ROOTS 30

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AFROPOLITAN LIFESTYLE

P A R I S G U A D E L O U P E

30

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M A R T I N I Q U E

Black Excellence DÉCOLLAGE IMMINENT !!!

Mode Clarisse Hieiraix, la grâce de Marie-Galante Mode Retour sur la Black Fashion Week Beauté Comment entretenir ses locks ? Beauté Dossier spécial NAPPY Racines Les Coolies, hindous des Antilles Racines Coulies, les hindous des Antilles

13 1

N° N°

AUTOMNE / HIVER 2023


P A R

N O U S ,

P O U R

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Éditorial

Premium

La féerie de Noël passée, les dernières notes de champagne digérées, retour à la réalité. L’hiver est bien là. C’est surtout l’occasion d’attaquer un nouveau cycle, une nouvelle ère. Alors pourquoi ne pas tenter le voyage pour une destination ô combien palpitante : Black Excellence, décollage imminent !!! Un numéro hivernal grandement dédié à la rubrique business avec un florilège de parcours qui forcent l’admiration. Pour vous mettre l’eau à bouche : Marie Joseph Mvogo, femme avocate au Barreau de Paris et du Cameroun ; Fif Ebossi, fondateur de Booska-P le premier média de France spécialisé dans le hip-hop ; Rosemonde Saint-Louis, communicante spécialisée dans l’ultra luxe et gérant l’identité de marque de certains fleurons de l’industrie française ; Elizabeth Tchoungui, ex journaliste télé et désormais directrice RSE du groupe Orange... On ne va pas tout vous spoiler mais le panel est de très grande qualité. Nous en profitons d’ailleurs pour adresser nos remerciements à Editorial Emma Berkovits, fondatrice de AccessAir compagnie de courtage en jets privé et qui nous aura donné la possibilité de profiter de l’un de ses avions modélisés (JetLab) afin de réaliser le shooting de notre cover. Sans oublier, évidemment, l’hôtel de Pourtalès, fantastique écrin niché à deux pas de la place de Madeleine et qui nous aura reçu dans les meilleurs conditions pour la seconde partie de notre shooting. Une cover résolument business, autour de 4 personnages d’horizons et d’origines différentes. Aïta Magassa, jeune mogul de l’immobilier en Afrique de l’Ouest. « Started from the bottom », elle a construit un solide réseau pour accompagner et sécuriser les transactions immobilières de la diaspora. Daniele Sassou-Nguesso, à la fois dirigeante d’Arise Congo, philanthrope et entrepreneure sociale qui oeuvre pour l’émancipation des femmes sur le continent. Maître Mbeko Tabula, originaire de RDC, avocat, entrepreneur et investisseur. Il est le co-producteur des FunéSTARTED FROM railles des Tabous et un panafricain convaincu. ROOTS MAGAZINE THEEnfin, BOTTOM... Linda Tchatchoua, serial entrepreneure dans les la logistique, de la beauté et de l’alimentation 8-10secteurs rue Etiennede Marey dans son Cameroun natal, où elle embauche plus de75020 150PARIS personnes. #BlackExcellence. Deux ans… Par la grâce de Dieu. Deux ans que ROOTS s’installe, pas à pas, dans le paysage médiatique direction@rootsmagazine.fr DeVous la connaissez mode, toujours sous le sceau de ROOTS la black avec le designer de costume afro des célébrités, hexagonal. notre leitmotiv : Black Excellence. c’est excellence, une famille, génération, +33 7 68 40une 93 11 une aventure, mais surtout envie de (dé)montrer grandeur un d’une culture mise au ban clichés, désormais le must des créations made Abengta. Vousune découvrirez Maisonla Ezinris, concept store quides accueille Paris, le 15 Janvier 20 des complexes et tout ce qui va avec. I have a dream : que ce magazine traverse les frontières, traverse les in Africa à Paris. Enfin, une rencontre inédite avec de jeunes passionnés de mode, HYRO, qui ont pris d’assaut le mentalités. Que les noirs de ce pays cessent de se regarder avec défiance et/ou envie et que le regard posé sur monde de la musique en fournissant tous les plus grands artistes français en pièces haute couture quasi inaceux ne soit plus celui de la crainte et/ou du dédain. Vœu pieux ou candeur exacerbée me répliquerez-vous ? Il y Objet : MANDAT REPRÉSENTATION ROOTS MAGAZINE a forcément un peu de cela, je reprendrai des mots deuxquelques ans auparavant pour le premier opus cessibles. De mais la gastronomie bienemployés sûr, avec pépites àDE découvrir ainsiDEqu’une série de recettes toutes de la saga Roots : « basculons du black is beautiful au black is brillant ». plus savoureuses et réalisées par Johanna Sansano, notre coach en gourmandise. Pour info, le swag… ça ne paye pas. Comprendra qui voudra. Enfin, de la culture. Une balade musicale qui oscillera entre le Congo avec Mohombi et son retour fracassant au Puisque c’est mon édito, et qu’après tout j’en fais un peu ce que je veux, je tenais à remercier la femme de ma premier plan, Haïtiéternel, et sa ma muse qui nous offre le Ghana et le Nigeria avec le groupe vie (Queen Mum) pour son amour sœur,Kanis mes proches, mes gens sûrsun et laédio Rootsplein family :de Eva,peps, en Je, soussigné Michael Kamdem, du publication ROOTS magazine, le 1er trimestriel papi NSG tout droit venu de South London pour une interview exclusive. Nous directeur parlerons cinéma,deavec l‘étoile montet digital haut de gamme sur le lifestyle afropolitain, don ne mandat, par la présente, à la régie CONG ante Jammeh Diangana, acteur principalisdans Banlieusard de Kery James, ou encore un dossier spécial sur Nol“basculons du black beautiful POLYVALENT ENTREPRISE (CPE), représentée par POUABOUD AISSATOU FERNANDE LENAIC et S lywood et l’interview du fondateur de la Nollywood RAH Week. Dedelareprésentation photographie, avecduWill ZaidROOTS qui nous dévoilera SONI, commerciale magazine sur le marché sénégalais. congolais et sénégala au black is brillant” donne droit à CPE de africain prospecter des publicitaires etnobles effectuer et les démarches néce son oeil caribéen et Alain Ngann dont la mission estCedemandat changer le narratif auannonceurs travers d’images saires à la réalisation du contenu promotionnel de ses éditions, au nom du magazine. premier lieu, « mon deuxième cerveau », Diane, notre rayon de soleil quotidien, Armand, dont le sens artistique puissantes. Et tant d’autres talents à découvrir !!! n’a d’égal que sa désorganisation chronique (sans doute est-ce l’apanage des génies), Orphée notre œil photo - Le montant de la commission sur une prestation signée et reglée par l’annonceur s’élève à : inspiré, Amany notre attachante styliste farfelue, Marina la petite dernière et véritable encyclopédie de l’univers 20% du montant HT. hip hop, et j’en oublie… - Le reglèment de la commission s’effectuera après paiement de l’annonceur et à réception de la facture Trop de blabla tue le blabla, alors je ferai court : des remerciements infinis à nos annonceurs pour leur confiance, CPE. aux lecteurs pour leur soutien et une longue vie à ROOTS : un lifestyle d’un nouveau genre.

Entrez dans l’univers ROOTS.

La génération ROOTS est en marche. Michael Kamdem Directeur de publication



LES CINQ ASSIETTES, TRAITEUR HAUT DE GAMME ENGAGÉ POUR L’INSERTION DES JEUNES. contact@lescinqassiettes.com 07.68.48.08.64 / 06.24.97.82.62 les cinq assiettes-traiteur




Sommaire

30 AUTOMNE / HIVER 2023

Fashion 52

Premium 16

Baby 76

Business 116

Roots 95

Food 166 016 Premium 053 Mode 071 Baby Roots 083 Racines 101 Business 155 Gastronomie 185 Culture / Art

008

Culture / Art 188


LEADER DE LA RESTAURATION FAST CASUAL AFRICAINE DEPUIS 2011. COMMANDEZ SUR

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Contributeurs

Ils ont contribué à ce numéro

Stéphane Bossart

Hawo Thiam

Jimmy Libam

Photographe Racines : Bénin

Make-up artist Racines : Sénégal Depuis toute petite j’ai toujours été attirée par le maquillage, l’esthétique… En grandissant, j’ai donc décidé de faire la prestigieuse école d’esthétique Françoise Morice. Aujourd’hui, je suis maquilleuse professionnelle et esthéticienne diplômée. En sortant de cette école, j’ai pu travailler pour de grandes marques de cosmétiques pour peaux noires aux Galeries Lafayette et au Printemps. Je suis désormais entrepreneure et totalement indépendante, un rêve devenu réalité. Je peux dire que je suis totalement épanouie sur le plan professionnel.

Réalisateur, vidéaste Racines : Cameroun Réalisateur plus connu sous le pseudonyme « Purple Street » qui a eu pour terrain de jeu l’univers du clip vidéo pendant près d’une dizaine d’années. Il réalise les clips de plusieurs artistes en vogue tels que : Keblack, 4Keus (Tiakola), Alrima, Koffi Olomidé, Franglish et bien d’autres. Ses réalisations cumulent plus de 300 millions de vues sur YouTube et autant de passages TV sur des chaînes telles que W9, D17, Trace Tv ou Bblack. LE passage au cinéma est la suite logique de ce parcours atypique.

Passionné par la photographie il vit entre Cotonou et Paris depuis plusieurs années. Son œil questionne la société béninoise dans son rapport de la tradition à la modernité, ses images interrogent les enjeux sociologiques et environnementaux, sociétaux politique à travers le continent africain. Il est fondateur du Phot’Art Afro Festival, festival de la photographie d’art contemporain au Bénin. Récompensé par le prix africain de la photographie à la tournée africaine de la coopération (TAC) et le prix du meilleur photographe africain aux« African talents awards » en Côte-d’Ivoire en 2019. Plus récemment, Stéphane a remporté le second prix du concours « calling across the distance » organisé par Emergent art space en Californie. IG : @stephane_bossar9

IG : @hawo_makeup_and_beauty

IG : @director_purple

Disponible en ligne : www.rootsmagazine.fr - Sur Facebook : Roots magazine - Sur Instagram : @rootsmagazine Rédaction : redaction@rootsmagazine.fr - Publicité / recrutement : direction@rootsmgazine.fr - Casting : casting@rootsmagazine.fr

Faites la promotion de votre activité ou marque dans ROOTS : +33.7.68.40.93.11

010

Directeur de publication : Michael Kamdem - Rédaction : Gabriel Taboue / Cécilia Manzambi / Yememca / Marie-Marthe Kema-Kema... Photographie : Stephane Bossart (cover) / Wil Zaid / Ismael / Jali / Mata Di Mata Stylisme : Amany Gogo / Parole Paris Maquillage : Dean Artist / Hawo Make up / Anjali Beauty Artist / Bonnita Beauty / Glam By Rem Coiffure : Ezinris Coiffure / Anjali Hair Studio Diffusion papier : Île-de-France // 30 000 exemplaires Lieux : Ambassades africaines à Paris, restaurants africains à Paris, grands hôtels, instituts de beauté et salons afros, concept stores, boutiques de vêtements, défilés, évènements et concerts... La liste détaillée sur www.rootsmagazine.fr - Périodicité : Semestrielle Impression : Europe - Toute ou partielle reproduction du magazine sans autorisation expresse de l’éditeur est interdite.


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Cocktail

ROOTS #29

Cocktail de lancement de l’édition automne / hiver 2022. Date : 15/11/2022 Leu : Maison Hapsatou Sy Photos : Yann Megnane IG : @rootsmagazine



MAKING OF ROOTS #30 Automne / Hiver 2023 IG : @rootsmagazine

Mohombi Kanis

Tara’s Body

Mbeko Tabula

Fif de Boosk-P

Rosemonde Pierre-Louis Dj Peet Elisabeth Tchoungui

Goya

HYRO agency

Daniele Sassou-Nguesso


1 Da Banton Alain Ngann

Johanna Sansano Jammeh Diangana

Linda Tchatchoua

Mohombi

Anne Delaunay

Kader Jawneh

Emma Berkovits

Sindanu


Photo : Stéphane Bossart


DANIELE

Premium

SASSOU-NGUESSO Femme panafricaine, lobbyiste & entrepreneuse sociale Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

L’expérience accumulée pendant ces presque 10 ans d’activités de la fondation nous a permis de proposer d’autres projets, pédagogiques et d’accompagnement, notamment l’Académie du Leadership Féminin, qui depuis 2019 a réuni plusieurs centaines de femmes sur Brazzaville, Pointe-Noire et Kinshasa, venues se former avec des experts et des coachs reconnus aux rudiments de l’entrepreneuriat et du Leadership ! En 2017, j’ai obtenu mon master 2 en politique et management du développement à Sciences Po Paris. En 2022, j’ai rejoint le groupe Arise IIP (leader en Afrique dans l’aménagement, et le développement de zones économiques spéciales). Sur le plan institutionnel, je viens d’être élue très récemment à la tête de AWLN CONGO, le réseau des femmes africaines leaders soutenu par la Commission de l’Union Africaine et les Nations Unies. Vous voyez, notre combat porte haut et fort ses valeurs, au profit de nos femmes africaines ; je me reconnais pleinement dans cette identité de femme africaine, lobbyiste, entrepreneuse sociale !

Quel est le champ d’actions d’Arise Congo… ARISE Inegrated Industrial Platforms (ARISE IIP) est un développeur et opérateur d’écosystèmes industriels de classe mondiale en Afrique, engagé dans la transformation économique du continent. Spécialisé dans l’identification des opportunités sur les chaînes de valeur commerciales et industrielles à travers l’Afrique, ARISE IIP conçoit, finance, construit et opère les infrastructures nécessaires, en jouant un rôle de catalyseur tout en soutenant les pays dans leur transition vers une économie industrielle. ARISE IIP a signé en juin 2022 un protocole d’entente avec les autorités de République du Congo afin de développer trois zones industrielles, à Pointe-Noire, oyo-ollombo et Ouésso Cet accord contribuera à l’industrialisation des secteurs stratégiques de la République du Congo.

017

Je suis une femme panafricaine, fière de ses origines, de son parcours et de ses combats. Je suis mariée depuis 2007 et mère de 4 enfants. Je suis Gabonaise, née au Sénégal en 1976. Après avoir obtenu un baccalauréat scientifique à l’âge de 17 ans, j’ai suivi un premier cycle d’études médicales, probablement inspirée par mon histoire familiale, avec un père docteur en médecine et une mère docteure en pharmacie ! Puis, j’ai décidé de me spécialiser dans l’optique et la lunetterie, un secteur médical (à cette époque) mal appréhendé en termes de diagnostics, de soins et d’équipement de vision en Afrique. Je suis diplômée de l’École Supérieure des Opticiens de Paris. Après une première expérience réussie chez Grand Optical à Paris, j’ai décidé de m’installer en Afrique à mon propre compte. Tout en construisant une grande partie de mes activités entrepreneuriales au Congo Brazzaville, au Gabon et en RDC. J’ai ouvert mon premier magasin d’optique, en 2003, à Libreville et, deux ans plus tard, celui de Franceville a vu le jour. Aujourd’hui, mes magasins, sous ma marque « Optical » sont également situés à Brazzaville et Pointe-Noire en République du Congo, et à Kinshasa. En parallèle, j’ai ouvert à Brazzaville la Clinique Médicale Optique (CMO), dédiée à l’origine à l’ophtalmologie. Aujourd’hui, la CMO offre une dizaine de spécialités parmi lesquelles la pédiatrie, l’orthophonie, la cardiologie, la gastro-entérologie et l’ORL notamment. En parallèle de mes activités de chef d’entreprise, j’organise depuis 2008 des actions en faveur des orphelins du Congo via mon association Le Petit Samaritain. J’ai également créé en mars 2016 le Mouvement des Femmes Actives du Congo (MFAC), qui a réuni 8000 femmes à l’occasion de conférences-débats qui ont eu lieu dans 7 villes du Congo. Le résultat de cette formidable mobilisation a été la rédaction d’un « Livre blanc pour l’amélioration de la condition de la femme congolaise », qui a été remis au Président Denis Sassou-Nguesso, à l’occasion de l’élection présidentielle de 2016. En 2015, j’ai créé la fondation Sounga qui œuvre à l’amélioration des pratiques du Genre en République du Congo, et au-delà. Sounga a déployé divers projets à impact, dont l’incubateur d’entrepreneuriat féminin Sounga Nga, le premier du « Genre » en Afrique Centrale !


Premium

“ Je sens que les lignes ont bougé. De plus en plus d’entrepreneuses à succès sont médiatisées à l’échelle du continent. ”

Et en quoi comptez-vous impacter la sous-région ? Ces dernières années, ARISE IIP a beaucoup développé ses activités en Afrique, avec une présence dans actuellement neuf pays africains, y compris au Bénin (GDIZ), au Togo (PIA) et au Gabon (GSEZ), avec 12 zones industrielles intégrées. Pour vous illustrer le poids économique concret d’ARISE IIP dans notre région, l’exemple du Gabon est saisissant. La GSEZ (Zone économique spéciale du Gabon) créée et gérée par ARISE IIP, est considérée comme un modèle de développement durable et inclusif par les experts, les institutionnels et les acteurs économiques spécialisés sur l’Afrique. Positionnée sur les activités de transformation de bois, à l’origine de 16 000 créations d’emploi, et qui a attiré 12 000 investisseurs, la GSEZ a permis au Gabon de passer de simple exportateur de grumes au rang de 2e producteur et exportateur mondial de placages, et le premier en Afrique ! La GSEZ a été classée meilleure zone économique spéciale du monde dans le secteur du bois (classement 2020 du FDI). Voilà, c’est ça notre impact pour la sous-région ! Et ce n’est que le début !

Quels sont vos objectifs de développement à court et moyen termes ? ARISE IIP va investir dans le développement de la zone industrielle de Pointe-Noire sur une superficie de 2700 hectares, projet macroéconomique d’envergure. Le projet est fondé sur un partenariat public-privé entre ARISE IIP et la République du Congo. La plateforme industrielle aura pour but de promouvoir et d’attirer les investissements multisectoriels et commerciaux dans le pays, et de développer les industries de transformation du bois et des produits agroalimentaires de première, deuxième ou troisième transformation. Le protocole d’entente comprend également le développement de la zone industrielle d’Ouésso, ainsi que celle de Oyo-Ollombo. A moyen terme, une fois opérationnelle, la Zone PICPointe-Noire devrait contribuer à la création de plus de 8 000 emplois au cours de la phase d’exécution. Plus largement, PIC-PointeNoire vise à développer un écosystème industriel autour de la transformation du bois, du papier et de certains métaux, la production de médicaments et la transformation de produits alimentaires. Concernant la Zone PIC-Oyo devrait, celle-ci devrait attirer près de 100 millions d’euros d’investissements privés d’ici à fin 2025, tout en créant plus de 1 400 emplois au cours de sa phase de développement. La PIC-Oyo de son côté contribuera à développer la transformation locale du bois et des produits alimentaire.

Vous avez à cœur, depuis plusieurs années, de mettre en valeur l’entrepreneuriat féminin en Afrique. Quel est votre état des lieux de ces 5 – 10 dernières années ? Sentez-vous que les lignes ont bougé ?

018

Vaste sujet ! Le fond, c’est que la femme doit être indépendante financièrement, pour son propre épanouissement personnel. Dans ce cadre, l’entrepreneuriat est un « outil » qui peut favoriser cette autonomisation de la femme. De nombreuses initiatives ont fleuri ces dernières années dans toute l’Afrique pour aider les femmes à créer leurs propres activités. Et c’est tant mieux car cela aura popularisé l’entrepreneuriat féminin et ses spécificités. Cela aura également mis en évidence quels sont les principaux freins qui pèsent sur la création d’entreprises par nos femmes, qu’ils soient sociétaux et culturels, liés au manque de formation en management ou gestion d’entreprise, ou bien les difficultés d’accès en termes de crédits bancaires ! Et oui, je sens que les lignes ont bougé. De plus en plus d’entrepreneuses à succès sont médiatisées à l’échelle du continent. Les réseaux sociaux ont été une formidable caisse de résonnance, permettant une promotion « entrepreneuriale » à faible coût et à diffusion instantanée ! Néanmoins, il ne faut pas que ce soit l’arbre qui cache la forêt ! En effet, dans cette floraison d’enthousiasme, il y encore de trop nombreux échecs, qui pourraient pour certains être évités. A mon avis, la façon de parvenir à une amélioration collective de l’entrepreneuriat féminin passe par la sensibilisation, la formation et la création d’outils spécifiques d’accompagnement des femmes « entreprenantes ». C’est la voie que j’ai choisie avec la création de la fondation Sounga, qui sensibilise les femmes qui veulent créer et développer une entreprise, avec l’incubateur Sounga Nga. Mais toutes les femmes ne souhaitent pas entreprendre, et c’est très louable ! Au sein d’entreprises, d’administrations ou d’ONG, elles peuvent néanmoins se montrer « entreprenantes », c’est-à-dire de faire preuve d’initiatives, d’innovation, de capacité à porter un projet ou d’évoluer à des postes hiérarchiques suprêmes. Tout cela passe par une affirmation de leur potentiel, la démonstration de leur leadership. C’est la vocation même de la formation itinérante proposée par l’Académie du Leadership féminin, dont la prochaine session se tiendra à Libreville. Et avec mon futur « Annuaire de compétences féminines » et sa mise en lumière de la sororité, la boucle est en train de se boucler ! C’est pour cela qu’il faut persister, continuer à sensibiliser, informer, former, écrire des plaidoyers, rencontrer des décideurs ! La tâche est grande, mais les résultats sont encourageants, et ne constituent qu’un premier pas !


Premium

Si vous aviez un message à direction de nos lectrices qui souhaitent entreprendre ou qui rêvent en grand ? Un seul mot : OSEZ ! Mais pas n’importe comment, donnez-vous un cadre d’actions. Pour cela, voici cinq recommandations pour vos lectrices, tirées de mes observations et mes propres expériences. Tout d’abord, apprenez à vous connaître vous-mêmes. Vos forces, vos faiblesses. Vos envies, vos projections. Faire de vos faiblesses une force, tester et améliorer votre leadership… Puis, apprenez à sortir de votre zone de confort, afin de vous tester et progresser dans des environnements difficiles, en croyant en vous en permanence. Afin de vous aider dans cette quête, vous pouvez visualiser vos objectifs. Cela vous permettra de les matérialiser, qu’ils soient plus atteignables, et cela confortera votre confiance en vous. Puis, n’hésitez pas à tout mettre en œuvre pour repousser vos limites, quelles qu’elles soient. C’est par la « mise sous tension » que l’on progresse réellement, ce sont les obstacles qui permettent de franchir les difficultés, pour son projet entrepreneurial, professionnel voire amoureux ! Enfin, il faut savoir donner du temps au temps. Bien faire les choses dans le bon planning, laisser les choses se décanter, mûrir, en gardant en tête qu’il ne faut pas avoir peur de l’échec. Sous réserve qu’il ne soit pas trop destructeur, et donc totalement contre-productif, l’échec permet d’acquérir de l’expérience, et ainsi de faire évoluer positivement ses projets !

L’expression « black excellence », mythe ou réalité ? Que signifie-t-elle à vos yeux ? Vous savez, il y a de plus en plus voix qui portent le même message : le temps de l’Afrique est arrivé ! Je crois que la « black excellence » ne peut pas se résumer à une pseudo approche historique plus ou moins bien « romancée », ou bien à un hashtag, il faut profiter de ce moment de l’Histoire et avant tout vivre cela comme une prise de conscience. Partout dans le monde, de nombreuses figures et talents scientifiques et culturels, des dirigeants, économistes ou entrepreneurs d’origine africaine prennent, sans complexe, la place qui leur revient dans la mémoire collective de l’humanité. Il faut désormais que ce ne soit plus l’apanage de ces élites, que les moins célèbres ou les plus modestes, tous âges et sexes confondus, puissent occuper des lieux et des espaces auxquels leurs ancêtres n’auraient pas eu accès. Désormais, je suis convaincue que les prochaines générations d’Afro-descendants, entrepreneurs, étudiants, salariés, migrants, non seulement auront comme missions de se construire, de s’instruire et porter haut et fort les valeurs originelles de notre beau continent, mais aussi seront plus armés pour surmonter les blessures sociétales et les diverses injustices auxquelles ils continueront à se confronter, afin de façonner le monde de demain. Je n’oublie pas les femmes africaines dans cette vision. Ce sont elles qui continueront à porter ce combat, et le gagneront car elles sont tout simplement exceptionnelles !

“ Partout dans le monde, de nombreuses figures et talents scientifiques et culturels, des dirigeants, économistes ou entrepreneurs d’origine africaine prennent, sans complexe, la place qui leur revient dans la mémoire collective de l’humanité ” Originaire d’Afrique Centrale (Gabon & Congo), que représente cette région du monde dans votre cœur ? C’est ma région de cœur, et d’amour. Celle qui m’anime, pour laquelle je me bats, afin qu’elle progresse, tout particulièrement sur le chemin du combat qui m’émeut, le Genre. C’est aussi celle qui me permet de me ressourcer, où je reviens très régulièrement pour voir et profiter des miens. C’est aussi celle où je me suis construite, où j’ai appris l’essentiel de ce que je suis devenue, qui m’a permis d’être qui je suis, avec mes valeurs

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ? C’est une image duale, presque une fusion de souvenirs ! Tout d’abord familiale, et j’ai presque une photographie sous les yeux, où à peine âgée d’une dizaine d’années, je suis en train de discuter avec ma mère et, à travers cet échange, alimenté par mes tantes également qui s’étaient jointes à nous, je découvre tout ce que l’on attend d’une femme africaine ! Ma vision a évolué avec le temps, mais c’est bien de cet instant que date ma prise de conscience personnelle de notre place, singulière, dans cette société africaine et plus largement dans le monde ! Et en même temps, je songe à Lucie, la plus célèbre des australopithèques avec ses plus de 3 millions d’années, découverte par des archéologues en Éthiopie dans les années 70, au sein de notre continent l’Afrique ! Le doyen de l’humanité est… une doyenne ! Au-delà de la boutade et de la fierté que je ressens quant à être Africaine, les racines, c’est ce qui nous aide à nous construire et nous définir ! Il faut qu’elles soient à la fois solides et propices à notre épanouissement. C’est tout cela que « Roots » évoque pour moi, et tant d’autres choses encore, que chacune de vos lectrices peut également ressentir à la lumière de son propre vécu, parcours ou expériences !


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Photo : Stéphane Bossart


Premium

LINDA TCHATCHOUA SERIAL ENTREPRENEUR

“Avez-vous dejà vu un lion qui est blessé et qui ne se relève pas ? [...] En 2014, j’ai commencé avec 8 employés, j’en ai désormais 153.” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Tchatchoua Suzanne Linda, Camerounaise, cheffe d’entreprise aux multiples casquettes et à la tête de 6 entreprises : J’en ai fondée 4 d’entre elles : - Safari Logistics une entreprise de transit, transport et logistique. - Mahaza Beauty qui est un institut de bien-être. C’est une chaîne qui se compose de 4 structures au Cameroun, 2 à Douala et 2 à Yaoundé, et dont je viens de lancer les franchises. - Mahaza Luxury Interior Design & BTP : Décoration d’intérieur, construction, aménagement et design de bureaux ou de maisons. - Safari Quickly qui est un service de livraison express de petits matériels (courriers, documents, objets...) Je suis co-associée dans 2 autres : - An’li (contraction de Anne et Linda), une boulangerie dans le 17ème arrondissement de Paris (67 avenue Laugier). C’est l’histoire d’Anne, une jeune Camerounaise très professionnelle, passionnée de pâtisserie et que j’ai décidé d’accompagner dans son aventure entrepreneuriale. - Mamour, une production de jus 100% naturels. Pour cette activité, j’ai choisi de rejoindre un entrepreneur qui s’appelle Germain. Ce sont des jus faits avec amour, sortis tout droit des plantations à Loum, dans l’Ouest du Cameroun dont je suis originaire.

Revenons sur votre parcours. vous avez eu la trajectoire d’un phoenix avec plusieurs vies entrepreneuriales... Quelle a été votre capacité de rebond pour être aujourd’hui à la tête de ces 6 entreprises ? Pour parler de mon rebond, il faut déjà que je vous évoque ma base. J’ai fait 15 ans à l’extérieur du Cameroun et je suis revenue à l’âge de 34-35 ans. J’adore l’entrepreneuriat et j’ai toujours eu cette envie de créer. Lorsque que je mets sur pieds un projet, mon objectif est qu’il soit parmis ce qui se fait de mieux au Cameroun. Je chérie l’ambition de pouvoir me développer, avant mes 50 ans, dans l’Afrique Centrale et même au-delà. Pour revenir sur mon parcours, je suis rentrée au Cameroun en 2013. J’ai travaillé dans une entreprise familiale pendant 6 mois mais cela ne s’est pas bien passé. Je suis très perfectionniste, j’aime les choses bien faites et, dans le cas présent, chacun faisait un peu ce qu’il voulait. Je décide alors de me mettre à mon propre compte. Je m’installe alors dans un petit bureau à Bali (quartier de Douala) et je crée mon entreprise de transit. Tu es nouvelle, tu sors de l’Occident, et là... C’est peau de banane sur peau de banane ! Je me retrouve avec une montagne de crédits et de nombreux problèmes financiers. Je n’ai pas pu tout bien gérer et je n’avais pas encore intégré les rouages du Cameroun. Beaucoup de gens de ma famille ont tenté de me décourager en me conseillant de rentrer en France ou aux États-Unis, loin des maux de tête du Cameroun. J’ai alors demandé : “Avezvous dejà vu un lion qui est blessé et qui ne se relève pas ?” J’ai décidé de ne pas écouter mon entourage, j’ai pleuré, j’ai beaucoup prié, je me suis remise en question et j’ai continué à croire en moi. Nelson Mandela a fait des années de prison jusqu’à devenir Président de son pays parce qu’il a cru en lui. Je suis partie d’une entreprise, en 2014, qui avait mal débuté... à 6 entreprises, en 2023. Mon rebond s’explique par la résilience, la détermination et ma rage de vouloir réussir.


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“ Peu importe les difficultés, le Cameroun est et restera mon pays.” Le Cameroun a la réputation d’être un pays assez dur pour les affaires. Face à ces difficultés de départ, vous n’avez jamais envisagé de changer de pays ? Le Cameroun est mon pays et si nous, les jeunes, rejetons le Cameroun alors c’est la génération du dessous qui va en pâtir. Toute seule, je ne peux pas changer le Cameroun, je n’y pense même pas. Mais je sais ce que je peux apporter à mon pays. J’ai commencé avec 8 employés, j’en ai désormais 153. Imaginez le nombre de familles que cela nourrit... Je le répète, peu importe les difficultés, le Cameroun est et restera mon pays.

Si vous deviez citer 3 adjectifs pour vous qualifier ? Il y a les qualités innées et celles qu’on l’on acquiert tout au long du parcours. Je pense être visionnaire, mais je suis née avec, c’est dans mon ADN. On dit souvent de moi que je suis résiliente, mais j’ai appris à le devenir. Dernière chose, j’ai une joie de vivre qui déborde, ce qui fait que les coups bas peuvent difficilement m’affecter.

“ On pourra toujours essayer de te casser, te décourager, te désorienter, tant que tu restes fidèle à tes convictions profondes, tout ira pour le mieux.”

Cette édition célèbre la « Black Excellence ». Que vous évoque cette expression ? Je suis et je vis « Black Excellence ». Je pense à ma mère, cette femme qui est ma seule icône de réussite. Elle a plus de 70 ans et travaille toujours comme si elle en avait 50. Elle voyage à travers le monde et continue de gérer ses affaires. Je lui dois ma force et ma joie de vivre. Cette expression me fait également penser à tous ces jeunes entrepreneurs noirs qui réussissent sur le continent africain.

Nous sommes à l’heure du « woman empowerment ». Un message pour les femmes qui vont vous lire ? Je parlerais tout d’abord aux hommes. En 2023, si vous ne comprenez toujours pas l’importance de la place de la femme dans la société, alors vous êtes loin du compte. Quant aux femmes, je leur conseillerais tout simplement de croire en elles et d’être déterminées. Il n’y a pas d’autre condition. On pourra toujours essayer de te casser, te décourager, te désorienter, tant que tu restes fidèle à tes convictions profondes, tout ira pour le mieux. Ne te demande pas si tu vas y arriver, dis-toi simplement que TU VAS Y ARRIVER. Mesdames, votre seule limite c’est vous-même ! Ne comptez ni sur votre mari, ni sur votre papa. Demain, si votre époux rencontre un problème de santé et devient handicapé, tout votre monde doit-il s’écrouler ? Je le répète, vous êtes votre seule limite et aucun homme ne peut éteindre votre lumière.

Que représente le Cameroun pour vous ? J’adore le Cameroun. Je suis très attachée à mon pays, bien qu’il s’agisse d’un champ de bataille où le relationnel joue énormément et où il n’y a de place que pour les forts. Nous travaillons justement pour qu’il y ait de la place pour tout le monde, dans les années à venir. Pour que la génération de ma fille puisse vivre dans un meilleur Cameroun.

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Si je vous dis le mot « Roots » (racines), vous me répondez ? L’esclavage. Kunta Kinté.


Photo : Orphée Noubissi


Chaussures: GOYA

Photo : Stéphane Bossart


Premium

MBEKO TABULA

AVOCAT, ENTREPRENEUR & INVESTISSEUR “Beaucoup de notre communauté ne s’autorisent pas à voir grand. [...] Parallèlement à ces résignés, il y a les résilients conquérants, des femmes et des hommes d’une grandeur et d’une ambition sans égal. .” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Mon nom Tabula, mon prénom Mbeko. 34 ans. Avocat.

Quels sont les dossiers mythiques ou médiatisés auxquels vous avez eu l’occasion de vous frotter ? J’ai eu la chance de traiter beaucoup de dossiers passionnants, qui concernent des anonymes aux parcours de vie incroyables. J’interviens sur des dossiers médiatiques, comme le dossier Samuel Paty, j’interviens aussi sur le dossier Pogba, je suis l’un des conseils de Mathias Pogba. Dossier médiatique ou pas, je suis heureux, je fais ce que j’aime.

Quand on vient dans votre bureau, le ton est donné. Tableau de Toussaint Louverture, Malcolm X... Des figures noires impactantes et à vocation d’émancipation. D’où vous vient cette fibre panafricaniste ?

Ce sont mes lectures qui m’ont donné l’envie d’y croire. Ce sont mes modèles, Mandela, Martin Luther King, Malcolm X, Tupac au travers de la musique, qui m’ont donné envie d’aller au bout de mes objectifs. Je dis objectif et non rêve, car les rêves c’est pour ceux qui dorment et ici on ne dort pas... Je ne pense pas à avoir le verbe haut, j’essaie modestement de me faire comprendre. J’essaie modestement d’impacter positivement les miens. Beaucoup des nôtres n’y croient pas car on ne leur a pas suffisamment répété, pas suffisamment insufflé, cette soif d’y arriver, cette force de tout surmonter, peu importe les circonstances, les obstacles, qui se dressent on y arrivera. 7 fois à terre, 8 fois debout. Le manque d’audace qui caractérise encore beaucoup d’hommes et de femmes de notre communauté repose sur le fait qu’ils et elles ne s’autorisent pas à y croire. Ne s’autorisent pas à voir grand. Ils ou elles pensent que la réussite c’est pour les autres. L’excellence c’est pour les autres. Hélas beaucoup encore pensent ainsi. En même temps, parallèlement à ces résignés, il y a les résilients conquérants, des femmes et des hommes d’une grandeur et d’une ambition sans égal. Des femmes et des hommes qui réalisent des grandes choses, dans la médecine, la mode, les sciences humaines, le sport, l’entreprenariat, la musique, l’architecture... Des choses qui nous rendent fiers.

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Le ton est donné, en réalité je suis honnête et cohérent avec mon histoire, je ne me voyais pas accrocher au mur un portait de Napoléon ou du Général de Gaulle... Soyons sérieux ! Je connais mon histoire en tant que Noir, je rends hommages à mes valeureux ancêtres et c’est normal. Toussaint Louverture et Malcolm X pour ne citer qu’eux sont des sources d’inspiration inépuisables. Tu as oublié de dire que j’ai le portait de Solitude, Nzinga et Winnie Mandela. Beaucoup de femmes sur mes tableaux, elles m’accompagnent dans mes combats du quotidien. Cette fibre panafricaine je l’ai depuis enfant, dès l’âge de 10 ans, j’avais déjà envie de rassembler les Noirs pour développer une force intellectuelle et économique.

Avocat au verbe haut, quel a été le déclic pour vous dire que tout était possible et comment expliquezvous que beaucoup de la diaspora continuent à se mettre des barrières mentales ?


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“Mon agenda, c’est pousser et soutenir la dizaine d’entreprises dans lesquelles j’ai investies. ”

Sentez-vous la montée d’une conscience noire avec une clientèle soucieuse de faire travailler un avocat de la communauté ? Oui je sens une clientèle noire de plus en plus soucieuse de sa manière de dépenser son argent et qui va volontairement me désigner comme avocat car je suis Noir. Je le sens, dire le contraire serait une contre-vérité. Seulement, j’ose espérer que ma couleur de peau entre en considération dans un second temps, après la question sur ma compétence. Je pense que mes clients me désignent car, primo, ils me pensent compétent, deuxio, car je suis Noir. Si j’étais éclaté au 8 ème sous-sol, si j’étais médiocre, Noir ou pas, ils ne m’auraient jamais confiés leurs dossiers, la défense de leurs intérêts. Jamais. Être Noir n’est ni un sésame ni une compétence.

Au-delà de votre profession d’avocat, vous êtes un investisseur au sein de la diaspora. Quel est votre agenda ? Mon agenda, c’est pousser et soutenir la dizaine d’entreprises dans lesquelles j’ai investies. Apporter mes ressources pour aider à les faire grandir. Apporter de la valeur à ces sociétés du mieux que je peux. Tout cela en silence...

Parlez-nous des Funérailles des Tabous, une émission que vous co-produisez... Les Funérailles des Tabous, c’est d’abord une aventure humaine. C’est Régis Mutombo Katalayi, qui crée cette émission, qui m’a convié à participer à ce programme. Je veux lui rendre hommage publiquement car c’est lui qui m’a tendu la main et donner l’opportunité de donner mon avis via ce support. Ensuite, pour des raisons d’agenda et d’organisation, Régis a quitté le navire, laissant le bébé à Philippe Fabignon aka Sinaï et à moimême, votre humble serviteur.

Philippe et moi produisons cette émission, nous essayons humblement de fournir un contenu de qualité tant sur le fond que sur la forme. L’ambition est grande, l’ambition est affichée, faire des Funérailles des Tabous l’émission phare de la communauté afro dans le monde francophone...

