Israël coule son image | P. 2
bakchich
N° 27 | du sameDI 5 au vendredi 11 juin 2010 | informations, enquêtes et mauvais esprit
le pen balancé par son ex
france inter
Philippe Val bouscule la grille de la station | P. 3
bakchich a retrouvé la bio qui tue p. 5 à 7
Crédits conso, guerre d’usure | P. 9 Les banques ne financent plus la vie, mais la survie des plus pauvres. En imposant des taux supérieurs à 20%, les prêteurs se régalent et le surendettement explose.
cac 40
Les femmes « de » ornent les CA | P. 10 musées de paris
On y entre comme dans un moulin | P. 12
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Entretien avec François Mitterrand | P. 15 Et sur Internet
Apéro flottille
Bruguière voit le mal partout
tant qu'israel agira a sa guise
L
’ONG turque IHH (Fondation pour les droits de l’homme et l’assistance humaine), la principale organisatrice du convoi international d’aide pro-palestinienne pour Gaza, n’est pas inconnue des services de renseignements français. Elle fait même l’objet d’un rapport confidentiel qu’une étude très sérieuse réalisée par un institut de recherche danois en 2006 reprend largement.
L
e 20 janvier dernier, dans un hôtel de Dubaï, Mahmoud al-Mabhouh, un responsable palestinien, est assassiné par le Mossad. L’enquête révèle que les agents israéliens ont agi avec de faux passeports de pays occidentaux, dont quatre français. Trois mois plus tard, Israël est admis au sein de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). En décembre 2008, les portes de l’Europe s’ouvrent encore plus grand pour Israël qui, à Bruxelles, jouit maintenant d’un statut privilégié. Quelques jours plus tard, l’armée de TelAviv bombarde Gaza d’un « plomb durci » qui provoque la mort de 1 600 personnes, dont un tiers de femmes et d’enfants. Depuis 1948, l’ONU a pris 35 résolutions condamnant les actions guerrières d’Israël. Le tout accompagné d’injonctions. Pas une seule n’a été observée.
al-qaida
impunité
Ces chiffres valent mieux qu’un discours indigné. Jamais, depuis sa création, Israël n’a respecté la convention de Genève ou les règles qui régissent, via l’ONU, l’art de vivre ensemble. Il serait bon, pour ne pas perdre le reste de leur crédit, que les Nations unies votent une dérogation totale du droit en faveur du pays de Benyamin Nétanyahou. L’histoire deviendrait moins hypocrite, moins tricotée dans le mensonge. Pourquoi faire semblant de découvrir aujourd’hui que, depuis quarante ans, la Méditerranée est la cour privée d’Israël ? Pendant toutes ces années, dans l’indifférence, les soldats de l’État hébreu ont arraisonné qui ils voulaient. Le sort réservé à la flottille de la paix était prévu, seulement la routine a plus mal tourné qu’à l’habitude. Aujourd’hui, parmi les ennemis désignés d’Israël : les ONG, les pacifistes et les pro-palestiniens, ceux, donc, qui naviguaient vers Gaza pour en percer l’insoutenable blocus, sont élevés à un niveau de haine qui les place une marche en dessous de l’Iran, du Hamas ou du Hezbollah. Critiquer la politique d’Israël, c’est se faire le complice de ses ennemis. Au mieux être antisémite, au pire terroriste.
impossible paix
De cette flottille les Israéliens savaient tout. À terre, en Turquie et à Chypre, ils avaient obtenu les listes des passagers. Ils savaient que des militants de l’IHH, une ONG « islamiste » fondée par les Turcs d’Allemagne, étaient à bord du Navi Marmara (lire ci-contre « Bruguière voit le mal partout »). Mais les Israéliens savaient aussi que l’armée turque, qui les en a tenu informés, avait filtré l’embarquement du bateau afin qu’aucune arme n’y soit emportée. Hormis 18 manches d’outils, les clés des mécaniciens, les lames des cuisiniers et une fronde. Un arsenal qui méritait bien la mort. Reste la brouille entre Israël et la Turquie. Bafoué par l’Europe, le pays d’Atatürk se tourne vers son ancien empire, partagé à l’Est avec la Syrie et l’Iran. Dans cette nouvelle alliance, la vieille complicité entre l’État juif et la Turquie n’a plus sa place. Ankara regarde le soleil se lever plutôt que se coucher, en attendant une paix dont Israël et l’Amérique (jusqu’à Obama ?) ne veulent pas ✹ jacques-marie bourget
le trophéE Le grand-reporter de la semaine
Rien n’est si beau qu’un couple uni, en harmonie, et qui sait gérer de façon rationnelle, fût-ce par gros temps diplomatique, le partage des tâches quotidiennes. Ainsi, lundi 31 mai au matin, quelques heures après l’assaut meurtrier de l’armée israélienne contre la flottille humanitaire à destination de Gaza, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, se déclarait, à Paris, « profondément choqué ». Mais exactement au même moment, son épouse, Christine Ockrent, directrice générale de l’Audiovisuel extérieur de la France, se trouvait en Israël, à Tel-Aviv, où elle participait à « trois jours de débats et de confrontations d’idées entre personnalités influentes françaises et israéliennes, organisés par les services culturels de l’ambassade de France en Israël », selon le site de cette dernière. Thème – de circonstance – de ce huppé forum auquel participaient notamment, comme le Canard enchaîné l’a écrit, le philosophe Bernard-Henri Lévy, l’essayiste Pascal Bruckner, le journaliste et directeur de Libération Laurent Joffrin, ou encore Anne Hidalgo, adjointe au maire de Paris : « Les formes contemporaines de la démocratie ». Sujet de l’intervention de Christine Ockrent, lundi matin à 10 h 35 : « Censure ou autocensure : la presse est-elle limitée dans nos démocraties ? Influence-t-elle les preneurs de décision ? » On ne sait ce que fut la teneur de ce symposium : les médias français ont du moins su rester admirablement discrets ✹
Mot à Mot
Il n’y a pas qu’à Roland Garros qu’en juin claquent les rackets. Ouvrez les Pages jaunes à « restaurants », et montez au filet Rossini, service compris. En juin dernier, une idée forte de Sarko arrivait sur orbite, et la TVA de la restauration classique allait s’aligner sur celle de la rapide. On aurait mieux fait d’aligner le kebab sur la sole Dugléré, on aurait récupéré 3 milliards d’euros, tandis que là, on en a perdu 3. Bingo ! Il faut en tirer des conséquences. D’abord,
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Bakchich Hebdo N°27 | du samedi 5 au vendredi 11 juin 2010
en comparant sans le comparer Sarko à Madoff, la Rose pourpre du care n’était pas totalement à côté de la plaque : bousiller trois patates pour gagner 10 cents sur le caoua (rabais), la repeinture des chiottes (investissement) et la régularisation d’Abdel qui faisait la plonge au black depuis 1975 (embauche), ça pue l’escroquerie. D’autre part, si Mitterrand avait eu l’idée de baisser la TVA sur le gratin dauphinois en même temps qu’il fixait la retraite à 60 ans, ce n’est pas 3 milliards d’euros qu’on aurait cramés, mais 114, à peu près le bond de la dette depuis que Nini-pot-de-fer est aux manettes. Tout bénéf, donc. Mais Tonton ne disposait pas, pour exécuter ce hold-up, d’un ministre aussi lumineux dans le noir que le jovial Novelli, dit « l’enfant de chœur
Ainsi, selon l’ancien magistrat antiterroriste Jean-Louis Bruguière, l’un des auteurs de ce rapport, cet IHH a organisé, au milieu des années 90 « le recrutement de soldats pour préparer la guerre sainte » et envoyé ces hommes « dans des zones en guerre dans les pays musulmans pour leur permettre d’acquérir l’expérience du combat ». L’IHH serait également « coupable » d’avoir transféré des fonds et fourni des « réserves d’armes et d’explosifs » aux combattants musulmans dans ces pays. « Des écoutes téléphoniques de l’IHH réalisées en 1996 » permettraient même d’établir les contacts de l’ONG avec « une résidence d’Al-Qaida à Milan et des terroristes algériens opérationnels en Europe »…
hamas
Quelques jours avant le départ de la flottille, le 23 mai, le président d’IHH, Bülent Yildirim, prononce un discours tout en nuances, dans lequel il compare le sionisme au nazisme, devant un parterre de responsables du gouvernement turc, du Hamas et des Frères musulmans. Le cheikh Raed Salah, citoyen israélien et chef du Mouvement islamique pour la zone nord d’Israël, une organisation tolérée, est présent et salue la position et le courage du Premier ministre turc. Il prendra d’ailleurs part à la bataille sur le Mavi Marmara et y sera blessé ✹ martin gale et renaud chenu
de Richelieu » (c’est son fief en Indreet-Loire, et n’est pas cardinal qui veut). Cet Einstein de la relativité fiscale nous explique qu’on a gagné, dans l’opération, tous les emplois qu’on n’y a pas perdus, et prouve la baisse du radisbeurre par la non-augmentation du bœuf mode ou la stabilité de l’omelette aux truffes. Qui donc, selon Audiard, ose n’importe quoi ? Bon, maintenant, il n’y a plus qu’à virer un fonctionnaire sur deux pendant dix ans pour compenser la bourde. Fastoche, ils sont syndiqués à gauche, ces blaireaux, on sait combien ils gagnent au centime près, et ils ont tous des diplômes. Les restaurateurs, non. La cuisine fiscale, ça ne s’improvise pas, il y a des pianos pour ça… ✹
jacques gaillard
Apéro
obama éclaboussé par la marée noire
états-unis Après l’explosion d’une plateforme pétrolière BP au large de la Louisiane, Barack Obama est accusé d’immobilisme. La présidence américaine va-t-elle chavirer ?
B
arack Obama déteste Mais la conférence de presse être questionné par d’Obama en réponse à ces critiles journalistes, et il ques a été qualifiée de… quasiévite au maximum de désastre par tous les commentateurs ! Il s’est livré à un discours leur en donner l’occasion. Mais la semaine dernière, il a été trop technique, truffé de langue contraint de donner sa première de bois et de références à des conférence de presse depuis dix lois et des règles obscures. Au mois en raison du tollé suscité lieu d’exprimer l’indignation de par l’immobilisme de son goul’électorat qui enrage contre le vernement face à la marée noire géant pétrolier BP, proprio de la dévastatrice qui est en train d’emplateforme qui a explosé, Obama poisonner le golfe a encore une du Mexique et les fois incarné le Le président américain États côtiers. professeur de Les protestations refuse de prendre en main droit qu’il était contre l’inaction avant d’entrer la situation. Suicidaire. d’Obama, cinq en politique. semaines encore Son gouverneaprès l’explosion de la plateforme ment continue de laisser à BP pétrolière, ont même jailli dans sa l’entière responsabilité de la gespropre famille politique. La sénation du désastre écologique le plus trice démocrate de Louisiane, important dans l’histoire du pays, Mary Landrieu, a déclaré que « le fuite qui a déjà déversé 110 milPrésident n’a pas été aussi visible lions de litres de pétrole dans la qu’il aurait dû l’être » dans cette mer, soit six à dix fois plus que lors crise et qu’il va « payer un prix du naufrage de l’Exxon Valdez au politique ». large de l’Alaska, en 1989. Il est L’ex-directeur de campagne de Bill vrai que la presse a révélé que la Clinton, le très médiatique James Carville, originaire de Louisiane, a explosé dans un talk-show en direct de La Nouvelle-Orléans, jugeant Obama coupable d’« imbécillité politique ». Il s’est adressé à lui : « Mec, tu dois venir et prendre les choses en main, nommer quelqu’un qui en a la charge et faire bouger les choses ! Nous sommes en train de mourir, ici ! » Le membre démocrate du Congrès, Charlie Melancon, un cajun qui représente une circonscription menacée par les nappes de pétrole, s’est effondré en larmes en lisant une plainte sur l’inaction gouvernementale. Les vidéos des lamentos de Carville et Melancon sont passées en boucle à la télévision pendant plusieurs jours.
négligence criminelle de BP, qui a provoqué le désastre, ne fait plus de doutes. Le refus d’Obama de prendre le contrôle de la situation est d’autant plus politiquement suicidaire, qu’il se situe dans un contexte de fureur populaire et populiste à cause de la crise et des plans de sauvetage qui n’ont bénéficié qu’à Wall Street. Les tentatives de BP de colmater la fuite ont toutes échoué. Pis, une autre, importante, a été trouvée, alors que nous entrons dans la saison des ouragans, qui vont pousser le pétrole vers les côtes de Floride, un État essentiel à la victoire d’Obama en 2008. Et qui le restera en 2012. Dans une chronique pour le New York Times titrée « Le Katrina d’Obama ? Peut-être pire », le progressiste Frank Rich a écrit que ce désastre « risque non seulement de détruire l’écologie d’une région, mais aussi de faire chavirer la présidence d’Obama ». Il a bien raison ✹ doug ireland
grandes fortunes
donnez, l’état vous le rendra
J
eudi 15 juin, jour de guillotine des bien nés. Soit la date limite pour payer l’impôt sur la fortune (ISF). Pour éviter le billot fiscal, une solution : faire un don à une fondation et être déduit à hauteur de 75 % sur son ISF, avec un plafond de 50 000 euros. Cette gâterie, on la doit au député UMP Jean-Michel Fourgous et à son amendement au « paquet » fiscal.
alléluia !
Cette manœuvre a été appuyée par un think tank ultralibéral, l’Ifrap. « Mesure pour laquelle nous avons fait œuvre de pédagogie et de persuasion depuis 2003 auprès de nos élus », assume le club de gens de bonne compagnie sur son site Internet. Une aubaine
puisque, depuis novembre, l’Ifrap est reconnue « fondation d’utilité publique » par décret ministériel. Ce qui lui permet de toucher enfin les précieuses donations. Et d’envoyer aux députés cette recommandation, le 25 mai : « Plus que deux semaines pour soutenir la fondation avec votre ISF ! » Alléluia ! « Obtenir un chèque des politiques, c’est pas facile », nuance Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’Ifrap. Mais virer un de ses collaborateurs, Nicolas Lecaussin, pour sarkozysme tiède, ne pose aucun souci. Son crime ? Un livre sur le Président, l’Absolutisme efficace, qui n’a pas plu au patron, Bernard Zimmern. Mieux vaut envoyer du pognon ✹ louis cabanes
chef scoop Jeux de chamboule-tout à France Inter
L’heure est aux prises de décisions chez Philippe Val, directeur de France Inter, et son ami Jean-Luc Hees, big boss de Radio France. Ces messieurs s’inquiètent pour leurs ouailles. Qui sera reconduit à la rentrée sur Inter ? Telle est la question qui agite la maison ronde avec une impression dominante : la désinvolture avec laquelle le couple de patrons écarte ou nomme de nouvelles têtes. Brigitte Benkemoun, démissionnaire du poste d’adjointe à la direction de la rédaction de France Inter, en sait quelque chose. Elle a appris son remplacement à ce poste par les bruits de couloirs. Par ailleurs, certains s’agacent que Jean-Luc Hees aille débaucher des professionnels de la télévision qui ne connaissent rien à la radio. Ainsi, Charlotte Lipinska, actuelle présentatrice sur France 4, et Joy Sorman, chroniqueuse littéraire sur Paris Première, rejoindront la station cet été. Enfin, le nom de Guillaume Durand, grand ami de Hees, circule pour l’animation d’une émission culturelle, au grand désespoir d’une grande partie de la rédaction. Reste à trouver un successeur à Nicolas Demorand, qui a annoncé qu’il arrêtait la matinale. Dans cette ambiance de réorganisation, les syndicats de Radio France réfléchissent à une journée de grève, qui pourrait avoir lieu le 11 juin, jour d’ouverture de la Coupe du monde, ou le 18 juin, jour de commémoration de l’appel de du général De Gaulle. Voire les deux, si la direction ne fait pas preuve de bonne volonté. Ambiance… ✹
Simon piel
Mougeotte le subversif
Taser 1, police 0
Les compagnies de sécurisation centralisées sous l’égide de la préfecture de police de Paris ne sont pas bien formées aux opérations coup-de-poing dans les banlieues chaudes. Récemment, des flics de ces brigades rentraient au commissariat d’Aulnay-sous-Bois, après une petite tournée musclée à Tremblay-enFrance. On boit un pastis, puis deux, et soudain un coup de Taser est tiré par deux flics qui blessent une jeune lieutenant de police. Résultat : la malheureuse sera exfiltrée vers une brigade pour mineurs et les deux policiers soulographes écoperont d’un simple blâme. Pas rassurant pour les jeunes recrues.
