construction le mensuel de l’entrepreneur | juillet-août 2016
Rue du Lombard 34-42, 1000 Bruxelles Bureau de dépôt Gent X – €6
DOSSIER PME
>17
Un Rapport annuel tourné vers l’avenir des PME > 03
Réduction des coûts salariaux Que le gouvernement agisse !
> 14
Impôts des sociétés Une réforme? Oui, mais…
> 32
Building Heroes La promotion auprès des jeunes ne fléchit pas
2013 2014 2015 2016
Notre assurance Accidents du Travail gagne le Trophée DECAVI* de l’Assurance pour la 4e année consécutive ! Notre assurance Accidents du Travail vous facilite la vie. Nous vous garantissons : • des conseils en prévention ; • une gestion des sinistres certifiée ISO 9001 ; • la possibilité de déclarer vos sinistres et de suivre l’évolution de votre dossier en ligne, via My FEDERALE Assurance ; • un accompagnement spécialisé des blessés graves. De plus, Fédérale Assurance partage ses bénéfices avec ses clients depuis plus de 100 ans**. Rejoignez Fédérale Assurance ! Nous nous occupons de tout pour vous. Contactez votre conseiller personnel via :
www.federale.be ou L’assureur qui partage ses bénéfices avec vous
* Plus d’infos sur www.decavi.be ** Les ristournes évoluent avec le temps en fonction des résultats de l’entreprise et de la conjuncture économique. Elles ne sont pas garanties pour l’avenir et varient pour chaque produit. Les règles relatives à l’octroi des ristournes sont définies dans les statuts de FEDERALE Assurance, Caisse Commune d’Assurance contre les Accidents du Travail. Les statuts peuvent être consultés sur www.federale.be
ÉDITORIAL
Le phénomène du détachement augmente d’année en année et il s’accélère. Nos enquêtes et analyses le montrent : aujourd’hui, un ouvrier sur quatre dans le secteur est un travailleur détaché. Relativement à son emploi intérieur, la Belgique est le pays européen le plus touché par le phénomène, devant l’Allemagne et la France. La construction prend 70 % des détachements à son compte…
DOSSIER
L
e choc de compétitivité dont la construction belge a tant besoin, c’est maintenant ou jamais ! C’est en substance le message que la Confédération a délivré à la presse et au monde politique lors de la présentation de son rapport annuel, le 15 juin dernier.
VOS INTÉRÊTS
L’application du plan de relance : l’heure des choix pour le gouvernement !
L’impact sur les entreprises belges est énorme : 85 % des entrepreneurs perdent des marchés au profit des entreprises étrangères. Plus de 20.000 emplois ont été perdus dans nos entreprises, au cours des quatre dernières années.
Dans son allocution, le vice-premier ministre Kris Peeters a dit et redit qu’il avait bien compris l’extrême urgence de l’action attendue de la part du gouvernement dans ce dossier majeur. Mais nous a-t-il rassuré pour autant sur la volonté du gouvernement d’appliquer la réduction des 6 € dès maintenant ? Pas encore! Beaucoup d’atermoiements et de questions préalables avec, au bout, une promesse de réduire le coût salarial avant 2019… si la chose s’avère possible !
SECTEUR & MÉTIERS
« Sans la réduction de 6 €, nos entreprises ne pourront plus lutter contre la concurrence étrangère »
Il n’y a pas de miracle à attendre ! Sans l’application immédiate de la réduction du coût salarial, les entreprises belges baisseront complètement les bras face à la concurrence déloyale des entreprises étrangères en provenance de pays à faibles coûts. Le plan contre le dumping social n’y changera rien. Ses mesures sont certes indispensables pour lutter contre la fraude mais elles n’ont pas d’effet sur la concurrence dite légale.
Le secteur ne mendie pas une réduction de ses coûts salariaux ! Il la revendique comme outil de compétitivité parce qu’il sait – et il l’a prouvé – qu’elle est la seule solution possible.
Colette Golinvaux Présidente de la Confédération Construction construction - juillet-août 2016
3
PROJETS & ENTREPRISES
Le gouvernement est en droit de ne pas entendre ce message, s’il estime que ses priorités sont ailleurs. C’est sa responsabilité politique et il devra en accepter les conséquences, à savoir une déstructuration complète du marché belge de la construction et la perte de 25.000 emplois supplémentaires d’ici la fin de la législature. Est-ce vraiment cela que l’on veut ?
DANS CE NUMÉRO
construction le mensuel de l’entrepreneur | juillet-août 2016
Rue du Lombard 34-42, 1000 Bruxelles Bureau de dépôt Gent X – €6
>17
DOSSIER PME
Un Rapport annuel tourné vers l’avenir des PME > 03
Réduction des coûts salariaux Le moment est venu !
> 14
Impôts des sociétés Une réforme? Oui, mais…
> 32
Building Heroes La promotion auprès des jeunes continue
VOS INTÉRÊTS
Vos contacts Construction est le mensuel de l’asbl Confédération Construction Rue du Lombard 34-42, 1000 Bruxelles Editeur responsable : Filip Coveliers, Rue du Lombard, 34-42, 1000 Bruxelles. Bureau de dépôt : Gent X Rédaction : Matthieu Henroteaux – tél. 02 545 57 31 matthieu.henroteaux@confederationconstruction.be Guy Bernard – tél 02 545 57 27 guy.bernard@confederationconstruction.be Secrétariat de rédaction : secretariatredaction@confederationconstruction.be Edition néerlandophone : Bouwbedrijf Impression : Drukkerij Geers Réalisation : EQUINOX Graphic Design Réactions-questions : communication@confederationconstruction.be Copyright cover: © Shutterstock Avec la collaboration des services d’études de : • Confédération Construction Secrétariat : Sonia Massart, tél 02 545 56 34 – fax 02 545 59 09 Sonia.massart@confederationconstruction.be • Confédération Construction Wallonne Secrétariat : Catherine Houtart, tél 02 545 56 68 – fax 02 545 59 05 catherine.houtart@ccw.be • Conféderation flamande de la Construction Secrétariat : Johan Walewijns, tél 02 545 57 49 – fax 02 545 59 07 Johan.walewijns@confederatiebouw.be • Confédération Construction Bruxelles-Capitale Secrétariat : Morgane Cendoya, tél 02 545 58 29 – fax 02 545 59 06 morgane.cendoya@confederationconstruction.be Abonnements – fax 02 545 59 00 Claude Bernaerts – tél. 02 545 56 88 Claude.bernaerts@confederationconstruction.be Publicité – fax 02 545 59 08 Kristel Dekempeneer – tél.02 545 56 99 kristel.dekempeneer@confederationconstruction.be ou kde@confederationconstruction.be. Prix abonnement annuel Membres de la Confédération Construction, compris dans la cotisation Non-membres : 137,80 euros (TVA et frais de port compris) Etranger : 300 euros (TVA et frais de port compris) Membre de l’Union des Editeurs de la Presse Périodique. Par la présente publication, la Confédération Construction asbl s’assigne comme but de vous communiquer des informations adaptées, fiables, complètes et exactes. Toutefois, elle ne peut pas être tenue responsable en cas d’un manquement quelconque à cet objectif. Tous les éléments de cette publication sont protégés par le droit d’auteur de la Confédération Construction asbl. Toute reprise d’articles, en tout ou en partie, n’est permise qu’après autorisation expresse et avec la mention explicite de leur provenance. Votre mensuel Construction est dorénavant imprimé sur du papier issu de la gestion durable des forêts. Le label Forest Stewardship Council veille à la préservation de l’écosystème forestier ainsi qu’au respect des droits sociaux des populations indigènes et des travailleurs forestiers.
4
construction - juillet-août 2016
14 Impôts des sociétés La Confédération a enquêté sur les impôts que paient les entreprises de construction. Pour l’heure, une réforme fait l’objet de discussions. Mais une éventuelle réduction ne pourra se faire sur le dos de la construction.
INTRODUCTION 03 Édito Colette Golinvaux: « La déstructuration du marché de la construction, est-ce vraiment cela que l’on veut ? »
11 Point de vue régional Jean-Jacques Nonet, à propos de la lutte contre le dumping social…
ÉPINGLÉ 06 Présentation du Rapport annuel Kris Peeters était l’invité d’honneur de la journée dévolue à la sortie du rapport annuel de la Confédération. Il a laissé planer le doute sur les intentions du gouvernement fédéral.
08 Reportage photos Le Rapport annuel en images.
VOS INTÉRÊTS 12 Conjoncture Croissance fragile en 2016.
14 L’impôts des sociétés Une étude menée par la Confédération.
PROJETS & ENTREPRISES
32
46
Rapport annuel 2015-2016
Building Heroes
Musée de l’Afrique centrale
Le rapport annuel 2015-2016 se penche sur la construction… mais sous l’angle de ses petites entreprises, en souffrance. Il met en lumière les améliorations et soutiens indispensables au développement de leur potentiel.
Quelque 2.000 élèves se sont exercés à des professions du secteur au Building Heroes Village de Charleroi Expo, les 26 et 27 mai derniers. Organisé par la CCW et le ffc Constructiv, cette édition a fait un tabac auprès des 6e primaires.
Tout refaire… sans toucher à quoi que ce soit ! C’est le défi de la restauration (et de l’agrandissement) du mythique Musée d’Afrique centrale, à Tervuren. Découverte d’un chantier hors normes !
DOSSIER 17 Introduction
SECTEUR & MÉTIERS 31 En bref...
PROJETS & ENTREPRISES 44 Réductions aux membres
18 Robert de Mûelenaere Pourquoi mettre l’accent sur les PME ?
20 Tendances Analyse du climat économique de la construction.
22 Concurrence déloyale La réduction des charges salariales comme unique solution.
24 Notre modèle social Le statut social des ouvriers se heurte à une pression ne faiblissant guère.
L’accès aux crédits doit s’améliorer.
27 Moins de papiers Où en est la simplification administrative ?
Profitez-en !
46 Musée de l’Afrique Centrale 32 Building Heroes
Un chantier phare de la Journée Chantiers Ouverts.
Charleroi Expo a émerveillé près de 2.000 élèves.
49 Marché de la construction 34 Dumping social
Claerhout - Heidelberg Cement plaquesderoulage.be
Un guide wallon combat un véritable « fléau ».
36 Anniversaire Les Perles ont fêté leurs 20 ans !
38 Exportation La CCW et l’Awex ont développé maints outils favorisant une ouverture aux marchés extérieurs.
ON EN PARLE 50 Chiffre du mois
Le rapport d’Euroconstruct.
50 1000 km Kom op tegen Kanker
La Confédération a récolté des fonds pour combattre le grand crabe.
40 CSTC Le nouveau président du Comité technique BIM & ICT – Technique nouvelle : l’industrialisation.
28 La qualité Brève incursion au cœur d’un enjeu majeur de la compétitivité. construction - juillet-août 2016
5
PROJETS & ENTREPRISES
26 Stimuler la croissance
L’actualité de la construction, en un coup d’œil!
SECTEUR & MÉTIERS
L’essentiel du Rapport annuel…
DOSSIER
17
SECTEUR & MÉTIERS
VOS INTÉRÊTS
DOSSIER
ÉPINGLÉ Présentation du Rapport annuel
Kris Peeters laisse la Confédération perplexe Le 15 juin dernier, la Confédération Construction a présenté son rapport annuel 2015-2016 à une assemblée de trois cents entrepreneurs, journalistes et acteurs majeurs du monde politique et des entreprises. En sa qualité de vice-Premier ministre et de ministre fédéral de l’Emploi, de l’Économie et des Consommateurs, Kris Peeters était l’invité d’honneur de cet événement. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son discours nous a laissés perplexes...
L
e rapport annuel 2015-2016 porte sur les PME de construction, sur les défis auxquels elles sont confrontées et sur les solutions dont elles ont besoin. Il suffit de regarder notre secteur à travers les yeux d’une petite ou moyenne entreprise pour identifier les points problématiques et comprendre les aspects à améliorer. Vous trouverez un aperçu de ce rapport annuel dans le dossier de ce numéro.
« Le coût de l’inaction pour les finances publiques sera bien plus élevé que celui de l’action » Colette Golinvaux
Petit détail, avant d’attaquer le corps même des discours : la présentation du rapport annuel s’est tenue à l’Hôtel de la Poste, sur le site de Tour & Taxis, à Bruxelles. Le lieu ne pouvait être mieux choisi : le site a été entièrement rénové et transformé… en grande partie par des membres de la Confédération Construction.
Colette Golinvaux : « Le secteur de la construction est en proie à de grandes difficultés. Nos entreprises ne savent pas ce que l’avenir leur réserve. Elles sont nombreuses à ne jurer que par une maind’œuvre belge, qu’elles ont souvent formée elles-mêmes, qui connaît les clients et l’entreprise. Mais ces PME se demandent aujourd’hui si cette approche leur permettra de rester concurrentielles sur le marché de demain. » LA COMPÉTITIVITÉ EN DANGER Le problème, c’est que les entreprises belges de construction peinent à garder la tête hors de l’eau face aux entreprises étran-
6
construction - juillet-août 2016
© photos Dann
UN VÉRITABLE APPEL À L’AIDE Colette Golinvaux, présidente de la Confédération Construction, a pris la parole lors de cette présentation et n’y est pas allée par quatre chemins. Parmi les nombreux sujets abordés dans le Rapport annuel, elle a choisi de s’attarder sur le plus urgent et le plus inquiétant : la concurrence déloyale des entreprises étrangères qui envoient leur main-d’œuvre sur nos chantiers. COLETTE GOLINVAUX – « Les entreprises se demandent si elles peuvent faire face au marché de la construction à l’avenir avec leur main-d’œuvre belge. »
gères qui envoient leurs travailleurs chez nous. Le dumping social pourrait, bien entendu, être fatal à notre secteur. Mais il faut aussi savoir qu’un travailleur étranger issu d’un pays dans lequel les cotisations sociales sont plus faibles et détaché chez nous de manière tout à fait légale coûte encore 20 % de moins que la maind’œuvre locale. C’est ce que l’on appelle un avantage concurrentiel déloyal.
VOS INTÉRÊTS
être approuvées par l’Europe. Et à cela s’ajoutent les autres secteurs, qui ont aussi leurs revendications. Il faut prendre le temps de trouver une solution qui ne viendra pas perturber l’économie de notre pays. Mais vous avez raison : cette situation n’est plus viable. Ma porte vous est ouverte et sachez bien que je préfère, moi aussi, résoudre ce problème aujourd’hui plutôt que demain ou en 2019. Ceci dit, il faut aussi trouver une solution qui soit adaptée au secteur de la construction. » Monsieur Peeters a ajouté que notre pays mettrait la question du dumping social sur le tapis à l’occasion de la réunion du Conseil EPSCO (Conseil européen en charge de l’emploi, de la politique sociale, de la santé et des consommateurs), en juin.
DOSSIER
« Je comprends que cela ne peut plus durer, mais nous n’avons pas encore trouver de solutions » Kris Peeters
KRIS PEETERS – « Le problème, c’est de trouver une solution adéquate pour le secteur de la construction. »
LE TEMPS PRESSE Notre présidente a ainsi appelé le ministre Peeters et le gouvernement dans son ensemble à une action rapide. Le secteur de la construction demande une diminution des charges salariales de 6 €/heure pour ses entreprises. Une enveloppe d’environ 600 millions € a, entre-temps, été promise pour une réduction des charges spécifiques dans le secteur. Mais il semblerait que cet argent ne soit pas débloqué avant 2019. Or, à ce moment-là, il sera trop tard...
Colette Golinvaux : « Si ce problème n’est pas résolu rapidement, la concurrence des salaires étrangers sur notre territoire sonnera le glas de nos entreprises. Sans compter que l’inaction coûte aussi cher à l’État. »
Kris Peeters : « Nous avons encore du pain sur la planche. Les mesures spécifiques au secteur de la construction doivent aussi
UN GOÛT DE TROP PEU La Confédération Construction en espérait davantage. Le gouvernement ne semble pas comprendre l’urgence d’une baisse des cotisations salariales pour les entreprises du secteur. Il est encore possible de rectifier le tir… mais il faut se dépêcher. Et comme l’a souligné la présidente, un statu quo coûte cher à notre pays. En effet, si les opportunités d’emploi continuent de se raréfier et que les entreprises belges se voient broyées par la concurrence étrangère, les recettes de l’État diminueront indéniablement. Vous trouverez l’avis de la Confédération Construction dans notre édito, en page 3 de ce numéro. BIENTÔT UNE ASSURANCE RESPONSABILITÉ OBLIGATOIRE ! Dans son allocution, Colette Golinvaux a épinglé un autre sujet lié à notre secteur : l’assurance responsabilité obligatoire pour les entrepreneurs. Kris Peeters a indiqué qu’un arrêté de la Cour constitutionnelle faisait état d’une discrimination injustifiée des architectes dans ce domaine. Une assurance responsabilité obligatoire sera donc également prévue pour les entrepreneurs. Le Conseil des ministres discutera, encore avant les vacances parlementaires, d’une proposition de loi à ce sujet. Le ministre Peeters a garanti qu’un grand nombre de demandes de la Confédération Construction seraient intégrées dans cette proposition. Il a promis qu’en émanerait une solution acceptable et réaliste pour les entreprises du secteur de la construction.
construction - juillet-août 2016
7
PROJETS & ENTREPRISES
MESSAGE REÇU MAIS... Dans son discours, le ministre Kris Peeters a confirmé que le gouvernement avait bien entendu l’appel du secteur et prenait des mesures pour l’aider, parmi lesquelles le tax shift. Il a aussi félicité la Confédération Construction pour le consensus de 6 €/heure qu’elle est parvenue à atteindre avec les employeurs et travailleurs du secteur. Il a insisté sur le fait que le gouvernement libérerait bien 604 millions d’euros et s’est dit conscient que le secteur ne puisse pas attendre cet argent jusqu’en 2019. Mais...
L’assistance en a déduit que le secteur de la construction ne devait pas s’attendre à un miracle. D’autant plus que le ministre a précisé que des pays comme la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie étaient satisfaits de la situation actuelle.
SECTEUR & MÉTIERS
Colette Golinvaux : « Cette situation concerne surtout les marchés publics, dans le cadre desquels seul le prix compte. Au risque de choquer, je trouve qu’il règne carrément une certaine forme de complicité entre les donneurs d’ordre et ces entreprises étrangères. »
Kris Peeters : « Il s’agit d’un débat très délicat mais nous sommes en train d’examiner ce que nous pouvons faire de notre côté, tout en respectant, bien entendu, les règles européennes. La Belgique fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire adapter la réglementation européenne sur la libre circulation des services. »
PRIKBORD ÉPINGLÉ Rapport annuel 2015-2016
Ils étaient (presque) tous là !
© photos Dann
Pieter Timmermans (administrateur délégué de la FEB), Fa Quix (directeur général Fedustria), Robert de Mûelenaere (administrateur délégué de la Confédération) et Olivier Willocx (BECI) étaient de la partie.
Jef Lembrechts (président Vlaamse Confederatie Bouw), Johan Willemen (ancien président de la Confédération), Kris Peeters (Vice-premier ministre fédéral), Colette Golinvaux (présidente de la Confédération) et Robert de Mûelenaere (administrateur délégué de la Confédération).
8
construction - juillet-août 2016
VOS INTÉRÊTS
Christophe Maes (président de la FEGC), Eric Onraedt (avec lunette, président de la Confédération Provincie Antwerpen) et à droite, Jos Bijnens (Reynders).
Lionel Eeckhout (président de Pensio B), Gabriël Delporte (secrétaire général de la Confédération) et Natacha Jérouville (présidente fvb-ffc Constructiv)
René Van Cauwenberghe (président navb-cnac Constructiv), Bob Van Poppel (Van Poppel), Bruno Vandenwijngaert (directeur général fvb-ffc Constructiv) et Peter Börner (CGSLB-ACLVB).
Virginie Monteyne-Jadoul (Schoups Advocatenkantoor), Jean-Marie Kyndt (Van Laere), Bob Van Poppel (Van Poppel) et Michel Vangeel (Vangeel Wegenbouw).
SECTEUR & MÉTIERS
Robert de Mûelenaere (administrateur délégué de la Confédération), Benoît Marcin (Franki), Colette Golinvaux (présidente de la Confédération) et Jean-Louis Henry (COBELBA).
Près de notre présidente et de notre administrateur délégué on reconnaît Pieter Timmermans (administrateur délégué de la FEB), Dirk Cordeel (Groupe Cordeel), le ministre d’État Herman De Croo et Jean-Jacques Nonet (président de la Confédération Construction Wallonne).
construction - juillet-août 2016
9
PROJETS & ENTREPRISES
Gabriël Marijsse (CFE) en Theo Ceulemans (secrétaire de la Commission paritaire Comité 124).
L’audience est captivée par le discours de Colette Golinvaux (présidente de la Confédération).