Black Excellence, que vous évoque cette expression. Mythe ou réalité en France ?

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La Black Excellence, c’est un état d’esprit, c’est un mode de vie, faire les choses avec grandeur, force et dignité. La perfection n’existe pas. Seulement, nous pouvons produire du contenu, des habits, des immeubles, des plats, des chaussures en étant excellents. Cela demande de l’effort, de l’intelligence, de la rigueur, de l’exigence, du renoncement. Oui du renoncement, renoncer à l’approximation, à la peu près, à la médiocrité, à la petitesse... Ce n’est pas un mythe la Black Excellence, c’est une réalité, ce n’est pas une chimère, c’est une évidence pour beaucoup. Je pense à Maïmouna de Maiwax, cette opticienne brillante, qui me confectionne mes lunettes sur mesure avec le plus grand soin. Je pense aussi à Francis Kitchen un chef cuisinier incroyable, à l’imagination débordante et au talent rare. Je pense à Marame Diao, la fondatrice de Reflète ton intérieur, une décoratrice d’intérieur de génie, qui s’occupe notamment des décors des Funérailles des Tabous, qui réalise un travail intelligent, fin et sublime. La Black Excellence existe pour ceux et celles qui veulent voir et y croire. Si je performe dans mes affaires aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à mon binôme silencieux, Gary Mbye; un homme d’affaires discret mais ô combien efficace, un stratège, le métis au grand coeur, un homme loyal et un panafricain authentique, que Dieu lui accorde longue vie, ainsi qu’à toute sa famille.


Photo : Stéphane Bossart

Originaire de la RDC, cela représente quoi pour vous ? Avez-vous des projets à destination du Congo ? La RDC c’est ma terre natale, Kinshasa, c’est de là où tout part. 243. J’ai plusieurs projets au Congo, en cours de réalisation... Je n’en dirais pas plus car les résultats parleront mieux que moi en temps voulu. J’aspire à rentrer vivre sur place dans un futur proche, y vieillir et y être enterré.

Si je vous dis le mot « Roots » (racines), vous me répondez ? Roots, c’est le socle. C’est ce qui donne du sens à mon existence. C’est ce qui définit en partie ce que je suis. Mes racines me donnent une solidité, me rendent inébranlable à l’instar du baobab... Je suis très ancré dans mon africanité, très attaché à mon histoire personnelle, à l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora. Les fourmis ne font pas de bruit comme dirait l’autre... Je suis un résilient conquérant, déterminé à vivre à fond sa vie, sans rien attendre de mon trépas car les promesses de l’au-delà sont des promesses qui ne se vérifient pas...

“ La Black Excellence, c’est un état d’esprit, c’est un mode de vie, faire les choses avec grandeur, force et dignité. ”

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Photo : Stéphane Bossart


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AÏTA MAGASSA

MAGNAT DE L’IMMOBILIER AFRICAIN “ Le développement économique du continent passe par une meilleure structuration de l’immobilier qui est un facteur économique pilier et fiable. ”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Aïta Magassa aka Madame AÏta. J’ai 39 ans, franco-mauritanienne, 3ème d’une fratrie de 12 enfants. J’habite Cergy, je suis mariée et mère de 5 enfants. Revenons rapidement sur la genèse de Nawali et à quels besoins avez-vous voulu répondre en créant cette structure ? J’ai créé Nawali en 2018 pour permettre de démocratiser l’investissement immobilier en Afrique. Je le fais suite à un constat personnel et à une frustration ressentie. L’Afrique est un continent très mal exploité et peu exploité par les Africains. En matière d’immobilier, le continent présente énormément d’opportunités mais la corruption, le manque d’intermédiaires de confiance et d’accompagnement de qualité fragilisent le secteur. De plus, le développement économique du continent passe par une meilleure structuration de l’immobilier qui est un facteur économique pilier et fiable. Ayant une expérience de plus de 10 ans dans la gestion immobilière en France, J’ai voulu relever le défi en créant Nawali qui, aujourd’hui, est un groupe immobilier.

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Quel est le champs d’action de Nawali sur le continent ? Nawali est un groupe immobilier qui propose de la vente de terrains sécurisés, de la promotion immobilière axée sur l’écologie et des financements éthiques. Nous sommes présents dans 5 pays (Sénégal, Mali, Mauritanie, Gambie, Côte d’Ivoire). Comment expliquez-vous cette ascension quasi fulgurante de Nawali ? J’ai deux mots qui me viennent en tête : résilience et détermination. En l’espace de 5 ans et demi, nous avons proposé une nouvelle image de l’investissement immobilier en Afrique et je peux dire que le pari est réussi. J’ai toujours gardé mes valeurs et mes principes, je me suis entourée de personnes comme moi, je suis restée authentique et j’ai su prendre en compte les critiques pour réadapter quand il le fallait. J’ai aussi beaucoup investi dans la société afin de nous donner l’opportunité de développer Nawali. Cet état d’esprit d’entraide et révolutionnaire ne m’a jamais quittée et c’est une force. Je pense que nous avons aussi éveillé les consciences et prouvé qu’une société créée par une femme afro peut arriver à s’imposer dans ce domaine en partant de rien.

Si vous deviez donner 3 clés de réussite ? - La patience car tout se fait par plans. Ne précipitez pas les étapes, soyez bon sur un sujet avant de vous lancer sur un nouveau. Ne soyez pas moyen, cela ne sert à rien d’être moyen, il faut être bon dans ce que vous proposez et ensuite vous évoluerez en proposant des prestations complémentaires. - L’investissement. N’ayez pas peur d’investir pour développer votre marque. Cela fera la différence avec vos concurrents s’ils rechignent à investir sur leur image. - L’entourage. Entourez-vous de personnes qui ont le même mindset que vous, de personnes positives qui vous admirent, de bienveillance... Ne laissez personne casser votre rêve.

“Entourez-vous de personnes qui ont le même mindset que vous, de personnes positives, de bienveillance... Ne laissez personne casser votre rêve. ”

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Photo : Stéphane Bossart

L’expression « Black Excellence », que représente-t-elle pour vous ? Mythe ou réalité ? Pour de « l’Excellence » il faut répondre à une certaine exigence ! Je ne pense pas que, dans la communauté, nous avons atteint cette excellence. Pour la diaspora, il y a encore du travail car ils ont un très haut niveau d’exigence. Depuis 5 ans, j’ai vu de nombreux projets naître mais beaucoup ne sont plus là. Pour atteindre la « Black Excellence », il faut de la rigueur, un plan et une vision. Nous gagnerons à travailler sur ces points. Nous sommes la génération consciente et on est à un tournant important pour le continent ! Malgré tout, je pense qu’on a l’esprit pour y arriver, on est sur la route du succès pour atteindre l’excellence.

“ Pour atteindre la « Black Excellence », il faut de la rigueur, un plan et une vision. ”

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ? La route du succès pour atteindre l’excellence !

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ABENGTA AFFICHER LA GALERIE

K E Y S B P H OTO

Baba Guirassy Le fondateur

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BABA GUIRASSY FONDATEUR DE ABENGTA

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Guirassy Baba, 31 ans. Je suis le Fondateur & Directeur de création de ABENGTA, le Gérant de AVA Studio et le Président de l’association Diakspora.

Revenons sur votre parcours. Quelle est la genèse de Abengta ? Et pourquoi ce nom ? C’est après avoir passé 5 ans au sein du département Communication de la DG du groupe Lagardère que je décide de me consacrer entièrement au développement de la marque. La signification de « Abengta » provient du Diakhanké (mon groupe ethnique). Ce terme est utilisé pour qualifier la justesse et dire d’une tenue qu’elle est belle et bien portée. J’ai fondé la marque en m’inspirant de ma mère qui était commerçante dans le domaine du textile africain (Bazin artisanal malien, tenues en wax...). Elle m’a permis de découvrir, dès mon plus jeune âge, l’excellence de l’artisanat africain. J’ai commencé par l’aider dans la gestion quotidienne de sa petite entreprise et, au fil des années, quelques questions revenaient sans cesse : “Comment rester connecté à ses racines africaines, tout en restant ouvert sur le monde ?” Ces questionnements ont nourri mon souhait de créer des vêtements, qui fusionnent l’esthétique africaine avec le raffinement européen… Et s’il il y a bien une chose que j’ai constaté : une élégance authentique et audacieuse permet de transcender les frontières et les cultures.

Vous avez habillé de nombreuses personnalités, parlez-nous de ces quelques moments marquants… Je pense notamment à la release party de l’album Bansky de H-Magnum où j’ai pu habiller les plus grandes stars de la musique en France avec une collection exclusive de costumes africains qui font aujourd’hui partie de nos pièces emblématiques (Gims, Dadju, Franglish, Abou Debeing, etc.). Mais si je dois retenir un moment en particulier, je dirais celui où j’ai confectionné le costume de mariage de Franglish ainsi que celui de ses garçons d’honneur. Son entourage m’a donné carte blanche et il a pu porter en exclusivité la gamme AFROPRISMA qui est un costume avant-gardiste fusionnant le boubou africain et le tailleur haut-de-gamme français.

Comment se passe le processus de confection au moment de passer commande chez vous ? Nous accueillons nos clients dans notre studio de création en région parisienne pour essayer les pièces en prêt-à-porter ou en consultation afin de créer des pièces sur-mesure aussi bien pour les mariages africains que pour les grandes occasions (galas, défilés et autres évènements mondains).

Quels sont vos objectifs de développement à court et moyen termes ?

Nous nous positionnons comme une marque haut de gamme d’inspiration africaine, qui perpétue l’héritage africain tout en innovant et en s’adaptant au monde de la mode.

À court terme, notre objectif est de poursuivre notre croissance accélérée sur notre marché et de nouer des partenariats stratégiques pour devenir un acteur de premier plan en France et en Europe. À moyen terme, nous préparons le terrain avec le développement de nouveaux produits. Nous misons notamment sur notre gamme AFROPRISMA pour devenir l’étendard du luxe africain en France et à l’international.

Comment vous démarquez-vous de l’offre existante en matière de tenue africaine Premium ?

Originaire de Guinée, que cela représente-t-il pour vous ?

Tout débute avec le design, on est constamment dans la recherche de la justesse et de l’originalité lorsque l’on imagine un vêtement chez ABENGTA et ceci dans les moindres détails : la coupe, les détails, les combinaisons de couleurs, etc. Pour produire ce résultat, nous nous sommes entourés de la crème de la crème de l’artisanat africain. Nous nous attachons également à sélectionner des matériaux de qualité pour chacune de nos pièces. Enfin, nous avons également bâti à travers le temps une forte image de marque sur notre marché grâce à des ambassadeurs de renom, on n’achète pas seulement un vêtement chez ABENGTA… mais on adopte une attitude, une affirmation de soi.

Avant d’être Guinéen, je me considère comme Africain et je suis particulièrement fier de partager mon africanité à travers la mode.

Comment décririez-vous l’ADN de la marque et quelle est votre cible ?

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? La grande de Mosquée de Djenné. Cet édifice transmet une aura puissante et j’y attache également une valeur sentimentale puisque mes ancêtres y ont étudié. Ce lieu revêt une énorme source d’inspiration pour moi, et reflète mes racines africaines dans le logo de la marque.


Lenny Kravitz

Kim Kardashian

Beyonce, Jay-Z & Bernard Arnault

Busta Rhymes

Pharrell

Willow & Jaden Smith

Memphis Depay

Lebron James

Taylor the Creator

Rihanna & Asap Rocky

Paul Pogba Pharrell

Naomi Campbell

Marcus Rashford


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PHARRELL

Une nuit pour l’éternité

Quand la Black Excellence irradie Paris

Il n’était pas du hit planétaire « N*ggas in Paris ». Mais il a donné tout son sens à ce titre devenu culte. Pharrell Lanscilo Williams a fait ce que personne n’aurait pu et ne pourra sans doute jamais faire : Réunir toute la black excellence de l’entertainement mondial à un instant T, sur le pont Alexandre III, dans la plus belle ville du monde : Paris. Omar Sy et les joueurs du PSG sont quasi passés pour des quidams, rien que cela… Officiant en tant que Directeur artistique homme pour la maison de luxe Louis Vuitton, Pharrell a ouvert son carnet d’adresse pour allumer la ville lumière d’un show que personne n’oubliera. Car le show résidait AUTANT sur le runway et la curiosité suscitée par la nouvelle aventure créatrive du compositeur de Happy, succédant ainsi au regretté et génial Virgil Abloh QUE sur la pléiade de superstars présentes pour l’occasion. Auparavant, lorsqu’un Balmain réussissait à aligner quelques Neymar ou Kanye, la magie était déjà là. Alors, que dire d’une nuit réunissant Beyonce et Jay-Z autour de Bernard Arnaud, Rihanna & Asap Roky, Lebron James, Lewis Hamilton, Zendaya, Lenny Kravitz, Tyler the Creator, Jared Leto, les enfants Smith, Kim Kardashian, Kelly Rowland, Paul Pogba pre drama, Jude Bellingham, Marcus Rashford, Memphis Depay…

Qu’on se le dise, ce fut historique et qui, à part Pharrell, aurait pu réaliser pareil exploit ? Quel autre que lui peut se prévaloir de n’avoir aucun ennemi et, au contraire même, de n’avoir que des personnes admiratives de son talent. Tout genre, tout milieu confondu. Avez-vous déjà entendu une voix acerbe s’élever contre notre génie originaire de Virginie ? La réponse est probablement non. Et ce consensus est mondial. Alors, même si « business is business », le tour de force reste magistral. Quant à la collection en elle-même, vous connaissez la rengaine, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Certains conservateurs, arque boutés dans les codes des vieilles maisons de luxe, auront accueilli avec tiédeur cette collection jugée trop « bling bling ». Comme on dit au Cameroun : « Si tu n’es pas content, tu sautes et tu cales en l’air ». Car si Pharrell a été choisi, c’est autant pour son audace que pour cette volonté de poursuivre dans la lignée de Virgil : La Street a pris le pouvoir. Et avec Pharrell en qualité de Directeur artistique, comment ne pas s’attendre à une explosion de couleurs, de matières, de coupes détonnantes ? Pour notre notre part, au sein de la rédaction, nous sommes sous le charme ! Le défi était colossal, Pharrell l’a relevé, et avec mention excellence. Black Excellence.

Michael Kamdem

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ZOOM SUR

Automne-Hiver 23/24 5 COULEURS À ADOPTER

ROOTS a scruté pour vous les catwalks de la saison automne hiver 2023-2024. les tendances mode qui oscillent entre style bourgeois et romantique.

LE BCBG BEIGE Le retour du style BCBG marque l’arrivée du beige dans les tenues de la saison automne-hiver. Douceur et féminité.

L’ENERGIE DU JAUNE

LES NUANCES CHAUDES DU MARRON Chocolat, café, les nuances gourmandes du marron se fondent dans les vestiaires mode. Pour celles qui préfèrent éviter les couleurs vives, le marron - et plus précisément le ton chocolat - est une autre teinte incontournable de la saison. La manière la plus élégante de porter le marron est en total look avec différentes nuances.

Cet hiver, le jaune apporte de l’éclat aux looks ! Couleur idéale pour réchauffer sa garde-robe hivernale, le jaune s’impose surtout sur les accessoires ou sur une seule pièce, telle que le manteau, comme aperçue sur le podium du défilé Valentino. Cette teinte, risquée en apparence, peut facilement s’associer avec du blanc pour l’apaiser ou du noir pour une sihouette des plus mode.

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LE CHIC DU GRIS Coloris neutre et sophistiqué, le gris s’invite dans tous les vestiaires mode. Du gris clair au gris anthracite, cette palette offre une multitude de nuances. On retrouvera des manteaux, des pulls, des robes et des pantalons dans des nuances de gris, permettant de créer des tenues élégantes et raffinées. Le gris peut être associé à d’autres couleurs comme le blanc, le noir ou des touches vives pour un contraste saisissant.

LA PASSION DU ROUGE Saison après saison, le rouge subsiste dans les tendances. Synonyme de puissance et de passion, en manteau ou en robe, en chemisier ou en pantalon, la pièce rouge est un indispensable de la garde-robe de la femme fatale. Et cet hiver, afin que le plus grand nombre se laisse emporter par son charme, une déferlante vague de rouge se décline sous plusieurs tons, du plus vif, aux nuances intenses et plus sombres.

Magalie Swelly Consultante Image & Style

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ZOOM SUR

Automne-Hiver 23/24 LES TENDANCES

LA LAVALLIÈRE BOURGEOISE Le chic de la blouse col Lavallière s’est frayé un chemin sur le podium parmi les pièces phares de la saison. Plus simple à nouer qu’une cravate classique, le volume de la Lavallière apporte une touche de prestance à la silhouette. Les modèles colorés tels que le rouge, le rose , le bleu, ajoutent du dynamisme à votre tenue. Quant aux tons neutres comme le blanc, le gris, l’écru ou le rose pâle, apportent une élégance raffinée.

L’ÉTERNEL DENIM Cet hiver, le denim refuse d’être adopté partiellement, il s’impose dans notre dressing en all-over. Osez le volume et la longueur avec le chemisier en jean manche gigot, le pantalon large ou la jupe longue. Affirmez votre style avec une sélection de pièces ultra travaillées. Pour une illusion d’optique, une silhouette totalement denim, de même teinte, donnera l’impression que vous portez une seule pièce.

LA DENTELLE SORT DE LA CHAMBRE Symbole de sensualité et de romantisme, la dentelle dépasse son rôle de sous-vêtement et se porte aussi bien de jour que de nuit, en été comme en hiver. Pour une parfaite combinaison d’élégance et de sensualité, apportez une subtile touche de dentelle à un total look noir et le charme opérera !

LE RETOUR DE LA JUPE SUR PANTALON La combinaison audacieuse des années 2000 fait son retour cet hiver. Aperçue sur les catwalks des maisons de Haute Couture comme Chanel et Givenchy, les enseignes de prêt-àporter telles que Zara n’ont pas hésité à intégrer à leur vestiaire de la rentrée 2023 l’excentricité de la jupe sur pantalon.

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Magalie Swelly Consultante Image & Style


ALPHADI


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Photo : TBK SHOOT


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MAISON EZINRIS LE CONCEPT STORE

DES DESIGNERS AFRO

Contrôle d’identité s’il vous plaît ?

Quels sont votre positionnement et la cible visée ?

Rose, 32 ans, d’origine Camerounaise, créatrice et fondatrice de La Maison Ezinris : concept store dédié aux designers africains. J’ai créé Ezinris Beauty, marque d’extension capillaire et d’accessoires. Je suis également consultante en création d’entreprise.

Notre positionnement se veut premium, avec un excellent rapport qualité / prix. Notre cible est la femme active entre la vingtaine et la soixantaine...

On vous a connu en tant qu’entrepreneur beauté avec votre marque de lacewig Ezinris. Vous faites peau neuve avec La Maison Ezinris, un concept store dédié aux créateurs afro. Racontez-nous la genèse de cette nouvelle aventure ?

- Des produits avec d’excellentes finitions et des tissus de qualité. - Une bonne capacité en réapprovisionnement de stock. - Un SAV impeccable.

La Maison Ezinris est un concept store qui fusionne le monde de la mode et l’univers de la beauté. Je déniche les pièces de créateurs africains (vêtements et accessoires) afin de proposer de nouvelles expériences à mes clients. Le boudoir Ezinris Beauty est toujours là, une pièce lui est consacrée, car mes clientes sont toujours demandeuses de lacewigs. Il y a 15 ans, j’ai fait mes études dans la mode. J’avais un rêve, celui de créer ma marque de vêtement. Après cette école, je m’oriente vers la communication. En 2017, juste après ma licence, je renoue avec le continent. Je vais à Douala et commence à m’intéresser davantage à la mode et les techniques de production. Le déclic a été lors de mes voyages à Abidjan. J’ai découvert des créateurs incroyables. Je revenais à Paris avec leurs créations dans ma valise. Je faisais des razzias. Mes clientes me demandaient souvent où j’achetais mes tenues. En 2022, j’avais la possibilité de créer mon concept store à Douala. Finalement, j’ai choisi les opportunités qui se présentaient à moi, ici, en France. 2023 est donc l’année de transition.

Un message à destination des designers afro ?

Quel est le cahier des charges à remplir pour être vendu chez vous ?

Lorsque vous lancez votre collection, pensez directement Global. C’est-à-dire avoir en tête l’expansion de votre marque en Afrique et en Occident. Car le digital n’a pas de frontière.

Quels sont les projets de développement à court et moyen termes de votre concept store ? À court terme, accueillir de nouvelles marques. À moyen terme, lancer la boutique en ligne.

Black Excellence, que représente cette expression pour vous ? Comment cela se traduit-il à travers Maison Ezinris ? Elle représente le professionnalisme, le sérieux, le travail bien fait par des membres de notre communauté. Cela se traduit à travers ma sélection de créateurs et le regard que je porte sur les collections. Par exemple, nous accueillons les créations d’Elie Kuame, l’un des designers les plus réputés du continent.

Que va-t-on retrouver chez Maison Ezinris ? Vous trouverez des pièces de designers africains (vêtements et accessoires) originaires de Dakar, Abidjan, Lagos, Douala, Johannesburg... Basés sur le continent ou à l’étranger (New-York, L.A, Sydney...).

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MAISON EZINRIS 69 rue Danton 92300 Levallois-Perret Mercredi au Samedi de 11h30 à 19h30 Contact : hello@maisonezinris.com www.maisonezinris.com Instagram : @ezinris


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MACDIEUNETTE BRUTUS

L’élégance et l’innovation au cœur de CLEGG Paris, France - Une force créative inégalée et une vision audacieuse définissent Macdieunette Brutus, la Directrice Créative de Clegg, la marque emblématique de lunettes de soleil qui fusionne parfaitement l’élégance parisienne et l’artisanat italien. Avec son dévouement envers l’innovation, Macdieunette incarne le dynamisme de la mode contemporaine, tout en restant fidèle aux valeurs intemporelles de l’industrie des lunettes.

Le Parcours Inspirant d’une Visionnaire Depuis le succès retentissant du défilé de Clegg en septembre 2022 au Salon des Miroirs à Paris, l’attention du monde s’est tournée vers Macdieunette Brutus. Son histoire est celle d’une passionnée, d’une innovatrice et d’une créatrice de tendances. Après avoir conquis Paris avec un défilé exceptionnel qui a attiré plus de 700 invités, Macdieunette a ouvert un nouveau chapitre de l’histoire de Clegg à travers l’Atlantique, en apportant son style unique et son charisme à Miami et aux Bahamas.

Clegg : Un Voyage au Cœur de l’Élégance Parisienne Clegg, sous la direction visionnaire de Macdieunette Brutus, est bien plus qu’une simple marque de lunettes de soleil. C’est un voyage artistique, une fusion exquise de la vitalité de la pop culture et de l’élégance intemporelle du chic parisien. Chaque monture raconte une histoire, chaque teinte reflète une émotion. Les créations de Clegg transcendent les frontières, capturant l’essence vibrante de la mode internationale.

Innovation et Tradition : Le Duo Gagnant L’approche unique de Macdieunette réside dans sa capacité à marier innovation et tradition. En collaborant avec des artisans italiens renommés, chaque paire de lunettes Clegg incarne l’excellence de l’artisanat européen. Les designs avant-gardistes s’entrelacent harmonieusement avec les techniques traditionnelles, créant ainsi des œuvres d’art portables.

L’Engagement envers la Diversité et l’Inclusion

Sous la direction éclairée de Macdieunette Brutus, Clegg se prépare à conquérir de nouveaux horizons. Après les défilés réussis à Paris et aux États-Unis, la marque se tourne vers un avenir rayonnant, où l’élégance parisienne rencontre le monde avec grâce et style. Macdieunette continue d’inspirer les passionnés de mode du monde entier en redéfinissant les normes de l’industrie et en apportant une touche de raffinement européen à chaque regard. En embrassant l’innovation, la tradition, la diversité et l’inclusion, Macdieunette Brutus a tracé le chemin vers un avenir où l’élégance et la créativité s’unissent pour créer un monde de beauté sans limites. Clegg, sous sa direction, demeure une icône de la mode, un témoignage éclatant de l’union entre l’héritage parisien et la modernité internationale. Pour en savoir plus sur l’univers envoûtant de Clegg et découvrir les dernières créations signées Macdieunette Brutus, rendez-vous sur www.clegg.fr ou suivez-les sur Instagram @clegg_official.

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Au cœur de l’empreinte de Clegg réside un engagement profond envers la diversité. Macdieunette Brutus a transformé Clegg en une plateforme inclusive où chaque individu, quel que soit son style ou son origine, peut trouver la paire parfaite pour exprimer sa singularité. Les lunettes de Clegg ne sont pas simplement des accessoires, elles sont des déclarations audacieuses d’individualité et de confiance en soi.

Un Avenir Rayonnant


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Selector Femme Loza Maleomboh

VIVA MAGENTA une mode équitable

Des collections culturellement éclectiques, 1. ses silhouettes sont à la fois modernes mais aussi ethnique et tribale Loza Maleomboh est une créatrice qui ne cessera de nous surprendre. Ses vêtements mettent en exergue la qualité des tissus africains tels que le Kenté et le Bazin. Les pièces sont réalisées au Ghana et en Côte d’Ivoire, ce qui lui permet de créer des emplois Loza Maleomboh est née au Brésil et à grandit en Côte d’ivoire et aux Etats Unis, les différentes cultures qu’elle a connu influent 4. sur ses créations. L’Afrique regorge de talents et de matériaux de qualité, Loza fait parti de ces personnes qui internationalise ces forces.

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1. GUCCI Robe 1.700 € - 2. OAKLEY Lunettes de soleil 265 € 3. PINKO Blazer 355 € - 4. LE SILLA Mules 892 € 5. DIANE VON FURSTENBERG Blouse 310 € - 6. PINKO Haut à col montant 180 € 7. MARNI Porte-cartes 240 € - 8. CECILIA PRADO Pull à bords festonnés 265 € 9. Baskets Delta 3 JORDAN 120 € Une première collection à l’inspiration Touareg

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Eva Youmbi Elvira Lawson

Une nouvelle collection plus géométriques et colorées



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MET GALA 2023

Retour en images sur l’évènement le plus mode de la planète, réunissant les stars internationales, dans un concours de styles des plus audacieux. Une édition 2023 en hommage à l’un des papes de la mode : Karl Lagerfeld. Voici une sélection de nos looks préférés, avec une mention spéciale pour Rihanna... Tout simplement parce que c’est Riri !

Anok Yai Yung Miami

Diddy Janelle Monae

Usher

Mary J. Blige

Tems

Stormzy


Gabrielle Union & Dwayne Wade

Naomi Campbell Rihanna

Burna Boy Serena Williams Asap Rocky & Rihanna


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AMVCA 2023

Africa Magic Viewers Choice Awards ou quand le festival de cinéma du Nigéria se transforme en défilé de mode avec pour thème le glamour absolu. On savait les Nigérians avec un coup d’avance en matière de petit et grand écrans, via l’explosion de l’industrie Nollywood, ils nous prouvent s’il le fallait encore qu’ils sont bel et bien les boss de l’entertainment avec ce show magistral. Voici un florilège des looks les plus grandioses de vos acteurs préférés. Black is beautiful and it ain’t no joke !




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1 DA BANTON 1 Da Banton ou la déferlante made in Naïja. Qui n’a pas vibé sur “No Wahala” le tube planétaire de notre mannequin d’un jour ? Découvrez cet édiotrial mode, réalisé lors de son récent séjour parisien, en exclusivité pour ROOTS magazine. Encore mille mercis à toute l’équipe de production pour ce travail pointu.

PHOTOGRAPHE ISMAEL STYLISME ROMUALD PREMIER REMERCIEMENTS KARIM (Maison Kenji)

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Photo : Stéphane Bossart

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Kevin Mukuna, 33 ans, originaire du Congo RDC et créateur de la marque Kin La Belle.

Peux-tu nous expliquer la genèse de Kin La Belle ? L’ADN de la marque vient de plusieurs influences et est forcément lié à mes origines. Il y a 15 ans, en sortant du lycée, j’avais l’ambition de lancer une activité en rapport avec le Congo, mais c’était très confus. Je souhaitais mettre en avant le pays, que ce soit par ses coutumes, ses paysages, son peuple… Ma première idée était de partager nos endroits de rêve car je trouvais que la seule image que l’on retrouvait du Congo dans les médias était celle de la guerre ou de la famine, notamment avec ce qui se passe à l’Est. Je ne voulais pas du tout le nier car c’est quelque chose que les gens subissent encore aujourd’hui et il faudrait faire encore plus de bruit par rapport à cette situation, mais mon ambition était vraiment de valoriser le Congo en montrant ce qu’il avait de plus beau à offrir, à savoir nos paysages et notre culture. L’idée était de donner un peu plus envie aux gens de se dire que, si je veux visiter un endroit de rêve ou voir des plages paradisiaques, je peux aller en RDC.

Tout ceci est resté à l’état de projet car je trouvais mon ambition certes noble mais il y avait beaucoup de personnes qui le faisaient déjà et certainement mieux que moi. J’avais 18 ans, j’ai laissé un peu tout cela de côté et je me suis concentré sur mes études : DUT, puis école de commerce… Je suis entré dans la vie active et j’ai commencé à mettre de côté « au cas où ». Au rayon musique, j’écoutais beaucoup ce qui se passait côté US et, à la maison, les parents passaient beaucoup de Koffi, Papa Wemba, Viva la Musica… À cette époque, au rayon musique congolaise, je n’étais pas un grand fan de la rumba et des musiques collé-serré, j’étais davantage dans les makelele, les bruits, les génériques où ça tapait les pas de danse (rires). À ce moment, je me demande comment redonner vie à mon envie de mettre en avant la culture congolaise. Je ré-écoute alors l’album de Damso « Ipséité » et je prends une claque ! Son morceau « Kin La Belle » m’a touché à un point inexplicable. Je me rends compte que le morceau me parle totalement et cela m’inspire à créer une marque qui s’appellerait « Kin La Belle ».


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KEVIN MUKUNA FONDATEUR DE KIN LA BELLE

Quand je parlais d’influences multiples, il y a également eu l’exposition Congo Kitoko, en 2017, qui m’a été une énorme révélation. Je suis resté jusqu’à la fermeture. Je me suis dit : « On a des artistes peintres qui font des expos partout dans le monde et nous (le grand public congolais) ne sommes pas au courant. Je suis sûr que la grande majorité de la diaspora ne connaît pas ces artistes. » Et, comme eux, à travers ma marque de vêtement, pourquoi ne pas raconter les histoires du Congo ? C’est tout cela qui a nourri la genèse de Kin La Belle.

Quels sont vos produits phares et vos nouveautés ? Parmi tous nos modèles, les best-sellers sont le t-shirt ou hoodie « REINE » en hommage à la femme africaine - pour les hommes ou pour les femmes - et le « Mohamed Ali », que ce soit le « Ali Bomaye » ou le « Ali classique », les deux fonctionnent très bien. Pour les nouveautés, nous avons sorti une collection autour d’un artiste congolais incontournable : Fally. Je vous invite à découvrir tout notre univers sur instagram @kinlabellebrand.

L’idée était donc de prendre les figures l iconiques du Congo et de mixer tout cela à la sauce Kin La Belle ? Exactement. Parmi nos visuels forts, nous avons : Mohamed Ali par rapport à son combat à Kinshasa, le Sapeur, nous avons aussi la femme africaine que je voulais mettre en avant… L’idée était d’envoyer quelque chose qui parle au public congolais, mais pas que, à toute l’Afrique, un peu comme notre musique. J’ai voulu partir sur des figures fortes de notre culture et les représenter sous forme de peinture, en clin d’oeil à cette exposition que j’avais vue à la fondation Cartier. L’idée était de mixer textile et œuvre d’art afin d’interpeller et que les gens aient cette curiosité de savoir qui sont les personnalités que nous mettons en avant.

Originaire de la RDC, que cela représente-t-il pour vous, au-delà de votre marque ? Très bonne question. Cela peut paraître étrange, mais je n’y suis allé qu’une fois. J’étais tout petit et j’en garde pourtant des souvenirs. J’avais seulement 4 ans mais cela m’est resté dans la tête. Je me souviens d’être allé manger des mikates (beignets) en pleine rue avec une tante. Je n’ai pas les mots pour le retranscrire. J’avais été marqué par le bruit, le goût, tout. Je me rappelle qu’on était chez ma grand-mère et une de mes tanties nous avaient mis sur une table et fait danser avec mon petit frère, sur des sons à l’ancienne. Plein de petits flashs comme cela. J’ai donc une attache familiale, une attache nostalgique, mais on va remédier à tout cela rapidement car je projette d’y aller notamment pour faire des shootings.

Comment se procurer vos pièces ? Vous pouvez nous retrouver sur www.kin-la-belle.com Nous sommes très présents sur de nombreux salons. La prochaine étape est de faire des pop-up stores sur Paris pour recevoir notre public et, par la suite, avoir un réseau de distribution à Kinshasa, car il est important d’être présent en local. Nous rechercherons donc des représentants ou distributeurs en RDC.

Si je vous dis « Roots », l’image qui vous vient à l’esprit ? Une scène à Kinshasa, vivante, sur un marché. On appelle cela « zando » chez nous. Je vois quelque chose qui symbolise la vie, la joie de vivre et le fait d’être tous ensemble.

Avec un budget illimité, qui serait votre égérie parfaite ?

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Côté femme, je dirais Didi Stone. Elle représente le charme de la femme congolaise. Côté homme, il y a pas mal de candidats mais je vais aller chercher chez la jeune génération et je dirais Tiakola.


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Selector Homme Loza Maleomboh

VIN BORDEAUX une mode équitable

Des collections culturellement éclectiques, 1. ses silhouettes sont à la fois modernes mais aussi ethnique et tribale Loza Maleomboh est une créatrice qui ne cessera de nous surprendre. Ses vêtements mettent en exergue la qualité des tissus africains tels que le Kenté et le Bazin. Les pièces sont réalisées au Ghana et en Côte d’Ivoire, ce qui lui permet de créer des emplois Loza Maleomboh est née au Brésil et à grandit en Côte d’ivoire et aux Etats Unis, les différentes cultures qu’elle a connu influent 4. sur ses créations. L’Afrique regorge de talents et de matériaux de qualité, Loza fait parti de ces personnes qui internationalise ces forces.

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1. OAS COMPANY Polo en tissu éponge 135 € - 2. TAGLIATORE Blazer en lin 720 € 3. Baskets Dunk Retro NIKE 310 € - 4. Hoodie DOLCE & GABBANA 650 € 5. Pull ISABEL MARANT 290 € - 6. Cardigan GUCCI 2.700 € 7. TOGA VIRILIS Mocassins 430 € - 8. BRUNELLO CUCINELLI Gilet matelassé 1.690 € 9. T-Shirt MOSCHINO 185 € Une première collection à l’inspiration Touareg

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Eva Youmbi Elvira Lawson

Une nouvelle collection plus géométriques et colorées



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“ Une grande partie des tenues de luxe que vous voyez dans les clips, les concerts, les festivals et autres apparitions médiatiques proviennent de notre agence. ”

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HYRO ILS RÉINVENTENT LE LUXE Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Êtes-vous seul dans cette aventure ?

Je m’appelle Cheikh Mbaye, j’ai 25 ans. Je suis né et j’ai grandi dans le sud de la France, à Avignon. Je suis venu à Paris à l’âge de 18 ans pour faire une prépa HEC puis j’ai intégré une grande école de commerce (ESCP) qui m’a mené vers une carrière prometteuse en banque d’affaires. J’ai finalement décliné une offre de CDI en fusion-acquisition (M&A pour les connaisseurs) pour lancer HYRO, un projet qui me trottait dans la tête depuis plusieurs années.

Avant de vous développer un peu plus en détails comment fonctionne HYRO, je ne peux pas continuer sans mettre en lumière le rôle crucial de mon associé, Steve Kameni. En effet, le petit succès de notre start-up repose entièrement sur la force et la complémentarité de notre duo. Steve est Camerounais, et en fier Bamiléké qui se respecte, il a un sens aigu des affaires qui nous guide dans l’univers compétitif et impitoyable de l’industrie du divertissement. Je suis celui qui porte la vision du projet. Mon rôle est consacré à l’orientation stratégique d’HYRO avec pour mission de sculpter l’avenir de notre société. Steve, plus pragmatique, s’attache à assurer la viabilité et la rentabilité de l’entreprise. Ensemble, nous formons un tandem dynamique.

Décrivez-nous le champs d’actions de HYRO… HYRO est un service innovant de location de vêtements et accessoires de luxe, spécialement conçu pour les professionnels, c’est-àdire toutes les personnalités médiatiques qui vivent de leur image et de ce fait ne peuvent s’afficher deux fois avec la même tenue. Parmi nos clients, nous comptons des chanteurs, des sportifs, des influenceurs. Nous sommes en train de nous étendre vers l’industrie de la télévision et du cinéma. Nous proposons également à nos clients des services de stylisme et de gestion d’image. Pour le moment, nos services sont exclusivement destinés aux hommes. Notre principale clientèle provient du monde de la musique. En fait, une grande partie des tenues de luxe que vous voyez dans les clips, les concerts, les festivals et autres apparitions médiatiques des artistes proviennent de notre agence. Nous sommes fiers de cette contribution notable qui améliore l’image de marque de nos clients.

Vous êtes issu d’un cursus en finance, comment avezvous finalement atterri dans l’univers de la mode ? Il y a une multitude de facteurs qui expliquent mon virage vers l’entrepreneuriat, mais s’il fallait en souligner un, ce serait incontestablement ma philosophie de vie: choisir les chemins qui me permettent de continuer à rêver le plus longtemps possible. Je m’explique : dans l’univers de la finance, la hiérarchie est souvent rigide et les trajectoires professionnelles, bien que prometteuses, sont souvent prévisibles. J’ai donc décidé de choisir une voie où tout est possible sans concessions : l’entrepreneuriat. Cette décision n’était pas anodine, surtout en choisissant de me lancer dans un domaine qui me passionne profondément : la mode. Pour moi, entreprendre, c’est plus qu’une carrière, c’est une aventure personnelle où je peux exprimer ma créativité et mes ambitions sans frein.

Quelle est votre cible et comment sélectionnezvous les marques et personnalités qui travaillent avec vous ? Je vais vous en dévoiler un peu plus sur le business model de notre activité principale qui est la location de vêtements. Le nerf de la guerre chez nous c’est le stock. 50% de notre stock est acheté par nos propres soins et les 50% restants proviennent du système collaboratif, c’est-à-dire des personnes qui possèdent de belles pièces de luxe dans leur dressing et qui viennent nous les confier. Ces propriétaires récupèrent 70 % du montant de chaque location. En ce qui concerne les pièces que nous achetons nousmêmes, nous nous concentrons sur les marques les plus demandées et qui peuvent se revendre facilement (Louis Vuitton, Dior, Gucci, Prada, etc.). En presque 2 ans d’existence, nous n’avons jamais fait de publicité. Tous nos clients sont venus grâce au bouche-àoreille. Nous nous efforçons d’offrir le meilleur service possible grâce à un processus simple et agréable pour nos clients. Ce sont donc les clients qui viennent à nous et non l’inverse. Pour avoir un aperçu de nos clients, je vous invite à jeter un coup d’œil sur notre page Instagram (@hyroagency1). Et pour voir notre catalogue de vêtements, je vous invite à faire un tour sur notre site internet (https://www.hyroagency. com/).