Doux, si doux CAC 40
Les six présidents d’honneur du CAC 40 les mieux rémunérés ont encaissé l’an passé « 1,5 million d’euros chacun en moyenne » a calculé la Lettre de l’Expansion (31 mai). Jean-François Dehecq, l’ancien homme fort de Sanofi-Aventis, a empoché 2,275 millions d’euros. Son homologue de L’Oréal, Lindsay OwenJones a touché 1,98 million, un tout petit peu mieux que Thierry Desmarest (Total) 1,97 million et Michel Pebereau (BNP Paribas) 1,2 million. Jean-Louis Beffa (Saint-Gobain) fait presque figure de smicard avec ses 962 024 euros.
Mediapartgate
Edwy Plenel, grand patron de Mediapart, a la moustache qui frise. Des malotrus ont eu l’outrecuidance de pénétrer dans le système de paiement du site d’informations rendant celuici inopérant pendant plusieurs jours. Après la plainte déposée par Plenel le 8 janvier dernier, les poulets ont vite identifié les fauteurs de troubles. Il s’agissait des anciens employeurs de l’un des salariés de Mediapart. Pour une fois, Edwy Plenel ne pourra pas accuser Nicolas Sarkozy !
Surprise. Dans la délégation de journalistes, essentiellement du Figaro, qui doit s’envoler prochainement pour l’Exposition universelle de Shangaï, un homme n’a pas encore reçu son visa. Le patron, Étienne Mougeotte ! Sans doute les autorités de Pékin le trouvent-elles trop indépendant… Les services chinois sont bien mal renseignés.
Perdriel titille son « Monde »
Claude Perdriel, le proprio du Nouvel Obs, n’a posé qu’une condition à son offre de reprise du Monde : que les hauts salaires baissent. En premier lieu celui d’Éric Fottorino, le boss du quotidien, qui culmine à 400 000 euros annuels et qui ne compte pas quitter ces cimes. Quitte à quitter le poste ?
Des talibans humanitaires
Le Comité international de la CroixRouge (CICR) à Genève a reconnu qu’il donnait tous les trois mois des cours de formation à la chirurgie de guerre à soixante-dix combattants appartenant à l’opposition armée au régime de Kaboul. En clair, la Croix-Rouge aide les talibans. Non sans l’aimable autorisation des Américains et de leurs alliés, qui cherchent toujours à faire émerger des talibans « modérés ». Avec le succès que l’on sait. Et sinon, les cours de premiers soins s’adressent-ils de préférence aux « gentils » ou aux « méchants » talibans ?
Copé chez son « ami » Bertrand
Hervé Savelli, conseiller municipal gaulliste de Saint-Quentin, a pris contact avec Jean-François Copé afin d’implanter son club Génération France dans l’Aisne. Élu sur la même liste de droite que Xavier Bertrand, mais très hostile à celui-ci, Hervé Savelli a démissionné de l’UMP le jour même où le rondouillet Xavier en devenait le secrétaire général. Un autre ennemi local pour Bertrand, après Jérôme Lavrilleux, conseiller général du canton de Saint-Quentin-Nord, et directeur de cabinet de Jean-François Copé à l’Assemblée nationale. Non, l’UMP ne rejoue pas les querelles de clocher ✹
du samedi 5 au vendredi 11 juin 2010 | Bakchich Hebdo N°27
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Apéro afrique-france
bruits de couloir au sommet de nice Mais une fois ôtée l’accréditation, loin, le chef de la sécurité du prérien de plus simple que d’accéder sident sénégalais, Wade, prend aux étages du Palais. Pour goûter, son petit déjeuner. avec un simple café à 3 euros, aux Entre ses rendez-vous avec des ébats des sommités. dirigeants de HEC pour établir Un peu contrariés que le « dîner une filiale de la grande école de des amis » ait été annulé par commerce à Dakar et la planifical’hôte Sarkozy – les dirigeants du tion d’un entretien avec Brice Horpré carré africain s’étaient réunis tefeux, Karim Wade, fils du présiauparavant lors dent sénégalais, d’un dîner officroise Fabien Les vraies discussions cieux, en marge Singaye. L’exentre chefs d’État ont lieu diplomate rwandu sommet –, les chefs d’État dais, proche de loin des salles officielles. se sont laissés la famille de aller. feu le Président Très demandé pendant vingt-quaHabyarimana, le salue bien bas. tre heures, le président gabonais Une évocation de leurs aventures Ali Bongo, fils de feu le doyen communes à la City londonienne, Omar, laisse son fils barboter dans et Singaye s’échappe. l’eau de la piscine. Une table plus La patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, vient de débarquer. Après s’être coltiné la junte militaire nigérienne, histoire de sécuriser les accords d’exploitation de mines d’uranium passés avec leurs prédécesseurs, Atomic Anne doit rencontrer le président centrafricain Bozizé. Une facture de plusieurs milliards de CFA à renégocier. Singaye joue les messieurs bons office, tout conseiller de Bozizé qu’il est. L’incongruité est levée. Lors des sommets, il vaut mieux fréquenter les allées des hôtels. Bon à savoir ✹ xavier monnier
bab’ el web L’anony-Masson
Depuis sa proposition de loi sur la suppression de l’anonymat des bloggeurs, le sénateur de la Moselle, JeanLouis Masson, subit les foudres du Web. Non seulement les blogs le mitraillent de toute part mais le Nouvel Obs en profite aussi pour ressortir deux vieilles affaires pas piquées des hannetons. Ainsi, en 1983, le chantre de l’identité dévoilée se serait envoyé à lui-même des tracts diffamatoires et anonymes, faisant porter le chapeau à son adversaire politique Jean-Marie Rausch. Plus tard, en 1997, il aurait financé la campagne d’un faux candidat dans le but de nuire à un opposant. Des rumeurs ?
Bourdin fait du boudin
Jean-Jacques Bourdin n’aime pas les invités qui le snobent. Sur son blog RMC, il a ainsi lâché quelques claques à l’encontre du porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre : « On en est à 34 invitations lancées à Frédéric Lefebvre, qui n’a même pas le courage – c’est d’une médiocrité ! – de répondre, s’emporte-t-il. C’est le triple zéro (…) et la honte de la politique ! » Et de conclure : « Je serais Xavier Bertrand, je m’en séparerais immédiatement ! » Le message est passé.
Qui s’est exclamé « Kurwaaaa… » (« Putaaaain », en polonais) à un tournant de sa vie ? A. Roman Polanski, lorsque la Suisse l’a assigné à résidence à la demande d’un juge américain. B. Le pilote de l’avion qui s’est écrasé, le 10 avril, avec le président polonais Kaczynski à son bord. C. Jean-Paul II, quand il a su que Dieu n’existait pas. Réponse : B. Le pilote du Tupolev 154, selon la transcription en polonais de la boîte noire, publiée mardi 1er juin en Pologne.
V
ue imprenable sur une mer azur, architecture qui mâtine un rien de rusticité à un relent colonial et, surtout, un nom qui plaît. Durant le 25e sommet Afrique-France des 31 mai et 1er juin à Nice, potentats, dictateurs et émirs pétroliers d’Afrique se sont pressés au Palais de la Méditerranée.L’hôtel rêvé pour écouter les ragots de ces éminences ; loin, très loin du cordon de sécurité érigé autour des pourparlers officiels. De mémoire de Niçois, pourtant soumis à rude épreuve après les mandats de Médecin, Peyrat et désormais Estrosi, rarement la promenade des Anglais fut tant fliquée. Et les journalistes si surveillés.
réforme de l’éducation
Poutine patine
À l’occasion d’un dîner où des organisateurs d’un concert de charité rencontraient Vladimir Poutine, l’artiste russe Yuri Shevchuk a mis les pieds dans le plat. Entre le fromage et le dessert, il a interpellé le Premier ministre Medvedev, qui en a perdu l’appétit. « J’ai reçu un coup de téléphone d’un de vos assistants. Hier, (…) il m’a demandé de ne vous poser aucune question sensible », commencet-il. La suite est une discussion animée qui aborde la corruption, la police et la liberté d’expression et qui a été diffusée à la télévision d’État et sur le site du gouvernement (http://minu.me/2hbx), en russe et en anglais, s’il vous plaît ! Vladimir Poutine s’adoucirait-il ? ✹
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Écoutes que coûte
Partenaires particuliers
L’info. « Canal Cannes, instantanés spontanés », Paris-Match, 27 mai. Le décryptage. Le news-magazine de Lagardère revient sur l’initiative de l’équipe du Grand Journal, qui, à l’occasion du festival de Cannes, a publié sur son blog des clichés pris sur le vif de l’émission. « Résultat (avec l’aide des appareils Fujifilm) : une galerie d’images à la qualité artistique parfois discutable, mais d’une… coolitude rafraîchissante. » Fujifilm est, en fait, comme omet de le dire Match, un partenaire historique de Canal+. Notamment sur un festival de courts-métrages. Si Paris-Match se met à faire de la pub pour des partenaires d’autres médias…
Jacques Attali a dit
L’info. Attali : « C’est un plan catastrophe qu’il nous faut », 20minutes.fr, 25 mai. Le décryptage. Le grand visionnaire Jacques Attali sort un livre catastrophe sur la crise. Et le martèle. Au Nouvel Observateur (20 mai) : « Il faut un plan anti-catastrophe. » À l’Express (19 mai) : « Il faut un plan catastrophe. » Sur son blog sur Slate.fr : « Ce ne sont pas des plans de rigueur dont les pays de l’Union ont besoin aujourd’hui, mais de plans de catastrophe. » Et, donc, à 20minutes.fr : « C’est un plan catastrophe qu’il nous faut. » Au Matin (29 mai), il affirmait : « Je suis comme celui qui voit un piano tomber du ciel et qui dit “poussez-vous” pour qu’il ne vous écrase pas », tandis qu’il assurait au Point (27 mai) : « Je me contente de dire : il y a un piano qui va vous tomber sur la tête. Je préviens simplement pour que l’on ait le temps de s’écarter. » Attali jusqu’à l’hallali.
L’info. « Comment la police a pisté Dati », l’Express, 2 juin. Le décryptage. L’hebdomadaire explique, au sujet de la fameuse affaire de la rumeur, que la Direction centrale du renseignement intérieur a récupéré « les facturations détaillées du portable » de Rachida. Attention, précise l’encadré joint à l’article : la police a enquêté, pas écouté. Pourtant, dévoile l’Express : « À l’Élysée, on est désormais convaincu des persiflages de l’ancienne ministre : elle aurait au moins évoqué une ancienne aventure supposée du Président. » Pour des factures téléphoniques, elles sont plutôt… parlantes.
L’être et le Nahon
L’info. « Vingt ans de succès pour Envoyé spécial », le Journal du dimanche, 30 mai. Le décryptage. L’hebdo de Lagardère revient sur les deux décennies qui ont marqué l’émission phare du service public. Paul Nahon, directeur des magazines d’information du groupe et créateur d’Envoyé spécial assure qu’aujourd’hui, « avec la démultiplication des sources d’information, le public est devenu plus exigeant ». Pas au point d’obliger Paul Nahon à renoncer à ses vacances payées par le gouvernement marocain.
Inter-mittents des ondes
L’info. « Nicolas Demorand quitte la matinale de France Inter dans un contexte d’inquiétude », le Monde, 2 juin. Le décryptage. Le quotidien du soir revient sur les tensions à France Inter. « On m’a proposé de changer de poste, décrit Brigitte Benkemoun, récemment débarquée de son poste de numéro deux. Or j’ai des projets personnels qui m’intéressent plus. » Philippe Val lui avait en fait proposé de s’occuper du site Internet de la station. Un peu rude quand on était jusque-là directrice adjointe de la rédaction. Avant d’arriver à ce poste, Benkemoun avait demandé conseil à Jean-Luc Hees, pas encore président de Radio France. Celui-ci lui avait alors répondu : « Fonce ! » Dans le mur ? ✹
Filouteries politique Avec le retrait annoncé de Jean-Marie Le Pen à la tête du Front national, les cartes se redistribuent au sein du parti xénophobe. Malgré la résistance de Bruno Gollnisch, Marine est toute désignée. Pour elle, la difficulté sera de s’émanciper de son père sans renier son héritage.
Le FN dans son petit pull Marine C
’est un passage de élection (municipales 2008, eurode la Fondation Jean Jaurès, à gauche, et de la Fondation pour témoin médiatique, péennes 2009 et régionales 2010). juste avant l’introDes succès que Marine se garde l’innovation politique, à droite, nisation politique. bien de partager avec son père à se concertent actuellement pour Entre octobre 2009 qui elle n’a jamais dit « bienvenue empêcher ce projet d’aboutir. et mars 2010, chez les Ch’tis ». Marine peut en tout cas compter Marine Le Pen est intervenue Avec elle, quelques soldats monsur quelques blogs de réflexion, deux fois plus que Jean-Marie, tent au front. Un militant local, comme Avenir Marine, ou encore son père, dans les radios et télés. Steeve Briois, ratisse le terrain Ripostes laïques, animé par un Soixante-deux apparitions contre depuis les années 90. Un homme ancien de la Ligue communiste trente et une. Cinq fois plus que de com, mécano du parti, Bruno révolutionnaire, Pierre Cassen. son rival du Front national, Bilde, gère l’agenda et les camEt le journal web Nations presse. Bruno Gollnish. Un avantage pagnes médiatiques de Marine Une rhétorique populiste anticertain pour gagner le flambeau depuis 2004. « Le plus étonnant, riches se substitue aux discours c’est que le noyau dur qui l’entoure du parti lors du congrès de Tours, ringards sur l’immigration. sont tous des anciens du MNR de en janvier prochain. Aujourd’hui, Encore que sa marge de manœuvre Bruno Mégret », assure une fine un sondage Ifop crédite Marine de idéologique soit étroite. En lame frontiste. Et d’ajouter : « Ils 13 % des voix à la présidentielle interne, sus aux anciens qui s’esfont de l’entrisme au FN pour de 2012. Et l’Élysée de redouter un claffent encore aux saillies extrégagner des galons. » scénario 2002 à l’envers : Martine mistes de Le Pen et soutiennent Grâce à ces « félons », comme on son rival, Bruno Gollnish ! Cinq Aubry contre Marine Le Pen au second tour. Exit Sarko. les surnomme en interne, inutile secrétaires départementaux À condition que Marine sache pour Marine de crécher sur place ; acquis à la cause de ce dernier ont se démarquer de l’image d’exune boîte postale lui suffit. Pour été évincés. Pas anodin quand on trémiste de son dormir, rien ne sait que vingt de ces signatures père, tout en vaut le confort sont nécessaires pour briguer la Ses succès dans le Nord, conservant son du domaine présidence. « C’est Marine et ses Marine se garde bien de les familial de Mon- amis qui contrôlent les adhésions et plein soutien à l’intérieur du tretout à Saintorganisent le filtrage des votes, qui partager avec Jean-Marie. parti. Le manusCloud (92). s’effectuent par correspondance », crit de Pierrette L e re s t e d u explique un expert du FN. Le Pen, l’ex-épouse du chef, dont temps, entre deux rendez-vous Gollnisch aura eu droit, d’ici là, nous donnons de larges extraits avec des hommes d’affaires des à un lot de consolation. Il parle le japonais ? Eh bien, en juillet, en pages 6 et 7, rappelle l’univers pays du Golfe où elle est étonmacho, violent et affairiste où a namment bien reçue, Marine Le Jean-Marie Le Pen l’accompagrandi l’étoile montante du FN. Pen fait sniffer de la com au FN. gnera au Japon pour une grande Saura-t-elle tuer le père ? Pas sûr ! Un think tank pointe le bout de réunion des extrêmes droites Marine Le Pen tombe dans la son nez, Idées-Nation, qui veut mondiales. Pratique pour se faire marmite frontiste en pleine crise obtenir le statut de fondation. hara-kiri ✹ d’ado, à 18 ans, en prenant sa Autant dire que les têtes d’œuf louis cabanes carte. Puis goûte aux joies d’une première candidature à 24 ans, lors des législatives de 1993, sur une terre sans immigrés ni gauchistes, le XVIe arrondissement de Paris. Papa veille déjà sur elle Bakchich a rencontré Jean-Yves Camus, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste de l’extrême droite française. et continuera de le faire. En 2003, il l’impose vice-présidente du parti. Cette année-là pourtant, les Bakchich Hebdo : Le FN ne peut-il rimer qu’avec Le Pen ? cadres du FN ne l’élisent qu’à la Jean-Yves Camus : Non, pas nécessairement. C’est une erreur de trente-quatrième place du comité penser que Marine Le Pen ne deviendra présidente du parti qu’en central. raison de son nom. Elle a un avantage incontestable avec le coeffiAvec son escapade dans le grand cient de popularité de son père, qui incarne la continuité du FN chez Nord, à Hénin-Beaumont en 2007, les militants. Mais elle ne sera pas une femme politique libre tant que elle réalise ce que son père s’était son père sera vivant. N’oublions pas que Bruno Gollnish a des soutiens toujours refusé de faire : se bâtir puissants en interne et que ce sont les militants qui votent pour leur un fief électoral, exporter l’éticandidat et pas les médias. quette Le Pen. La cible : un ancien bassin minier miné par le chôB. H. : Marine le Pen : une idéologue, une pragmatique ou un produit mage (20 %) et dirigé par un PS médiatique ? décrépit, enlisé dans des affaires J.-Y. C. : Idéologiquement, elle est sur la même ligne que le parti sur de corruption et de clientélisme. l’immigration, la souveraineté et la préférence nationale. Mais elle Mieux, là-bas, la droite est inexisn’est pas antisémite et ne traîne pas les anciennes casseroles de son tante. Alors elle prend la parole père car elle est d’une autre génération. Elle présente les idées de sa en conseil municipal, interpelle famille politique autrement. Ce qui fait d’elle une bonne oratrice, efficace dans les débats. Et elle possède ce que n’a jamais eu son père : un les élus, tracte sur les marchés. Ça paie : de 18 à 45 % de voix à chaque enracinement local à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais.
