20 minute read
Culture / Art
from ROOTS 10 ANS
by michael teta
Advertisement
LADY PONCE
SUPRÊME, SON NOUVEL OPUS
Nous avions eu l’honneur de vous recevoir pour les 5 ans de ROOTS. Vous voici à nouveau pour les 10 ans. Comment se sont écoulées ces 5 dernières années ? Je tiens à vous remercier pour l’invitation et de contribuer à l’évolution de ma modeste carrière. Lady Ponce essaye toujours de faire son petit bonhomme de chemin pour avancer comme une lionne, dans la gloire et le succès. En résumé, je suis toujours en train de bosser !
Vous aviez prévu de faire un Olympia, annulé à cause de la crise sanitaire que l’on connaît. Avez-vous une nouvelle date pour l’organisation de ce concert ? Tout d’abord, je tiens à présenter mes condoléances à toutes les personnes qui ont perdu un membre proche car cette pandémie nous a tous bouleversés. Effectivement, en 2020, j’étais censée réaliser mon tout premier Olympia mais nous avons été contraints de reporter. Nous avons arrêté une nouvelle date : le 10 septembre 2022. Mais cela est bien peu de chose au regard de la situation sanitaire grave qui nous a frappés. Nous ne sommes rien, même les pays les plus puissants au monde se retrouvent impuissants face à la situation. Cela devrait nous servir de leçon et nous donner plus d’humilité.
Vous peaufinez un nouvel album : Suprême. Est-ce un opus qui va parler à vos fans de la première heure ou bien l’idée était-elle d’élargir votre public et d’arriver avec des sonorités complètement différentes ? J’ai appelé cet album Suprême, tout d’abord car il y a un Être Suprême, mais aussi parce que tout ce qu’on fait ici-bas vise la suprématie, on a envie de s’améliorer en permanence. Vous retrouverez beaucoup de sonorités différentes. J’ai des featurings avec Sheryfa Luna, Roger des X-Maleya, Mel B et Richard Amougou. C’est mon 7ème album et j’ai eu la chance qu’il y ait, à chaque fois, au moins 1 ou 2 morceaux qui captivent le public. Je suis toujours à la recherche de quelque chose de nouveau, quelque chose de « ouf ». J’ai toujours l’impression d’être à mes premiers pas, ce n’est jamais gagné, c’est un long chemin. En dehors du bikutsi, que pourra-t-on retrouver comme genre musical ? Vous allez pouvoir me trouver à l’aise dans le hip-hop, dans l’afrojazz, dans les rythmes traditionnels bantu, et évidemment dans le bikutsi. Pour résumer, il y a l’Afrique toute entière dans cet album.
On connaît Lady Ponce l’artiste, mais vous avez aussi une casquette de femme d’affaires puisque vous avez ouvert un concept store chez vous, à Yaoundé… Dernièrement, j’ai effectivement mis en place un complexe. J’avais besoin de développer des activités complémentaires à la musique. Le Covid19 a apporté beaucoup de négativité mais a aussi poussé de nombreuses personnes à réfléchir. Mes plus grands cachets proviennent de l’Europe et de l’Afrique, hors Cameroun. Une Europe qui a été frappée par le Covid et les interdictions de spectacles qui en ont découlées. On s’est donc retrouvé coincé, sans spectacle. C’est ainsi que j’ai décidé de mettre quelque chose sur pied qui va me générer des revenus en dehors de la musique et créer de l’emploi sur place. Je suis rentrée au pays et j’ai créé ce projet en seulement 3 mois. Quand je vois que j’emploie plus de 100 Camerounais, cela me rend fière et j’ai l’espoir de développer cela dans d’autres endroits du pays. Et pourquoi ne pas inspirer d’autres artistes en leur montrant qu’on peut aussi contribuer à la création d’emplois au Cameroun ? On ne doit pas tout attendre du gouvernement.
