ROOTS 10 ANS

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10years

of Black

Excellence

LIBRE SERVICE

THEY INSPIRE

FADILY CAMARA, FLORA COQUEREL, MAÏMOUNA DOUCOURÉ, ROKHAYA DIALLO, KAREEN GUIOCK, IMANY, KELLY MASSOL, MARIE-ALINE MELIYI, ESTELLE MOSSELY, ELISABETH MORENO, FATOU NDIAYE, KARIDJA TOURÉ,






Photo : Viana photography

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Éditorial En 2011, nous étions encore émerveillés par la présidence Outre-Atlantique de Barack Obama. L’expression « Black Excellence » prenait tout son sens et un nouveau monde semblait s’ouvrir. La contagion allait-elle s’opérer dans l’Hexagone ? Comme je le disais 10 ans plus tôt, l’objectif de ROOTS n’était ni d’ostraciser, ni de se fermer. Mais au contraire, être un vecteur d’excellence aux yeux de tous. Pour reprendre mes termes exacts de l’époque : « Basculons sans complexe du black is beautiful au black is brillant ». J’ai grandi dans le 19ème arrondissement, un endroit à la fois populaire et cosmopolite. Et, trop souvent, j’ai entendu les miens - ou des plus jeunes - essayer de m’expliquer qu’en France ce n’était pas possible de rêver en grand, parce que ceci ou cela. Parce que la France serait raciste. Parce que toutes les excuses du monde. J’ai effectué des études dans une grande école de commerce, aux côtés de la jeunesse dorée de France. Et, trop souvent, j’ai entendu mes camarades m’expliquer (sans même s’en rendre compte) que la seule image du Noir présente dans leur esprit était celle du sportif, du danseur, du fils d’ambassadeur africain, du migrant ou du délinquant. Et j’exagère à peine. Des deux côtés, chacun était campé sur ses préjugés. Le défi était de taille. Montrer aux uns et aux autres que rien n’est figé. Qu’il y a des prodiges que la nature a gâtés, à l’instar de Kylian Mbappé ou Gims, certes, mais qu’il y a aussi des chercheurs, des restaurateurs, des avocats, des entrepreneurs, des politiques, de hauts cadres dirigeants… Oui, le Noir ne sait pas que danser et/ou taper dans un ballon. Le maître mot de ROOTS : Montrer toute la richesse de ce qu’on appelle en France « la diversité », ces visages qu’on voit trop peu et qui pourtant existent. Les montrer afin de contrer les préjugés, les montrer afin d’inspirer d’autres à œuvrer vers le même chemin. Un seul maître mot : BLACK EXCELLENCE.

Premium

Et ce sera le fil conducteur de cette édition spéciale Boss Ladies. 300 pages pour un numéro collector. Tout d’abord la cover, avec un shooting historique. Réunir, pour la première fois en France, 12 femmes afropolitaines au parcours d’exception pour un éditorial photo. Non sans peine, c’est une immense fierté que d’avoir mis sur pied ce panel répondant à un titre évocateur : THEY INSPIRE. Fadily Camara (humoriste/actrice), Flora Coquerel (Miss France 2014), Maïmouna Doucouré (réalisatrice), Rokhaya Diallo (écrivaine, journaliste), Kareen Guiock (présentatrice JT de M6), Imany (chanteuse), Kelly Massol (cheffe d’entreprise), Marie-Aline Méliyi (journaliste Tv chez LCI), Elisabeth Moreno (Ministre de la diversité, de l’égalité femme/homme et de l’égalité des chances), Fatou Ndiaye (1ère bloggeuse noire de France), Karidja Touré (actrice), Estelle Mossely (championne olympique de boxe en 2016). BLACK IS BRILLANT. Puis, un shooting tout aussi inédit. Réunir, pour la première fois en France, 10 des plus grandes influenceuses afropolitaines sur un shooting au nom tout aussi clair : THEY GLOW. Aïcha Ndaw, Ophély Mézino, Justine Kamara, Mary So.Kass, Eve Pamba, Leslie Lawson, Zara Aziliz, Tata Osca, Sarah Kpossa et Pembe Cherole. BLACK IS BEAUTIFUL. Au-delà de ces personnalités, vous retrouverez plus d’une cinquantaine de portraits de protagonistes qui oeuvrent à l’émancipation de la génération ROOTS. En mode, beauté, business, gastronomie, culture/art, découvrez les visages de ces porteurs d’initiative qui font notre fierté. Et puis, en bon fan du PSG et amateur de hip-hop que je suis, quel kiffe de recevoir un Titi Parisien en la personne de Colin Dagba ou encore la nouvelle coqueluche du 92i, le rappeur SDM. La suite =>

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Éditorial Editorial

10 ans… C’est toujours difficile de réaliser que ce qui n’était qu’un projet de fin d’études est devenu le magazine afropolitain n°1 en France – vous me pardonnerez mon manque d’humilité sur ce coup, mais comme on dit : « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Je repense à la première fois où nous avons trouvé le nom, alors que nous étions en pleine séance de brainstorming avec mes frangins du 19. Et ce moment où mon ami d’enfance aka « Fish », a alors dit : « Et pourquoi pas ROOTSPatrick, MAGAZINE 8-10 Etienne ROOTS ? »rue et que toutMarey a pris sens. 75020 PARIS Je repense à ces débats interminables, cette émulation Deux ans… Par la grâce de Dieu. Deux ans que ROOTS s’installe, pas à pas, dans le paysage médiatique direction@rootsmagazine.fr créative des débuts, avec mes premiers compagnons hexagonal. Vous connaissez notre leitmotiv : Black Excellence. ROOTS c’est une famille, une génération, +33 7 68: 40 93 Youmbi, 11 d’aventure Eva Diane Audrey Ngako, Naomi une aventure, mais surtout une envie de (dé)montrer la grandeur d’une culture mise au ban des clichés, Dado, Orphée Noubissi, Armand Noukelak, Amany Gogo… des complexes et tout ce qui va avec. I have a dream : que ce magazine traverse les frontières, traverse les Je repense à tous ces voyages, de Niamey à Miami, mentalités. Que les noirs de ce pays cessent de se regarder avec défiance et/ou envie et que le regard posé sur d’Abidjan à Brazzaville, de N’Djamena à Kinshasa. eux ne soit plus celui de la crainte et/ou du dédain. Vœu pieux ou candeur exacerbée me répliquerez-vous ? Il y Je repense ces gensDEqui nous ont quittés chemin. Ceux Objet pour :àMANDAT REPRÉSENTATION DEen ROOTS MAGAZINE a forcément un peu de cela, mais je reprendrai des mots employés deux ans auparavant le premier opus que je considérais comme ma famille. En premier lieu, Gilde la saga Roots : « basculons du black is beautiful au black is brillant ». lette Leuwat, pionnière de la valorisation du cheveu naPour info, le swag… ça ne paye pas. Comprendra qui voudra. turel afro et qui était devenue comme une seconde mère. Puisque c’est mon édito, et qu’après tout j’en fais un peu ce que je veux, je tenais à remercier la femme de ma Ishak, mon grand-frère, co-fondateur de l’agence Black vie (Queen Mum) pour son amour éternel, ma sœur, mes proches, mes gens sûrs et la Roots family : Eva, en Fahrenheit, avec qui j’ai eu la chance de partager des moJe,de soussigné Michael Kamdem, directeur de ROOTS maga ments complicité uniques, pendant plusdudepublication 8 ans. et digital haut de gamme sur le lifestyle afropolitain, don ne mandat, par Et biensûr, comment ne pas dédier cette édition à 4 masPOLYVALENT ENTREPRISE (CPE), représentée par POUABOUD AISSATO todontes : Manu Dibango, Pape Diouf, Jacob Desvarieux et RAH SONI, de représentation commerciale du magazine ROOTS sur le m Amobé Mévégué. Chacun ayant contribué, à sa façon, au Ce mandat donne droit à CPE de prospecter des annonceurs publicitaires et rayonnement de la diaspora. saires dont à la réalisation du contenu promotionnel de ses éditions, au nom du ma premier lieu, « mon deuxième cerveau », Diane, notre rayon de soleil quotidien, Armand, le sens artistique Reposez en paix.

STARTED FROM THE BOTTOM...

“basculons du black is beautiful au black is brillant”

n’a d’égal que sa désorganisation chronique (sans doute est-ce l’apanage des génies), Orphée notre œil photo - Le montant de la commission sur une prestation signée et reglée par l’annon inspiré, Amany notre attachante styliste farfelue, Marina la petite dernière et véritable encyclopédie de l’univers Sans 20% plusdu tarder, je vous montant HT. laisse entrer dans l’univers ROOTS. hip hop, et j’en oublie… - Le reglèment de la commission s’effectuera après paiement de l’annonceur Trop de blabla tue le blabla, alors je ferai court : des remerciements infinis à nos annonceurs pour leur confiance, CPE. La génération ROOTS est en marche. aux lecteurs pour leur soutien et une longue vie à ROOTS : un lifestyle d’un nouveau genre.

Michael Kamdem Directeur de publication


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Sommaire Contributeurs

Ils ont contribué à ce numéro Fashion 44

Premium 14

Amany

AUTOMNE / HIVER 2021

Fashion 74

Styliste Age : 00 ans Racines : Côte d’Ivoire Centres d’intérêt : On kiffe : L’oeil mode artistique de la maison. Sous ses airs de modeuse excentrique, à la chevelure mi rasée, mi colorée, Roots 158 se cache notre fausse timide mais très inspirée… Amany. Si je te dis “ROOTS” :

Food 226

Beauty 108

Orphée

Laurie

Photographe réalisateur Age : 00 ans Racines : Côte d’Ivoire Centres d’intérêt : On kiffe : L’oeil mode artistique de la maison. Sous ses airs de modeuse excentrique, à la chevelure mi Business rasée, mi 176 colorée, se cache notre fausse timide mais très inspirée… Amany. Si je te dis “ROOTS” :

Présidente du club READ / Rédactrice culture/art Age : Racines : Martinique Centres d’intérêt : On kiffe : Malgré un fuseau horaire trop souvent déréglé, cette adepte des retards à répétition est notre maitre es bouquin. Férue de littérature et cinéma afroaméricains et afrocaribéens, notre très parisienne présidente du club READ nous délecte de son regard avisé sur l’art et la culture afro dans sa globalité. Si je te dis « ROOTS : Culture / Art»255

014 Premium 029 Mode 101 Beauté 143 Racines 169 Business Disponible en ligne : www.rootsmagazine.fr - Et sur Facebook : Roots magazine - Directeur Général : Michael Kamdem Rédaction : redaction@rootsmagazine.fr - Publicité/ recrutement : direction@rootsmagazine.fr - Communication : Eva Youmbi / Diane Audrey Ngako / 223 GastronomieMorgane Mare. - Directeur artistique : Noukelak - Directeur technique : SBY RPCO - Stylisme : Amany Gogo Photographes 249 Culture / Art : SBY RPCO / Orphee Noubissy / Sonyiah Lawson / David Ekue / Enkiel - Photo de couverture : David Ekue , chez Afrik ‘N’ Fusion Nous remercions : 281 Sport Diffusions papier : 10 000 exemplaires Sport Lieux : Ambassades africaines, agences de voyage, compagnies aériennes, instituts de 280 beauté afroantillais, bars lounge, restaurants afroantillais, boutiques de vêtements, fichier de VIP ... la liste détaillée sur www.rootsmagazine.fr - Périodicité : Bimestrielle Impression : Espagne - Toute ou partielle reproduction du magazine sans autorisation expresse de l’éditeur est interdite. Edition appartenant à K&M Environnement.



Contributeurs

Ils ont contribué àIlsce numéro ont contribué à ce numéro

Naomi Dado

Audran Sarzier

Khadija Anjali Diallo

Amany Styliste / RP / Directrice artistique Racines : Congo / Mali Styliste La mode, la mode, la mode. : 00 ans originaire du CetteAge afropolitaine Racines : Côteetd’Ivoire Congo Brazzaville du Mali embrasse toutes d’intérêt les composantes de Centres : la communication dans l’univers On kiffe : L’oeil mode artistique de la mode : Relation presse, de directrice la maison. Sous ses airs de styliste, et surtout co-fondatrice Parole à la modeusede l’agence excentrique, Paris chevelure qui met en relation marques mi rasée, mi colorée, et artistes. se cache notre fausse timide mais Ancienne stagiaire chez ROOTS, très inspirée… Amany. dès les débuts de l’aventure, Naomi l’une Si est je teaujourd’hui dis “ROOTS” : des figures montantes de la nouvelle génération parisienne. Une mumpreneur 2.0 !

Orphée Photographe Racines : France Photographe réalisateur Photographe et réalisateur, Audran Age : 00 ans est le fondateur de Audran Studio Racines : Côte d’Ivoire à Paris. Il évolue aujourd’hui dans la d’intérêt : mode Centres et la musique. Voyageur, grand On son kiffeunivers : L’oeilestmode artistique sensible, une signa-

Laurie Make-up artist Racines : Guinée Présidente du club READ / Alors que je poursuivais une carRédactrice culture/art rière de comptable, j’ai décidé de Age faire de ma: passion mon métier: sublimer les femmes le temps Racines : Martinique d’une soirée, d’un événement, du Centres d’intérêt : plus beau jour de leur vie ou tout On kiffe simplement sur: un tournage. Je suisMalgré Make-up Artist également un etfuseau horaire spécialisée coiffure etdéréglé, esthétrop ensouvent cette tique (CAP coiffure, esthétique adepte des retards à répétition option massage et soin du corps). estune notre maitre es bouquin. J’ai suivi formation à l’atelier international Paris Férue du de maquillage littérature àet cinéma 11ème, en 2014, qui m’a permis afroaméricains et afrocaribéens, de monter en compétences sur notre très présidente les techniques de parisienne maquillage et coiffure marques : de son duchez clubplusieurs READ nous délecte Sephora, Maccosmetique, Nars, regard avisé sur l’art et la culture Black up, Too faced... afro: @anjalibeautyartist dans sa globalité. Instagram

de la maison. Sous ses airs de ture intemporelle. Instagram : @audransarzier modeuse excentrique, à la chevelure mi rasée, mi colorée, se cache notre fausse timide mais très inspirée… Amany. Si je te dis “ROOTS” :

Instagram : @naomidado @paroleparis

Si je te dis « ROOTS » :

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Disponible en ligne : www.rootsmagazine.fr - Et sur Facebook : Roots magazine - Directeur Général : Michael Kamdem Rédaction : redaction@rootsmagazine.fr - Publicité / recrutement : direction@rootsmgazine.fr - Casting : casting@rootsmagazine.fr Faites la promotion de votre activité ou marque dans ROOTS : +33.7.68.40.93.11 Directeur de publication : Michael Kamdem - Rédaction : Cécilia Manzambi / Yememca / Nicky Baleza / Fidievna Nkoulou... Direction artistique : Naomi Dado / Audran Sarzier / Magalie Swelly / Dorothée Dutheil / Michael Kamdem Direction artistique : Axle Jozeph / Viana Photo / Audran Sarzier / Didier Teurquetil / Homayoun / Jali Stylismeen : Guy Roland / Karen Ze Eyenga Swelly / Romane Cisowski / Parole Paris: Michael Kamdem Disponible ligne : www.rootsmagazine.fr - Et/ Magalie sur Facebook : Roots magazine - Directeur Général : Anjali Beauty -/ Publicité/ Hawo Make up / Kristen DC / Benedicte Ngiambila / Tyfa-B / By Ouassou.. RédactionMaquillage : redaction@rootsmagazine.fr recrutement : direction@rootsmagazine.fr - Communication : Eva Youmbi / Diane Audrey Ngako / Coiffure Steeven Hair Cutartistique / Ezinris Coiffure / Diya Goldentechnique Hair / Les: Icônes Parisiennes... Morgane: Mare. - Directeur : Noukelak - Directeur SBY RPCO - Stylisme : Amany Gogo Photographes : SBY RPCO / Orphee Noubissy / Sonyiah Lawson / David//Ekue / Enkiel - Photo de couverture : David Ekue , chez Afrik ‘N’ Fusion Diffusion papier : Île-de-France 30 000 exemplaires remercions : Lieux : Ambassades africaines à Paris, restaurants Nous africains à Paris, grands hôtels, instituts de beauté et Diffusions papier : 10 défilés, 000 exemplaires afros, concept stores, boutiques de vêtements, évènements et concerts... Lieux : Ambassadessalons africaines, agences de voyage, compagnies aériennes, instituts de beauté afroantillais, bars lounge, restaurants afroantillais, boutiques de La liste détaillée - Périodicité : Semestrielle vêtements, fichier desur VIPwww.rootsmagazine.fr ... la liste détaillée sur www.rootsmagazine.fr - Périodicité : Bimestrielle Impression partiellereproduction reproduction du magazine sans autorisation interdite. Impression: Europe : Espagne- Toute - Touteou ou partielle du magazine sans autorisation expresse expresse de l’éditeurde estl’éditeur interdite.est Edition appartenant à K&M

Environnement.


FONDATRICE FONDATRICE & CEO & CEO : Mme : Mme Aïta MAGASSA Aïta MAGASSA FONDATRICE & CEO : Mme Aïta MAGASSA FONDATRICE & CEO : Mme Aïta MAGASSA SiègeSiège socialsocial Sénégal Sénégal (Dakar) (Dakar) : : Siège social Sénégal (Dakar) : : Sénégal (Dakar) 8Siège Villa 8social Cité Villa Fidak Cité Fidak proche proche 8 Villa CitéCité Fidak proche 8 Villa Fidak proche immeuble immeuble Uno Uno immeuble immeuble UnoFoire Liberté Liberté 6 SudUno 6Foire Sud Liberté 6 Sud Foire Liberté 6 Sud Foire Bureau Bureau France France Bureau France Bureau France (uniquement (uniquement sur RDV) sur RDV) : : (uniquement RDV) : : (uniquement sur RDV) 12/14 12/14 rue des ruesur Chauffours des Chauffours 12/14 ruerue des Chauffours 12/14 des Chauffours 95000 95000 Cergy Cergy 95000 Cergy 95000 Cergy

01.76.54.76.92 01.76.54.76.92 01.76.54.76.92 01.76.54.76.92 contact@nawali-group.com contact@nawali-group.com contact@nawali-group.com contact@nawali-group.com nawali-group.com nawali-group.com nawali-group.com nawali-group.com

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Photo : Agence R.E.A


Entretien exclusif

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ÉLISABETH MORENO

ITINÉRAIRE D’UNE SUPER WOMAN Il est de ces personnes qui forcent le destin et, de facto, le respect. Rencontre avec Madame Elisabeth Moreno, Ministre en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. Un moment d’authenticité où cette femme d’exception revient sur son parcours, d’enfant d’immigrés Cap-Verdiens à sa carrière de dirigeante de multinationales dans le domaine de la Tech jusqu’à son insertion dans la vie politique. Elle nous decrypte sa mission au sein de l’équipe gouvernementale et nous fait part de sa vision d’une France riche de sa diversité. Un message plein d’espoirs, d’ambition et sans aucun pathos. Merci madame La Ministre. Un entretien réalisé par Michael Kamdem, directeur de publication.

“ J’ai une intime conviction : La diversité est un atout. [...] Qu’on le veuille ou non, le monde est globalisé et la France est plurielle.” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Elisabeth Moreno, je suis ministre en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances dans le gouvernement de Jean Castex, depuis juillet 2020. Je suis née aux îles du Cap-Vert et suis maman de 2 enfants. J’ai passé 30 ans de ma vie dans le monde de l’entreprise et je suis tombée dans la politique il y a tout juste 1 an.

Peut-on revenir sur votre parcours ? Atterrir dans l’univers de la politique, était-ce une évidence ou une heureuse surprise ? Pour ma famille et mes amis, c’était une évidence parce que j’ai toujours été très engagée dans la vie associative. J’ai toujours voulu aider et accompagner. Quand on a la chance d’être enfant d’immigrés et qu’on parvient à faire son trou dans un pays qui, au départ, n’est pas le sien, on connaît les batailles qu’il faut mener, on connaît les difficultés, les humiliations, tous les désagréments que cela peut sous-entendre. Et cela m’a toujours tenu à cœur de rendre ce que j’avais pu recevoir. Dès que j’ai quitté la Fac avec mon diplôme de droit sous le bras, j’ai filé à l’ambassade du Cap-Vert pour leur dire que je voulais aider. Aider les jeunes, aider ceux qui ne savent pas lire ou écrire, aider ceux qui ne savent pas évoluer dans les méandres de l’administration française. Et je n’ai pas quitté le monde de l’associatif jusqu’à ma nomination. Du coup, pour ma famille et mes amis, c’était une évidence. Pas forcément pour moi car j’ai adoré le monde du business. J’avais à peine 20 ans quand j’ai créé ma première entreprise. Je ne trouvais pas l’entreprise dans laquelle je voulais travailler, j’avais fait du droit, j’avais des connaissances assez développées... À l’époque, mon conjoint était expert dans le domaine de l’isolation thermique, et on a donc décidé de créer notre propre entreprise. Cela a très bien fonctionné puisqu’on a travaillé avec des mastodontes comme Alstom, Bouygues ou Cegelec.

Une dizaine d’années plus tard, j’ai basculé dans le monde des grands groupes. J’ai beaucoup aimé travailler pour France Télécom, Dell, Lenovo et ce qui a véritablement consacré ma carrière dans le domaine de la Tech, c’est lorsque HP (Hewlett-Packard) m’a confiée la direction de toute la structure du continent africain et des territoires ultra-marins. Retourner en Afrique, 40 ans après, être utile aux femmes, utile à la jeunesse et contribuer à développer un continent qui a tellement de potentialités, ce fut pour moi un véritable accomplissement ! Je ne pensais donc pas que la politique serait une consécration.

Aujourd’hui, vous faites partie d’un gouvernement qui a choisi comme cheval de bataille l’égalité femmes/hommes. Nous sommes dans l’ère du « women’s empowerment » et c’est ce que met d’ailleurs en exergue notre cover. Que cela vous inspire-t-il ? Tout d’abord, je voudrais féliciter ROOTS pour ces 10 années. Je pense qu’il y a beaucoup de choses dont la diaspora peut être fière. Porter un magazine d’excellence comme vous le faites et célébrer 10 ans, je vous dis : « Bravo ! » Ensuite, je voudrais vous remercier de m’avoir invitée à participer à cette cover avec des femmes absolument remarquables, admirables. Quand je pense au magnifique film de Maïmouna Doucouré (Les Mignonnnes), à Imany qui est une de mes artistes préférées, à miss France 2014 Flora Coquerel… J’ai eu un plaisir extraordinaire à passer ce moment avec ces 11 femmes. Il y avait de l’intelligence, de la beauté, de l’élégance, il y avait tout ce qui peut représenter les femmes dans toute leur splendeur.


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Le Président de la République a décidé de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de son quinquennat. Il aura fallu que l’on attende 2017, dans notre pays, pour qu’un président mette sur la table le sujet de l’égalité entre les femmes et les hommes. Et l’on a décidé de se saisir de cette question par le spectre des violences. Car il n’y a aucune femme qui puisse être « empowered » si elle est victime de violences, notamment dans le lieu où elle est censée être le plus en sécurité, à savoir son foyer. Les femmes ne sont pas toujours en sécurité chez elles, ni dans l’espace public puisqu’il y a plus de 90 000 femmes qui sont violées dans notre pays chaque année. Soyez en possession pleine et entière de vos pouvoirs ! Mais pour que vous puissiez exercer pleinement vos pouvoirs, il faut que vous vous sentiez, a minima, en sécurité. On s’est donc saisi de manière très volontariste des sujets de cette violence faite aux femmes et nous avons aussi décidé de travailler sur l’empowerment professionnel. J’ai fait toute ma carrière dans le monde de l’entreprise. Pour autant, je ne fais pas partie de ces gens qui pensent que la réussite se limite à la réussite professionnelle. Pour moi, cela passe par la réussite personnelle en tant qu’individu, en tant qu’être humain. Est-ce que vous êtes bien dans votre peau ? Est-ce que vous vivez pleinement votre vie ? Parce que je connais énormément de gens qui ont réussi professionnellement et qui sont profondément malheureux, d’autres qui sont riches à millions mais qui sont profondément seuls. Moi, j’ai décidé de tout réussir. Je voulais avoir une famille, je voulais avoir des enfants, je voulais réussir dans ma vie professionnelle. Pour moi, l’empowerment féminin, c’est cela. Ne pas avoir à choisir entre sa vie personnelle et sa carrière professionnelle. C’est de ne pas être limitée pour votre couleur de peau, votre origine sociale ou votre orientation sexuelle. C’est de ne pas voir dans le regard de l’autre du mépris, de la défiance, du rejet, de l’humiliation. Pour moi, c’est cela, une femme en pleine possession de ses capacités, de ses compétences et qui ose ! Je rencontre beaucoup de femmes qui ont réussi et, quand je leur demande leur recette, elles me disent : « Mon père m’a dit que j’étais capable de tout faire. Ma mère m’a dit que je ferai des choses extraordinaires dans ma vie ». L’empowerment féminin peut aller beaucoup plus vite si, dès le plus jeune âge, à la maison, à l’école, au lycée, à l’université, on dit aux femmes : « Vous êtes capables, vous pouvez ». Parce que j’ai l’intime conviction que tous les êtres humains ont un don, un talent, il faut juste leur donner la capacité de l’exercer.

“ Une cover avec des femmes absolument remarquables, admirables. [...] Il y avait de l’intelligence, de la beauté, de l’élégance, tout ce qui peut représenter les femmes dans toute leur splendeur.” Quel état des lieux faites-vous en 2021 sur la place de la diversité en France ? Quel parallèle possible avec les Etats-Unis quand on a tendance à dire que la France se “communautarise” ?

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C’est un sujet éminemment important et qui peut créer des tensions. J’ai une intime conviction : la diversité est un atout. Tant qu’on verra la diversité comme un obstacle, comme un problème, on n’arrivera pas à en tirer le meilleur. Qu’on le veuille ou non, le monde est globalisé et la France est plurielle. N’en déplaisent à ces Cassandre qui rêvent de renvoyer les étrangers chez eux, qui rêvent de bannir certains prénoms qui ne sonnent pas comme ils souhaiteraient qu’ils sonnent. Je suis intimement convaincue que la France est grande et riche grâce à sa diversité. C’est un sujet qui me tient extrêmement à cœur. Le fait d’être mis de côté parce que vous êtes une femme ou parce que vous êtes issus de la diversité, il s’agit de lutter contre toutes les formes de discrimination. Donner à tous ces êtres humains - du moment qu’ils ont l’envie, la motivation et les compétences - la capacité de se réaliser, cela rayonne sur notre pays. Quand Omar Sy apparaît dans des films Marvel, c’est la France qui rayonne. Quand Teddy Rinner ou Clarisse Agbegnenou reviennent avec des médailles de Tokyo, c’est la Marseillaise qui retentit grâce à sa diversité. Où est le problème ? Si ce n’est dans la tête de personnes qui, de toute façon, ne changeront pas d’avis parce qu’elles rejettent ce qui ne leur ressemble pas. Tant qu’il y aura des êtres humains, vous aurez de la haine, vous aurez du rejet, vous aurez du racisme, vous aurez de l’antisémitisme, vous aurez de la misogynie, etc. Tout cela fait partie des êtres humains. C’est pour cela que je crois énormément au travail de l’éducation sur ces sujets. Le monde est divers. Ne pas l’accepter, c’est refuser le progrès, c’est refuser une chose qui existe. Le Président de la République a compris que cette diversité était importante. Sinon, il n’aurait pas décidé de « panthéoniser » la première femme noire dans notre pays. Je suis ravie que Joséphine Baker rentre au Panthéon, c’est un symbole fort, mais on ne peut pas s’arrêter uniquement au symbole.


Entretien exclusif

Parce qu’un pays qui ne lutte pas contre ces discriminations est un pays dans lequel les tensions s’exacerbent et les fractures se créent. Et on ne peut pas se permettre de voir notre pays se fracturer. Tout le monde contribue à la grandeur et à la richesse de la France. Nous devons faire en sorte que tout le monde trouve sa place, se sente respecté et considéré en tant qu’individu. Et une fois qu’on a lutté contre les discriminations, il faut qu’on s’attaque au monde de l’emploi. J’ai évolué dans un secteur de la technologie où on manquait encore de diversité. Et ces entreprises me disent : « Elisabeth, on a un mal fou à recruter » et pourtant les talents sont là. Il faut recruter différemment, il faut former les ressources humaines, il faut former les managers et les dirigeants. Nous avons envie de créer un index diversité qui va prendre une photographie à l’instant T de la diversité dans une entreprise. Diversité d’origine et diversité sociale. L’idée est que ces entreprises mettent en place des actions pour différencier leurs recrutements et favoriser la mobilité de carrière dans les entreprises. Parce que l’émancipation passe aussi par votre accomplissement professionnel. Si vous faites un BAC+18 et que, du fait de votre couleur de peau, vous ne trouvez pas d’emploi, ce n’est pas normal. Ce sont les sujets sur lesquels je suis en train de travailler. Je veux aussi mentionner le label GEEIS (Gender Equality European & International Standard). Créé en 2010 par une association française, Arborus, il a depuis été repris par plusieurs pays européens. Les lignes sont en train de bouger.Il faut que vous sachiez que cette question de la diversité a pris une place très importante dans la société.

“ J’ai décidé de tout réussir. Je voulais avoir une famille, avoir des enfants, réussir dans ma vie professionnelle. Pour moi, l’empowerment féminin, c’est cela. Ne pas avoir à choisir entre sa vie personnelle et sa carrière professionnelle. ”

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Il faut permettre à la diversité de trouver sa place dans notre pays. Elle doit pouvoir trouver sa place dans le monde professionnel, dans le monde culturel, dans le monde politique. Pourquoi, lorsque notre équipe de France gagne une coupe du monde, elle est saluée par le monde entier ? Et pourquoi, lorsqu’elle perd, elle est conspuée par les racistes ? C’est absolument absurde. De par ce que je suis, je me sens pleinement responsable de lutter contre les discriminations qui sont faites aux personnes issues ou considérées comme issues de la diversité. Parce que beaucoup de ces personnes sont nées dans ce pays, ont la culture française chevillée au corps. Beaucoup plus que celles de l’origine de leurs parents et on leur refuse de se sentir Français parce qu’on va les renvoyer aux origines de leurs parents. J’élève mes enfants dans ce pays et ils sont pleinement Français. Mais parce qu’ils sont Français, ils ne devraient plus avoir le droit d’aimer le manioc ou le couscous ? N’est-ce pas totalement absurde ? J’ai donc choisi de travailler sur 2 axes qui viennent compléter beaucoup de choses qui existent déjà. Car il faut savoir que la France est le pays qui a l’arsenal juridique législatif le plus ample pour lutter contre les discriminations. Il y a 25 critères de discrimination prohibés par la loi. Mais, trop souvent, les gens ne connaissent pas leurs droits, trop souvent les gens pensent qu’il y a une forme d’impunité. Savez-vous que la France a mis en place un label diversité qui est aujourd’hui repris par certains pays européens ? Savez-vous que l’on a plus de 4000 entreprises en France qui ont signé ce label ? Cela signifie bien que la majorité des gens acceptent la diversité dans notre pays. C’est une minorité qui fait le plus de bruit et la rejette, mais j’ai envie de leur dire qu’ils ont déjà perdu. Ma responsabilité est de faire en sorte que, lorsque vous vous sentez discriminé(e)s dans le travail, le logement, l’accès aux services publics, que ce soit parce que vous êtes une femme, que ce soit parce que vous habitez dans une zone rurale, quelque soit les formes de discriminations, mon objectif est que vous ne restiez pas seul(e)s avec cette discrimination. Que vous ayez accès à des juristes, à des avocats, à des associations, à des services publics de l’état pour vous sentir défendu(e)s.

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Premium Pensez-vous que l’affaire George Floyd a créé un changement de paradigme ? Très clairement oui, cela a été un électrochoc mondial. À cette époque, j’étais dirigeante chez HP, basée en Afrique du Sud. Après le drame George Floyd, le patron monde de HP, Enrique Lores, a réuni tous les managers et a dit : « Il faut qu’on bouge, il faut qu’on réagisse ». Je pense que la barbarie de ce meurtre a éveillé les consciences sur un sujet qui a trop souvent été tu. Et j’ai vu beaucoup d’entreprises se remettre en question parce que cela a été une grande claque. Et, au niveau Européen, Ursula von der Leyen a demandé à tous les états membres de se saisir de cette problématique du racisme. Je ne dis pas que ce n’est qu’à partir de George Floyd que les choses ont été faites, beaucoup a été entrepris bien avant cela. D’ailleurs, comme je vous le disais auparavant, nous avons énormément de lois en France pour lutter contre cela. Mais je crois que le fait que cet assassinat ait été filmé en direct, avec la désinvolture de ce policier qui, pendant plus de 9 minutes, met son genou sur la gorge d’un être humain qui vous dit : « Je n’arrive plus à respirer »... À chaque fois que j’en parle, cela me crée une émotion extrêmement vive. Parce que, au delà de l’inhumanité de cet acte, cela montre combien il est temps que les choses bougent. Et enfin, pour répondre à votre question sur les Etats-Unis… Vous savez, j’ai travaillé pendant de nombreuses années avec des entreprises américaines et j’ai passé énormément de temps aux Etats-Unis. On ne peut pas comparer l’histoire française et l’histoire américaine. Nous n’avons pas eu la ségrégation raciale telle qu’elle a été institutionnalisée, nous n’avons pas eu la violence que les Noirs Américains ont subi. Pour autant, cela ne veut pas dire que, dans notre pays, il n’y ait pas de discrimination. Copier-coller ce qui se passe là-bas en France est une erreur. Ne pas prendre conscience des discriminations que les personnes subissent dans notre pays seraient aussi une erreur. C’est pour cela que je travaille d’arrachepied. Que, dans notre pays, toute personne qui discrimine soit sanctionnée parce que ce sentiment d’impunité ne peut pas être toléré. Eric Dupond-Moretti, notre Garde des Sceaux, a décidé de se saisir de cette question et de faire en sorte que tous les actes de racisme, d’antisémitisme, de xénophobie, qui prospèrent si grandement, notamment du fait des réseaux sociaux, soient punis. Il faut que les gens discriminés connaissent leurs droits et puissent se sentir protégés.

Exhorteriez-vous les personnes issues de la diversité ayant eu un parcours d’excellence à se montrer davantage et devenir des role models ? Vous touchez là une question extrêmement importante. Vous êtes vous-même un magnifique role model ! J’imagine combien vous avez dû vous battre pour arriver là où vous êtes aujourd’hui. De manière générale, le succès est quelque chose qui se construit, mais je crois énormément en la force des role models. Aujourd’hui, les choses ont bien évolué. Quand vous voyez Fatoumata Kébé encensée par Vanity Fair parce que c’est une astrophysicienne

francaise de renom, les petites filles peuvent se dire : « Je peux faire des sciences et réussir ». Quand vous voyez à la tête de l’une des plus grandes banques du monde, l’Ivoirien Tidjane Thiam, vous vous dites : « Moi aussi je peux devenir banquier ». Pour pouvoir vous projeter et vous dire que vous pouvez aussi le faire, il faut parfois que quelqu’un l’ait fait avant vous. Moi, je me souviens avoir pleuré quand Barack Obama a été élu parce que je me suis dit que je pourrais désormais dire à mes enfants : « Si vous travaillez bien, vous pourrez un jour devenir Président de la République ». Pendant longtemps, je faisais partie de ces gens qui avaient réussi mais qui n’osaient pas parler. Qui se disaient : « Je veux rester dans mon coin parce que… Parce que plein de choses ». Il y a beaucoup de choses qui vous empêchent de parler. Parfois parce que les gens qui sont autour de vous n’ont pas réussi autant que vous. Parfois parce que vous avez une forme d’auto-censure car vous culpabilisez d’avoir réussi. Parfois aussi pour vous protéger. Il y a mille et une raisons qui peuvent faire que vous décidiez de ne pas prendre la lumière. Pendant longtemps, j’ai décidé de rester dans mon coin parce que je n’avais pas envie qu’on dise : « Regarde la, elle se la pète ! C’est tout bête ». Quand j’ai été nommée PDG de Lenovo, ce fut « Waouuw ». J’ai reçu des messages de femmes et d’hommes issus de la diversité ou non qui m’ont dit : « Madame, merci de nous montrer que c’est possible ». Et cela m’a fait peur car j’ai eu l’impression d’endosser sans le vouloir une responsabilité qui me dépassait. Quand j’étais chef d’entreprise, je me déplaçais dans des écoles en banlieue pour parler aux jeunes et leur dire vous pouvez y arriver. Un jour, je suis dans une école à La Courneuve et je raconte à ces jeunes filles qu’elles peuvent s’orienter vers la Tech, qu’on a besoin d’elles. Le numérique, ce n’est pas uniquement pour les geeks, on en a besoin dans l’éducation, dans la santé, dans l’information, etc. Une jeune fille lève la main et me dit : « Madame, c’est facile pour vous de dire cela, vous avez tout réussi. Vous êtes patronne d’une grande entreprise. Si vous croyez que c’est facile pour nous... ».

Comme si c’était tombé du ciel ? Je ne pense même pas qu’elle se disait cela. Je pense surtout qu’elle se disait : « Cette femme est trop loin de moi, je ne peux pas m’identifier à elle car elle est sur une autre planète. » Et à ce moment-là, j’ai compris l’importance des role models. Je lui ai alors demandé : « Comment pensez-vous que j’en suis arrivée là ? » Parce qu’on ne voit que le sommet immergé de l’iceberg mais jamais tout ce qu’il faut faire avant pour y arriver. Et je leur ai raconté ma vie, je leur ai dit où je suis née, je leur ai parlé du drame qui nous a déraciné et emmené en Europe, je leur ai parlé de ma sœur qui a failli mourir, je leur ai parlé des humiliations, je leur ai parlé des ménages que j’ai fait, des porte-à-porte que j’ai dû réaliser, les soirs où je me suis couchée sans manger. Je leur ai parlé de tout ce qui fait le suc de la vie mais dont on ne parle jamais quand on a réussi. Je leur ai parlé de l’éclat de rire de mon père quand je lui ai dit que je voulais devenir avocate et qu’il m’a dit que ce n’était pas pour nous ce genre de choses. Et pendant 15 minutes, dans cette pièce, il y a eu un silence de mort. On aurait pu entendre les mouches voler. Et ces gamins, l’espace d’un instant, m’ont vue


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Entretien exclusif

comme l’une des leurs et m’ont remerciée. Et c’est à ce moment précis que j’ai réalisé que j’étais devenue, que je le veuille ou non, un role model. Et que si, grâce à moi, des petites filles et des petits garçons noirs peuvent se dire : « Ça ne va pas être facile mais on peut y arriver », cela vaut la peine que je me mette un peu en danger et que je prenne un peu de lumière.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Photo : Agence R.E.A

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Je pense que la meilleure chose que les parents peuvent transmettre à leurs enfants, ce sont des racines et des ailes. Des racines pour savoir d’où ils viennent et des ailes pour aller le plus loin qu’ils peuvent.


MAKING OF ROOTS SPÉCIAL 10 ANS IG : @rootsmagazine

Lady Ponce Maëlys Kada

Marie-Aline Méliyi

Colin Dagba SDM 100-8

Kwenda, l’épicerie africaine Diandra Tchatchouang

Naomi Dado & Purple Street

Elisabeth Moreno

Aziliz Ezinris Beauty


Colin Dagba Diya Golden Hair

Hapsatou Sy & Audran Sarzier

Backstage Cover

Maître Mariame Touré

Tara’s Body

Jaiye - Enjoy Good Music

Danièle Sassou Nguesso Ferré Gola

Ophely Mezino Eleya Management

Karidja Touré & Flora Coquerel


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They Inspire

Elles sont douze, mais auraient pu être le centuple ! Alors il a fallu choisir. Douze femmes qui peuvent inspirer de par l’éclectisme de leurs trajectoires respectives. Originaires des 4 coins de l’Afrique et des Antilles, elles représentent le génie français. Qui n’a pas été transporté lorsque la Marseillaise se mit à retentir, un certain 19 août 2016, après qu’Estelle Mossely se soit emparée de la médaille d’or de Boxe aux J.O de Rio ? Estelle a cassé les stéréotypes et montré que l’on pouvait exceller dans une discipline prétendument masculine, tout en assumant parfaitement sa féminité. Quel Afro-descendant n’a pas été rempli d’orgueil après le sacre de Flora Coquerel, Miss France 2014 ? La reine de beauté, FrancoBéninoise, apportait avec elle un vent de fraîcheur inégalé depuis Sonia Rolland, élue 14 ans plus tôt. Reine de beauté, mais aussi reine de cœur, puisqu’elle n’aura eu de cesse de mettre à l’honneur son association Kelina, oeuvrant pour soutenir les secteurs de la santé et de l’éducation au Bénin, avec en point d’orgue l’ouverture d’une maternité prévue pour 2022. Pour inspirer, il faut être visible. Et quoi de mieux que la télévision ? Kareen Guiock, Marie-Aline Méliyi et Rokhaya Diallo représentent chacune à leur manière, la femme noire 2.0. Celle que l’on veut voir devant nos écrans. Présentant le journal de l’une des premières chaînes françaises avec meastra (M6), Kareen Guiock se tourne aujourd’hui vers son amour secret : le jazz. Et tandis que la rayonnante Marie-Aline Méliyi nous enchante par sa prestance et sa verve en animant les débats sur LCI, Rokhaya nous rappelle combien il est important d’avoir des porte-voix audibles et crédibles. Journaliste, écrivaine et activiste, elle est la fierté des nôtres. S’il est un secteur qui a souvent été pointé du doigt pour son absence de diversité, c’est bien le cinéma français. En témoigne le livre « Noire n’est pas mon métier », co-écrit par une dizaine d’actrices noires qui avaient fait sensation lors de la montée des marches à Cannes, en 2018, en mode Balmain Army. La sublime actrice Karidja Touré, découverte dans Bande de Filles, en plus de continuer sa carrière au cinéma et au théâtre, est devenue une icône de la mode. Front row des plus grandes maisons de couture, elle est désormais l’égérie de Tommy Hilfiger Eyewear. Quant à Fadily Camara, humoriste et comédienne, première standuppeuse française à faire son spectacle intégral sur Netflix, sa carrière ne cesse de grimper et l’avenir s’annonce radieux. Et puis, il y a la diversité devant la caméra, mais aussi derrière. Les Américains ont Denzel et Will, mais aussi Tyler Perry et Spike Lee. En France, nous avons Maïmouna Doucouré. Après avoir reçu de nombreux prix pour différents court-métrages, la jeune prodige a prouvé que chaque rêve pouvait se réaliser, en présentant son premier long-métrage, Les Mignonnes, sorti sur les écrans à la fin de l’été 2020. La diversité, voici un enjeu que maîtrise à la perfection l’une de nos étoiles les plus scintillantes, Elisabeth Moreno, Ministre de la diversité, de l’égalité des chances et de l’égalité Femmes/Hommes. Ancienne dirigeante d’une multinationale, la présence d’une ministre en fonction dans cet éditorial devrait suffire à démontrer que les barrières que certains s’infligent ne sont que mentales. Alors oui, il faudra faire 2 fois plus. Oui, il faudra se battre encore et encore, mais tout est possible. Immigrée jeune depuis le Cap-Vert, voici le parcours d’une femme qui a tout réussi, dans l’entreprise comme dans la vie publique. Autre femme dont la vie est un conte de fées : Kelly Massol. Elle est la C.J. Walker française. Started from the bottom. La fondatrice des Secrets de Loly, qui a commencé à confectionner ses premiers produits capillaires en 2010, dans sa salle de bain, est devenue 10 ans plus tard l’une des leaders du marché, générant un chiffre d’affaire exponentiel de plusieurs millions d’euros. Une femme en or, une amie et un modèle ! Et ce n’est certainement pas Fatou N’Diaye qui vous dira le contraire. Elle qui a vu débuter quasiment tous les acteurs du marché de la beauté noire en France. Elle est la pionnière du blogging afro français. Elle fait partie de celles qui ont porté haut le mouvement « Nappy », arborant une chevelure éblouissante et drainant derrière elle toute une communauté de femmes acquises à sa cause. Fatou fut la première représentante 2.0 du « black don’t crack », tant le temps ne semblait avoir aucune emprise sur elle. Si, dans la diaspora, influenceuse est désormais un métier à la mode, que chacune sache que c’est bien Fatou qui a ouvert la voie. Quant à Imany... Wow. Elle est sans doute sur le podium des femmes les plus belles et charismatiques que j’ai rencontrées en 10 ans de ROOTS. Ancienne mannequin, la belle Comorienne est une artiste musicale accomplie. Et son nouvel album Voodoo Cello, sorti à la rentrée 2021, devrait en ensorceler plus d’un ! Coup de foudre garanti. Par Michael Kamdem Kelly Massol Robe Smain Boutamtam Bijoux Smain Boutamtam Fadily Camara Combinaison Gregory Assad Bijoux Hélène Zubeldia Marie-Aline Méliyi Robe Balmain - BO Helene Zubeldia Fatou N’Diaye Robe Gregory Assad - BO Philippe Audibert Imany Veste Marciano by Guess Bijoux Philippe Audibert Kareen Guiock Top Didit Pantalon Balmain Bijoux Philippe Audiber Elisabeth Moreno Robe Didit Veste Smain Boutamtam Bijoux Philipe Audibert

Karidja Toure Body Mugler Pantalon Mugler BO Philippe Audibert Estelle Mossely Costume Kasaï Couture Corset Smain Boutamtam BO Helene Zubeldia Chaussures Christian Louboutin Flora Coquerel Pantalon Toucoulor Veste & Corset Smain Boutamtam BO Helene Zubeldia Chaussures Christian Louboutin Rokhaya Diallo Chemise Gregory Assad Maïmouna Doucouré Ensemble Gregory Assad


CHEFS DE PROJET MICHAEL KAMDEM & NAOMI DADO PHOTOGRAPHE AXLE JOZEPH STYLISME GUY-ROLAND TAHI ASSISTANTE STYLISTE KAREN ZE EYENGA MAQUILLAGE KRISTEN DC makeup, TYFA-B, BENEDICTE NGIAMBILA, HAWO makeup, ANAJLI beauty COIFFURE EZINRIS beauty, STEEVEN haircut



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Elisabeth Moreno Jupe & Corset On aura Tout vu Veste Sanquanz BO Helene Zubeldia Manchette Smain Boutamtam Kareen Guiock Jupe On aura tout vu Top On aura tout vu Bijoux Jean-Paul Gaultier Marie-Aline Méliyi Jupe Dice Kayek Chemise Dice Kayek Bottes Jonak Bijoux Jean-Paul Gaultier Estelle Mossely Robes Mes demoiselles Ensemble Toucoulor Chaussures Dice Kayek Bijoux Jean-Paul Gaultier Imany Veste Sanquanz Pantalon Li-Ning Bijoux Jean-Paul Gaultier Kelly Massol Robes Mes demoiselles Corset On aura tout vu Bijoux Jean-Paul Gaultier



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Fadily Camara Ensemble La Fée Marabout Crop top Nisse Fourrure jaune Imprévu Fourrure marron Parosh Chaussures Carel BO Smain Boutamtam Karidja Touré Veste Sanquanz Jeans Jeanerica Ceinture Mirela Cerica Talons Gregory Assad Bracelets Jean-Paul Gaultier Rokhaya Diallo Veste Giambattista Jeans PASSARO Bob Anthony PETO Collier Gregory Assad Chaussures Bocage Flora Coquerel Chemise Guess Robe Hamah Couture Bracelet JPG Sac à main Guess Fatou N’Diaye Top Balmain Body Mugler Pantalon Natan Chaussures Balmain Bijoux Philippe Audibert Maïmouna Doucouré Robe Issey Miyake Jupe Guess Chaussures Christian Louboutin Bijoux Hélène Zubeldia



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Tanieu Couture, La fondatrice


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TANIEU COUTURE

L’ÉLÉGANCE MADE IN GENÈVE Une obsession du travail bien fait, un regard pointu sur l’univers du chic, autant d’emphases qui collent à la peau de Tanieu Couture. Rencontre avec Tanieu, créatrice de sa marque éponyme, une femme d’ambition qui aspire à briller au-delà même des frontières suisses.

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Dans quelle gamme vous situez-vous ?

Je suis Tanieu, la créatrice de Tanieu couture. Je suis Française d’origine Ivoirienne. Je vis et travaille à Genève, en Suisse.

Je propose des créations milieu à haut de gamme. Avec des pièces uniques et des collections capsules, pour femme et pour homme également.

Revenons à la genèse de votre marque... Depuis toute petite, j’ai toujours eu du mal à trouver des vêtements dans lesquels je me sentais bien. Ce besoin m’a naturellement dirigée vers le métier de créatrice de mode.

Pouvez-vous nous décrire l’ADN de Tanieu Couture ? Tanieu Couture a été créé pour offrir un service de créations de vêtements sur-mesure à toutes les personnes qui ont du mal à s’habiller dans les commerces classiques. Tanieu Couture s’adresse aussi à toutes les personnes qui aiment les belles pièces, qui souhaitent se démarquer et avoir des tenues parfaitement adaptées à leurs morphologies. Avec un accent mis sur le souci du détail bien fait.

Décrivez en 3 mots la femme Tanieu... Discrète, rigoureuse et déterminée.

Vous faites la promotion du made in Geneva. Comment décririez-vous la touche suisse dans la mode ? Je me suis installée à Genève. J’ai une grande partie de ma vie là. En plus, Genève est géographiquement bien centré, entre Paris et Milan. C’est une ville cosmopolitaine. J’y trouve une clientèle qui apprécie le travail bien fait. Il y a un savoir-faire mondialement reconnu dans le domaine du textile en Suisse.

Quelles sont vos perspectives de développement de la marque ? Le besoin de s’habiller et de se sentir bien dans sa peau touche plus de personnes qu’on ne l’imagine. Tanieu couture projette de se faire connaître par le plus grand nombre, afin d’offrir ses services à plus grande échelle.

Une édition spéciale 10 ans qui met en avant les Boss Ladies. Si vous aviez un message à adresser aux femmes ? Mon message aux femmes est le suivant : Il faut absolument avoir un fil conducteur pour le déroulement de sa vie. Et ne jamais se laisser distraire par toutes les tentations qui vont venir vous détourner du chemin que vous avez tracé pour vous-même. Surtout aller jusqu’au bout des choix qu’on fait sans jamais rien lâcher.

