Bakchich N°32

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Total booste le nucléaire birman

bakchich

N° 32 | du sameDI 10 au vendredi 16 JUIllet 2010 | informations, enquêtes et mauvais esprit

pots-de-vin, corruption, financement occulte…

le temps des valises

viiliers-le-bel

Le pouvoir truque le procès des émeutiers bédéreportage

Escale à Tanger, porte nord du Maroc

dossier

L’Algérie de Bouteflika nouvel Absurdistan afrique du sud

Le caricaturiste Zapiro charge la Fifa speakerine

Rémy Pflimlin, boss de France Télévisions Et sur Internet

pages 5-6-7

L 13723 - 32 - F: 1,50 �

Bel : 2€ CH : 2,90FS


Apéro sommaire

pays-bas - espagne

l'art de retourner la situation

apéro

Les faits saillants de l’actualité P.3 Total en Birmanie. Les généraux de la junte rêvent de doter le pays du nucléaire militaire ? Peu regardant, le géant pétrolier français apporte sa généreuse contribution. P.3 Les règles administratives sont compliquées et non respectées. N’est-ce pas, M. Woerth ? P.4 Israël. Le Mossad enchaîne les bévues. Empoisonnant.

M

ichèle Alliot-Marie a l’ambition ridicule. On sent bien qu’elle rêve de la présidence de la République alors que, lorsqu’elle s’agite, on pense à un lapin frappant sur son tambour. Mais ses impairs sont utiles quand, à propos de la burqa, elle déclare à Libération : « La République se vit à visage découvert. » Parfaite doctrine au moment où, à Villiers-le-Bel, on condamne des prévenus – peut-être coupables – sur les affirmations d’individus sans noms ni visages, témoignant sous X, comme avec Staline ou en Ulster (lire page 5). Merci à MAM, donc, de supprimer aussi ce honteux niqab judiciaire. L’affaire Woerth-Bettencourt prend du corps, ne manque qu’un cadavre exquis pour qu’elle gagne les étagères des scandales Stavisky ou Ben Barka… Nous n’avançons guère en matière de morale publique : des politiques continuent de copuler avec des collectionneurs de coffres-forts offshore. Mais la honte n’est pas chez ceux qui prennent le thé et les enveloppes chez Liliane Bettencourt. La pourriture est dans la presse, en particulier celle qui s’exprime sur Internet pour être libre. Après que Bakchich a essuyé les plâtres, c’est au tour de nos amis de Mediapart d’être traités de « fascistes », de « presse des années 30 ». La droite veut tuer l’information sur Internet et le chien Plenel. Xavier Bertrand ne devrait pas réveiller les vieux diables. Les « années 30 » ? C’est remonter à la Cagoule, mouvement fasciste dont la mémoire usée de Liliane Bettencourt pourrait encore parler, ce groupe factieux a été financé par son père, Eugène Schueller. Ce fondateur de L’Oréal que le jeune François Mitterrand admirait. Oh, là ! Remettons vite le couvercle sur la marmite ✹ la rédaction

Je l’ai dit à Nicolas Sarkozy : je crois que ça vous reviendra en boomerang.

François Baroin, à propos de la nomination du président de France Télévisions.

coup de boule

B

2

Nos enquêtes et nos dossiers

les trophéEs Le jargon de la semaine

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Et Christine Lagarde. Joie du buzz, la ministre de l’Économie a innové dans la langue de bois en créant le mot-valise « ri-lance » (sic), composite de « rigueur » et de « relance ». Un mot promis au succès (16 000 occurrences sur Google, lundi ; 63 000 mercredi) et destiné à coller un nez de clown sur la face verdâtre de l’austérité. Et si, par un hasard abracadabrantesque, la « ri-lance » fait « pschitt », Lagarde créera la « pschrilance », et tout continuera comme avant.

P.5 Procès des émeutiers de Villiers-le-Bel. Bakchich a rencontré le témoin essentiel de l’audience, Christopher Bénard. Où l’on apprend comment l’Élysée l’a manipulé pour qu’il témoigne à tout prix. P.6-7 Le dossier de la semaine. Après plus de dix ans de règne de Bouteflika, l’Algérie est en pleine régression. Les bonnes feuilles d’un ouvrage au vitriol. P.8 Les relations courtisanes entre la droite et les époux Bettencourt ne datent pas d’hier.

Bazar

environnement, médias, conso, sport, pipoles…

Le calembour de la semaine

Lors de la première étape (belge) du Tour de France, le peloton a traversé la localité flamande de Putte. Inspirant l’increvable Gérard Holtz, qui a lancé du haut de sa moto – et dans le micro : « Je n’ai jamais vu autant de fils de Putte sur le bord de la route. » Le forum du site Web et le standard de France 2 ont chauffé. Puis Gégé s’est excusé : « Je n’ai jamais voulu blesser personne. On a dû mal me comprendre. » « C’est certain, étant donné le niveau de sophistication de la pirouette du journaliste », a répliqué le site de la chaîne belge RTBF.

P.9 Afrique du Sud. Entretien avec Zapiro, le caricaturiste vedette que la Fifa – et bien d’autres – insupporte. P.10-11 Visite de Tanger en bédéreportage. Suivez le guide.

Culture

Le pieu de la semaine

l’espoir fait-il encore vivre ? onne nouvelle ! L’inflation repart. Avec l’augmentation sournoise des tarifs du gaz, de l’électricité et du ticket de métro, nous nous acheminons gaiement vers un petit 2 %. Côté gaz, pas d’inquiétude : son prix sur les marchés internationaux – avec la découverte de nouveaux gisements – n’a jamais été aussi bas, mais comme en France on ne fait rien comme tout le monde, son tarif reste indexé sur le prix du pétrole. Comprenne qui pourra. Pas grave, ce sont les plus démunis, en pleine progression (près de 300 000 ménages), qui se voient privés de gaz et d’électricité. Z’avaient qu’à payer leurs factures. Avec quoi ? Bof… Si tout cela renchérit notre production industrielle et pénalise nos exportations, nous gagnerons en contrepartie de nouveaux chômeurs et notre déficit commercial explosera. Côté bonnes nouvelles, faisons confiance à la sagacité de Claude Guéant et d’Alain Minc, nos vice-ministres des Finances, qui travaillent avec ardeur à une iné-

filouteries

vitable augmentation des impôts (TVA incluse), qui nous plombera pour les dix ans à venir.

moutons

Mais tout n’est pas désespéré : le gouvernement va continuer à aider les grandes entreprises en accélérant la planche à billets et les plus malins n’auront, pour se refaire une santé, qu’à spéculer en Bourse – cette fois, à la baisse. À l’heure où les jeux en ligne sont officiellement autorisés, misons nos dernières économies sur les banques d’affaires. Renflouées par l’État, elles se portent bien. Jugezen : une étude récente a montré que les 15 plus grosses banques européennes (dont la BNP et la Société générale) ont réalisé, en 2009, 95 milliards d’euros de bénéfices dans leurs activités d’investissement contre 25 milliards en 2008, et que leurs résultats sont passés de 25 milliards de pertes en 2008 à 43 milliards de bénéfices en 2009. Ne soyons pas inutilement pessimistes, il y aura toujours des moutons à tondre ✹ alceste

Bakchich Hebdo N°32 | du samedi 10 au vendredi 16 juillet 2010

YouTube a diffusé les ébats sexuels d’un proche collaborateur du grand ayatollah Ali al-Sistani, sorte de pape du chiisme irakien. Avec la caméra de son téléphone, Hamdan Naji al-Mousavi a filmé ses performances avec son épouse, et 18 femmes venues solliciter un avis religieux. Des conquêtes aujourd’hui en danger de mort – on ne badine pas avec l’adultère. Lapidère.

Le phénomène météo de la semaine

Le village de Saint-Pandelon (Landes) a eu les honneurs des médias. Les habitants retrouvaient leurs voitures, leur linge… mouchetés de petites taches brunâtres et puantes. Le maire n’a pas hésité : « Il pleuvait de la merde. » On a accusé les avions. Mais non. Les déjections proviendraient des milliers de martinets qui ont élu domicile dans le coin. Il aura fallu deux mois pour y penser ✹

Mot à Mot

Au rayon des soldes, cette année, il y a l’embarras du choix. D’abord, il y a une équipe de France de foot un peu abîmée, mais qui n’a pas beaucoup couru, ni trempé le maillot. À saisir. L’entraîneur, lui, est invendable. Hélas, il n’était pas impayable. Il y a toujours, rappelons-le, quelques millions de vaccins contre la grippe du cochon entassés dans les caves de Roselyne Bachelot. De quoi avoir les larmes aux yeux : vous n’avez tout de même pas cru qu’elle

pleurnichait sur l’avenir de la Fifa ? Il y a deux ministres scandaleux, ridicules dans leurs œuvres comme dans leurs bidouillages de filous insolents, lourdés par le boss, en attendant la suite. Il se peut que le stock s’enrichisse (lui aussi) de quelques autres spécimens en automne. Il y a une octogénaire bourrée de jonc et pourtant subventionnée par le fisc, alors même que son magot est une offense permanente pour tous ceux qui, comme des blaireaux, ont la sale habitude de se lever chaque matin pour travailler. Il y a un bouclier fiscal qui ne protège pas vraiment des orages, puisque, comme tout le monde peut le voir, le gros problème de Sarkozy, ce ne sont pas ses pauvres, ce sont ses riches : voilà où mène l’assistanat. Il y a un trésorier de l’UMP qui

bouquin, cinéma, musique, bédé…

P.13 Martha Washington, la bédé culte de Frank Miller et Dave Gibbons enfin éditée en France. P.14 Predators, suite de la série débutée avec Schwarzy en 1987, est dans les salles. Saignant ! P.16 Le nouveau boss de France Télévisions s’appelle Rémy Pflimlin. Présentation du non-choix de Nicolas Sarkozy. ne voit pas où est le problème et un ministre du Travail qui ne voit pas non plus où est le problème. Et pour cause, c’est le même : achetez le lot ! Il y a 100 000 fonctionnaires pas remplacés, pour économiser dans les hôpitaux et les écoles ce que nous coûte la baisse de la TVA au resto. Pas grave : on se fait soigner chez Nénesse – ils ont l’appendicite en plat du jour –, et mon fils apprend à lire le menu du terroir. Il y a une Belgique tellement décomposée qu’elle fait désormais partie du Tour de France. On lui a confié le sort de l’Europe pendant six mois : à Noël, on aura peutêtre deux Europes, une à Bruxelles, une à Strasbourg. Ah bon, c’est déjà le cas ? Bref, dans les soldes, il n’y a pas que des affaires… ✹

jacques gaillard


Apéro

total finance le nucléaire birman pompage En Birmanie, le généraux de la junte n’ont qu’une idée en tête : se doter de l’arme nucléaire. Total, qui exploite un gisement dans le pays, leur donne un sérieux coup de main.

T

otal n’a décidément pas de chance. Alors que les malheurs de BP dans le golfe du Mexique ont fait passer ses propres turpitudes à l’arrière-plan, voilà que surgit un gros pépin : les généraux birmans mettent le paquet pour se doter de l’arme nucléaire. Et Total est leur premier financeur… Les investigations de l’ONG EarthRights International (ERI) établissent clairement la responsabilité du pétrolier dans l’acquisition en cours de nucléaire militaire par la junte birmane auprès de la Corée du Nord. Depuis des années, ERI enquête sur le soutien multiforme qu’apportent à la junte birmane les multinationales pétrolières Total et Chevron, partenaires, avec le thaïlandais PTT, au sein du consortium Yadana, qui exploite un gisement gazier off-shore en mer d’Andaman, dans les eaux territoriales birmanes. Ce gisement, très rentable, rapporte des milliards de dollars aux généraux, qui maintiennent, depuis cinquante ans, les 60 millions de Birmans dans une

forme d’esclavage particulièrerefusé à tout commentaire. Dans ment cruelle. Ces revenus gaziers une récente interview diffusée constituent de loin la première par Canal +, le même Lassalle a source de devises du régime dicqualifié de « rumeurs sans fondetatorial. Selon ERI, depuis la mise ment » les informations sur l’acen service du gazoduc construit quisition en cours par la junte par Total en 2000, environ 5 milbirmane d’une capacité nucléaire liards de dollars ont été versés sur militaire . des comptes offshore, dans deux Toutefois, un faisceau de faits banques singapouriennes gérées nouveaux sur l’étroite colladirectement par boration des les généraux. militaires birEn dix ans, le pétrolier Sans passer par mans, for més a versé 5 milliards de la case budget au nucléaire de l’État. dollars à la junte birmane. en Russie en Selon des inforcompagnie de mations obtequantité d’ingénues par Bakchich, la banque nieurs militaires nord-coréens, française BNP Paribas a été, de sur le creusement de gigantes1995 à 2008, l’intermédiaire finanques tunnels et sur l’acquisition cier entre Total, chef de file du d’outillages perfectionnés ont consortium Yadana, et les généfait l’objet de publications quaraux birmans. Un porte-parole lifiées d’« inquiétantes » par les de BNP Paribas interrogé par autorités américaines. Bakchich n’a pas souhaité indiEn particulier, la diffusion par quer les raisons de la cessation la chaîne Al Jazeera d’un docude cette fructueuse activité, ni mentaire réalisé par l’organisale dispositif qui l’a remplacée. tion Democratic Voice of Burma De son côté, Jean-François Lasmet en lumière la volonté et les salle, porte-parole de Total, s’est moyens considérables mis en œuvre par le généralissime Than Shwe depuis plus de dix ans pour se doter à tout prix de missiles à capacité nucléaire. Les interviews de plusieurs défecteurs de haut rang, dont le commandant adjoint du bataillon nucléaire de l’armée birmane, amènent un ancien responsable de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Robert Kelley, à prendre tout à fait au sérieux la marche vers le nucléaire militaire des généraux birmans. Le groupe Total, qui vient, sous la pression américaine, de cesser ses opérations avec l’Iran, seraitil un catalyseur de prolifération nucléaire ? ✹ monsieur b.