Que retrouve-t-on dans ce complexe ? Une salle de sport, un cabaret d’une capacité de 1000 places assises, un restaurant, un fast food et une société américaine de panneaux solaires.
Un message aux femmes ? Ne vous sous-estimez jamais car vous êtes la lumière, la gloire, le poteau qui soutient ce monde. Le rôle qu’exerce chaque femme dans la société est fondamental. Malgré les injustices, malgré tout ce qu’on subit, on est toujours debout pour nos enfants. Peu importe ce qu’on fait dans la vie, nous devons toujours nous battre pour nos convictions.
Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Abderrahim Sall, génération 86, Sénégalo-Français, certains m’appellent Abson…
Racontez-nous votre parcours dans la photographie ? Passionné depuis tout petit par les arts visuels, le cinéma, la publicité, je me suis lancé en freelance dans le domaine de la production vidéo, dès la fin de mes études, en marketing et relations internationales. J’ai créé un collectif de créatifs en 2010 (MTBE) puis contribué au lancement et démarrage d’une chaîne TV autour de la culture dite « urbaine » (OfiveTV) axée sur la création de tous les contenus alors oubliés des médias mainstream, au cœur des évènements et parcours de réussite issus des populations sous-représentées, sans bien sûr oublier la musique, l’art, la mode... En dehors de l’aspect marketing et production, je me formais au cadrage, montage, ce qui m’a permis de réaliser une centaine de vidéos de tous formats confondus, expérimenter, voyager davantage, constituer un réseau solide depuis lors. C’est seulement en 2016 que j’apprends la photo après 5 minutes de formation. Je m’apprêtais à shooter 70 aspirants models pour un concours international de mannequinat. Fin 2018, je décide de lancer mon propre studio photo afin d’explorer encore plus, me perfectionner, répondre à la demande de contenus photo de ma clientèle et pourquoi pas un jour réaliser des campagnes internationales avec le rendu et la vision auxquels j’aspire.
Qu’est-ce qui fait la « touche » Abson ? Sans avoir encore trouvé ma patte, je pense que mon influence du cinéma et expérience en réalisation, peuvent se voir dans certains de mes clichés. Figer un moment, un instant, qui fait partie d’une histoire globale en mouvement, est l’esthétique et le storytelling que je recherche. Comme si la photo était tirée d’un format animé, un spot pub, une scène de film…En espérant pouvoir produire assez sous période Covid, et enfin trouver « ma » touche. Mais j’ose imaginer que la frontière entre photo et vidéo sera plutôt infime.
ABSON
L’oeil du photographe
Vos 3 moments ou personnalités mémorables ? Jeunes candidats à la vie de mannequin : Pendant 2 ans, j’ai pu apprendre la photographie à travers ce concours européen (EGERI) qui m’a fait rencontrer des centaines de personnalités diverses et variées. C’est assez mémorable car l’exercice du shooting photo est autant un moment d’apprentissage pour le model, que pour le photographe. Comme une belle séance de développement personnel. BYOM : J’ai eu l’opportunité de créer une identité visuelle et la campagne lifestyle pour une ex-future crypto monnaie sénégalaise. Malheureusement, les turpitudes politico-économiques ont fini de mettre un terme au projet. Je me rappelle donc de l’excitation de participer à une telle avancée pour mon pays d’origine. Fadily Camara : Elle est une personnalité publique dont j’ai apprécié le professionnalisme, l’authenticité et l’humour. Travailler avec quelqu’un en pleine ascension est toujours un plaisir. Ce court moment que dure la séance de shoot permet de mettre en images ce que l’on a pu percevoir du sujet. Je lui souhaite le plus de succès possible ! Si vous aviez un conseil pour quelqu’un souhaitant se professionnaliser dans la photo ? Tout simplement se lancer. Cela peut paraître banal, mais de nos jours tous les outils sont à portée de main afin de se former, s’équiper, s’exposer, et ce quel que soit le budget. Je pense qu’il faut trouver en soi, le moyen d’exprimer ses idées, et faire le grand saut dès qu’on ressent le besoin de les extérioriser. C’est toujours le bon moment ! Les photographes professionnels que je connais de près ou de loin ont tous au moins UN point en commun : la consistance. Il est important de travailler sa matière, son art, comme tout artisan à la recherche de sa meilleure recette ou création. L’aspect professionnel vient tout seul, lorsque sa propre création se retrouve face à une personne qui est prête à vous tendre de l’argent pour l’obtenir.