Que représente la Côte d’Ivoire pour vous ? Y avez-vous des projets à termes ? La Côte d’Ivoire est mon point de repère. J’y trouve toutes les ressources pour reprendre des forces. Et effectivement, j’ai plusieurs projets qui sont en étude pour la Côte d’Ivoire.

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ? Merci à ROOTS magazine pour cette belle vitrine. Joyeux anniversaire ! Et que du succès pour l’avenir.

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Instagram : tanieucouture.geneve


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JUSTINE NOKAM

PIONNÈRE DE LA MODE À PARIS Par Michael Kamdem

De Nina Ricci à Courrèges, en passant par Lanvin, découvrez l’itinéraire de l’une des premières modélistes africaines à avoir séduit les maisons de haute couture parisiennes.

Fin des années 70, cette jeune femme de la bourgeoisie camerounaise rejoint Paris pour ses études, des rêves plein la tête. Amoureuse du vêtement depuis sa tendre enfance, c’est tout naturellement que Justine Nokam oriente son cursus vers cette voie. Elle se retrouve diplômée du lycée technique Albert De Mun dans le 7e arrondissement de Paris après avoir enchaîné un BEP Couture Flou (le « flou » désignant la haute couture), un CAP Habillement Fabrication Industrielle et un BT Industrie de l’Habillement. Après un court passage à la faculté d’Assas, en Droit, Justine Nokam revient à ses premiers amours : la couture. Et, en 1985, s’achève sa vie d’étudiante avec une formation en décoration d’intérieur spécialisée textile. Il est désormais temps de se lancer dans le grand bain. Et, après quelques expériences en tant que modéliste dans le prêt-àporter, les choses sérieuses se mettent à prendre forme à la fin des années 80, début des années 90. C’est ainsi qu’elle s’épanouira dans l’univers très parisien de la haute couture. Des maisons de prestige telles que Nina Ricci, Lanvin, Guy Laroche et Olga Rabenada, où elle officiera en qualité de première main, patronnière et modéliste. Elle fera d’ailleurs partie de l’équipe ayant travaillé sur la collection Dé d’Or de Guy Laroche (Prix décerné deux fois par an, en France, à des créateurs de haute couture et qui a lieu de 1976 à 1990). En cette période, Paris n’a aucun égal en matière de luxe et de raffinement. C’est aussi l’âge d’or du modeling avec l’explosion des supermodels : Naomi Campbell, Linda Evangelista, Claudia Schiffer, Cindy Crawford...

Forte de ces années d’expérience au sein du fleuron de la mode française, Justine Nokam décide de se lancer en indépendante. Elle crée sa maison de couture, Mony Mamga, du nom de sa défunte mère, elle-même couturière en son temps. Nichée sur le boulevard Simon Bolivar, dans le 19ème arrondissement (quartier Buttes Chaumont), la belle Camerounaise se fait rapidement un nom et une clientèle fidèle. De 1996 à 2013, elle proposera du luxe à portée de bourse. Des pièces coutures, réalisées sur mesure, avec des process quasi similaires à ceux utilisés dans les maisons où elle évoluait auparavant. Après une aventure entrepreneuriale de 17 années, notre protagoniste se tourne vers une activité moins stressante et devient formatrice, de 2015 à 2016, spécialisée en couture et patronage. Depuis 5 ans désormais, Justine Nokam officie chez Courrèges. Une sorte de retour à ses grandes années. Une maison française de renom, pour boucler la boucle d’une carrière bien remplie. Devenue l’une des chouchous de ce géant du textile, honneur lui sera fait, à l’automne 2021, de travailler à la confection d’une robe Courrèges, sur mesure, pour Kim Kardashian. Rien que ça. Et si cette édition des 10 ans de ROOTS existe, c’est aussi un peu grâce à elle, puisqu’elle n’est autre que la femme qui m’a donné la vie, moi le fondateur du magazine. Elle m’aura transmis, entre autres, 4 valeurs dont je me suis servi tout au long de cette aventure : le travail acharné, le goût du beau, la quête de l’excellence et l’amour de mes racines. Love you mum.

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Mode Amy Lee Djougari n’en est pas à son coup d’essai. Toucoulor
 est sa deuxième marque, et pendant des années, elle a su se forger une expérience riche, ainsi qu’un solide réseau d’artisans au cœur du milieu textile parisien. En 2019, après des épreuves personnelles qui ont coïncidé avec la redécouverte de ses origines et la recherche de modèles de femmes inspirants qui lui correspondent vraiment, elle décide de faire table rase du
 passé et crée Toucoulor. Amoureuse des défilés de mode, des coupes travaillées et des détails depuis toujours, elle fait du stylisme son moyen d’expression. Elle s’inspire de Paris, des grands créateurs, de la femme citadine, mais aussi de sa double culture et de femmes fortes comme sa grand-mère Peule, indépendante et résiliente. Depuis la création de la marque, elle navigue entre Paris et l’Afrique, notamment le Mali et le Sénégal, pour être au plus près de toutes les étapes du projet, et réhabiliter des savoirfaire en perdition, ainsi que des tissus traditionnels qui ont été supplantés sur le marché international par le wax, comme les tissus teints à l’indigo ou le bazin. Elle accompagne également depuis plusieurs années une nouvelle génération de créateurs parisiens dans le montage et la réalisation de leur collection, en collaboration avec son réseau d’artisans.

TOUCOULOR

UNE MARQUE ENGAGÉE, ENTRE PARIS ET L’AFRIQUE HUMAINE “À la recherche de mes origines, j’ai appelé l’Afrique. Je l’ai foulée de mes pieds, je me suis reconnue dans tant de femmes qui m’ont bousculée, heurtée, chamboulée. J’ai compris que si je n’étais pas d’ici, je ne serais jamais de là-bas. J’ai compris que l’être humain était un mouvement, une vague, une poussière dans le vent. J’ai compris que les frontières n’existaient pas, que les continents étaient éphémères, que ceux qui étaient là seraient un jour ailleurs, et avaient un jour été autre part. J’ai compris que la femme était universelle, qu’elle portait partout le même fardeau, et que je devais lui rendre hommage, où qu’elle soit, qui qu’elle soit, simplement humaine.”

Amoureuse des défilés de mode, des coupes travaillées et des 
détails depuis toujours, elle fait du stylisme son moyen d’expression.

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Insta : @toucoulor_paris Site web : www.toucoulor.com

VALEURS Engagée pour une mode éthique et inclusive, la marque 
Toucoulor défend des valeurs de transmission, de solidarité, d’authenticité et d’inclusion. Elle a à coeur l’idée d’une femme universelle qui sait voir au delà des différences pour explorer la sororité.
 Si Amy Lee a découvert en la femme africaine une force et une résilience à toute épreuve, elle est persuadée que cette force lie toutes les femmes entre elles, où qu’elles soient et d’où qu’elle viennent.



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HAMAH : @Hamahcouture | @Kokoh Ornaments

HAMAH HAMAH

Leto

HAMAH : @Hamahcouture | @Kokoh Ornaments

: @Hamahcouture | @Kokoh Ornaments

: @Hamahcouture | @Kokoh Ornaments


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HAMAH NEBKA ELIJAH UN CRÉATEUR MULTI-FACETTES

“Ma marque évoque le royaume Kongo [...] Ma source d’inspiration vient de l’art en général, la période de la France des Lumières, des grands artistes et peintres d’antan, mes présentations sont très tabloïd et sont un rappel aux mondanités et à la cour.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Mon nom est Elijah, Nebka Elijah. Je suis un Congolais, originaire de la République démocratique du Congo, âgé de 35 ans, issu de la diaspora francophone parisienne. Je suis un artiste chanteur et entrepreneur passionné d’art, créateur de bijoux et de vêtements ornementaux.

Vous êtes un artiste avec un grand « A », mêlant musique et mode avec aisance. Comment conjuguez-vous ces deux passions et quel pont faites-vous entre ces deux univers ? Selon moi, ces deux passions sont complémentaires. La musique est mon premier amour, elle exprime l’expression interne de mon être et la mode est un amour génétique. La pratique de ces arts m’a poussé à ma propre découverte. C’est pour moi le moyen de partager avec le monde.

Il se dégage une image de noblesse, voire de royauté dans vos visuels. Quelles sont vos sources d’inspiration ? Ma marque évoque le royaume Kongo et symbolise la diaspora qui renoue avec sa culture. Ma source d’inspiration vient de l’art en général, la période de la France des Lumières, des grands artistes et peintres d’antan, mes présentations sont très tabloïd et sont un rappel aux mondanités et à la cour.

Vous êtes donc ancré sur un positionnement plutôt haut de gamme ? Quelle est la tranche des prix ?

Quels sont vos projets de développement de la marque à court et moyen termes ? L’ouverture d’un magasin.

Comment se procurer vos pièces ? Nous sommes actuellement sur le développement de notre boutique en ligne qui verra le jour très prochainement. En attendant, vous pouvez nous retrouver sur nos réseaux sociaux où nous vous tiendrons informés. @HamaHcouture/Instagram @Nebkaelijah/Instagram

Vous êtes originaire du Kongo et voulez mettre un point d’honneur sur le « K ». Que cela représentet-il pour vous ? Cela représente un passé avec lequel il faut s’atteler car le “C“ n’était pas un choix.

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora qui va vous lire ? Renouez avec votre culture et n’hésitez pas à entreprendre car une nouvelle Afrique va naître de vos mains.

Si je vous dis le mot « Roots », que cela vous évoquet-il ? Cela m’évoque l’authenticité, le retour aux origines ainsi que la connection de la diaspora.

La tranche de prix se situe entre 90 et 500 euros.

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KISQUEYA

DES CRÉATEURS ENGAGÉS POUR HAÏTI “Issues de matières naturelles ou recyclées, chaque pièce est unique et entièrement réalisée à la main et en faveur des jeunes filles dans la prostitution en Haïti.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Marie-Michelle Legrand, la quarantaine passée, originaire du Sud d’Haïti mais je suis arrivée en France à mes 4 ans. Je suis Juriste en SIRH, diplômé d’un Master 2 droit social de l’université Panthéon-Sorbonne (Paris 1). Je suis aussi naturopathe par passion pour la nature et maman de deux enfants. Je suis co-fondatrice et désigner de l’association-marque de bijoux et accessoires d’inspiration solidaire, éthique et afro-caribéenne, KISQUEYA NATURE BIJOUX en faveur des mineures des rues d’Haïti. Pourquoi cette envie de créer une association-marque ? En 2009, lors d’une promenade en vacances en Haïti avec mon mari et ma fille, nous rencontrons une jeune fille orpheline de 14 ans, à la capitale de Port-au-Prince. Après s’être disputée avec la dame qui l’hébergeait, elle est jetée à la rue. Le motif de dispute est simple : l’adolescente refusait de continuer la prostitution. Il s’agissait en faite de prostitution pour payer son loyer et manger. Ainsi, encore mineure, elle fut contrainte de coucher avec des personnes pour participer économiquement à la vie de la maison. De ce fait, nous avons voulu l’aider et c’est ainsi, qu’elle va nous apprendre qu’elles sont plusieurs dans cette situation à Cité Soleil. Ma fille Amandine de 4 ans va nous proposer de

lui apprendre à faire des bijoux pour vivre. Je créais mes bijoux en autodidacte depuis mes 15 ans. C’est ainsi que va démarrer l’aventure KISQUEYA, un bijou pour sauver une jeune fille de la prostitution en Haïti. Haïti est un si beau pays qu’on le décrit comme « l’enfer au paradis » à cause de ses très dures conditions de vie. Que signifie « Kisqueya » ? Je cherchais un nom qui puisse à la fois représenter mon association, mes origines franco-taïno-haitienne et ma source d’inspiration. Le mot Kisqueya vient de la contraction du mot créole Kiskeya et du mot français Quisqueya qui est l’ancien nom Taïno (Arawak) d’authenticité originelle d’Haïti et de la République Dominicaine au temps des «Paradis des Indiens». Ayiti, Kiskeya Boyo signifie, en langue Arawak, Haïti terre montagneuse. Kisqueya Nature Bijoux est donc un mix de cultures et d’imaginaires, une synergie entre créateurs, artisans, et mission humanitaire.

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Décrivez-nous votre offre produit. Kisqueya Nature Bijoux est une boutique associative à caractère social, éthique et solidaire qui propose des accessoires de mode, des objets de décoration et des produits de beauté fabriqués par des créateurs en collaboration avec des artisans et nos jeunes filles d’Haïti. Nos collections se composent de bijoux de style roots, bohème, de haute fantaisie. Nous nous adressons aux femmes qui recherchent des bijoux de qualité, uniques, qu’elles pourront porter au quotidien pendant de nombreuses années.


Mode

Entre mes racines africaines et mon feuillage français, se dresse mon tronc haïtien” Nos créations de créateurs sont issues de matières naturelles ou recyclées, chaque pièce est unique et entièrement réalisée à la main et en faveur des jeunes filles dans la prostitution en Haïti. Kisqueya participe au développement économique et social des artisans en Haïti en transformant localement les matières premières dans le respect de l’environnement. Comment se procurer vos créations ? Nos créations sont disponibles sur notre site : www.kisqueya.com Ou à la boutique Ethniks concept store,18 rue Pierre Lescot 75001 Paris (Les Halles). Des nouvelles créations sont mises en ligne régulièrement. Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour rester informés des réassorts, des soldes et des ventes privées. De plus, nous vous offrons la livraison de vos bijoux. Et si vous vivez à Paris, nous serons ravies de vous rencontrer en boutique !

Originaire d’Haïti, qu’est-ce que ça représente pour vous ? Haïti, deux siècles de création artistique, soit un foisonnement créatif, un brassage culturel que l’Histoire a imposé à ma petite île d’Haïti. Le génocide des indiens Taïnos par les colons espagnols, l’occupation française et l’arrivée des esclaves africains dans les plantations, son indépendance en 1804 qui fait d’Haïti la première république noire libre du monde, et jusqu’à l’occupation américaine puis la dictature des Duvalier, sont autant de cicatrices – mais aussi d’influences artistiques… Mon île est ma principale source d’inspiration, je me définis toujours ainsi “Entre mes racines africaines et mon feuillage français, se dresse mon tronc haïtien”.

Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ? Kisqueya. « Roots », pour ma part, c’est être proche de la nature, être en alignement avec soi, ses ancêtres, un retour aux racines…


PHOTOGRAPHE VIANA PHOTOGRAPHY STYLISME DOLCE & GABBANA MAQUILLAGE KRISTEN DC MAKEUP


Danièle Sassou Nguesso

UNE ENTREPRENEURE SOCIALE DÉVOUÉE À :

La cause des femmes Sensible à la condition de la femme africaine, Danièle Sassou Nguesso a créé en 2015 la Fondation Sounga (qui signifie « aide » en lingala). Elle a pour ambition d’aller à la rencontre de ces femmes qui connaissent tous les jours des entraves à leur épanouissement, de les écouter, de leur donner la parole et de les aider à acquérir plus d’autonomie en leur offrant les moyens d’entreprendre grâce à des actions portant sur la formation et le microcrédit. Elle a aussi pour vocation de mettre en lumière
ces femmes qui ont réussi à dépasser les entraves sociétales et qui contribuent au développement du Congo par leurs efforts. Elles doivent devenir des modèles pour toutes les jeunes filles afin de porter la communauté féminine vers une émancipation effective. Pour se faire, la Fondation Sounga a fixé son développement autour de grands objectifs, qu’elle s’attèle à concrétiser autour de projets phares : Promouvoir l’autonomisation des femmes : Communiquer sur les modèles de réussite féminins (modélisation), au travers de la mise en place du premier incubateur d’entreprenariat féminin, « Sounga Nga », en République du Congo. La création d’un Label Genre Sounga : Des Focus groupes annuels : dont la tenue permet de faire un état des lieux annuel en terme de parité et de représentativité des femmes en République du Congo. Introduction et vulgarisation de la question des genres : grâce à la mise en place d’un ABCD de l’égalité pour éduquer et sensibiliser dès le plus jeune âge, à l’école primaire. Renforcer la corrélation entre la Société civile et l’Etat : Afin de susciter un véritable élan sur la question de la parité et les droits des femmes. Légiférer en faveur des femmes, porter leurs voix auprès des différentes institutions nationales et internationales, afin que leurs droits et leur rôle soient reconnus et protégés. Libérer le potentiel des femmes, au travers d’une Académie du Leadership Féminin, qui a pour objectif de développer le talent des femmes pour en faire des leaders au sein d’un réseau actif (la seconde édition a eu lieu à Pointe-Noire du 25 au 28 novembre 2021)

La cause des enfants Préalablement à sa fervente implication dans la cause de la femme et de la fille congolaise, Danièle Sassou Nguesso s’est impliquée auprès d’orphelins et d’enfants défavorisés du Congo, dans l’objectif d’améliorer leur quotidien. Ce combat, qu’elle mène depuis 2008 se matérialise au travers des actions réalisées par l’association caritative Le Petit Samaritain qui leur vient en aide à travers des dons de fournitures scolaires, de matériel médical, de vivres, de vêtements, de jouets, d’adduction en eau potable et de produits de première nécessité. Femme de vision, Danièle se dévoile sous un nouveau jour devant notre appareil, pour un shooting mode 100% Dolce & Gabbana. Editorial d’une femme moderne, engagée et sachant allier féminisime et féminité.

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GLOWING, SHINING, EMPOWERING.



Glowing



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Manteau & Bottes : DOLCE & GABBANA



Shining



Mode

Robe : DOLCE & GABBANA



Empowering



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Ensemble : DOLCE & GABBANA


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Adriana Lima

ANTOINE SCHMIDT

Diane Leto Kruger

Maria Borges

Mila Jovovich

Eva Longoria


ANTOINE SCHMIDT

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LA MODE, LA MODE, LA MODE

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Vos 3 expériences ou moments les plus marquants ?

Alors, je m’appelle Antoine Schmidt et j’ai 33 ans. Je suis né en Afrique, au Sénégal exactement, et je vis à Paris depuis ma naissance. Ça va faire bientôt 4 ans que je suis en freelance comme styliste pour les magazines ou les célébrités, ainsi que RP pour les marques. C’està-dire que je mets en relation les célébrités avec les marques, ou bien je fais de l’événementiel pour des lancements de produits ou encore des marques, en général.

Alors, ça aurait été le Festival de Cannes, où j’ai pu habiller quelques célébrités, notamment Eva Longoria. J’y ai participé plusieurs fois et je dirais que ça m’a vraiment marqué. J’ai également participé au Gala du Met, à New York. Cette expérience m’a réellement permis de passer à un stade supérieur. Par ailleurs, je pense que ça a boosté ma carrière au niveau des États-Unis puisque je reçois depuis pas mal de demandes qui y sont liées. J’en suis d’ailleurs très content. Une dernière expérience qui m’a véritablement marqué c’est la première fois que j’ai vu des célébrités qui me tiennent à cœur comme, par exemple, Beyoncé.

La mode, le luxe... Une vocation de toujours ? J’ai commencé à travailler dans la mode parce que ma mère m’a beaucoup appris, notamment des choses sur la mode, la couture, tout ça. J’ai été bercé par ça puisque ma grand-mère était aussi couturière. J’ai donc commencé le lycée avec option mode, à Albert de Mun, dans le 7e arrondissement. Ensuite, j’ai été chez MJM, donc une école sur le design, le graphisme, la mode et le stylisme. J’ai arrêté pour aller à la Chambre Syndicale de la Couture où j’ai fait 1 an. Par la suite, j’ai commencé à travailler en tant que stagiaire chez Be Magazine, pour le groupe Lagardère. C’était un tout jeune magazine à l’époque qui venait de sortir pour les 16-30 ans. J’étais assistant d’une rédactrice mode et beauté web. C’était un peu le début des réseaux sociaux ; Facebook, Instagram et tout ça, donc c’était plutôt sympa. Ensuite, j’ai quitté ce magazine pour le magazine Numéro. J’y suis resté 2 ans. Puis, j’ai décidé d’arrêter la presse parce que c’était un peu trop « Le Diable s’habille en Prada » pour moi. J’ai voulu aller directement chez les RP, donc j’ai commencé chez Roberto Cavalli. J’y suis resté 7 ans. Et voilà.

Votre état des lieux de la place des afropolitains dans l’univers du luxe actuel ? A mon avis, leur place est en train de prendre de plus en plus d’importance. On peut le voir, par exemple, chez Louis Vuitton avec Virgil Abloh ou bien avec Olivier Rousteing, chez Balmain. On a quand même placé à la tête de grosses maisons des personnes issues de communautés différentes et diverses. Après, je pense que c’est plus une question de talent plutôt que d’origines qui permet à une personne d’atteindre un certain niveau. Je suis tellement fier de voir Olivier Rousteing nous faire rêver depuis 10 ans maintenant ou encore de voir Virgil Abloh bousculer les codes d’une maison très traditionnelle comme Louis Vuitton. Je trouve ça génial et démonstratif des nouvelles générations qui arrivent et de leur besoin de diversité.

Une inspiration dont la carrière serait un modèle pour vous ? Mon modèle et mon inspiration ça serait Oprah Winfrey ou bien Michelle Obama. Mais je dirais plus Oprah Winfrey parce qu’elle est à mes yeux une personne qui véhicule de très belles valeurs. Elle a le goût du travail et n’a pas peur de se retrousser les manches. Au contraire, elle prône justement la réussite par le travail, ce qui est selon moi très important car c’est quelque chose qui aujourd’hui se perd.

Comment se fait-on une place dans ce milieu très fermé ?

Anna Wintour, sans hésitation. Pour le Vogue US et pour tout le groupe Condé Nast. C’est aussi une de mes idoles et je pense que j’ai beaucoup à apprendre d’elle. C’est une personne qui a su faire sa place pour des décennies et qui représente vraiment le luxe et la mode. De plus, elle déniche plus de 100 créateurs au monde par an.

Un conseil à une personne souhaitant évoluer et se développer dans ce secteur d’activité ? Il serait bon de ne jamais baisser les bras, de toujours se battre et ce avec le sourire.

Si je vous dis le mot ROOTS... Je répondrais Ethnic-Glamour.

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Eh bien, je commencerais par dire que je n’ai jamais eu peur d’y aller au culot. Je n’ai jamais eu peur de ne pas compter mes heures, parce qu’il est vrai qu’aujourd’hui beaucoup le font, ils réclament leurs week-ends, leurs vacances… Ça me paraît assez compliqué de vouloir réussir et se faire une place en ayant cette mentalité-là, surtout dans un secteur aussi concurrentiel. Je pense que c’est ce qui m’a véritablement permis de me faire une place. Et puis, j’ai un côté relationnel très développé, et ce depuis mon enfance. J’aime bien être entouré, je suis très sociable. Pour moi ce n’est pas du travail, c’est quelque chose de naturel disons.

Si vous aviez une baguette magique, quel(le) serait la maison de couture, l’établissement ou la personnalité avec qui vous aimeriez travailler ?


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They Glow

PHOTOGRAPHE AUDRAN SARZIER STYLISME PAROLE PARIS MAQUILLAGE ANJALI BEAUTY ARTIST KRISTEN DC MAKEUP HAWO MAKE UP BONNITA BEAUTY BY OUASSOU DY TOUCH COIFFURE WETSHI (Cantu) DIYA GOLDEN HAIR ICONES PARISIENNES

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Aïcha Ndaw

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Maquillage : Hawo MakUp & Beauty Coiffure : Diya GoldenHair

Veste : Toucoulor Paris


They Glow

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Instagram, SnapChat, TikTok, YouTube… ces réseaux sociaux ont changé nos modes de consommation de l’information. Aujourd’hui, nombre d’influenceurs peuvent même prétendre se substituer à certains médias spécialisés. Certaines sont devenues des sortes de mini gourous, suivies par des communautés d’aficionados du monde entier. Beauté, mode, humour, lifestyle, voici les principaux créneaux de prédilection de ces ambassadrices 2.0. Pour nos 10 ans, nous avons décidé de mettre en avant le « Black is beautiful » avec ce shooting intitulé THEY GLOW, réunissant 10 des plus impactantes figures afropolitaines sur le Gram. Leslie Lawson, douce et discrète, est une des chantres de la confiance en soi. Assumant fièrement ses formes et son éclatante chevelure afro, elle est devenue au fil des années l’une des chouchous des adeptes du mouvement « Nappy ». Aïcha Ndaw, bien que Parisienne, est une star dans son pays d’origine, le Sénégal. Cette étudiante en Fashion Design qui culmine à quasiment 1 million de followers sur IG, dont une grande majorité provient du pays de la terenga, se lance désormais dans le développement de sa marque de vêtements : Atelier Antaï, tout fraîchement créée. Au rayon mode, comment ne pas citer Eve Pamba ? Arrivant en seconde position de notre shooting - en termes de following (quasi 850K sur IG) - cette influenceuse, originaire du Congo Brazzaville, se distingue par son allure de mannequin, son lifestyle très mode et sa vie rythmée par les mondanités parisiennes. Et quand il est question de mode, Ophely Mezino n’est jamais bien loin. Avec sa silhouette de top model, notre miss Europe 2020 (2ème de miss Monde 2020) alimente ses feeds avec des styles très pointus, n’hésitant pas - au passage - à toujours valoriser son magnifique afro. Autre miss, autre profil : Justine Kamara. Révélée lors de l’élection miss France 2017 où elle terminera 4ème dauphine, Justine s’est distinguée à de nombreuses reprises. On l’a vu apparaître, notamment, lors du clip « Bébé » de MHD et Dadju, dans lequel elle occupe un rôle central. Aujourd’hui, c’est dans la peau d’une jeune femme entrepreneure dans le domaine de la beauté que nous la découvrons, avec la création de sa marque de maquillage Jolyka. Et ce n’est pas la seule à être présente sur le créneau de la beauté afro. C’est aussi le cas de Zara, propriétaire d’Aziliz Cosmetics. Originaire du Tchad, celle qui aime se considérer comme « La Cookie Lyon française » s’est forgée une solide communauté, raffolant de son franc-parler et de son lifestyle très « showbiz » parisien. Tout aussi entreprenante, la youtubeuse Pembe Cherole s’est orientée vers la commercialisation de faux-cils sous la griffe Pembeauty Lashes. Et, contrairement à ce que son « blase » pourrait présupposer, Lisa (de son vrai prénom) n’est pas Congolaise mais bien l’une des plus rayonnantes représentantes de Madagascar. Autre influenceuse reconvertie en business woman de la beauté, j’ai nommé Mary So.Kass, fondatrice de son institut de beauté The Beauty Lounge, situé à dans la ville du Havre. Une femme de caractère, au teint ébène sublime, qui séduit sa communauté par un contenu très éclectique, mêlant à la perfection mode, beauté et voyage. Et pour finir, Sarah Kpossa, la cadette du groupe, notre métisse Marocaine-centrafricaine est une des valeurs montantes. Mannequin et modèle, elle a su se distinguer en créant sa propre marque de cosmétique Kpossa Beauty qui lui a valu une affiche dans la ville qui ne dort jamais, New York, ainsi qu’une publication sur le site de Vogue China. Et tout ça à seulement 18 ans… Changement de registre avec Tata Osca. Espiègle et souvent déjantée, Oscarine a réussi à se faire une place au zénith des influenceuses par le biais de l’humour. Connue pour ses sketchs en ligne, elle aspire désormais à une carrière prometteuse de comédienne, après avoir déjà participé à quelques longs métrages. THEY GLOW !

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Leslie Lawson

Maquillage : Hawo MakUp & Beauty Coiffure : Wetshi (gagnante des Cantu Curls Awards 2020)

Robe : Nice Piece Vintage


Eve Pamba

Maquillage : By Ouassou Coiffure : Diya Golden Hair

Boucles d’Oreilles : Pour Toi Concept Store

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Ophely Mezino

Maquillage : Kristen DC make up Coiffure : Wetshi (gagnante des Cantu Curls Awards 2020)

Costume : Gregory Assad


Justine Kamara

Maquillage : Dy Touch Coiffure : Les icônes Parisiennes

Chemise : Gregory Assad

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Mary So.Kass

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Maquillage : Anjali Beauty Artist Coiffure : Diya Golden Hair

Top : Homolog Robe : Nice Piece Paris


Pembe Cherole

Maquillage : Bonnita Beauty Coiffure : Wetshi (gagnante des Cantu Curls Awards 2020)

Boucles d’oreille : Pour Toi Concpt Store Assad

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Tata Osca

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Maquillage : Ouassou Coiffure : Diya Golden Hair

Combinaison : Nice Piece Vintage Ceinture : Versace


Sarah Kpossa

Maquillage : Dy Touch Coiffure : Les icônes Parisiennes

Ensemble : Interdee Boucles d’oreille : Pour Toi Concept Store

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Zara Aziliz

Maquillage : Bonnita Beauty Coiffure : Diya Golden Hair

Veste : Interdee Pantalon : Nice Piece Vintage Col : Relance


D DI IY YA A G GO OL LD DE EN N H HA AI IR R

VOUS VOUS PRÉ PRÉ SESE N TE N TE SASA

COLLE COLLE WATERPROOF WATERPROOF

stripe stripe

LA LA1 ÈRE 1 ÈRECOLLE COLLECONÇU CONÇUPOUR POUR LES LESPEAUX PEAUXSENSIBLES SENSIBLES

Transparente Transparentesans sansodeur odeuretetfacile facileà à enlever. enlever.Longue Longuetenue tenueetetefficacité efficacité prouvée. prouvée.

D IDYA I YA GO GL OD LE DN EH NA HIARIR RR

D IDYA I YA GO GL OD LE DN E NH A HIARI R

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“ La collection est déclinée en 7 parures qui représentent les 7 dons pour atteindre la maturité spirituelle : la sagesse, l’intelligence, le conseil, le savoir, la dévotion, la force et l’humilité. ” Faites-nous une description technique du produit… C’est un produit unisexe, nous utilisons beaucoup d’argent et de temps en temps de l’or et du bronze. Nous travaillons aussi avec de nombreuses pierres et je compte revenir aux peaux exotiques pour les prochaines collections.

Quelle est la gamme de prix ?

Philippe Emmanuel Colomb

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Philippe Emmanuel Colomb. Je suis originaire de Côte d’Ivoire, j’ai 43 ans. Je suis spécialiste en stratégie marketing, styliste et créateur de la marque de bijoux éponyme : Emmanuel Colomb.

Quelle est la genèse de la marque ? J’ai commencé depuis New-York, dans les années 2000. La marque était sous le nom de Philippe Colomb. J’avais un showroom et je présentais de belles pièces avec des peaux exotiques : serpent, crocodile, zèbre... et travaillées à partir d’argent et d’or. Puis, je me suis dirigé vers la musique en ouvrant un label à Philadelphie. J’ai quelque peu perdu mon inspiration et je suis resté davantage focus dans l’univers musical. Mais, ces dernières années, je me suis reboosté et j’ai remis sur pied ce projet que j’ai depuis 10 ans : ma marque de bijoux.

Quel est le message derrière le produit ? Le but est de t’entraîner à t’élever spirituellement, en définissant les outils dont tu as besoin pour pouvoir atteindre cette maturité spirituelle. La collection est déclinée en 7 parures qui représentent les 7 dons pour atteindre cet éveil (la sagesse, l’intelligence, le conseil, le savoir, la dévotion, la force et l’humilité). Et c’est d’ailleurs pour cela que la collection s’appelle : AWAKENING (L’Éveil).

Nous sommes sur quelque chose de très accessible. Par exemple, une parure regroupant un collier, un bracelet et une bague revient à peu près à 600€.

Comment se procurer les produits ? Vous pouvez commander sur www.emmanuelcolomb.com

Que représente la Côte d’Ivoire ? C’est le plus beau pays d’Afrique de l’Ouest (rires) ! Le but de cette collection est aussi de participer à notre économie et pouvoir faire tourner l’argent entre les mains de mes frères. Je compte d’ailleurs créer une ONG qui viendrait spécifiquement en aide aux artisans bijoutiers de la Côte d’Ivoire.

Dans votre collection, retrouve-t-on des symboles de la culture ivoirienne ? Je suis moi-même Baoulé et il y a pas mal de poids Akan présents dans la collection. Mais je peux aussi prendre l’inspiration d’autres pays d’Afrique comme le Niger ou le Sénégal.

Le Niger est l’un des maîtres en la matière… Effectivement, le Niger et les Touaregs ont été ma toute première source d’inspiration. Lorsque je suis parti à Niamey, j’ai visité le musée national et c’est ce qui m’a poussé à vouloir créer des bijoux. Fez, Agadez… Chaque ville du Niger a sa propre collection de bijoux. Il s’agit en fait d’un ensemble de grandes familles qui assuraient la confection de ces bijoux marquant l’identité de leur région. Et j’ai été subjugué !

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Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? L’Afrique.


Photographe : Terence Hassen studios


GARY DOURDAN PHOTOGRAPHE VIANA PHOTOGRAPHY DIRECTION ARTISTIQUE / STYLISME MICHAEL KAMDEM / DOROTHÉE DUTHEIL MAQUILLAGE NADEEN MATEKY

Veste NEFER COUTURE


Gastron Mode

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Veste NEFER COUTURE


Tenue ALIA RAYANA BARE




Tenue ALPHADI



Cape KARIM TASSI


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KARINE ÉCOUÉ

FONDATRICE DE ELEYA MANAGEMENT Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Karine Écoué, 40 ans, je suis originaire du Togo et je suis agent artistique. Je suis la fondatrice de l’agence Eleya Management.

timidement leur place en pub Tv ou sur les catwalks. Ce mouvement doit s’amplifier et nous comptons y participer.

Pouvez-vous nous décrire votre catalogue actuel ? Revenons sur votre parcours professionnel ? Je suis issue d’un master en journalisme. J’ai eu à travailler dans différents secteurs : l’évènementiel, la production audiovisuelle... J’ai bossé également chez Next Management, une agence de mannequins à Paris. Lorsque j’étais dans cette agence, je me suis aperçue que tous les mannequins avaient le même profil. Il n’y avait pas de personnes qui pouvaient mettre une taille 38 ou un 40. En regardant les campagnes publicitaires, je me rendais compte que les personnes « lambda » n’étaient pas assez représentées. J’ai donc eu l’idée de créer ma propre agence pour permettre aux personnes qui sont body positive ou qui ont un profil atypique de pouvoir se présenter et faire des campagnes publicitaires. Cela fait un an. J’étais dans un stade de préparation et j’ai commencé à recruter les différents talents dans mon écurie depuis septembre 2020.

Quel est le champs d’actions de votre agence ? Mon écurie est constituée de mannequins, de modèles, de comédiens et de danseurs. C’est une agence de scouting et de management où nous développons la carrière de tous ces talents. Ce sont des personnes qu’on envoie en castings publicitaires ou pour des clips vidéos. On ne reste pas purement dans l’éditorial magazine ou dans le catwalk.

Quels sont les critères de sélection ? S’il s’agit d’un modèle, je vais me demander ce que la personne peut apporter visuellement, savoir si elle est bankable ou non. J’essaye de voir si c’est un profil qui va intéresser le marché. Si c’est le cas, tu viens dans l’agence, on développe ta carrière, on va te faire de belles photos et, selon la direction artistique choisie, mon managing partenaire (Philippe-Emmanuel Colomb) et moi serons là pour t’accompagner dans ton développement.

On est à l’heure de la promotion de la diversité, notamment dans les spots pub Tv. Est-ce un phénomène de mode ou quelque chose d’encré dans le temps ? Je pense qu’aujourd’hui c’est la place à la diversité. En France, cela reste timide en comparaison avec ce qui se fait dans les pays anglo-saxons. À l’international, on va parler d’inclusion ethnique. Aujourd’hui, en France, les Noirs commencent à trouver

J’ai des mannequins et modèles noirs typés Afros ou Caribéens, d’autres d’origine algérienne, caucasienne, asiatique, une modèle body positive, un mannequin métisse avec de sublimes tâches de rousseur… Nous avons vraiment tout type de profils !

Un message pour de potentiels futurs modèles ? Je ne veux pas faire de pub pour McDo, mais : « Venez comme vous êtes ! » Avec nos outils de travail, nous sommes là pour améliorer votre image, vous présenter de la meilleure manière sur le marché et vous faire bosser.

Un message pour de potentiels futurs clients ? Venez vers nous, nous avons une méthode de travail qui est nouvelle. Nous vous faisons gagner du temps et de l’argent en vous proposant des profils inattendus, formés, triés sur le volet et avec une véritable fraîcheur !

Votre champs d’action est la France ? Nous commençons avec l’Europe, la France en particulier, puisque c’est ici que nous sommes basés. Mais le but, à terme, est de ne pas rater la vague de l’Afrique. L’idéal serait d’avoir une antenne dans les capitales africaines et participer à l’essor de la mode et de l’entertainment, en général, sur le continent. Il faut aller sur place, faire des études de marché pour viser le bon pays, mais la première ville ciblée sera probablement Abidjan.

Que représente le Togo pour vous ? C’est la maison, c’est là d’où mes parents viennent, ce sont mes souvenirs de vacances… Le Togo, c’est moi, je ne sais pas comment l’expliquer. J’entends juste le mot « Togo », j’ai un sourire jusqu’aux oreilles (rires). Et même pourquoi pas ouvrir une antenne d’Eleya au Togo, un jour, si une industrie réussit à se mettre en place.

Si je vous dis le mot “Roots”, cela vous évoque quoi ? La terre mère : L’Afrique.


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Philippe-Emmanuel Colomb, managing partenaire & Karine Écoué, fondatrice de l’agence Eleya Management

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Bijoux : EMMANUEL COLOMB


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ROCK IN TOWN

PHOTOGRAPHE NESKO MANNEQUIN KELLY (chez Eleya Management) MAQUILLAGE HAWO MAKE UP STYLISME DERNIER KRI

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Bijoux : EMMANUEL COLOMB Pantalon en cuir : ANTON LEATHER



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Bijoux : EMMANUEL COLOMB



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Selector Homme

Loza Maleomboh BROWN SUGAR une mode équitable

Des collections culturellement éclectiques, 1. 2. ses silhouettes sont à la fois modernes mais aussi ethnique et tribale Loza Maleomboh est une créatrice qui ne cessera de nous surprendre. Ses vêtements mettent en exergue la qualité des tissus africains tels que le Kenté et le Bazin. Les pièces sont réalisées au Ghana et en Côte d’Ivoire, ce qui lui permet de créer des emplois Loza Maleomboh est née au Brésil et à grandit en Côte d’ivoire et aux Etats Unis, les différentes cultures qu’elle a connu influent 5. 4. sur ses créations. L’Afrique regorge de talents et de matériaux de qualité, Loza fait parti de ces personnes qui internationalise ces forces.

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1. Manteau HEVO 760 € 2. Montre GUCCI 900 € 3. Veste BY WALID 4560 € 4. Sac fourre-tout ORCIANI 695 € 5. Veste AND WENDER 560 € 6. Baskets AIR JORDAN 7 RETRO 200 € 7. Veston TAGLIATORE 295 € 8. Gants ETRO 340 € Une première collection à l’inspiration Touareg 9. Pull DRUMOHR 307 € 10. Baskets BUTTERO 365 € 10. Youmbi 11. BomberEva GIORGIO BRATO 1020 € 8.

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Une nouvelle collection plus géométriques et colorées

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“ C’est une marque qui n’est pas exclusive, on considère qu’on est tous Afro-descendants, première, deuxième et millième génération ! ” Comment définiriez-vous l’identité et l’ADN de votre marque ? Et pourquoi l’avoir créé ? J’ai fait de la musique et je disais que je voulais changer le monde. Je le chantais lors de concerts, mais, concrètement, rien ne changeait. Alors j’ai créé une première marque de produits biologiques issus du commerce équitable : “Best Ethic”, c’est d’ailleurs le nom de mon entreprise actuelle. Mon objectif était de mettre en acte mes paroles, d’investir dans des filières durables afin que chaque financement puisse servir à quelque chose de concret. CapK6255 est la continuité de la marque Best Ethic car le but est de donner du sens aux apparences. J’ai découvert via les afrocentristes que l’Afrique n’était pas représentée telle qu’elle devait l’être. J’ai donc eu la volonté de remettre l’Afrique à l’endroit et d’aller à l’envers des préjugés basés sur les notions de Nord et Sud.

Qu’entendez-vous par le fait que l’Afrique ne soit pas mise à la bonne place ? Photo : Didier Teurquetil

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Bonjour, je m’appelle AmonJaa MesuMaat, j’ai été baptisé Jérémy Daul. Je suis créateur de la marque CapK6255 qui propose des bijoux, casquettes, vêtements et accessoires qui remettent l’Afrique à l’endroit. J’ai 39 ans et je suis d’origine Martiniquaise, né à Paris ayant pour seule patrie la Terre et comme racines : l’Afrique.

Revenons sur la genèse de votre nom. Quand on étend votre nom et celui de votre marque, on imagine que vous avez dû être plongé dans l’univers de l’égyptologie ? Tout à fait. J’ai découvert cela très tard. Au départ, j’ai eu une éducation très classique puis, j’ai découvert l’Égypte antique qui m’a tout de suite passionné. Mais l’univers de la marque n’est pas seulement autour de l’Égypte antique, c’est plus large. L’objectif est universel, la marque s’adresse à toutes et tous. Il s’agit d’apprendre à déconstruire les conventions, à réapprendre l’Histoire et la Géographie, sans préjugés ni rapports de dominants et dominés en plaçant l’Afrique, là où elle doit être, au centre.

Je dis cela à tous les niveaux. La projection de Gérard Mercator (Géographe du XVème siècle, à l’origine de la projection cartographique de la Terre, que l’on a tous en tête) met l’Europe et plus largement l’Occident au-dessus et le reste du monde au Sud, en dessous. Cette projection ne reflète pas la réalité puisque les surfaces des différentes régions du monde sont fausses, l’Afrique est en réalité bien plus grande et l’Europe bien plus petite. A mon avis, un des objectifs de cette projection est clairement géopolitique, puisque les Européens eux-mêmes, lorsqu’ils sont arrivés d’Europe, en découvrant l’Afrique, ont vu en premier ce que l’on appelle aujourd’hui, l’Afrique du Nord, en arrivant par le Maroc et par l’Afrique de l’Ouest. Puis une fois rentrés chez eux, on peut imaginer qu’ils se sont installés devant leur ordinateur de l’époque (rires) puis on fait clique droit sur la souris pour “faire pivoter à droite” leur carte et se placer en haut… au centre (rires). C’est très simple. Dans l’univers, il n’y a ni haut, ni bas. C’est une question de projection, on peut voir les choses de différentes manières. Maintenant, par convention, on a tous appris que le Nord est en haut et le Sud est en bas. Or on sait très bien que dans toutes cultures, ce qui est en haut est sacré et valorisé et ce qui est en bas est plutôt dénigré.


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AmonJaa MesuMaat FONDATEUR DE CapK 6255 “ Remettre l’afrique à l’endroit et aller à l’envers des préjugés.” Donc, le fait de remettre l’Afrique à l’endroit et de remettre l’Afrique en haut avec une carte qui est à l’inverse de la carte qu’on nous enseigne, c’est l’idée de se projeter différemment. Mettre notre afro-descendance au centre des choses. CapK6255 est une marque inclusive, on considère qu’on est tous Afro-descendants, première, deuxième… millièmes générations...

Quelle serait votre utopie ? L’utopie devient réalité dès qu’on la pratique et qu’on la met en vie. Mon idéal, c’est le sankofa : apprendre du Passé pour créer l’Avenir. Pour moi, la Terre est un paradis et on est tous des petits dieux, dans le sens où l’on peut créer, on peut faire des choses extraordinaires. Mon utopie : c’est l’équité, pas seulement l’égalité; c’est le faire-ensemble… pour un intérêt commun, concret, durable, dans le respect des Hommes, de la vie et de l’environnement. Chacun, à notre echelle… devenons “conscientiseurs”.

Quand avez-vous lancé votre marque ? Je l’ai lancé en 6255, c’est pour cela que la marque s’appelle CapK6255. Selon le premier calendrier, nous sommes en 6258. Il y a des marques qui disent “since 1982…” je me suis dit qu’on allait reprendre un calendrier plus authentique. Encore une fois, c’est donner du sens aux apparences et là, ce ne sont pas seulement les apparences mais c’est appeler les choses par leur nom ; rappeler qu’il y a différents calendriers, différents… paradigmes. Notre slogan invite à changer de paradigme et c’est quelque chose qu’on veut faire concrètement. Cela devient impératif à l’heure où nous nous trouvons dans un paradigme capitaliste occidental qui a oxydé toutes les valeurs.

Pouvez-vous nous décliner la gamme de produits CapK ?

Comment faire pour se procurer vos produits ? Si vous voulez les toucher, les essayer, il y a la boutique Ethniks Paris, un Concept Store situé 18 rue Pierre Lescot (Paris 1er), métro Etienne Marcel ou Les Halles, à 2 pas du forum des Halles, avec une bonne ambiance et un esprit positif. Vous pouvez aussi directement commander via le site www.capk6255.com. Dès maintenant, suivez notre actualité sur les différents réseaux sociaux : Instagram, Tik Tok, Facebook ou LinkedIn en recherchant CapK6255.

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora ? La solution est écrite sur drapeau d’Haïti : “L’union fait la force”. À nous de l’appliquer en respect de nos ancêtres et tous ceux qui ont fait que nous sommes là où nous sommes aujourd’hui. Si on nous a tellement divisés, c’est parce qu’on est tellement fort. Je crois à la puissance de l’humanité et à sa source qui est l’Afrique. J’ai fait long mais je dirais : arrêtons de nous limiter et respectons ce que nous sommes.

Si je vous dis le mot « ROOTS », cela vous évoque quoi ? Je pense à la phrase de Toussaint Louverture que je ne vais pas citer de manière exacte mais qui dit : “En me faisant tomber, ils ont coupé l’arbre de la liberté mais ses racines sont profondes et nombreuses ; il repoussera”. C’est le sens que j’en garde. Ce sont nos racines à toutes et tous, on ne peut pas se construire ou être solide, si on ne connaît pas ses racines, si on n’en est pas fier et si on ne les entretient pas.

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On propose des casquettes : baseball, snapback, style hip-hop, des dock hats ainsi que des bonnets. Nous voulons remplacer “NY” sur les têtes et casquettes. On est tous Afro-descendants donc on peut porter quelque chose qui nous ressemble vraiment. Il y a aussi des pendentifs et des boucles d’oreilles, c’est une entreprise que je développe avec ma femme et c’est elle qui a eu

cette idée brillante de faire des bijoux. Bientôt, il y a aussi sacs, des sweats, des t-shirts et des polos. Actuellement, nous sommes à la recherche de partenaires financiers, de mécènes… parce que c’est un projet que l’on veut développer à l’échelle internationale et de manière durable. Nous allons créer de la richesse, des emplois, mais aussi réaliser des opérations concrètes sur le terrain, en Afrique en priorité, en Haïti bien sûr et dans tout le monde afro-descendant.


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Selector Homme

Loza BLACKMaleomboh STREET by us une mode équitable

Des collections culturellement éclectiques, ses silhouettes sont à la fois modernes mais 2. aussi ethnique et tribale Loza Maleomboh est une créatrice qui ne cessera de nous surprendre. Ses vêtements mettent en exergue la qualité des tissus africains tels que le Kenté et le Bazin. Les pièces sont réalisées au Ghana et en Côte d’Ivoire, ce qui lui permet de créer des emplois Loza Maleomboh est née au Brésil et à grandit en Côte d’ivoire et aux Etats Unis, les différentes cultures qu’elle a connu influent 3. 1. sur ses créations. L’Afrique regorge de talents et de matériaux de qualité, Loza fait parti de ces personnes qui internationalise ces forces.

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1. Veste FRENCH DEAL 4900 € 2. Sneaker JORDAN 11 Retro 220-260€ 3. Hoodie DAOMEY 69,90 € 4-5. Veste OFF-WHITE 925 € 6. Survêtement SEAN JOHN 79 € 7. T-shirt “Zaïre” MELANIN VIBES 29,90 € 8. Sneaker GOYA 235 € 9. Parka ALEXANDRO FRATELLI 590 € Une première collection à l’inspiration Touareg

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Une nouvelle collection plus géométriques et colorées

Eva Youmbi 8.

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Tanieu Couture, La fondatrice


Beauté

CABELEIRA BARBERSHOP LE CONCEPT STORE À L’ADN PANAFRICAIN

“Vous y retrouverez des livres sur des grands auteurs de la diaspora, sur le panafricanisme, sur le développement personnel...” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Nelson, j’ai 35 ans, je suis originaire du CapVert. Depuis le printemps 2021, je suis le co-fondateur avec mon frère Helton, 25ans, de Cabeleira Barbershop & ConceptStore. Le salon est situé au 167 Avenue de Flandre, Paris 19ème. Il nous était important de contribuer au développement de cet arrondissement car nous y avons grandi. D’où vous est venue l’idée d’un barbershop ? Tout part d’un voyage à Los Angeles. Là-bas, j’ai fait la découverte d’un barber qui était différent, avec une âme et une déco incroyable. Les erreurs du passé m’ont par la suite mené à une incarcération et j’ai abandonné le projet tout en le gardant à l’esprit. Avec le temps, nous nous sommes aperçus qu’en dehors du cercle familial, notre barbier ou coiffeur est celui à qui l’on se confie le plus, nous nous sommes dit qu’un barbershop n’était pas juste un lieu de coiffure, mais un lieu de vie.

Cabeleira est un concept store mixte, puisque juste à côté du barbershop, vous avez également un espace dédié à la beauté féminine… On y propose de la coiffure, manucure-pédicure, soins du visage et un service de la beauté du regard. Au-delà d’un service barbershop classique, nous avons également une personne qui s’occupe de la coiffure et de l’entretien des dreadlocks.

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Pouvez-vous nous décrire Cabeleira Barbershop et Concept Store ? Nous avons créé un barbershop et un espace d’attente complet. Cette salle est importante car dans tout salon de coiffure il arrive qu’il y ait de l’attente. L’idée était de proposer des boissons, des encas et ainsi permettre aux personnes d’échanger et créer du contact. Dans la plupart des barbers, on trouve malheureusement des consoles de jeux, ce qui n’aide pas les plus jeunes. Afin de rendre service à la communauté que nous estimons en retard, nous avons décidé d’installer une bibliothèque multiculturelle ainsi que des jeux d’échecs. On y trouve des livres sur des grands auteurs de la diaspora, sur le panafricanisme et sur le développement personnel...