administration

les exceptions confirment la règle

R

égalienne, notre haute administration se gère comme au temps de la monarchie. Prenez l’exemple du « pantouflage », avec le plus spectaculaire du moment, la nomination de Stéphane Richard, qui passe de conseiller de l’Élysée à France Télécom. Tout comme Éric Woerth, ces élites ignorent les mots « conflit d’intérêts ». Mais, pour les fonctionnaires pas assez « hauts », il existe des règles impitoyables, comme l’article 33, qui régit le statut d’inspecteur des impôts : « Aucun agent ne peut exercer ses fonctions dans une circonscription sous l’autorité directe de son conjoint, de son parent ou de son allié jusqu’au troisième degré inclus. Les agents qui ont leur conjoint, un parent ou un allié

jusqu’au quatrième degré inclus, officier public ou ministériel, marchand de biens, expert-comptable ou avocat ne peuvent exercer leurs fonctions dans la circonscription où réside cet officier public ou ministériel, ou le département où ce marchand de biens, expert-comptable ou avocat exerce son activité. Des dispenses expresses (…) peuvent être accordées par le directeur général des impôts, après avis de la commission administrative paritaire compétente. » Ainsi, la petite-cousine d’un expert-comptable ne peut être inspectrice dans la proximité de son lointain parent. Mais Florence Woerth peut gérer les sous de Liliane Bettencourt, sans que son mari y trouve malice ✹ j.-m. B.

chef scoop Patrice devrait passer Maistre en cachette

En Afrique, Patrice de Maistre n’a pas fait que fortune. Le gestionnaire du magot de Liliane « Lady Gaga » Bettencourt s’est aussi découvert une passion. La chasse au flouze et la pêche au grisbi. Au point d’avoir développé la manie de retirer des grosses sommes en liquide pour les donner, selon la comptable de dame Bettencourt citée par Mediapart, aux bonnes œuvres de l’UMP. Odieuses accusations démenties par Patoche. Mais, sorti de l’ombre, le bonhomme aura du mal à retrouver un peu de frais pendant l’été. Déjà questionné par les poulets dans le cadre de l’enquête sur les enregistrements clandestins des conversations de Liliane Bettencourt, il devra aussi, sans doute, répondre à leurs questions dans une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale. Voire discutailler le bout de gras avec les limiers du fisc, pour fraude fiscale précisément, et assistance donnée à l’héritière de L’Oréal dans ce bel œuvre… Avant toutes ces grandes épreuves, Bakchich ne saurait trop lui conseiller de se ressourcer en ses terres de Brinon-sur-Sauldre. À l’abri des regards des braconniers de l’information, sa demeure est fort bien gardée. Manuel D., son maître de maison, est, depuis 2007, agréé en qualité de garde et gardechasse particulier, selon un arrêté préfectoral daté du 20 décembre 2007. Soit un homme investi des pouvoirs de constater « tout délit et contravention qui porte atteinte aux propriétés de M. Patrice de Maistre »… L’information et les révélations entrent-elles dans ce giron ? ✹

GMB n’aime personne

Vieux pots et bonne soupe

Luc Vigneron, le patron de Thales, ne se fait plus d’illusions sur sa popularité au sein du groupe. « Je suis bien placé pour savoir que vous n’êtes pas convaincus par la nouvelle organisation », a-t-il lancé, le 23 juin, aux 400 dirigeants réunis pour un « management briefing ». De ce brainstorming, il est toutefois ressorti que le vieillissement de la population occidentale est une chance pour le groupe de défense et de flicage électronique. Avec de plus en plus de vieux, « le désir de sécurité augmente », a expliqué Vigneron. Quand la tension monte, c’est toujours bon.

Quant à Monaco…

Après l’annonce des fiançailles de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco avec Charlene Wittstock, reste à trouver une date pour célébrer les noces. Sur le Rocher, on craint le pire ! Le casse-tête est d’origine familiale. Stéphanie, très proche de son frère, s’est mis en tête d’assister à la cérémonie aux côtés de son ami, Bertrand Cantat, ex-chanteur de Noir Désir. La présence, sur la photo de famille, de cet artiste condamné à huit ans de prison ferme pour le meurtre de Marie Trintignant n’est pas du goût de tout le monde.

Joue-la comme Raymond

Quand Alain Minc, le plus petit des grands consultants, veut déjeuner dans un lieu agréable, en ce début d’été, en homme simple, il va chez Laurent, près des Champs-Élysées. Est-il à ce point désespéré pour faire ici la retape des patrons du CAC 40 qui aiment bien cette cantine ? Minc doit rebondir. Par sa faute, ses poulains restent à l’écurie. Alexandre Bompard n’a pas eu France Télévisions, Jacques Veyrat n’a pas décroché France Télécom, etc. Mauvaise passe où Alain a gagné des bleus et un surnom de loser : Raymond.

Georges-Marc Benamou, dit « GMB », l’ancien confident de François Mitterrand devenu, en 2007, conseiller de Sarkozy, travaille à un nouvel ouvrage : Mes 16 mois à l’Élysée, alors qu’il avait promis de ne rien dire de cette période. Il se murmure que le journaliste et ancien bouffon n’épargnera personne. Surtout pas la cour présidentielle, Guéant, Guaino et Carla Bruni-Sarkozy.

Castro lider minimo

Roland Castro, l’architecte passé de Mao à Pasqua, va publier ses mémoires. Du sanglant, surtout contre certains dirigeants du PS. Castro vise en particulier Laurent Fabius et François Hollande. Ce livre doit être la première foulée de sa marche vers les « primaires » socialistes. Solférino tremble.

Delajoux à la fête

La fête donnée pour les 60 ans du réalisateur Élie Chouraqui a attiré les professionnels du beautiful pipole. Le plus remarqué fut le bon docteur Delajoux, surnommé – surtout par Johnny Hallyday – le « chirurgien des stars ». Élie Chouraqui et le toubib ont des intérêts communs dans un projet hôtelier au Kenya (ouf, ce n’est pas dans une clinique !). Delajoux circulait entre les convives avec la chroniqueuse culinaire Julie Andrieu. C’est mieux qu’une casserole.

Droit de réponse

Gérard Larcher, le colossal président du Sénat, n’est pas content après Bakchich. Voici l’objet de son courroux : « Le 3 juillet, vous avez diffusé une information erronée concernant l’aménagement, pour Gérard Larcher, d’un appartement de fonction de 140 mètres carrés, rue Bonaparte. Ces assertions sont inexactes. Par choix, les jours où il est à Paris, il occupe, depuis son élection, l’appartement situé audessus de son bureau au Petit Luxembourg. Celui-ci représente une surface de 99 mètres carrés. Les immeubles de la rue Bonaparte (n° 75 et n° 77) sont actuellement transformés en bureaux et salles de réunion » ✹

du samedi 10 au vendredi 16 juillet 2010 | Bakchich Hebdo N°32

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Apéro tour défonce

israël

les sévices secrets hébreux au plus mal

N

ouveau coup dur pour dans le port de Dubaï » qui devait le Mossad : le fiasco de ensuite le conduire « à bord d’un son opération « homo » navire de la marine israélienne (vocable des services spéciaux dans les eaux internationales de la pour désigner l’assassinat), en mer Rouge », direction Eilat. Bref, janvier dernier à Dubaï, contre une grosse bourde de plus pour le un haut responsable du Hamas Mossad, dans une affaire qui en est bien pire qu’on le croyait. cumule tant qu’elle est qualifiée de « Dubaïgate ». Non seulement les agents israéliens se sont fait démasquer Très remontés par cette opération comme des bleus par les caméras vécue comme une déclaration de de surveillance, mais, en plus, on guerre, les Émirats arabes unis apprend qu’ils ont fait du zèle… ont annoncé qu’ils allaient lancer Leur cible, de un mandat passage dans d’arrêt contre Le Mossad, jadis considéré l’émirat, ne Meir Dagan, comme l’élite, passe devait pas être le directeur tuée. Selon des Mossad, et pour un « total imbécile ». du sources amérisaisir Interpol. caines reprises Le chef de la par un site proche des renseipolice de Dubaï, le lieutenant gnements israéliens, la mission général Dahi Khalfan Tamim, du commando était d’enlever qui a confirmé les révélations du Mahmoud al-Mabhouh pour site israélien, parle d’une noul’échanger contre le soldat francovelle démonstration de « la totale imbécillité du Mossad » et a exigé israélien Gilad Shalit, fait prisonnier le 25 juin 2006 par la branche la démission de son patron. armée du Hamas, aux abords de Ça tombe bien : le mandat de celui la bande de Gaza. qui dirige depuis huit ans les D’après ces sources, les kidnapservices secrets israéliens arrive peurs se sont trompés dans la à son terme. Et sa demande de dose de produit à injecter à leur prolongation d’une année supplévictime, provoquant sa mort. mentaire lui a été refusée, malgré Selon le projet initial, la drogue le soutien affiché par le gouvernedevait permettre à Al-Mabhouh ment : Dagan incarne les échecs de suivre ses agresseurs sans leur successifs d’un service longtemps résister jusqu’à « un yacht amarré considéré par ses pairs comme

Barack coupe-circuit

Un projet de loi américain soutenu par le sénateur indépendant Joe Lieberman vise à offrir à Barack Obama la possibilité de contrôler, voire de fermer, tout ou partie de l’Internet américain en cas d’état d’urgence. Les fournisseurs d’accès, les moteurs de recherche, les développeurs de logiciels que le gouvernement aura désignés « devront immédiatement se soumettre à toute mesure d’urgence ou à toute action ». Quant aux dégâts incalculables causés par la coupure des services, ce sera cadeau.

Même pas bac

Sur Internet, la consultation des résultats du baccalauréat est plus ou moins confidentielle. La plupart des académies proposent le verdict en libre accès. Paradoxalement, celle de Paris-Créteil-Versailles, qui exige des candidats leur matricule et leur date de naissance, précise d’emblée : « La présente publication de résultats ne présente pas de caractère de notification officiel. Les candidats doivent consulter les listes d’affichage officielles. » Sans doute faut-il un bac + 5 pour comprendre le langage administratif…

A. Un magnum de château-Dati B. Une vuvuzela C. Être une femme 2010, de Michel Sardou D. Un set de boules de pétanque Chanel

Le PMU se frotte les sabots : depuis l’autorisation des paris sportifs en ligne, le 9 juin, le site Pmu.fr revendique plus de 9 millions de visiteurs uniques, soit + 64 % par rapport à mai, et quatre fois plus de nouveaux clients qu’auparavant. Avec déjà 4,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au premier semestre, l’année s’annonce bien. À un contre un.

De Hadopi en pis

Numerama.com a noté que le boss du studio Paramount, Frederick Huntsberry, ne croit pas à l’efficacité de la riposte graduée pour lutter contre le piratage. Au motif que les nouvelles générations d’internautes iront plus volontiers pomper sur des sites de stockage, qui permettent le téléchargement direct. L’Hadopi va-t-elle devoir anticiper et, comme Obama, fliquer sans attendre tout l’Internet ? ✹

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Des tee-shirts à l’effigie du Mossad se vendent comme des petits pains : http://minu.me/1zk6

Qu’ont offert à Rachida Dati les militants UMP de Haute-Garonne ?

Hip hippisme hourra

Bakchich Hebdo N°32 | du samedi 10 au vendredi 16 juillet 2010

Perdu de recherche

www.bakchich.info

Réponse : B. Rachida Dati a promis de s’en servir à l’Assemblée nationale.

bab’ el web

l’un des plus « performants ». Et l’abordage sanglant de la flottille de militants pro-palestiniens, briseurs de blocus, le 31 mai dernier, par un commando israélien n’aura pas rehaussé le prestige du service : des sources militaires israéliennes ont affirmé que le Mossad n’avait pas échangé ses renseignements avec l’armée. Parmi les prétendants au poste figure Haggaï Hadass, un ancien du Mossad, qui dirige aujourd’hui l’équipe chargée de l’affaire… Gilad Shalit. En 1997, Netanyahou, alors aux affaires, avait déjà eu un grave problème avec le Mossad. Des agents en mission à Amman avaient injecté un produit mortel à Khaled Mechaal, aujourd’hui porte-parole du Hamas. Repérées, les barbouzes avaient été faits prisonniers par un chauffeur de taxi jordanien. Netanyahou avait été contraint, par le roi Hussein, d’expédier d’urgence l’antidote du poison… ✹ Martin Gale

Alexandre les grands mots

L’info. « Exclusif : Alexandre Guérini accuse », le Nouvel Observateur du 1er au 7 juillet. Le décryptage. Toujours visé par une enquête pour fraude et corruption sur les appels d’offres publics du département, Alexandre Guérini, le frère du président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël, balance dans l’hebdo de la gauche tarama. « Victime d’un complot », « coupable idéal », il attaque Renaud Muselier, qu’il pense derrière les investigations. Pas très observateur pour le coup, le journal tambourine « exclusif ». Quand tout ce que dit Alexandre Guérini, y compris sa première interview, est depuis novembre dans Bakchich, après la révélation par nos soins de l’ouverture d’une instruction. Peutêtre le Nouvel Observateur n’a-t-il pas Internet…

Pernautgraphie

L’info. « Des rumeurs sur Éric Woerth une nouvelle fois lancées par un site Internet », Jean-Pierre Pernaut au sujet de l’affaire Woerth et Mediapart, journal de 13 heures, 6 juillet. Le décryptage. Jamais avare quand il s’agit de défendre un homme en difficulté, surtout quand il est membre du gouvernement, le considérable présentateur du 13 heures a mis un soin particulier à minimiser la portée des révélations du site Web Mediapart. À croire qu’il a fourni lui-même les derniers éléments de langage aux caciques de l’UMP. Qu’en pense Laure Debreuil, responsable des informations judiciaires sur TF1, et ex-femme toujours mariée à Me Georges Kiejman, principal avocat de Liliane Bettencourt ?

