE Julien

130

Références architecturales

133

Bibliographie

137

Annexes

140

Annexe 1. Logements Annexe 1.1. Plan RDC Annexe 1.2. Plan R+1 Annexe 1.3. Plan R+2 Annexe 1.4. Plan R+3 Annexe 1.5. Plan R+4 Annexe 1.6. Plan R+5 Annexe 1.7. Plan R+5 Annexe 1.8. Plan toitures Annexe 1.9. T3 simplex (bâtiment sud) Annexe 1.10. T4 duplex (bâtiment est)

141 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150

Annexe 2. Etude économique

151

Annexe 3. Etude énergétique

153

Annexe 4. Calcul d'isolement acoustique

155

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Introduction -

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Introduction

La première fois que nous nous sommes rendus sur le site de la ZAC1 Flaubert, c'était en bus avec l'ensemble des étudiants lyonnais et grenoblois, pour sélectionner nos lieux d'études. Pierre Kermen, directeur général de la société SAGES en charge de l'aménagement de la ZAC, nous a guidé à travers le quartier en nous faisant part de l'intention de la ville d'en faire un lieu de mixité et d'échanges. Nous avons roulé doucement dans quelques rues pour commencer à appréhender le quartier. Le paysage urbain que l'on voyait faisait état d'un tissu très hétérogène, vieillissant et discontinu mêlant petits pavillons, anciens bâtiments industriels, grands immeubles collectifs, etc... et laissait percevoir une logique d'ensemble un peu floue. Malgré le développement urbain "chaotique" du quartier, nous avons pressenti après cette première journée, le besoin de renouveler la ZAC en nous appuyant sur les ressources existantes du lieu. En effet, la ZAC présente un fort potentiel de réhabilitation et de zones libres à bâtir pour la ville et a une identité propre avec laquelle nous avons voulu composer. Lorsque nous avons arpenté la ZAC la deuxième fois, nous sommes partis de l'arrêt de tramway, tout près du parvis de la MC2, en direction du parc Flaubert. De là, nous avons pu suivre les rails de l'ancien tracé ferroviaire, témoins du passé industriel du quartier, qui sont aujourd'hui intégrés dans l'aménagement paysager du parc. Celuici présente de vraies qualités paysagères avec de nombreuses aires de loisirs et de détentes et est très agréable à parcourir 1

Zone d'Aménagement Concerté

en vélo ou à pied. Néanmoins, nous avons remarqué que le parc a un caractère assez introverti du fait qu'il soit contenu entre deux tissus bâtis et qu'il n'existe aucune porosité. Ainsi, nous n'avions pas vraiment conscience du tissu urbain dans lequel nous étions et de ce qu'était la ZAC réellement. Cette approche piétonne du lieu s'est révélée être très différente de celle que l'on avait faite en bus lors de notre première visite, car nous n'avons pas du tout perçu la ZAC de la même manière. Le dessin de l'aménagement continue de manière très fluide et linéaire tout au long du parcours. Puis soudainement, les chemins débouchent sur la rue Stalingrad, une artère importante où beaucoup d'usagers transitent et se croisent (voitures, vélos et piétons). Nous avons trouvé dommage d'être interrompu dans notre promenade par cette transition nette et abrupte. De surcroît, la progression n'est pas simple puisqu'il faut traverser six voies automobiles pour rejoindre les cheminements piétons et cyclistes sur la parcelle suivante. A travers cette forte rupture végétale, visuelle et d'usage, nous avons d'abord ressenti le potentiel d'une connexion entre les espaces verts qui pourrait renforcer la coulée verte déjà présente et proposer des transitions plus douces et fluides. Pour compléter cette intention, nous avons également dégagé le potentiel d'une diffusion du végétal qui pourrait s'étendre et s'ouvrir au quartier mais aussi lier l'ensemble bâti. Après avoir franchi ce carrefour compliqué, nous avons continué notre chemin à travers la coulée verte non aménagée. Sur le parcours, nous avons tout de suite été attirés par un bâtiment à la toiture en sheds qui témoigne du passé industriel du quartier. Malgré qu'il semble aujourd'hui complètement délaissé (ouvertures condamnées et tags), nous avons été séduit par son architecture particulière et avons perçu dans ce bâtiment un potentiel architectural à exploiter. Nous avons ensuite cheminé jusqu'au parc Pompidou,

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puis sommes revenus sur nos pas, via une rue parallèle à la coulée verte. Sans trop la voir, nous sommes passés juste à côté de la déchetterie Jacquard, une déchetterie très petite sur laquelle figure simplement une rampe vers quelques bennes. Celle-ci prend place au milieu d'une parcelle assez vaste et se mêle aux hangars et bâtiments d'époque. Mis à part les automobilistes qui défilent pour jeter leurs déchets, il n'y a pas grand chose qui s'y passe. Pourtant, nous avons senti au travers des bâtiments industriels présents sur le site, qu'il y avait là, à l'époque, une forte production et qu'aujourd'hui, ils ont perdu toute raison d'être en devenant de simples hangars de stockage. Cet existant que l'on venait de découvrir et qui nous inspirait nous a rapidement donné envie de nous saisir de ses atouts pour en faire matière à projet. D'une part, il y a un vrai potentiel de revalorisation du patrimoine bâti au sein même de la parcelle. Et d'autre part, le secteur, qui manque cruellement de vie, gagnerait en attractivité si l'on y apportait de nouvelles activités.

de la revalorisation une ligne directrice du projet ? Le projet a tenté de répondre à ces trois problématique. Ainsi, les éléments sur lesquels il s'est construit, sa stratégie programmatique et sa concrétisation architecturale seront présentées en trois grandes parties. Dans un premier temps, nous mettrons en avant les éléments clés de l'analyse qui nous ont permis de relever les enjeux et potentiels du site et de soulever nos trois problématiques. Dans un second temps, nous clarifierons ce qu'est la pratique du réemploi en architecture et comment il peut être un moyen de revaloriser l'existant. Et pour terminer, nous exposerons la réponse urbaine et architecturale que nous proposons pour l'îlot Jacquard.

A la fin de notre arpentage, nous sommes passés dans la rue Emile Zola et avons découvert la Ressource / Recycle-Tri, une ressourcerie de quartier ouverte ce jour-là. Cette association est l'une des trois présentes dans la ZAC et participe activement à la vie de quartier. En effet, nous avons été surpris de voir le nombre de gens y faisant affaire. Ainsi, la découverte de cette dynamique de quartier nous a fait pressentir que cette activité pourrait peut-être alimenter notre réflexion. Suite à ces expériences du site et aux potentiels que l'on a relevé à travers une analyse du contexte plus poussée, nous nous sommes posé trois questions : Comment faire naître un lieu de mixité et d'échanges ? Comment faire du lien entre l'aménagement récent du parc Flaubert et le reste de la ZAC ? Et comment faire LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1. Analyse du contexte territorial -

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1.01. Grenoble et son grand territoire

0

N

1000

5000

CHARTREUSE

DRAC

ISERE

GRENOBLE

VERCORS

BELLEDONNE

Carte personnelle de la ville de Grenoble

1.01.1. Un rapport fort au grand paysage Approximativement au centre des Alpes françaises, la ville de Grenoble est souvent désignée comme la capitale des Alpes. Celle-ci s'est développée au sein d'un site particulièrement contraint puisqu'elle est située sur une plaine alluviale qui est bordée par deux rivières, l'Isère et le Drac, et entourée de trois grands massifs montagneux, avec au nord le massif de la Chartreuse, à l'ouest le Vercors et à l'est la chaîne de Belledonne. Cette configuration singulière de la ville lui vaut par beaucoup le surnom de "cuvette grenobloise". Cependant, cette situation d'enclave produite par l'omniprésence des montagnes contribue à proposer un vaste cadre naturel à la ville. Visibles depuis les rues, les différents massifs constituent de véritables éléments de repères et font partie intégrante de la vie des Grenoblois. Ce décor exceptionnel constitue l'identité de Grenoble : une ville au cœur des montagnes. Aussi, une attention particulière devrait être portée aux configurations de site et hauteurs de bâti afin de favoriser les percées sur le grand paysage.

1.01.2. Un climat atypique

"Au bout de chaque rue, une montagne" Stendhal

Source de l'illustration : http://mesrues.canalblog.com/ archives/2006/11/27/3283136.html

Du fait de sa situation dans le sud-est de la France et son enclavement par les massifs montagneux, l'agglomération grenobloise est soumise à un climat unique. Elle est partagée entre des influences climatiques continentales et surtout montagnardes.

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La ville de Grenoble connaît des hivers froids et des étés chauds qui présentent de forts écarts de températures. C'est notamment l'une des villes de France dont l'amplitude thermique annuelle est des plus élevées (19°C entre janvier et juillet)1. Ainsi en hiver, la température peut descendre relativement bas (rarement en dessous de -5°C)tandis qu'en été, la ville est l'une des plus chaudes du pays (plus de 35°C sur plusieurs jours de suite). Compte tenu de la topographie, de la forte minéralisation des espaces, de l'ensoleillement important que subit la ville et d'une faible circulation d'air pendant la saison estivale, la ville est particulièrement sensible aux phénomènes d'îlots de chaleur urbain. De surcroit, il y a fort a parier que ces phénomènes vont s'intensifier avec le réchauffement climatique global et aux vues des prévisions climatiques estimées pour les décennies à venir. Néanmoins, ces phénomènes d'îlots de chaleur se voit diminuer dans certains secteurs où le végétal et l'eau sont présents. En effet, les arbres, pelouses et bassins offrent des perspectives qui dépassent le simple effet paysager puisque les espaces végétalisés et en eau présentent une température de surface plus fraîche que celle des espaces minérales imperméabilisés, déjouant ainsi l'effet d'îlot de chaleur au profit d'îlot de fraicheur. Ainsi, il conviendrait d'anticiper l'évolution climatique dans la conception de projet et de prévoir des espaces pour rafraîchir la ville afin de lutter contre les épisodes estivales caniculaires et minimiser leurs impacts.

principalement des activités industrielles du bassin grenoblois et surtout du trafic automobile important. Alors consciente des risques sanitaires auxquels les habitants sont exposés, Grenoble-Alpes Métropole a engagé en 2005 une politique ambitieuse pour améliorer la qualité de l'air de l'agglomération avec un Plan Climat, devenu par la suite Plan Air Energie Climat2. Ce dernier établit des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, des polluants locaux (NOx et PM10) et des consommations d'énergie ainsi que des objectifs de production d'énergie renouvelable, aux horizons 2014, 2020, 2030 et 2050. Cette initiative concerne l'ensemble des secteurs d'activités : industrie, résidentiel, transport, tertiaire et agriculture. Les massifs montagneux qui entourent la ville agissent comme des remparts sur les phénomènes météorologiques. En effet, ceux-ci buttent contre les reliefs ce qui amplifie leurs activités venteuses, pluvieuses, orageuses et neigeuses. De sorte, les vents dominants de secteur NordOuest et Sud-Est auxquels est soumise la ville voit ses effets régulateurs freinés et diminués. De même, les précipitations sont conséquentes car elles se retrouvent bloquées et exacerbées. Celles-ci se situent au dessus de la moyenne nationale de 900 mm par an avec des précipitations moyennes annuelles de 1007 mm par an3.

Cet effet de surchauffe que subit la ville est régulièrement combiné à des pics de pollution qui dépassent les valeurs limites fixées par la règlementation européenne. Les polluants atmosphériques proviennent 1 Chiffres extraits du Guide de la qualité environnementale dans l’architecture et l’urbanisme, avril 2008, p122.

2 Source : http://www.lametro.fr/431-plan-climatgrenoble.htm, consulté en avril 2016 3 Chiffres extraits de l'étude d'impact de la ZAC Flaubert, février 2012, p43

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1.01.3. Une ville laboratoire Grenoble est une ville dense de vingtdeux quartiers où la plupart des espaces non bâtis a été investi. Aujourd'hui, la ville fait face à un développement urbain compliqué du fait de sa topographie contraignante, d'un étalement urbain limité et de la rareté du foncier. Les derniers terrains disponibles ont alors été recensés pour permettre à la ville de se renouveler sur elle-même. Ainsi, afin de combler le manque de foncier, Grenoble a vu naître un certain nombre de ZAC4 tels que VignyMusset, la Caserne de Bonne, Teisseire, Bouchayer-Viallet, la Presqu'île et Flaubert. 4

Zone d'Aménagement Concerté

N

0

1000

5000

PRESQU'ILE

BOUCHAYER VIALLET

« La ZAC offre aux collectivités publiques un cadre juridique, financier et technique adapté à la réalisation d'une opération d'aménagement de l'espace. Elle permet l'élaboration d'un projet urbain, en concertation avec la population locale concernée, et la conduite d'une opération d'aménagement combinant l'acquisition des terrains et leur aménagement ainsi que la réalisation d'équipements publics et de constructions, en partenariat avec d'autres acteurs de l'aménagement. »5 La création d'une ZAC apporte plus de souplesse règlementaire. Les règles sont établies en fonction des projets qui sont projetés. Ainsi, on peut aller beaucoup plus vite dans le traitement des questions urbaines. De plus, créer une zone ZAC est également une manière de ne pas laisser toute l'initiative aux promoteurs privés ce qui évite les spéculations foncières et immobilières. Une révision du PLU6 a été nécessaire. Votée lors du conseil municipal le 15 décembre 2014, celle-ci répond à une politique globale de ce que sera le Grenoble de demain : remettre à plat tous les grands projets urbains, conserver l'identité de chaque quartier, construire du logement pour tous, réduire les émissions de gaz à effet de serre, la consommation énergétique par habitant et l'exposition aux ondes électromagnétiques7.

CASERNE DE BONNE FLAUBERT TEISSEIRE VIGNY MUSSET

5 Source: http://www.grenoble.fr/302-flaubert-unquartier-au-centre-de-grenoble.htm, consulté en avril 2016 6

Carte personnelle de la localisation des ZAC

Plan Local d'Urbanisme

7 Source : http://unevillepourtous.fr/2014/12/12/unnouveau-plu-pour-un-nouvel-urbanisme/, consulté en avril 2016

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Depuis plusieurs années, la ville de Grenoble s'inscrit dans une démarche de ville durable. En effet, au travers de grands projets d'aménagement, elle est devenue un véritable laboratoire urbain de l'innovation et de la transition sociale et énergétique alliant politique urbaine et participation citoyenne. Les grandes intentions de la ville se traduisent par l'envie de bâtir une ville apaisée où il fait bon vivre. Parmi les projets de ZAC, les plus récents et démonstratifs de l'ambition de la ville il y a : La Caserne de Bonne > La ville s'est vue obtenir en 2009 le Grand Prix national Eco-quartier pour ce projet de ZAC. Installé sur le site d'une ancienne caserne, le projet a conservé les bâtiments militaires qui construisent l'identité du quartier et y a affecté et associé de nouveaux usages : habitats, commerces et espaces publics. Cette opération a su intégrer le processus participatif dans la conception de projet et a visé la haute performance thermique et économique pour ces bâtiments. La Presqu'île > C'est un projet de nouveau quartier de ville dont le programme vise une mixité des activités avec notamment la présence d'un campus universitaire et scientifique intégré à la ville. Une attention particulière est apportée sur le thème de la mobilité et de la mutualisation de l'énergie. Chaque ZAC s'attache à innover sur une ou deux thématiques. Les expériences capitalisées servent aux autres projets de la ville. Ainsi, chaque projet de ZAC préfigure la ville de demain.

Source de l'illustration en haut : http://www.caue-isere. org/operations-exemplaires/37786-2/ Source de l'illustration en bas : http://www.grenoble. fr/545-presqu-ile.htm LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.01.4. La politique logement A travers sa politique de logement, la ville souhaite relancer son attractivité résidentielle en proposant une offre diversifiée qui permette de satisfaire les demandes les plus variées : locatif social et privé, accession à la propriété, logements spécifiques (étudiants, personnes âgées) et habitats participatifs. Dans les chiffres, Grenoble comptait 180647 logements sociaux au 1er janvier 2014, soit un taux de 21,73%. Si l'on se réfère à la carte de répartition des logements sociaux familiaux de la ville ci-dessous8, on constate une répartition générale très inégale, notamment dans la ZAC Flaubert, où l'on déplore un manque évident de logements sociaux et l'absence 8 carte personnelle tirée de la carte sur la répartition du parc de logements sociaux, janvier 2013 et données chiffrées recalculées à partir des chiffres du site https:// sig.ville.gouv.fr/Territoire/38185/onglet/DonneesLocales

de famille. Afin de rééquilibrer le parc social sur l'ensemble du territoire, l'objectif des 25% de logements sociaux à atteindre en 2025 se traduit aujourd'hui par des programmes de ZAC lancés avec 30% de logements sociaux, 10% d'accession sociale à la propriété, 20% d'accession à prix maîtrisés et 40% d'accession libre9. C'est au travers du réaménagement de zones délaissées telles que la ZAC Flaubert que la ville pourrait rééquilibrer la répartition des logements sociaux dans le but de satisfaire ses objectifs de logements. C'est aussi l'occasion de proposer un lieu de vie agréable pour les habitants actuels et de séduire de nouveaux arrivants commes les familles avec enfants.

9 source : http://www.grenoble.fr/448-politiquelogement.htm, consulté en avril 2016

Secteur 2 1862 € / 34,76 %

Secteur 1

Non Communiqué

Secteur 5 1290 € / 37,03 %

Secteur 3 1609 € / 33,12 %

Logements sociaux familiaux

Flaubert 1592 € / 32,30 %

Secteur 6 1072 € / 42,98 %

0 500 1000

€/

Revenu fiscal mensuel moyen

%

Part des ménages composé d’un couple avec enfant

2000

5000 m

N

Carte personnelle de la répartition des logements sociaux familiaux LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.02. La ZAC Flaubert

1.02.1. Une centrale au l'agglomération

situation sein de

La ZAC Flaubert, qui s'étend sur 90ha, se situe à l'embranchement de quatre quartiers (Capuche, Alliés Alpins, Bajatière et Villeneuve Arlequin / Vigny-Musset, Arlequin, Malherbe et Alliés-Alpin), au centre géographique de Grenoble avec le centre ville historique au nord et les grands ensembles de la Villeneuve au sud. Elle bénéficie d'une position centrale

faisant d'elle un espace de "l'entre-ville"1 qui pourrait être un atout. Cependant, les interactions avec le reste de la ville sont relativement inexistantes ce qui fait de la ZAC une aire urbaine assez méconnue des Grenoblois. Ainsi, la ZAC de part sa position centrale pourrait être un lieu propice pour retisser du lien entre le centre ville au nord et le sud de la ville. 1 terme tiré du document Flaubert quésaco ? L'innovation constructive au service de la Ville de demain. Une ville pour tous, écrit par la société SAGES

HYPER CENTRE

EXPOSITION BAJATIÈRE CAPUCHE

FLAUBERT ALLIÉS ALPINS VILLENEUVE VILLAGE OLYMPIQUE

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Carte personnelle de la localisation de la ZAC Flaubert LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.02.2. Les de mobilités

équipements

La ZAC est bien desservie par les mobilités douces: elle est bordée à l'est par le tramway A et à l'ouest par le tramway E et également traversée par plusieures lignes de bus (C3, C5, 16) ainsi que des pistes et bandes cyclables. Il faut savoir que plus de la moitié des déplacements dans la ville sont réalisés en transport en commun, à vélo ou à pied. La place de la voiture est malgré tout assez présente, notamment sur les artères principales (rue de Stalingrad et avenue Maréchal Berthelot) où l'on rencontre un flux automobile important. Le quartier bénéficie de nombreuses places de stationnements gratuites qui sont généralement aménagées le long des voiries. La grande logique pour l'aménagement futur de la ZAC serait de favoriser les liens

en mobilités douces avec les quartiers limitrophes, maîtriser les déplacements automobiles et requalifier la rue des Alliés et la rue de Stalingrad en rue apaisée pour permettre aux différents usagers de cohabiter.

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Carte personnelle des mobilités dans la ZAC Flaubert LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.02.3. Des espaces verts déconnectés A Grenoble, la trame verte représente 430 ha ce qui constitue 23% de la surface totale de la ville. Cela établit une moyenne de 16m² d'espaces végétalisés par habitant1. Néanmoins, cette moyenne est très inférieure à celle des 50 plus grandes villes françaises qui est de 31 m²/habitant2. Ainsi, il conviendrait de favoriser les surfaces végétalisées en ville.

urbaine et paysagère du quartier. Cette trame verte suit un fort axe Est-Ouest qui pourrait être un point de départ pour étendre le maillage végétal à travers la ZAC.

Dans la ZAC, des parcs et jardins publics, tels que le parc Georges Pompidou, le parc de l'Alliance, le nouveau parc Flaubert, le jardin de la MC2 dessinent l’ossature 1 source : http://infos.grenoble.fr/concertationplu/07_ elements_diag/12_Fiche_nature_en_ville.pdf, consulté en avril 2016 2 source : http://www.observatoire-lorraine.fr/ publications/palmares-des-villes-les-plus-vertes-defrance-edition-2014, consulté en avril 2016

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Carte personnelle des espaces verts dans la ZAC Flaubert LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Le parc Georges Pompidou, conçu par le paysagiste Jarry, a été inauguré en 1987. Il se trouve sur l'ancienne caserne de gendarmerie Reyniès-Bayard où seul l'alignement de platanes qui ombrageait la place d'armes a été conservé. Ce vaste parc contemporain de 5,5 ha est marqué par la présence d'une flore variée, d’un grand bassin avec une fontaine, d'une marre pédagogique, d’un petit canal longeant le mail de platanes et de jeux d'enfants. Des bacs de compostage sont également installés vers l'entrée et laissés à la disposition des habitants. 1

Le parc Flaubert, conçu par la paysagiste Jacqueline Osty, a été la première étape du renouvellement de la ZAC. Ce parc de 3,2 ha inauguré en mai 2015, suit un axe est-ouest dessiné par l'ancienne gare de triage du quartier et intègre les anciens rails de la voie ferrée dans son aménagement paysager. Le parc propose une promenade végétale et plantée au sein de laquelle vient prendre place un chemin piéton, une marre pédagogique, des aires de loisirs et de détentes et une piste cyclable. Aujourd'hui, le parc Flaubert est un axe incontournable du quartier reliant le parc Georges Pompidou à l'ouest et la MC2 à l'est. 2

Le jardin de la MC2 est un large parvis panoramique enherbé qui met en scène la Maison de la Culture. 3

Chacun de ces parcs et jardins constituent largement le maillage vert de la ZAC. Ils se trouvent dans la continuité les uns des autres, seulement de fortes ruptures causées principalement par la voirie entravent leurs connexions. Le végétal pourrait alors jouer un rôle fédérateur dans le renouveau du quartier notamment grâce à la connexion des espaces verts entre eux et la diffusion de la trame verte dans le tissu urbain. Cela permettrait de lier l'ensemble bâti, de prolonger les corridors biologiques et de préserver les écosystèmes existants.

Photographies personnelles des espaces verts de la ZAC Flaubert

LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.02.4. Un paysage marqué par son patrimoine industriel La ZAC Flaubert présente un bâti très hétérogène et vieillissant mêlant habitats individuels et collectifs, entreprises industrielles, équipements administratifs ou tertiaires et commerces. Mais ce qui marque fortement son identité c'est son passé industriel dont les traces sont encore visibles aujourd'hui : les rails (1), le bâtiment en sheds (2), le bâtiment Richier (3), le Marché d'Interêt National (4), etc...

Photos personnelles du patrimoine industriel

L'arrivée du chemin de fer à Grenoble en 1858, a provoqué par la suite l'affluence des usines industrielles dans le quartier profitant des rails pour le transport de marchandises. Ces activités ont progressivement fait apparaître de nombreux hangars métalliques, maisons d'ouvriers, etc... A partir des années 70, l'arrêt ferroviaire de

la ligne Chambéry a entrainé la disparition progressive des industries au sein de la ZAC Flaubert. Celles-ci ont laissé derrière elles de nombreux bâtiments industriels désaffectés. Certains ont étés réinvestis par la suite pour en faire des locaux d'entrepôt ou bureaux. Seulement, leur architecture n'est pas mise en valeur.

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Carte personnelle du patrimoine industriel de la ZAC Flaubert LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Le déclin industriel qu'a connu le quartier, combiné avec l'urbanisation précipité du sud de la ville, due à l'organisation des JO de 1968, ont contribué à l'enclavement de la ZAC Flaubert. Aujourd'hui, le quartier garde les stigmates d'un développement désordonné avec un tissu urbain lâche, des architectures et des échelles de bâtis très différentes faisant du quartier Flaubert un ensemble morcelé et aux transitions peu lisibles. Cependant, cette structuration urbaine "chaotique" pourrait permettre de proposer une forme urbaine en rupture avec l'urbanité classique et formelle des ZAC. De plus, comme le patrimoine industriel à une empreinte forte dans le quartier, la mémoire du lieu et l'identité du quartier pourraient être conservés en revalorisant le patrimoine ferroviaire et industriel du site.

1.02.5.