« marine ne sera libre qu’à la mort de son père » B. H. : Le Front version Marine, fin de la diabolisation ? J.-Y. C. : Oui, au vu des résultats du FN aux dernières élections régionales. Marine Le Pen est à la recherche d’une alternative au sarkozysme à droite. Elle est persuadée que le demi-échec du chef de l’État depuis 2007 vient du décalage entre le discours et les actes. Mais il y a une incompatibilité consubstantielle avec la droite classique. Là où l’UMP prône un discours sécuritaire, le FN souhaite le rétablissement de la peine de mort ; là ou le parti majoritaire veut un contrôle aux frontières, l’autre demande le renvoi des étrangers ; là ou la droite est attachée à l’Union européenne, l’extrême droite veut la sortie de l’Europe et le retour au franc ! B. H. : Peut-on l’imaginer au second tour de la présidentielle ? J.-Y. C. : Ne tirons pas de plans sur la comète. Sa principale force, c’est d’être comme les finalistes à la présidentielle de 2007 : elle a moins de 55 ans. Le problème avec un candidat frontiste, c’est qu’il est incapable de rassembler. La logique politique fait que Marine Le Pen ne peut pas passer de 15 à 50 %. Avec un bon rassemblement à gauche et à droite, on ne devrait pas revivre le scénario du 21 avril 2002. Mais en réalité, sa véritable échéance n’est pas la présidentielle mais le congrès suivant. C’est là qu’on lui demandera des comptes et qu’elle sera jugée en interne à partir de son score de 2012 ✹ recueilli par l. c.
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le livre de pierrette exclusif Bakchich s’est procuré le manuscrit, jamais publié, écrit en 1988 par Pierrette Le Pen, l’ex-femme de Jean-Marie Le Pen. Après vingt-cinq ans de vie commune, Pierrette dresse le portrait intime du leader du Front national, entre violences, mensonges, misogynie et magouilles financières…
L
’ex-femme de Jean-Marie Le Pen, Pierrette, eut son heure de gloire en posant nue et en femme de ménage dans Playboy, en juin 1987. Une façon, certes originale, de protester contre la façon dont Jean-Marie la traitait à l’époque, alors qu’ils se séparaient. Jusqu’à faire établir, par huissier, un constat d’adultère ! « Nous savons désormais, écrivait feu Roger Peyrefitte, académicien et ami du couple Le Pen, sur quel monument de formes appétissantes s’est élevée une idéologie qui fascine des millions de français. Brusquement, elle se fait chair. Le Menhir est métamorphosé. »
opportuniste
Dans la foulée, Pierrette écrivait un manuscrit de 259 pages racontant, par le menu, sa vie avec Jean-Marie Le Pen. Hélas, ce document passionnant ne devait jamais être publié. On peut
imaginer que le leader du Front national a su user de quelques arguments sonnants et trébuchants pour empêcher une telle publication. Bakchich a retrouvé ce document dont nous publions des extraits, sans l’autorisation de Pierrette Le Pen. Après vingt-cinq ans de vie partagée, l’ex-épouse y décrit un homme misogyne, violent, affairiste et totalement opportuniste. Cette vieille histoire du couple Le Pen reste d’actualité. En effet, leur fille, Marine, joue la populiste fréquentable et paraît réussir, pour l’instant, un sans-faute (lire page 5). Jamais pourtant, la fille à papa ne s’est démarquée publiquement du bilan de Jean-Marie Le Pen, son mentor. La publication du témoignage de l’ex-épouse participe, pour nous, à Bakchich, d’un devoir de vigilance face à une extrême droite plus menaçante que jamais ✹ nicolas beau www.bakchich.info
Retrouvez samedi et dimanche sur www.bakchich.info un reportage au domicile de Pierrette et Jean-Marie.
un compagnon misogyne
(…) J’ai enfin compris que j’ai été flouée. Il va de soi que cela ne s’est pas passé du jour au lendemain, mais lentement, insidieusement. Je m’étais fixé un but, et je m’y tenais. J’étais toujours là au moment où il le fallait. Je souhaitais avant tout préserver une image du couple que nous devions donner aux autres. Puis est arrivé un moment où je n’ai plus eu envie de donner cette image. J’ai attendu. Je subissais la domination de Jean-Marie sans broncher. J’ai pris sur moi, car jamais je ne me serais permis de le quitter au creux de la vague. (…) Sa misogynie est si évidente que personne ne veut la voir. Observez-le : il voue un culte à sainte Jeanne d’Arc et à sainte Marie. Elles seules trouvent
grâce à ses yeux. Pour une bonne raison : elles sont vierges et condamnées à le rester. Il ne risque donc rien à les fréquenter… (…) Je n’ai certes pas été élevée dans un cocon, mais rien ne me prédisposait à affronter ce genre de personnage. (…) Lui me disait : « Sois là ». Il trouvait tout à fait normal que je vienne habiter dans son petit deux-pièces pas chauffé. Député, il avait des trous dans ses chaussures, dans ses chaussettes. Un costume bien croisé, bien triste, un peu luisant, pour faire vieux. D’habiter cette cage mitée, c’est la plus grande preuve que j’aie pu lui donner de ma bonne volonté. Il y avait un lit bancal pour une personne. Quand on ne dormait pas dans les bras l’un de l’autre (…) l’un des deux se retrouvait fatalement sur la descente de lit. Devinez qui ! (…) ✹
la violence au quotidien (…) À dire vrai, notre mode d’existence était plutôt fantaisiste. JeanMarie a longtemps gardé ses manies de célibataire. Il rentrait à l’heure qui lui plaisait. Je regardais passer l’heure, je disais à Nana [membre de la famille qui vivait au domicile des Le Pen et qui sera la marraine de Marine, ndlr]: «Bon, eh bien ce soir, je crois qu’il ne viendra pas…» Ses absences glissaient sur moi comme l’eau sur les plumes d’un canard. Je savais qu’il avait beaucoup d’amis, que sa vie nocturne était très intense. Il était toujours armé. Avec son ami Pierre Durand, il fréquentait assidûment les boîtes de Montparnasse. Puis ce furent celles de Pigalle. Jean-Marie ne supportait pas la boisson (surtout la bière). Quiconque cherchait la bagarre, la trouvait bien sûr. Tombait sur lui ce qu’il appelait : « le voile rouge breton », autrement dit « la fureur aveugle ». Le nombre d’échauffourées qu’il provoqua, c’est inimaginable. Je n’évoque pas ici celles dont j’ai eu l’écho, mais celles que j’ai vécues, de visu. La pre-
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mière eut lieu chez « Adrien », à Montparnasse. Une altercation avec un ancien parachutiste. À 4 heures du matin, après avoir bu ils se cherchent des poux dans la tête. Ils recommencent, cela dure, cela s’envenime. Soudain, Jean-Marie sort son revolver, en menace le para, qui se retourne, et lance : « T’es pas chiche ». Jean-Marie tire. Par bonheur, le revolver s’enraye. Il était chargé. Joyeux, non ? Quand il était en fureur, il tapait toujours avec la tête. Je l’ai vu un jour, fou de rage, pour ne pas démolir un homme, se taper la tête contre un pilier de bar. C’était très étonnant. Une autre fois, ce fut plus grave. Ils rentrèrent tous les deux, Pierre Durand et lui, vers 4 heures du matin, et Jean-Marie me dit : «Lève-toi, il faut qu’on fiche le camp, j’ai tué un mec.» Sans broncher, comme d’habitude, je m’habille, je remplis un sac et nous allons nous réfugier chez une amie. De là nous téléphonons. Coup de fil sur coup de fil. Enfin, nous commençons à respirer. L’homme n’était pas mort, il était « seulement » dans le coma. Il y resta quatre jours, perdit un œil, réclama plusieurs millions de dommages et intérêts ✹
enterre par le pen le mauvais oeil de jean-marie
a En juin 1987, Pierrette Le Pen pose nue pour le
magazine Playboy, au moment où son couple se déchire.
« Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois… » Voilà une citation [de Jean-Marie Le Pen] qui tombe à point… J’ajouterai : « et même les rois des menteurs » car JeanMarie une fois de plus a maquillé la vérité : son œil borgne, ce n’est pas celui de la fameuse bagarre. C’est l’autre, un œil malade… Je m’explique. La fameuse bagarre, lorsqu’il a défendu son ami Ahmed Djebbour [député de l’Algérie française de 1958 à 1962, ndlr] est authentique. Jean-Marie y a même fait preuve d’une grande vaillance. Voici comment les événements se sont déroulés. Projeté au sol par ses adversaires, Jean-Marie Le Pen (…) reçut de nombreux coups de pieds à la tête. Le bout d’un soulier pointu percuta son œil droit. L’œil gicla hors de l’orbite. Aidé par ses amis, Jean-Marie se releva. Avec un étonnant sang-froid il prit sa pochette dans sa main droite, y maintint l’œil qui pendait retenu par les seuls ligaments.
Le petit groupe se précipita vers une pharmacie voisine. Le pharmacien désinfecta méticuleusement l’œil et le globe oculaire, puis avec habileté le repoussa dans l’orbite où il reprit immédiatement sa place. Non moins immédiatement malgré les objurgations de ses fidèles Jean-Marie repartit, déchaîné, tenir sa place au meeting d’Ahmed Djebbour. Bel exemple de contradictions flagrantes ! Capable d’une action courageuse Jean-Marie est tout aussi capable de l’exploiter, sans vergogne, en mystifiant la galerie, à seule fin de se donner le beau rôle, alors qu’il l’avait déjà conquis de haute lutte. L’œil désorbité dans la bagarre est son œil droit. Celui avec lequel il voit actuellement. L’œil atteint d’une cataracte traumatique est l’œil gauche, qu’il recouvrit à toutes fins utiles d’un bandeau noir. Aujourd’hui, il porte une prothèse admirable, plus simplement un œil de verre ✹
la part cachee de l’heritage lambert Il serait inconcevable d’écrire sur Jean-Marie Le Pen sans évoquer l’affaire Lambert. (…) Je l’affirme, et l’affirmerai jusqu’à la fin de mes jours, JeanMarie n’a strictement rien fait pour hériter des Lambert, mère et fils. J’ajouterais qu’il s’est montré envers eux d’une telle désinvolture qu’à l’heure ultime l’héritage aurait très bien pu passer entre d’autres mains… (…) Il faut être un rude casse-cou pour narguer le fisc comme le fait Jean-Marie, reprochant à l’administration de l’avoir dépouillé à outrance sur ce fameux héritage Lambert en France, alors que l’essentiel de cet héritage se trouve en Suisse. Il y est pour la bonne raison que les Lambert, eux aussi souhaitaient échapper au fisc (ils ne sont pas les seuls) et éviter ainsi, par le jeu des « Fondations », d’être assujetti à l’impôt. Jean-Marie en bénéficiera totalement, ou presque. Il y
avait certes les Philippe Lambert, mais un arrangement fut conclu, très heureux pour les deux parties… Habile comme toujours, Jean-Marie fit tant et si bien qu’il ne laissa apparaître, aux yeux des jaloux et du fisc crédule, que la partie immergée de l’iceberg Lambert. Quand nous fûmes « envoyés en possession » à Saint-Cloud, nous devions découvrir des documents laissant apparaître qu’un trésor gisait en Suisse. Encore fallait-il le récupérer. Depuis une vingtaine d’années, Jean-Marie usait et abusait des services gracieux d’un brillant avocat, Maître André Guibert, qui réussit l’étonnante performance de gagner trente-trois procès dans l’année contre Philippe Lambert, qui se jugeait injustement dépouillé par le testament. Maître Guibert l’accompagna, nanti du testament l’instituant légataire universel, pour faire valoir ses droits chez
MM. Broccard, père et fils, gestionnaires d’une fiduciaire, Grand-Palace à Fribourg, lesquels leur révélèrent l’existence de la « Fondation Saint-Julien ». Le principe des « fondations » est qu’il libère les héritiers de tous droits successoraux. Pour ce faire, il est nécessaire d’avoir recours à un notaire. Jean-Marie choisit le plus averti, le plus célèbre de Genève : Maître Zyclounov, qui le remit entre les mains de Pierre Jaccoud (…), homme affable et sympathique. De surcroît fort efficace, il sut régler toutes les péripéties sans encombre et à notre avantage. Le capital de la « Fondation Saint-Julien » était composé de titres et de valeurs, d’actions, qui furent vendues dans d’excellentes conditions par des spécialistes au niveau de quatre milliards de centimes (1977) [environ 20 millions d’euros, ndlr], et le dépôt fut effectué à l’Union des Banques Suisses (…) ✹
m. eric, le parrain de marine
(…) Éric* fit très bien les choses. Le baptême eut lieu en grande pompe à l’église de la Madeleine. Pour ceux qui ne croient pas « aux signes », je ferai remarquer qu’il s’en présenta un, de taille ; l’aumônier Pohpot qui officiait, et déposa l’eau sur le front et le sel sur la langue de Marine. Pohpot était une célébrité. Connu de tous les hommes du « Milieu » es-qualité d’aumônier de la prison de Fresnes. (…) Le baptême eut lieu le 25 avril 1969. (…) Au retour [d’une croisière en bateau, Éric et sa compagne], furent arrêtés par la police. Dans un premier temps, JeanMarie me dit : « C’était fatal ! Il gagne trop d’argent. Le fisc lui cherche des misères… » Quelques jours plus tard des
”defenseur"
journaux me tombèrent entre les mains. Je lus : « Éric Bottey exerce un phénoménal proxénétisme hôtelier (…) » Jean-Marie refusa évidemment de m’expliquer et s’en tira par une dérobade : « Laisse donc ! En attendant, j’interdis que Marine regarde la télé jusqu’à nouvel ordre ! » Marine était en effet très attachée à Éric Bottey. Avec elle, il débordait de gentillesse : un vrai parrain (…) ✹
* Henri Botey, dit Monsieur Éric, fut l’un des empereurs des nuits de Pigalle dans les années 60 et 70. Proxénète, il sera condamné à plusieurs reprises et, par trois fois, pris pour cible par des hommes armés. Jean-Marie Le Pen et lui se lient d’amitié, au point que le fondateur du FN en fera le parrain de Marine.
de l’immigre
(…) Je suis très frappée par le manque d’aboutissement dans la carrière de Jean-Marie Le Pen. Il fait son Droit, mais ne va pas jusqu’au bout. Il fait Saint-Maxent [école de formation des sous-officiers de l’armée de terre, ndlr], mais quitte l’armée avec le grade de lieutenant. Il est le plus jeune député « poujadiste » dont il est le leader parlementaire, mais « exit » le parti poujadiste [mouvement populiste créé par Pierre Poujade, ndlr]… Il se lance dans les affaires mais elles se révèlent désastreuses. Il faudra l’héritage Lambert pour qu’il fasse surface socialement. On pourrait croire qu’il a des idées fixes, que son discours est constant, mais pas du tout. Il retourne facilement son burnous. À titre d’exemple, voici l’allocution qu’il prononce [le mardi 28 janvier] 1958 à la Chambre des députés, étonnant morceau d’anthologie qui mettra du baume au cœur de plus d’un Maghrébin.