L’info. « Myriam, 11 ans, a été retrouvée chez son grand-père à Angers », le 19-20, France 3, 4 juillet. Le décryptage. Revenant sur la disparition d’une adolescente près de Nantes, l’édition d’information de France 3 a rassuré les téléspectateurs en indiquant qu’elle avait fugué chez son papy. Las ! Le soir-même, une demi-heure plus tard, le 20 heures de France 2 n’a pas été tenu au parfum par France 3 et explique que « les recherches sont toujours en cours ». C’est peut-être ça, l’identité des chaînes à laquelle Rémy Pflimlin tient tant !

Villiers-le-Bel impair

L’info. « Les jeunes impliqués dans la mort de policiers à Villiers-le-Bel en 2007 ont été condamnés à des peines de 3 à 15 ans de prison », 20 minutes, 5 juillet. Le décryptage. Belle erreur en une de l’édition de Paris de 20 minutes, qui condamne les jeunes de Villiers-le-Bel pour les meurtres de policiers – ce qui n’est pas le cas –, comme s’ils n’avaient pas été assez chargés par une justice aux ordres (lire page 5). Ceux-ci ont en effet été condamnés pour avoir tiré sur les forces de l’ordre. Une nuance de poids. En prison, les jeunes pourront se consoler : beau joueur, le journal gratuit a présenté ses excuses le lendemain, en quatre lignes, page 4. On efface tout et on recommence.

Les bonnes passes de l'Équipe L’info. « Il n’y a qu’un seul Van Bommel », l’Équipe, 5 juillet. Le décryptage. Le quotidien du sport et de l’automobile a le nez creux en consacrant une pleine page au portrait du capitaine des Pays-Bas, en finale du Mondial. Signé Régis Testelin, l’article revient sur les zones d’ombre de ce joueur aussi classieux et cultivé hors du terrain qu’insupportable en match. Un bel article largement inspiré… d’un papier de l’Équipe.fr de la veille, signé Vincent Duluc, « Peut-on aimer Van Bommel ? » Deux journalistes d’une même équipe sur un joueur. C’est toujours moins de Bleus que sur Zahia ✹


Filouteries justice Bakchich a retrouvé le témoin clé du procès des émeutiers de Villiers-le-Bel, qui s’est clôturé le 4 juillet. En échange de son témoignage, Christopher Bénard avait négocié de l’argent et une protection. Il affirme aujourd’hui avoir été manipulé par le pouvoir politique.

Villiers-le-Bel, l’élysée coache le témoin

T

émoignage sous X. Une pratique à la limite de la pornographie judiciaire. Dans le procès dit de Villiers-le-Bel (lire encadré), les témoins anonymes ont eu la part belle. Leur « utilisation » a fait couler beaucoup d’encre et nombreuses sont les voix qui se sont élevées pour dénoncer ce qui s’apparente à une grave dérive. Pour une audience à forte connotation politique. Novembre 2007. La ville du Val-d’Oise rejoue la Commune. Heurts avec les forces de l’ordre après qu’une voiture de flic a renversé deux jeunes. Deux morts. Dans les banlieues du XXIe siècle, les barricades du XIXe deviennent des émeutes. Dans la nuit du 25 au 26, quand Villiers-le-Bel s’enflamme, la police se fait tirer dessus. Humiliée. Trouver les coupables permettra de sanctionner les sauvageons. Il revient donc au tribunal de Pontoise de laver l’honneur de la maison Poulaga et de redonner sa fierté à l’Intérieur, pilier du régime Sarkozy. Les loustics sur le banc des accusés, franchement basanés, doivent être condamnés. « Mettez les moyens que vous voulez, (...) ça ne peut pas rester impuni, c’est une priorité absolue », lance Nicolas Sarkozy aux policiers, peu après les événements.

Quitte à servir les témoins sur poste”, et l’autre : “J’ai tiré, mais un plateau et à les mettre dans ils ne pourront pas le prouver, on les meilleures dispositions. Par va sortir bientôt”. » Accablant exemple en distribuant, après pour deux des accusés, Adama les émeutes, des tracts appelant Kamara et Maka Kante – dit à la délation ou promettant une « Mara » –, que Christopher idenrécompense sonnante et trébutifiera lors des audiences. chante pour les bavards. Saine En prison, Bénard est victime et aveugle justice dans la patrie de racket, mais l’administration des droits de l’homme. pénitentiaire reste sourde à ses Las, les velléitaires qui ont demandes de transfert. Seule répondu à l’appel du drapeau ont solution, dès lors, contacter le été dupés. Bakprocureur de chich a retrouvé la République Encouragé par l’Élysée, l’un d’eux. Franpar écrit pour Christophe Bénard témoigne lui faire part de chement frustré. Il a été un témoin ses révélations à visage découvert capital lors du à p ro p o s d e à l’audience. Il fut bien seul. l’enquête sur procès des émeutiers de Villiersles jeunes qui le-Bel. Le 30 juin, Christopher ont tiré sur la police. Avec le fol Bénard a parlé à visage découespoir de voir sa situation s’amévert. Une déposition spontanée, liorer, le prisonnier déverse une après deux reculades, et sous première fois ce qu’il redira à la bonne escorte. Spontanée ? barre de Pontoise. En 2008, Christopher Bénard Ensemble, tout devient pospurge une peine de prison pour sible. Sorti de cabane, le futur avoir renversé une jeune fille à repenti est reçu à l’Élysée, en septembre 2008, par deux hauts vélo. Morte sur le coup. Il n’a que 19 ans. Il vit une très maufonctionnaires. Pas de simples vaise passe. Trois mois plus tôt, valets. Rien de moins qu’un des Christopher avait dû décrocher conseillers justice de Nicolas son père, retrouvé pendu chez Sarkozy et l’un des membres de lui. Un jour de mars 2008, tandis cabinet de la ministre de l’Intéqu’il croupit dans les geôles de rieur de l’époque, Michèle Alliotla cour d’appel de Versailles, Marie. Bénard entend deux hommes Les deux commis écoutent sa palabrer sur les tirs de Villierscomplainte. Bénard accepte de le-Bel. Il raconte : « Un a dit : “Je témoigner au procès, mais veut dirai que j’étais à la mosquée, ça qu’on le paie, qu’on lui assure passera comme une lettre à la une protection policière et qu’on lui arrange ses problèmes avec la justice. Si possible obtenir le plus tôt possible une audience de jugement pour son homicide Le 25 novembre 2007, deux adolescents, Moushin et Lakamy, sont fauchés et involontaire. « L’un des deux s’est chargé de me donner une date de tués par une voiture de police. Le jour même, des habitants manifestent contre procès rapide, ça m’a encouragé. » cette injustice. La manif tourne court. Le soir et toute la nuit, une centaine de En revanche, pour l’argent, les policiers se font canarder par des dizaines de jeunes, à balles parfois réelles. En deux grands serviteurs de l’État retour, les jeunes sont matraqués par les forces de l’ordre. On dénombre des se chamaillent. L’un est hostile blessés graves… des deux côtés. Match nul ? Pas vraiment. à toute forme de rémunération Cinq jeunes (de 23 à 30 ans) ont comparu, du 21 juin au 4 juillet dernier, devant malgré les promesses policières, la cour d’assises de Pontoise. Ils sont jugés pour « tentative de meurtre » en l’autre lui assure un dédommabande organisée sur des fonctionnaires de police et pour « complicité » des gement. Aujourd’hui, l’Élysée mêmes faits. Le parquet réclamait vingt ans de cabane. À la barre, les témoignages fumeux se succèdent. Sous X ou aussi spontanés que dément qu’il y ait eu pareil celui de Christopher Bénard, que Bakchich a retrouvé (lire ci-contre). Parmi les rendez-vous, au risque de décréquatre témoins anonymes cités à comparaître, deux se désisteront. dibiliser un témoin pourtant Au final, le dossier d’accusation, seulement fondé sur des dénonciations, est très essentiel du procès. mince. Un témoignage anonyme ne permet pas à lui seul une condamnation. Et qu’elles semblent loin, les promesses des deux hauts fonctionEt ce procès ne doit pas être « celui de la banlieue », a insisté l’un des avocats naires du Château ! « Je n’ai rien généraux et procureur de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry. eu de ce qu’on m’avait promis : Dans la nuit du 3 au 4 juillet, aucun incendie à Villiers-le-Bel. Ni heurts. Mais un je n’ai pas reçu de récompense, verdict lourd comme la pierre. Les peines au Kärcher s’étalent de trois à quinze je n’ai aucune protection et je vis ans pour quatre des cinq prévenus. Ferme. Sans preuves ✹ anaëlle verzaux caché, décrit-il à Bakchich. Je suis en route pour l’étranger. Je

Un drame et une parodie de procès

n’ai pas le choix. » Le jeune homme de 22 ans, fragilisé par la vie, a le net sentiment d’avoir été manipulé par le pouvoir politique en général, policier en particulier. « Je regrette d’avoir dénoncé ce que j’ai su en prison, l’implication de deux personnes dans les tirs. J’étais totalement affaibli, j’ai vécu plusieurs épisodes douloureux à la suite, j’étais agressé en prison, je suis sous anxiolytiques depuis la mort de mon père. Je ne voyais aucune solution pour m’en sortir. » Pourquoi, alors, avoir témoigné ? « J’étais trop impliqué pour reculer, on a fait en sorte que les suspects me voient ! J’ai même été confronté à eux dans le cabinet

du juge alors qu’on ne m’avait pas prévenu ! » Aujourd’hui menacé, contraint de se terrer quelque part en France, Christopher Bénard rumine. « J’en suis à plus de 10 000 euros de frais depuis que je dors de ville en ville, je multiplie les crises d’angoisse. Je ne sais plus quoi faire. Je ne peux plus rester en France. » Mais que fait la police ? ✹ xavier monnier et gari john www.bakchich.info

Quand la France a peur (et aime se faire peur) : http://minu.me/2mpb

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avec bouteflika, bonnes feuilles L’ouvrage collectif Notre ami Bouteflika, de l’État rêvé à l’État scélérat, écrit sous la direction du journaliste Mohamed Benchicou, emprisonné pendant deux ans, décrit une Algérie en pleine régression. Où Bouteflika, après plus de dix ans de règne, contrôle tout. Extraits.

D

ix ans de règne, ça se fête. Pour marquer Comme les contre-révolutionnaires qui résumèrent leur le coup, en avril 2009, Abdelaziz Bouteflika programme à une date, 1788, Bouteflika veut revenir à entame un troisième mandat présidentiel. 1988. Avant le soulèvement d’octobre qui brisa l’hégéIl modifie, au passage, la Constitution et monie du parti unique, le FLN, et du parti d’État. Avant procède à l’émasculation du pays. Une que le peuple essaie de se réapproprier le pays, que le poulongue transformation en un Absurdistan voir soit partagé et la liberté de la presse consacrée. où tout n’est que luxe, calme et avidité. L’Algérie pointe Un réquisitoire implacable, Notre ami Bouteflika, de l’État aujourd’hui à la 111e place (sur 180) des pays les plus corrêvé à l’État scélérat, taillade ce constat. Un ouvrage placé rompus, selon l’ONG Transparency. sous la férule de Mohamed Benchicou, journaliste fort énervé : deux ans de Frustré de ne pas avoir accédé au pouFrustré de ne pas avoir voir dès 1979, quand il s’estimait à même prison, ça agace. Surtout quand le fallade succéder à Houari Boumédiène, cieux prétexte d’« infraction régissant le accédé au pouvoir en 1979, Boutef ’ savoure sa revanche. Contre contrôle des changes et les mouvements Boutef’ savoure sa revanche. ces autres généraux d’Alger, putschistes des capitaux » sanctionne la sortie d’un post-coloniaux qui tiennent encore une précédent brûlot contre Boutef ’, Une partie du pouvoir. Contre les Algériens, ce peuple qu’il n’a imposture algérienne (2004). Ceci explique en partie pourjamais respecté et qui fuit le pays (lire « les Harragas »). quoi les généraux sont plutôt épargnés par Benchicou (les Contre les milieux d’affaires, qu’il a confisqués au profit ennemis de mon ennemi sont mes amis…). Une coquille de ses proches. Même malade, même acculé, ce « civil à pas suffisante pour que Bakchich ne consacre un dossier l’âme militaire » continue à vouloir tout diriger dans un à Notre ami Bouteflika ✹ pays qui ne cesse de reculer. À dessein. xavier monnier