Beaucoup de livres sont des ouvrages que je lisais quand j’étais incarcéré et qui m’ont permis de m’élever. Lors de mon incarcération, l’objectif était de rentabiliser le temps perdu, j’ai obtenu mon Baccalauréat, j’ai appris l’espagnol et à jouer aux échecs. Aujourd’hui, mon projet est de développer l’amour de la lecture aux plus jeunes et les orienter vers une voie d’apprentissage, d’émancipation et d’excellence. Le constat est tel que très peu de jeunes ont pu manipuler des livres quotidiennement dès leur plus jeune âge et c’est cela qui favorise l’intérêt pour la lecture prononcé. Alors si j’arrivais à aiguiller ne serait-ce que 2 petits chaque mois, ce serait une énorme victoire ! Au-delà de la bibliothèque, on propose également des cours d’échecs les dimanches, afin d’affiner pour nos jeunes joueurs l’esprit de réflexion, de concentration et de confiance en soi. Pour une personne qui doute de ses capacités ou qui est repliée sur elle-même, c’est une excellente thérapie !


Beauté

“ Nous avons un beau lieu, spacieux et notre but est de redonner à la communauté. Le principe, c’est vivre et aider. ”

C’est aussi un lieu à l’ADN profondément panafricain... Cabeleira est un lieu de vie pour la diaspora où sont proposés tout type d’évènements. Nous organiserons bientôt du coaching, mais aussi des cours de langues africaines et d’anglais, ce sont des langues à maitriser dans la société actuelle... Le projet est de créer de la solidarité. Je te donne un exemple : Tu connais un auto-entrepreneur qui fait des pâtisseries mais qui n’a pas forcément d’endroit où proposer ses créations, Cabeleira peut être cet endroit. Nous avons un beau lieu, spacieux et notre but est de redonner à la communauté. Le principe, c’est vivre et aider.

Si vous aviez un conseil à donner à un futur entrepreneur ? Aiguisez vos lames ! Si on veut s’attaquer à un marché et qu’on manque de compétences, n’hésitez pas à vous former ! Il ne faut pas non plus avoir peur de voir les choses en grand. Quand nous avons créé cet établissement, il était important pour nous que la communauté soit fière du lieu.

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Je pense évidemment à Kunta Kinté ! Au devoir de mémoire, retour aux sources et à contribuer au développement du continent africain.

Quel est votre lien avec le Cap-Vert ? Quand je suis sorti de prison, après 4 ans, j’étais un peu perdu. Mon frére Helton et moi sommes partis au Cap-Vert pour nous ressourcer et nous avons fait le tour des îles. Comme on dit, lorsque tu ne sais pas où tu vas, rappelle-toi d’où tu viens. Le Cap Vert est rempli d’Histoire, c’est un carrefour entre l’Amérique, l’Afrique et l’Europe. C’était notamment le comptoir de l’Afrique pour les colons qui s’en servaient pour dispatcher les esclaves en Amérique du Sud ou dans les Caraïbes. Toujours est-il que ce voyage m’a totalement boosté ! Dans le futur, nous avons pour projet de créer une entreprise au Cap-Vert, sur l’île Santiago qui est l’île natale des nos parents. Le Cap-Vert est une archipel composé de dix îles dont les plus emblématiques sont Sao Vicente, connue pour la fête avec ses nombreux festivals, l’île de Santo Antao réputée pour ses belles randonnées, c’est d’ailleurs une île où se rendent de nombreux Français. Sur les îles de Boavista et Sal, on y pratique beaucoup de sport nautique. En résumé, il y a de quoi faire ! Instagram : cabeleira.barber 167 avenue de Flandre, 75019 Paris 10H - 20 H

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LACE WIG HAUT DE GAMME

91 rue Saint-Honoré - 75001 Paris Contact : ezinris.beauty@gmail.com

@ezinris.beauty


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EZINRIS

LA BEAUTÉ PREMIUM

Rendez-vous parisien avec Rose, la jeune femme derrière Ezinris, le beauty concept niché dans la mythique rue SaintHonoré, spécialisé dans les lace wigs, et qui a su s’imposer comme l’une des références auprès d’une clientèle haut de gamme et à l’exigence de qualité.

PHOTOGRAPHE HOMAYOUN STYLISME NAOMI DADO MAQUILLAGE ADAM’S MAKE UP LIEU HÔTEL RENAISANCE VENDÔME


Beauté

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Top : STUDIO TANTINE Jupe : CHELSEA GRAYS


Beauté

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Top : CHELSEA GRAYS


Beauté

MAISON EZINRIS LA BEAUTÉ PREMIUM

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Rose, 30 ans, d’origine camerounaise, créatrice et fondatrice de la maison Ezinris. Perruquière, Coiffeuse / Visagiste mais aussi consultante en création d’entreprise.

Depuis votre installation rue Saint-Honoré, vous en avez fait du chemin, avec l’ouverture d’une seconde boutique et la déclinaison de produits dérivés. Pouvez-nous décrire l’offre complète d’Ezinris Beauty ? Ezinris beauty est, aujourd’hui, une des composantes de la maison Ezinris. Au sein de notre activité, tous nos services s’orientent autour des extensions capillaires naturelles (cheveux humains). En clair, nous confectionnons et réalisons (parfois) la pose et le coiffage de vos perruques. Grâce à Ezinris Beauty, nous donnons vie à vos projets capillaires sans dénaturer votre cheveu. Vous avez le choix de vous réinventer à l’infini, passant du court au long, du blond au foncé, en un instant. Nous donnons l’opportunité aux femmes de s’affirmer et de reprendre confiance en elle, au travers de leur image, grâce aux extensions capillaires. Afin de répondre à l’ensemble de notre clientèle, nous disposons également d’un service pressing (remise à neuf ) pour garantir la longévité de vos achats.

Comment décrirez-vous la femme Ezinris en 3 mots ? Élégante – Audacieuse – Pétillante.

Je vous donne une baguette magique, qui serait la personnalité parfaite pour incarner Ezinris et pourquoi ? Moi. Ezinris, c’est moi, c’est la manifestation d’un rêve qui est devenu un projet de vie, qui est, aujourd’hui, palpable et concret. Ezinris représente l’histoire de ma vingtaine, c’est une jeune femme de 19 ans qui tombe amoureuse des extensions capillaires et qui, 5 ans plus tard, se lance dans l’entrepreneuriat et se consacre pleinement au développement de ses produits.

Très présente sur les réseaux sociaux, on vous a vu en tournée africaine (Abidjan, Kinshasa...) avec votre crew de femmes et amies entrepreneures. Quel bilan en tirez-vous ? Le bilan que j’en tire est que « L’union fait la force ». Deuxièmement, le continent africain, il ne faut pas y être demain, mais maintenant !

Et que représente le Cameroun, votre pays d’origine ? Y avez-vous des projets à termes ? C’est mon pays, il a une place privilégiée dans mon cœur. Et oui ! La prochaine boutique Ezinris verra le jour à Douala, en 2022, restez connectés !

Il s’agira d’une édition spéciale Boss Lady, si vous aviez un message à destination des femmes de la diaspora ? Le message serait le suivant : N’aie pas peur ! Lance-toi ! Il y a beaucoup plus d’opportunités que de menaces.

Quels sont vos prochains défis et que peut-on vous souhaiter pour clôturer l’année 2021 ? L’année 2020 a été ponctuée par deux événements majeurs pour Ezinris : L’ouverture de l’Academy Ezinris avec la première MasterClass et également le lancement du premier accessoire, notre fer à boucler. Les prochains défis sont variés mais nous concentrerons notre énergie au développement des autres divisions de la maison Ezinris pour répondre à l’entièreté des besoins de toute notre clientèle, notamment avec l’arrivée de nos prothèses médicales. Sinon, vous pouvez me souhaiter santé et longue vie (rires).

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Ne jamais oublier d’où l’on vient et qui on est.

On vous sait très croyante, est-ce cette force qui vous porte au quotidien dans votre aventure entrepreneuriale ? Oui complétement, ma foi me porte tous les jours. Ma vision me permet, face aux challenges, de me dépasser. Et me rappelle, à chaque fois, le « Pourquoi » j’ai commencé.

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Sac : ELIE KUAME


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Total look : IMPARFAIT


Beauté

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Robe : HOMOLOG PARIS

Photographe : YANN MEGNANE



Beauté

LE BAIN DE CLÉOPÂTRE UN SOIN RAJEUNISSANT

Connue comme étant une sorte de gourou de beauté, Cléopâtre a utilisé plusieurs rituels pour la peau. Ces derniers sont inscrits sur un papyrus composé de multiples recettes de soins appelé le Kosmètikon de Kléopatra. D’après les chercheurs, il semblerait que tout ait été écrit par la reine, mais rien n’est sûr. En effet, il est aussi possible qu’un individu l’ait nommé de la sorte afin de bénéficier de la renommée de Cléopâtre.

Que contient réellement le Kosmètikon ? De son supposé démaquillant à l’huile de ricin à son bain au lait d’ânesse en passant par son maquillage, certains affirment qu’il n’y aurait rien de tout cela dans les fragments restants du Kosmètikon. Mais voici malgré tout les produits actifs qu’elle utilisait réellement, qui fonctionnent et qu’on emploie toujours : l’argile blanche pour nettoyer les cheveux, l’huile de myrte pour les faire pousser et la noix de galle pour les teindre en noir.

Ce lait a énormément de vertus. Composé de sels minéraux, il nettoie en profondeur et supprime les peaux mortes. Hydratant et rajeunissant, il nourrie la peau et estompe les rides du visage. Riche en acides gras, il couvre la peau d’un film soyeux et lui apporte de l’éclat. La présence de vitamines essentielles dans le lait d’ânesse protège et apaise les peaux sensibles et allergiques.

A faire chez soi

Lait d’ânesse : Un soin légendaire Un mythe ou une réalité ? De ces rituels beauté qu’on lui prête, un en particulier fait fantasmer et a la rumeur tenace : Cléopâtre prenait des bains à base de lait d’ânesses. Cette pratique était courante chez les femmes romaines contemporaines de la reine d’Egypte. Celle-ci l’aurait introduite dans sa routine beauté après avoir passé deux ans à Rome. La légende raconte que Cléopâtre possédait un troupeau de 700 ânesses pour ses soins.

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Nicky Kabeya

Maintenant que vous connaissez tous les bienfaits du bain de Cléopâtre, pourquoi ne pas le réaliser chez vous ? A défaut de ne pas posséder d’ânesse à la maison, vous pouvez vous procurer son lait sur les sites amazon.fr et naturanecometics.com . Sinon, vous pouvez tenter l’expérience avec du lait en poudre à infuser dans l’eau chaude de votre bain. Il est possible d’y ajouter du miel, des pétales de roses, des herbes comme le romarin ou encore les huiles essentielles de votre choix. Ce rituel de beauté enfin révélé, c’est à vous de jouer !


NOUVEAU NOUVEAU NOUVEAU EFFI EFFI EFFI CACI CACI CACI TÉTÉTÉ VIVI SIVI SI B LSI BELBL EE

DÈS DÈS 4DÈS SEMAINES* 4 SEMAINES* 4 SEMAINES*

Enfin Enfin Enfinvotre votre votreregard regard regard sans sans sansl’ombre l’ombre l’ombred’un d’un d’uncerne cerne cerne

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Beauté

Photo : Didier Teurquetil

“ Nuhanciam est présente dans une trentaine de pays, du Pérou au Vietnam, des Caraïbes au Sénégal. ”

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MURIEL BERRADIA

Beauté

FONDATRICE DE NUHANCIAM

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Muriel Berradia, je suis d’origine indienne et j’ai fondé la marque Nuhanciam pour offrir l’excellence cosmétique à toutes les nuances de peaux mates à foncées. Nuhanciam existe depuis dix ans maintenant, elle est distribuée en pharmacie et sur notre site internet, en France et à l’international.

maintient une hydratation 8h. Elle a obtenu le NHA Prize du Meilleur Hydratant Visage 2019 ! Nous n’oublions pas les soins du corps en apportant un maximum d’hydratation dès la douche. Notre Soin Corps Extrême et notre Huile Soin Métamorphose sont plébiscités pour leur efficacité et leur sensorialité merveilleuse !

Quel est le secret de votre pérennité ? Nous avons vécu les débuts de la marque Nuhanciam. Si vous deviez nous faire une rétrospective de son évolution, dix ans après ? Nous avons démarré avec un rituel beauté de trois produits. Avec mon associé Jocelyn Bariteau, nous avons commencé par démarcher les pharmacies en Île-de-France avant de travailler avec une plateforme logistique et des sous-traitants commerciaux jusqu’à finalement embaucher notre propre équipe commerciale. Chaque année, nous avons augmenté notre référencement en lançant de nouveaux produits. En 2020, Nuhanciam affiche dix-sept soins, dont une reformulation de notre soin phare, le Sérum Anti-Taches. Dans le développement constant de Nuhanciam, nous avons voulu être immédiatement multicanal et travailler avec plusieurs réseaux de distribution en France, mais aussi à l’export. Nous avons aussi eu la chance de faire de belles rencontres, dont certaines font désormais partie de notre comité de direction. Il s’agit principalement d’anciens collaborateurs du groupe L’Oréal et leur contribution est toujours précieuse pour monter les stratégies de l’entreprise et réfléchir à son développement. Aujourd’hui, Nuhanciam est présente dans une trentaine de pays, du Pérou au Vietnam, des Caraïbes au Sénégal.

La qualité de nos produits plaît énormément aux femmes et nous allons sans cesse à la rencontre de leurs besoins. Elles se sentent en confiance car nous prenons en considération l’intégralité des spécificités de leur peau. Elles ressentent aussi une grande sécurité avec nos formules made in France, rigoureusement testées sous contrôle dermatologique. Mais au-delà de la satisfaction de nos clientes, je dirais aussi que notre bonne gestion de l’entreprise nous permet d’être structurés, organisés et de tenir le cap !

Quelle est votre stratégie Afrique et Caraïbes ? Nuhanciam était déjà présente en Guadeloupe, Martinique et Guyane via le réseau de Nocibé, un de nos premiers clients. Depuis, nous sommes référencés dans de nombreuses pharmacies des Caraïbes francophones. En ce qui concerne l’Afrique, des personnes viennent à notre rencontre et nous proposent de distribuer la marque dans différents pays. Nous sommes en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon en Afrique du sud et nous étudions de nouvelles opportunités. Ce que nous recherchons est simple : des distributeurs, une structure, des acteurs capables de gérer toute la partie commerciale en introduisant les produits auprès des pharmacies et de communiquer sur la marque, en local.

Décrivez-nous votre gamme actuelle...

Décrivez-nous la femme Nuhanciam, en trois mots...

Notre gamme couvre tous les besoins des peaux mates à foncées : l’unification et l’éclat du teint avec des soins pour le nettoyage du visage, l’hydratation et la matité de la peau ainsi que des soins correcteurs pour lutter précisément contre les taches pigmentaires, le problème n°1 des peaux mates à foncées. Nous proposons, outre notre Sérum Anti-Taches phare, un Contour des Yeux, un Eclaircissant Cernes et Anti-poches. Autre problème majeur des peaux mates à foncées : l’excès de sébum. Nous y répondons par une gamme spécifique avec là aussi un rituel complet comprenant un nettoyant purifiant, un correcteur et une émulsion anti-imperfections. Pour répondre au véritable défi d’hydratation que posent les peaux mates à foncées, nous avons lancé en 2019, la Crème Hydra Intense, une crème visage à base d’aloe vera et d’acide hyaluronique qui

Urbaine, experte et férue de cosmétique !

Un message aux femmes qui vous liront ? N’ayez pas peur d’entreprendre ! Lancez-vous, faites-vous confiance et soyez passionnées. Il y aura des moments d’incertitude mais cela ne doit pas freiner votre envie.

Que peut-on vous souhaiter pour cette année 2022 ? Que nous continuions à séduire les femmes et à nous implanter partout dans le monde !

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Je pense à mes origines et à ma famille car ce sont mes racines. Je pense également à votre magazine que j’ai connu dès les débuts et qui fêtera bientôt ses 10 ans comme Nuhanciam !


Beauté

TOULOUCOUNA

L’HUILE MIRACULEUSE

D’après une légende populaire, la production de l’huile de Touloucouna est uniquement attribuée aux femmes ménopausées n’ayant pas commis d’adultère. Dans un article du Senegal Export, on explique que « la vertu intacte de ces épouses donne une valeur mystique à cette huile qu’on ne trouve qu’eN petite quantité sur le territoire ». Ce territoire, c’est celui de Casamance qui est une région au sud du Sénégal. Le Touloucouna, également appelé Carapa procera en latin, est un arbre de la famille des Méliacées. D’origine de l’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, on le retrouve aussi en Amérique du Sud, au Brésil et en Guyane. Et, selon ces territoires, il porte un nom différent. En Amazonie, c’est Andiroba. En Côte d’ivoire, c’est Alla ou Dona. De cet arbre haut d’environ 30 mètres, on va collecter les fruits pour en extraire l’huile.

Les bienfaits A la fois utile dans la pharmacopée que dans le cosmétique, l’huile de Touloucouna possède énormément de propriétés. Riche en acides gras, elle hydrate les peaux sèches et rugueuses. Elle assouplie l’épiderme et enlève les crevasses sur les talons. C’est un très bon soin pour lutter contre l’eczéma, le psoriasis et la dartre. Composée de vitamines E, elle protège des dommages causés par les rayons du soleil et apporte de la résistance et de l’élasticité. De plus, l’huile de Touloucouna est anti-inflammatoire, antiseptique et anticellulite.

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Nicky Kabeya

Concernant les cheveux, elle adoucie et purifie le cuir chevelu, empêche la formation des champignons provoquant les pellicules, apporte force et souplesse, et fait briller les cheveux. Enfin, c’est un produit efficace contre les moustiques si on le mélange avec l’huile de neem et l’huile essentielle de citronnelle.

Quelques recettes à réaliser Associée à d’autres ingrédients, l’huile de Touloucouna se révèle être un élément important dans vos soins. Voici quelques recettes : - Pour les peaux sèches : mélangez 5 cs d’huile de Touloucouna et 4 cs de beurre de Karité. Faites chauffer la mixture puis laisser reposer avant de fouetter. Vous obtiendrez un mélange fondant à appliquer sur votre peau. 
 - Pour les cheveux : mélangez à quantité égale du beurre de Karité, du beurre de Mangue et de l’huile de Touloucouna. Comme la recette précédente, faites fondre puis laisser reposer. 
 - Contre l’acné : versez 2 cuillères d’huile de Nigelle, un peu de beurre de Kombo fondu et 50ml d’huile de Touloucouna dans un récipient de 100ml. Appliquez le mélange en massant longuement sur votre peau en évitant le contour des yeux.


PARIS


Beauté

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Beauté

DYNO AKINDES

L’UN DES MEILLEURS PINCEAUX DE PARIS La rencontre entre Passion et Professionnalisme Fort de plus de 10 ans d’expériences dans l’univers de la beauté, Dyno Akindes exerce son activité à travers le monde (Europe, Afrique, USA, et bien d’autres). C’est à travers plusieurs figures, de tout horizon, qu’il marque son empreinte à l’échelle internationale. Par son maquillage, il traduit le ton et l’expression intérieure d’une femme. Sa passion, sublimer la femme et la voir gagner en confiance. Il joue de sa maîtrise des textures et des couleurs, pour créer des oeuvres prodigieuses et revetire l’allure de la femme. Il souligne le caractère de chaque figure, en apportant de la finesse dans les traits pour donner un résultat de fraîcheur et de clarté. Sa vision l’art du maquillage est révélateur de beauté et de pureté. Chaque femme est une source d’inspiration. Son savoir-faire est ancré aux racines de son esprit créatif qu’il applique avec précision dans chaque démonstration. Son objectif, mettre à la portée des femmes l’art de savoir se sublimer, et de révéler leur beauté unique.

Une vision de la beauté à 360° Le concept DY Touch s’oriente autour de 3 axes d’excellence en maquillage qui couvrent la vision globale de l’univers de la beauté entre la pratique, la transmission de savoir-faire et la création d’accessoires de maquillage.

La mise en beauté DY Touch DY Touch réalise des mises en beauté en proposant un maquillage solennel pour sublimer la femme au quotidien, un maquillage traditionnel pour toutes les célébrations et les grands événements et enfin un maquillage artistique pour la promotion de certaines célébrités et de modèles (couverture d’album, maquillage de scène, shooting photo et tournage, défilés de mode). Au sein de la DY Touch Academy, il transmet son savoir-faire auprès des particuliers qui souhaitent découvrir les techniques du maquillage. Il forme également des semi-professionnels et des professionnels afin de compléter leurs compétences. Ainsi, le programme de formation de la DY Touch Academy s’adapte à différents niveaux liant théorie, travaux pratiques et tests de technicité. La boutique DY Touch est l’univers dans lequel Dyno Akindes s’applique à la création d’accessoires de maquillage et de produits cosmétiques qui soulgnent la signature DY Touch. Pour un rendu et une finition professionnelle évitant les défauts de la mise en beauté, DY Touch a créée des pinceaux de maquillage professionnelles, et des produits cosmétiques garantie de qualité et haut de gamme. Ce kit est composé de 22 pinceaux utilisables pour les débutants, professionnels et particuliers. Pour la beauté du regard, DY Touch produit ses propres faux cils en fibre synthétique de haute qualité et prend le temps de former chaque client à la pause. Avec les cils DY Touch, l’effet est instantané et crée un regard envoûtant de jour comme de nuit. La gamme de fond de teint Dy Touch s’adapte à toutes les carnations de peau. Sa formule fluide, fraîche et légère, offre une couvrance modulable, et une tenue remarquable, pour un résultat invisible sur la peau. Enrichi en actif hypoallergénique et non comédogène,cette gamme hydrate et sublime le teint naturellement. Cette vision du maquillage fait de DY Touch un maquillage hors paire, qui réinvente l’interprétation de la beauté qui part de l’intérieur et qui jaillit à l’extérieur.

Découvrez tout l’univers de la beauté de DY Touch sur www.dy-touch.com

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Beauté

LES MUMUILAS Les malheurs d’Ija Secrets de beauté

Allo?!

POUR LA PETITE HISTOIRE

Les Mumuilas, à l’origine du motif Samakaka (cf page 68), sont un peuple semi-nomade faisant partie du sous-groupe ethnique des Nyaneka-Humbé. Généralement, on les retrouve au sud de l’Angola, le long de la rivière Caculovar. Les Mumuilas, aussi appelés Mwila ou Mwela, sont l’un des premiers peuples bantus et se seraient installés en Angola aux alentours du XVIIème siècle pour fuire une sécheresse de leur terre originelle. Ils vivent majoritairement de l’agriculture et cultivent des denrées alimentaires comme le maïs, la volaille, les chèvres, du bétail ou encore du miel. La tribu est largement réputée pour ses coiffures, la manière dont ils ornent leurs corps de bijoux ou encore leurs tenues traditionnelles, notamment celles en Samakaka.

Francesca

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Ah la joie des coiffures protectrices, la liberté, la fainéantise enfin assumée, la tranquillité pour trois semaines voire plus si affinités... Plus oui, car s’il n’est pas conseillé de garder un tissage ou des tresses plus de trois semaines, certaines sont tentées de laisser passer la date de péremption, à leurs risques et périls. UN PEUPLE FIER Les Mumuilas sont décrits comme peuple très fiern’êtes et faroucheSi vous suivez mesun aventures, vous pas sans ment attaché à savoir leur culture, c’est d’ailleurs cesequ’ils dégagent à qu’au Bureau, des clans livrent une guerre travers leurs tenues et coiffures traditionnelles. En effet, le peuple sans merci. Et depuis l’histoire de La Cage Aux Mumuila et plus particulièrement les femmes sont réputés pour Poules, c’est pire encore ( www.lmija.com) .Comme leurs coiffures hors du commun. La plus!connue ? Celle à base de terre rouge. La technique est d’ajouter bien rodée, l’aide d’une pâte faite quoi, il suffit unàhomme à l’histoire, pour de pierres rouges concassées nommée « Oncula », les femmes tout mettre à feu et à sang. s’enduisent les cheveux et stylisent leurs coiffures à leur guise. Les poules, mes collègues, ont jeté leurs oeufs sur le Perles, fils, laines, coquilles de cauris ou encore aliments séchés, baspour côté pour aller seMumuila. frotter aux dindes du premier rien n’est trop beau les femmes Elles s’inventent et se réinventent, passent et s’expriment grâce àla leurs étage, des sousmessages l’oeil victorieux de Satanas, plus coiffures. Par exemple, faire raser le frontque est je considéré comgrande se amatrice de volaille connaisse. Non me un signe de beauté et se faire des nontombis (dreadlocks) par contentes de se brûler les ailes à chaque passage trois au lieu des quatre ou six récurrentes, signifie qu’un membre de la famille est décédé. Pour prendre soin de cette chevelure, les Mwila utilisent des appuis-tête ainsi qu’un mélange d’huile, d’écorce d’arbre broyée, de bouse de vache séchée et d’herbes.

devant la machine à café, elles ont mis en place, TRADITION

unbois, système de reconnaissance vestimentaire que De de boue, de perles, les bijoux font considérablement partie du mode de dehors vie des“ Mumuilas. Ils ne accomj’appelle “ toutes cuisses et, de grâce, pagnent dans àles différentes étapes de me lancezles pasfemmes sur le legging “ fenêtre sur cour”... leur vie et chaque collier a une signification. En effet, Je suis consternée, c’estlesvrai, après X années de collorsqu’elles sont jeunes, filles portent de lourds bons et loyaux services chez Y, je pensais avoir tout liers rouges, faits de perles et recouverts d’un mélange de et de latex. Ensuite, elles commencent à porvuterre : ter ensemble de colliers jaunes en osier recouverts - Laun jupe transparente de terre et appelés “Vikeka”. Elles peuvent le garder au Le soutiengorge invisible... soit le temps cou jusqu’à quatre VRAIMENT années consécutives, Mais je me trompais, le pire reste encore de trouver un mari. Une fois mariées, ellesà venir, portent le “Vilanda”, de perles emet je ne un suisautre pas ensemble pressée dedelecolliers voir débarquer. pilées qu’elles ne retirent seule jamais,comme même dans pas lala nuit. En attendant, je marche chanson, parce qu’il ne manquerait plus que je choisisse mon camps. Et puis, vous trouvez que j’ai une tête de dinde vous ? Soyons sérieux, bien qu’ayant quelques ennemies jurées et déclarées, à qui, je tends, régulièrement, des pièges du plus grand cru, je n’agis jamais à visage découvert, ça pourrait mettre à mal ma couverture d’espionne et qu’est ce que j’irai dire à mon patron hein ?! Non, je sais allier l’utile à l’agréable. Preuve en est, je ris à gorge déployée aux blagues foireuses de Typhaine, car, en ces temps de remise en forme express, quinze faux éclats de rire par jour, c’est bon pour les abdos ! C’est d’ailleurs au cours d’une ces séances d’abdos-mâchoires, la et Ladeculture Mumuila a traversé sièclesque et j’appris générations arumeur espoir de de laperdurer le ce temps. Néanmoins, semaine dans et voici que Goundo avait avec l’américanisation massive du monde, les jeunes Mwilas à dire : sont moqués lorsqu’ils vont au marché et, par conséquent, Quoi t’es pas au ?! Et bien j’ai compté, ça cherchent eux aussicourant à s’occidentaliser. fait maintenant six semaines que Gwladys porte ses box braids. C’est méga, giga, archi crade sérieux! Nan mais allô quoi ! Tu te coiffes et t’enlèves jamais?

Eve Touré



Beauté

Backstage de la cover de ROOTS. De gauche à droite : Marie-Aline Méliyi (LCI), Flora Coquerel (Miss France 2014) et Kareen Guiock (M6)


Beauté

STEEVEN HAIRCUT SURDOUÉ DE LA COIFFURE

Diplômé de l’Ecole Internationale de Coiffure de Paris et avec, comme cerise sur le gâteau, une certification de la prestigieuse Art Academy make up. Steeven Berthin Doumbia vit sa passion pour l’art du peigne et du ciseau à Paris, sa ville d’accueil. Son univers est fait de simplicité, d’authenticité et de richesse à la fois dans un design allant de la beauté ethnique à la coiffure moderne. Cheveux bouclés ou raides, ses doigts de génie les rendent encore plus soyeux. Voyageant dans de nombreux pays, repoussant ses limites dans la coiffure et améliorant de plus en plus sa touche spéciale dans le design, cet humble talent a une soif d’apprendre. S’accrochant à son métier tout en relevant les défis auxquels il est souvent confronté, il a remporté de nombreux prix : - Meilleur coiffeur de la Diaspora à Paris. 
 - Prix pour l’encouragement de la jeunesse et de la 
diaspora, dans le Top 10 de la mode ivoirienne.
Créatif et doté d’une inspiration sans limite, il apparaît dans de grandes émissions de télé-réalité en participant au théâtre Bobino en tant que coiffeur du célèbre chorégraphe Isis Figaro, coiffeur sur des plateaux télé tels que Nrj12, sur les émissions Quatre mariages pour une lune de miel, Les reines du shopping et, enfin, coiffeur d’Hapsatou Sy sur Enquête d’Afrique (Canal+ Afrique). Manager pendant 8 ans chez Ethnicia Paris, il est repéré par les prestigieux salons
Alexandre Zouari et Franck Provost...
Pour ne citer que quelques moments forts de la carrière de Steeven Doumbia. En cumulé, cet amoureux du cheveu aura travaillé pendant 18 ans comme coiffeur pour de grandes personnalités. Sa passion pour ce métier lorsqu’il était plus jeune lui a permis d’acquérir d’excellentes connaissances, notamment en matière d’écoute et de savoir-être, comme le conseil à la clientèle. Son travail ? Créer, perfectionner son art, parcourir le monde pour offrir des conseils en image, en maquillage artistique, en coiffure, grâce à son diplôme obtenu avec mention. Une fois de plus, le destin s’offre à lui, sa notoriété bien établie lui permet d’entrer dans la cour des grands en offrant ses conseils et collaborant avec : - Giorgio Armani. 
 - MISS TOGO France où il va décliner 
la collection “DAKAN” (Destin) qui retrace une partie de sa vie. DAKAN s’inspire des Rois et Reines d’Afrique. Une collection réalisée à partir d’un mélange de mèches et ornée de poils de porc épicés. 
 DAKAN, présenté au grand public en Belgique et dans le monde, a été apprécié et acclamé à l’Ethno Tendance Fashion Week de Bruxelles et au TOP 10 de la mode ivoirienne : La soirée des Têtes Couronnées. - DHCC « Défilé Haute Coiffure Chignon » 2019, à Bruxelles, en faveur de l’intégration des autistes. Ayant plusieurs cordes à son arc, il réalise des projets avec des personnalités publiques et privées en qualité de personal shopper. Il est également directeur artistique, autant sur des projets de films, documentaires, émissions TV, Clips. En Février 2020, il sort la collection Kemet « la terre noire », le nom que les Égyptiens de l’Antiquité donnaient parfois à leur pays en référence à la bande de terre rendue fertile par le limon noir déposé par la crue annuelle du Nil, artère vitale de la civilisation de l’Égypte antique. Une collection riche en inspiration et rendant hommage aux grandes figures féminines africaines ayant marqué de leur empreinte l’histoire. Contraint de ne pouvoir voyager compte tenu de la situation sanitaire du COVID-19, il collabore avec des photographes, mannequins et réalisateurs au titre de directeur artistique, à l’instar des clips : - Mamacita de AFFA.
 - La Reine Pokou, l’Exode Baoulé de David-Josué Oyoua.

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Beauté

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Beauté

BEAUTY DISTRIBUTION UN EMPIRE À DEUX

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Et depuis 2019, Paris…

Carine Paulin–Boulai et Andy Williams Boulai, 38 ans, originaires de Martinique et chefs d’entreprise. Nous sommes les fondateurs de Beauty Distribution.

Paris est un marché beaucoup plus concurrentiel que les Caraïbes. Là aussi, il y a eu une vraie demande. Le défi était de s’installer dans la capitale sur un lieu physique qui permette à une clientèle ciblée et à d’autres, une proximité relative. Ce fut beaucoup de sacrifices pour nous car nous nous sommes énormément investis. Il s’agissait aussi d’un gros « appel du cœur » ! Le challenge commercial a prévalu et la boutique parisienne Beauty Distribution s’est ouverte le 04 avril 2019 au 18 rue de la Pépinière, dans le 8ème arrondissement, non loin de la Gare Saint-Lazare.

Quelle est la genèse de votre enseigne ? Dans ce projet commercial, il y a eu, au départ, l’idée de rallier à cette enseigne une clientèle potentiellement désireuse de trouver en un lieu unique tous les produits dédiés à la beauté. Quatre ans de travail, sur le terrain, pour la mise en place de stratégies, recherche de fournisseurs, de contacts clients professionnels et particuliers, pour très vite se démarquer des autres. L’aventure a démarré en Martinique avec l’ouverture en 2009 de la première boutique Beauty Distribution, avec pour slogan « L’univers de la beauté ». L’enseigne est ainsi née, et s’est physiquement installée en 2011, à Fort-de-France (Martinique). Nous nous sommes installés au Lotissement Bardinet Montgérald, pour allier à la fois l’art du maquillage, les formules innovantes en cosmétiques et de beauté, sans oublier les produits et matériels en onglerie. Le plus pour se positionner sur le marché : proposer au long cours des types de produits nouveaux, innovants et de qualité à des prix discount. Pour cela, nous avons sillonné différents continents (Caraïbes, Europe, USA, Asie) à la recherche de fabricants et laboratoires proposant leurs dernières trouvailles. Nous avons également participé à des salons internationaux en Asie, aux Etats-Unis et en Europe.
Au travers de ces voyages et rencontres, nous avons conclu des contrats d’exclusivité pour la distribution de certains produits. Le bouche à oreille a créé, au fil du temps, une clientèle d’acheteurs en ligne sur notre site internet : www.beautydistribution.fr. Puis, en 2016, une deuxième boutique s’ouvre en Guadeloupe, dans la zone commerciale de Jarry. La Guadeloupe a été un autre challenge commercial important pour Beauty Distribution. Il était devenu nécessaire de s’implanter physiquement sur l’île sœur, pour permettre à la clientèle de s’approvisionner directement dans un espace dédié.

Quelle est votre cible à Paris ? Tous les « aficionados » qui nous suivent depuis des années sur les réseaux sociaux et tous les autres qui nous visiteront, compte tenu de nos assortiments de produits spécifiques de beauté (maquillage, soins, onglerie et matériels dédiés.) fabriqués dans différents pays européens, aux États-Unis et choisis par des dirigeants soucieux de proposer d’autres choix pour la mise en beauté dans sa globalité. Beauty Distribution, tout en continuant à proposer des prix attractifs, choisit et fait fabriquer des produits spécifiquement destinés à une clientèle qui sait en reconnaître la qualité et la variété.

Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui ? De défis en défis, Beauty Distribution et son équipe sont de plus en plus motivés. La réussite commerciale est nécessaire car il faut vivre du fruit de son travail. Par delà, il y a aussi le désir profond chez les jeunes dirigeants que nous sommes de nous positionner dans un secteur commercial difficile, concurrentiel.... Mais tellement plein de challenges à relever ! Toujours avec cette volonté de satisfaire une nouvelle clientèle qui n’a pas eu l’opportunité de découvrir dans les structures commerciales existantes des produits adaptés à leur souhait.

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Beauté

“Nous dirions que le couple Andy et Carine sait rêver, mais en gardant les pieds sur terre [...] Pour entreprendre en couple, il faut être soudés et déterminés !” Quelles sont vos marques coup de cœur du moment ? Les Secrets de Loly, des produits capillaires spécialisés.
Cette marque française de soins capillaires spécialisés a été créée en 2009 par une jeune femme d’origine caribéenne, Kelly Massol. Et B.Perfect Cosmetics, une marque de produits de maquillage.
 C’est innovant, tendance et unique.
Lancée en 2013, à Belfast par un jeune entrepreneur qui possède maintenant l’une des plus grandes marques de maquillage au monde ! Vos plans de développement à moyen et long termes ? Dans un secteur toujours en mouvement, rien n’est joué, mais nous croyons en notre potentiel. Nous aimons relever des défis, nous surpasser et surtout satisfaire une clientèle toujours plus exigeante. Sur le moyen terme, nos plans ont atteint leur vitesse de croisière, avec encore de nouveaux positionnements géographiques prévus et d’autres collaborations commerciales. À longs termes, nous sommes toujours de grands rêveurs et continuerons de nous battre pour exister.

Que représentent les Caraïbes pour vous ?

Vous êtes un couple qui a entrepris et a construit sa sucess story ensemble. Quel retour d’expérience tirez-vous de ces années ? Nous dirions que le couple « Andy et Carine » sait rêver, mais en gardant les pieds sur terre. Nous avons compris assez rapidement que rien n’est joué dans un secteur toujours en mouvement. Mais nous croyons en notre potentiel et nous battrons pour exister et toujours satisfaire notre fidèle clientèle.

Quels conseils donneriez-vous à un couple qui aurait cette même envie ? Entreprendre en couple n’est pas la panacée, il faut réussir à mener de paire une vie personnelle et professionnelle, non-stop. Pour cela, il faut être soudés et déterminés. Mais si des partenaires aux profils similaires souhaitent entreprendre, il leur faut aimer par-dessus tout leur domaine d’activité et se lancer des défis pour se positionner sur le marché quel qu’il soit !

Nos régions caribéennes ne cessent de se structurer et s’orientent désormais vers une ère nouvelle marquée par le renforcement de la coopération des relations culturelles, économiques, politiques, scientifiques et techniques entre les différents pays. Pour nous, on y voit la future création d’un marché commun à l’échelle de la Caraïbe. Cette entité régionale positionnerait la Caraïbe sur de nouveaux marchés mondiaux !

Un message pour la diaspora caribéenne ? Nous dirions : « Go !!! ».
 Unissons-nous tous, pays de la Caraïbe, pour être plus forts.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? C’est notre fondement à tous. C’est ce que nous sommes et qui nous identifie, par la parenté, les ancêtres les plus proches. Toute être humain a ses racines. Chercher ses racines, c’est chercher à connaître ses origines. C’est aussi un vaste sujet sur les fondements humains, avec des questionnements multiples !

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Instagram & Facebook : beauty.distribution Site web : www.beautydistribution.fr


PARIS

MARTINIQUE

GUADELOUPE

18 rue de la Pépinière 75008 Paris Tél : 01 42 65 44 72 Mardi au samedi : 11h – 19h

Lot. Bardinet 97200 Fort-de-France Tél : 0596 547776 Lundi au vendredi : 8h30 - 17h Samedi : 8h30 - 13h

Imm. Bravo z.i de Jarry 97122 Baie-Mahault Tél : 0590 80 21 99 Lundi au samedi : 9h – 17h


Beauté

RECETTE MAISON

GOMMAGE PAPAYE

Les malheurs d’Ija

Allo?!

devant la machine à café, elles ont mis en place, un système de reconnaissance vestimentaire que j’appelle “ toutes cuisses dehors “ et, de grâce, ne me lancez pas sur le legging à “ fenêtre sur cour”... Je suis consternée, c’est vrai, après X années de bons et loyaux services chez Y, je pensais avoir tout vu : - La jupe transparente Ce fruit provenant du Mexique et introduit aux Antilles lors de la colonisation, de couleur jaune orangé à maturation, pos- Le soutienVRAIMENT invisible... sède une riche source d’antioxydant ce qui permet de ralentir le vieillissement desgorge cellules. Sa contenance en vitamines C et E fait de lui un régénérant naturel et efficace. Il affine le grain de peauMais et lejeteint plus éclatant. me est trompais, le pire reste encore à venir, La papaye interrompt l’apparition des points noirs et contient des acides à régénérer réparer les débarquer. tissus abîmés. et jequi neaident suis pas presséeetde le voir Enfin, la papaïne qui est une protéine, favorise la dissolution des cellules mortes de la peau. Pas besoin de vous faire un desEn attendant, je marche seule comme dans la sin, la papaye est un merveilleux outil pour redonner vie à sa peau. chanson, parce qu’il ne manquerait plus que je Francesca Comment élaborer son propre gommage à la papaye ? choisisse mon camps. Et puis, vous trouvez que Ah la joie des coiffures protectrices, la liberté, la j’ai une tête de dinde vous ? Soyons sérieux, bien 1ère recette : fainéantise enfin assumée, la tranquillité pour qu’ayant quelques ennemies jurées et déclarées, - 1 tranche de papaye pas trop mûre trois semaines voire plus si affinités... Plus oui, à qui, je tends, régulièrement, des pièges du plus - 1 cuillère de miel - 1 cuillère de rouxpas ou blanc carsucre s’il n’est conseillé de garder un tissage ou grand cru, je n’agis jamais à visage découvert, ça des tresses plus de trois semaines, certaines sont pourrait mettre à mal ma couverture d’espionne et Passons à la fabrication: tentées de laisser passer la date de péremption, à qu’est ce que j’irai dire à mon patron hein ?! leurs risques et périls. Non, je sais allier l’utile à l’agréable. Preuve en est, 1. Coupez et épluchez la papaye en gardant les graines 2. Mixez les morceaux avec mes le miel et le sucre Si vous suivez aventures, vous n’êtes pas sans je ris à gorge déployée aux blagues foireuses de 3. Appliquezsavoir sur une peau propredes en clans faisantsedes mouvements non agressifs qu’au Bureau, livrent une guerrecirculaires Typhaine, car, en ces temps de remise en forme 4. Laissez agir 10 minutes sans merci. Et depuis l’histoire de La Cage Aux express, quinze faux éclats de rire par jour, c’est 5. Rincez à l’eau froide Poules, c’est pire encore ! ( www.lmija.com) .Comme bon pour les abdos ! C’est d’ailleurs au cours d’une quoi, il suffit d’ajouter un homme à l’histoire, pour de ces séances d’abdos-mâchoires, que j’appris la 2ème recettetout : mettre à feu et à sang. rumeur de la semaine et voici ce que Goundo avait - 1 tranche de papaye pas trop mûre Les poules, mes collègues, ont jeté leurs oeufs sur le à dire : - 1 cuillère de miel bas côté pour aller se frotter aux dindes du premier - Quoi t’es pas au courant ?! Et bien j’ai compté, ça - 1 cuillère de sel - 1 cuillère d’huile cocol’oeil victorieux de Satanas, la plus étage, de sous fait maintenant six semaines que Gwladys porte ses grande amatrice de volaille que je connaisse. Non box braids. C’est méga, giga, archi crade sérieux! Le même procédé de fabrication que pour la première recette. Vous pourrez trouver la papaye dans les magasins exotiques contentes de se brûler les ailes à chaque passage Nan mais allô quoi ! Tu te coiffes et t’enlèves jamais? de la capitale. Et n’oubliez pas que les résultats ne se voient qu’en persévérant et en ayant une bonne alimentation !

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Katharina Cambré


Beauty Selector CACAO

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1. Beurre de cacao 100% pur et naurel CANTU 9,99 € 2. Gel douche au savon noir SHEA COCOA PROJECT 14,90 € 3. Crème corps hydratante beurre de cacao CANTU 9,99 € 4. Leave-in Cacao - Macadamia SOARN 14,90 € 5. Lait capillaire cacao et baobab CRENABE 19,90 €

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Une gamme royale, soigneuse et lumineuse qui vient requinquer votre peau sans modération pour la rendre d’autant plus radieuse. Plus qu’une gamme, HINENI Grâce désigne la quintessence de la féminité de la femme.

En effet, HINENI Grâce propose un soin corporel de la femme afin de revaloriser la douceur de sa féminité de par sa légère texture et son doux parfum... Un soin pour tout type de peau visant diversité et variété. Aucune femme ne pourra être indifférente après l’avoir appliquée. HINENI Grâce, une marque Noble faite par des femmes et pour des femmes ! À travers sa marque, la fondatrice Prisca Miande souhaite valoriser et redorer l’image de sa ville, Mantes-la-Jolie. hinenigrace22@gmail.com +33 6 13 89 73 67

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Beauté

ROOTS COIFFURE LA BEAUTÉ NOIRE MILITANTE

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Jean Joseph ZEPHIR, jeune entrepreneur d’origine haïtienne et créateur des salons roots Coiffure avec mon épouse Audrey, originaire de la Guadeloupe.

Votre parcours avant la création de ROOTS Coiffure ? Je suis diplômé en comptabilité mais surtout en cuisine. J’ai fait mon apprentissage et j’ai travaillé de longues années chez Ladurée, puis au Café du Commerce dans le 15ème arrondissement.

Quel sont l’ADN et le message de ROOTS coiffure ?

“ Dépasser le phénomènre Nappy [...] Prendre conscience de l’existence d’une beauté africaine au cheveu naturel, au même titre qu’il existe une beauté dite caucasienne ou asiatique. ”

Roots Coiffure est une enseigne présente depuis 2014 à Paris, puis à Pierrefitte (93). Notre volonté a été, depuis la création, d’encourager la femme africaine et afro-descendante à embrasser sa beauté naturelle. Dans cet objectif, nous nous sommes spécialisés dans le cheveu crépu/bouclé/frisé et ne proposons donc pas de pose de tissage, perruque ou de défrisage. Le but étant de dépasser le phénomène “Nappy” qui a émergé en France après sa naissance aux Etats-Unis et d’être dans une prise de conscience de l’existence d’une beauté africaine au cheveu naturel, au même titre qu’il existe une beauté dite “caucasienne” ou “asiatique”. Tout cela avec une identité forte, des codes et une culture qui nous sont propres. Nous œuvrons à informer, éduquer et encourager la communauté afro-caraïbéenne afin que cette prise de conscience persiste dans le temps. Notre démarche est donc militante.

Que représentent les Caraïbes pour vous ? Des projets à moyens termes ?

Quelles prestations retrouve-t-on chez ROOTS Coiffure ?

Que peut-on vous souhaiter pour cette année 2020 ?

Nos prestations sont regroupées en trois catégories : 1) Beauté du cheveu de la femme avec des soins, coloration et du coiffage. 2) Beauté du cheveu des hommes. 3) Beauté des locks.

Si vous aviez une baguette magique et un budget illimité, qui serait votre égérie parfaite ? Il y en a plusieurs, mais ce serait Lupita Nyong’o.

Comme précisé lors de la présentation, je suis Haitien, de la commune d’Aquin. La Caraïbe est d’une richesse inépuisable, d’une culture multiple mais teintée de nos origines africaines. C’est un art de vivre, une bouffée d’air frais. Elle est pleine d’opportunité et de projets à venir, mais… chut !

Un message pour la diaspora caribéenne ? Entreprenez, créez, reprenez les reines de vos territoires afin d’inspirer la génération à venir. Parce que l’Etat ne fera rien de plus que ce qu’il a déjà fait, c’est à nous d’œuvrer pour bouleverser nos économies à cause de l’amour que l’on a pour notre peuple.

Développement et des rencontres clé pour plus de partage.

Si je vous dis ROOTS, vous me dites... D’instinct, ROOTS Coiffure. Mis à part cela, ce sont nos racines, une partie de nous qu’on ne peut arracher sous peine de mourir. Elles sont donc sources de vie et boostent notre force et notre créativité.

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Beauté

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PHOTOGRAPHE : DIDIER TEURQUETIL MAQUILLAGE : ANJALI BEAUTY ARTIST

Trench : HOMOLOG


TARA’S BODY

Beauté

L’ALLIAGE DU FITNESS & DE LA DANSE Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Tara, j’ai 24 ans, Afro-Américaine et Française. Après avoir fait les fameux tests de recherche ADN, j’ai découvert que j’étais du Nigéria, de la Centrafrique et de Scandinavie. Spécialisée dans le fitness, je fais du mannequinat, je travaille sur les réseaux sociaux en tant « qu’influenceuse » et je fais des évents sportifs, en réel, pour rencontrer ma communauté. Vous pouvez me retrouver sur TikTok, Instagram et YouTube sous le nom de « Tara’s Body ».

Pendant cette période, j’ai une vidéo sur YouTube qui a fait 4 millions de vues en très peu de mois et c’est ce qui m’a fait décoller. Je me suis réellement amusée dans la réalisation des chorégraphies brésiliennes que j’effectuais pour l’occasion. J’aime le Brésil et sa musique et ça s’est ressenti. Lorsque l’on regarde la vidéo, je pense que l’on se rend compte que je kiffe vraiment et c’est aussi ce qui a créé de la proximité et un lien d’affection avec les spectateurs. Ma chaîne YouTube a explosé d’un coup et je suis, aujourd’hui, à plus de 400.000 abonnés !

Comment as-tu atterri dans l’univers du fitness ? Plus jeune, je faisais énormément de danse, mais je me trouvais trop maigre. J’ai un coach qui m’a pas mal aidée et qui m’a conseillée de créer un Instagram pour motiver les filles, en me disant : « Tu verras, ça va prendre ». C’était il y a 5 ans. J’ai commencé à poster quelques vidéos de moi à la salle de sport et je voyais que ça intéressait de plus en plus de monde. J’ai continué mais je gérais mes études en parallèle et c’était compliqué de m’y consacrer pleinement.

Quel cursus universitaire suivais-tu ? À cette époque, j’étais à la Sorbonne, en LEA (Langues étrangères appliquées). Ensuite, j’ai fait un master en Brand Management Communication à l’ISG. Cela fait 1 an que je suis diplômée et que je peux donc me consacrer à fond aux réseaux sociaux. Désormais, je vis de cela. Pour résumer, tout est parti du fait que je me trouvais trop mince, j’ai cherché à prendre du poids pour être mieux dans mon corps et, petit à petit, j’ai développé un contenu autour du mélange danse / fitness qui est aujourd’hui ma marque de fabrique.

Au départ, c’était à titre purement récréatif. Pourquoi avoir décidé d’en faire ton métier ? Le déclic est arrivé avec mes premières collaborations sérieuses avec des marques. Par exemple, quand j’ai eu Nike, là je me suis dit : « Ok, j’ai trouvé mon truc, je peux rester dans cette voie ». Outre ce géant du textile, j’ai bossé avec énormément de jeunes marques de sport et c’est là que tu te rends compte que ton travail est apprécié, plébiscité et que tu peux en vivre.