Le Pen : « (…) Je prétends qu’il y a dans la masse musulmane une profonde aspiration à faire partie d’une entité nationale et à participer en tant que citoyens égaux à une nation. Cette nation je l’affirme, peut être la France. La solution adoptée alors aurait le double mérite de satisfaire les aspirations nationales des musulmans et de concorder avec l’intérêt de la France. (…) Je conclus. Encore une fois, tout est une question d’optique. Offrons aux musulmans d’Algérie – comme ces mots me gênent, car ils ne font que cacher, bien mal, la réalité ! – l’entrée et l’intégration dans une France dynamique, dans une France conquérante. Au lieu de leur dire, comme nous le faisons maintenant : “Vous nous coûtez très cher ; vous êtes un fardeau », disons-leur : « Nous avons besoin de vous. Vous êtes la jeunesse de la nation” » (…) ✹
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Filouteries confidences Bayrou s’y voit déjà
François Bayrou a donné clairement, depuis quelques jours, des signes d’apaisement à la majorité UMP-Nouveau centre. Au point que certains se demandent si le leader centriste n’est pas en train de se rêver en candidat qui, avec 10 à 15 % des voix au premier tour de la présidentielle, permettrait la réélection de Nicolas Sarkozy en 2012, pour s’installer ensuite… à Matignon.
Le PS dit « non » au congrès
En octobre 2011 devraient avoir lieu les primaires socialistes, et la désignation d’un candidat à la présidentielle. Seul hic, la date du congrès pour désigner un nouveau premier secrétaire n’est pas encore définie. « Normal, puisqu’il n’y en aura pas », assure-t-on en interne. But de la manœuvre : que Martine Aubry soit la candidate du PS en 2012 tout en gardant la tête du parti. Et éviter le psychodrame d’un congrès de Reims bis, en 2008, qui avait vu les socialistes s’entre-déchirer. « On ne va pas offrir une nouvelle opportunité à Sarkozy de faire de nos guéguerres un argument électoral », émet une huile socialiste. Les votes truqués, ça ne fait pas gagner ?
un pavé dans l’amer du conflit L’HUMEUR DE PROBST Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, de Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité. Capitale, Jérusalem. Mais capitale de quoi ? Des destructions, des murs et des lamentations ? Des conflits sans fin ? Fillon l’a répété, Israël a Jérusalem comme capitale et Lellouche en a resservi une louche par-dessus. Mais sans internationalisation de la ville, nulle paix ni trêve possible. Autant aller à la pêche… Et empêcher l’armée d’y aller. Partis avec leurs vilaines cannes dans les eaux internationales, les soldats israéliens n’ont pas participé à l’extinction du thon. Mais ont pas mal souillé eaux et côtes de Mare Nostrum avec leur opération contre la flottille humanitaire à destination de Gaza. Quand la Méditerranée prend des airs de mer rouge, le cataclysme n’est plus très loin. Après la guerre des Six jours, voici la guerre des six minutes. Un peu à l’instar de Chirac dézinguant l’aviation ivoirienne de Laurent Gbagbo en 2004, le gouvernement de Tel-Aviv en est quitte pour une semi-victoire militaire, et une défaite mondiale des images. Pour la première fois depuis longtemps, Israël est en train de perdre la bataille de la communication. Et arrive presque à fédérer l’arc perso-arabo-turcomusulman contre elle. Gaffe à
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ne pas réveiller un empire et à amplifier encore le conflit. Le pire est sur nous !
Martinon, le retour
Exilé à Los Angeles depuis avril 2008, l’ancien porte-parole de l’Élysée, David Martinon, a très envie de revenir en France. La preuve : ces derniers jours, via Facebook, il a rejoint le groupe « les cercles populaires » qui travaillent pour l’UMP sur le projet 2012. Et le groupe « jeunes actifs du XVIe » (on ne rit pas, merci), également affilié à l’UMP.
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L’ex-ministre des Sports de Chirac, après un léger passage à vide, fait son retour en intégrant l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel). À ce poste, il devra oubier ses anciennes manies.
O
n le sait, Guy Drut ne recule jamais devant la haie. Surtout quand il s’agit, pour ce chiraquien pur sucre, de redonner un petit coup de fouet à sa carrière en perte de vitesse. C’est ainsi que, le 15 mai, il a été nommé par Bernard Accoyer, président de l’Assemblée, au collège des sept membres qui chapeautent l’Arjel. Une promotion pour celui qui fut légèrement condamné puis lourdement amnistié par son ami Chirac, en 2006, dans l’affaire des marchés publics d’Ile-de-France. Un vieux souvenir qui en rappelle d’autres.
bizness
Alors qu’il était maire de Coulommiers (Seine-et-Marne), Drut portait une attention particulière à ce qu’il était convenu d’appeler les « indulgences » (l’annulation des contraventions des automobilistes). Fort de sa souveraineté au pays du fromage, il s’était même fendu, le 18 novembre 2005, d’un courrier au commandant
de police de la ville demandant à celui-ci que « toutes les demandes d’indulgence émanant de la Mairie transitent par le cabinet du maire » (lire ci-dessous). Il s’agissait, évidemment, d’un « souci de simplification » et non pas, comme le soulignent les mauvaises langues, d’une quelconque réminiscence de privilèges dépassés. Trois ans plus tôt, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, indiquait, dans une note, qu’en matière de sanctions relatives à la sécurité routière « nul ne bénéficie de tolérance particulière du fait de sa notoriété ou de ses fréquentations ». Un message qui ne sera pas arrivé jusqu’à Coulommiers. Revenu aux affaires, l’ancien ministre des Sports de Juppé sera chargé d’étudier les demandes d’agréments envoyées à l’Arjel par les candidats à la licence. Entouré de Jean-François Vilotte, exdir’ cab’ de Jean-François Lamour et ex-président de la Fédération française de tennis, Drut sera indépendant ou ne sera pas. Exit donc toute forme d’indulgence. Bis repetita non placent, ce qui est répété deux fois ne séduit pas, serait-on tenté de lui souffler ✹ simon piel
a En 2005, Guy Drut, alors maire de Coulommiers, demandait à la police de lui adresser les demandes de grâce concernant les infractions routières.
Pendant ce temps, Orsay reste à quai. L’Orient semble vraiment trop compliqué pour Kouchner, qui n’a jamais paru plus étranger aux affaires.
Les relations avec le continent noir doivent changer, a clamé Sarko. Autant commencer par le commencement et zapper les Balkany, Bourgi, et leur poulain Dov Zérah, nouveau boss de l’Agence française de développement. L’Afrique mérite mieux que des intermédiaires miteux, tout juste bons à sourire aux simagrées de vieux dictateurs fatigués ✹
guy Drut dans ses bottes
L’UMP de Paris contre Lagarde
Bibi a sans doute un souci de bibine. Ou trop, ou pas assez. Et vice-versa. Seul un mauvais sevré ou un alcoolique chronique peut penser comme Nétanyahou. Et ne pas se préoccuper un instant du retentissement de sa boucherie en mer. Encore un pavé dans l’amer du conflit
De Nice et son sommet AfriqueFrance, Nanard a joué les majordomes de Sarko. Sans arriver à trouver une ligne commune avec Joyandet, commis au petit déjeuner diplomatique, ou avec André Parent, à la tête d’une fantomatique cellule Afrique.
indulgences
prince jean se cherche un trône Bakchich avait raconté (n° 12) que Christine Lagarde ne mettait jamais les pieds aux réunions du conseil du XIIe arrondissement, dont elle est pourtant l’élue. C’est toujours le cas et ça dérange ses colistiers UMP qui ont choisi de ne pas siéger à la dernière réunion du conseil du XIIe. Alexis Corbière (Front de gauche), s’en est inquiété auprès des absents. L’un d’entre eux lui aurait répondu que c’était pour faire pression sur la ministre de l’Économie et sur le député européen Jean-Marie Cavada ; en gros, leur demander de siéger ou de se démettre. L’enjeu est symbolique et financier. Christine Lagarde et Jean-Marie Cavada touchent chacun 4 800 euros brut par mois au titre de conseiller de Paris, alors que les conseillers d’arrondissement siègent bénévolement ✹
Neuilly, c’est fini. Enfin, presque. Jean Sarkozy y est toujours conseiller général. Mais pour la suite, il ira voir ailleurs. Plus question de défier le maire de la ville, Jean-Christophe Fromantin, qui s’est bien implanté. « Junior » va devoir trouver un autre terrain, dans les Hauts-de-Seine évidemment, tout en essayant de piquer à Patrick Devedjian la présidence du conseil général, peut-être dès 2011. Il avait d’abord pensé à Issy-les-Moulineaux, dont le maire sortant, André Santini, coincé par son âge (bientôt 70 ans) et les affaires judiciaires en cours, aurait pu laisser la place. Mais « Dédé » s’accroche. Jean Sarkozy a donc regardé vers Asnières, dont la mairie a basculé, en 2007, de l’UMP vers une coalition PS-Modem qui bat de l’aile. Problème : l’ancien maire et député UMP de la circonscription, Manuel Aeschlimann, a très envie de pousser en avant son épouse, Marie-Dominique, déjà élue au conseil régional en mars. Dernière hypothèse : Levallois, chez les Balkany. Coaché par le couple infernal, adoubé par Patrick, chouchouté par Isabelle, conseillère générale comme lui, Jean recevrait ainsi sur un plateau une circonscription en or pour devenir député en 2012. S’il est réélu à l’Élysée, Nicolas Sarkozy fera-t-il de Patrick un ministre, en guise de merci ? ✹ Amédée Sonpipet
Bazar abus Vous n’avez pas d’argent pour vous acheter une télé grande comme le mur ? Vous en avez encore moins pour finir le mois dignement ? Rassurez-vous ! Les crédits à la consommation, dont le célèbre crédit revolving, sont là pour vous… vider les poches !
Prêts conso, la mort à
crédit Q
ue ferait la France blème de société. Mais au nom de sans ses pauvres ? la sainte croissance, il est urgent De l’aveu même de de ne rien faire, comme en atteste Christine Lagarde, le peu d’empressement à faire en ces temps diffivoter la loi censée moraliser ces ciles, « la consompratiques (lire ci-dessous)… mation a été très clairement L’argument de la croissance est soutenue par le crédit à la consomspécieux, car c’est un raisonnemation ». Hourra ! les sans-le-sou ment de très court terme. Neuf participent à la maigre croissance millions de Français utilisent française. En effet, le crédit à la les crédits à la consommation, consommation, notamment le qu’ils soient revolving ou amortissables – à des taux d’intérêts crédit revolving ou crédit renoumoindres, entre 7 et 16 %. S’il velable, sert de moins en moins à acheter une machine à laver ou un peut y avoir effectivement un effet écran plat qu’à boucler les fins de d’aubaine à l’ouverture du crédit, mois difficiles. il ne reste rapidement plus beauMais à quel prix ? Selon la somme coup d’euros à dépenser au client empruntée, les taux d’usure plumé par les intérêts. Pour souvarient de 19,45 à 21,63 %. Et, tenir la croissance, il eût été plus depuis 2004, le judicieux de taux d’usure, baisser le taux 210 000 Français ont fait taux d’intérêt d’usure, comme appel à la commission de maximum légal l’ont demandé fixé chaque à cor et à cri surendettement en 2009. trimestre par les députés de la Banque de l’opposition. La France, n’a cessé d’augmenter. À BNP Paribas et le Crédit agricole, tel point qu’il faut vraiment être principaux acteurs du marché à fauché pour succomber aux slotravers leurs filiales Cofinoga, gans des organismes de crédit et à Cofidis, Cetelem ou Finaref, ont leur « réserve d’argent gratuite ». bataillé ferme pour ne perdre Une tentation à laquelle on aucune de leurs prérogatives, regrette bien vite d’avoir sucd’autant que le taux d’usure est combé. Au remboursement de aussi utilisé pour calculer les la première mensualité, le cauagios sur les découverts banchemar commence : c’est le début caires. du crédit sans fin. Ainsi, lorsqu’un Comme le rappelle Jean-Pierre quidam réussit à rembourser Brard, député PC de Seine-Saintlaborieusement 1 200 euros sur les Denis et membre de la commis3 000 qu’il a empruntés, il s’apersion des finances, « tout ce qui çoit en réalité que seuls 600 euros aurait pu gêner les organismes prêteurs et protéger le consomont été affectés au remboursement du capital : le reste est parti mateur a été refusé par le gouveren fumée au profit des intérêts. En nement ». Et ce alors même que, prime, son créancier lui rappelle depuis la crise de 2008, le loyer de chaque mois qu’il peut bénéficier l’argent a baissé et que les band’une rallonge de 600 euros, utiliques se financent à des taux extrêsable immédiatement. mement faibles, entre 1,5 et 2 %. Et malheur à celui qui honore ses Une baisse jamais répercutée aux mensualités sans incident ! Le bon emprunteurs. Se payent-ils pour prendre des risques ? Difficile à client est relancé régulièrement pour augmenter sa réserve d’arargumenter puisque ces crédits gent : « Vous avez 5 000 euros de à la consommation présentent crédit, passez à 6 000 euros. » Dur très peu de défauts de paiement (moins de 2 %). de résister à l’offre lorsqu’on n’a plus que 100 euros en poche… Une D’autant plus que, pour Cofidis spirale infernale dans laquelle et consorts, toutes les méthodes de nombreuses familles se sont sont bonnes pour recouvrer noyées. leurs créances. Ainsi, cette jeune Si le nombre de surendettés ne femme qui, incapable de payer les cesse de croître depuis quinze mensualités de son crédit, devait 1 200 euros depuis deux ans à ans, il s’est envolé avec la crise. En 2009, plus de 210 000 personnes Cofinoga. Son dossier était traité ont fait appel à la commission de par un huissier, elle recevait des surendettement ; un vrai procourriers de rappel menaçants
mais, sans revenus et sans biens, elle était insolvable. Puis vient le jour où elle bénéficie d’une rentrée d’argent et dépose 3 000 euros à sa banque. Moins de vingt-quatre heures plus tard, Cofinoga bloquait son compte pour récupérer sa créance. « J’ai été surprise de cette concordance des temps. J’ai dit à l’huissier que je soupçonnais l’organisme de crédit d’avoir mis une alerte informatique sur mon compte. Il a juré ses grands dieux que c’était impossible et que Cofinoga avait seulement eu beaucoup
de chance. Il était tellement mal à l’aise qu’il m’a accordé une remise sur ses frais ! » Si cette pratique est parfaitement illicite, elle est également invérifiable par la victime. Mais puisqu’on vous dit que les prêteurs ont de la chance… Pour que ce marché de 140 milliards d’euros d’encours continue à fructifier, les organismes de crédit inondent de publicité boîtes aux lettres, boîtes e-mail et pratiquent le démarchage à domicile. En un clic sur le Net, il est possible de faire une simulation
de crédit et d’avoir une réponse en vingt-quatre heures. Évidemment, aucun organisme ne propose une simulation des intérêts que le client aura à payer. Une trop mauvaise publicité ? ✹ leslie varenne www.bakchich.info
“J’ai vu des gens à découvert à qui l’on proposait des produits d’épargne”: http://minu.me/2h7t
une loi insipide aux oubliettes du sénat
L
a loi votée en avril dernier à l’Assemblée nationale attend toujours l’aval du Sénat. Toujours pas inscrite à l’ordre du jour, elle passera, peutêtre, lors de la session extraordinaire, cet été. De toute façon, malgré les déclarations de bonnes intentions de Christine Lagarde, cette réforme n’apporte que quelques modifications cosmétiques. À part la suppression du must du must qu’est le crédit que les commerçants refilent aux clients sans que ceux-ci s’en aperçoivent, la loi reste pour l’essentiel bien timide. Aujourd’hui, lorsqu’un chaland accepte une carte de fidélité dans un grand magasin pour obtenir une remise ou payer en plusieurs mensualités sans frais, le voilà, à l’insu de son plein gré, détenteur d’une réserve d’argent de 3 000 euros à dépenser dans toutes les boutiques du groupe. Bien entendu, ce crédit-là n’est pas sans frais…
pub agressive
Autres petits changements : le délai de rétraction passe de sept à quatorze jours. L’emprunteur aura donc plus de temps pour lire les minuscules carac-
tères des clauses de son contrat. La publicité devra également être moins agressive et mentionner qu’un « crédit engage et doit être remboursé », sans toutefois obliger les organismes prêteurs à écrire en toutes lettres qu’un crédit revolving tue !