Corruption sans visa Pour vivre heureux, vivons cachés. Et, si possible, planquons ce grisbi que de vilaines ONG ne sauraient voir. L’Algérie de Bouteflika a sa recette pour éloigner les malandrins qui veulent fouiller sa rente pétrolière. Ne pas leur accorder de droit d’entrée. Ainsi, comme le décrivent les auteurs du livre, Tim Bittiger, « conseiller politique au sein du nouveau secrétariat international de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (EITI) », s’est vu refuser, en 2008, son visa par l’ambassade d’Algérie en Allemagne. Une simple rebelote après 2006. Le président de Transparency International, Mark Pyman, n’avait pu honorer l’invitation de l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) à se rendre à son colloque annuel sur la corruption dans les secteurs de la défense et de l’armement. Seuls quelques malins réussissent à passer entre les mailles du filet. En 2005, les experts français avaient pu assister à la conférence de l’AACC sur les marchés publics. « Les investigations de l’association sur ces refus répétés de visas aboutirent à la “police politique” du ministère de l’Intérieur »… Étonnant ✹ x. m.

l’erreur de casting des généraux

P

orté au pouvoir par les militaires en 1999, Bouteflika va devoir se maintenir malgré eux. Une lutte sourde et profonde qui marque ses dix ans de règne. Aux généraux, il incarnait le parfait subterfuge pour afficher la « détermination » des militaires à passer le pouvoir aux civils ; se « retirer » de la politique sans s’en retirer. Qui mieux, en effet, que ce Bouteflika, merveilleusement bicéphale, civil avec de parfaits états de service d’auxiliaire militaire, pouvait le mieux convenir aux généraux pour assurer un faux retrait de la politique ? Il a toujours été l’homme-lige auquel les chefs militaires ont fréquemment dû avoir recours pour concevoir, puis mener des putschs, qu’ils soient directs ou maquillés. À deux reprises au moins, en 1962 comme en 1965, quand il fallut arracher au clan le pouvoir par les chars de Boumediène, à chaque fois que le sang algérien a coulé, Abdelaziz Bouteflika a tenu un rôle décisif au service des chefs militaires putschistes.

marchand de paroles

Ils savaient que ce nouveau président, Bouteflika, alors jeune capitaine, avait orchestré, en décembre 1961, pour le compte de l’état-major général de l’ALN dirigé par le colonel Houari Boumediène, le putsch contre le gouvernement légitime, le gouvernement provisoire de Benyoucef Benkhedda auquel les chefs de l’armée n’entendaient pas céder le pouvoir. Et ce sera lui qui fomentera le renversement de Ben Bella

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au profit du colonel Boumediène en 1965. (…) Un militaire civil d’apparence, un civil à l’âme militaire. Un « faux civil » qui disposait du seul pouvoir qu’ils n’avaient pas : le pouvoir des mots. Profil parfait pour l’avocat dont la hiérarchie militaire, accusée de tous les crimes de la terre en cette année 1998, avait un pressant besoin : il avait le talent de communicateur pour plaider leur cause sans être tenté de les trahir en raison, justement, de cette relation intime qui en faisait un « filleul de l’armée » (…) Un marchand de paroles ? Un tartarin ? Et après ? C’est même pour cette insigne qualité qu’il a été choisi par les chefs militaires. « Il sait dribbler », aurait dit le général Médiène au docteur Youcef Khatib, candidat à la présidentielle de 1999. (…) Mais les généraux se sont trompés dans leur choix. Et, très vite, vient le temps des brouilles entre les deux pôles du pouvoir, qui agitent encore le pays… Elles sont exclusivement dues à la tenace volonté du président algérien de s’octroyer par la force un pouvoir absolu. (…) Les généraux qui pensaient avoir installé Talleyrand découvrent Brutus. «Il n’a jamais caché son intention de doubler les généraux et de se venger d’eux, et je m’étonne qu’ils s’en étonnent, soutient Sid-Ahmed Ghozali. Quand j’étais chef de gouvernement sous Boudiaf, il est venu me voir spécialement pour me dire textuellement : “Je te croyais plus malin que ça. Tu aurais pu profiter de l’occasion historique pour les culbuter. Ce ne sont que des nullards…” » ✹


l’algérie jaune sonatrach confisquée par le clan boutef’

C

orruption, lutte de pouvoir avec les généraux, prévarication… Les soubresauts du joyau national algérien condensent les errements du magistère de Bouteflika. Le nerf de la guerre du mandat à vie, comme celui de toutes les guerres, reste l’argent. Et l’argent, c’est Sonatrach, la tirelire du pays, principale source de revenus en devises, la plus grande entreprise algérienne, 120 000 salariés, douzième compagnie au monde avec un chiffre d’affaires de 80,8 milliards de dollars en 2008, un monopole public qui gère les hydrocarbures et le gaz dans le pays. Sonatrach est, pour les Algériens, le bijou de famille. (…)

poule aux œufs d’or

Dès son arrivée au pouvoir en 1999, Abdelaziz Bouteflika s’empressa de désigner une de ses plus proches relations, Chekib Khelil, à la tête du ministère de l’Énergie, avec pour principale mission de contrôler Sonatrach et de la soustraire aux regards extérieurs. (…) Chargé de la mission de contrôler Sonatrach et de la soustraire aux regards extérieurs, le tout nouveau ministre va immédiatement entourer de barbelés la poule aux œufs d’or : il ne laissera personne s’en approcher. Dans un premier temps, il la coiffera lui-même, cumulant grossièrement sa haute fonction au sein du gouvernement avec celle de directeur général de Sonatrach. (…) Et Sonatrach sera livrée à la prédation. Le Matin en avait

révélé quelques-unes, sans doute parmi les moins scandaleuses, à commencer par le détournement des fonds de sponsoring de la société, un pactole estimé à 730 millions de dollars, destiné à financer des associations de toutes sortes (…). Le magot était confié au fameux Hemche, natif de Hennaya, près de Tlemcen, une bourgade qui élit aux meilleurs destins. C’est le village natal du père de Bouteflika. Hemche était l’homme de confiance du clan présidentiel et sut judicieusement répartir l’enveloppe entre les associations qui s’engageaient à soutenir la candidature de Bouteflika pour un second mandat. (…) II suffit d’observer le fonctionnement de Sonatrach pour relever l’absence totale de contrôle a priori et a posteriori sur les importations en équipements et services pour le seul secteur de l’énergie, estimées à près de 10 milliards de dollars par an ces quatre dernières années. (…) Des investissements de 1,2 milliard d’euros ont été engagés à l’étranger sans information adéquate des organes sociaux de Sonatrach et encore moins du Conseil national de l’énergie, en veilleuse depuis dix ans.

scandales répétés

Sonatrach s’est aussi distinguée ces dernières années par la signature de plusieurs centaines de contrats de gré à gré dépassant les 100 millions de dollars dans plusieurs cas. Le gré à gré, forme de transaction réservée par nature aux situations d’ur-

gence, est devenu courant dans le secteur de l’énergie. (…) En janvier 2010, une enquête du DRS [Département de renseignement et de sécurité, ndlr] met Sonatrach au cœur du plus gros scandale de corruption qu’ait connu l’Algérie. Son PDG, Mohamed Meziane (60 ans), et dix cadres dirigeants, dont trois viceprésidents, ont été inculpés par la justice pour diverses affaires présumées de corruption. (…) Tous accusent le ministre de l’Énergie, proche du président Bouteflika. « Contrairement à ce qui a été beaucoup écrit ces derniers jours, M. Abdelaziz Bouteflika n’a pas décapité l’état-major de la Sonatrach pour lutter contre la corruption. C’est en réalité une initiative des services de sécurité militaire, avec qui le Président est en lutte ouverte depuis des mois », écrit le Monde diplomatique. Cela devait arriver : le contrôle de la rente pétrolière, au sein même de la kleptocratie au pouvoir, dégénère en lutte de gangs. (…)

guerre ouverte

Chekib Khelil lâche le mot de trop et confirme. Acculé par les journalistes au sortir de la séance de clôture des travaux du Parlement, il n’a pas trouvé mieux que de parler d’« attaque contre le clan présidentiel », dont il s’autoproclame partie prenante. Un ministre de la République qui reconnaît publiquement l’existence de clans au sein du pouvoir ! La guerre est visible à l’œil nu. Nouveau rebondissement, en février. Un colonel, Ali Tounsi,

proche de Tewfik Mediene, le patron du DRS, est assassiné. Par un soi-disant fou. Mais les militaires soupçonnent Bouteflika d’avoir organisé le meurtre. Et le DRS de relancer l’enquête sur les détournements à la Sonatrach. Le nom du ministre du Pétrole et des Mines, Chakib Khelil, est cité à plusieurs reprises. Ceci tendrait à prouver que le gentleman’s agreement conclu entre le

clan présidentiel et le dirigeant du renseignement militaire algérien serait déjà brisé. (…) Mai 2010. Rebondissement dans l’affaire Sonatrach : le DRS entame une enquête au sujet des sommes faramineuses déboursées dans le cadre de l’organisation de la 16e conférence internationale du gaz naturel liquéfié qu’a abritée la ville d’Oran en avril dernier ✹

ces Harragas qui fuient le pays de désespoir

L

e phénomène des harragas, ces jeunes qui, au mépris de leur vie, tentent de rejoindre les côtes espagnoles et italiennes sur des zodiacs, a commencé au Maroc avant de gagner l’Algérie, au grand dam de nos gouvernants. Selon une étude réalisée par Hocine Lebdelaoui, professeur à l’université d’Alger, les gardes-côtes algériens intercepteront, entre 2005 et 2008, 4 255 émigrants clandestins. Et ce, sans compter ceux qui l’ont été par les marines espagnole et italienne. Selon cette étude, sur la même période, ont été recensés 232 morts côté algérien et 99 disparus. (…)

noyade

Hocine Lebdelaoui note que 91 % des harragas ont moins de 35 ans, que 89 % d’entre eux sont célibataires, que 78 % sont des chômeurs et que, majoritairement, ils sont tous instruits. Enfin, que 70 % d’entre eux connaissaient les risques – mort par noyade – encourus avant de prendre la mer. En dépit des mesures prises – renforcement de la surveillance et peines de prison –, l’immigration clandestine ne s’est pas tarie. On raconte que l’arrivée d’un harraga en Sicile ou en Espagne est saluée par des youyous dans les quartiers populaires d’Annaba et d’Oran, c’est dire ! [Les Autorités] se sont trouvé soudain désarmées devant ce qui n’est que la partie visible de l’échec de leur politique. Alors, elles font mine de ne pas comprendre ce qui

se passe. (…) Et, faute de solution alternative sur fond de désengagement social de l’État, le gouvernement a choisi de criminaliser ce phénomène pour tenter de l’endiguer. En fait, le harraga n’est que l’expression d’une des formes de défiance sociale envers l’État. Et que dire de cette autre forme de défiance sociale généralisée que sont ces émeutes qui secouent le pays à l’est, au centre, à l’ouest et au sud ? (…) [Elles] illustrent la déferlante protestataire qui a soufflé sur le pays en 2009 et au début de 2010. Elle est symptomatique de la dégradation d’une situation sociale que le régime n’est pas parvenu à endiguer. « Les émeutes sont l’œuvre rageuse d’une jeunesse désemparée, lourdement frappée par le chômage, l’exclusion et le désespoir », analyse le sociologue Mohamed Hachemaoui. (…) Plus de 20 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Qui plus est, le salaire moyen de 20 000 dinars (200 euros) ne permet de tenir qu’une semaine dans un pays où l’inflation a atteint les 6 % à la fin 2009 ! ✹

Notre ami Bouteflika, sous la direction de Mohamed Benchicou, Riveneuve éditions, 301 pages, 20 euros. www.bakchich.info

Boutef’, l’apprenti dictateur : http://minu.me/2mpl

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Filouteries pire que les vuvuzelas

confidences Lagarde succède à Séguin

La ministre de l’Économie, Christine Lagarde, va cumuler. Elle vient d’être élue présidente du conseil d’administration de Sciences-Po Aix. Elle-même diplômée de Sciences-Po, elle succède ainsi à Philippe Séguin, décédé en janvier, à la tête de cet organe qui fixe les orientations stratégiques et adopte le budget de l’établissement.

Copé veut la région

Sur la route de l’Élysée, où il entend bien être candidat lors de la présidentielle de 2017, Jean-François Copé a choisi une rampe de lancement : ce seront les élections régionales de mars 2014 (avec les nouveaux conseillers territoriaux). Les amis de Copé, maire de Meaux, député de Seine-et-Marne et président du groupe UMP à l’Assemblée, préparent déjà la campagne d’Ile-de-France, région présidée par la gauche et JeanPaul Huchon depuis 1998.

Jack tire la Lang

le joli bazar du début d’été

« Accusés de faire le jeu de l’extrême droite » par Baroin, le 6 juillet, dans l’affaire Woerth-Bettencourt, les députés socialistes ont quitté l’hémicycle, sauf un, Jack Lang. Hors champ des caméras, c’est pourtant l’inverse qui se produit. Il est le premier à déserter les réunions de groupe PS depuis trois ans et figure, dans le classement des députés les plus actifs, à la 553e place sur 575.