L’AVENIR, ÇA NE SE PROMET PAS, ÇA SE CONSTRUIT. OTRE SIGNEZ N SUR PÉTITION l.be tvita investires
INVESTIR EST VITAL Nous constatons chaque année une diminution de notre qualité de vie. Les routes, les ponts et les tunnels sont en mauvais état. Le logement devient inabordable. Les écoles et maisons de repos ne sont pas en assez grand nombre. Il faut que cela cesse. La Confédération Construction demande la reprise urgente des investissements publics. Les gouvernements doivent absolument remettre le bien-être de tous au centre de leurs investissements. Vous pouvez nous aider : signez maintenant notre pétition sur investir est vital.be.
Une initiative pour le bien-être de tous
POINT DE VUE RÉGIONAL VOS INTÉRÊTS
La construction doit rester unie dans la lutte contre le dumping social
DOSSIER
L
e quotidien La Libre Belgique du 17 juin publiait une interview du ministre Christophe Lacroix sur le thème du dumping social. Le ministre relayait plusieurs déclarations inexactes que la Confédération Construction et la CCW ont aussitôt rectifiées. Ainsi, la directive européenne sur les marchés publics n’a-t-elle pas été transposée a minima, comme on l’a entendu et le patronat n’a évidemment pas manœuvré pour qu’il en soit ainsi. Nous avons démenti ces inexactitudes par deux preuves : • La nouvelle loi sur les marchés publics comporte les bases suffisantes pour l’application des mesures anti-dumping, adoptées par la table ronde nationale (gouvernement, partenaires sociaux) contre le dumping social dans la construction, en juillet 2015. La mise en œuvre de ces mesures anti-dumping est en cours via des arrêtés royaux spécifiques, auxquels la Confédération est étroitement associée. Mais ce n’est pas elle qui est à la manœuvre pour leur mise en application !
Il y a deux ans, la CCW proposait déjà des clauses sociales anti-dumping
La Confédération est aussi à l’origine de nombreuses initiatives complémentaires contre le dumping social et ce, y compris au niveau régional, via la sensibilisation des pouvoirs publics. Ainsi, la CCW proposa, il y a deux ans déjà, des clauses sociales anti-dumping et elle a contribué à l’élaboration du Guide pratique anti-dumping adopté par la Région wallonne, le 28 avril 2016, sous l’impulsion du ministre Lacroix. C’est un excellent outil et j’appelle le Gouvernement wallon à le promouvoir avec nettement plus de vigueur et de suivi. La CCW va même plus loin et propose de rendre ces mesures anti-dumping obligatoires et uniformes pour tous les marchés publics wallons, y compris au niveau local. La tolérance zéro doit être de mise, tant pour les entreprises que pour les pouvoirs adjudicateurs ! J’invite et encourage, en outre, le ministre Lacroix au dialogue pour combattre aussi le dumping dans les marchés privés subventionnés (primes, subsides).
Enfin, j’appelle tous les groupements de notre organisation professionnelle à l’unité et à la convergence, seule manière de lutter efficacement contre ce cancer qui détruit nos entreprises et l’emploi de nos travailleurs.
Jean-Jacques NONET, Président de la Confédération Construction Wallonne construction - juillet-août 2016
11
PROJETS & ENTREPRISES
La CCW soutient totalement l’idée de créer un observatoire des prix pour détecter et combattre les prix anormalement bas, trop souvent issus du non-respect des coûts salariaux réels à appliquer par les entreprises étrangères travaillant chez nous.
SECTEUR & MÉTIERS
• C’est la Confédération qui a proposé, dès 2014, l’adoption des mesures anti-dumping qui sont aujourd’hui en cours d’exécution, à savoir, pour l’essentiel, l’agréation obligatoire de tous les sous-traitants, la limitation de la chaîne de sous-traitance à deux niveaux, le contrôle renforcé des offres anormalement basses et le renforcement des moyens des inspections sociales.
Projections 2016
Construction : en croissance, mais sans ferveur En dépit de la conjoncture difficile, notre secteur tend, pour l’instant, vers la croissance : il espère progresser d’environ 1 % pour l’année 2016. Une analyse plus détaillée nous livre toutefois un tableau en demi-teinte. C’est que la demande manque de ferveur…
I
nutile de rappeler que le contexte actuel est difficile ! Et pour cause, puisque l’économie belge manque, dans son ensemble, de dynamisme. En 2015, elle a enregistré une croissance de 1,4 %, contre seulement 1,2 à 1,3 % cette année, à en croire les prévisions du Bureau fédéral du Plan et de la Banque nationale. L’an passé, la construction a progressé de 2,1 %, un score plus élevé que l’économie dans son ensemble donc. Un exploit que le secteur ne réitèrera sans doute pas en 2016... D’une certaine façon, 2015 a fait figure d’exception. Ce cru-là a, pour une fois, bénéficié d’un coup de pouce du climat : l’activité n’a que peu souffert des caprices de la météo. En outre, force est de constater que les pessimistes prennent le pas sur les optimistes, du côté des entrepreneurs, en cette fin de premier semestre. Par ailleurs, les carnets de commande attendent de se remplir et ce, pour l’ensemble du secteur. Tout ceci indique que la croissance de 2,1 % d’il y a douze mois tenait du temporaire. NOUVEAUX TOITS EN RECUL À l’orée 2014, on a délivré un nombre remarquable de permis de bâtir. Beaucoup de candidats flamands à la construction s’étaient empressés d’introduire leurs demandes fin 2013, afin d’échapper aux normes PEB plus strictes dès après le Nouvel An.
Ce pic a diminué six mois plus tard, pour stagner, depuis, à un rythme de croisière. Ainsi, 2015 n’a-t-elle pas approché un tel record, en raison, entre autres, d’une baisse d’environ 15 % du nombre de permis octroyés par rapport à l’année précédente. Cette chute se répercute tout naturellement sur l’activité. Ajoutons encore que la conjoncture n’est point favorable à la croissance. Les revenus disponibles des ménages ne devraient, en effet, que légèrement augmenter et – dans le meilleur des cas –, le chômage
12
construction - juillet-août 2016
ne devrait que peu diminuer. Les taux d’intérêts des prêts hypothécaires restent certes bien bas. Mais ça ne date pas d’aujourd’hui. En soi, les faibles taux d’intérêts ne relanceront pas la demande. Qu’en conclure ? Que la construction de nouveaux logements reculera, cette année, d’environ 7,5 %. Il convient toutefois de noter que cette branche du secteur dépend de très nombreux paramètres. Leurs évolution et influence sont parfois difficiles à anticiper. Pensons, notamment, aux exigences PEB, encore plus strictes en Flandre, cette année ou au chèque habitat remplaçant le bonus logement en Wallonie, sans oublier la perspective de modifier le bonus logement de la Région de Bruxelles-Capitale à partir du 1er janvier 2017.
La conjoncture sous la loupe 2105 2,1 % de hausse de la productivité dans le secteur de la construction
2 % de travailleurs en moins PRÉVISIONS 2016 1 % de hausse de la productivité dans le secteur de la construction dans son ensemble
6 % de construction de nouveaux bâtiments non résidentiels en plus 2,5 % de hausse du génie civil 1,5 – 2 % d’augmentation des rénovations 7,5 % de baisse de production de nouvelles constructions LE MIEUX-ÊTRE DU NON RÉSIDENTIEL Au crépuscule de 2013, la demande en bâtiments non résidentiels a essuyé un cuisant revers. S’en sont suivies deux années
difficiles. Aujourd’hui, divers facteurs tendent à la remettre sur les rails. Ainsi, en 2015, le volume total autorisé était-il de 6,5 % plus élevé qu’un an plus tôt. La Flandre a, en outre, lancé le programme de construction d’écoles Scholen van Morgen (Les écoles de demain) ; du coup, les travaux engendrés passeraient à la vitesse supérieure en 2016. Enfin, le marché recèle un potentiel de croissance. Ainsi, peut-on supposer que l’investissement des entreprises augmentera d’environ 2,5 %. Enfin, la demande ne revient pas encore complètement à un niveau prévisible, compte tenu du volume total de ces investissements. Conclusion : en 2016, le bâtiment non résidentiel se porte mieux. Il peut même rêver d’une croissance de 6 %. Mais restons vigilants, une fois encore ! Le volume autorisé ces trois dernières années a progressé de façon fulgurante. Cette imprévisibilité porte un coup à la fiabilité des prévisions, tant dans l’ampleur de cette reconversion que dans l’éventuelle poursuite de cette croissance après 2016. HAUSSE PROGRAMMÉE DU GÉNIE CIVIL ? Du côté du génie civil, entrevoir des tendances structurelles relève de la gageure. De multiples facteurs indiquent que cette branche a progressé en 2015 -notamment l’évolution des carnets de commande et le chiffre d’affaires de ce domaine. Pourtant, d’après les dernières estimations de l’Institut des Comptes nationaux (ICN), les investissements publics ont… baissé.
Cette contradiction n’est peut-être qu’apparente. Elle suggère simplement que les pouvoirs publics ont alloué une partie relativement plus importante de leurs investissements au génie civil. Mais elle induit la question suivante : comment évoluera cette partie ? Nous tablons sur une stabilisation. Nous supposons, en prime, que les investis-
VOS INTÉRÊTS
sements des autorités locales augmenteront progressivement en prévision des prochaines élections communales. Enfin, nous tenons également compte du Plan Infrastructures wallon et du Plan tunnel bruxellois. En conclusion, nous tablons sur une croissance de 2,5 % pour 2016. La grande inconnue de ces prévisions réside dans les investissements locaux. Les autorités locales composent avec un cadre budgétaire strict. Dixit certains observateurs, cet élément évitera(it) ou atténuera(it) la traditionnelle hausse d’avant élections.
DOSSIER
RÉNOVATIONS EN CROISSANCE Les rénovations de bâtiments qui sont susceptibles d’enregistrer la plus forte croissance en 2016. Une progression estimée entre 1,5 et 2 % paraîtra dérisoire, si ce n’est qu’elle repose sur les fondements les plus solides et les plus durables. Quelles que soient les fluctuations de la conjoncture économique générale, il convient de prendre en compte deux facteurs stimulants. Primo, la demande en bâtis résidentiels et non résidentiels est continue. Secundo, l’amélioration des rendements énergétiques génère du travail de rénovation.
cette année-là, la construction a perdu 20.300 ouvriers (commission paritaire 124).
N’empêche ! En dépit d’une concurrence étrangère accrue, leur nombre a fléchi, au cours de 2015… même s’il semble qu’elles soient reparties à la hausse entre janvier et juin 2016.
Si cette tendance se confirme, l’emploi reculera encore de 1 % en 2016. D’ailleurs, nous avons déjà remarqué une baisse, au premier trimestre. Apparue fin 2011, la spirale infernale poursuit sa descente effrénée. Depuis
La Confédération demande de toute urgence une diminution de charges salariales de 6 € dans le bâtiment. Vous retrouverez davantage d’informations sur la concurrence étrangère dans ce dossier. n
L’EMPLOI EN PÉRIL La relation entre activité et emploi au sein des entreprises belges de construction est gravement perturbée. Ce qui inquiète à raison nos entrepreneurs…
Mais qui effectue les travaux, alors ? Les travailleurs affectés à nos chantiers par des entreprises étrangères. Cette substitution est, dès 2011, devenue structurelle. Si le gouvernement veut sauver des emplois dans notre secteur, il se doit de prendre des mesures drastiques.
INFO jean-pierre.liebaert@confederationconstruction.be
construction - juillet-août 2016
13
PROJETS & ENTREPRISES
Nous nous pencherons plus en profondeur sur ce phénomène dans le dossier de ce numéro. Mais citons déjà quelques chiffres assez parlants. En 2015, le secteur a progressé d’un petit peu plus de 2 %. Dans le même temps, l’emploi a reculé de 2 %. L’activité ne se traduit plus par une création d’emplois sur le marché belge. Le phénomène touche toutes les entreprises, petites ou importantes.
SECTEUR & MÉTIERS
DE LA FRAGILITÉ DES PRÉVISIONS… Assemblées, toutes ces projections laissent augurer d’une croissance 2016 de 1 % pour l’ensemble du secteur. Une courbe qui s’inscrit dans la logique de la conjoncture économique actuelle… Ne perdons toutefois pas de vue que cette croissance de la construction repose, en grande partie, sur un faisceau de facteurs sans dynamique sous-jacente apparente. La croissance demeure fragile : les faillites essuyées par le secteur en témoignent.
Étude de la Confédération
Impôt des sociétés : pas de réforme aux frais de nos entreprises! L’impôt des sociétés sera-t-il réformé et diminué? Le débat est en cours. Aussi la Confédération a-t-elle étudié la charge fiscale des entreprises du secteur. Total ? Quelques résultats inattendus... Mais deux choses sont certaines : la charge réelle ne peut croître et une baisse du taux nominal ne peut être compensée au détriment de la construction.
L
e débat sur l’impôt des sociétés est suscité par divers événements retentissants. La Belgique a accordé, à un certain nombre de multinationales, un régime généreux sur les bénéfices excédentaires également appelé excess profit ruling. La Commission européenne le considère comme une aide d’État illégale. En résulte un risque que le gouvernement ne prenne des mesures sans réfléchir sérieusement aux éventuels effets pervers pour les entreprises belges de la construction, lesquelles exploitent -de manière tout à fait raisonnable et légale- les possibilités offertes par l’impôt des sociétés. Avant de penser réforme, il est absolument nécessaire de prendre en compte les besoins des entreprises de construction. La Confédération a étudié attentivement la façon dont les entreprises appliquent
Comment réformer? - Les entreprises de construction paient en moyenne 27 % d’impôt des sociétés. - Une baisse apporterait une bouffée d’oxygène. - Pas de compensations à l’aide de taxes majorées sur l’immobilier ! - Un système davantage favorable aux plus petites entreprises reste nécessaire. - Il faut toucher le moins possible à la déduction des intérêts notionnels.
discrimination fiscale entre le financement à l’aide de capitaux étrangers et le financement au moyen de fonds propres. Lorsqu’une entreprise fait un emprunt, les intérêts payés sont déductibles de la base imposable. En revanche, les distributions de dividendes pour le financement au moyen de fonds propres ne le sont pas.
À noter: les PME utilisent très souvent les intérêts notionnels l’impôt des sociétés. Cette étude se veut une première impulsion aux discussions de fond, essentielles à une réforme équilibrée. UNE FISCALITÉ DE NICHE En Belgique, le taux ordinaire de l’impôt des sociétés s’élève à 33,99 %. Toutefois, il est question ici d’une fiscalité de niche, caractérisée par un taux nominal élevé mais partiellement compensé par toute une série de déductions possibles : pour investissement, revenus définitivement taxés, personnel supplémentaire, intérêts notionnels...
Seule une partie de ces déductions font significativement baisser la charge fiscale réelle. La déduction des intérêts notionnels en est un exemple. Celle-ci réduit la
14
construction - juillet-août 2016
La déduction des intérêts notionnels fonctionne avec des intérêts fictifs calculés sur la base des fonds propres (actif net). RAREMENT 33,99 % ! Dans la pratique, les sociétés paient donc rarement 33,99 %. Pour les petites et moyennes entreprises, il existe d’ailleurs un taux réduit, soumis à des conditions très strictes (voir tableau). Seules les socié-
tés dont la base imposable maximale est de 322.500 € entrent en ligne de compte. La rémunération versée au dirigeant d’entreprise doit en outre s’élever à au moins 36.000 €. Seul un faible pourcentage peut être distribué sous forme de dividendes et l’entreprise ne peut détenir qu’un nombre limité de parts dans d’autres sociétés. DES CHARGES FISCALES SIMILAIRES Quelle est donc la pression fiscale effective des sociétés dans le secteur de la construction? L’étude de la Confédération l’a mise en lumière. En voici les principaux résultats :
- La pression fiscale moyenne se situe aux alentours de 27 %. Les petites comme les grandes entreprises affichent une charge fiscale moyenne similaire; - Plus de 90 % des entreprises de construction recourent à la déduction des intérêts notionnels et ce, indépendamment de leur taille. Il s’agit d’un résultat remarquable : les entreprises recourent
Le taux d’imposition des sociétés Base imposable en euros Jusqu'à 25.000
Impôt des sociétés 24,25 %
De 25.001 à 90.000
31 %
De 90.001 à 322.500
34,50 %
Plus de 322.500
33,99 %
à peine aux autres types de déductions, à l’exception de la déduction pour investissement, utilisée dans une mesure limitée. Aucune des entreprises interrogées n’a recours à la déduction spécifique pour recherche et développement. Et seul un nombre limité de grandes entreprises font appel à la déduction pour revenus définitivement taxés; - La suppression des intérêts notionnels augmenterait la pression fiscale des entreprises de construction de 7 % environ. La différence entre le taux nominal et la charge fiscale réelle de 27 % est quasi exclusivement imputable à cette déduction. Les résultats de la Confédération concordent avec les constatations publiées par la FEB en 2012. Celles-ci concernaient tous les secteurs et pas seulement le nôtre. Pour les sociétés opérationnelles (donc pas les holdings), le taux d’imposition médian était de 26,2 % en 2010. En d’autres termes, la moitié a payé un pourcentage plus élevé, l’autre moitié un pourcentage moindre. La taille de l’entreprise fait peu de différence. VERS UN NOUVEL IMPÔT DES SOCIÉTÉS? À l’échelle européenne, et même à l’échelle mondiale, la Belgique a des taux
TARIF RÉDUIT – Pour être compétitive, la Belgique devrait baisser son taux nominal moyen aux alentours de 20 %.
depuis 1965. Mais, dans le même temps, les recettes issues de l’impôt des sociétés fournissent toujours environ 10 % des recettes fiscales totales et 3 % du PIB. Ces chiffres sont également valables pour la Belgique. Au fil des années, le taux est passé de 40 à 33,99 % mais cette diminution n’a, proportionnellement, pas généré moins de revenus. La raison réside sans doute dans le fait que la baisse du taux nominal allait de pair avec l’application de compensations.
La Belgique possède des taux nominaux et effectifs élevés… nominaux et effectifs élevés. En Europe, le taux nominal moyen est de 23 % et le taux effectif moyen, de 17 %. On constate une tendance générale à la baisse des taux qui se rapprochent de plus en plus avec, comme exceptions possibles, l’Allemagne et la France. Pour être compétitive par rapport aux autres États de l’Union européenne, la Belgique devrait baisser son taux à environ 20 %. Le Royaume-Uni, par exemple, a réduit le sien à 20 %. En outre, un taux de 20 % donnerait une grande bouffée d’oxygène aux entreprises de construction. Malheureusement, en termes budgétaires, une telle baisse n’est, pour l’instant, pas possible. Toutefois, une baisse partielle et progressive (à 29 %, dans un premier temps) constituerait un compromis acceptable. QUEL COÛT POUR L’ÉTAT? L’impact budgétaire d’une baisse du taux s’avère difficile à estimer. Sur la base des chiffres internationaux de l’OCDE, il apparaît que les taux nominaux ont chuté
PAS DE COMPENSATION AU DÉTRIMENT DE LA CONSTRUCTION! Où les pouvoirs publics iront-ils chercher l’argent pour une réforme de l’impôt des sociétés? Éventuellement dans l’impôt des sociétés lui-même, en supprimant ou en limitant certaines déductions existantes. L’argent peut aussi provenir de l’extérieur, par une augmentation d’autres impôts. Mais quoi que l’on fasse, pour la Confédération, il existe des limites à ne pas franchir.
Un régime spécifique pour les petites entreprises reste une nécessité. On peut conserver le régime actuel ; mais il existe d’autres possibilités. On pourrait, par exemple, taxer la première tranche de 50.000 € à 24 % et les tranches suivantes, à 29 % pour toutes les entreprises, y com-
pris les plus grandes. Une telle approche rendrait superflu le taux réduit progressif et avantagerait les petites entreprises aux bénéfices limités. Les éventuelles compensations ne peuvent pas peser plus lourdement sur l’immobilier. Le taux de TVA général (le plus élevé) ne peut pas être augmenté et on ne peut pas toucher aux taux réduits dans le secteur de la construction. En outre, les investissements dans l’immobilier ne peuvent pas non plus être soumis à des taxes supplémentaires. Nous pensons, par exemple, aux particuliers qui investissent dans une maison pour la louer ou pour l’utiliser comme résidence secondaire. Imaginons que l’on supprime ou limite certains postes de déduction. Pour la Confédération, cette option ne pourrait être retenue qu’à condition absolue que l’on touche le moins possible à la déduction des intérêts notionnels. Notre étude a, on l’a vu plus haut, en effet montré qu’il s’agissait là du principal poste de déduction, y compris pour les PME. Une réduction ou une suppression augmenterait la pression fiscale. L’utilisation, par presque tout le secteur, de la déduction des intérêts notionnels indique, par ailleurs, qu’un grand nombre de nos entreprises sont financées sur fonds propres. Ce qui doit être récompensé ! On ne peut pas faire marche arrière et retourner à l’époque où seul le financement par des moyens extérieurs permettait de générer un intérêt déductible. n
INFO Des questions à propos de notre étude? N’hésitez pas à les poser à marleen.porre@confederationconstruction.be.
construction - juillet-août 2016
15
PUBLIREPORTAGE
L’assurance Incendie Multirisk Commerce-PME La poursuite d’une activité commerciale peut être entravée, voire mise en péril par la survenance de sinistres aussi variés qu’un incendie, une tempête, un dégât des eaux, un bris de vitrage, un incident électrique, un heurt de véhicule… Pour vous protéger et vous assister efficacement en cas de sinistre, Fédérale Assurance a développé une couverture spécialement adaptée pour les petites et moyennes entreprises : l’assurance Incendie Multirisk Commerce/PME.