beurrer les tartines
Sur le fond, le gouvernement a rejeté tous les amendements, y compris ceux venant de sa majorité, du jamais-vu dans la vie du Parlement ! Les députés UMP se sont vu refuser d’interdire le démarchage à domicile et n’ont pas obtenu gain de cause sur l’obligation de la double signature pour un couple marié ou pacsé – afin que l’un des conjoints ne soit pas endetté à son insu. Cerise sur le découvert, les juges des tribunaux d’instance n’auront plus le droit de siéger dans les commissions de surendettement ; les banquiers, eux, y gardent leurs fauteuils. Après s’être battu en vain pour obtenir des modifications favorables aux consommateurs, Jean-Pierre Brard, député PC, conclut, amer : « Le gouvernement a beurré les tartines des banques » ✹ l. v.
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Bazar conseils d’administration
meufs au stade… dans la panade
cherchez la fille ou la femme « de »
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’est l’accessoire tendance – officiellement – le portrait-robot du moment. Le produit de l’administratrice idéale. Sauf chic qu’on s’arrache dans qu’à regarder de plus près les les conseils d’administration récentes nominations il semble hyper-masculins des grandes que de vieux réflexes aient préentreprises sommées d’évoluer valu. par une future loi : la femme. Sans doute paniquées à l’idée de Alors que la loi Copé-Zimmers’ouvrir à ce continent mystémann, votée à rieux qu’est la l’Assemblée en les entreBernadette Chirac à LVMH, femme, janvier, impose prises ont appaaux 650 entreFlorence Woerth à Hermès, remment choisi prises cotées de de répondre aux la liste est longue… compter 40 % très archaïques « lois de la circude femmes dans lation des femmes entre les clans » leur conseil d’administration d’ici six ans et 20 % d’ici trois décrites par feu Claude Lévians, une certaine fébrilité s’est Strauss. emparée des administrateurs. Ainsi a-t-on vu ces dernières Les cabinets de chasseurs de têtes semaines arriver Bernadette sont sur les dents pour dégoter de Chirac au CA de LVMH, Florence quoi se conformer à cette nouvelle Woerth, épouse du ministre, à règle. Compétente, ouverte à l’incelui d’Hermès, Brigitte Lonternational, expérimentée, tel est guet, femme du sénateur, au CA
de Canal +… Des femmes à coup sûr très compétentes, mais que le patronyme a aussi un peu aidé. « Cette circulation analysée dans les structures élémentaires de la parenté renforce les liens entre les clans », affirme l’anthropologue Sophie Accolas. Femmes de, filles de… La présence de la gent féminine prend tout son sens dès lors qu’elle permet un renvoi d’ascenseur entre mâles dominants. Si les femmes de politiques figurent en bonne place, les femmes de confrères du CAC 40 sont également prisées. Après la femme de Daniel Bouton, l’ex-PDG de la Société générale, casée au CA de Pernod Ricard, Amélie, la femme de Frédéric Oudéa, le nouveau patron, vient d’être nommée au CA du groupe Lagardère. Les « sœurs de », ça marche aussi. Victoire de Margerie, sœur du patron de Total et administratrice des Ciments français, en sait quelque chose, qui déclarait récemment aux Échos avoir dû décliner des propositions trop ouvertement liées au poste de son frangin. Pour les moins imaginatifs, on nomme sa femme ou sa fille. ça fait tellement plaisir. Nicole Dassault est ainsi venue en renfort de son avionneur de mari en mars alors que Delphine Arnault figure au CA présidé par papa. Touchant ✹ lucie delaporte
les petites fables d’angelina Angelina chronique les grandes et les petites histoires du quotidien entre militance, humour et informations sérieuses. ersonnellement, je me demande P comment il faut considérer la proposition des dirigeants du PSG
d’« inviter » les femmes au Parc des Princes. La manœuvre est clairement annoncée : il s’agit de pacifier les tribunes. Et la gratuité pour les femmes en est une composante. Être invitée, c’est toujours agréable. On se sent désirée. Être l’objet d’une stratégie, c’est déjà moins flatteur. Moi, je me sens carrément racolée, comme attendue le vendredi soir à l’entrée des boîtes de nuit, pour qu’il y ait de la meuf. Car à quoi servira la femme au stade ? à venir par grappes de copines pour s’extasier sur les mollets de Makelele ? à faire du stade la dernière place to be, et de la supportrice la it-girl du moment ? à cautionner la bonne conduite des supporteurs qui, juré, craché, se tiendront à carreau désormais ? Bref, nous
prend-on pour des bouche-hooligans, des empêcheuses de tabasser en rond ? Des boucliers humains, en somme ! Si, en théorie, l’idée d’avoir plus de femmes dans les stades est séduisante, faut-il encore ne pas se tromper de méthode. Il ne suffit pas toujours de vouloir pour pouvoir. La femme-écran, la femme cache-misère ne marche pas à tous les coups, et, surtout, ne résiste pas aux coups. Tant que les instances du football n’affronteront pas leur univers machiste et violent de face, les femmes ne sont pas près d’envahir les gradins. Et si, au lieu de miser sur les femmes dans les tribunes pour absorber la violence et la débilité de leurs supporteurs, les dirigeants du PSG misaient sur les femmes sur la pelouse ? La section féminine du club est actuellement en tête de la première division. Une réelle chance d’ouverture vers un autre public ✹
Racolage
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Game ovaire, les féministes ont la gueule de bois: http://minu.me/1ih1
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les sans-papiers broient du noir
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haussée d’Antin (IXe arrondissement de Paris) gît un gros chantier presque abandonné. Depuis le 12 octobre 2009, les 62 ouvriers en « situation irrégulière » d’Adec, une société du BTP travaillant pour Eiffage (huitième groupe européen de construction), ont cessé de bosser. Ils occupent les lieux, dans l’espoir d’obtenir un certificat de leur employeur afin d’être régularisés.
éternels intérimaires
Il faut dire que Jérôme Longelin, le patron, n’en fait qu’à sa tête. Le bonhomme est visiblement plus préoccupé par la reprise de son entreprise, en « procédure de sauvegarde » depuis le 21 octobre 2009, que par la vie de ses employés. Pour lui, si sa boîte est en crise, c’est bien la faute aux méchants sans-papiers : l’Adec peinerait à trouver des chantiers à cause de leur grève. Longelin ne dit sans doute pas tout sur les difficultés de son entreprise ; en témoigne sa
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présence au tribunal de commerce neuf jours seulement après le début des grèves des ouvriers. Trop rapide pour être vrai. L’Adec est de ces entreprises qui nient connaître l’existence de sans-papiers sur leurs chantiers. Longtemps, Jérôme Longelin s’est ainsi défendu : « Les ouvriers se sont présentés sous l’identité de leur frère ou de leur cousin, je ne pouvais pas savoir qu’ils n’avaient pas de papiers. » Pourtant, sa femme, Céline Longelin, ancienne salariée de l’Adec, a fondé (en 2002) Activ Intérim, qui est justement l’agence qui a recruté les intérimaires sans papiers pour l’Adec. Des ouvriers qui, bien que travaillant pendant des années pour la même entreprise, restent éternellement intérimaires. Coutumier du fait, le couple Longelin avait été condamné, en janvier 2008 par la cour d’appel de Paris, à 30 000 euros d’amende, pour « délit de marchandage ». De l’humour noir, sans doute ✹ Anaëlle Verzaux
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Bazar Les sables émouvants de Total
échos des cabas
écologie Pour produire toujours plus d’or noir, Total exploite les sables bitumineux du Canada. Un procédé coûteux et ô combien néfaste pour l’environnement. Ce qui n’empêche pas le groupe de se dire soucieux du climat…
Q
ui, en cinq lettres, se fait fort de « préserver la qualité de l’air » et de « se mobiliser contre le changement climatique » ? Attention, il y a un piège… Total. Le géant de la pétrochimie n’hésite pas à se vautrer dans une communication verdoyante du type « avant d’engager tout projet, le groupe en examine l’impact environnemental ». Une maxime visiblement oubliée par la filiale canadienne de Total, qui va investir dans les dix prochaines années entre 11 et 14,5 milliards d’euros dans l’un des procédés les plus polluants de la planète : l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta.
De cette province de l’Ouest on creuse jusqu’aux sables. Puis canadien riche de 170 milliards on mélange deux tonnes de ces de barils (deuxième réserve sables à cinq barils d’eau chauffée mondiale après l’Arabie saouavec un demi-baril de gaz pour dite), Total espère tirer 10 % de sa obtenir… un baril de pétrole. production de L’eau résiduelle, brut à l’horizon chargée en L’exploitation des sables 2020-2030. Une métaux lourds, industrie que arsenic et autres bitumineux équivaut une Greenpeace quajoyeusetés, est marée noire chaque année. stockée dans lifie de « crime climatique », tandis des bassins de qu’Al Gore y voit un « danger pour décantation devenus des lacs coula survie de l’espèce humaine ». Et vrant 130 kilomètres carrés. Onze pour cause. millions de litres de cette soupe Pour extraire ce bitume, un toxique fuient chaque jour dans pétrole dégradé et quasi solide le sol et les rivières. Les induspris dans du sable, la méthode triels, censés s’autocontrôler, la plus simple est la mine à ciel sous-estiment de quatre à cinq ouvert. On rase la forêt boréale et fois l’importance de cette pollu-
le dernier des samouraïs écolo façon nicolino Auteur, entre autres, d’un ouvrage sur les pesticides, Fabrice Nicolino tient un blog sans concession sur l’environnement, Planète sans visa. ne supporte plus ces perpétuelles JEn elamentations sur l’état des océans. seulement cinquante ans de pêche industrielle, aussi grassement subventionnée que l’agriculture intensive, d’immenses écosystèmes, stables depuis des centaines de milliers d’années, ont été bouleversés. Qui veut lire les études de Daniel Pauly, Ransom Myers ou Boris Worm, parues dans Nature ou Science, le peut. Il n’y a aucun mystère : les océans se vident et les chaînes alimentaires se rompent. Et les « pleureuses », dont nombre d’écologistes de salon, de gémir sur ce grand malheur. Sans proposer aucune action véritable.
Tel n’est pas le cas de l’association Sea Shepherd – « berger des mers » –, créée par un ancien de Greenpeace, Paul Watson. Watson est un pirate des mers qui poursuit des bateaux jusqu’au bout de la Terre, surtout ceux qui s’en prennent aux baleines. Le 6 janvier, dans l’Antarctique, le bateau baleinier japonais Shonan Maru 2 éperonne le trimaran d’un activiste de Sea Shepherd, le NéoZélandais Peter Bethune. Le 12 février, Bethune balance sur le pont du baleinier une bombinette de beurre rance, de l’acide butyrique qui installe une odeur pestilentielle. Un marin japo-
nais déposera plainte pour coups et blessures après avoir été atteint au visage par le beurre. Trois jours plus tard, Bethune monte à bord et découpe au couteau un filet de protection. Sa manière à lui de protester contre le naufrage de son trimaran. Tout cela est bien rigolo, mais la suite l’est moins, car Bethune est en taule au Japon et son procès en cours. Il risque quinze ans de prison pour « violation de propriété privée », « destruction de bien d’autrui » et « port d’arme prohibée », ce qu’il revendique. Mais aussi pour « coups et blessures », ce qu’il conteste. Réclamé par la justice nipponne, le vieux Paul Watson présente Bethune comme « le seul vrai samouraï résidant actuellement au Japon ». Je crois bien qu’il a raison. Peut-être y en a-t-il deux ou trois autres, mais on ne les voit guère. Voilà ce qui manque le plus à ce monde : des combattants. Pas des guerriers sanguinaires mais des êtres simples et courageux. Acceptant de prendre des risques. Prêts à en payer le prix. Vive Peter Bethune ! ✹
Baleine
tion. À 200 kilomètres en aval, la communauté amérindienne de Fort Chipewyan s’alarme d’un taux de cancers de 30 % supérieur à la moyenne provinciale. On leur amène le plus grand projet énergétique mondial, et ils dénoncent un « lent génocide industriel ». Ingrats ! En décembre dernier, des chercheurs ont révélé que les rejets atmosphériques des usines transformant le bitume en pétrole brut causent l’équivalent d’une marée noire chaque année. « Les sables bitumineux posent d’importants problèmes environnementaux », reconnaît le PDG de Total, Christophe de Margerie, qui promet de « les exploiter plus proprement ». Comme pour le projet Joslyn, toujours dans la province de l’Alberta, en optant pour une technique consistant à injecter de la vapeur d’eau sous terre pour fluidifier le bitume. Sauf qu’en mai 2006, en forçant sur la pression, la vapeur causait à la surface une « explosion catastrophique » et un cratère de 125 mètres sur 75, selon le rapport d’enquête officiel. Malgré le coût élevé de leur extraction, Total n’entend pas se passer des sables bitumineux. « Il n’y aura pas assez d’énergie pour tout le monde », menace Margerie. Il oublie de dire que, avec une fiscalité sur mesure et un laxisme environnemental décomplexé, les conservateurs au pouvoir en Alberta ont offert aux compagnies pétrolières un grand bac à sable dans lequel jouer impunément ✹ samuel thomas
Le « fait main » selon LVMH
Deux pubs de Louis Vuitton viennent d’être interdites au Royaume-Uni. Elles utilisaient la mention « fait main » pour des sacs et des portefeuilles en cuir quand ils sont fabriqués avec des machines à coudre.