Borloo et le lapsus

L’HUMEUR DE PROBST Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, de Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité. Sarko Ier ferait mieux de karcheriser ses sauvageonnes de l’UMP. Dati, boursouflée d’orgueil dans l’émission de David Abiker, et Morano, aussi convaincante qu’une vendeuse de poissons de Clermont-Ferrand, les baronnes du pouvoir mettent le feu au Château. Et aucun pompier pour éteindre les révélations sur l’affaire Banier-Bettencourt-Woerthde Maistre. En attendant les nouveaux figurants d’un vaudeville à plusieurs milliards d’euros. Les places vont s’arracher ! Ce qu’éructent les politiques me laisse pantois. Si la seule défense de la droite consiste à cracher sur la presse, la salive va vite lui manquer. « Journaux des années 30 », ose même le motard de l’Industrie Estrosi, pour frapper du joug de l’infamie les révélations de Mediapart. Fort subtil, quand la famille de dame Liliane finançait la Cagoule. Confrères nous étions, collègues nous devenons, sur le banc des accusés de populisme, voire de racisme. Du temps où Philippe Val, si droit directeur de France Inter, nous comparait à Je suis partout. Chansonnier devenu transistor sarkozyste, Val n’est pas un dingue de l’écrit… Ce qui importe, ce sont les informations, les révélations. La presse ne crée ni la corruption, ni la débandade,

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ni la montée des extrêmes. L’incurie gouvernementale, si ! Et la chienlit, soixante-dix ans après le 18 Juin, prend le dessus. L’Élysée nomme les patrons de presse, vire les humoristes et rembourse Lady Gaga Bettencourt de 30 millions d’euros ? Pas étonnant que la France fasse une grossesse nerveuse. Solution, la dissolution ! Même Mitterrand ou Pompidou savaient renvoyer les députés à leurs chers électeurs. « Oui, mais le FN monte, la gauche risque de prendre le pouvoir », couine la majorité. Mieux vaut la cohabitation que le capharnaüm du pouvoir. Dans ce joyeux bazar, un peu d’air frais, en forme de soufflet, administré par l’ancien ambassadeur Ruffin au Quai d’Orsay, dans une interview au Monde. Expulsé de Dakar avec l’accord de Sarko Ier, Son ex-Excellence ne mâche pas ses mots… Les Affaires étrangères, « ministère sinistré », Kouchner réduit à un rôle de patron d’ONG… Vivement la curée ! ✹ www.bakchich.info

Jean-François Probst vous stimule ? Dégustez ses chroniques Web : http://minu.me/1vbh

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amitiés

bettencourt, à droite toute

«Q

de France, en novembre 1988, en uand il faut avaler des couleuvres, eh bien, présence de Claude Pompidou. La je les avale ! » C’était veuve de l’ancien Président, elle, à l’automne 1981, au rappelait souvent la sollicitude temps de François Mitterrand. de Liliane Bettencourt : « Lorsque Qui parle ? André Bettencourt, mon mari a disparu, c’est la seule, alors sénateur UDF de Seineconfiait-elle, à m’avoir demandé Maritime. Et c’est l’IGF (l’impôt si mon fils et moi avions besoin de sur les grandes fortunes), instauré quelque chose, et elle nous a prêté sa maison de l’Arcouest. » par une gauche triomphante, que digère mal le mari de la femme la Les Giscard d’Estaing comptaient plus riche de France. « Une cataségalement parmi les relations protrophe », ose-t-il même devant son ches du couple. André était même ami de jeunesse, tout nouveau inscrit au parti de VGE, les Répuprésident de la République. Mais blicains indépendants. Étiquette pas d’amitié sous laquelle il qui tienne, Mitsiégera pendant Excepté avec Mitterrand, terrand refuse près de vingt les Bettencourt ont de renoncer à ans au Sénat. l’un de ses engatoujours navigué à droite. V G E a v a i t gements de cammême tenté de pagne. L’homme le convaincre de de droite, tel que se revendiquait racheter le Figaro. En vain. Bettencourt, fera donc avec, et Riches et de droite, les Bettencourt vendra une bonne partie des ne pouvaient donc que poursuivre titres de L’Oréal pour s’acquitter leur connivence avec le pouvoir de l’IGF. Tout en restant fidèle à en s’intéressant aux nouvelles son ami socialiste, l’un des rares générations, jusqu’à les financer. dans l’entourage de Liliane et Habitant Neuilly, ils ont tout de d’André Bettencourt. suite été sensibles au dynamisme Car c’est à droite que le couple du jeune maire qui, en 1983, à la noue ses amitiés, même si, au barbe du vieux brisquard Pasqua, commencement de sa carrière venait de s’emparer de la ville la politique, André Bettencourt fait plus riche de France. C’est donc un petit détour par le cabinet de tout naturellement que Sarkozy Pierre Mendès-France, avant de obtint ses entrées chez les Betdevenir ministre du général de tencourt, comme le raconte leur ex-comptable, Claire Thibout : Gaulle, puis de Georges Pompidou « Nicolas Sarkozy recevait aussi jusqu’en 1973. « S’il en est un avec lequel mon entente fut plus évidente son enveloppe. ça se passait dans et envers lequel ma reconnaissance l’un des petits salons, généraledemeure fervente, c’est bien le ment après le repas. Tout le monde président Pompidou », déclarait le savait dans la maison. » Sauf le fisc et la justice ✹ André Bettencourt lors de son discours d’investiture à l’Institut florence muracciole

la balle au centre pour 2012

Très beau lapsus du premierministrable Jean-Louis Borloo, lundi dernier, lors d’une conférence de presse. En désignant, au premier rang, Augustin de Romanet, le patron de la Caisse des dépôts, le ministre de l’Écologie l’a appelé « Augustin de Bonrepeaux », confondant ce chiraquien avec l’exdéputé socialiste d’Ariège Augustin Bonrepeaux. Terriblement injuste ! Car Romanet était parfaitement éveillé et ne roupillait pas le moins du monde devant Borloo.

Chaises musicales à Levallois

En vue des élections cantonales de 2011, Isabelle Balkany va quitter la circonscription de Clichy-Levallois pour Levallois centre. Elle prendra la place de l’actuelle conseillère générale Danièle Dussaussois, à qui Nicolas Sarkozy a déjà trouvé un lieu de chute pour compenser la perte de ses revenus : le Conseil économique et social. Les bons comptes font les bons amis ✹

Avec les centristes, comme de Gaulle autrefois, Sarkozy ne connaît que des contrariétés. Au Sénat, l’UMP n’a pas de majorité sans eux. À l¹Assemblée, ils sont de plus en plus bougons, et, pour couronner le tout, leurs leaders sont démangés par l’élection présidentielle. Le président du Nouveau centre, Hervé Morin, est bien décidé à aller au bout de sa candidature en 2012. Il l’a dit à Sarkozy, en mai, lors d’une rencontre houleuse : pour pouvoir faire campagne, il quittera le gouvernement lors du prochain remaniement. Au sein du Nouveau centre, certains (comme Maurice Leroy) préféreraient une candidature de Jean-Louis Borloo, plus apprécié par l’opinion et davantage susceptible d’aller chercher, au premier tour, chez les jeunes et les écolos, les 8 ou 10 % qui permettraient à Sarkozy de l’emporter au second. Au Sénat, il se murmure que même Jean Arthuis serait tenté par l’aventure présidentielle. Sarkozy, lui, ne veut pas en entendre parler. Pas fou, il sait bien qu’il lui faudra une réserve de voix. Et son candidat centriste, il l’a choisi : ce sera François Bayrou (18,6 % en 2007), à condition que, cette fois, le président du Modem se prononce pour le Président sortant entre les deux tours. D’où le rapprochement sensible entre les deux hommes ces derniers temps. Moyennant Matignon pour Bayrou si Sarkozy est réélu ? On n’en est pas encore là ✹ A.s.


Bazar afrique du sud Le dessinateur de presse sud-africain Zapiro est une star dans son pays et au-delà. Il doit sa notoriété à son trait affûté, toujours prompt à critiquer les puissants. Sa victime préférée : le président Jacob Zuma. Et, dernièrement, la Fifa. Entretien.

ept cent mille l iv re s s t e rl i n g réclamées (environ 843 000 euros), après un procès à 2 millions de dollars perdu. Entre le président sudafricain Jacob Zuma et le caricaturiste star d’Afrique du Sud (et de la presse anglophone en général) Jonathan Shapiro – alias Zapiro –, le désamour se chiffre à plusieurs zéros. En 2006, accusé de viol sur une séropositive (puis blanchi), Zuma se voit méchamment croqué par Zapiro. Deux ans plus tard, quand le futur Président passe au travers des gouttes judiciaires, le cartoonist récidive. Et dépeint Zuma sur le point de violer une justice tenue par l’ANC, sa ligue de jeunesse et son syndicat affilié ! Procès. En sorcellerie aussi. Insuffisant pour casser le crayon de Zapiro, 52 ans au compteur, militant anti-apartheid (il fut enfermé pendant 11 jours) puis adhérent de l’ANC. Un trait toujours aussi affûté et critique que se disputent tous les quotidiens nationaux. Envers le gouvernement, l’opposition ou la Fifa, qui a régenté son pays pendant un mois. Vous avez éreinté les présidents Thabo Mbeki et Jacob Zuma, mais seul ce dernier vous fait un procès. Manquerait-il de sens de l’humour ? (Hésitation) Il y a quelque chose de très étrange chez Jacob Zuma. En tant qu’homme, je pense qu’il a le sens de l’humour. Je l’ai vu rire avec des gens, faire des blagues… Il est considéré comme quelqu’un de très sociable, beaucoup plus sociable que Thabo Mbeki par exemple. Mbeki était très susceptible face à la critique, mais il gérait ses relations avec la presse d’une manière plus sub-

tile. Zuma, lui, a fait des procès à beaucoup de journalistes. Il ne pouvait pas réagir de façon plus stupide : ce n’est pas le meilleur moyen de calmer le jeu avec la presse. Votre procès représente-t-il une menace pour la liberté de la presse ? Nous avons une presse écrite très libre. Mais il y a des signaux d’alarme depuis deux ans. Et ces alertes viennent directement du chef de l’État. Que le Président d’une démocratie poursuive un dessinateur et des journalistes est une mauvaise chose. Il pouvait le faire avant d’arriver à la tête du pays, mais il aurait dû abandonner les poursuites en accédant à ses fonctions. Jay-Z [surnom de Zuma, ndlr] est devenu la personne qui doit promouvoir la Constitution, la liberté d’expression et permettre aux journalistes de faire leur travail correctement. Parlons maintenant de football ! Alors, cette Coupe du monde ? Je suis tiraillé entre la fantastique excitation d’accueillir un tel événement, ici, en Afrique du Sud, et le fait de voir débarquer la Fifa. Ce sont des abrutis ! La Fifa est une mafia. Elle contrôle tout, nous avons tout abandonné pour elle. La Fifa a colonisé le pays, se permet de nous dire ce qu’il faut faire, quels vêtements il faut porter, ce qu’il faut boire, comment nous devons nous comporter, ce que nous pouvons vendre aux abords des stades. Surtout, la Fifa avait fait des promesses pour le développement des communautés locales, des promesses qu’elle n’a pas tenues. Elle a fait construire des stades, et c’est tout. Et l’on connaît tous ses problèmes de corruption. Comment expliquer qu’une nation comme l’Afrique du Sud et qu’un

a « N’oubliez pas, les gars, il n’y a rien de tel que de jouer à domicile ! »

a De g. à dr. : « L’Empire romain », « L’empire de Gengis Khan », « L’Empire britannique », Sepp Blatter (patron de la Fifa) : « Amateurs ! » Sur la feuille : « 2010. Médias muselés, contrôle de la marque, courbettes protocolaires. »

parti comme l’ANC, qui se sont tant battus, acceptent les diktats de la Fifa ? Quand la Fifa est venue en Afrique du Sud, au début des années 2000, nous tentions d’obtenir l’organisation de la Coupe du monde. Tout le monde, des structures locales au gouvernement, voulait que la Fifa nous aime, nous dise : « Vous pouvez le faire, vous êtes un super pays ! » On aurait fait n’importe quoi pour accueillir la compétition. Par exemple, au Cap, nous avons construit un stade juste en face de Table Mountain, à un endroit où nous n’en avions absolument pas besoin. Et pourquoi ça ? Parce que Sepp Blatter [le président de la Fifa, ndlr] est monté dans son hélicoptère et a décrété : « Je veux mon stade ici ! » Et, au final, les politiciens, même si certains n’étaient pas d’accord au départ, se sont tous inclinés. Alors, certes, c’est un beau stade, mais il aurait certainement dû être construit ailleurs. Et que pensez-vous des tribunaux spéciaux mis en place le temps de la compétition ? Trois ans de prison pour un vol de portable… (Consterné) Pour moi, c’est la chose la plus incroyable de cette Coupe du monde. Il y a des gens libres qui marchent dans les rues alors qu’ils ont commis des actes terribles : des politiciens, des businessmen qui ont volé

des millions… Et, pourtant, on condamne des petites gens pour l’exemple. C’est comme ça que fonctionne la Fifa. Je trouve que c’est incroyable qu’elle ait pu nous imposer ça si vite. Cela ressemble à des tribunaux spéciaux de la pire espèce. C’est révélateur de la mentalité de la Fédération : elle s’attaque à des gens insignifiants qu’elle peut facilement atteindre au lieu de s’occuper des véritables problèmes. C’est la même chose avec la gestion de l’ambush marketing [littéralement « marketing en embuscade », technique utilisée par une marque ou une entreprise pour être visible lors d’un événement sans payer le moindre centime, ndlr]. La Fifa s’occupe seulement des petites fraudes. Prenez l’exemple de Nike, qui fait de l’ambush marketing en permanence : la Fifa ne dit rien car elle sait qu’ils ont plus d’argent qu’elle. C’est typique de cette organisation, à laquelle le gouvernement a tout cédé pour organiser cette Coupe du monde ✹ Recueilli par x.m. avec élodie bui www.bakchich.info

Tous nos articles sur la Fifa, la seule et unique championne du monde : http://minu.me/21dq

« Fick Fufa » partout Il n’aura pas fallu longtemps pour que le railleur esprit sud-africain supplée la latence du pouvoir envers la Fifa. Agacé, voire révolté par les méthodes du grand prêtre du foot, un artiste vivant au Cap a dégainé un tee-shirt au slogan évocateur : « Fick Fufa ». Popularisée par le Mail and Guardian, la formule prospère depuis plus d’un mois sur les forums Internet, dans la rue ou dans les échoppes. Prudent, l’artiste qui en est à l’origine a pris soin de demander l’anonymat aux nombreux journalistes qui l’ont rencontré. Sait-on jamais, la Fédération internationale, fort susceptible dès lors qu’on utilise son slogan, pourrait lui chercher querelle. Comme elle l’a déjà fait à la marque de bière Bavaria, à de nombreux bars qui affichaient un ballon ressemblant vaguement au ballon officiel sur leurs vitrines, au site voyagiste Kulula, ou au site satirique Hayibo, qui ont osé se moquer d’elle. Voire, sacrilège, détourné ses slogans. Même le monde politique commence à s’agacer de l’arrogance de la Fifa. Toujours selon le Mail and Guardian, la patronne de la province du Cap, Helene Zille, a confié que « la Fifa aurait voulu que je m’agenouille devant ses demandes, mais ce n’est pas une puissance coloniale ». Pas si sûr ✹ X.M.