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“ La Black Excellence, c’est un état d’esprit. [...] Rien n’est impossible pour celui qui s’en donne les moyens. ” Quels sont vos objectifs de développement à court et moyen termes ? Mon objectif principal est de développer HYRO à l’international et d’en faire une institution solide avec un impact environnementale positif. A court terme, il est prévu d’ouvrir un grand showroom à Paris offrant un large choix pour faire briller les yeux de n’importe quel artiste. L’objectif est clair : faire de cet espace la destination privilégiée et reconnue pour le stylisme des célébrités. Une fois ce projet réalisé, nous irons à Londres où nous avons déjà quelques clients. L’étape suivante de notre expansion internationale nous portera aux États-Unis, où nous envisageons d’ouvrir deux showrooms stratégiquement situés à New York et Los Angeles. Ainsi HYRO sera présent dans les épicentres clés du monde de la mode et du divertissement.

Vous avez collaboré avec de nombreuses personnalités. Quel serait votre top 3 (sans ordre) et pourquoi ? C’est vraiment difficile de n’en choisir que trois. Tout d’abord, je vais citer NINHO. On est fier de travailler avec lui car les chiffres le placent comme le rappeur numéro 1 en France, d’autant plus que notre collaboration est plus poussée qu’avec les autres clients. En effet, l’agence HYRO s’occupe personnellement de son image puisque nous avons entamé depuis quelques mois un travail complet sur son style afin qu’il passe à un niveau supérieur. Cette relation de confiance que l’on entretient avec lui et son équipe nous a permis de découvrir de nouveaux horizons, tels que participer à des campagnes publicitaires et à plusieurs autres projets que je ne peux pas encore dévoiler. Ensuite, je vais citer GAZO. J’apprécie particulièrement travailler avec lui car il a un charisme à l’américaine et une manière propre à lui de porter leBELLE vêtement, ce qui permet de s’amuser avec son T-Shirt : KIN LA style et de prendre des risques. De plus, j’entretiens d’excellentes relations avec son équipe, c’est toujours un plaisir de les retrouver lorsqu’ils font appel à nous pour un clip ou un concert. Pour finir, je vais citer KALASH. C’est grâce à lui que j’ai fait mon premier clip à l’étranger (ce qui est une superbe expérience, car on découvre vraiment les artistes dans leur intimité) et ma première grosse salle de concert (l’Accor Arena de Bercy). C’est un plaisir de travailler avec lui car il a une prestance et une ouverture d’esprit qui permettent d’aller oser chercher de nouveaux horizons artistiques.

Édition spéciale « Black Excellence », que signifie cette expression ? Mythe ou réalité en France ? J’aime beaucoup cette expression. Elle m’inspire et me donne de la motivation pour travailler dur et atteindre mes ambitions. La Black Excellence, c’est un état d’esprit : ne jamais perdre confiance malgré toutes les difficultés qui se poseront sur notre chemin et toujours être focus sur l’objectif. Il faut être conscient que ce sera sûrement plus dur que pour les autres dans le sens où on est plus exposé aux clichés et aux fausses croyances, et qu’on manque souvent d’entraide-aide financière et de réseau. Mais ça ne doit en aucun cas être une excuse car je suis convaincu que rien n’est impossible pour celui qui s’en donne les moyens. En tant que grand fan d’entrepreneuriat, je passe mon temps à écouter des podcasts d’entrepreneurs pour étudier leurs réussites. Et je pense qu’en France on a besoin de plus d’exposition de modèles noirs de réussites, en dehors du monde de la musique et du sport, pour les jeunes issus de la diversité.

Avez-vous un modèle de réussite dont vous aimeriez suivre la trajectoire ou qui vous inspire ? Je fraie mon propre chemin, je n’ai donc pas vraiment de modèle à proprement parler. Cela dit, s’il fallait choisir une figure publique qui incarne les qualités que j’admire, ce serait sans doute KEVIN HART, le célèbre stand-upper et acteur. Ce que j’aime particulièrement chez lui c’est sa bonne humeur vibrante et contagieuse. Il a toujours le sourire aux lèvres et ça me représente bien. Au-delà de ça, c’est un businessman aguerri puisqu’il est actuellement l’acteur le mieux payé du box-office avec une fortune estimée à 500 millions de dollars. Il symbolise l’alliance réussie entre le talent artistique et le sens aigu des affaires. En plus de ça, il a beaucoup de style - ce qui est un point important en tant que fondateur d’HYRO. Pour toutes ces raisons je m’identifie assez facilement à lui.

Originaire du Sénégal, cela représente quoi ? C’est mon pays d’origine et j’en suis fier. Je suis déçu de ne pas avoir pu y aller plus souvent ces dernières années à cause de mon rythme de travail assez intense. Mais je compte changer cela, surtout que je sais d’ores et déjà que mes prochains projets entrepreneuriaux seront tournés vers l’Afrique.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Tout de suite me vient à l’esprit l’image d’un énorme Baobab (arbre emblématique du Sénégal) avec de grandes racines à la fois visibles mais profondément ancrées. Ces racines gigantesques sont pour moi une métaphore puissante puisqu’elles illustrent l’importance vitale de fondations robustes et saines pour le succès et la longévité de tout projet. Dans un monde où les défis et obstacles sont nombreux, seules des racines bien établies permettront de résister et de prospérer. En ce qui concerne HYRO, ces fondations se manifestent à travers le duo solide et complémentaire que je forme avec Steve, un business model rentable, une vision claire, une détermination à toute épreuve et une passion sans faille pour notre activité.


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C r é d i t d e s i g n : B eWo n d e r c o m

Nos enfants sont l’héritage de la culture afro, transmettons leurs notre histoire ! D é co u v r ez e n ava n t p r e m i è r e l a p r e m i è r e p l a tefo r m e é d u ca t i ve e t l u d i q u e d e s c u l t u re s a f ri c a i n e s e t c a ri b é e n n e s !

H i s to i re s , co n te s e t l é g e n d e s Co n tex te h i s to ri q u e s Tra d i t i o n e t co u t u m e s D éve l o p p e m e n t p e rs o n n e l Ave c u n co n te n u a u d i o i m m e rs i f s ri ch e e t va ri é :

Adapté aux enfants de tous âges Disponible en Francais, Anglais, Swahili, Créoles et d’autres langues

w w w. G r i o K i d s . co m

@GrioKids


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PHOTOGRAPHE STÉPHANE BOSSART STYLISME CARLA (PAROLE PARIS)

Chemise satin : MOPRAISO Sac cuir : BLUE SKY LAB Baskets : BALENCIAGA


Baby Roots

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Haut blanc : HEMSLEY LONDON Pantalon nuages : HEMSLEY LONDON


Baby Roots

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Pantalon nuages : HEMSLEY LONDON Baskets : BALENCIAGA


Haut blanc : HEMSLEY LONDON


Baby Roots

NICOLE TETA NOKAM FONDATRICE DE NERIYA DOLLS

Comment est née l’idée de créer les poupées Neriya ? L’idée du projet m’est venue après la naissance de ma première fille lstellya. Je cherchais des jouets pour elle et j’ai été consternée par le manque de diversité dans l’offre des jouets offerts au grand public en Occident comme en Afrique. En effet, en tant que pédagogue de formation, il était important pour moi de démontrer le rôle de la poupée dans le développement psychomoteur de l’enfant. Cette idée s’est accrue et materialisée après la naissance de ma seconde fille Neriya.

Vous avez également apporté une démarche scientifique à votre reflexion... Les spécialistes de la petite enfance considèrent la poupée comme un jouet classique mais essentiel dans le développement sensoriel, affectif et social de l’enfant. « L’enfant rejoue en effet son quotidien ou des évenements. D’un autre point de vue, il peut se mettre à la place du parent qui console ou qui gronde afin de mieux comprendre la situation, ou de mieux l’intégrer. » Mais quelques questions se posent à moi, éducatrice et pédagogue que je suis : - Comment mes filles peuvent-elles se reconnaître dans leur quotidien et jouer avec une poupée qui ne leur ressemble pas ? - Comment peuvent-elles exprimer leurs émotions, reconstituer des situations et des épisodes de vie avec uniquement des poupées blanches, alors qu’elles sont couleur “chocolat,” comme le dit si bien Istellya. - Comment les autres enfants de couleur évoluent dans leur développement psychocognitif en créant un monde où les personnages ne leur ressemblent pas ? Anne-Sophie Casal précise que jouer avec une poupée « favorise également le développement et la consolidation de nombreuses compétences, telles que la motricité fine (habiller déshabiller), globale (porter le poupon, le pousser dans la poussette), le langage, la socialisation, l’imitation, l’empathie, la pensée symbolique en général. »

Comment se procurer vos poupées ?

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Nicole Teta Nokam, 44 ans, originaire du Cameroun, fonctionnaire des Nations Unies spécialiste de l’éducation et fondatrice de NERIYA Univers.

Qu’est-ce que l’univers Neriya ? NERIYA Univers, ou l’univers de Neriya et lstellya se veut être un environnement où les enfants de couleur se reconnaissent et s’identifient aux personnages et objets.

Les poupées sont disponibles en boutiques physiques à Montreal, Douala et Yaoundé. Mais nous avons la possibilité de livrer partout dans le monde, il suffit de nous contacter via notre Instagram : @neriya.dolls

Quels sont vos projets de développement ? Au-delà des poupées, nous souhaitons vendre des jouets, des livres, des puzzles et des jeux éducatifs pour les enfants de couleurs ; et donner l’opportunité à des millions d’enfants à travers le monde de développer leur estime, d’être fiers de leur peau, de leurs cheveux, de leur culture, avec des bonnes representations et des modèles qui leur ressemblent.

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Si je vous dis le mot “Roots”, vous me répondez ? Persévérance et Excellence.


Love, Rise, Shi

de NERIYA et ISTELLYA

CATALOGUE 2023

Neriya Dolls

@neriya.dolls


Baby Roots

Selector Kidz

MANTEAU D’HIVER

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1. Ciré CADET ROUSSELLE 45€ 2. Manteau CATIMNI 119€ 3. Doudone MARC JACOBS KIDS 209€ 4. Manteau LOUISE MISHA 136€ 5. Doudone CATIMINI 109€ 6. Manteau BONPOINT 485€ 7. Manteau BONPOINT 395€ 8. Doudoune NIKE 80€ 9. Coupe-vent KARL LAGERFELD KIDS 129€


Chez YEP Junior, nous faisons fleurir l'anglais dans l'univers de vos enfants. Nos 'English Fun Time' transforment l'apprentissage en jeu, et le jeu en avenir.



Baby Roots

ANNE DELAUNAY PROFESSION : DOULA

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Anne Delaunay, je suis métissée d’un père qui vient de la Creuse (France) et d’une mère originaire de Lomé (Togo). J’ai 43 ans et j’ai élevé 4 enfants. Mon métier est Doula et je suis également coach en parentalité. Je suis dans le milieu de la petite enfance depuis très longtemps puisque je bossais en structure hospitalière avant de me mettre à mon compte.

Qu’est-ce que le métier de Doula ? C’est une femme – même s’il y a quelques rares hommes – qui est au service de couples qui désirent devenir parents. L’accompagnement peut aller de la conception à l’accouchement jusqu’au post-partum. J’ai donc plusieurs expertises : je conseille les parents pendant toute l’aventure de la grossesse et de l’accouchement que ce soit à travers les volets alimentaires, physiologiques et/ou physiques. Je possède une expertise encore plus poussée en ce qui concerne les accouchements physiologiques, c’est-à-dire sans l’utilisation de médicaments ou d’instruments de type péridurale ou autres. Je donne des cours de préparation à l’accouchement, je vais faire des massages prénataux, des cours de préparation à l’allaitement, des cours de relaxation en milieu aquatique et, surtout, j’explique à la femme comment fonctionne son corps pour qu’elle puisse comprendre tout ce qui va se passer au moment de l’accouchement.

Est-ce un métier issu de l’ancestralité africaine ? Complètement ! Je vais parler de l’Afrique de l’Ouest qui est la région que je maîtrise, même si je sais qu’en Amérique Latine et en Asie ce genre de pratiques est également répandue car il y a très peu d’hôpitaux lorsqu’on arrive au niveau des villages. Traditionnellement, la femme Doula va s’occuper de la femme enceinte à travers les plantes, selon la pharmacopée à disposition dans le pays concerné. C’est une entraide pour préparer la femme à l’accouchement et que l’on pourrait comparer à un marathon. C’est une épreuve intense pour le corps. Là-bas, il n’y a pas énormément de métiers tels que les psychologues ou les ostéopathes. C’est un savoir qui est véritablement ancré et qui va se transmettre. La différence, et peut-être même la valeur ajoutée, est que je vais fournir toutes les explications à la femme que j’accompagne. Dans nos traditions, on peut avoir tendance à faire, sans pour autant expliquer le « pourquoi du comment ».

J’ai donc grandi en voyant cela, sans pour autant faire le lien avant il y a seulement 3-4 ans. Ma mère était donc un peu la femme sage qui allait voir les jeunes mamans avec son breuvage, son tissu et surtout ses mots. Elle parlait énormément, encourageait. On nous laissait toujours derrière une petite porte qui était entrouverte. Quand on est enfant, on est curieux donc on essaye d’écouter, de voir ce qui se dit et, finalement, ce sont des mots qui s’ancrent, qui restent et puis un jour tu te réveilles, tu fais le lien et tu te rends compte que c’était en toi.

Vous accompagnez les mamans jusqu’à ce que l’enfant ait quel âge ? Je peux aller jusqu’à l’âge de 6 ans. Lorsqu’ils ont entre 2 et 6 ans, notamment lors de l’arrivée d’un petit-frère ou petitesœur, peut naître une période de la frustration. Et parfois, les parents n’ont pas les bons outils ou la bonne lecture de la situation de leur enfant. À noter aussi que j’accompagne aussi les couples qui sont en parcours PMA.

Comment faire appel à vos services ? Via mon site www.anne-parentalite.fr ou en privé sur Instagram @anne_parentalite_doula. Je travaille uniquement sur l’Île-de-France. J’ai encore quelques patientes qui sont en Guadeloupe car j’y étais pendant le confinement et j’ai des réseaux qui se sont ouverts, mais le gros de ma clientèle est en région parisienne. Mon grand objectif pour l’été prochain sera de pouvoir exercer au Togo.

Sentez-vous de la demande pour de la formation ? C’est mon objectif. Beaucoup me sollicitent en inbox pour connaître mon parcours. En parallèle, je donne des cours pour les élèves qui passent le CAP Petite Enfance et j’entends comment les élèves pensent. Je trouve que le programme est hyper restreint et j’essaye d’ouvrir - un peu - avec mes connaissances mais c’est compliqué, car très normé. Donc, bien sûr, je pense qu’il y a un boulevard pour la formation au métier de Doula et je compte travailler dessus.

Originaire du Togo, cela représente quoi ? Comment as-tu intégré ce savoir-faire ?

Cela représente mon enfance, ma richesse, ma mère. Cela représente aussi la difficulté, il ne faut pas s’en cacher, mais aussi et surtout une grande fierté.

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ? Naturel.

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Je ne savais pas que j’avais cela en moi. De part ma culture togolaise, j’ai vu de nombreux accouchements et comment cela se passe làbas. Qu’il s’agisse de ma grande-sœur ou de mes tantes, ma mère nous emmenait voir l’heureuse nouvelle maman. Là, je la voyais faire



ROAD TRIP TO AFRICA

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PHOTOGRAPHE David EKUE MODÈLE Angélique GNANG MAQUILLEUSE Aïssatou MANSALY STYLISTE Lorraine KONE


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Racines

LA GAMBIE VUE PAR @zoe_93

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Racines

LA CASAMANCE VUE PAR @norika_kokeshi

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Racines

LE NIGER VU PAR @hmaydin

Didi Stone Olomide

Édito Baby roots

Didi Stone Olomide

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Racines

BAMENDJOU

Un week-end au village @bkpauline

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KRIBI

Un week-end à la plage @bkpauline

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Racines

L’ANGOLA VU PAR @jessartes


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Racines

LA RDC VUE PAR

@mackwantashi

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Photo : Will Zaid - Coiffure : Fashion Braids Paris Styliste : Flolamuse Couture - Maquillage : Gladys Mignan


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MURIEL LE BOULER PRÉSIDENTE-FONDATRICE

URIEL GROUP

“ La femme est source de vie et le socle existentiel de notre société. Elle est une puissante multiplicatrice de ressources. ”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Mireille LE BOULER, française d’origine camerounaise, mère de deux enfants. Navigante de profession mais investisseure et promotrice immobilière par passion, je suis la présidente-fondatrice d’URIEL Group où j’ai pour mission principale d’aider les femmes issues des diasporas afro-caribéennes à atteindre l’autonomie financière en se créant des sources de revenus additionnels grâce à l’investissement dans l’immobilier en France comme en Afrique. Décrivez-nous le champ d’action du Groupe Uriel ? Uriel Group est un cabinet de conseil et d’accompagnement en investissement immobilier qui a pour cœur de cible les diasporas afro-caribéennes en général et les femmes issues de cette diaspora en particulier. Notre mission est de permettre à cette diaspora de pouvoir s’offrir un bien ou investir dans l’immobilier tant en France que dans leurs pays d’origine et ce quel que soit leur revenu mensuel. Pour cela, URIEL Group est structurée en 4 pôles d’activités: URIEL Immobilier pour l’accompagnement et le conseil en investissement immobilier en France et en Afrique, URIEL Business Academy pour la sensibilisation, information et la formation, Uriel Digital Events pour la production et la gestion événementielle autour de l’immobilier et enfin Uriel Prestige comme agence d’immobilier de luxe. Comment avez-vous mis le pied dans l’univers de l’immobilier ? C’est arrivé avec le besoin d’aider mes proches suite à mes propres déboires. Alors que j’ai 22 ans, je décide d’acheter mon premier bien immobilier en France. J’étais loin d’imaginer tout

ce que j’allais devoir traverser comme obstacles du fait de mon origine (camerounaise d’origine). En partageant mon expérience avec mes proches, c’était les mêmes réalités, j’ai donc commencé à m’intéresser à ce milieu et grande était ma surprise de constater qu’il était aisé de se faire des gains considérables une fois qu’on avait compris le processus. J’ai d’abord commencé par donner un coup de main à mes proches qui souhaitaient obtenir un bien immobilier en parallèle de mon travail d’hôtesse de l’air. C’est sur la remarque d’une amie que j’ai définitivement décidé de me lancer corps et âme dans ce milieu et depuis 25 ans, je ne cesse de me découvrir. Quels sont vos projets futurs ? Dans la panoplie de projets en gestation, nous avons 3 projets de fort impact pour la communauté des diasporas afro-caribéenne en Europe. Le premier projet est plus un challenge qu’autre chose parce qu’il concerne les femmes. Nous allons lancer le programme 1000 femmes propriétaires en France en 2024. En second, nous allons étendre notre solution de financement participatif des projets immobiliers, Les Tontines de l’Immobilier - solution lancée en 2021 - aux projets d’investissements immobiliers en Afrique dans le cadre des programmes de promotions immobilières spécifiques au continent. Et enfin nous prévoyons pour la fin de l’année 2024, l’organisation du 1er Salon de l’Immobilier pour les diasporas Afro-caribéennes à Paris.

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“ Rendre la femme autonome financièrement est ce qu’il y a de mieux pour nos sociétés ” Pouvez-vous nous en dire plus sur le programme 1000 femmes propriétaire, de quoi s’agit-il concrètement ? URIEL Group souhaite résoudre l’une des disparités les plus poignantes de la société: les femmes propriétaires sont presque inexistantes. Et pour cause, elles n’osent pas ou alors trouvent celà très long, compliqué ou onéreux. La société fait croire à la femme qu’elle ne peut ou ne doit pas posséder de bien immobilier ce qui est faux et plus encore à notre ère. Les femmes doivent se mettre à l’abri et se doter d’un toit sûr. Elles peuvent et doivent entreprendre de diversifier leurs sources de revenus et d’espérer à un avenir meilleur. Les femmes doivent pouvoir saisir toutes les opportunités que la vie offre. Quel qu’en soient leurs statuts, leurs âges, leurs revenus mensuels, le programme 1000 femmes propriétaires ambitionne d’aider toutes les ressortissantes de la diaspora afro-caribéenne de France à pouvoir posséder un toit en France. Pourquoi cibler particulièrement les femmes ? Aujourd’hui on parle beaucoup de l’inclusion des femmes dans le développement économique des pays surtout en Afrique. C’est parce que la femme est le socle de la société, elle est un puissant multiplicateur de ressources. Rendre la femme autonome financierement est tout ce qu’il y a de mieux pour nos sociétés. De mon experience personnelle en tant que femme, mère, soeur, épouse être financièrement autonome a été la meilleure chose que l’univers et l’immobilier m’ont offert. Et je souhaite faire profiter à d’autres femmes de cette expérience transformatrice et surtout les motiver à croire en elle, à avoir le courage de franchir le pas et à défier les interdits que la société (un peu trop patriarcale pour mon goût) nous imposent en tant que femmes en général et surtout en tant que femmes afrodescendantes en particulier.

Est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de la solution de financement participatif “Les tontines de l’immobilier” ? Depuis quelques années, l’investissement dans la pierre se présente comme le meilleur moyen de faire fructifier un placement, générer des revenus complémentaires, se constituer un patrimoine ou encore de compléter sa retraite. Néanmoins, si l’investissement immobilier est une opportunité inédite en termes d’investissement à haute valeur de rendement, elle n’est malheureusement pas accessible à tous. Pour avoir accompagné les investisseurs issus des diasporas africaines et afro-caribéennes à se bâtir un patrimoine immobilier en France et au pays d’origine ces 5 dernières années, je constate malheureusement que beaucoup de membres de notre communauté sont exclus de cette opportunité que représente l’investissement immobilier. C’est pour pallier cette problématique que nous avons développé une solution de financement “Les Tontines de l’Immobilier”, solution unique et sur-mesure pour les membres des diaspora africaines et afro-caribéenne. Lancée en 2021 avec un périmètre d’action limitée à la France dans un premier temps, nous allons l’étendre à 3 pays d’Afrique (Cameroun, Côte d’ivoire et Sénégal) en 2023. L’ambition est de permettre à tout membre de la diaspora - africaines et afro-caribéenne - de pouvoir se bâtir un patrimoine immobilier en France et au pays à partir de 5 euros.

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Photo : Will Zaid

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Si vous aviez un conseil pour un lecteur qui songe à acheter mais qui attend le bon moment depuis « trop » longtemps ? J’aurais plutôt deux conseils à lui donner (sourire) : 1) Il n’y a pas de bon moment sinon que le bon moment c’était hier. Il faut passer à l’action maintenant. 2) Il faut se former et/ou se faire accompagner. Acheter une maison, c’est pas acheter une voiture ou un sac à main. C’est une décision lourde de conséquences pour toute la vie. Raison pour laquelle il faut la prendre en bonne connaissance de cause. Et sur cet aspect, URIEL Group propose un ensemble de solutions d’accompagnement pour permettre aux membres de la diaspora d’investir dans l’immobilier en toute sérénité ici comme au pays.

Contact : +33 7 53 72 82 49 www.mireilleduriel.com

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Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il pour vous? Y avez des projets à moyens termes ? Mes origines ont été la source de ma motivation et le déclencheur de ce projet. J’en suis fière et je le revendique d’ailleurs. En ce qui concerne les projets, oui j’en ai, car comme je le disais plutôt, nous lançons cette année un programme de promotion immobilière sur le Cameroun dans le cadre de l’extension de la solution de financement, “Les tontines de l’Immobilier” en Afrique. Nous en dirons plus sur le programme dans le cadre des prochaines éditions.

Si je vous dis le mot « ROOTS » (racines), quelle est la première image qui vous vient à l’esprit ? La terre rouge de mon village, le visage de ma grandmère qui est la force qui me fait avancer dans l’adversité! Lorsque je ne sais plus où aller je me souviens d’où je viens. L’essence de ma vie je la puise à la source, a mes “racines”. Cette force me fait avancer sans limite, sans barrière car je sais d’où je viens.


PHOTOGRAPHE WIL ZAID MAQUILLAGE HAWO MAKE UP ARTIST


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EMMA BERKOVITS

FONDATRICE d’ACCESS AIR “Voler avec AccessAir en jet privé, c’est avoir accès à plus de 20 000 avions au meilleur rapport qualité / prix / sécurité. “ Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Emma Berkovits, 41 ans, je suis CEO d’AccessAir depuis 5 ans, après 17 ans d’expériences dans l’aviation d’affaires. Revenons sur votre parcours. Comment vous êtes-vous lancée dans l’aventure AccessAir ? Forte de 15 années d’expérience dans l’aviation d’affaires, AccessAir fut pour moi l’aboutissement d’un projet porté sur la personnalisation et la satisfaction d’une clientèle exigeante. Être une femme entrepreneur dans un milieu masculin est un challenge de tous les jours. Passionnée d’aviation et soucieuse de satisfaire mes clients, l’équipe qui m’entoure au quotidien est présente pour innover, proposer des expériences uniques et répondre aux attentes de nos clients. C’est en faisant mes armes au Club Med en tant que Travel Coordinator que j’ai pu appréhender la notion de sur-mesure. Ensuite, au cours de mes expériences dans l’aviation d’affaires, j’ai compris les codes, les difficultés et les exigences d’un secteur pluriel et attachant. Un univers challengeant, qui me motive à me surpasser chaque jour. À quel type de clientèle vous adressez-vous ? Notre clientèle est internationale et variée. Nous accompagnons aussi bien des hommes d’affaires, des familles russes et saoudiennes, des sportifs professionnels, des artistes internationaux ou encore des marques prestigieuses. Nos clients ont des besoins bien spécifiques, que l’on s’efforce de combler afin d’apporter une expérience de voyage unique. Notre capacité d’innovation constante associée à une expertise pointue et une connaissance des codes du luxe, font d’AccessAir une référence dans l’accompagnement personnalisé en aviation d’affaires. Cette promesse nous permet d’aller au plus près des attentes de nos clients et de toujours répondre aux désirs les plus extravagants.

Quels sont vos projets de développement à court et moyen termes ? Au niveau de l’affrètement, nos objectifs sont, d’une part, de confirmer notre position de leader sur l’ultra-personnalisation de nos vols, d’autre part, d’accélérer notre activité auprès de clients venus du monde entier et être résolument tournés vers l’international. Concernant nos projets de développement, nous avons également à cœur de propulser JetLab, notre nouveau concept, qui est la reproduction en taille réelle de l’intérieur d’un jet privé dernière génération. Un espace complétement modulable, destiné à la location pour les professionnels du cinéma, de la vidéo, de la photo, mais aussi pour les marques et l’événementiel. Vous souhaitez développer votre marché Afrique. Quel état des lieux faites-vous de l’aviation privée sur le continent ? Oui, nous avons déjà eu l’occasion d’accompagner des clients sur le continent africain. L’aviation privée en Afrique connaît une croissance progressive, avec une augmentation du nombre d’avions privés et de sociétés de services d’aviation privée dans certaines régions. Des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya et l’Egypte ont tendance à avoir une activité d’aviation privée plus développée en raison de leur économie plus avancée et de leur infrastructure aéroportuaire. L’aviation privée en Afrique est souvent utilisée par les hommes d’affaires, les hauts fonctionnaires, les célébrités et les touristes fortunés pour des déplacements flexibles et rapides à travers le continent. Les avions privés offrent une plus grande commodité, des horaires flexibles et la possibilité d’atteindre des destinations éloignées ou mal desservies par les compagnies aériennes commerciales.

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Chemisier : AntiKOD



Veste : COURRÈGES


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Manteau : BLUE SKY LAB


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“ Inspirée d’un jet privé de dernière génération, notre réplique à taille réelle [...] se destine aux professionnels de la photo, de la vidéo, du cinéma, de l’évènmentiel, aux marques et aux formations du personnel navigant. ” Il est important de noter que les défis tels que l’infrastructure aéroportuaire limitée, les réglementations complexes, les problèmes de sécurité et les coûts élevés peuvent influencer l’expansion de l’aviation privée dans certaines parties de l’Afrique. Pour obtenir des informations plus précises et à jour sur l’état de l’aviation privée en Afrique, je vous recommande de consulter des sources spécialisées dans l’aviation, les entreprises de services d’aviation privée, les associations de l’industrie aéronautique ou de contacter des professionnels de l’aviation en Afrique. Si vous aviez un message à adresser à nos forts portefeuilles africains ? Voler avec AccessAir en jet privé, c’est avoir accès à plus de 20 000 avions au meilleur rapport qualité / prix / sécurité, mais pas que. C’est également faire vivre une réelle expérience en vol et offrir un voyage unique à chacun de nos clients. La connaissance client et l’ultra personnalisation de nos avions nous permettent de créer des moments d’émotion grâce à un vol entièrement personnalisé. Vous avez rencontré de hautes personnalités via votre activité. . Si vous deviez citer les 3 moments les plus mémorables. Nous rencontrons des personnalités tous le jours mais ce qui nous anime, c’est de tout mettre ne place pour qu’ils kiffent ce moment à 10000 pieds dans les airs. Nous avons d’ailleurs créé le concept de l’ultra personnalisation avec des concepts spécifiques comme le « Spa on board » ou le « Chef on board ». Chaque vol devient unique et le moment reste inoubliable.

« Boss Lady », une expression qui vous parle ? Si vous aviez 1 conseil pertinent pour une femme qui souhaiterait se lancer dans l’entreprenariat ? J’ai plusieurs conseils à donner à toutes les femmes qui souhaitent entreprendre : - Croyez en vous et suivez votre passion. - Entourez-vous de personnes positives et de mentors. - Établissez un réseau solide. - Apprenez en permanence. - Gérez votre temps efficacement. - Soyez prête à prendre des risques calculés. - Restez persévérante et résiliente. Parlez-nous de votre service de location pour shooting et vidéo avec la modélisation d’un jet... Inspirée d’un jet privé de dernière génération, cette réplique à taille réelle offre un espace modulable permettant de répondre, avec simplicité, aux différents besoins du public. Inédit en Europe, ce décor a été pensé pour tous ceux qui souhaitent privatiser une cabine d’avion, sans toutes les contraintes que cela implique. Destiné aux professionnels de la photo, de la vidéo, du cinéma, de l’événementiel, aux marques et aux formations du personnel navigant, l’espace s’adapte à tous les besoins. Personnalisable dans les moindres détails, cette reproduction entièrement modulable, se compose de 3 tronçons et de 6 modules et est disponible à la location. Ce décor entièrement personnalisable et unique en Europe a de beaux jours devant lui et déjà de beaux projets à son actif. Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ? La référence presse dans le domaine du lifestyle, de la culture afro-caribéenne et l’entrepreneuriat des Africains (et pas que !).

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Photo : Julien Scussel


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ROSEMONDE PIERRE-LOUIS C PAS DE LA COM

EXPERTE DANS LE LUXE & “L’UTRA LUXE” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Rosemonde Pierre-Louis, 42 ans, d’origine haïtienne. Je dirige une agence de communication qui s’appelle CPASDELACOM, je suis professeure de marketing d’influence et écrivaine. J’aime dire que je suis une « cool girl » avec une « fast life ».

Comment devient-on une « cool girl » avec une « fast life » ? Je suis née cool (rires). J’ai toujours évolué dans le milieu de la communication, j’ai travaillé auprès des plus grandes maisons de disques... J’ai toujours baigné dans l’univers des strass et paillettes : cinéma, musique, télévision, médias… Et, finalement, je suis arrivée là où je suis car j’ai toujours été sympa avec les gens et aussi parce que je suis une acharnée de travail. Je ne me suis jamais fixée de limite ou dit que quelque chose n’était pas fait pour moi. Personne ne m’effraie, j’ai toujours été droite dans mes bottes et je dois ma réussite au fait de faire du bon boulot. Le bouche-à-oreille a fait le reste car, au final, je réponds à très peu d’appels d’offres. Mon travail a toujours précédé ma réputation.

Sur quel type de missions opère CPASDELACOM ?

J’en ai tellement ! J’ai fait une superbe opération pour une très belle marque de parfum qui s’appelle Henry Jacques, c’est de l’ultra luxe. Ils ont ouvert une boutique avenue Montaigne. On a travaillé sur l’inauguration et c’était énorme ! Cela a été l’occasion d’organiser une conférence de presse avec Rafael Nadal (leur égérie) et la marque de parfum. Il y avait 15 personnes dans la salle, Rafael Nadal qui était assis à côté de moi et la boss de la marque qui me dit : « Rose, tu peux nous présenter ? ». J’ai dû prendre le micro devant tous les journalistes et faire la présentation, c’était fou ! J’ai également eu à bosser également sur le Grand-Prix de Monaco, c’était une sacrée expérience. Et, enfin, je citerais un big évent que j’avais organisé avec GQ. Ce soir-là, j’ai été alpaguée par un prospect qui voulait travailler avec moi et cela s’est très mal passé. Au lieu de me prendre à partie, il a vociféré et m’a dit des choses atroces devant les gens. J’ai continué à faire mon travail comme si de rien n’était. Le lendemain, j’ai dit à mon assistante de ne pas signer le devis qu’on devait envoyer à cet individu. Pourtant, il s’agissait d’un gros montant et d’un travail sur une longue période, mais je refuse qu’on me parle de la sorte, même pour tout l’or du monde. Ce fut un moment marquant car j’ai eu un gros manque à gagner mais je ne peux pas travailler avec quelqu’un s’il n’y a pas de considération pour l’humain. Cela signifie qu’à la moindre petite friction tout va voler en éclat et que tu vas me prendre pour ton esclave. Si je fais ce métier, où je vis des expériences incroyables, ce n’est pas pour être malheureuse ou qu’on me traite mal.

“ J’aime dire que je suis une cool girl avec une fast life. ”

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Nous effectuons 4 métiers : Relation Presse, Relation Public, Celebrity Marketing et Personal Branding. Pour faire simple, je mets en lumière les gens. Je considère que nous avons un rôle social à jouer. La vie est tellement dure que notre mission est de faire rêver et rendre les marques pour lesquelles on travaille iconiques. Relation Presse : Faire en sorte que l’on parle très bien de nos clients dans la presse. Relation Public : Créer des liens entre les marques que l’on représente avec d’autres univers, en organisant, par exemple, des dîners. Cela peut se traduire également par de l’évènementiel en organisant une big fête pour positionner une marque. Celebrity Marketing : Mettre en relation une grosse célébrité avec une maison de luxe. Personal Branding : C’est très spécifique. Nous accompagnons des grands patrons du Cac 40. Ils sont très bons dans ce qu’ils font mais ne sont pas nés avec le téléphone, ils ne sont pas « digital natives » et n’ont pas trop les codes. Nous les aidons à faire en sorte d’acquérir tous ces codes. J’interviens essentiellement dans le secteur du luxe : L’Hôtellerie de luxe, la beauté, peu de mode et beaucoup d’entertainment.

Si vous deviez citer vos 3 moments ou opé les plus marquantes ?


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A quel moment décidez-vous d’écrire un livre ? Tout simplement parce que, avant mes 40 ans, j’étais arrivée à un moment où j’avais tout. Super agence, deux beaux enfants, super mec, la belle montre, l’appartement qu’il fallait... Pour autant, je me rendais compte que je n’arrivais pas à être heureuse. Dans ma vie, j’ai toujours voulu faire énormément de choses. Je pense que c’est pour m’éviter de penser à des horreurs qui me sont arrivées. Je me rappelle que j’étais en vacances au Cap-Ferret, chez les bourgeois dans ma vie de rêve, et là mon frère m’appelle pour m’annoncer que notre mère est morte. Au moment où il m’apprend cela, mon monde s’est écroulé. Et j’ai compris pourquoi je n’arrivais pas à être heureuse alors que j’avais tout ce dont j’avais rêvé. J’ai fait une grave dépression, avec des idées noires, suicidaires… Et j’ai compris que, à l’âge de 5 ans je m’étais faite violer et tous les épisodes sont remontés à la surface. J’ai décidé d’écrire pour exorciser et me réapproprier mon histoire. Et surtout pour briser la chaîne. Car, dans nos communautés, et même ailleurs, on ne nous entend pas ou alors on fait en sorte que tu ne parles pas. J’avais besoin de couper cela, j’avais besoin que mes filles sachent qui j’étais, d’où je venais, pour ne pas qu’elles aient à porter cela car, parfois, tu endosses des choses qui ne t’appartiennent pas. Au départ, mes écrits n’étaient pas destinés à être un livre. J’ai toujours aimé écrire, j’ai un blog où je raconte des histoires, j’ai toujours aimé regarder les gens dans la rue et leur inventer des vies. Finalement, mes écrits sont devenus livre, puis s’est enchainée une grosse tournée promotionnelle. Cette partie de ma vie est la chose qui me tient le plus à cœur. Je mène un nouveau combat. Je veux faire tomber la prescription du viol sur enfant. Il faut savoir que, dans la loi française, il n’y a qu’un seul crime qui est imprescriptible, c’est celui de crime contre l’humanité. Je me bats aussi pour un maximum de prévention. J’aimerais que les pédophiles puissent se dire que, quoiqu’il arrive, ils ne pourront plus dormir sur leurs deux oreilles. Et il faut arrêter avec le cliché des femmes noires fortes, c’est faux, ça nous brise.

“ J’ai compris que, à l’âge de 5 ans, je m’étais faite violer et tous les épisodes sont remontés à la surface. J’ai décidé d’écrire pour exorciser et me réapproprier mon histoire. Et surtout, pour briser la chaîne. ”

Ce livre a-t-il été une thérapie ? Absolument, cela m’a fait un bien fou. Quand le livre est sorti, j’ai décidé d’en parler à ma fille qui avait 7 ans. C’était le jour le plus difficile de toute ma vie, mais je me suis dit qu’il fallait lui parler avant que d’autres ne le fassent dans son école. J’ai tourné en rond toute la journée et, à 20 heures, je lui ai expliqué. Elle a super bien compris et sa réaction m’a à la fois délivrée et soulagée. Pendant deux nuits, elle n’a pas dormi, elle pleurait et me disait qu’elle n’arrêtait pas de penser à ce que m’avait fait le monsieur. Je suis contente de l’avoir fait car, quand tu es une petite fille, on te dit toujours « Fais attention aux garçons », mais faire attention ça veut dire quoi ? On ne t’explique pas que ton corps t’appartient et que personne n’a le droit d’y toucher. Je suis contente qu’elle sache cela. J’ai eu tellement de retour de femmes qui’ m’ont écrit pour me dire qu’il leur était arrivé la même chose. J’ai même eu le message d’une femme de 63 ans qui me disait que c’était la première fois qu’elle en parlait. J’ai décidé de m’exposer parce que je suis souvent vue comme une femme forte, mais toutes les personnes qui ont été agressées, comme moi, ont des fêlures et ont le droit de ne plus avoir honte.