Vive le volcan
311 amendes ont été infligées aux compagnies aériennes en 2009 par l’Autorité de contrôle des nuisances sonores. Pour un montant dérisoire de 2,9 millions d’euros… Les décollages de nuit non programmés peuvent continuer.
Livret A : inflation de promesses
La rémunération du livret A – 1,25 % de janvier à août 2009 – reste inférieure à l’inflation (1,5 %), malgré les promesses de Bercy. Mais il reste encore des plumes aux 40 millions de pigeons épargnants…
Allô maman bobo
Les sites de vente en ligne ne sont pas les seuls à mettre en place des numéros surtaxés. Le médiateur de la République vient de dénoncer ceux des chambres d’hôpital, dont les plateformes sont souvent gérées par des prestataires privés… CQFD ✹
un maire bien mal béziers À Béziers, ville du vin, de la feria et de l’ovalie, on ne plaisante pas avec le respect de la femme. Certes, la cité regorgeait de bordels au temps révolu de l’âge d’or viticole : il fallait bien délasser le vigneron. Mais du passé, faisons table rase. Sans faucille et armé d’un marteau-piqueur, monsieur le maire s’est attaqué, en décembre, à deux innocents phallus superbement érigés à l’entrée de la ville, deux vestiges d’une maison de tolérance, dont les édiles ne toléraient plus « l’image déplorable » et « le côté dégradant pour la femme ». Des célèbres verges biterroises, style Art nouveau, qui triquaient avenue Rhin-et-Danube depuis plus d’un siècle, il ne reste rien. Grâce à ce viril membre de l’UMP, nos yeux se dessillent : le sexe masculin en érection, auquel nous avions cru, en nos moments d’égarement, trouver des aspects plaisants, aurait un côté dégradant pour la femme. Le maire ne précise pas lequel. Après trois millions d’années de propagande machiste fondée sur le culte de son organe érectile, l’homme moderne déclare sa bandaison rabaissante. À Béziers, le mâle est prié d’honorer la femme en mettant son pénis en berne. Ne lui reste plus qu’à pénétrer dans la mêlée et envoyer le ballon entre les poteaux. Heureusement, un groupe de résistants à la tartufferie municipale s’active pour que le couple de glorieux braquemarts soit à nouveau édifié, ne serait-ce que dans un musée où il témoignerait d’une part de l’histoire de la ville. Leur nom : les Cénobites tranquilles ✹ Juliette Keating
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Bazar étranger
bruits de la ville
les jeux du cirque n’amusent plus
la france brade ses visas
A
lire les Diplomates, derrière Liban ou la Chine, sous l’enseigne la façade des ambassades de Visasfrance. Soit 317 000 visas qui Franck Renaud (éd. Noutransitent chaque année entre les veau monde), le Quai d’Orsay mains des partenaires privés et est un ministère dépenaillé, sur locaux de TLS. les ruines duquel prospèrent En Chine, le partenaire se de juteux commerces. Quitte nomme International intellecà bazarder l’une des missions tech corporation. « Une entrerégaliennes de l’État français : prise d’État gérée au plus haut niveau de l’État central. » De là à l’attribution de visas aux étrangers. « L’État réduit les personnels soupçonner une collecte de dondes consulats nées commerqui ne disposent ciales et indusL’externalisation des visas trielles par les plus des moyens humains et menace la confidentialité États étrangers, matériels pour il n’y a qu’un des informations. traiter toutes petit pas. Que les demandes de le Quai d’Orsay visas, donc l’État externalise et ne veut pas danser. confie à des sociétés privées la colInterrogé sur une éventuelle lecte de demandes de visa… » « veille commerciale » (doux Une démonstration déroulée mot pour espionnage induspar l’auteur, longtemps correstriel) par un membre de l’Aspondant au Vietnam. L’externas e m bl é e d e s F r a n ç a i s d e l’étranger en décembre 2009, lisation – « terme politiquement correct pour une privatisation en Kouchner botte en touche dans bonne et due forme », pointe le une réponse de deux pages, gratte-papier – est ardemment arguant que la sécurité dans ces défendue par Bernard Kouchner. entreprises est similaire à celle Répondant à une question d’un des consulats… Inquiétant, si l’on député sur cet étrange procédé, en croit la CFDT, qui a jeté un œil le ministre aura ce bon mot : sur un rapport daté du premier « Je ne demande pas aux gens qui semestre 2009 pointant de nomviennent en France s’ils prennent breux soucis de confidentialité un avion privé ou passent par sur les attributions « privatisées » une compagnie nationale. » Les de visas. Bonne nouvelle : l’ambassade de affaires n’ont jamais semblé si étrangères à Nanard… France en Iran est sur le point Censée accélérer et faciliter l’obd’adopter le procédé… ✹ x. m. tention de visas, l’externalisation a fort bien rempli ses missions, en levant le pied sur la sécurité www.bakchich.info et la confidentialité des données. Quand le passeport biométrique Champion français de ce domaine se met le doigt dans l’œil : réservé, TLScontact bosse dans des pays aussi sensibles que la http://minu.me/2hbw Thaïlande, l’Algérie, l’Égypte, le
La Quai d’Orsay privatise aussi le 14-Juillet La privatisation n’est plus un vilain défaut dans les allées du Quai d’Orsay. Ou sous les lambris des ambassades. Au-delà des visas, elle touche désormais à la sacro-sainte fête nationale du 14-Juillet. Un tournant pris dès 2008, quand une circulaire du ministère, dont Bakchich avait fait état, enjoignait ambassadeurs et consuls généraux à n’inviter que « les personnalités représentatives » lors des agapes annuelles. Les cris d’orfraie des élus de l’Assemblée des Français de l’étranger n’y changeront rien. Il faut donc réduire les frais et le nombre d’invités. Pour que les soirées de l’ambassadeur restent un succès, « le ministère demande à ses chefs de poste de faire davantage appel (…) aux financements innovants pour le 14-Juillet. (…) Il s’agit ni plus ni moins d’un appel aux entreprises pour financer la réception. (…) En 2008 au Vietnam, on a vu la fête citoyenne se tenir grâce au soutien de Total, Alstom, Axa, Orange. (…) Les esprits chagrins auront aussi relevé la présence parmi les sponsors de Coca Cola », raconte Franck Renaud. Qu’importent les bulles tant qu’on manque d’ivresse... ✹ x. m.
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Bakchich Hebdo N°27 | du samedi 5 au vendredi 11 juin 2010
la mauvaise foi de monnier our gentiment vider l’esprit des P foules accablées (et leur soutirer leurs derniers deniers), la recette inu-
Les VIP boudent Roland Garros
La crise bat froid la terre ! Cette année, à « Roland », sur les 300 boîtes qui, d’ordinaire, régalent 4 500 personnes par jour en classe VIP (repas trois étoiles, champagne et matchs offerts), seules 150 ont craché au bassinet. Conséquence aussi grise que le ciel parisien, les loges de la porte d’Auteuil ont donc résonné vide, et près de la moitié du chiffre d’affaires habituel VIP s’est envolé. Si même les « vieilles pies » n’ont plus de moyens…
Francelet cornaque Zahia
Ex-collaborateur du Point, mis en examen pour « corruption » en 2007, Marc Francelet tourne toujours… autour de Zahia D., l’escort-girl préférée des footeux français. À l’actif de Marco les bons tuyaux, les tractations pour la couverture de ParisMatch du 28 avril, « Zahia la scandaleuse », négociée autour de 200 000 euros, s’étrangle-t-on au journal. Seule inconnue, la com touchée par Francelet sur une opération qui a été rééditée avec Voici. Avec Zahia, Francelet traverse une bonne passe.
Villeneuve King of the Bongo
Annoncée depuis mars (dans Jeune Afrique), l’arrivée de Charles Villeneuve à la tête de la chaîne panafricaine 3A Telesud se précise. Dans ses valises, l’ancienne animatrice de Télébouygues, Carole Rousseau. Un suspense insoutenable agite les mauvais esprits : les téléspectateurs auront-ils le droit de savoir l’étendue du patrimoine de la proprio de la chaîne, une certaine Pascaline Bongo, fille de son dictateur de père, feu Omar ?
Alex Guérini touché, pas coulé
Toujours pas mis en examen mais franchement visé par l’enquête marseillaise sur les marchés des ordures, Alexandre Guérini garde la forme. Le frère du président du conseil général s’entraîne pour le défi MonteCristo, qui se tiendra à la fin juin à Marseille. Une épreuve de natation en pleine mer qui retrace l’évasion supposée d’Edmond Dantès, le héros de Dumas, qui s’échappa à la nage du château d’If pour rejoindre la côte. De là à dire qu’Alex prépare sa fuite… ✹
sable semble toussoter. Du pain et des jeux ? Depuis l’empire romain et son cirque, l’idée semblait pourtant fonctionner. Un peu de sang, beaucoup de sueurs et quelques larmes pour oublier ses pleurs. Le cirque proposé par les marchés financiers, les gouvernements mondialisés ou Sarko Ier semblent avoir un peu effrité la maxime. Le pain vient à manquer, les mitrons à se saigner et les jeux perdent de leurs saveurs. Trop répétés, trop rapprochés. Coupe du monde de football, Jeux olympiques d’été, d’hiver, Tour de France… Trop cadencée, la litanie des grands événements mondialisés en vient à lasser même le gentil peuple français. La Coupe du monde en Afrique du Sud ? Peu ou pas
d’entrain. Le titre de champion de France ? Seule Marseille et les fans de son OM se sont enivrés. Jusqu’à plus soif. Pour au moins dix-sept années. Roland Garros et ses épiques luttes à coups de grandes raquettes ? Idem. Les Français trop tôt battus sur la terre ocre, le roi Federer détrôné, le fantasme d’un nouvel et homérique combat contre son rival Nadal envolé dans le brumeux ciel parisien… À quoi bon ? Triste début d’été, que l’annonce de l’organisation de l’Euro 2016 en France n’aura pas réussi à ensoleiller. Tout fiérot, le trio Yade-Sarkozy-Bachelot a pourtant tout fait pour parader. Quitte à programmer la sortie de crise pile pour 2016. En vain. À croire que les peuples ne sont plus aussi faciles à mystifier. Heureusement, pour abrutir les masses sevrées de football, demeurent la drogue et l’apéro géant ✹
Apéro
(m)usées
la sécurité pas à l’œuvre Cinq chefs-d’œuvre du musée d’Art moderne de la Ville de Paris ont été dérobés, le 20 mai, pour un préjudice évalué à 500 millions d’euros. Un coup de maître ? Oui, mais bien aidé.
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a ressemble au casse du siècle. Lors du cambriolage des cinq tableaux, dans la nuit du 19 au 20 mai, le dispositif anti-intrusion était partiellement en panne au musée national d’Art moderne de la Ville de Paris. On sait aussi que l’entreprise de maintenance attendait la pièce nécessaire à la réparation depuis presque deux mois. Ce qu’on sait moins, c’est que l’alarme était inaudible, couverte par le bruit de la soufflerie. Ajoutez à cela une image brouillée sur la caméra vétuste et on comprend mieux comment la vigilance des trois agents de surveillance (pour 4 500 mètres carrés !) a été « déjouée », selon le mot de l’adjoint à la Culture, Christophe Girard.
moulins
Ces défaillances ne sont pas propres au musée d’Art moderne. La mairie a beau soutenir que, à la suite d’un audit alarmant de 2007, tous les travaux nécessaires ont été réalisés, de nombreuses voix s’élèvent pour clamer le contraire. Il y a quelques mois, une note interne de la direction des affaires culturelles de la Ville, que Bakchich s’est procurée, pointait déjà la non-conformité des caméras de surveillance des quatorze musées parisiens. « Les musées sont mal entretenus depuis quinze ans, reconnaît Jack Paillet, syndicaliste à la CFTC. Mais l’équipe
actuelle n’a pas engagé les travaux nécessaires, de même qu’elle refuse d’embaucher du personnel sous prétexte qu’il n’y a pas d’argent. Mais cela n’a pas empêché les élus parisiens d’augmenter leurs indemnités. » Ni d’investir massivement dans d’autres « projets culturels » plus vendeurs électoralement (le 104, les Nuits blanches…). Qui plus est, dans les musées parisiens, le personnel est peu considéré. Notamment les « agents de surveillance » censés veiller sur les œuvres. Le poste d’occupant de chaise est surtout l’occasion pour la Ville de reclasser son personnel handicapé venu d’autres services. Ou de recaser ses fonctionnaires dépressifs. Sans être généralisé, l’alcoolisme n’est pas non plus rare, admettent plusieurs sources. Pis, les agents sont parachutés sans la moindre formation, pas même à la sécurité incendie. Et les veilleurs de nuit ne sont pas armés. En raison du sous-effectif, il leur arrive, au mépris du règlement, de faire les rondes seuls. À chacun ses nuits blanches ✹ eve eleinen
Un peu de culture LITTÉRATURE Dans une lettre adressée à Élie Barnavi, ancien ambassadeur israélien en France, Régis Debray fait part de ses positions sur les Palestiniens, l’antisémitisme en France et les impasses de la politique israélienne après Gaza. Un livre consensuel qui fait « pschitt ».
Israël, Régis debray embraye
E
n consultant les mains courantes des commissariats, je n’ai trouvé aucune trace rappor tant une agression contre Régis Debray. Pourtant, à l’écouter, après la sortie de sa lettre à un ami israélien, il craignait les coups de trique de la Ligue de défense juive, ceux du Bétar et même une fatwa lancée par un rabbin énervé de Méa Shéarim, un quartier de Jérusalem. Aux dernières nouvelles, Debray continue de dîner chez les Badinter, de muets supporteurs du régime de Nétanyahou, où le caviar est payé par les bonus de Publicis. Trust de pub d’Élisabeth qui, cher Régis, ne crache pas sur les appels d’offres même quand ils sont lancés par vos ennemis du Pentagone. Résumons : Régis est en bonne santé.
candide
En février 2002, Debray a publié un bouquin inspiré d’une visite en Orient, un Candide en Terre Sainte. Bible et Évangiles dans ses poches revolver, Debray marchait sur la trace de Moïse et Jésus, ce qui nécessite de bons Pataugas. Sortant parfois des traces divines, il cessait de lever les yeux au ciel pour observer la vie en auteur d’hommes. Voir que les soldates israéliennes ont de « belles fesses », alors que, dans les cambuses des policiers arabes, « ça sent la pisse ». Relever ce genre de détails prouve que passer par Normale sup n’est pas perdre son temps. Depuis deux ans, du plomb durci ayant coulé sous les ponts de Gaza,
Debray s’intéresse à ceux qui, en Palestine, vivent là où ça pue, du mauvais côté du fusil. Tant mieux que, si tard, notre néo-saint Paul trouve son chemin de Ramallah. Même Finkielkraut et BHL viennent de signer la pétition de JCall, qui réclame l’arrêt de la colonisation en Palestine. C’est dire que l’on peut écrire que Liebermann, le ministre des Affaires étrangères israélien (reçu cette semaine à Paris), est un voyou fasciste, sans risquer le couperet de la bonne pensée. Dans l’horreur accumulée là-bas, le bouquin de mon ami Régis arrive si tard qu’il est reçu comme un accessoire de mode, un médium faisant circuler du consensus. Chirac, l’autre ami de Régis, dirait de son bouquin qu’il fait « pschitt ». Pour commencer, erreur du facteur ? Il adresse sa lettre à la mauvaise personne, Élie Bar-
navi. Avec nos aimés confrères de Marianne, Debray est le seul à croire que Barnavi est un homme de gauche et de paix. En Israël, des profs ont fait une pétition afin de demander au gouvernement de cesser de confier à cet ancien ambassadeur trop réac la rédaction des manuels scolaires. On lui pardonne : pour avoir servi Mitterrand, Régis a pour habitude de confondre sa droite et sa gauche. Comme sur les chaussures d’enfants, il faudrait lui tracer des signes sur le dessus de ses Pataugas, un « D » coté accélérateur, un « G » côté frein.
aveugle
Sur le contenu de cet ouvrage, qu’il faut lire même avec rage, on note que Debray a un modèle, Théodore Herzl, un théoricien du sionisme. Une simple lecture des textes de ce Théodore aurait
expo
arthur rimbaud, forcément moderne
R
imbaud, l’infatigable poète aux « semelles de vent » continue de laisser son empreinte dans le monde entier, sans prendre une ride, ce qui n’est pas rien pour quelqu’un mort il y a cent dixneuf ans… Rimbaudmania, l’éternité d’une icône n’est pas une énième biographie du poète. Ce livre de Claude Jeancolas, commissaire de l’exposition du même titre (jusqu’au 1er août à la Galerie des bibliothèques, à Paris), rassemble tout ce qui a été fait à propos et sur Arthur Rimbaud : documents, peintures, affiches de spectacles, de danse ou de théâtre, photos, romans, cinéma… Bref, toutes les œuvres artistiques ou médiatiques touchant à la vie de ce héros fulgurant qui ne cesse d’inspirer notre culture contemporaine, laquelle, justement, continue « de le penser ».