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dessins © 2010 Zapiro / Imprimés avec la permission de www.zapiro.com / Pour plus de dessins de Zapiro, visitez www.zapiro.com

« La FIFA est une Mafia » S


escale tangéroise

maroc Notre dessinateur Khalid Gueddar nous fait entrer au royaume de Mohammed VI par la porte nord du pays. Autrefois ville de poètes, de peintres et de hippies, Tanger se modernise à tout-va. Avec un horizon, derrière les barbelés, l’Europe…

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Bazar bruits de la ville

enseignement

du favoritisme ordinaire

L

e monde de la recherche Un étudiant bien aimé de Philippe cache bien des abus. Comme Descola a pourtant eu la chance au musée du quai Branly, où de remporter la mise avant même les affaires se font, comme il se d’avoir soutenu sa thèse. Hélas doit, en famille et entre amis. pour ses camarades, tous n’ont pas connu le même bonheur : 38 Philippe Descola a un joli CV de directeur du laboratoire d’anont été éconduits. Et parmi les thropologie sociale et de titulaire cinq heureux boursiers, quatre de la chaire d’anthropologie de la étaient déjà docteurs… Cherchez l’erreur ! nature au Collège de France. Il est Le secret de M. Descola ? Son également proche de la ministre de la Recherche, Valérie Pécresse, épouse, peut-être. Anne-Christine de qui il a accepté quelques resTaylor dirige le département de ponsabilités honorifiques. Une la recherche et de l’enseignement belle carrière auréolée d’une du musée du quai Branly. Et siège Légion d’honau comité d’évaneur… luation scientiDégoter une bourse est En ces temps fique, ce qui lui où dégoter une confère le droit ardu, mais pas pour tous bourse d’études se prononcer, les étudiants-chercheurs. de post-doctorales avec dix autres est une épreuve personnes, sur ardue, certains étudiants de l’attribution des bourses postDescola profitent de ses effidoctorales. Une chance inespérée caces recommandations. Il faut pour au moins un étudiant… dire que les règles pour obtenir Pendant que madame dirige, ce type de bourses sont des plus monsieur organise – en tant rigoureuses : pour l’année 2009que commissaire – la troisième 2010, le postulant « doit impératigrande exposition d’anthropovement soutenir sa thèse avant la logie au musée du quai Branly. fin de l’année 2009. Aucun report Une coïncidence, sans aucun ne sera accepté », martèle le doute, à moins qu’il ne s’agisse mémorandum du Quai-Branly. Et tout simplement d’une autre prépour cause : le précieux viatique rogative du plus puissant anthroest à la hauteur de la rigueur de pologue de France ✹ l’« examen » : 20 040 euros ! Kalila wa Dimna et A. V.

Chapeau de paille et chemise rouge écolo façon nicolino Auteur, entre autres, d’un ouvrage sur les pesticides, Fabrice Nicolino tient un blog sans concessions sur l’environnement, Planète sans visa. ément. Sublime. Les mots sont D pauvres, et trop souvent lus, hélas. Dément. Sublime. J’ai devant les yeux

Eh, Thierry, t’as pas l’heure ?

À peine rentré d’Afrique du Sud, le 23 juin, Thierry Henry était reçu à l’Élysée. L’attaquant tricolore en a profité pour faire un tour dans le quartier. Plus précisément chez Cartier, où son célèbre poignet s’est alourdi d’une Rolex à 20 000 euros. Au moins sera-t-il à l’heure aux entraînements.

Faites entrer le chansonnier

Tout à sa passion nouvelle pour la chanson, Christophe Hondelatte avait annoncé, en février dernier, au micro d’Europe 1 (dans le Grand Direct des médias), qu’il pensait arrêter son (excellente) émission Faites entrer l’accusé. Finalement, Christophe songe à remettre le couvert à la rentrée. Son programme à succès lui assure de 200 000 à 250 000 euros par an de revenus. Pas sûr que ses futurs cachets de chanteur atteignent ces sommets… De la dure vie d’intermittent.

la photo d’une foule de paysans haïtiens, chapeau de paille sur la tête et chemise rouge au torse, réunis à l’appel du Mouvman Peyizan Papay (MPP). Le mouvement des paysans de Papaye, en créole de l’île. Combien sont-ils sur cette place de Hinche, dans la région du plateau central d’Haïti ? Des milliers. Et que veulent-ils, eux, les gueux absolus de notre planète malade ? Ils ne veulent rien. Ils refusent, sans discuter, sans transiger, comme on jette un crachat à qui vient de vous insulter. Ils refusent, ils refusent un « don » de la transnationale Monsanto, celle de l’« agent orange » dispersé sur le Vietnam des années 60, celle de toutes les manœuvres en coulisse, celle des OGM et des contrats léonins imposés aux paysans de la terre entière. On ne sait pas toute la vérité sur cette offrande « philanthropique ». Un point semble acquis : c’est en janvier dernier, au Forum mondial de Davos – juste après le tremblement de terre qui a tué 250 000 personnes –, que la décision aurait été prise. Le patron de Monsanto, Hugh Grant, et son vice-président, Jerry Steiner, auraient eu l’idée d’une aide « désintéressée » de 475 tonnes de

semences destinées aux paysans. OGM ou non ? Monsanto jure que non. Le ministère haïtien de l’Agriculture assure de son côté avoir bloqué un envoi de semences génétiquement modifiées. Mais le sens profond de cette histoire est, de toute façon, ailleurs. Les paysans si pauvres de Hinche ont brûlé en place publique des semences Monsanto parce qu’elles étaient des hybrides. Ce qui signifie qu’elles perdent d’une année sur l’autre une bonne part de leurs qualités. Il faut donc en racheter, sans fin. Que les semences américaines aient été OGM ou non est, dans ces conditions, secondaire. Monsanto, comme elle le fait partout où elle le peut, a tenté, par le biais humanitaire, de s’implanter dans un pays dévasté, qui compte à ce jour 1,3 million de sansabri solide. Ceux de Hinche ont simplement compris la loi réelle qui régit les hommes, et envoyé se faire foutre la surpuissante compagnie du Nord. Cessons d’avoir peur du moindre mot. Se faire foutre, oui. Notre Occident, gavé d’objets matériels, ivre de technologie, sourd aux craquements de la crise écologique, semble désormais incapable de la moindre rupture. Nous pérorons, nous mimons des scènes 1 000 fois jouées. Sarkozy, DSK, Aubry, Bayrou ? Ceux de Hinche se battent ✹

Crachat

Joute de belles pour Achoui

En attendant son procès en appel pour complicité dans l’évasion de Nino Ferrara, l’avocat Karim Achoui continue de parader. À grands frais et dans des joutes risquées. Le 30 juin, en plein dîner galant, la plaidoirie de Me Achoui s’est transformée en vaudeville quand une cliente du resto s’est mise à injurier sa moitié. Les débats ont viré au pugilat, à coups de talons aiguilles. Si les dames se chamaillent pour les hommes en robes… ✹

bakchich c’est aussi sur internet !

Circulez, y a rien à boire les petites fables d’angelina ouvenez-vous, il y a deux mois, les S apéros géants organisés via un certain réseau social faisaient les gros

titres des journaux et mettaient nos dirigeants en émoi. Car si l’on peut craindre des comas éthyliques en pagaille, du vomi sur les trottoirs et des nuisances sonores à des heures indues, entrechoquer des gobelets, par ces temps de scandales politico-financiers où l’on serre les ceintures, où l’on écourte les retraites, permet aussi de discuter, de se solidariser, en trois mots : organiser la résistance. C’est ainsi que, dans un élan

républicain, notre ministre de l’Intérieur a été dépêché pour déconseiller, pour interdire au besoin, ces manifestations qui menacent de tenir plus de la tradition révolutionnaire que de la beuverie organisée. C’était sans compter une bande de « désobéissants », qui a appelé à participer, toujours via le même réseau social, au dernier apéro géant autorisé, en haut lieu, le 14 juillet, dans les jardins de l’Élysée. Les impudents promettaient néanmoins à Sarko Ier de s’essuyer les pieds avant d’entrer et de ne pas se servir de petits-fours avec

Résistance

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les doigts. Devant l’ampleur que présageait cette auto-invitation d’une populace désireuse de goûter les canapés au caviar payés par ses impôts, le Président a annulé la garden-party de cette année, sous prétexte qu’il faut faire des économies. Qu’à cela ne tienne, les jeunes assoiffés, résolus à prouver au chef de l’État que l’on peut boire un pot avec le peuple sans dépenser des centaines de milliers d’euros, maintiennent l’appel au rendez-vous sur les pelouses de l’Élysée, où ils entendent bien saluer les dictateurs des pays françafricains reçus en grande pompe ce jour-là ✹

bakchich info informations, enquêtes et mauvais esprit


Un peu de culture LITTÉRATURE Un triomphe, d’éric Neuhoff, est réédité plus de vingt-cinq ans après sa parution. Les années 70 et 80 défilent sous un flot d’alcool dans cet autoportrait narquois. De son côté, l’armée réfléchit autant que faire se peut sur les moyens de vaincre en territoire hostile…

neuhoff, la mélancolie ricanante «

C

aroline demeurait cependant notre propriété privée, notre “Sam suffit”. Qu’elle nous ait snobé n’avait pas une importance excessive. Nous essaierions de l’oublier, de noyer notre chagrin. Les couvertures de Match rouvriraient les cicatrices. À la longue, nous ne penserions plus à tout cela. Que faire ? Nous décidâmes d’écrire des livres. » Le nous de noblesse qu’Éric Neuhoff s’applique indique le désarroi d’un jeune homme amoureux de la fille de Rainier, et bien meurtri à l’annonce de ses noces avec un vieil imbécile. Plutôt que de continuer à rêver d’une princesse, Neuhoff s’est mis à écrire, ce qui donne, là aussi, des sujets, mais, en plus, des lecteurs. Les éditeurs devraient s’équiper de 4x4 : ils patinent. Comme ils font du surplace, ils rééditent de vieux livres. Tant mieux, quand, en 1984, on a loupé le premier, on a ainsi droit à un deuxième essai du prince Éric : Un triomphe. Un livre qui, à propos d’Adjani, écrit ce qui va suivre mérite de faire tourner les rotatives comme des moulins à prière. Neuhoff s’adresse à Isabelle : « Scott Fitzgerald parle quelque part de votre regard bleu, mais je n’ai pas réussi à retrouver le passage. Dans Gatsby aussi, il est question de vous, de votre “voix que l’oreille suit dans ses modulations comme si chaque phrase était un arrangement de notes qui ne doit plus jamais être répété” »… Ne fichez pas les pieds dans l’existence, elle vous boufferait. » Outre Caroline de

– Counterinsurgency. Topo qui structure leur réflexion en « sept principes, cinq impératifs, et plusieurs paradoxes à connaître pour mener une telle guerre ».

ennemi marginalisé

Monac’ et Adjani, Neuhoff aime aussi les « hussards », des écrivains garantis pleins d’humour et d’alcool, un groupe constitué en BD, en « bande désespérée », dont Nimier et Blondin sont les rieuses têtes de mort.

photo oubliée

Un triomphe parle de littérature, donc d’air du temps. L’un des petits textes dit le plus grand bien de Bernard Frank, ami de Sagan et plus discret des « hussards ». Auteur de sublimes critiques dans le Matin puis le Nouvel Observateur, cet estimable magazine qui s’est privé d’Angelo Rinaldi pour, sous l’autorité du petit jardinier Garcin, mettre sa culture en jachère. Frank est surtout l’auteur d’un roman, les Rats, un livre trop moderne pour qu’un écrivain en imagine encore de semblables. Vieux de vingt-cinq

ans, ce petit bouquin est comme une photo oubliée, marque-page d’une époque où le temps avait de l’avenir ✹ jacques-marie bourget Un triomphe, par Éric Neuhoff, éd. Bernard Pascuito, 215 pages, 17,95 euros.