Une couverture particulièrement étendue Vos garanties de base L’assurance Incendie Multirisk CommercePME de Fédérale Assurance vous offre une couverture de base très complète*. Elle couvre votre bâtiment et son contenu contre : • le risque d’incendie ; • les dégâts des eaux : tous les dégâts causés suite à une rupture de conduites ou d’appareils hydrauliques ou suite à la pénétration d’eau par le toit ; • les phénomènes naturels tels que la tempête, la grêle, la pression de la neige ou de la glace. Les dégâts aux tentes et aux protections solaires, aux enseignes et aux totems publicitaires, de même que les dommages aux clôtures, pour autant qu’elles soient ancrées dans du béton, sont inclus ; • les bris de vitrage. Les dégâts aux panneaux solaires et aux cellules photovoltaïques sont également couverts ; • une explosion, la fumée ou la suie ; • l’action de l’électricité (par surtension ou foudre indirecte). L’indemnisation des appareils professionnels de base sur leur valeur à neuf, jusqu’à 2 ans après leur acquisition ; • les catastrophes naturelles (inondation et tremblement de terre) ;
16
construction - juillet-août 2016
• les attentats et les conflits du travail ; • …
Vos garanties facultatives Vous pouvez encore optimiser votre protection au-delà de la couverture de base en l’étendant à tout ou partie des garanties suivantes : • responsabilité civile : dommages causés aux tiers par le bâtiment ou son contenu ; • vol ; • chômage commercial : la destruction de votre bâtiment peut interrompre totalement votre activité commerciale. Cela peut signifier une absence de revenu pour un indépendant qui n’aurait pas été prévoyant !
Une assistance 24h sur 24 incluse dans la prime, un numéro : 02 773 61 56 Vous pouvez toujours compter sur Fédérale Assurance en cas de sinistre couvert par votre assurance Incendie Multirisk Commerce-PME. F-Assistance vous aide 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
Nous partageons nos bénéfices avec nos clients** Un tarif compétitif pour une couverture Multirisk Commerce-PME qui vous protège de manière optimale, c’est déjà très
bien. Mais recevoir votre part des bénéfices de Fédérale Assurance sous forme de ristourne, c’est encore mieux ! En effet, en tant qu’assureur mutualiste, la compagnie n’a pas d’actionnaires à rémunérer et partage ses bénéfices avec ses clients. * Les conditions générales peuvent être consultées sur www.federale.be, sous la rubrique Conditions générales. Elles déterminent les limites, les extensions, les exclusions et/ou les conditions applicables au produit. ** Les ristournes et participations bénéficiaires évoluent avec le temps en fonction des résultats de l’entreprise et de la conjoncture économique. Elles ne sont pas garanties pour l’avenir et varient pour chaque produit. Les règles relatives à l’octroi des participations bénéficiaires ou des ristournes sont définies dans les statuts de chacune des entreprises du groupe Fédérale Assurance. Les statuts peuvent être consultés sur www.federale.be.
Rédaction : Fédérale Assurance
www.federale.be
Dossier PME
Un Rapport annuel tourné vers l’avenir des PME
Le dossier de ce numéro est dédié au Rapport annuel 2015-2016 de Robert de Mûelenaere « Les PME ont besoin d’une attention toute particulière. » 18
la Confédération, lui-même consacré aux PME. Pourquoi ? Nous avons laissé à notre administrateur délégué, Robert de Mûelenaere, le soin de vous l’expliquer. Tout qui regarde le secteur à travers les
Les défis Les tendances structurelles 20 La distorsion de la concurrence 22 Un modèle social sous pression 24
yeux d’un chef d’entreprise d’une petite structure a une vision très nette de ce qui est favorable à son développement. Trois grands défis coexistent : le dumping social et la concurrence déloyale provenant des firmes étrangères, les charges salariales élevées et le statut social des ouvriers de la construction. D’autre part, beaucoup d’éléments
Le soutien Stimuler la croissance 26 Les charges administratives 27 La qualité 28
sont susceptibles d’être améliorés. La Confédération travaille sans relâche afin de proposer des solutions à tous les niveaux. Elle met, par exemple, des outils à disposition des membres et joue un rôle de premier plan auprès des institutions et des organisations qui soutiennent les entreprises. construction construction - décembre - juillet-août / janvier 2016 2010
17
Rapport annuel 2015-2016
« Une organisation professionnelle forte est plus que jamais nécessaire » Le rapport annuel est intitulé L’avenir de la PME dans la construction – défis et opportunités. Mais pourquoi ce sujet a-t-il été choisi ? Construction l’a demandé à Robert de Mûelenaere, l’administrateur délégué de la Confédération. Pourquoi un rapport annuel sur les PME dans le secteur de la construction? Robert de Mûelenaere : « La construction n’est pas seulement un secteur économique important comptant un très grand nombre de PME. Elle est aussi un secteur particulièrement complexe et diversifié qui est en constant mouvement. La Confédération souhaite que toutes les entreprises de construction puissent transformer les opportunités qui se présentent en succès et en croissance. Il est évident que les PME de la construction nécessitent une attention spécifique en raison de leur envergure restreinte. Mais outre les opportunités, il existe des risques. Dans ce rapport annuel, nous présentons une image globale et proposons des solutions.
dumping social et la concurrence totalement déloyale des entreprises étrangères qui viennent travailler ici avec de la maind’œuvre détachée. Ensuite, citons les coûts salariaux élevés. Le troisième défi réside dans l’avenir du statut social de l’ouvrier de la construction et, de manière plus large, de notre modèle social. Par-là, j’entends l’ensemble des relations sociales entre travailleurs et employeurs. Mais ce ne sont évidemment pas les seuls défis. De grands changements vont voir le jour sur le marché et ils requièrent une capacité d’adaptation de la part des entreprises de construction. Et nous pouvons encore citer les charges administratives, le financement de l’activité et la croissance, le régime de licenciement… » Nous avons vu le diagnostic. Quel en est le remède?
Je souligne, par ailleurs, que les défis que nous analysons concernent, à la réflexion, l’ensemble des entreprises de construction, même les plus grandes. Les PME de la construction sont toutefois des détecteurs très sensibles des évolutions et problèmes de notre secteur. En se concentrant sur les PME, il est possible de poser un diagnostic très précis. »
Si l’on se focalise sur les plus petites entreprises, on peut poser un diagnostic précis Quelles sont les caractéristiques de la situation des PME de la construction?
Robert de Mûelenaere : « Lorsque nous constatons que les PME ont besoin d’aide et d’assistance dans un certain domaine, nous prenons des initiatives pour les soutenir et les accompagner de manière plus efficace. Nous le faisons depuis des décennies. Le rapport reprend une synthèse très complète, mais la lutte contre le dumping social représente un exemple récent. La Confédération a joué un rôle de moteur lors de la table ronde construction à laquelle ont participé les organisations patronales et les syndicats de la construction ainsi que le gouvernement et les administrations. Le résultat a donné lieu à un plan d’action global contre le dumping social qui va de pair avec le détachement d’étrangers sur nos chantiers de construction. Nous demandons à présent que les mesures reprises dans ce plan soient exécutées entièrement et rapidement. Pour une entreprise de construction belge, il est impossible de faire face à la concurrence d’étrangers exploités qui viennent travailler ici pour un salaire honteux, dans des conditions parfois scandaleuses. » Que faut-il changer aux coûts salariaux?
Robert de Mûelenaere : « Soyons honnêtes : les prestations de nos petites entreprises sont impressionnantes. Leur enthousiasme est énorme. Elles sont souvent manœuvrables et peuvent réagir rapidement aux innovations et aux circonstances changeantes du marché. Le chef d’entreprise est proche de ses hommes et de ses clients. De cette manière, les PME de la construction sont des viviers de pensée créative et de capacités de résolution des problèmes. Elles doivent cependant pouvoir jouer de ces atouts puissants. La réglementation restreint actuellement leur flexibilité de manière trop importante. La position dominante de certains grands producteurs commence à limiter leur liberté d’action de manière croissante. Par conséquent, elles ne peuvent plus jouer aussi bien leur rôle de personne de confiance et de conseiller auprès de leurs clients et n’ont plus autant de liberté dans leur choix d’approvisionnement. »
Robert de Mûelenaere : « Nous demandons au gouvernement que les charges sociales pour les ouvriers soient rapidement réduites de 6 € par heure, spécifiquement pour la construction. Cette thérapie de choc est absolument nécessaire pour restaurer une concurrence saine. Même les entreprises étrangères qui ne se livrent pas à du dumping, mais qui travaillent ici légalement, peuvent facturer des coûts salariaux bien inférieurs pour leur main-d’œuvre détachée. C’est entre autres pour cette raison que, depuis 2012, pas moins de 19.000 emplois ont été perdus dans notre secteur. Le gouvernement a conscience qu’un changement est nécessaire. Il souhaite réserver 600 millions € pour la baisse spécifique des charges salariales dans la construction, mais veut attendre jusqu’en 2019. Nous savons que la mesure se révèlera alors trop faible et trop tardive. Le gouvernement doits’engager dès maintenant.
Quels sont les dangers principaux? Robert de Mûelenaere : « Globalement, il y en a trois. Il y a le
18
construction - juillet-août 2016
La Confédération est très consciente du fait qu’une baisse des coûts salariaux s’avère difficile en ces temps d’économie.
VOS INTÉRÊTS DOSSIER
POTENTIEL – « Le secteur est en constant mouvement. Toutes les entreprises de construction doivent transformer les opportunités qui se présentent en succès et en croissance », a indiqué l’administrateur délégué de la Confédération.
C’est pourquoi nous avons remis au gouvernement des calculs montrant comment ces coûts peuvent être financés. »
isolées se retrouvent affaiblies. Il est donc plus que jamais nécessaire d’avoir une organisation professionnelle puissante pour défendre leurs intérêts.
Quels sont les problèmes qui menacent notre modèle social?
Et ce n’est que le début ! La Confédération Construction, les confédérations régionales, les confédérations locales et les fédérations professionnelles travaillent ensemble avec nos partenaires sectoriels, comme l’institut de prévention de la construction Cnac Constructiv, le Fonds de formation professionnelle ffc Constructiv, les centres de recherche sectoriels CSTC et CRR... Par le biais de nombreux projets, ils proposent des instruments et des informations avec lesquels les entrepreneurs peuvent optimiser leur gestion d’entreprise, que ce soit en termes de sécurité, de faisabilité du travail, de formations, de techniques de construction ou encore d’innovations. Les PME peuvent être rassurées : elles ne sont pas seules! » ■
Que peut y faire une entreprise de construction? Robert de Mûelenaere : « Les précédents Forums Construction de la Confédération ont montré de façon convaincante que nos entrepreneurs formulent des réponses créatives aux défis. Mais c’est aussi un fait que celles-ci sont trop grandes dans certains domaines et que les entreprises de construction individuelles,
INFO www.confederationconstruction.be
construction - juillet-août 2016
19
PROJETS & ENTREPRISES
Le deuxième niveau est celui de la concertation sociale entre employeurs et salariés. Il y est de plus en plus difficile de résoudre les problèmes importants. Les conséquences, nous les voyons dans l’harmonisation du régime de licenciement et du jour de carence pour les ouvriers et les employés. Étant donné que la Cour constitutionnelle a imposé une date butoir, cette harmonisation a été poussée par le gouvernement. La concertation sociale avait formulé une proposition équilibrée, mais la base d’une partie de la représentation des travailleurs n’était pas d’accord. Le résultat menace maintenant d’être défavorable aux entreprises de construction et certainement aux PME du secteur –sans être, pour autant, entièrement favorable aux travailleurs! La concertation sociale doit absolument être remise sur les rails et nous invitons les syndicats à y collaborer de manière constructive. »
Nous représentons nos membres à tous les niveaux politiques. Nous participons à un grand nombre d’organes de concertation. Nous accompagnons les initiatives du gouvernement afin de réduire les charges administratives et développons, pour ce faire, des outils propres pour nos entrepreneurs. En outre, nous disposons d’un réseau bien étoffé de canaux de communication et nous organisons des événements comme le Forum Construction et des campagnes de promotion, dont notre Journée Chantiers Ouverts est le meilleur exemple. Nous menons des campagnes telles que Investir est vital, qui sensibilise le grand public à l’importance des investissements dans des projets de construction.
SECTEUR & MÉTIERS
Robert de Mûelenaere : « Ils se situent à deux niveaux. Le premier est celui du statut social des ouvriers de la construction. En ce moment, toutes les entreprises de construction, de la plus petite à la plus grande, peuvent offrir une protection sociale similaire à tous leurs ouvriers. Mais, entre autres choses, l’emploi en recul menace de miner le système financier. Si nous ne sommes pas vigilants, le Fonds de sécurité d’existence, par exemple, verra luimême son existence menacée.
Caractéristiques et tendance structurelle
La position des PME de la construction Les PME de la construction occupent une place de premier plan dans notre secteur. Leur taille restreinte les rend toutefois plus sensibles aux tendances et conditions changeantes du marché. D’un point de vue économique, la construction présente quatre caractéristiques marquantes. Elle est fragmentée : l’activité est répartie sur un très grand nombre d’entreprises. D’autres secteurs industriels connaissent une plus grande concentration. Notre secteur de PME compte de nombreuses micro-entreprises. Les entreprises de construction occupant un grand nombre de travailleurs sont relativement peu nombreuses. Le nombre d’entreprises diminue à mesure que les effectifs en personnel augmentent (voir encadré). Le secteur s’avère, en outre, un très grand employeur, avec environ un tiers de l’emploi industriel total. Et enfin, nous nous affichons comme un secteur ouvrier par excellence. Le pourcentage d’employés y augmente mais ne représente qu’un cinquième (21%) de l’ensemble des salariés. Soit un peu plus de la moitié des autres branches de l’industrie…
Fiche d’identité d’un poids lourd - Environ 100.000 entreprises de construction en 2015. - Surtout des petites entreprises : seulement 2% d’entre elles comptent 50 travailleurs ou plus. - Environ 74.000 entreprises sont des indépendants ou n’ont pas de personnel en service. - Au total, environ 265.000 lieux de travail. - L’an dernier, un chiffre d’affaires de plus de 61 milliards €. - À lui seul, le secteur génère près de 6% du produit intérieur brut. - L’ensemble de la filière construction représente 14% du PIB.
Ces caractéristiques déterminent la façon dont les entreprises de construction peuvent réagir à la tendance à long terme. La situation actuelle du secteur et l’évolution à court terme seront évidemment importantes. Mais, à l’avenir, la tendance structurelle se fera plus déterminante encore. Cela vaut non seulement pour le marché de la construction en général, mais aussi pour la place qu’elle laissera aux PME.
plutôt qu’à un indépendant. L’importance du donneur d’ordres détermine souvent la dimension de l’entreprise qui effectuera les travaux.
Ci-après, nous aborderons la principale tendance, mais commençons par un exemple : celui de la professionnalisation du donneur d’ordres. On observe un glissement allant de ménages bâtissant un logement à une ou deux reprises, vers des donneurs d’ordres érigeant, à plusieurs reprises, des appartements ou des logements multiples. Mais un donneur d’ordres construisant une dizaine de maisons d’une traite s’adressera à un grand entrepreneur,
En revanche, la demande en rénovations (et surtout en rénovations énergétiques) augmentera très probablement. Celles-ci resteront, selon toute vraisemblance, l’apanage des ménages. Le potentiel des PME sur le marché de la construction résidentielle ne dépend donc pas seulement de l’évolution globale de ce marché, mais aussi de l’évolution du rapport entre constructions neuves et rénovations. DEMANDE POTENTIELLE SUFFISANTE Énormes ! Tels s’avouent les besoins en travaux de construction. Trois causes se démarquent. La première, c’est la croissance démographique. Début 2016, la Belgique comptait 11,260 millions âmes. Selon les dernières estimations du Bureau fédéral du Plan, nous serons près de 12 millions en 2030. En parallèle, la taille des ménages se réduit. D’où une hausse accrue de la demande de logements… Combinez tous les facteurs pertinents ! Et il apparaîtra clairement que, d’ici 2030, quelque 470.000 logements supplémentaires devront voir le jour.
Évolution du nombre d’entreprises de construction 120.000
100.000
80.000
60.000
40.000
20.000
0 2007
2008
2009
2010
2011
Nombre d'entreprises sans personnel
20
construction - juillet-août 2016
2012
2013
Employeurs
2014
2015
La deuxième raison trouve son origine dans la consommation énergétique. L’Europe réduirait les émissions de gaz à effet de serre de 80% ou plus, d’ici 2050 –à comparer avec le niveau de 1990. Pareil
15%
77%
22%
Dans ces conditions, les pouvoirs publics joueront la carte de la prudence extrême dans la mise en œuvre de toute mesure risquant de grever les coûts du secteur. La contribution des firmes de celui-ci consistera à maîtriser leurs coûts de production et à respecter strictement la législation. Pour les entrepreneurs, la plus grande source de gain de productivité réside dans les innovations technologiques.
PROJETS & ENTREPRISES
21
SECTEUR & MÉTIERS
construction - juillet-août 2016
DOSSIER
MARGE DE MANŒUVRE RÉDUITE Les exigences imposées aux entreprises de construction se multiplient. En conséquence, 1% 7% la marge de manœuvre de ces dernières se réduit. Les maîtres d’ouvrage procèdent, de Agriculture Services Construction Autres industries plus en plus, à une sélection qualitative de leur entrepreneur. En sus, nombreux sont les fournisseurs de matériaux à ne plus vouloir objectif ne sera atteint sans une forte réduction des émissions de livrer qu’à des installateurs ou placeurs certifiés. Ces exigences ne nos logements… ce qui n’est guère envisageable sans rénovations s’avèrent pas toujours justifiées. Parfois, elles ne sont que conséquence de la position dominante d’un producteur vis-à-vis d’une énergétiques de nombre d’habitations. Combien? En fonction du PME. Mais, même lorsqu’il existe de bons arguments justifiant scénario, les résultats oscillent entre 2,9 et près de 5 millions ! Le de telles exigences, il n’est pas toujours facile, pour une PME de la scénario reprenant l’estimation la plus basse part du principe qu’il construction, d’y satisfaire. serait préférable de démolir directement près de 2 millions de toits et de les remplacer par du bâti neuf écoénergétique. Les PME souhaitent maintenir un contact privilégié avec les clients, alors que les entrepreneurs escomptent garder le contrôle Soulignons, par ailleurs, que les ambitions continentales requièrent de leurs sources d’approvisionnement. La Confédération les aussi un energy shift vers une production d’énergie renouvelable. soutient dans la poursuite de cet objectif. Pour ce faire, quantité d’installations supplémentaires d’énergie renouvelable seront nécessaires. L’infrastructure pour le transport 300 MILLIONS M2 DE TOITURE À ISOLER ! énergétique devra, qui plus est, faire l’objet d’importantes adaptations. On l’a vu, la demande en travaux présentera une part croissante de rénovations. Ce segment d’activité progressera donc fort à Nos infrastructures et bâtiments publics constituent la troisième l’avenir… pour autant que les autorités se donnent les moyens source de besoins en construction. Depuis un quart de siècle, nos d’atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre en pouvoirs publics investissent trop peu –surtout en comparaison provenance du bâti. D’autres mesures de soutien devront être avec nos voisins. La Région wallonne a estimé à 5 milliards € la prises, comme celles visant à mieux soutenir les opérations de remise en état du réseau routier dont elle assume la responsabilité. démolition-reconstruction. Le non résidentiel devra, par ailleurs, Une extrapolation suggère que semblable approche exigerait, pour consommer moins d’énergie. En 2012, le Conseil de l’Isolation a les infrastructures de tout le pays, la bagatelle de 40 milliards €. estimé qu’environ 300 millions m² de toiture devront être isolés. Ce calcul incorpore les bâtiments publics et les voies hydrauliques, mais pas les chemins de fer et les aéroports. À cet égard, le principe d’Energy Services Company est plus qu’intéressant. Une ESCO préfinance les travaux de rénovation LE PROBLÈME DU FINANCEMENT énergétique et les fait exécuter. Les économies en coûts d’énergie On le voit : les besoins ne manquent pas. Se transformeront-ils remboursent de la sorte l’ESCO. Cela représente des opportunités en demandes? Tout dépend de la capacité de financement des pour les entreprises de construction, qui élargiront leur marché pouvoirs publics et des ménages. Pour notre secteur, le défi n’est en faisant la publicité du système ESCO, par exemple dans le cadre rien de moins que crucial. Les investissements publics réclament d’un partenariat avec une entreprise ayant ce label. une véritable révolution. Pas simple, au vu du mot d’ordre actuel centré sur les restrictions budgétaires ! Des solutions ont cepenLa construction neuve de logements connaîtra sa propre évoludant été analysées en détails dans le rapport d’étude 2014-2015 de tion. La tendance s’oriente vers une moindre taille du logement la Confédération. La Confédération travaille d’arrache-pied à leur et une augmentation du nombre d’appartements. Sans doute ce adoption et à leur application. Dans le même esprit, la solvabilité phénomène est-il, entre autres choses, lié à une hausse des prix des ménages doit être préservée tandis que se met en oeuvre une des terrains à bâtir, à un nombre sans cesse croissant d’isolés ou à politique favorisant l’accès au logement. des habitations compactes affichant généralement de meilleures performances énergétiques. ■ TOUJOURS PLUS D’EXIGENCES ! Associés à une colossale demande, les moyens limités conduiront à une concurrence accrue. Ce qui influencera immanquablement INFO les prix que les entreprises de construction factureront. Mais à l’avenir, de nouvelles exigences compliqueront encore la donne, jean-pierre.liebaert@confederationconstruction.be comme la qualité fournie par les entreprises de construction, la flexibilité face à la demande changeante, la créativité dans les
VOS INTÉRÊTS
Répartition sectorielle de l'emploi privé
solutions, la qualité de la main-d’œuvre et de la gestion...