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Édition Black Excellence, un terme qui vous parle ? Vous considérez-vous Black Excellence ? Il faudrait définir « Black Excellence ». Parle-t-on d’une personne qui est Noire et qui a réussi dans un certain domaine ? À dire vrai, je ne me suis jamais pensée en « Black Excellence ». Je connais mes qualités, je connais mes défauts, je sais là où j’excelle. J’ai des capacités assez incroyables à me dépasser. Jay-Z, Michelle Obama, Viola Davis… C’est super ce qu’ils ont fait, ce sont des exemples d’excellence, mais je ne m’identifie pas du tout à eux. Pour moi, « Black Excellence » c’est ma mère, ma grand-mère. Cela reste une notion assez floue, même si je peux comprendre qu’on ait besoin d’avoir des role models et que je le suis pour certaines personnes.

Haïti, c’est ma madeleine de Proust. J’ai quitté Haïti quand j’avais 6 ans et j’ai des odeurs qui me restent encore. Malheureusement, je n’ai pas pu y retourner car lorsque j’ai voulu y retourner, il y a eu le tremblement de terre. L’hôtel où je devais séjourner s’est écroulé. Ensuite, j’ai songé à y faire du business mais ça n’a pas fonctionné. Puis, j’ai voulu faire un reportage avec TF1 et... On a abattu le Président ! C’est assez fou. Pour vous répondre, je pense que Haïti est la terre qui m’a inoculée cette force, cette rage de vivre et d’avancer. Mais, en même temps, Haïti représente la terre qui m’a damnée puisque c’est là-bas que j’ai été violée pour la première fois. J’éprouve donc un sentiment un peu ambivalent. Quoiqu’il arrive, j’aimerais y retourner. Là où je vais être très Haïtienne, ce n’est pas du tout dans la gastronomie, mais surtout dans la culture. La musique et la littérature locales font partie de ma vie. J’essaye également de parler créole avec les enfants. Cependant, je ne peux pas dire qu’Haïti soit ultra présente dans mon quotidien car je n’évolue pas dans le milieu haïtien.

Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ? L’odeur de la pluie qui tombe sur la terre haïtienne. Un des moments où j’ai été le plus heureuse dans ma vie.

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“ Haïti, c’est ma madeleine de Proust. J’ai quitté Haïti quand j’avais 6 ans et j’ai des odeurs qui me restent encore. ”

Originaire d’Haïti, cela représente quoi ?



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HÔTEL DE POURTALÈS

“PLUS QU’UN HÔTEL, UNE OEUVRE D’ART” Un lieu est au cœur du quartier de la Madeleine Situé rue Tronchet, dans le quartier de la Madeleine, L’Hôtel de Pourtalès est au cœur d’un quartier devenu l’épicentre de plusieurs facettes emblématiques de la capitale. Celle de la mode et de la joaillerie, avec la toujours très courue Fashion Week ou encore la luxueuse rue du Faubourg Saint-Honoré et ses grandes maisons de Haute couture. Celle de la culture avec les musées du Louvre, d’Art Moderne, d’Orsay ainsi que de nom- breuses adresses de prestigieuses galeries d’art, à l’image des Galeries Bartoux, de la galerie Nicolas Bourriaud ou encore de la galerie Tajan. Celles du patrimoine avec des sites basés à quelques pas de l’Hôtel de Pourtalès comme l’historique place de la Madeleine, l’Opéra Garnier et non loin l’incontournable Avenue des Champs-Elysées. Une adresse à la position centrale mais avant tout confidentielle et familiale. Depuis ses débuts, L’Hôtel de Pourtalès a en effet fait des valeurs familiales que sont l’accueil, le soin et la protection, le cœur même de son identité.

Lieu d’une beauté rare, témoin d’une histoire remarquable, l’Hôtel de Pourtalès occupe une place à part dans l’univers de l’hôtellerie parisienne.

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Une savante alchimie pour des espaces hors du commun Plus qu’un hôtel, plus qu’une expérience, L’Hôtel de Pourtalès est avant tout le fruit d’une savante alchimie. Un fruit qui célèbre autant l’univers classique, que le contemporain et l’avant-garde et permet d’admirer des espaces hors du commun. L’extérieur d’abord, avec une cour intérieure que l’on aurait pu surnommer « La halte du temps ». Cet espace classé étant la porte d’entrée d’un univers coupé de la frénésie de la capitale. L’intérieur ensuite, avec ses ses neuf appartements d’exception, tous conçus comme des espaces vivants, singuliers et dont l’agencement répond à un maître-mot : l’élégance parisienne.

Le lieu de tous les possibles 1200 mètres carrés - 9 appartements - sept étages et une constante : l’Hôtel de Pourtalès ne peut être réduit à son titre. L’esprit de cet édifice voulu par le comte de Pourtalès comme une demeure personnelle persiste près de deux siècles plus tard. Car au-delà de la splendeur des lieux, l’Hôtel de Pourtalès est destiné à une clientèle qui souhaite vivre davantage qu’une expérience en séjour hôtelier haut de gamme. Créateur d’événements sur mesure et prestigieux, la maison affirme notamment sa singularité à travers cette activité. Un aspect, que l’établissement pousse à l’infini avec la possibilité d’une privatisation totale pour ses clients. Ici, ces derniers ressentent l’atmosphère d’un lieu qui offre un service sur mesure très peu observé dans l’univers de l’hôtellerie. Avec son service de conciergerie, parmi les plus efficaces de la capitale, et la pléiade de prestataires qui travaillent avec lui - parmi eux de grands noms tels que le très renommé fleuriste parisien René Veyrat ou encore le chef étoilé Akrame Benallal - L’Hôtel de Pourtalès élève la notion de service au plus haut niveau... et fait des désirs les plus fous,


Photo : Stéphane Bossart


FIF TOBOSSI

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LA SUCCESS STORY BOOSKA-P Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Fif Tobossy, j’ai 40 ans. Originaire du Bénin, je suis né et j’ai grandi à Evry-Courconnes. Je suis marié et j’ai deux enfants. J’ai cofondé le média Booska-P.com, je suis journaliste, producteur audiovisuel et entrepreneur.

Quelle est la genèse de Booska-P ? Booska-P a plus de 20 ans alors je vais te faire la version courte. À la base, je suis un dingue de rap. Tout part de la volonté de mettre en avant des artistes que j’aimais beaucoup et qui, selon, n’avaient pas assez de lumière sur eux. C’est parti de cette simple frustration. Dans mon quartier, il y avait le rappeur Ol’Kainry qui est également Béninois et que je trouvais très fort. Même constat. J’ai arrêté l’école, en 2004, et je l’ai accompagné sur la promotion de son album « les Chemins de la Dignité ». Passionné de vidéo et de photo, il m’a pris sous son aile et m’a permis d’être à ses côtés durant toute cette étape. De là, il m’a introduit auprès d’énormément de personnes dans le monde du rap et de la radio. Quant au nom Booska-P, cela vient du personnage principal dans le film La Cité de Dieu. Dans cette fiction brésilienne, tu vois Booska-P en permanence avec son appareil photo, ce qui était un peu mon cas, et tout le monde au quartier a commencé à me surnommer ainsi. Le nom du média est donc parti d’une vanne.

Nombreux sont les fans de rap qui ont tenté de lancer plusieurs formes de médias autour de cet art. Qu’est-ce qui explique que vous ayez pu vous démarquer de l’offre déjà existante ?

Tu as assisté à l’éclosion de plusieurs artistes depuis le début embryonnaire de leur carrière. Quelle est la plus belle révélation que tu as vu éclore et que vous avez accompagné ? La plus belle histoire de Booska-P est et restera La Sexion d’Assaut. À la base, je suis un fan de rap. J’ai toujours voulais filmer mes héros et côtoyer ces artistes que j’avais écouté toute ma jeunesse : Mafia K1fry, Secteur Ä… Là, je me retrouve avec une bande de mecs, Sexion d’Assaut, ils ne sont personne, ils n’ont pas sorti un CD. Au départ, je n’étais pas super fan de ce qu’ils faisaient. Puis, à force de persévérance, de m’envoyer des morceaux, j’ai commencé à apprécier l’humain. Ils se baladaient toujours en bande, toujours à 10, mais ils étaient bonne vibe et ultra polis. Ils étaient nombreux mais il n’y en avait qu’un qui parlait et je trouvais leur délire assez marrant. Avec mon équipe, petit à petit, on a commencé à apprécier les sons qu’ils nous envoyaient, et on leur a dit : « Ok let’s go, on vous suit dans l’aventure ! ». L’autre ambition que j’avais avec Booska-P était d’être là pendant la création d’un tube qui va rester dans l’histoire. J’ai eu la chance d’assister à des centaines de séances studios avec des artistes et, avec Sexion d’Assaut, je peux dire que j’ai vécu en « live » la création de classiques du hip-hop français. Par exemple, lorsqu’ils enregistrent le morceau « Avant qu’elle parte », je suis présent en studio avec eux. Aujourd’hui, Gims est l’une des plus grandes stars françaises. Je peux dire que je l’ai vu débuter, au plus bas, j’ai vu sa progression. Prendre des gens d’en bas et les accompagner jusqu’au sommet, cela fait partie de notre ADN. Et Sexion d’Assaut est de loin le plus bel exemple de réussite que j’ai pu modestement accompagner. Et ce que j’apprécie avec eux, c’est qu’ils sont reconnaissants alors que parfois tu aides des gens qui, lorsqu’ils atteignent les sommets, deviennent amnésiques.

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C’est assez simple, ce qui a fait la notoriété de Booska-P réside dans notre slogan : Toujours à la recherche de l’inédit. Quand on a démarré, il n’y avait aucun site qui proposait un contenu similaire, à savoir : la vidéo. On se remet dans le contexte, on est avant YouTube, DailyMotion, etc. Tous les sites fonctionnaient sur la base d’articles écrits. Du coup, sur Booska-P, nous avons ramené la vidéo, il y avait zéro écrit. On avait 4 sections : clips, sons vidéos, forums. Tu as juste à cliquer, tu t’assois et tu regardes ton contenu. 2-3 ans après, Tonton Marcel est apparu avec ses vidéos. Il y a eu l’avènement d’internet avec l’ADSL, la rapidité de connexion… Puis, YouTube et DailyMotion sont arrivés. Avec le player YouTube, les artistes avaient désormais plus de facilité à produire du contenu et le poster sur leur chaine. Dans notre cas, pendant 15 ans, on a tenu à garder notre player. Notre 3ème associé, Alexis, est un développeur de fou, un geek par nature et il a développé une solution pour que

nous ayons notre propre player, à notre image, et avec toutes les solutions qu’il y a autour par rapport aux statistiques et autres outils. Forts de cette technologie, nous sommes restés focus sur cette idée qui a fait le succès de Booska-P : La recherche de l’inédit. Il fallait qu’on soit toujours présents sur le terrain, en train de filmer les artistes, à l’affût de ce qui n’était pas visible ailleurs…


Business

Considères-tu avoir développé un flair pour savoir ce qui va marcher dans l’industrie du hip-hop ? Aujourd’hui, je pense l’avoir un peu perdu. Pourquoi ? Parce que tout se ressemble, il n’y a pas d’artistes qui se démarquent, tout et n’importe quoi peut péter. Il suffit d’un buzz sur TikTok pour qu’un nouvel artiste explose alors que parfois ce n’est pas spécialement fou. À notre époque, on pouvait déceler, sentir qu’un artiste allait péter. Un mec comme Gims, quand tu écoutais ce qu’il rappait, la plume de fou qu’il avait, tu étais quasi certain que ça allait finir par payer. Je te raconte une anecdote. Comme je te disais, à la base je n’étais pas trop fan de ce qu’ils faisaient. Puis, un jour, Gims m’envoie le morceau « À 30% ». J’ai pris une claque, il était trop fort, c’était une évidence qu’il allait tout arracher. Aujourd’hui, c’est trop aléatoire, il y a trop de paramètres. Alors, bien sûr, il existe quelques rares exceptions, comme par exemple Tiakola, qui dès le groupe 4Keuss dégageait une aura particulière, tu pouvais sentir qu’il était destiné à briller. Ce n’est pas pour faire le vieux nostalgique, mais j’écoute beaucoup moins de hip-hop. J’ai 40 ans, j’aspire à d’autres choses même si je reste toujours branché. Alors je peux dire sans gêne que mon flair n’est plus aussi aiguisé.

Revenons sur les Flammes, la cérémonie de récompenses du Hip-Hop créée par Booska-P… Je ne m’en suis pas du tout occupé. En tant que fan de rap, et comme toute personne évoluant dans cet univers, nous avons tous rêvé un jour de faire une cérémonie de récompenses. Auparavant, il n’y avait eu que deux initiatives en France. Il y a eu les Hip-Hop Awards, faits par Angelo de Live Nation. C’était diffusé sur Europe 2 Tv qui est devenu Virgin Tv. C’était la première cérémonie rap et ça a duré 2 ans. Plus tard, il y a eu les Trace Tv Awards, qui ont également fait 2 éditions, avant d’arrêter. Avec Booska-P, à l’époque, on voulait lancer la cérémonie des Booska d’Or. Le premier qui atteignait 100 000 vues sur son clip, on lui remettait un Booska d’or. Donc, très tôt, nous avons eu cette envie de récompenser les artistes par rapport à leurs chiffres. Puis, on a pensé à en faire une cérémonie, mais c’est un boulot titanesque et ce n’est pas pour rien qu’il y avait eu aussi peu tentatives par le passé. Jusqu’à ce qu’arrive l’opportunité des Flammes. Cela partait d’une frustration, de se dire qu’aux Etats-Unis ils ont leurs propres shows, tandis que nous, en France, les Victoires de la Musique ne nous respectent pas. C’est ainsi que nos équipes se sont enclenchées mais, pour ma part, j’ai suivi le dossier de très loin.

Je n’étais pas impliqué au quotidien dans la création de cette cérémonie, ce sont nos équipes de Booska-P et celles de Yard qui ont été au four et au moulin. C’était une belle chose que cette cérémonie voit le jour. Cela a été un succès en termes d’audience et même au niveau des retours que nous avons eu. Évidemment, nous sommes en France, donc tu auras toujours des critiques, mais aucune première cérémonie n’a jamais été parfaite. Si tu regardes la première édition du Festival de Cannes, des BET Awards ou des Oscars, ça devait forcément être un peu le bordel (rires). Donc là, pour une première, j’estime que nous n’avions pas à rougir de la cérémonie des Flammes. Le défi est maintenant de pérenniser l’événement et que les Flammes soient là dans les 15-20 prochaines années.

Tu sembles être un peu plus détaché de Booska-P car tu as développé de nombreuses activités en dehors du média. Peux-tu nous parler de cette diversification ?

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J’ai monté ma boîte de production, en 2018, parce que j’avais toujours cette volonté de raconter des histoires liées à mon environnement. Produire des documentaires, contribuer au patrimoine culturel, éduquer les gens en leur montrant ce qui a pu exister, cela s’inscrit toujours dans mon ADN et dans cette envie qui m’avait poussé à créer Booska-P. J’ai sorti un premier documentaire officiel pour la télé, en Octobre 2022, sur l’artiste Imen Es. Auparavant, j’avais produit des reportages sur YouTube, en collaboration avec Radio France et Moov’ : « Les Femmes du Rap », une série de 5 épisodes où je présentais des personnalités féminines de l’industrie de la musique. J’en ai fait 2 saisons. Actuellement, je finlise une série documentaire sur le rap français pour Paramount+ et MTV. La série s’appelle « 20 piges » et je dresse la comparaison entre deux âges d’or du rap français : 95 à 2000 et 2015 à 2020. Ce sont les deux grosses périodes où le rap a vraiment pété. Je suis très fier de ce projet car, en tant que passionné, c’est un aboutissement. Je repense à quand j’ai commencé dans ma petite chambre avec une connexion internet sans haut débit, pour finir par monter le plus grand média rap de France et produire un documentaire sur l’évolution du hip-hop. Quelque part, pour moi, la boucle est bouclée. Un deuxième défi qui me tient à cœur et auquel je n’aurais jamais pu rêver : Je suis ambassadeur pour les Jeux Olympiques 2024. Et j’ai un gros projet qui s’appelle « Écris ton hymne ». J’invite les Français à écrire leur propre hymne des JO et il se peut que cela devienne un programme scolaire. L’idée serait que le concept soit proposé à toutes les écoles de France pour que les élèves puissent écrire leur hymne olympique.


Business Édition spéciale « Black Excellence ». Mythe ou réalité, en France ? Je comprends le concept. On est tous sur les réseaux sociaux et quand on voit les garden parties qui réunissent Jay-Z, Nas, toute la black excellence américaine, ça nous fait rêver. Mais en France, je pense qu’on ne peut pas le faire. C’est mort (rires). On ne va pas mettre tout le monde dans le même sac, évidemment qu’il y a plein de belles réussites individuelles. Mais moi je parle de force collective, d’un crew de Noirs excellents comme aux États-Unis. À titre individuel, oui. Mais à titre collectif, je suis très sceptique. Pour moi, en France, cela reste un mythe. L’Afrique est un continent large et sa diaspora ne partage pas les mêmes codes. Les Noirs de France n’ont pas tous la même religion, les mêmes coutumes, les mêmes façons d’appréhender le business. Alors j’ai du mal à imaginer une unité émerger de toutes ces différences. Selon moi, la seule solution est de commencer à l’échelle de son pays d’origine. Que les Camerounais se réunissent, que les Béninois se réunissent… mais dire que les Congolais et les Sénégalais peuvent s’asseoir autour de projets communs, j’ai sincèrement du mal à y croire. Car on ne partage tout simplement pas les mêmes visions.

Originaire du Bénin, cela représente quoi ? Le Bénin, j’y vais depuis que je suis petit car nos parents ont tenu à ce qu’on connaisse notre pays, nos cousins, la famille... Tous les étés, depuis que j’ai 10 ans, j’allais au Bénin. Mais c’était des voyages familiaux, où tu ne prends pas le temps de comprendre le pays. Plus jeune, je ne me projetais pas et ne m’imaginais pas vivre en Afrique. Depuis moins de 10 ans, j’ai cette envie de m’investir au Bénin qui a commencé à émerger, mais pour faire des projets il faut connaître et avoir les bons appuis. Dernièrement, j’ai rencontré ceux que j’appelle mes parrains : Jamal et Ian Mahinmi. Tout d’abord Jamal, par le biais d’un ami Malien qui s’appelle Samba. C’était en décembre 2022. Et, en mars 2023, Jamal me fait rencontrer Ian Mahinmi, le joueur de NBA d’origine béninoise. Avec Jamal, le feeling a été immédiat. Lui fait énormément d’aller-retours au Bénin, au moins 1 fois par mois, où il fait fabriquer sa marque de vêtement. Avec Ian, même chose, la connexion a été instantanée. Et eux deux, Ian et Jamal, ont passé leur temps à me parler du Bénin, comment ça se passe, comment les choses ont évolué, la politique… Des choses que je ne suivais que de très loin. Ils sont de ma génération et ils me parlent avec des mots qui captent mon attention. Ian, joueur de NBA qui vit aux Etats-Unis et voyage partout dans le monde, quand tu l’écoutes te parler du Bénin avec amour et qu’il t’explique toutes les opportunités d’affaires sur place ainsi que le bien-être que la vie locale lui procure, tu es obligé de l’écouter. Il a monté une fondation, il est sur énormément de projets. Pareil pour Jamal, il a monté son atelier de confection, il ouvre des business. Ils m’ont bien briefé sur le pays. Lorsque j’y suis allé cet été, pour 1 mois, j’ai pris une claque !

Photo : Stéphane Bossart Les infrastructures, tout ce qui est mis en place pour le tourisme, la valorisation de la culture… Je me suis rendu compte qu’il y avait tant de choses à faire. Le Bénin possède une histoire de fou malade, méconnue du grand public. Tout cela m’a donné envie de m’investir à mon tour. Après ce mois d’été, passé avec ma femme et mes enfants, je suis retourné au Bénin. Au moment où je fais cette interview (début novembre 2023), je reviens de 6 jours à Cotonou. J’y vais en tant qu’observateur. Je ne vais pas inventer l’eau chaude, il y a des gens qui ont fait des choses avant moi, j’arrive en toute humilité et je mûris ma réflexion, avant de passer à l’action.

Si je te dis le mot « Roots », cela t’évoque quoi ? Je pense à quelque chose de « street », de « freestyle », mais dans le bon sens du terme. On s’organise comme on peut mais on fait les choses.

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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Steffy K., 33 ans, d’origine ivoirienne. Je suis la fondatrice du média Black Connexion. Je travaille également en tant que Directrice de comptes dans le domaine du Marketing et de la Tech pour une entreprise anglaise.

Raconte-nous ton background... Je suis née en Côte-d’Ivoire, de parents ivoiriens, et j’ai déménagé en France à l’âge de 6 ans. J’ai grandi et fait mes études dans la charmante ville de Grenoble, en Isère. Je suis diplômée d’un Master en Gestion des entreprises et d’un autre en Ingénierie marketing. À la suite de mes études et après avoir traversé une période extrêmement difficile dans ma vie personnelle, en 2016, j’ai décidé de m’envoler à l’autre bout du monde, en direction de l’Australie, où j’ai vécu pendant deux ans. Ce voyage a été thérapeutique et déterminant dans l’évolution de mon mindset. À mon retour d’Australie fin 2018, je décide de continuer à explorer le monde et de m’installer à Londres où je vis et travaille depuis près de 5 ans maintenant.

En 2020, à la suite de la mort de George Floyd, qui m’a profondément bouleversée, je décide de mettre ma pierre à l’édifice en lançant mon média : Black Connexion.

Quelle est la mission de Black Connexion ?

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Black Connexion repose sur deux piliers : le Mindset & le Business, car je pense que ce sont les deux éléments principaux sur lesquels notre communauté devrait s’appuyer pour s’élever. Pour le pilier Mindset, je réalise des interviews de personnalités inspirantes qui viennent partager leur vision de la vie. J’ai notamment eu la chance d’interviewer des personnalités publiques telle que Kemi Seba et d’être invitée à un événement organisé par le leader sénégalais Thione Niang en février 2023 en Belgique. J’interviewe également des personnes comme vous et moi qui, au travers de leur histoires, nous inspirent et servent de modèles de représentation. L’objectif du pilier Mindset est de déconstruire les stigmates, de s’émanciper des croyances limitantes et de libérer son plein potentiel.


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STEFFY K.

FONDATRICE DE BLACK CONNEXION INSPIRER / IMPACTER / CONNECTER

Pour le pilier Business, nous mettons en lumière des marques blackowned d’excellence. En effet, les entrepreneurs font appel à nos services pour bénéficier d’une meilleure visibilité, notamment sur les réseaux sociaux, et Instagram, qui est notre plateforme phare. Notre mission est de soutenir ces marques en mettant notamment en avant leurs produits et services auprès d’une audience intéressée, favorisant ainsi la consommation “consciente” au sein de la communauté afro-descendante. L’objectif est de renforcer le tissu économique et d’imposer le respect.

Parles-nous de ton 1er événement, « Indivisibles & Conscients », qui a eu lieu fin septembre 2023 ?

Quel est ton agenda ? Ta volonté de développement ? Je souhaiterai continuer à toucher de plus en plus de personnes dans le développement d’un Mindset qui révèle leur plein potentiel, tout en aidant de plus en plus d’entrepreneurs à gagner en visibilité. J’aimerais que Black Connexion devienne l’un des médias de référence dans notre communauté pour tout ce qui concerne le Mindset et la mise en lumière de talents et de marques d’excellence.

As-tu un ou des modèles de réussite qui ont inspiré ton parcours et créé en toi cette volonté de rassembler les entrepreneurs de la diaspora ? Oui, j’ai toujours été inspirée par les hommes et les femmes qui ont su utiliser leur pouvoir de création, qui se sont accrochés à leur vision malgré les difficultés, et surtout, qui ont compris que leur vie ne leur appartenait pas, mais qu’elle était vouée à être au service des autres. Cela va de ma maman à des personnes ayant marqué l’histoire, en passant par des héros et héroïnes des temps modernes.

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Il s’agissait tout simplement de donner vie à l’univers de Black Connexion, que nous avions créé virtuellement au cours de ces trois dernières années. Rien n’a été laissé au hasard pour ce premier événement ! Fort de l’expérience de l’agence événementielle « Event by P », nous avons pensé et conçu cette rencontre dans les moindres détails afin de d’inspirer les participants et de les aider à atteindre leurs objectifs, que ce soit dans leur vie professionnelle ou personnelle. Pour le pilier Mindset, trois experts reconnus dans leurs domaines respectifs m’ont rejoint pour une discussion à cœur ouvert et interactive avec le public : - Meryl Lowes, avec qui nous avons abordé le lien entre nos blessures et notre relation à l’argent. - Assitan Sissako, qui a parlé du phénomène du Back to Africa : véritable opportunité ou mirage entrepreneuriale ? - Steves Hounkponou, qui nous a plongés dans les coulisses de la notoriété et de la construction d’une image de marque puissante. Pour le pilier Business, nous avons organisé un concours de pitch au cours duquel nos quatre finalistes ont pu présenter leurs projets devant un jury d’entrepreneurs expérimentés : - Tanguy de Bangui, fondateur du réseau de solidarité et d’affaires Blacknetwork. - Tosin Adedimeji, fondatrice du centre de formation à l’anglais Yep Training. - Oury Diallo, à la tête de ODK Consulting, spécialisé dans l’automatisation des tâches.

La grande gagnante du concours a remporté un accompagnement d’une valeur de 3 200 €, avec l’incubateur Autour de Mary spécialisé dans l’accompagnement d’entrepreneurs ou de porteurs de projets souhaitant se développer sur le continent, ainsi que de nombreux autres lots offerts par les membres du jury et certains de nos sponsors. De superbes marques, triées sur le volet, ont également été mise à l’honneur et ont exposé leurs produits et services tout au long de la journée. À en juger par tous les retours positifs que nous avons reçus, il semblerait que l’objectif de cet événement ait été atteint, au-delà même de mes espérances… Les participants sont repartis inspirés, se sentant célébrés, valorisés et ayant fait des rencontres extraordinaires.


Business Photos du dernier évent Indivisbles & Conscients =>

“ Le Mindset & le Business, car je pense que ce sont les deux éléments principaux sur lesquels notre communauté devrait s’appuyer pour s’élever. ”

Vanella Harena

Numéro spécial Black Excellence. Que t’inspire cette expression, mythe ou réalité ? Réalité, all the way up ! L’histoire l’a prouvé à maintes reprises et nous en sommes encore témoins aujourd’hui. Les Afro-descendants sont doués, créatifs, talentueux et compétents. Il ne tient qu’à nous d’en prendre conscience (d’où notamment le nom de mon événement « Indivisibles & Conscients ») et de laisser s’exprimer cette puissance qui réside en nous. L’excellence c’est nous, c’est ce que nous représentons et c’est ce que nous sommes dans notre essence la plus pure.

Originaire de la Côte d’Ivoire, que cela représente-t-il pour toi ? Comme j’aime souvent le dire : « je n’ai pas choisie d’être ivoirienne, j’ai juste eu de la chance… » (Rires). Cela représente une grande fierté d’être issue de « la patrie de la vraie fraternité ». La Côte d’Ivoire est indéniablement un pays très attractif et tourné vers le monde, comme en témoigne notamment le nombre de “non-Ivoiriens” qui viennent s’y installer, en particulier pour entreprendre. Le potentiel du pays est indéniable !

Si je te dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? La nature nous parle et nous enseigne… Les racines, c’est de là que nous devons puiser nos forces pour grandir et nous élever, tout comme le font les plantes et les arbres. Un arbre déraciné est un arbre mort. De même, un être déraciné est un être mort. Tâchons donc de rester enracinés à notre identité, à notre africanité, à notre histoire (la vraie), et à ceux et celles qui nous ont précédés. Nous sommes les espoirs dans lesquels nos ancêtres puisaient leur force ; Nous sommes les racines des générations futures, et nous avons le devoir d’être profondément ancrés.

Steffy K & Steves Hounkpounou Tosin Adedimeji

128 Ezinris Beauty


Assitan Sissako

Les astuces de madame Meryl Lowes

Sacko, MyLoveEra & Randy Guine


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THOMAS LÉVEILLÉ

FONDATEUR DU VILLAGE MACÉ DREADLUXE / BARBERSHOP / STUDIO PHOTO POP-UP STORE / STUDIO D’ENREGISTREMENT Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Thomas Léveillé, j’ai 33 ans, je suis d’origine Guadeloupéenne, plus précisément de Marie-Galante, par mon père et Corse par ma mère. Concernant mon activité, je dirais que j’ouvre des entreprises et que je tente de les faire fonctionner (rires).

Revenons sur ton parcours. On t’avait découvert, en 2016, alors que tu ouvrais ton premier salon de dreadlocks. En 7 ans, l’évolution a été spectaculaire... C’est vrai qu’à l’époque ROOTS était venu nous voir chez DreadLuxe dans le 11ème arrondissement, c’était notre premier salon, rue Godefroy de Cavaignac. On a eu un joli succès, à notre échelle, et on a décidé de fermer ce local pour en ouvrir un autre, un peu plus grand. Le succès a encore été au rendez-vous, ce qui nous a donné des perspectives d’évolution intéressantes. 2016, ouverture du 1er salon. 2019, déménagement dans le second salon. On a cartonné jusqu’au Covid. Pendant la pandémie, petit temps de pause et réflexion pour revenir encore plus fort et faire tout ce qu’on avait en tête pour les 5 ans à venir... Là, tout de suite !

Le Covid, au lieu de te décourager, a été un déclencheur ? En fait, lorsque j’ai vu le Covid arrivé, je me sus dit qu’il y allait avoir un gros tri parmi les entrepreneurs et que beaucoup allaient disparaître. Les moins vaillants vont tomber et il ne restera de places que pour les plus tenaces. J’avais une petite trésorerie de côté et j’ai pu ne pas me faire engloutir. J’ai fait « All in », c’était quitte ou double. Soit l’idée que j’avais fonctionnait, soit je perdais tout.

Ta 1ère extension a donc été l’ouverture de Studio Barber, un barbershop et studio musique en face de Dreadluxe ? Tous les business que j’ai faits ont toujours été déclenchés par passion. Au début, pourquoi me suis-je lancé dans les locks ? Parce que je porte moi-même des locks et, étant musicien de base, j’avais un gros réseau dans le monde artistique. Je m’occupe donc, dans un premier temps, de faire des locks aux célébrités. Mon objectif était de convertir toute cette clientèle à mes nouvelles activités. Je suis fils de musicien, mon père était chanteur de zouk et de musique funk créole, il a eu sa petite période de succès dans les années 70. C’est l’héritage qu’il m’a laissé. Je faisais du rap, plutôt contemporain, avec comme nom d’artiste Sango.

Cette activité musicale m’a permis de convertir mes auditeurs en clients et mon réseau en partenaires. C’est ainsi qu’on peut expliquer le succès de Dreadluxe, couplé avec une très bonne prise en charge et la qualité de service. À force de coiffer mes clients dans le salon de locks, je me rends compte qu’on me demande en permanence si je connais un barbershop capable de réaliser la barbe et les contours. J’envoyais donc en permanence mes clients à StrasbourgSaint-Denis qui était à 3 stations de métro de nous. Je me dis que ça fait quand même 50 fois que j’envoie des clients se faire saboter là-bas, car tu ne sais jamais sur qui tu tombes. 50 clients potentiels qui allaient dépenser entre 20 et 30 euros chacun... Il y avait une boutique à louer, juste en face de mon salon Dreadluxe, je fais mes calculs et là je me dis : « Est-ce que je les porte ou je les laisse dans mon slip ? ». Et nous, on est plus du genre à les porter (rires). Je me dis qu’on est dans le 11ème arrondissement, on a une clientèle déjà en demande, sans compter le passage naturel et le réseau. Je décide alors de créer un concept. Et c’est d’ailleurs là que je suis fort : créer une identité de marque. Quand tu viens dans le Village Macé, tu vois que chaque marque est « brandée » avec soin et que tout a été réfléchi. Pour en revenir au barbershop, je décide de rendre hommage à mon père, qui est très âgé et vit aujourd’hui à Marie-Galante. Je récupère tous les instruments de musique présents dans sa cave et je m’en sers pour la décoration : « Trompette, saxophone, basse, batterie, guitare électrique... » J’accroche tout cela au mur, ça ne coûte rien et ça t’envoie une âme de fou, direct ! Dans ce lieu, j’ai la chance d’avoir un grand sous-sol, ce qui est rare dans Paris et je décide d’en faire un studio d’enregistrement, avec une cabine et une régie. Nous avons créé le 1er barbershop avec un studio sur Paris. Je considère donc ce lieu comme un établissement hybride, un concept store avec double activité et dans lequel tu peux faire du son, du mix, du mastering, de la synchronisation pendant que tes gars se font couper les cheveux en haut. L’un ne dérange pas l’autre et, au contraire, l’un peut aller avec l’autre. On ne fait pas spécialement de pub de ce studio, il n’y a pas de comptes instagram, par exemple. Notre chiffre d’affaire se fait avec le barber, le studio c’est du bonus.


Business S’en suit l’ouverture d’un pop-up store... Après le Covid, on débute des travaux pour le barbeshop. Pendant cette période, il y a un local collé à Dreadluxe qui se libère. C’était une ancienne boutique dans le prêt-à-porter, secteur qui a été particulièrement frappé par le Covid. Ce n’était ni un fond de commerce, ni un droit au bail, mais bien une liquidation. Ayant de bonnes relations avec ma voisine, cette dernière préférait que ce soit moi qui reprenne son ancienne boutique plutôt qu’un autre. Elle pousse donc mon dossier au maximum auprès du liquidateur. Alors que je n’avais plus aucune trésorerie, j’ai tenté un coup de poker énorme. J’y vais au culot et je leur fais une offre ridicule, au bluff. Et ça passe ! C’est ainsi qu’on se retrouve avec un 3ème local dans la même rue, sans l’avoir vraiment fait exprès. Je n’avais même pas forcément idée de ce que je comptais en faire mais nous sommes des personnes créatives et je ne doutais pas qu’on trouverait. Les deux premiers mois, on a voulu s’en servir comme bureau administratif pour gérer les équipes et les paperasses de nos deux établissements, Dreadluxe et le Studio Barber. Mais l’espace résonnait trop, il y avait trop de hauteur de plafond et c’était une trop belle vitrine pour servir uniquement des bureaux. Le lieu était fait pour être une boutique. Je décide alors d’en faire un pop-up store. Je teste le concept avec une première marque, Ayaovi, sans trop de conviction. Elle explose son chiffre d’affaires et je comprends que le lieu a trouvé son utilité. L’activité commence à battre son plein, j’ai des clients qui viennent de partout, des Coréens, des Allemands, certains vendent des montres, des savons ou produits cosmétiques, des bagages mais beaucoup de prêt-àporter tout de même, car la plupart des pop-up sont axés mode.

Et enfin, le dernier spot : Un studio photo La demande explose et on se retrouve avec de nombreuses dates qui se chevauchent entre elles. Un jour, je fais visiter à des Mexicains qui voulaient le lieu sur 6 mois. Je leur dis qu’il s’agit d’un shop éphémère et que 6 mois est une période bien trop longue. Je leur recommande d’aller voir une agence pour prendre un bail commercial. Sauf que, depuis Covid, plus personne ne veut de bail commercial et s’engager sur 3-6-9 ans. Les gens sont prêts à payer cher, à condition de pouvoir s’en aller quand ils veulent. Du coup, ils tentent de surenchérir pour me faire dégager le commerçant qui était déjà en location de mon espace pop-up. Pour une question de principe, si une personne a réservé et qu’elle a payé son avance, je ne peux pas la dégager, en aucun cas. Impossible. Je dis donc aux Mexicains qu’on a une deuxième boutique pop-up à leur proposer alors que ce n’était pas vrai. Ils me disent « ok », mais seulement si c’est dans la même rue. Je me suis dit que si je trouvais une boutique, quoiqu’il arrive, j’aurais déjà les 6 premiers mois payés. Au fond de ma rue, je tombe sur une nouvelle boutique où est écrit « À louer ». Pendant la visite, j’ai filmé et je leur ai envoyé la vidéo en écrivant : « Voici la boutique » (rires). Ils étaient retournés au Mexique et m’ont dit « C’est validé ». Je leur dis que, pour valider, il faut déjà envoyer 6000 euros. Ils les envoient et, avec cet argent, je prends la boutique (éclats de rires) !

“Dans la rue Macé (75011), nous avons : un salon pour locks, un barbershop, un studio d’enregistrement, un pop-up store & un studio photo.” Du coup, 1 an après - car ils ont renouvelé 6 mois supplémentaires - nous voici avec un nouvel espace vide dans la rue Macé. Nous avons décidé d’en faire un studio photo que nous avons tout juste inauguré : Le Studio Macé. Un lieu qui va servir à faire des books, des éditos, des portfolios, des packshots e-commerce, tout ce dont aura besoin une marque ou un artiste. Nous avons 2 photographes résidents, Milo et Shaun (mon associé). Tu peux louer l’espace et venir avec tes équipes mais il y aura toujours un assistant plateau pour tout installer, tout gérer pour toi et faire en sorte que tu passes un bon moment. Finalement, tout cet écosystème, dans la même rue, a été baptisé le Village Macé.

Quelle a été, selon toi, la clé de ta réussite ? Être très à l’écoute de mes clients, c’est pourquoi je suis un entrepreneur de terrain. Je ne suis pas un homme des bureaux, j’ai besoin d’être au contact des consommateurs, j’ai besoin de les entendre dire « Thomas on a besoin de cela, ce serait bien s’il y avait cela, etc. » En ce moment, on me répète sans arrêt qu’il manque de quoi se restaurer dans la rue. Et on me l’a tellement dit que c’est une alerte rouge qui clignote !

Ton prochain projet sera donc dans la restauration ? Probablement, mais je sais aussi ne pas me prendre les pieds dans le tapis. Quand on se lance dans la restauration, c’est une toute autre aventure, il faut être bien accroché. La gestion des stocks, les livraisons, les gaspillages, la chaîne du froid, etc. Aujourd’hui, mes business sont plutôt simples à gérer, rien à voir avec la vie de restaurateur. C’est beaucoup de stress et bien souvent la vie de famille y passe. Donc, je prends mon temps, je n’ai que 33 ans, même si je reste très à l’écoute des opportunités qui pourraient se présenter. S’il y a le bon local, le bon timing, le bon porteur de projet à mes côtés, qui sait ?