Quels sont vos objectifs pour cette année 2022 ? Je suis actuellement dans la production d’une docu-série sur l’entrepreneuriat féminin, à travers 3 parcours de réussite de femmes noires issues de la banlieue parisienne. J’ai la chance de travailler sur ces projets avec - La styliste de Rihanna, Beyonce, Madonna, Jay-Z... - Une media mogul faisant partie du classement Forbes Under30 » à suivre, - Ainsi que la MUA des plus grosses personnalités politiques & VIPs de la planète. Mon principal objectif est de pouvoir continuer de tourner les images du documentaire sur le sol africain, ce qui représente la partie la plus importante du projet à mes yeux. Pouvoir revenir à la source de ces vies exceptionnelles mais accessibles, en explorer les racines et transmettre aux prochaines générations. Boucler les financements et naviguer au flot des mesures sanitaires, puis arriver à bon port pour la Black History Month, en Février 2022, à la télévision.
Si je vous dis le mot ROOTS, vous me répondez ? Ce qui, en vérité, rassemble toute l’humanité. Le sol africain étant son terreau.
Usher
Leto Neymar
NESKO
LE CAPTEUR D’ÉTOILES
Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Kevin, 31 ans, photographe, j’habite à Créteil et je suis originaire de la Guadeloupe.
Aujourd’hui, tu es l’un des photographes côtés sur Paris, mais tu n’as pas toujours été dans la photo. Comment es-tu arrivé dans cet univers ? Je suis arrivé par la danse. Ça allait bien ensemble, la danse, la photo... Petit à petit, il y a la mode qui est arrivée. J’étais vraiment passionné par cela. J’avais un pote qui avait sa ligne de vêtements et on a commencé à bosser dessus. C’est de là qu’a réellement commencé la passion pour la photo. On était obligé d’avoir un photographe, d’alimenter les réseaux et d’avoir du visuel. On a commencé à faire des shootings pour la marque, etc. C’est de là qu’est née ma passion pour la photo.
Tu as donc commencé la photo pour shooter ta propre marque de vêtement ? On était obligé de se débrouiller par nous-mêmes, on n’allait pas demander à X ou Y. Je me suis lancé et on a commencé à faire des shootings pour des stars, notamment Tory Lanez. Il a été le premier gros ambassadeur de la marque. Il a kiffé le concept, les échanges qu’on a eu avec lui. Pourtant on ne parlait pas anglais de ouf. Mais, avec les moyens du bord, on arrivait à se comprendre.
Qu’est-ce qui a été le tournant ? Ton premier buzz ? Le premier buzz, c’était avec Tory Lanez. Les gens ont commencé à nous connaître sur Paris. Ils ont découvert la marque mais aussi moi en tant que photographe. Carrément dans la rue on m’arrêtait : « Ah ouais c’est toi qui a fait les photos, etc ! » C’était une dinguerie !
Puis, l’enchaînement... Ça a découlé sur la marque. Dédicace à Roméo, on se sait. Petit à petit, on a commencé à participer aux Fashion Weeks, j’ai commencé à prendre mes marques. Je ne rentrais pas encore dans les défilés. Là, c’était vraiment en mode on y va et on observe. Plus les semaines passent et plus je me rendais compte qu’on pouvait s’infiltrer, essayer de rentrer dans les défilés et c’était une expérience de ouf.