Quel a été, selon toi, l’élément permettant de te différencier des autres YouTubeurs fitness ?

Je peux m’inspirer de tout, mais surtout de différentes cultures. Je prends des cours de danse afro, de samba... mais je vais aussi aller fouiller par moi-même dans la culture africaine afin de voir ce qu’ils font comme pas, quelles sont les nouveautés, etc. Tout m’intéresse. Un pas peut t’inspirer un autre pas, qui va t’en inspirer un autre et ainsi de suite. C’est ainsi que je compose mes workouts et que, au final, je peux proposer quelque chose d’unique puisque je fais une fusion d’un peu toutes les cultures.

Comment vis-tu ta célébrité soudaine ? J’adore rencontrer ma communauté ! Je suis quelqu’un de très sociable et très jovial. Ma communauté, c’est un peu comme si c’était une extension de mes amis. Je n’ai pas de secrets pour eux, ils voient ma vie de tous les jours en « story » et, du coup, cela ne me dérange pas du tout, car je les considère comme des proches.

Tu es originaire des USA. Le business du fitness et des YouTubeuses y est 1000 fois plus développé. Comment sens-tu que cette culture américaine t’accompagne ? En France, quand j’observe les vidéos de danse workout, personne ne va réellement chercher de décor innovant, créer un personnage ou alors mettre en scène un dance workout innovant. La différence avec les Américains est qu’ils font tout en grand. Par exemple, pour ma vidéo Halloween, je suis allée chercher des costumes de Lara Croft, j’ai essayé de faire le même maquillage, j’ai fait un décor avec de la fumée... J’essaye d’évoluer dans mes workouts pour proposer un background de qualité, mais pas seulement. Je veux qu’il y ait une histoire, qu’il y ait du sens, qu’il y ait du show. C’est en cela que ma culture américaine me guide. Je vois tout en grand.

Si je te dis le mot “Roots”, cela t’évoque quoi ? Je pense à mon père qui est Afro-Américain. Ce sont mes racines !

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Quand j’ai commencé ma chaîne, c’était un début assez classique, je ne prenais pas énormément d’abonnés. Mais il y a eu le premier confinement, en mars 2020. Tout le monde cherchait à savoir comment faire du sport à la maison, comment manger mieux et ne pas grossir quand on est toute la journée dans le canapé. Les influenceurs fitness se sont surtout faits découvrir à ce moment-là.

Quelles sont tes inspirations pour tes chorégraphies ?


Beauté

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Chemise : INTERDEE Pantalon : HOMOLOG


Foulard : PANNEAU BLANC


Beauté

TARA’S BODY

5 CONSEILS POUR AVOIR UNE VIE PLUS SAINE 2. Faites une activité physique ! Bouger vous permettra de rester en forme physiquement, mais aussi mentalement. Elle améliore votre santé mentale, en diminuant le stress, l’anxiété mais surtout en améliorant votre concentration, votre niveau d’énergie et votre qualité de sommeil. Vous aurez besoin de votre corps toute votre vie, ne le négligez pas. 3. Adoptez une alimentation variée. Une bonne alimentation joue un rôle essentiel sur notre santé. « Vous êtes ce que vous mangez ». Avoir une bonne alimentation jouera énormément sur le bon fonctionnement de vos cellules et permettra le développement harmonieux de votre corps. Une alimentation variée vous permettra d’éviter les carences, il faut non seulement consommer chaque jour des aliments de chaque groupe alimentaire, mais plusieurs aliments dans chaque groupe.

1. Premièrement, il est important d’adopter une attitude positive. Les attitudes positives provoquent une réaction en chaîne de pensées, d’évènements et d’actions qui provoquent des résultats extraordinaires. Une bonne attitude peut réellement changer votre vie instantanément. Il faut avant tout changer son état profond afin que le monde autour de nous change et puisse être en phase avec nous. En adoptant cette vision, vous serez plus confiant vis-àvis de votre avenir et vos rêves se transformeront sûrement en réalité. Rien n’est plus gratifiant que le sentiment d’accomplissement !

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Beauté

5. Essayez quelque chose de nouveau de temps en temps, trouvez une nouvelle activité qui vous fera sortir de votre routine. Tenter des choses dont on ne se croit pas capable au départ. En mettant un peu de temps libre et d’énergie dans ce que l’on entreprend, sérieusement, même juste un temps, on finit par arriver à un résultat. Réussir un nouveau projet, rien que pour le plaisir, c’est enrichissant et motivant !

4. Dormez bien ! Le sommeil est indispensable pour le bon fonctionnement de votre corps. Une bonne nuit de sommeil améliore votre mémoire, votre créativité et mieux encore, vous aide à améliorer votre performance. Vous êtes-vous déjà réveillés d’une grosse sieste en ne sachant plus quelle heure il était ? Comme l’impression de se sentir régénéré après ce genre de sieste ? A contrario, mal dormir peut nuire au niveau moral et même vous mettre en danger. YouTube : Tara’s body Instagram : tarasbody

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Beauté

PERFECT SKIN BY RUBIS “ Plusieurs gammes afin que les femmes se réconcilient avec leur couleur de peau en apportant plus de netteté, de radiance, mais en gardant leur carnation de base. ” Quelle est votre gamme de prix ? Mes prix vont avec les résultats qu’ils vous apportent, mais rassurez-vous… Tout le monde pourra y trouver son compte (rires).

Si vous aviez une baguette magique, qui serait l’égérie parfaite pour représenter votre marque ? Sandrine Michèle Sani, 32 ans, née à Yaoundé, Cameroun. J’exerce dans le domaine des cosmétiques et suis la CEO de la marque Perfect Skin By Rubis.

Sans hésiter, Beyonce ! Tout simplement parce qu’elle est l’une des plus belles femmes du monde. D’ailleurs, pour moi, elle est la numéro 1. Bosseuse, avec des formes, peau parfaite et maman sexy.

Pourquoi avoir créé Perfect Skin by Rubis ?

Le secret de beauté des femmes d’Afrique Centrale ?

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

J’ai créé Perfect Skin tout simplement parce, plus jeune, j’avais un complexe avec les femmes plus claires et j’ai fait beaucoup de recherches qui m’ont inspirée. Au final, c’est devenu une passion. Voici pourquoi aujourd’hui j’ai créé plusieurs gammes afin que les femmes arrivent à se réconcilier avec leur couleur de peau en apportant plus de netteté, de radiance, mais en gardant leur carnation de base.

Décrivez-nous l’ensemble de votre gramme Ma gamme est constituée de produits allant des peaux les plus foncées à métissées, pour le moment. Elle a pour but de corriger tout type d’imperfections, tout en apportant une meilleure mine, un fini doux et soyeux à la peau.

À quel type de femmes vous adressez-vous ? Je m’adresse à toutes les catégories de femmes. Une femme doit prendre soin d’elle pour que son âme ait envie d’être en phase avec son profil, car une femme qui à confiance en elle a tout à gagner !

Leur assurance ! Tout ce qu’elles touchent se tranfsorme en or (rires).

Que représente le Cameroun pour vous ? Le Cameroun représente toute ma vie et c’est toujours un plaisir d’y aller car je réside à Paris depuis bientôt 15 ans. Et je compte y installer très prochainement mes boutiques dans les grandes villes, si Dieu me fait grâce.

Les projets de développement de la marque ? Implanter la marque dans la plupart des pays d’Afrique car la demande est assez grande. Pour le reste, je vous laisserai découvrir cela sur mes différents réseaux sociaux.

Comment se procurer vos produits ? Vous pouvez envoyer un WhatsApp au +33.7.83.87.08.53 ou m’écrire sur mes réseaux sociaux Rubis Bombastic car le site internet est en pleine réfection mais sera actualisé d’ici peu.

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Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ? Coup de fraîcheur ! Pour les numéros que j’ai pu lire, il y a quelque chose de différent, on y trouve un peu de tout.


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+33 7 83 87 08 53


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PE NSE R, CR OIR E, RÊVER, OSER

La T.E.A.M. depuis 2007 : Plus de 3500 écoliers soutenus dans 5 pays

(Bénin, Cameroun, Côte d'Ivoire, Sénégal, Togo)

Une dizaine de salles de classe réhabilitées et construites dans 17 écoles et orphelinats Des milliers de livres distribués "L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde." Nelson Mandela R EJO I GN E Z LA T.E.A . M ET DI F FU S E Z D U B O N HEU R À T O US C E S É COLIE RS DÉMUNIS . w ww . to u c h e de s po ir . o rg @TEA M_ by _ U

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T E AM C H ANN EL 1


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PHOTOGRAPHE DIDIER TEURQUETIL MAQUILLAGE ANJALI BEAUTY ARTIST


Racines

MECHTILD MISSIA

SON ENGAGEMENT POUR LES FEMMES Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Mechtild Missia Imbissa, Congolaise de Kinshasa. J’ai 29 ans, je suis une infirmière diplômée, entrepreneure sociale et étudiante en faculté des sciences de la société à UNIGENEVE. À ce titre, je dirige depuis 4 ans la fondation Femme Moderne où nous essayons d’apporter notre modeste contribution à une meilleure participation de la femme congolaise au développement. Depuis 2020, portée à la tête de la vice-présidence en charge de l’égalité et de la jeunesse d’un nouveau parti politique en RDC dénommé « NKITA ». Dans cette optique, je milite activement pour le respect des droits des femmes et des jeunes.

Quel est votre parcours ? Mon parcours parait récent mais de nombreux évènements ont nourri en moi la grandeur de ma vocation sociale, animée d’une détermination de travailler pour la cause de la femme, de la jeunesse et l’ensemble de la société. Tout a commencé en 2011. Après un premier cycle d’études de santé professionnelle, je me suis orientée vers le métier d’infirmière soignant des personnes de tous âges à l’université de Zürich. Après 7 années fortes d’expériences, je me suis lancée dans l’entrepreunariat social. C’est en 2017 que la fondation Femme Moderne voit le jour. Une fondation qui est destinée aux femmes, par les femmes, pour les femmes et qui parle de tout ce contexte environnemental. Quelle est, finalement, la position de la femme au Congo Kinshasa ? Un large programme… C’est en 2018-2019 que la fondation Femme Moderne est deux fois couronnée par les prix lauréat du Crans Montana Forum. Actuellement, je suis vice-présidente du parti politique Nkita RDC.

Cela découle de quel diagnostic de votre part quant à la place des femmes dans la société, notamment congolaise ? L’analyse des relations de genre en Afrique rend généralement compte d’une infériorité de la femme vis-à-vis de l’homme. Au parlement, par exemple, on observe que le pourcentage le plus élevé de femmes aux fonctions est de 10%, soit 50 femmes sur 500 députés de l’Assemblée nationale, en 2019. Quant au Sénat, on y a observé le pourcentage le plus élevé en 2020. Il était de 22%, soit 24 femmes sur 109 Sénateurs. Le développement d’un pays ne peut être pensé sans tenir compte des femmes. Et, en République démocratique du Congo, les femmes constituent plus de la moitié de la population. Partant de ce constat, ma préoccupation en tant que femme et Congolaise, est de faire la lumière sur la place des femmes dans notre pays en donnant la parole et la possiblité à celles qui se battent pour leur épanouissement pour accéder à l’autonomie. Et promouvoir une plus grande participation des femmes à la vie politique.

Quelles actions comptez-vous mener pour participer à l’émancipation de la femme africaine ? Promouvoir des changements institutionnels pouvant accélérer la parité dans les lieux de pouvoir. Soutenir les femmes qui désirent s’engager dans les structures démocratiques décisionnelles, principalement en politique, en offrant des formations d’accompagnement. Sensibiliser à l’implication citoyenne les jeunes, les femmes, les hommes et les personnes nouvellement arrivées.

Édition spéciale Boss Ladies. Si vous aviez un message à adresser à nos lectrices féminines ?

Oui, NKITA c’est dans ma langue maternelle le lingala ou kikongo et signifie « Richesse, Héritage ou Patrimoine ». C’est un jeune parti politique de gauche (socio-démocrate). L’objectif est d’éradiquer la pauvreté pour conjurer la contradiction : « Pays immensément riche, peuple extrêmement pauvre ». Notre idéologie est de faire de la politique avec éthique pour respecter nos peuples et de promouvoir l’égalité. Une vision qui tient à faire bénéficier tout citoyen congolais des richesses du sol et du sous-sol de la République, d’où notre slogan : « Pays riche, peuple riche ».

Tout d’abord, il nous appartient à toutes et tous de nous assurer que chaque jeune fille ait accès à une éducation de qualité. Nous devons également donner la chance aux filles de trouver leurs propres voix. On dit souvent aux femmes qu’elles devraient s’insurger, se faire entendre, se battre toutes seules contre les inégalités auxquelles elles sont confrontées. Mais si on ne leur laisse pas la possibilité de s’entraîner et de découvrir leurs propres voix, comment pourront-elles un jour élever le ton ? Il faut de l’entraînement pour que sa voix porte dans le monde.

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Votre parti politique s’appelle NKITA. Revenons sur la genèse de cette organisation.


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“ Si nous donnons aux filles l’opportunité d’être les femmes qu’elles aspirent à être, nous pouvons créer un cercle vertueux qui change la face du monde. ” En même temps, nous devons inclure les garçons et les hommes dans cet effort. Tant de choses pourraient changer en une génération si l’on apprenait à nos garçons à écouter les filles, à les voir comme leur égale. Car, la vérité, c’est que les femmes sont tout aussi capables que les hommes de diriger. Et si nous donnons aux filles l’opportunité d’être les femmes qu’elles aspirent à être, nous pouvons créer un cercle vertueux qui change la face du monde.

Vous êtes originaire de la RDC. Quel est votre lien avec le pays et que représente-t-il dans la femme que vous êtes et aspirez à devenir ? J’ai et je garderai toujours un lien d’attachement renforcé de patriotisme et nationalisme pour ce grand Congo Kinshasa qui est mon pays. Et ce Congo Kinshasa de cœur, de pensées et d’actions est une vraie terre d’avenir pour l’Afrique entière. Cette mosaïque de tribus, éthnies et langues est une source d’inspirations inépuisables et reconnues dans l’histoire de l’Afrique et de l’humanité. Le Congo restera « NKITA na biso », ce qui signifie : « Notre patrimoine ou bien commun à protéger » en lingala, une des langues nationales. Ce NKITA est ma vraie racine inépuisable, un vrai don béni, comme chanté fièrement dans l’hymne national du Congo. Par sa nature de grandeur, je suis habitée d’une ambition de porter grand et loin sa flamme de développement et de prosperité qui sera assurée par la participation de chacun et surtout l’engagement de la femme, actrice potentielle qui a su démontrer son rôle déterminant en assurant la survie des familles et l’autonomie des structures sociales face à la fragilité des politiques économiques adoptées et appliquées par l’état Congolais depuis plus de quatre décennies. Un grand Congo est possible avec des jeunes et vieilles femmes, animées par une grande conscience nationale, profondément nourrie, pour lancer le réveil de sa prospérité au profit des générations actuelles et futures.

Comment faire pour vous contacter ou s’engager à vos côtés ? La réussite de ma lutte comme jeune femme m’oblige à rester ouverte aux contacts des différentes couches sociales pour maintenir notre dynamique d’interaction pour un avenir de la femme Congolaise et Africaine. Je suis en navette entre Zürich en Suisse et Kinshasa, la capitale de la RDC. Ainsi, je reste très ouverte à toutes sollicitations et autres échanges fructueux ralliant notre noble lutte qui porte déjà des résultats mais beaucoup de perspectives restent à atteindre. Par nos différents points d’accès électroniques sur les réseaux sociaux et autres plateformes : Email: femmemodernerdc@gmail.com Site : www.mechtildmissia.com Facebook : Mechtild Missia Page FB : Mechtild Missia Twitter : Mechtild Missia Tel. : +41775034222

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Roots, ce mot m’inspire mon Dieu, l’être suprême et source de toute vie, existence, force et inspiration. Évoquer la racine comme source, c’est aussi appréhender la valeur de mon existence sur terre par mes ascendants, depuis des générations, et mes parents africains dans mon Congo Kinshasa.

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Veste : DEBORAH L BRAND



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Ensemble : TANIEU COUTURE



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Seh-Dong-Hong-Beh, cheffe des « Amazones » du Dahomey

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AMAZONES DU DAHOMEY LES GUERRIÈRES DU TRÔNE

Tasi Hangbè, 1ère reine du Dahomey et fondatrice du corps militaire féminin « Vaincre ou mourir ». C’est la devise des femmes soldats du royaume du Dahomey. Si elles sont connues aujourd’hui, c’est grâce à la reine Tasi Hangbè qui fonde ce corps militaire entre 1708 et 1711. Cette dernière accède au trône suite au décès de son frère jumeau, le roi Houessou Akaba. D’après la coutume, seuls les hommes ont la possibilité d’être rois, mais les jumeaux sont considérés comme les deux faces d’un miroir. Si l’un meurt, l’autre le remplace dans ses fonctions. Ainsi, une femme se retrouve à la tête d’un empire. Mais elle ne veut pas être seule. Féministe, la reine Tasi Hangbè compte bien s’entourer de femmes faisant des tâches réservées aux hommes. De ce fait, elles chassent, élèvent les animaux et font de la poterie. Mais surtout, elles constituent une garde rapprochée appelée les Agoodjie signifiant « Tiens toi loin de moi » que les soldats français appellent « les Amazones » d’après les récits antiques occidentaux. Les Agoodjie sont recrutées très jeunes parmi les esclaves. Elles sont imposantes et ont le crâne rasé. Propriétés du roi, elles vivent dans la cour royale et sont vénérées par tous les sujets. Ces derniers sont à la fois apeurés et émerveillés par ces femmes. Simplement, par leur carrure, leurs danses et leurs chants motivants avant de partir en guerre. D’ailleurs, pour maintenir leur force physique, les guerrières doivent rester vierges. Le professeur béninois Albert Bienvenu Akoha a expliqué à Franceinfo Afrique que « dans la conscience collective au Bénin, la virginité confère à la femme une force physique. Et est donc un critère de recrutement aux métiers des armes. On pensait que s’adonner à l’activité sexuelle affaiblissait le physique de la femme ». C’est la raison pour laquelle on ne peut pas toucher les Agoodjie, mais seulement les regarder de loin.

Lors du règne du roi Ghézo, les femmes soldats sont entrainées à s’adapter à tous les climats et sont placées selon une spécialité. Certaines tirent à l’arc, d’autres sont faucheuses et plusieurs surveillent la route des esclaves allant d’Abomey à Cotonou. Aux alentours de 1850, SehDong-Hong-Beh dirige cette armée composée de plus de 6 000 combattantes. Leur combat le plus connu est l’assaut lancé contre la forteresse Egba d’Abeokuta (au Nigeria). En 1892, aux côtés deu roi Behnazin (petit)fils du roi Ghezo), les Amazones entrent dans une guerre sanglante avec l’armée française et seront presque toutes exterminées. Symboles de bravoure et de sacrifice, elles sont pourtant absentes dans les manuels scolaires béninois et donc oubliées de l’histoire.

Allégorie du Wakanda Mais, en 2018, les Amazones du Dahomey sont mises à l’honneur dans le film Black Panther réalisé par Ryan Coogler. Alors que le roi Tchalla alias Black Panther joué par le feu Chadwick Boseman rentre chez lui, au Wakanda, il est accueilli et escorté par sa garde rapprochée : Les Dora Milaje. Comme les Agoodjie, elles ont le crâne rasé, portent une armure et une lance, se battent principalement au corps-à-corps et sont fidèles à celui qui siège sur le trône. En s’inspirant des Amazones, le réalisateur a non seulement perpétué la vision féministe de la reine Tasi Hangbè, mais il a aussi montré la force de ce corps armé exclusivement féminin dans le monde entier. Au Bénin, le terme « Agoodjie » est employé pour décrire une mère célibataire ou une femme menant des activités réservées aux hommes. A l’international, on sait à présent que des guerrières ont combattus pour tout un empire !

Nicky Kabeya


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BAMILÉKÉ

LES ÉLÉMENTS CLÉS

D’UNE IMMENSE CULTURE (1)

Chefferie du village Bandjoun

Les Bamilékés représentent un groupe socio-culturel qui occupe les hautes terres de l’Ouest du Cameroun. Ils descendraient des Baladis partis de l’Egypte au IXe siècle et qui arrivèrent en région Tikar (région des Grassland au centre-ouest de l’actuel Cameroun) vers le milieu du XIIe siècle. Peuple dynamique et entreprenant, les Bamilékés vivent dans les zones montagneuses et constituent le groupe ethnique le plus important, d’un point de vue démographique, des Grasslands.

LES CHEFFERIES

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Le Pays Bamiléké est constitué d’une mosaïque de petites et moyennes chefferies qui se sont formées par segmentation à partir de quelques chefferies de base. L’organisation sociopolitique est également centralisée. L’histoire du peuple Bamiléké a été marquée par plusieurs combats pour la défense de son autonomie et de son territoire et les chefferies ont joué un rôle clé dans la préservation de leur identité. Une chefferie bamiléké est une sorte de mini état centralisé autour d’un chef puissant et jouissant d’un pouvoir de droit semi-divin. Le chef est un descendant de la dynastie fondatrice du village. Mais ce pouvoir est modéré par l’existence de sociétés secrètes. On distingue les sociétés secrètes administratives comme le conseil des 9 (notables représentant chacun les pères fondateurs de la chefferie), des sociétés secrètes religieuses comme le conseil des 7 et les sociétés secrètes guerrières qui combattent les sorciers maléfiques totémiques.

Le La’akam Cela signifie « Le village des notables ». Tout futur chef doit y séjourner avant son intronisation. Cette légitimité lui confère l’autorité de chef. Il devient ainsi le garant de la prospérité et de la survie de sa chefferie. Dans toutes les chefferies bamilékés, l’accession au trône se fait généralement de père en fils, les vœux du défunt roi quant à sa succession ne constituant pas pour autant un choix définitif. C’est le conseil des 7 qui définit le futur chef lors d’une grande cérémonie d’arrestation. Le conseil des 9, quant à lui, se charge d’assurer la formation du nouveau chef durant son séjour au La’akam. C’est un lieu de retraite où, pendant 9 semaines, le nouveau chef subit une formation en investiture et initiation aux mystères du royaume. Pendant ce temps, lui sont « présentées » plusieurs femmes qu’il est supposé - en principe - mettre enceintes. À la sortie du La’akam, le chef est nettoyé de toute sa vie passée. Paré de vêtements royaux, il est alors investi devant tout son peuple au milieu des danses et chants de joie. Le choix du successeur se fait donc par le chef lui-même, avec l’aval du conseil des notables qui seront à même de dire, après avoir interrogé le futur, si tel enfant peut garder ou non un totem, un secret d’état et s’il est disposé à gouverner. Par ailleurs, le successeur et son adjoint doivent être des fils nés durant le règne du chef.


Racines

LES SYMBOLES ET RITES Les symboles de culte et de prestige dans la tradition Bamiléké sont constitués par un ensemble de croyances et rites qui symbolisent toute l’importance que ce peuple accorde à la tradition. Parmi ces symboles, on distingue au rang des plus importants :

Le Ndop : étoffe de rassemblement L’histoire nous dit que cette étoffe provient de la région de la Gamawa où les tisserands Tikar l’échangeaient contre la kola. Les couleurs bleues et blanches sont les tons dominants de ce tissu qui, pendant des années, ne se faisait qu’à la main et coûtait alors très cher. Il reste l’un des symboles les plus marquants des Bamilékés. Les cercles, les losanges et les lignes sont autant d’éléments qui donnent au ndop le prestige qui est le sien. Ces différentes figures symbolisent la solidarité, la stabilité, la fécondité et la prospérité. La modernité a permis sa vulgarisation, si bien qu’aujourd’hui il est devenu tissu d’ameublement, tissu d’apparat ou vêtement ordinaire, via de simples imprimés.

Roi des Bana, Sa Majesté Sikam Happi V

LE CULTE DES ANCÊTRES Le peuple bamiléké, en plus d’être connu pour ses lieux sacrés, est aussi connu pour ses rites et pratiques comme par exemple le « culte des crânes » ou « culte des ancêtres ». Chez les Bamilékés, les morts ne sont pas morts. En fait, ils sont dans un monde spirituel et, à partir de là, veillent sur leurs proches descendants qui sont encore sur Terre. Les ancêtres sont considérés comme des intermédiaires entre Dieu et les vivants. Ils sont profondément impliqués dans les affaires des vivants car ils sont les gardiens de la famille et agissent comme police invisible de la famille et de la communauté. Le culte des ancêtres est très vif. Les Bamilékés considérant que l’esprit d’un défunt se trouve dans son crâne, ce crâne sera alors déterré et sera gardé au côté des crânes de toute la famille dans une petite maison destinée à cet effet. Des offrandes sont faites au crâne qui sera consulté fréquemment par le successeur de la lignée, notamment lorsqu’une question difficile concernant la famille se pose. Les funérailles, qui se déroulent une ou plusieurs années après le décès, rythment la saison sèche et constituent de grandes fêtes hautes en couleur.

La queue de cheval C’est l’accessoire privilégié dans les toutes les manifestations de joie dans le pays Bamiléké. Les couleurs les plus récurrentes sont le noir, le marron et le blanc. Pour rythmer la danse, la queue de cheval est joyeusement agitée par les femmes ou agitée comme une lance par les hommes. Auparavant, porter une queue de cheval était synonyme de bravoure. Aujourd’hui, le faire relève tout simplement du bon goût. L’usage de la queue de cheval en pays Bamiléké lors de grandes manifestations est synonyme de victoire. C’est ainsi que, lors des funéraires, on le brandit en signe de victoire sur la mort, puisque dans la tradition Bamiléké la mort est juste le passage d’un monde à un autre. Elle symbolise aussi le pouvoir, la notabilité et le prestige, d’où sa présence pendant les danses des sociétés secrètes, les événements culturels ou encore l’intronisation d’un nouveau chef.


Racines

Le Ndinndim : Graine de bénédiction Cette graine noire est le compagnon de protection de toute personne qui entame une mission périlleuse. Ainsi, une gousse entière dans son sac tient lieu de blindage. Dans la tradition, ces graines se mangent en chiffre impair, à l’exception des jumeaux et jumelles qui les consomment en chiffre pair.

Le Ndinndim

Le Nkeng

Le Nkeng : Arbre de paix En pays Bamiléké, la reine des plantes est partout. Sa présence à l’extérieur des maisons est non seulement signe de paix, mais témoigne aussi du fait que vous êtes devant une concession bamiléké. À l’intérieur de la maison, il sert de décoration. Le nkeng est également présent dans toutes les cérémonies. Il incarne la paix dont tout un chacun a besoin. Autrefois, brandir l’arbre de la paix était signe de reddition et de négociation. De nos jours, le brandir à celui avec qui on a un différent signifie que l’on demande l’apaisement. Il est également présenté à chaque fois qu’il y a une naissance de jumeaux dans la communauté et lors de l’intronisation des chefs. Enfin, il sera parfois jeté dans la tombe du défunt pour éloigner les esprits.

SPIRITUALITÉ ET LIEUX SACRÉS Les croyances bamilékés traditionnelles sont toujours très vives. Les Bamilékés croient en l’existence d’un Être suprême appelé « Si » ainsi qu’en de nombreux esprits à portée limitée. Dans la spiritualité bamiléké, l’être humain est considéré comme étant double dans sa constitution. D’un côté, il est physique, visible et, de l’autre côté, il est âme spirituelle et invisible. Les lieux sacrés sont ceux consacrés à Dieu. Le lieu où on va méditer et prier le Si (Être suprême) permet aux Bamilékés d’être en relation directe avec lui. Ces lieux sacrés sont choisis à partir des oracles et des révélations reçues par les différents guérisseurs et médiums. Il peut s’agir par exemple des forêts ou de la case des ancêtres. Dans le pays Bamiléké, l’un des signes qui montrent au voyageur qu’il est aux abords du palais royal ou de la concession d’un grand notable, c’est souvent une immense forêt manifestement bien entretenue. Le lieu sacré sert aussi pour les sacrifices. Cette forêt sacrée est donc un lieu de culte et les totems des chefs et des notables sont réputés s’y cacher. Aussi, c’est dans ses forêts que les guérisseurs vont cueillir les plantes et les herbes pour la médecine traditionnelle. Les forêts deviennent alors le siège des esprits du village.

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BAMILÉKÉ

Racines

LES ÉLÉMENTS CLÉS

D’UNE IMMENSE CULTURE (2) UNE SOCIÉTÉ ÉLITISTE

LANGUES & ORIGINE DU NOM

La société bamiléké est élitiste mais aussi solidaire. La réussite personnelle est encouragée et récompensée par des titres de notabilité au sein de la chefferie.

Aujourd’hui, on dénombre chez les Bamilékés 5 grands groupes linguistiques proches les uns des autres et subdivisionnés en une vingtaine de sous-groupes : - Le Ghom’a-lah (Grande Mifi) - Le Medumba (Ndé) - Le Yemba (Menoua) - Le Ngombaa (Bamboutos) - Le Féfé (Haut-Kam) Les noms de famille définissent l’origine du groupement. Quant aux origines du mot Bamiléké, elles restent mitigées selon les différents clans. Datant de l’époque coloniale, la première hypothèse voudrait que tout cela soit parti d’une erreur de prononciation par l’interprète et du terme « Baboté Ba Léké » qui signifierait « Porteur des masques ». La 2ème hypothèse voudrait que cela provienne de la langue Foto et de l’expression « Pe Me Leke » et qui signifie « Habitants des montagnes ».

ÉLÉMENTS PHARES DE L’ART BAMILÉKÉ

Hôtel Zingana, à Bafoussam, la capitale de la région Bamiléké

ARCHITECTURE

Michael Kamdem En hommage à Teta Michel, Mony Mamga, Taboue Laurent & Ma’ Marguerite

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L’architecture bamiléké se caractérise par sa démesure et son symbolisme. L’organisation des bâtiments dans une chefferie suit des règles strictes basées sur la cosmogonie bamiléké. Les bâtiments, faits de raphia, bambou et de chaumes, sont surmontés de toitures pyramidales, appelées localement « toits coniques ».


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ROUGE, VERT & JAUNE Pourquoi ces couleurs sur le drapeau de tant de pays africains ? Les Panafricains de tout bord arborent généralement en étendard de leurs mouvements les couleurs vert, rouge et noir. Ces codes sont repris un peu partout dans l’univers des Afro-américains, chez les Rastafari de Jamaïque ou encore les mouvements indépendantistes des Caraïbes. Il en va de même pour toutes les opérations marketing autour du panafricanisme. Très souvent, c’est ce triptyque qui ressort, à l’instar des Jordan 1 modèle Black History Month de la firme au Jumpman et qui respectait ce même code couleur. Mais les véritables couleurs du panafricanisme sont en réalité : le vert, le jaune et le rouge, que l’on va retrouver présents dans une flopée de drapeaux de pays africains, notamment d’Afrique de l’Ouest. Alors que représentent ces couleurs mythiques ? Revenons un peu plus d’1 siècle en arrière avec la victoire des Ethiopiens et de son empereur Menelik II qui réussit à repousser l’invasion coloniale italienne, en 1897. Fort de ce triomphe, Menelik adopta pour drapeau : Le vert, le jaune et le rouge.

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Yememca

Le vert, symbolisant l’espoir et la nature, le rouge pour le sang versé par nos anciens et le symbole de la lutte et, enfin, le jaune pour représenter la puissance du soleil et de l’or. Ce récit glorieux a fait des émules et c’est ainsi que le Ghana, lors de son indépendance en 1957, devint le premier pays africain à emboiter le pas, avec son célèbre drapeau aux bandes horizontales rouge, jaune, vert et abritant une étoile noire. En 2020, ils sont au nombre de 12, tous en Afrique de l’Ouest, à l’exception du Cameroun et du Congo Brazzaville en Afrique Centrale.


CHEICK ANTA DIOP

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RÉHABILITATER L’HISTOIRE Lors de ses études, l’historien sénégalais rédige une thèse explosive. En effet, il défend l’idée selon laquelle la civilisation égyptienne était une civilisation profondément africaine. Ce travail novateur est refusé lors de sa présentation à l’université car le jury n’est pas formé pour le contenu proposé. En 1954, ses thèses sont publiées dans Nations nègres et culture aux éditions Présence Africaine. Le livre dérange parce que Cheikh Anta Diop écrit une histoire africaine, chose qui n’a pas été faite, mais aussi une « décolonisation » de celle-ci. Il identifie les courants migratoires et la formation des ethnies, délimite le monde noir jusqu’en Asie et démontre la capacité des langues africaines à soutenir le raisonnement scientifique et philosophique. De plus, sa démarche scientifique est liée à l’idéologie politique. En réhabilitant l’histoire de l’Afrique, la construction d’un futur politique égal au reste de l’humanité est envisageable pour les Africains.

Un combat semé d’obstacles

« Il a contribué à redonner à l’Afrique son passé. Et en redonnant à l’Afrique son passé, il a redonné peut-être son passé à l’humanité ». Là sont les mots prononcés par l’écrivain et homme politique Aimé Césaire en 1986 pour décrire le travail de toute une vie de Cheikh Anta Diop. Né le 29 décembre 1923, dans le village de Thieytou au Sénégal, l’historien, anthropologue et scientifique est envoyé chez un maître coranique, puis à l’école française. Il y reçoit un enseignement marqué par une vision dévalorisante de l’Afrique ne possédant aucune histoire précédant la colonisation. Opposé et en net désaccord avec cette idéologie, il lutte très tôt contre cela. Avant la fin de ses études, notamment, il élabore un alphabet pour retranscrire les langues africaines.

Une bombe à Paris A l’âge de 23 ans, Anta Diop part poursuivre ses études à Paris, à la Sorbonne. Il mène un double cursus : Sciences humaines et Sciences Exactes et suit les enseignements du philosophe Gaston Bachelard et de l’ethnologue Marcel Griaule. Par la suite, il se spécialise en chimie au Collège de France sous la direction de Frédéric Juliot-Curie. A la capitale, il fréquente les milieux intellectuels qui militent pour l’indépendance des pays africains. Les étudiants se retrouvent autour d’Alioune Diop qui est le fondateur de la libraire Présence Africaine. Parmi eux, figurent Aimé Césaire ou encore Léopold Sédar Senghor.

Après avoir décroché son doctorat, le scientifique rentre au Sénégal en 1960 et devient maître de conférences à l’université de Dakar. Parallèlement, Léopold Sédar Senghor est élu président. Une relation difficile basée sur une forte opposition naît entre lui et Diop. L’historienne et chercheuse à l’Université de Californie à Los Angeles, Madina Thiam l’explique : « Le président parle de négritude. Il souligne une différence entre une culture nègre fondée sur le rythme et une culture hellène fondée sur la raison. Diop cherche à montrer non seulement les développements intellectuels qui ont eu lieu sur le continent africain et issus de populations noires, mais également les fondements nègres de cet aspect de la culture européenne. Il défend l’idée de la création d’un Etat fédéral négro-africain qui recouvrirait l’ensemble du continent ». Cette opposition perdurera tout le long de la carrière de l’anthropologue. Senghor lui posera beaucoup d’obstacles, mais cela n’empêche pas au scientifique de créer son laboratoire radiocarbone. Grâce à cela, il effectue des tests de mélanine sur la peau de certains cadavres venus d’Egypte afin de confirmer les récits de Grèce Antique sur la mélanodermie des anciens Egyptiens. En 1980, il devient professeur d’histoire ancienne à l’Université de Dakar, après le départ de Léopold Sédar Senghor. Il y enseignera jusqu’à sa mort, le 7 février 1986, à 63 ans. Bien que sa pensée vivifie l’afrocentrisme, paradigme souvent critiqué, Cheikh Anta Diop a su écrire l’histoire africaine, comme bien d’autres, pour aider les Africains à s’émanciper.

Nicky Kabeya


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PAULETTE NARDAL des Femme deL’eugénisme lettres, mère de la “Négritude” FALASHAS d’Israel?

Paulette Nardal, ainée de 7 soeurs, est une journaliste Alors qu’elle rentre d’un séjour en Martinique, son navire est frappé et écrivaine martiniquaise. Elle est membre de la famille par un sous-marin allemand. Nardal parvient à être secourue, mais Nardal, famille bourgeoise noire de l’île. Elle est l’un des sera blessée genoux. Ce tragique la laissera infirme. Son siteaux officiel L’ACRI1. En 2009incident déjà, l’association féministe Le 10 janvier dernier, le site du quotidien israélien moteurs duHaaretz développement de la conscience littéraire handicap l’oblige à quitter son poste aux Nations Unies, à New-York, I’Isha, basée à Haïfa, avait été l’une des premières à lâche une bombe. Une «source noire et un auteur impliqué dans le courant littéraire de pour s’installer définitivement en Martinique. s’insurger. Hedva Eyal, sa coordinatrice, avait rédigé un gouvernementale» reconnaît pour la première fois la Négritude.

rapport dans lequel elle interpellait le gouvernement avoir injecté sans leur consentement» du Depo Provera sur l’utilisation intempestive de Depo Provera, en vain. (contraceptif d’une durée d’action de 3mois aux Elle sera d’abord professeure d’école avant de quitter la « A l’époque, nous avions déjà demandé des explications nombreux effets secondaires) aux femmes falashas, Martinique et de poursuivre ses études de lettres à Paris. au Ministère de la Santé. On nous avait répondu que juives d’Ethiopie. Des aveux quinoire confirment À l’âge de 24 ans, elle sera la première femme à faire donc des le Depo Provera était, pour des raisons culturelles, de suspicions autour pratique toujours des études années à la prestigieuse université de lad’une Sorbonne. beaucoup plus utilisé que la pilule contraceptive par les en bloc par les autorités sanitaires À Paris, elleréfutée fréquente la diaspora africaine et antillaiseisraéliennes. comptant dans rangs Aimémené Césaire d’autres.israélien Gal juives éthiopiennes et qu’elles voulaient continuer le C’est ses un reportage paretletant journaliste Elle profite Gabbay de la vie culturelle traitement une pour unqu’elle mène pour fonder avec ses sœurs un salonde littéraire favorisant l’échange fois en Israël. programme la au sein de la communauté noire parisienne. En tant que C’est faux. Je Chaine Educative journaliste et auteur, elle expose les inégalités liées au pense que les qui met le feu aux racisme et sexisme. raisons de cette poudres. Inquiet de pratique sont voir le nombre des En octobre 1931, Paulette Nardal fonde avec ses sœurs et principalement Falashas en Terre d’autres littéraires « la Revue du monde noir » qui, comme racistes. Et ces Sainte semettait réduire son nom l’indique, en avant des thématiques aveux sont de tout en revendiquant concernantcomme les Noirs peau de l’époque une très (-50% enrevue seront publiés. leur culture.chagrin Six numéros de la Au court de sa vie professionnelle, Paulette Nardal futétape l’assistante Grâce à sesdix traductions d’ouvrages d’auteurs de la Rei m p et o rde t aDiouf, nte ans), il recueille parlementaire de Lagrosillière, député de la Martinique, naissance d’Harlem, elle inspire les fondateurs du moula les témoignages député du Sénégal. Elle n’a eu de cesse, à travers dans ses écrits et disvement de de la Négritude, s’opposant à l’anticolonialisme. cours, de gratifier la beauté de la femme noire, d’oùliberté sa devise restée de ces 35 femmes les mémoires : « Black Is Beautiful ». éthiopiennes ayant subi intimidations, menaces dans et toutes femmes», confirme-t-elle par téléphone. En dépit chantage depuis les centres de transit éthiopiens avant d’une Loi du Retour assurant à «tout juif» le droit à Elle meurt le 16 février 1985 à l’âge de 89 ans, laissant derrière elle même leur arrivée en Israël: «On nous disait que les l’Alyah (s’établir en Israël), la judaïté de ce peuple venu un héritage culturel et émotionnel colossal. Elle aura clamé haut femmes avec beaucoup d’enfants souffrent. On prenait des hauts plateaux d’Afrique de l’Est fut longtemps et fort sa fierté d’être une « negresse », revendiqué la beauté de la [l’injection] tous les trois mois mais on ne voulait pas.» contestée. A l’origine: une épopée biblique complexe femme noire et inspirée des générations de jeunes femmes de par relate Haaretz. Suite à la diffusion du programme son en parcours remontant au temps du Roi Salomon et de la Reine de professionnel d’excellence. Tant est si bien qu’en 2016, novembre 2012, six associations en faveurs des droits Saba. Aujourd’hui, les Falashas vivent ostracisés et dans un élan populaire réclamera auprès de François Hollande que Paude l’Homme et des droits des femmes éthiopiennes une grande précarité. Ces femmes seront- elles bientôt lette Nardal entre au Panthéon. écrivent conjointement au Ministère de la Santé. Pour Plus qu’une Nardal à considérer comme qui un en femme, mesure Paulette d’attendre desestsanctions juridiques monument de la Caraïbe. ces pratiques eugénistes? Affaire à seule réponse, son directeur général, le Professeur condamneraient Ron Gamzu, envoie une circulaire aux organismes de suivre… En attendant, Israël vient d’élire fin Mars 2013 promotion de la santé avec l’indication de « ne plus la première miss Israël d’origine éthiopienne Yityish injecter le Depo Provera chez les éthiopiennes sans Aynaw, un symbole fort et peut-être une manière de se qu’elles en comprennent les conséquences» rapporte le faire pardonner, en partie.

Sa devise restée dans toutes les mémoires : “Black Is Beautiful”

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Anne Duret Rosie Gankey


BUMIDOM L’ÉMIGRATION DE LA DÉSILLUSION

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Le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer), créé par Michel Debré en 1963, naît dans un contexte où la France, en déclin suite à la guerre d’Algérie, est en recherche de main-d’œuvre supplémentaire. S’ajoutant à cela une période de chômage lié à la crise de l’industrie sucrière aux Antilles, quelques velléités d’indépendance ici et là… L’idée germe alors de favoriser l’émigration des Afro-descendants des départements d’outre-mer vers la France hexagonale. L’état décide donc de se tourner vers les territoires d’outre-mer, afin de pallier à son manque de main d’œuvre et rétablir la paix civile sur place. Le Bumidom se chargeait donc de faire venir en France des travailleurs d’Outre-mer. Pour attirer ces travailleurs, le gouvernement français se basait sur des promesses de meilleures conditions de vie pour le bougre et sa famille ; une aubaine à première vue pour des personnes n’ayant eu jusqu’alors que pour seule perspective la précarité. Ce n’est qu’une fois arrivés en métropole, qu’ils se rendent compte que cet aller est sans retour et que les promesses, incluant celle de formations qualifiées et de réussite professionnelle, n’étaient que poussière. Les emplois qu’effectuaient ces émigrés s’avèrent n’être que de simples petits boulots, souvent à la poste, dans les transports ou dans les hôpitaux.

Face à cette déception, ces émigrés doivent affronter la défiance et le mépris d’une population les mettant à l’écart, ainsi qu’un dépaysement s’accompagnant d’un climat météorologique hostile et inhabituel.

Le 10 ja Haaretz gouvern avoir inje (contrace nombreu juives d’ années d réfutée e C’est un Gabbay program Chaine qui met poudres. voir le n Falashas Sainte s comme chagrin dix ans), les tém de 35

Ne supportant plus leur sort, les Antillais révoltés dénoncent en masse le Bumidom. Cette révolte se traduit par un ravage de ses locaux en 1968, garnis de graffitis exposant leurs agissements et réclamant l’indépendance des Antilles. Malgré ceci, les départs des Antilles vers la France se poursuivent jusqu’à ce que la demande de main-d’œuvre diminue. C’est ainsi que le Bumidom disparaît en 1981, laissant place à l’ANT (agence nationale pour l’insertion et la protection des travailleurs d’Outre-mer) qui deviendra à son tour LADOM éthiopie chantage (l’agence de l’Outre-mer pour la mobilité). Du début des années 1960 au début des années 1980, plus de 85 000 Français des Antilles et de la Réunion auront été déplacés vers la métropole. Aujourd’hui encore, le mot Bumidom laisse encore un goût amer dans la gorge de nombreux ultra-marins. Toutefois, une nouvelle génération de jeunes Antillais dynamiques n’a pas vécu ce traumatisme des promesses d’antan. Elle attend simplement (et impatiemment) une politique forte et audacieuse de développement !

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Anne Duret

même le femmes [l’injectio relate Ha novemb de l’Hom écrivent seule ré Ron Gam promotio injecter qu’elles e


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Texte écrit par Priscillia Kounkou-Hoveyda Quand on est Noir, Africain et Iranien, on navigue une communauté dans laquelle il n’y a pas d’admission de la réalité des dynamiques raciales existantes, indépendamment des réalités des dynamiques raciales occidentales. Les conversations sur si l’on est Noir ou Blanc en tant qu’Iranien sont quasi-inexistantes, et seulement plus fréquentes au sein du discours dominant principalement grâce au mouvement Noir Américain Black Lives Matter. Les discussions sur la race, sur la couleur, sur l’histoire, d’ailleurs peu connue, de l’esclavage transsaharien, et d’autant moins connue de celui du Golfe Persique, sont très rares et souvent mal perçues, traitées de séparatistes et donc, peu comprises. On évolue, ou tout du moins on essaie d’évoluer dans une société qui se dit ne pas discerner entre Noir et Blanc, et pourtant une société qui historiquement a toujours discerné la couleur noire des autres couleurs. Dans la communauté Iranienne tout comme dans la communauté Turque pour nommer un autre exemple de la région, on n’hésite pas à utiliser la couleur noire pour se moquer et faire rire les masses avec la pratique répandue dans la diaspora Iranienne de siyah-bazi, le blackface iranien, une performance habituellement au théâtre où des acteurs non-Noirs

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se griment la peau de noir et portent souvent les noms de Haji Firuz ou Mobarak, tous des noms d’ancêtres Africains Noirs qui étaient esclaves dans les années 1800 de l’Iran des Qajar.

Mais, l’identité iranienne n’est pas seulement noire à travers la pratique de la traite de l’esclavage des populations notamment de l’Afrique de l’Est, avec une abolition tardive, en 1929 en Iran. La région et sa proximité avec le continent africain assurent une migration économique à travers la pratique de la pêche aux perles, des migrations de choix, etc. Le Collectif, j’ai voulu le créer avec un village de voix et d’histoires comme la mienne et différentes de la mienne, d’identités qui se positionnent aux intersections d’être Iranien, d’un pays africain ou de descendance africaine et noire. Nous travaillons avec des historiens qui nous accompagnent dans notre travail de reconstruction de la mémoire collective sur le narratif Noir, Africain, Iranien, Afro-Iranien et Africain de descendance Iranienne. Par exemple, nous avons produit l’histoire de Khyzran, une femme née à Zanzibar dans les années 1830 et trafiquée dans les eaux du Golfe Persique jusqu’en Iran où elle est vendue pour concubine . Son témoignage a été enregistré dans l’histoire mais effacé des mémoires des Iraniens, qui pour beaucoup, malgré une présence de populations Afro-Iraniennes notamment dans le sud de l’Iran, s’étonnent encore de voir un individu Noir parler couramment le Farsi ou se présenter en tant qu’Iranien, que cet individu soit en partie Iranien et en partie Africain ou Iranien de descendance Africaine, Afro-Iranien.


COLLECTIVE FOR BLACK IRANIANS

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Raviver le souvenir d’un peuple (quasi) méconnu Le Collectif pour les Noirs Iraniens, c’est en quelque sorte ce qui se passe quand on s’autorise d’embrasser tous les segments de son identité, malgré la cacophonie sociétale et parfois aussi interne qui nous impose de nous « aligner » aux côtés de l’identité dominante et de mettre en périphérie tous nos autres segments, de les taire. Je suis née en France, j’ai grandi à Téhéran et un peu à Brazzaville, puis dans la banlieue française avec des longs étés intermittents en Iran. Pour moi, l’identité qui m’a fournie un fondement alors que je naviguais les différentes sociétés auxquelles je me sentais appartenir, était et est toujours, mon identité Noire. Mes expériences au parc à Téhéran quand les gamins me traitaient de singes et me sautaient dessus, criant d’autres aberrations racistes et arrachant mon foulard, mais aussi la beauté de ma mélanine qui me suit alors que je navigue la société Française, Américaine, Iranienne ou Congolaise. Mes souvenirs d’enfance reçoivent écho par douzaines, avec les récits que nous partageons d’Iran et de sa diaspora à travers diverses formes de multimédia. Notre village, notre Collectif offre l’avantage de la nuance avec bien-sûr nos identités Africaines diverses. Je suis donc Congolaise, Alex Eskandarkhah est Iranien, de descendance Africaine donc Afro-Iranien, Nader Shahyegh est Jamaïcain Noir Américain Iranien, Pegah Bahadori est Afro-Iranienne et nos expériences sont toutes profondément ancrées dans l’intersectionalité de nos identités. Quand j’ai rencontré Homayoun Fiamor, un des co-fondateurs du Collectif, son expérience en tant que Togolais, Iranien, Français, était différente de la mienne. C’était pour lui, une enfance passée en France avec des étés en Iran, et des souvenirs dont il est très nostalgique aujourd’hui déjà. La diversité de nos histoires est importante en ce qu’elle fournisse un écho comme ceux des après-midis passés dans le nord au bord d’une rivière à manger du kabab enrôlé dans du nan sangag croustillant, la mélanine plus élevée que celle de tous les autres membres de la famille. Alors nous réalisons et produisons nos propres films, afin de nous assurer de la formation de nos points de vue, basés sur nos expériences dans nos communautés. Des courts métrages tels que We Are Here - Nous Sommes Là, d’Alex Eskandarkhah, où son frère poète Afro-Iranien Canadien se rappelle du temps passé en Iran et des regards insistants, du questionnement s’il est vrai-

Nous avons aussi un court métrage, Siyah Zibass- Le noir est beau, de la réalisatrice Afro-Iranienne Sarah Farajzadeh de Bandar Boushehr, sud de l’Iran, qui nous présente l’histoire de deux Afro/Noires Iraniennes qui partagent leur expérience de racisme anti-Noir. Mais aussi Golden Crown – la Couronne Dorée, qui raconte l’histoire d’une Afro-Américaine, Iranienne, et l’histoire derrière son prénom Maya Zarrin Taj Mansour, un court que j’ai réalisé pour le Collectif. Toutes ces histoires sont là pour tisser notre discours collectif, pour influencer la culture Iranienne, l’équilibrer avec la culture Afro-Iranienne, avec nos récits du Sud et de sa diaspora, et de la culture Noire et Africaine et vice-versa. Tout au long, nous assurant à travers nos séries, Consciousness et Siyah Zibass, que la beauté et l’intelligence de l’Afrique Noire et de ses récits est célébrée à travers l’art que nous produisions en collaboration avec divers artistes Iraniens, Africains, Afro-Américains. Le but est de continuer à puiser dans nos intersections pour influencer notre culture.