Population présente

Le quartier est très peu dense en logements et présente un profil de population vieillissant avec 24 % de plus de 60 ans. De plus, il affiche un nombre plus important de propriétaires, moins de logements sociaux et déplore un manque de familles (moins d'enfants, de jeunes). C'est pour ces raisons que le quartier fait l'objet d'un projet d'aménagement de ZAC. Celui-ci permettrait de répondre au besoin de logement croissant de la ville, de relancer l'attractivité du quartier et de ramener des familles avec enfants.

Photomontage personnel de la ZAC Flaubert LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.02.6. Les équipements Divers équipements sont présents dans la ZAC. Parmi les plus remarquables, il y a des équipements culturels (la MC2, la Bifurk, la Plage, la bibliothèque de l'Alliance) ; des activités industrielles dont le MIN ; des équipements sportifs (le gymnase Reyniès Bayard et la piscine du Clos d'Or), de nombreux équipements à destination de la jeunesse avec des écoles, MJC et lycée ; un important équipement de service public avec la déchetterie Jacquard ; des associations habitantes actives (la maison des habitants de Capuche, la maison des habitants de Teisseire-Malherbe, le collectif Vivre à Flaubert et la maison des initiatives) ; et quelques commerces. On peut également noter la présence d'un réseau de ressourceries bien présent. Ces structures, très fréquentées, participent grandement à la dynamique du quartier en lui conférant une dimension d'entraide sociale. En effet, au delà de proposer à la

vente des objets de seconde main à petits prix, ces structures favorisent l'insertion professionnelle pour les gens en difficulté. La Ressource - Recycle Tri permet l'insertion de salariés en transition professionnelle. Ulisse Grenoble Solidarité (conventionnée) permet l'insertion de personnes en situation de précarité professionnelle. La Remise permet l'insertion à tous, elle ne retient pas de profil particulier. Ainsi, le projet pourrait tirer partie des activités et des acteurs déjà en place sur le site afin de renforcer les échanges socioculturels et rendre le quartier plus attractif.

La Remise Ulisse Grenoble Solidarité

La Ressource - Recycle Tri

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Carte personnelle des équipements scolaires et des trois ressourceries de la ZAC Flaubert LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.02.7. Un projet de ZAC abandonné Le renouvellement du quartier a été amorcé par le nouveau parc Flaubert ouvert au printemps 2015. Initialement, il devait se compléter par le projet de ZAC proposé par l'Atelier Lion Associés, qui prévoyait de construire plus de 2000 logements (tours et immeubles de grande hauteur), 90 000 m² d'activités tertiaires, commerciales et artisanales ainsi que 6000 m² d'équipements sur les 90 ha de la ZAC1. Le projet a été avorté car il a été très fortement contesté par les grenoblois, les habitants du quartier et le collectif Vivre à Flaubert. Cette vive opposition s'explique d'une part, par le fait que le projet impliquait de déplacer la déchetterie actuelle du terrain Jacquard vers le terrain Charvet situé rue Honoré de Balzac afin de libérer l'espace pour la future opération immobilière. Cette proposition n'était pas viable pour les habitants car la rue Honoré de Balzac qui jouxte le terrain Charvet, est un axe déjà très engorgé. Des données chiffrées, démontrent qu'elle rencontre 1 Source : http://www.pss-archi.eu/immeubles/FR38185-34778.html, consulté en avril 2016

un trafic automobile important avec 7500 véhicules par jour sur la rue Honoréde-Balzac et 15  000 véhicules sur l’axe 2 Alliés-Malherbe . Le déplacement de la déchetterie, et tous ses flux associés, ne participeraient donc qu'à empirer le problème actuel. Selon les habitants, il serait d'intérêt général de maintenir la déchetterie Jacquard sur son site actuel. D'autre part, cette vive opposition s'explique par les très grandes hauteurs de bâtis prévues qui allaient complètement à l'encontre de l'identité du quartier. Ne répondant pas à leurs attentes, les habitants ont demandé que de nouveaux scénarios d'évolution du quartier soient étudiés en les impliquant réellement dans le processus de concertation, afin de repenser un projet de ZAC à taille humaine qui respecte les caractéristiques du quartier. Un morceau du précédent programme a toutefois été maintenu sur « l’îlot Flaubert Nord ». Là, deux immeubles d’habitat social (126 logements), ainsi qu’un parking silo sont prévus.

2 Source : http://www.vivreagrenoble.fr/vivre-aflaubert17, consulté en avril 2016

Source de l'illustration : http://www.atelierslion.com/projets/zac-flaubert/ LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.02.8. De nouvelles orientations En octobre 2014, de nouvelles orientations sont lancées pour la ZAC Flaubert avec la nouvelle municipalité d'Eric Piolle. L'une de ses visées a été de relancer le dialogue avec les habitants et les usagers sur les enjeux du quartier. Dans le cadre de processus allant de la simple réunion d'information ou de concertation au projet de co-construction1, l'idée générale est d'impliquer plus fortement la population dans le futur aménagement de la ZAC. Ainsi, des ateliers d'échanges sont organisés avec les habitants en fonction des échéances opérationnelles et des thématiques à aborder pour définir au mieux les besoins en terme de logements, de services et d'aménagements des espaces publics. La Société Publique Locale d’Aménagement SAGES, en partenariat avec la ville de Grenoble, a été désignée pour aménager la ZAC Flaubert par délibération du conseil municipal du 27 février 2012. Une équipe plurielle associant urbanistes, architectes, sociologues, économistes recrutée dans le cadre du marché d'architecte en chef de la ZAC Flaubert sera mise à disposition par la SAGES aux élus de la ville pour définir, dans le cadre de la co-construction, le plan guide de la programmation des logements et des équipements ainsi que la définition des espaces publics.

Suite à un entretient le 9 novembre 2015 avec Pierre Kermen, directeur général de SAGES, nous avons retiré trois grandes intentions pour le développement urbain de la ZAC que nous résumerons par trois mots:

SPECIFIQUE

s'appuyer sur l'identité propre du site

PROSPECTIF

favoriser la mise en place d'activités innovantes sur les enjeux de la ville durable

MODESTE

destiner l'opération à l'attention des habitants « la ZAC Flaubert a l'ambition d'être un urbanisme doux et utile à la différence de la ZAC Presqu'île qui fait plutôt du "pousse toi de là que je me montre »2

L'équipe municipale souhaite renouer avec cette démarche d'innovation menée dans les grands projets de la ville en l'orientant vers de nouveaux objectifs de participation et responsabilité citoyenne dans une démarche de sobriété urbaine. 1 terme co-construction tiré du document Flaubert quésaco ? L'innovation constructive au service de la ville de demain. Une ville pour tous.

2 Citation de Pierre Kermen à propos de la ZAC Flaubert, lors de notre entretient du 09/11/15

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1.03. Le site étudié

Le site d'étude choisi s'étend sur près de 5ha. Il se situe à l’ouest de la ZAC Flaubert, entre la rue Léo Lagrange au nord et la rue Honoré de Balzac au sud.

Site d’étude

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Carte personnelle de la localisation du site d'étude

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1.03.1. Historique

1.03.2. Bâtiments existants

Les premiers bâtiments construits sur l'îlot Jacquard remontent aux années 1920. Il s'agit des anciennes mines Blanzy qui étaient auparavant situées à l'Ouest de la parcelle Nord. Aujourd'hui, il ne subsiste de cette activité que l’ancienne conciergerie édifiée en 1927 ainsi que le portail d’entrée du site. En 1934, le premier bâtiment des Brosseries Mancret Père et Fils est réalisé sur la partie Est de la parcelle Nord. Dans les années 60, ces derniers étendent leurs locaux en bordure de l’ancien axe ferroviaire dans un bâtiment à la toiture en sheds à côté des locaux de la compagnie d’électricité AMS construits en 1958. Ce n'est que dans les années 70-80 que les fonctions changent et laissent place aux actuels entrepôts de la ville, locaux de la Métro et la déchetterie. En 1930 sur la parcelle sud, un premier bâtiment est édifié et occupé par les anciens garages automobiles Brasier. En 1933, un second bâtiment est construit du coté de l’ancienne rue Kellerman, aujourd’hui renommée en rue Honoré de Balzac, pour les services de la ville qui occupent encore maintenant les lieux. En 1950, les garages automobiles Brasier quittent leurs locaux. Ils sont alors réinvestis par l’entreprise de pelles mécaniques Richier qui occupera le lieu jusqu’en 1980. En 1984, cette dernière est rachetée puis occupée par les services de la ville.

Sur le site, de nombreux bâtiments appartiennent donc aujourd'hui à la ville de Grenoble et à la Métro. Le reste est occupé par des logements collectifs, maisons individuelles ou tertiaire. La Métro détient l'actuelle déchetterie située sur la rue Jacquard et les bâtiments du côté de la rue Stalingrad occupés par les services de la propreté urbaine. La ville détient les bâtiments et espaces restants de la parcelle nord ainsi que les deux grands bâtiments de la parcelle sud occupés par les services techniques de la ville. Les sheds au nord appartiennent quant à eux au musée de Grenoble. De façon générale, c'est un site qui est assez enclavé, notamment à cause de la coupure importante générée par la rue Stalingrad, mais qui est également très peu attractif du fait des activités qui l'occupe. La seule activité qui amène les gens et fait vivre l'endroit est la déchetterie Jacquard.

A l'époque

Aujourd'hui Déchetterie de la Métro

AMS électricité

Entrepôt du musée de Grenoble

Mines Blanzy

Garages Brasier

Richier

Brosseries Mancret Père et Fils

Services de la Métro Services de la ville de Grenoble

Images personnelles des bâtiments occupants le site d'étude LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1.03.3. La Jacquard

déchetterie

La déchetterie Jacquard, datant de 1989, est l'une des plus petites déchetteries de Grenoble avec cinq ou six bennes sur 1'200 m². Pourtant, sur l'ensemble des vingtdeux déchetteries de l'agglomération, c'est celle qui traite le plus gros tonnage de déchets avec 10 993 tonnes par an alors que les autres n’en traitent, pour certaines, que 1 500 tonnes par an1 (cf. page suivante). Selon la Métro, en charge des déchetteries de l'agglomération, le but serait de rééquilibrer les flux de déchets entre les différents sites. Dans cet optique, le volume de celle de Jacquard pourrait traiter entre 5 000 et 8 000 tonnes par an. La déchetterie Jacquard sert trois types d'utilisateurs: les particuliers, les professionnels et les services municipaux

de la propreté urbaine. La fréquentation de cette déchetterie et l'important tonnage de déchets qu'elle collecte s'expliquent par le fait qu'elle occupe une position centrale, pratique pour les services municipaux, et attractive au sein de la ville. La rue Jacquard, qui jouxte le site, n'est pas très passante cependant il y a parfois des bouchons car l'équipement a une très petite capacité d'accueil. Ainsi, comme c'est une déchetterie qui est trop petite pour les besoins de la ville et qui n'est plus aux normes, elle doit être refaite. Dans une étude menée en décembre 2014, la Métro a alors envisagé plusieurs scénarios de localisation pour de nouvelles déchetteries. Les scénarios 1 et 2 seraient d'avoir deux ou trois déchetteries en périphérie de ville, le scénario 3 serait d'avoir deux déchetteries opposées et le scénario 4 serait plutôt d'avoir une déchetterie en périphérie de ville et une centrale. 1

1 Source : rapport annuel 2014 sur les déchets urbains de Grenoble Alpes-Métropole

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GRENOBLE

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Domène

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Images personnelles des scénarios de la Métro

Photos personnelles de la rampe d'accès et des bouchons pour accéder à la déchetterie

Aujourd'hui, la Métro défend la position de conserver la déchetterie Jacquard sur le site actuel. En décembre 2015, s'est tenu une réunion entre la Métro et l'aménageur de la ville SAGES au sujet du devenir de la déchetterie Jacquard, lors de laquelle la Métro a réaffirmée sa volonté de vouloir conserver cette déchetterie de proximité. Bien que l'implantation actuelle des déchetteries se fait souvent en périphérie de ville, envisager une position centrale pour ce type d'équipement peut faire émerger un potentiel architectural. En effet, une déchetterie au centre de la ville pose la question de son intégration au paysage urbain. Une nouvelle architecture pourrait alors être penser offrant ainsi un fort potentiel de visibilité sur la ville.

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Sassenage

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La Tronche

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Seyssinet Pariset

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Saint Martin d’Hères

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Seyssins Echirolles

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Poisat

Eybens

Déchetterie de compostage tonnages / an 10 993 Centre

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Déchetterie Centredede Centre tri tri et et usine d’incinération usine d’incinération Centre compostage Centre dede compostage

Déchetterie Déchetteries Centre de tri et Ressourceries et chalets de «réemploi» usine Centred’incinération de compostage Carte Centre personnelle de la gestion des déchets de tri et de l'agglomération grenobloise usine d’incinération

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Par ailleurs, trois des déchetteries de l'agglomération (St Egrève, Meylan et Eybens) bénéficient de points d'apports appartenant à Ulisse Grenoble Solidarité, l'une des ressourcerie du quartier. Ces points d'apports sont appelés "chalets de réemploi". On précisera qu'en toute rigueur ils devraient s'appeler "chalet de réutilisation". Les particuliers peuvent y déposer leurs objets en bon état. La déchetterie Jacquard, trop petite, n'en dispose pas. Ainsi, la création d'une nouvelle déchetterie pourrait intégrer un point d'apport en lien direct avec les ressourceries du quartier.

Photo personnelle d'un chalet de réemploi dans la déchetterie de Meylan

Les chalets de réemploi sont des box implantés en déchetterie qui permettent de collecter et stocker les objets potentiellement réutilisables, comme le mobilier, la vaisselle, le textile, les livres, le petit et gros électroménager, etc... par des "valoristes" employés par la ressourcerie Ulisse Grenoble Solidarité.

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2. Le réemploi, un moyen de revaloriser à expérimenter -

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2.01. Concept du réemploi

2.01.1. Définition Le réemploi est "une nouvelle utilisation d'un matériau existant, sans transformation radicale de sa forme mais en détournant éventuellement sa fonction initiale".1

2.01.2. Légitimité environnementale En France, 260 millions de tonnes de déchets sont générées chaque année par le secteur du BTP. Le secteur du bâtiment en produit 42 millions à lui seul, soit 10 millions de plus que les ménages. 2 La gestion actuelle des matériaux issus d’une démolition, les condamne instantanément à être recyclé, valorisé (en énergie ou autre), éliminé ou stocké (cf.schéma page suivante). Les deux premières options, bien qu’elles offrent de nouvelles perspectives d’usage de la matière sous une autre forme, nécessitent cependant une dépense énergétique conséquente.

Cette logique, en trois temps hiérarchisés, correspond à la règle des 3R : Réduire, Réemployer et Recycler. 1. RÉDUIRE la quantité de déchets qui arrive en fin de vie. L’idéal est de faire de l’architecture avec moins de matière, en utilisant moins d’énergie. 2. RÉUTILISER ou RÉEMPLOYER ce qui a déjà été construit et dont les matériaux présentent un faible niveau de dégradation intrinsèque, compatible avec la nouvelle mise en œuvre projetée. 3. RECYCLER ce qui ne peut être réutilisé ou réemployé. L’architecte Jean-Marc Huygen définit "trois actes de récupération distincts : la réutilisation, qui consiste à se resservir de l’objet dans son premier usage ; le réemploi, d’un objet ou de parties d’objet, pour un autre usage ; le recyclage, qui réintroduit les matières de l’objet dans un nouveau cycle."3 Ainsi, la réutilisation conserve la fonction, le réemploi conserve la forme et le recyclage, la matière.

Une autre approche de la matière en fin de vie, plus pertinente en termes d’optimisation des ressources que cette dernière incarne, propose deux étapes en amont du recyclage. 1 Julien Chopin & Nicola Delon, Matière Grise. Materiaux / Réemploi / Architecture, Pavillon de l'arsenal, 2014, p12 2 Julien Chopin & Nicola Delon, Matière Grise. Materiaux / Réemploi / Architecture, Pavillon de l'arsenal, 2014, p38

3 Jean-Marc Huygen, La Poubelle et l’Architecte. Vers le réemploi des matériaux, Arles, Acte Sud, 2008.

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Gestion ordinaire des déchets issus du bâtiment4 :

Démolitions Réhabilitations 93%

Constructions neuves 7%

42 millions de tonnes / an

30 millions de tonnes

10 millions de tonnes

2 millions de tonnes

DECHETS INERTES

DECHETS NON DANGEREUX

DECHETS DANGEREUX

pierre, terre, sable, béton, briques, verre, céramique

RECYCLAGE

métal, bois, plâtre, isolants fibreux, plastiques

peinture, produits chimiques / électriques, amiante

RECYCLAGE

ENFOUISSEMENT

VALORISATION ENERGETIQUE

VALORISATION ENERGETIQUE

INCINERATION

INCINERATION

ENFOUISSEMENT

ENFOUISSEMENT

Traitements possibles selon la nature des déchets

4 Source des données chiffrées : Julien Chopin & Nicola Delon, Matière Grise. Materiaux / Réemploi / Architecture, Pavillon de l'arsenal, 2014, p38 LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Exemple du cycle de vie d'une porte illustrant les différentes alternatives de traitement, lorsque son premier usage n'est plus possible5 :

5 Source de l'illustration : Julien Chopin & Nicola Delon, Matière Grise. Materiaux / Réemploi / Architecture, Pavillon de l'arsenal, 2014, p85 LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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2.02. Le réemploi, un potentiel architectural

2.02.1. Le réemploi, une pratique ancestrale Au cours des siècles passés, le réemploi fut une pratique courante et traditionnelle de l’acte de bâtir. Après la révolution française par exemple, de nombreuses maisons bourgeoises sont construites avec des pierres de réemploi, collectées dans les sites religieux démolis. L’histoire de l’architecture moderne possède également quelques réalisations conçues à partir de matériaux réemployés. C’est le cas par exemple de la propre maison de Jean Prouvé à Nancy, pour laquelle il récupère dans les stocks de son usine de Maxéville, la structure métallique du soubassement, des panneaux de bois et panneaux d’aluminium à hublots destinées à l’origine, à ses habitations d’urgence.

Au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, l’obsolescence programmée se généralise comme nouvelle stratégie de croissance chez les industriels. Parallèlement à l’essor de la production industrielle et de la consommation de ses produits, le réemploi dans la construction se marginalise. Aujourd’hui cependant, à l’heure des défis de la ville durable, l’architecte doit pouvoir concevoir en minimisant l’énergie grise. Peut-être alors, est-il temps de renouer avec la pratique du réemploi. L’alternative qu’elle représente de s’approprier les ressources existantes et susceptibles de donner forme et vie aux bâtiments, fait apparaître la conception architecturale sous un nouveau jour ; celui de l’économie circulaire. Dès lors, les gisements de matière considérés comme déchets des uns, constitueront les ressources des autres.

2.02.2. Vers une revalorisation des matériaux industriels "Pourquoi démolissons-nous tant de nos architectures construites il y a 40 ans à peine, dans un béton conçu pour durer toujours ? Et pourquoi nous interdisonsnous de toucher à nos constructions dès qu’elles ont plus d’un siècle ?" Jean Prouvé / Maison personnelle – Nancy – France - 1954 1 1 Source de l'illustration : http://40ans.nancy.archi. fr/2013/05/30/visites-guidees-de-la-maison-de-jeanprouve/, consulté le 24/04/2016

"… c’est l’art de l’ouvrier, empreint dans la matière même, qui a été exclu de nos modes de production. Avec cet art, c’est la valeur intrinsèque de nos constructions qui se perd, et avec cette valeur, toute envie d’en conserver les matériaux."

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"… les matériaux de synthèse, produits par notre industrie, qui n’ont que des qualités mécaniques nous paraissent dépourvus de sens et de poésie, d’où nous tirons toutes nos valeurs. Ce sens et cette poésie naissent en effet du travail de la nature et des hommes empreint avec le temps dans ces matières2 qui nous racontent notre histoire."3 En proposant un second emploi des matériaux, l’architecture du réemploi offre une dimension supplémentaire à la matière ; celle de la singularité de sa mise en œuvre. Le réemploi, tout particulièrement, de matériaux issus de l’industrie pourrait être un moyen de valoriser ces derniers. En effet, une mise en œuvre originale d’un matériau industriel tout à fait banal, célèbre l’inventivité des concepteurs et constructeurs à son origine, et permet la mise en lumière et sous un autre jour, de ces matériaux utilisés. Le chantier du réemploi, nécessite une collaboration accrue entre les différents acteurs de la construction (et de la déconstruction) et est souvent envisagé comme projet participatif. Parce que l’esthétique de l’architecture du réemploi est le fruit d’une conception/construction plus que jamais collective, elle confère un peu de cette histoire humaine à la matière industrielle réemployée.

2.02.3. Formes architecturales et esthétiques nouvelles Le réemploi en architecture impose de nouvelles contraintes à l’architecte qui doit composer à partir de matériaux préexistants disponibles. C’est grâce à ces nouvelles contraintes que des écritures architecturales inédites verront le jour. Un nouveau champ des possibles se profile avec la mise en œuvre d’éléments qui ont déjà servi. L’architecture du réemploi peut être ostentatoire ou réservée, elle a la qualité d’être singulière et parfois surprenante, comme la Lucy Carpet House qui trouve un nouvel usage à de vieilles dalles de moquettes, en les transformant en murs porteurs. Elle peut également servir de clin d’œil au passé. La façade du musée maritime d’Oudschild, en bois de pilotis issus de la remise en état de canaux dans le nord des Pays-Bas, renoue avec une tradition ancestrale locale de réemploi. En effet, pendant des centaines d’années les habitants construisaient leurs maisons avec du bois flotté récupéré des navires échoués. (cf. photographies page à droite)

Enfin, les aspérités, les traces, la patine d’un matériau réemployé, sont autant de stimuli du temps susceptibles de dialoguer avec nos sensibilités et de conférer à nos yeux une plus-value à ces matériaux.

2 sous-entendu, matière non industrielle, fabriquée de manière artisanale 3 extrait de « C’est avec des mots que l’on fait un poème » de Stéphane Gruet, architecte, docteur en philosophie issu de : Julien Chopin & Nicola Delon, Matière Grise. Materiaux / Réemploi / Architecture, Pavillon de l'arsenal, 2014, p29 à 35 LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Rural Studio / Lucy Carpet House – Mason’s Bend – Alabama – Etats-Unis – 20024

Mecanoo architecten / Kaap Skil – Musée maritime – Oudschild – Texel – Pays-Bas - 20115 4

Source : http://www.ruralstudio.org/projects/lucy-carpet-house, consulté le 24/04/2016

5 Source : http://www.domusweb.it/en/architecture/2013/10/03/kaap_skil_maritime_and_beachcombers_museum. html, consulté le 24/04/2016 LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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2.03. Le réemploi, un secteur à faire valoir pour un développement urbain durable 2.03.1. Une piste "low-tech" du développement durable

2.03.2. Un levier mique et social

"Le fonctionnement des territoires repose sur l’utilisation des ressources de toute nature et met en jeu des flux d’énergie et de matières généralement très importants : ces flux constituent l’expression matérielle des interactions entre les sociétés et la biosphère et traduisent le métabolisme territorial (expression employée sans sousentendu organiste). […] Le métabolisme urbain jusque-là partiellement circulaire peut désormais être qualifié de linéaire : la ville puise des ressources dans la biosphère qu’elle lui restitue sous une forme dégradée." 1 Un tel fonctionnement ne peut perdurer. Il nous faut amorcer, au même titre que l’on évoque aujourd’hui la nécessité d’une transition énergétique, une transition matérielle. Dans le domaine de la construction, l’addiction aux matériaux fossiles, largement transformés par l’industrie et la gestion encore peu probante des déchets produits, laissent apprécier l’effort à fournir pour parvenir à une gestion plus durable de la matière. Il apparaît alors nécessaire de travailler à la gestion territoriale des matériaux de construction et d’y inscrire la pratique du réemploi comme une piste sérieuse d’économie.

En Californie, cela fait plus de 45 ans que le réemploi dans le domaine de la construction s’organise. Aujourd’hui, largement répandue du nord au sud de l’état, la pratique a amplement fait ses preuves et constitue une filière économique à part entière. Des entreprises comme The ReUse People of America, en activité depuis 1993, offrent de nombreux services, de la formation d’équipes de déconstructeurs à la revente des matériaux. D’autres organismes, comme CalMax Portal ou American Builder Surplus assurent la mise en relation entre entreprises de construction, instances gouvernementales locales, industries et particuliers grâce à un répertoire d’acheteurs et de revendeurs. Il existe aujourd’hui, pas moins 1000 établissements de revente en Californie, la plupart à but non lucratif et offrant des déductions fiscales. Un tel essor de la filière du réemploi a été rendu possible par la mise en place d’une législation adaptée ; la loi californienne oblige par exemple le recyclage à 50% lors d’un chantier de construction ou de démolition.