Et toujours dans la rue Macé ? Obligatoirement ! Car nous avons déjà une clientèle, l’idée est de faire un effet de concentration. On a une communauté qui est là, qui nous fait confiance et qui suivra le développement de notre écosystème.


Edition “ Black Excellence ”. Mythe ou réalité ?

Que représentent la Guadeloupe et le Sénégal ?

Pendant longtemps, nous avons eu la réputation d’être des personnes qui aiment la médiocrité donc je n’y ai pas cru et je voyais cela comme un mythe. Mais c’est en train de devenir une réalité. Je sens que nous sommes dans une époque de bascule. Comme s’il y avait une onde commune qui traversait à la fois la diaspora, l’Afrique et les Afro-descendants de la Caraïbe.

Je suis originaire de la Guadeloupe par mon père, mais ma mère Corse s’est remariée avec un Sénégalais qui m’a également éduqué. J’ai une triple culture et je suis d’ailleurs titulaire de la nationalité sénégalaise. J’ai l’ambition d’entreprendere sur ces 3 territoires. Pour moi, la Guadeloupe est l’endroit où je me rebranche. Quand je suis à Paris, je suis en apnée et quand je pars à Marie-Galante, je recharge les batteries. C’est mon paradis. Quant au Sénégal, je construis, j’ai des projets dans l’immobilier mais j’aimerais aussi trouver des projets qui peuvent impacter le peuple et améliorer la vie des gens.

Si tu avais un conseil d’entrepreneur ? Un jour, j’ai rencontré un monsieur très fortuné et je savais que je n’avais que deux minutes pour lui parler. Je lui ai dit : « Donne moi 1 seul conseil pour réussir dans les affaires ? » Il m’a répondu simplement : « Commence dès demain. Je veux que tu te foires le plus vite possible, pour te relever le plus vite possible et tirer les leçons de tes erreurs le plus tôt possible. »

Si je te dis le mot « Roots », cela t’évoque quoi ? Je pense à la nature. Tout part de la racine. Je connais votre magazine depuis longtemps et la première chose qui m’a interpellée est la puissance de votre nom.



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AMIE KOUAME SUPERWOMAN

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Amie Ouattara Kouamé, 39 ans, maman, consultante en communication, fondatrice d’Ayana, premier média digital féminin d’Afrique Francophone, promotrice de l’événement Superwoman et fondatrice de la marque agroalimentaire Alloco-Piment. Comment devient-on Amie Kouame ? Revenons rapidement sur votre parcours… Après mon Master en Marketing et en Communication obtenu au Maroc, j’ai commencé mon parcours professionnel en tant qu’assistante de production en télévision. Mais mes ambitions m’ont poussée finalement chez Espace Image Régie, qui deviendra un peu plus tard la régie du groupe Voodoo, l’incontournable groupe publicitaire panafricain. Je suis passée de Chef de projet à Responsable projet et web du groupe. Ce qui m’a permis d’obtenir de solides connaissances du milieu web, de ses différents métiers et acteurs. Aux prémices du digital en Côte d’Ivoire, je me suis décidée à entrer dans l’entrepreunariat en créant, en 2011, Ayana Webzine. Sans lâcher l’option salariée, en mai 2015, j’entre chez Canal+ Afrique, où je suis embauchée comme première Digital Manager de la chaîne A+ pour finalement me consacrer entièrement à mon média Ayana, en 2017. En 2021, je suis nommée Ambassadrice de l’Innovation par le Ministère de l’Economie Numérique des Télécommunications et l’Innovation (MENUTI) pour avoir créé le média innovant et inspirant qu’est Ayana qui a reçu plusieurs prix notamment, le Meilleur Webzine de Côte d’Ivoire en 2021 par la Plateforme de la Presse Numérique de Côte d’Ivoire, le Prix All Africa Leadership Féminin en 2019 et le Prix 35>35 de la Francophonie catégorie Blog et Innovation Media en 2016.

Si vous deviez vous résumer en 3 mots ? Passion, Résilience et Détermination.

Superwoman, un évent qui promeut la femme, d’Abidjan à Paris. Pouvez-vous décrire la vision derrière ce concept ?

À court terme, l’ambition est de faire de Superwoman tour, un rendez-vous incontournable pour les femmes sur le continent et ailleurs dans le monde. Nous voulons aussi développer le programme de mentoring Pitch pour ton mentor avec lequel nous avons commencé une première cohorte cette année ainsi que d’autres projets à venir dont nous vous ferons la surprise dans les jours à venir. Pour le long terme, nous visons le sommet, littéralement. Nous voulons que, plus qu’une plateforme d’échanges, Superwoman devienne une institution, un programme national. Plus que des partages et des moments de découvertes, nous voulons aider à plus grande échelle les femmes au niveau national et international.

Vous êtes une serial entrepreneure, quelles sont vos autres activités ? Et quel est votre secret pour jongler entre chacune d’elles ? En dehors d’Ayana et Superwoman, j’exerce mon métier de consultante en communication, mais toujours dans l’entrepreunariat. J’ai aussi mon entreprise de sauce de piment condimentée “Alloco-Piment” qui existe depuis 2020. Pour jongler entre chacune de mes activités, le mot à retenir est la passion, qui me permet de tenir parce que j’aime ce que je fais. Il y a aussi le fait de travailler avec des personnes de confiance, une petite équipe sur laquelle je peux compter. Sans oublier mon entourage, qui m’accompagne en cas de besoin.

Si vous aviez un message à adresser aux super women de la diaspora qui vont vous lire ? Je leur dirais de ne pas avoir honte d’être qui elles sont, d’affirmer leurs identités et de s’affirmer partout où elles veulent aller.

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? L’image de la femme, celle qui donne la vie, qui transmet l’éducation et inculque des valeurs, celle qui aime et valorise sa culture et qui porte ses racines avec fierté.

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J’ai créé Superwoman avec la vision d’en faire une plateforme d’échange, de motivation. Le but est avant tout d’inspirer et d’accompagner les femmes vers leur épanouissement, leur succès et leur autonomisation ; grâce à la découverte de parcours de femmes, d’ateliers et de programmes de mentorat. Nous nous déployons sur plusieurs pays notamment la Côte d’Ivoire, la France, le Congo et prochainement le Sénégal.

Quelles sont vos envies de développement à court et moyen termes ?


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ELISABETH TCHOUNGUI DIRECTRICE RSE DU GROUPE ORANGE FEMME DE CULTURE & D’ENGAGEMENT Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Tant que ce n’est pas un contrôle au faciès, tout va bien (rires). Elisabeth Tchoungui, je suis Franco-Camerounaise, née aux Etats-Unis, ayant grandi au Cameroun, en Belgique et en Italie. Je suis actuellement Directrice Exécutive au sein groupe Orange, en charge de la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise. Je suis également Présidente de Capital Fee, une association de mentorat fondée par Orange et qui met en contact des marraines salariées de l’entreprise avec des collégiennes et des lycéennes dans les quartiers prioritaires de la ville mais aussi en milieu rural. Je suis aussi Présidente de la fondation scientifique du groupe Orange. Et puis, la culture n’étant jamais très loin, je suis fraîchement administratrice du Théâtre du Châtelet.

Comment fait-on pour jongler entre toutes ces activités alors que les journées ne font que 24 heures et les semaines seulement 7 jours ? Et pourquoi avoir basculé du métier de journaliste à la direction dans un grand groupe ? Mon moteur est la curiosité, la passion et l’action. Si j’ai rejoint le groupe Orange, après 20 ans de carrière dans les médias, c’est parce que cette précédente carrière m’a permis de faire bouger les lignes, d’éveiller des consciences sur des sujets qui m’ont toujours portés : l’égalité femmes-hommes et les sujets environnementaux. J’ai d’ailleurs été administratrice d’Action contre la Faim et je voyais bien comment, d’années en années, nos bénéficiaires étaient de plus en plus des réfugiés climatiques. J’ai également toujours agi sur un autre sujet qui me tenait à coeur, à savoir changer les représentations en France, dans les médias, de l’Afrique. C’est le continent où tout se passe, le plus excitant, celui du présent et du futur et, quand j’ai été rédactrice en chef dans les services culture, j’ai essayé au maximum de mettre en avant les artistes du continent, toute discipline confondue. Quand j’étais chez TV5 Monde, j’étais très souvent sur le terrain pour de grands rendez-vous économiques. J’ai essayé de toujours mettre l’Afrique en avant et de façon positive dans les différents médias où je suis passée. Enfin, je me suis énormément engagée sur le traitement des personnes en situation de handicap et sur l’autisme, notamment. Au bout d’un moment, j’ai voulu basculer de l’éveil des consciences à l’action. Et, selon moi, les grands groupes internationaux comme Orange ont une capacité d’actions à impact positif extrêmement forte sur les sujets qui me tiennent à coeur : l’environnement et la réduction des inégalités sociales.

Quel est votre agenda d’actions à destination du continent ? J’ai la charge de rendre réels les engagements d’Orange, en matière de responsabilités sociétales, par des actions concrètes. C’est quelque chose qui est inscrit au coeur du plan stratégique du groupe. Le premier engagement est un effort auquel nous devons tous contribuer car nous vivons tous sur la même planète : La lutte contre le réchauffement climatique. Nous nous sommes engagés à être net zéro carbone en 2040. Cela passe par beaucoup de leviers. En ce qui concerne le continent, nous nous battons pour l’accès aux énergies renouvelables. En Afrique, nous sommes l’entreprise qui déploie le plus de panneaux solaires pour faire tourner les réseaux. Sur la réduction de l’empreinte carbonne, l’enjeu est de solariser au maximum et continuer de déployer du réseau. Nous sommes là pour soutenir la croissance économique et, pour se développer, le réseau est aussi vital que l’eau et l’électricité. J’aime beaucoup la théorie du Donut de l’économiste britannique Kate Raworth. Elle nous dit que, aujourd’hui, les organisations doivent s’inscrire en-dessous d’un plafond environnemental et au-dessus d’un plancher social. Pour moi, cela résume parfaitement l’ambition d’Orange. Et la démonstration de cette ambition est incarnée par Orange Energie. Il s’agit d’une offre de kits solaires que l’on fournit et qui a toute son importance avec les enjeux d’électrification que le continent connait. Par exemple, un pays comme la RDC n’est électrifié qu’à 13%. Nous proposons des kits solaires qui permettent de faire vos branchements (téléphone, etc) avec un mécanisme de paiement mensuel permettant aux petits revenus de payer au AS-YOU-GO, c’est à dire qu’on ne paye que ce que l’on consomme. Vous payez votre facture via Orange Money, tout cela est monitoré, et puis vous y greffez des offres de services qui permettent de démarrer des activités génératrices de revenus. Par exemple, nous avons commencé un partenariat avec la société Cool Box - des congélateurs solaires - ce qui aide concrètement les petits commerçants avec les problématiques liées à la chaîne du froid.


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“ Les grands groupes comme Orange ont une capacité d’actions à impact positif extrêmement forte sur les sujets qui me tiennent à coeur : l’environnement et la réduction des inégalités sociales. ”

Quelles sont vos zones d’actions privilégiées ? En Afrique et au Moyen-Orient, Orange est présent en tant qu’opérateur dans 18 pays, contre seulement 7 pour l’Europe. Finalement, Orange est un opérateur à l’ADN très africain et figurezvous que le pays où nous comptons le plus d’abonnés est l’Egypte, et non la France comme on aurait pu le penser.

Êtes-vous accompagnée par les différents états pour mener à bien vos différentes actions ? Face aux grands défis du monde que sont la lutte contre le réchauffement climatique et la réduction des inégalités sociales, on ne peut pas réussir tout seul. Nous travaillons donc toujours dans un écosystème, avec une logique de partenariat public-privé. Je vais vous donner un exemple. Nous avons un programme qui s’appelle « les maisons Orange », nous y formons les femmes à des outils de base liés à la connectivité, la bonne prise en main d’un téléphone... En Afrique, les femmes sont moins nombreuses à posséder des téléphones. Imaginez une commerçante, en milieu rural, qui a un téléphone et qui peut effectuer ses transactions via Orange Money, cela lui facilitera automatiquement la vie. En résumé, les maisons digitales Orange permettent une prise en main des outils numériques. Ce sont des programmes où nous formons les femmes en gestion de projets afin de mieux gérer le petit commerce qu’elles vont monter, etc. Et, autre exemple, une telle initiative a été montée au Cameroun, en partenariat avec le ministère de la promotion féminine. Pour ce genre d’actions, nous avons besoin d’être main dans la main avec les gouvernants. Nous avons aussi un programme où nous travaillons main dans la main avec les ministères de l’éducation, ce sont les écoles numériques de la fondation Orange. Le concept ? Nous équipons les écoles de tablettes avec du contenu éducatif, que l’on construit avec le ministère de l’éducation nationale. Les défis sont donc énormes et nous ne pourrions y arriver sans une certaine contribution des états.

Vous avez récemment été décorée à l’Hôtel de Ville par madame la maire Anne Hidalgo. Que cela représente-t-il pour vous ? C’est une distinction qui m’a particulièrement touchée pour deux raisons. La première tient en son sens : L’Ordre du Mérite. Cette distinction fait écho à mes modèles, mes parents qui sont tous les deux des purs produits de la méritocratie républicaine. Mon père, Camerounais et fils de planteur de cacao, était à l’école des Missionnaires et a été repéré. Il a bénéficié d’une bourse pour poursuivre ses études en France, en 5ème, au lycée Montaigne. Il a enchainé avec Sciences Po, puis l’ENA. Il est sorti de l’ENA l’année où le Cameroun est devenu indépendant. On lui a proposé d’être sous-Préfet en Corrèze mais il a fait le choix de participer à la construction de son pays natal. Sans l’école de la République, il n’aurait jamais eu ce parcours. Quant à ma mère, même chose, issue du Tarn et fille d’agriculteur. Elle est allée en pension, puis a obtenu une bourse qui lui a permis d’aller à l’école Normal, à Paris. Années pendant lesquelles elle a rencontré mon père. Ils m’ont transmis des valeurs méritocratiques : le travail et la persévérance. Cette distinction m’a également touchée car j’y ai vu une récompense collective de l’apport de la diaspora à la fois dans le rayonnement de la France mais aussi la diaspora vue comme un atout pour notre pays pour redéfinir le partenariat avec le continent africain.

Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il ?

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Je suis convaincue que vous avez le plus beau titre de magazine qui puisse exister. Je suis profondément convaincue que ce sont nos racines qui nous portent vers le ciel. C’est important de savoir d’où on vient et de cultiver ce socle. En l’occurrence, mes racines sont au Cameroun et aussi dans le Tarn, car les deux sont pour moi très importants. Dans le monde d’aujourd’hui, nous pouvons avoir des identités hybrides et il est primordial de les assumer. Au Cameroun, dès que tu réussis ou que tu as un peu d’argent, il faut que tu ailles construire ta propre case. Et c’est ce que j’ai fait, je suis allée construire ma maison à Kribi, en bord de mer.


“ Le Cameroun, que l’on surnomme « l’Afrique en miniature », représente tout le potentiel de croissance de ce continent multiple. ”

C’est l’endroit où je vais me ressourcer et j’ai la chance de pouvoir y emmener mes enfants au moins 2 fois par an. Cette maison est dans un petit village de pêcheurs, ils retrouvent leurs copains enfants de pêcheurs, et c’est très important pour notre équilibre.

Quel trait de caractère avez-vous hérité du Cameroun ?

Je suis convaincue que nous avons beaucoup d’atouts. Dans un monde de plus en plus incertain, faisons de cette hybridation que nous avons en nous - de facto – un atout. Face aux difficultés, ne nous enfermons pas dans quelque chose de victimaire car ce n’est pas constructif. Au contraire, allons plutôt puiser dans la force des identités multiples les capacités que nous avons tous pour rayonner dans cette société et faire rayonner ce pays.

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ? De façon spontanée, je pense à la série Racines, je pense à Kunta Kinte. Je l’ai découverte quand je passais mes vacances chez ma grand-mère dans le Tarn. Je me souviens d’avoir vu cette série et c’était la première fois que je voyais une oeuvre parlant de cette histoire de la négritude. Je me souviens d’avoir été très marquée par cette découverte.

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J’ai parfois la tête dure (rires). Mes parents disent « la détermination » mais j’emploie souvent un néologisme : « la tétutesse ». Plus sérieusement, je pense que j’ai retiré de mes racines et ma double culture une grande capacité d’adaptation. Je me sens chez moi à peu près partout et à l’aise dans tous les milieux. Le Cameroun, que l’on surnomme « l’Afrique en miniature », représente tout le potentiel de croissance de ce continent multiple. Je pense à la créativité des jeunes et des femmes. Il ne faut pas oublier que l’Afrique est le continent où l’on retrouve le plus d’entreprenariat féminin. 25% de créateurs d’entreprises en Afrique sont des femmes, contrairement à 10-12% en Europe ou aux États-Unis.

Si vous aviez un message direct à direction de la diaspora qui va vous lire ?


PHOTOGRAPHE WIL ZAID MAQUILLAGE HAWO MAKE UP ARTIST


MARIE JOSEPH MVOGO MEMONG

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AVOCATE AU BARREAU de PARIS & du CAMEROUN “ Je recommande aux entrepreneurs de s’intéresser à la reprise d’entreprises en difficulté, surtout dans le contexte actuel. L’intérêt majeur réside dans le prix qui est significativement inférieur aux valorisations de sociétés in bonis alors même que l’opération permet de s’affranchir du passif”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Marie Joseph Mvogo, 35 ans, avocate aux Barreaux de Paris et du Cameroun depuis une décennie. Décrivez-nous votre champ d’actions... Avocate en droit des affaires, j’interviens dans le traitement des difficultés des entreprises tant dans le cadre de procédures de prévention (mandat ad hoc et conciliation) que de procédures collectives (sauvegarde, redressement judiciaire et liquidation judiciaire). J’accompagne des repreneurs dans le cadre d’acquisition d’entreprises en difficulté à la barre du tribunal. J’interviens également dans des contentieux commerciaux complexes, les litiges entre actionnaires, mais aussi dans des contentieux relatifs au droit des entreprises en difficulté (insuffisance d’actifs, interdiction de gérer, faillite personnelle). Revenons sur votre trajectoire : Vous êtes désormais lancée à votre compte... Quel a été le déclic pour vous ? J’ai exercé au sein de plusieurs cabinets d’avocats français, de tailles différentes. Les années au sein de ces cabinets ont été formatrices, riches en expérience et en rencontres. J’ai pu travailler sur de très beaux dossiers de place, faire mes preuves et avoir la confiance de plusieurs sociétés et fonds d’investissements que j’accompagne encore aujourd’hui. Étant avocate en France et au Cameroun, j’ai ressenti le besoin de

développer davantage mon activité africaine. Il y a 2 ans et demi, j’ai donc décidé de me lancer à mon compte à Paris. Mon Bureau principal est à Paris, ce qui me permet d’assurer de manière optimale le traitement des dossiers français. Pour le traitement des dossiers au Cameroun et en Afrique, je peux compter sur mes associés de la SCP MEMONG-ETEME, Maîtres Philippe Memong et SimonPierre Eteme-Eteme. Notre cabinet est basé à Yaoundé et compte une équipe d’une dizaine de personnes. Cet ancrage local permet d’appréhender les dossiers avec une connaissance particulière de l’environnement juridique et économique camerounais.

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Vous avez d’ailleurs été distinguée en prévention des difficultés, renégociation de dettes, restructuring et procédures collectives par le magazine Option Droit & Affaires (classement 2023). Vous faites donc partie de l’élite de votre profession. Si je vous dis “Black Excellence”, est-ce une expression qui vous parle ? C’est une expression un peu galvaudée mais qui peut avoir du sens dans un but d’inspiration. On constate que les figures noires qui ont réussi dans différents aspects de la vie économique en France sont très peu visibles, non pas parce qu’elles n’existent pas mais parce qu’elles sont discrètes.


Business Comment arrivez-vous à gérer votre vie de femme active, mère de famille et entrepreneure à cheval sur deux continents ? Tout est une question d’organisation, de priorités et de super nounou (rires). J’essaye d’assurer pleinement chacun de ces rôles. Ce n’est pas linéaire. Il arrive que la vie professionnelle prenne plus d’énergie que ma vie de maman à certains moments, et vice versa, mais l’essentiel est de garder à l’esprit que les engagements découlant de tous ces rôles doivent obligatoirement êtres tenus.

Si vous aviez un message à adresser à nos lecteurs, notamment les entrepreneurs, qui vont vous lire ?

Chemisier : TOUCOULOR PARIS

Je leur dirais de s’entourer de conseils financiers et juridiques le plus tôt possible, dès l’identification du projet afin d’anticiper les problématiques et éviter d’avoir à gérer des problèmes lorsqu’il est déjà trop tard. Des difficultés peuvent survenir au cours de la vie d’une société. Des procédures existent pour traiter ces difficultés et donner un coup de boost à l’activité à condition de se saisir du problème dès son apparition. Il ne faut pas attendre de n’avoir pour seule issue que la liquidation judiciaire au risque d’engager sa responsabilité en qualité de dirigeant et s’exposer à des sanctions. Je recommande également aux entrepreneurs de s’intéresser à la reprise d’entreprises en difficulté, surtout dans le contexte actuel. L’intérêt majeur de la reprise d’entreprises en difficulté réside dans le prix qui est significativement inférieur aux valorisations de sociétés in bonis, alors même que l’opération permet de s’affranchir du passif de l’entreprise (sauf exception rare). Cette opération permet également aux repreneurs de reprendre une activité pour se diversifier, consolider un marché ou acquérir des actifs stratégiques.

Quels sont vos prochains challenges ? Il me paraît important d’inspirer les plus jeunes et leur montrer que toutes les voies sont possibles. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un avocat, un médecin ou un entrepreneur à succès dans sa famille pour servir de source d’inspiration. Ce mouvement de « black excellence » peut donc avoir le mérite de briser les barrières psychologiques que certains se mettent, et inspirer les plus jeunes qui peuvent se sentir pris au piège de leur condition sociale. Tout est possible quand on le veut vraiment et qu’on fait ce qu’il faut pour l’obtenir.

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Marie Joseph MVOGO MEMONG Avocat aux Barreaux de Paris et du Cameroun mjmvogo@mea-avocats.com 24, rue de Penthièvre – 75008 Paris www.jmv-avocats.com - www.mea-avocats.com

Accroitre mon accompagnement auprès d’entreprises rencontrant des difficultés financières, juridiques ou commerciales, et, poursuivre le développement de mon activité en Afrique.

Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il ? C’est une bénédiction (rires). Plus sérieusement, ce sont mes racines et je suis très fière d’être originaire du « continent camerounais ». C’est un beau pays, qui présente une diversité culturelle remarquable et qui offre au monde de nombreux talents. Je m’y rends plusieurs fois par an pour profiter de ma famille, pour le boulot, mais aussi pour visiter le pays. J’adore la variété des paysages, la richesse de la gastronomie camerounaise ainsi que les échanges avec les Camerounais ; ce sont les personnes les plus drôles au monde.

Si je vous dis le mot “Roots”, vous me répondez ? Mes racines, mes ancêtres, ma culture plurielle, ce qui a fait de moi celle que je suis.


Salopette : TOUCOULOR PARIS


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Photo : Stéphane Bossart


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STELLA DJORBAYE

JURISTE EN DROIT NOTARIAL Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je me nomme Stella DJORBAYE, de nationalité franco-tchadienne et je suis juriste en droit notarial. Après avoir passé 20 ans dans l’univers du Notariat et avoir travaillé dans les plus belles études de Paris, je décide cette année de créer un cabinet conseil qui a pour mission d’accompagner les personnes, notamment les nonrésidents, dans leurs investissements en France et en Afrique.

Décrivez-nous le champ d’actions de vos compétences. En tant que juriste en droit notarial, mes compétences et mon champ d’action sont centrés sur les aspects juridiques entourant les actes liés aux divers investissements. Concernant les transactions immobilières, par exemple : j’accompagne le client dans la recherche d’un bien immobilier, je l’assiste lors de l’achat, de la vente ou de la location de biens immobiliers. Cela comprend la rédaction et la vérification des avantcontrats de vente, la mise en place des procurations, la gestion des aspects juridiques liés au financement (hypothèques, prêts, transferts des flux, etc…) ainsi que la garantie de la conformité avec les lois et réglementations locales. Pour les biens immobiliers nécessitant des travaux, il y a un suivi et une gestion du chantier, un service de gestion locative. Pour ce qui est du devoir de conseil : je fournis des conseils juridiques aux clients sur des questions liées au droit de la propriété, aux droits de succession, à la rédaction de testaments, aux lois fiscales et aux règlements locaux. Je les aide à comprendre leurs droits et obligations en matière de biens immobiliers et de planification successorale, notamment les incidences que peuvent avoir les divers investissement lors de la transmission du patrimoine en fonction de la configuration familiale de chacun, etc. Je fais également de l’assistance administrative en France pour les non-résidents. Enfin, il y a un volet création d’entreprise où on accompagne le client dans la rédaction des statuts, le choix de la forme juridique adéquate, dépôt de capital, domiciliation des entreprises, etc.

Votre objectif est de vous positionner comme la juriste en droit notarial de référence au sein de la diaspora. Quel message souhaitez-vous adresser à nos lecteurs ? En effet, mes expériences professionnelles et personnelles m’ont permis de constater le besoin de la diaspora en termes d’accompagnement dans leur projet d’investissement et de gestion de patrimoine, en général, tant en France que dans les différents pays d’origine. Non pas parce qu’il manque de professionnels dans les divers domaines mais parce que très peu se spécialisent dans les problématiques liées à la diaspora. C’est à force de répondre aux sollicitations dans ce sens qu’aujourd’hui je décide de mettre sur pied un cabinet conseil pour répondre à ce besoin. La mondialisation a pour principal effet de faire tomber les frontières. Mon cabinet conseil a pour objectif de permettre aux personnes de la diaspora de trouver des réponses liées à leurs problématiques vis à vis de la législation française mais également des législations transfrontalières et d’investir en toute quiétude dans un sens comme dans l’autre.

Comment entrer en contact avec vous ? Et, surtout, à quel moment du processus d’achat ou de rédaction d’un document notarié ? Je suis joignable via différents canaux. Dans un premier temps par mail surtout pour les premiers contacts : ds.clerc2@gmail.com. Ensuite, on définira ensemble les modalités de contact et la fréquence en fonction de la problématique de chacun. Je suis également très active sur les réseaux sociaux ; notamment LinkedIn, Instagram, Facebook dont les pages portent mon nom : Stella DJORBAYE. Je recommande fortement de me contacter dès la réflexion et la formulation du projet d’acquisition ou d’investissement dans son esprit afin que l’accompagnement soit le plus complet et le plus efficace possible. J’ai un panel de partenaires fiables avec qui je travaille (agent immobilier, courtier, notaires, avocats…) et qui me permettent de garantir une efficacité et une rapidité d’exécution dans la prise en charge d’un projet d’investissement de A à Z, surtout que les nonrésidents, par définition, ne sont pas en France pour gérer tous ses prestataires.


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Revenons sur votre parcours. Comment vous êtes-vous retrouvée dans l’univers du notariat ? Tout commence par la passion du droit. Très jeune, j’ai été inspirée par les séries télévisées qui parlaient de droit, d’enquêtes policières, etc. Sous cette impulsion, dès la classe de seconde, j’avais alors décidé qu’après l’obtention de mon baccalauréat, je ferai des études de droit. Mon rêve était de devenir juriste à la banque mondiale. Mais j’avais une deuxième préoccupation. Je craignais de ne pas trouver du travail à la fin de mes études si je choisissais un domaine trop accessible. C’est ainsi que j’ai décidé de pousser les investigations plus loin pour chercher le nom des métiers rares (même si ce n’était pas du droit) et suivre le cursus qui va avec. Sur internet, je suis tombée sur 2 noms de métiers dont je n’avais jamais entendu parler. Il s’agissait de l’actuariat et du notariat. Mon premier choix fût l’actuariat. J’ai contacté une école d’actuaire pour les inscriptions. Mais après avoir passé mon profil au peigne fin, le responsable académique de l’école m’a fortement déconseillé ce parcours compte tenu de mon baccalauréat littéraire. Il m’a expliqué que c’était une filiale plutôt scientifique. Alors j’ai contacté une Ecole de notariat. Grand fut mon bonheur quand j’ai constaté que le notariat était un métier juridique. J’allais pouvoir étudier le droit comme je l’ai toujours voulu. C’est comme ça que l’aventure a commencé. C’est un choix que je ne regrette pas du tout jusqu’à présent.

Vous exercez dans un milieu qui se veut très conservateur et où il semble difficile de se faire une place au soleil. Quel état des lieux faites-vous de la profession ? Il est vrai que, historiquement, quand on parle du notariat, ce qui vient à l’esprit c’est l’image archaïque du vieux notaire, conservateur… (Rires). A mes débuts, il y a une vingtaine d’années de cela, il y avait encore un peu de ça, je l’avoue. Mais fort heureusement, tout ceci a bien évolué depuis. Le notariat, comme bien d’autres professions, s’adapte, innove et s’efforce de s’aligner pour faire face aux défis qui naissent suite à l’évolution fulgurante de la société dans tous les domaines tant dans la gestion des ressources humaines, que dans les évolutions technologiques (les intelligences artificielles, le télétravail, etc) et surtout dans les solutions juridiques adéquates aux nouvelles problématiques de la société. C’est un corps de métiers qui se renouvelle tous les jours. Après l’obtention de mon baccalauréat, quand j’ai annoncé à mon entourage que je me lançais dans des études de notaire, à part mes parents, tout le monde était unanime sur le fait que le notariat est une chasse gardée et qu’il valait mieux choisir une autre filière.

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Mais se frayer un chemin dans le monde du notariat français est un challenge que j’ai embrassé sans appréhension dès le départ. Car mon histoire m’a appris à croire en l’être humain. J’ai quasiment vécu toute ma vie « à l’étranger », c’est-à-dire dans des milieux qui sont définis comme initialement n’étant pas les miens… mon enfance au Cameroun puis un court passage au Tchad, enfin la majeure partie de ma vie vécue en France. Malgré les considérations sociales qui sont de réels défis, croire en l’humain m’a permis d’avancer et de m’intégrer parfaitement dans chaque milieu. L’adversité qu’on rencontre est souvent causée par l’appréhension et l’ignorance des gens et également par l’instinct de protection des acquis de chacun. Lorsque l’humain se rend compte que la personne en face de lui ou la situation dans laquelle il se trouve, ne lui crée pas de torts et/ou au contraire lui apporte un plus ou quelque chose de positif, il vous fait une place, il vous ouvre une porte, il vous respecte. Comme m’a toujours répété mon paternel, dans la vie il existe trois sortes de savoir et si l’on a 2/3 on réussit sa vie : il y a le savoirl’instruction, le savoir-faire, et le savoir-être. C’est la combinaison de ces 3 savoirs qui m’ont permis d’avancer dans ce milieu et dans la vie en général. Pour ce qui est de se faire une place au soleil, hormis les difficultés liées à l’organisation de la profession elle-même, c’està-dire : le nombre limité de notaires, une formation longue et exigeante, un investissement financier important, des exigences éthiques et professionnelles strictes, une clientèle exigeante… ; l’une des difficultés sous-jacentes, notamment pour les personnes afro-descendantes comme moi, est qu’on se retrouve dans un corps de métier qui historiquement était un pré-carré réservé à une poignée de personnes issues d’une certaine classe sociale, par conséquent difficile d’accès. Toutefois, cela fait un long moment que théoriquement la profession est accessible à tous. Car les études pour devenir notaire sont ouvertes à tous ceux qui remplissent les conditions ; qui sont pour l’essentiel, d’avoir le niveau académique requis et les finances pour payer son cursus. Au début, on avait encore du mal à constater la mise en pratique de cette accessibilité. Cependant, le monde change et la profession est de plus en plus orientée vers la productivité, la compétitivité et se débarrasse de plus en plus de ses freins liés à l’origine ou la couleur de peau des professionnels du notariat. Si vous êtes un bon juriste, que vous respectez les règles déontologiques, que vous vous inscrivez et œuvrez pour les valeurs que promeuvent le notariat, il n’y a pas de raisons que vous ne réussissez pas à vous faire une place au soleil dans la profession. Cela nécessitera une forte dose de sacrifices tant sur le plan personnel que social et financier mais c’est tout à fait possible. Alors pour tous ceux qui veulent se diriger vers le notariat, foncez et faites les choses bien, vous y arriverez.


Photo : Stéphane Bossart Un numéro sous le signe de la Black Excellence, que vous évoque cette expression ?

(Rires) Je suis originaire du Tchad… mais j’avoue l’être aussi du Cameroun car j’y ai passé ma tendre et heureuse enfance (de 0 à 11 ans) et j’y retournais quasiment chaque été. On dit que la personnalité se construit entre 0 et 7 ans. C’est pourquoi mes racines camerounaises sont tellement bien ancrées que je passe pour une camerounaise à chaque fois. Quoiqu’il en soit, originaire du Tchad ou du Cameroun, cela m’inspire la même chose ; à savoir beaucoup de fierté. Cela représente le parcours pour relever le défi qui est en train d’être brillamment parcouru par les uns et les autres. C’est un symbole de victoire.

Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ? Je réponds « Authentique » ! Je réponds « Pur » ! Je réponds « Original » ! Tout ce qui est authentique et pur est forcément puissant. Alors un grand merci à ROOTS magazine de montrer au monde l’authenticité et la puissance de la « black excellence ». « The sky is not the limit, it is just the beginning ».

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L’expression “Black Excellence” évoque pour moi un sentiment d’inspiration et de détermination. Elle met en lumière les réalisations exceptionnelles de personnes noires dans divers domaines, mettant ainsi en avant leur talent, leur persévérance et leur capacité à surmonter les obstacles pour atteindre l’excellence. Cela rappelle également l’importance de la diversité et de l’inclusion, en montrant au monde entier que les personnes noires ont des contributions précieuses à apporter à la société. L’expression “Black Excellence” rappelle également l’importance de donner l’exemple et de servir de modèle pour les générations futures, tout en travaillant dur pour atteindre l’excellence dans mes propres activités. C’est un rappel constant de la richesse de la diversité et de la force de la communauté noire. Notre histoire nous a longtemps relayé au dernier rang de tout et dans tout, même quand nous étions méritants. Faire partie d’une génération qui a décidé de ne pas se laisser définir par son histoire, qui ose, qui revendique sa place dans l’écosystème et qui assume ses mérites sans avoir à s’excuser, m’inspire et me procure une immense fierté. L’histoire appartient au passé. Débarrassons-nous de ces étiquettes qui ne correspondent plus à la réalité contemporaine et assumons qui nous sommes. Déconstruisons le narratif négatif que l’histoire a toujours servi au monde concernant les noirs, en laissant éclore dans la bienveillance la black excellence qui sommeille en chacun de nous.

Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il ?


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Photo : TBK SHOOT


TOSIN ADEDIMEJI

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FONDATRICE DE YEP TRAINING “ « YEP Motivationals » aide à gagner confiance en soi, rester motivé tout au long de la formation [...] et ne plus avoir peur de prendre la parole en anglais. ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Tosin Adedimeji, j’ai 34 ans et je suis d’origine Nigériane. Je suis la fondatrice du centre de formation à l’anglais : Your English Perfected (YEP). Nous fournissons des formations à l’anglais pour les adultes mais également pour les enfants, allant de 4 ans à 18 ans.

Revenons sur votre parcours. Étant d’origine nigériane, j’ai toujours eu une appétence pour le monde des affaires. Je me souviens qu’à l’âge de 10 ans, j’étais déjà en train de vendre des choses et essayer de faire du commerce (rires). Proposer des cours d’anglais est venu tout naturellement. Les gens n’avaient de cesse de me dire « J’admire ton accent, il faut que tu m’apprennes à parler anglais, etc. » c’est ainsi que j’ai commencé à donner des cours d’anglais aux enfants, puis aux adultes. De là, je me suis mise à enseigner dans les écoles de commerce ou universités, notamment la Sorbonne, mais aussi dans les entreprises, notamment Renault et Unilever. J’ai enseigné dans ces différentes structures jusqu’à créer mon entité et ma propre méthode : YEP TRAINING.

Décrivez-nous YEP TRAINING Your English Perfected : Votre anglais que l’on perfectionne. Nous mettons véritablement l’accent sur vous. Mais cela représente aussi cette mentalité de : « YEP you can », you can do everything you want to do ! Très souvent, en France, je vois de nombreuses personnes qui s’excusent pour leur accent. Mais il n’y a pas à s’excuser, ton accent fait partie de ton identité. Plus tu es unique, plus tu es irremplaçable. Par exemple, Lupita Nyongo, si on fait appel à elle c’est à cause de sa couleur, de son accent, de son aura et personne ne peut la remplacer. J’aime dire aux francophones qu’il est, certes, important de bien parler l’anglais mais cela ne nécessite pas de le parler comme un Américain ou un Britannique. La partie « YEP you can » aide à gagner confiance en soi, à rester motivé tout au long de la formation qui est tout de même intensive et ne plus avoir peur de prendre la parole en anglais. Voici la mentalité YEP. Vous savez, j’ai commencé à partir de rien, il est très important pour moi de pouvoir retranscrire au plus grand nombre les petites clés qui m’ont permis d’arriver là où je suis. D’où la méthode YEP : une partie strictement « English teaching » et une partie de développement personnel. Et puis, j’ai mon petit côté Américaine qui fait que j’aime quand c’est « fun ».

Selon moi, apprendre est tellement plus efficace quand on y prend plaisir ! Nous avons donc mis en place beaucoup d’activités ludiques ! Dernier point, chose qui est très importante pour parler anglais : La pratique. Plus tu pratiques du sport, mieux tu vas le faire. Aller en cours pour écouter un coach parler pendant 1 heure, c’est un début mais ce n’est pas suffisant. Il faut passer à l’action et pouvoir parler. Du coup, chez YEP, nous mettons toute la partie théorique en vidéo, de sorte à ce que lorsque les élèves arrivent, ils viennent pour parler anglais autour de mises en situation et de façon ludique. Ainsi, les progrès sont rapides et évidents.

Vous déclinez aussi une offre pour les enfants... Nous partons sur le même principe. Pour les 4 à 12 ans, c’est une séance par semaine avec, en amont, le visionnage d’une vidéo hebdomadaire. Cela leur permet d’apprendre toutes les notions de façon naturelle, sans avoir à prendre de notes ou avoir l’impression d’être retournés sur le banc de l’école. Quand les enfants arrivent, nous réalisons un workshop avec leur coach. Ce moment s’appelle les EFT (English Fun Time), les petits viennent pour pratiquer autour de jeux ludiques et de prises de parole. Ils ont également droit à leurs exercices de développement personnel « YEP you can », qui les aident à gagner confiance en eux et acquérir des clés fondamentales, que l’on n’apprend pas forcément à l’école.