Edgar Morin le souligne dans la préface : « Rimbaud, c’est un cosmos de toutes les émotions humaines. » Alors, un jour ou l’autre, tout le monde s’est un peu cru Rimbaud lui-même. Picasso, Cocteau, Fernand Léger, Hugo Pratt et son très inspiré Corto Maltese, The Clash avec la chanson Ghetto Defendant en 1982… La liste est longue, de la BD à l’art du pochoir, des Cibachrome d’Ernest Pignon-Ernest à Patti Smith… Que dire de ce livre si ce n’est qu’il est indispensable et à la hauteur de cet artiste irremplaçable. Car Rimbaud, qui disait qu’il fallait être « absolument moderne », restera notamment parce que la célèbre photo d’Étienne Carjat nous en dit long sur le regard du poète : la simplicité du sentiment, la simplicité d’une tristesse indicible. « Elle est retrouvée. Quoi ? – L’Éternité. C’est la mer allée avec le soleil. » Et concernant Rimbaud, l’éternité est là, dans ce regard… ✹ Renaud Santa Maria Rimbaudmania, l’éternité d’une icône, catalogue, par Claude Jeancolas, Paris bibliothèques-Textuel, 320 pages, 39 euros.
pu ouvrir les yeux de Régis, lui indiquer que ce pionnier n’était qu’un colonisateur. Et ce n’est pas sur le terrain, en rampant entre les check-points des territoires occupés, que Debray prend des risques. Mais en restant chez lui à l’ombre de
l’Odéon. Là, carrément courageux, il pose la question : « Si les synagogues déploient le drapeau [israélien] et battent tambour, comment veux-tu que le Maghrébin de Barbès prenne au sérieux les appels à ne pas confondre les juifs de France et l’État d’Israël ? » Dans ce chapitre, Régis retombe dans ses vieilles pompes de révolutionnaire, cogne sur ces politiciens laïcs qui se rendent au dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France comme Clovis à Reims, pour y recevoir le chrême. Étonnant. Quant à l’indéfectible ami Barnavi, le récipient d’air, il profite de sa réponse à Debray pour diffamer le philosophe Edgar Morin. Un ami juif de Régis, ancien résistant, qui se retrouve habillé de l’infamant oripeau « d’antisémite ». Ce qui nous prouve qu’Élie, lui, est comme Julio, il n’a pas changé ✹ jacques-marie bourget À un ami israélien, par Régis Debray, éd. Flammarion, 156 pages, 12 euros.
Bédé cromwell, very well vec des « si », on peut mettre A Vierzon en bouteille et, avec du style, les débuts de l’Amérique
dans un tableau. L’œuvre est celle d’un funambule qui tient son art en équilibre à l’aide de son seul pinceau, sur le fil des mots. Cet artiste, c’est Cromwell, un type passé des paras aux sépias, du fusil au fusain. Il vient de sortir l’adaptation dessinée d’un classique de la littérature américaine, le Dernier des Mohicans, de James Cooper, aux éditions Soleil productions. On pourrait dire que cet album est à la mystique de la BD ce que 2001, l’odyssée de l’espace est à celle du cinéma. De la volupté et de la mort. De l’organe et de l’esprit. Cromwell s’est créé à partir du roman d’aventure son propre musée en peinture. Chaque page est un tableau en miniature de sa fresque dessinée. On suit la guerre entre Français et Anglais qui se battent pour l’appropriation des terres indiennes en 1757. Le fil conducteur est le destin d’un officier de la Couronne chargé de conduire deux sœurs à leur père grâce à l’aide d’un chasseur mohican. Sans utiliser la toile, Cromwell s’est servi d’un papier épais comme du papyrus pour donner du grain au dessin, de la sueur aux couleurs mates et sombres. On baigne au milieu d’âmes moites où il pleut sans discontinuer sur les chairs. Seul parapluie, vos yeux de lecteur pour apprécier la beauté d’un univers artistique. Ça vous changera de la crème solaire de la télé et des plages de Radio bleu. Et peut-être d’éviter l’insolation de la connerie ✹ l. c. Le Dernier des Mohicans, par Cromwell, éd. Soleil productions, 100 pages, 17,95 euros.
du samedi 5 au vendredi 11 juin 2010 | Bakchich Hebdo N°27
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Un peu de culture Musique Rows & Stitches Karaocake
Bricoler de la musique dans sa chambre sur un vieux 4 pistes K7, ça existe encore ? Oui, à en croire Karaocake. Même que c’est rudement joli… Derrière ce projet se cache Camille, une Française ultra-sensible qui marie l’électro la plus vintage à la pop la plus sixties. Pour le meilleur… Son album Rows & Stitches suit les sillons de Broadcast (la voix sucre d’orge, les mélodies pommes d’amour) et de Phil Spector (les petits murs soniques de guitares stellaires, d’orgues de batteries rétro) avec une fraîcheur déroutante. Coup de foudre. Bang Goes the Knighthood The Divine Comedy
En 1996, The Divine Comedy composait Casanova : un chefd’œuvre pop dont la mégalomanie orchestrale n’avait d’égale que le timbre grandiloquent de son leader Neil Hannon. Quatorze ans plus tard, ces Nord-Irlandais se sont enfin délestés de leur complexe d’infériorité. Les arrangements de Bang Goes the Knighthood restent luxuriants, mais n’ont jamais semblé si légers. Et le chant s’avère étonnamment humble. Comme pour mieux bercer l’écrin de ses perles fragiles… Donso Donso
Quand un prodige des machines s’acoquine avec le gratin de la musique traditionnelle malienne, ça donne Donso. À l’origine de cet épatant crossover électropop-afro ? Le producteur français Krazy Baldhead, flanqué du vocaliste Gedeon Papa Diarra, du guitariste Guimba Kayouté, du claviériste Cheikh Tidiane Seck et du dieu de la kora Ballake Sissoko. Entrelacs de chœurs maliens, guitares chamaniques et bidouilles synthétiques, Donso catapulte Bamako sur le devant de la scène digitale. Sex Dreams and Denim Jeans Uffie
Depuis qu’elle a posé son flow sur l’album de Justice, Uffie est devenue the hit-girl de la french touch 2.0. Cette native de Miami a fait appel au Who’s Who de l’électro hip-hop pour produire son disque : Mirwais, Feadz, Mr Oizo et SebastiAn du label parisien Ed Banger. Si la hype attendait Sex Dreams… comme le messie, le reste du monde fera la moue. Bling-bling à souhait, ce disque futile sonne creux. Trop de buzz tue le buzz… Miss Météores Live Olivia Ruiz
Les gens adorent sa petite voix (populo), ses historiettes (pseudo) surréalistes et ses yeux de chat (qui minaude). Pour toutes ces raisons et quitte à se mettre la France à dos, Olivia Ruiz nous hérisse le poil. Et voilà qu’après deux victoires de la musique, elle livre déjà Miss Météores Live. Ce concert truculent égrène ses tubes dans une irritante ambiance cabaret-balloche. D’Elle panique à J’traîne des pieds ou l’indécrottable Femme chocolat, rien à faire… C’est décidément épidermique ✹
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Bébés
en salles
quand Chabat gazouille ciné Quatre bébés, aux quatre coins du monde, de leur naissance à leurs premiers pas. Ou l’éveil selon Alain Chabat, producteur de ce documentaire rafraîchissant.
S
i Alain Chabat n’est pas le plus grand metteur en scène de l’univers, c’est assurément un petit malin dont le cerveau en ébullition déborde d’idées aussi drôles qu’excitantes. L’esprit d’un labrador qui intègre le corps d’un homme (Didier), c’était lui, Jamel en Numérobis (Astérix et Obélix : mission Cléopâtre), c’était encore lui. Il y a douze ans, sur les conseils de Claude Berri, Chabat monte sa boîte de production, Chez Wam, pour financer les films qu’il a envie de voir. Depuis, il a produit une poignée de trucs en couleurs avec des images qui bougent, notamment RRRrrrr !!! ou la Personne aux deux personnes. Aujourd’hui, Chabat revient avec Bébés, un documentaire tendre rière la caméra, le documentaet hilarant. « Il y avait longtemps riste Thomas Balmès capte les que j’avais envie de voir sur grand sourires, les émerveillements, écran des enfants nés et élevés les bastons des premiers mois de dans des endroits et des cultures la vie. différents, réunis dans une forme Bon, vous me direz, ça ressemble de documentaire animalier sans sensiblement à un film amateur commentaire. » sur YouTube L’idée originale ? qui se Bébés capte les sourires, (bébé D’une simplicité marre sur sa les émerveillements… biblique. Suivre chaise, bébé qui quatre bébés tombe du lit…), Et c’est très beau. aux quatre coins mais Bébés est du monde, de un vrai film de leur naissance à leurs premiers cinéma avec des partis pris de pas. Voici donc Ponijao, Bayarmise en scène, dont le refus total jargal, Mari et Hattie qui vivent de la voix off. Encore plus fort, le film abandonne les sous-titres : en Namibie, en Mongolie, au Japon et aux États-Unis. Derc’est coton avec les Japonais ou
message à caractère informatif LA ZApPETTE de bourget elui qui part vers la tombe sans C être passé à la télé a loupé sa vie. Sauf s’il existe une vie éternelle, avec
Pascal Sevran. Jean-Paul II ayant fait ce voyage sans envoyer de carte postale, j’ai des doutes. Pour Bakchich, c’est important d’apparaître très jeune à la télévision. Mes camarades m’insultent, m’accusent de sabotage économique et idéologique, puisque notre journal est aussi un outil de propagande massive : « Comment veux-tu que notre hebdo passe à la télé ? Dans ta Zappette, tu passes ton temps à insulter le PAF ! » C’est faux puisque je n’ai pas dit un mot d’Évelyne Dhéliat, du Jour du Seigneur, ni de Carole Gaessler, qui confond les coupes « sombres » avec « claires » comme ses beaux yeux.
C’est sans doute parce que mon panel d’émissions est trop étroit, que je n’ai pas les yeux assez ouverts sur les merveilles du monde du plat. Que Cauet ou Arlette Chabot invitent Bakchich et la Zappette va changer de ton. Cauet ? Sans aller bien loin, j’écris : « Voilà un garçon formidable puisque Omar Harfouch, un ami de Robert Ménard, l’ancien patron de Reporters sans frontières, lui fait un procès. » Arlette ? « Comment critiquer une femme qui, naguère, s’est fait traîner dans la boue par Sarkozy ? » J’aime Arlette. Vous avez compris la mécanique du fluide, il y a suffisamment de méchants qui tapent sur les gens de télé pour que cette cruauté nous donne une raison de les aimer. Bardot lutte bien pour la
Aigreurs
Éléonore Colin
Bakchich Hebdo N°27 | du samedi 5 au vendredi 11 juin 2010
When you’re strange de Tom DiCillo
Cinéaste sympathique de ça tourne à Manhattan, Tom DiCillo réalise un doc sur les Doors, constitué intégralement d’images d’archives, stupéfiantes et pour la plupart inédites. Un sublime contrepoint au nanar boursouflé d’Oliver Stone, The Doors, tourné en 1991. Avec la voix off de Johnny Depp, DiCillo montre un Jim Morrison tour à tour poète, rebelle, bouffon, génie et junkie. Trop de succès, de filles, de dope, le roi lézard finira raide mort au fond d’une baignoire à Paris, à l’âge de 27 ans. Pour son premier doc, DiCillo a tout bon. À travers la destinée de quatre mômes des années 60, il fait revivre une page de l’histoire américaine, avec en toile de fond la guerre du Vietnam, la lutte pour les droits civiques et l’émergence du mouvement hippie. Hautement recommandé. Summer Wars de Mamoru Hosoda
les mamans africaines ! Comme le bébé, le spectateur se retrouve immergé dans un monde qu’il ne connaît pas, qu’il ne comprend pas. Un univers archaïque ou ultramoderne dont il va découvrir peu à peu les us et coutumes. En fait, Balmès filme l’éveil au monde et c’est très beau. Comme les stupéfiantes images HD ou la musique de Bruno Coulais, sans oublier le tube de Sufjan Stevens lors du générique de fin. Quel homme de goût, ce Chabat ! ✹ marc godin Bébés, de Thomas Balmès, avec Ponijao, Bayarjargal, Mari et Hattie. En salles le 16 juin.
survie des pythons et des crocodiles ! Pour l’instant, je fais encore un blocage sur Jean-Pierre Pernaut et Marie Drucker. Mais je travaille pour accéder à leur subtil. Je sens même que Combien ça coûte ? et l’histoire racontée à Max Gallo commencent à m’émouvoir. Élise Lucet est très bien. En idiot, j’ai écrit qu’elle filait des coups d’épaule dans les mots. C’est faux, le temps des manches courtes venu, je n’ai vu aucune trace de bleus sur la blonde. Frédéric Taddeï voit parfois, par mes aigreurs, sa réputation alésée, mais c’est parce que de lui comme de Schumacher, ou de Xavier Bertrand, j’attends plus. On ne va pas engueuler un type qui invite Chomsky à la télé ! Ruquier est énervant parce que c’est un type intelligent et cultivé qui passe son temps à faire le con, un rôle qu’il joue trop mal. Vous me direz qu’entouré de Zemmour et Naulleau c’est facile de passer pour un type normal. Pour les gens de télé en manque de compliments, sur le site Bakchich.info, il y a tous les outils qui vous permettent de me faire passer un message : je loue tout le monde. Sauf Dieu ✹
Il n’y a pas que Miyazaki dans la vie ! Signé Mamoru Hosoda (la Traversée du temps), Summer Wars raconte l’histoire d’une famille qui tente de combattre un virus ayant pris le contrôle d’Oz, plateforme communautaire d’Internet. Très inspiré, Hosoda mixe science-fiction et réflexion, virtuel et réel, baston et émotion. Une très bonne surprise. The Crazies de Breck Eisner
À l’origine, un film d’épouvante assez médiocre de George A. Romero (la Nuit des fous vivants, 1973), une histoire de virus qui transforme les habitants d’une petite bourgade en fous furieux. OS du gore, le réalisateur de ce remake fait couler l’hémoglobine pour masquer le vide du scénario et tente de respecter le minimum syndical de l’horreur pop-corn ✹ m. g.
la bakchich team Directeur de la publication : Xavier Monnier • Directeur de la rédaction : Nicolas Beau • Conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget • Rédacteurs en chef : Pierre-Georges Grunenwald (édition), Cyril Da (Web) • Chroniqueurs : Alceste, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Éric Laurent, Patrice Lestrohan, Fabrice Nicolino, Jean-François Probst, Alain Riou • Maquette : Émilie Parrod, Victor Buchotte, Marjorie Guigue • Secrétaires de rédaction : Élodie Bui, Tatiana Weimer • Rédaction : Monsieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Cabanes, Renaud Chenu, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Anthony Lesme, Laurent Macabies, François Nénin, Simon Piel, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Verzaux • Dessinateurs : Avoine, Bar, Baroug, Bauer, Essi, Giemsi, Goubelle, Ray Clid, Khalid, Klub, Lacan, Large, Ludo, Magnat, Mor, Morvandiau, Nardo, Noël, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski, Revenu, Roy, Soulcié, Thiriet • Groupe Bakchich, SAS au capital de 56 980 euros • Siège social : 121 rue de Charonne 75011 Paris • Téléphone : 01.40.09.13.25 CPPAP : 1114 C 90017 • ISSN : 2104-7979 • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France Offset Direction des ventes : Thierry Maniguet/ tmaniguet@scpe.fr/01.70.39.71.05 Publicité : pub@bakchich.info Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.