Détachement et dumping social
Distorsion de la concurrence sur le marché de la construction Nos entreprises de construction pâtissent d’une rude concurrence des firmes étrangères. Ces dernières officient sur les chantiers avec de la main-d’œuvre détachée bon marché. Ce phénomène est, de surcroît, lié au dumping social. Restaurer une compétitivité saine passe par une thérapie de choc : une baisse des charges salariales de 6 € par heure pour les ouvriers du secteur. Pour rappel, la concurrence étrangère trouve son origine dans la libre prestation de services dans l’UE. Les entreprises étrangères qui détachent de la main-d’œuvre vers un autre État membre doivent respecter un noyau dur de conditions de travail. Elles ont, entre autres, trait au salaire minimum local, à la durée du travail, à la sécurité ou au bien-être. Toutefois, et cet élément est fondamental, tant que le détachement ne se prolonge pas au-delà de deux ans, les cotisations sociales sont payées dans le pays d’origine. Total ? La main-d’œuvre détachée des pays où les cotisations sont plus basses est meilleur marché. En fonction de l’État membre, les coûts salariaux sont parfois inférieurs de 20 %, voire de plus de 20%. Et comme le coût salarial des entreprises de construction belges représente 40 à 50 % du prix des travaux, le handicap concurrentiel s’avère très important, y compris quand les entreprises étrangères agissent en toute légalité. AMPLEUR DU PHÉNOMÈNE Entre-temps, 3,6 % de l’emploi total dans notre pays est occupé par de la main-d’œuvre détachée. En la matière, la Belgique trône en tête, sur le vieux continent. Dans le secteur qui est le nôtre, les détachements représentent aujourd’hui 41.000 équivalents temps plein (dans l’hypothèse où un détachement dure en moyenne 23 jours ouvrables). En 2011, le nombre d’ETP était encore de 16.000. En 2015, près de 400.000 déclarations LIMOSA ont été introduites pour des travaux dans la construction.
Autre constat : le nombre d’ouvriers dans les entreprises de construction belges a fortement reculé ces quatre dernières années. Elles ont perdu pas moins de 19.000 salariés depuis le début 2012, soit 9 % de l’emploi ouvrier. On note toutefois, dans le même temps, que les activités du secteur ont progressé de 4,3 %. Ces chiffres ne s’expliquent pas par une hausse de la productivité. Intervient, de toute évidence, un phénomène de substitution entre les deux formes d’emploi ; et il semble aussi que ce phénomène soit désormais structurel. Sur la base d’enquêtes menées par la Confédération auprès de ses affiliés, il apparaît qu’environ 80 % d’entre eux ont perdu des marchés au profit de concurrents étrangers, ces dernières années. Un cinquième d’entre eux a été contraint de licencier. C’est surtout la concurrence des pays non limitrophes qui se fait durement ressentir. La perte de chiffre d’affaires estimé a fait un bond de taille en 2015, passant de 10 à 15 %. De manière générale, les entreprises de construction redoutent que la concurrence des pays non limitrophes ne s’accroisse encore sensiblement à l’avenir.
22
construction - juillet-août 2016
CODE DE BONNES PRATIQUES DE LA CONFÉDÉRATION La Confédération estime que les maîtres d’ouvrage doivent devenir des partenaires dans la lutte contre le dumping et la fraude. Elle les invite donc (et en particulier les donneurs d’ordres publics) à adopter une démarche volontaire contre le dumping social, sous la forme de codes de bonnes pratiques ou de chartes, par l’insertion de clauses anti-dumping dans leurs cahiers des charges et par l’exercice d’un contrôle strict des offres et des conditions d’exécution des marchés. Dans sa lutte contre le dumping social et la fraude au détachement, la Confédération Construction a même rédigé une charte. Vous la découvrirez sur www.confederationconstruction.be. CONTRE LE DUMPING SOCIAL Il est, en réalité, question de deux phénomènes : du détachement légal, d’une part et du dumping social de la main-d’œuvre étrangère, d’autre part. L’un et l’autre requièrent une approche différente.
Le dumping social revêt de multiples formes. Il peut, par exemple, s’agir de fausse sous-traitance par des entreprises étrangères qui, en réalité, n’appartiennent pas au secteur. La mise à disposition illégale est également souvent utilisée. Et il existe, par ailleurs, des étrangers abusant du statut d’indépendant. Manière relativement simple d’accéder au marché belge de la construction, cet ultime procédé survient assez régulièrement. La Confédération a joué un rôle moteur pour la table ronde construction qui a clôturé ses travaux l’an dernier et à laquelle le secteur, les employeurs, le gouvernement et les administrations ont pris part. Elle a élaboré un Plan pour la concurrence loyale, lequel reprend un grand nombre de mesures contre le dumping social. Nous avons déjà détaillé le sujet dans Construction. À présent, la Confédération demande que le Plan soit exécuté rapidement. Et entièrement. ET LA CONCURRENCE ÉTRANGÈRE LÉGALE? La concurrence des sociétés étrangères oeuvrant légalement en Belgique ne peut s’entrevoir sainement que de deux manières. Soit elles paient ici les charges sociales des entreprises belges, soit les coûts salariaux de ces dernières baissent. La première option suppose une adaptation fondamentale du droit européen. Sauf
VOS INTÉRÊTS DOSSIER
LIBRE CIRCULATION DES SERVICES – En principe, les détachements sont par nature temporaires. En principe...
qu’aujourd’hui, cette adaptation ne dispose pas d’un soutien suffisant des États membres. Plusieurs pays arguent que cette solution entrave la libre prestation de services. En outre, les détachements sont, par nature et en principe, temporaires. Ce qui induit des problèmes juridiques. Le caractère temporaire n’ouvre, en effet, pas tous les droits aux prestations de sécurité sociale du pays d’accueil.
- Une exécution rapide et complète du plan contre le dumping social - Une baisse rapide du coût salarial dans les entreprises de construction de 6 € par heure
La Confédération se dit favorable à un vaste débat européen sur la libre prestation de services. Mais entre-temps, on connaît clairement les limites de l’intervention que l’on peut en attendre. En avril 2016, sous l’impulsion de la commissaire Marianne Thyssen, la Commission européenne a adopté le paquet mobilité. Celui-ci contient des mesures contre le dumping social mais ne donne lieu à aucune remise en cause des principes de droit consacrés dans les textes européens. Et ces principes constituent précisément une partie du problème…
Selon la Confédération, une baisse de 6 € par heure prestée serait le minimum. Elle serait, très probablement, suffisante pour donner à cet effet de levier une chance de fonctionner, même
Cette approche de principe du gouvernement a tout du positif. Ce qui l’est nettement moins, c’est la lenteur de son engagement en faveur d’une baisse des charges. Les 600 millions € dont question ne seront dégagés qu’après 2019. Beaucoup trop tard ! Et comme si ce train de sénateur ne suffisait pas, aucune concertation n’a été entamée par les cabinets des ministres concernés. En agissant de la sorte, le gouvernement donne l’impression de n’avoir pas réellement compris le problème. Ni sa gravité ! Dans un avis remontant à mars 2016, le Conseil national du Travail lui a toutefois rappelé l’importance de ce problème et les conséquences dramatiques de la concurrence déloyale et du dumping sur l’emploi et sur les PME de la construction. L’avis invite l’exécutif fédéral à accélérer autant que possible le tempo et, en tout cas, avant 2018, par le biais d’une réduction du coût salarial au profit des entreprises belges de construction. En la matière, la Confédération ne lâche pas le gouvernement d’une semelle. ■
INFO www.confederationconstruction.be
construction - juillet-août 2016
23
PROJETS & ENTREPRISES
6 € PAR HEURE En conclusion, seule une baisse du coût salarial soulagera le secteur. Impossible, en effet, de baisser les cotisations sociales au niveau de celles des pays aux coûts salariaux les plus bas ! Dans le même temps, une réduction du coût salarial doit aller suffisamment loin. À défaut, elle ne constituera pas un levier pour la compétitivité de nos entreprises de construction.
QUE RÉPOND LE GOUVERNEMENT? En octobre 2015, le gouvernement a juré avoir bien compris les exigences du secteur et entreprendre les efforts pour y donner une suite positive. Ainsi a-t-il mis sur la table 600 millions € pour une baisse spécifique des charges dans la construction. Il souhaite, au surplus, se concerter étroitement avec les partenaires sociaux sur la manière dont la baisse entrerait en vigueur.
SECTEUR & MÉTIERS
Quels changements accomplir?
si d’autres mesures devront entrer en ligne de compte dans le domaine de la productivité, de la qualité, de la formation des travailleurs, etc. La baisse demandée des charges salariales aura un coût pour les pouvoirs publics. Il conviendra dès lors de la financer. À cette fin, la Confédération a formulé des propositions équilibrées au fédéral.
Concertation sociale délicate
Un statut social (des ouvriers) de plus en plus en péril Le caractère payable du statut social des ouvriers de la construction est en péril. Qui plus est, la concertation sociale entre employeurs et travailleurs se heurte parfois à des accords délicats à trouver sur des questions fondamentales. En bref, le modèle social du secteur est sous pression ; et les PME en subissent les conséquences négatives.
QUESTION IMPORTANTE – Un ouvrier du bâtiment n’a pas, à proprement parler, un mauvais statut social. Mais comment pouvons-nous garantir en même temps sa protection sociale et assurer la viabilité financière du système ?
Le statut social des ouvriers de la construction et les avantages sociaux qu’il offre soutiennent la comparaison avec ceux d’autres secteurs. Cet élément n’est pas dénué d’intérêt dans l’attrait d’une bonne main-d’œuvre. En outre, ce statut social est, dans une large mesure, similaire pour toute la construction. Il gomme donc toute concurrence entre grandes et petites entreprises. De quoi offrir à nos PME davantage de chance d’occuper d’excellents travailleurs... SOLIDARITÉ Ce qui est typique de la protection sociale des ouvriers de la construction, c’est que la plupart des aspects font l’objet d’une solidarité. Toutes les entreprises contribuent au système en fonction de leur capacité économique. En contrepartie, elles y font toutes appel de la même manière. Cette approche présente des avantages tant pour les travailleurs, que pour les entrepreneurs, puisque le FSE Constructiv (le Fonds de sécurité d’existence) supporte certains coûts patronaux. Le paiement du salaire garanti en cas de maladie a été solidarisé, tout comme des aspects du chômage avec complément d’entreprise (RCC, l’ancienne prépension). En cas de RCC, le FSE Constructiv paie non seulement l’in-
24
construction - juillet-août 2016
demnité complémentaire pour les ouvriers, mais aussi la cotisation patronale sur cette indemnité. Enfin, le secteur prend à sa charge partie des coûts de formation des ouvriers du domaine. Les employeurs jouissent, par ailleurs, d’avantages indirects. Le secteur a obtenu qu’aucune cotisation patronale ne soit due sur les timbres intempéries et fidélité. Lorsque la réduction du temps de travail a été instaurée (dans les années 1980), le secteur a obtenu une exonération de cotisations patronales de sécurité sociale sur les indemnités allouées pour les jours de repos. DYSFONCTIONNEMENTS Instruments bien utiles, le statut social de l’ouvrier de la construction et la solidarisation ne peuvent toutefois voir leurs coûts exploser. C’est la raison pour laquelle les entreprises ont été responsabilisées -par exemple, en ce qui concerne le salaire garanti en cas de chômage économique. Les coûts, parmi d’autres, de la prépension ont cependant crû, ces dernières années. Afin de la rendre moins attractive pour les employeurs, le gouvernement a rehaussé la cotisation patronale. Mais dans la construction, c’est le Fonds qui prend cette cotisation en charge.
- Un statut social équilibré, mais aussi payable pour les ouvriers du secteur. - Que la concertation sociale entre employeurs et travailleurs soit remise sur les rails. - Une concertation sociale efficace, constructive et pragmatique.
L’effet de frein est donc restreint, tandis que la mesure occasionne des frais supplémentaires pour le Fonds. Une tâche difficile attend les partenaires sociaux : garantir à la fois la protection sociale des ouvriers de la construction et l’aspect payable du système.
On a d’abord craint le pire pour la construction. Mais grâce au lobby permanent de la Confédération, la proposition fédérale comprenait une exception pour la majeure partie des ouvriers du secteur. De ce fait, le nouveau statut unique s’avéra autrement plus digeste que prévu. A présent, il apparaît toutefois que l’harmonisation a été mal construite. Les répercussions risquent d’être d’envergure pour les entrepreneurs et, surtout, pour les PME de la construction. L’exception est supprimée et, à partir de 2018, les entreprises seront confrontées à des délais de préavis très longs pour leurs ouvriers.
On le sait : la concurrence étrangère pèse lourdement sur les entreprises de construction et en particulier sur les petites et moyennes. Alors qu’elles ont besoin de davantage de flexibilité, elles sont confrontées à des délais de préavis intenables, qui augmenteront sensiblement le coût des licenciements. Ce ne sont certainement
REPRÉSENTATION CONSTRUCTIVE DES TRAVAILLEURS Employeurs et travailleurs se concertent aussi au niveau de l’entreprise. En fonction de sa taille, celle-ci met sur pied un conseil d’entreprise, un comité pour la prévention et la protection au travail et/ou une délégation syndicale.
Dans ce domaine, la Confédération poursuit plusieurs objectifs. La concertation dans l’entreprise doit être efficace et axée sur la recherche de solutions. Le dialogue est aujourd’hui souvent lié à des charges administratives conséquentes qu’il importe de contenir. Les entrepreneurs ressentent aussi le besoin d’une approche plus pragmatique dans l’organisation du temps de travail, voulu plus flexible. Leur application est parfois limitée dans le temps et l’employeur doit systématiquement passer par toutes les étapes avec les travailleurs, même s’il ne souhaite qu’une prolongation du système. Un autre exemple est celui des heures AR 213, c’est-àdire les heures supplémentaires flexibles dont au moins 130 heures bénéficient d’un avantage fiscal. Dans les entreprises de construction sans délégation syndicale, les entrepreneurs souhaitant faire prester ces heures AR 213 un samedi ou voulant porter la limite à 180 heures par an doivent obtenir l’accord préalable des permanents syndicaux locaux. Il est capital d’accorder une plus grande souplesse aux entrepreneurs. La problématique de la fixation des jours de repos doit, à son tour, faire l’objet d’une évaluation. Il serait préférable que la commission paritaire fixe ces jours de repos durant la période de fermeture de fin d’année et laisse, pour le surplus, le choix à l’entrepreneur. PROTECTION CONTRE LE LICENCIEMENT Enfin, on peut se demander si la protection contre le licenciement des délégués et des candidats des travailleurs est encore raisonnable. En cas de licenciement, les indemnités s’élèvent parfois à deux, voire même à huit ans de salaire. Il est compréhensible que le législateur ait créé une certaine protection contre le licenciement. Si ce n’est que les règles en vigueur mettent en péril la survie même des PME et donc aussi de l’emploi lorsque la direction de l’entreprise est contrainte de rompre le contrat de travail d’un délégué, même si les motifs n’ont rien à voir avec des frictions survenues pendant le dialogue social. ■
INFO www.confederationconstruction.be
construction - juillet-août 2016
25
PROJETS & ENTREPRISES
ERREUR FONDAMENTALE La réforme du droit du licenciement de 2013 : voilà bien une occasion manquée d’aboutir à une modernisation équilibrée ! Si l’on note quelques avancées, notamment sur le plan du reclassement professionnel (outplacement) et de l’obligation de motiver les licenciements, la quasi-généralisation des périodes de préavis des employés à l’ensemble des travailleurs constitue une solution de facilité. Et une erreur fondamentale sur le plan économique, tant à l’échelon national que dans le contexte européen…
La période d’essai a été supprimée en 2013. Il n’est donc plus intéressant d’engager quelqu’un directement sur base d’un contrat à durée indéterminée et ce, même si, dans la construction, c’était la norme. Les entrepreneurs recourent à des moyens tels que le travail intérimaire, les contrats à durée déterminée ou encore les contrats à objet défini. La moitié des intérimaires de la construction ont moins de 30 ans. On peut en déduire que l’intérim est devenu un passage obligé pour décrocher un éventuel CDI. Une autre indication révélatrice concerne l’évolution de l’emploi salarié dans la construction. Auparavant, celle-ci reflétait la conjoncture. Ce n’est plus le cas depuis longtemps. En revanche, le travail intérimaire suit toujours les courbes de l’évolution.
SECTEUR & MÉTIERS
La réforme de la loi sur le licenciement est une erreur, tant à l’échelon national que dans le contexte européen
DES EMPLOYEURS PAS RAVIS NON PLUS ! L’harmonisation des statuts ne favorise pas les entrepreneurs. Mais il ne bénéficie pas pour autant nécessairement aux travailleurs.
DOSSIER
CONCERTATION SOCIALE TORTUEUSE Le modèle social souffre d’un second problème, les partenaires sociaux parvenant de plus en plus difficilement à un accord équilibré. L’harmonisation partielle du statut de l’ouvrier et de l’employé en illustre les conséquences. Au cours de la concertation interprofessionnelle, les partenaires sociaux n’ont pas réussi à s’accorder sur une proposition équilibrée. Le gouvernement fédéral a alors imposé, fin 2013, une harmonisation des délais de préavis et du jour de carence. La Cour constitutionnelle a jugé anticonstitutionnelles les différences entre ouvriers et employés.
pas les timides mesures de compensation desdits coûts qui changeront la donne.
VOS INTÉRÊTS
Que vise la Confédération?
Outils et action professionnelle
Favoriser la croissance et le développement des PME Les PME de la construction doivent transformer leurs opportunités en croissance. Sauf qu’entre le financement, l’accès parfois difficile aux marchés publics, la surcharge administrative ou les arriérés de paiement, la route est semée d’embûches. Aussi la Confédération mène-t-elle une action permanente visant à réduire les nuisances pour ses affiliés. Et elle met à disposition des outils simplifiant la gestion d’entreprise. Intitulée Financement des PME 2014, une étude réalisée à la demande du SPF Économie souligne que le financement des PME doit être une priorité du monde politique. Il revêt en effet une importance capitale pour les entreprises et, plus généralement, pour la croissance économique globale. De récentes statistiques suggèrent que l’accès au crédit ne pose pratiquement plus aucun problème pour les entreprises de construction. La Confédération émet de sérieux doutes à ce sujet. Les plus petites entreprises de construction se trouvent encore et toujours en position de faiblesse. Elles peuvent essayer d’y remédier en accordant de l’attention à la qualité et à la présentation de leur dossier de crédit. Recourir à un spécialiste externe peut s’avérer très utile, de même qu’une bonne communication avec le banquier. Mais, en soi, cela ne suffit pas. C’est la raison pour laquelle la Confédération formule des recommandations aux pouvoirs publics et au secteur financier (vous en trouverez une sélection dans l’encadré). GESTION DE LA TRÉSORERIE La Confédération a créé, pour ses affiliés, un grand nombre d’outils et de documents visant une gestion saine de la trésorerie.
RECOMMANDATIONS POUR OBTENIR DE MEILLEURES CONDITIONS DE CRÉDIT - Développer de nouvelles possibilités de financement axées sur les petites entreprises. - Renforcer le conseil lors de l’élaboration de la demande de financement. - Donner plus d’informations aux entreprises, en particulier sur leur rating. - Faire connaître les aides publiques et en stimuler le recours. - Surveiller et publier les tarifs pour le crédit de caisse. - Abaisser le montant minimum d’un straight loan. - Alléger les garanties au fur et à mesure du remboursement du crédit. SPÉCIFIQUEMENT POUR LA CONSTRUCTION - Déterminer avec justesse la valeur du matériel servant de garantie. - Pour les organismes de crédit, tenir compte de la situation concrète des entreprises de construction individuelles. - Pour les pouvoirs publics, prendre des dispositions pour favoriser l’escompte des factures aux meilleures conditions.