Qui as-tu shooté pendant ces défilés ? La première personne que j’ai réussi à avoir c’était Virgil Abloh. Il sortait de son défilé Off-White et là il fallait être à l’affût. Une cinquantaine de photographes et paparazzis autour de toi. J’ai réussi à choper le bon moment et vous pouvez voir les photos sur mon instagram. J’ai compris comment les choses se passaient. Les stars sortaient soit par le côté principal, soit par la sortie arrière. Le lendemain, moment improbable, je tombe sur Nicky Minaj. Je marche pour aller vers la sortie et là je vois sa voiture qui sort. Elle est là et me regarde. D’un coup, je prends mon appareil et je shoote. Mais je ne compte plus le nombre de célébrités que j’ai pu croiser en défilé, de Neymar à Jourdan Dunn, d’Asap Ferg à Pop Smoke.
La personnalité qui t’a le plus marqué ? Le premier Tory, le deuxième Usher, le troisième Ne-Yo. En artiste français, il y en a plein. Kalash Criminel, dont je suis le photographe officiel. L’autre Kalash aussi. Il y a eu Tayc aussi. C’est compliqué de tous les citer mais voici mes meilleures références.
La touche Nesko ? Ma touche, c’est le lifestyle, le côté humain. Je veux faire ressortir quelque chose sur les photos. Je veux saisir un moment de vie. Quand tu n’es pas à l’affut, moi je serais à l’affut !
Comment as-tu appris la photo ? Par hasard. J’ai deux potes qui étaient déjà un peu dedans et qui m’ont dit un jour : « Nesko viens on bouge ! ». On a commencé avec nos téléphones. On prenait des photos de paysages, les bâtiments, l’architecture... On faisait cela tous les jours, dès qu’on sortait de l’école. Quand j’ai vu que ça commençait à plaire, j’ai décidé de step up et acheter du matériel pour bosser. Au fil du temps, on a commencé à se professionnaliser, et c’est venu tout seul.
Originaire de Guadeloupe, cela représente quoi ? C’est mon île, c’est là où j’ai grandi, c’est toute ma vie. Pour la Guadeloupe, j’aimerais monter une association pour aider les gens à se développer. Aider ceux qui ne savent pas vraiment ce qu’ils veulent faire dans la vie. Avec mon équipe, j’aimerais aller sur place, leur présenter la vidéo, la photo, l’univers des beatmakers, etc. Tout ce qui est dans le monde artistique, car c’est qui m’anime tous les jours et j’ai envie de le transmettre.
Un message à la diaspora ? Réalisez vos rêves et croyez en vous.
ÉVEILLER LES ENFANTS AVEC DES HISTOIRES ET PERSONNAGES QUI LEUR RESSEMBLENT
Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Arlette AFFOYA et Jean-Christian de LIMA, tous deux âgés de 39 ans et d’origine béninoise sont les fondateurs des livres Vidolé. Arlette : En parallèle de mon activité au sein de Vidolé, je suis Directrice des Ressources Humaines d’une start-up dans le domaine de l’intelligence artificielle. Au sein de Vidolé, j’ai la charge de la partie administrative, financière, juridique et la recherche de partenariats. Jay-Cee : Je consacre actuellement tout mon temps à Vidolé où je m’occupe de la communication, mon cœur de métier à la base, sur les réseaux sociaux, du marketing, et de la gestion du site internet et des commandes.
Revenons sur la genèse des livres Vidolé... Notre aventure a commencé en mars 2020 un peu par hasard! Jay-Cee : En fait, je souhaitais offrir un cadeau à ma fille et je voyais des publicités qui apparaissaient sur mon fil d’actualité sur les réseaux sociaux qui me proposaient des livres personnalisables pour enfants. Par curiosité, je suis donc allé voir ce que ces sites proposaient mais, finalement, je n’ai pas été convaincu car je ne m’y retrouvais pas. J’ai quand même souhaité que ma fille me donne son avis et là, le constat a été le même... ça ne lui plaisait pas ! Elle m’a dit qu’elle souhaitait un livre personnalisable qui raconte l’Afrique (qu’elle connaît peu pour y avoir vécu de 0 à 3 ans). Après plusieurs recherches sur Google, je n’en ai pas trouvé, j’ai donc décidé de le lui créer et l’idée des livres Vidolé est partie de là. J’ai contacté mon amie de toujours, Arlette, pour lui en parler et, depuis lors, nous avons uni nos forces pour que Les Livres Vidolé deviennent une référence dans le domaine du livre jeunesse. Notre site a vu le jour en décembre 2020 et depuis ce jour, plus de 800 livres ont été vendus à travers le monde.