Priscillia Kounkou-Hoveyda, juriste droits de l’homme, documentariste et fondatrice du Collectif Noirs et Afro-Iraniens, une initiative critique qui propose une culture Iranienne qui se tient à ses intersections Noires et Africaines, parmi toutes les autres. Homayoun Fiamor, acteur, photographe et co-fondateur du Collectif Noirs et Afro-Iraniens.


Photo : Didier Teurquetil

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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Celio Mirande, 47 ans, Africain Caribéen. Editeur de jeux de société à compte d’auteur ou plus simplement créateur de jeux.

Décrivez-nous Conficulture et qu’est-ce qui a provoqué cette envie de vous lancer dans cette aventure ? Conficulture est une série de jeux de cartes sous forme de quiz, dédiés à l’Afro-culture et au « Monde Noir » en général, pour les Panafricains, les Afro-descendants, les Afro-conscients, les Afro-féministes, les Afro-futuristes, les Afro-caribéens, les Afro-américains, les Africains, la diaspora et les sympathisants.

Pourquoi ? Parce que : 1 - La culture afro n’est pas un luxe mais une nécessité. 2 - Le savoir africain est une arme. 3 - On ne perd jamais. Soit on gagne, soit on apprend. A la base, j’ai créé mes premiers jeux pour mes enfants qui avaient alors 12, 14 et 18 ans, afin de leur inculquer ma culture de façon ludique et synthétique. Par la suite, j’ai conçu les jeux afin de les rendre accessibles à toutes et tous, quelque soit l’âge ou l’origine, pour une transmission transgénérationnelle. Ainsi, on peut jouer de 7 à 107 ans et 2 à 8 participants ou +.

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CELIO MIRANDE

FONDATEUR DES JEUX CONFICULTURE APPRENDRE L’HISTOIRE DE FAÇON LUDIQUE “Les jeux [...] sont accessibles à tous, quelque soit l’âge ou l’origine, pour une transmission transgénérationnelle. Ainsi, on peut jouer de 7 à 107 ans et 2 à 8 participants ou +.”

Originaire des Caraïbes, que représente cette partie de vous dans l’homme que vous êtes devenu ? Les Caraïbes sont ma famille stricto-sensu. Mes grandsparents, ma mère, mes oncles, tantes, cousins, cousines, etc. Mon enfance et mes vacances d’adolescent et jeune adulte. Les souvenirs du passé, en quelque sorte. Les projets sont les développements de la distribution des jeux en Martinique et Guadeloupe. A ce titre, une collaboration est mise en place avec les éditions Jeux Caraïbes.

Quelles sont les thématiques de jeux ? Elles sont nombreuses et je suis en train d’en créer davantage. Il existe les thèmes de culture générale : Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Mayotte, les plantes médicinales créoles, l’histoire des Nègres Marrons, les spiritualités et philosophies afro, les célébrités de la black music, les savants et inventeurs Noirs, les joueurs de football Noirs ou Métis, les héroïnes et héros Noirs d’Afrique, des Amériques et des Caraïbes (de la pharaonne Hatchepsout à Rokhaya Diallo, en passant par Mulâtresse Solitude, la reine Nzinga ou l’activiste Rosa Parks ; du savant Imhotep à Nelson Mandela, en passant par Marcus Garvey, Martin Luther King, etc.) Un spécial culture Haïti, Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Bénin, Cameroun, RDC, en attendant Cap Vert, Guinée, Burkina Faso, Togo, Centre-Afrique, Gabon, Congo, Angola, Comores, Madagascar, etc.

Cette initiative en témoigne de votre panafricanisme. D’où vient cette fibre et pourquoi est-ce particulièrement significatif pour un Ultra-marin ?

C’est simple. Je suis sûr que dans chaque famille afro, il y a un jeu Scrabble, Monopoly, UNO, Trivial Poursuit, 7 familles, etc vendus par les grandes multinationales comme Hasbro ou Mattel. Donc, j’aimerais faire prendre conscience à notre communauté de dépenser leur argent utilement afin de développer l’économie afro. « Support black business » ne doit pas rester un vain mot. Les jeux, que j’ai créés, sont une alternative. Oui, on peut s’amuser et apprendre avec des jeux Afros, modernes et originaux.

Comment se procurer Conficulture ? Il y a ma e-boutique www.quizconficulture.com Mais aussi mes distributeurs agréés : Boutique associative Nous Vous Îles : 35 ter rue Emile Zola 94600 Choisy-le-Roi Librairie Afro-caribéenne Calypso : 17 bis avenue Parmentier 75011 Paris Concept store Afro Ethniks : 18 rue Pierre Lescot 75001 Paris Librairie panafricaine Tamery : 19 rue du Chalet 75010 Paris Librairie Présence Africaine : 25 bis rue des Ecoles 75005 Paris Autres e-boutiques : www.capk.fr ou www.carretropical.fr ou www.jeuxcaraibes.com

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Le titre du roman de Alex Haley avec le héros Kunta Kinté. De manière plus profonde, c’est la Terre Mère : l’Afrique. Le précepte Sankofa, de retourner vers son passé pour avancer dans l’avenir. Roots, c’est ça, pour moi. Ne jamais oublier ce qu’on est, d’où on vient.

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Panafricain a pour moi une signification essentielle car je pense qu’il y a un lien profond entre tous les Noirs du monde entier. Je crois que notre rédemption et le respect viendront des pays du continent. Quand les pays d’Afrique sauront imposer leur point de vue économique et financier au reste du monde alors cela bénéficiera à toutes et tous partout. Certes je suis originaire de Martinique mais je n’oublie pas que le nom de jeune fille de ma grand-mère était Goma et qu’elle nous a toujours rappelés que son grand-père était un Nèg Kongo, arrivé en Martinique à la fin du 19ème siècle en tant que travailleur sous contrat. Donc, je suis certes Ultramarin mais Noir avant tout, ce qui implique beaucoup de choses. Nous avons des devoirs particuliers les uns envers les autres.

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora ?



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“ Beaucoup de gens veulent faire de l’immobilier, mais ne savent pas par où démarrer. Je suis là pour vous aider à construire votre réflexion et orienter votre stratégie en fonction de votre réalité et de vos envies. ”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Solange Droual, 35 ans, originaire du Togo par ma mère et de la Bretagne par mon père. J’ai une double casquette de journaliste sportive et d’agent immobilier. Je suis aujourd’hui gérante et directrice de ma propre agence immobilière, Nestenn Montmartre.

Comment bascule-t-on du journalisme à l’immobilier ? L’immobilier est arrivé à moi un, peu par hasard, suite à une remise en question de ma vie professionnelle il y a déjà six ans de cela. Je vous avoue que la transition n’a pas été facile mais cela reste le meilleur choix professionnel de ma vie. En effet, en 2011, fraîchement diplômée de l’Ecole de Journalisme de Toulouse (EJT) et d’une Licence de Droit, je débarque dans la Capitale pour me lancer dans une carrière dans les médias. Je suis passée, entre autres, par Eurosport, TF1, Radio France, France Télévision et, plus récemment, par Canal +. Je présente actuellement une émission hebdomadaire intitulée “Toofoot” qui est diffusée sur Canal + Sport Afrique.

C’est en 2016, après une année compliquée sur le plan personnel et professionnel que je décide de me reconvertir dans l’immobilier. J’ai eu la chance d’être embauchée et de faire mes armes au sein d’une agence immobilière de luxe dans le 17e. J’ai tout appris sur le tard. Les résultats ont été au delà de mes attentes si bien qu’en 2018, je décide de voler de mes propres ailes et de créer ma propre agence immobilière, que je nomme DS IMMO. Je me lance alors dans une aventure entrepreunariale complètement folle. Je crée tout de A à Z (Ma société, mon enseigne, ma charte graphique, mon site, mes outils de com...) et je m’installe dans un petit bureau à République. Je travaille alors essentiellement avec mon portefeuille clients, mon réseau d’anciens clients et des apporteurs d’affaires. J’en profite alors pour me former juridiquement au métier d’agent immobilier et pour me spécialiser dans d’autres domaines tels que le neuf afin d’élargir ma clientèle aux investisseurs et primo-accédants. En 2021, en pleine crise COVID, je m’associe avec l’un de mes apporteurs d’affaires, un gestionnaire de patrimoine. Nous décidons, après mûre réflexion, de nous franchiser afin de nous concentrer sur le coeur même de notre métier, à savoir : Le conseil et l’accompagnement de nos clients dans leurs projets immobiliers. Après une étude de marché, nous avons décidé de rejoindre le réseau NESTENN, pour son dynamisme, sa vision et surtout ses valeurs telles que l’authenticité, la transparence et la bienveillance.

Vous êtes donc à la tête d’une agence Nestenn. Comment se passe le début de cette nouvelle aventure ?

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L’agence est officiellement ouverte, depuis le 15 septembre, tout se passe à merveille ! J’ai une équipe jeune, dynamique et aux petits soins avec nos clients. L’équipe est composée de 5 conseillers en transaction - moi incluse - et 2 personnes en gestion de biens. J’ai à coeur de me développer et j’ai pour projet d’embaucher encore 2 ou 3 personnes d’ici le début de l’année 2022.


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SOLANGE DROUAL

DIRECTRICE NESTENN MONTMARTRE “La pierre sera le meilleur investissement de votre vie” Quels sont les services que vous proposez au sein de votre agence ? Notre agence Nestenn Montmartre est spécialisée dans les activités de transaction, location et gestion des biens résidentiels et immobiliers d’entreprises sur Paris et en particulier le 18ème arrondissement. Nous couvrons également toute l’Ile-de-France et nous avons, au sein de l’agence, un service dédié au neuf, plus précisément à la VEFA (vente en état futur d’achèvement) pour tout ce qui concerne les achats en Loi Pinel (défiscalisation) ou en résidence principale neuve (PTZ ou TVA 5,5 %). Pour nos clients vendeurs, dans le cadre de notre contrat de vente NESTENN, nous avons mis les petits plats dans les grands et proposons un ensemble de services haut de gamme destinés à la vente de leurs biens : Photos HDR, visite virtuelle, Home staging virtuelle, site internet dédié à leur bien, réseaux sociaux, affichage vitrine, campagne locale et fichier partagé avec les 400 autres agences NESTENN en France. Nous offrons également les diagnostics techniques et le diagnostic de performance numérique (DPN). Chez Nestenn, la relation client se situe au coeur de notre dispositif. En fonction de leurs besoins et de leurs attentes, nous les aidons, nous les conseillons et nous les accompagnons dans chaque étape de leurs projets immobiliers. C’est pourquoi nous avons créé la Conciergerie Nestenn. Grâce à un large panel de services utiles et pratiques, nous proposons de nombreuses solutions permettant de gérer facilement leur déménagement et leur emménagement.

En quoi consiste votre travail au quotidien ?

Un numéro spécial 10 ans qui met en exergue le « woman empowerment ». Que cela vous inspire-t-il ? Les femmes ont enfin conscience de leurs potentiels ! Nous sommes des reines. Nous pouvons être qui l’on veut pourvu que l’on s’en donne les moyens. Et comme j’aime le répéter, nous sommes notre propre limite !

Si je vous dis “Roots”, Je pense à l’Afrique, le berceau de l’humanité.

01.44.85.09.15 // 06.42.52.84.67 Nestenn Paris 18 Montmartre : 40 avenue Junot, 75018 Paris

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Notre métier consiste avant tout à vendre, louer ou gérer des biens immobiliers. Notre objectif principal est de rentrer des mandats et de trouver des acquéreurs solvables et fiables. Pour cela, une grande partie de notre travail consiste à faire de la prospection et à créer du lien avec des potentiels prospects vendeurs, bailleurs ou acheteurs. Avant de rentrer un mandat de vente, nous estimons les biens grâce à des méthodes éprouvées. Nous avons aussi un rôle de médiateur et de négociateur entre les différentes parties. Le métier d’agent immobilier est un métier réglementé par la Loi HOGUET, ce qui signifie que nous avons un devoir de transparence au près de nos clients. Nous veillons au bon déroulement de la vente et accompagnons nos clients de la recherche ou de la vente d’un bien jusqu’à la signature de l’acte authentique de vente.

Le métier d’agent immobilier c’est avant tout du conseil et l’accompagnement. Avant de se lancer dans un tel projet, il est important d’avoir tous les tenants et aboutissants. Mon rôle est d’analyser et de les orienter grâce à ma connaissance du marché immobilier vers la solution la plus adaptée à leur profil. Pour cela, je travaille en étroite collaboration avec des experts dans leurs domaines respectifs : Des courtiers, des gestionnaires de patrimoine et des entreprises de travaux, entre autres. Enfin, nous proposons également un service de chasse immobilière. Le travail consiste à trouver le bien idéal en épluchant les annonces immobilières sur le marché et en sollicitant notre réseau d’apporteurs d’affaires (notaires, courtiers, agences immobilières...) L’objectif ? Respecter le cahier des charges de l’acheteur à la lettre, négocier le prix à la baisse et accompagner l’acquéreur dans toutes ses démarches administratives. C’est un gain de temps non négligeable. Ce service est très apprécié des étrangers qui cherchent à investir ou acquérir un pied à terre à Paris ou en région parisienne. Je tiens à préciser qu’il est important d’être accompagné dans votre projet immobilier car il s’agit ici d’un projet de vie ! Tous nos conseils sont bien évidemment gratuits. L’agence et nos différents partenaires ne sont rémunérés qu’en cas de réussite.


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PHOTOGRAPHE HOMAYOUN STYLISME PAROLE PARIS MAQUILLAGE ANJALI BEAUTY ARTIST LIEU CABINET DE Me MARIAME TOURÉ (Paris 8e)

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MARIAME TOURÉ

AVOCATE PÉNALISTE AU GRAND COEUR

Rencontre avec Maître Mariame Touré, qui s’est prêtée au jeu d’un shooting dans son cabinet haussmanien. Cette pénaliste à l’ascension fulgurante est aussi une avocate engagée dans les droits des femmes, notamment celles victimes de violences ou pour la protection de l’enfance. Portrait.

Veste : INTERDEE


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Veste : DEBORAH L BRAND



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MARIAME TOURÉ

L’AVOCATE AU GRAND COEUR “Contrairement aux idées reçues [...] il y a plus d’avocats noirs qu’on ne pense, notamment en droit des affaires, mais on ne les voit pas parce qu’ils ne plaident pas souvent.” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Oui, oui, oui j’ai des papiers ne vous inquiétez pas (rires). Je m’appelle Mariame Touré, la trentaine, Parisienne d’origine gambienne. Je suis avocate au barreau de Paris, j’ai mon propre cabinet dans le 8ème arrondissement de Paris.

On avait eu l’honneur de vous avoir dans les pages du ROOTS édition Djolof. Revenons rapidement sur votre parcours ? J’ai toujours voulu être avocate. J’ai un parcours scolaire assez atypique. Après un Bac technologique, dans lequel on étudiait le droit et l’éco-droit, je me suis inscrite à la faculté de Paris VIII, j’ai validé un master en Droit des affaires avec M. Jérôme Bonard qui est un des ténors de la discipline. Ensuite une formation à l’IEJ (Institut d’études judicaires) m’a permis d’intégrer l’école de formation du barreau pour décrocher mon C.A.P.A (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat). J’ai prêté serment à la Cour d’Appel de Paris et ouvert directement mon propre cabinet dans un bureau d’avocats indépendants, à la Madeleine, puis rue de Constantinople (75008 Paris). Le 13 février 2022, cela fera 5 ans que j’exerce la profession d’avocate.

Comment jugeriez-vous l’évolution de Maître Mariame Touré en 5 ans ? Je suis partie de rien et je n’avais pas de dossiers. Pour tout vous dire, j’ai démarré avec une domiciliation grâce à une avocate d’expérience d’origine antillaise qui avait ses propres locaux place de la Madeleine. Aujourd’hui, j‘ai un bureau et commence à développer une véritable clientèle. J’ai gagné en assurance, en charisme et je vois chacune de mes audiences comme un combat de boxe. Depuis 5 ans, je me sens beaucoup mieux armée pour ces batailles judiciaires.

Avez-vous conscience de faire partie d’une petite caste, tant les avocats noirs sont rares. Ressentezvous un quelconque devoir de représentation ou pas du tout ? Oui peut-être que nous sommes peu nombreux à exercer cette profession mais, contrairement aux idées reçues, j’ai envie de répondre qu’il y a plus d’avocats noirs qu’on ne pense, notamment en droit des affaires, mais on ne les voit pas parce qu’ils ne plaident pas souvent. Toutefois, cela commence réellement à évoluer, donc je ne me considère pas spécialement comme une exception. J’ai d’ailleurs des copines avocates qui exercent, au barreau de Paris, du Valde-Marne, de la Seine-Saint-Denis ou des Hauts-de-Seine. Oui je me rends compte que je représente un peu notre communauté, involontairement, mais en restant très modeste et sans prétention.

Comment expliquer que votre trajectoire suscite toujours autant d’étonnement ou d’admiration ? Je pars de loin. Ayant un parcours atypique, j’ai beaucoup travaillé autant pour obtenir mes diplômes que pour payer mes études. En effet, j’ai été assistante de justice et j’ai même travaillé dans un fast-food plusieurs années. J’avais conscience que ce n’était pas facile mais, avec de la passion, de la persévérance et de la volonté, tout le monde peut y arriver.

Il suffit de vous suivre sur vos réseaux sociaux pour voir que vous êtes une femme très engagée... Je suis une femme qui déteste l’injustice, les discriminations ainsi que les violences… C’est la raison pour laquelle je me suis tournée vers le métier d’avocate. J’aime les gens, j’aime l’humain et je crois que ça se voit. Quand vous venez chez Mariame Touré, vous arrivez souvent avec des larmes mais repartez avec le sourire. J’essaye de dédramatiser des situations et d’accompagner au mieux mes clients.


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Robe : MIJES PARIS


Veste : DEBORAH L BRAND


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Chemisier : MIJES PARIS



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“Énormément de familles sont suivies par des juges pour enfants, eux-mêmes suivis par des éducateurs. Lorsque ça ne se passe pas bien, ces enfants peuvent être placés. [...] Mais les parents, bien souvent, se retrouvent démunis car ils ne savent pas qu’ils ont droit de faire appel à un avocat.” Décrivez-nous une semaine type dans la vie de Mariame Touré ?

Vous oeuvrez également dans l’associatif pour la protection des femmes...

Aucune journée ne se ressemble et heureusement. Je suis toute seule à gérer mon cabinet, je reçois mes clients, je rédige des actes, je vais plaider au Tribunal ou je négocie des solutions concertées avec mes confrères. Depuis quelques temps, je fais appel à des stagiaires, j’ai des étudiants en master ou sciences po qui m’aident en échange d’une formation au métier d’avocat.

Je fais partie d’une association qui s’appelle Lotus Community et qui vient en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Nous les suivons du début jusqu’à la fin de la procédure. Je suis responsable du pôle juridique, j’aide les femmes à constituer un dossier d’aide juridictionnelle et je les assiste à toutes les audiences. Pour ces femmes qui ont subi des violences, il y a généralement plusieurs procédures, un dossier pénal ainsi qu’un dossier civil. Généralement, pour les femmes victimes de violences conjugales, nous allons constituer un dossier pour écarter le conjoint violent et saisir le J.A.F en urgence (juge aux affaires familiales) pour qu’il délivre une ordonnance de protection.

Quels genres de dossiers traitez-vous ? Principalement, je traite des dossiers au pénal. Côté victime comme côté auteur. Pour ma part, je pense qu’il est important de faire les deux. Hormis le pénal, je fais également pas mal de procédures en droit de la famille, c’est-à-dire tout ce qui est relatif aux divorces, pensions alimentaires, délégations d’autorité parentale etc… J’interviens, en outre, dans les procédures d’assistance éducative. Il faut savoir qu’il y a énormément de familles qui sont suivies par des juges pour enfants. Les enfants dans le cadre de ces procédures sont eux suivis par des éducateurs. Lorsque la vie au sein du foyer ne se passe pas bien et qu’il y a des carences éducatives, ces enfants peuvent être placés, parfois même très longtemps. Les parents, dans la majeure partie des cas, se retrouvent démunis car souvent ils ne savent pas qu’ils ont le droit de faire appel à un avocat. Ils sont débordés par leur situation et très souvent abandonnent la procédure. Enfin, je m’occupe aussi de tout ce qui est expulsion locative, les problèmes de baux d’habitation ou commerciaux. Je préconise de prendre un avocat avant l’expulsion mais, trop souvent, les gens viennent vous voir quand la maison « brûle » déjà et qu’ils se retrouvent dans des procédures qu’ils ne maîtrisent pas du tout.

Numéro spécial 10 ans avec pour thématique : La Black Excellence. Cela vous évoque quoi ? Soyez passionné et vous deviendrez excellent. Si j’avais un message en direction de vos lecteurs, je dirais que la vie est remplie d’opportunités et qu’il faut savoir sauter dans le train au bon moment. Il faut juste foncer !

Si je vous dis le mot “Roots”, vous me répondez… Si la branche veut fleurir, qu’elle honore ses racines. Ce que je souhaite à ROOTS pour ses 10 ans est de continuer à nous faire briller et à nous inspirer !

Instagram : me.mariame.toure.avocat Site web : www.mariametoure.com

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Veste : MIJES PARIS


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YANNICK BEAUCE

FONDATEUR DE LION SERVICES NETTOYAGE I SÉCURITÉ I RÉNOVATION Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Yannick Beauce, 33 ans, d’origine camerounaise. Je suis chef d’entreprise dans le secteur du BTP et de la sécurité privée. Revenons sur votre parcours professionnel. Vous étiez présents dans les premiers numéros de ROOTS (il y a 10 ans) et votre activité était, à l’époque, tournée vers le domaine de la sneakers... Effectivement, il y a 10 ans, j’ai lancé un magasin de sneakers et de prêt-à-porter à Boulogne-Billancourt. Nous mettions à disposition des éditions limitées et des modèles collector de baskets auprès de nos clients. Suite à cette expérience, j’ai vendu mon entreprise et j’ai décidé de me lancer dans le nettoyage et la maintenance des installations. Cette seconde entreprise que j’ai lancée en 2013 a été rachetée en 2020 par un groupe qui souhaitait faire une croissance externe. En parallèle, j’avais également une entreprise de sécurité privée et une entreprise de rénovation. Depuis 2020, je me suis consacre donc exclusivement à ces deux entreprises.

Ressentez-vous la force de la diaspora dans le développement de votre clientèle ? J’ai une offre qui s’adresse à tout le monde et qui n’est pas ciblée communautaire. Que vous soyez noir, blanc, jaune, peu importe, tout le monde a besoin de nettoyer, sécuriser ou maintenir ses biens. Mais, évidemment, cela fait toujours plaisir de voir lorsqu’une communauté est solidaire et encourage ses entrepreneurs. C’est forcément agréable de tomber sur un client de la diaspora qui me booste et cela me donne envie de travailler encore plus d’arrache-pied. J’ai de plus en plus de gens qui m’appellent et souhaitent que l’on fasse des travaux de leurs appartements ou magasins car ils ont cette fibre d’entraide et de « Black business ». Je ne peux que l’encourager !

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Comment s’est construite votre carrière d’entrepreneur ? Était-ce une évidence ? Au départ, j’ai commencé sur internet. Je me rappelle que LeBoncoin n’existait pas encore et je faisais des deals de sneakers sur Ebay. J’achetais des produits que je revendais et, à l’époque, je réussissais à générer de l’argent en misant sur la conversion Euro/Dollar. À cette période, 1 euro était l’équivalent de 1,30 dollars. Il y avait tout de même 30% de différence et c’est ainsi que je faisais ma marge. J’achetais mes baskets aux USA, en dollars, et je revendais en France, en euros. Cela fonctionnait tellement bien que j’avais donc décidé d’ouvrir ce fameux magasin à Boulogne pour offrir une structure physique à mes clients afin qu’ils aient la possibilité d’essayer les paires sur place. Je me suis très vite rendu compte qu’un magasin physique est trop limitant. Je savais qu’internet était le futur mais je n’avais pas réalisé à quel point et ce fut une erreur de quitter le business du web pour ouvrir en dur. Une boutique génère énormément de charges de structure et de personnels. Alors qu’avec un site internet, ta clientèle est beaucoup plus large et tes frais quasi nuls. Ma clientèle était donc surtout locale et, pour me développer, il fallait vraiment toucher un maximum de personnes sur Boulogne.

Je me suis alors demandé quel type de business ne nécessite pas énormément de moyens et où je pourrais toucher un maximum de personnes ? C’est ainsi que l’idée de me lancer dans le nettoyage est apparue. Tout le monde en a besoin, toutes les entreprises, et c’est ainsi que je me suis lancé. À force d’évoluer dans ce domaine, je me suis rendu compte d’une niche, celle du nettoyage des hôtels. À l’époque, les hôtels embauchaient des femmes de chambre mais il y en avait de plus en plus qui cherchaient à externaliser cette tache. Je me suis donc engouffré dans la brèche et spécialisé dans ce domaine. Ce fut un carton ! Nous avons commencé à travailler avec le Royal Monceau, avec les hôtels du groupe Accor, etc. En parallèle, je proposais la sécurité privée car ce sont deux univers qui vont de paire. Les entreprises qui ont besoin de nettoyage ont aussi besoin de sécurité, c’est la même clientèle. En 2018, j’ai donc créé Lion Service Rénovation car je voulais apporter à notre clientèle la maintenance des installations et la possibilité de faire des travaux. En résumé, je voulais fournir à mes clients ce que l’on appelle du Facility management, c’est-à-dire : « On nettoie, on sécurise et on entretient ». Nettoyage, sécurité et maintenance.


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Le nom de votre structure est Lion Services Group. Est-ce en clin d’œil à votre pays d’origine (Le Cameroun) dont l’emblème est le lion ? Par ailleurs, dans la rubrique racines, nous faisons un focus spécial sur l’ethnie Bamiléké dont vous êtes originaire et qui est réputée pour son goût de l’entreprenariat. Que représente le poids de vos origines dans votre trajectoire ? Il est clair que le Cameroun occupe une bonne partie de moi. J’y suis né, j’y ai passé mon enfance. Effectivement, quand j’ai décidé de choisir un symbole pour mon entreprise, le lion est apparu comme une évidence. Le lion représente un animal noble, majestueux et qui évolue en bande. C’était aussi un clin au Cameroun, mon pays d’origine. Mon choix a tourné autour de ces deux aspects. Pour la deuxième partie de votre question, effectivement je suis Bamiléké et fier de l’être. Je pense que cela se ressent dans ma façon de traiter mes affaires. Depuis tout petit, j’ai toujours baigné dans cet environnement de commerce, de business, qu’il s’agisse de ma famille ou de mes proches, où chacun essayait de se battre et de lancer son business. Ce sont des valeurs qui me portent au quotidien. Je ne saurais pas l’expliquer, je pense que l’on nait avec, ce n’est pas quelque chose que l’on peut développer ou acquérir. Cette soif d’entreprendre, cette détermination au travail, voilà les valeurs auxquelles j’ai été biberonné.

Que peut-on vous souhaiter pour les 5 prochaines années ? De m’implanter dans d’autres grandes villes de France, je pense notamment à Lyon, Bordeaux, Lille... L’idée serait d’ouvrir à la fois nos propres agences, mais aussi de décliner des franchises. D’ici fin 2022, on va certainement commencer à mettre en place nos contrats dans les grandes villes en se développant en licence de marque ou licence de franchise. Un message nos 10 ans ? Je suis très fier à avoir été parmi les premiers à figurer dans le magazine. ROOTS a pris beaucoup d’ampleur, s’est épaissi et apporte un contenu qu’on ne retrouve nul part ailleurs. Vous avez réussi à créer un véritable lifestyle afropéen et ce n’est pas un hasard si vous fêtez aujourd’hui vos 10 ans. Votre magazine a une âme. Si je vous dit le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Une communauté. Derrière ROOTS, je vois toute la communauté afropéenne française. C’est ce qui permet à toute notre diaspora de se créer un tronc commun.

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TATIANA N’GOMA SAKO

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“LA ROBIN MUM HOOD ?” Professeure des écoles de 34 ans, d’origine congolaise, mère de 2 enfants et auto-entrepreneuse dans : “LA DÉMOCRATISATION DU LUXE”. Issue d’une grande famille congolaise, nous travaillons ensemble dans l’évènementiel depuis toujours. Étant très manuelle de base, ma petite entreprise voit d’abord le jour en créant des PIÈCES UNIQUES et PERSONNALISÉES pour mes enfants.

La publication de mes créations, sur Instagram, étant plébiscitées, cela m’a donc poussé à me lancer dans cette activité en répondant à différents projets. Désormais, je transmets mon savoir-faire principalement au Social Club de la Shopping Promenade de Claye-Souilly.

LES ATELIERS TOUS PUBLICS

Atelier Papeterie DIY Une session créative de 4 heures, en cours privés ou collectifs. Initiation à la création de visuels pour vos bouteilles, chips, boissons, barres chocolatées...

Atelier Customisation Une journée créative pour devenir son propre designer, en cours privés ou collectifs. Initiation au flocage sur différents textiles, mais aussi la CUSTOMISATION d’autres matières telles que le verre, le bois ou le plexi...

WWW.TATIANADETAILS.COM Shopping promenade Claye Souilly

contact@tatianadetails.com

@tatiana_details

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En conclusion Là où Robin Hood, à l’époque, servait les plus démunis, dans mon offre d’aujourd’hui, je n’ai qu’un objectif : Prendre le savoir des grandes industries pour le transmettre aux petites et nouvelles entreprises, mais aussi à tout ceux qui, par simple curiosité, sont intéréssés.

Master Paper Games Laissez-vous tenter par 1 heure de découverte ludique de Mme Robin Mum Hood ! Durant ce jeu, vous expérimenterez les usages de la personnalisation en vous impliquant aux travers d’énigmes et challenges ! En faisant uniquement appel à la logique, l’observation et au raisonnement, toutes lesqualités requises du Master Paper.


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nawali_group

www.nawali-group.com Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Aïta Magassa, j’habite à Cergy. Originaire de Mauritanie, je suis mariée à un homme d’origine gambienne et nous avons 4 enfants. Je suis la fondatrice de Nawali Group.

Quel est votre parcours professionnel jusqu’à la création de Nawali ? J’ai une formation de BAC Pro Secrétariat. Ensuite, j’ai fait un BTS Assistante de Gestion de PME/PMI. J’ai fait cela en alternance et je travaillais, en même temps, dans une société de gestion de logements sociaux. Suite à cela, j’ai travaillé pour plusieurs groupes immobiliers sociaux. En totalité, j’ai cumulé 12 années d’expérience dans le domaine, j’ai occupé des postes d’assistante de gestion, jusqu’à monter en tant que responsable de secteur. Puis, je me suis lancée et j’ai créé Nawali. Le déclic a eu lieu il y a 6 ans. J’étais en voyage en Mauritanie, mon pays d’origine, et j’ai voulu m’acheter un terrain.

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J’ai rencontré d’énormes difficultés, j’ai failli me faire arnaquer plus d’une fois. Je me suis dit qu’il y avait énormément de choses à faire en la matière et un besoin

“Nawali couvre 3 secteurs d’activité : 1. La vente de terrains contrôlés et sécurisés. 2. La construction de maisons individualisées et de petits immeubles. 3. Le financement..” “ On propose des tontines qui sont mises en place pour l’achat de terrains. Ce sont des tontines de 5000€, sur une période de 20 mois, c’est-àdire 250€ de mensualité pour 20 personnes. ” d’agences immobilières pour accompagner des personnes, comme moi, dans leur démarche d’achat. Beaucoup ont cette envie d’avoir un patrimoine en Afrique, dans leurs pays d’origine. Il faut juste leur apporter une sécurité afin de déclencher l’investissement.

Pourquoi le nom « Nawali » ? Je suis Soninké et le mot « nawari » veut dire « bienvenue ». Quand j’arrivais en Mauritanie, à l’aéroport, il y avait souvent une pancarte « Nawari » en soninké, à côté du « Bienvenue » en français et d’autres langues. C’est la première chose qu’on voit à l’entrée du pays. Ce mot signifie aussi « merci », donc je dirais que c’est un joli clin d’œil à mes origines.

Aujourd’hui, quel est le champs d’action de Nawali ? L’agence Nawali couvre 3 secteurs d’activité : 1. La vente de terrains contrôlés et sécurisés. 2. La construction de maisons individualisées et de projets un peu plus conséquents, comme de petits immeubles. 3. Le financement.


AÏTA MAGASSA

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FONDATRICE DE NAWALI GROUP J’ai constaté que ces 3 problématiques étaient les plus récurrentes pour freiner les investissements immobiliers en Afrique. 1) Tout d’abord, la sécurité, avec un manque de structures pour accompagner les membres de la diaspora dans un achat serein. D’autant plus que ce sont des ventes qui s’effectuent généralement à distance. Il fallait une agence qui sécurise le foncier. On est un intermédiaire de garantie pour que le client puisse faire un achat aisé et certifié. On s’assure qu’ils n’auront pas un terrain qui a été vendu à plusieurs personnes, ils n’auront pas un terrain qui appartient à l’état, un terrain qui est bien dans une zone constructible, etc. En résumé, on veille à ce qu’il n’y ait aucun vice caché. 2) La deuxième chose que j’ai remarqué est que beaucoup étaient fâchés avec la construction (rires). Quand je pense à la génération de nos parents, beaucoup ont essayé de construire leur maison sur énormément d’années car il est difficile de trouver des personnes de confiance. Si je me réfère à mon histoire personnelle, mon propre père a mis quasiment 15 ans pour construire sa maison, en Mauritanie, et je sais qu’ils sont nombreux dans son cas. Il a fallu qu’il y aille, à chaque fois, pour superviser l’avancée des travaux. Et, lorsque l’on envoie l’argent à distance, il n’est pas toujours utilisé à bon escient. J’ai donc décidé de mettre en place, dans mon agence, la possibilité de construire sa maison en toute sécurité et en toute tranquillité, avec des partenaires de confiance. 3) Enfin, le troisième problème est le financement. Comment financer son terrain et sa construction si on n’a pas l’argent ? Pour ma part, je faisais partie de plusieurs tontines avec la famille. C’est un moyen qui permet d’économiser de l’argent. J’ai décidé d’utiliser cet outil d’épargne que l’on connaît tous, au sein de la communauté africaine, pour pouvoir proposer une solution de financement intermédiaire à la banque. Ainsi, Nawali propose des tontines qui sont mises en place pour l’achat de terrains. Ce sont des tontines de 5000 €, sur une période de 20 mois, c’est-à-dire 250 € de mensualité pour 20 personnes. Ces tontines sont entièrement structurées et organisées par Nawali. Actuellement, nous avons 8 tontines en cours pour de l’acquisition de terrains. La première a démarré en 2018 et s’est très bien passée ! Nous en avons plusieurs autres en cours, on en met en place tous les deux mois, avec des inscriptions qui se font très rapidement. Voici notre solution pour palier toutes les inquiétudes de financement. On a également mis en place des solutions de financement pour la construction, sur le même mode de financement participatif et on va également proposer, d’ici quelques mois, des financements pour des projets sociaux. Les gens auront la possibilité de participer à une cagnotte participative pour la construction, par exemple, d’une école ou tout projet qu’on va leur proposer en Afrique.

Parlez-nous de cette technique révolutionnaire, le BTC, dont vous faites la promotion ? Merci de l’évoquer ! Effectivement, depuis le mois d’octobre 2020, on propose de la construction de maisons individualisées et on a décidé de s’orienter sur des bâtisses plus écologiques, de type BTC, c’est-à-dire en briques de terre comprimée. Cette une méthode plus éthique et qui va surtout permettre une énorme économie d’énergie ! C’est la technique de construction la plus adaptée au climat local.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans la création de votre entreprise ? Cela fait, maintenant, pratiquement 3 ans que j’ai lancé mon entreprise. Oui, j’ai rencontré des difficultés, je ne vous le cache pas. Je suis ici, en France, et mon équipe est basée en Afrique. J’ai souvent dû changer mes effectifs. Quand on est en dehors du pays, c’est parfois difficile de piloter l’ensemble des équipes. Le fait d’être une femme pousse aussi certaines personnes à vouloir, parfois, en abuser. Je suis dans un domaine qui est assez rude, il y a beaucoup de travail et c’est un univers très masculin. J’ai pu être confrontée à de véritables requins, en affaires, mais il faut savoir rester pro, déterminée et toujours être fidèle à ses valeurs. Heureusement, mes clients ont confiance en moi et les choses se passent relativement bien. Donc si j’avais un message pour toutes les femmes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat, je leur souhaite beaucoup de courage et de ne surtout s’arrêter au premier obstacle !

Quel est votre rapport avec la Mauritanie ? Avez-vous des projets ? La Mauritanie représente mes racines. Quand je pense à la Mauritanie, je pense beaucoup à mes parents, surtout à mon père. Actuellement, ils y sont. Ils ont tout fait pour qu’on puisse aimer notre pays. Il y a quelques années en arrière, je connaissais mon pays d’origine, mais ce n’était pas forcément quelque chose de très important pour moi. Aujourd’hui, plus les années passent et plus je me sens rattachée, plus j’ai envie d’y retourner. Mon objectif, dans les 5 années à venir, est de retourner en Afrique. Je ne sais pas dans quel pays, certainement la Mauritanie ou la Gambie - étant donné que mon mari est d’origine gambienne. Quoiqu’il en soit, l’Afrique a pris une place très importante dans ma vie et je pense fortement à m’y installer.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Un baobab.


Chemisier : TANIEU COUTURE


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Hapsatou Sy

PHOTOGRAPHE AUDRAN SARZIER MAQUILLAGE FLORE WONDJE COIFFURE ANJALI BEAUTY ARTIST

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Ensemble : TANIEU COUTURE


Robe : RETRO STAGE


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Robe : TANIEU COUTURE


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Photo : Didier Teurquetil

Costume : HF SUITS


DU RUGBY À LA FINANCE

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JOËL KOTHO

FONDATEUR DE XV PATRIMOINE Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Joël Kotho, j’ai 35 ans, je suis originaire du Congo Kinshasa. Je suis conseiller en investissement Financier. Fondateur de XV PATRIMOINE, Cabinet indépendant de Conseil en Gestion de Patrimoine, partenaire du groupe IFB FRANCE, qui lui existe depuis 25 ans et pour qui je suis aussi Responsable Régional Ile-de-France et qui me permet de proposer à mes clients une large palette de produits financiers. J’ai pratiqué le rugby et j’ai joué pour l’équipe nationale de la RDC. Sélection avec laquelle je collabore puisque j’accompagne certains joueurs en qualité d’agent. Avec la fédération, on travaille à mettre en lumière les talents du rugby congolais en s’appuyant sur les valeurs de ce sport fédérateur. J’ai donc la double casquette de conseiller en gestion de patrimoine et d’agent sportif. Comment bascule-t-on d’ancien sportif à gestionnaire de patrimoine ? Avant le rugby, je suis passé par des études de management. J’ai par la suite travaillé dans le domaine des assurances parce que j’avais une appétence pour cet univers. Petit à petit, j’ai développé une passion pour le monde de la finance. J’ai voulu sortir de ma zone de confort et aller prendre plus que ce que la vie me proposait. Je n’ai pas eu un parcours scolaire fait de grandes écoles, mais j’avais une ambition débordante. Ce qui m’a ouvert plusieurs portes. Après les assurances, j’ai été banquier de nombreuses années. J’ai compris, très tôt, l’importance et le pouvoir du réseau, ce qui m’a permis de me faire un excellent carnet d’adresse. C’est ainsi que mes clients sont aujourd’hui, pour la plupart, des avocats, des notaires, des entrepreneurs et des cadres. Même si je suis également accompagnateurs financiers de personnes salariées.

“ J’ai joué pour l’équipe nationale de la RDC. Sélection avec laquelle je suis toujours en contact puisque j’accompagne certains joueurs en qualité d’agent. ”

“ Ce n’est pas un service réservé aux riches. Nous ne sommes pas des gestionnaires de fortune. ” En parallèle à ma carrière dans les assurances, je pratiquais le rugby. J’ai été appelé en équipe nationale et c’est là que j’ai été sensibilisé sur la situation de plusieurs sportifs qui faisaient carrière sans se soucier de sécuriser leurs finances et leur patrimoine personnel. C’est ce qui a déclenché le fait que je m’intéresse au métier de gestionnaire de patrimoine. Je me suis formé, j’ai utilisé ce qui est mis à disposition de nombreuses personnes, le compte CPF, pour augmenter le savoir dont j’avais besoin et asseoir une certaine crédibilité, et par la suite, en obtenant les habilitations nécessaires et obligatoires à la fonction de CGP. J’ai voulu travailler pour des cabinets mais ils demandaient un minimum de BAC+5 ou être passé par des écoles que mes parents ne pouvaient m’offrir, j’ai fait mes preuves et j’ai travaillé dur. Aujourd’hui, je gère mon propre cabinet, XV Patrimoine, avec une équipe de plusieurs conseillers, j’ai plus de 80 partenaires qui me font confiance, dont le groupe Théseis, leader de la gestion de Patrimoine, Rothschild Asset Management et bien d’autres de renom ! Nous intervenons partout en France. A qui s’adresse un gestionnaire de patrimoine ? Mon métier est un métier réglementé, comme celui d’avocat, il fait l’objet d’un agrément par l’Autorité des marchés financiers. Il s’adresse à tout le monde, ceux qui se demandent s’ils peuvent se constituer un patrimoine, comment le faire ? Le protéger, le transmettre ? Ceux qui se demandent s’ils ne paient pas trop d’impôts. Un CGP est le médecin de famille sur la partie financière et, en tant que généraliste, je travaille en complémentarité avec les autres conseillers de mes clients (avocat, expert-comptable, notaire). J’apporte du conseil en organisation et stratégie patrimoniale.


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“ Avec un collectif d’entrepreneurs essentiellement basé aux USA et en Europe, nous avons à cœur de développer des projets au Congo et de réellement créer des emplois. Le but est d’encourager l’entrepreunariat, les initiatives, le développement d’idées, de ne pas avoir à dépendre de financements étatiques ou d’organismes étrangers. ” Quand je rencontre mes clients, on fait un état des lieux de leurs finances, puis j’amène l’ordonnance afin de mettre en place ensemble les actions qui peuvent être menées pour atteindre leurs objectifs. Ce n’est pas un service réservé aux riches. Nous ne sommes pas des gestionnaires de fortune. Même si votre banque vous regarde autrement lorsque vous annoncez avoir un conseiller en gestion de patrimoine. Vous êtes originaire de la RDC. Que cela représente-t-il pour vous ? Le Congo Kinshasa représente énormément pour moi, puisque j’y ai passé mes premières années de vie. J’ai énormément de souvenirs d’enfance. Juste pour la petite histoire, j’allais jouer piesd nus avec mes copains au football et nos ballons étaient des sachets mélangés avec des cordes. Ce sont des souvenirs magnifiques qui ont forgé l’homme que je suis aujourd’hui, à vouloir toujours aller plus loin, et être digne de l’héritage et du sacrifice de nos parents, sinon où serait le progrès ? Je veux être un exemple et en inspirer d’autres. Avec un collectif d’entrepreneurs essentiellement basé aux USA et en Europe, nous avons à cœur de développer des projets au Congo et de réellement créer des emplois. Le but est d’encourager l’entrepreunariat, les initiatives, le développement d’idées, de ne pas avoir à dépendre de financements étatiques ou d’organismes étrangers. Le Congo a un pouvoir illimité et il est temps qu’on s’en rende compte.

Un message pour la diaspora ? Ne pas s’arrêter à ce que l’on nous propose. Aller au-delà, toujours être curieux et vouloir grandir. S’encourager. Les seules barrières qu’on a sont dans la tête. Nous n’avons qu’une vie mais plusieurs chapitres dans cette même vie. Il faut savoir se laisser guider par sa passion et ne jamais cesser de rêver. Ne négligez pas la force de la pensée, lorsqu’on se dit : « Je ne peux pas me le permettre » notre cerveau arrête de fonctionner, mais lorsqu’on se dit : « Comment puis-je me le permettre » il se met au travail et cherche des solutions ! Si je vous dis « Black Excellence », mythe ou réalité ? On a dans nos gènes une force qu’on nous transmet depuis des générations. Notre génération est la génération consciente. Désormais, l’étape à venir est l’action. La black excellence, c’est l’action. Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Je vois un arbre qui monte, ne cesse de grandir et donne des fruits qui profitent à tous.

Instagram : gentleman_parisien

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Photo : Didier Teurquetil

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200

2 Rue Nollet, 75017 Paris

+33651990668

DIYAGOLDENHAIRR

DIYA GOLDEN HAIR


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DIYA GOLDEN HAIR ITINÉRAIRE D’UNE BOSS LADY

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Diya Gueye, 28 ans, originaire du Sénégal et gérante de 2 salons Diya Golden Hair et d’une marque de produits cosmétiques.

Revenons sur votre parcours. Comment vous êtes-vous lancée ? J’ai toujours su coiffer, même si ce n’était pas forcément une passion. Du coup, après mon Bac, vu qu’il fallait payer mes charges, le loyer, etc, il fallait que je trouve un boulot et c’est la coiffure qui est revenue naturellement à moi. Au fur et à mesure des années, c’est devenu une passion car c’est un métier en perpétuelle évolution. Je savais que je pouvais y apporter quelque chose de différent. J’ai commencé à travailler à mon compte en 2014. Un an après, j’ai ouvert un premier salon de coiffure à Paris. Deux ans après, j’en ai ouvert un second à Rouen.

Décrivez-nous l’offre chez Diya Golden Hair ? On est spécialisé dans les extensions capillaires de première qualité. On fait tout ce qui est pose de perruques et tissages. Et on n’utilise principalement que des cheveux naturels.

Vous êtes sur un marché ultra concurrentiel. Comment avez-vous fait pour vous démarquer ? Le secteur des extensions capillaires évolue très rapidement. Si on fait une rétrospective sur les années précédentes, les techniques ne font qu’évoluer. Et nous sommes, en permanence, à la pointe des nouvelles tendances en nous formant aux nouveautés provenant de l’extérieur, notamment des États-Unis ou de Londres. Être coiffeuse, c’est un peu comme être une artiste. Il faut savoir faire transparaître son talent, à travers les photos, afin qu’un potentiel client voit chez nous ce qu’il n’a pas vu autre part.

Vous choyez de nombreuses personnalités. Quelles ont été vos 3 rencontres les plus marquantes depuis le début de votre aventure ?

Quelle est votre définition d’une boss lady ? Pour moi, être une boss lady, ce n’est pas être une patronne, si on prend la traduction française, au premier degré. Être une boss lady, c’est un état d’esprit. C’est être déterminée dans son travail, peu importe qu’on soit patronne ou non, et avoir confiance en ce que l’on fait. Est-ce que je me considère comme tel ? J’espère l’être. Et si je ne le suis pas encore, j’espère pouvoir l’être dans le futur (rires). Lorsque j’ai commencé ma micro entreprise, j’avais 19-20 ans, je n’avais pas beaucoup de femmes autour de moi qui étaient entrepreneures. Aujourd’hui, le fait de voir, à travers les réseaux sociaux ou à travers des magazines comme ROOTS, des femmes entreprendre, cela prouve que ce n’est plus un fantasme, mais bien une réalité et j’en suis fière.

Vos défis pour 2022 ? S’exporter et développer le nom Diya Golden Hair à l’international. Que ce soit dans les pays africains ou anglophones. Et développer notre nouvelle marque de cosmétiques qui arrive.

Originaire du Sénégal, que cela représente-t-il ? C’est grâce au Sénégal que j’ai vu en moi la capacité d’entreprendre. J’y vais chaque année. C’est de par le statut social de mon père, chef d’entreprise, que j’ai vu un modèle et su que j’avais la capacité de pouvoir entreprendre. La vie qu’il menait au Sénégal était très paradoxale par rapport à celle que je menais en banlieue parisienne dans un collège ZEP (rires). Voyant mon père travailler de manière acharnée, je savais qu’il fallait que je fasse la même chose et devienne mon propre patron.

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? J’imagine cet arbre, dans le désert de Saly, qui nous laisse entrevoir d’où il provient. Mais, à force de grandir, personne ne sait jusqu’où il ira.

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La première personne que je citerais est Awa Imany. C’est l’une des premières artistes que j’ai eu à coiffer et qui est devenue une de mes meilleures amies. Je pense que, sans Diya Golden Hair, je n’aurais pas eu la possibilité de la rencontrer. La deuxième personne est Sarah, l’épouse du footballeur Gervinho et que je coiffe depuis des années maintenant. Elle aussi est devenue une proche. J’ai été touchée par la confiance qu’elle me témoigne, notamment lorsqu’elle me fait voyager avec elle pour la coiffer lors de ses déplacements. Pour moi qui ai toujours rêvé d’être hôtesse de l’air, ce fut quelque chose de marquant de me dire

que, à travers mon métier, j’ai aussi la possibilité de voyager. La troisième personne que je citerais est Aya Nakamura car c’est une fierté d’avoir coiffé l’une des plus grandes artistes en France ! Mais aussi d’avoir pu faire profiter à ma famille de places de concerts grâce à ma prestation sur Aya, au Sénégal (rires).


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Photo : Kamara Lamin


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PIERRE A. THÉODORE “...ET JE DOIS SOULEVER CE MONDE” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Pierre André Théodore de mon vrai nom, Defaya Blake pour mon blaze. Je suis un jeune Afro-caribéen passionné de la vie, qui, à bien des égards, désire soulever ce monde...