26
construction - juillet-août 2016
Celle-ci est en effet essentielle pour les entrepreneurs souhaitant garder leurs besoins en financement sous contrôle et, surtout, leurs besoins en crédit de caisse. Une entreprise qui paie ellemême toujours sans délai mais qui fait face à de nombreux paiements tardifs aura de plus grands besoins en financement. Faites donc la chasse aux mauvais payeurs et n’hésitez pas à demander des acomptes ! CALCUL DES PRIX ET SALAIRES EN RÉGIE Un entrepreneur fournit rarement deux fois le même service, raison pour laquelle il n’est pas simple de déterminer au préalable un prix de vente correct. À la demande du SPF Économie, la Confédération a rédigé un syllabus qui s’adresse aux candidats à l’examen pour l’accès à la profession. Un chapitre entier de ce syllabus est consacré à cette question cruciale. Rédigé par la Confédération à l’attention des candidats entrepreneurs, le guide reprend également ces informations relatives au calcul des coûts. Les membres peuvent d’ailleurs consulter ces documents sur le site www.confederationconstruction.be.
La loi interdit à la Confédération de publier des indications tarifaires ou des tarifs de référence. Comment détermine-t-on alors les salaires en régie? Pour ce point aussi, vous trouverez un outil pratique sur www.confederationconstruction.be. DES RÉVISIONS DE PRIX CORRECTES Mais malgré les outils de la Confédération, les pouvoirs publics ont encore du chemin à faire, notamment en ce qui concerne les révisions de prix. Les membres trouveront beaucoup de documentation sur le sujet, en consultant le site www.confederationconstruction.be.
Les formules de révision sont quasi systématiquement utilisées dans les marchés publics. Mais dans ce cas, c’est le donneur d’ordres qui définit la formule, laquelle n’est que rarement adaptée aux travaux spécifiques en question. Cela ne pose pas de problème si les prix de différents aspects du marché évoluent de manière synchronisée… ce qui n’est toutefois pas le cas à l’heure actuelle. Ainsi, une formule de révision générale mène aujourd’hui à une révision des prix négative qui ne reflètant pas toujours l’évolution des coûts de production pour les entreprises de construction.
INFO Vous trouverez le rapport annuel sur www.confederationconstruction.be.
Simplification administrative VOS INTÉRÊTS
C’est nettement mieux ! Mais pas encore assez simple… En 2014, le coût des charges administratives pour les entreprises a, selon l’Agence pour la simplification administrative, baissé d’environ 226 millions €. Dixit le Bureau fédéral du Plan, il s’élève cependant toujours à plus de 5 milliards €. Il y a donc encore du pain sur la planche... même si, entre autres grâce à la Confédération, de grandes étapes ont déjà été franchies.
LES CHARGES ADMINISTRATIVES DOIVENT BAISSER - La Confédération participe à la simplification administrative et défend les intérêts de ses membres. - Bonnes initiatives du passé : la Banque Carrefour des Entreprises, Formalis et les autres guichets d’entreprises... - La facture électronique est une opportunité pour les entrepreneurs. - Le principe Only Once doit se généraliser rapidement.
LA BANQUE CARREFOUR POUR SOURCE UNIQUE Avant 2003, chaque administration disposait de sa propre banque de données contenant les données de base des entreprises. Toutes ces informations sont aujourd’hui conservées dans une banque de données centrale, la Banque Carrefour des Entreprises (BCE). Celle-ci rend les services publics plus efficaces et facilite la vie des entreprises. À l’avenir, les administrations utiliseront la BCE en tant que source authentique, la loi Only Once les y obligeant. DES GUICHETS D’ENTREPRISES… ET FORMALIS ! Les guichets d’entreprises ont vu le jour en 2003, en même temps que la Banque Carrefour des Entreprises. L’idée sous-jacente consiste à progressivement évoluer vers un guichet unique, c’està-dire un espace où un entrepreneur ou une starter remplit un maximum de formalités administratives pour plusieurs instances. En outre, bon nombre des services d’un guichet sont désormais fournis par e-mail. Il n’est donc plus nécessaire que l’entrepreneur se déplace. La Confédération a, par ailleurs, fondé un guichet d’entreprises avec les confédérations locales : Formalis.
La fédération professionnelle accompagne ce processus. Elle siège au comité de direction de l’Agence pour la simplification administrative (ASA). Celui-ci conseille, formule des propositions, rend des avis et contribue à l’exécution des missions de l’ASA.
Une enquête de la Confédération a montré que, dans l’ensemble, ses affiliés approuvent la facture électronique. Leur intérêt pour cette voie est même grand, en dépit d’une attitude quelque peu attentiste. Moins de la moitié d’entre eux se sentent concernés par les solutions de pointe pour des factures électroniques. Certes, le lien automatique avec les paiements et données s’y rattachant suscite plus d’intérêt. Mais il ne se traduit guère, là non plus, par des actions concrètes. ■ Info: Pour plus d’informations sur l’e-facturation, consultez notamment www.efacture.belgium.be.
construction - juillet-août 2016
27
PROJETS & ENTREPRISES
UNE FOIS, PAS PLUS ! Vous avez déjà connu cette situation : vous remettez des données à propos de votre entreprise à une administration avant qu’une autre administration ne vous demande les mêmes infos. Les autorités entendent mettre un terme à cette pratique au moyen de la loi Only Once, du 5 mai 2014. En application de cette loi, une entreprise ne transmettra désormais des informations qu’une fois. La loi encourage en outre l’utilisation de formulaires électroniques en leur accordant la même valeur qu’à leur équivalent papier. Dans la pratique, l’application de cette loi est malheureusement encore loin d’être parfaite.
Si la facture électronique n’est pas obligatoire, elle devrait tout de même, selon toute attente, s’imposer d’elle-même. À en croire l’Agence pour la simplification administrative, près de la moitié des factures ont été envoyées par voie électronique, en 2014. L’email s’est, sans surprise, avéré la méthode la plus utilisée.
SECTEUR & MÉTIERS
LA FACTURE ÉLECTRONIQUE, TROP PEU UTILISÉE Entre-temps, les factures papier et électroniques sont traitées sur un pied d’égalité. Ce qui balaye les objections juridiques à l’encontre de la facture électronique... Un entrepreneur peut donc établir, envoyer, recevoir et archiver des factures électroniques, par exemple à l’aide d’un logiciel bureautique ordinaire. La facture électronique n’est d’ailleurs pas uniquement destinée aux transactions entre entreprises : elle peut aussi être envoyée à des consommateurs. DES PILES DE PAPIER – La loi Only Once devrait réduire la paperasserie. Mais l’application est encore loin de donner entière satisfaction...
DOSSIER
Les petites et moyennes entreprises doivent accorder tellement d’attention aux formalités administratives qu’il leur est souvent difficile de se concentrer sur l’essentiel de leur métier. Certaines mesures des précédents gouvernements ont permis, au cours de la période 2008-2014, de réduire les charges administratives liées à la législation fédérale de près de 1,25 milliard €, dont 65 % environ au profit des entreprises. L’accord gouvernemental de la majorité actuelle fixe un objectif de réduction des charges de l’ordre de 30 % au cours de la législature.
La qualité
Un atout indéniable pour la compétitivité des PME Dans divers rapports d’études, la Confédération a déjà souligné l’importance de la qualité pour les entreprises de construction. Il ne s’agit pas seulement de la qualité du travail ou du service fourni, mais aussi de la qualité de la gestion d’entreprise sous tous ses aspects : gestion du personnel, politique financière, politique commerciale, satisfaction client... La qualité est une manière essentielle de se distinguer de la concurrence, d’assurer sa santé financière et de connaître une croissance. Le secteur de la construction stimule la qualité de diverses manières. Il défend un accès efficace à la profession, à même de protéger le consommateur. Le label de qualité Construction Quality a été créé sous l’impulsion de la Confédération. Les centres de recherche sectoriels comme le CSTC et le CRR mettent des informations techniques à disposition, étudient les meilleures méthodes d’exécution, analysent des innovations, donnent des avis à propos de problèmes de la construction, lancent même des projets de recherche... Le ffc Constructiv (le Fonds de formation professionnelle) soutient, avec les confédérations régionales et locales, les efforts de formation des entreprises de construction.
Chaque année, un tiers des ouvriers quitte les entreprises de construction comptant 1 à 5 travailleurs. Dans le même temps, elles représentent 40 % de tous les ouvriers de la construction qui entrent dans le secteur de la construction. Le défi à relever est donc triple. Il faut garder les connaissances à jour, compenser la perte de connaissances quand quelqu’un quitte l’entreprise et,
LES FORMATIONS EN FORTE CROISSANCE Des résultats excellents sont enregistrés à ce niveau. Sur la base des données du ffc Constructiv, il apparaît que le nombre d’heures de formation pour les entreprises de construction a doublé en moins de 10 ans. Le nombre d’entreprises de construction y prenant part a, lui aussi, plus que doublé au cours de cette période. Sur les six années académiques de 2008-2009 à 20142015, 100.000 ouvriers de la construction ont suivi une formation.
Et les petites entreprises comptant 1 à 5 travailleurs ? Là aussi, le nombre d’entreprises organisant des formations augmente. Mais elles restent encore sous la moyenne. Seuls 11 % d’entre elles organisent des formations, soit moins que pour les autres tailles d’entreprises. Dans ce domaine, le secteur doit encore fournir des efforts, car ce sont précisément les plus petites firmes qui sont confrontées à une forte rotation du personnel.
Rien de moins qu’une quatrième révolution industrielle en vue Les experts s’attendent, dans les cinq prochaines années, à la percée de trois technologies : l’Internet des objets, le Building Information Modeling (BIM) et, enfin, la robotique et l’industrialisation. Celles-ci auront l’effet d’une quatrième révolution industrielle pour le secteur de la construction. L’idée sous-jacente à l’Internet des objets repose sur le fait que des objets équipés d’une puissance informatique peuvent devenir des entités sur Internet. Ils peuvent y trouver des informations et communiquer entre eux et avec les hommes. L’intérêt pour le secteur illustre par la capacité de ces objets à rendre les bâtiments davantage écoénergétiques.
28
construction - juillet-août 2016
CONSTRUCTION QUALITY – Le label stimule la qualité au sein des entreprises de construction et les pousse à se différencier de la concurrence.
enfin, amener l’important flux de nouveaux travailleurs au niveau souhaité. Ce qui est difficile sans formations adaptées... L’ACCÈS À LA PROFESSION EN TANT QU’INSTRUMENT DE QUALITÉ Une PME à la recherche de qualité a besoin de compétences professionnelles mais aussi de compétences entrepreneuriales, une réalité reconnue de longue date tant par les autorités que par le secteur de la construction. C’est dans cette optique qu’a été adoptée la loi sur l’accès à la profession réglementant un certain nombre d’activités et qui soumet les indépendants et les PME à certaines exigences préalables à l’exercice d’une activité réglementée.
Le monde politique avait ou a, à ce sujet, des sentiments partagés. Les politiques se demandaient si la réglementation ne compliquait pas la création d’entreprises. La Confédération a défendu l’accès à la profession, qui occupe une place importante dans notre secteur. Cette réglementation contribue à la qualité du service et donne un meilleur aperçu des risques liés à une activité réglementée. En 2007, une nouvelle loi, simplifiée et modernisée, est entrée en vigueur. Elle est essentiellement le fruit de la collaboration entre la Confédération Construction, ses fédérations et le cabinet de Sabine Laruelle, la ministre des Classes moyennes et des PME de l’époque.
VOS INTÉRÊTS
FORMATION - Compte tenu de la forte rotation du personnel dans les petites structures, il est difficile de maintenir les connaissances au sein de l’entreprise. La formation est donc essentielle !
LABELS DE QUALITÉ Les labels de qualité complètent la loi sur l’accès à la profession. Ils doivent toutefois répondre aux conditions. Ils doivent avoir une plus-value, les coûts doivent rester sous contrôle et les critères doivent être équilibrés et tenir compte des entrepreneurs. La confusion d’intérêts et les approches purement commerciales ne sont pas admissibles.
Entre-temps, un label répondant à toutes ces conditions a été créé sous l’impulsion de la Confédération : Construction Quality. SOUTIEN TECHNIQUE ET TECHNOLOGIQUE Tous les métiers de la construction sont concernés par les évolutions technologiques. Le Forum Construction 2016 l’a bien montré : on ne peut pas opposer métiers de la tradition et métiers de demain. Dans la construction, les métiers de l’artisanat comme les métiers plus industriels sont concernés par l’innovation et le développement technologique.
UNE VASTE PALETTE DE SERVICES Décrire ici pleinement l’importance du CSTC et du CRR pour les entreprises de la construction relève de l’impossible : leur éventail d’activités est bien trop grand. Nous n’en relevons donc, ci-après, que quelques aspects.
- Informations fiables. Un entrepreneur doit pouvoir s’appuyer sur les infos les plus complètes possibles, validées par des sources indépendantes et fiables disposant des connaissances approfondies requises. Dans ce domaine, les centres sectoriels jouent également un rôle clé avec des notes d’information technique, des fiches infos pratiques, des dossiers complets, les sites web respectifs... Ils collaborent souvent à la diffusion d’informations avec des partenaires comme la Confédération Construction, les confédérations régionales et les confédérations locales. - Antennes-normes du CSTC. Avec le soutien du SPF Économie, le CSTC a créé plusieurs antennes-normes pour donner, à l’ensemble du secteur de la construction et surtout aux PME, des informations sur les normes relatives aux produits, calculs et tests qui existent ou sont en préparation aux niveaux national et européen. - Soutien à l’innovation. Les centres de recherche sont, en outre, ouverts aux questions des entreprises de construction individuelles et apportent leur soutien dans la recherche de solutions innovantes. ■ Info: www.cstc.be – www.ocw.be – www.constructionquality.be
construction - juillet-août 2016
29
PROJETS & ENTREPRISES
La Confédération Construction et ses fédérations professionnelles jouent aussi un rôle dans l’avancée technologique du secteur. Elles soutiennent des projets dans ce domaine et font circuler les informations utiles. Leur participation au fonctionnement des centres de recherche sectoriels, comme le CSTC et le CRR, s’avère aussi un point fondamental.
- Avis technique. Tout entrepreneur s’efforce, dans une large mesure, de travailler avec les derniers matériaux et les techniques les plus modernes. Mais la réglementation change constamment tandis que les exigences des clients, en termes de confort par exemple, sont de plus en plus élevées. Parallèlement, le besoin d’assistance technique adéquate augmente en permanence. Ce qui rend la diffusion rapide d’informations adaptées et correctes tellement importante... Les centres sectoriels disposent de départements chargés de rendre des avis techniques. Ce sont des lieux où les recherches sont transformées en prestations de services personnelles dans les sous-secteurs de la construction.
SECTEUR & MÉTIERS
La fiabilité est, par ailleurs, une caractéristique essentielle. Le contrôle doit donc être mené par une organisation fiable, indépendante et dotée de l’expertise nécessaire. La Belgian Construction Certification Association (BCCA) en constitue un bon exemple. Celle-ci s’est développée sur base d’un partenariat entre SECO, le bureau de contrôle chargé de surveiller la qualité des travaux de construction et le CSTC.
-Comités techniques. Au comité technique des centres de recherche, siègent des représentants d’un ou plusieurs métiers de la construction ainsi que d’autres experts du secteur. Le président est toujours un entrepreneur. Les comités donnent une direction au travail de recherche et veillent à ce que les centres analysent des problèmes pratiques auxquels les professionnels sont confrontés. De plus, ils définissent leurs besoins en informations, publications, documents à caractère normatif, etc.
DOSSIER
Selon une enquête menée par la Confédération Construction Wallonne (CCW), la nouvelle réglementation donne satisfaction. Il reste toutefois deux points d’attention. La réglementation a maintenant été régionalisée, mais les entrepreneurs souhaitent une uniformité au-delà des frontières régionales. Un autre point faible ? On ne vérifie pas systématiquement si les entreprises étrangères satisfont aux conditions.
Formalis
votre tremplin pour une gestion sans soucis
Vous démarrez ou gérez déjà une entreprise de construction? Faites confiance à Formalis : > pour accomplir vos formalités administratives. > pour l’inscription et les modifications dans la Banque Carrefour des Entreprises. > pour notre expertise et notre connaissance de la construction.
formalis.be 30
construction - juillet-août 2016
guichet d’entreprises
VOS INTÉRÊTS
EN BREF... Protection contre la charge psychosociale et le harcèlement Suite à des remarques d’inspecteurs du Contrôle du Bien-être au travail, la Confédération a légèrement adapté sa procédure d’intervention en matière de charge psychosociale et de harcèlement. D’une part, il a été immédiatement souligné que l’aspect collectif des conséquences de la charge psychosociale n’était pas suffisamment abordé. D’autre part, la Confé-
dération continue d’opter pour une procédure d’intervention compacte et accessible, de sorte que tous les travailleurs puissent prendre connaissance d’une manière compréhensible des possibilités d’assistance en cas de charge psychosociale accrue ou de harcèlement.
Un symposium royal pour l’alternance
DOSSIER
Le 25 mai, la CCBC et la CCW ont eu l’occasion de présenter, lors du symposium royal, leur vision commune de l’enseignement et de la formation en alternance. C’est avec un vif intérêt que sa Majesté le Roi, ainsi que l’ensemble des ministres compétents et des participants ont pu prendre connaissance de cette vision et en débattre. En conclusion du symposium, la ministre de l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a présenté les actions pilotes qui ont été initiées par le secteur de la construction, notamment le projet pilote d’immersion en entreprise développé à Bruxelles.
Entrepreneur défaillant : conditions à respecter en cas de remplacement l’entrepreneur à ses risques et périls et sous l’éventuel contrôle ultérieur du juge. En effet, le maître d’ouvrage est tenu de respecter les droits de défense de l’entrepreneur : l’envoi d’une mise en demeure avec un délai raisonnable pour remédier, l’avertissement du remplacement effectif et un état des travaux, constaté contradictoirement.
SECTEUR & MÉTIERS
Dans le cadre des marchés privés, le remplacement d’un entrepreneur défaillant est en principe soumis à l’autorisation préalable du juge. Néanmoins, dans certains cas prévus contractuellement, comme un manquement grave, une défaillance flagrante ou l’urgence d’une solution rapide, le maître d’ouvrage peut procéder au remplacement de
Nouvelle prime aux camions peu bruyants et consommant moins Le gouvernement wallon a décidé d’octroyer une nouvelle prime à l’investissement pour les équipements visant à réduire la consommation d’énergie ou les émissions sonores des camions (boîtes de vitesse automatisées, systèmes de navigation intelligente, systèmes automatiques de pression des pneus, phares à LED, …). La prime concerne les véhicules
(prévus ou utilisés pour le transport de marchandises) de plus de 3,5 T (MMA). Les factures doivent être émises entre le 01/04/2016 et le 31/12/2016. Le montant maximum de la prime est limité à 2.500 € par véhicule, et à 15.000 euros par entreprise.
PROJETS & ENTREPRISES
Le vote du CoDT reporté à la mi-juillet Le 8 juin dernier, le parlement wallon a décidé de reporter à la mi-juillet le vote du CoDT (Code du Développement territorial, devant remplacer le CWATUPE). Les députés se donnent donc un mois de plus pour analyser l’ensemble des amendements déposés. Par ailleurs, une dizaine d’amendements ont été renvoyés devant le Conseil d’état. La CCW restera attentive à ce que les amendements déposés ne remettent pas en cause
la sécurité juridique à laquelle le gouvernement wallon est parvenu avec l’ensemble des acteurs. La CCW (en synergie avec l’UWA et l’UPSI) s’assurera que les revendications du secteur, pour accroître cette sécurité juridique et fluidifier davantage la délivrance des permis, aient été prises en compte dans les amendements.
construction - juillet-août 2016
31
Promotion des métiers
Building Heroes, le ludique village de l’apprentissage Près de 2.000 élèves de 6e primaires ont tâté des 33 métiers de la construction, un secteur « innovant ». Plein feux sur la magie ludico-didactique du Building Heroes 2016, bâti à Charleroi Expo, les 26 et 27 mai!