Décrivez-nous l’offre produit chez Vidolé... Arlette : Les Livres Vidolé sont des livres entièrement personnalisables accessibles dès 4 ans dont les histoires racontent des scènes de la vie courante en Afrique et aux Antilles. La personnalisation intervient au niveau du prénom (le nom de famille également mais facultatif) de l’enfant qui apparaîtra sur la couverture du livre et dans toutes les histoires afin que celui-ci soit le héros des aventures. Il faut ensuite choisir le genre, la couleur des yeux, le style vestimentaire, le style de coiffure, et la couleur de peau. Nos clients ont ensuite le choix de 10 histoires parmi celles proposées sur le site pour composer leur livre. Nos livres sont disponibles en français et en anglais et sont disponibles à la livraison partout dans le monde. Comment se procurer vos livres ? En se rendant sur notre site : www.leslivres-vidole.com
Cette envie de représentation est manifeste. Quel message aimeriez-vous adresser aux parents ? Arlette : Le manque de représentation est un fait réel dans notre communauté. L’engouement, la ferveur et la fierté suscités par Black Panther l’a bien mis en exergue. Nous devons mettre beaucoup plus en avant nos talents et notre richesse. Nous n’avons rien à envier aux autres communautés car nous regorgeons de multiples talents, facettes qui ne demandent qu’à être mis sur le devant la scène. En conjuguant nos forces et nos savoir-faire, nous ne pouvons qu’accomplir que de grandes choses. Les Livres Vidolé s’inscrivent dans cette dynamique de transmission et de partage et notre souhait est qu’à travers nos livres, les parents puissent valoriser auprès de leurs enfants notre patrimoine culturel afin de (re)créer un véritable sentiment d’appartenance qui est primordial pour bien se construire et s’épanouir.
Quels sont vos projets de développement ? Nous travaillons sur la sortie du tome 2 afin de proposer d’autres aventures, la mise en place de notre e-boutique pour la rentrée 2021. La traduction de toutes nos histoires en espagnol et en portugais ainsi que le tome 3, d’ici la fin de l’année. Sur le plus long terme, nous souhaitons proposer des films d’animations tirés des histoires de nos livres qui seront diffusés sur les chaînes pour enfants et plateforme de streaming.
Que représente le Bénin pour vous ? Le Bénin, ce sont nos racines, notre force, notre patrimoine culturel, nos familles et nos meilleurs souvenirs sur lesquels, d’ailleurs, nous nous sommes inspirés pour écrire nos histoires. Arlette : On espère également pouvoir rentrer, dans un futur proche, en contact avec les médias locaux et personnalités comme Angélique KIDJO pour qu’ils puissent nous permettre de répandre la bonne parole « Vidolé » dans le monde (rires).
Si je vous dis le mot ROOTS, vous me répondez ? Arlette : Ma chère et tendre famille ! Jay-Cee : Identité noire : Transmission et fierté !
277
LAURE ONYL
Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Lauryn Leo, une jeune femme de 22 ans, Guadeloupéenne et Guyanaise, qui adore la vie. Je viens de publier mon premier roman : « 66 000 mots pour un je t’aime ».