Comment avoir accès à votre formation ? Le plus simple est de prendre rdv via un lien Calendly, en nous appelant ou en nous contactant par email. Nous allons tester votre niveau, évaluer vos besoins et vous dire quel est le pack qui vous correspond le mieux. Le programme dure 4 mois et permet à un débutant d’avoir un anglais conversationnel. Si vous êtes de niveau intermédiaire, vous n’aurez peut-être pas besoin de faire le premier mois. Quoiqu’il en soit, nous devons connaître vos attentes afin de vous proposer l’offre la plus adéquate. Avec la mondialisation, l’anglais est devenu incontournable, nous le savons tous. Avec la méthode YEP, parler anglais n’a jamais été aussi accessible, à vous de saisir cette opportunité.


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Photo : FOCUS Quels sont vos projets de développement ? De nombreux projets ! YEP Training a été très focalisé sur le B2C, mais nous essayons de développer davantage la partie B2B. J’ai aussi le désir de pouvoir aider des personnes qui sont ou ont été en échec scolaire. Je pense, par exemple, aux prisons. On a tendance à oublier ces jeunes qui sont incarcérés, pour une période limitée, et qui devront se réinsérer dans la société. Et selon moi, la pratique de l’anglais ouvre de plus larges horizons que n’importe quel diplôme. Nous sommes dans une ère digitalisée où tout est international. En résumé, j’aimerais fournir des cours YEP dans les entreprises, les prisons et différents organismes qui aident les personnes à la reprise d’emploi ou à obtenir des compétences supplémentaires...

Citez-nous 3 mots pour vous décrire... - Joviale. - J’ai aussi cette capacité à pousser, coacher et prendre les gens par la main pour les amener vers leurs objectifs. - Enfin, je dirais que je suis une « dreamer ». J’ai de grands rêves, je ne suis qu’au début et je sais que je vais y arriver.

Originaire du Nigéria, ayant grandi en CIV, parleznous de vos racines... C’est le résultat de qui je suis. Mes origines africaines m’ont très vite permis de voir les choses de façon différente par rapport à une personne qui aurait vécu toute sa vie en France. Étant Nigériane, et cela se retrouve dans les mentalités anglo-saxonnes, nous sommes des « go-getters ». Nous passons à l’action, nous ne sommes pas là à réfléchir pendant des années. C’est cette culture qui m’a permis d’entreprendre rapidement, prendre des risques et être là où j’en suis aujourd’hui.

Un message pour celles qui rêvent d’entreprendre ? Trop de femmes se sous-estiment et attendent que quelqu’un les approuvent avant de faire. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Il faut que tu comprennes que tu deviens ce que tu crois être. C’est toi qui détermines le miroir à travers lequel ton entourage va te voir. À toi de fixer ton but et devenir ce que tu veux être !

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?

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Je vois de l’unité. Je vois des personnes ancrées.


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Photo : Patapapara Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Marie-Ange BIAOUILA, une entrepreneure de 27 ans, passionnée de l’immobilier et du bâtiment, originaire du Congo Brazzaville avec une expérience de 7 marquée par la création de mon entreprise Easy Home Courtage. J’ai accompli plus de 400 missions à travers ma structure et j’ai représenté le Groupe Vinci Construction lors des travaux du Grand Paris Express. Mon engagement envers l’innovation et la qualité m’ont forgée une réputation solide. Je vous invite à découvrir mon univers, où chaque défi est une opportunité et chaque rêve prend vie, symbolisant une volonté de laisser une empreinte indélébile sur un monde en constante évolution.

Comment vous êtes-vous retrouvée dans l’univers du BTP ? Dès ma jeunesse, la curiosité m’a attirée vers l’univers captivant de l’immobilier. Inspirée par les entrepreneurs prospères que je voyais à la télévision, j’ai découvert un monde qui correspondait parfaitement à mes aspirations. J’avais aussi la conviction qu’il s’agissait d’un secteur d’avenir.

Mon immersion dans ce domaine a débuté au sein de la filiale immobilière de la Caisse des Dépôts et Consignations. En tant que Manager de proximité, j’ai géré des patrimoines tout en portant la casquette de chargée du suivi technique des travaux de réhabilitation sur l’un de mes sites. C’est lors de cette expérience que ma passion pour les chantiers s’est véritablement révélée. À la fin de ce chapitre, j’ai pris la décision audacieuse d’entreprendre et de me spécialiser dans le BTP.

Décrivez-nous votre champ d’actions... Nous accompagnons les propriétaires particuliers et professionnels dans leur projet de rénovation énergétique et de construction. Notre approche intégrée et transversale vise à vous faire gagner du temps, à accroître votre confort, et surtout, à économiser chaque euro investi, du diagnostic à la réception des travaux.


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MARIE-ANGE BIAOUILA

FONDATRICE d’EASY HOME COURTAGE “ Mon histoire est une déclaration que le travail et la détermination transcendent les préjugés. Et je compte bien continuer à surprendre et à inspirer. ”

Nous réalisons également des missions ponctuelles en expertise du bâtiment. Nous sommes là pour résoudre les problèmes de moisissures, fissures, ou autres pathologies. Notre engagement va audelà de la résolution technique ; nous sommes là pour vous, en cas de litige. Nous intervenons en maisons individuelles, copropriétés, locaux professionnels et bâtiments publics.

Vous exercez dans un milieu que l’imaginaire collectif pense masculin. Était-ce difficile de s’y frayer un chemin ? Étonnement non. Le monde du BTP s’ouvre de plus en plus aux femmes. Bien que certains puissent me juger en raison de mon genre et de mon identité au sens plus large, ma force réside dans ma détermination à surmonter les obstacles. Ce sont plutôt mes débuts dans l’immobilier qui ont été semés de défis. À 22 ans, en tant que jeune femme, j’ai été confrontée à des préjugés en tant que Manager. Un membre de mon équipe se plaignait d’être dirigé par une “gamine”. Aujourd’hui, mes partenaires et clients reconnaissent avant tout mes compétences et mes valeurs. Mon parcours dément les attentes stéréotypées, et c’est cette capacité à défier les normes qui me définit. Là où d’autres voient des barrières, je trouve des opportunités, et dans chaque défi, je trouve une chance de briller. Mon histoire est une déclaration que le travail et la détermination transcendent les préjugés. Et je compte bien continuer à surprendre et à inspirer.

Quels sont vos projets de développement ?

La Black Excellence m’évoque le luxe, l’élégance, ce qu’il y a de plus précieux.

Si vous aviez un message direct à adresser à nos lecteurs (professionnels ou non) qui auraient des projets de travaux ou rénovation ? Le bâtiment est l’endroit où vous passez le plus de temps. Vous méritez un espace sain et harmonieux, car vous êtes précieux. Je comprends le stress et l’investissement que représentent les travaux. Quels que soient vos doutes, confiez-vous à des professionnels qui se soucient réellement de votre bien-être. Contactez-nous pour discuter de votre projet et, ensemble, nous élaborerons une stratégie pour rendre votre vision, réalité. Faites-appel à nos services.

Originaire du Congo, que cela représente-t-il ? La vie, l’espoir et l’avenir. Le peuple congolais incarne le courage, aspirant à un présent et un futur florissants. En tant que Congolaise, ma fierté pour mon pays et mon peuple est indéfectible. Je suis témoin de l’émergence d’initiatives locales et de la diaspora pour le développement de la nation et cela me rend très fière. Croyez-moi, l’avenir de ce pays sera une symphonie de succès et d’accomplissements extraordinaires.

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ? Pure.

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Notre avenir s’annonce ambitieux : expansion dans les DOM-TOM et en Afrique, intégration de l’IA et d’un scan 3D qui nous permettra d’être plus performant dans notre travail et de créer rapidement des plans de bâtiments. A moyens termes, notre équipe doublera, passant de 3 à 6 collaborateurs.

Un numéro sous le signe de la Black Excellence, que vous évoque cette expression ?


La première association en France qui regroupe tous les métiers de bouche africains. L’UMBA est une association qui agit pour augmenter la notoriété des cuisines africaines. Notamment à travers des actions de promotion et de structuration des métiers de bouches africains. Rejoignez-nous ! @umbaasso

www.umbaasso.com


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PHOTOGRAPHE SBY RPCO DIRECTION ARTISTIQUE NAOMI DADO MASSENGO MODEL VERONIKA PEEH (Réedition Premium, 2012)




Gastronomie

T-Shirt : KIN LA BELLE

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Gastronomie

KADER JAWNEH FONDATEUR DE L’U.M.B.A L’UNION DES MÉTIERS DE BOUCHES AFRICAINS Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Kader Jawneh, 37 ans, d’origine sénégalaise / gambienne, CEO d’Afrikngroup.

L’UMBA, c’est quoi ? Union des Métiers de Bouches Africains est une association française qui réunit les restaurateurs, traiteurs, food truckeurs, fournisseurs de produits exotiques et chefs africains.

Comment est née cette envie de créer l’UMBA ? Ça part d’un coup de gueule par rapport au manque de représentation des restaurants africains dans le Guide Michelin. Je me suis exprimé sur Linkedin en lançant la création du Guide Mamadou pour être proactifs. A la suite de mon post, j’ai réuni des acteurs du secteur food & beverage africains et ensemble nous avons donné naissance à l’UMBA.

Le Guide Mamadou est-il toujours d’actualité ou était-ce juste de l’ironie ? Le guide est toujours d’actualité. Qu’il s’appelle Mamadou ou autre, c’est un autre sujet mais l’important c’est qu’on fasse les choses par nous-mêmes.

Qui a rejoint à ce jour l’UMBA ? Plus d’une vingtaine d’acteurs comme : Savane & Mousson / Bomaye / Les tontons afro / Villa Maasaï / BMK / APERAF et Black Network/ Integrity Advisory / Chachenga...

Quels sont vos critères d’adhésion ? On accepte tout acteur qui a envie d’agir pour bien représenter les cuisines africaines. Nous avons une charte et un règlement intérieur à respecter. Mais l’idée c’est vraiment : AGIR ENSEMBLE.

Qu’offrez-vous aux restaurateurs qui souhaiteront en faire partie ? Entre autres : - Nous rassemblons dans une seule organisation les métiers de bouches africains. - Nous valorisons la gastronomie africaine et sa visibilité auprès des clients, entreprises et autres organismes. - Nous apportons une aide structurelle et organisationnelle aux métiers de bouches africains. - Nous sommes le porte-parole des métiers de bouches africains auprès des médias, des guides et autres acteurs majeurs du secteur. - Nous aidons à l’obtention de tarifs préférentiels et subventions.

La gastronomie caribéenne est-elle également concernée ? C’est une gastronomie afro-caribéenne, donc elle en fait pleinement partie.

Quels sont les projets de développement à court et moyen termes de l’UMBA ? Faire adhérer le maximum d’acteurs africains / Fédérer les différents projets d’actions communes (promotions, communication, organisation) / Mise en place du Guide Mamadou / Création d’une centrale d’achat et pleins d’autres projets à venir.

Un dernier mot sur vos 3 bébés Afrik’n’fusion, Djaam et The flow Soul Food… Afriknfusion, Djaam et the Flow : c’est trop bien. C’est trop bon. Venez manger ! (rires)

Si je vous dis ROOTS, vous me répondez ? Si vous me dites Roots, je dis : Tout commence par là.

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Gastronomie

BIBY CUISINE

LES ATELIERS DE LA GASTRONOMIE CONGOLAISE Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Natacha : Bonjour, je m’appelle Natacha, la fille de maman Biby. Maman Biby : Et moi c’est maman Biby, maman de Natacha. Nous sommes originaires de la République Démocratique du Congo, nous proposons des cours de cuisine congolaise à Paris et livrons également des plats à domicile en région parisienne.

D’où vient cette passion de la cuisine et pourquoi avoir eu envie de la transmettre via des cours de cuisine ?

Il n’y a pas de niveau, débutants ou expérimentés peuvent venir participer à un atelier. Nous prenons toujours le soin d’adapter notre cours en fonction du niveau de cuisine du groupe de participants. Le prix d’un atelier de 2h est entre 65 et 80€ les prix varient suivant le choix du plat ( Ex : plat à base de poisson ou à base de viande ou si l’atelier est sur un menu complet plat + dessert ).

Quelle est la fréquence de vos évènements ?

N : J’ai toujours aimé apprendre et surtout cuisiner pour les autres. Je tiens cette passion de ma mère. Enfant, elle avait pour habitude de cuisiner des plats congolais et européens tous les jours. J’aimais beaucoup manger ces délicieux plats, tout en appréciant également de la regarder les préparer. M.B : La passion pour la cuisine me vient également de ma mère, sa grand-mère. C’est d’ailleurs de là que le nom Biby provient, en hommage à celle-ci et à l’héritage que nous voulons faire perpétuer. Avec ma fille, nous avons décidé de donner des cours de cuisine, car j’ai vu que beaucoup de jeunes ont peu de connaissances en cuisine africaine. Je suis contente de voir que cela commence à changer aujourd’hui. N : L’idée de lancer des cours de cuisine congolaise est le résultat de deux constats. Le 1er est que beaucoup de jeunes de la diaspora congolaise n’ont pas eu l’occasion ou l’opportunité d’apprendre à cuisiner les plats du pays, le 2ème constat est que la cuisine congolaise n’est pas vraiment connue en France et c’était aussi un moyen de faire connaître la richesse de cette cuisine à un large public.

N : Les cours collectifs sont proposés une fois par mois, à Paris, et nous espérons pouvoir proposer davantage dans les mois à venir. De plus, il est possible de suivre des cours en ligne individuels ou en petits groupes de 2 à 4 personnes maximum.

Décrivez-nous le déroulé d’un cours chez Biby Cuisine...

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora...

N : Un cours chez Biby Cuisine se qualifie en quelques mots : Partage, Joie et Transmission. Chaque cours est la découverte d’un plat congolais durant 1h30 à 2h suivant le temps de préparation du plat, avec un groupe de 5 à 12 personnes. Chaque étape de la réalisation de ce plat est guidée et accompagnée par Maman Biby qui vous formera et vous donnera tous les trucs et astuces pour être capable de reproduire le plat chez vous. La fin du cours est toujours suivie d’une dégustation autour d’une belle table afin de continuer sur le partage et la transmission en échangeant avec les participants sur tous les sujets dans une ambiance conviviale et chaleureuse. On repart toujours avec le sourire aux lèvres et plus de connaissances après un cours chez Biby cuisine.

M.B : Les cours sont accessibles à tous, mais certains hésitent à venir par peur d’être jugés ( « Oh, je ne sais pas cuisiner, on va se moquer de moi... »). Le but de ces cours n’est pas de démontrer qu’on sait mieux que les autres ou de juger votre niveau, mais plutôt d’ajouter des compétences culinaires supplémentaires, donner envie aux débutants de plus cuisiner à la maison. C’est aussi l’occasion de passer un bon moment en famille ou entre amis. N : Restons soudés, bienveillants et ne soyons pas trop durs les uns envers les autres. Avançons positivement ensemble.

Comment se tenir informé de votre prochain cours et des recettes qui y seront enseignées ? M.B : Il faut s’abonner à la page Instagram ou Facebook. Vous pouvez également nous envoyer un email à l’adresse : biby.cuisine@hotmail.com pour toute question.

Y a-t-il une possibilité de rattraper un cours d’une recette précise si on l’a manqué ? M.B : Pour cela, dans le cadre de nos cours collectifs mensuels, si quelqu’un souhaite réaliser une recette déjà enseignée, il doit nous contacter. Ensuite, nous proposons deux options : un cours particulier en ligne ou la possibilité d’être en liste d’attente pour un cours collectif de rattrapage.

Originaire de la RDC. Que représente le Congo ? Quelles sont votre offre prix et votre cible ? N : La cible principale de Biby Cuisine ce sont toutes les personnes qui aiment cuisiner et découvrir de nouvelles recettes.

N : Le Congo c’est la famille, la cuisine, la culture et les valeurs africaines. M.B : C’est mon pays, c’est là-bas où je suis née, c’est ma culture et j’en suis fière.


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LES RECETTES DE BIBY CUISINE

MADESU INGRÉDIENTS (6/8 personnes) : Durée de préparation : 1heure * 1 kg haricots blancs * 1 oignon * 2 tiges d’oignons nouveaux * 4 gousses d’ail * 1/2 tige de céleri * 1 boîte de tomates pelées (440 g) * 6 cuillères à soupe d’huile de tournesol * 2 cubes Maggi * 3 feuilles de laurier * 1/2 cuillère à café de muscade

PRÉPARATION 1. Lavez bien les haricots blancs (3 fois). 2. Dans une casserole, mettre 1L d’eau et versez les haricots, puis ajoutez une ½ cuillère à café de sel. 3. Une fois que l’eau a diminué, touillez et vérifiez que les haricots blancs sont bien cuits. 4. Dans une poêle, mettez 4 cuillères à soupe d’huile. 5. Mixez les oignons, l’oignon nouveau et l’ail. Versez le tout dans l’huile chaude. 6. Laissez cuire pendant 2 minutes, puis mixez les tomates pelées et ajoutez les dans la poêle. 7. Diminuez le feu et laissez mijoter 10 minutes pour enlever l’acidité des tomates. 8. Une fois cuite, ajoutez la mixture d’ingrédients dans la casserole d’haricots blancs. 9. Ajoutez un verre d’eau, les feuilles de lauriers, les cubes (pas obligatoire) et laissez mijoter à feu doux pendant 15 minutes. 10. C’est prêt !!!

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@Bibycuisine Cours de cuisine congolaise


s r e i l e t a Les e n i s i u c y Bib

Retrouvez-nous une fois par mois pour un moment convivial de transmission et de partage.

@bibycuisine


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“ Je peux tout aussi bien concocter un plat malaisien, russe ou mexicain. ”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Johanna Sansano, j’ai 33 ans, je suis métissée Guadeloupéenne par mon papa et Espagnole par ma maman. Je suis bloggeuse culinaire et vous pouvez retrouver mes recettes sur mon compte instagram @johannasansano.

Nous te connaissions en tant que journaliste, télé notamment. Comment as-tu basculé dans l’univers culinaire ? J’ai fait du journalisme pendant 8 ans et j’étais très épanouie. Mais trop souvent, quand je demandais aux gens comment ils avaient trouvé mes interviews, on me faisait des compliments sur mon physique. J’avais un problème de crédibilité intellectuelle. J’avais besoin d’une activité où on me dise que je méritais

mes compétences et que mon intelligence soit mise au premier plan. J’ai donc changé de voie et suis devenue business developper pour une start-up. Je pensais y rester quelques mois et, finalement, cela fait 6 ans. Je me suis pleinement retrouvée dans ce nouveau job mais ma passion du journalisme, à savoir partager des choses avec le monde, m’a rattrapée. J’ai toujours aimé tester de nouvelles recettes et, pendant le confinement, je cuisinais énormément. Mon conjoint m’a alors suggéré de faire des lives de cuisine afin de partager ma passion. J’avais des milliers de personnes qui me suivaient, chaque jour, en train de cuisiner et je me suis dit que c’était l’occasion de lier mon métier d’image que j’aime à la cuisine.


Gastronomie

JOHANNA SANSANO DU SOLEIL DANS LA CUISINE !

D’où vient cette passion de cuisiner ? Un héritage familial ?

Ton plat africain préféré ?

J’ai grandi avec ma maman qui m’a comblée d’amour mais pas de bons petits plats (rires). Quand j’étais très jeune, vu que j’adorais manger, j’ai commencé à cuisiner. Au fur et à mesure, en grandissant, j’ai eu la chance de voyager et découvrir des gastronomies du monde entier, ce qui m’a totalement fascinée. Pour que vous compreniez bien, quand je me lève le matin, je pense à ce que je vais manger (rires). J’y pense tout le temps, la nourriture est une obsession (rires).

Le Kuku Paka, un curry de poulet kényan au lait de coco.

Quelles sont tes cuisines de prédilection ? On commence toujours avec des plats qui nous rappellent l’enfance. Surtout lorsque vous vivez à Paris et avez grandi sur une île telle que la Guadeloupe. Mais je me suis très vite rapprochée de la cuisine asiatique, suite à de nombreux voyages sur ce continent. Les cuisines asiatiques sont très rapides à faire et ont beaucoup de goût et saveurs. Suite à quoi, je me suis dit : Pourquoi ne pas explorer le globe ? Et c’est ainsi que je suis devenue une spécialiste des cuisines du monde. Je peux tout aussi bien concocter un plat malaisien, russe ou mexicain.

Du coup, lorsque tu cuisines, tu restes sur les spécificités de chaque pays ou bien tu fusionnes différentes cultures dans un même plat ? C’est une excellente question ! À la base, je voulais faire toutes les recettes du monde, mais il faut aussi que mes followers aient envie de les reproduire et soient en capacité de le faire. Le problème est que chaque pays a ses propres spécificités, ses propres épices, ses propres condiments... Du coup, certains m’écrivaient en me disant qu’ils aimeraient bien refaire mes recettes mais qu’ils ne peuvent pas acheter à chaque fois les ingrédients que j’utilisais. J’ai alors commencé à simplifier et « vulgariser » mes recettes afin de les rendre accessibles au plus grand nombre. Je vais donc proposer de la cuisine du monde, de la cuisine fusion et de la cuisine plus simple afin que quelqu’un qui travaille toute la journée n’ait pas à passer 2 heures dans les fourneaux en rentrant le soir.

Ton plat français préféré ? La carbonate flamande. C’est un plat, mijoté avec du boeuf et de la bière, qui a un goût très original ! C’est ce que j’aime le plus dans la cuisine : les plats généreux, mijotés, où on se réunit en famille.

Sans aucune hésitation, les dombrés crevettes !

La base des bases : Ail et oignon ! Quasiment toutes les cuisines du monde requièrent ces 2 ingrédients.

Des adresses incontournables pour tes courses ? Ma passion est d’aller arpenter les rayons des Frères Tang, à Paris. On pense que c’est asiatique mais, finalement, j’y retrouve tous les ingrédients et condiments dont j’ai besoin pour la cuisine caribéenne : piments végétariens, cives, de bonnes mangues... À part ça, j’aime me balader à Belleville. On y trouve une multitude de petites épiceries avec de très bons produits à prix intéressants.

Ouvrir ton restaurant, est-ce dans un coin de ta tête ? Jamais ! Cela pourrait sembler être la suite logique mais pas du tout. Quand on est une passionnée de cuisine comme moi, que l’on veut uniquement les meilleurs produits, les plus frais, les plus authentiques, cela est difficilement conciliable avec les réalités économiques d’un restaurant. Il faudrait que je pratique des prix exorbitants pour être en accord avec mes principes et être rentable. Ce qui n’est pas ma démarche. Et puis, il y a des contraintes horaires qu’impose la vie de restaurateur et ce n’est pas non plus ce à quoi j’aspire.

Originaire de Guadeloupe, cela représente quoi ? J’ai dû vivre à Paris pour reprendre la fierté de mon identité. J’ai toujours vécu en Guadeloupe donc je ne m’étais jamais posée ces questions. Pour moi, j’étais Guadeloupéenne et point barre. En m’installant à Paris, je pensais tout simplement arriver dans un autre département français. Mais on me ramenait sans cesse à mon identité en me demandant d’où je venais. C’est là que l’on commence à nourrir un nationalisme ou patriotisme guadeloupéen, bien plus que lorsqu’on y vit. Aujourd’hui, je sais qu’être Caribéenne nourrit mon identité et je la cultive davantage.

Si je te dis le mot “Roots”, que visualises-tu ? Je vois des racines alimentaires (rires). Plus sérieusement, je pense que tant que l’on ne sait pas d’où l’on vient, il est difficile de savoir qui on est. Ma racine, c’est la Guadeloupe.

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Ton plat caribéen préféré ?

Les ingrédients incontournables dans tes recettes ?


Gastronomie

LES RECETTES DE JOHANNA

DOMBRÉS CREVETTES INGRÉDIENTS (4 personnes) : Crevettes grises crues : 600 g * Oignon : 2 * Cive : 1 brin * Ail : 3 gousses * Laurier : 3 feuilles * Thym : 1/2 cc * Persil : 2 brins * Tomates entières pelées : 200 g * Farine : 500 g * Eau : 25 cl * Sauce créoline : 2 CS * Citron vert : 1/2 * Piment végétarien : 1 * Huile : 3 CS Marinade des crevettes : * Ail : 1 gousse * Piment végétarien : 1 * Citron vert : 1/2 * Sel, poivre

PRÉPARATION 1. Rincez les crevettes crues à l’eau claire puis dans un récipient, mélangez les avec tous les ingrédients de la marinade. Réservez au frais au moins 30 min. 2. Préparation des Dombrés : dans un saladier, mélangez la farine, le sel, 1 CS de sauce créoline et l’eau jusqu’à former une boule (La sauce créoline, c’est mon astuce pour parfumer les dombrés). Laissez reposer 10 minutes puis pétrissez à nouveau jusqu’à obtenir une boule bien lisse. Formez des petites boules de pâte de 2 à 3 cm de diamètre. 3. Dans une marmite, versez l’huile de tournesol et faites revenir quelques secondes les crevettes 🦐 à feu vif pour les colorer très légèrement et parfumer l’huile. Laissez la moitié des têtes dans la marmite et réservez le reste des crevettes dans un saladier. Écrasez les têtes, ajoutez l’oignon et la cive émincés finement puis l’ail pressé. Couvrez et faites revenir quelques minutes à feu moyen.

4. Réduisez les tomates en purée. Versez les dans la marmite puis ajoutez le thym, le laurier, le persil ciselé et le piment 🌶️ végétarien. Mélangez et poivrez. Laissez mijoter 20 minutes à feu doux. 5. Répartissez les dombrés 1 à 1 dans la sauce. Laissez cuire encore 20 minutes jusqu’à ce que la sauce s’épaississe. 6. Ajoutez les crevettes. Pressez le 1/2 citron vert et ajoutez 1 CS de sauce Créoline. Laissez cuire quelques minutes en remuant de temps en temps. Ajustez l’assaisonnement et dégustez ! - TIPS : Pour éviter que les crevettes ne soient cotonneuses et trop cuites, je les remets dans le plat uniquement à la fin de ma cuisson !

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@JohannaSansano Coach en gourmandise


Porcelaine de Limoges Fabrication française

www.waxonthetable.com


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Photo : Patapapara


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MARVENS FRANÇOIS

DIRECTEUR GÉNÉRAL DU PB POULET BRAISÉ

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Marvens François, j’ai 33 ans. Je suis Français et mes parents sont tous les deux originaires d’Haïti. Je suis le directeur général de PB Groupe qui a créé l’enseigne « PB Poulet Braisé » qui existe depuis bientôt 15 ans.

Revenons sur votre parcours. Quel background vous a mené à la tête du groupe Poulet Braisé ? Concernant mon parcours scolaire, il est assez classique. J’ai obtenu une Licence RH à la fac de Créteil. Puis, j’ai obtenu un Master 2 en Marketing et Relations Internationales à l’école de commerce ESG. J’ai eu diverses expériences dans les Ressources Humaines, surtout orientées vers le retail, avant d’arriver chez PB il y a 7 ans où j’ai commencé en tant que responsable des ressources humaines, puis j’ai occupé plusieurs postes dont celui de Directeur des Opérations avant, en 2021, de devenir le Directeur Général.

PB Poulet Braisé, en 2024, c’est quoi ? Aujourd’hui, PB c’est 21 restaurants dans toute la France, avec une croissance d’ouverture de 10 restaurants par an en franchises ou succursales.

Selon vous, quel est le secret d’une telle success story ? Le secret de notre succès est simple mais compliqué au quotidien. Il s’agit de rester le plus fidèle à nos engagements envers notre communauté, la qualité, l’innovation et rester simple dans notre démarche. Nous essayons au mieux d’écouter nos clients, restons fidèles à nos racines et continuons à évoluer pour répondre à leurs attentes. PB a été crée en 2009 en réaction au fait du manque de restauration hors fast-food qui puisse accueillir tout type de personnes avec une cuisine généreuse et un prix accessible.

Êtes-vous ouvert aux investisseurs qui souhaiteraient lancer des franchises PB ? Oui, nous sommes ouverts à la franchise depuis plusieurs années mais assez sélectifs sur les profils choisis. Nous encourageons les exploitants et investisseurs intéressés à nous contacter pour discuter des opportunités de franchise.

Édition spéciale « Black Excellence ». Que signifie cette expression pour vous ? Mythe ou réalité en France ? “Black excellence” c’est la célébration des réalisations exceptionnelles de la communauté noire de France, de ses contributions dans divers domaines. Elle est certes peu représentée mais avec tellement d’acteurs. En France, comme ailleurs, il y a de nombreux exemples de “black excellence” qui méritent d’être mis en lumière.

Que peut-on vous souhaiter pour ces 5 prochaines années dans le meilleur des mondes ? Pour les cinq prochaines années, je souhaite voir PB Groupe continuer à prospérer, s’étendre à de nouveaux marchés, notamment hors de France, d’ici là ! Ainsi, devenir une référence dans la restauration à table autour du poulet ! Et moi, perso, j’espère continuer à toujours aimer ce que je fais et prendre du plaisir.

Originaire d’Haïti, que cela représente-t-il ? Haïti représente la mère patrie. L’île de mes parents, mon île. J’aimerais tellement y passer plus de temps et d’énergie mais, malheureusement, vu le climat actuel c’est un peu compliqué.

Si je vous dis le mot « Roots » vous me répondez ? Si vous aviez un conseil à donner à un futur entrepreneur dans le secteur de la restauration ?

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Connaître et s’instruire un maximum sur le milieu, rester fidèle à votre passion, soyez prêt à travailler dur, et ne négligez jamais vos clients qui sont votre votre socle. La restauration n’est pas un milieu facile mais tellement enrichissant, avec une grande variété de profils.

“Roots” évoque pour moi la profonde connexion aux origines, à la culture, et aux traditions. C’est un rappel constant de l’importance de rester enraciné dans nos valeurs et ne pas oublier d’où l’on vient, d’où nos parents viennent.


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LES RECETTES DE JOHANNA

GNOCCHIS DE PATATE DOUCE Ingrédients pour 3 personnes : * Patate douce à chair orange : 400 g * Farine : 90 g * Maïzena : 100 g * Sel, poivre * Muscade : 1 bonne pincée

Préparation 1. Épluchez et coupez les patates douces en tronçons. Plongez-les 10 à 15 min dans une casserole d’eau 💦 bouillante. 2. Égouttez les puis déposez les sur du papier absorbant. Dans un saladier, écrasez les avec une fourchette et laissez refroidir 10 min. 3. Ajoutez la farine, la maïzena, le sel, le poivre et la muscade. Mélangez à la fourchette et finissez à la main jusqu’à former une boule. Farinez légèrement votre boule et laissez la reposer 10 min. 4. Étalez en boudin puis sur votre plan de travail fariné, formez les gnocchis (vidéo explicative sur ma page Instagram). 5. Farinez légèrement les gnocchis puis plongez les 2 minutes dans de l’eau bouillante jusqu’à ce qu’ils remontent. Servez en accompagnement ! Bon appétit !

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@JohannaSansano Coach en gourmandise



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Photo : J’aime L’image


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STEPHIE GUITTEAUD

FONDATRICE DE LA KREOL BOWL “ Un poke aux saveurs de la Caraïbe. Healthy et gourmand, tout le monde en raffole ! ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Guitteaud Stephie, 37 ans, toutes mes dents, fondatrice de la Kreol Bowl, originaire de la Guyane et Martinique.

Loin de la cuisine caribéenne traditionnelle de « grandmère », vous avez modernisé l’industrie en créant la Kreol Bowl. Pouvez-vous nous décrire le concept ? Il s’agit d’un poke aux saveurs de la Caraïbe. Healthy et gourmand, tout le monde en raffole !

Quels sont vos ingrédients ou plats phares ? Les plats phares sont les trois signatures qui sont certifiées par le Dr Séjean, une nutritionniste de renom.

Si je suis un novice et que je vous donne carte blanche pour me faire découvrir les saveurs des Caraïbes, quelle composition de bowl me recommanderiez-vous ? Je recommanderais de découvrir nos signatures. Il y en a 3 : La POUL’BOWL au poulet mariné, la CHIKTAIL’BOWL à la morue et, enfin, ma VG pour les amateurs du sans viande.

Vous portez une attention toute particulière au côté « healthy » de votre restaurant puisque vous êtes notamment certifiée par le Dr Sejean, une spécialiste de la nutrition créole. Parlez-nous de ce volet healthy et en quoi c’est un engagement primordial ?

J’en ouvrirai d’autre, le monde a besoin de connaître la cuisine de la Caraïbe autrement que par les classiques que l’on voit habituellement. La Kreol Bowl c’est bien plus que de la cuisine créole. C’est healthy et street. Je continuerai également dans l’événementiel car j’aime les challenges et l’énergie des salons...

Quand on entre chez Kreol Bowl, on sent une identité propre et une mise en avant de votre patrimoine caribéen. Est-ce un devoir pour vous de mettre en avant votre héritage culturel ? C’est mon devoir de transmettre notre culture par la food, la musique, la littérature, la langue... Notre culture est riche et très peu de personnes en ont conscience. On a encore du chemin à parcourir et je veux faire partie des acteurs.

Originaire de Martinique, que cela représente-t-il ? 9722222222 !!!!!! C’est une partie de moi, c’est l’île aux fleurs, c’est aussi l’île où il y a beaucoup à faire en termes d’entrepreneuriat et politique (rires).

Si vous aviez un message direct à adresser à la diaspora qui va vous lire ? Soyons fiers de ce que nous sommes !

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Authenticité et pionniers.

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Il s’agit de faire découvrir la cuisine caribéenne de façon saine avec la Kreol Bowl. Il était important pour moi d’apporter plus qu’un plat aux saveurs créoles, il fallait sortir de ces idées reçues que notre cuisine est trop grasse, trop épicée, etc. Si l’on regarde bien, avant l’arrivée de l’industrie et des grands centres commerciaux, nos aînés étaient bien-portants et mangeaient sainement et local. De ce fait, j’ai eu envie de faire redécouvrir notre cuisine avec des produits frais et faits maison, cuisinés de façon saine et surtout certifiés par une nutritionniste.

Quelles sont vos envies de développement ? Ouvrir d’autres restaurants ou vous positionner davantage sur de l’événementiel ?


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LES RECETTES DE JOHANNA

FÉROCE D’AVOCAT Ingrédients * Avocat : 1 * Piment végétarien : 1 * Morue : 200 g * Citron Vert : 1 * Farine de manioc : 75 g * Persil : 2 brins * Ail : 2 gousses * Huile de tournesol 1 CS * Cives : 3 brins * Poivre

Préparation 1. Dessalez la morue dans un saladier d’eau pendant une nuit. 2. Émiettez la morue avec une fourchette. 3. Émincez finement le persil, les cives, le piment vgétarien et pressez l’ail avec un presse ail. 4. Enlevez délicatement la chaire de l’avocat à l’aide d’une cuillère sans percer l’eau. 5. Écrasez dans un saladier avec une fourchette. 6. Pressez 1/2 citron pour éviter que l’avocat ne noircisse. 7. Ajoutez la garniture aromatique : la cive, le piment végétarien, l’ail, le persil et la créoline (facultatif ). 8. Ajoutez alternativement l’huile et la farine de manioc et bien incorporer au mélange. 9. Enfin, ajoutez la morue émiettée. 10. Dressez dans les avocats et parsemez de persil et de piment végétarien pour un dressage plus sexy.

Pour la petite histoire Ce fameux mélange de farine d’avocat, manioc, piment et morue est un plat qui était préparé par les esclaves. Il leur permettait de tenir et avoir assez d’énergie pour effectuer une journée entière dans les plantations. Principalement consommé en Martinique, ce plat constituait un moyen de survie et s’est transmis, de génération en génération, jusqu’à devenir l’un des mets emblématiques des Antilles. À noter que vous pourrez déguster l’un des meilleurs féroces de Paris chez Kreol Bowl (16 rue Mazagran, 75010).

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@JohannaSansano Coach en gourmandise


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16 rue Mazagran 75010 Paris 0 1 47 70 40 49 foodstephie@gmail.com

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TRÉSORS DES CARAÏBES Patchwork de délices créoles. Couleurs, senteurs, fruits, épices et j’en passe et des meilleurs.

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Nadine C. La fondatrice


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BAMILÉKÉ LOUNGE UNE TABLE AFRICAINE... AU COEUR DES CARAÏBES ! “ Proposer à la clientèle locale et touristique des saveurs issues du continent et revisitées, à ma manière, avec une touche caribéenne. ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Nadine. C / Camerounaise / Styliste designer & Promotrice du restaurant Bamileke Lounge.

Si vous deviez vous définir en 3 mots ? Obstinée, pugnace, travailleuse.

Vous êtes une Camerounaise installée en Guadeloupe. Racontez-nous cette aventure entrepreneuriale... Je suis entrepreneure dans l’âme. Avant de migrer hors du Cameroun, j’étais déjà chef d’entreprise dans les secteurs de la mode et de la restauration. Arrivée en Guadeloupe en 2009, c’est tout naturellement que je me suis mise à mon compte. D’abord dans le domaine de l’art par la promotion d’objets d’art africain en valorisant notre savoir-faire, en créant la boutique « Galerie d’arts africains ». Puis, en tant que styliste designer en commercialisant mes propres créations sous la bannière de « N’afrikart Premier ». Ce goût pour l’art s’étend jusqu’à l’art culinaire avec actuellement Bamiléké Lounge.

Bamileke Lounge, que peut-on retrouver à la carte de ce lieu ? L’idée est de proposer à la clientèle locale et touristique des saveurs issues du continent africain et revisitées, à ma manière, avec une touche caribéenne : Ndolé, mafé, tarot, poulet DG, yassa, légumes sautés, j’en passe et des meilleurs.

En vivant aux Antilles, vous sentez-vous un peu comme en Afrique ? Quels sont les points communs et différences notables ? Les Antilles, c’est un concentré de cultures. On retrouve l’Afrique, l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Des points communs dans certaines postures et comportements, et des différences notables liées au métissage des Antilles.

Vous êtes également une amoureuse d’art, plus particulièrement Bamileke. Parlez-nous de cette passion... L’art Bamileke se caractérise par son côté mystérieux, profond et, en même temps, symbolique. Cette passion est presqu’innée en moi. Je sens, je respire, je vis de l’art et tout cet amour je le dois à ma soeur aînée Pelagie qui m’a formée.

C’est une édition spéciale Black Excellence. Les Bamileke sont connus pour être de gros travailleurs. Que vous évoque cette expression et faites-vous un lien avec votre identité Bamileke ? C’est une expression qui a un double sens. Un sens positif car les Bamiléké, les Bami pour les intimes, sont des business men et business women hors pair. Ils sont agriculteurs également. Un sens parfois négatif car on nous accuse de trop aimer l’argent.