Revenons brièvement sur votre parcours. D’Haïti au Gabon… Houuullaaa brièvement vous avez dit ? (rires). Malheureusement, je n’ai pas vécu bien longtemps à Haïti car peu de temps après ma naissance, ma mère et moi sommes allés retrouver mon père qui vivait en Guadeloupe depuis dix ans. Je suis l’avant-dernier d’une famille de six enfants. J’ai grandi à SainteRose qui est la plus belle ville de la Guadeloupe (rires) dans des conditions modestes avec une mère femme de ménage et un père menuisier. J’ai effectué toute ma scolarité en Guadeloupe jusqu’au BAC avant de poursuivre mes études en aéronautique à Toulouse où je suis resté trois ans. Diplôme en poche, j’ai décidé de rentrer au pays pour des raisons que je ne citerai pas ici (rires). C’est une compagnie aérienne régionale qui m’a donné la chance d’exercer mon métier pour la première fois. C’est aussi à ce moment-là que je me suis lancé dans la politique en devenant conseiller municipal avec en charge la jeunesse et la cohésion sociale. Après quelques mésaventures professionnelles, j’ai pris un virage à 180°. J’ai tout plaqué pour vivre une expérience hors du commun loin des miens, sur l’île de la Réunion puis à Mayotte. Ma vie a pris une autre dimension professionnellement mais aussi personnellement car durant ces cinq années passées dans l’océan indien, j’ai pu réaliser mon rêve qui était de voyager largement à travers le globe. Ensuite, j’ai vécu quelque temps aux Pays-Bas avant d’être licencié à cause de la pandémie du Covid19. Et c’est pendant le confinement qu’on m’a proposé ce poste au Gabon; j’ai répondu par l’affirmative sans hésitation.

Vous avez souffert de dyslexie et de dysorthographie. Décrivez-nous ces handicaps et comment les avez-vous surpassés ?

Vous avez souffert de dyslexie et de dysorthographie. Décrivez-nous ces handicaps et comment les avez-vous surpassés ? Et j’en souffre encore. L’objectif était de transformer mes faiblesses en atouts ! Je ne les aborde pas comme étant des handicaps justement mais comme des troubles qui me rendent “Dysfférent”. Je n’arrive toujours pas à écrire sans fautes d’orthographe qui peuvent être logiques pour les autres, je n’arrive pas à lire rapidement et de manière fluide, les mots s’entremêlent, bougent certaines fois et je trouve que je ne m’exprime pas correctement. Avant de vouloir surpasser ces troubles, je suis d’abord passé par une phase d’acceptation. Puis une fois que j’ai fait corps avec cela, j’ai dû travailler sur mon mental car j’ai vite compris que je devais travailler cinq fois plus que les autres pour être au même niveau. Mais je dois aussi parler des bienfaits d’être Dys car je perçois le monde avec plus de créativité et de simplicité. Mon cerveau est en constante réflexion, j’ai toujours une nouvelle idée.

“Nous vivons au quotidien dans les répercussions de notre division. Essayons l’union, la solidarité pour voir ce que ça donne.”

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Et j’en souffre encore. L’objectif était de transformer mes faiblesses en atouts ! Je ne les aborde pas comme étant des handicaps justement mais comme des troubles qui me rendent “Dysfférent”. Je n’arrive toujours pas à écrire sans fautes d’orthographe qui peuvent être logiques pour les autres, je n’arrive pas à lire rapidement et de manière fluide, les mots s’entremêlent, bougent certaines fois et je trouve que je ne m’exprime pas correctement.

Avant de vouloir surpasser ces troubles, je suis d’abord passé par une phase d’acceptation. Puis une fois que j’ai fait corps avec cela, j’ai dû travailler sur mon mental car j’ai vite compris que je devais travailler cinq fois plus que les autres pour être au même niveau. Mais je dois aussi parler des bienfaits d’être Dys car je perçois le monde avec plus de créativité et de simplicité. Mon cerveau est en constante réflexion, j’ai toujours une nouvelle idée.


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“Nous commençons à comVotre objectif est d’inspirer et impacter votre génération. Quel état des lieux faites-vous de la dynamique entrepreneuriale actuelle dans le monde afro-caribéen et quelles sont vos aspirations ou débuts de solution ? Le point positif est qu’il y a de plus en plus de personnes issues de la communauté qui osent entreprendre. Nous commençons à comprendre que nous aussi nous pouvons sortir de notre condition de victimes et accomplir de grandes et belles choses pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. Le champ des possibles est tellement vaste que nous avons tous une ou des places sur l’échiquier entrepreneurial à condition d’être sérieux, respectueux et intègre. Le point négatif est que nous sommes trop souvent isolés, trop peu solidaires, et pas ou mal organisés. Nous n’avons pas encore compris la puissance du lobbying et de l’entraide. Je pense qu’il faut éduquer les futures générations à être de vrais leaders, leur donner les tips que nos parents n’ont pas pu nous donner et que l’école n’inculque pas, à s’organiser en petits comités afin qu’ils puissent s’entraider dans leurs projets respectifs et créer de vraies success stories. Je désire parcourir le monde et organiser un show afin d’éveiller les consciences, pousser les gens à avoir foi en eux, en ce qu’ils sont réellement.

De l’envie de rédiger un livre à sa conception finale, quelles ont été les étapes clés ? Les moments de doutes ou de certitudes ? Comme je le disais précédemment, j’aime challenger ma vie et j’ai pour habitude de foncer d’abord et de réfléchir après. J’étais arrivé à un stade où je ressentais un besoin de partager mon expérience et de transmettre un certain nombre de conseils au plus grand nombre. Sans me poser trop de questions, j’ai commencé à écrire les grandes lignes de ma vie et l’exercice était de tout développer mais après la 30ème page, j’ai été submergé non seulement par le syndrome de l’imposteur mais aussi par des pensées limitantes. Je me disais que mon histoire n’allait intéresser personne, que je suis dyslexique et dysorthographique donc que cela n’aboutirait pas à quelque chose de qualitatif. À partir de cet instant, j’ai décidé de me faire aider par un coach en écriture ce qui a fait disparaître les craintes sur la qualité de mon œuvre même si je ressentais toujours ce syndrome de l’imposteur. Le mot certitude a pris tout son sens lorsque j’ai vu non pas une mais plusieurs maisons d’éditions majeures vouloir publier mon livre. C’est plus de deux ans de travail qui se concrétisent et je ne peux pas nier que j’appréhende beaucoup la sortie de mon livre.

prendre que, nous aussi, nous pouvons sortir de notre condition de victimes et accomplir de grandes et belles choses pour améliorer le monde dans lequel nous vivons.”

Plus sérieusement, je travaille actuellement sur l’ouverture d’une section aéronautique au Gabon en partenariat avec l’institut IIEFA du Gabon et le Lycée de Blanchet de Guadeloupe (mon ancien établissement scolaire) donc tout un symbole. Ce projet me tient vraiment à cœur car j’ai l’impression de donner la possibilité à d’autres de vivre les merveilleuses choses que j’ai pu vivre. Je travaille aussi sur l’ouverture d’un établissement en Guadeloupe. Vu le stade précoce du projet, je ne peux malheureusement pas en parler. Ma marque UPPERY PARIS est dans les startings blocks. C’est une marque qui véhicule les valeurs de développement personnel. Enfin, je prépare un concept novateur pour la promotion de mon livre.

Que représente Haïti pour vous ? Y avez-vous des projets à termes ? Je ressens toujours une forme de dichotomie lorsque je parle d’Haïti car d’une part elle représente parfaitement ce que Madame Taubira appelle le désordre du Monde; ce qui me renvoie à un sentiment de tristesse profond. Mais paradoxalement elle est aussi synonyme de résilience, d’abnégation, et de bravoure, et pour tout cela, j’en suis très fier. Je n’ai pas vraiment de projet structuré pour Haïti si ce n’est mon intégrité dans ce monde. Néanmoins, je désire intervenir dans les écoles là-bas pour y développer la culture du tout possible.

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora ? Nous vivons au quotidien dans les répercussions de notre division. Essayons l’union, la solidarité pour voir ce que ça donne.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ?

Vu que le photographe de ROOTS magazine pensait que j’étais un modèle professionnel, je me dis maintenant pourquoi pas ? (rires).

“Qu’en me renversant, on n’a abattu à Haïti que le tronc de l’arbre de la liberté des Noirs, il repoussera par les racines, parce qu’elles sont aussi profondes que nombreuses.” Toussaint Louverture. Tous les Noirs du monde sont les racines de la liberté et du succès donc UP NO DOWN.

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Quels sont vos prochains défis ?


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Photo : Didier Teurquetil


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« WE EXPORT est une marketplace connectant les fournisseurs africains et caribéens aux acheteurs internationaux. »

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Photo : Kamara Lamin


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JOSEPHINE GARRICK FONDATRICE DE WE EXPORT

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Josephine Madina Olabisi Thiecou GARRICK, Sénégalaise et très fière de l’être ! Je suis actuellement Business Process Manager pour un grand groupe industriel français. J’ai également repris mes activités entrepreneuriales au second semestre 2020 et j’ai lancé la plateforme WE EXPORT avec une équipe de passionnés.

Revenons sur votre parcours.

Comment décririez-vous votre mindset ? Et pourquoi s’être lancée dans cette aventure entrepreneuriale ? Vous savez, encore aujourd’hui, l’organisation des flux logistiques internationaux est similaire à celle du commerce triangulaire. En d’autres termes, dans le jargon, nous appelons cela Third-Country. Je m’explique. Aujourd’hui, si vous souhaitez envoyer de la marchandise du Sénégal à la Guadeloupe, vous êtes obligés de passer par la France. Vous êtes en Guadeloupe et vous souhaitez envoyer de la marchandise aux Etats-Unis, 9 fois sur 10, l’itinéraire proposé vous fera passer par le port du Havre ou d’Anvers. Pour finir, si vous voulez envoyer de la marchandise d’Abidjan à Dakar, en faisant un Abijan-Paris/Paris-Dakar cela vous coûtera deux fois moins cher. Absurde! et il faut que tout cela change ! Aussi, l’un des puissants leviers de développement économique est l’industrialisation de nos régions qui garantit la préservation de la valeur ajoutée au profit de nos économies. Je milite donc pour pousser les producteurs, les designers à transformer nos matières premières dans leur pays d’origine car cela est un réel vecteur de créations d’emplois et de richesses.

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Je suis née et j’ai grandi au Sénégal dans une belle famille de 5 enfants. Au vu de mes prénoms, vous pouvez sans aucun doute percevoir le poids de l’histoire et la fierté de mes parents de nous transmettre ce riche héritage culturel ! Très tôt, nous avons eu la chance de parcourir le monde et cette passion pour les voyages m’a permis d’avoir une réelle ouverture d’esprit, de relativiser mon existence et surtout de rêver grand ! Après l’obtention de mon BAC, je quitte le Sénégal pour intégrer une faculté de médecine en France. Après 2 ans, je réalise qu’il y a un décalage entre mes aspirations professionnelles et la voie choisie pour y arriver. En effet, j’ai toujours voulu gérer des missions humanitaires d’urgence, mais plus sur les volets organisationnels et financiers que médicaux. Je décide donc d’arrêter mes études de médecine et d’intégrer une école Supérieure de Commerce qui proposait une spécialité Management de projets humanitaires / Gestion de crise. J’ai également eu la chance de faire une spécialité achats et négociation internationale au Tec de Monterrey de Mexico DF. Ma famille n’a pas tout de suite compris mes choix mais je me suis accrochée en me fixant des objectifs et en prenant mes responsabilités pour mes frais de scolarité. J’ai enchaîné des fois jusqu’à 3 petits boulots pour faire face. Cette période a été très dure mais très formatrice pour moi. Je n’avais pas droit à l’échec.Je me suis forgée un tempérament à toute épreuve, un véritable bouclier avec déjà de grandes ambitions. En décembre 2004, alors que je faisais un stage au sein de la direction d’une grande ONG internationale, j’ai eu la chance (ou la malchance) de vivre de l’intérieur l’organisation de l’aide internationale pour le tsunami de 2004 dans l’océan Indien. J’ai eu l’occasion de découvrir la face très sombre des ONGs et de l’aide internationale… Cette expérience m’a bouleversée et a marqué un grand tournant dans ma vie. Je n’aspirais pas à être un requin déguisé en dauphin (lol)!

A partir de ce moment, j’ai bâti une véritable stratégie avec comme ambition d’aider les plus fragiles à se développer à travers le business. Je décidais de faire du Fair Business mais il fallait que je sache comment marchait la “Matrice”! En 2008, après mes études, j’intègre une des directions du Groupe leader ultramarin en Guadeloupe et encore une fois, chance ou malchance, je vis de l’intérieur les événements du LKP contre la vie chère… Mon combat commence alors. Après avoir acquis compétences et expériences, je m’engage définitivement auprès des entrepreneurs pour valoriser le savoir-faire et l’excellence caribéenne à travers le monde. Neuf ans plus tard, je décide de revenir en métropole pour continuer à développer mes activités tournées vers l’international et réussir à créer de véritables ponts entre l’Afrique et la Caraïbe.


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« Nous devons nous battre et agir pour changer le système en mettant en place des stratégies et des actions concrètes, rigoureuses et structurées. » Après avoir parcouru une bonne partie du monde, j’ai conscience de l’énorme potentiel des économies africaines et caribéennes et de la qualité des produits que nous pouvons offrir au monde. Mon objectif est également de multiplier les échanges entre la Caraibe et l’Afrique. Car, en créant de réels ponts entre les deux continents, nous pourrions multiplier les transactions commerciales, montrer de quoi nous sommes capables et nous asseoir à la table de négociations enfin équitables. Nous devons nous battre et agir pour changer le système en mettant en place des stratégies et des actions concrètes, rigoureuses et structurées.

Qu’est-ce que We Export ? WE EXPORT (we-export.com) est une marketplace connectant les fournisseurs africains et caribéens aux acheteurs internationaux. Notre objectif est de faciliter les échanges commerciaux BtoB (Sud / Nord) tout en sécurisant les transactions financières et en assurant une traçabilité des commandes. En mettant en place des process pointus de compliance et de contrôles qualité, nous instaurons un climat de confiance pour qu’un acheteur international soit rassuré de passer une commande en direct avec un fournisseur africain ou caribéen. Nous nous attaquons également aux problématiques de faible bancarisation et de paiements dont souffrent nos marchés quand il s’agit de payer un fournisseur en Afrique ou dans un pays de la Caraïbe. Enfin, quand vous faites une recherche sur Internet “export Afrique’’, les moteurs ne remontent que des sociétés occidentales qui veulent exporter vers l’Afrique. Nous souhaitons, mon équipe et moi, inverser cette fâcheuse tendance en mettant en lumière cette grande communauté d’exportateurs.

A qui s’adresse cette plateforme et quelle est votre vision à 5 ans ? Cette marketplace s’adresse aux professionnels. Les acheteurs ciblés sont ceux de la grande distribution et de la distribution sélective (épicerie fine, concept stores, Café Hotel Restaurant). Nous visons également le commerce intracontinental qui représente aujourd’hui un trop faible pourcentage des échanges économiques (ex: 18% seulement en Afrique).

Il est temps de dépoussiérer et d’apporter de réelles innovations dans le secteur du commerce international qui apparaît comme un véritable casse-tête. Notre objectif est de devenir le leader de la digitalisation de l’export qui est un réel levier de croissance et de développement économique.

Revenons à vos racines. Que représente le Sénégal et y avez-vous des projets d’actions ? Comme je le disais à l’entame de notre entretien, je suis très fière d’être Sénégalaise et je tente de porter haut les couleurs de mon pays au quotidien. Je suis très attachée à nos valeurs, à notre culture et à notre gastronomie! Nous allons prochainement ouvrir un bureau We Export au Sénégal. J’ai commencé à y investir et j’ai plusieurs projets économiques que je projette de mettre en place à moyen terme. On en reparle pour les 15 ans de ROOTS !

Une édition des 10 ans spéciale “Boss Ladies”, un message à adresser aux femmes ? La pandémie du COVID-19 a démontré notre capacité de résilience. Cette crise a rebattu les cartes. C’est une réelle opportunité de réinventer nos économies.C’est le moment de bouger les pions et de prendre nos positions dans le jeu. So let’s go Queens, we can change the system! Ensemble faisons rayonner la “Black Excellence”.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? TRANSMISSION !

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Photo : Kamara Lamin


Business As-tu senti une grosse différence entre les façons d’opérer en France et en Allemagne ? La différence réside dans la gestion du travail. Tu vas travailler de 9 heures à 17 heures et on a besoin que tu sois vraiment efficace sur ce temps donné. Il n’y a pas beaucoup de place à la rigolade et ça m’a manqué quand j’ai travaillé là-bas. Par contre, ça m’a aidé à avoir une grande rigueur au boulot et d’être concentrée sur ce que je fais. Cependant, mon côté un peu latin et parisien fait que j’apprécie le petit café de 10 heures et la pause déjeuner qui tire un peu en longueur (rires).

L’obtention du poste de responsable marketing France de PrettyLittle Things était un concours de circonstances ? J’ai postulé sur LinkedIn, et ce fut un cabinet de chasseur de tête qui m’a recrutée. On ne m’a pas dit pour quelle marque je passais mon entretien. Cependant, j’étais très heureuse lorsque j’ai appris que j’étais embauchée pour PLT. J’ai fait 1 mois de ce qu’on appelle « induction », à Manchester : c’est en quelque sorte ton introduction au travail, on te montre ce qu’on attend de toi. Ensuite, je suis revenue en France. Nous avons fait la soirée de lancement et l’ouverture du showroom au mois de mars 2020. Dès lors, tout est allé très vite. Il a fallu mettre en place très rapidement des stratégies d’influence, travailler avec les agents, les influenceurs seuls, les agences de presse. J’ai dû créer mon petit univers. Actuellement, ça marche très bien.

Photo : Nesko

Contrôle d’identité s’il vous plaît ? Je m’appelle Maëlys, sur les réseaux sociaux Fille du placard. J’ai 30 ans, je suis Algérienne-Guadeloupéenne et je suis responsable marketing France de Pretty Little Things (PLT).

Quel est ton parcours ? J’ai fait des études dans la communication. Je me suis un peu retrouvée dans la mode par hasard dans la mesure où je n’avais pas d’objectif de vie défini. Ce que je voulais, c’était créer des stratégies de marque pour celles qui en avaient besoin. Je voulais vraiment travailler en agence, mon rêve était de rentrer chez Publicis mais, j’ai directement travaillé chez l’annonceur. J’ai fait beaucoup de stages, je suis partie vivre à l’étranger, en Allemagne, à Munich, pendant un an. J’ai travaillé pour les salons Who’s Next et Première Classe, c’était du B2B toujours dans la communication. Petit à petit, chemin faisant, je me suis retrouvée chez PLT.

Comment nouer une relation avec les influenceuses, comment tu te positionnes par rapport à cet univers d’influence ? À mon avis, ce qui fait que les influenceuses françaises aiment beaucoup PLT est que j’essaye de créer une vraie relation avec elles. Elles viennent assez facilement au showroom et sont toujours en demande de créer du contenu avec les produits de la marque. Il y a quelque chose de très sain et de très pur qui va se créer entre l’influenceuse et PLT. Le but c’est d’être sincère et de les considérer comme des êtres humains et non pas des numéros ou des étiquettes qu’on peut leur coller sur les réseaux. C’est un métier qui demande beaucoup de boulot. Il faut prendre de leurs nouvelles, connaître le nom de leurs enfants quand elles en ont, connaître les dates d’anniversaires… Je pense que c’est de cette façon qu’on arrive à faire des miracles dans n’importe quel métier : en gommant les barrières et en étant très honnête.

Dirais-tu qu’aujourd’hui les influenceuses sont en train d’effacer les médias classiques ?

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J’ai moi-même baigné avec les magazines et les médias mais, je pense que la bloggeuse ou l’influenceuse est née d’un besoin du consommateur. Le journaliste parlait d’un produit à un moment donné et l’influenceuse est venue apporter


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MAËLYS KADA

DIRECTRICE MARKETING FRANCE PRETTY LITTLE THINGS un avis, peut-être, plus authentique et plus rapide. Un magazine ne peut pas tester tous les produits et, en plus, il faut attendre qu’il sorte. Dans cette société de consommation dans laquelle nous nous trouvons, on a besoin que l’influenceuse nous donne vite son avis. Le milieu de l’influence est intéressant car il est venu sur le marché français nous parler de marques qu’on ne connaissait pas du tout. On a complètement effacé cette barrière de la frontière. Aujourd’hui, tu peux tester un produit australien, cambodgien, congolais… peu importe, elle est là la force de l’influence.

Comment positionnerais-tu les influenceuses Afrocaribéennes en France comparées à celles des UK ou des US ? Je vais retourner la question : pour moi, le problème ne vient pas des influenceuses françaises noires mais, des marques qui doivent permettre aux influenceuses noires françaises de pouvoir a posteriori vivre de leur métier d’influenceuse. Pour cela, il faudrait travailler et c’est les marques qui fournissent le travail. Aux Etats-Unis, des influenceuses comme Cardi B vont pouvoir vivre de leur métier d’influence car les marques leur donnent la parole. Elles leur disent : « Ça te dit de tester nos produits ? Ça te dit une collab ? Une collection capsule ? Tu nous fais une musique ? ». Là où on est en retard, c’est qu’on va encore se focaliser sur de l’influence caucasienne alors qu’il y a plein d’influenceuses métisses, afro et noires. Elles ont plein de choses à nous dire : comment tester les produits, pourquoi utiliser telle ou telle marque. Encore faut-il que ces marques-là soient proposées en France. Donc le problème ne vient pas des influenceuses mais des marques qui sont encore trop attachées à leurs habitudes.

Quel conseil donnerais-tu à une jeune femme qui souhaite devenir influenceuse en partant de zéro ? Ce qui est important c’est d’avoir une singularité, d’avoir des choses à dire. Il y a beaucoup d’influenceuses donc il est plus difficile de se démarquer. Le marché de l’influence en France est très particulier. Aux UK ou aux US, une photo sur Instagram qui donne envie va pouvoir créer le buzz. En France pas du tout, la consommatrice de base va plutôt être très attentive aux stories, à ta façon d’être et de te comporter… On va vouloir qu’elle nous pousse à consommer tout restant naturelle et en émettant un avis honnête. La Française est née comme ça, avec ce côté très baby doll, bébé pur. Il faut trouver ce juste milieu.

Tes prochains challenges professionnels ? Réorganiser des évènements. C’est la partie qui me manque le plus dans mon travail et PLT est très fort en organisation d’événements. Le gros challenge pour cette année va être de réorganiser de superbes évènements.

Que t’évoque le black women empowerment ? Si tu avais un message à adresser aux femmes, ? Ça m’évoque à la fois rien et tout dans la mesure où je ne suis pas pour le fait de sectoriser les couleurs et les femmes. Je fais un métier où je représente toutes les femmes qu’elles soient grandes, petites, avec des formes, skinny, Blanches, Asiatiques, Arabes ou Noires. Au contraire, j’ai presque envie d’effacer tout ça et qu’on ne voit que la femme : son talent, son potentiel, le fait qu’elle soit forte, belle, drôle, maman, pas maman. Pour moi, « Boss lady » ce n’est pas le travail que tu fais, c’est ce que tu es, ton mindset et la façon dont tu lead ta vie. Il y a des mamans qui sont femmes au foyer et qui travaillent probablement plus que moi parce qu’elles éduquent leurs enfants. Donc pour moi, ce n’est pas lié à ton travail le fait d’être une boss lady. C’est le fait d’être une femme indépendante, une femme qui s’assume, qui aime son corps, qui défend des valeurs, qui a des choses à dire, qui se cultive, qui est intelligente et qui a une voix.

Décris-nous ton lien avec la Guadeloupe... Ça m’évoque mon enfance. J’ai beaucoup été en Guadeloupe en étant plus jeune. Quand tu es métisse, on te demande souvent de choisir ton camp et je dis souvent qu’être métisse c’est à la fois le plus beau cadeau mais aussi le pire parce que tu es ni Noire ni Blanche. À la cour de récréation tu ne peux pas trop être avec les Blancs parce qu’ils sont dans leur bulle tu ne peux pas trop être avec les Noirs parce qu’ils sont aussi dans la leur. Il faut essayer de trouver sa propre identité. Je pense que c’est aussi ce qui fait ma force aujourd’hui : être ni d’un côté ni de l’autre mais d’être les deux à la fois.

Si je te dis le mot « ROOTS », tu me réponds ? La première image qui me vient à l’esprit est un loft à Manhattan avec un tapis zébré, un gros fauteuil en futon, de la musique lounge en fond et plein de gens stylés.


Photo : Didier Teurquetil

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De gauche à droite : Valy Sylla, Jean-Yves Kokou, Dez Billy

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? 
 V.S : Valy Sylla, 30 ans, co-fondateur & CEO chez JAIYE - Enjoy Good Music. Originaire de la Côte d’Ivoire.

J.K : Jean-Yves Kokou, 28 ans, co-fondateur et directeur général de JAIYE - Enjoy Good Music, originaire de la Guadeloupe et du Bénin. D.B : Désiré dit Dez Billy, 33 ans, directeur artistique de JAIYE, originaire de la Côte d’Ivoire.

Quel est votre lien ? Comment vous êtes-vous embarqués dans cette aventure entrepreneuriale ? Valy : Jean-Yves et moi avons démarré l’aventure Jaiye sur les bancs de l’école d’ingénieur web : HETIC. Nous sortions du même cursus scolaire. Nous avions la même vision et nous avons décidé d’unir nos compétences afin de prendre part au développement de la culture africaine. C’est ainsi que “Jaiye” est né, signifiant “joie” et “espoir” en langue Yoruba. Jaiye, c’est la volonté de valoriser le patrimoine culturel musical africain. Nous souhaitons démocratiser le marché de la musique pour les auteurs-compositeurs et producteurs africains en participant à l’émergence de nouveaux talents. Mais aussi, aider les créateurs africains à s’épanouir dans leur carrière. Pour cela, nous avons développé une plateforme de distribution musicale : Jaiye Distribution. Notre force, c’est le mariage de la technologie et de la musique. Nous misons sur le tout digital afin de garantir aux artistes afro-caribéens le soutien

dont ils ont besoin.
 Nous avons démarré en 2016 et, aujourd’hui, nous avons un catalogue de plus de 20 000 titres distribués et cela fonctionne plutôt bien. Nous avons, à date, propulsé de nombreux talents de la nouvelle scène musicale urbaine française tels que Bramsoo, SKG, Tiitof, CG6, L2B Gang, Minisia, Gambino la MG et bien d’autres ! Ces artistes indépendants de la diaspora afro-caribéenne génèrent des centaines de millions de streams sur l’ensemble des plateformes musicales et de téléchargements comme Spotify, Deezer, Apple Music et Youtube. Jaiye s’est aussi illustrée dans divers projets sur le continent africain. Nous avons produit et réalisé 2 titres pour l’artiste ghanéen Sarkodie « Hand to Mouth » et « Glory » qui ont fait de lui le meilleur rappeur Africain AFRIMA 2017. Jean-Yves : Grâce à la distribution, nous avons appris à repérer les talents, à les structurer et à les mettre en avant afin de développer leurs revenus sur les plateformes de streaming. Toutefois, nous n’intervenions pas dans le processus créatif musical. Nous avons ainsi permis à un bon nombre d’artistes d’être repérés et de signer en majors. Cela nous a légitimé dans le milieu et a assis notre crédibilité auprès des artistes indépendants. Mais l’idée de Jaiye est d’aller bien plus loin que la simple distribution. Ainsi, en nous appuyant sur notre activité totalement automatisée de distributeur, nous avons mis en place notre propre label : Jaiye Music Group. Alors, nous nous sommes rapprochés de DSK On The Beat,le célèbre compositeur derrière les tubes de MHD. C’est quelqu’un avec qui j’ai grandi et été à l’école. C’est DSK qui nous présente Dez,


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JAIYE - Enjoy Good Music

“Devenir le Netflix de la musique africaine” qu’il considérait comme étant la crème des directeurs artistiques dans l’univers musical. Il a eu l’occasion d’accompagner des poids lourds tels que La Fouine, MHD et DSK On The Beat lui-même.
Il a vite compris notre vision et nos objectifs et il y a adhéré assez naturellement. Il est arrivé au bon moment.

L’idée était de se positionner sur quel genre musical ? Valy : Au départ, il n’y avait pas forcément de granularité dans un genre spécifique, nous distribuons tout type de musiques afro-caribéennes. Nous avons un pied côté Antilles françaises et un autre sur le continent africain. La volonté, dans le développement de Jaiye, est de structurer l’industrie musicale afro-caribéenne dans son ensemble.
Après avoir fait nos preuves sur la distribution, l’objectif a été d’appliquer le savoir-faire acquis sur le développement de quelques artistes triés sur le volet que nous produisons. Mais vous l’avez compris, nous sommes plus geeks que mélomanes. Nous avions besoin d’un savoir-faire purement musical, d’où l’arrivée de Dez en tant que directeur artistique de notre jeune label Jaiye Music Group. Nous y développons nos propres artistes, un par style musical :
Limo pour l’afro; Stone Flexance pour l’urbain; Marginal pour le caribéen; Lamarre pour la pop; et des artistes en développement comme Zeteck.

Dez, quelle fut ta réaction lors de votre rencontre ? Dez : J’ai trouvé leur approche intéressante et complémentaire parce que je ne connaissais pas tout ce qui relevait de la technologie. J’étais plus dans la production, dans le management et dans le développement d’artistes. Quand j’entends parler de tout ce qui est datas, je saisis tout de suite la portée et l’intérêt de l’apport de la technologie dans la musique. C’était nouveau pour moi. C’était une belle aventure naissante et j’ai accepté de les rejoindre sans aucune hésitation. Valy : Avant Dez, nous étions dans une approche assez froide. De part notre formation d’ingénieur web, nous étions uniquement sur les chiffres et les statistiques, nous ne voyions la musique que par le prisme de courbes. Avec les 15 années d’expérience de Dez dans production musicale et notre expérience dans le digital, nous donnons sens à l’ADN de Jaiye : la technologie et la musique au service de la culture afro-caribéenne.

Quelle est votre vision de développement ?

Où sont basés les artistes que vous gérez ? Jean-Yves : En France et en Afrique. L’intérêt de partir avec des artistes qui sont en France vient du fait que nous sommes des entrepreneurs. Quand nous avons commencé Jaiye, pour prouver qu’il y avait un marché, il fallait prouver qu’il y avait un minimum d’argent sur le marché et donc il fallait émuler ce marché. Nous avons ainsi décidé de signer des artistes de la diaspora, d’abord parce que nous en faisons partie, et c’est ce qui est plus accessible. Pour vous signifier notre vision sur du long terme, je pense à un artiste comme Limo, d’origine ouest- africaine, qui est un bon exemple. Nous le développons aussi bien auprès de la diaspora mais, surtout, sur le territoire africain. Cela avance bien et nous en sommes fiers. Mais nous ne nous arrêtons pas là, nous développons aussi des artistes en Afrique qui cumulent des millions de vues. Nous nous sommes implantés en Guinée Conakry et, au bout de deux ans, nous sommes devenus le label numéro 1 du pays grâce à notre savoir-faire et à notre formidable équipe locale dirigée par Kallo Moussa. Nous sommes aussi au Cameroun par le biais de notre directrice locale, Elisabeth Biname. Nous y avons distribué des artistes comme Petit pays, Kameni, Mr Leo et d’autres. Ce n’est que le début de l’aventure. Valy : À l’heure actuelle, le marché africain est peu structuré. Plus de la moitié des artistes sont indépendants et, d’un autre côté, il n’y a aucun moyen d’exploitation pérenne de leurs œuvres sur place. Il n’y a pas de plateforme, en plus pour ça, il faudrait avoir des abonnements. Or, la bancarisation en Afrique est quasiment nulle donc, ce n’est pas possible de consommer via les moyens que nous connaissons en Occident. Pour avoir Apple Music, il faudrait avoir un iPhone et ensuite une carte bancaire. Ce qui exclut un bon nombre de la population. Notre focus aujourd’hui est de se concentrer sur l’acquisition du plus gros catalogue de musiques africaines et de sa structuration.

Si je vous dis ROOTS, cela t’évoque quoi ? Dez : L’Entreprenariat.
 Valy : La puissance.
 Jean-Yves : La transmission du savoir.

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Devenir le Netflix de la musique africaine. Cela passe
par : - La distribution musicale (contrat commercial passé entre un artiste et nous afin de publier sa musique sur l’ensemble des plateformes de streaming). - La production musicale afin de constituer un catalogue en propre.

- La diffusion sur une application de streaming en cours de développement. L’objectif est de réunir l’ensemble de la chaîne de valeurs de l’industrie musicale sur un territoire où les opportunités sont encore à faire, où il n’y a pas de plateformes de streaming et où les utilisateurs et les artistes n’ont aucun lien pour se connecter si ce n’est YouTube. Là, nous parlons uniquement de l’Afrique.


Photo : Didier Teurquetil

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Baudry Amouya & Alban Bouango

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? 
 A : Alban Bouango, originaire de Libreville (Gabon), j’ai 34 ans et je suis le président des Plaisirs Bacchiques. B : Baudry Amouya, originaire d’Abidjan. Je vis à Reims, en Champagne-Ardenne, j’ai 37 ans et je suis le directeur général des Plaisirs Bacchiques.

Quelle est l’offre produit des Plaisirs Bacchiques ? A : C’est une société SAS qui officie dans la viticulture. Je suis à la production et mon associé Baudry Amouya s’occupe de la stratégie de développement de l’entreprise. Nous avons pour vocation d’élaborer des vins de qualité et d’en assurer la distribution sur le territoire africain, principalement, mais aussi l’Amérique et l’Asie. L’idée est de palier à la distribution, quasi systématique, de vins de mauvaise qualité présents sur le territoire africain. Aujourd’hui, nous sommes certifiés haute valeur environnementale. Nous produisons notre propre vin dans le Périgord, avec 14 références, dans la région de Bergerac pour les rouges, blancs secs, rosés et Monbazillac pour le moelleux.

B : Tout est parti de l’envie d’Alban Bouango d’être le premier Noir Africain à produire du vin dans le Bordelais. C’est de là qu’a démarré l’aventure. Il s’y est installé, il s’est formé, il a été parrainé, il a essuyé quelques échecs également, ce qui est inhérent à la vie d’entrepreneur. Aujourd’hui, il a la confiance de son parrain qui est Anthony Castaing, l’héritier du domaine de Grange Neuve et qui lui a permis de bénéficier de son outil de production. De la vigne à la mise en bouteille, jusqu’à la commercialisation. Nous sommes donc en circuit court et avons « l’usufruit » de l’ensemble de l’outil de production (libre utilisation).

Baudry vivant à Reims, j’imagine que le champagne entre aussi dans votre réflexion ? B : Aujourd’hui, Plaisirs Bacchiques a pour vocation de pro-

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poser une palette de vins haut de gamme. Le champagne fera partie de l’équation puisqu’il s’agit aussi d’un vin, certes pétillant. Aujourd’hui, nous sommes concentrés sur la production de vins du Sud-Ouest mais, dans un futur proche, nous comptons également produire du champagne. Nous voulons le faire par le biais d’une maison que nous avons ciblée et aimerions racheter.


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ALBAN BOUANGO & BAUDRY AMOUYA

FONDATEURS DES PLAISIRS BACCHIQUES Cela vous a-t-il traversé l’esprit de produire du vin en Afrique ? A : L’objectif, à court terme, est de produire sur le territoire français et d’en assumer la distribution. À moyen terme, distribuer dans nos pays d’origine et sur le continent. À long terme, produire dans nos pays d’origine, notamment le Gabon. Le terroir de nos pays d’Afrique centrale est soumis au climat équatorial qui est similaire au climat amazonien. Et comme vous le savez, au Pérou et au Chili, on produit déjà du vin. Chez nous, il pleut régulièrement, avec les petites et grandes saisons de pluie, et nous avons une terre très fertile. Il faudra simplement trouver le bon cépage adapté à notre sol pour produire un vin de qualité. C’est un enjeu majeur mais qui n’est pas impossible à réaliser. Il faudra mener une étude du sol, une étude environnementale et une étude du produit en lui-même pour voir s’il est adaptable sur le territoire. B : Pour la petite histoire, quand j’ai rencontré Alban je n’y connaissais pas grand chose en vin. En revanche, je sais comment développer une structure d’entreprise. Lorsque nous sommes allés au château et qu’Alban m’a présenté son parrain, il a lui-même évoqué le fait de vouloir produire du vin sur le territoire gabonais. Quelque chose qui, pour moi, était très lointain. Je lui ai fait part de mes doutes en lui affirmant que, d’un point de vue concurrentiel, un vin produit au Gabon ne serait pas forcément perçu comme un vin de qualité. Il m’a alors répondu : « C’est très simple. On produit, on utilise les procédés que j’utilise avec ma famille depuis des centaines d’années, puis on va faire des dégustations à l’aveugle dans les concours. Et, à partir de là, vous verrez que votre vin produit au Gabon, dépassant en qualité un vin produit dans le Bordelais, aura la notoriété et la légitimité que vous espérez ». Cela ne se fera pas en un an, mais c’est quelque chose de largement faisable. Les dégustations à l’aveugle permettent de bannir tous les préjugés. Aujourd’hui, j’en suis convaincu.

Comment vous démarquez-vous de l’offre existante sur le continent ? B : Nos vins sont certifiés et ont remporté des médailles d’or dans les plus grands concours. Par exemple, le Monbazillac 2018 que l’on produit a été primé au Guide Hachette des vins 2021. Ce sont donc des vins de top qualité. Ensuite, pour la distribution, on compte faire appel à des distributeurs locaux pour développer le réseau car on ne peut pas avoir la prétention de maîtriser tous les territoires.

A : Boire du vin c’est bien, protéger sa santé c’est encore mieux. Aujourd’hui, nous respectons les normes environnementales. C’est ce qui nous permet de nous distinguer d’un vin de négoce, qui n’aura pas forcément la certification château. En revanche, un vin de château – ce qui est notre cas - répond à une chaîne de production qui est suivie, au château, de bout en bout. C’est déjà le premier gage de qualité. Le problème est que 80% des vins produits dans le Sud-Ouest qui sont représentés dans le continent africain proviennent du négoce. Qui dit négoce, dit vin de faible qualité. Récemment, j’ai fait venir 4 vins du Gabon pour les analyser en laboratoire. Nous étions très choqués de retrouver certains pesticides qu’il n’y avait pas dans notre outil de production. Nous avons des produits sans pesticide, sans produit mutagène, cancérigène et reprotoxique. Cela nous permet donc de proposer un vin de qualité à destination du continent Mère. Au-delà de la production, vous avez développé un volet évènementiel avec le Club Bacchus ? A : Le Club Bacchus a pour vocation de promouvoir un triptyque : l’œnologie, la gastronomie et l’art. Lors de chaque dégustation, nous avons un chef cuisiner qui vous propose une expérience comme dans Top Chef, en direct, avec des produits frais. Le coté artistique est également mis en avant avec des vernissages d’œuvres, des musiciens de qualité, etc. B : Nous voulons éveiller la diaspora, qui est notre cœur de cible, à comprendre comment doit être dégusté un vin, comment accorder les mets et les vins, comment acheter de la qualité plutôt qu’une marque... Notre objectif est de faire prendre conscience que la compréhension du vin n’est pas quelque chose d’inaccessible. Avec le Club Bacchus, l’idée est de créer du networking, se détendre et apprendre.

Comment faire partie du Club Bacchus ? Il faut en faire la demande et être parrainé par des membres du Club Bacchus. Bientôt, vous aurez accès au site www.plaisirsbachiques.com où vous pourrez consulter toutes nos offres et actualités. Vous pouvez également nous joindre directement, au domaine de Grange Neuve, en demandant les Plaisirs Bacchiques.


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Photo : Didier Teurquetil

“ Nous avons développé une activité de promotion de produits viti-vinicoles et principalement des sparklings en provenance de différents vignobles européens dont une qui représente la black excellence, en termes de champagne. ”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Nina Quelenis, 47 ans, Ivoiro-française. Je suis la fondatrice de BIA (Business Intellignce Agency).

Racontez-nous votre évolution professionnelle dans l’univers de l’intelligence stratégique ? ? L’intelligence stratégique est un milieu professionnel très fermé, très sélectif et très polyvalent. La majorité des acteurs sont des seniors. Voir une jeune afro-descendante se faire un nom dans cet environnement n’a pas été une chose aisée. De formation scientifique (biotechnologie/biochimie), je passe par la case épidémiologie sur les problématiques du HIV Ebola au milieu des années 90. Soucieuse d’harmoniser la transmission de l’information et les protocoles d’analyses sur les sites africains, je reprends des études à l’INPL-UHP pour une double compétence en intelligence stratégique. La veille stratégique n’a plus eu

de secret pour moi. Je décide alors d’accroître mes compétences en m’orientant vers la bioéconomie et l’économie circulaire ; thématique de développement idoine et décisif pour le développement du continent africain. Après 15 ans dans des structures parapubliques pour expérimenter des programmes d’innovation et de développement filières (principalement vitivinicole, sylviculture, agromatériaux, ingrédience alimentaire et biomolécules), je décide de me mettre à mon compte pour exercer mes talents auprès de tous les acteurs économiques et tous les continents. La Business Intelligence Agency (BIA) est née, pour venir en aide aux collectivités territoriales et aux acteurs économiques de tout bord. Nos activités vont de la recherche de financement public/privé (subventions, fonds d’investissement…), au projet d’économie circulaire et bioéconomie en passant par des activités vitivinicoles (évènement, week-end d’exception et master-class), les études technico-économiques, la formation, le BTP et le management de transition…

Quelle est votre actualité ? Les produits que vous proposez, exportez ou représentez ?

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Outre l’accompagnement de projet de développement, nous avons développé une activité de promotion de produits vitivinicoles et principalement des sparklings en provenance de différents vignobles européens dont une qui représente la black excellence, en termes de champagne. Ces produits issus d’une sélection qualitative fine ont vocations à être distribués en Afrique et dans les Caraïbes. Ces sparklings sont des gammes premium et ultra premium. Ils se différencient des vins trouvés en GDR. Nous nous focalisons sur des produits d’exception, lors de nos dégustations sélectives.


NINA QUELENIS

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BUSINESS INTELLIGENCE AGENCY “L’intelligence stratégique est un milieu professionnel très fermé. [...] Voir une jeune afro-descendante se faire un nom dans cet environnement n’a pas été une chose aisée.” Black excellence : mythe ou réalité ?

Quels sont vos défis pour 2022 ? Lancement de notre évènement Wine Ebène Africa 2022 (WEA 2022) qui se tiendra à Abidjan au mois de mars. Cet évènement sera l’occasion de faire un « Break & Business », dans un site d’exception, où seront dégustés sur 3 jours des champagnes et vins de premiers rangs. Nous espérons une présence des afro-descendants en nombre, l’évènement étant limité en termes de participants, afin qu’ils profitent au mieux de ce moment. Cet évènement sera itinérant dans le temps et fera le tour des différents territoires africains et d’Outre-mer.

Quel est votre lien avec la Côte d’Ivoire ? Des projets à moyens termes ? En terme viti-vinicole, nous avons pour projet de nous développer sur le continent et de nouer des partenariats avec les acteurs concernés. En termes de veille stratégique, une revue économique sur la bioéconomie et l’économie circulaire est en cours de préparation. Nous avons également des projets à venir dans le secteur du bâtiment, de la formation… dans un objectif de création de valeurs et d’emplois. Nos projets partenariaux suivent notre adage africain : « Si tu veux aller vite, vas-y seul ; si tu veux aller loin, allons-y ensemble ».

Quelques recommandations à nos lecteurs, afin de faire effet lors des réveillons ? Les fêtes de fin d’année arrivent en effet à grand pas. Les recommandations dépendront des menus de chacun, car il est nécessaire d’accorder son ou ses vins à son menu. Néanmoins, un sparkling en apéritif (un millésimé 2011/2012/2013 ou un blanc de noir 100% meunier, assez originaux), suivi d’un vin blanc sec en accompagnement du plat et un vin doux ou un sparkling demi-sec pour le dessert. N’omettez pas le digestif avec un bon ratafia, cela fait également son effet en fin de soirée. Nous vous aidons dans vos choix, au travers de nos nombreux partenariats.

C’est une réalité. Une réalité en MARCHE ! Black excellence, c’est prendre en Occident ce qui est bien et donner dos à ce qui est mauvais. En faire de même pour l’Afrique. On fait une symbiose des deux cultures. Cela nous permet de savoir où l’on va ; et donc d’avoir toutes les possibilités de pouvoir réussir dans la vie. Black excellence est notre crédo ! Nous, afro-descendants, n’avons point droit à l’erreur, car nous sommes plus sévèrement décriés. Lorsque nous mettons en avant nos qualités, nos compétences, nos savoir-faire, nous avons un devoir d’excellence ; afin d’être des exemples et des modèles à suivre pour la nouvelle génération, qui ne pourra à son tour que progresser et faire mieux que nous. Nous avons un devoir de réussite, chacun à notre niveau. Black excellence, c’est en dédicace de ce mouvement que nous avons lancé notre champagne 1er cru Black Excellence ! C’est une cuvée qui représente notre communauté afro-caraïbéenne. Pour nous, la black excellence attitude suit ce précieux adage : « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».

Si je vous dis “Roots”, cela vous évoque quoi ? ROOTS m’évoque mes racines, mes origines, ma source, mon leitmotiv, ma fierté, ma dignité de femme, car savoir d’où l’on vient nous permet de mieux arborer nos valeurs, savoir qui on est et trouver notre route pour la suivre. C’est un élément déterminant ! ROOTS nous permet de relever notre Afrique et notre africanité. Nous mettons ainsi en lumière nos pépites, nos compétences, nos savoir-faire, nos savoirs être, nos traditions, nos cultures. Nous sommes le berceau de l’humanité. Tout a commencé làbas et tout finira là-bas. ROOTS représente et met en lumière notre intelligence créatrice, innovatrice… Merci ROOTS magazine d’être là pour nous et nous stimuler ! C’est un bouillon d’idées et d’exemples à suivre pour la communauté afro-descendante. Cet outil, par sa mission, nous démontre que tout est possible et nous avons de formidables opportunités de développement.


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“La plus grande des gloires n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever après chaque chute.”


AGENCE DE COM I BARBERSHOPS I ÉCOLES

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BONIFACE N’CHO

“MON TRAVAIL, C’EST DE GÉRER” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Boniface N’Cho, j’ai 35 ans et je suis gestionnaire d’entreprises. Je suis originaire de Côte d’Ivoire, plus précisément de l’ethnie Attié. Je dirige une agence de communication, j’ai été adjoint à la mairie du 4e arrondissement de Paris, je possède plusieurs écoles - une maternelle, une élémentaire et de nombreuses crèches - et je gère une chaîne de barbershops : Groomers. Mon travail, c’est de gérer (rires). Revenons sur ton parcours entrepreneurial ? J’ai commencé en 2013, en créant une première agence de com, B-Cluster. C’était, à la base, une agence de branding et nous réalisions surtout des sites internet. Parfois, tu penses que t’es chaud mais en réalité tu ne l’es pas spécialement (rires) et c’est mon associé de l’époque, Ulrich, qui m’a tout appris du métier. J’avais quelques clients et l’agence tournait plutôt bien. En 2015, la fondatrice d’une école m’aborde pour me proposait d’intégrer son conseil d’administration. Au départ, cela ne m’intéresse pas donc je refuse car j’étais concentré sur l’ouverture des barbershops Groomers avec l’initiateur du projet, John Diemé. Mais elle insiste et me dit que si je ne reprends pas, ils vont fermer l’école. Avec du recul, je me rends compte qu’elle était assez culotée car je n’avais que 28 ans, mon agence de communication avec 3 salariés et elle me demande de reprendre une structure totalisant 1 école maternelle, 1 école élémentaire, 1 crèche et 40 salariés pour un chiffre d’affaire d’1,8 million d’euros. À 28 ans, c’était un sacré challenge ! Finalement, après mûre réflexion, j’accepte de reprendre son business avec madame Sissoko, qui est aujourd’hui mon bras droit. En 2021, le groupe Plaisir d’enfance totalise 1 maternelle, 1 élémentaire, 12 crèches, 200 salariés et 8 millions d’euros de chiffre d’affaire.

Si je te dis « Black Excellence », mythe ou réalité ? Quand tu me dis « black excellence », je pense à Michael Kamdem (rires). Il y a beaucoup de gens qui parlent, mais il y en a peu qui agissent. Certains ont fait du bruit, on les connaît et, aujourd’hui, ont disparu (rires). Ce n’est pas un sprint mais une course de fond. Nous sommes la 2ème génération. Nos parents sont arrivés, nous sommes nés ici et la plupart des profils que je vois dans ROOTS sont nés ici. Sur ce magazine des 10 ans, on peut constater qu’on a créé quelque chose de solide et que notre communauté peut désormais présenter des modèles de réussite inspirants pour nos petits frères et petites sœurs qui arrivent. Si tu avais un message à ceux se mettraient des barrières mentales pour entreprendre ? Je lui dirais que si les barrières mentales sont là, c’est qu’elles existent. Il ne faut pas qu’on se mente. Moi le premier, dans l’univers des crèches, je vois bien que je suis le seul noir à entreprendre dans ce domaine. Mais je le répète, il y a des barrières parce que nous sommes seulement la seconde génération et pas parce que la France serait raciste ou que sais-je. Nos parents ont immigré, ils ont fait des enfants et cette descendance se bagarre pour se faire une place. Aujourd’hui, quand on voit tous les profils mis en avant par ROOTS, on s’aperçoit que toutes les barrières sont surmontables, il faut juste avoir du courage et de l’envie. Comme dirait Kery James : « Deux fois plus de rage, deux fois plus de courage ». Si je te dis le mot “Roots”, cela t’évoque quoi ? Je vois un mec avec des dreadlocks (rires).

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Peux-tu nous parler de l’aventure Groomers, une chaîne de barbershops ? Groomers, c’est l’histoire d’une rencontre avec John. Moi, je suis la face cachée, administrative et financière. Au départ, je n’étais pas plus chaud que ça pour le suivre dans l’aventure. Mais vous connaissez Morpheus (rires). A force de parler dans mes oreilles, il a réussi à me convaincre. Au final, c’est devenu une histoire de famille car l’ensemble des associés chez Groomers est une nébuleuse d’amis qui s’est fédérée autour de l’idée d’un visionnaire, John Diémé. En 2021, Groomers totalise 4 barbershops en Île-de-France (Paris, Saint-Denis, Arcueil et Chelles) et 1 en province (Angers).