L

a France est en guerre ; nos armées ne sont-elles pas engagées en Afghanistan ? Une bataille sans répit, même en période de plage et de « guerre de kilos ». Quelles sont nos chances de « gagner » ? Statistiquement, quasi nulles, les armées occidentales n’ont jamais brillé dans ce genre de conflit, dit « contre-insurrectionnel » ou « asymétrique ». Les militaires n’ont vaincu que trois fois dans ces circonstances, en Malaisie (1898-1954), aux Philippines (1948-1960), et enfin en

bouquin

l’étrange bricolage des vices

L

a Princesse de. a toutes les composantes du roman que pourrait adapter l’un ou l’autre des deux David les plus trash du cinéma : Lynch et Cronenberg. Le dernier livre d’Emmanuelle BayamackTam ne triche pas : abandon du père, enfance anorexique sous le prisme de l’adoption, fascination fétichiste, travestissement, univers carcéral et, ça ne mange pas de pain, héroïnomanie. Une certaine image du bonheur… Pourtant, malgré ces thématiques volontairement choquantes, brutales, voire traumatisantes, il ne faut pas se tromper : l’auteur n’use de ces facéties qu’à seule fin de nous conduire à une réflexion plus haute, celle sur l’identité. Daniel est un enfant adopté dont le père ne se soucie guère, alors que sa mère le fascine. De cette mère, il épousera l’aptitude aux vices

Irlande du Nord (1967-2007). Les chefs bidasses sont conscients de leur faiblesse et réfléchissent aux conditions d’une victoire ! Les Américains, sans doute lassés de tirer leur philosophie du film la Bataille d’Alger, ont donc publié un document, le Field Manuel 3-34

et à la séduction libidinale. Au point de se sentir définitivement femme, comme si cette voie seule lui permettait d’être quelqu’un, usant du désir et du maquillage afin de dissimuler des blessures trop profondes. À 25 ans, le héros (l’héroïne ?…) du livre ne se sera rien épargné, happé par les lumières qui brûlent et marquent. Une quête de la transgression, mais qui vise au dépassement de soi. Ici, le fil du funambule ne cesse de prendre de l’altitude, et l’on comprend que ce n’est pas si anormal pour Daniel, dont la naissance fut synonyme de déséquilibre… Malgré la distance qui nous sépare de cet anti-héros, on arrive à comprendre en quoi notre propre société semble si bancale. Il y a du Pierre Louÿs chez Bayamack-Tam, comme du Genet, mais il y a en plus une subtile vision de l’humain, dans une époque de plus en plus transgenre. Du très bon ✹ Renaud Santa Maria La Princesse de., par Emmanuelle Bayamack-Tam, éd. P.O.L, 267 pages, 18,50 euros.

L’armée française n’est pas en reste. Elle réfléchit (eh oui) à partir de sa propre histoire. Ainsi, les Principes de contreinsurrection viennent d’être publiés par trois colonels tricolores. Ces 15 barrettes dégagent trois axes « pour gagner ce type de guerre » : la légitimité de l’action, l’adaptation au contexte local en portant l’effort principal sur la population et, enfin, un principe purement militaire : la marginalisation de l’ennemi. Alors ? Fautil dire adieu à Clemenceau et à sa sentence « La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires » ? ✹ bertrand rothé Principes de contre-insurrection, par H. de Courreges, E. Germain, N. Le Nen, éd. Economica, 128 pages, 19 euros.

Bédé accro à la super-héroïne ieux vaut M t a rd q u e jamais. Vingt ans

après sa sortie aux États-Unis, l’album des Romulus et Rémus de la BD américaine finit son chemin un peu avant Rome, en France. L’œuvre est celle du scénariste de Sin City et de 300, Frank Miller, et du dessinateur des Watchmen, Dave Gibbons. Martha Washington est un bouquin beau comme un orage d’été, né de la rencontre de couleurs chaudes et de l’air froid et saisissant de l’écriture. Cette fureur des éléments remue quelque peu la terre du récit, celle des racines de l’Amérique. Ici, tout n’est que fiction et anticipation. Le théâtre est celui d’une guerre fratricide qui a lieu dans le courant des années 90 entre l’armée, les natifs américains, des nazis homos et des illuminés qui n’ont pour seul hochet que la bombe A. De ce fatras d’andouilles émerge une jeune femme noire, (fraîcheur) Martha, issue des bas-fonds et dont l’ambition est de tout posséder. Soit devenir un super-héros baraqué type Obama, avec des chemises brunes à nettoyer en guise de marée noire. Un sacré boulot, sur trois tomes, dans le pur style des comics américains, pour empêcher que le monde ne s’autodétruise. Bien loin des mauvais blockbusters, cet album vous électrocute à la gégène du génie. À l’humanité qui ne survit que par la moyenne, elle ne vit dans cette BD que pour ses excès. Baroque’n’roll ! ✹

Louis Cabanes Martha Washington, tome 1, le Rêve américain, par Franck Miller et Dave Gibbons, éd. Delcourt, 273 pages, 19,90 euros.

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Un peu de culture Musique Dour Festival Festival

Dour, c’est du lourd. Dans tous les sens du terme. Chaque été depuis vingtdeux ans, ce festival international aussi pointu que mainstream rassemble des dizaines de milliers de fans de rock plus ou moins dur, de chanson française, de hip-hop et d’électro qui tabasse (ou pas) en pleine campagne wallonne. Quelques chiffres, d’abord : quatre jours de musique à 70 kilomètres de Lille, 200 artistes, huit scènes, 2 000 hectolitres de binouze et les quelques tonnes de frites qui vont avec. S’y produiront, notamment et sous le soleil, Faith No More, le groupe de metal-fusion californien culte de Mike Patton fraîchement reformé, les rappeurs new-yorkais à la cool De la Soul, le groove à guitare de leurs concitoyens Fun Lovin Criminals et, côté français, les Blaireaux (euh pardon, les Blérots) de R.A.V.E.L, ainsi que les rockeux d’Eiffel. Une fois la nuit tombée, la fosse se métamorphosera en dancefloor, sous la houlette magique d’une pléiade d’hommes-machines entraînés pour tuer les jambes des clubbers. En vrac ? L’électro synthétique des Britons Simian Mobile Disco, l’esprit frappeur de la french touch Étienne de Crécy, l’afro-rave des Portugais Buraka Som Sistema, l’électro-émotionnelle du Brésilien Gui Boratto, ou la techno du pionnier de Detroit Carl Craig. On avait dit du lourd, mais bon esprit. Du 15 au 18 juillet. Tarifs : 45 euros la journée, 55 euros avec le camping. Into The Great Wide Yonder Trentemoller

La musique de Trentemoller évoque un road-movie mental, quelque part entre le désert (les guitares wahwah), l’atmosphère (les synthés planants) et l’enfer (les rythmiques ténébreuses). Quatre ans après The Last Resort – petit trésor électronique serti de cold-wave et d’ambient – le producteur danois revient livrer un grand disque schizophrène. Into The Great Wide Yonder rend tantôt hommage à la dream-pop de ses idoles Mazzy Star, quand il ne sombre pas dans d’inquiétantes digressions noisy ou fait des clins d’œil à Ennio Morricone. Et c’est encore plus beau les yeux fermés. Aphrodite Kylie Minogue

C’est agaçant. Vraiment. Sous prétexte que Kylie Minogue a survécu à un cancer, tout le monde s’excite sur son nouvel album. La pochette d’Aphrodite n’y est sans doute pas pour rien. À 48 ans, plus sublime que jamais, la chanteuse australienne se la joue déesse postromaine. Or, derrière ce miroir aux alouettes, le contenu laisse à désirer : de la pop FM bodybuildée par des synthés ringards et des rythmiques dance, idéale pour une soirée tee-shirt mouillé après la plage. Il est bien loin le temps où Kylie chantait avec Nick Cave (Where The Wild Roses Grow) et reprenait New Order (Blue Monday)…✹

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Predators

en salles

chasse à l’homme

ciné Sur une mystérieuse planète, baston géante entre une bande de tueurs et des aliens rastas. Robert Rodriguez organise le massacre et compte les points.

C

’est l’histoire d’une longue dégringolade. Et d’une renaissance. En 1987, John McTiernan goupille Predator, une série B de commando qui se métamorphose au bout d’une heure en film de SF avec gros monstre baveux. Avec Schwarzenegger en vedette, Predator est une tuerie supérieurement mise en scène, ponctuée de répliques hilarantes et de séquences anthologiques. Mis en chantier deux ans plus tard, Predator 2 est un naufrage, tout comme les nanars de 2004 et de 2007, où des producteurs futés ont couplé le Predator à un autre E.T. pas gentil, Mr Alien himself. Histoire de relancer la franchise, le bébé est refilé en 2009 à Robert Rodriguez. Capable du meilleur Très fort. Rodriguez est un ama(Sin City) comme du pire (Spy teur de BD et son film fonce Kids), Rodriguez s’occupe de la comme un comics outrancier et production, tourne dans ses stuteigneux. Le pitch est simplissime : une bande de tueurs et dios texans et engage le cinéaste Nimród Antal, de mercenaires auteur de Blindés. est parachutée Predators cogne fort. Néanmoins, Presur une mystédators porte la Un film de fan pour les rieuse planète griffe Rodriguez : une partie fans, shooté à l’action. pour un scénario borde chasse orgadélique (pondu nisée par les par Rodriguez il y a une quinzaine Predators. Il y a le colosse russe, d’années) mais shooté à l’action, le psychopathe, le rebelle de des emprunts multiples (à l’oriSierra Leone, le trafiquant mexiginal de McTiernan, à la série cain vérolé et Adrien Brody dans Lost…), un casting de seconds le treillis de Schwarzy. Cherchez l’erreur ! couteaux, une image crade. À l’arrivée, Predators cogne fort. Rodriguez aime la SF, le gore, la

le bonheur de l’évidence LA ZApPETTE de bourget es gens de télé, nos amis qui ont L eu l’idée de recruter des « consultants » pour se pencher sur le chevet

des Bleus, sont des génies. Voir les gueules de ces vieux crampons est très instructif. Pas pour les platitudes qu’ils débitent et qui devraient leur valoir l’attribution de la carte de presse sans réunir la commission. Non, revoir Barthez ou Leboeuf dix ans plus tard nous donne le bonheur de l’évidence, celle de constater qu’ils sont restés ce qu’ils ont toujours été : des pieds. Barthez, passe encore, ce gardien sans tête a eu quelques bons réflexes. Mais présenter Leboeuf comme « ancien champion du monde », c’est vendre l’œuf de lompe pour du beluga. Leboeuf n’a joué que lorsque les autres étaient malades, et

surtout pour distribuer des coups dans les tibias des adversaires, ce type n’a jamais eu de licence mais un permis de détruire. Quant à Dugarry, il n’a été sélectionné qu’en raison de son amitié pour Zidane. À l’infirmerie, les consultants ! Le seul qui a toujours de l’âme, douze ans après le temps du « Black, Blanc, Beur », c’est Emmanuel Petit. Un exemple : un reporter s’amuse que, « grâce au foot », un village du fin fond de l’Afrique découvre la télé. Une ONG va retransmettre un match sur la place du village. Manu Petit enchaîne : « Et demain, tous ces gens vont se réveiller. Ils n’auront toujours ni eau, ni électricité… » Pas mal ! une pensée non égoïste, et sûrement non orpheline, dans

Infirmerie

Éléonore Colin

Bakchich Hebdo N°32 | du samedi 10 au vendredi 16 juillet 2010

Toy Story 3 de Lee Unkrich

Tous les étés, Pixar revient avec un nouveau film et, quasiment à chaque fois, nous file une claque en images de synthèse. Quinze ans après l’original, voici les nouvelles aventures de Buzz et de Woody, écrites par le scénariste de Little Miss Sunshine. C’est visuellement splendide, drôle et incroyablement mélancolique. Le meilleur épisode de la série ? Tamara Drewe de Stephen Frears

Avec son humour vachard, Stephen Frears adapte la BD de Posy Simmonds publiée en Angleterre dans le Guardian et par Denoël en France. C’est hilarant, frais, champêtre. Avec l’excellente Gemma Arterton (allez voir la Disparition d’Alice Creed), le bonheur est vraiment dans le pré. L’Autre monde de Gilles Marchand

baston, le rock’n’roll, et signe un film de fan pour les fans, pas un de ces trucs tièdes conçus sur ordinateur par des spécialistes du marketing. Plus fort, il refuse le tout-numérique et fait réaliser les effets spéciaux sur le tournage. Les extraterrestres rastas sont donc des cascadeurs en combinaison en plastoc (conçues par KNB), d’où un surplus de chair et de réalisme lors des affrontements titanesques. À quand le prochain épisode, les gars ? ✹ marc godin Predators, de Nimród Antal, avec Adrien Brody, Alice Braga… En salles le 14 juillet.

la tête d’un « champion du monde ». Manu, demande vite sa capuche à Anelka, pour que tes idées restent au chaud. Et Zidane, direz-vous ? Ce type a une qualité, se taire, puisqu’il n’a rien à dire. Alors, en silence, il continue de faire du fric avec de la pub pour Generali, un trust de l’assurance qui aime le ballon, Adidas ou dirigeable. « Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendezle ! » disait Jules Renard. Il doit être heureux, Zizou. Et Woerth ? Il n’a rien touché puisqu’il n’a pas l’air heureux, notre Don qui compte ? Pourtant, il y a des types prêts à se faire tuer pour passer, comme lui, dans le journal de 20 heures et en profiter pour faire coucou à leurs amis. Peut-être qu’Éric n’a pas d’amis ? Ou qu’il refuse la camaraderie du délicieux Xavier Bertrand, qui parle à mots pesés « des méthodes fascistes » de nos confrères, les journalistes exemplaires de Mediapart. Sur BFM, j’ai entendu aussi les injures lancées à notre presse libre par le Napoléon Morin, prêtre du Nouveau centre. Hervé ? Un homme utile. N’est-il pas expert en girouettes, donc du vent ?✹