1 « Le métabolisme urbain » Sabine Barles, issu de : Julien Chopin & Nicola Delon, Matière Grise. Materiaux / Réemploi / Architecture, Pavillon de l'arsenal, 2014, p41

écono-

Chez nos voisins bruxellois, depuis plusieurs années, le réemploi fait l’objet d’une politique de promotion sans équivalent. Le traitement des déchets coûte cher à Bruxelles car il n’y a pas de centre de traitement dans la ville et les volumes à transporter sont importants. A l’échelle de la capitale, le réemploi représente donc un enjeu économique certain par la réduction du nombre de transports liés

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aux importations de matières premières et à l’évacuation des déchets, qu’il permet. Le réemploi présente également une "plusvalue" sociale. En effet, la déconstruction, le diagnostic qui la précède, le tri en vue du réemploi, sont autant d’étapes supplémentaires qui génèrent l’apparition de nouveaux métiers et la création d’emplois, notamment dans l’économie sociale et solidaire. (cf. page suivante, illustrations des entreprises du réemploi belges2)

un rôle important dans l’émancipation de la filière du réemploi, en encourageant les chantiers expérimentaux, et sur le plan prospectif, en étudiant les potentiels du réemploi des matériaux de construction à l’échelle territoriale. Enfin, les zones d’aménagement concertées (ZAC), créées à l’initiative des aménageurs des villes, semblent être tout à fait propices à ce genre d’expérimentation. En effet, compte tenu de l’opportunité de temps et d’espace dont l’aménageur dispose, il semble plus facile d’élaborer une organisation en faveur du réemploi.

2.03.3. Faire sauter les verrous Le réemploi contemporain n’en est qu’à ses prémices et de nombreux freins sont encore à lever pour permettre l’émergence d’une filière économique qui permettrait la réutilisation des matériaux dans le cadre conventionnel de projets architecturaux publics ou privés : La réglementation devrait pouvoir s’adapter aux spécificités de l’architecture du réemploi pour mieux la permettre. Et la pratique du réemploi devrait pouvoir être intégrée aux programmes de formation des métiers de la construction. A l’instar du secteur forêt-bois, déclaré fin 2013 "filière industrielle d’avenir" et faisant l’objet d’une stratégie concertée entre ses différents acteurs, le secteur du réemploi pourrait certainement lui-aussi se structurer et devenir "filière d’avenir", s’il bénéficiait d’un soutien de l’état. Quant aux collectivités qui souhaitent innover sur les enjeux du développement durable, elles pourraient également jouer 2 source : http://opalis.be/fr/revendeurs, consulté le 26/04/2016 LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3. L'îlot Jacquard, un îlot de valorisation des ressources locales -

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3.01. Programmation

3.01.1. Objectifs du projet Le projet CO-FABRIK s’implante sur l’îlot Jacquard, à l’ouest de la ZAC Flaubert, entre la rue Léo Lagrange au nord et la rue Honoré de Balzac au sud. Le projet s’appuie d'une part, sur les attentes de la ville de Grenoble, à savoir la construction d’un nouveau lieu en lien avec ses habitants et le reste de la ville, et s'appuie d'autre part, sur les constats établis à partir de l'analyse précédente. Tout d'abord, celle-ci a permis de soulevé que la ville souhaite diversifier son offre de logements en favorisant l'offre sociale. De plus, la ZAC bénéficie d'une position centrale entre le nord et le sud qui pourrait

être un atout. Ainsi, le projet s'attachera à faire naître un lieu de mixité et d'échanges. Ensuite, l'analyse a révélé que l'îlot Jacquard se positionne entre deux parcs: le parc Georges Pompidou à l'ouest et le parc Flaubert à l'est résultant d'un projet d'aménagement de la ZAC qui a été avorté. Ainsi, le projet s'attachera à faire du lien entre l'aménagement récent du parc Flaubert et le reste de la ZAC. Pour finir, l'analyse a montré que le paysage de la ZAC est très marqué par son patrimoine industriel et que le quartier dispose d'une déchetterie et de trois ressourceries. Ainsi, le projet s'attachera à faire de la revalorisation une ligne directrice du projet.

Site d’étude

0

50 100

200

500 m

N

Carte personnelle de la localisation du site dans la ZAC Flaubert LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.01.2. Démolition et conservation des structures existantes Comme l'a montré l'analyse, le site étudié dispose de bâtiments, qui pour certains, témoignent par leur architecture, du passé industriel du secteur. Ils sont pour ainsi dire, garants de la mémoire du site et portent en eux une partie de son identité. Le projet de LA CO-FABRIK, qui tend vers une démarche globale favorisant l'économie de moyens, propose en ce sens, d'en conserver trois d'entre-eux, qui par leurs spacialités et le bon état général de leurs structures porteuses, présentent un fort potentiel de requalification à exploiter (cf. bâtiments en vert sur la carte ci-dessous).

En France, le diagnostic déchets, obligatoire pour les démolitions de plus de 1000 m², depuis le 1er mars 2012 est un rapport formel qui comptabilise le potentiel à recycler ou à réemployer, matériau par matériau. Cette procédure coûte chère et demeure peu exploitée puisqu’il n’y a aucune obligation pour les maitres d’ouvrage d’en tenir compte dans leur gestion des déchets. C’est souvent de l’information qui reste sans suite. Dans le cadre de ce projet, le diagnostic préalable permettrait de valider ou non les réemplois qui vont être proposés par la suite (cf. parties 3.02 et 3.03).

Les autres bâtiments et constructions du site seront pour leur part démolis et feront l'objet d'une démarche expérimentale sur la thématique du réemploi.

Vue 3D du site d'étude : en rouge les bâtiments démolis / en verts ceux conservés LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Dans une optique d’expérimenter le réemploi, à l’occasion de la démolition des bâtiments existants, la démarche proposée se décompose en trois temps : 1. Préparation : Elle aboutit à l’élaboration d’un plan de gestion des déchets qui définit les modalités d’exécution du chantier (qui fait quoi, les méthodes de dépose, le planning…) et précise les quantités de matériaux à traiter en réutilisation, recyclage ou comme déchets ultimes. 2. Déconstruction et démolition sélective : Dans un premier temps est déconstruit tout ce qui est réutilisable ou réemployable. Ensuite sont démantelés, tous les éléments destinés à être recyclés en les orientant vers les bonnes filières.1 On considère donc l'acte de démolition comme une combinaison de ces deux pratiques. 3. Préparation au réemploi et prototypage: En parallèle de la démolition, la matière collectée arrive aux espaces de stockage. C’est là qu’on mène une expertise sur sa valorisation et les étapes de préparation au réemploi. A l’instar des expérimentations menées par ActLab (le laboratoire manifeste du réemploi de l’association Bellastock), lors des démolitions de la ZAC du futur Ecoquartier Fluvial de L’Île-Saint-Denis, le projet de LA CO-FABRIK propose d’envisager les espaces de stockage comme des laboratoires : Le premier espace de stockage permettrait le tri des matériaux collectés et la vérification de leur qualité. Ensuite les matériaux

passeraient dans l’espace atelier pour être élémentarisés, standardisés et restaurés. Puis, ils pourraient éventuellement être mis en œuvre dans une « architecture de stock ». La construction de ces prototypes permettrait de fédérer les compétences des ouvriers du chantier et de définir les techniques de réalisation les plus adaptées. Ainsi, la déconstruction et le stockage s’inscrivent dans une démarche pédagogique et démonstrative sur les potentiels de la matière. Envisagé ainsi, le chantier de démolition devient une véritable « banque » de matériaux à récupérer. On peut envisager plusieurs scénarios de récupération de matériaux ; via un revendeur spécialisé, via le stock personnel de l’entreprise générale, ou par l’identification de rebus de production, déchets industriels ou matériaux libérés par des chantiers de démolition à proximité… Le scénario de la récupération in situ présente l’avantage de limiter les transports de matériaux. Il faut néanmoins tenir compte d’un certain pourcentage de casse pendant la démolition et prévoir des espaces et dispositifs de stockage provisoires. Enfin, ce chantier où dialoguent démolitions et expérimentations, devient un lieu idéal pour penser l’avenir du site. L’accès au public des expérimentations du réemploi, lors de visites guidées ou lors d’inaugurations des « architectures de stock », serait l’occasion, pour les concepteurs, les constructeurs et futurs habitants ou simples visiteurs, de questionner l’aménagement en devenir de la ZAC. Prévoir des temps d’échanges et d’ouverture du chantier aux riverains, plus particulièrement, participe à redéfinir leur perception du chantier et des nuisances inhérentes.

1 Explication des notions de déconstruction et de démolition sélective issue de : Jean Marc Guillemeau, Paul Wagelmans, Jean Wagelmans. Guide pratique Réemploi Réutilisation des matériaux de construction, Université de Liège – CIFFUL, 2013, p9, téléchargeable sur http://www.cifful.ulg.ac.be, consulté le 27/04/2016 LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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1 Stockage

N

(tri des matériaux + vérification de la qualité)

1

2 Préparation

(élémentariser, standardiser, restaurer) Expérimentation

3 (tests de mises en oeuvre)

Phase 1 : Mise en stockage des matériaux réemployables ou recyclables sur site

Récupération des matériaux

2

Maison du projet

Accès visiteurs Zone d'expérimentation

3

Bâtiments projets EVAC

UATIO ND (LELY) ECHETS

Bennes de chantier Zone de chantier Démolition Démolition prioritaire

0

50

100

Démolition partielle

Phase 2 : Ateliers de préparation et d'expérimentation des matériaux récupérés LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.01.3. Connexion des parcs et diffusion de la voie verte Le projet CO-FABRIK propose de prolonger et de reconnecter les deux parcs entre eux à travers l'îlot Jacquard. Le but est de renforcer la trame verte dans le quartier en supprimant les discontinuités et en prolongeant les corridors biologiques afin de préserver les écosystèmes en place. Cela permet également d'apporter de la qualité à la promenade puisque le piéton peut aller d'un parc à l'autre sans interruption dans le parcours. Ainsi, la reconnexion offre une véritable place à la circulation du piéton. De plus, le projet propose de diffuser et de faire pénétrer la trame verte au sein des ensembles bâtis. De cette façon, le végétal dialogue avec le tissu urbain et permet au promeneur une nouvelle expérience de la

ZAC. La création de nouveaux espaces verts permet d'une part de minimiser les phénomènes d'îlots de chaleur urbain et d'autre part, de satisfaire des objectifs de végétalisation du tissu urbain. Ainsi, la connexion des parcs et la diffusion de la voie verte amorcent le désenclavement du site.

Image de la connexion et diffusion des espaces verts LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.01.4. Une déchetterie

nouvelle

m ur co ns er vé

L’analyse (cf partie 1.03.3) a montré, l’évidente nécessité de conserver la localisation actuelle de la déchetterie. Elle a également mis en lumière le flagrant besoin de repenser intégralement son organisation spatiale, de façon à pouvoir gérer bien plus convenablement les flux de déchets entrants. Ainsi une nouvelle déchetterie est proposée. Sa surface au sol est quatre fois plus grande que l’ancienne. Elle est ramenée à l’extrémité est de la parcelle, pour bénéficier d’une connexion plus directe avec la rue de Stalingrad qui se trouve sur un axe de circulation relativement important, reliant le centre historique au sud-ouest de la ville. Sa position en proue de parcelle, permet la visibilité de l’équipement depuis la rue.

magasin Métro

Déchetterie

Ru

e

de

Sta

lin

gr

ad

atelier de réparation

Vue 3D du site d'étude : Localisation de la nouvelle déchetterie LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Le potentiel de visibilité que représente la position centrale de la déchetterie dans la ville est l’opportunité de conférer à l’équipement une dimension démonstrative. Dans cette optique, un atelier de réparation est associé à la déchetterie. Il sera tenu par une association et fonctionnera sur le modèle des Repair Café. Un Repair Café est un atelier consacré à la réparation d’objets et organisé à l’échelle locale. Par son activité, il propose d’enrayer l’insatisfaction grandissante engendrée par la société du tout jetable et de l’obsolescence programmée. Ces initiatives citoyennes ont pour objectif de réduire la production de déchets et de préserver l’art de réparer dans une ambiance de cohésion sociale, où l’entraide est le maître-mot.

Un troisième bâtiment se glisse entre le mur conservé, qui scinde du nord au sud la parcelle nord et la déchetterie (cf. image page précédente). En son sein, est prévu un magasin de bacs de compostage tenu par la Métro (Ce service est déjà proposé par la Métro mais ne bénéficie actuellement d’aucune visibilité sur la ville2). Dans le cadre d’un marché passé pour la promotion du compostage3, se tiendront des ateliers et stands de sensibilisation du grand public au compostage et jardinage naturel. Ainsi, le magasin de compostage, l’atelier de réparation et la déchetterie constituent un ensemble architectural dont le but est d’optimiser le cycle de vie des produits que fabrique notre société en inscrivant leurs activités dans une démarche de sensibilisation auprès des citoyens.

Un Repair Café en Allemagne1

L’atelier de réparation se veut ouvert sur la ville et propose des visites pédagogiques, à destination de tous, au cours desquelles seront présentées l’activité de remise en état d’objets au sein de l’atelier, et l’activité de tri des déchets au sein de la déchetterie.

1 source : http://www.veitshoechheim-blog.de/ article-eine-gelungene-premiere-1-veitshochheimerrepair-cafe-kam-sehr-gut-an-123518349.html

2 Aujourd’hui, il faut se déplacer aux bureaux du service traitement des déchets de la Métro pour pouvoir se procurer un bac de compostage, à l’adresse suivante : Immeuble "Le Président" - 24 bis boulevard de la Chantourne - 38700 La Tronche 3 marché entre la Métro et l'association Trièves Compostage et Environnement

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3.01.5. Des activités en résonnance avec celle de la déchetterie La création d’une nouvelle déchetterie crée un contexte favorable à l’installation d’autres activités qui s’ancrent dans une même logique globale, celle de réinventer les possibles des produits en fin de vie. La concentration de ces activités en un secteur donné permet la constitution d’un véritable pôle d’expérimentation et de progrès. Elle facilite les échanges d’idées entre acteurs et crée une dynamique générale du renouveau.

Ateliers de démantèlement

Enfin la mise en place de ce pôle, favoriserait également la mixité, puisqu’il regroupe des entrepreneurs, des artistes, des commerçants, des personnes en insertion professionnelle, des visiteurs et des habitants. (En effet, il est très commun de voir des structures, comme les ressourceries, les déchetteries ou encore les ateliers de démantèlement, s’engager sur des missions d'aide à l’intégration sociale, notamment par l'emploi de personnes en situation de précarité professionnelle.)

Ateliers d'artistes

Halle marchande

Vue 3D du site d'étude : Localisation des activités LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.01.5.1. Le bâtiment des sheds Le bâtiment à la toiture en shed, au nord de la déchetterie, sera requalifié en un ensemble largement ouvert au public, qui sera dédié à la sensibilisation environnementale au travers d’un panel d’activités : production artistique à partir de matériaux récupérés, initiation à la revalorisation artistique des déchets pour classes scolaires, organisation d’évènements publics (tables rondes, conférences), workshop design du réemploi, expositions… Ainsi, le programme du bâtiment des sheds concoure à enrichir une dimension socio-culturelle peu présente au sein du quartier. Le bâtiment est divisé en trois parties. La première accueille des ateliers d’artistes. Grenoble compte de nombreux artistes qui se servent de déchets comme outils et comme matières premières dans leurs œuvres. Installés ici, ils pourront jouir d’une proximité immédiate avec la déchetterie qui collectera des matériaux qu’ils pourront ensuite récupérer. La partie centrale de l’ensemble loge une brasserie et des structures mobiles temporaires qui promeuvent de nouvelles façons de consommer en considérant la lutte contre le gaspillage comme le leitmotiv de leur activité. Enfin, l’espace à l’est du bâtiment sert de maison du projet. C’est dans cet endroit, que le visiteur sera accueilli et renseigné sur les diverses activités du site et les visites possibles. Le lieu est conçu comme une salle polyvalente, ce qui lui permet de s’adapter aux différents évènements organisés au cours de l’année.

3.01.5.2. Les bâtiments de la parcelle sud Pour reconnecter la parcelle nord à celle du sud, un ensemble de programmes en lien direct avec l’activité de la déchetterie et celles du bâtiment des sheds, est proposé.

Le bâtiment nord Dans le bâtiment qui longe la rue Jacquard, sont envisagés des ateliers de démantèlement. Un atelier de démantèlement est un lieu de tri et de désassemblage minutieux des déchets multi-matériaux. Le travail qui y est effectué permet d’obtenir, pour tous les constituants, le meilleur taux de valorisation possible. Ainsi l’activité des ateliers de démantèlement proposés serait couplée à celle de la déchetterie qui le fournirait en encombrants à démanteler. Cette proposition s’appuie sur un projet porté par La Ressource – La Recycle Tri, l’une des ressourceries du secteur, qui a entamé des discussions avec la Métro à ce sujet. Le but du projet est de détourner les encombrants des centres d’enfouissement. (Actuellement près de 12 000 tonnes de déchets de la Métro sont enfouis chaque année sur le site de LELY Environnement à Saint-Quentin-sur-Isère4). Les ateliers proposés récupèreraient donc les encombrants multi-matériaux (composés de bois, plastique, métaux, verre…) des déchetteries de l’agglomération. Ils nécessiteraient une surface d’environ 1000 m² et une dizaine d’employés. L’espace résultant du bâtiment au nord, est reconverti en parking, avec une capacité d’accueil de 110 places de stationnement. Il servirait aux visiteurs et usagers des équipements sur place. 4 Information chiffrée donnée lors d'un entretien oral avec un responsable de La Ressource - La Recycle tri, en octobre 2015.

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Le bâtiment sud Le bâtiment plus au sud est reconverti en halle marchande. Le centre de la halle, qui fonctionne comme une rue intérieure débouchant de part et d’autre sur l’extérieur, est laissé libre. Les parties attenantes à la rue intérieure sont quant à elles investies. Une des ressourceries voisines pourrait y emménagé, pour pouvoir bénéficier de plus d’espace. La Remise, par exemple, dispose actuellement d’un local de 400m² et la ressourcerie d’Ulisse Grenoble Solidarité d’un local de 570 m². Au sein de la nouvelle halle marchande, ces ressourceries pourraient facilement doubler leur surface de vente. De plus, il y a fort à parier que le contexte programmatique et architectural du lieu leur confèrerait une attractivité supplémentaire. Les dons, provenant notamment de l’atelier de réparation, seront acheminés au magasin de la ressourcerie via le parking du bâtiment nord. Et les acheteurs d’objets volumineux récupèreront leurs biens au niveau de ce même parking.

première étape initiatique d’un éventuel développement à long terme de la pratique du réemploi. Enfin, la ville de Grenoble, propriétaire de la halle, proposerait également à la location le reste des locaux réhabilités, pour de petits commerces vertueux et des startups innovants sur la thématique générale de la revalorisation. L’approvisionnement et les livraisons des commerces seront assurés par un accès existant conservé à l’arrière de la halle, via la cour de service en bordure de la rue Franklin. Aujourd’hui, nombres de nouvelles entreprises qui émergent sur le marché, choisissent le créneau du recyclage, de la lutte contre le gaspillage, de la réutilisation… Ainsi, en favorisant l’emménagement de telles structures aux concepts novateurs, la ville marquerait clairement son ambition d’innover.

Les ateliers de démantèlement fourniraient un Récup’Center localisé dans la halle marchande. Ce lieu prendrait la forme d’un centre de renseignements sur les possibilités de réemploi dans divers domaines. Il serait tenu par des professionnels qui pratiquent le réemploi et qui font preuve d’une certaine expertise à ce sujet. Le Récup’Center, couplé aux ateliers de démantèlement pourrait proposer à la vente des matériaux démantelés qui peuvent être réemployés. Concrètement, il pourrait devenir un lieu d’approvisionnement pour les artistes installés dans le bâtiment des sheds. On pourrait également imaginer que des acteurs de la construction qui souhaiteraient s’essayer au réemploi dans la pratique de leur métier pourraient vernir s’y faire conseiller ou s’approvisionner en certains matériaux. En somme, cet endroit, à la visée prospective, incarnerait une LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.01.5.3. Localisation et synergie des activités

Vente

L'organigramme suivant présente les flux relatifs à la gestion des déchets au sein du site et avec l'exterieur.

Secteur d'activités

Ateliers d'artistes

Vente de matériaux

Dépôt

Déchetterie

Magasin composte

Dons de créations

Redirection objets à démanteler

Atelier de réparation

Dons d'objets réparés

Vente de bacs

Production de compost

+ aire de compostage

Alimente en matériaux

Production de compost

Ateliers de démantèlement Redirection des déchets

Déchetteries de l'agglo

Centres de traitement spécifique

Fourniture ou approvisionnement éventuels ?

Start-ups / Commerces

Ressourcerie Restaurants

Dépôt

Vente

Vente de bacs

Redirection objets non réparables

Brasserie

Recup' center

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N

Ateliers d' artistes

REVALORISATION ARTISTIQUE

Brasserie

2 420 m²

Maison du projet

Déchetterie 4 650 m²

Magasin Métro

Atelier de

REPARATION RECYCLAGE Parking 110 places

Ateliers de démantèlement 1000 m²

Recup'Center 420 m²

Ressourcerie 470 m²

REUTILISATION REEMPLOI Ressourcerie 470 m²

Start-up / Commerces

0

50

100

200

Localisation des différentes activités

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3.01.6. Création secteur résidentiel

d'un

Le tout comptabilise un total de 173 logements. Des commerces prennent place en rez-de-chaussée. Chaque bâtiment s’adapte à son contexte environnant et respecte la hauteur maximum imposée par le PLU, soit 33 mètres correspondant à un R+11. Le travail sur la gradation des hauteurs des bâtiments permet un apport en lumière naturelle de chaque logement. Les terrasses profitent au maximum des différentes vues sur le grand paysage. Une attention particulière a été portée sur la composition du plan de masse en vue de proposer des espaces au sol qualitatifs et généreux.

L'îlot Jacquard comporte deux îlots de logements. L’îlot nord, qui prend place le long de la coulée verte, comptabilise un total de107 nouveaux logements : (3) 30 logements, (6) 41 logements et (7) 36 logements. Les bâtiments de logements les plus au nord de l'îlot s’élèvent jusqu'en R+6, quasiment à hauteur des bâtimens voisins (R+7), pour recréer un front bâti. Il n'y a pas de forte proximité ni de gêne entre les bâtiments car ils sont mis à distance l'un de l'autre par la coulée verte et la rue Léo Lagrange. L’îlot sud, qui prend place le long de la rue Jacquard, comptabilise 66 nouveaux logements : (1) 39 logements, (2) 27 logements. Les bâtiments s’adaptent à leur contexte et ne dépassent pas la hauteur des bâtiments voisins de la parcelle sud.

4 3 2

ILOT NORD 5

ILOT SUD 1

Image du secteur résidentiel LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.02. Traitement paysager du site

3.02.1.

Composition générale

L’analyse a montré la nécessité de végétaliser, les parcelles du site étudié. En effet, les enrobées présents actuellement sur la quasi-totalité des surfaces extérieures rendent le sol fortement imperméable et impropre au développement d’un écosystème riche. La reconnexion des parcs et la diffusion, au sein des parcelles, du végétal, permettent alors la régénération du site et engage son désenclavement. En effet, la création de lieux exclusivement piétons, et se mêlant intimement au végétal, confère au site des ambiances variées et plaisantes à expérimenter, tantôt par le déplacement, tantôt en s’y arrêtant un moment. Les cheminements piétons recréent un maillage d'axes structurant qui connectent du nord au sud, et d'est en ouest, les parcelles du site étudié et les parcelles voisines. Ce réseau d'axes est conçu pour la découverte à pied du site et de ces équipements qui se veulent largement ouverts au public. Finalement, seule la ruelle Jacquard (nom de l’ancienne rue condamnée), qui fait la limite entre le secteur des équipements publics et le secteur plus résidentiel, est occasionnellement accessible en véhicule, dans le cas de livraison, ou en cas d'urgence pour permettre l'accès aux pompiers et ambulances. Le dessin de l’aménagement paysager du site a été inspiré par son environnement végétal immédiat. Ainsi, les compositions spatiales de la coulée verte, qui accompagne la piste cyclable au nord, sont réutilisées et déclinées dans le nouvel

aménagement proposé. Le paysage joue alors avec les alignements, les effets de symétrie et d'asymétrie, d'enveloppement ou de dilatation des cheminements. Photographies personnelles de la coulée verte.

Cf. vue 1 du plan masse page suivante :

Une lignée d'arbres offre un couvert végétal à la piste cyclable qui s'ouvre vers le bâtiment des sheds. La composition donne un effet d'ASYMETRIE. Photographies personnelles de la coulée verte.

Cf. vue 2 du plan masse :

Deux lignées d'arbres rapprochés, encadrent la piste cyclable. La composition crée un effet d'ENVELOPPEMENT et de SYMETRIE.

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Vue 1

Abords des logements Vue 2

Promenade paysagée Place publique

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N

Plan de masse : Aménagement paysager

GSPublisherEngine 0.0.100.100

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3.02.2.

Promenade paysagée

Le piéton accède du parc Flaubert à l'ilot Jacquard en traversant la rue de Stalingrad. Des passages piétons sont prévus à cet effet. Ils sont sécurisés par la mise en place d'un revêtement en résine gravillonée, qui appelle à la vigilance des automobilistes.