Quels sont tes challenges pour 2022 ? Je suis dans un process de levée de fonds. J’aimerais chercher entre 5 et 10 millions d’euros pour les crèches. Je suis dans un tourbillon où tu te dis que, d’un côté, 8 millions de CA c’est beaucoup, mais en même temps tu te rends compte que lorsque tu as 200 salariés, ce n’est pas incroyable. J’ai repris de nombreuses structures que j’ai fédérées en une seule structure groupe. Le virage que je souhaite prendre est de lever des fonds pour accélérer le développement et stabiliser les fonctions supports. Je prévois une ouverture de crèche par an sur les 3 prochaines années, mais avec la levée de fonds j’aimerais aller à 3-4 ouvertures par an.


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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? 
 Je m’appelle Nirmah Maxime. Je suis née à Annecy et j’ai déménagé à Nice, dans le Sud de la France. Je suis issue d’une fratrie de huit enfants. Pendant mon BTS Assistante en Management, que j’ai suivi à Paris, je devais faire un stage à l’étranger. C’est ainsi que je me suis retrouvée dans une agence de voyage à Cape Town, en Afrique du Sud. Un voyage qui a changé ma perception de la vie. Je m’intéressais beaucoup à l’histoire de l’Afrique. Là-bas, j’ai pu visiter les sept merveilles de la nature, le Lion’s Head, le Table Mountain, faire des randonnées et énormément d’activités nautiques et culturelles. Mais j’ai surtout pu visiter l’ancienne prison où était Mandela : Robben Island. A la fin de la visite, j’ai eu la chance de rencontrer un ancien détenu qui était avec Mandela et ça m’a marqué à vie. A mon retour de stage, j’ai finalisé ma première année de BTS et je me suis interrogée sur ce que je voulais vraiment entreprendre. Je me demandais si je n’étais pas trop jeune, si je devais arrêter mes études et entreprendre directement ou si je devais continuer dans ma formation. J’ai obtenu mon BTS et j’ai continué en licence: Bachelor professionnel Responsable en Commerce International

que je voulais faire en apprentissage. Après de multiples recherches infructueuses, et freinées par l’arrivée du Covid (mars 2020), j’ai finalement atterri chez ESM, une agence de communication. J’ai commencé à nouer une relation de confiance avec mon responsable, Eric Carrera. Petit à petit, je lui ai parlé de mon envie d’entreprendre et il m’a donné de nombreux conseils. J’avais l’ambition de démarrer un projet, tout en continuant l’école, sans trop savoir comment faire. Cette alternance m’a permis de rencontrer des gens, d’élargir mon portefeuille client et accroître ma confiance en moi. Mon responsable m’a conseillé d’écouter mes envies et de me lancer. Et c’est ce que j’ai fait.

Et c’est là que tu lances le projet Nirmah Trottinette. Comment cette idée a-t-elle émergé dans ton esprit ? Elle m’est venue pendant ma recherche de stage alterné. Comme j’habite à Paris, je vois beaucoup les gens stresser quand il y a des grèves. J’ai fait le constat que la trottinette est le moyen de transport le plus facile et qui s’adapte à toute situation. Je me suis dit : « Pourquoi ne pas faire une formation


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NIRMAH

FORMATION, LOCATION, VENTE... LE BUSINESS DES TROTTINETTES ou même organiser des événements qui puissent former les gens afin d’utiliser les trottinettes pendant leur trajet ? ». Car c’est un moyen qui peut faciliter les professionnels comme les particuliers.

Quelle est l’utilité et à qui s’adressent ces formations ? Au collège, on apprend le Code de la Route, on nous montre comment fonctionne le Stop, le Cédez-le-passage, comment rouler, etc. Avec les trottinettes, il y a beaucoup d’accidents parce que les gens qui en achètent ne connaissent pas le Code de la Route. Soit ils n’ont pas le permis, soit ils roulent sans connaître les règles. Par exemple, il vont couper la voie au bus, foncer quand le feu est rouge, rouler trop près d’une voiture garée et, quand le conducteur va ouvrir la porte, il y aura un accident. Notre travail est d’apprendre toutes les subtilités lors des formations pour vélo ou trottinette. On dira que, lorsqu’il n’y a pas de piste cyclable, tu roules sur la route. Et, à ce moment là, tu es considéré comme une voiture donc il ne faut pas être gêné, car tu as autant de place que les autres usagers de la route. Certains vont monter sur les trottoirs et cela va créer des accidents avec les piétons. Quand les trottinettes sont arrivées, des règles ont été fixées. Parce que certains montaient à trois personnes alors qu’une trottinette est réservée pour une personne. D’autres roulaient à 25 km/h sur des zones où il y a des piétons. A ce propos, la règle est la suivante : si tu dépasses les 50km/h tu es considéré comme un hors-la-loi. Tu peux avoir des amendes, etc. Il est donc important de se former et d’être sûr d’avoir toutes les clés de comprehension de l’usage d’une trottinette, car c’est un enjeu de sécurité majeur.

Comment s’articulent les formations ? Elles s’articulent sur la théorie et le code de la route. On va aller en extérieur pour montrer les panneaux, etc. Puis, on va faire de la pratique en apprenant à utiliser l’engin comme on le fait en moto ou en vélo. A la fin, tu connais les risques, tu es capable de conduire une trottinette, de te sécuriser et de ne pas mettre en danger les autres. La séance dure deux heures et coûte 120 euros. Après, on propose aussi des heures de conduite de trottinette parce que la plupart des personnes qui en font ont un certain âge. Rouler à Paris, c’est mental, ce n’est pas comme à la campagne.

Je dirais que tout est dangereux. Même la voiture est dangereuse,

Est-ce que, à termes, l’idée serait de convaincre les pouvoirs publics de faire en sorte que cela devienne un brevet obligatoire ? Bien sûr. Pour le moment, on veut lancer un label écologique, c’est pour cela que l’on parle de leasing. Quand on te loue la trottinette, tu en es propriétaire. C’est comme quand tu loues une voiture. La trottinette, tu la prends, tu la plies et tu la ramènes chez toi. Tu ne la laisses pas en bas comme les trottinettes en libre-service. En ce qui concerne le caractère obligatoire, aujourd’hui, on réfléchit à la manière de faire. On suit ce qu’il se passe au niveau des pouvoirs publics. On suit les débats sur la création des pistes cyclables qu’a introduit Anne Hidalgo et, d’ailleurs, on aimerait en faire partie. On est attentif à ce que veulent les mairies, à ce que représente la trottinette en soi et à l’écologie.

Comment faire pour vous contacter ? On a un site internet www.nirmah.com pour la vente et www.formation-trottinette.com pour la formation. Pour le moment, on ne propose que la location parce qu’on doit encore revoir notre gamme de prix, proposer une formule étudiante. Retrouvez-nous sur Instagram : @nirmah.trottinette et @formation.trottinette

Un message pour convaincre nos lecteurs de faire appel à tes prestations ? La trottinette c’est un loisir, mais la sécurité c’est la vie.

Si je te dis le mot « Roots », te me réponds ? La culture africaine et l’envie d’en apprendre plus.

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Que dire à une personne qui estime que la trottinette est un moyen de transport très dangereux ?

mais il faut savoir comment l’utiliser. Parce que c’est sûr que si tu l’utilises mal, tu vas te mettre en danger et les autres aussi. Si tu apprends à bien l’utiliser, c’est beaucoup mieux. Et c’est là que nous intervenons. Pour le lancement du projet, nous avons notamment fait un partenariat avec Groupons, pour proposer nos modules de formation au plus grand nombre.


OUVERTURE DE NOTRE NOUVEAU RESTAURANT

LE SAMEDI 4 DÉCEMBRE 2021 À 18H

VENEZ NOMBREUX ! - RÉSERVATION FORTEMENT CONSEILLÉE -

L’AFRODISIAC RESTAURANT 3 Rue des courcelles 75008 PARIS

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Gastronomie

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Mariée, mère de 2 enfants et entrepreneure dans le milieu de la restauration depuis plus de 10 ans, je m’appelle Tiffany KALEMA. Je suis d’origine de la République Démocratique du Congo et, à 36 ans, je suis la fondatrice et gérante de 2 restaurants à Paris : Afrodisiac Restaurant.

Racontez-nous votre parcours dans la gastronomie africaine ? Je me suis lancée pratiquement sur un coup de tête, en 2010, mais le fait d’être toujours là en 2020, avec 2 restaurants et toutes les difficultés que la restauration rencontre montre bien que je porte la gastronomie africaine en moi. En 2008, alors conseillère en assurance et banque, j’ai fait

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une expérience désastreuse dans un restaurant africain. Les plats étaient bons, seulement l’accueil et le cadre laissaient à désirer. Malheureusement, c’était comme ça dans l’esprit des gens. On n’attendait pas plus d’un restaurant africain...

C’est ainsi que nous étions habitués et nous nous accommodions, je pense, un peu tous. Suite à cette mésaventure, je me suis sentie envahie comme d’une mission. Le patrimoine culinaire aussi riche que dense que possède l’Afrique devait être valorisé et je me devais d’être actrice et ambassadrice, afin de participer à ce changement de paradigme concernant la cuisine africaine.
J’ai donc donné un nouveau sens à ma carrière en créant ma propre entreprise dans la restauration, mon 1er restaurant : Le BCBG (Bon Chic Bon Goût) à Juvisy-sur-Orge qui ouvrira ses portes en décembre 2010... J’ai 25 ans...
Malheureusement, il ne rencontrera pas le succès escompté. En effet, le restaurant est, à l’époque, trop prétentieux pour le secteur géographique et dans les mentalités encore, pour un restaurant africain. 2012, je décide donc de fermer pour me recentrer sur mon objectif, c’est le pilier de ma réussite ! En 2014, je reviens avec un nouveau concept : l’Afrodisiac


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TIFFANY KALEMA

FONDATRICE DE L’AFRODISIAC qui ouvre ses portes à Viry-Chatillon avec pas moins de 269 m2, une cuisine pleine de saveurs dans un cadre agréable et chaleureux... Conquérir le cœur de la capitale française, afin de poursuivre ma mission fut mon second objectif. Un nouveau restaurant voit le jour en 2018, boulevard Bonne Nouvelle (Paris 2ème), de la cuisine traditionnelle aux concepts novateurs, les fins gourmets sont servis et il y en a pour tous les goûts ! Et enfin, le nouveau bébé, ouvert début décembre 2021, dans le 8ème arrondissement de Paris : 3 rue de Courcelles.

Outre la restauration, l’Afrodisiac est également un lieu de vie de la diaspora...

Le cadre reste élégant et chaleureux, l’offre quant à elle s’élargit, les plats sont plus élaborés et tout aussi délicieux !

L’Afrodisiac Restaurant Viry Châtillon propose, en plus de la restauration, un grand coin lounge pour siroter des cocktails exotiques mais également un dancing club pour une ambiance le week-end, des marchés de Noël, des ventes éphémères d’exposants de la diaspora... L’Afrodisiac Restaurant Paris 2, quartier Bonne Nouvelle, propose la découverte des saveurs d’un pays toutes les semaines, des invitations à l’œnologie, des conférences de presse, des présentions de nouveaux concepts, des présentations d’éditions de maga zine, d’ailleurs ROOTS en a présenté une au sein de l’Afrodisiac, des rencontres – dîners d’entrepreneurs et futurs entrepreneurs... Les Afrodisiac Restaurants sont de véritables immersions culinaires en Afrique mais aussi des lieux de vie de la diaspora incontournables pour des rencontres, des synergies de chaque instant et à tous les évènements.

Comment décririez-vous l’Afrodisiac à un lecteur qui ne connaîtrait pas encore le restaurant ?

Originaire de la RDC, que cela représente-t-il pour vous ?

L’Afrodisiac Restaurant propose des véritables voyages culinaires sur le continent de par les cinq sens : Le goût, l’odorat et le toucher : une carte de saveurs représentant 10 pays africains (l’Ouest et le Centre). Les plats sont frais et faits maison. L’ouïe : par la présence d’un fond sonore musical comprenant une sélection de musiques d’artistes africains. La vue : un décor atypique, convivial et afro-chic.

Faire découvrir le Congo dans mes restaurants, par la cuisine, est une évidence. Pour la décoration de mes établissements, j’ai été inspirée par mon pays : le doré pour l’or, le minerai et le noir pour le pétrole. Ma connection avec le Congo RDC va jusque-là, elle m’inspire à chaque instant.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur ce projet ? Cela fait plus d’un an que je travaille sur ce projet et je suis fière de pouvoir enfin vous accueillir dans ce nouveau cadre.

Quelle est la particularité du nouveau restaurant ?

Que retrouverons-nous au menu ? Vous y retrouverez nos classiques : le thiep royale, le traditionnel ndolé, le saka-saka mais aussi nos grandes assiettes, nous les appelons nos best-sellers : l’assiette dorée et l’assiette teranga. De nouveaux mets s’ajoutent à la carte, un concept inédit sur Paris ! Nous gardons le suspens et vous invitons à venir les découvrir sur place !

Un message direct à adresser à nos lecteurs ? La vie est courte, on n’a jamais trop de temps pour réjouir le cœur de tous ceux que nous aimons. Choisissez toujours le bonheur.

Si je vous dis le mot “Roots”, vous me répondez ? Racines... Si la branche veut fleurir, qu’elle honore ses racines. C’est de la racine qu’elle puisera toutes ses forces. ROOTS magazine, l’un des meilleurs magazines, qui met en lumière des fleurs de la diaspora ! Merci ROOTS magazine.

Les 2 Adresses de l’Afrodisiac Restaurant :

Tous les plats sont goûteux à l’Afrodisiac Restaurant. Notre cheffe cuisinière est une spécialiste du Sénégal mais en tant que Congolaise d’origine, je dirais le Fumbwa, le Liboké et le Ntaba. Ils font surgir des émotions et des souvenirs de ma grand-mère (paix à son âme) et me font penser à ma maman.

- 3 rue de Courcelles, 75008 Paris. Tél : 09 54 58 48 49. - 16 Rue Thorel, 75002 Paris. Tél : 09 51 91 72 18.

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Sur votre carte, quel est votre plat préféré et pourquoi ?


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Photo : Didier Teurquetil


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BINETA SY

FONDATRICE DE KWENDA L’épicerie fine africaine

“Des coopératives de femmes et des petits producteurs basés au Sénégal, au Mali, à Madagascar et aux Comores nous fournissent en matières premières (bissap, baobab, vanille…) et des artisans français passionnés les transforment.” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Franco-Sénégalaise de 29 ans, je m’appelle Bineta Sy. Maman d’une petite fille de 2 ans, je suis responsable emploi et formation dans le transport et co-fondatrice de la marque Kwenda.

Comment définirais-tu l’ADN de ta marque ? Et pourquoi avoir créé Kwenda ? La marque Kwenda est une épicerie fine africaine qui met à l’honneur ma double culture africaine et occidentale. L’objectif est de faire (re)découvrir les trésors culinaires du terroir africain et de mettre à l’honneur le savoir-faire français. Pour ce faire, nous travaillons avec des coopératives de femmes et des petits producteurs basés au Sénégal, au Mali, à Madagascar et aux Comores qui nous fournissent en matières premières (bissap, baobab, vanille…) et des artisans français passionnés par leurs métiers qui les transforment.

Peux-tu nous décliner la gamme de produits Kwenda ? Nous proposons des gammes de produits innovantes aux associations surprenantes comme des vinaigres à l’hibiscus, au madd ou encore au baobab, des préparations culinaires sucrées pour cookies ou muffins (saveur hibiscus ou baobab et chocolat blanc). D’ailleurs, nos cookies ont été testés et validés par l’équipe de ROOTS (cf édition spéciale Afrique de l’Ouest). Nous proposons également des préparations pour mocktails, des sucres, des confiseries et également des produits naturels en poudre (poudre de baobab, d’hibiscus, de cumin, de gingembre, de curcuma…). Tous nos produits qui sont naturels ont des vertus pour la santé.

Pourquoi le nom Kwenda ? Kwenda qui signifie “aller” en Swahili. Il s’agit d’une invitation au voyage culinaire. Notre souhait est de transporter nos clients et de susciter des émotions gustatives lorsque l’on déguste nos produits. Notre devise : « Découvrez, savourez, voyagez ».

La cuisine africaine se professionnalise à vitesse grand V et monte en gamme. Cela a-t-il fait partie de votre reflexion ? Et quels sont vos projets de développement ? Notre logo est la girafe qui est un animal noble à l’allure majestueuse avec une élégance singulière. L’une des valeurs de la marque « Kwenda » est l’élégance. Ainsi, lors de la création de Kwenda, notre ambition a tout de suite été de proposer à nos clients des produits esthétiquement soignés qui s’inscrivent dans une logique artisanale respectueuse de l’environnement et surtout des produits qui permettent de mettre en lumière les richesses culinaires d’Afrique.

Si tu avais un message à la diaspora qui va te lire et à de futurs clients professionnels ou particuliers ? Ces derniers temps, il y a une vague de personnes talentueuses qui entreprennent. Il y une solidarité qui s’organise. Cela fait plaisir à voir. Il faut vraiment que l’on continue dans cette lancée et que l’on se soutienne. D’ailleurs, beaucoup d’entrepreneurs ont fait confiance à Kwenda notamment pour offrir des paniers de nos produits à leurs collaborateurs ou clients, ça change des boîtes de chocolats classiques... Nos produits s’avèrent être d’excellents cadeaux originaux pour toutes occasions et pour faire découvrir les saveurs de chez nous. Nous proposons également des paniers à composer soimême, en fonction des budgets de chacun, et à offrir, par exemple, à une mariée, à la maîtresse de vos enfants, lors d’une crémaillère ou encore pour un anniversaire. Il faut également savoir que certains de nos produits comme les baby sucres à l’hibiscus ou à la vanille sont également choisis par des couples qui se marient et qui souhaitent offrir un cadeau spécial et original à leurs invités.

L’Afrique !

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Si je te dis le mot « ROOTS », tu me réponds ?


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RECETTE CAMEROUNAISE

POULET DG Voici les consignes (pour 6 personnes) :

INGRÉDIENTS – 6 ou 8 cuisses de poulet (ou de poule, cela s’émiette moins dans la marmite) – 5 bananes plantains pas trop mûres – 4 carottes – 1 poireau – 1 poivron jaune – 1 poivron rouge – 2 cubes Maggi – Poivre – 2 cuillères à soupe de curry – Huile de tournesol

Pour la marinade – 1 oignon – 1 échalote – 3 gousses d’ail – 100g de persil – 2 cuillères à café de poudre de gingembre Kwenda [Epice puissante, elle saura donner à votre marinade une note relevée et citronnée. (Origine : Madagascar)] – 45 graines de djansan – 5 graines de pépé – 1 cuillère à soupe de gros sel – 300 ml d’eau

Pour la petite histoire… Avant de vous livrer la recette et de vous faire prendre 5 kilos tellement vous vous gaverez de ce délicieux plat, un peu d’histoire : Le Poulet « Directeur Général » ou Poulet DG est un plat issu de la région bamiléké (ouest) du Cameroun, qui s’est propagé dans tout le pays. Ce ragout composé de poulet, de divers légumes (carottes, poireaux, tomates, poivrons… selon les envies) et de bananes plantains, tient son nom du fait qu’on ne le préparait que pour les hommes influents. Qu’il soit sorti des cuisines des circuits (restaurants populaires camerounais) ou de celles d’une épouse ingénieuse, la légende veut que le PDG ait été créé afin de rapidement remplir les panses des hommes d’affaires entre deux rdv, en mélangeant, pour ce faire, dans une même casserole viande, verdure et plantains. Plus besoin d’être CSP+ pour pouvoir gouter à ce plat, petits comme grands, femmes comme hommes, aiment se réunir autour de ce mets rentré dans les annales de la cuisine camer.

PRÉPARATION 1) Hachez grossièrement oignon, échalote, ail, gingembre et persil. 2) Mixez le tout avec les graines de djansan, de pépé et le gros sel, en rajoutant au fur et à mesure l’eau qui facilitera le mixage. 3) Réservez le mélange au frigo. 4) Coupez en rondelles les carottes et le poireau. 5) Coupez en petits carrés vos deux poivrons. 6) Dans une marmite (assez grosse) faites chauffer de l’huile et faites y sauter vos cuisses de poulet (préalablement rincées au vinaigre blanc, facultatif ) pendant une dizaine de minutes. 7) Laissez refroidir le poulet puis introduisez les légumes découpés, la marinade, le kub or, le poivre, le curry et une à deux tasses d’eau. Mélangez. Laissez mijoter à feu doux pendant une vingtaine de minutes.

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Yememca



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Photo : Didier Teurquetil


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ESTHER MPEMBA

FONDATRICE DE LOCAMAK TRAITEUR Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Quel type de cuisine proposez-vous ?

Esther Mpemba, 30 ans, je suis traiteur sous le nom de Locamak. J’ai repris l’activité familiale et je suis d’origine congolaise.

On maîtrise les cuisines d’Afrique Centrale, c’est vraiment notre spécialité. Au départ, on était centré sur la cuisine congolaise, car son avantage est qu’elle passe partout. Progressivement, on a eu des demandes pour les mariages mixtes, donc on a dû s’ouvrir aux autres cuisines et on a créé des partenariats avec des traiteurs spécialisés. Bien que je sache préparer les cuisines des autres pays, les partenariats avec les traiteurs spécialisés permettent de garder l’authenticité. Ils sont sélectionnés par rapport à nos critères : professionnalisme, savoir-faire, savoirêtre. C’est cela qui nous a permis de nous ouvrir à d’autres pays et de ne pas seulement faire des mariages congolais.

Pouvez-vous nous expliquer le début de l’aventure de cette entreprise familiale et comment vous vous êtes intégrée au projet ? L’histoire commence il y a plus de 20 ans, avec ma mère qui a eu l’idée de faire un restaurant de cuisine congolaise, pour recevoir et partager un moment avec la communauté. Ce qu’elle savait faire, c’était préparer (la nourriture) et rassembler les gens ; elle s’est battue pour le faire. Le restaurant s’appelait Le Makusa à Villeneuve Saint Georges et, au fil du temps, il est devenu une référence. Makusa signifie “marmite’’, être ensemble autour de la marmite. J’ai grandi dedans. Je suis l’ainée de ma famille donc, je restais beaucoup avec la maman. À l’adolescence, je me suis fatiguée de tout ça et je suis partie. J’ai eu l’occasion de quitter Créteil pour Paris. Je suis rentrée à l’université, j’ai découvert les évènements, j’aimais déjà beaucoup l’évènementiel. C’était une nouvelle vie . Puis, je suis aussi allée au Canada, j’ai découvert le monde. Dans tout ce que je faisais, je me retrouvais soit à la coordination, soit à la cuisine. J’ai fui, mais ça me suivait. Pour moi, la cuisine était quelque chose de normal, ce n’était pas spécialement une compétence. Il y a quelques années, ma mère a eu un AVC, ça a été un déclic. Cela a été la plus grande frayeur de ma vie. Il fallait que je perpétue l’œuvre de ma mère. J’avais la possibilité de reprendre l’entreprise familiale, mes frères et sœurs étaient partants, on a vu qu’il y avait une demande en traiteur alors, on a repris ça en main et c’est bien reparti !

Le restaurant existe-t-il toujours ou bien a t-il basculé en service traiteur ?

Continuer de croître et répondre avec toujours plus de professionnalisme à la demande des clients. Actuellement, il y a une volonté de passer sur du service à l’assiette, une volonté de faire des choses plus spectaculaires, plus d’animations sur les vins d’honneur… On veut donner une autre image des cuisines africaines dans les mariages et devenir une référence sur les mariages afro en France. Ce serait bien aussi de développer un service en province, car il y a beaucoup de demandes.

Des projets d’ouverture de restaurants à Paris ? Pas spécialement (rires). Un restaurant fixe, non je ne pense pas. Parce qu’il faudrait presque que ce soit un concept store, épicerie fine, la totale. Et, quitte à le faire, autant que ce soit à Kinshasa.

Que représente le Congo pour vous ? Le Congo représente énormément pour moi, bien que je n’aie pas eu l’occasion de beaucoup m’y rendre. Chaque fois que j’y vais, j’ai l’impression d’avoir grandi là-bas alors que je suis née en France. J’y suis tellement à l’aise, je sais que je suis sur mes terres. Aujourd’hui, je suis en France mais, j’irai au Congo et pas seulement pour finir mes jours. Dans le meilleur des cas, j’aimerais y aller une ou deux fois dans l’année afin de mieux maîtriser le terrain et y faire des projets à long terme.

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? La famille ! Instagram : locamak_traiteur_afro

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Au début des années 2010, il y a eu de plus en plus de demandes auprès de ma mère sur le service traiteur. Les parents voulaient des mamans qui préparaient la nourriture. Quant aux jeunes qui se mariaient, ils ne voulaient plus que ça soit les mamans qui préparent, mais plutôt un service à « l’occidental ». Alors, on faisait le service traiteur, mais à part, ce n’était pas un grand service que nous avions développé, mais plutôt du bouche-à-oreille. Disons que c’était un « plus » que l’on pouvait proposer aux clients du restaurant. La demande a augmenté à ce niveau-là et, aujourd’hui, nous ne sommes plus un restaurant mais un service de traiteur évènementiel à 100%

Quel est le plan de développement de Locamak ?


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NERRY LIANZA

SURDOUÉ DE L’AFRO-FUSION “ON MANGE AVEC LES YEUX” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Le déclic pour vous lancer à votre compte ?

Je m’appelle Nerry Lianza, j’ai 36 ans, je suis d’origine congolaise et cap-verdienne. Je viens du Luxembourg et de la Belgique. Actuellement, je suis chef traiteur, spécialisé en afro-fusion.

Je me lance des challenges au quotidien et je me suis dit qu’il était temps que j’arrête de me reposer sur les autres et que je puisse décoller par mes propres moyens. Progressivement, j’ai eu la chance de participer à plusieurs évènements durant lesquels je présentais mes plats et mes spécialités. Ensuite, j’ai atterri au Luxembourg où j’ai travaillé dans des restaurants semi-gastronomiques et dans des brasseries de luxe. À un moment donné, la restauration n’était plus un domaine dans lequel je voulais continuer à travailler. Je suis donc allé chez Steffen Traiteur, qui fut pour moi la meilleure école où j’ai pu étudier, pendant 5 ans. Là-bas, j’ai cherché à comprendre comment on faisait pour gérer un évènement de plus de 3 000 personnes et comment je pourrais, par la suite, utiliser la gastronomie à travers nos plats africains. Ce fut une expérience incroyable. Aujourd’hui, cela fait 5 ans que je suis à mon compte, en qualité de traiteur afro-fusion. Je suis basé au Luxembourg, mais mes prestations ont également lieu en France et en Afrique. Par exemple, pour un mariage que j’organise au Congo, je vais favoriser les produits locaux et apporter aux plats quelques aliments européens.

Revenons sur votre parcours dans l’hôtellerie... Pour commencer, c’est un « accident » ou disons une opportunité qui a ouvert la voie à ce chemin. À l’âge de 8 ans, j’ai quitté le Congo, à cause des pillages dans mon pays, pour atterrir en Belgique, à Waterloo. Passionné de football dans ma jeunesse, je voulais rentrer en école de formation mais, pour des raisons familiales, je n’ai pas pu. Je n’ai pas toujours été un élève modèle et j’ai beaucoup été distrait par l’amusement et les activités extérieures. De ce fait, en secondaire (collège), j’ai aménagé chez un oncle chez qui j’ai poursuivi mes études en hôtellerie dans une école privée, Cardinal Mercier, dans laquelle j’étais plus encadré. Ce cursus m’a permis d’apprendre à cuisiner, avoir davantage d’ambition et apprécier l’écoles. J’ai commencé à travailler dans un restaurant afin de faire quelque chose qui me plairait et qui m‘écarterait de la rue. Jongler entre école et travail m’apportait autant en savoir-être qu’en savoir-faire. En effet, il faut savoir que travailler en cuisine demande de la discipline, du respect, de l’obéissance, de l’innovation et de la curiosité. Pour obtenir mon diplôme, j’ai choisi l’option gestion hôtelière et j’ai eu l’opportunité de faire des stages en spécialisation traiteur et banquet. Par la suite, j’ai travaillé 1 an en CDD pour un traiteur et, à la fin de ce contrat, mon responsable m’a poussé à changer de travail car, selon lui, il y avait du potentiel en moi. J’ai par la suite travaillé dans plusieurs restaurants et je me suis rendu compte avec le temps que pour devenir traiteur il fallait que je m’arme de connaissances aussi bien techniques que culinaires.

Comment vous-êtes vous démarqué des autres ? Grâce ma créativité et mon sens de l’imagination. Ce sont mes forces et elles me permettent d’élaborer des recettes mémorables, hors du commun. De plus, je suis pour la mixité et m’intéresse à l’art culinaire de tous les pays, sans exception. J’ai appris sur le terrain mais également grâce à ma mère, mes tantes et mes amis de cultures différentes. C’est-à-dire que les plats qu’ils m’apprenaient, je les reproduisais et cela tout en les rendant visuellement plus esthétiques car, dans un premier temps, « on mange avec les yeux ».

Quelle est votre vision de la cuisine afro-fusion ?

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J’ai fait de la cuisine une passion et j’ai essayé de mettre en avant mon pays à travers elle. Mais mes prestations se différencient selon la demande de ma clientèle, son budget et ses goûts. Selon moi, l’art culinaire africain n’est pas encore assez reconnu, alors que nous avons d’énormes richesses, tant en fruits et légumes qu’en épices. Cela me pousse à créer des recettes et montrer ce dont je suis capable, en mixant les cuisines africaines (car je n’oublie pas d’où je viens) et les cuisines européennes (car ce continent m’a accueilli).


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“ Je suis pour la mixité et m’intéresse à l’art culinaire de tous les pays, sans exception. ”

Quel est votre plat congolais préféré ? Le fumbwa avec la chikwangue. La semoule et le gombo sont des aliments que je n’aimais pas plus jeune mais, aujourd’hui, je les intègre à ma cuisine de façon à les apprécier.

Quels sont vos projets à courts et longs termes ? À court terme, pouvoir agrandir ma structure. À long terme, ouvrir un hotêl-restaurant sur une île.

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora... Ne jamais abandonner, croire en ce que l’on fait, persévérer mais surtout avoir la Foi.

Si je vous dis ROOTS, vous me répondez ? Ma grand-mère.

Mariage I Anniversaire I Séminaire I Baptême I Soirée privée

nerrylianza.manager@gmail.com

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France I Luxembourg I Belgique @chef_nerry_lianza


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“Dans la cuisine africaine, c’est la joie. Dans la cuisine japonaise, c’est le calme, la concentration, notamment dans le maniement des couteaux.”

@pro_kevlechefdefamille kevlechefdefamille@gmail.com Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Kevin Ngoue, originaire du Congo Brazzaville, cuisinier de profession depuis une vingtaine d’années. Je touche un peu à tout, mais je me suis spécialisé dans les sushis.

Un chef Noir spécialisé dans les sushis, c’est suffisamment rare pour que vous nous expliquiez ce parcours atypique ! Mon parcours est assez long. Je suis arrivé en France grâce à mon père pour les études, à l’âge de 7-8 ans. J’ai effectué un C.A.P Cuisine que j’ai raté une première fois. J’ai voulu baisser les bras. Et s’en sont suivies malheureusement quelques conneries de jeunesse. Puis, j’ai compris que je devais me ressaisir. Je savais que

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la cuisine était le domaine dans lequel je devais m’épanouir. Chez nous, la cuisine, c’est dans le sang. Ma grand-mère, mon grand-père, mes tantes, mes frères et sœurs… Tout le monde sait cuisiner. J’ai grandi avec cette richesse et j’ai

compris que je devais me relever. Pendant 2/3 ans, j’ai arrêté la cuisine, j’ai bossé chez Leader Price en tant que chef de rayon. Puis, je suis revenu vers la cuisine. J’étais à Rueil Malmaison, on faisait des canapés et petits fours pour les réceptions, mariages, etc. Quelques temps après, je me suis séparé de ma conjointe et j’ai quitté ce job, vous savez la vie n’a pas toujours été facile avec moi. Je me suis installé à Versailles chez une tante, environ 6 mois. Il fallait que je trouve du travail pour l’aider à payer le loyer. En allant chez Pôle Emploi, j’ai vu une annonce concernant un restaurant de sushi. Je me suis dit que ce serait l’occasion de changer d’univers. L’entretien s’est super bien déroulé, j’ai été pris et il fallait alors faire une formation de 4 mois pour être parfaitement à l’aise avec la technique spécifique à la gastronomie japonaise. Des recruteurs m’ont proposé un CDI dans un restaurant de sushis situé en Bretagne. N’ayant plus réellement d’attaches à Paris, J’ai saisi l’occasion de pouvoir changer d’air et je me suis installé à Rennes, en participant à l’ouverture du franchisé EAT SUSHI. Là-bas, j’ai rencontré un jeune Sénégalais, Modou, qui


KEVIN NGOUÉ

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LE SPÉCIALISTE DES... SUSHIS ! travaillait avec moi. Pendant notre formation, Modou se décourageait souvent et j’étais celui qui le persuadait de ne pas lâcher. Pour ma part, j’ai été pris sous l’aile d’un chef chinois, Gang, avec qui je suis toujours en contact aujourd’hui encore. Il m’a aidé à trouver mon logement, tous les dimanches on allait jouer au football, il m’a été d’une grande utilité pour mon intégration. Dans le restaurant, il m’a bien encadré et m’a permis d’approfondir ma formation. Par la suite, j’ai moi-même formé d’autres personnes, notamment le jeune Modou. Lui était dans la rapidité et moi dans la qualité et la propreté. Mon responsable me répétait sans cesse : « Avec toi Kevin, c’est la qualité au top ». C’est de là que vient mon slogan professionnel : « La qualité, au top ». Avec le temps, Modou et moi sommes devenus les 2 chefs du restaurant et nous avons formé une dizaine de personnes. Les gens hallucinaient de voir deux Noirs spécialistes du sushi. On nous prenait en photo, les gens étaient à la fois surpris et fiers. Tout se passait bien, mais le fait d’habiter à Rennes m’éloignait trop de Paris et de mes enfants. Après 5 ans, je suis donc revenu en l’Île-de-France et ce fut le début de mon aventure solo dans le monde du sushi.

Comment passe-t-on de sushiman dans un restaurant en Bretagne à chef traiteur reconnu à Paris ? On a commencé à me solliciter, surtout dans le milieu musical. Je suis originaire de Trappes et, par le passé, j’ai eu à présenter le rappeur La Fouine à mon grand-frère qui s’est par la suite occupé de sa carrière. J’ai donc participé de façon indirecte à l’éclosion de cet artiste et c’est tout naturellement que l’on a fait appel à moi pour confectionner des buffets sushis lors des séances studio. J’ai pu faire goûter mes réalisations auprès de La Fouine, mais aussi de ses artistes : Sultan, Cindy, Kamelancien… Et cela a permis de crédibiliser d’avantage mon image. À cette époque, je n’avais rien à perdre. Par exemple, j’allais au culot au marché aux Puces, à Clignancourt, pour proposer mes barquettes de sushis. Encore une fois, les gens étaient incrédules face à un Noir qui maîtrise l’art du sushi. Mon nom s’est diffusé, au fur et à mesure, et le bouche-à-oreille a fait le reste.

Quelles sont les qualités d’un bon sushiman ? Comment basculer de la cuisine africaine à la cuisine japonaise ?

Quels ont été les moments clés dans votre carrière ? J’en citerais deux. Tout d’abord, le jour de l’écoute de l’album de La Fouine. C’était dans un grand studio à Saint-Cloud, il y avait les boss de Sony et Skyrock qui étaient présents. On m’a confié un budget et j’ai préparé des sushis et makis pour tous les invités. Au départ, ils ne savaient pas que c’était moi qui avait cuisiné. Je les ai laissés manger, j’ai observé leurs comportements. Ils n’ont pas laissé une assiette vide et semblaient tous très satisfaits. Je leur ai alors dit que j’étais le sushiman derrière ces mets et ce fut l’étonnement général ! Ce jour m’a particulièrement marqué car je venais d’être « validé » par des boss qui ont l’habitude de manger dans les plus belles tables et goûter aux meilleurs traiteurs. Les gens ont commencé à faire circuler le nom « Kev Le Chef de… Famille » Par la suite, j’ai même eu l’occasion de pouvoir cuisiner pour ses fans, Il y avait énormément de monde, j’ai fait des brochettes poulet, bœuf-fromage, des makis, des sushis… Les gens ont commencé à faire circuler le nom « Kev Le Chef de Famille ». Le deuxième moment marquant fut le jour où j’ai participé à la première édition du salon Le Kongo à l’honneur. Créé par Nelly Biyola et Carole Ndomba et qui s’est déroulé le 25 Janvier 2020. Regroupant les prestataires congolais : traiteurs, wedding planners, créateurs… J’ai été surpris par l’engouement et la curiosité autour de mon stand où les sushis et les makis sont partis comme des petits pains ! C’était un honneur pour moi et une fierté de participer à cet évènement avec mes frères et sœurs du Kongo… Kongo avec un K ! Il s’agissait de moments d’accomplissement et de reconnaissance pour me conforter dans mes choix. Je me suis toujours battu, je me suis fait seul, mais aujourd’hui c’est également avec l’appui et l’accompagnement de ma conjointe que j’avance sereinement vers mes projets.

Que représente le Kongo pour vous ? Le « K » est très important car je considère que ces deux pays (Congo Brazzaville et Kinshasa) forment un même ensemble. Quand on grandit, on se rend compte qu’on est un seul peuple. On mange la même chose, parle la même langue, s’habille de la même façon… Ma mère est M’Bochi, mon père est Lari, je parle lingala, je cuisine congolais… Mon plat préféré est d’ailleurs le fumbwa. Pour moi, le Congo est le centre du monde, je suis fier d’être Congolais et je ne remercierai jamais assez ma famille, et spécialement mes parents, pour cet héritage culturel et leur soutien sans faille.

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ? La tranquillité, le calme et soyons fiers de nos origines !

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La cuisine africaine est un héritage familial. Comme je vous le disais auparavant, c’est dans le sang. Mais j’aime la cuisine dans sa globalité, dans sa diversité. Qu’il s’agisse de la cuisine française, marocaine, asiatique… Je suis quelqu’un de curieux et c’est ainsi que j’ai pu basculer dans la cuisine japonaise, avec de la patience et de l’application. Dans la cuisine africaine, c’est la joie.

Dans la cuisine japonaise, c’est le calme, la concentration, notamment dans le maniement des couteaux.


nom l’indique est un chocolat venu de l’île de la Martinique, souvent bu au matin des premières mmunions (fêtes religieuses). Pour les plus gourmands, pas la peine d’attendre cette célébration pour Gastronomie uvoir déguster ce délicieux chocolat. rédients pour 4 personnes: wo kako (bâton de cacao) BESOIN D’ATTENDRE PÂQUES ! PLUS 0 ml de lait demi-écrémé g de poudre de cacao ( quantité selon les goûts) 0 ml d’eau 0g de lait concentré sucré ousse de vanille bâton de cannelle e la muscade râpée Une cuvée qui fait tache n zeste de citron Il tente d’expliquer les raisons de cet engouement, toujours à caribmag.fr « Les gens consomment aïzena (selon l’épaisseur voulue) champagne lors du carnaval, lors de fêtes de ns une casserole, mettez à réchauffer à feu très doux ledulait demi-écrémé et le lait concentré sucré, la famille, aux baptêmes, communions et autres sse de vanille, la muscade, la cannelle râpée et le zeste de citron pendant environ 10 à 15 min. Le rassemblements, en août, lors du retour de la ne doit surtout pas bouillir ! diaspora au pays et en fin d’année» Patrick, luins un autre bol, râpez le bâton de kako et ajoutez-y la même poudre puis l’eavance au que fan de du cacao nectar pétillant un vous autre aurez préargument. «Aux États-unis, les pauvres dans les blement chauffée. Le chocolat doit totalement être dissous. quartiers portent de belles baskets. Aux 10 Antilles, sez le contenu du bol dans la casserole contenant le lait et mélangez. Laissez cuire minutes. (c)Danish Cook les populations sont parfois très pauvres Le Le matétédans de crabe recetteettraditionnelle Préparation le chocolat doit légèrement épaisayez la maïzena de l’est eauune froide ajoutez à la préparation, champagne est un gage de qualité, c’est un produit préparée des fêtes de de Pâques et pour la fête du 1. Séparez les pattes des crabes de leur carapace. donc n’ajoutez paslorsbeaucoup maïzena. raffiné. En acheter permet de ne pas se tromper et

MATETÉ DE CRABES Champagne au goût amer

pour les Antilles

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crabe. Cette recette est élaborée avec des crabes de 2. Coupez l’extrémité des pattes. Depuis des années, les Guyanais et les Antillais de montrer qu’on a les moyens. » Faire coup double terre qu’on retrouve dans les mangroves et les endroits 3. Dans une casserole, mettez l’huile, les crabes, la sont les plusàgros consommateurs de champagne pour une fête réussie, en somme. Patrick réside en joué, c’ e st prêt servir ! humides. Généralement, pour trouver des crabs, il faut cive hachée, le persil et l’oignon. de France. Punchs, alcool de banane, planteur... métropole et fait partie de la diaspora évoquée par attendre la période de Pâques, puisque le reste de l’anMélangez 3 minutes. Les crabes prendront une S’il est à consommer avec modération, le rhum a Dominique Pierre. Le jeune homme note toutefois née ils sont protégés. Pour ceux qui n’ont pas la chance couleur rouge. une renommée mondiale, tant pour son goût que un bémol. « en achète par caisses en France d’être à proximité d’une mangrove, l’alternative est le 4. Ajoutez les On épices, le piment de Cayenne, la pour la multiplicité des formes qu’il prend. Mais métropolitaine, pour les acheminer, car crabe surgelé que vous pouvez trouver dans les compoudre de colombo, les feuilles de laurier,cela l’ail,reste le le exotiques. champagne le supplante les n’est habitudes trèsdecher de selafournir ». De plus, le climat merces Je vous l’accorde,dans le goût pas jus citron, tomatesuretplace mélangez pendant 1 de consommation Outre-mer. Ainsi en 2007, la ne permet pas de produire le champagne sur aussi authentique, mais faute de mieux... minute. Guadeloupe et la Martinique occupaient déjà le 5.place. L’aubaine le marché antillais Ajoutez le riz àque sec représente pour le laisser s’imprégner premier etpour deuxième rang du nombre pour les producteurs Ingrédients 2/4 personnes : de bouteilles des saveurs et mélangez 4français minutes.n’encourage pas importées respect despuis consommateurs. Ainsi un - 1kg de crabes par an. Patrick, jeune entrepreneur 6.toujours Ajoutez le l’eau et le sel, mélangez. Code noir a été proposé par la - 400gguadeloupéen de riz blanc confie à Roots son étonnement face 7.champagne Faites cuire nommé à feu moyen. - 4 branches de cive et«persil à ce plébiscite. Dans mon enfance, on préférait 8.maison Henri Giraud en 2012. cette dernière, Moudre quelques baies deSelon poivre rouge de - 3 oignons Kwenda à àajouter en fin dede cuisson. le rhum. Maintenant, le champagne coule à flots Madagascar cela fait référence la méthode pressage il saura apporter une touche unique à - 1 cuillère à soupe de sel à toute occasion, c’est dingue. » Dominique Pierre, [Doux et à en labouche, couleur du raisin. Certains Ultra-marins, mets salés etpar sucrés - 1 cuillère d’huilebien connue Nicolas Feuillatte vos PDG àdesoupe la marque représentés le (Origine comité: Madagascar)] Devoir de mémoire - 2 feuilles de même laurier constat. «Le taux de pénétration fait le entre autres, y ont vu une référence à leur histoire, la cuisson du riz, laetrecette à régissait sa fin. - 1 cuillère à café de piment de Cayenne du champagne Après des personnes qui consomment marquée par l’esclavage le codetouche noir qui L’étape tant attendue est la degustation ! - 1 cuillère à café de colombo ou curry est de 60% aux Antilles-Guyane contre 30% sur cette pratique déshumanisante au XVIIème siècle. le matété, vousmobilisés conseille des - 3 gousses d’ail » se félicitait-il auprès de caribmag.fr, Pour l’Hexagone Les accompagner militants associatifs se jesont pour morceaux d’avocat. - 1 citron lors de son passage aux Antilles en 2012. interdire le champagne incriminé. - 1 litre d’eau Bon appétit ! - 1 tomate mûre Dolores Bakéla - Poivre rouge de Madagascar Kwenda Katharina Cambré


“ Traiteur & Cheffe privée” SPÉCIALITÉS VÉGÉTARIENNES ET FRUITS DE MER

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ÉVÉNEMENTS PROFESSIONNELS ET PRIVÉS EN GUADELOUPE & MARTINIQUE


Gastronomie

Photo : Didier Teurquetil

“C’est le fruit avant le rhum [...] Un rhum arrangé filtré pour un goût optimal et stable durant toute sa durée de vie”

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Gastronomie

LAURY SELBONNE

FONDATEUR DE RHUM & KO Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Laury Selbonne, j’ai 31 ans, je suis né à Grand-Bourg, Marie-Galante.

Quel est votre parcours jusqu’à la création de Rhum&KO? Né aux Antilles, je suis arrivé en France métropolitaine à 15 ans. Passionné de sciences et de mécanique, j’ai eu un cursus scientifique et obtenu mon diplôme d’ingénieur mécanique, en 2015. Une fois diplômé, j’ai exercé dans différents secteurs : automobile, aéroportuaire et ferroviaire, en tant que chargé d’affaire ou chef de projet. Très proche de mes origines, j’ai toujours maintenu un lien fort avec la culture antillaise. Lorsque je partais aux Antilles en vacances, je ramenais toujours un souvenir, des tambours, tableaux, punch des Antilles (fruit de la passion, coco, basilic…). À l’âge de 23ans, j’ai commencé à m’intéresser aux rhums et préférer les rhums plutôt doux.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette aventure entrepreneuriale ? J’ai toujours voulu créer ma propre entreprise, ça a toujours été un de mes objectifs. Néanmoins, j’étais obligé de passer par la case salariat, afin de gagner en expérience et mettre de l’argent de côté. Au final, j’étais déçu de mes expériences en tant que salarié. Je me suis rendu compte que mon évolution ne dépend pas forcément de mon travail, ni mon engagement, mais du rapport avec certains employés de la hiérarchie.

Comment décririez-vous votre gamme ? Qu’est-ce qui fait la particularité de votre rhum ?

Que représentent les Caraïbes pour vous ? Mon enfance, des personnes pleines de valeur, des fruits de mer frais, des fruits exotiques riches et variés.

Quels sont vos projets de développement à moyens et longs termes ? Je souhaite développer une nouvelle gamme (café, macadamia, cacahuète…), avoir des points de ventes aux Antilles et poursuivre mon développement en France et Europe.

Si vous aviez un conseil d’entrepreneur à adresser à nos lecteurs ? Si vous avez une idée, une ambition structurée et que vous y croyez, donnez-vous les moyens et lancez-vous. Mais tenezvous prêt à travailler sans compter !

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora caribéenne ? Trop de fois nos grands-parents, nous ont dit que ce n’était pas possible... Rêvons grand et ça commence dès l’éducation.

Comment se procurer Rhum&Ko ? Les cavistes à rhum de paris, quelques caves à vins sur la France métropolitaine. Vous pouvez voir les points de vente sur : www.rhum.fr. Sur notre site, il est également possible de commander une bouteille dès 35€.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Je dirais rebelle, indépendant, de caractère…

Site internet : www.rhum-ko.fr Instagram : @rhum_ko

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Tout d’abord, Rhum&KO s’inscrit dans les rhums arrangés filtrés. Nous fabriquons un rhum arrangé artisanal de façon à ce que la saveur soit au cœur de vos sens. C’est le fruit avant le rhum. Souvent dans nos animations dégustations, nous faisons un jeu où au nez les clients devinent la saveur du punch. Aujourd’hui, avec cette identité, nous avons 3 gammes : Fruitée : Avec les standards des rhums arrangés, Maracuja des antilles, Punch coco, Banane,… Plantes vertes : Avec des saveurs tels que le basilic, la coriandre, la Menthe verveine. Spicy : Avec le gingembre et le piment Bondamanjak (piment antillais), Piment végétarien. Très peu de fabriquant ose utiliser le piment dans leur rhum arangé car c’est très difficile de maitriser l’explosivité du piment. Aujourd’hui, cette gamme fonctionne très bien !

Notre particularité, un rhum arrangé filtré pour un gout optimal et stable durant toute la durée de vie de votre rhum arrangé. Très peu d’épices et de sucre afin de ne pas altérer la saveur du fruit macérée et tout cela sans colorant, sans conservateur, sans arome artificiel.


Gastronomie

SUR LA ROUTE... DU RHUM (1) L’imaginaire collectif a occulté la provenance originelle du rhum. Au gré des siècles et des mutations d’une pratique devenue art. La source ? L’Asie. En effet, la canne à sucre n’existait pas dans les Caraïbes avant que Christophe Colomb et son crew ne l’importent du continent asiatique, après avoir fait escale par le Sud de l’Europe. La canne servira d’abord et surtout pour la fabrication du sucre. Très vite, on va se rendre compte de la possibilité d’en faire de l’alcool. Un alcool qui sera pendant très longtemps brut, peu raffiné et destiné aux esclaves pour leur donner de la vigueur au champ. Les colons n’en consommaient donc pas avant qu’il ne devienne produit noble, préférant importer « leur » alcool d’Europe.

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Le tournant dans l’histoire du rhum intervient avec le Père Labat qui va améliorer le système de distillation dans plusieurs îles (Guadeloupe, Marie Galante…) pour le rendre « buvable ». Cette technique va alors se répandre dans toutes les Caraïbes et évolué en fonction du savoir-faire de chaque pays colonisateur. Et c’est ainsi qu’on aboutit à un style de rhum « hispanophone » ou rhum latin, un style anglo-saxon et un style français. Le rhum au style français des anciennes colonies (Martinique, Haïti, Guadeloupe), est dit « agricole » car puisé de la fermentation pure du jus de canne. Il représente une part infime du marché mondial puisque 97% de la production internationale est monopolisée par les rhums anglo-saxons et latins dits « traditionnels » car issus de la mélasse qui résulte de la fabrication du sucre.