Un peu de culture tonton nous parle depuis l’au-delà
Le pipole de la semaine laurence parisot, cosette toujours !
le billet d’alain riou
Laurence Parisot vient d’être réélue présidente du Medef. À l’unanimité. Une gloriole passée tellement inaperçue que la pauvre Laurence pourrait se faire crocodile. À l’instar des larmes qu’elle versa sur les plateaux de télévision, jouant celle qui ignorait l’existence des caisses noires de la branche métallurgie du Medef. Parisotte (dixit Denis Kessler, passé de Mao au patronat) aime à cultiver sa légende de Cosette. Une gageure, avec un salaire de 22 000 euros par mois, versé par l’institut de sondages Ifop, dont elle détient 75 %. Mais « Pimprenelle » la joue modeste. Pour servir le propos, le Monde (30 mai 2010) décrit une femme pas frimeuse pour deux sous : « À son mince poignet, une montre Chaumet, massive et sportive, cerclée de diamants, seul signe de luxe. On lui connaît toujours le même sac Vuitton. (...) Sa maison à Saint-Barth, à côté de celle de Johnny ? “Une cabane”, assure-t-elle. » Si ses origines ne tranchent pas vraiment avec celles de ses pairs – son papa fit fortune dans les meubles –, elle tente, sur certains points, de se distinguer. En cultivant son côté femme de province, un peu féministe, ferme face aux mauvais fonctionnaires. Et puis, c’est une femme généreuse. « En 2008, [le Medef] a dû régler une note d’honoraires annuelle de 300 000 euros à son coach personnel, Rosine Lapresle-Tavera, graphologue reconvertie dans le conseil haut de gamme », apprend-on dans le livre l’Histoire secrète du patronat (éd. La Découverte). Modeste jusqu’au bout des ongles, Laurence Parisot avait confié, en 2008, à Renaud Donnedieu de Vabres, l’ancien ministre de la Culture, son désir de politique et de… présidence de la République. Humilité, quand tu nous tiens ✹ a. v.
Journaliste au Nouvel Obs et invité du Masque et la plume, Alain Riou fait aussi du cinéma. Son cinéma. e nombre et la fureur des évéL nements qui se sont abattus ces derniers mois sur le monde nous ont
empêché de saluer à sa juste valeur un exploit journalistique sans précédent. Il s’agit de l’interview post mortem de Claude François qu’ont réalisée, en février dernier, nos confrères de France dimanche, grâce au fluide exceptionnel d’un médium dûment patenté. Avec moins de moyens, car nous préférons, à Bakchich, la liberté à la richesse, nous avons pu, nousmêmes, entrer en contact avec le président François Mitterrand, lequel séjourne dans l’au-delà depuis près de quinze ans. Nous avons pour ce faire utilisé les services d’un sphinx grec dont les tarifs ont fortement baissé depuis la tourmente financière qui s’est abattue sur son pays. Un peu vexé, dans un premier temps, de ne pas interviewer le roi de Thèbes (les sphinx font presque tous un complexe d’Œdipe), l’Oracle s’est rasséréné en constatant qu’en dépit d’une longue inactivité ses pouvoirs demeuraient efficaces et ne s’étaient point rouillés. La conversation fut brève mais cordiale. L’ex-Président, là où il est, se tient très
au courant de l’actualité, et se montra charmé, sinon charmant, lorsque nous l’interrogeâmes sur les récents propos de Nicolas Sarkozy le concernant, qui vient de déclarer que, « si Mitterrand s’était abstenu de baisser l’âge de la retraite à 60 ans, on aurait beaucoup moins de problèmes aujourd’hui ». « J’avais pris à l’époque cette décision pour emmerder Giscard et Ceyrac [numéro un du CNPF, le Medef de l’époque, ndlr] » nous a déclaré, heureux, l’ancien premier magistrat de France. « Mais dans mes rêves les plus fous, je ne pouvais pas espérer alors emmerder aussi le petit Sarkozy, qui n’était [déjà] qu’un freluquet en ce temps-là. » Ce contact établi avec le Guide, il importait de savoir si, pour 2012, sa préférence allait plutôt à Martine Aubry ou à Dominique StraussKahn. Mais comme notre intermédiaire venait de lui poser la question, le nuage islandais, qui roulait dans le ciel avec insistance, se déchaîna soudain sur la communication ; et ne demeura audible, au milieu du tonnerre, que cette interrogation quelque peu sphyngique : « Tonton ? demande l’Oracle. Tonton ? Pourquoi tu tousses ? » ✹
Sphinx
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oiseux
l’art moderne n’amuse plus la galerie
S
oyez rassurés, préparez vos éponges, vos Spontex qui ne seront plus Mao : le Flamand Jan Fabre, célèbre metteur en scène, sculpteur, chorégraphe… est de retour à Avignon. Il promet de pisser sur scène, et même plus si besoins. En 2009, l’ineffable Jan Fabre a exposé ses merdes (des vraies) au Louvre, la femme de ménage d’un musée allemand s’est fait virer pour avoir mis à la benne un sac-poubelle, ignorant que celui-ci était une précieuse œuvre d’art. Oublions qu’une réplique de Menguele expose des cadavres plastifiés, dans l’ébahissement général.
un corpus de connaissances et le faisant évoluer a disparu ». Ben voilà. L’art s’arrête à Malevitch et Duchamp et à ceux qui s’en inspirent.
marre des homards
Dans le Monde diplomatique, c’est l’honorable Dany-Robert Dufour, philosophe et spécialiste de l’art qui, lui aussi, crie halte au feu : assez de homards ou de chiens gonflables. Ceux qui font
la fortune de Pinault et, comme toujours avec lui, le désespoir des gens ordinaires. Des prolos ne sachant pas rire à la comédie de la subversion, comme le disait Philippe Muray. Même le réalisateur Jean-Luc Godard a avoué à Télérama : « L’art contemporain est foutu. » Parlant du foutage de gueule de messieurs Fabre ou Koons, c’est plutôt ce que j’appelle une bonne nouvelle ✹ j.-m. b.
mauvais goût
Pourtant, des signes heureux apparaissent. Annonçant qu’on va bientôt pouvoir dire que les expositions de M. Fabre sont de la merde, sans risquer le retrait de carte de presse ou celui du laissez-passer du bon goût. Jean Clair, par exemple, pape de la muséologie et de l’histoire de l’art, en a ras-le-bol de se prosterner devant des tas d’étrons. Ouf ! il le dit enfin. On va pouvoir faire comme lui, tirer la chasse. Dans un entretien avec le Monde, Clair avoue : « Je crois qu’il n’existe plus rien d’important dans l’art contemporain. » Il a pris son temps, le maître. Merci mon vieux, on va pouvoir aussi ricaner dans certaines galeries sans passer pour une andouille fasciste. Clair précise que « tout ce qui était théorie, école, travail d’atelier, communauté de créateurs travaillant et s’appuyant sur
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Ben la der
Omar el-béchir
Albert ne s’en foot pas
au Nil du rasoir
bandit Mis au ban des nations, l’autocratique président soudanais n’est évidemment pas un tendre. Ça en arrange tout de même quelques-uns...
O
fficiellement, c’est le plus vilain garçon de la planète : le président soudanais Omar Hassan el-Béchir, 66 piges, en fonction depuis 1989, est le seul chef d’État en exercice à faire l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité (commis au Darfour). Pour ce motif, Sarko, moins regardant avec les humanistes chinois, ne l’a pas plus invité que son collègue Mugabe (Zimbabwe) au sommet Afrique-France du début de la semaine. Alors même que ce banni-modèle vient de rendre à la France trois humanitaires mystérieusement enlevés !
infréquentable
Sûr, le bilan de ces vingt et une années d’omarcratie n’est pas solaire. Riche en pétrole, surtout animiste, un peu chrétien, plus noir qu’arabe, le sud du pays doit se prononcer en janvier sur son indépendance. Mais cette innovation, contestée d’ailleurs par le parti présidentiel, survient après deux décennies de guerre qui ont fait dans les deux millions de morts. Dans l’ouest du pays, légèrement apaisé, le conflit du Darfour sinistré (300 000 tués, 2,7 millions de personnes déplacées) ne relève pas, lui non plus, de l’histoire ancienne. Magnanime, après une réélection entachée de fraudes, el-Béchir a promis de mener « un dialogue objectif pour apaiser l’atmosphère ». Une quasi-nécessité. Pourvu de deux épouses, mais pas d’un seul enfant, notre homme n’est pas, ces tempsci, de ceux qu’on cherche à fréquenter : ils n’ont été
que six chefs d’État, dont les voisins tchadien et djiboutien, à faire le pèlerinage de Khartoum pour saluer sa nouvelle investiture, le 27 mai. En sens inverse, saisi de légalisme, leur collègue sud-africain Jacob Zuma a fait savoir qu’Omar courait le risque d’une arrestation si, d’aventure, il se pointait à la Coupe du monde de foot.
provocateur
Des menaces à nuancer. D’abord, le musulman elBéchir, naguère intégriste, qui a rétabli la charia dans le nord du pays, conserve quelques amis régionaux, dont des émirats, qui plaident qu’au rayon « criminels de guerre » les Occidentaux se sont peutêtre trouvé une proie un peu facile. Pas mal vu à Moscou, Omar entretient aussi les meilleurs liens avec la Chine, qui achète 65 % de la production pétrolière soudanaise. Et, selon diverses ONG, une part non négligeable de son équipement militaire. Mieux, ou pis encore, au lendemain de sa réélection, notre Timonier du Nil a reçu « les félicitations » d’Obama. Une affaire de stabilité régionale plus que de pétrole : l’allié égyptien (le général el-Béchir a fait là-bas ses premières armes) s’alarme des convulsions africaines que pourrait provoquer l’indépendance abrupte d’un Sud fragile. Après tant de dévastations, de pillages, de viols, le provocateur Omar s’offre toujours quelques pas de danse avant de haranguer ses troupes. Tant qu’il peut mener le bal… ✹ patrice lestrohan
domenech y croit
Une vraie Boutin-train
Ci-devant haut-commissaire aux Solidarités actives, désormais président de l’Agence du service civique, Martin Hirsch égratigne quelques anciens collègues dans l’ouvrage qu’il publie ces jours-ci, Secrets de fabrication, Christine Lagarde et surtout Christine Boutin, ex-Logement. « Elle m’a traité de “peau de hareng”, explique Hirsch à Paris-Match (27 mai). Pour les vœux, elle m’avait envoyé un message hallucinant : “Comme j’essaie d’être une bonne chrétienne, je suis contrainte de te souhaiter une bonne année.” » Via son pieux serviteur Sarko, le bon Dieu l’a punie…
Esprit de l’ascenseur
Jusqu’à présent, on croyait savoir que l’expression « ascenseur social » désignait la possibilité, pour des jeunes gens doués, issus de milieux défavorisés, d’accéder à une certaine promotion sans rencontrer trop d’obstacles financiers, sociaux, culturels… Telle n’est pas, semble-t-il, la conception qu’en a le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux (le Monde du 30-31 mai) : « L’ascenseur social, ce n’est pas un bouton sur lequel on appuie en attendant l’arrivée. C’est un rude escalier que l’on gravit marche après marche. » ça promet ! Si Brice vous propose de prendre l’ascenseur dans une tour de 30 étages, refusez, vous allez vous payer tout l’escalier !
Secrétaire d’états d’âme
Un pilier de « l’ouverture à gauche » « a le blues ». Éjecté naguère de la Coopération, aujourd’hui secrétaire d’État à la Justice sans affectation précise, privé de sa chère mairie de Mulhouse, l’ancien socialiste Jean-Marie Bockel veut aujourd’hui « se redéployer » (Paris-Match du 27 mai). Par la grâce de son squelettique parti, La Gauche moderne ? « Je suis l’aile gauche de la majorité. Nicolas Sarkozy ne pourra s’en passer en 2012. » C’est bien pourquoi il vient de suggérer à Tapie de retourner chez… les radicaux de gauche.
Rachida rapportueuse
Euro-évanescente, la députée Rachida Dati ? Moins qu’on le dit, assure l’Express (27 mai), qui précise que, de toute façon, la maire du VIIe arrondissement parisien « riposte [à ces accusations] en présentant [à qui veut, à Strasbourg], le bilan de ses interventions et déplacements. Un document rédigé par sa collaboratrice, dans lequel elle note au passage que trois de ses collègues de la majorité comptent zéro intervention en séance plénière. Ambiance. »Aussi « délatoire » que délétère…
L’Euro de football 2016 sera donc organisé en France. Secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports depuis onze mois, Rama Yade y a, bien sûr, beaucoup contribué. Du moins, elle le pense et a détaillé pour le Journal du dimanche (29 mai) quelques trucs qui l’y ont aidée : « [Avec nos partenaires européens] j’ai beaucoup parlé anglais, même un peu [sic] en allemand. Pour montrer que, culturellement, les Français savent se tourner vers les autres. Un conseil du prince Albert [de Monaco]. » Exact : les étrangers ne détestent pas qu’on s’adresse à eux dans leur langue. Il fallait bien la géniale assistance du souverain monégasque pour le découvrir…
L’Oubangui charrie
Au palmarès des pays africains bien « mal partis », la République centrafricaine, qui n’abrite plus « qu’une poignée de coopérants et de militaires » français, maintient son rang. À l’occasion du sommet franco-africain de Nice, le Figaro (29-30 mai) en a fourni quelques exemples : « jacqueries » en province, eau courante rare, électricité sporadique, quarante mois d’impayés pour les fonctionnaires, et, beaucoup plus sérieux : « 176 enfants sur 1 000 meurent avant l’âge de cinq ans ; en vingt ans, l’espérance de vie s’est effondrée – elle n’est plus que de 39 ans. » Du coup, le reporter du quotidien assure qu’il a rencontré là-bas différents particuliers nostalgiques de l’ère Bokassa. Vive l’empereur !
Vacance pour la « Maison »
Encore un grand projet du Président qui peine à décoller. Où caser son musée, pardon sa « Maison de l’histoire de France » ? (l’Express du 27 mai) « Mais c’est tout Paris qui est une Maison de l’histoire de France ! » s’était exclamé Alain Decaux à l’annonce de cette étonnante idée. Fontainebleau récusé (trop loin), il est question du site des Archives nationales dans le Marais – transférées dans le 93 –, de Vincennes, de l’île Seguin et de l’hôtel de la Marine, place de la Concorde. « Décision avant l’été. » Il sera bien temps alors de savoir très exactement ce qu’on veut mettre à l’intérieur.
Ou y a du « zen »
C’est un ministre (anonyme) qui l’assure au Point (27 mai) : en faisant entrer François Baroin au gouvernement, et plus précisément au Budget, Sarkozy « s’est payé le plaisir de faire un sale coup à [son ami] Copé ». Une façon de lui lancer dans les pattes un rival pour 2017. Jean-François Copé, précise l’hebdo, demeure très « zen » : « D’abord, il pense avoir une bonne longueur d’avance. Et ensuite il est pragmatique : “Je suis pour que ce soit le meilleur qui soit en piste. On verra à ce moment-là.” » En effet. Même si on a un peu de mal à imaginer que Copé se prenne un jour pour « le pire » ✹ p. l.
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Bakchich Hebdo N°27 | du samedi 5 au vendredi 11 juin 2010