Qu’est-ce qui a motivé cette écriture d’un premier livre à seulement 22 ans ? C’est la lettre que j’ai écrite et remise à mon ex le jour où je lui ai envoyé ses affaires par la poste. Notre relation de deux ans avait été tellement sincère que je ne me voyais pas y mettre un terme sans une totale franchise. C’est pour cette raison que dans un premier temps, j’ai écrit cette lettre. Je lui ai dit que je l’aimais, que je n’étais pas sûre de ma décision mais que pour nous deux, notre rupture était la meilleure solution car nous nous faisions trop de mal. À partir de cet instant et sans vraiment m’en rendre compte, j’ai poursuivi l’écriture de ma lettre au point d’en faire naître 66 000 mots pour un je t’aime. Écrire m’a permis d’aller mieux, de mettre des mots sur des pensées qui se bousculaient. D’ailleurs, je crois sincèrement que l’écriture a des vertus thérapeutiques.
Avant cette fameuse lettre, tu ne t’étais jamais imaginée une âme d’écrivaine ? Pas vraiment. Certes, plus jeune j’ai écrit un livre qui parlait de mon petit frère ainsi qu’une nouvelle sur l’histoire d’un chasseur à Madagascar (rires). Mais j’étais vraiment très jeune et surtout, je n’imaginais pas une seule seconde qu’un jour je déciderais de sauter le pas en éditant un ouvrage.
Et pourquoi avoir choisi un tel nom ? Au départ, j’ai appelé mon roman « Après toi ». Mais étant donné que je n’étais pas sûre de ma décision et que je ne savais pas si j’allais le retrouver un jour, j’ai trouvé ce titre peu pertinent et pas assez percutant. Au final, j’ai eu l’idée de « 90 000 mots pour un je t’aime ». Puis en écrivant, je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin d’autant de mots pour exprimer ce que je ressentais. C’est ainsi que je suis arrivée à 66 000 mots car il m’a fallu 66 000 mots couchés sur le papier blanc pour tourner la page complètement. Qu’est censé retenir un lecteur à la fin de cet ouvrage dépeignant, avec talent, ton histoire d’amour ? Ce n’est pas tellement une histoire d’amour. Certes, le prologue est sur l’amour mais je m’attarde beaucoup plus sur le « après ». La façon dont je me suis reconstruite, comment j’ai pu avancer grâce à l’écriture. C’est aussi un récit des étapes par lesquelles je suis passée pour évacuer jour après jour cet état de douleur lié à ma rupture. Je pense que c’est une situation dans laquelle se reconnaitront de nombreuses personnes. Mais la volonté était également de faire mes adieux à mon ex, le remercier de m’avoir épaulé et d’avoir contribué à façonner la femme que je suis aujourd’hui. La boucle est bouclée. Ce livre est un véritable message d’espoir car j’explique justement qu’il n’y a pas rien après. Lors d’une rupture, on a souvent tendance à penser que la vie s’arrête et même si ça a été dur, j’explique à travers mon roman par quels mécanismes je suis passée pour parvenir à aller de l’avant.
Pourquoi ce dessin sur la couverture ? Parce que j’aime énormément le tableau de Michel-Ange, la Création d’Adam : ces deux doigts qui semblent se frôler mais qui ne se touchent jamais. Il suffirait juste que l’une des mains tende son index et les deux pourraient se rejoindre. Je trouve que cette métaphore illustre bien le cas de mon ex et moi. C’est ce qui aurait pu se passer s’il avait accepté qu’on se revoit une dernière fois. Peut-être aurais-je changé d’avis, sauf que ce n’est jamais arrivé. Ma couverture représente deux chemins qui s’éloignent et deux individus qui avancent chacun de leur côté.
Comment se procurer ton livre ? Il faudra se rendre sur la plateforme d’autoédition en ligne The Book Edition.
Que représentent la Guadeloupe et Guyane ? C’est une fierté ! Cela représente une histoire mais cela représente également un combat qui va au-delà de mes origines.
Si je te dis le mot « Roots », tu me réponds ? Je pense à Kunta Kinté, à l’esclavage mais aussi à ce qui nous lie au sein de la communauté noire.