@rhum_ko

@rhum_ko

Sans arôme artificiel, Sans colorant, Ni conservateur.

TOUTES LES FORCES DE LA NATURE DANS UN RHUM ARRANGÉ MADE IN FRANCE

WWW.RHUM-KO.FR Rhum&KO, les saveurs exotiques au coeur de vos sens.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.


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SUR LA ROUTE... DU RHUM (2)

Parmi tous ces rhums, il faut bien distinguer les rhums blancs des rhums vieux. Au rayon des rhums blancs, le rhum traditionnel sera pensé pour les cocktails, plutôt « neutre en goût » et généralement à 40°. Il sera beaucoup plus puissant dans le rhum agricole (entre 50 et 55°) et utilisé pour les ti punchs. Le rhum vieux, c’est autre chose ; le terrain d’expression des collectionneurs, amateurs et passionnés. Le rhum vieux latin est un alcool gourmand avec un caractère suave, fruité, vanillé… L’anglo-saxon, quoique suave, est moins sucré que le latin, marqué par davantage de notes épicées et boisées. Quant au rhum vieux français, du fait qu’il s’agisse d’un rhum agricole (directement issu du jus de canne) est plus puissant sur les arômes, plus sec, avec une plus grande longueur en bouche.

Malheureusement, sa part microscopique dans le paysage caribéen en fait un rhum qui s’exporte peu et qui n’est connu en grande majorité que des Français. On peut légitimement se demander pourquoi cette différence de confection (agricole/traditionnelle) entre les Français et le reste de la Caraïbe ? Cela relève d’un accident de l’histoire. Sous Napoléon, un blocus occidental va empêcher les navires chargés de sucre en provenance d’Haïti, Guadeloupe et Martinique d’entrer dans les ports européens. Cette situation va créer une pénurie de sucre en Europe et le début de la culture de la betterave pour y remédier. Du coup, les Caraïbes françaises se retrouvent avec des hectares de sucre qu’elles ne peuvent plus vendre. La seule solution viable est donc de sauter l’étape de fabrication du sucre pour se servir directement du jus de canne. C’est ainsi que le rhum agricole français est né et a perduré.

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PLATS À EMPORTER - TRAITEUR À DOMICILE - CHEFFE À DOMICILE CUISINE FRANCO AFRO CARIBBÉENNE

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Photo : Didier Teurquetil

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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Alison Manioc, 32 ans, je suis originaire de la Martinique et de la Guadeloupe. Je suis traiteur et cheffe à domicile, spécialisée dans la gastronomie antillaise.

Revenons sur votre parcours dans la gastronomie... 
 Revenons sur votre parcours dans l’univers de la gastronomie... C’est un long parcours ! Cela a commencé depuis toute jeune, depuis l’âge de 8-9 ans où je cuisinais avec ma grand-mère. Étant petite, j’ai également participé avec ma tante à l’organisation de soirées aux Antilles. J’étais principalement en cuisine parce que c’est ce qui m’intéressait. Je travaillais aux côtés de son traiteur et cela a duré jusqu’à l’âge de 14 ans. À la fin du collège, j’ai décidé de m’orienter vers l’hôtellerie-restauration. Je suis alors partie en Guadeloupe, à 15 ans, pour suivre une formation au lycée hôtelier car il n’y en avait pas en Martinique.

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Après l’obtention d’un baccalauréat technologique en hôtellerie-restauration, j’ai poursuivi avec un BTS Hôtellerie-restauration, arts culinaires et de la table. Une fois mes études en restauration terminées, je suis venue ici, en métropole, j’avais 21 ans. S’en est suivie une licence en management parce qu’il fallait quand même une petite formation managériale pour compléter mes aptitudes. J’ai préparé ce diplôme en alternance dans une grande enseigne de restauration type cafétaria. De là, ils m’ont gardé à la suite de ma licence. On peut dire que ça n’a rien à voir avec la cuisine puisque c’est une restauration plutôt basique, où c’est de l’assemblage etc... Mais ce qui me plaisait, c’était le contact avec les clients, l’expérience de gestion, l’expérience commerciale... Ce que je n’avais pas encore, sachant que la cuisine est quelque chose que que je pratiquais et maitrisais déjà depuis petite. Je suis restée adjointe de direction pendant 7 ans. Pendant ce temps, j’ai eu mes 2 enfants, j’ai pu construire ma famille. Puis, il y a deux ans, j’ai eu ce déclic : “il faut que je me lance !”. Ça ne coûte rien de lancer une micro-entreprise aloi décidé de foncer, même avec peu de moyens.


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ALI’SUN TRAITEUR LE SOLEIL DANS L’ASSIETTE

J’habite dans un quartier où il y a beaucoup de personnes qui travaillent sur des chantiers et où il n’y a quasiment aucun point de restauration, à proximité immédiate. J’ai commencé à distribuer des flyers pour proposer mes plats faits maison… Et les commandes ont explosé sans que je ne le vois venir (rires) !

Le déclic pour devenir traiteur et cheffe à domicile ? Je me suis ensuite lancée sur les réseaux sociaux, en postant des photos de ce que j’avais déjà fait. Je connais pas mal de personnes, à Paris, en Guadeloupe, en Martinique, ceux avec qui j’ai fait classe sur les deux îles… Ils m’ont suivie et ont massivement partagé ce que je faisais. Très vite, je n’ai plus eu le temps de faire des petits plats pour les particuliers et les travailleurs du quartier. J’ai commencé à faire mon premier mariage en tant que traiteur et j’y ai pris goût. Je m’étais donnée 6-7 mois pour voir si mon projet d’entrepreneuriat était viable et cela dépassait mes espérances. De fil en aiguille, j’enchaînais les prestations “traiteur”, mais je me suis dit qu’il fallait quand même trouver autre chose à côté. Le traiteur ne nourrit pas toute l’année, alors pourquoi ne pas faire cheffe à domicile ? Je me suis inscrite sur le site “Anotherchef.com”. À la fin de l’année 2019, la gérante de la plateforme m’a annoncé que j’étais la cheffe ayant réalisé le plus de prestations sur l’année ! J’en avais au moins 2 par mois, avant la fin de l’année ça n’arrêtait pas ! Pour la prestation de cheffe à domicile, il s’agit bien souvent d’une clientèle parisienne issue d’une cartaine classe sociale. Des dîners privés entre amis, des réceptions de 10-15, voire 20 personnes, autour d’une cuisine traditionnelle antillaise.

Qu’est-ce qui fait la touche Ali’Sun Traiteur ?

Mon plat préféré est la fricassée de lambis. Sinon, le court-bouillon de poissons... avec du poisson frais et du bon lambi !

Quelle est votre plus belle experience client ? J’ai fait un mariage pour 180 personnes, qui s’est avéré être très compliqué. C’était d’ailleurs mon premier “gros” mariage. Il a demandé beaucoup de préparations, j’étais toute seule et, le jour-même, je me suis entourée d’une équipe. La logistique était fastidueuse, le mariage avait lieu en Normandie et j’ai pensé ne jamais y arriver. En pleine preparation, tout a pété, il n’y avait plus de gaz, ni d’électricité parce que tout était relié. Lorsque j’ai vu des étincelles, je pensais que c’était la fin et que le fiasco serait total. Finalement, un technicien est venu me rassurer et tout s’est bien passé. À la fin de ce mariage, la personne qui animait le mariage m’a appelé devant tout le monde, je n’étais pas préparée et les invités se sont levés et m’ont chaudement applaudi... Je ne m’y attendais absolument pas et ce fut un réel plaisir. Les gens ont bien mange, j’ai reçu de nombreux messages ou commentaires de félicitations et ça ne peut que vous motiver !

Quereprésente-t-il pour vous ? La Karayib est très vaste et beaucoup de cultures se mélangent. Cette diversité se retrouve dans notre gastronomie, notamment, et il est important de la faire connaître. Les gens l’apprécient énormément parce qu’elle est riche en couleurs, en épices... Mon objectif premier est donc de faire connaître cette cuisine traditionnelle au plus grand nombre.

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora caribéenne... Parlez de vos îles, d’où vous venez, dites-le ! N’ayez pas honte de vous affirmer Martiniquais ou Guadeloupéens !

Si je vous dis le mot “Roots”, cela vous évoque quoi ?
 L’Afrique. Je n’y suis pas encore allée mais j’en meurs d’envie ! Je pense au Sénégal, à l’île de Gorée... On connait les petites chamailleries entre Antillais et Africains, mais cela reste nos racines !

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J’utilise les meilleurs ingredients. Même pour un simple Colombo de poulet, je vais choisir des produits frais, peut-être un poulet fermier, je vais faire venir le massalé de Guadeloupe, directement fait par les Indiens, là-bas… Mes clients ont l’impression, l’espace d’une soirée, de se retrouver aux Antilles. Par la suite, j’espère évoluer vers d’autres cuisines et fusionner, par exemple, la gastronomie antillaise à la gastronomie africaine. En ce qui concerne les prestations “traiteur”, je fais du sur-mesure, surtout pour les mariages. De nos jours, il y a beaucoup de mariages mixtes, j’essaye donc de toucher à toutes les cuisines du monde.

Quel est votre plat antillais préféré ?


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Aux côtés de Joêl Robuchon

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JOËL NTAMBUE CHEF OUI CHEF !

“ La nourriture, bien présentée, est une sape et une mélodie bien accordée par le goût et les textures. ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Joël Ntambue, Chefouichef. Originaire du Congo Kinshasa, résidant à Montréal au Canada.

Vous êtes une référence à Montréal, là où vous exercez. Votre objectif est maintenant de vous faire un nom en France mais surtout en Afrique francophone. Quelle est votre vision de développement ?

La cuisine, une vocation de toujours ? À la base, je n’aimais pas la cuisine, je savais faire les plats de base mais rien de gros, donc loin de moi l’idée en faire une carrière ! Je voulais être avocat, je me voyais avoir un travail avec plusieurs costumes sur-mesure, mais Dieu a voulu que je coupe des avocats et que je porte un costume de chef cuisinier sur-mesure.

En général, sur le continent africain, le métier de la cuisine a longtemps été perçu comme un métier de classe inférieure. Rares sont les parents qui souhaiteraient que leur enfant devienne chef ou cuisinier. Encore aujourd’hui, ce métier reste sous-estimé, ce qui continue d’intimider la génération actuelle, créant ainsi un doute, une peur du rejet ou de la non-acceptation venant de la famille ou de proches. Ces craintes peuvent faire dévier les personnes de leur vraie passion, de leur rêve. Être chef n’est nullement moins qu’être docteur ou avocat. Je tiens à inspirer nos jeunes en Afrique et partout dans le monde en racontant mon histoire et mon parcours, à les encourager à suivre leur rêve, à ne pas abandonner.

Comment décririez-vous votre art culinaire à quelqu’un qui vous découvrirez ? Mon art de la cuisine se décrit par beaucoup d’amour et des subtilités dans les saveurs, les textures et les goûts. Quand je traite, un produit je m’assure de lui rendre hommage pour son dernier passage sur terre. Il doit être beau, sentir bon et évidemment être bon au goût. Ce sont mes 3 principes quand je sors une assiette de ma cuisine. Qu’est-ce qui fait LA touche ChefOuiChef ? Au fil de temps, j’ai su créer des accords de goûts et une mélodie de saveurs. C’est la touche ChefOuiChef, ça se passe dans les papilles gustatives. Quels aliments ou épices incontournables va-t-on toujours retrouver dans votre cuisine ? En ce qui concerne les aliments ou épices, je dirais que je travaille beaucoup avec les ingrédients africains, asiatiques et une bonne base de cuisine française. J’ai su créer une balance entre les différents continents pour avoir ma signature incontournable. Quand tu manges, tu te dis : « Oui, c’est du c’est ChefOuiChef ! ».

Que représente le Congo pour vous ? Pour moi, le Congo, c’est la maison, c’est mon enfance, c’est là où tout a commencé à l’hôpital Ngaliema. Le Congo, c’est le coeur, c’est gravé à vie.

Ressent-on l’influence du Congo dans votre art ? Dans ma cuisine, je prends beaucoup d’inspirations à travers des mets congolais que je modernise à ma façon. Le but premier est de faire découvrir nos produits afin d’élargir nos horizons. Parce que le Congo ne s’arrête pas juste à la musique ou à la sape, la nourriture bien présentée est une sape et une mélodie bien accordée par le goût et les textures.

Un message direct à adresser à la diaspora ? Enrichissons notre pays avant tout !

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Le magazine de référence, moderne et actuel !


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SDM 100-8

LE NOUVEAU PRINCE DE LA CALLE

Sensation du hip-hop français depuis 2020, SDM a mis tout le monde d’accord avec la sortie de “Ocho”, son premier album sous la houlette du 92i. Rencontre avec ce prodigieux artiste au détour d’un shooting exclusif pour les 10 ans de ROOTS.

PHOTOGRAPHE FRÉDÉRIC DE PONTCHARRA STYLISTE ROMANE CISOWSKI ASSISTANTE STYLISTE LOLA CISOWSKI MAQUILLAGE ANJALI BEAUTY ARTIST LIEU L’APPARTEMENT 235th


Manteau : ISSEY MIYAKE Pull : BOOHOO Bague : STARTOM


Culture/Art

« Je suis un putain de Congolais (rires) ! [...] Je peux parler avec ma mère en lingala, j’y vais depuis mon plus jeune âge. Je peux aller à Kinshasa, me promener où je veux sans GPS. »

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T-Shirt : BOOHOO


Culture/Art Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? SDM, rappeur de Clamart, signé chez le 92i, j’ai 25 ans et je suis originaire du Congo Kinshasa.

Tu as commencé le rap, il y a une dizaine d’années, sous forme d’amusement avec tes potes jusqu’à signer pour le label 92i, en février 2020. Est-ce que tu peux nous raconter comment s’est décliné ce parcours et quel a été le déclic ? En vrai de vrai, il faut toujours voir cela comme de l’amusement, sinon tu te prends trop la tête et tu fais de la merde (rires). Le déclic qui a fait que j’ai décidé de m’y mettre à fond ? C’est le moment où tu te demandes ce que tu vas faire de ta vie. Le moment où tu te cherches, tu vois ce que tu sais faire, tu cherches à aller faire un travail lambda mais tu vois que ça ne te correspond pas, alors je me suis dit que j’allais me concentrer sur le son. Du coup, mon manager Faya m’a boosté et m’a poussé à aller plus loin. Après avoir intégré le label 4.3.2, on fait le boulot et, ensuite, on débarque chez 92i en février 2020 et la sortie de mon 1er album en septembre 2021.

Quand tu signes chez 92i, c’est un basculement dans ta vie ou juste une suite logique ? Je le prends en mode : « Ça, c’est fait, mais il ne faut pas se reposer là-dessus ». Je n’avais encore rien fait, en vrai. Je me dis que c’est juste une signature et que, désormais, c’est à moi de prouver que je mérite d’être là et qu’il faudra bosser deux fois plus.

Plusieurs singles ont pété avant la sortie de ton album Ocho. Que nous dire sur ton tout premier opus ? C’est un accomplissement. Cet album, c’est vraiment moi. C’est d’ailleurs pour cela que je l’ai appelé « Ocho ». Ça signifie « 9.2 » dans mon délire, ça représente d’où je viens, là où j’habite. Si tu veux savoir qui je suis, écoute cet album. C’est moi de A à Z, sans filtre. Je n’aurais même pas imaginé sortir un album il y a de cela quelques années. J’aurai pu arriver gentillement en sortant un EP ou une mixtape, mais on a directement frappé fort.

Pour écrire, as-tu des inspirations particulières ? Des artistes américains ou africains qui t’influencent ? Pas du tout. Pour écrire, je m’inspire de ce que j’ai vu, vécu, entendu, ce qui se passe autour de moi. Je peux aussi puiser dans des films ou séries qui vont m’inspirer. Mais, en termes d’influence musicale, je n’ai jamais été influencé par le style d’un autre. J’aime beaucoup la musique africaine, j’aime beaucoup le rap français mais je n’ai jamais été inspiré par la façon de raper d’un autre artiste. J’écoute une prod’, elle me parle et c’est parti ! Ah, mais j’allais oublier. Il y a bien eu 50 Cent qui m’a donné envie de rapper ! Mais pas pour ses textes ou son rap, juste pour sa prestance. Je regardais les clips du gars, il est frais, tu sens qu’il est au max et c’est ce que je voulais (rires).

Si je te donne une baguette magique et que tu as la possibilité de faire un featuring avec n’importe quel artiste américain ou africain ? Les States, vraiment, ça ne me dit rien. Il n’y a pas un artiste en particulier avec lequel j’aurais envie de collaborer. Pour l’Afrique, je te dirais Wizkid. C’est l’un des meilleurs. J’aurais pu citer Fally mais j’ai déjà eu la chance de le faire.

Quelques mots sur cette collab’ avec Fally... Pour moi, c’était quelque chose de super important. Je ne pensais pas pouvoir le faire aussi tôt dans ma carrière. C’est parti d’une discussion, il a dit oui naturellement. Et j’ai été super choqué par son talent, par sa manière de travailler. C’est un véritable artiste ! C’était le prof et l’élève. J’observais sa manière de faire, ses toplines… Le gars est très fort ! J’étais à côté de quelqu’un qui est depuis plus de 20 ans dans l’industrie, qui a une expérience folle et j’ai appris de lui. Il m’a mis à l’aise et je pense qu’on a sorti un putain de son du studio (rires). C’est d’ailleurs l’un de mes titres préférés de l’album.

Comment expliques-tu que la plupart des ténors du hip-hop français sont originaires du Congo ? Déjà, faut savoir que le Congo est un pays immense. Musicalement parlant, ce pays n’a rien à envier à aucun autre pays dans le monde, surtout quand on sait à quel point certains pays d’Amérique Latine se sont inspirés de nos sonorités. Aujourd’hui, la France est un pays avec énormément de jeunes originaires du Congo. Et chez nous, dès l’enfance, tu grandis avec de la musique en permanence à la maison et autour de toi. Ce n’est donc pas un hasard. On a ça dans le sang.

Le Congo se ressent-il dans ton quotidien ? Je suis un putain de Congolais (rires) ! C’est trop, frère (rires). Je peux parler avec ma mère en lingala, j’y vais depuis mon plus jeune âge. Je peux aller à Kinshasa, me promener où je veux sans GPS. J’avais à peine 1 an que j’étais déjà dans l’avion pour Kinshasa. Ma mère a toujours voulu nous montrer d’où on vient. Le Congo, c’est en moi.

Comment conclure sans parler de Booba ? Que cela représente-t-il qu’on te présente comme la relève ? Ça ne peut être qu’un honneur quand les gens sont en mode : « C’est lui, la suite ». C’est bien sûr une fierté quand tu connais la carrière de Booba. Maintenant, je n’ai pas de pression particulière à avoir, je fais mon truc tranquillement.

Si je te dis le mot « Roots », tu me réponds ? Je pense à votre magazine qui met la culture afro au max. Et désolé, mais je pense aussi à Kunta Kinté (rires). Plus sérieusement, j’aime votre façon de nous mettre en valeur et c’est pour que j’ai accepté avec grand plaisir. Force à vous !


Culture/Art

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Veste : GYD STUDIO T-Shirt : NIKE x PSG Collier bracelet et montre : MC SHOP



Culture/Art

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Pantalon et veste : GUNTHER



Culture/Art

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Manteau : ITFA Pantalon : BOOHOO Chaussures : DOC MARTENS



Culture/Art

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Culture/Art

LADY PONCE

SUPRÊME, SON NOUVEL OPUS Nous avions eu l’honneur de vous recevoir pour les 5 ans de ROOTS. Vous voici à nouveau pour les 10 ans. Comment se sont écoulées ces 5 dernières années ? Je tiens à vous remercier pour l’invitation et de contribuer à l’évolution de ma modeste carrière. Lady Ponce essaye toujours de faire son petit bonhomme de chemin pour avancer comme une lionne, dans la gloire et le succès. En résumé, je suis toujours en train de bosser !

Vous aviez prévu de faire un Olympia, annulé à cause de la crise sanitaire que l’on connaît. Avez-vous une nouvelle date pour l’organisation de ce concert ? Tout d’abord, je tiens à présenter mes condoléances à toutes les personnes qui ont perdu un membre proche car cette pandémie nous a tous bouleversés. Effectivement, en 2020, j’étais censée réaliser mon tout premier Olympia mais nous avons été contraints de reporter. Nous avons arrêté une nouvelle date : le 10 septembre 2022. Mais cela est bien peu de chose au regard de la situation sanitaire grave qui nous a frappés. Nous ne sommes rien, même les pays les plus puissants au monde se retrouvent impuissants face à la situation. Cela devrait nous servir de leçon et nous donner plus d’humilité.

Vous peaufinez un nouvel album : Suprême. Est-ce un opus qui va parler à vos fans de la première heure ou bien l’idée était-elle d’élargir votre public et d’arriver avec des sonorités complètement différentes ? J’ai appelé cet album Suprême, tout d’abord car il y a un Être Suprême, mais aussi parce que tout ce qu’on fait ici-bas vise la suprématie, on a envie de s’améliorer en permanence. Vous retrouverez beaucoup de sonorités différentes. J’ai des featurings avec Sheryfa Luna, Roger des X-Maleya, Mel B et Richard Amougou. C’est mon 7ème album et j’ai eu la chance qu’il y ait, à chaque fois, au moins 1 ou 2 morceaux qui captivent le public. Je suis toujours à la recherche de quelque chose de nouveau, quelque chose de « ouf ». J’ai toujours l’impression d’être à mes premiers pas, ce n’est jamais gagné, c’est un long chemin.

En dehors du bikutsi, que pourra-t-on retrouver comme genre musical ? Vous allez pouvoir me trouver à l’aise dans le hip-hop, dans l’afrojazz, dans les rythmes traditionnels bantu, et évidemment dans le bikutsi. Pour résumer, il y a l’Afrique toute entière dans cet album.

On connaît Lady Ponce l’artiste, mais vous avez aussi une casquette de femme d’affaires puisque vous avez ouvert un concept store chez vous, à Yaoundé… Dernièrement, j’ai effectivement mis en place un complexe. J’avais besoin de développer des activités complémentaires à la musique. Le Covid19 a apporté beaucoup de négativité mais a aussi poussé de nombreuses personnes à réfléchir. Mes plus grands cachets proviennent de l’Europe et de l’Afrique, hors Cameroun. Une Europe qui a été frappée par le Covid et les interdictions de spectacles qui en ont découlées. On s’est donc retrouvé coincé, sans spectacle. C’est ainsi que j’ai décidé de mettre quelque chose sur pied qui va me générer des revenus en dehors de la musique et créer de l’emploi sur place. Je suis rentrée au pays et j’ai créé ce projet en seulement 3 mois. Quand je vois que j’emploie plus de 100 Camerounais, cela me rend fière et j’ai l’espoir de développer cela dans d’autres endroits du pays. Et pourquoi ne pas inspirer d’autres artistes en leur montrant qu’on peut aussi contribuer à la création d’emplois au Cameroun ? On ne doit pas tout attendre du gouvernement.

Que retrouve-t-on dans ce complexe ? Une salle de sport, un cabaret d’une capacité de 1000 places assises, un restaurant, un fast food et une société américaine de panneaux solaires.

Un message aux femmes ? Ne vous sous-estimez jamais car vous êtes la lumière, la gloire, le poteau qui soutient ce monde. Le rôle qu’exerce chaque femme dans la société est fondamental. Malgré les injustices, malgré tout ce qu’on subit, on est toujours debout pour nos enfants. Peu importe ce qu’on fait dans la vie, nous devons toujours nous battre pour nos convictions.

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Ferré Gola

PHOTOGRAPHE JESSICA LAGUERRE MAQUILLAGE AUDREY POSTEL STYLISME KAHINA MELCHANE LIEU TENDACAYOU (GUADELOUPE)

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Culture/Art

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? 
 Abderrahim Sall, génération 86, Sénégalo-Français, certains m’appellent Abson…

Racontez-nous votre parcours dans la photographie ? Passionné depuis tout petit par les arts visuels, le cinéma, la publicité, je me suis lancé en freelance dans le domaine de la production vidéo, dès la fin de mes études, en marketing et relations internationales. J’ai créé un collectif de créatifs en 2010 (MTBE) puis contribué au lancement et démarrage d’une chaîne TV autour de la culture dite « urbaine » (OfiveTV) axée sur la création de tous les contenus alors oubliés des médias mainstream, au cœur des évènements et parcours de réussite issus des populations sous-représentées, sans bien sûr oublier la musique, l’art, la mode... En dehors de l’aspect marketing et production, je me formais au cadrage, montage, ce qui m’a permis de réaliser une centaine de vidéos de tous formats confondus, expérimenter, voyager davantage, constituer un réseau solide depuis lors.

C’est seulement en 2016 que j’apprends la photo après 5 minutes de formation. Je m’apprêtais à shooter 70 aspirants models pour un concours international de mannequinat. Fin 2018, je décide de lancer mon propre studio photo afin d’explorer encore plus, me perfectionner, répondre à la demande de contenus photo de ma clientèle et pourquoi pas un jour réaliser des campagnes internationales avec le rendu et la vision auxquels j’aspire.

Qu’est-ce qui fait la « touche » Abson ? Sans avoir encore trouvé ma patte, je pense que mon influence du cinéma et expérience en réalisation, peuvent se voir dans certains de mes clichés. Figer un moment, un instant, qui fait partie d’une histoire globale en mouvement, est l’esthétique et le storytelling que je recherche. Comme si la photo était tirée d’un format animé, un spot pub, une scène de film…En espérant pouvoir produire assez sous période Covid, et enfin trouver « ma » touche. Mais j’ose imaginer que la frontière entre photo et vidéo sera plutôt infime.


Culture/Art

ABSON

L’oeil du photographe Vos 3 moments ou personnalités mémorables ? Jeunes candidats à la vie de mannequin : Pendant 2 ans, j’ai pu apprendre la photographie à travers ce concours européen (EGERI) qui m’a fait rencontrer des centaines de personnalités diverses et variées. C’est assez mémorable car l’exercice du shooting photo est autant un moment d’apprentissage pour le model, que pour le photographe. Comme une belle séance de développement personnel. BYOM : J’ai eu l’opportunité de créer une identité visuelle et la campagne lifestyle pour une ex-future crypto monnaie sénégalaise. Malheureusement, les turpitudes politico-économiques ont fini de mettre un terme au projet. Je me rappelle donc de l’excitation de participer à une telle avancée pour mon pays d’origine. Fadily Camara : Elle est une personnalité publique dont j’ai apprécié le professionnalisme, l’authenticité et l’humour. Travailler avec quelqu’un en pleine ascension est toujours un plaisir. Ce court moment que dure la séance de shoot permet de mettre en images ce que l’on a pu percevoir du sujet. Je lui souhaite le plus de succès possible !

Si vous aviez un conseil pour quelqu’un souhaitant se professionnaliser dans la photo ? Tout simplement se lancer. Cela peut paraître banal, mais de nos jours tous les outils sont à portée de main afin de se former, s’équiper, s’exposer, et ce quel que soit le budget. Je pense qu’il faut trouver en soi, le moyen d’exprimer ses idées, et faire le grand saut dès qu’on ressent le besoin de les extérioriser. C’est toujours le bon moment ! Les photographes professionnels que je connais de près ou de loin ont tous au moins UN point en commun : la consistance. Il est important de travailler sa matière, son art, comme tout artisan à la recherche de sa meilleure recette ou création. L’aspect professionnel vient tout seul, lorsque sa propre création se retrouve face à une personne qui est prête à vous tendre de l’argent pour l’obtenir.

Quels sont vos objectifs pour cette année 2022 ? Je suis actuellement dans la production d’une docu-série sur l’entrepreneuriat féminin, à travers 3 parcours de réussite de femmes noires issues de la banlieue parisienne. J’ai la chance de travailler sur ces projets avec - La styliste de Rihanna, Beyonce, Madonna, Jay-Z... - Une media mogul faisant partie du classement Forbes Under30 » à suivre, - Ainsi que la MUA des plus grosses personnalités politiques & VIPs de la planète. Mon principal objectif est de pouvoir continuer de tourner les images du documentaire sur le sol africain, ce qui représente la partie la plus importante du projet à mes yeux. Pouvoir revenir à la source de ces vies exceptionnelles mais accessibles, en explorer les racines et transmettre aux prochaines générations. Boucler les financements et naviguer au flot des mesures sanitaires, puis arriver à bon port pour la Black History Month, en Février 2022, à la télévision.

Si je vous dis le mot ROOTS, vous me répondez ? Ce qui, en vérité, rassemble toute l’humanité. Le sol africain étant son terreau.

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Fadily Camara by Abson


Culture/art

Usher

NESKO

Teyana Taylor

Neymar Leto

Kalash

SCH

Olivier Rousteing


Culture/art

NESKO

LE CAPTEUR D’ÉTOILES Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Kevin, 31 ans, photographe, j’habite à Créteil et je suis originaire de la Guadeloupe.

Aujourd’hui, tu es l’un des photographes côtés sur Paris, mais tu n’as pas toujours été dans la photo. Comment es-tu arrivé dans cet univers ? Je suis arrivé par la danse. Ça allait bien ensemble, la danse, la photo... Petit à petit, il y a la mode qui est arrivée. J’étais vraiment passionné par cela. J’avais un pote qui avait sa ligne de vêtements et on a commencé à bosser dessus. C’est de là qu’a réellement commencé la passion pour la photo. On était obligé d’avoir un photographe, d’alimenter les réseaux et d’avoir du visuel. On a commencé à faire des shootings pour la marque, etc. C’est de là qu’est née ma passion pour la photo.

Tu as donc commencé la photo pour shooter ta propre marque de vêtement ? On était obligé de se débrouiller par nous-mêmes, on n’allait pas demander à X ou Y. Je me suis lancé et on a commencé à faire des shootings pour des stars, notamment Tory Lanez. Il a été le premier gros ambassadeur de la marque. Il a kiffé le concept, les échanges qu’on a eu avec lui. Pourtant on ne parlait pas anglais de ouf. Mais, avec les moyens du bord, on arrivait à se comprendre.

J’ai compris comment les choses se passaient. Les stars sortaient soit par le côté principal, soit par la sortie arrière. Le lendemain, moment improbable, je tombe sur Nicky Minaj. Je marche pour aller vers la sortie et là je vois sa voiture qui sort. Elle est là et me regarde. D’un coup, je prends mon appareil et je shoote. Mais je ne compte plus le nombre de célébrités que j’ai pu croiser en défilé, de Neymar à Jourdan Dunn, d’Asap Ferg à Pop Smoke.

La personnalité qui t’a le plus marqué ? Le premier Tory, le deuxième Usher, le troisième Ne-Yo. En artiste français, il y en a plein. Kalash Criminel, dont je suis le photographe officiel. L’autre Kalash aussi. Il y a eu Tayc aussi. C’est compliqué de tous les citer mais voici mes meilleures références.

La touche Nesko ? Ma touche, c’est le lifestyle, le côté humain. Je veux faire ressortir quelque chose sur les photos. Je veux saisir un moment de vie. Quand tu n’es pas à l’affut, moi je serais à l’affut !

Comment as-tu appris la photo ?

Le premier buzz, c’était avec Tory Lanez. Les gens ont commencé à nous connaître sur Paris. Ils ont découvert la marque mais aussi moi en tant que photographe. Carrément dans la rue on m’arrêtait : « Ah ouais c’est toi qui a fait les photos, etc ! » C’était une dinguerie !

Par hasard. J’ai deux potes qui étaient déjà un peu dedans et qui m’ont dit un jour : « Nesko viens on bouge ! ». On a commencé avec nos téléphones. On prenait des photos de paysages, les bâtiments, l’architecture... On faisait cela tous les jours, dès qu’on sortait de l’école. Quand j’ai vu que ça commençait à plaire, j’ai décidé de step up et acheter du matériel pour bosser. Au fil du temps, on a commencé à se professionnaliser, et c’est venu tout seul.

Puis, l’enchaînement...

Originaire de Guadeloupe, cela représente quoi ?

Ça a découlé sur la marque. Dédicace à Roméo, on se sait. Petit à petit, on a commencé à participer aux Fashion Weeks, j’ai commencé à prendre mes marques. Je ne rentrais pas encore dans les défilés. Là, c’était vraiment en mode on y va et on observe. Plus les semaines passent et plus je me rendais compte qu’on pouvait s’infiltrer, essayer de rentrer dans les défilés et c’était une expérience de ouf.

C’est mon île, c’est là où j’ai grandi, c’est toute ma vie. Pour la Guadeloupe, j’aimerais monter une association pour aider les gens à se développer. Aider ceux qui ne savent pas vraiment ce qu’ils veulent faire dans la vie. Avec mon équipe, j’aimerais aller sur place, leur présenter la vidéo, la photo, l’univers des beatmakers, etc. Tout ce qui est dans le monde artistique, car c’est qui m’anime tous les jours et j’ai envie de le transmettre.

Qu’est-ce qui a été le tournant ? Ton premier buzz ?

Qui as-tu shooté pendant ces défilés ? Un message à la diaspora ? Réalisez vos rêves et croyez en vous.

Si je te dis le mot ROOTS... La culture.

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La première personne que j’ai réussi à avoir c’était Virgil Abloh. Il sortait de son défilé Off-White et là il fallait être à l’affût. Une cinquantaine de photographes et paparazzis autour de toi. J’ai réussi à choper le bon moment et vous pouvez voir les photos sur mon instagram.


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Photo : Didier Teurquetil


LES LIVRES VIDOLÉ

Culture/art

ÉVEILLER LES ENFANTS AVEC DES HISTOIRES ET PERSONNAGES QUI LEUR RESSEMBLENT Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Comment se procurer vos livres ?

Arlette AFFOYA et Jean-Christian de LIMA, tous deux âgés de 39 ans et d’origine béninoise sont les fondateurs des livres Vidolé. Arlette : En parallèle de mon activité au sein de Vidolé, je suis Directrice des Ressources Humaines d’une start-up dans le domaine de l’intelligence artificielle. Au sein de Vidolé, j’ai la charge de la partie administrative, financière, juridique et la recherche de partenariats. Jay-Cee : Je consacre actuellement tout mon temps à Vidolé où je m’occupe de la communication, mon cœur de métier à la base, sur les réseaux sociaux, du marketing, et de la gestion du site internet et des commandes.

En se rendant sur notre site : www.leslivres-vidole.com

Revenons sur la genèse des livres Vidolé... Notre aventure a commencé en mars 2020 un peu par hasard! Jay-Cee : En fait, je souhaitais offrir un cadeau à ma fille et je voyais des publicités qui apparaissaient sur mon fil d’actualité sur les réseaux sociaux qui me proposaient des livres personnalisables pour enfants. Par curiosité, je suis donc allé voir ce que ces sites proposaient mais, finalement, je n’ai pas été convaincu car je ne m’y retrouvais pas. J’ai quand même souhaité que ma fille me donne son avis et là, le constat a été le même... ça ne lui plaisait pas ! Elle m’a dit qu’elle souhaitait un livre personnalisable qui raconte l’Afrique (qu’elle connaît peu pour y avoir vécu de 0 à 3 ans). Après plusieurs recherches sur Google, je n’en ai pas trouvé, j’ai donc décidé de le lui créer et l’idée des livres Vidolé est partie de là. J’ai contacté mon amie de toujours, Arlette, pour lui en parler et, depuis lors, nous avons uni nos forces pour que Les Livres Vidolé deviennent une référence dans le domaine du livre jeunesse. Notre site a vu le jour en décembre 2020 et depuis ce jour, plus de 800 livres ont été vendus à travers le monde.

Décrivez-nous l’offre produit chez Vidolé...

Arlette : Le manque de représentation est un fait réel dans notre communauté. L’engouement, la ferveur et la fierté suscités par Black Panther l’a bien mis en exergue. Nous devons mettre beaucoup plus en avant nos talents et notre richesse. Nous n’avons rien à envier aux autres communautés car nous regorgeons de multiples talents, facettes qui ne demandent qu’à être mis sur le devant la scène. En conjuguant nos forces et nos savoir-faire, nous ne pouvons qu’accomplir que de grandes choses. Les Livres Vidolé s’inscrivent dans cette dynamique de transmission et de partage et notre souhait est qu’à travers nos livres, les parents puissent valoriser auprès de leurs enfants notre patrimoine culturel afin de (re)créer un véritable sentiment d’appartenance qui est primordial pour bien se construire et s’épanouir.

Quels sont vos projets de développement ? Nous travaillons sur la sortie du tome 2 afin de proposer d’autres aventures, la mise en place de notre e-boutique pour la rentrée 2021. La traduction de toutes nos histoires en espagnol et en portugais ainsi que le tome 3, d’ici la fin de l’année. Sur le plus long terme, nous souhaitons proposer des films d’animations tirés des histoires de nos livres qui seront diffusés sur les chaînes pour enfants et plateforme de streaming.

Que représente le Bénin pour vous ? Le Bénin, ce sont nos racines, notre force, notre patrimoine culturel, nos familles et nos meilleurs souvenirs sur lesquels, d’ailleurs, nous nous sommes inspirés pour écrire nos histoires. Arlette : On espère également pouvoir rentrer, dans un futur proche, en contact avec les médias locaux et personnalités comme Angélique KIDJO pour qu’ils puissent nous permettre de répandre la bonne parole « Vidolé » dans le monde (rires).

Si je vous dis le mot ROOTS, vous me répondez ? Arlette : Ma chère et tendre famille ! Jay-Cee : Identité noire : Transmission et fierté !

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Arlette : Les Livres Vidolé sont des livres entièrement personnalisables accessibles dès 4 ans dont les histoires racontent des scènes de la vie courante en Afrique et aux Antilles. La personnalisation intervient au niveau du prénom (le nom de famille également mais facultatif ) de l’enfant qui apparaîtra sur la couverture du livre et dans toutes les histoires afin que celui-ci soit le héros des aventures. Il faut ensuite choisir le genre, la couleur des yeux, le style vestimentaire, le style de coiffure, et la couleur de peau. Nos clients ont ensuite le choix de 10 histoires parmi celles proposées sur le site pour composer leur livre. Nos livres sont disponibles en français et en anglais et sont disponibles à la livraison partout dans le monde.

Cette envie de représentation est manifeste. Quel message aimeriez-vous adresser aux parents ?


PHOTOGRAPHE DIDIER TEURQUETIL


Découverte

Culture/art

LAURE ONYL

“66 000 mots pour un je t’aime.” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Lauryn Leo, une jeune femme de 22 ans, Guadeloupéenne et Guyanaise, qui adore la vie. Je viens de publier mon premier roman : « 66 000 mots pour un je t’aime ». Qu’est-ce qui a motivé cette écriture d’un premier livre à seulement 22 ans ? C’est la lettre que j’ai écrite et remise à mon ex le jour où je lui ai envoyé ses affaires par la poste. Notre relation de deux ans avait été tellement sincère que je ne me voyais pas y mettre un terme sans une totale franchise. C’est pour cette raison que dans un premier temps, j’ai écrit cette lettre. Je lui ai dit que je l’aimais, que je n’étais pas sûre de ma décision mais que pour nous deux, notre rupture était la meilleure solution car nous nous faisions trop de mal. À partir de cet instant et sans vraiment m’en rendre compte, j’ai poursuivi l’écriture de ma lettre au point d’en faire naître 66 000 mots pour un je t’aime. Écrire m’a permis d’aller mieux, de mettre des mots sur des pensées qui se bousculaient. D’ailleurs, je crois sincèrement que l’écriture a des vertus thérapeutiques. Avant cette fameuse lettre, tu ne t’étais jamais imaginée une âme d’écrivaine ? Pas vraiment. Certes, plus jeune j’ai écrit un livre qui parlait de mon petit frère ainsi qu’une nouvelle sur l’histoire d’un chasseur à Madagascar (rires). Mais j’étais vraiment très jeune et surtout, je n’imaginais pas une seule seconde qu’un jour je déciderais de sauter le pas en éditant un ouvrage. Et pourquoi avoir choisi un tel nom ? Au départ, j’ai appelé mon roman « Après toi ». Mais étant donné que je n’étais pas sûre de ma décision et que je ne savais pas si j’allais le retrouver un jour, j’ai trouvé ce titre peu pertinent et pas assez percutant. Au final, j’ai eu l’idée de « 90 000 mots pour un je t’aime ». Puis en écrivant, je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin d’autant de mots pour exprimer ce que je ressentais. C’est ainsi que je suis arrivée à 66 000 mots car il m’a fallu 66 000 mots couchés sur le papier blanc pour tourner la page complètement.

Qu’est censé retenir un lecteur à la fin de cet ouvrage dépeignant, avec talent, ton histoire d’amour ? Ce n’est pas tellement une histoire d’amour. Certes, le prologue est sur l’amour mais je m’attarde beaucoup plus sur le « après ». La façon dont je me suis reconstruite, comment j’ai pu avancer grâce à l’écriture. C’est aussi un récit des étapes par lesquelles je suis passée pour évacuer jour après jour cet état de douleur lié à ma rupture. Je pense que c’est une situation dans laquelle se reconnaitront de nombreuses personnes. Mais la volonté était également de faire mes adieux à mon ex, le remercier de m’avoir épaulé et d’avoir contribué à façonner la femme que je suis aujourd’hui. La boucle est bouclée. Ce livre est un véritable message d’espoir car j’explique justement qu’il n’y a pas rien après. Lors d’une rupture, on a souvent tendance à penser que la vie s’arrête et même si ça a été dur, j’explique à travers mon roman par quels mécanismes je suis passée pour parvenir à aller de l’avant. Pourquoi ce dessin sur la couverture ? Parce que j’aime énormément le tableau de Michel-Ange, la Création d’Adam : ces deux doigts qui semblent se frôler mais qui ne se touchent jamais. Il suffirait juste que l’une des mains tende son index et les deux pourraient se rejoindre. Je trouve que cette métaphore illustre bien le cas de mon ex et moi. C’est ce qui aurait pu se passer s’il avait accepté qu’on se revoit une dernière fois. Peut-être aurais-je changé d’avis, sauf que ce n’est jamais arrivé. Ma couverture représente deux chemins qui s’éloignent et deux individus qui avancent chacun de leur côté. Comment se procurer ton livre ? Il faudra se rendre sur la plateforme d’autoédition en ligne The Book Edition. Que représentent la Guadeloupe et Guyane ? C’est une fierté ! Cela représente une histoire mais cela représente également un combat qui va au-delà de mes origines.

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Si je te dis le mot « Roots », tu me réponds ? Je pense à Kunta Kinté, à l’esclavage mais aussi à ce qui nous lie au sein de la communauté noire.


Photo : J’AIME L’IMAGE Tenue : AFRO NATION


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DIANDRA TCHATCHOUANG

Sport

LA TÊTE DANS LES ÉTOILES

“J’ai traversé des moments difficiles, de grosses blessures, j’aurais pu tout plaquer mais ma foi m’a toujours guidée et permis de me relever !” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Diandra Tchatchouang, 30 ans, joueuse de basket fraîchement médaillée de Bronze avec l’équipe de France et joueuse pour le club de Lattes-Montpellier.

Cette médaille olympique avec l’équipe de France de basketball, a dream came true ? Clairement, un rêve vient de se concrétiser. L’équipe de France a toujours été un objectif pour moi. Le fait d’y aller tous les étés n’a jamais été quelque chose que j’ai pris pour acquis ! Repartir de Tokyo en tant que médaillée olympique, c’est juste énorme ! Un sentiment de fierté que je n’avais jamais ressenti sur le plan sportif auparavant.

Avec du recul, comment jugez-vous cette performance ? Comment redescendre d’un tel nuage ? Je suis toujours sur mon nuage ! On en parle forcément assez souvent avec mes proches. Je leur raconte un peu mon expérience à Tokyo et, bien sûr, tout le monde veut voir la médaille ! Je pense que je prendrai conscience vraiment de ce que l’on a réalisé dans quelques années quand je le raconterai à mes enfants.

Vous cumulez sport et études en sciences politiques, notamment. Vous êtes l’incarnation du « French Dream ». Quels sont les moteurs dans votre vie ? Qu’est-ce qui vous pousse à relever tous ces défis ?

Nous avons à cœur, avec mon mari, de créer un orphelinat au Cameroun ! C’est vraiment quelque chose que nous aimerions faire à moyen terme. Avant peut-être, par la suite, d’y intégrer une structure sportive qui donnerait encore plus de sens à notre projet à la vue de nos parcours respectifs mais dans un premier temps nous voulons surtout aider ceux qui en ont le plus besoin.

Que représente pour vous le Cameroun ? Si vous aviez un message à adresser à la diaspora ? Pour moi, le Cameroun est mon pays, c’est la terre de mes ancêtres. Je ne peux pas y aller sans passer par le village, à Batoufam ou à Bagangté, pour me recueillir sur la tombe de mes grands-parents. J’ai encore beaucoup de famille à Douala, Yaoundé et Bafoussam! Ça me fait toujours plaisir de passer du temps avec eux. Je me sens chanceuse d’avoir cette double culture ! En tant que jeunes issus de la diaspora, je pense qu’il est primordial que l’on se familiarise avec le pays, nous avons tellement de choses à apprendre et à donner.

Si je vous dis le mot ROOTS, vous me répondez ? Ah ! Je pense à votre magazine avant tout ! C’est tellement un honneur pour moi de collaborer avec vous, encore plus pour ce numéro si particulier. Pour moi, ROOTS est la référence incontournable de la presse afro-caribéenne en Europe. A must read !

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Ma foi en Dieu. Dans les bons comme dans les mauvais moments, c’est à Lui que je me raccroche. J’ai traversé des moments difficiles, de grosses blessures, j’aurais pu tout plaquer mais ma foi m’a toujours guidée et permis de me relever ! Rencontrer le Seigneur est la plus belle chose qui me soit arrivée… Sans Lui, rien de tout ça n’aurait été possible pour moi.

Vous avez pas mal de projets à destination de votre pays d’origine, le Cameroun. Pouvez-vous nous en dire plus ?


Sport

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Tenue : LENATOYA


PHOTOGRAPHE J’AIME L’IMAGE POST PRODUCTION DIDIER TEURQUETIL MAQUILLAGE ANJALI BEAUTY


Sport

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Haut : ADAMA PARIS Pantalon : ADAMA PARIS Boucle d’oreille : CapK 6255



PHOTOGRAPHE AUDRAN SARZIER STYLISME MAGALIE SWELLY MAQUILLAGE SLAY WITH NESSAH COIFFURE LF KUTZ LIEU HOXTON HÔTEL PARIS Ensemble : TANIEU COUTURE


Sport

COLIN DAGBA LE TITI PARISIEN

“Le football et le PSG ont toujours été présents dans mon enfance.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Colin Dagba, 23 ans, footballeur français évoluant au PSG, d’origine béninoise par mon père. Vous pouvez sembler introverti. Comment décririezvous Colin Dagba sur et en dehors du terrain ? Sur le terrain, Colin Dagba c’est quelqu’un qui ne compte pas ses efforts, qui est appliqué et qui donne toujours tout. En dehors du terrain, je suis blagueur, bon vivant et toujours de bonne humeur. Quelles qualités ont, selon vous, primé pour vous faire une place de choix dans cet effectif XXL, tant les places pour les joueurs formés au club sont rares dans l’effectif pro du PSG ? La persévérance, le travail et la qualité technique. En tant que Titi Parisien, ressentez-vous la fierté et le poids de toute une ville derrière vous ? Comment appréhende-t-on cela à seulement 23 ans ? En tant que « Titi Parisien », on a toujours envie de tout donner pour l’équipe et la ville. On sent toujours l’amour du public et ça fait du bien.

On voit sur vos réseaux des photos de vous avec des maillots collector du club, vous semblez très attaché au PSG. Décrivez-nous cette relation qui vous lie à Paris ? Depuis petit, je suis attaché à Paris, c’est une véritable histoire de famille, que cela soit du côté de mes oncles qui allaient au Parc des Princes ou de mes vacances à Paris chez ma grand-mère. Le football et le PSG ont toujours été présents dans mon enfance. Depuis que j’ai signé au PSG, cela a pris de l’ampleur et, pour moi, c’est une évidence qu’il faut tout donner pour ce club. Tout habitant de Paris et fan du PSG s’est un jour rêvé en joueur du PSG. Que cela représente-til pour un joueur formé au club d’avoir vécu de telles épopées (on pense notamment au parcours des phases éliminatoires face au Barca et Bayern) en se frottant au gratin mondial ? Se dit-on qu’il s’agit d’un rêve éveillé ? Effectivement, c’est comme un rêve éveillé ! On a toujours rêvé de représenter Paris, surtout en Ligue des Champions, de pouvoir défendre les couleurs du club, surtout lors des grands matchs comme celui du Barca et du Bayern, l’année dernière.

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COLIN DAGBA LE TITI PARISIEN

Vous êtes également originaire du Bénin. Que représente cette partie de vous dans l’homme que vous êtes devenu et/ou aspiré à devenir ? La culture béninoise est-elle présente dans votre lifestyle ou votre quotidien ? Comment cela se manifeste-t-il ? Oui la culture béninoise provenant de mon père est présente à la maison. Depuis que je suis tout petit, mon père me fait des plats de chez nous et me parle du Bénin. Je suis déjà allé au pays et je compte réitérer ces voyages là-bas afin d’approfondir ma connaissance du Bénin et surtout me retrouver avec mes racines. Vous êtes photogénique et avait un visage et une attitude très « mode ». Peut-on s’attendre à un développement de cet aspect de vous dans les prochains mois ou années à venir ? La mode me passionne et c’est quelque chose que je peux développer mais je me focalise surtout sur mon football. Je considère simplement la mode comme un petit plaisir à côté. Racontez-nous l’envers du décor de ce shooting pour les 10 ans de Roots... Les coulisses du shooting, c’était cool, il y avait de belles pièces, il y a eu des poses où j’arrive à me retrouver et de nouvelles poses que je n’ai pas l’habitude de faire et qui m’ont beaucoup plu. Ce fut un bel après-midi. Si je vous dis le mot « Roots », que cela vous évoque-t-il ? Ça m’évoque forcement la famille, mes racines, le Bénin et ma culture.

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Ensemble : TANIEU COUTURE


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Costume : KASAÏ COUTURE



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