La promenade est végétalisée au moyen de plantes, qui pour la plupart sont rustiques et persistantes. Les variétés sont choisies pour ornementer, tant les zones ombragées que celles ensoleillées de la promenade. Le gris bleu, le vert clair et le blanc sont les teintes qui prédominent. Les bouleaux et eucalyptus, plantés au devant de la parcelle, du côté de la rue Jacquard participent à l'harmonie des teintes (cf. vignettes page suivante)1. Les plantes choisies, apportent par leurs architectures, légerté, structure et mouvement au paysage. Les Actaea Simplex "White Pearl", plantés le long des bassins, dégagent quant à eux, un parfum particulier qui a la réputation d'éloigner les insectes. 1 illustrations issues des sites http://www.planteset-jardins.com/ et http://www.jardindupicvert.com/ consultés le 14/05/16

A

Les cheminements piétons du nouvel aménagement paysager reprennent en bout de parcelle, le tracé courbe de ceux du parc Flaubert. Une fois arrivé, entre la déchetterie et le bâtiment des sheds, la promenade se ressère et son tracé devient plus structuré. Des bandes se succèdent, formant des lignes interrompues. Certaines sont de simples bandes enherbées, d'autres prennent la forme de bassins d'eau plus ou moins hauts ou encore servent de parvis au bâtiment des sheds. L'alternance de ces bandes végétales, aquatiques ou minérales, décalées les unes par rapport aux autres, permet des parcours libres et

variés. Ainsi, elles invitent le promeneur curieux des bâtiments qui l'entourent, à passer d'un côté puis de l'autre.

Jardins filtrants

A

55dB

N 0 2

5

10

Zoom du plan masse de l'îlot Jacquard : la promenade aménagée LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Les bassins d'eau de la promenade paysagée servent de filtres pour traiter les eaux grises2 des logements. Ils sont largement dimensionnés pour assurer le traitement des eaux de lavage en provenances des cuisines et salles de bain des trois bâtiments développés pour ce projet.3 Les eaux grises sont d'abord stockées et décantées dans une cuve enterrée, installée dans le vide sanitaire du bâtiment nord. Une pompe permet leur acheminement, à débit constant, jusqu'aux bassins filtrants. Cette succession de filtres plantés assure l'épuration de l'eau. Ils correspondent à des lits drainés à flux horizontal associant divers 2 Aussi appelées eaux ménagères, elles correspondent aux eaux de lavage : douche, bain, lavage de la vaisselle et du linge. 3 calculs estimatifs du dimensionnement des bassins réalisés avec l'aide de M. Frédéric Dellinger, enseignant Ville et Territoire à l'ENSAG

matériaux de filtration (gravier et sable de différentes granulométrie). Ces filtres naturels sont saturés en eau et plantés de différentes espèces de roseaux. Le système racinaire de cette roselière absorbe les parties solides issues des eaux de lavage. Des canalisations percées et disposées aux extrémités des bassins permettent le transit de l'eau par gravité d'un filtre à l'autre. Un travail fin de la topographie du terrain, proposant des déclivités légères (env. 1%) permettra d'assurer le bon écoulement des eaux. Une fois traitrées, elles sont infiltrées dans les parties végétalisées en bout de parcelle, à l'est. On pourrait également envisager, moyennant la mise en place d'un réseau double, l'approvisionnement des chasses d'eau des sanitaires. On imagine l'ambiance acoustique de la promenade comme un mélange de bruits, qui pour certains sont liés à la présence d' éléments naturels et pour d'autres à l'activité humaine. Ainsi, le bruit de la déchetterie

Vue de la déchetterie, depuis la promenade paysagée. LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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(déjà atténué une première fois par l'épais mur d'enceinte), celui des ateliers et de la brasserie du bâtiment des shed, sont teintés des sons émis par la nature qui fait sa place entre les deux équipements. La rue de Stalingrad, classée au niveau 3, n'a vite plus d'impact sur le niveau sonore de la promenade. Ce dernier est estimé à environ 55dB.

4. Laîche d'oshima evergold

3. Actaea Simplex "White Pearl" sept > nov 9. Calamagrostide Karl Foester août > déc

8. Typha latifalic

1

2

3

4

5

6

7

8

9

6. Herbes aux écouvillons Hameln juin > sept 5. Eucalyptus Niphophilla mai> juin

1. Cerastium Tomentosum avril > juin 7. Helictotrichon sempervirens juin > août

3m mini

Coupe de principe AA : La promenade paysagée

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3.02.3. Place publique

B

Mur conservé

Logements et commerces

Logements et commerces

Bassin

B

60dB

N 0 2

5

10

Zoom du plan masse de l'îlot Jacquard : la place publique

La promenade paysagée est séparée de la place publique par un mur existant percé de deux ouvertures pour le passage des piétons. Ce mur, de cinq mètres au plus haut et trois mètres au plus bas, permet une séparation entre le secteur d'activités à l'est et le secteur résidentiel à l'ouest. Ainsi positionné, il participe à atténuer le niveau sonore d'un secteur à l'autre. L'ambiance sonore projetée sur la place est estimée à 60 dB. Pour provoquer l'arrêt du promeneur sur

la place publique, la trame au sol est volontairement déviée. Celle-ci oriente l'attention sur les aménagements présents et invite à s'y installer. La place se compose d'un parvis minéral strié par de fines brèches enherbées. En plus de permettre l'infiltration de l'eau de pluie dans le sol, ces entailles végétales redirigent une partie des eaux aux pieds des arbres plantés auxquels elles sont reliées. De la même manière, la déclivité du sol minéral permet de drainer les eaux pluviales jusqu'au bassin central de la place. Ce dernier, forme un miroir d'eau de 590 m², enterré par rapport au niveau du parvis. L'usager peut expérimenter les abords du bassin de plusieurs manières: une passerelle en son milieu permet de le traverser et une assise en contrebas permet de s'installer à proximité immédiate de l'eau. Le périmètre du bassin est constitué d'une bande large de 50 cm et profonde de 20 cm. Celle-ci permet, d'une part, l'épuration des eaux de ruissellement avant qu'elles rejoignent le bassin et d'autre part, la sécurisation des abords. Le centre du bassin, d'une profondeur de 80 cm, accueille un milieu vivant riche d'espèces végétales et animales. Un système de trop plein évite le débordement du bassin et permet la redirection des eaux vers les zones d'infiltration. Le bassin est encadré de lignées d'arbres. Du côté des commerces, une simple lignée agrémente les terrasses. De l'autre côté,

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une lignée d'arbres se dédouble pour former un couvert végétal créant ainsi un effet d'enveloppement. Cet espace ombragé est par exemple propice à une pause pic-nique. Ainsi, au sein de la même place, l'usager peut profiter d'espaces variés aux qualités ambiantales différentes.

1 Nénuphar arcen-ciel

2 Tilleul argenté (tilia tomentosa)

3 Prunus

Source des illustrations: http://www.plantes-et-jardins. com/, consulté en mai 2016

Coupe de principe BB dessinée : Place publique

Vue de la place publique, depuis la rue Jacquard LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.02.4. Abords logements

des

C

L'accès au coeur d'îlot se fait à travers des failles entre les bâtiments. Contrairement aux coeurs d'îlots "classiques", qui sont généralement fermés au public et peu utilisés par les habitants, le projet propose des coeurs d’îlots ouverts et accessibles à tous. L'aménagement de ces derniers est réalisé de manière à ce que ces espaces soient des lieux traversés et vivants mais ne suscitant pas l’arrêt pour ne pas nuire au confort des habitants.

+1.0 +0

.0

-0.2

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C

N 0 2

5

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Zoom du plan masse de l'îlot Jacquard : les abords des logements

Pour préserver l'intimité des logements, des noues paysagères ont été pensées autour des bâtiments afin de mettre les logements en recul par rapport aux espaces publics. Cela a permis d'une part, de créer des seuils intermédiaires en rezde-chaussée, qui prennent la forme de pontons d'accès surplombant les noues plantées, et d'autre part, d'intégrer du végétal au sein du site pour trouver un juste équilibre avec les sols minéralisés. Les noues paysagères constituent des zones d'infiltration de l'eau de pluie dans le sol qui contribuent à la recharge de la nappe phréatique.

D'un point de vue acoustique, les percées des îlots apportent un bruit de fond nécessaire car un coeur d'îlot trop calme (autour de 30 - 35 dB) exacerberait la moindre conversation entre voisins et poserait alors des problèmes d'usages. Le travail sur les percées et les différentes hauteurs de bâtiments évite l'effet "caisse de résonnance" que pourrait avoir un coeur d'îlot fermé. L'ambiance sonore est estimée dans le coeur d'îlot à 40 - 45 dB. L'aménagement paysager du coeur d'îlot est pensé comme une grande noue plantée et arborée avec des cheminements piétons qui la traversent. Pour contraindre l'usager à seulement traverser le coeur d'îlot, les cheminements sont fins et enserrés entre des plateformes enherbées qui oscillent entre décaissement et surrélévation. Ainsi, le paysage est structuré par un effet de jeu de bascule. Les végétaux plantés (érables et prairie fleurie) en coeur d'îlot offrent aux habitants des tableaux aux couleurs changeantes au fil des saisons. En effet, les érables

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s'affublent d'une couleur orangée en période automnale, et la prairie dévoile tous ses charmes en été. Les coquelicots, bourraches, bleuets, paquerettes et pissenlis offrent une ambiance champêtre aux coloris variés. Les abords des logements sont également agrémentés d'une végétation généreuse. Du jasmin grimpant orne les coursives en coeur d'îlot.

1 Jasmin persistant, plante grimpante odorante

2 Prairie messicole florifère et vigoureuse

3 Erable

Source des illustrations: http://www.plantes-et-jardins. com/, consulté en mai 2016

Cheminements surrélevés Logements

Logements

+1.0 +0.5 +0.0 -0.4

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Coupe de principe CC : Grande noue paysagère en coeur d'îlot

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3.02.5. Mobilier urbain La déconstruction des bâtiments sur la parcelle existante, a permis de récolter tout un gisement de profilés métalliques. Ces éléments sont réemployés dans l'aménagement urbain du site et déclinés sous plusieurs formes : bancs, rangesvélos, jardinières, bacs de compostage, poubelles... Les gisement sont récupérés, expertisés puis testés en "architecture de stock" lors du chantier de démolition. Ainsi, les propositions de mobilier urbain sont mis à l'épreuve de l'appréciation des visiteurs qui jugeront de leur insertion dans le paysage de la ZAC.

des logements. Elles sont faites à partir de tôles et bois de la même manière que les bacs de compostage. - Les poubelles sont disposées régulièrement sur la parcelle. Elles sont faites à partir de deux morceaux d'IPE entre lesquels se fixe une corbeille.

- Les bancs prennent place sous les arbres de la place. Ils se constituent de profilés HE placés horizontalement et superposés sur lesquels une finition bois termine l'assise. - Les ranges-vélos sont disposés sur les pourtours de la parcelle. Un premier prend place dans la ruelle Jacquard le long des sheds tout près de la coulée verte par lequel arrive les cyclistes. Un deuxième est installé en bout de la place près de la rue Jacquard. Ils sont constitués par des morceaux d'IPE placés verticalement. Les âmes des profilés sont percés pour créer des éléments d'attache pour vélo. - Les bacs de compostage en réemploi sont installés sous la double lignée d'arbres de la place, en face du magasin de compostage. Ceux-ci sont fabriqués à partir de tôles et bois récupérés. L'installation de ces bacs sert à la fois aux habitants du quartier et aux restaurants alentours. Ils peuvent venir les alimenter. Ainsi, cela participe à la démonstration du composte pour le grand public. Des bacs sont également mis à la disposition des habitants sur les toits des logements. - Les jardinières prennent place sur les toits

Images du mobilier urbain fait à partir de matériaux de réemploi

Photo de bacs jardinés fait à partir de matériaux de réemploi Source : https://fr.pinterest.com/

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3.03. Le bâtiment des sheds

Les nouveaux programmes des ateliers d'artistes, de la maison du projet et de la brasserie s’inscrivent dans les anciens ateliers AMS électrique et Mancret père et fils, situés au nord le long de la rue Léo Lagrange. Bâtiment témoin de l’activité industrielle de Flaubert au XXème siècle, il est aujourd’hui improvisé comme lieu de stockage par le musée de Grenoble. Ce dernier devrait quitter ces locaux d’ici 5 ans1. Marquant l’entrée du site de Flaubert, sa façade en bordure de l’axe cyclable, véritable support d’expression urbain, en font un élément clé de la coulée verte.

Connu de bon nombre de grenoblois, le bâtiment constitue un repère visuel à préserver. D’après les pièces graphiques trouvées aux archives de la ville, l’espace intérieur est un plateau libre organisé à partir d’une trame de poteaux en “I“ métalliques rigoureusement espacés tous les 5 mètres et 7 mètres, qui supportent une charpente métallique en shed. Les murs périphériques, outre celui de la façade taguée au nord, ne présentent aucun rôle structurel.

1 Damato Robert, Coordinateur technique et responsable sécurité du musée de la ville de Grenoble, entretien téléphonique le 24 février 2016.

Le bâtiment des sheds

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Plan de masse de l'îlot Jacquard : localisation du bâtiments des sheds LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Photographies personnelles de la façade nord et sa "fresque urbaine" depuis la piste cyclable

Photographie personnelle de la façade sud, intérieur de l'îlot LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.03.1. Faire avec un existant remarquable 3.03.1.1.

Concept architectural

Afin de préserver l’identité du site et de maintenir les repères visuels existants, le projet propose de requalifier le bâtiment existant. Le parti architectural prévoit une intervention « dans les murs », dans le but de ne pas totalement dénaturer l’identité du bâtiment. Il propose d'apporter une lecture contemporaine par un dialogue entre l’existant et le neuf, entre héritage et modernité.

1. Situation existante du bâtiment

Dans un premier temps, la toiture est démontée, car elle présente des dommages trop importants. L'excroissance située à l'extrémité est du bâtiment est supprimée pour que l'édifice retrouve une homogénéité. Enfin, la façade sud qui est non porteuse est démolie pour ouvrir le bâtiment sur la promenade paysagée. La charpente et les trois décrochés, qui correspondent aux évolutions du bâtiment dans le temps, sont conservés. Les murs sont laissés bruts depuis l'extérieur, pour préserver et laisser visibles les tags, les traces d'usures ainsi que celles des bâtiments autrefois accolés.

2. Démolition de la façade sud, de l'excroissance et de la toiture

Les ouvertures de la façade nord, qui ont été condamnées, sont libérées et augmentées. Elles deviennent de véritables vitrines qui animent la promenade le long de l"axe cyclable. Elles permettent aussi de créer de nouvelles connexions avec l'intérieur du bâtiment et de redéfinir la manière de le traverser. 3. (Ré)ouvrir ce qui a été condamné

LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Les parois du bâtiment étant minces, une isolation superficielle est mise en place à l'intérieur pour apporter un certain niveau de confort. La nouvelle toiture est réalisée en caissons préfabriqués. La façade sud est reconstituée en polycarbonate pour ouvrir le bâtiment sur la promenade au sud. Les programmes prennent position dans chacune des trois parties du bâtiment, facillement identifiable grâce aux décrochés en façade. Un ensemble de volumes indépendants de l'enveloppe est disposé à l'intérieur du bâtiment. Ils s'inscrivent dans la trame de la structure existante et viennent l'effleurer. Réalisés en ossature bois isolée, les volumes contrastent avec les matérialités de la structure et du sol.

4. Un nouveau confort thermique

L'approche proposée permet d'inscrire la réflexion dans un objectif économique et de développement durable qui pose en premier lieu la question de la revalorisation de l'existant.

5. Des volumes glissés sous la structure existante, viennent créer un parcours dans le bâtiment

6. Entre héritage et modernité

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3.03.1.2. Un édifice, trois programmes, trois ambiances Les principaux accès au bâtiment sont situés au sud, le long de la promenade. On retrouve également des accès secondaires du côté nord au bord de l'axe cyclable. La disposition des volumes dans le bâtiment a été travaillée de manière à créer un parcours à l'intérieur de celui-ci . Dans la maison du projet situé à l'est du bâtiment, le volume où sont regroupés, les locaux administratifs, un espace de stockage, un vestiaire et les sanitaires, cherche à se dissimuler sous la structure pour libérer l'espace. L'espace libre restant comprend l'accueil, un espace d'exposition permanente de 160 m2 et un espace polyvalent de 210 m2. C'est dans ce dernier que les habitants pourront rencontrer les différents acteurs du projet,

lors des temps d'échanges qui seront prévus pendant le chantier de démolition. Lorsque le projet de renouvellement urbain de la ZAC Flaubert touchera à sa fin, la maison du projet restera un lieu polyvalent, de rencontres entre les habitants et les acteurs privés ou publics en charge du quartier. Cet espace polyvalent peut également accueillir d'autres activités, comme par exemple, une visite pédagogique organisée par un établissement scolaire qui souhaiterait sensibiliser ses élèves sur la question de l'environnement. Le lieu est adapté pour que des ateliers de sensibilisation à l'environnement au travers du réemploi artistique des déchets, et encadrés par des artistes le pratiquant, puissent être mis en place. Il est également conçu pour accueillir l'organisation de workshop de design du réemploi, ou des évênements autour du "street art". Pour ce dernier scénario, on Ru eL éo La gra Ru ng eL e éo La gra ng e

Ru eL éo La gra ng e

B B B

B B B

BRASSERIE / BAR BRASSERIE / BAR BRASSERIE / BAR

MAISON DU PROJET

MAISON DU PROJET MAISON DU PROJET ATELIERS D'ARTISTES ATELIERS D'ARTISTES ATELIERS D'ARTISTES

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GSPublisherEngine 0.7.100.97

GSPublisherEngine 0.7.100.97

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Plan Rez-De-Chaussée

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Coupe longitudinale -BBLA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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pourrait imaginer qu'un collectif d'artistes aurait à élaborer une fresque commune, sur la façade sud, avec une thématique imposée. Au centre du bâtiment, le volume de la brasserie se glisse sous la structure. L'espace généré autour du noyau central, permet des aménagements différents selon les usages en fonction du temps. La terrasse de la brasserie peut être installée en différents endroits. Des structures mobiles dont les activités favorisent l'échange de particulier à particulier, peuvent également prendre place autour de la brasserie (kiosques à journaux, borne de livres échanges ...).

Vue depuis l'espace central : un lieu de rassemblement et de partage LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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À l'ouest, les ateliers d'artistes s'organisent au travers d'une succession de volumes qui cherchent à se faufiler entre la charpente existante. L'espace comprend douze ateliers d'artistes, dont six ateliers de 40m2 et six ateliers de 51m2 en mezzanine, un local administratif, un local commun et un espace d'exposition. Disposés en face à face, les volumes libèrent un espace de circulation central dont la largeur varie de 5 à 7 mètres. Le jeu d'avancées et de retraits des volumes, par rapport à la structure, crée une tension dans le parcours. Les volumes s'ouvrent largement sur l'espace de circulation et permettent ainsi aux visiteurs de voir les artistes travailler. Lorsque le climat le permet, les ateliers peuvent totalement s'ouvrir sur la rue intérieure. De nouvelles ouvertures ont été créées en toitures au-dessus de celle-ci, afin d'assurer un meilleur éclairage naturel de la galerie.

Vue depuis la rue des artistes LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.03.1.3. Construire l'existant

dans

B

De façon générale, les volumes sont réalisés en ossature bois avec un complexe isolant en textile recyclé MÉTISSE de 140 mm. La finition extérieure varie en fonction du lieu : les ateliers d'artistes ont une finition en OSB, dont les plaques sont issues des banches qui ont servis aux coffrages des rez-de-chaussée des logements. Le restaurant est en contreplaqué et enfin, la maison du projet est en chêne sombre. Les volumes sont réalisés sur place après la mise hors d'eau et hors d'air du bâtiment. Afin d'assurer le bon niveau d'éclairage naturel à l'intérieur des volumes, notamment dans les ateliers d'artistes, la hauteur totale disponible sous les sheds a été mise à profit. Une "coiffe" en polycarbonate est mise en oeuvre au-dessus des volumes. Ainsi la lumière pénètre largement à l'intérieur et est partiellement diffusée dans l'espace autour. La visibilité de la charpente métallique est maintenue, y compris à l'intérieur des volumes. Les "coiffes" en polycarbonate permettent aux artistes de bénéficier de vues sur l'extérieur et évitent le dépôt de particules en toiture. 15

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Coupe sur un atelier d'artiste, illustrant le principe général de mise en oeuvre

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Plan Rez-De-Chaussée et R+1 d'un atelier d'artiste

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Vue depuis l'intérieur d'un atelier d'artiste.

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3.03.2. Stratégie tique

énergé-

En été, le risque majeur pour le bâtiment est d'occasionner un surchausse à l'intérieur ainsi que dans les locaux. La façade sud s'ouvre et une partie des fenêtres de toit est mécanisée pour permettre une ventillation naturelle des espaces. Des rideaux d'ombrage de chez ISOTISS, sont mis en place à l'intérieur devant les parois en polycarbonate. Ces textiles sont destinés à réaliser une réfléxion solaire. Ils offrent une protection optimale contre les surchauffes.

Pour la stratégie passive d'hiver, les matériaux choisis permettent de bénéficier au mieux des gains solaires et des gains liés à l'activité humaine. La façade sud, réalisée en polycarbonate, joue le rôle de serre et chauffe l'intérieur du bâtiment. Afin d'éviter une surchauffe, seul 50% de la paroi assure ce rôle. L'autre moitié est isolée avec de l'aerogel de silice hydrophobe1. Les volumes sont également chauffés grâce à l'activité humaine. Ces derniers, n'étant pas hermétiques, diffuse une partie de la chaleur à l'intérieur des espaces communs et des circulations. Pour finir, les murs périphériques isolés conservent la chaleur au sein du bâti. 1 Un aérogel est un matériau semblable à un gel où le composant liquide est remplacé par du gaz. C'est un solide à très faible densité avec plusieurs propriétés remarquables, notamment sa capacité à isoler thermiquement et à laisser passer la lumière.

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Coupe schématique nord/sud - stratégie passive d'hiver

Coupe schématique nord/sud - stratégie passive d'été

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3.04. La déchetterie

La nouvelle déchetterie prend place le long de la rue Jacquard, en face du bâtiment des sheds. Elle en est séparée par une promenade paysagée. Le passant qui déambule entre les deux bâtiments, peut percevoir l’activité intérieure de la déchetterie au moyen de percées visuelles qui ponctuent le mur d’enceinte (cf. illustration page suivante). Si l’envie lui prend, il pourra même la visiter, puisqu’elle se veut ouverte à la ville, dans l’optique de sensibiliser le grand public aux enjeux de la gestion des déchets. Son architecture, loin d’être commune aux habituelles déchetteries, se veut démonstrative d’une volonté d’expérimenter une gestion alternative des déchets, au travers de la pratique du réemploi. Les citoyens perçoivent généralement les déchetteries

comme des lieux loin d’être séduisants, dont l’unique mérite est d’être utilitaires. Peu habitués à l’esthétique du réemploi de matériaux contemporains, ils peuvent néanmoins être sensibles à la démarche et s’interroger sur son bien-fondé. Ainsi, un objectif supplémentaire pour cette déchetterie serait d’amorcer un changement de perception des déchets pour les citoyens, pour que petit à petit les déchets soient envisagés comme de réelles ressources.

Déchetterie

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Plan de masse de l'îlot Jacquard : localisation de la déchetterie LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.04.1. Des gisements de matériaux comme matière à projet L’architecture de la déchetterie a été conçue en accordant une attention toute particulière au choix des matériaux. Les matériaux récupérables ou recyclables ont été envisagés comme matière à projet. Il n’existe aujourd’hui que très peu de données d’analyse du cycle de vie (ACV) sur le réemploi dans la construction. La prolongation de la durée d’usage impacte pourtant toujours très positivement les indicateurs de l’ACV. Ainsi, le chantier de la nouvelle déchetterie, situé dans le contexte favorable au réemploi de la ZAC, est l’occasion idéale d’expérimenter une architecture nouvelle (qui prend ici tout son sens), et les retombées d'une telle opération sur le plan environnemental. Seront alors réemployés ou recyclés des matériaux issus de la démolition de plusieurs des bâtiments du site et de ses environs : tôles et fermes métalliques, tuiles, menuiseries, graves d’agglomérés de béton. Les fermes et les tôles combleront l'intégralités des besoins pour la construction de la déchetterie. Les menuiseries récupérées sur le site couvriront 46% des besoins. Le reste des menuiseries nécessaires devra être récupéré d'autres déconstructions ou d'apports volontaires. Les graves d'agglomérés de béton et les tuiles concassées serviront à l'élaboration du béton recyclé du mur d'enceinte. Tous les murs démolis du site sont en blocs agglomérés de béton. Contrairement aux murs en béton armé, dont les aciers sont à extraire, ceux-ci sont plus faciles à recycler et produisent moins de déchets.