C
’était bien ! On apprend comment poser les briques. Plus tard, ça m’intéresserait d’en faire mon métier. Pour faire comme mon papa. »
Du haut de ses 12 étés et de sa 6e primaire, Julian ne tarissait pas d’éloges sur le Building Heroes Village implanté à Charleroi Expo, les 26 et 27 mai derniers. C’est qu’à l’instar de près de 2.000 congénères issus de toute la Wallonie, ce consciencieux élève de Sainte-Begge (Andenne) a tâté de la truelle. Et appréhendé le fameux panel des 33 jobs du secteur qu’il aurait peutêtre mis des lustres à découvrir sans l’initiative conjointe du Fonds de Formation professionnelle de la Construction (FVBFFC Constructiv), de la Cité des métiers de Charleroi, de la Confédération Construction Wallonie (CCW) et des Fédérations des métiers… UN FUTUR COUVREUR ? – Aucun de ces petits Wallons n’est tombé sur une tuile. Nombre d’entre eux en ont, par contre, posé.
En un joyeux brouhaha, les Djelina, Matheo (« Je voudrais être ingénieur en construction ! »), Emre et les autres ont, de stands en ateliers, joué aux mosaïstes, aux maçons ou aux électriciens quand ils n’ont pas carrément pris les commandes d’un engin de chantier. Mais Building Heroes, c’était aussi un jeu interactif (buildingheroes.be) via lequel nos jeunes bâtisseurs se sont glissés dans la peau de Max et Sophie, ces modèles en quête des bonnes pratiques de la construction. Et là encore, la sauce prit assurément, tant l’on entendit ces p’tits loups fournirent de justes réponses à l’animatrice.
Toucher, dès l’âge de raison, à des métiers en pénurie ENSEIGNEMENT – Fidèle à une habitude déjà bien ancrée, Marie-Martine Schyns a dit tout le bien que lui inspirait Building Heroes.
32
construction - juillet-août 2016
En un troisième volet, les deux journées conduisirent ces adultes de demain
sur un vrai chantier : celui d’une école de Marcinelle. Tout à la fois ludique et concret à l’instar de l’ensemble de l’événement, cet ultime moment se focalisa, par la grâce du CNAC (Comité national d’action pour la sécurité et l’hygiène dans la construction), sur la sécurité et le bienêtre dans le secteur –avec un concours à la clé. Campagne nationale bâtie depuis 2012, Building Heroes n’a jamais masqué son ambition : mettre à l’avant-plan la grande diversité de métiers « aux techniques pointures » et, singulièrement, ceux qui, Natacha Jérouville, la présidente FVB-FFC Constructiv l’a rappelé, s’avèrent « en pénurie ». Une manière, somme toute très logique, de vaincre, à terme, ce « fléau qu’est le dumping social »… « Enfant, j’aurais aimé venir à ce type d’événement ! », corrobora Alain Diseur, un président de la Cité des métiers de Charleroi conscient que « la vocation réside dans une découverte nourrie des cinq sens ». Même si, comme il l’admit sans
VOS INTÉRÊTS CONCENTRATION ET RIGUEUR – L’avenir dira si nos jeunes apprentis ont, oui ou non, une brique dans le ventre.
réserve en paraphrasant un vieil adage, « il reste du mortier sur la truelle ».
DOSSIER
DIVERSITÉ – C’est à une mosaïque de métiers que la jeune génération s’est essayée.
In fine, la ministre de l’Enseignement obligatoire Marie-Martine Schyns ne prétendit pas autre chose en louant ce Village où prime « le vivre, le toucher ». « Les élèves retournent chez eux avec regard différent sur les métiers de la construction. Cela leur ouvre des portes afin qu’ils deviennent, demain, les atouts de leur entreprise », se félicita-t-elle avant d’assurer que le dumping social était « âprement débattu » au sein de la commission européenne. Avec directive en vue ?
SECTEUR & MÉTIERS
En principe, la version 2017 de cette double journée prendra ses quartiers du côté de la cité ardente. Parce que tant pour les petits Liégeois que leurs homologues carolos de cette année, « l’important, c’est d’essayer ». N’est-ce pas Emre ? n
PLAISIR – Après la concentration, Emre a manifesté sa satisfaction d’avoir mis la main à la pâte.
PROJETS & ENTREPRISES
DÉCOUVERTE POUR TOUT LE MONDE – Hé oui ! Demain, le métier se sera encore davantage féminisé.
DÉTACHEMENT – Natacha Jérouville a insisté sur l’indispensable lutte contre ce « fléau qu’est le dumping social ».
construction - juillet-août 2016
33
Détachement des travailleurs
Vers une seule boîte à outils contre le dumping social ? Responsable de la perte de plus de 20.000 emplois dans la construction entre 2011 et 2015, le dumping social se combat. Et d’autant plus qu’entre avril et juin sont nés deux outils allant dans le même sens… • Un guide pratique de 57 pages • Des modèles directement applicables (de cahier des charges, de clauses spécifiques, voire de courriers ou de PV de manquement, etc.) • De pratiques documents de référence (salaires horaires, coordonnées utiles…) D’un usage quasi immédiat, la boîte antidumping social s’ouvre sur www.notreregion.be.
DUMPING – Ce fléau crée encore de nombreux dégâts au sein des métiers qui sont les nôtres.
E
laboré avec l’appui de la CCW, l’officiel Guide wallon anti-dumping reprend nombre d’extraits de clauses de cahiers de charges. In fine, cette mesure du gouvernement wallon oblige l’entrepreneur principal d’un chantier X et tous ses sous-traitants à signer une déclaration solennelle sur le respect de l’ensemble des dispositions (sous-traitance, emploi des langues, logement, rémunération, emploi, etc.). À défaut, ceux-là risqueront qui des pénalités, qui une exclusion pure et simple du marché. De son côté, le pouvoir adjudicateur est prié d’opérer une série de vérifications.
Le 1er juin, c’est une boîte à outils antidumping social que le Comité de développement stratégique de la région de Charleroi et du Sud Hainaut, Igretec, les FGTB, CSC et CGSLB, Agoria, de UCM, des villes et communes, d’entreprises et la Confédération ont sorti de leur chapeau. Voué à limiter le recours abusif à des ouvriers détachés, cet outil-là veut aussi tout à la fois et assurer le respect du droit du travail, et donner, aux PME et TPE, un meilleur accès aux marchés publics et garantir le maintien du niveau de l’emploi. Pour ce faire, boîte à outils anti-dumping social comprend :
Directeur général de la Confédération Construction Wallonne (CCW), Francis Carnoy n’a pas manqué de donner son avis sur ce double emploi : « Igretec a, hélas, travaillé en solo. Si le contenu en est bon, il est toutefois bien différent de l’outil officiel du gouvernement wallon. Ce dernier s’avère une importante pièce du puzzle, dans la lutte anti-dumping. J’espère qu’un maximum de communes, villes et intercommunales se l’approprieront. À terme, la CCW demande néanmoins que tout se retrouve dans un seul et unique document ! » Et le directeur général de la CCW de conclure : « On pourrait même songer à aller un pas plus loin, en négociant un label des entreprises qui s’engagent à respecter leurs obligations en la matière. Enfin, il est essentiel de renforcer encore les contrôles sur chantier, de même que la lutte contre les prix anormalement bas. » n
UNE LUTTE ASSIMILÉE À UN ENJEU CRUCIAL ! En décembre 2015, la Confédération Construction Liégeoise (CCL) a lancé une Plateforme Citoyenne de Lutte Contre le Dumping Social afin de conscientiser un peu plus encore l’opinion publique à cette thématique. Si l’action a connu un certain succès, la Chambre de Liège constate néanmoins le manque d’écoute dont a fait preuve le monde politique à son égard. Après avoir consulté les partis politiques (majorité comme opposition des différents niveaux de pouvoirs), la CCL a bien dû constater que, jusqu’ici, son message n’avait pas eu l’écho escompté. Pourtant, les emplois se perdent toujours
34
construction - juillet-août 2016
par milliers, au sein de la construction. Selon les chifIl s’agit du nombre d’emplois perdus par le secteur depuis 2012 fres, le secteur a perdu la bagatelle de 20.300 emplois depuis 2012. Cette tendance, vertigineuse, frappe évidemment les entreprises de plein fouet. Selon les données du Fonds de Formation Professionnel pour la construction, leur nombre ne cesse de baisser.
20.300
Le Conseil National des travaux de Toiture et d’Etanchéité vous invite à son
VOS INTÉRÊTS
z erve Rés ate la d
VENDREDI 25 NOVEMBRE 2016 ■ Le salon professionnel et l’événement de réseautage par excellence au Benelux pour les couvreurs, entrepreneurs d’étanchéité, fabricants, architectes, prescripteurs et professions du secteur de la toiture.. ■ Dans les halls spacieux du Brussels Kart Expo de 10h00 à 20h00. ■ Accès gratuit à plus de 120 stands. ■ 3.400 visiteurs en 1 journée.
DOSSIER
■ Ambiance conviviale avec boissons et buffets gratuits. Pour de plus amples informations et inscriptions pour cet événementunique, contactez steve.caufriez@confederatiebouw.be.
Plus que quelques stands disponibles organisation:
www.belgianroofday.be partenaire médiatique:
une initiative de:
Roof
SECTEUR & MÉTIERS
trouver un bon homme de métier, c’est déjà un métier. Chez Randstad Construct, vous pouvez compter sur un afflux constant de candidats dans les spécialités les plus variées : gros oeuvre et finitions, chauffage et sanitaire, menuiserie, voirie, dragage etc. Les consultants de nos agences Randstad Construct, eux-mêmes spécialisés, sont garants d’une sélection rigoureuse. Tous nos intérimaires reçoivent
Plus d’infos sur nos agences Randstad Construct sur randstad.be/construct et sur www.randstadprofessionals.be
Randstad Belgium sa, W.INT.017/W.RS.17 - 00256-406-20121120, 00256-405-20121120 - Randstad Construct sa, W.INTC.001/W.RSC.1, 00257-406-20121120, 00257-405-20121120 - Randstad Professionals sa, W.RS.332, 00249-405-20121119, BE 465 925 246/04.28.01 Galilei sa, W.SO.196, 00255-405-20121120 - Randstad Secrétariat Social asbl, ESS600-secrétariat social agréé d’employeurs asbl, légalement reconnu par arrêté ministériel du 4-7-46 (M. B. 2-8-46) sous n°600
RAN31342 Ann Construction 140x210mm NLFR 3.indd 2
04/03/13 17:24
construction - juillet-août 2016
35
PROJETS & ENTREPRISES
par ailleurs une formation complète en matière de sécurité. Enfin, Randstad Construct, c’est la garantie que l’homme de métier que vous cherchez est opérationnel dans les plus brefs délais.
Vingt ans
De si précieuses PERLE… Unies dès 1996 pour renforcer leur statut de conjointe aidante, de femme ou de fille d’entrepreneur, les Professionnelles Et Responsables dans Leur Entreprise sont incontournables au sein de leur société. Retour sur les 20 ans de l’ASBL, avec Nadine Palm, leur présidente.
J
’ai d’abord fait partie du groupe de Verviers qui, une fois par mois, organisait des formations. De fil en aiguille, je me suis davantage investie. »
Présidente motivée et dynamique des PERLE verviétoises depuis 2011, Nadine Palm a « repris le flambeau » des destinées nationales de ces dames de la construction en 2014. C’est donc tout naturellement que cette gérante des sociétés de son époux Benoît Palm, BEPA Construction (maçonnerie) et Roben Construction (bétonnage) revient sur l’origine de ces regroupements féminins encore trop méconnus : « À la base, les femmes nous rejoignent pour se tenir au courant de tout ce qui se passe dans le domaine. On y parle sans tabous. On y évoque, en toute convivialité, les questions fiscales, administratives, sociales et techniques ».
NADINE PALM – La présidente ne manque pas d’ambition pour ses PERLE.
D’où l’idée a-t-elle germé ? « De femmes françaises du bâtiment qui, il y a 20 ans, avaient invité leurs homologues de la Confédération Construction », résume Nadine Palm. « À l’époque, celles qui travaillaient avec leur mari n’avaient aucun statut. Les conjointes aidantes n’étaient considérées que comme des petites mains, alors même que nos carrières vont de 25 à 70 ans… » À l’origine de l’essentiel réseau, on retrouvera Bernard Sacré (le défunt époux de Colette Golinvaux et jadis président de la CCW), Colette Golinvaux elle-même (aujourd’hui présidente de la Confédération) ou Nathalie Bergeret, l’actuelle directrice emploi-formation-communication de la CCW. Très vite, la « toile d’araignée » tissée de Bruxelles se déploiera en Wallonie (à Mons, Le Roeulx, Verviers, Charleroi, Liège et Libramont). Construites autour des « notions d’entraide et de reconnaissance », ces réunions mensuelles relevaient de l’absolue nécessité du partage d’infos.
TRANSMISSION – Grâce aux infos du groupe, la pérennité de l’entreprise Halleux est assurée.
36
construction - juillet-août 2016
UN STATUT SOCIAL… ET DES FORMATIONS CONTINUES ! La plus grande victoire de ces dames remonte assurément à 2002, cette année qui, pour reprendre les mots de Nadine
VOS INTÉRÊTS
« JE N’IMAGINERAIS PAS LES QUITTER ! »
de songer à des lendemains meilleurs encore : « À mon avis, on pourrait être cinq fois plus ! », estime celle qui s’attache à amplifier l’écho d’un « engouement fédérateur », jusqu’ici curieusement circonscrit à la seule Wallonie – « Une de mes espérances, c’est de voir se créer un pen-
dant flamand et d’étendre ce magnifique réseau ». n Infos : www.perles.be et sur leur page Facebook.
PROJETS & ENTREPRISES
Le 17 juin dernier, quelque 300 PERLE se sont réunies autour des six présidentes quiUneles ontpourguidées. d’un walinitiative le bien-être deL’euphorie tous king dinner et d’une soirée dansante n’a pas empêché leur présidente en exercice
ÉCHANGES – Pour Karine Geron, la motivation passe aussi par ces réunions mensuelles de la gent féminine de la construction.
SECTEUR & MÉTIERS
Palm, les vit conquérir « reconnaissance chez les entrepreneurs, statut social et fiscal, droit à la pension et accès au congé de maternité pour les conjointes aidantes ». Si l’ASBL connut, au lendemain de ce triomphe, un léger coup de mou, elle compte aujourd’hui une bonne centaine d’inconditionnelles, désormais arrimées à cinq ancrages locaux. « Nous sommes indispensables du côté de l’administratif qui, de nos jours, a autant d’importance que le travail sur chantier », estime l’ex-graphiste. « C’est une chance, pour nous qui sommes pleinement impliquées dans nos entreprises, de pouvoir nous rassembler, nous informer, nous épauler, etc. Dans le domaine qui est le nôtre, tout change vite et pas souvent au profit d’une gestion plus facile. Les défis y sont nombreux, autant que les difficultés en tout genre qui font notre quotidien. Les réunions permettent d’élucider des questions simples, de réfléchir à des sujets plus ardus, d’échanger nos points de vue, nos expériences et situations professionnelles. Le tout, dans la bonne humeur… Pour toutes ces raisons, les réunions PERLE ont une importance réelle. »
DOSSIER
Dans le zoning des Plenesses (Thimister), Arlette Halleux gère, avec son mari, les charpentes du même nom. Les PERLE, elle les connaît depuis 1996. Et si elle n’a épousé leur trajectoire qu’en 2000, depuis, elle ne les lâcherait pour rien au monde. « Il y a la convivialité. Et on y aborde tous les thèmes importants. On s’échange des petits trucs, on partage nos expériences, nos difficultés. » Grâce aux PERLE, les Halleux ont préparé la transmission de leur société à leurs quatre enfants, ont suivi une formation portant sur la pension pour les indépendants ou ont reçu toutes les informations en matière d’aide à l’emploi. Une ambiance et une source d’infos dont Arlette Halleux n’imaginerait pas un instant s’éloigner. Karine Geron non plus d’ailleurs ! Naguère logopède, cet enthousiaste témoin aide son époux, Christophe Geron à gérer son entreprise de terrassements et aménagements extérieurs. En vantant, à son tour, les mérites de ces PERLE qu’elle fréquente depuis huit ans : « Chacun est à l’écoute, sans juger quiconque. La majorité d’entre nous a une formation étrangère au milieu de la construction ou à la gestion d’entreprise. Il a donc fallu apprendre sur le tas. Le groupe forme et informe. Sur les actualités fiscales et sociales, sur la TVA, sur la façon de rédiger une facture… Se retrouver avec des membres ayant suivi le même parcours que le nôtre et rencontrant les mêmes problématiques nous aide, nous apporte du soutien et nous pousse à toujours vouloir nous informer davantage. »
VINGT ANS - Nathalie Bergeret (à l’arrière-plan) et les six présidentes de l’ASBL, lors de la soirée anniversaire…
construction - juillet-août 2016
37
Exportation
La CCW et l’Awex favorisent votre ancrage à l’international Construction de juin revenait sur le salon Wallonia Export-Invest Fair. Mis sur pied par l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex), le WEIF permit à la Confédération Construction Wallonne (CCW) d’aborder l’exportation sous divers angles. Une aventure d’autant plus excitante que leurs outils et Incitants n’attendent que vous…
WEIF – Lieu de passages et d’échanges, les stands favorisent l’implantation des participants. Ce dont l’Awex a pleinement conscience. Et vous ?
L
es entreprises européennes profitent de la législation relative aux déplacements des biens, services et personnes pour s’ouvrir à l’étranger. Chez nous, la CCW et l’Awex (aux Incitants réformés et réduits à cinq, depuis le 1er janvier 2016) n’ont de cesse que de vous y encourager. De par sa nature, la construction s’apparente à une exportation de services. Ce qui implique moult démarches administratives, contraignantes mais loin d’être insurmontables. Elles le sont d’autant moins que la CCW les regroupe en une série de documents (principalement orientés vers les pays limitrophes), centrés sur les obligations liées au détachement de personnel, aux assurances, à la fiscalité (TVA, impôt des sociétés), aux compétences professionnelles, etc. ACCOMPAGNEMENT « PERSONNALISÉ » Non contente d’avoir lancé 180 actions dans 49 pays en une décennie, l’Awex (et ses quelque 100 attachés économiques et commerciaux) a, de son côté, joué la carte de la « simplification administrative », à l’entame 2016. « En dehors des salons que nous organisons, les sociétés sont libres
38
construction - juillet-août 2016
BUSINESS – Gageons que maints contrats se concluent lors de salons tels que le récent WEIF.
de contacter le réseau, qui travaille avec environ 20 secteurs » (dont la construction n’est pas le moindre), rappelle Fabio Mauro. C’est que le directeur Europe occidentale de l’Awex n’est pas peu satisfait de la « réforme » effective depuis le 1er janvier 2016… « Nos 15 incitants d’antan, à savoir des subsides sans remboursement, ne sont plus que 5. Ils collent à chaque étape de l’émergence d’une entreprise à l’étranger. Notre offre s’en trouve simplifiée, plus lisible, transparente et basée sur la confiance », explicite Marie-Christine Thiry, la directrice de ces Incitants financiers que structurent les www.awex.be et www.investinwallonia.be. Comment se goupille cet « accompagnement à l’international renforcé et personnalisé » ? 1 Consultance : des spécialistes en commerce extérieur, en webmarketing et/ou en design d’exportation vous aide dans la définition de votre stratégie. Pour les PME wallonnes fabricantes et/ou prestataires de services, l’Awex intervient pour 50 % dans les honoraires de l’expert. Avec un plafond de 25.000 € sur 3 ans, par PME ; et de 37.500 €, sur 3 ans, pour les starters.
2 Communication : brochures, vidéos ou insertions publicitaires dans revues professionnelles. Conception et production sont payés, pour moitié, par l’Agence. Plafond, par entreprise, de 10.000 € sur 3 ans. Maximum de 15.000 € pour les starters. 3 Foires professionnelles à l’étranger : l’Awex propose deux formules. La première paie 50 % de la location d’un stand de 6 à 50 m2 (avec un maximum de 200 €/m2). La seconde propose un bonus (50 % de la location + 50 % des frais de séjour d’un délégué de l’entreprise) pour les PME qui en sont à leur première participation à un salon. Plafond de 50.000 € sur 3 ans, par entreprise ; de 75.000 €, sur une période similaire, pour les starters. Des exemple, entre cent, de salons où l’Awex met nos mérites sur le pavois ? Le Carrefour du bois (Nantes, du 1er au 3 juin dernier), l’incontournable Batimat (Paris, où 340.000 professionnels se côtoient, du 6 au 10 novembre 2017) ou l’essentiel Construmat (Barcelone, du 23 au 26 mai 2017)… 4 Mobilité hors Union européenne : ce 4e support (tout neuf !) ouvre la voie à
5 Bureau de représentation commerciale hors UE : l’Awex intervient à hauteur de 50 % des frais forfaitaires « d’ouverture
et de fonctionnement » d’un bureau de représentation commerciale. La location prendra effet pour 12 mois consécutifs minimum. « C’est tout nouveau ; et nous sommes les seuls à le faire ! », se réjouissent nos intervenants, en évoquant aussi la formule incubateurs (l’octroi de 50 % du forfait pour une location entre 3 et 12 mois), si intéressante pour de petites boîtes. Enfin, toute entreprise peut encore solliciter l’Awex pour un coaching (gratuit) de 5 jours par an. Dispensé par 15 coaches agréées, ce soutien a déjà porté ses fruits auprès de quelque 200 PME, paraît-il satisfaites de l’offre dans 85 % des cas. Qu’attendez-vous encore ?