Si un couple découvre pour la première fois la cuisine camerounaise, que leur recommanderiez-vous de tester dans votre restaurant et pourquoi ?

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora ?

Il y a évidemment l’incontournable ndolé, un subtil mélange de salé et d’amer. Le poulet DG est le plat le plus consensuel.

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ?

Ne jamais oublier ses origines et sa culture, c’est l’essentiel.

Je pense à votre magazine et la façon dont la racine et la culture afro sont mises en lumière. @bamileke_lounge

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Gastronomie

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TARA’S BODY

Gastronomie

4 SEMAINES DE WORKOUT & DE RECETTES Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Tara McCloud, j’ai 25 ans, je suis coach sportive et créatrice de contenu sur les réseaux sociaux. Je suis Française et Afro-Américaine, originaire du Nigéria.

On t’avait laissé en pleine ascension de jeune YouTubeuse & Coach sportive. Aujourd’hui, nous sommes là pour parler de la sortie de ton tout premier livre… Effectivement, la maison d’édition Hachette m’a contactée pour faire une collaboration sur un livre. L’idée était de créer quelque chose ensemble, qui soit utile au plus grand nombre et pratique à transporter. On a décidé de partir sur des recettes et un programme sportif. De mon côté, je tenais absolument à raconter mon histoire afin que les lecteurs sachent d’où je viens et pourquoi je suis celle que je suis aujourd’hui. Le livre se découpe donc de la manière suivante : Une vingtaine de pages pour apprendre à me connaître, suivi d’un programme sportif et de 40 recettes « healthy » à intégrer facilement à ton quotidien.

À travers ce livre sorti au début de l’été, ciblais-tu les fameux adeptes du « summer body » ? (Rires) Effectivement le livre est sorti le 7 juin, avant l’été, pour donner un surplus de motivation. Mais le but est de pouvoir adopter cette mentalité-là le plus longtemps possible. À l’intérieur, je donne également des conseils pour le « mindset », comment ne pas craquer et réussir à maintenir son nouveau « lifestyle ». L’idée est que ce livre de poche devienne l’accessoire qui te suit partout : dans le train, en vacances, peu importe. Et, lorsque tu as un coup de mou, tu vas piocher à l’intérieur et chercher la phrase qui va t’aider à résister à la tentation de manger ou te motiver à faire du sport. L’objectif est de pousser les gens à adopter un mode de vie sain sur le long terme. Je veux que mon livre crée une étincelle pour remodeler ton « mindset ». J’ai déjà eu des témoignages de certaines lectrices qui m’indiquaient avoir changé leur routine de vie grâce à mon livre, et c’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire.

Quelqu’un qui démarrerait de zéro et déciderait de faire un « reset » sur son alimentation et sa routine sportive peut-il se retrouver dans ton livre ? Ou bien faut-il commencer en ayant déjà quelques bases solides ?

Concernant les femmes enceintes ou qui viennent d’accoucher ? Bien sûr, tout le monde est concerné. En ce qui concerne les volets nutrition et « mindset » il n’y a aucun problème. Pour le volet sport, dès lors que la femme a l’aval du médecin après sa rééducation du périnée, elle va pouvoir suivre le programme sans souci.

Et les hommes dans tout cela ? Je ne cherchais pas spécialement à plaire aux femmes mais le fait est que, sur les réseaux, je suis suivie sur YouTube par 90% de femmes et 80% sur Instagram. Cependant, certains hommes se sont également montrés intéressés par le livre, notamment sur les conseils « healthy » et les recettes. Le programme de sport n’est peut-être pas adapté à une cible masculine mais tout le reste l’est. Il y a même des hommes qui m’ont confié avoir acheté le livre pour la partie concernant mon vécu car il se sentait inspiré par mon parcours.

Quelles émotions cela procure-t-il de dédicacer son 1er livre et avoir son visage affiché à la Fnac ? C’est irréel. C’est un bel accomplissement et un sentiment d’extrême fierté. Je ne me serais jamais imaginée avoir mon visage, en grand format, à la Fnac de Châtelet les Halles ! Ce jour est pourtant arrivé. Mais honnêtement, je ne réalise toujours pas vraiment ce qui m’arrive.

Si tu avais un message direct à destination de nos lectrices ? N’abandonnez jamais vos rêves. Saisissez les opportunités qui se présentent à vous car on ne sait jamais sur quoi cela pourra déboucher. Et, surtout, soyez vous-même car c’est le seul moyen d’atteindre sa destinée.

Si je te dis le mot « Roots », tu me réponds ? L’Afrique.

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C’est un programme pour débutant et intermédiaire. À l’intérieur, je donne des consignes de placement, d’alignement, de sécurité, donc il n’y a quasi aucune chance de se blesser. Je te donne toutes les explications, comment le corps doit être positionné, comment le mouvement doit être exécuté, les temps de repos adaptés,

les temps de répétition, etc. En résumé, je ne te laisse jamais tout(e) seul(e). Et, dans la grande majorité, nous allons travailler avec le poids du corps. De temps en temps, il y aura besoin d’élastiques ou de petites altères mais le but est que tu prennes véritablement confiance en toi, même si tu n’as jamais fait de sport de ta vie.


LOCATION DE STUDIO

PHOTO & VIDÉO 3 rue Jean Macé 75011 Paris

WWW.STUDIOMACEPARIS.COM CO N TAC T E ZN O U S PA R MA I L S U R CO N TAC T@ST U D I O MAC E PA R I S.CO M


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PHOTOGRAPHE MATA DIMATA STYLISME NMK AGENCY

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Chemise noire : MOPRAISO Gilet : QUAZAR


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MOHOMBI

SON RETOUR FRACASSANT “ Ma musique a transcendé les frontières et les langues créant un lien spécial avec des gens de tous horizons. ”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Mohombi Nzasi Moupondo. Je suis artiste chanteur, compositeur mais également entrepreneur. Je suis né il y a un peu plus de 30 ans (rires) au Zaïre, actuelle République Démocratique du Congo.

Mohombi, le grand public vous a connu dans les années 2010, avec de nombreux hits et collaborations avec des artistes mondiaux. Pourquoi cette volonté de retour au premier plan, une dizaine d’années après ?

Comment décririez-vous votre univers auprès des plus jeunes qui vous découvrirez peut-être ? Entre 2010 et 2015, j’ai fait le tour du monde ! Quand on me disait « c’est quoi ton style? » je répondais « de l’afroPOP ». Quand vous entendez un morceau comme « Bumpy ride », qui revient en force dans des challenges sur TikTok aujourd’hui et sur lequel la jeunesse du monde entier danse encore, je pense que je peux dire qu’il y a 10 ans je faisais déjà de l’Afrobeat ! (Rires) J’ai recommencé à tourner il y a peu de temps, principalement en Europe de l’Est, en Europe centrale et en Scandinavie… Et, partout, j’y ai vu des jeunes entre 15 et 20 ans chanter mes chansons, c’est si beau à voir ! Je pense que ma musique a transcendé les frontières et les langues créant un lien spécial avec des gens de tous horizons. Alors, que vous soyez un fan de longue date ou que vous veniez de rejoindre la famille, je vous invite à explorer les différentes facettes de mon art et à partager le voyage avec moi. Je suis impatient de vous faire écouter et de vous faire danser ma nouvelle musique !

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Ceux qui écoutent ma musique et me suivent depuis mes débuts savent que je ne me suis jamais arrêté. Après le succès fulgurant de ma chanson « Bumpy Ride », et de mon album MoveMeant, j’ai ressenti le besoin de me plonger dans la production musicale et de creuser plus profondément dans les rouages de la création sonore. Parmi les expériences les plus exaltantes de ces dernières années, je retiens : ma collaboration avec Shaggy sur le single « I need your Love » , mon single « Baddest girl in town » avec Pitbull (récompensé par un Grammy dans la catégorie …), ma collaboration sur le hit mondial « MI GENTE » de J.Balvin (récompensé aux Grammy Awards), ma participation sur le single « Dinero » (Dj Khaled, Cardi.B, J.Lo) et le single « Hasta que salga el sol » (Ozuna). Pouvoir apporter ma touche artistique sur des morceaux qui ont résonné à l’échelle planétaire a été une aventure incroyablement enrichissante. Ces expériences m’ont ouvert de nouvelles perspectives et m’ont permis de connecter avec des publics divers à travers le monde. Pendant cette période, je ne me suis pas seulement limité à une seule scène, j’ai également embrassé le monde des affaires en tant qu’entrepreneur dans le domaine de la musique d’une part : En 2017, j’ai co-créé une station radio à Kinshasa (UFM 94.7). En 2018, j’ai co-fondé un label : de musique qui s’appelle PowerHouse. En 2022, j’ai co-fondé, au Cap Vert, un 2ème label de musique, Mansa Music Group, sous lequel je suis maintenant signé. D’autre part, je détiens des parts dans une société spécialisée dans

les ressources humaines qui opère et impacte de manière conséquente le secteur de l’emploi en Afrique centrale. En parallèle de mon immersion dans le monde de la musique, j’ai également connu des moments de grande joie et de transformation sur le plan personnel. J’ai eu la chance d’épouser mon amour de jeunesse et nous avons fondé une famille avec 4 enfants qui apportent une lumière nouvelle à ma vie chaque jour. Concilier la vie artistique et mon rôle de parent et d’époux m’a permis de trouver un certain équilibre. En somme, ces dix dernières années ont été une période de travail acharné, de créativité passionnée, de croissance à la fois artistique et personnelle. Je suis ravi de revenir sur le devant de la scène.


Culture/Art

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Lunettes : CÉLINE Short : IMI AND KIMI Chemise : MOPRAISO Chaussures : CAMPER Sac à main : BLUE SKY LAB


Combinaison : QUAZAR Chemise IMI & KIMI Chaussures : CAMPER


Culture/Art

“ Le morceau Chocola incarne une fusion de rythmes envoutants et de paroles significatives. [...] Il célèbre la diversité et la beauté intrinsèque des femmes de couleur. ” À quoi s’attendre en termes de featurings et orientations pour ce retour que vous espérez fracassant ? Mon nouvel album explore un mélange de sons afro futuristes. J’ai pris le temps d’explorer de nouvelles directions musicales tout en restant fidèle à mon style. Je suis ravi de vous dire qu’il y a de belles collaborations, cependant, je préfère garder une part de mystère pour que vous puissiez découvrir ces artistes en écoutant l’album.

Suédois, Congolais, ayant fait ses armes aux USA et vivant au Cap-Vert. Vous êtes un citoyen du monde. Cette diversité dans vos influences se traduit-elle dans votre projet musical ? Mon projet musical incarne une fusion captivante entre le Nord et le Sud. Mes racines congolaises apportent une profondeur rythmique et mélodique à ma musique et, de l’autre coté, mes origines suédoises y apportent une dimension atmosphérique et contemporaine. Chaque élément reflète de la richesse culturelle de ces deux héritages. Ma musique reflète mon métissage.

Un mot sur votre banger de la rentrée, « Chocola », qui semble être un ôde à la femme de couleur... « Chocola » s’adresse aux couleurs de chacune des femmes du monde ! Ensemble, elles représentent une palette de teintes aussi variées que précieuses. Les mêmes que l’on retrouve dans une boîte de chocolats finement assortis. « Chocola » incarne une fusion de rythmes envoutants et de paroles significatives. J’ai essayé de créer une toile sonore qui célèbre la diversité et la beauté intrinsèque des femmes de couleur. « Chocola » est bien plus qu’une simple chanson. C’est une déclaration d’amour propre. J’espère qu’au delà de sa musicalité, cette chanson touchera les coeurs et les esprits de chacun, en encourageant les conversations sur l’importance de la diversité et de l’inclusion dans notre société.

Que représente la RDC pour vous ? Quels sont vos projets ou actions actuelles à destination du Congo ? La RDC est le pays qui m’a vu naître. C’est le poumon droit du monde, c’est chez moi ! J’y ai passé une bonne partie de ma petite enfance et je m’y suis installé avec ma famille de 2017 à 2021. Durant cette période, j’ai participé à plusieurs actions sociales et celle dont je suis le plus fier c’est la construction d’une école (avec l’association caritative de ma grande soeur) dans le village de mon père dans le Kwilu. J’ai également co-créé la radio urbaine kinoise UFM 94.7 J’aime mon pays et porterai toujours fièrement les couleurs de notre drapeau !

Un message direct à adresser à la diaspora... J’aimerais dire à la diaspora africaine, toutes nationalités confondues, que l’avenir de notre cher continent dépend de chacun de nous. Que l’on soit dans les arts comme moi ou dans d’autres domaines tels que la médecine, l’ingénierie, l’éducation, ou la gouvernance, chacun de nous peut jouer un rôle significatif dans la restauration de la souveraineté de notre continent. J’encourage les diasporas à prendre conscience du potentiel collectif qu’elles représentent. Revenir sur la terre mère c’est rajouter des voix à la chorale de l’espoir. L’espoir de transformer les défis en opportunités. L’Afrique était là hier, elle sera toujours là demain mais c’est aujourd’hui qu’il faut y être.

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Le mot « Roots » évoque en moi le village de mon père dans le Bandundu (Kwilu central). Il évoque les fondements de ma créativité et de mon expression artistique. Mes oeuvres sont une exploration de chacune de mes racines, c’est une tentative de fusion entre les éléments traditionnels et contemporains de mes deux cultures. Mes « Roots » sont le point de départ de mon voyage créatif mais aussi la base solide qui me permet d’innover et d’évoluer.

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Culture/Art

Pull : IMI & KIMI Manteau : IMI & KIMI

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Casquette : IMI & KIMI Lunettes : DIOR Chaussures : CAMPER


PHOTOGRAPHE WIL ZAID STYLISME AMANY GOGO MAQUILLAGE KRISTEN DC MAKE UP

T-Shirt : KIN LA BELLE


KANIS

Culture/Art

“ HAÏTI, C’EST MON ÂME ! ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Niska Garoute, surnommée Kanis. Je suis artiste dans plusieurs domaines. Je fais de la musique, du design graphic et de la peinture. J’aime passionnément la mode et surtout ma culture. Je suis Haïtienne, de grands-parents Américains et Libanais mais j’ai grandi toute ma vie en Haïti avant de m’installer à Miami. J’ai également séjourné à New York, le temps d’y faire mes études de design graphic et de me lancer définitivement dans la musique.

des Parisiens... Cette ville est ma muse, une véritable source d’inspiration et c’est pour cela que j’aime bosser sur mes projets en France. Quant à mon rapport avec la France, j’adore Paris et le pays, dans sa globalité. J’ai un très bon rapport avec le public français, plus spécialement avec les gens issus de la Caraïbe mais aussi les Africains. Et j’ai vraiment hâte, un jour, de faire un titre avec un gros artiste français.

Originaire de Haïti, que cela représente-t-il pour toi ? Comment décrirais-tu ton univers musical ? C’est un mélange de mes racines afro-caribéennes et de hip-hop. Au départ, j’étais auteure pendant quelques années. J’ai pas mal travaillé et écrit pour les autres jusqu’à décider de lancer ma propre carrière en tant qu’artiste chanteuse/rappeuse.

Qu’est-ce qui fait, selon toi, la touche « Kanis » ? La touche Kanis c’est, en permanence, une fusion de plusieurs univers. Plusieurs formes d’art, plusieurs styles musicaux, plusieurs cultures... Mais le point de départ est que je suis Haïtienne et j’essaierai toujours de mettre Haïti en avant, même dans mon flow hip-hop. Autre chose, je suis unique en mon genre, que ce soit dans ma vibe musicale ou ma façon de m’habiller, je ne pense pas qu’il y ait 2 Kanis (rires). J’essaie de ne copier personne et de proposer ce qui me semble être le plus authentique et en accord avec qui je suis.

Les 3 moments les plus mémorables depuis tes débuts ? 1er : Lorsque j’ai commencé à être populaire en Haïti, tout le monde me reconnaissait, voulait prendre des photos... Un jour, je suis à l’aéroport en France et je présente mon nom en disant que je suis une artiste et que je m’appelle Niska. Le personnel de l’immigration m’a zlorsarépondu : « Absolument pas non, on a déjà notre Niska en France, il va falloir changer ton nom » (rires). Et c’est ce qui m’a fait changer mon nom en Kanis. J’ai réalisé que, même si Niska est mon vrai prénom, il ne m’appartient plus totalement. 2ème : Être sur scène pour la 1ère fois et entendre les gens chanter les paroles de mes titres, mot pour mot, c’était vraiment mémorable ! 3ème : Le jour où j’ai signé mon premier contrat avec Columbia. C’était le 10 décembre 2019. Même si je ne suis plus chez eux, c’était un objectif et atteindre ce but a été un moment très touchant.

Tu reviens d’un long séjour en France...

Un message à adresser à la diaspora haïtienne ? J’espère que la diaspora haïtienne présente dans le monde entier aura l’occasion d’écouter mon nouveau projet car j’y ai mis mon cœur, avec toujours ce désir de mettre la lumière sur Haïti à une échelle internationale. Nous, les artistes haïtiens avons besoin de vous. De façon plus globale, je dirais à la diaspora qu’il est de notre responsabilité de nous unir pour la survie de notre pays. Ce n’est pas une Terre qui est finie et vouée à une éternelle dangerosité. Soyons unis, n’ayons pas peur de notre culture et oeuvrons ensemble.

Quels sont les projets musicaux pour fin 2023 ? J’ai mon projet qui doit éclore pour le début d’année 2024. En attendant, je suis en train de sortir des singles, notamment le dernier « Marrakech » qui porte sur une histoire d’amour. J’ai plusieurs autres morceaux avec de gros artistes caribéens et africains qui seront présents sur le projet. C’est un projet très divers, où j’ai mélangé 4 langues (créole, anglais, espagnol et français) et qui devrait plaire au plus grand nombre.

Si je te dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? L’Afrique ! J’ai toujours aimé mélanger la modernité avec un aspect « roots ». Mon 1er titre s’appelait « Veve Lokal », c’était une vibe tribale mélangée à du hip-hop. Je me sens le devoir de représenter l’Afrique, notamment via Haïti.

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Paris pousse à la créativité. C’est une référence dans la mode, c’est aussi une place très puissante dans la musique afro. Étant donné mon background artistique et ma diversité d’inspirations, c’est un lieu magique pour moi. Entre les musées, l’art, les cafés, les looks

C’est mon pays, c’est mon âme. Même si j’ai la chance de voyager et que je chante en plusieurs langues, c’est afin de pouvoir exploiter tout ce qui se passe dans le monde et, un jour, revenir dans mon pays pour y ouvrir une école professionnelle et/ou artistique. En attendant, je bosse avec des petites fondations qui aident sur place. Je me considère comme une ambassadrice itinérante d’Haïti et pourquoi pas, un jour, le devenir officiellement ?


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Maillot : MIZAN Pantalon : GYD STUDIO

Top capuche : VAN GIMOKO Chaussures : CROCS


Durag dentelles : VAN GIMOKO Veste : TANGUY MICHEL


Top et leggings : HIK Corset : QUAZAR


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Top filet : 1vasion Pantalon : IMI AND KIMI


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Culture/Art

MAUD ELKA

LA VOIX DU “AFRO R’N’B” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Ton actualité pour cet hiver 2023-24 ?

Maud Elka, originaire de la République Démocratique du Congo, je suis une artiste R’n’B et avec de fortes influences afro.

Je dévoile un nouveau titre qui s’appelle « Quelqu’un d’autre » et qui est clairement mon morceau préféré ! J’aime ce titre parce qu’il est un juste milieu entre tout ce que j’aime le plus. Mon flow est très R’n’B et la rythmique très afro. Ce morceau, c’est totalement moi.

La musique, une vocation de toujours ? J’ai toujours eu cette passion en moi mais, ayant des parents congolais, l’école était quelque chose de très important pour eux. Mon père me disait que si je voulais faire la musique, je me devais d’abord de décrocher un diplôme. J’ai donc suivi un cursus en fac de droit. J’ai passé le Barreau, malheureusement je ne l’ai pas eu. Je l’ai raté de peu et mon égo en a pris un coup, mais je me suis rendue compte que ce n’était pas primordial par rapport à ce que je rêvais de faire. C’est à ce moment que j’ai décidé de me lancer à fond dans la musique.

On sait que les artistes congolais sont souvent issus de familles de mélomanes. Était-ce ton cas ? Évidemment, mes origines jouent énormément car le Congo est un pays très attaché à la musique, c’est limite une religion (rires). J’ai grandi sur des airs de Papa Wemba dont ma mère était fan, Koffi, Werra... C’était omniprésent à la maison. Le dimanche, pendant que tu fais ton ménage, tu regardes les clips congolais, c’est tellement de souvenirs ! Avec ma sœur, on connaissait les chorégraphies par cœur ! J’avais également un grand-frère - malheureusement décédé aujourd’hui - qui faisait du rap. Du coup, à la maison, c’était un peu la Star Academy. Tous les samedis, on se retrouvait entre frères et sœurs avec des ateliers improvisés d’écriture de chansons. J’étais la plus intéressée parmi toute la fratrie et mon grand-frère m’a beaucoup encouragée en me faisant prendre conscience que j’avais ce « truc ». C’est ainsi que je suis tombée dedans.

Comment décrire ton univers musical ?

1) Je vais réunir toute la partie scène en 1 seul bloc. J’ai eu la chance de faire les premières parties de Tiwa Savage mais aussi de Yemi Alade et Ronisia, toutes les deux à l’Olympia, un lieu mythique ! 2) La rencontre avec mon producteur car il m’a fait entrer dans la réalité de l’industrie de la musique, alors que je n’étais qu’une étudiante encore candide. Il m’a fait grandir aussi bien personnellement que professionnellement. 3) Lorsque je suis partie en Tanzanie. J’ai un titre qui se nomme « Songi Songi » et qui a explosé là-bas, du coup j’y ai fait le premier showcase de ma vie. C’était une expérience de fou, j’y suis restée 10 jours, j’ai fait 3-4 scènes, j’ai fait des radios tours et j’y ai même tourné 2 clips !

Si je te donne une baguette magique et que tu avais la possibilité de faire un featuring avec n’importe quel artiste francophone et anglophone vivants ? En francophone : SDM, sans hésiter ! J’aime trop sa musique, c’est vraiment mon chouchou. En anglophone : Chris Brown parce que je suis une fan absolue.

Que représente la RDC pour toi ? Mes parents m’ont élevée en m’inculquant le fait que le Congo est ma maison, ma terre et mon coeur. Lorsque j’ai fait mes scènes en Tanzanie, je me suis forcément dit que j’aimerais le faire également chez moi, en RDC. Donc s’il y a des promoteurs congolais qui lisent le magazine, n’hésitez pas à m’envoyer un DM, on peut s’organiser pour faire des shows (rires).

Si je te dis « Roots », tu me réponds ? L’Afrique, notre origine commune.

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Mon univers est Afro/R’n’b. J’ai grandi avec des vibes kainry, mais aussi beaucoup de références de hip-hop français, était donné mon grand-frère qui rappait, sans oublier la rumba congolaise comme je vous l’expliquais précédemment. Plus tu prends de l’âge et plus tu affines tes goûts et orientations. J’ai donc été rattrapée par la montée de l’afrobeat et par l’éclosion des artistes féminines mondiales. Ce sont toutes ces influences qui ont façonné mon identité musicale. Pendant ma période étudiante, j’ai beaucoup écouté Beyonce, HER ou Tiwa Savage dont j’ai eu la chance de faire la première partie ! Tiwa Savage est une véritable inspiration, c’est la première artiste africaine à être devenue une star internationale globale, bien avant les Ayra Starr & co qui s’imposent aujourd’hui.

Les 3 moments mémorables depuis tes débuts ?


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NSG

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EAST-LONDON CALLING !!! Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? NSG, collectif afroswing venant tout droit d’East London. Le groupe est composé de Kruddz, OGD, Papii Abz, Dope, Mxjib et Mojo. Nous sommes originaires du Ghana et du Nigéria.

Que faites-vous actuellement à Paris ? Nous sommes à Paris pour promouvoir NSG. Nous voulons nous rapprocher du public français pour leur présenter notre travail et qu’il découvre un peu plus le groupe « Area Boyz », car c’est ainsi qu’on nous surnomme.

La culture urbaine londonienne a réussi à pénétrer la France, notamment via des séries comme Top Boy ou de gros artistes issus de la drill qui ont cartonné dans l’hexagone. Ressentez-vous Paris comme une place spéciale pour votre développement ? - Définitivement, à 100% ! Paris a une grosse communauté qui est connectée à notre vibe donc complètement. - La France est un lieu qui comprend notre identité, et ce qui nous relie avec les gens qui écoutent notre musique ce sont nos racines africaines. En étant ici, nous ressentons l’amour et c’est un peu comme si nous étions chez nous. Nos communautés, les diasporas londonienne et parisienne, sont liées. Nous recevons le même style d’énergie.

ne pouvons jamais oublier cela. Je suis un Nigérian, qui est né et a grandi au Nigeria et cela fait partie intégrante de ma vie, peu importe l’endroit où je me situe, même si je vis aujourd’hui au Royaume-Uni. Je mange nigérian, je parle ma langue, j’embrasse ma culture partout où je vais. - Nous sommes un groupe avec 3 personnes originaires du Ghana et 3 autres du Nigeria. Et nous sommes conscients de notre force. C’était notre devoir de rendre hommage à nos racines.

Comment expliquez-vous que les Nigérians, notamment, arrivent si bien à promouvoir leur culture et à la porter sur le toit du monde ? - Nous restons tout simplement nous-même. - Je ne pense pas que nous soyons plus fiers de nos racines que nos autres frères africains. C’est juste que nous sommes plus bruyants et donc plus visibles. On ne peut pas et on ne sait pas se travestir, notre accent nous trahit, notre dress code nous trahit... Partout où un Nigérian est présent, tu sais que le Nigéria est présent. - Mais les francophones n’ont rien à nous envier. Quand je pense à tous ces artistes congolais à succès, eux aussi font une promotion incroyable de la culture du Congo.

Quoi attendre de NSG pour 2024 ? Que savez-vous des artistes ou rappeurs français ? En avez-vous rencontré ? - Nous écoutons Naza, Niska… Même si on ne comprend pas ce qu’ils disent, on ressent leur vibe et il y en a beaucoup qui envoient du très lourd. - Nous avions rencontré l’afro trap légende MHD. #FreeMHD. - Nous avons aussi eu l’opportunité de discuter avec Tayc ou Guy2Bezbar.

Si vous aviez baguette magique et la possibilité d’un featuring avec n’importe quel artiste français vivant, qui choisiriez-vous ? - Gazo ! - Naza, que je suis depuis longtemps. He is very cold ! - Tiakola, sans hésiter ! - Aya. Nous étions à son concert à Londres, elle est incroyable. - Ronisia.

- C’est tout pour nous. C’est notre origine, d’où nous venons et nous

Édition Black Excellence, que cela représente-t-il pour vous ? - Take everything back. Tout ce qui nous a été volé et qui doit nous être rendu de droit. Pour moi, c’est ça la Black Excellence. - Je pense à toutes ces grandes figures noires qui nous ont précédés. Ceux qui ont pavé la route que nous empruntons aujourd’hui. - Embrassing your culture.

Si je vous dis le mot « ROOTS », le premier mot qui vous vient à l’esprit ? - Ancré. - Nature. - Culture. - Organique.

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Vous aviez sorti, en 2020, une mixtape « Roots ». Racontez-nous votre attachement à vos racines...

Ce n’est pas parce qu’on a sorti l’album « Area Boyz » que tout est fini, nous avons encore beaucoup de surprises qui vont arriver. Il y a des shows, du textile, des collaborations qui vont pleuvoir. C’est le bon timing pour partir à la conquête des UK et du monde. Suivez-nous sur nos réseaux, ajoutez-nous dans vos playlists, vous ne serez pas déçus !


PHOTOGRAPHE J’AIME L’IMAGE STYLISME MARGI VANDOREN


DJ PEET

Culture/Art

HOUSE... FROM AFRICA !!! Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Peter Kayi, 35 ans, Dj et producer, né à Paris et originaire du Congo Brazzaville. Je suis également associé sur le label MCMG.

Être DJ, une vocation ou un heureux hasard ? C’est une véritable vocation. Depuis que je suis petit, lorsqu’il y avait les fêtes de famille, j’étais celui en charge de la musique. Je connaissais tous les albums par cœur de Koffi, JB Mpiana, Werrason... Je savais à quel moment enchaîner les sons, etc. Mais le mix, à proprement parler, j’ai commencé à 13 ans. C’était la fête des 14 ans de mon meilleur ami, son Dj l’avait lâché et j’ai pris les commandes.

Le déclic pour te dire que tu en ferais ton métier ? À mes 15 ans. Je suis originaire d’une ville dans le 77, une ville assez jeune où les plus grands nous aidaient beaucoup. L’un d’eux était Dj et je lui ai demandé s’il pouvait m’attendre à gérer les platines parce que je ne savais mixer qu’avec mon énorme PC grâce à des logiciels type « Virtual DJ » (rires). J’avais 15 ans mais je faisais déjà 1m90, alors il m’a pris sous son aile et a commencé à m’emmener en soirée avec lui. C’est là que j’ai commencé à vraiment kiffer. Au début, c’était beaucoup de dancehall, notamment pendant les fameux « après-midi » de notre jeunesse. Là, ma passion s’est affirmée. Mais me dire que je pourrais réellement en vivre ? C’est arrivé à la fin de mes études. J’étais dans le secteur des nouvelles énergies,. Mon père m’avait orienté vers cette voie car il voulait absolument qu’on développe un business futur dans ce créneau, au pays. J’ai commencé à bosser dedans pendant 6 mois mais ça ne me plaisait pas du tout. Puis, je me suis mis à comparer mes revenus du travail et mes revenus de Dj et, à un moment donné, mes revenus de Dj ont surpassé ceux du travail. C’est là que j’ai décidé d’arrêter le travail classique et de me mettre à fond dans la musique.

Y a-t-il eu des DJs inspirants pour te construire ?

On a commencé avec French Cut, un collectif de plusieurs talents artistiques. J’y ai rencontré Damso (fondateur de MCMG) qui m’a proposé de me manager car il voyait que j’étais seul dans mon organisation mais que j’avais l’air motivé. Première soirée, il me booke au VIP ROOM, avec tout le faste qui allait avec : Jean Roch (patron du VIP) qui était présent et qui m’ouvre les portes, etc. Donc forcément ça m’a impressionné et j’ai compris que Damso n’était pas là pour jouer et que c’était du sérieux (rires). French Cut était tellement gros que tout le monde a fini par se séparer. Damso, de son côté, avait déjà monté son label MCMG et on a avancé en duo. MCMG a pris un autre envol lorsque l’on a créé un label de DJs : MCMG DJ Crew. On en a recruté 9 sur un casting de 22 qui s’étaient présentés au bureau. À ce moment là, nous sommes en 2015, 2 ans après avoir signé avec Damso.

L’Afro Hype a été l’une de vos grosses réalisations... L’Afro Hype est une soirée qui a été créée pour faire connaître différents types de musiques afro en France. À Paname, on écoutait soit du ndombolo, soit du coupé-décalé et on découvrait à peine la musique nigériane avec des artistes comme P-Square. À cette époque, même Wizkid était très peu connu en France. En tant que DJ, je voulais jouer ce style de sons mais il n’y avait aucune soirée qui correspondait à ce créneau, à part lors des African Money de Sekou Diawara. Et encore... Car African Money était très francophone. On a donc voulu créer un événement, Afro Hype, où on pourrait s’éclater sur les nouvelles sonorités africaines : afrobeat, afro house, afro deep house, afro swing (par exemple « Ye » de Burna Boy qui est davantage de l’afro swing que de l’afrobeat). Du coup, ça a permis à tous artistes afro de se faire connaître et d’avoir une vitrine auprès d’un public diaspora. Via l’Afro Hype, nous sommes les premiers à avoir fait les showcases d’Aya Nakamura et de MHD. D’ailleurs, c’est ainsi que je suis devenu son DJ officiel (MHD). Il devait avoir 18-19 ans et avait déjà une présence scénique de malade ! Je sentais qu’il allait devenir une superstar...

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Le souci est que, en matière de DJ, il n’y avait personne de vraiment lourd ou connu en afro. Le seul auquel on pouvait éventuellement s’identifier, c’est Dj Snake. Il est originaire de région parisienne et c’est un Dj qui a commencé par l’urbain, le hip-hop dur (époque Gibus) pour terminer dans des clubs comme le VIP Room ou le Club 79. Il était donc un modèle en terme d’évolution, mais pas en terme de choix ou goûts musicaux. Je voulais être un DJ afro dans des soirées house. Et c’est en mixant dans des soirées capverdiennes que j’ai entendu l’afrohouse pour la première fois et que je me suis dit : « ok, voilà le créneau que je veux prendre ». Même si, aujourd’hui, je peux produire des sons amapiano ou afrobeat, ce qui me définit le plus c’est l’afro house.

Parles-nous de l’aventure MCMG dans laquelle tu es associé...


Culture/Art

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PHOTOGRAPHE PIX_BY_SMH


Culture/Art 3 moments mémorables depuis le début de ta carrière ?

Originaire du Congo, que cela représente-t-il ?

1) L’anniversaire d’Aya Nakamura à l’Afro Hype, en 2017. On avait déjà réalisé son 1er showcase, en 2016, et elle n’avait jamais fait de scène. Puis, arrive « DjaDja », elle explose tout et devient une superstar. Elle aurait pu fêter son anniversaire dans n’importe quel club huppé de Paris mais elle a préféré venir s’enjailler à notre évent Afro Hype. Ce jour-là c’était le feu, il y avait MHD, Aya, Dadju... vraiment beaucoup de beau monde. Et ça m’a touché qu’elle décide de revenir là où tout avait commencé pour elle. 2) Coachella avec MHD. C’est un souvenir ultime ! On m’a donné un bracelet qui rentrait PARTOUT. Que ce soit du côté de Beyonce, des Migos, peu importe. À ce moment-là, je ne parlais pas bien anglais et je me retrouve avec des Rihanna ou des Tyga qui essayent de taper la discussion avec moi (rires). Je ne pouvais pas bien m’exprimer et, après cette expérience, je me suis juré qu’il fallait que j’apprenne un anglais parfait. Dans la foulée, j’ai décidé de partir 6 mois en immersion à Dubaï et de ne fréquenter aucun français pour être forcé à parler uniquement anglais. 3) L’after party de Burna Boy au Palais Maillot. Je vais te raconter une anecdote. MHD est le 1er mec à avoir donné le million de vues à « Ye » de Burna. Quand le son sort, MHD a un crush direct ! Il commençait à s’ambiancer sur le son et poster des stories tous les jours, alors qu’il était en tournée. Moi-même, il me forçait à mettre le son avant chaque show et matraquait les gens avec. Au bout d’un moment, le son pète. En 2018, je décide d’arrêter avec MHD pour me consacrer à ma carrière solo. Un jour, il m’appelle et me dit : « Là je suis à Londres, je sais que t’es à Dubaï mais faut que tu prennes un billet d’avion, je suis avec Wizkid et Burna Boy ». Le morceau « Ye » venait tout juste de péter. Etant un grand fan de Wizkid - et MHD le savait - je décide d’y aller avec Damso. Wizkid arrive sur scène et c’est lourd. Burna Boy entre à son tour et là j’ai cru que la scène allait s’écrouler tellement c’était le feu. Puis, on arrive dans les loges, Burna était dans son coin, tout timide et réservé. Je vais le voir, je lui dis « Mais t’es une superstar frero, même à Dubaï on joue ton son. Viens avec moi, on va voir Wizkid. » Je l’amène, je le présente à Wizkid et c’est à ce moment qu’on fait la fameuse photo à 4 : MHD, Wizkid, Burna et moi. Par la suite, mon bookeur devient le bookeur de Burna. Il me prévient qu’ils vont faire un concert à Paris et il me confie l’aftershow au Palais Maillot. Le club était plein à craquer. Burna arrive, il essaie de passer mais impossible tant il y avait du monde. On le touche, ça bloque de partout, du coup il remonte dans un véhicule, fait demi tour et rentre à l’hôtel. Un flop total. Je me retrouve assis dehors, les larmes aux yeux et je croise le manager de Burna que j’avais rencontré à Londres, le jour où MHD m’avait dit de venir. Il me dit : « Mais, c’est toi qui fait l’aftershow ? », je lui répond « oui » et là il appelle Burna devant moi et lui dit : « Fais demi tour, c’est DJ Peet qui fait ton after, celui que tu as rencontré à Londres et qui t’a présenté Wizkid. Viens ! ». Burna fait demi tour et assure le show. Il n’y avait tellement plus de places dans le club qu’il s’est installé dans ma cabine DJ. Ce jourlà, on a retourné le Palais Maillot et c’est l’un de mes plus beaux souvenirs !

C’est tout pour moi. Je vais te raconter une anecdote. Avant d’être Dj, j’étais un dans le sous-centre de formation du PSG, à Villepinte. Mon père m’a dit : « ok, si tu veux faire du foot, tu vas aller au pays ». Il m’a envoyé un mois au Congo et je suis revenu avec une rage énorme. On était en début 2000, avec encore les stigmates de la fin de la guerre et j’ai vu des gens souffrir, pour de vrai. C’était très dur à voir et j’ai compris la chance que j’avais de vivre en France, c’est ce que mon père voulait me démontrer avec ce voyage. Des années plus tard, j’ai eu l’opportunité de faire partie de l’équipe African Money. On est retourné à Brazzaville pour y faire des soirées et j’ai eu l’occasion de faire connaissance avec des gens qui évoluaient dans l’évènementiel, du coup, j’ai pu m’y rendre chaque année. En ce moment, j’ai pas mal de projets avec un ami sur place pour faire des évènements mais aussi pour aider les jeunes qui aimerait faire mon métier. Je reste donc très connecté avec le Congo.

Quel état des lieux fais-tu du métier de Dj au Congo et, plus largement, en Afrique ? Cela dépend de la vision du pays. Je te cite un exemple : le Cameroun. C’est est un pays bilingue, vous avez forcément un mindset davantage tourné vers les USA et donc, en terme de Dj, c’est très hip-hop, très « scratch ». En Côte d’Ivoire, où régnaient le ndombolo et le coupédécalé, c’est très afro francophone, même si ça a beaucoup changé avec tous les enfants venus étudier en Europe et qui sont rentrés au pays en ramenant une certaine hype. Ils poussent les Dj, en local, à avoir un certain niveau. Pour le Congo, c’est encore différent. D’ailleurs, vu les prix exorbitants des billets d’avion, on assiste beaucoup moins à cet afflux de vacanciers de la diaspora comme on peut le voir à Abidjan. Et qu’on le veuille ou non, cela impacte négativement sur l’exigence placée envers nos Dj. Me concernant, lorsque je mixe dans un pays, je demande à être là 4-5 jours avant, à rencontrer le ou les Djs locaux. On se pose, je n’hésite pas à les former sur certains points précis ou à les corriger, si besoin. Je parle aussi aux patrons du club pour plaider leur cause, je leur demande par exemple s’ils peuvent acheter un meilleur ordinateur à leur Dj ou tout ce qui pourra faire en sorte d’améliorer leur condition. Et, quand je reviens dans le pays un an après, le Dj n’a plus du tout le même niveau, parfois c’est même devenu le mec le plus chaud du pays ! En Afrique, les gens ont soif d’apprendre et de progresser.