Les mâchefers, scories caractéristiques du traitement des déchets grenoblois, serviront également à la construction de la déchetterie. Historiquement issus de déchets de charbon de l’industrie minière ou de la combustion du coke des hauts fourneaux, les mâchefers désignent aujourd’hui les résidus solides de la combustion d’ordures ménagères. Ils sont constitués essentiellement de matière minérale, d’eau et de métaux ferreux et non ferreux. La ville de Grenoble, qui a fait le choix de s’équiper d’une usine d’incinération Athanor, située à la Tronche, produit 20 484 tonnes de mâchefers par an1, en grande partie valorisables en souscouches routière.

1 Donnée chiffrée pour l’année 2014 extraite du rapport annuel Déchets Urbains 2014 de Grenoble – Alpes Métropole, téléchargeable sur : http://www.lametro. fr/104-collecte-tri-dechets-grenoble.htm

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Matériaux issus de la démolition : Fermes métalliques 28 d’une portée de 16,10 m 15 d’une portée de 19,20 m

Tôles métalliques différents coloris surface totale de 4 913 m²

Menuiseries env. 100 m² de menuiseries bois + 1 grand portail coulissant en tôle de 41m²

Gravas agglomérés de béton / tuiles 4500 m³ d'agglomérés concassés et de tuiles concassées

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Matériaux issus de la démolition, réemployés ou recyclés pour la construction de la nouvelle déchetterie: Fermes métalliques 21 réemployés /28 récupérés d’une portée de 16,10 m 15 réemployés /15 récupérés d’une portée de 19,20 m

100% des besoins couverts

Gravas agglomérés de béton / tuiles env 4500 m³ récupérés

100% des besoins couverts

(si 100% des granulats sont recyclés)

Menuiseries 141 m² réemployées / 141 m² récupérés

46% des besoins couverts

Tôles métalliques différents coloris 384 m² réemployés / 4 913 m² récupérés

100% des besoins couverts

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3.04.2. F o n c t i o n n e m e n t de la déchetterie

utilitaires du service municipal de propreté urbaine et poids lourds pour la collecte des déchets ménagers spéciaux (DMS). La largeur de la voie de circulation permet également, le passage de deux voitures côte à côte. Ainsi si un véhicule souhaite attendre qu’un autre stationné en face d’une benne libère la place, une voiture derrière peut le dépasser par la gauche. Enfin, une largeur de stationnement de 6,30 mètres face aux bennes, permet à deux véhicules de se garer côte à côte. Le dépôt des déchets dans les bennes adaptées est facilité par la mise en place d’une succession de murs comportant des

Tous les véhicules entrent dans la déchetterie au commencement de la rue Jacquard côté rue de Stalingrad, pour en sortir une centaine de mètres plus loin dans cette même rue. La plateforme haute sert principalement à la circulation des véhicules légers. Son accès est toutefois adapté pour grand nombre de véhicules : voitures et petits camions des particuliers et professionnels, véhicules

A

N

Promenade paysagée Colonnes enterrées

2

3

Rue de Stalingrad

4 - 0.75

1

Bennes de collecte Magasin de la Métro

+ 0.75

Sortie PL

Sortie VL

Entrée VL

DMS

Entrée PL

Atelier de réparation

Rue Jacquard

A

Plan RDC

0

1, 2, 3, 4 : manoeuvres pour remplacement des bennes

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Panneaux solaires photovoltaiques (1166 m²)

+ 0.10

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Rue Jacquard

Coupe AA

Jardins filtrants

Déchetterie

Promenade paysagée

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Le bâtiment des sheds

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indications sur le type de déchets accepté dans les bennes attenantes. La direction des murs permet à l’usager une marche arrière aisée. En plus de servir de guide à la manœuvre, les murs protègent les poteaux en cas de collision et évitent le dépôt des déchets du petit côté de la benne (pratique interdite). Des places de stationnement sont également prévues le long du bâtiment au sud pour permettre l’accès à la zone de dépôt des DMS, à l’atelier de réparation et aux locaux des employés. La plateforme haute est à 0,75 mètres au dessus de l’altitude de la voirie de la rue Jacquard, et la plateforme basse à 0,75 mètres en dessous. En considérant la hauteur d’une benne à 2,2 mètres1, cette différence d’altitude permet d’aménager une zone de déchargement confortable pour l’usager.

nécessaire pour permettre le mouvement en sécurité du bras de levage des bennes, est respectée en tous points de la déchetterie. Des escaliers pour faciliter le cheminement des opérateurs du quai haut au quai bas sont prévus de part et d’autre de la zone de dépose des déchets en bennes. Ils sont condamnés en partie haute par un portillon afin de restreindre l’accès en bas de quai aux opérateurs. Les locaux employés, sont conçus pour permettre la bonne gestion du site, par les gardiens. En effet, leur bureau dispose de larges ouvertures qui offrent une vision panoramique à la fois sur les entrées et l’activité de la plateforme haute.

La plateforme basse est réservée à la circulation des poids lourds. Les rayons de giration des virages sont calculés sur la base des rayons de braquage des PL les plus pénalisants. Comme pour la plateforme haute, la voie de circulation est tracée en sens unique, selon le principe général de la marche avant. La disposition des bennes de collecte, facilite les manœuvres de recul à main gauche lors de la dépose ou de l’enlèvement d’une benne. Ainsi les camions prestataires assurent la redistribution des déchets vers les centres de traitement adaptés à chacun. Côté promenade paysagée se trouvent des colonnes enterrées à destination des piétons. Elles servent à la collecte des déchets recyclables, du verre et des ordures ménagères. La collecte est réalisée par un camion grue depuis le quai bas. L’espace du quai s’ouvre au droit des colonnes au moyen d’un grand portail coulissant. Une hauteur libre de 6 mètres au minimum, 1 correspond à la hauteur des bennes les plus communément utilisées en déchetterie LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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L’atelier de réparation sert de vitrine à la déchetterie et invite les usagers à changer l’image mentale qu’ils peuvent avoir de ce lieu. Néanmoins, l’atelier gagne sans conteste, à être annexé à cette déchetterie. Ainsi, il peut bénéficier de la fréquentation importante de cette dernière, pour faire connaître son activité. C’est aussi sans compter sur le fait, qu’il n’y a pas plus stratégique pour un atelier de réparation, que de s’installer là où se concrétise le sort d’un objet qu’on choisit de jeter prématurément. Le porche du rez-de-chaussée, côté rue Jacquard, indique aux passants la présence d’une activité qui leur est ouverte. Au derrière une façade très vitrée invite à entrer, ou du moins à regarder ce qui ce passe à l’intérieur. Le hall d’entrée est traversant et distribue les différents niveaux (+0,1m, +0,75 m et +3,55 m). Du côté de la rue Jacquard, il est à l'altitude du trottoir (+0,1m) pour marquer une ouverture plus franche qu’elle n’aurait été avec un escalier au droit même de l’entrée ; c’est

B B

L’activité de l’atelier vient en complément de celle de la déchetterie, comme pour offrir un dernier recours à l’usager avant qu’il choisisse de jeter. L’expertise des gérants de l’atelier permet la meilleure redirection de l’objet apporté. Si celui-ci est en état de fonctionner et qu’il n’est pas trop usé, alors l’atelier a la même fonction qu’un « chalet de réemploi » : Il récupère l’objet non altéré et le met de côté pour une ressourcerie qui le revendra à prix réduit. Si l’objet n’est plus en état de fonctionner, l’atelier de réparation le confie à son agent le plus à même de le réparer. Dans le cas où celui-ci est réparable, le propriétaire choisit s’il veut le récupérer contre une rémunération symbolique ou s’il souhaite en faire don pour une ressourcerie. A contrario, si l’objet est irréparable, il est redirigé dans la benne adéquate.

l’accès pour les visiteurs ou usagés venus à pieds. Pour les personnes apportant des objets plus volumineux, qui seront nécessairement traités dans l’atelier en double hauteur, à +0,75 m, l’accès se fait au niveau du quai haut de la déchetterie. Des stationnements sont possibles au-devant de l’atelier (cf. plan page p83). La retombée de la couverture en tôles métalliques et plaques de polycarbonate, au niveau du porche, permet d’assurer une bonne protection solaire de l’atelier, tout en laissant passer une partie de la lumière pour son éclairage naturel.

A

Atelier de réparation

A

3.04.3.

GSPublisherEngine 0.7.100.97

Coupe AA : Hall d'entrée et mezzanine

Coupe BB : Bureaux employés et terrasses

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Au deuxième étage du bâtiment, une mezzanine vitrée offre une vue surplombant l’atelier en contre bas. L’espace est notamment investi lors des visites guidées. Un autre atelier, plus petit, sert à la réparation des objets de taille modeste. De cet endroit, on accède à la terrasse qui est l'ultime étape de la visite. Cette dernière, constitue un observatoire en hauteur de l’activité intérieure de la déchetterie, et offre un point de vue privilégié sur la charpente du grand auvent (cf. images p89).

Petit atelier

Terrasse

Mezzanine

Plan du R+1

+0.75

DMS +0.75

Atelier de réparation 148 m²

Locaux employés Hall entrée

+0.75

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Rue Jacquard

Plan de RDC

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+0.00

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Vue depuis la rue Jacquard sur la nouvelle déchetterie Son architecture du réemploi révèle les matériaux caractéristiques du site.

Vue de l'atelier de réparation, depuis la mezzanine. LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.04.4. Choix constructifs La charpente du grand auvent est constituée d’éléments réemployés (les fermes métalliques) et d’éléments neufs (les poteaux, poutres et éléments de contreventement). La charpente du bâtiment d’origine (d’où sont issues les fermes métalliques) était montée moins haute que celle prévue pour le grand auvent de la déchetterie. Par conséquent, les poteaux du bâtiment d’origine n’ont pu être réemployés. De plus, les fermes étant à l’origine espacées de 5 mètres les unes par rapport aux autres, ne peuvent pas l’être plus dans la nouvelle construction. Or, imposé par la disposition et la taille des bennes de collectes, l’espacement de poteau à poteau sur l’axe central de la nouvelle déchetterie est figé à 7,5 m. La nouvelle charpente propose donc un espacement entre fermes de 3,75m, des poteaux à l’aplomb d’une ferme sur deux, et par conséquent des poutres qui permettent la reprise des charges des fermes qui ne sont pas au droit d’un poteau. Les fermes métalliques réemployées prennent la forme de structures en treillis constituées de cornières assemblées par des rivets (cf. photo ci-dessous).

Photographie personnelle d'un des hangars d'où sont récupérées les fermes

Ce procédé de construction, caractéristique d’une l’époque industrielle révolue, n’est plus utilisé aujourd’hui. Au travers du réemploi de ces éléments, l’architecture de la nouvelle déchetterie se trouve en quelque sorte, empreinte du passé industriel du site. L’association des fermes récupérées à d’autres éléments dont les détails sont traités de façon plus contemporaine, offre une certaine lisibilité de l’architecture. Le recours au bois, ou à des structures mixtes acier/bois, contribue à accentuer la distinction des éléments. Les nouvelles poutres sont conçues comme des poutres treillis mixte. Le bois sert pour les éléments verticaux qui travaillent en compression, tandis que l’acier est choisi pour les tiges en traction (cf. image page suivante). Les pans de toiture exposés au nord, sont recouverts de plaques en polycarbonate, tandis que ceux orientés au sud, supportent des modules photovoltaïques bi-verre. Ces derniers laissent passer quelques rayons du soleil. Ajouté à cette lumière tamisée, les ombres de la charpente projetées au sol par la lumière qui traverse le polycarbonate, confèrent au lieu une ambiance lumineuse qui s’apparente à celle qu’on pourrait trouver sous une canopée. Le grand auvent offre un degré de confort supérieur à celui des déchetteries standards à ciel ouvert. Grâce à la couverture de la déchetterie, les employés ne seront pas soumis aux intempéries, ni à un soleil trop intense. Enfin, le mur d’enceinte est réalisé en béton recyclé. Il participe au contreventement de la structure et permet de protéger les poteaux du risque de collision, côté quai bas. A contrario, du côté de la promenade les poteaux en bois rytment la façade (cf. perspective p79). Cette esthétique reprend le système constructif, structure poteaux/ poutres (en acier ou en bois) et murs de remplissage, utilisé pour les bâtiments industriels du site (cf. photo page suivante).

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Le mur sert enfin à contenir une partie du bruit généré par les chargements et déchargements des bennes par les camions. Ce bruit est somme toute raisonnable, de l'ordre de 85 dB, au moment des passages de camions qui ont lieu de 5 à 8 fois par jour en moyenne.

Photographie personnelle d'un des bâtiments démolis. Structure poteaux/poutres bois et murs de remplissage en agglomérés de béton

Vue de l'intérieur de la déchetterie à l'ambiance lumineuse légèrement ombragée. LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.04.5. Chantier

1. Constitution des plateformes :

2. Mise en place de la charpente

3. Construction du mur d’enceinte :

4. Construction du bâtiment

5. Pose de l'enveloppe :

6. Constitution de la façade vitrée

Le mâchefer pourra servir, selon sa nature à la constitution du remblai, de la couche de forme ou de la couche de fondation.

Le mur d’enceinte sera réalisé en béton pauvre, bien compacté à la manière d'un mur en pisé. La mise en œuvre se fera dans un coffrage glissant sur la longueur, avec des reprises qui se feront biais sur biais.

Les tôles ondulées, récupérées à l’occasion de la déconstruction, seront nettoyées puis assemblées par recouvrement pour cacher les percements d’origine. Leur qualité, dû au vieillissement ne pose pas de problème particulier pour la mise en œuvre du bardage ventilé.

Cette étape sera réalisée dans le cadre d'un chantier participatif qui soldera la construction de la déchetterie.

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3.05. Les logements

La parcelle nord de l'îlot Jacquard distingue deux types de secteur : un secteur d'activités et d’équipement à l'est, avec la déchetterie Jacquard et le bâtiment des sheds, et un secteur plus résidentiel à l'ouest, avec les bâtiments des logements et quelques commerces en rez-de-chaussée. Ces deux secteurs sont séparés par un mur existant qui se prolonge du bâtiment des sheds jusqu'au magasin de bacs de compostage créant ainsi une longue façade unique. Ce mur haut de quatre mètres garde sur lui les traces de son histoire. Par ailleurs, il est percé par des ouvertures régulières, certaines au droit de la promenade paysagée pour permettre le passage des piétons d’un secteur à l’autre et d’autres au niveau du magasin de bacs de compostage pour lui servir de vitrines.

La conservation de ce mur marque enfin un axe piéton important sur l'axe Nord-Sud. Le secteur résidentiel est composé de deux îlots de logements neufs en accession et location libre et sociale. Ceux-ci se situent sur la parcelle du côté du Parc Georges Pompidou à l'ouest et sont alignés au nord à la coulée verte et au sud à la rue Jacquard. L'ensemble des bâtiments développés par la suite se situe au nord de la parcelle entre la coulée verte et la place publique.

Logements

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Plan masse de l'îlot Jacquard : localisation des logements LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.05.1. Une conciliante

architecture 1

De manière générale, on constate que « les gens partagent s'ils ont déjà desVS choses à eux »1 et que l'esprit du vivre ensemble n'est possible que si chacun à la possibilité de s'épanouir dans sonVille intimité. A partir de ces constats, le projet a pu établir deux principes pour les logements.

Allier espaces partagés et espaces privatifs

VSVS Maison

Ville Maison Villeindividuelle individuelle

VS Habitat en Réinterprétation Maison Réinterprétation Réinterprétation Réinterprétation Maison Maison ville et intégration individuelle Ville et intégration individuelleet intégration individuelle des qualités de des qualités de qualités de lades maison la maison la maison

VS

2 Gradation des espaces Le premier principe vise à allier les qualités Réinterp Maison Ville VS publics et intég individuelle à privés des qua de la maison individuelle, qui se traduisent la ma par des espaces extérieurs privés tels que la terrasse et le jardin, aux qualités Réinterp Maison Villeet Rue Coeur d’îlot Coursive Espace tampon et intég individuelle d'un habitat en ville, qui se traduisent par espace public Accessible des qua une proximité aux services et parfois des la ma espaces communs aux habitants. Ainsi, Coeur Rue et Rue etd’îlot Coeur Coursive d’îlotRue et Espace Coursive tampon Coeur d’îlot Espace Logement tampon Cou VS espace public Accessible public Accessible espace public Accessible Rue et le projet propose des espaces privatifsespace Rue et Coeur d’îlot Coursive E place publique espace public Accessible supplémentaires pour les logements favorisant l'intimité, ainsi que des espaces Réinterprétation Maison et intégration partagés favorisant la vie collectiveVille et le lien individuelle des qualités de social entre habitants. Cette combinaison la maison est la condition essentielle pour que les VSbien et espaces collectifs fonctionnent Coeur d'îlot qu’ils soient un lieu d’échanges et de accessible à tous Rue et Coeur d’îlot Coursive Es convivialité entre voisins. Réinterprétation

Ville

Maison espace public individuelle

Le deuxième principe vise à établir une gradation des espaces publics à privés, de manière à ce que le degré de privatisation VS de chaque lieu soit clairement identifiable. et peut Ainsi, l'habitant qui rentre à Rue pied espace public Maison passer de la place publique Villerue ou de laindividuelle à un cœur d'ilot également public mais moins fréquenté. Il empreinte ensuite les distributions communes dont la coursive Rue et Coeur d’îlot fait partie. Puis il arrive àpublic son palier d’entrée espace Accessible qui est privé.

Accessible

et intégration des qualités de la maison

Coursive commune

Coeur d’îlot Accessible Réinterprétation

Coursive

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et intégration des qualités de la maison

Coursive

Seuil intermédiaire

Espace tampon

Logement

Logement

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Coeur d’îlot Accessible

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Entretient avec Anne-Monique Bardagot le 04/12/15

Espace tampon

Logement

Schémas illustrant les principes sur lesquels le projet s'appuie

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Schéma du principe architectural

Coeur d'îlot

Privé

Balcons

Coursives

Traversée publique

Dans l'architecture, la gradation d'espace public à privé se traduit par la constitution d'entre-deux qui se situent à chaque fois entre le logement et l'espace public (coursives, balcons et loggias). Ces lieux intermédiaires permettent de générer une mise à distance de l’espace public appréciable des habitants. Sur les façades extérieures des bâtiments de l'îlot, cette mise à distance est matérialisée par une enveloppe. Celle-ci sert à gérer plus finement la relation avec l'espace public depuis les logements avec un système de panneaux repliables. Elle vient complètement couvrir le bâtiment à l'extérieur puis se retourne et s'ouvre délicatement à l'intérieur sur le cœur d'îlot. La courbe de l'enveloppe créer une forme enveloppante qui adoucit la silhouette du bâtiment. C'est une réinterprétation contemporaine des courbes formelles que l'on retrouve sur les bâtiments des parcelles voisines. En s'ouvrant en cœur d'îlot, elle instaure un dialogue entre les trois bâtiments qui renvoie à l'idée plus générale du partage entre voisins au sein d'espaces communs aux trois bâtiments. En effet, elle met en relation et fait dialoguer les

Logements Loggias

Privé

Entre-deux

Logements

Entre-deux

Espace publique

Entre-deux

Coursives

Place publique

Entre-deux

Coulée verte

Espace publique

bâtiments qui se regardent. L’enveloppe constitue comme une coque de protection qui préserve à la fois le logement et le cœur d'îlot. Ainsi, le traitement des façades diffère, selon si elles donnent sur le cœur d’îlot ou sur l’extérieur, et confère à ces lieux des ambiances distinctes. En effet, côté place publique l’enveloppe modulable confère plus ou moins d’intimité au logement, selon les désirs des habitants. Son évolutivité au fil des saisons renouvelle le paysage de la place et fait varier les interactions possibles de celle-ci avec les logements. Les lames des panneaux mobiles sont en bois brulé. Le bois brulé obtient sa teinte par combustion de sa surface. Ce processus n'enlève rien à ses propriétés et offre au bois une protection contre les insectes, l’eau, le feu et les effets du temps. Sa couleur sombre et vieillie contraste avec la façade en cœur d’îlot. Cette dernière est comme dénudée et laisse apparaître, au derrière de la coursive en acier, le bardage en bois de palissage, d’une couleur plus chaude. Ainsi, la façade participe à l’ambiance chaleureuse et plus intimiste du cœur d’îlot (cf. perspectives page suivante).

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Vue des logements depuis la place publique

Vue des logements depuis les jardins en coeur d'îlot LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Rez-de-chaussée

Pompidou. L’autre scinde du nord au sud, l’ilot en deux parties.

Les bâtiments de logements se situent juste au sud de la coulée verte par laquelle transitent la piste cyclable et un chemin piéton. Aussi, il est facile d'arriver en vélo ou à pied jusqu'au site depuis ces voies. Les habitants peuvent rejoindre leur logement depuis n'importe quel endroit du site car les halls d'entrée communiquent entre eux et bénéficient de plusieurs portes d'accès à chaque extrémité. Ces halls réservés aux résidents sont laissés à l'air libre et clos au moyen d'un bardage bois ajouré. Ils forment de larges bandes passantes qui sont les points de départ de deux distributions verticales vers les étages supérieurs. De plus, elle desservent également des espaces communs aux habitants. Les accès vers le cœur d'îlot se font quant à eux à travers des failles formées entre les bâtiments. L’une ouvre le cœur d’ilot à l’ouest en direction du parc Georges

Dans le bâtiment sud, tournés face à la place publique, des commerces et services de proximités participent à l'animation du lieu et à la vie de quartier. L'intégration de ces nouvelles activités permet de relancer l'attractivité du site et profite plus largement aux habitants du quartier. Dans le bâtiment est, des espaces utilitaires communs aux habitants des logements prennent place avec une buanderie, des locaux pour le tri sélectif et un grand local vélo d'une capacité de soixante places. Ce dernier est mis en vitrine sur la ruelle pour encourager la pratique du vélo et mettre en valeur ce mode de transport très apprécié par les grenoblois. L'accès au local peut se faire, depuis l'extérieur en empruntant des petits pontons qui surmontent une large noue paysagère ou bien, depuis le hall commun des habitants. Co

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Coeur d'îlot

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Plan des rez-de-chaussée LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Dans le bâtiment nord, prennent place des logements en rez-de-chaussée. Ils sont rehaussés sur un socle béton à 1,5 mètres par rapport au niveau du sol afin de gérer une première mise à distance entre les espaces privés du logement et les espaces communs et publics. Du côté des balcons, le végétal vient compléter cette mise à distance. En effet, une large noue paysagère plantée et arborée tient le piéton à plusieurs mètres du balcon des logements. Du côté des entrées, l'entre-deux de l'enveloppe, sert d'espace de distribution des logements. Un jeu d'alternance entre paliers d'entrée en hauteur et jardinières plantées servent à individualiser les logements. En effet, les paliers desservis par des escaliers, en référence à l'habitat individuel, constituent des perrons d'entrée qui mènent à la porte des logements. Ils forment une bande privative entre la bande de distribution et l'intérieur des logements. Les paliers sont traités avec la même matérialité que le socle béton sur lequel repose les logements. Leur largeur permet aux habitants de s'approprier l'espace. Sous ces paliers, des rangements sont prévus pour les vélos et poussettes.

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Palier d'entrée

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C'est également dans les rez-de-chaussée que sont installés les locaux techniques des bâtiments.

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Plan des rez-de-chaussée LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.05.3. Répartition logements

des

La répartition des logements a été établie en fonction des besoins identifiés dans la ville et dans le quartier. Pour rappel, le prix de l'immobilier est élevé à Grenoble, il y a un manque de logements notable, en particulier sociaux, et peu de familles avec enfants dans le quartier. Ainsi, la population ciblée pour les logements sont les familles ayant de petits revenus. De plus, la présence de nombreuses écoles alentours est un avantage qui participerait à motiver leur venue. Pour cela, le projet propose des logements allant du T2 au T5, en simplex et duplex, avec une part plus importante de T3 et T4.

Le bâtiment Sud compte douze logements sur trois étages: il est occupé par six logements T3 et six logements T4 en simplex, Le bâtiment Est compte neuf logements sur quatre étages : il est occupé par six logements T2 en simplex et trois logements T4 en duplex, Et le bâtiment Nord compte quinze logements sur sept étages : il est occupé par neufs T3 en simplex et six T5 en duplex. Ce qui fait un total de 36 logements pour cet ensemble de logements. T2 (~55m²) > 6 soit 17 % T3 (~76m²) > 15 soit 41 % T4 (~84m²) > 9 soit 25 % T5 (~90m²) > 6 soit 17 %

T3 en simplex T5 en duplex

TOTAL : 36 logements

T2 en simplex T4 en duplex

T3 en simplex T4 en simplex

Schéma de répartition des logements dans les bâtiments LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.05.4. Les coursives Les étages, sont desservis par deux distributions verticales menant à une coursive distributive extérieure. Celle-ci lie les trois entités bâties mais est détachée des façades pour mettre à distance la circulation commune des logements privés. La coursive constitue un lieu propice à la rencontre entre voisins. Elle dessert les paliers d'entrée privatifs qui restent ouvert à la coursive (cf. perspective page suivante). Chacun des bâtiments bénéficie d'un emplacement et d'une orientation différente sur le site. Afin de répondre correctement à leur environnement et aux enjeux bioclimatiques, les solutions architecturales et techniques qui leurs sont apportées ne sont pas les mêmes. Au sud, côté place publique, le bâtiment intègre des loggias qui jouent un rôle thermique sur le logement. Elles disposent de panneaux vitrés coulissants pour fermer l'espace en jardin d'hiver et de

panneaux repliables avec lames en bois sur l'enveloppe pour contrôler les apports solaires. Ainsi, le confort de vie peut être optimisé tout au long de l'année. A l'est, du côté du bâtiment des sheds, ce sont des loggias filantes qui ne se transforment pas en jardin d'hiver du fait d'une orientation moins favorable. Au nord, le logement se tourne vers le cœur d'îlot, un espace plus calme et plus intime, qui a un traitement architectural différent de la peau externe de l'îlot. Ainsi, les loggias laissent place à de généreux balcons. La disposition en quiconque entre les duplex et simplex anime la façade. Chaque balcon est aligné avec celui du dessus et dessous permettant ainsi de générer une casquette offrant une protection solaire pour les logements. Seuls les duplex disposent d'un système additif avec des brises soleils en bois pour protéger le vitrage en double hauteur. Autrement, la protection solaire des baies est assurée par des stores.