En tout et pour tout, l’Awex (dont toutes les procédures sont certifiées Iso 9001) dispose d’une allocation annuelle de quelque 8,2 millions. De quoi répondre à la bagatelle d’environ 400 demandes. Ah oui ! Celles-ci s’introduisent très simplement, via un formulaire électronique. « Et sans délais ! », insiste Marie-Christine Thiry. « La veille de l’événement, c’est encore bon. » Pour peu que son dossier soit accepté, le demandeur jouira probablement de son subside « dans le mois ». n
INFO salim.chamcham@ccw.be
DOSSIER
« ON FAIT TROP PEU APPEL À NOS SERVICES ! » En 2015, l’Awex avouait un fichier clients de 7.500 noms. Le volet Construction bâtiments n’en comprend que 875 ; les Matériaux, 509 ; et le Métallique, 300. Las ! Jusqu’ici, « on fait trop peu appel à nos services ! », martèle Fabio Mauro. C’est
VOS INTÉRÊTS
une étude de préfaisabilité d’un projet. « Nous intervenons, par pays, sur 4 voyages allers-retours d’une personne », note Marie-Christine Thiry. « Et, en plus, sur 3 invitations de prospects éventuels venant en Belgique. Ce qui est important pour la construction ! » Plafond de 6 voyages + 3 invitations + frais d’études exceptionnels de 25.000 € maximum. Prudence ! Appelé à séduire bien des firmes de notre secteur, ce critère ne s’applique toutefois en rien aux starters, ces PME immatriculées à la banque Carrefour depuis moins de cinq ans au moment de leur demande de subvention.
que, globalement, seuls 5 % des sociétés avaient quémandé de l’aide. A lire ces données, on comprend mieux le sens de la réforme en vigueur depuis janvier dernier.
UN FONDAMENTAL GAIN DE TEMPS
Contrairement à sa consœur, l’entreprise Stabilame (Mariembourg) ne connaissait guère les marchés qu’elle convoitait. Un lourd handicap qu’elle combla grâce et avec l’agence
PROJETS & ENTREPRISES
Si « ces aides sont bienvenues », l’entreprise doit avant tout son succès à un travail de grande qualité. « En grossissant le trait, le Grand-Duché peut être perçu comme un grand village », complète Günther Leufgen. « Les Luxembourgeois sont des clients très exigeants, à connaître et comprendre avant de s’implanter durablement sur ce marché. »
wallonne… Nathalie Lebrun, responsable communication chez Stabilame : « L’appui de l’Awex a été déterminant. Nous avons vraiment été bien entourés, dans les Vosges et en Loire-Atlantique (région de Nantes), principalement. Outre les traditionnelles aides/incitants dans le domaine publicitaire, ce sont surtout les attachés locaux e t le u rs co n n a i s s a n ce s des us et coutumes qui nous ont facilité le travail. NATHALIE LEBRUN – « L’appui de Leur mission consiste, par l’Awex a été déterminant. » exemple, à réaliser des études de marché au niveau local et à nous fournir un listing de clients potentiels. Cela va même plus loin puisqu’ils ont carrément organisé des rendezvous clients, en mettant leurs infrastructures à notre disposition, etc. C’est un peu comme si nous avions eu un service commercial sur place. Notre entreprise a gagné énormément de temps. »
SECTEUR & MÉTIERS
GÜNTHER LEUFGEN – « Les Luxembourgeois sont des clients très exigeants, à connaître et comprendre avant de s’implanter durablement sur ce marché. »
Outre des documents de la CCW, certaines firmes ont profité de l’encadrement de l’Awex. Un accompagnement salué par tous les bénéficiaires…. J.M. Leufgen A.G. - S.A et son gestionnaire, Günther Leufgen, incarnent parfaitement ce cas de figure. Exerçant principalement son activité au GrandD u ch é d e Luxe m b o u rg, l’entreprise a étendu sa visibilité en 2004, via à son site web, développé grâce à 10.000 €, alloués par l’Awex.
Et Stabilame d’avoir saisi l’opportunité à bras-le-corps ! L’entreprise namuroise de construction et fabricant de matériaux ne réalise-t-elle pas, désormais, 16 % de son chiffre d’affaires sur le territoire français ?
construction - juillet-août 2016
39
CSTC
Rencontre : Thomas Vandenbergh, président du nouveau Comité technique BIM & ICT Doucement mais sûrement, le secteur de la construction s’apprête à vivre une véritable révolution dans sa façon de travailler. Cette révolution, c’est celle du numérique couplé au ‘i’ informatif qu’on retrouve à la fois dans BIM (Building Information Modeling) et dans ICT (Information & Communication Technology). À la clef, un sérieux gain de temps et d’efficacité pour ceux qui auront ainsi systématisé leur organisation. Le CSTC a pris la mesure de cet enjeu en créant le nouveau Comité technique BIM & ICT– transversal car tous les métiers sont concernés – et en nommant à sa tête Thomas Vandenbergh que nous avons rencontré. Quel est votre objectif comme président du tout nouveau Comité technique BIM & ICT ? T.V. Le défi c’est de permettre aux acteurs de la construction de mieux travailler tous ensemble. La fragmentation des acteurs de la construction en Belgique – comme en Allemagne, mais moins qu’en France ou en Grande-Bretagne – n’est d’ailleurs pas la caractéristique du secteur. La caractéristique de la construction, c’est qu’à chaque projet, il y a une nouvelle organisation à mettre en place, avec de nouveaux intervenants, différents, à faire travailler ensemble pour un an ou deux. Cela demande une grande flexibilité. La technologie nous permet de générer une profusion d’informations, mais il faut encore pouvoir en faire le tri pour ne sortir que celles dont on a réellement besoin. Dès lors, l’objectif du BIM n’est pas tant de créer de l’information, comme en modélisation 3D, mais bien de la gérer : Qui doit donner quelle info à quel moment ? Quelle info est exploitable ou ne l’est pas ? Un exemple concret ? T.V. La qualité de l’information est définie par phase de projet : conception, construction, entretien… à chaque phase, le BIM vise la sortie d’une information de qualité. Par exemple, il est important au niveau de la conception de connaître la hauteur et le matériau d’un fauxplafond, plutôt que son calepinage qui est moins important. Les intervenants en techniques spéciales doivent en effet connaître la hauteur dont ils disposent pour faire passer les gaines. Autrefois, on recevait toute l’info en un paquet ou alors au compte-goutte, mais pas la bonne info au bon moment. Avec le BIM, on va dire :
40
construction - juillet-août 2016
Thomas Vandenbergh, docteur en sciences de l’ingénierie et BIM manager chez Besix.
Il me faut ces trois infos-là à ce momentlà, et puis ces quatre-là à ce moment-là et ainsi de suite… C’est évidemment le rêve, mais vous en connaissez beaucoup, des entreprises qui fonctionnent comme ça ? T.V. Aujourd’hui, une minorité d’entre-
prises travaillent comme cela, mais les quelques-unes qui le font ont un réel avantage compétitif. Le marché lui-même va nous pousser dans cette direction. Cette façon de travailler ne sera plus un luxe mais une obligation. Notre entreprise est par exemple responsable pour la conception et construction d’un stade au Qatar en vue de la Coupe du monde et là,
CSTC
Les clients, publics et privés, sont-ils, chez nous, demandeurs de BIM ?
Comment le nouveau CT fera-t-il connaître le résultat de son travail ? T.V. Toute l’information rassemblée sera accessible via le nouveau portail créé par le CSTC et en lien direct avec leur site (www.cstc.be). Il y aura aussi sans doute
Un drône par exemple peut être intégré dans une nouvelle manière de construire. Une recherche est en cours à l’UCL et à l’Ecam pour permettre à des drônes pilotés numériquement de maçonner en montant dans les airs des blocs (jusqu’à 35 kilos) dont le design les fait s’enboîter au millimètre près les uns sur les autres avec pour le drône, une tolérance de 5 cm dans son lâcher ! Outre cette utilisation un peu futuriste, le drône a certainement déjà un bel avenir immédiat pour tout ce qui est pulvérisation de façades et toitures en vue de démoussage, protection hydrofuge, … Une autre tendance est cette demande de systèmes domotiques intégrés : le soleil dehors qui commande la ventilation et la fermeture des rideaux, les télécommandes, télésurveillances …. En d’autres termes, les objets se mettent à parler entre eux et il faut qu’ils se communiquent la bonne information. L’ampoule qui s’allume peut par exemple dire au rideau “Ferme-toi !” selon un protocole BIM qui comprendra aussi par exemple, au niveau de sa conception, sa
T.V. Le frein contractuel en est une. Je parle de ces frontières artificielles qu’on crée entre les intervenants par nos cloisonnements entre contrats de conception, de construction et d’entretien. Il y a aussi les décisionnaires d’un certain âge, qui refusent de regarder les maquettes numériques et ne jurent toujours que par le papier. Et les sous-traitants qui ont aussi leur fracture numérique, mais pour une autre raison : celle de l’investissement à consentir au départ. Ceux aussi qui vous disent que cela va tuer l’emploi. L’évolution naturelle et dynamique est pourtant par excellence créatrice d’emploi. Simplement, ce ne sont plus les mêmes emplois. Mon entreprise crée par exemple de l’emploi comme BIM manager sur de gros projets à l’étranger. Un petit artisan a-t-il, dans ce contexte, encore un avenir dans son métier ? T.V. Clairement oui ! Personne ne doit modifier son core business. Un artisan qui a par exemple comme métier de restaurer des ferronneries métalliques, ou un menuisier, un sanitariste, … ne doit certainement pas changer de métier à cause des nouvelles technologies. Par contre, il existe pour lui un BIM à sa mesure, qui va lui apporter quelque chose dans sa pratique. Le BIM, chacun peut le faire à sa façon ! En gardant son métier, cet artisan peut par exemple tenter d’identifier ce qui pose un réel problème dans sa pratique quotidienne, intégrer la chose dans une maquette numérique pertinente et peut-être résoudre cela par l’adoption de nouvelles pratiques ICT. Un artisan crée des pièces uniques qui, comme prototypes, peuvent être imprimées en 3D et modélisées. Mais il faut d’abord savoir que cela existe. Le CSTC et son nouveau CT seront là pour l’en informer et l’y sensibiliser ! n
construction - juillet-août 2016
41
PROJETS & ENTREPRISES
T.V. Dans certains cas, oui. Quand on rénove des tunnels urbains, la pénalité imposée par jour de dépassement des délais d’exécution prévus peut être exorbitante. On en arrive alors à devoir préparer pendant six mois une intervention qui prendra quinze semaines. La rénovation est une application non négligeable du BIM, car elle concerne des ouvrages existants et donc en activité, ce qui renforce le besoin d’aller vite et sans droit à l’erreur. En construction neuve, ce besoin est davantage motivé, par exemple pour les bâtiments, par la perte de revenus locatifs qu’entraînerait un dépassement des délais d’exécution.
T.V. Oui, vues dans un contexte plus large, ces approches résultent d’ailleurs de grandes tendances macroéconomiques. L’urbanisation croissante fait que les deux tiers ou plus des terriens seront bientôt concentrés dans les villes. Problème logistique pour les constructeurs. Par ailleurs, le “superfast building” est une autre tendance : il faut que le chantier aille vite. Préfabrication, automatisation et robotisation s’inscrivent dans ce contexte. Et pour nourrir les robots, il faut de l’information… qui doit être bien gérée : retour au BIM !
Il y a pourtant encore certaines réticences…
SECTEUR & MÉTIERS
Va-t-on vers une planification qui prend plus de temps que l’exécution ?
Le nouveau CT est censé s’intéresser aussi aux ICT et, plus largement, aux autres technologies du futur, telles que drônes, impressions 3D, internet des objets ?
durée de vie ou, au niveau de son utilisation, sa consommation énergétique. La construction, secteur vivant, est condamnée à s’adapter, sinon d’autres acteurs viendront prendre sa place ! Nos coûts, comparés à ceux du reste du monde, vont devenir intenables si nous n’offrons pas, en compensation une valeur ajoutée qui les justifie. Et celle-là peut venir de nos nouveaux processus, plus performants, avec souvent un gain en sécurité à la clef.
DOSSIER
T.V. En Belgique, les concepteurs et constructeurs ont, sur ce plan, un pas d’avance sur leurs clients, mais ce n’est pas grave. Ailleurs, cela va dans l’autre sens. L’initiative du CSTC de créer un comité technique BIM & ICT sera un moyen d’y sensibiliser les entrepreneurs en même temps que leurs clients. Ce qu’il faut voir avec lucidité, c’est qu’il y a un réel problème d’efficacité et de productivité dans notre monde de la construction. Les saisies multiples d’une même information concernant un bâtiment sont sources d’erreur et d’incohérence. Mais quand on parle d’intégration digitale, beaucoup pensent aux outils, alors que ce ne sont pas les outils qui sont en cause. C’est la gestion de l’information qui mérite d’être davantage développée et intégrée ! Les outils sont là depuis longtemps et on doit maintenant les utiliser…
des publications CSTC pour intéresser au BIM les constructeurs belges, surtout les plus petits et même les moyens qui y sont encore réticents. Le BIM est d’ailleurs susceptible d’avoir bientôt ses propres normes officielles. C’est déjà le cas en Grande-Bretagne. Mais ces publications CSTC, contrairement à celles qui imposent un résultat, comme par exemple celle sur les chartes graphiques, ne proposeront que des fonctionnalités, avec une ouverture laissée quant à leur exercice. C’est du “open BIM” !
VOS INTÉRÊTS
le BIM n’est même plus un choix que nous faisons, mais une obligation qui nous est imposée, avec une maquette “as build” numérique à remettre en fin de projet, qui servira de base pour la gestion du stade. La culture BIM, même si elle vient d’Europe, a déjà été adoptée ailleurs, plus rapidement que chez nous, par certains pays pionniers comme les Emirats Arabes Unis ou Singapore.
CSTC
Technique nouvelle : l’industrialisation On ne rénove plus comme avant. Dans le cadre de la rénovation d’un bâtiment, la préfabrication industrielle offre en effet la possibilité d’utiliser des éléments sortis de lignes de production automatisées et performantes. Des éléments d’enveloppe préfabriqués peuvent ainsi, comme en construction neuve, être assemblés en atelier pour être, en une phase ultérieure, fixés à la structure portante du bâtiment existant. Ce qu’on n’aurait jamais imaginé de faire il y a quelques années et qui se fait pourtant depuis peu, c’est de ‘recouvrir’ le vieux bâtiment d’une nouvelle enveloppe qu’on superpose aux murs existants. Les avantages ne sont pas négligeables : 1 Les habitants peuvent continuer à occuper leur lieu de vie durant les travaux 2 La phase de mise en œuvre prend beaucoup moins de temps 3 Les nuisances associées au chantier sont réduites 4 Le contrôle de qualité est accru. Outre leur fonction de deuxième peau, certains types de modules de façade préfabriqués peuvent également être utilisés pour étendre le volume habité soit verticalement par l’ajout d’un étage, soit horizontalement. Les techniques spéciales peuvent aussi être intégrées au sein des modules : conduits et câbles, panneaux solaires thermiques, panneaux photovoltaïques, protections solaires fixes ou mobiles… On en arrive ainsi à une approche plus globale de la rénovation, avec la fabrication industrielle préalable de systèmes de façade multifonctionnels. Si on vous parle d’éléments AIM-ES (Architectural Industrialized Multifunctional Envelope Systems), c’est de cela qu’il s’agit. EXIGENCES DE DÉPART Cette rénovation industrielle demande tout d’abord un examen préalable assez approfondi du bâtiment existant, l’architecte devant s’entourer des experts ou des bureaux d’études compétents. Une préfabrication avec technicité poussée, comme c’est le cas ici, exige que les équipes liées au projet planifient précisément leurs interventions, en parfaite concertation les unes avec les autres, pour bien savoir qui est responsable de quoi à quel moment.
Une autre exigence de la méthode AIM-ES est que le processus soit suffisamment
42
construction - juillet-août 2016
Principe de rénovation constitué d’éléments de façade préfabriqués appliqués sur les murs existants.
répétitif, soit qu’il s’agisse d’un bâtiment déjà d’une certaine taille, et pas trop compliqué dans son architecture, soit qu’il s’agisse d’un ensemble de bâtiments identiques, sur lesquels on peut intervenir de façon similaire et simultanée. Cette exigence s’explique par le coût relativement plus important de la phase de conception.
ainsi très fort de ce qui se fait en construction neuve. Mais la grande dimension préfabriquée, c’est au maximum 13 mètres de long sur 3,8 de large, sinon le transport devient très problématique. Le principal défi technique est de concevoir le bon interface entre le mur existant et la nouvelle enveloppe. C’est ce qu’on appelle la couche d’adaptation.
IL Y A MODULE ET MODULE Les modules AIM-ES sont très divers. Leurs différences sont dues notamment : 1 Au type de matériau dans lequel le module est fait 2 À la taille et à l’orientation d’un module-type 3 À sa composition et au niveau de préfabrication 4 Aux modalités de son raccord au mur existant 5 À son niveau de technicité.
STRUCTURE EN BOIS Divers projets de recherche permettent déjà de disposer d’informations techniques sur les systèmes AIM-ES constitués d’une structure en bois, qu’on appelle aussi systèmes TES (Timber-based Element System). Au vu des différents chantiers réalisés en Europe, de tels systèmes peuvent être classés en deux grandes familles. Le système TES fermé est caractérisé par une structure fermée par ses deux faces au moyen de panneaux (voir figure). L’isolant y est presque toujours posé en atelier. Il faudra alors appliquer ensuite une couche d’adaptation, par exemple sous la forme d’une sous-structure en bois sur les murs existants, fixée à la hauteur des dalles de plancher. Ce lattis servira de zone d’ancrage aux modules. L’espace entre les lattes est comblé par un
Ce cinquième paramètre est celui du degré d’intégration de techniques spéciales en surface (panneaux solaires) ou dans le module (gaines de ventilation). Dans ce contexte, les modules de grande dimension à structure en bois semblent particulièrement pertinents, car on se rapproche
CSTC
VOS INTÉRÊTS
conception. Par exemple, pour bien gérer l’interface entre l’enveloppe nouvelle et la structure existante, une étude géométrique du bâtiment est indispensable avec des relevés pratiqués selon les techniques les plus récentes, comme les scanners 3D et les techniques de photogrammétrie 3D. La méthode AIM-ES est certes une solution très intéressante dans un contexte d’intensification des efforts de rénovation lourde. La préfabrication couplée à une intégration des techniques spéciales est séduisante par sa qualité et sa rapidité d’exécution. Mais elle n’est pas adaptée à tous les types de projets… n Les deux systèmes principaux constitués d’une structure en bois.
Dans le système TES ouvert, seule la structure du module est placée sur la façade existante, posée sans isolant et panneautée uniquement sur la face avant (voir figure). L’isolant installé dans une phase ultérieure sur chantier (par injection ou insufflation) vient épouser les irrégu-
larités des murs existants. Cette seconde approche simplifie les processus de mise en place et la fixation des modules, mais elle limite le niveau de préfabrication et requiert donc la planification de nombreuses opérations sur chantier. SYSTÈMES À BIEN PENSER AVANT DE LES ADOPTER La méthode est nouvelle et nécessite un examen approfondi de certains points de
DOSSIER
isolant compressible avant l’installation des modules ou par isolant insufflé après installation de ceux-ci.
Adaptation libre d’un article paru dans le CSTC-Contact thématique de 2016 ‘La rénovation énergétique des bâtiments’ (p. 10 et 11). Seul ce texte original signé par S. Dubois, dr. ir., et M. de Bouw, prof. dr. ir.arch., chefs de projet, laboratoire Rénovation auprès du CSTC peut être cité en référence. Plus d’info sur www.cstc.be.
SECTEUR & MÉTIERS
Summer University BIM, un nouveau modèle numérique de conception, de construction et de gestion des bâtiments ! 12 septembre 2016
PROJETS & ENTREPRISES
Inscription et renseignements www.academieconstruction.net
construction - juillet-août 2016
43
RÉDUCTIONS AUX MEMBRES Promo des mois de juillet et d’août
Journal des Travaux Le journal des travaux (établi conformément aux prescriptions des autorités) doit être tenu sur chaque chantier par le délégué du pouvoir adjudicateur. Chaque jour doivent y être inscrits tous les renseignements relatifs à l’exécution des travaux. Le journal des travaux permet d’avoir une vue d’ensemble du déroulement des travaux et des décisions prises, de même que des instructions données par le pouvoir adjudicateur et le concepteur du projet. Il est tenu à jour en permanence sur le chantier jusqu’à la réception provisoire du marché. L’administration, l’entrepreneur et le concepteur de l’ouvrage reçoivent généralement chaque semaine une copie des éléments qui ont été ajoutés au journal durant la semaine écoulée. Le journal des travaux est surtout utilisé dans le cadre des marchés publics mais peut aussi être utile pour les marchés de travaux privés.