Si je te dis le mot « Roots », tu me réponds ? Pointe Noire.


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T-Shirt : KIN LA BELLE

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Photographe Stéphane Bossart - Lieu : Théatre du Châtelet


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NOMCEBO ZIKODE

FROM “JERUSALEMA” TO THE WORLD “ Je suis une fervente croyante en Dieu, tout ce

dont je suis capable provient de sa bénédiction. ” Trois mots pour définir Nomcebo ? Dieu, la famille et la musique.

Vous étiez à Paris pour quels jours. Quel a été votre feeling avec la ville et l’accueil du public parisien ? J’ai apprécié chaque minute, les gens étaient tellement chaleureux ! Ce fut un agréable moment dans une ville sublime.

Vous nous avez littéralement transporté avec l’un des chansons africaines les plus iconiques de ces dernières années : JERUSALEMA. Pouvez-vous nous expliquer l’histoire derrière ce hit ? Je suis une fervente croyante en Dieu, tout ce dont je suis capable provient de sa bénédiction. Je suis allée en studio et j’ai laissé la voix du Très-Haut me guider et le reste appartient à l’Histoire.

À la première écoute de la version finale, avez-vous réalisé que vous teniez entre les mains un tube planétaire ? Je savais que ça toucherait les coeurs de bon nombre de personnes mais je ne m’attendais pas à ce que ça aille aussi haut, aussi loin.

Comment fait-on pour gérer la pression après un tel succès ? Je me suis fixée comme rigueur personnelle d’avancer à ma propre allure, ce qui m’évite de sauter les étapes et d’avoir la tête qui enfle. La pression est inhérente à la vie d’artiste et sera toujours présente, mais savoir comment l’intégrer à son quotidien sans que cela ne vous pèse est la clé. Je crois beaucoup en la puissance de la prière et au fait d’avoir des personnes bienveillantes autour de soi.

Grammy Awards : Best Global Music Performers of 2023

Grammy Awards winner, this is BIG. Une immense fierté, j’imagine ? Après ma grosse pause, je m’attendais à beaucoup de choses mais je ne me souviens pas avoir pensé aux Grammy jusqu’à ce que cela devienne réalité et qu’ils m’approchent. Quand ils m’ont contactée, j’ai fait une prière en silence et je me suis promis que je ne me fixerais plus aucune limite.

Quel est votre agenda pour 2024 ? De nouveaux morceaux, de nouveaux visuels et je compte vous présenter Emazulwini Productions, mon propre label qui accueillera certains de meilleurs artistes d’Afrique du Sud.

Un message à adresser à la diaspora ? Merci de manifester autant d’amour à ma personne qu’à ma musique. Continuez de me soutenir et je continuerai à vous délivrer une musique qui apaise et guérit. Vous avez tous une place spéciale dans mon coeur !

Si je vous dis « Roots », cela t’évoque quoi ? La maison parce que c’est l’endroit où je reviendrai toujours pour me ressourcer, me retrouver et embrasser ma culture.

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SINDANU KASONGO RESPONSABLE PROGRAMMES & ANTENNE

BET FRANCE

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Sindanu Kasongo, 47 ans, Congo RDC, Responsable Programmes et Antennes de BET France / Journaliste.

Revenons rapidement sur votre background et comment vous vous êtes retrouvé à la direction de BET France ? Après mes études de journalisme à l’Université Libre de Bruxelles en Belgique, je suis venu à Paris. J’ai écrit pour la presse papier (RER, R&B Mag et RAP MAG), le web (Booska-P, la rubrique hebdomadaire dédiée au Hip-Hop aux Inrockuptibles.) de la radio (Générations 88.2, Mouv’) et depuis 2006 je tiens un blog : LeBlackEtLaPlume.com.

Si vous deviez vous définir en 3 mots ? Avez-vous un mantra particulier ? Passionné, bienveillant, curieux. C’est une phrase d’un executive du rap américain Kevin Liles : “Embrace your struggle because at least you own them”

Quel a été votre ordre de mission à la tête de BET France ? Il y avait plusieurs ordres. D’abord, le basique pour mon métier : identifier les programmes forts et organiser une grille des programmes efficaces. Ensuite, créer un lien avec le potentiel public français et l’Afrique francophone. Enfin, développer la chaîne en audience et en popularité.

Avez-vous un agenda ou une envie de développement précise sur le territoire français ? Bien sûr. La chaîne est déjà disponible gratuitement sur toutes les boxes françaises. L’objectif est que tout le monde sache cette info. J’aimerai à terme produire et diffuser une fiction française BET avec un cast afro descendant. En attendant, on passera je pense par la case documentaire….

On sait la diaspora très influencée par le lifestyle américain. Quels ponts existent-ils ou comptez-vous créer entre l’entité américaine et la française que vous dirigez ? Au delà de la diaspora, la France, le monde est influencé par la culture et le lifestyle américain. Ce que j’ai découvert en travaillant chez BET c’est que cette influence n’est pas si grande que ça en France. Il y a une vraie barrière de la langue : la France est un des pays

les plus « réfractaires » à l’anglais. Dans notre cas, la culture noire américaine, la masse connaît les grands noms (50 Cent, Will Smith, Beyoncé etc) mais pas plus. Or BET propose plus que cela : du gospel, des séries de Tyler Perry, des documentaires sur des labels de musique, etc. Mon objectif est d’amener « la masse » à s’intéresser en profondeur à cette culture.

BET est une success story d’un noir américain. Nous sommes dans une édition spéciale Black excellence. Que signifie cette expression pour vous ? Mythe ou réalité en France ? Aux Etats-Unis, c’est une « idéologie » (le capitalisme noir qui si je grossis le trait considère qu’en accédant aux privilèges les Noirs sortiront de l’oppression) qui ne me convainc pas complètement mais c’est un autre débat… C’est évidemment un mythe en France. Nous, la diaspora possédons un avantage que n’ont pas nos frères Noirs Américains : nous avons encore un lien direct avec le continent. Si ce lien n’est pas entretenu et cultivé, nous courrons à notre perte.

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora ? Parlez à vos parents qui ont grandi et vécu en Afrique et ou dans les Caraïbes. Parlez à vos tantes, oncles et grands-parents : ils ont beaucoup de choses à nous apprendre. Relisez ou lisez les écrits d’intellectuels africains et caraïbéens. Connaître et maîtriser son histoire est le meilleur moyen d’affronter le présent et d’aborder le futur.

Originaire du Congo, cela représente quoi ? Cela représente beaucoup de choses. Evidemment ma famille, mon grand-père, Joseph Kasongo était un compagnon de Patrice Lumumba et premier Président de la Chambre des représentant. C’est aussi le souvenir de vacances à Kinshasa avec mes cousines et cousins et dans le futur le besoin d’ apprendre la langue de mon père le swahili, pour l’ enseigner à ma fille.

Si je te dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Le générique de la série culte Racines : la saga d’une famille africaine, de la déportation depuis la Gambie aux plantations du Sud esclavagiste.


Culture/Art

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

L’option théâtre a été la révélation ?

Jammeh Diangana, j’ai 25 ans, je suis originaire de la Gambie. Je suis acteur et, en parallèle, entrepreneur.

En quelque sorte oui. Au départ, je n’étais pas trop à l’aise, c’était un choix par dépit. Au fur et à mesure des séances, je me suis senti à l’aise et les choses se passaient de mieux en mieux. À la fin de l’année, nous avions organisé une représentation au Théâtre des Amandiers, avec une salle comble. J’avais invité des amis et c’est eux qui, à la fin, m’ont dit que je devrais sérieusement songer à persévérer dans cette voie. Mais vu ce que mes parents prévoyaient pour moi, je ne les ai pas écoutés et j’ai choisi la voie classique. C’est comme ça que, une fois le bac en poche, je me suis lancé dans des études en banque.

Le grand public te connaît depuis le film Banlieusard. Comment es-tu tombé dans la marmite du cinéma ? Plus jeune, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire. J’avais plein d’ambition, je voulais être boulanger, mécanicien... Mes parents voulaient que je fasse un métier respectable où on est bien habillé, ils me chuchotaient à l’oreille que je devais faire du commerce international... J’ai pensé à être banquier... Mais, l’année de mon baccalauréat, je me suis retrouvé dans les problèmes car il me manquait des points. Si je n’ajoutais pas une option, je risquais de ne pas avoir mon diplôme. C’est ainsi que j’ai choisi l’option théâtre et, de là, tout a commencé.

Alors qu’est-ce qui a provoqué le déclic ?

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C’est en allant à la fac que je me suis rendu compte qu’être assis sur un banc, écouter un prof... Je n’y voyais pas d’utilité immédiate. Dans cette période à cogiter, je repensais à mes activités au théâtre et je me disais que ce serait tout de même extraordinaire si j’arrivais à faire de cela un métier.


Culture/Art

JAMMEH DIANGANA LA DÉTERMINATION & LA FOI

“ Je priais sans arrêt en demandant, mot pour mot : « Dieu, accorde-moi le rôle de Souleymane dans le film Banlieusard de Kery James ». Jusqu’à ce que je reçoive ce coup de fil qui a changé ma vie. ” Je décide alors d’arrêter mes études et recontacte ma prof de théâtre pour lui dire que je vais me mettre à fond dans cette voie. Je commence à éplucher toutes les pages Facebook de castings et à m’abonner sur les sites spécialisés. J’avais décidé d’arrêter les cours en janvier et, au bout de 5-6 mois, je décroche un premier rôle en tant que figurant dans Roulez Jeunesse, un film où jouait Eric Judor. Je m’en rappelle comme si c’était hier. C’était une façon de me mettre le pied à l’étrier. J’ai fait tous les castings possibles et imaginables. Même s’ils recherchaient une blonde aux yeux bleus, j’étais prêt à postuler (rires) ! J’avais conscience que, sur un projet de film, il n’y a pas qu’un seul personnage. C’était une période de charbon, vraiment très compliquée. La deuxième fois, j’obtiens encore un rôle de figuration dans un court-métrage. Comme j’avais faim, je sautais sur toutes les occasions. Je n’avais aucune notion de prestige ou autres, j’étais déterminé. J’ai participé à un troisième projet au Nikon Festival, avec de jeunes étudiants, c’était à Montpellier. Puis, j’ai fait une dernière figuration pour un film étranger où Stéphane Bak jouait le rôle principal. C’est à ce moment précis que je me suis dit : « Ok, je vais redoubler d’effort et m’imposer une détermination sans faille ! ».

Finalement, comment décroches-tu le « Graal », à savoir ton premier grand rôle dans Banlieusard, le film de Kery James ? Pour accéder au rôle principal dans Banlieusard, cela a été très compliqué. J’ai été au courant du projet Banlieusard au moment où Kery James vient sur Nanterre pour y faire une étape de sa tournée théâtrale : À VIF. Étant donné que ma prof de théâtre savait que j’écoutais beaucoup de rap et que j’étais un fan de Youssoupha, Rohff, Mafia K’1 Fry... et qu’il y avait une classe de STMG programmée pour aller à la rencontre de Kery, elle décide de faire en sorte de me « plugger » pour que j’ai l’occasion de discuter avec lui. J’y vais, on l’interviewe et là il me demande si j’ai déjà fait du cinéma. Il me fait part de son projet de long métrage et qu’il y a, peut-être,

un rôle qui pourrait me correspondre. Il me passe alors les coordonnées de la directrice de casting, en me disant : « N’hésite pas à la rafaler, ce n’est pas du piston, je te donne l’info, maintenant à toi de faire le job. » Et c’est ce que j’ai fait. Je l’ai harcelée pendant 4-5 mois sans réponse jusqu’au jour où j’ai eu un retour de sa part. Elle me dit que le projet est mort et que, de toute façon, le casting était déjà clôt, donc que j’arrête d’inonder sa boîte mail. Je savais que Kery était encore en tournée théâtrale alors je fais tout pour le recontacter et lui demander quel est le souci. Il m’explique alors que le projet a des problèmes de financement et me conseille de rester actif. Entre temps, je participe au concours Eloquentia pour essayer de me faire repérer et voir ce dont je suis capable face à un public. Je remporte Eloquentia et, peut-être 5 ou 6 mois après, apparaît un casting pour le rôle de Souleymane dans Banlieusard. Netflix avait décidé de se mettre derrière le projet et je décide de postuler. Nous étions en juillet 2018. Je suis reçu par le directeur de casting. On t’envoie un texte qui est déjà dans le film et il faut que tu arrives à l’interpréter. Il s’avère que le texte que l’on m’envoie est une plaidoirie et moi, quelques mois auparavant, je venais de remporter un concours d’éloquence. Donc je me dis « Bingo, c’est tout bon pour moi ! » Je fais mon essai, tout se passe super bien, on me dit « c’est sûr qu’on va te rappeler, tu as fait une super prestation, etc ». Deux semaines après, on me rappelle pour un second passage, avec deux fois plus de texte, mais cette fois-ci avec une pression de dingue car il y aura Kery James et Leïla Sy (la réalisatrice) qui seront présents. J’avais une séquence à interpréter avec Kery et une séquence avec mon futur petit-frère dans le film. La première partie avec Kery se passe super bien, mais la deuxième partie avec mon frère un peu moins. À ce moment, lui était déjà quasi sûr d’avoir son rôle.


Culture/Art

“ Sois audacieux, vas à la rencontre des gens, même si tu as l’impression de déranger ! ” Je rentre chez moi, pas super satisfait de ma presta et on me rappelle deux semaines après pour me dire finalement que le rôle de Souleymane a été confié à un autre. Ils m’expliquent qu’ils ont privilégiés quelqu’un qui est déjà introduit dans le cinéma. J’étais réellement dégouté car j’étais persuadé que ce rôle était taillé à ma mesure. J’avais totalement capté le « mood » du personnage et il n’était pas si éloigné de ma vraie personne. J’appelle alors le directeur de casting pour lui dire que, selon moi, ils viennent de faire une « dinguerie » ! Ce jour-là, j’avais les larmes aux yeux, j’avais faim, j’étais hargneux. Il m’explique en gros : « Calme toi, ça fait partie du jeu. Sois déjà content d’être arrivé jusqu’au casting final et reste à côté de ton téléphone au cas où un petit rôle se débloquerait. » J’étais assommé et, vu que Banlieusard n’avait pas été concluant, je décide de reprendre des études, cette fois-ci en sciences du langage. Après 2 ou 3 semaines de cours, j’étais toujours autant dépité, je ne faisais que penser à Banlieusard. Je suis de confession musulmane et je priais sans arrêt en demandant, mot pour mot : « Dieu, accorde-moi le rôle de Souleymane dans le film Banlieusard de Kery James ». Jusqu’à ce que je reçoive ce coup de fil qui a changé ma vie. J’étais en cours, Dez le responsable de casting m’appelle et me demande mes disponibilités. J’étais resté sur notre dernière conversation, donc je me dis qu’il m’appelle car un petit rôle s’est débloqué. Et là, il me rétorque : « Si je t’appelle, c’est pour le rôle principal. Le premier choix n’était finalement pas le bon, es-tu toujours partant ? Reste à côté de ton téléphone, je vais te rappeler dans la journée car tu devras certainement passer demain au studio » À ce moment-là, je n’y crois pas réellement car j’avais déjà eu trop d’ascenseurs émotionnels. Il me rappelle 5 minutes plus tard et me dit : « Ecoute, tu peux être en cours ou ce que tu veux, Kery et Leïla veulent te voir tout de suite. Donc soit tu restes là où tu es et rates l’opportunité, soit tu saisis ta chance. » Comme dans les films, je prends mes affaires et je sors en catastrophe de ma salle de cours en prétextant une urgence. Je m’en souviens, c’était un mercredi. J’arrive à Vincennes, toute l’équipe du film était prête. Kery me fait entrer dans une petite salle, il me prend face à face et pose le scenario sur la table « Ouvre-le à telle page et commence à me lire tout ça à voix haute. Essaye d’incarner le personnage. Ok, c’est bon, tu es prêt ? » Là, il appelle toute l’équipe et ils déboulent tous dans la pièce. Il y avait également Chloe Jouannet, la fille d’Alexandra Lamy, qui joue le rôle de mon « crush » dans le film.

Je fais mon essai, cela se passe super bien et on me dit : « Ok on va te recontacter dans les jours à venir ». Je rentre chez moi. Le vendredi, je vais en cours. Je n’avais pas checké mon téléphone et je tombe sur un message « C’est Kery, rappelle-moi ». Là, mon coeur bat à 100 000 et il me dit : « Toutes les choses faites dans ce monde le sont par la Grâce de Dieu. On avait pris un premier acteur, ça ne s’est pas passé comme on le souhaitait. On s’est réunis avec l’équipe, on a réfléchi sur ton cas et c’est toi qu’on a choisi de prendre. Tu seras la colonne vertébrale du film ». À cette époque j’avais des bagues aux dents et Kery ça le dérangeait un peu au niveau de l’esthétique. D’autant plus que le tournage démarrait lundi, 3 jours après. Là, tout s’est accéléré en 48 heures : rdv en urgence avec un dentiste, en même temps j’ai la maquilleuse et la costumière qui m’appellent, mon téléphone a chauffé en moins de 5 minutes et j’ai réalisé que j’étais vraiment dedans ! J’ai eu 2 jours de préparation avec un coach, puis tout le reste s’est fait sur le plateau. Et la suite, vous la connaissez.

T’es-tu immédiatement senti à ta place ? Au départ, tu te demandes un peu ce que tu fabriques là. Même si on n’avait pas un budget de malade, tout est fait pour que tu sois mis dans d’excellentes bonnes conditions. Ils font en sorte que ta seule préoccupation soit de te concentrer sur ton acting. On me loge dans des hôtels, alors qu’avant cela je n’avais jamais dormi dans une chambre d’hôtel. Je me sentais comme un poisson dans l’eau car j’étais encadré par un mec que j’écoute et respecte depuis que je suis petit. C’est un peu comme si c’était la famille.

Quand Banlieusard 1 sort, le projet est un carton. Comment vis-tu cette soudaine notoriété ? Dans mon quartier, personne n’était au courant que je tournais le film. Je ne voulais pas me « mettre l’oeil ». Quand le projet est sorti, j’ai reçu énormément de bienveillance. Mais, comme dans un café, si tu mets trop de sucre... Il a fallu que je sache gérer tout cet enthousiasme. Et je n’ai pas su le gérer correctement. J’ai commencé à me perdre et ne plus me reconnaître. J’ai senti des personnes s’approcher pour gratter un peu de mon buzz, etc. Et c’est pour cela qu’au bout d’un moment, j’ai coupé les réseaux sociaux car toute cette attention autour de moi me perturbait.

Savais-tu qu’un Banlieusard 2 serait programmé ? Vu la fin du premier film, je savais que c’était une éventualité. Mais on n’en savait pas plus car on était dans un contexte particulier, avec l’arrivée du Covid. Je débute à peine et le Covid gêle toute activité ! Il y a tout de même eu 4 ans entre les deux films. C’était une grande période de flou.


Culture/Art

Le cinéma est un univers qui fascine. Si tu avais un conseil à donner pour quiconque voudrait s’y frotter ? Avec l’expérience Banlieusard, je me suis rendu compte que, réellement, tout est possible. En revanche, je suis un mytho si je dis que tout est facile et que tout le monde va y arriver. Mon seul conseil est que, si tu es persuadé de vouloir en faire ton métier, fonce ! Sois audacieux, vas à la rencontre des gens, même si tu as l’impression de déranger ou de saouler. Parfois, le fait d’être « relou », ça marche (rires).

Que peut-on te souhaiter pour les 5 années à venir ? Ce qu’on peut me souhaiter est la même chose que l’on peut souhaiter à toute la jeunesse en France, en Afrique et partout dans le monde : la paix, la santé et la réussite dans ce que j’entreprendrai.

Si tu avais une baguette magique, quel serait le rôle que tu aimerais incarner et aux côtés de qui ? Si j’avais ce pouvoir, je choisirais de jouer n’importe quel rôle, en anglais, aux côtés de Michael B Jordan.

Originaire de la Gambie, que cela représente-t-il ? Mon père est né au Sénégal, mais il est retourné très vite en Gambie. Donc, de base, ma famille est gambienne à 100%. J’ai eu la chance d’y aller 3 fois. Mais pour un jeune de 25 ans, dont les parents sont très attachés à leur culture, je trouve que ce n’est pas assez. J’ai hérité de la Gambie les valeurs de solidarité et d’hospitalité. À mes yeux, c’est un pays qui est extrêmement noble. D’ailleurs, le fait de tourner au Sénégal pour Banlieusard, pays voisin de la Gambie, ce fut un grand moment. Pareil pour Kery James qui est d’origine haïtienne, ça a été un instant très fort de pouvoir être sur la terre africaine. J’étais juste un peu déçu de ne pas avoir eu le temps de faire un crochet par la Gambie car j’ai encore beaucoup de famille sur place, mais le timing du tournage a fait que c’était mission impossible.

Si je te dis « Roots », tu me réponds ? Mon père.

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Culture/art

ATLANTA vs NOLLYWOOD BATAILLE DE TITANS ? Sentiment d’appartenance & Proximité avec le public

Les industries d’Atlanta et de Nollywood constituent des hubs d’un nouveau genre et font concurrence au hub traditionnel qu’est Hollywood. Ils permettent aux Noirs, de manière générale, de s’exprimer et de partager avec le monde leurs rêves et inspirations. Et la déferlante est mondiale. De Think Like a Man, sorti en 2012 et qui aura irradié le box office mondial, à la floppée de séries nigérianes qui cartonnent sur la plateforme Netflix ces 5 dernières années, les lignes ont bougé. Mais quel est le poids de ces industries et quels sont leurs secrets de réussite ?

Évidemment, il existe des producteurs ou réalisateurs afroaméricains qui s’inscrivent dans les standards hollywoodiens, de Spike Lee à Ava Duvernay. Mais, lorsque l’on parle d’Atlanta, il s’agit d’autre chose : le sentiment d’appartenance. En ce sens, Tyler perry - parrain absolu de la sphère d’ATL - se rapproche de Nollywood. Lorsqu’il a commencé ses premiers longs métrages, Hollywood s’est moqué de lui. Ce à quoi le principal intéressé a répondu que ses films ne cherchaient en aucun cas l’adoubement de l’industrie, mais qu’ils étaient à destination de SON public et qu’il continuerait fièrement dans cette vague. C’était la même idée pour Nollywood, quand l’intelligencia du cinéma leur disait qu’il ne s’agissait pas de “vrai cinéma”. Ils ont continué de réaliser à leur manière, avec leurs codes, en utilisant le même argument : “Nous connaissons les envies de NOTRE public”. Atlanta et Nollywood ont de cela en commun qu’ils sont des disrupteurs. Et, contrairement aux pays d’Afrique Noire francophone qui ont voulu exister dans le cinéma à travers des films d’auteur (influence de la France), les Nigérians et les protagonistes d’Atlanta ne cherchent pas à plaire à l’intelligencia ou tel festival de pseudos connaisseurs, non, ils visent leur peuple et leur proposent un contenu dans lequel chacun pourra s’identifier.

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Culture/art

Takeover culturel du Nigéria

Pas le même niveau de starification Les “starlettes” du circuit d’Atlanta ne sont pas des acteurs considérés comme “mainstream”. Aux États-Unis, ils ont une forte visibilité au sein de la communauté noire mais manquent d’aura au niveau national ou international. A contrario, Nollywood engendre des megastars, même si l’afrobeat a une longueur d’avance quant à la starification de ses pépites. En effet, Burna Boy ou Wizkid peuvent aujourd’hui regarder droit dans les yeux les stars américaines de la pop. Mais de façon globale, les acteurs phares de cette industrie sont des références dans leur pays et dans l’Afrique, en général.

Pas les même budgets

Des ponts existants ? Les cross over ont déjà commencé, timidement certes, mais il existe des passerelles. Citons l’exemple de Vivica Fox, star afro-américaine du petit écran, qui compte déjà plusieurs apparations dans des productions Nollywood. Sans oublier Robert O. Peters, producteur et acteur, né au Nigéria, basé à Atlanta et qui a navigué entre les deux univers tout au long de sa brillante carrière. Alors, même si les synergies sont minoritaires, ce nouvel écosystème offre la possibilité pour ces acteurs noirs de pouvoir évoluer dans différentes sphères et élargir leur public.

Gabriel Taboue

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Même en fouillant minutieusement et en prenant différentes sources, il est difficile d’avoir des chiffres exacts et concordants sur ces 2 marchés. En revanche, de façon intuitive, il paraît évident que la cinématographie d’Atlanta génère des chiffres sans commune mesure en terme de budgets. Il n’y a qu’à voir l’empire constitué par Tyler Perry (milliardaire en dollars), parrain du cinéma d’Atlanta et qui inaugurait il y a peu des studios de cinéma absolument dantesques dans sa ville chérie.

Dans beaucoup de pays d’Afrique, les femmes veulent désormais s’habiller comme les Nigérianes dans les films, une mode qui n’a parfois strictement rien à voir avec leur propre culture. Le faste de la culture Yoruba, les magnifiques robes en kenté, nous avons tous en tête ces images de mariages absolument sompteux made in Nigeria. Leur culture est puissante, visuelle et contagieuse. Une telle effervescence résulte de plusieurs ingrédients : La force du nombre (1er pays le plus people d’Afrique), une diaspora très forte aux UK et US et une fierté par rapport aux cultures locales qui n’a aucun pareil.


Culture/Art

“ Pendant 4 jours, le cœur de Paris se transforme. On est tout d’un coup téléporté du côté du Nigeria [...] Tout cela en présence des créateurs, des acteurs... ”


Culture/Art

SERGE NOUKOUÉ

FONDATEUR de la NOLLYWOOD WEEK Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Serge Noukoué, d’origine béninoise. Comment définir mes activités ? Les casquettes se sont un peu multipliées au cours du temps. Le festival Nollywood Week a clairement été un point de départ mais aujourd’hui il y a pas mal de choses. Je propose qu’on laisse les lecteurs faire leurs recherches eux-mêmes. Google ça sert à ça aussi (rires).

La Nollywood week, c’est quoi au juste ? C’est une expérience ! Pendant 4 jours, le cœur de Paris se transforme. On est tout d’un coup téléporté du côté du Nigeria et des autres coins un peu « tendances » du continent. Pendant 4 jours on a non-seulement la possibilité de se mettre à jour en regardant sur grand écran ce qui se fait de mieux en matière de cinéma et de séries made in Africa mais, en plus, tout cela se fait en présence des créateurs, des acteurs... Le tout avec de l’afrobeat en toile de fond tout en profitant de saveurs afro qui remplacent le traditionnel pop corn. Voilà en gros ce qu’est la Nollywood Week, sans oublier qu’il s’agit d’un exercice démocratique puisqu’à travers un système de vote, le public est amené à élire le meilleur film du festival avec une remise de prix le dernier jour de l’événement.

Comment est née l’envie de créer un tel événement ? La Nollywood Week est née en 2013 et, à cette époque-là, l’Afrique et le Nigeria en particulier étaient loin d’être les symboles de coolitude qu’ils sont aujourd’hui. Pourtant, on pouvait déjà percevoir le potentiel de cette industrie et on pouvait aussi déplorer le fait que le grand public (notamment celui issu des diasporas africaines) n’avait pas accès à un cinéma qui leur ressemblait. Certes, des films africains sortaient de manière sporadique sur les écrans français mais il ne s’agissait pas des films que notre public avait vraiment envie de voir. Ce n’était pas des films qui faisaient rêver, ni des films auxquels ils pouvaient s’identifier, et ces aspects-là étaient des aspects importants pour nous. C’est ce qui nous a poussé à nous lancer dans cette folle aventure qu’est la Nollywood Week. Tout le monde connait le rêve américain. Il était important pour nous que les diasporas africaines puissent aussi avoir accès à un rêve africain.

Votre état des lieux de l’industrie du cinéma nigérian ?

Pas grand-chose. Peut-être un peu plus de concurrence et un peu plus d’audace… Mais ça va venir et les producteurs de cette partie du continent vont finir par trouver leur public, j’en suis persuadé.

Votre film ou série culte que vous recommanderiez à quelqu’un qui découvrirait le cinéma nigérian ? Il y a pas mal de points d’entrée possibles selon le genre de films qu’on aime. Si on est plutôt axé films légers alors, je citerais Phone Swap qui est par ailleurs le tout premier film à avoir remporté le prix du public de la Nollywood Week mais si on est plutôt fan de thrillers alors un film comme King of Boys est plus approprié. Je pourrais aussi citer Coming from Insanity que j’aime beaucoup et qui est dans un autre registre. Voilà trois films qui, a priori, ne devraient pas décevoir les lecteurs en tout cas !

Votre actrice ou acteur culte de l’univers Nollywood ? Il y en a plusieurs et ce n’est pas un choix facile mais s’il faut vraiment se prêter au jeu alors je dirais Richard Moffe-Damijo, plus connu sous le nom de RMD. Il s’agit d’une légende vivante de plus de 60 ans mais qui rajeunit un peu plus chaque année et qui fait partie de cette industrie depuis qu’elle a vu le jour au début des années 90. Il a su se ré-inventer constamment et aujourd’hui encore tout le monde se l’arrache.

Originaire de Paris, vous êtes un « repat » rentré en Afrique. Des projets audiovisuels à destination du continent ? Oui bien sûr ! Il y a tant à faire. On a commencé avec un festival et aujourd’hui on va plus loin. On distribue, on produit et ce n’est que le début…

Si je vous le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Roots, c’est la profondeur. Et d’ailleurs on voit bien ici que votre engagement pour la communauté est profond. Si ce n’était pas le cas, ça fait longtemps que vous auriez lâché l’affaire… Du coup, un grand bravo à vous pour cette longévité qui est tout sauf anecdotique.

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L’industrie se professionnalise et la progression de cette industrie est constante. C’est assez impressionnant et ça fait plaisir de voir cela car ça valide largement notre choix il y a 10 ans de lancer la Nollywood Week.

Selon vous, que manque-t-il aux pays francophones pour atteindre le niveau du Nigeria ?


Culture/Art Entretien exclusif

VIRGINIE SAINSILY “ Ce n’est pas parce qu’on est médiatisé qu’on a l’obligation de défendre publiquement telle ou telle cause. Moi, je le fais ouvertement parce que c’est mon caractère, ma personnalité. ”

Entretien exclusif

KADER GADJI “ Je me suis rendu compte, après coup, que quand les filles m’abordent, elles s’attendent à avoir quelqu’un d’autre, un vrai bad boy. ”

Wil Zaid lors du cocktail ROOTS


Culture/art

ZOOM SUR

WIL ZAID “ La culture, les gens, les paysages, nos îles sont si riches [...] J’aimerais que ma photo, à termes, puisse témoigner de ce qu’est la Caraïbe. ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Wil ZAID (qu’on prononce Z comme l’initiale de mon vrai nom ZAÏRE), 35 ans, je suis originaire de Martinique. Je suis photographe professionnel spécialisé dans les évènements familiaux et la photo de musique.

Racontez-nous votre parcours, comment êtes-vous arrivé dans l’univers de la photographie ? Tout a commencé par un livre que j’ai lu vers 10-11 ans qui raconte l’histoire d’un petit garçon qui perd la mémoire et qui doit donc tout réapprendre. Je me rappelle m’être dit que si cela m’arrive les photos m’aideront à me rappeler. Depuis, de l’appareil photo jetable que j’avais pour mes vacances à mon réflex d’aujourd’hui, en passant par les premiers compacts numériques, j’ai essayé d’immortaliser le monde qui m’entoure. Mais je n’ai jamais pensé pouvoir être payé pour cela jusqu’à il y a environ 4ans ou j’ai vraiment décidé de me former sérieusement, et de pratiquer en parallèle de mon travail d’analyste financier. Depuis l’année dernière je suis photographe à plein temps, sacré challenge pour moi.

Qu’est-ce qui fait la « touche » Wil Zaid ? Je dirais que j’aime créer des images qui racontent une histoire et qui permettent aux gens de revivre les émotions ressenties lors de la séance. J’aime capter des moments uniques à travers des expressions du visage, des regards ou des gestes.

Quels sont vos 3 moments ou personnalités mémorables lors d’un shooting. Et pourquoi ?

Quels sont vos objectifs de développement à moyens termes ? À moyens termes, j’aimerais continuer à me faire connaître notamment dans le milieu de la musique.

Originaire de la Caraïbe, que cela représente-t-il pour vous ? C’est évidemment une chance pour moi. La culture, les gens, les paysages, nos îles sont si riches, mais encore tellement méconnues, finalement, quand on va au-delà des plages et des cocotiers. Je suis fier d’être issu de ce coin du monde et j’aimerais que ma photo, à terme, puisse témoigner de ce qu’est la Caraïbe.

Si vous dis le mot “Roots”, cela vous évoque quoi ? Quand on me dit « Roots » je pense d’abord Jamaïque, reggae, Sizzla, Capleton. Bien sûr, pour moi, « Roots » c’est aussi savoir d’où l’on vient, qui l’on est.

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C’est difficile de choisir, chaque shoot apporte sa petite touche à l’histoire. Mais, à choisir, je dirais : - Le 1er clip pour lequel j’ai pris des photos, c’était la toute première fois qu’on me payait pour faire ce que je fais. L’artiste Nico ZKN était un pote à moi. C’était stressant mais hyper kiffant en même temps. J’ai rencontré un réalisateur, Klein Andersen, avec qui je collabore régulièrement aujourd’hui encore.

- Le shoot avec Virginie Sainsily pour le numéro de Roots sorti fin 2022. Je regarde depuis très longtemps l’Équipe Tv et je l’ai vu débarquer sur la chaine. J’étais fier de voir cette jeune antillaise sur la chaîne. C’était une opportunité géniale de pouvoir la shooter. C’est une femme super. - Le concours Adobe que j’ai gagné fin 2021. Ça m’a clairement encouragé à avoir confiance en ce que je fais. Quand j’ai reçu le résultat, on était en famille pour l’anniversaire de ma sœur, c’est un souvenir marquant.


INSIDE

COACHELLA 2023

Ressentez la vibe de la dernière édition de Coachella, en Californie, à travers l’objectif de Wil Zaid. Considéré par beaucoup comme le plus grand festival de la planète, notre photographe martiniquais nous plonge dans les entrailles de la bête.

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Culture/Art

ALAIN NGANN “Changer le narratif africain par la photographie”

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ALAIN NGANN

Changer le narratif africain par la photographie Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Alain Ngann, artiste Camerounais. Je suis designer, de façon générale, même si je suis davantage reconnu, aujourd’hui, dans le domaine de la photographie. J’ai un passé de créatif en agence de communication, avec une formation initiale en architecture.

Vous rencontrez une personne pour la première fois et vous n’avez plus de batterie sur votre téléphone. Sans visuel à l’appui, comment lui décririez-vous votre ADN artistique ? J’ai ce besoin de transmission d’images et de narratif. Voici la clé. Certaines de mes photos peuvent évoquer des utopies ou parfois ressembler à des fictions, mais c’est très important. Je m’interroge sur la mémoire, que va-t-on laisser comme image de nous ? Je veux changer le narratif africain. Comment se projeter si nous n’arrivons pas à dresser le portrait d’une Afrique grandiose ? Il y a tout un pan de notre histoire qui est méconnu. J’essaye, à travers le vecteur qu’est la photographie, de marquer des instants et partager. J’exhorte les artistes à travailler sur ce narratif, travailler sur une fierté africaine pour nous rendre plus forts et plus dignes. Nous avons besoin de reprendre confiance et de transmettre cette confiance.

Comment s’est construit votre univers ? J’ai eu la chance de rencontrer beaucoup d’artistes en local, beaucoup de peintres, de sculpteurs. D’ailleurs, le prochain défi que je me fixe est de me lancer dans la peinture. J’aime la peinture au couteau, lorsqu’il y a de la texture et c’est ce que j’essaye aussi de reproduire à travers mes photos.

Justement, lorsque l’on regarde vos photos, la première chose qui frappe est cette impression d’avoir face à soi un tableau. Car un oeil non averti peut aisément penser que vos clichés sont en réalité des pièces de peinture. Est-ce la touche Alain Ngann ? Effectivement, c’est un réel parti pris. Mon but était d’avoir quelque chose de très artistique. Mes précédentes séries étaient plus graphiques. J’ai choisi de m’orienter sur cette voie car j’avais vraiment dans l’idée de travailler sur cette fierté africaine.

Nous sommes des descendants d’une grande histoire, de grands royaumes et nous n’avons pas ces représentations majestueuses de nos grands leaders comme, par exemple, on peut le voir avec des tableaux représentant un Napoléon glorieux, épée à la main sur son cheval. Nous n’avons pas su exprimer par l’art la grandeur de nos héros ou conquérants. Je me suis dit : Comment faire pour avoir cette fierté si nous n’avons pas ces représentations fortes qui, selon moi, changeraient totalement le narratif africain ? J’ai voulu travailler sur ces reines, sur ces amazones, sur ces guerrières, sur cette royauté africaine à travers une lumière et une texture qui te poussent à dire « Wow » et à être fier. J’ai un gosse de 9 ans et je veux lui transmettre cette « camerounité », cette « africanité » et ces images d’une Afrique triomphante, qui avance et qui est fière.

Votre état des lieux de la photographie en Afrique ? Il y a un très gros engouement pour cette profession depuis un moment. Cela s’explique par la vulgarisation de l’outil, internet, les tutos en ligne, etc. C’est une bonne chose, certes, mais le revers de la médaille est que les gens vont moins en profondeur. Aujourd’hui, beaucoup se disent : « J’ai un appareil photo, c’est bon, je peux être photographe ». Malheureusement, ce n’est pas l’appareil photo qui fait le photographe. On essaye de travailler, de réfléchir, de prendre le temps pour aiguiser son regard, l’observation, l’envie de vraiment partager. Il manque un peu de tout cela chez beaucoup de néo photographes, ils sont très pressés d’être, de show-off : « C’est moi qui, je suis... ». Et, si on ne fait pas attention, c’est toute une génération qui va stagner et ne se limiter qu’à ce qu’elle sait faire.

Comment se procurer vos oeuvres ? Toutes mes oeuvres sont disponibles en passant par Dupon (17 av. de Madrid, Neuilly-sur-Seine). Nous travaillons ensemble depuis une quinzaine d’années. Tous mes tirages sont des séries limitées.

Si je vous dis le mot Roots, vous me répondez ?

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L’Afrique, tout simplement.


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