Perspective d'ambiance depuis la coursive. LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Distributions verticales GSPublisherEngine 0.5.100.98

Coursives communes Paliers d'entrée privés 0

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Plan d'étage des logements (R+1) LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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R

3.05.5. Aménagement des logements

la disposition d'un logement par rapport à son voisin. Ainsi, leur composition se fait en symétrie : les séjours sont placés en face des séjours et de même pour les chambres. De plus, la composition des murs de refend entre logements permet d'assurer le bon isolement acoustique d'un logement à l'autre. Chaque logement est traversant et donne à la fois sur l'espace public et sur le cœur d'îlot. Ainsi, les habitants peuvent profiter d'ambiances, d'expositions et de vues variées depuis leur logement. R

L'aménagement général de chaque logement, que ce soit un T2 ou un T5, se fait de la même manière. Ils sont séparés en deux parties : d'un côté, il y a les pièces de vie collective avec l'entrée, la cuisine et le séjour, et de l'autre les pièces de vie intime avec la salle de bain et les chambres. Une attention particulière est donnée sur

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N

SPublisherEngine 0.5.100.98

Mur entre logements RW + Ctr (dB) = 60 dB Parement constitué de deux BA13 - 26 mm Lame d’air - 40 mm et montants métalliques désolidarisés - 36 mm Panneau OSB - 10 mm Isolation en laine de coton entre ossature bois - 45x120 mm Panneau OSB - 10 mm Lame d’air - 40 mm Montants métalliques désolidarisés - 36 mm Parement constitué de deux BA13 - 26 mm En plan

En coupe

Détail d'un mur refend entre logements LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Le palier d'entrée, à l'extérieur côté coursive, dispose d'un grand placard de rangement permettant d'y loger une poussette ou autres selon les besoins des usagers. Cet espace intermédiaire est suffisamment grand pour que les habitants y installent une table et des chaises.

1

Plan T3 simplex - 66 m² (bâtiment nord)

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L'entrée du logement est fonctionnelle car elle bénéficie également d'un grand placard de rangement et s'ouvre directement sur les espaces de vie.

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La cuisine est conçue comme un espace ouvert sur le séjour permettant d'offrir une grande pièce de vie propice aux rassemblements.

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Plan T2 simplex - 59 m² (bâtiment est) 8

Le séjour a de grandes baies vitrées. Elles permettent un large apport en lumière naturelle et donnent à voir sur l'extérieur. Dans les logements en duplex, les pièces de vie collective bénéficient d'un vaste volume en double hauteur.

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GSPublisherEngine 0.5.100.98

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Les loggias filantes et balcons constituent de véritables espaces de vie supplémentaires que l'on peut habiter puisqu'ils permettent le prolongement de l'espace intérieur vers l'extérieur. Ainsi, par beau temps il est facile d'ouvrir ses fenêtres pour avoir un grand salon-terrasse. Et en hiver, les habitants du bâtiment sud peuvent profiter d'un espace extérieur protégé du vent et de la pluie grâce aux jardins d'hiver.

4

3

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GSPublisherEngine 0.15.100.94

Les espaces de distributions sont optimisés pour avoir le moins de pertes surfaciques possibles.

Plan T4 simplex - 85 m² (bâtiment sud)

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R

7 3

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2 R

La salle de bain bénéficie d'une ouverture sur l'extérieur pour la ventilation et la lumière naturelle pour favoriser le confort des habitants.

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Les chambres ont des surfaces comprises entre 9m² et 13m² et bénéficient pour beaucoup de placards de rangement.

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Plan T5 duplex - 105 m² (bâtiment nord)

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Tous les logements des étages répondent à l'accessibilité PMR y compris les duplex car il y a au moins une chambres et une salle de bain de plain-pied. Seuls les logements en rez-de-chaussée rehaussés de 1,5 mètres n'y répondent pas. De plus, les salles de bain ont une cloison qui peut être enlevée pour faire une grande salle d'eau accessible à un fauteuil roulant.

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Vue depuis le séjour sur la cuisine

Vue depuis la cuisine LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Une étude a été menée sur une chambre située dans le bâtiment nord pour évaluer l'isolement acoustique des façades par rapport au bruit de la rue Léo Lagrange. Celle-ci est une voie classée à 60 dB et représente la plus grosse source de bruit pour les logements. La nature des parois choisies (mur et vitrage) permet d'assurer de bonnes performances d'isolation acoustique pour les pièces côté rue (cf. annexe 4).

Rw (c;Ctr) = 35 dB

60 dB

20,9 dB

Rw (c;Ctr) = 45 dB

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Détail d'un mur de façade côté rue Léo Lagrange LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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3.05.6. Toitures partagées Comme le cœur d'îlot est accessible au public, le projet a voulu redonner sur les toits des espaces communs pour les habitants. Ceux-ci sont implantés sur trois niveaux différents. Chaque bâtiment est relié à l'autre par les coursives faisant bénéficier les habitants de l'ensemble des toitures depuis lesquelles de larges vues sont dégagées sur le grand paysage. On y trouve un espace de jardinage et

Toiture végétalisée

compostage, une remise pour les outils de jardins, une cuisine commune, une salle polyvalente et un belvédère enherbé. Le projet veut permettre de valoriser la vie sociale aux travers d'activités collectives liées notamment au jardinage et compostage. De plus, ces espaces représentent des lieux pédagogiques pour les petits et grands et sécuritaires pour les enfants.

Salon commun Potagers partagés Cuisine commune

Remise

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Vue depuis la toiture du bâtiment sud sur les potagers

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3.05.7.

Stratégie énergétique

3.05.7.1. Stratégie passive Hiver Pour les bâtiments nord et sud, les dépassées que représentent les balcons et loggias des façades sud, sont dimensionnées de façon à pouvoir laisser pénétrer le soleil bas d’hiver à l’intérieur des salons et des chambres qui donnent de ce côté. Pour le bâtiment à l’est de l’ilot, exposé moins avantageusement, la façade Est bénéficie néanmoins de quatre heures d’ensoleillement au solstice d’hiver. Les logements du bâtiment sud bénéficient de loggias communiquant avec les salons et chambres. Ces espaces inter-climatiques, non chauffés artificiellement, constituent en hiver une zone tampon qui améliore l’isolation thermique de la façade. Des baies coulissantes en double-vitrage, permettent de mettre les loggias à l’abri

du vent. Le double vitrage est choisi pour éviter au maximum la fuite des calories. Les loggias fermées constituent alors des jardins d’hiver, agréables à habiter dès lors qu’un rayon de soleil apparaît. Le bois du bardage de la loggia confère à l’espace un certain confort thermique. En effet, le bois doté d’une effusivité faible permet avec peu d’énergie solaire, de vite réchauffer l’espace de la loggia. De plus, les dalles en béton préfabriquées recouvertes d'un carrelage en terre cuite, en conférant de l'inertie aux loggias, permettent de stocker la chaleur captée et de la rediffuser dans le temps (cf. détail page suivante). Les panneaux mobiles de l’enveloppe seront levés ou abaissés suivant le degré d’ouverture sur l’extérieur souhaité. En position levée les apports solaires seront maximales. En position abaissée les brisessoleil, inclinés favorablement, laisseront passer en grande partie les rayons du soleil d'hiver.

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Espaces tampon 8

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Coupe sur les bâtiments de logements : Stratégie passive hiver LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Coupe | plancher loggia Revêtement de sol - carrelage en terre cuite - 20 mm Colle mortier - 15 mm Dalle B.A préfabriquée - chape + Béton armé - 150 mm

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Eté Des dispositifs de rafraîchissement passifs permettent d’éviter les surchauffes en été : Les appartements sont traversants. La double exposition permet une ventilation naturelle des logements. Les dépassées que représentent les balcons et loggias des façades sud protègent l'intérieur des logements du soleil. Pour le bâtiment sud, les panneaux mobiles de l'enveloppe pourront être repliés vers le haut pour former une casquette qui mettra à l'ombre les loggias. Les baies coulissantes seront ressemblées aux extrémités des loggias. Ainsi elles deviennent des terrasses largement ventilées. Enfin, la végétation aux pieds des bâtiments et les plantes grimpant le long des coursives en cœur d’ilot procurent de la fraîcheur par évapotranspiration.

Rafraîchissement par évapotranspiration

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Ventilation naturelle

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Coupe sur les bâtiments de logements : Stratégie passive été LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Pour le bâtiment sud, dont les logements bénéficient de jardins d’hiver, une ventilation simple flux est mise en place. L’air entrant est préchauffé dans les jardins d’hiver, ainsi les besoins en chauffage sont moindres. Pour l’ensemble des bâtiments, le chauffage est assuré par une connexion au réseau de chaleur urbain. La chaleur est émise par des planchers chauffants à eau. En été, le réseau en boucle fermée descend jusqu’à la nappe phréatique pour bénéficier de sa fraîcheur. Deux forages peu profonds (nappe phréatique entre 2 et 4m de profondeur à Grenoble) donc peu couteux, sont à réaliser pour permettre aux planchers d’être rafraîchissants. Pour le bâtiment sud, la production d’eau chaude sanitaire (ECS) est assurée par une combinaison de dispositifs permettant de bénéficier de toute l’énergie calorifique gratuite du bâtiment avant d’avoir recours à un système en appoint. L’eau du réseau de la ville passera dans un premier temps

dans un échangeur à contre-courant couplé aux descentes des eaux grises (EG) du bâtiment. Suite à ce passage, l’eau ayant recueilli les calories des EG, avoisine les 20°C. Elle passe ensuite dans une pompe à chaleur (PAC) connectée sur l’extraction d’air vicié du système de ventilation, ce qui lui permet d’atteindre environ la température de 40°C. Enfin, le complément de chauffage de l’ECS, jusqu’à 60°C, sera effectué par la sous-station. Selon la PAC installée, cette dernière étape peut ne pas être nécessaire. Pour les bâtiments nord et est, une ventilation double-flux avec récupération de chaleur est installée. La production d’ECS est assurée par un échangeur à contre-courant en amont de la sous-station qui sert au complément. Les EG des bâtiments sont stockées dans un bassin de rétention au niveau du vide sanitaire du bâtiment nord, avant d’être envoyées vers les jardins filtrants de la promenade paysagée.

DF

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3.05.7.2. Stratégie active

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Jardins filtrants

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Sous station

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Coupe sur les bâtiments de logements : Stratégie active LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Coupe | plancher chauffant Carrelage en terre cuite - 20 mm Colle mortier - 15 mm Plancher chauffant - 70 mm Panneau OSB - 10 mm Nid d'abeille - 30 mm Panneau OSB - 18 mm Poutre Lamobois - 75x220 mm Solives - 45x145 mm Isolation laine de coton - 220 mm Fixations Finition plafond - BA13 26 mm

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3.05.8. Stratégie constructive 3.05.8.1. Une logique de mix matériautique Formulé par l’écologue Marc Barra, le mix matériautique, "peut être décomposé en quatre grandes familles de matériaux : les biosourcés, les réemployés, les recyclés et ceux d’origine fossile. Le principe consiste à rééquilibrer la composition matérielle de nos constructions en privilégiant ceux à faible énergie grise, dont les matériaux de réemploi font partie, et ceux qui stockent le carbone, comme les biosourcés. La part des matériaux d’origine fossile étant ramenée à son strict minimum, tant leur raréfaction est proche. […] L’objectif est d’utiliser au mieux la bonne quantité du bon matériau, au bon endroit et au bon moment."1 La notion de mix matériautique intègre également le paramètre de distance d’approvisionnement et la capacité de renouvellement de la matière première ou de sa réutilisation à posteriori. Ainsi, la composition matérielle des logements proposée, a été définie dans l’optique de favoriser une certaine mixité des matériaux. Un regard attentif a également été porté sur la localisation des sources de ces matériaux, en privilégiant majoritairement les fournisseurs locaux. Le socle et les fondations sont en bétons recyclés. Les graves issues des blocs agglomérés démolis sur le site constitueront une partie des granulats. Deux types de bétons seront à élaborer ; l’un servira pour les fondations, l’autre pour les murs porteurs des rez-de-chaussées. La juste composition des différents mélanges, devra être déterminée au moyen d’essais sur échantillons. 1 Julien Chopin & Nicola Delon, Matière Grise. Materiaux / Réemploi / Architecture, Pavillon de l'arsenal, 2014, p87

NB : En prenant part au projet national RECYBETON2, des projets expérimentaux, comme celui de Chaponost en région Rhône-Alpes ont pu d’ores et déjà, montrer le potentiel du béton recyclé.

Les étages supérieurs des bâtiments sont en panneaux d’ossature bois préfabriqués. Ils proviennent de l’entreprise CBDM3, installée à Domène. La préfabrication des panneaux facilite la gestion des déchets en atelier. Ils sont garnis d’isolant Métisse®. Issu de la récolte de vêtements usagés par l’association Emmaüs. Cet isolant est constitué de fibres textiles recyclées. Sa fabrication consomme peu d’énergie grise. Les façades des murs extérieurs sont revêtues d’un bardage en planches de bois récupérées des palissades du chantier. Dans cette optique, le type de clôture de chantier serait imposé aux entreprises. Cette proposition, expérimentée à quatre reprises par l'agence d'architecture Studio G. a le mérite de consommer peu d'énergie grise. Dans le cas où ce scénario ne serait pas retenu, les planches seraient fournies par la scierie Sillat à Domène. De la même manière que pour la déchetterie, les façades des salles communes en toiture seront réalisées à partir de tôles récupérées de la déconstruction des bâtiments sur le site. La double-peau qui enveloppe les bâtiments et les structures des coursives et balcons en coeur d'ilot, sont en acier et sont fournies par la société Aldoriv Construction Metallique, basée à Fontaine. Cette fabrication requiert une consommation d’énergie grise plus importante que celles induites par la 2 RECYBETON est un projet d’envergure nationale ayant pour objectif le recyclage complet des matériaux issus des bétons de construction. 3

Construction bois de nos montagnes

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fabrication des autres systèmes des bâtiments. Cependant le dispositif de l'enveloppe permet la création d’un espace intermédiaire de grande qualité, en termes d’usage. En effet, la modularité du degré d’ouverture sur l’extérieur permet une optimisation du confort thermique des parties privatives, ainsi qu’une maitrise de l’intimité selon le degré souhaité. De plus, l'acier est aujourd'hui est un matériaux de construction qu'on recycle systématiquement.

Revêtement en tôle récupérée 100 %*

Enveloppe mixtes acier/bois

Matériau neuf Matériau réemployé Matériau recyclé Matériau biosourcé * pourcentage des besoins couverts

Façades en bois de palissade 100%*

Fondations et murs en béton recyclé

Coursives mixtes acier/bois

Structure ossature bois/ isolant Métisse

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Suivant les matériaux, on peut considérer que l'échelle d'un approvisionnement local est différente. Ci-dessous, sont repérés les lieux d'approvisionnement pour les matériaux principaux.

Acierie Arcelormittal (Amnéville)

à 590 km du site

Acierie Stahl Gerlafingen (Suisse)

à 330 km du site Grenoble

Exploitations forêstières régionales

à environ 150 km à la ronde du site

Ciment VICAT

à 10 km du site

Chantiers de démolition de la ZAC

- bois de palissade de chantier - gravas

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3.05.8.2.

Construction

1. Réalisation des fondations, du socle RDC et cage d'ascenceur

2. Pose des murs préfabriqués

3. Pose des planchers préfabriqués

4. Montage des étages et étancheité de la terrasse

5. Montage des salles communes en toiture (ossature bois)

6. Mise en oeuvre de la structure acier

7. Pose des planchers préfabriqués extérieurs

8. Pose des revêtements de façades et menuiseries ext.

9. Mise en oeuvre de l'enveloppe modulable

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3.05.8.3.

Détails techniques

Coupe | plancher toiture Dallette en désactivé 60x60 - 40 mm Plots réglables Membrane d'étancheité Chape béton Isolant XPS - 50 mm Panneau OSB - 18 mm Isolation entre solives - 75x200 mm Poutre Lamibois - 75x360 mm Fixations Finition plafond - BA13 26 mm U toiture = 0.09 W/m².K

Coupe | plancher intermédiaire Carrelage en terre cuite - 20 mm Colle mortier - 15 mm Plancher chauffant - 70 mm Panneau OSB - 10 mm Nid d'abeille - 30 mm Panneau OSB - 18 mm Poutre Lamobois - 75x220 mm Solives - 45x145 mm Isolation laine de coton - 220 mm Fixations Finition plafond - BA13 26 mm

Rw+C = 60 dB

U façade= 0.13 W/m².K

Coupe | plancher béton Carrelage en terre cuite - 20 mm Colle mortier - 15 mm Plancher chauffant - 70 mm Isolation XPS - 50 mm Dalle béton - 250 mm Isolation laine de coton - 250 mm U plancher = 0.15 W/m².K

Rw+C = 65 dB

Coupe | Dallage et fondations Carrelage - 20 mm Colle mortier - 15 mm Dalle béton - 300 mm Membrane d'étancheité Isolation XPS - 150 mm Hérisson - 150 mm

GSPublisherEngine 0.5.100.98

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Plan | Mur périphérique Bardage bois - 27x145 mm Lame d’air entre littelage horizontale - 21x35 mm Pare-pluie - -33224232 Panneau OSB - 10 mm Isolation laine de conton, entre montants d'ossature - 45x100 mm Isolation laine de conton, entre montants d'ossature - 45x120 mm Panneau OSB - 20 mm Pare-vapeur 3322423 Doublage, isolé en laine de coton, monté sur rail métallique - 10 mm

Plan | Mur de refend Parement constitué de deux BA13 - 26 mm Montants métalliques désolidarisés 36 mm Lame d’air 40 mm Panneau OSB 10 mm Isolation laine de coton entre ossature bois 45x120 mm Panneau OSB 10 mm Lame d’aire 40 mm Montants métalliques désolidarisés 36 mm Finition BA13 - 26 mm

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Coupe | Détails coursive

Platelage bois 25X75 mm Equerre de fixation Panneau OSB 15 mm Tasseau Absorbant acoustique 50 mm Évacuation EP Étancheité Sous-face en lame de bois 25x35, avec espacement de 20 mm UPE 270 Éclisse de 15 mm Platine de fixation

Coupe | Détails fixation loggia Plaque aluminium Équerre Éclisse UPE 220

IPE 160 Acier tubulaire Étancheité OSB 10 mm Linteau 110x240 mm

e 0.5.100.98

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3.05.9.

Stratégie économique

La démolition des hangars métalliques, se trouvant sur la zone résidentielle et appartenant à la ville est financée par elle et la maîtrise d’ouvrage des logements, à hauteur respective de 60% et 40%. Dans les mêmes proportions, les deux parties financent l’aménagement de l’espace public. L’entretien des espaces verts sera pris en charge par la ville puisqu’ils constituent des lieux publics et une petite participation financière sera demandée aux habitants pour l’entretien des jardins filtrants. Le projet tente d’activer des leviers économiques qui visent la réduction du coût de construction de l’opération. Le recours à la préfabrication des dalles des jardins d'hiver et de toute la structure bois permet un chantier sec et rapide. Le projet choisi également de faire appel en priorité aux entreprises locales quand cela est possible, en vue de diminuer les frais de transport. La piste du réemploi, au travers de la mise en œuvre du bardage en bois de palissade a su montrer le gain économique qu’une telle option peut représenter. En effet, le réemploi des planches de bois de la clôture de chantier, même si celle-ci est plus chère qu’une clôture bas de gamme, permet d’économiser plus de la moitié du prix d’un bardage neuf (cf. annexe 2).

Fourniture et pose bardage bois neuf = env. 38 000 € + achat d’une clôture standard

Fourniture d’une clôture (272 m de clôture pour couvrir les façades nord et sud du bâtiment) + pose + démontage + pose en bardage = env. 18 900 €

L'étude financière du béton recyclé, menée aujourd'hui dans le cadre de Recybéton, n'a pour l'instant pas été conclue. Ce qui est d'ores et déjà certain est que le transport à une grande importance dans l'estimation du coût de construction en béton. On sait que pour des granulats naturels, les faire venir de plus de 30 kilomètres n'est pas rentable. Dans le cadre du projet, même si le gisement sur place des gravas issus de la démolition supprime les coûts de transport, on peut avancer1 que l'économie à faire n'est pas substantielle. En effet, pour l'instant, la pénurie de granulats naturels n'est pas assez importante pour que les prix s'en ressentent. (On peut néanmoins noter que l'accès à de nouvelles carrières est de plus en plus difficile et coûteux.) Dans le cadre de cette étude économique, nous avons donc choisi d'estimer le coût de construction des éléments en béton recyclé, à partir des prix de construction en béton neuf. Enfin, le projet qui cherche à expérimenter des procédés particuliers, devrait pouvoir trouver des aides financières auprès de structures promouvant de nouvelles solutions constructives. Les agences de l'eau délivrent par exemple des subventions, souvent à hauteur de 6070% pour le financement des installations d'assainissement autonome. La perspective des économies sur le long terme a également été envisagée en vue de diminuer les factures énergétiques des habitants. Ainsi, les systèmes passifs et actifs (jardins d'hiver, échangeurs, jardins filtrants) permettent de réduire les consommations de chauffage et d’eau.

1 Selon Horacio Colina de CimBéton, industrie cimentière française regoupant : Ciments Calcia, Eqiom, Kernéos, Lafarge Ciments et Vicat. LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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L'étude économique a été menée sur le bâtiment sud qui dispose des dispositifs architecturaux les plus sophistiqués (panneaux repliables de l'enveloppe et jardins d'hiver). Le montant des travaux du bâtiment sud s’élève à 2 419 131.5 €. La répartition par lot montre qu’une part importante du prix est allouée au lot métallerie qui comprend les panneaux fixes et repliables de l'enveloppe ainsi que l'ascenseur, les escaliers et garde-corps des coursives distributives. Le deuxième lot qui revient le plus cher est celui de la structure acier des loggias et coursives. Puis vient le lot des menuiseries extérieures. Les baies coulissantes des jardins d'hiver représentent 37.5 % du coût de ce lot. Les espaces d'entre-deux constituent alors une part importante du montant des travaux pour le bâtiment sud, néanmoins ce sont des espaces qui confèrent confort et qualités d'usage aux

Montant des travaux : 2 419 131.5 €

appartements. Le coût de revient pour le bâtiment sud s'élève à 3 718 900 € TTC, ce qui correspond à un prix de 2 315.63 € / m². Une répartition des prix de vente, moyennant une marge raisonnable, entre l'accession libre et sociale permettrait de proposer des prix allant de environ 2 000 € / m² à 2 600 € / m².