RÉDUCTIONS AUX MEMBRES Prix de vente spécial – seulement pour juillet et août Prix membres pour cet ouvrage : 10 €, htva Prix non-membres pour cet ouvrage : 20 €, htva
Cette publication peut être commandée via le site www.confederationconstruction.be, e-shop, Publications, Social-juridique, Contrats-types et documents utiles. Il est aussi possible d’envoyer un mail à commandes@confederationconstruction.be
44
construction - juillet-août 2016
RÉDUCTIONS AUX MEMBRES Promo des mois de juillet et d’août
Une première mondiale spectaculaire à Walibi! Qu’est-ce qui fait battre votre coeur plus vite ? Passer de 0 à 100km/h en quelques secondes ? Une chute libre de 45m ? Un plongeon dans l’eau provoquant un énorme splash? Avec le nouveau et spectaculaire splashcoaster PULSAR, vous vivrez toutes ces sensations en même temps. Il vous en faut plus ? Le Vampire, la Dalton Terror ou encore le Psyké Underground raviront les amateurs de sensations fortes. Le Walibi Playland, quant à lui, comblera de bonheur les plus petits. Walibi, c’est évidemment aussi le train fou de la Calamity Mine, l’aventure sur la rivière sauvage Radja River ainsi que le trépidant Loup-Garou. Qu’attendez-vous pour venir à Walibi?
Bellewaerde : pour une journée en toute complicité! Vous rêvez d’une journée pleine de découvertes et d’aventures en famille ? Rendez-vous à Bellewaerde! Petits et grands trouveront leur bonheur parmi les nombreuses attractions du parc. Vous pourrez approcher des centaines d’animaux, assister à une incroyable démonstration de fauconnerie, profiter d’un spectacle de cascade et de plongée unique en Europe… Et tout cela dans un fabuleux coin de nature sauvage. C’est sûr, votre journée à Bellewaerde sera inoubliable !
Aqualibi, plus sensationnel que jamais! Aqualibi se rend encore plus sensationnel avec le nouveau toboggan Flash. Vitesse et adrénaline garanties sous 29 degrés. Après une telle chute, à de telles vitesses, relaxez-vous dans l’un de nos délicieux bains à bulles ou allez-vous éclater avec les enfants dans nos zones Mini Beach. Et si vous voulez encore glisser, foncez dans la rivière sauvage, le Rapido. Prêts à un débordement de fun avec vos amis ou en famille?
Tarifs
CAISSE CONFED Tarif Haute Saison 2016 Tarif Online 2016
WALIBI
37,50 €
27,50 €
AQUALIBI
20,00 €
14,00 €
BELLEWAERDE
32,00 €
25,50 €
RÉDUCTIONS AUX MEMBRES Après paiement via visa, mastercard ou bancontact/Mister Cash, vous pouvez imprimer vos tickets à la maison ou au travail. Achetez vos tickets à prix préférentiel en ligne via http://www.tickets-for-parks.be Choisissez un de nos 3 parcs et remplissez votre code promo (CONFED). Promo valable jusqu’au 31/08/2016
Chantier phare de la Journée Chantiers Ouverts
Le Petit Palais de Tervuren poursuit sa mue
SALLE D’EXPOSITION – Les célèbres vitrines –et leur équipement technique, amené par le sol- ont aussi été restaurées.
Deux ans et demi de travaux (jusqu’en mars 2017) ; un budget de 66,5 millions ; des techniques ad hoc ; une pirogue de 3,5 tonnes ; un tunnel de 96 mètres, etc. : la vitale modernisation du Musée royal d’Afrique centrale fera date. Visite guidée en compagnie de Virginie Wirix, chef de projet chez Denys…
P
rès de 1.500 curieux ne s’y étaient pas trompés, le 22 mai, lors de la Journée Chantiers Ouverts. C’est bien face au symbolique éléphant de la chaussée de Louvain, à Tervuren que se dresse une restauration/rénovation que n’oublieront pas de sitôt les « 100 ouvriers au quotidien, en moyenne » qui, depuis octobre 2014, érigent, rafraîchissent, voire recréent des volumes uniques, sous l’égide de la Régie des bâtiments, le maître d’ouvrage. Vestige de l’exposition universelle de 1897, le palais des Colonies s’est mué, le 30 avril 1910, en un Musée du Congo belge. Une
46
construction - juillet-août 2016
volonté mégalomane de notre tenace roi Léopold II ! Dès après l’indépendance du Congo -survenue en 1960-, l’écrin de style néoclassique de Charles Girault, cet architecte français à qui Paris doit son Petit Palais, prend nom Musée royal d’Afrique centrale (MRAC). Las ! Prestigieuse merveille architecturale s’il en est, cette propriété de la fédérale Régie des bâtiments (maître d’ouvrage de la refonte) n’est classée, dans son ensemble, que depuis le 16 février 1978. Las bis ! Ces collections, parmi les plus riches au monde sur le sujet, n’avaient plus connu de mise à jour depuis… l’avant Expo 58. « Il n’y a que la coupole, refaite il y plus ou moins quinze
ans, à laquelle nous n’avons pas touché », cisèle d’entrée Virginie Wirix. UN ACCUEIL ENVISAGÉ DÈS 2006 Chef de projet restauration/rénovation chez Denys, la jeune femme n’eut aucune peine à transmettre ni sa passion pour le site en soi, ni son emballement pour un ouvrage aussi colossal qu’urgent. « Les travaux », chiffre notre hôte, « ont, à eux seuls, coûté 51 des 66,5 millions du projet. Mais on parle, ici, d’un chantier qui date de plus de dix ans… »
C’est en effet le 20 juillet 2006 que le Conseil des ministres approuve le principe
VOS INTÉRÊTS
IL FALLAIT Y PENSER – Un bout de fresque murale a été mis au jour dans l’une des salles ; puis dupliqué dans toute la pièce, à la façon d’une décalcomanie.
ENTRE BÉTON NOIR ET BÉTON BLANC Bordé d’arbres et arcbouté sur cinq niveaux à compter du – 2, le tout nouveau pavillon d’accueil (relié au site historique par la fameuse galerie d’exposition souterraine de 96 mètres) s’intégrera au mieux au cadre verdoyant. D’ailleurs, au premier étage, la cafétéria/restaurant vaudra par son panorama sur les jardins, dûment classés eux aussi. Mais pour en arriver là… Il y a ce béton blanc dont l’architecte a recouvert le sol d’une salle -de 100 mètres de long, là encore- qui abritera tantôt des expositions temporaires, tantôt des salles de réception. « Il ne voulait pas de joint ! », s’étonne encore notre guide. « On a donc une immense couche de béton poli hyperélastique. » Enfin, il y a ce noyau central en béton noir dont font partie la cage d’ascenseur, les escaliers de secours et divers locaux. Une gageure, une fois de plus ! « Nous avons dû procéder à de nombreux essais pour y arriver », certifie Virginie Wirix. « Au final, c’est une combinaison de poudre de suie, pour le moment protégée par un film PU appliqué au pistolet. Lorsque nous l’enlèverons, il faudra encore traiter ce béton pour fixer sa surface et sa couleur. » Soyons de bon compte : lisse comme une peau de pêche, cette surface noire de jais avoue aussi une allure incomparable.
SECTEUR & MÉTIERS
En mars 2017, le pavillon d’accueil, ce nouveau volume ultramoderne, sera fin prêt ; l’écrin actuel jouira, dès le crépuscule de 2016, d’une restauration mille fois méritée ; l’ensemble de l’institution qui fait référence rouvrira en grande pompe en octobre 2017. D’ici là, la divine ruche ne cessera de bourdonner.
DOSSIER
de la rénovation du musée royal. Il faudra plus d’un an pour que, le 11 septembre 2007, l’association momentanée multidisciplinaire Stéphane Beel Architecten, Origin Architecture and Engineering, Niek Kortekaas, Michel Devisgne et Arup NL se voit attribuer le phénoménal marché. La société Denys, elle, entrera dans la danse en juin 2013.
MARBRIER – Les sols marbrés durent être cassés avant d’être scrupuleusement recollés.
PROJETS PROJETS & & ENTREPRISES ENTREPRISES
DESIGN – L’équipe que dirige Virginie Wirix a sué sang et eau pour noircir le béton selon les vœux de l’architecte.
construction - juillet-août 2016
47
LE CONGO EN PIROGUE Avec ses 22,5 mètres de long et son poids mignon (3.500 kilos), une pirogue s’est posée dans la nouvelle galerie souterraine. Au bout de plusieurs jours de transfert… D’abord hissée avec une grue à hauteur de la coupole du musée, cette pièce phare de l’institution est ensuite descendue dans la cour intérieure, puis passée par l’ouverture prévue (au niveau de la cave) où s’érige le nouveau mur rideau entourant le nouveau pavillon musical, puis descendue par le nouvel escalier (une transition entre l’ancien musée et le nouveau) sous les fondations actuelles du musée, avant d’arriver à destination, dans le couloir d’accès, entre pavillon d’accueil et musée. Ah oui ! Avant de débarquer dans ce tunnel de près de 100 mètres (dont le passage a été réalisé par une combinaison de fouilles ouvertes, de grouting, d’ancrages, etc., ce qui constitua une autre prouesse architecturale contrôlée par un monitoring permanent aux fins de ne pas nuire à la mythique salle du rez-de-chaussée), la pirogue avait coulé de paisibles journées du côté du Musée de l’Armée, au Cinquantenaire. « Elle ne saurait plus quitter le Musée de Tervuren ! », garantit Virginie Wirix. Mais pourquoi l’interminable embarcation a-t-elle tant de prix ? Parce qu’en 1957, Léopold III l’utilisa pour une visite au Congo…
UNE PIÈCE UNIQUE – La monumentale pirogue qui transporta Léopold III ne bougera plus du tunnel où elle repose.
NE RIEN TOUCHER… MAIS TOUT REFAIRE ! Entre nettoyage et restauration (au moyen de mortier minéral ainsi que de nouveaux bouchons de pierre d’origine) de façades, la transformation du Musée royal d’Afrique centrale a buté sur maints écueils, suscités par le classement de cet incomparable patrimoine, un soir de février 1978. « La complexité majeure réside dans l’harmonisation des techniques », convient la chef de projet de Denys, en entrant dans l’une des majestueuses salles du temple érigé en 1910. Une salle qui fera partie des 6.000 m2 dévolus à la collection permanente… « On ne peut, par exemple, pas installer de radiateur visible dans la pièce ! » Prenons les historiques vitrines. Elles ont été restaurées et équipées d’un socle noir, fondamental dans lequel remontent divers câblages pour les lumières, le wifi, les caméras, etc., tant pour les salles que pour les collections exposées dans les vitrines mêmes. De plus, tous les socles centraux sont également équipés de la climatisation de ces salles. Parce qu’il était exclu d’envisager un quelconque impact au sol, sur les murs ou au plafond ! « La complexité est aussi née de ce qu’on ne pouvait rien modifier au cadre historique… alors qu’il faut tout refaire ! » À l’instar de ces contre-portes, par exemple, planquées derrière les châssis existants pour faire office de double vitrage. À elle seule, l’incorporation de ces complexités techniques aura coûté 16 (HTVA) des 66,5 millions du coût total de l’ouvrage.
TECHNIQUE – Une couche de béton blanc sans joint et « hyperélastique » recouvre le sol de l’une des pièces du nouveau bâtiment. Une prouesse technique de plus !
VIVE LA DÉCALCOMANIE ! Divins joyaux du rez-de-chaussée, quatre cartes du Congo avaient mal vieilli. Salies, en partie décollées pour cause d’humidité, ces toiles ont partiellement été ôtées du mur et rafraîchies par des spécialistes. Pendant ce temps, d’autres as soignaient les murs, par endroits bien endommagés. Plus loin, dans la salle Nord, l’on a poncé les parquets jusqu’à l’os et démultiplié, à la mihauteur des murs, une frise, pour ainsi dire préservée par miracle. « Au début de l’étude du projet, tout était en une seule couleur. On a reproduit le bout de frise retrouvé après avoir enlevé couches après couches. Comment ? Comme pour un tatouage d’enfant, en imprimant le motif sur du plastique qui, chauffé, reste au mur. Et les retouches ont, comme pour les guirlandes du haut des murs, été faites à la main. » Ou le principe de la décalcomanie, appliqué à une restauration de très haut vol…
INFO INCHANGÉE – La splendide coupole du Musée fait figure d’exception : hors sa balustrade, partiellement rénovée et de nouvelles plaques de zinc, l’on n’y a pas touché.
48
construction - juillet-août 2016
www.denys.com
Marché de la constuction Chaque maître d’ouvrage a le même souci: une réception ponctuelle de son projet de construction. Il est donc essentiel que les différents sous-traitants se succèdent sans interruption. Grâce à son vaste stock de rives de toiture, Claerhout Aluminium se présente comme le partenaire des professionnels de la toiture pour chaque projet de construction neuve et de rénovation. Les profilés en aluminium sont livrables de stock. Ce qui permet de répondre rapidement à chaque demande, à chaque phase
du processus de construction. En réponse à la tendance croissante à la rénovation, Claerhout Aluminium a développé un assortiment spécifique de profilés de rénovation. Ces profilés en aluminium avec une hauteur jusqu’à 300 mm sont idéaux pour les relevés de toiture et pour l’isolation de toitures plates existantes. n Info : www.claerhoutaluminium.be
DOSSIER
Heidelberg Cement : LOTOTO ou l’apprentissage électronique de pointe Go for zero est votre devise dans le domaine de la sécurité et de la santé ? Dans ce cas, vous devez régulièrement informer et accompagner vos employés vers cet objectif. Référence s’il en est dans le domaine des matériaux de construction, Heidelberg Cement Benelux a, à cet effet, élaboré un programme d’apprentissage électronique. Disponibilité et accessibilité de la formation, traduction aisée ou tests de connaissances rapides font de l’apprentissage électronique l’outil d’information idéal de tous les employés. On songe, entre mille, à la réglementation en matière de sécurité ou à des conseils et astuces, par exemple. D’ordinaire, l’un des modules les plus consultés a pour sujet le transport en sécurité. Même si celui sur l’importance d’un bon sommeil capte aussi beaucoup l’attention… Portant sur la procédure de sécurité LOTOTO, le dernier module en date a été déve-
loppé avec les experts HSE de Wolters Kluwer. LOTOTO signifie lock-out (mécanisme de verrouillage pour processus ou installation dangereux), tag-out (marquage, avec la durée du travail) et try-out (test de sécurité réel). Wolters Kluwer a assisté Heidelberg Cement Benelux, tant pour ce qui touche au contenu spécifique de la société, que pour le développement de logiciel et de matériel graphique. Responsable de l’apprentissage électronique chez Heidelberg Cement Benelux, Géraldine Voost détaille le soutien que l’apprentissage électronique apporte à la stratégie Go for Zero, de même que les avantages et tendances qu’elle y voit. Un expert Wolters Kluwer a, par ailleurs, mis en avant les avantages de l’apprentissage électronique pour la prévention. n Info : www.heidelbergcement.com
Info : www.plaquesderoulage.be
www.onlinemarcheconstruction.be
construction - juillet-août 2016
49
PROJETS PROJETS & & ENTREPRISES ENTREPRISES
favorisant un travail plus rapide et en tout point sécurisé… tout en préservant, bien entendu, qualité et service. Après des années de recherche, la société a récemment inauguré son premier tracteur-remorque à télécommande. Une démonstration de l’engin s’est organisée à Tamines, sur le site même de l’entreprise. Lorsque la grue charge et décharge les plaques de roulage, le camion se déplace par télécommande. Ce qui en augmente considérablement l’efficacité ! Ecoutons ce qu’en dit Philippe Van Robaeys, le chef d’entreprise plaquesderoulage.be : «Ceci permet au conducteur de déplacer le tracteurremorque à partir de sa grue, sans perdre du temps à faire des mouvements risqués entre le tracteur et la grue. C’est une première en Belgique !» Des clients exigeants, tels que Tomorrowland, Dour ou Couleur Café sont désormais desservis plus rapidement encore. n
SECTEUR & MÉTIERS
Et un tracteur semi-remorque avec télécommande, un ! Le secteur de la construction ne cesse d’évoluer, de se transformer. En découle un impératif besoin d’innovation. Plaquesderoulage.be (une entreprise sœur de notre membre StevensApril) a, en ce sens, développé une nouvelle technologie
VOS INTÉRÊTS
Claerhout : Aussitôt commandé, aussitôt livré
ON EN PARLE
41.281 milliards €
Ce chiffre constitue la valeur totale de la production belge de la construction en 2015. Pour 2016, on s’attend à une augmentation de 1 %. La construction de logements représente 47 % de ce résultat. Au sein du secteur de la construction de logement, la rénovation chiffre sa participation à 8.126 milliards € (42 %) tandis que le logement neuf atteint un montant de 11.253 milliards € (58 %). De son côté, le non-résidentiel a fourni 36 % de la production totale, soit 14.880 milliards €. Dans ce cas, les constructions neuves (59 %) pèsent plus lourd que les rénovations (41 %). Ces données proviennent de la 81e Conférence Euroconstruct. Dans le Summary and Country Report, se dessinent aussi les perspectives de la construction belge à l’horizon 2016-2018. Vous acquerrez cette étude par le biais de la Confédération, en profitant d’avantages réservés aux membres. Il vous suffit d’envoyer un e-mail à belgium@euroconstruct.org. n
Lutte contre le cancer
Kom op tegen Kanker récolte un montant record! La 7e édition des 1.000 km de Kom op tegen Kanker (KTK) a rapporté une somme encore jamais atteinte jusqu’ici. Les 702 équipes ont amassé un pactole énorme, d’un montant total de 3.510.000 € pour la lutte contre le cancer. La Confédération y a pris part, cette année encore, comme, du reste, depuis la toute première édition. La construction était, en outre, représentée par plusieurs équipes de nos membres. Du 5 au 8 mai, les pelotons ont, par solidarité d’avec les personnes frappées par le grand crabe, traversé la Flandre. Les cyclistes ont ainsi parcouru la bagatelle des 1000 km du KTK, durant les quatre jours du week-end de l’Ascension. Chaque équipe devait rassembler 5.000 € afin de prendre part à la randonnée. Les équipes devaient se composer de 1 à 8 rouleurs ; mais elles furent diversement configurées. Ainsi un concurrent pouvait-il couvrir seul la distance. Un véritable exploit !
À vélo pour une combinaison gagnante Les fonds récoltés par les 1000 km de Kom op tegen Kanker vont, chaque année, à la recherche contre le cancer, axée sur le patient. D’un pur point de vue commercial, l’épreuve est, dès lors, traditionnellement moins intéressante pour l’industrie pharmaceutique. À contrario, les fonds récoltés par la version 2016 seront intégralement versés à la recherche sur les thérapies combinées. De nos jours, nombre de traitements combattent la maladie. Aussi s’avère-t-il fondamental d’optimiser la combinaison de ceux-ci. La recherche sponsorisée s’est toujours fixée pour objectif d’améliorer les chances de survie et la qualité de vie des patients atteints de cancer.
UNE FORTE PRÉSENCE DE LA CONSTRUCTION
Exceptionnelle, cette édition le fut assurément, de par le nombre record d’équipes, de par le montant des dons, mais aussi, plus prosaïquement parce que la météo était de la partie. Plusieurs membresentrepreneurs de votre organisation professionnelle se sont également mêlés au peloton. En tant que sponsor, notre affilié Denys a, de son côté, contribué à l’excellente organisation de l’événement. La Team Confédération était composée de Laura Bernaers, Hendrik De Wit, Peter Graller, Joeri Van Meenen, Claude Van Pagé et Bert Schampers (coureur invité). n Info : Participer vous intéresse, ou vous souhaitez parrainer une équipe ? Surfez sur www.1000km.be. Claude Van Pagé – Prêt à démarrer l’étape partant d’Eeklo.
50
construction - juillet-août 2016
Tienen - Joeri Van Meenen et Bert Schampers.
Envie de plus de motricité? Tourner un bouton suffit. Les véhicules de chantier MAN avec HydroDrive®. MAN kann. L’efficience vous transporte plus loin, même lorsque vous arrivez au bout de la route. La transmission hydrostatique sur l’essieu avant MAN HydroDrive® vous fournit un plus décisif en motricité lorsque vous le nécessitez. Il suffit de tourner le commutateur rotatif sur la position appropriée et vous disposez immédiatement d’une propulsion optimale et ce autant en marche avant qu’en marche arrière. Ce système se prête à toutes les missions lors desquelles une motricité supplémentaire est nécessaire. Ainsi équipé, vous restez mobile en toute fiabilité et vous économisez du carburant et jusqu’à 400 kg par rapport à une transmission intégrale classique. Vous en saurez plus sur www.man.be.
MAN kann.