Métallerie

651 389 €

Structure acier

370 675 € 351 555 €

Menuiseries extérieures Structure bois

277 124 € 186 779 €

Aménagement intérieur Gros oeuvre

144 622 € 105 465 €

Aménagement extérieur Terrassement Chauffage Electricité

89 276 € 85 480 € 83 876 €

Plomberie sanitaire

41 873 €

Installation de chantier

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31 021 €

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Conclusion -

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Conclusion

Le passé industriel du quartier Flaubert a marqué fortement son l’histoire. Aujourd’hui ses vestiges sont pour la plupart délaissés. Un premier projet d’aménagement global du quartier, abandonné en 2014, a néanmoins donné lieu à la création du parc Flaubert, inauguré au printemps 2015. Ce dernier révèle une part de l’identité du site, avec la conservation et la mise en valeur des rails de l’ancienne gare de triages. Les trains, qui autrefois rythmaient l’activité industrielle, ont laissé place aux rails qui demeurent aujourd’hui le symbole d’une dynamique révolue. Cependant quelques activités, d’un nouveau genre ont pris place sur le quartier et marchent bien. C’est notamment le cas des trois ressourceries du secteur et de la déchetterie Jacquard qui, à elle seule, attire près d’une centaine de milliers de personnes par an. Ainsi, une part significative de l’activité du site est liée à la gestion des déchets. Aujourd’hui, le quartier Flaubert, établi en tant que ZAC, fait l’objet d’une nouvelle opération d’aménagement de l’espace. La ville a fait part de sa volonté d’en faire un lieu de ressources ouvert sur la Métropole grenobloise. Elle souhaite également au travers des projets bâtis, promouvoir l’innovation constructive : sur le plan écologique, économique, sur le plan de la méthode, en associant les habitants à la réalisation du projet et enfin sur le plan social en favorisant les diversités sociales et générationnelles des habitants et usagers. De ces constats, ont émergées trois questions, constituant la problématique qui a guidé par la suite, le développement du projet de LA CO-FABRIK:

Comment faire naître un lieu de mixité et d’échanges ? Comment faire du lien entre l’aménagement récent du parc Flaubert et le reste de la ZAC ? Comment faire de la revalorisation une ligne directrice du projet ? Pour y répondre, de grandes intentions ont été établies pour guider l’évolution du projet : Tout d’abord, le projet s’est nourri de l’existant, de l’histoire du site, du « déjà là », ici envisagé comme une véritable ressource. Ainsi, la présence de la déchetterie Jacquard, sur le site étudié, a fait l’objet d’une attention particulière, tout comme l’a été le devenir des bâtiments existants du site. Le projet s’est également attaché à l’idée de redynamiser le quartier Flaubert, en vue qu’il renoue avec son essence originelle: celle d’une zone d’activités, reliée au grand territoire et vivant des échanges qu’elle entretient avec l’extérieur. L’idée de revitaliser le quartier a aussi eu son importance. Le projet a cherché à ménager des espaces capables d’accueillir une biodiversité riche, mêlant intimement les activités humaines à un contexte végétal très présent. Enfin, une volonté notable, celle de mettre l’homme au cœur du projet, a été portée au travers de l’architecture, des programmes et des scénarios envisagés qui ont favorisé les interactions humaines. L’objectif a donc été de créer des lieux et situations propices aux rencontres, au partage et à la sensibilisation à l'environnement.

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Plus concrètement le projet de LA CO-FABRIK a proposé, en premier lieu, la création d’une nouvelle déchetterie pour remplacer l’ancienne. Ce projet s’empare d’une dimension expérimentale au travers du réemploi de matériaux issus de la déconstruction. Le chantier de démolition, en devenant la source d’une partie des matériaux du projet, se convertit en un évènement à part entière. En suggérant de troquer les vieux procédés de table rase, contre une approche plus fine de l’existant, le chantier se nourrit de l’essence même du quartier pour le renouveler. L’organisation proposée intègre visiteurs et habitants du quartier, aux démarches et réflexions engagées. La nouvelle déchetterie, associée à un atelier de réparation, se veut plus performante en termes de finesse du tri des déchets. Pour ancrer la déchetterie dans une logique globale aboutie, le projet de LA CO-FABRIK a proposé la création de structures, qui par leurs activités agissent dans la même optique que celle de la déchetterie, à savoir celle d’améliorer la gestion des déchets que notre société produit. Ainsi, a été prévu la requalification du bâtiment des sheds, en un ensemble ouvert au public et accueillant des ateliers d’artistes, une brasserie et une maison du projet. Une promenade paysagée s’insère entre le bâtiment de la déchetterie et celui des ateliers d’artistes. Ainsi elle met le promeneur au cœur de ce face à face porteur de sens. D’un côté les déchets sont abandonnés par leurs propriétaires, de l’autre ils transcendent leur usage premier pour renaître de la main de l’artiste, sous un nouveau jour. La confrontation spatiale entre l’équipement public de la déchetterie, connoté plutôt négativement et l’inattendu d’une création artistique qui invite à la curiosité, débloque les esprits et ouvre un champ des possibles dans l’imaginaire de tout un chacun.

Pour asseoir un peu plus le scénario d’aménagement de la parcelle nord, le projet de LA CO-FABRIK suggère une programmation pour la parcelle sud de l’ilot. Il propose de réhabiliter les deux bâtiments présents sur la parcelle sud et d’y installer un atelier de démantèlement, un recup’center, une ressourcerie, des commerces et start-up innovants sur la thématique de la revalorisation. Cet ensemble de structures qui travaillent en synergie constitue un pôle d’innovation qui participe à redynamiser le quartier et attire des profils de travailleurs et usagers variés. Pour consolider la démarche engagée en faveur de la mixité au sein du quartier, un ensemble de logements diversifiés est créé. Le projet a fait du confort de l’habitant sa priorité. L’architecture des bâtiments et les dispositifs spatiaux mis en place, favorisent tout autant la vie collective que l’intimité de chacun. Le projet global, en s’emparant d’une programmation multiple, s’est vu confronté à la nécessité de gérer au mieux les proximités et la question des flux. Pour cela, l’ilot Jacquard a été organisé en trois secteurs : un résidentiel et deux autres pour les équipements et activités. Les secteurs bien distincts, communiquent néanmoins grâce à un traitement des espaces publics

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pensé à l’échelle de l’ilot, et envisageant le végétal comme liant de ces espaces. Nous avons alors cherché à traiter les déplacements piétons au sein de la parcelle en fluidifiant les transitions douces par un travail sur la notion du parcours. La rue Jacquard, quant à elle, qui traverse l’ilot d’est en ouest, a été pensée comme un axe structurant pour l’apport et l’export véhiculés des matières à traiter, et pour l’accès au parking des usagers.

notre analyse du site et de ses enjeux. La présence de bâtiments industriels, et des activités de la déchetterie et des ressourceries des alentours, nous a comme soufflé, la thématique de la revalorisation. Ainsi, le projet peut être appréhendé comme résultant d’un compromis fait entre les attentes de chacun et les potentiels architecturaux, sociétaux et écologiques que nous avons pu mettre en lumière, autour de la notion de la revalorisation.

Enfin, l’architecture des bâtiments et plus particulièrement le travail des enveloppes, permet la bonne cohabitation des programmes entre eux, et notamment celle de la déchetterie avec les habitations. En effet, le grand auvent qui couvre et qui confère à la déchèterie une esthétique nouvelle, plus architecturée et contenue que celle d’une déchetterie lambda, autorise une certaine proximité avec ces bâtiments voisins. Pour ce qui est de l’enveloppe des bâtiments de logements, elle a été voulue performante sur le plan énergétique, généreuse en terme d’espace à vivre et offrant la possibilité pour l’usager, de régler finement le degré d’ouverture des loggias sur l’extérieur. Le bilan économique a montré que cette double peau représente une part importante du coût de construction. Avec plus de temps, nous aurions aimé explorer ce sujet encore plus en profondeur et réfléchir à comment elle aurait pu être optimisée davantage.

Pour finir, il est vrai que la piste du réemploi en architecture, explorée dans le cadre de ce projet de fin d’études, comme une façon d’aborder la grande thématique de la revalorisation, mériterait de plus amples recherches pour juger de sa faisabilité. C’est d’ailleurs pour cela que le projet marque la nécessité, pour valider les hypothèses de réemploi, d’effectuer un chantier de démolition bien singulier. En effet, la pratique du réemploi exige, une révision des méthodes de travail sur chantier de démolition qui permette, par l'expérimentation in-situ des matériaux récupérés, d’alimenter le travail de conception du projet qui doit lui, s'adapter à la complexité au cas par cas. Néanmoins, nous croyons que cette pratique, parce qu’elle représente une opportunité de réinventer le processus de renouvellement de la ville et qu’elle permet de réduire l’impact environnemental de la construction, mérite aujourd’hui sa place au sein du secteur du bâtiment.

Le site étudié, puisqu’il s’intègre au contexte plus général de l’aménagement de la ZAC Flaubert et qu’il héberge la déchetterie Jacquard, concerne plusieurs acteurs. Il nous a amené à prendre en considération les aspirations multiples de la ville, de la Métro, des habitants et des acteurs de l’activité économique en place, pour le futur du quartier et du site étudié en particulier. Nous avons mené des entretiens avec chacune des parties qui nous ont permis d’approfondir LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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Conclusions personnelles -

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BONNET Emilie

A l'issue de cette dernière année de master, je me rend compte du chemin que j'ai parcouru mais aussi de tous les choix, rencontres et expériences qui ont fait la personne que je suis devenue aujourd'hui. Je suis arrivée en première année à l'école d'architecture de Grenoble après une formation en arts appliqués. Les enseignements que j'ai reçu m'ont amené à travailler en faveur d'une architecture qui a du sens, qui est attentive au contexte, aux cultures locales, aux temporalités mais aussi respectueuse des individus. Petit à petit, j'ai pu développer une approche sensible au service de l'architecture. Cependant, à la fin de mes trois années de licence, il me semblait essentiel d'approfondir mes connaissances par un apprentissage des matériaux et de leurs mises en oeuvre que je n'avais pas encore. J'ai alors choisi d'intégrer le master Architecture et Cultures Constructives, d'une part, pour son approche autour de la réalité constructive, et d'autre part, pour son coté professionnalisant. J'y ai reçu l'enseignement plus technique qu'il me manquait, notamment à travers des expérimentations collectives sur le bois, l'acier, la pierre et la terre menées aux Grands Ateliers de l'Isle d'Abeau en première année de master. Le travail du PFE réalisé cette année constitue l'aboutissement de mes cinq années d'études à l'ENSAG. Il m'a permis d'assimiler les exigences du métier d'architecte, notamment au travers du workshop énergie, économie et acoustique mené en janvier, et de mieux me projeter dans ma future pratique professionnelle.

Pour notre projet de fin d'études, Estelle, Julien et moi avons choisi de travailler ensemble sur la ZAC Flaubert à Grenoble. Cela était l'occasion pour nous d'agir sur un morceau de territoire que l'on habite avec des enjeux qui nous impacte directement. De plus, le fait de nous emparer d'un projet en cours d'élaboration était l'opportunité d'ancrer notre travail dans une dimension plus concrète. Ainsi, dans cette optique, nous avons rencontré et discuté avec divers acteurs de la ville de Grenoble, de la Métro, mais aussi différents professionnels. Nos échanges ont été vraiment intéressants et enrichissants puisqu'ils ont permis de nourrir les réflexions de chacun. Je retiens un souvenir positif des personnes rencontrées car elles se sont montrées très disponibles pour répondre à nos questions. Le travail en groupe m'a permis d'aller dans des directions que je n'aurais pas forcément prises seule. En ce sens, je trouve que travailler à plusieurs est vraiment bénéfique tant sur la conception de projet que sur le plan humain. Chacune de nos expériences, visions et approches de l'architecture ont participé à élever le projet et à l'emmener loin. Cela nous a tout de même demandé de la patience et de l'écoute entre nous mais je retire de ce travail une expérience stimulante et riche en partage. Le cadre du master A&CC nous a permis d'être complètement libre et autonome dans l'élaboration du projet. Ainsi, à partir de l'analyse détaillée du site d'étude, nous avons développé notre propre logique de conception.

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Avec du recul, je me rends compte de l'ampleur de la tâche que l'on s'est donné dès le départ. En effet, nous nous sommes attaqués à un vaste site d'étude ainsi qu'une programmation conséquente et ambitieuse, qui intègre les enjeux multiples de la ville, de l'aménageur et des habitants, afin de proposer un projet cohérent qui fonctionne à plusieurs échelles. Nous pouvons toujours aller plus loin dans un projet, il n'est jamais vraiment fini. En ce sens, il y a certains éléments que l'on aurait aimé travailler plus encore. Le thème du réemploi, de la revalorisation et de la bonne gestion des ressources que le projet aborde, complète parfaitement mes préoccupation éthiques et architecturales. En effet, en première année de master, j'ai commencé à m'intéresser dans mon mémoire à la réhabilitation comme moyen de pallier à la démolition. Aujourd'hui, je me dit que s'il doit y avoir une démolition, autant que celle-ci serve. Elle peut être un moyen de faire des déchets de la construction des matériaux de réemploi. Même si je suis consciente d'avoir encore à apprendre sur ces thèmes, j'ai le sentiment que les enjeux de l'architecture de demain se trouvent dans un nouveau rapport à l'architecture comme ceux-là. Ces dernières années d'études m'ont permis de déterminer ce qui m'attire et m'anime en architecture. Ainsi, petit à petit, j'entrevois mieux quel architecte je veux être demain. Pour l'année prochaine, j'envisage la recherche d'une mise en situation professionnelle menant au diplôme HMONP dans une agence avec laquelle je partagerai des convictions. LA CO-FABRIK - BONNET Emilie, DREVET Estelle, FAURE Julien Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2016

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DREVET Estelle

En début d’année, lorsque nous avons eu à choisir notre site d’étude, c’est tout naturellement que je me suis destinée à travailler sur la ZAC Flaubert. En effet, habitant à Grenoble depuis trois ans je me sens concernée par le renouvellement urbain de la ville. Et comme je m'interesse également à la question du bien-être en milieu urbain, ce choix a donc été pour moi évident. La thématique du réemploi, qui nous a été comme soufflée par la présence de la déchetterie Jacquard et des trois ressourceries du quartier a été pour moi une réelle découverte. J’ai pris beaucoup de plaisir à m’informer sur les dynamiques et réalisations architecturales du réemploi à travers le monde. Je trouve que cette piste, bien qu’aujourd’hui très marginale et difficile à mettre en place, mérite tout de même d’être expérimentée. Je pense que je vais continuer à m’y intéresser de près et j’aimerais, si des occasions se présentent, participer à des chantiers expérimentaux, comme ceux organisés par l’association Bellastock. Ce serait pour moi, l’occasion d’acquérir des compétences sur les spécificités que cette pratique induit, tant sur le plan organisationnel que sur le plan structurel et par conséquent d’avoir une opinion plus avisée sur le potentiel de cette pratique pour le secteur de la construction. Ce projet de fin d’études a confirmé mon goût pour le terrain. J’ai aimé aller à la rencontre des acteurs du renouvellement urbain et de ceux qui habitent et font vivre le site. Je trouve l’approche humaine fondamentale pour arriver à une compréhension fine des

divers enjeux, indispensable à la conception d’un projet qu’on souhaite le plus pertinent. J’ai trouvé bénéfique de mener ce projet à trois. La conception d’un projet à plusieurs a le mérite de nous apprendre à exposer clairement nos propres idées, à être à l’écoute de celles des autres et à trouver les bons compromis dans un consensus général. L’expérience du travail de groupe n’a pas toujours été simple au cours de l’année et a nécessité des temps d’échanges pour mieux nous comprendre et gérer nos sensibilités respectives, à la suite desquels nous avons pu repartir d’un bon pied pour continuer dans une meilleure dynamique. De toutes manières, je crois fort en la richesse du travail collaboratif qui a le charme d’aboutir en un projet empreint d’un peu des visions, cultures et compétences de chacun de nous. Ayant été diplômée ingénieur généraliste en 2013, les workshops économie, énergie et acoustique ont été pour moi l’occasion de revoir des notions que j’avais déjà abordées dans mon cursus précédent. Envisager ces notions au regard du projet et donc les traiter de façon plus concrète m’a permis de consolider mes connaissances. Cette approche me permet d’entrevoir comment mettre à profit en tant que future architecte, ces connaissances de base sur les autres champs disciplinaires qui interviennent sur le projet. En effet, il me semble que l’architecte doit pouvoir comprendre l’ensemble des enjeux gravitant autour du projet, qu’ils soient économiques, techniques, sociétaux, environnementaux ou culturels. Et c’est justement à mes yeux, le

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travail de synthèse des ces différents enjeux et sa concrétisation architecturale qui rend le métier d’architecte passionnant. Au cours de cette année, nous avons pu approcher cette complexité, en essayant de trouver un juste compromis entre les choix architecturaux que nous faisions et leur retombées sur différents plans. Le travail de programmation et celui plus prospectif encore sur la dimension du réemploi nous ont demandé beaucoup d'investissement et de temps. Bien que satisfaite de l’avancée de notre projet en cette fin d’année, j’aurais aimé avoir le temps de pousser plus loin le travail sur certains détails du projet. Pour l’année prochaine, j’envisage de travailler au sein d’une agence d’architecture. Grande ou petite, ce qui m’importe est d’apprendre sur des thématiques qui me sont chères, parmis lesquelles comptent la conception bioclimatique, la réhabilitation, la construction bois et terre-paille ou si possible la pratique du réemploi.

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FAURE Julien

À l’issue de mon baccalauréat professionnel de dessinateur, assistant en architecture. J’ai fait le choix de poursuivre mes études en école d’architecture. Aujourd’hui, le projet de fin d’études vient clore ces cinq années d’études passées dans plusieurs écoles : deux premières années de licence à Clermont-Ferrand, suivies d’un transfert en licence 3 à Grenoble, pour enfin, terminer sur le master Architecture et Cultures Constructives. Au cours de mon apprentissage à ClermontFerrand, c’est en suivant l’enseignement de Boris Bouchet (architecte) en deuxième année de licence qu’est progressivement né mon intérêt pour l’identité des matériaux et de la matière : leur provenance, par qui sont-ils fabriqués, comment sont-ils fabriqués, est-ce local, suscite-il/t-elle un intérêt culturel, comment se fait leur mise en oeuvre… tout une succession de questions qui permettent de conférer une dimension poétique et identitaire à un projet d’architecture. La première année au sein du master Architecture et Cultures constructives, a été l’occasion d’aborder de manière plus concrète l’approche des matériaux et de leur mise en oeuvre, lors de la réalisation des prototypes à grande échelle aux grands ateliers de L’Isle-d’Abeau. C’est aussi lors des esquisses et de leurs présentations, qu’étaient soulevées d’autres questions telles que la limitation des transports pour réduire les gaz à effet de serre, l’énergie grise, la préfabrication, les chantiers secs et bien d’autres encore. Mais ces projets ont également été l’occasion de travailler sur la question de l’habitat, de leur confort

et leur optimisation pour offrir aux usagers la place qu’ils méritent, c’est-à-dire au coeur du projet. Le projet de fin d’études « la Co-Fabrik » se présente comme l’achèvement de 9 mois d’un travail mené à trois. Cette année m’a permis de mettre à profil les connaissances et compétences acquises au cours de ces cinq années, afin de concevoir un projet d’architecture hyper contextualisé et frugal en matériaux et énergie. J’ai souhaité travailler sur le secteur de la ZAC Flaubert à Grenoble pour la problématique qu’il présente : un entredeux. Il témoigne parfaitement du besoin soudain et précoce de logements de l’époque, qui ont occasionné un étalement urbain sur le secteur sud, conférant à une certaine partie du secteur Flaubert, une zone peu attractive. Il était donc intéressant pour une pratique future, de travailler sur ces problématiques. Trouver une ligne directrice et une argumentation cohérente à toutes les échelles de travail (architecturale et urbaine) a été l’une des principales difficultés rencontrées. La présence de la déchetterie Jacquard sur le site a soulevé de nombreuses questions auprès de la ville, quant à la présence de cet édifice. À l’issue de nos analyses, l’îlot Jacquard s’est rapidement révélé comme source de potentiels à exploiter afin de régénérer ce secteur, axé sur la question de la revalorisation et du remploi. Lors la présentation du site par le directeur de la société publique locale

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d’aménagement SAGES, monsieur Pierre Kermen, nous a fait part de sa vision pour l’aménagement de ce futur éco-quartier. La volonté de ne pas refaire une ZAC « lambda », ainsi que la volonté de préserver l’identité du lieu. On peut alors se poser la question du « faire avec ce qui est déjà là », ceci dans un double intérêt : maintenir l’identité du lieu et profiter des bâtiments existants pour limiter les déchets, l’énergie grise et les gaz à effet de serre engendrés par une éventuelle démolition. Il est alors question d’interroger avec intelligence le bâtiment, son emplacement, ses expositions et son contexte pour en dégager le plus possible de ressources naturelles pouvant être exploitées pour contribuer au confort de ce dernier. Ce sont les pistes que nous avons explorées dans le cadre de la requalification du bâtiment des sheds, où il était question de préserver au maximum l’identité du bâtiment, tout en laissant apparentes les traces d’usures sur les murs ainsi que la charpente. De ce fait, nous avons alors profité de l’exposition plein sud d’une des façades du bâtiment, pour proposer sa démolition et son remplacement par une façade rideau totalement réalisée en polycarbonate. Le but recherché est que cette façade provoque un effet de serre en hiver et contribue au réchauffement du bâtiment. cette façade serait en revanche totalement ouverte en été pour créer une ventilation naturelle traversante sur l’ensemble du bâtiment. Pour autant, le projet des sheds tout comme celui de la déchetterie, sont des projets restés à l’état « esquisse ». Il ne faut donc pas perdre de vue que ces derniers

ne sont pas aussi poussés dans la réflexion que ceux des logements. Cependant, ils nous ont permis d’explorer durant notre PFE, d’autres approches de l’architecture. Je pense notamment au projet de la déchetterie où nous avons porté un très grand intérêt à la question du réemploi. Qui soulignons-le, reste une pratique considérée comme marginale dans le monde de l’architecture en France. Il s’agit pourtant d’une ressource de matériaux et de matières premières extrêmement intéressante. Le projet de la nouvelle déchetterie que nous avons mis en place en est un parfait témoin. Nous gardons toutefois bien à l’esprit qu’une pareille opération exige une étude de faisabilité pour vérifier l’efficacité du matériau. Dans notre cas, celles des fermes métalliques réemployées. Nous avons d’ailleurs pu en discuter lors d’un entretien téléphonique avec monsieur Osswald Michaël (cofondateur de l’agence G.Studio). Ce dernier nous expliqués que l’intérêt économique qui pouvait se cacher derrière une telle démarche, était souvent remise en question à cause des entreprises qui prétendent ne pas savoir faire. N’étant pas quelque chose de courant, ces dernières vont alors chiffrer davantage la mise en oeuvre. Il n’y a alors plus de réel intérêt économique. Mais c’est surtout sur le projet des logements que nous nous sommes le plus posés de questions. Le recours au béton recyclé nous a immédiatement fait nous poser la question des nuisances engendrées par ce système : poussières et bruits. Le recours à la préfabrication en ossature bois nous permet de compenser la gène

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occasionnée par le concassage des gravats. Elle permet aussi la réalisation d’un chantier sec et donc minimiser les nuisances. Enfin, avoir recours à la préfabrication permet une diminution du temps de chantier. Nous avons favorisé les filières courtes et les entreprises locales, afin de réduire le temps de transport, mais aussi pour soutenir l’économie locale. À mon sens, il est important pour un architecte de prêter un regard attentif aux matériaux employés, car cela a de réelles implications sur l’environnement et les industries locales. C’est d’ailleurs le problème auquel nous avons été confrontés avec le lot métallerie dans le projet. L’acier présente de nombreux intérêts dans l’architecture, mais il est aussi un matériau source d’énergie grise et qui plus est, dans notre cas, la matière première n’est pas locale. Démarcher auprès d’entreprises pour échanger et établir des chiffrages le plus précis possible, nous a permis de nous inscrire dans une démarche plus complète et plus concrète. En effet, lors de nos échanges, les entreprises ne manquaient pas de nous faire part de leurs points de vue sur ce que nous proposions. Par exemple dans le cadre des murs préfabriqués à ossature bois, il était au départ prévu de préfabriquer une façade complète par logements. C’est à dire, des éléments pouvant atteindre 9 à 13 mètres de long. Selon Monsieur Bourgeat Arnaud, de l’entreprise CBDM située à Goncelin, il serait préférable d’envisager des panneaux dont les dimensions seraient comprises entre 4 et 5 mètres, dans le but de faciliter leur manipulation et mise en oeuvre sur le chantier. De pouvoir profiter de leurs conseils a été

extrêmement enrichissant, aussi bien sur le plan personnel que professionnel, car cela nous permet d’anticiper la question sur le prochain projet que nous traiterons. En somme, le projet de fin d’études représente une importante expérience sur le plan personnel. Il est le résultat d’un travail collaboratif avec mes deux consoeurs et c’est en cela que j’ai trouvé cette expérience très enrichissante. Tout d’abord, il permet de confronter nos idées notre vision avec celles des autres. De cette façon, cela rend le projet d’architecture beaucoup plus riche. D’autre part, travailler à plusieurs sur un projet est certainement ce qui se rapproche le plus de la pratique professionnelle. Lors de la première année de master, je n’avais pour ma part jamais travaillé avec Émilie et Estelle. Le choix de cette association s’est en partie mis en place lors de la restitution de nos mémoires à l’issue de notre première année en master. Même si notre travail a parfois été sujet d’interminables débats, que nos caractères, nos différents ou encore quand le stress s’imposaient, nous avons toujours su faire face. C’est sans aucun doute nos regards et notre engouement pour l’architecture qui a fait toute la solidité de notre équipe. La répartition des tâches s’est faite en fonction des compétences et d’intérêts de chacun, mais les décisions ont toujours été prises ensemble. Quand bien même, nous restons tous les trois conscients que nous aurions pu améliorer davantage notre projet si nous avions réagi plus tôt sur certains aspects. Mais c’est aussi en cela que se trouve la richesse d’un projet d’architecture : la remise en question.

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Nous avons abordé tout au long de cette année les différentes savoirs qui entourent notre métier tel que ceux de l’économie de la construction, la thermique, l’acoustique, et caetera. Cela nous a permis d’avoir une approche des plus complètes qui nous a permis, à mon sens, de nous préparer au mieux à dialoguer avec les différents acteurs qui participent à l’élaboration d’un projet et avec qui nous serons amenés à collaborer au cours de notre vie professionnelle. Mon ambition de pouvoir un jour exercer en mon nom, de mettre à profil mes connaissances, mes expériences et m’engager pleinement en tant qu’architecte, me motive à entreprendre l’année prochaine, mon année d’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre.



Références architecturales -

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R2K / Résidence Les Tournesols, île Verte - Grenoble - France

Bruno Rollet / Résidence Candide - Vitry-sur-Seine France

Édouard François / Résidence Coming out - Grenoble France

LAN architectes / Résidence Pajol à Paris - France

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Hérault & Arnod / 24 logements - île Verte à Grenoble - France

CO-AP architectes / Camperdown Childcare, Camperdown - Australie

Andrea Oliva Architecte / Technopole for Industrial Research Shed #19 Cadelbosco di Sopra - Italie

Stanton Williams et Weedon Partnership / Western Transit shed - King’s Cross à Londres Angleterre

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Less is more architectes / Karting de Nantes - Module « NOW ». Nantes - France

Raffaello Rosselli / Tinshed house. Sydney – AUSTRALIE 2012

Niclas Dunnebacke / La Passerelle. Logements temporaires – Saint Denis – France - 2013

G. Studio / G100 – Greenobyl 002. Habitat participatif – Strasbourg – France – 2014

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Bibliographie -

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Bibliographie

Ouvrage :

http://www.grenoble.fr/448-politique-logement.htm, consulté en avril 2016

Julien Chopin & Nicola Delon, Matière Grise. Materiaux / Réemploi / Architecture, Pavillon de l'arsenal, 2014. Jean-Marc Huygen, La Poubelle et l’Architecte. Vers le réemploi des matériaux, Arles, Acte Sud, 2008.

Site internet : Grenoble Alpes Métropole, portail de la Métro : http://www.lametro.fr/ Site officiel de la ville de Grenoble : http://www.grenoble.fr/ http://www.lametro.fr/431-plan-climatgrenoble.htm, consulté en avril 2016 http://www.grenoble.fr/302-flaubert-unquartier-au-centre-de-grenoble.htm, consulté en avril 2016 http://unevillepourtous.fr/2014/12/12/unnouveau-plu-pour-un-nouvel-urbanisme/, consulté en avril 2016 https://sig.ville.gouv.fr/Territoire/38185/onglet/DonneesLocales

http://infos.grenoble.fr/concertationplu/07_elements_diag/12_Fiche_nature_en_ville.pdf, consulté en avril 2016 http://www.observatoire-lorraine.fr/publications/palmares-des-villes-les-plus-vertesde-france-edition-2014, consulté en avril 2016 http://www.pss-archi.eu/immeubles/FR38185-34778.html, consulté en avril 2016 http://www.vivreagrenoble.fr/vivre-a-flaubert17, consulté en avril 2016 http://www.ruralstudio.org/projects/lucycarpet-house, consulté le 24/04/2016 http://www.domusweb.it/en/architecture/2013/10/03/kaap_skil_maritime_and_ beachcombers_museum.html, consulté le 24/04/2016 http://opalis.be/fr/revendeurs, consulté le 26/04/2016 http://www.veitshoechheim-blog.de/ article-eine-gelungene-premiere-1-veitshochheimer-repair-cafe-kam-sehr-gutan-123518349.html

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Documents : Guide de la qualité environnementale dans l’architecture et l’urbanisme, avril 2008. Etude d'impact de la ZAC Flaubert, février 2012. Flaubert quésaco ? L'innovation constructive au service de la Ville de demain. Une ville pour tous, écrit par la société SAGES. Rapport annuel Déchets Urbains 2014 de Grenoble – Alpes Métropole. Guide pratique - Réemploi Réutilisation des matériaux de construction, Université de Liège – CIFFUL, 2013.

Mémoire de PFE : SERGENT Caroline, 3R LAB, mémoire de PFE, ENSAG, 2015 ALDOMA Maëva, SHEICK Mehtab Poubelle la vie, mémoire de PFE, ENSAG, 2010

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Annexes -

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161


Annexe 1. Logements

A

Annexe 1.1. Plan RDC

1

2

3

4

5

6

7

8

1

2

3

4

5

6

7

8

R

R

R

R

1 2 3 4 5 6 7 8

R

R

1 2 3 4

23

5

22

1

6

21

2

7

20

3

8

19

4

9

15

18

5

10

14

17

6

11

13

16

7

12

15

ML

11

14

ML

ML

ML

10

13

8

12

9

SE

SE

SE

R

R

2

1

4

3

6

5

23

7

22

8

9

2

5

4

1 21

18

20

17

15

16

14

11

10

15

12

3

7

6

14

11

8

19

13

10

12

13

9

R

R

R

R

N

A

R

0

1

2

5

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162


Annexe 1.2. Plan R+1

RR

R R

RR

11 22 33 44 15 15

55

14 14

66

13 13

77

12 12 11 11 10 10 88

99

RR

RR

33

22

11

55

44

15 15

77

14 14

66

13 13

12 12

10 10

11 11

99

RR

88

RR

RR

RR

RR

N 0

1

2

5

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10

Annexe 1.3. Plan R+2

9

R

7

8

11 12

6

13 14

5

15 4

16 3 2

8

7

R

R

1

10

9

6 5

11

4 3

12

2

13

1

14 15

R

16

1 2 3 4 15

1 5

14 13 12

2 6

3 7 4

13 9 14 10 15 11

5 6 7 8

12 11 10 8

9

R

R

R

R

R

2

1

3

5

4

1

7

3

2

13

6

5

4

12

15

15

11

14

7

10

13

6

9

12

10

11

9

8

8

14

R

R

R

R

R

R

R

R

R

N 0

1

2

5

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Annexe 1.4. Plan R+3

R

9

10

R

7

8

11 12

6

13 14

R

5

15 4

16 3 2 1

R

R

1 2 3 4 15

1 5

14 13 12

2 6

3 7 4

13 9 14 10 15 11

5 6 7 8

12 11 10

R

8

9

R

R

R

R

2

1

3

5

4

1

7

3

2

13

6

5

4

12

15

15

11

14

7

10

13

6

9

12

10

11

9

8

8

14

R

R

R

R

R

R

R

R

R

N 0

1

2

5

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Annexe 1.5. Plan R+4

R

R

R

R

R

R

1 2 3 4 15

1 5

14 13 12

2 6

3 7 4

13 9 14 10 15 11

5 6 7 8

12 11 10 8

9

R

16

1

15

2

14

3

13

4

12

5

9

8

7 7

10

9

6

8

10

11

11

6

12

5

13

4

14

3

15

2

16

1

R

16

1

15

2

5 6

2

1

3

5

4

1

7

3

2

6

5

4

13

15

12

15

14

11

14

7

10

13

6

9

12

10

11

9

8

8

7

4

11

9

3

12

8

14 13

10

R

R

R

R

R

N 0

1

2

5

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10

Annexe 1.6. Plan R+5

9

R

7

8

11 12

6

13 14

5

15 4

16 3 2

8

7

R

R

1

10

9

6 5

11

4 3

12

2

13

1

14 15

R

16

1 2 3 4 15

1 5

14 13 12

2 6

3 7 4

13 9 14 10 15 11

5 6 7 8

12 11 10 8

9

R

R

2

3

4

6

7

1

1

3

2

5

5

4

15

14

12

13

14

7

11 13

6

9

10 12

10

11

9

8

8

15

R

R

R

R

R

N 0

1

2

5

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Annexe 1.7. Plan R+5

R

9

10

R

7

8

11 12

6

13 14

R

5

15 4

16 3 2 1

R

R

1 2 3 4 15

1 5

14 13 12

2 6

3 7 4

13 9 14 10 15 11

5 6 7 8

12 11 10 8

9

R

R

3

2

1

5

4

15

7

14

6

13

12

10

11

9

R

8

R

R

R

R

N 0

1

2

5

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Annexe 1.8. Plan toitures

R

R

R

1 2 3 4 15

1 5

14 13 12

2 6

3 7 4

13 9 14 10 15 11

5 6 7 8

12 11 10 8

9

R

R

2

1

3

5

4

1

6

3

2

7 5

4

15

13 15

7

11

12 14

6

9

10

13

12

10

11

9

8

8

14

R

R

R

R

R

N 0

1

2

5

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Annexe 1.9. T3 simplex (bâtiment sud)

15

1

14

2

13

3

12

4

11

5

10

6 7

4

3

2

1 15

6

14

5

13

11

12

10

7 9

8

9 3

2

1

6

5

15

4

14

7

13

12

10

11

9

8

8

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R

R

0

1

2

5

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170


10

9

8

7

10

9

8

7

Annexe 1.10. T4 duplex (bâtiment est) 3

15

2 7

4

14

8

5

13

9

6

12

10

11

7

8

9

1

10

16

15

6

12

5

13

4

14

3

15

2

16

1

1 2

14

3

13

4

12

5

11

6

10

7

9 4

3

2

1 15

6

14

5

13

11

12

10

7 9

8

11

3

2

1

6

5

4

7

15

12

14

11

13

10

9

8

8

10

9

8

7

10

9

8

7

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4

14

3

15

2 7

R

5

13

8

12

9

6

10

11

1

7

8

9

10

16

6

12

5

13

4

14

3

15

2

16

1

1

2

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5

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0

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R

11

171



Annexe 2. Etude économique LOGEMENTS COLLECTIFS

TYPE DE PROJET : SURFACE DU PROJET : Surface Hors Œuvre Nette (m²)

RDC

R+1

R+2

R+3

376

410

410

410

Surface des annexes (m²)

38

0

0

Toiture Terrasse

0

Surface totale de plancher (SHON) :

1606

SHOB :

2058

Surface de la parcelle :

1324

Quantité

Unité

Prix unitaire (€)

TERRASSEMENT

Montant (€)

89 275,76 €

Hérisson ou réglage fin 0/31,5 Démolition d'enrobé bitumeux Arrachage d'arbre Rétention des EP (bassin enherbé) Voiries et réseaux :

414

Réseau EDF/GDF/FT/AEP (depuis la limite de propriété) Réseau EP/EU (autour du bâtiment)

1059,2 1324 3 35

mᶟ m² u mᶟ

45 18,74 100 150

47664 24811,76 300 6750

50 50

ml ml

150 45

7500 2250

272 7 0,2 210 210 1 1 1

ml ms u j j u ms u

53,72 300 800 7 8 6000 3000 2000

INSTALLATION DE CHANTIER

GROS ŒUVRE

mur et fosse radier prise en charge du bât étudié

mᶟ m² m² m² m²

250 35 25 27 110

19450 15120 8062,5 23328 44297

183,2 7

m² m²

120 70

21984 490

43,6 154,92 130,44 74,6

m² m² m² m²

75 40 10 15

3270 6196,8 1304,4 1119

Isolant métisse en rouleau (toiture) Bardage bois neuf Démontage de la cloture de chantier Pose bardage

Epaisseur (mm) 120 100 120

1266,33 864 323,4

m² m² m²

88 96 92

111437,04 82944 29752,8

608,15 608,15

m² m²

17,4 14,45

8787,7675 10581,81

973,59 176,94 23 90

m² m² h h

17,4 70 38 38

16940,466 12385,8 874 3420

Persiennes (façade nord) Baies coulissantes pivotantes SF35 (DV)

145 x 27

devis de Rector

90 13 110 430 70,08

ml ml ml m² m²

45 28 30 85 65

4050 364 3300 36550 4555,2

669,85 179,64 8

m² m² h

17,89 10 38

11983,6165 1796,4 304

54 27 331,59 331,59

u m² m²

132,48 38 48,68 55

7153,92 1026 16141,8012 18237,45

97,44 60,48 9,9 63 31,68 30

m² m² m² m² m² u

650 750 750 750 1300 500

207,5 417,1

ml ml

370 240

76775 100104

1 6

u u

12000 3000

12000 18000

486 286,8 70

m² m² h

200 1200 45

97200 344160 3150

351 555,00 € 3 vantaux coulissants OF 1 vantail type 1 OF 1 vantail type 2 OF 2 vantaux Porte bois devis de Sunflex

METALLERIE Escalier métallique avec garde-corps Garde-corps métallique Ascenseur :

Enveloppe : Structure & panneaux fixes Structure & panneaux repliables Coût de main d'œuvre pose panneaux

63336 45360 7425 47250 41184 15000 132000

651 389,00 €

Cabine 600kg Portes et équipements devis de Renson devis de Renson

AMENAGEMENT INTERIEUR Doublage sur mur périphérique Cloison Cloison Cloison démontable Faience Revêtement de sol souple type marmoléum Carrelage terre cuite Faux-plafond Porte distribution

Surface zone résidentielle

1090 3873 3261 1865

105 462,39 €

MENUISERIES EXTERIEURES Bois (3 plis)

1500

277 123,68 € devis de CBDM devis de CBDM devis de CBDM

AMENAGEMENT EXTERIEUR

Loggias : Dalle béton armé préfabriqué 2,4 x 2,4 Pose des dalles en loggia Chape béton Carrelage terre cuite

3

370675

Toiture Terrasse : Noue de récupération des eaux pluviales Descente des eaux pluviales Accessoires de finitions (couvertine, bavette…) Complexe isolant/chape/platelage Traitement des tôles récupérées + pose Coursives : Platelage bois (coursive & seuil d'entrée) classe 3 Couverture coursive polycarbonate Pose couverture polycarbonate

0,5

Dépense suppl.(€)

370 675,00 € devis de Aldoriv

STRUCTURE BOIS

Isolant métisse en rouleau (plancher)

70

Nombre (u)

14611,84 2100 160 1470 1680 6000 3000 2000

77,8 432 322,5 864 402,7

STRUCTURE ACIER

Mur ossature bois préfabriqué isolé Plancher intermédiaire préfabriqué Plancher toiture préfabriqué

0,8

144 621,70 €

MACONNERIE Fondations superficielles Isolation sous dalle Isolation en périphérie Dallage Mur en béton Cage d'escalier :

Structure coursive + enveloppe :

1324 1324

31 021,84 €

Clôture de chantier (palissade bois) Benne de chantier Panneau de chantier Bungalow de chantier WC de chantier (vestiaires, bureaux, ect…) Grue fixe (frais de transport, d'installation et de contrôle) Fonctionnement mensuel Centrale à béton

DEMOLITION Dépose et désamiantage de couverture Dépose de charpente Dépose du bardage métallique Démolition des murs en agglo

Surface (m²) Longueur / Epaisseur (m)

Largeur (m)

2,9 1,4 0,55 1,4 1,1

Nombre de marches

83

Hauteur (m)

2,4 2,4 1,5 1,5 2,4

Surface (m²) 6,96 3,36 0,825 2,1 2,64

Quantité (u)

14 18 12 30 12

Largeur escalier

2,5

186 778,57 € Epaisseur (mm) 13+50mm 70

100 50

523,07 634,27 67,38 54 44,4 651 1027,32 886,62 54

m² m² m² m² m² m² m² m² u

33,8 46,45 67,64 33,31 25 30 55 42 350

17679,766 29461,8415 4557,5832 1798,74 1110 19530 56502,6 37238,04 18900

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173


PLOMBERIE SANITAIRE

41 872,92 €

SALLE DE BAIN : Lavabo 60cm sur colonne Baignoire grand confort Vidage à câble clapet inox Mitigeur mécanique mural WC porcelaine équipé Mitigeur monocommande tête céramique + vidage

60 x 45 180 x 80

CUISINE : Evier inox 2 cuves + égoutoire Mitigeur monotrou Meuble sous évier

     

u u u u u u

284,83 1045,06 63,67 289,13 720,82 312,32

     

  

u u u

232,43 297,01 244,14

  

CHAUFFAGE

85 480,00 €

Pour une température à 22°C

0,05

Pompe à chaleur air/eau pour prod. ECS Echageur CC pour prod. ECS Plancher chauffant avec isolant VMC SF avec récupération de chaleur

(non renseigné)



m

   

u u m² m²

10000 60 25

ELECTRICITE

   

Surface (m²)

 

Hauteur (m)

 

Puissance (kW)



83 875,64 €

Décomposition installation éléctrique selon la norme NF C15-100 COURANT FORT Tableau électrique (TGBT) Mise à la terre Liaisons équipotentielles Prises 16A Prises 20A Prises 32A Interrupteur simple allumage Interrupteur va et vient Détecteur de présence Luminaires Eclairage de secours (BAES 60 lumens)

          

u u u u u u u u u u u

200 600 400 65 72 120 45 70 105 90 180

          



u

90



720 135 90 45 9 270 30,72

      

COURANT FAIBLE Système sécurité incendie : Détecteur automatique de fumée Téléphonie

      

Tableau de réseau intérieur Fourreau pour réseau intérieur Fourreau alimentation Informatique RJ 45 Câble 4 paires cat 6 Terre informatique Prise télévision

ml

MONTANTS DES TRAVAUX

2 419 131,50 €

FRAIS ANNEXES TECHNIQUES

292 714,91 €

Maîtrise d'œuvre :

% Architecte BET Structure béton Economiste BET Acoustique BET Fluides OPC

     

     

FRAIS ANNEXES ADMINISTRATIFS Contrôle SPS Contrôle technique Achat terrain Frais notaire sur terrain TLE

387 236,52 €  

% %

  

m² % VF

  210

  

MONTANT TOTAL INVESTISSEMENT Travaux Maîtrise d'œuvre Foncier

2 419 131,50 € 292 714,91 € 387 236,52 €

TOTAL TVA 20% TOTAL TTC

  

Prix / m² SHON

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

174




Annexe 3. Etude énergétique

saisie obligatoire N affichages principaux 0,2 affichages secondaires 39 échelle faible climat kilo degrés heures DH apports solaires zone ventée

moy

bon

Nord Centre Sud C 52 kDH 24,2 kWh/m²SdP Oui Non N

murs

toitures 1 2 300

1 2 1 235 300 surfaces de parois (m²) 403,4 surface de façade (murs + baies) 872 m² surface de plancher SdP 870,1 m² hauteur sous plafond HSP 2,5 m nombre de niveaux 3 Logement Bureaux Scolaire type de bâtiment L nombre de logements 12 sans objet hors typologie logement Maçonnée à Ossature typologie de façade O Moyenne à Forte Faible à très faible inertie M ICOMP

IND

24%

IOUV

murs 1 2 0,13 0,1

U parois W/m².K delta UBAT (ponts thermiques) 0,05 W/m².K déperditions surfaciques parois déperditions totales d'enveloppe

W/K

52,442

2

COL

1,7

IOUV

sols

23,5

toitures 1 2 0,09 27

0

sols VS TP 0,15

28,6

1,9 3,1

1,3 2,7

20%

23%

fenêtres portes Uw 1,5 1,5 42,9

COL RT2012

0,75 0,6

0,5 0,5

IND RT2012

0,9 0,8

0,7 0,6

0

W/K

0,66

W/m².K

passif

orientation des baies % de baie par orientation facteur d'ensoleillement FEH d'hiver facteur d'ensoleillement FEE d'été facteur solaire FS des protections mobiles

205

307,5

45

passif

IISOL

fenêtres portes

rentrer l'orientation par abrévation: S, SO, O, NO, N, NE,, E, SE, HOR rentrer les orientations dans le sens des aiguilles d'une d'une montre montre S O N E 68% 3% 26% 3% 0,75 0,85 1 0,85 0,45 0,9 0,92 0,9 0,60 0,20 0,20 0,20

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177


rapport de clair RCL facteur solaire vitrage FS

0,7 0,6

ISEh

0,06

ISEh RT2012

ISEé

0,022

ISEé RT2012

logements traversants vent sur la façade orientée aux vents dominants nuit sur la façade orientée aux vents dominants surventilation de nuit surventilation de jour brasseurs d'air puits provençal surchauffe apports effet surventilation jour gain surventilation nuit gain brasseurs d'air gain puits provencal

T 45 P O N O N 7 0 -4 -5 0

ISCH

m m % 0,7

AEN BECL

ventilation perméabilité à l'air taux de renouvellement d'air du aux fuites taux de renouvellement d'air hygiénique Raeq apports récupérés AREC apports internes besoins sans apports BCSA BCH

passif

0,08 0,09

0,035 0,030

0,025 0,020

°C °C °C °C °C

°C

1,5

ISCH

0,0

!!! attention, vérifier la cohérence des profondeurs S O N E 44,5 9,3 44,5 9,3 3,4 5,3 3,4 5,3 O N N N 1,1 0,7 1,1 0,7 15,1 5,2

D P 0,04 0,13 31 6,7 42

0,06 0,07

Traversant Biorienté Monoorienté °C Persienne Store extérieur volet roulant à Ajours Volet olet plein Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non

-2,3

(évaluation sur un étage courant) longueur de façade par orientation profondeur moyenne des locaux par façade alège vitrée FJ au milieu du local moyen facteur de transmission lumineuse FTL

passif

AEN

%

0,20

0,30

21 12

14 9

kWh/m².an

SF DF Passif Effinergie

défaut RT 2012

vol/h vol/h kWh/m².an W/m²SdP kWh/m².an

10

kWh/m².an

BCH RT2012 passif

Bois Combustible Electricité directe PAC Réseau énergie pour le chauffage R Bois Combustible Electricité directe PAC Réseau énergie pour l'ECS P couverture solaire ECS 0% rendement de chauffage RCH 0,70 rendement d'ECS RECS 2,00 consommation de chauffage CCH 15 kWhFINAL/m²SdP.an consommation de clim CCLIM 0 kWhFINAL/m²SdP.an consommation d'ECS CECS 15 kWhFINAL/m²SdP.an consommation de ventilation CVENT 7,475 kWhFINAL/m²SdP.an consommation d'auxiliaires CAUX 1 kWhFINAL/m²SdP.an consommation d'éclairage CECL 5,2 kWhFINAL/m²SdP.an 18 kWhFINAL/m²SdP.an consommation autres usages CAUS forfait éclairage RT FECL 1,3 kWhFINAL/m²SdP.an consommation tous usages CTUEP 159 kWhEP/m²SdP.an CEP RT2012/SdP 77 kWhEP/m²SdP.an SHON RT 984 m² consommation EP tous usages

159

kWhEP/m²SdP.an

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Annexe 4. Calcul d'isolement acoustique CALCUL D'ISOLEMENT DE FACADE STANDARDISE Objet:

MODELE

Date:

Localisation: Appartement: Niveau: Pièce: VOLUME=

25

m3

T0 =

0,5

s

Ao =

8,0

m2

MUR

Rw+Ctr (dB)= 45,0

S(m2)=

10,0

TOITURE

Rw+Ctr (dB)=

S(m2)=

X1(microW)=

PAROI OPAQUE 3

Rw+Ctr (dB)=

S(m2)=

X1(microW)=

PAROI OPAQUE 4

Rw+Ctr (dB)=

S(m2)=

X1(microW)=

CHASSIS VITRE 1

Rw+Ctr (dB)= 35,0

S(m2)=

CHASSIS VITRE 2

Rw+Ctr (dB)=

S(m2)=

X1(microW)=

COFFRE VOLET ROULANT

Rw+Ctr (dB)=

S(m2)=

X1(microW)=

FENETRE DE TOIT

Rw+Ctr (dB)=

S(m2)=

X1(microW)=

TRANSM. LATERALE

Rw+Ctr (dB)=

S(m2)=

X2(microW)=

2,1

X1(microW)=316

X1(microW)=664

ENTREE D'AIR

Dn,e,w+Ctr10 (dB)=

nombre=

X3(microW)=

EQUIPEMENT

Dn,e,w+Ctr10 (dB)=

nombre=

X3(microW)=

TOTAL

X4(microW)=980

ISOLEMENT STANDARDISE PONDERE AUX BRUITS DE CIRCULATION ROUTIERE: DnAT=

39,1

dB

Calcul isolement de façade 27/05/2016

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Le projet de LA CO-FABRIK s’inscrit dans le contexte du renouvellement urbain de la ZAC Flaubert de Grenoble. Il propose un programme multiple, qui mêle habitats, équipements publics et commerces, au sein d’un îlot de 4.7 hectares. La thématique de la revalorisation est la ligne directrice du projet. Le projet s’est nourri de l’existant, de l’histoire du site, du « déjà là », ici envisagé comme une véritable ressource. La question de la gestion des déchets a été le point de départ de la conception du projet. Dans cette optique, sont proposées la création d’une déchetterie couplée à un atelier de réparation et la requalification d’anciens bâtiments industriels en lieux d’activités innovant sur cette même question. L’ensemble fonctionne en synergie et participe à redynamiser le quartier et à lui conférer une plus grande attractivité. x L’idée de revitaliser le quartier a aussi eu son importance. Le travail réalisé sur l’aménagement paysager de l’îlot crée des espaces capables d’accueillir une biodiversité riche, mêlant intimement les activités humaines à un contexte végétal très présent. Enfin, une volonté notable, celle de mettre l’homme au cœur du projet, a été portée au travers de la conception programmatique et architecturale. Les logements, équipements et espaces publics sont conçus comme des lieux propices aux rencontres, au partage et favorisant la mixité.


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