Présenté à Cannes, l’Autre Monde est l’un des plus beaux nanars de l’été, crétin et prétentieux. Derrière la caméra, Gilles Marchand, réalisateur de Qui a tué Bambi ? C’est tout dire… Ici, il s’attaque à la réalité virtuelle et raconte l’histoire d’un ado marseillais plein d’hormones, entre ses séances de drague sur la plage et un jeu en réseau, le Black Hole (ouh là…), où il fait la connaissance d’une femme à la recherche d’un partenaire pour mourir. Sur fond de thriller, Marchand nous assène son message important – Internet, c’est dangereux – et filme sous toutes les coutures la pas très convaincante Louise Bourgoin. À fuir. Repo Men de Miguel Sapochnik

Forest Whitaker et Jude Law récupèrent des organes dans le corps de mauvais payeurs. Même en DivX, impossible de regarder en entier cette bêtise gore régressive ✹ m. g.

la bakchich team Directeur de la publication : Xavier Monnier • Directeur de la rédaction : Nicolas Beau • Conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget • Rédacteurs en chef : Pierre-Georges Grunenwald (édition), Cyril Da (Web) • Chroniqueurs : Alceste, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Éric Laurent, Patrice Lestrohan, Fabrice Nicolino, JeanFrançois Probst, Alain Riou • Maquette : Émilie Parrod, Victor Buchotte, Marjorie Guigue • Secrétaires de rédaction : Élodie Bui, MarieClaire Vierling • Rédaction : Monsieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Cabanes, Renaud Chenu, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Anthony Lesme, Laurent Macabies, François Nénin, Simon Piel, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Ver-zaux • Dessinateurs : Avoine, Bar, Baroug, Bauer, Essi, Giemsi, Goubelle, Ray Clid, Khalid, Klub, Lacan, Large, Ludo, Magnat, Mor, Morvandiau, Nardo, Noël, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski, Revenu, Roy, Soulcié, Thiriet • Groupe Bakchich, SAS au capital de 56 980 euros • Siège social : 121, rue de Charonne 75011 Paris • Téléphone : 01.40.09.13.25 CPPAP : 1114 C 90017 • ISSN : 2104-7979 • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France Offset Direction des ventes : Thierry Maniguet/ tmaniguet@scpe.fr/01.70.39.71.05 Publicité : pub@bakchich.info Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.


Un peu de culture banier ou l’art du gigolo le billet d’alain riou Journaliste au Nouvel Obs et invité du Masque et la plume, Alain Riou fait aussi du cinéma. Son cinéma. uelque discutables que puissent QWoerth, être les personnalités des époux du procureur Courroye,

des conseillers de l’Élysée et des porteparole de l’UMP, la vraie star de l’affaire Bettencourt, c’est François-Marie Banier. La littérature française est riche de coureurs de dots et, de Julien Sorel à Rastignac, en passant par le Chéri de Colette et les héros du Sexe faible, où de beaux messieurs séduisent des dames fortunées, aucune créature de fiction n’approche le talent de ce photographe bien réel qui a re-hissé l’art du gigolo à des hauteurs oubliées depuis Boni de Castellane, qui disait de vilaine femme : « Elle est belle vue de dot. » Or, en ces temps de crise, le problème n’est pas d’admirer béatement, mais de rattraper un peu de ce que ces ronds de jambes ont coûté au Trésor public, et il n’y a aucun espoir de voir la justice récupérer par des commandements l’argent donné au bel enjôleur. Si le fisc veut retrouver un peu de son manque à gagner, il doit compter non sur les armes, mais sur le charme, et traiter Banier comme Banier lui-même a traité Liliane Bettencourt, c’est-à-

dire séduire le séducteur. Certes, une personne proche du pouvoir paraît posséder tous les atouts pour mener à bien cette patriotique mission d’envoûtement, comme elle en a réussi bien d’autres, je veux évidemment parler de notre première dame, Carla BruniSarkozy, à qui peu d’hommes peuvent se vanter d’avoir su dire non. Mais le principe de responsabilité, essentiel en République, voudrait plutôt que ce soit Florence Woerth, par qui le scandale est arrivé, qui paie de sa personne auprès de M. Banier pour renflouer les caisses. Certes, sa séduction semble plus cérébrale que celle de Carlita. Mais je suis certain que, si elle s’implique vraiment, une femme de tête comme elle, versée dans l’art de faire fructifier les placements, peut trouver les mots (et les chiffres) qui réveilleront la conscience de l’enchanteur cupide, et l’entraîneront dans la voie du remboursement. P.S. : Au moment où je termine cette chronique, on m’informe que François-Marie serait insensible au charme féminin, et que seul un homme… Désolé, Éric, ça met ta femme hors du coup. Il va falloir que tu t’y colles ✹

Séduction

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avignon sur le pont « Les créateurs sont au cœur du projet » Du 7 au 27 juillet se tient la 64e édition du festival d’Avignon. Entretien avec Vincent Baudriller, son programmateur et codirecteur, avec Hortense Archambaud, depuis 2003. Comment se porte Avignon ? Avec Hortense Archambaud, lorsque nous sommes arrivés à la tête du festival, en 2003, nous avons décidé d’associer chaque année un ou deux artistes à nos décisions, afin de replacer les créateurs au cœur du projet. Mais si nos spectacles donnés dans la Cour d’honneur restent au centre, il y a plusieurs façons d’aborder le festival. Je pense aux lectures gratuites, aux rencontres quotidiennes avec les artistes, à l’école d’art, aux spectacles incongrus de Sujets à vif ou a Un nid pour quoi faire, spectacle écrit par Olivier Cadiot et mis en scène de la Vingt-cinquième heure, aux par Ludovic Lagarde, sera créé le 8 juillet au gymnase Gérard-Philippe. débats avec des intellectuels au Théâtre des idées. Nos fils rouges sont la musique, le lien entre Je pense aussi aux programmations croisées avec théâtre et littérature et le rapport entre Histoire le cycle de musiques sacrées de la Chartreuse de et présent. Avec la Tragédie du roi Richard II, une Villeneuve-lez-Avignon, à France Culture et à création d’Anne Teresa De Keersmaeker, et Papson festival gratuit, Contre-courant. Enfin, avec perlapapp, deux pièces qui évoquent la période le cinéma Utopia, nous diffuserons des œuvres tourmentée des papes en Avignon, nous serons de Godard et de Pedro Costa. dans l’Histoire. Au programme… Il sera aussi question d’inquiétude, avec de Christophe Marthaler et Olivier Cadiot, nos deux grands auteurs modernes, tels que Musil, Kafka artistes associés cette année, ne sont pas directeet Brecht, qui côtoieront la toute la jeune générament issus du théâtre. L’un est musicien, l’autre tion d’artistes invités. vient de la littérature. Pour eux, le théâtre est Quel regard portez-vous sur la politique cultuun endroit d’expérience où la création résulte relle actuelle ? entièrement du travail d’équipe. Pour le spectacle Jean Vilar défendait l’idée d’un service public Papperlapapp, la plasticienne Anna Viebrock a de la culture, au même titre que pour la santé et créé un espace à habiter que Christophe Marl’éducation. Cinquante ans plus tard, la diminuthaler investit sans en avoir pris connaissance tion des budgets publics et la réforme des collecauparavant. Il choisit des interprètes, surtout des tivités territoriales menacent la création artisvoix. Puis il les réunit en ce lieu pour y passer du tique. En jouant à guichets fermés depuis quatre temps, chanter, échanger des partitions. Enfin, ans, le festival d’Avignon démontre que l’art n’est petit à petit, un auteur va apporter ses textes. En pas une affaire de spécialistes ✹ cinq semaines, un spectacle va alors s’inventer. entretien et dessin par Marina Damestoy

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du samedi 10 au vendredi 16 juillet 2010 | Bakchich Hebdo N°32

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Ben la der

Rémy pflimlin

Coûts de fusil

c’est non-choix

audiovisuel Contre son gré, Sarkozy a propulsé Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions. Un homme consensuel qui évite les conflits. Monsieur va être servi…

«C

ette nomination fait beaucoup de déçus dans Paris », ironise une huile de France Télévisions. « Beaucoup de producteurs avaient parié sur Alexandre Bompard et commencé à lui donner des gages avec le secret espoir de faire partie de l’aventure. » Raté ! Le scénario élyséen a fait long feu. Et Rémy Pflimlin, qui n’en demandait pas tant (la présidence d’Arte lui aurait suffi), peut remercier Éric Woerth, expert en mélange des genres, d’avoir affaibli la présidence. Mais aussi Alain Minc, dont les indiscrétions ont scotché Bompard, le candidat préféré de Sarkozy, à son siège de président d’Europe 1 (voir Bakchich Hebdo du 17 avril 2010). Pflimlin devient donc, de fait, le « choix de l’Élysée », comme le titre aimablement un tract du syndicat des journalistes maison. Et, en matière de soupçon, Jean-Luc Hees sait de quoi il retourne, depuis sa nomination à la tête de Radio France…

rond, jovial

Succéder à Patrick de Carolis ne sera pas chose aisée. À France Télé, notamment dans l’équipe sortante, on raille « l’homme du passé » en soulignant que « Pflimlin est un gestionnaire, pas un homme de programme ». Et Plus belle la vie, qu’il aurait contribué à lancer ? « C’est surtout à mettre à l’actif de Vincent Meslet [patron de la fiction à France Télévisions, ndlr] », nous répond-on. Au moins a-t-il lancé l’émission C’est mon choix. Catherine Trautmann,

ancienne ministre socialiste de la Culture, dans une solidarité toute alsacienne, nous assure : « C’est quelqu’un de jovial, rond, qui sait ce qu’il veut et qui a le talent diplomatique pour résister aux pressions. » La preuve ? « Le fait qu’il soit là », lâche un ministre. Jean-Marie Bockel se souvient de l’année 1983, quand Pflimlin était son adversaire lors des municipales à Mulhouse. Un souvenir amusé. Pflimlin, ayant mis de côté la politique, deviendra patron de l’Alsace, tandis que Bockel s’installera à la mairie. « Des rapports sains, jamais dans la connivence, toujours dans le dialogue. C’est aussi un fin stratège, il aurait fait un très bon joueur de go », explique le secrétaire d’État à la Justice. On jugera sur pièces.

calme plat

« Lui qui n’aime pas les conflits va être servi avec Sarkozy, qui est toujours dans le rapport de force », prévient un proche. Son bilan chez Presstalis (exNMPP), où il a su négocier avec les ouvriers du livre plaide pour lui. L’entreprise, toutefois, a frôlé le dépôt de bilan. « Avec Pflimlin, France Télévisions ne sera plus un problème pour Sarkozy. Il ne s’y passera pas grand-chose. Ni en bien, ni en mal », prédit un député UMP. Et si c’était le but ? ✹ simon piel www.bakchich.info

Le vrai déficit de France Télévisions : http://minu.me/2mpm

affaire woerth

Zèle de Guéant

Plus que jamais super-Premier ministre, Claude Guéant, l’indispensable secrétaire général de l’Élysée, vole, sur quatre pages du Figaro-Magazine (3 juillet), au secours du fragilisé Éric Woerth. Mais peut-être pas seulement d’Éric Woerth. L’hebdo l’interroge par exemple sur cet îlot des Seychelles dont Bettencourt n’aurait pas déclaré au fisc la propriété. Guéant : « Je ne connais pas le dossier fiscal de Mme Bettencourt. (...) Mais, visiblement, la question de savoir qui est le propriétaire de cette île n’est pas tranchée. En tout état de cause, Mme Bettencourt a fait savoir par son avocat qu’elle allait régulariser sa situation. » Et, « visiblement », notre bon préfet se satisfait d’une déclaration d’intention. On n’est pas trop rapace avec les petits contribuables, ces temps-ci, dans la très haute administration.

Ça Suisse son cours

La grande mansuétude de M. le secrétaire général a une explication toute bête, qu’on trouvait deux jours plus tôt dans le Figaro. Recevant les députés UMP pour « un buffet light » à l’Élysée, le débonnaire percepteur Sarko s’est montré très explicite sur le cas de l’éprouvée milliardaire : « Liliane Bettencourt est la femme la plus riche de France et elle est restée en France. Estce qu’on aurait préféré qu’elle parte en Suisse ? Si elle avait tout lâché, L’Oréal serait suisse. » Seychellois aurait été plus original…

Maboul à Kaboul

C’est quand même un drôle de pistolet, ce général McChrystal, à qui Obama vient de retirer le commandement des forces de l’Otan en Afghanistan. Courrier international (1 er juillet) reproduit l’article du magazine Rolling Stone qui a révélé, notamment, sa grande désinvolture à l’égard de la Maison Blanche. En avril dernier, l’excellent « Stanley » était à Paris, officiellement pour convaincre le gouvernement français de ne pas, comme son homologue néerlandais, retirer ses troupes de là-bas. Le haut galonné, qui ignore quasiment le nom du ministre qu’il doit rencontrer : « “Je préférerais me faire botter le cul par tout un régiment plutôt que d’aller à ce foutu dîner.” “C’est lié à votre fonction”, lui fait remarquer un collaborateur. McChrystal se tourne brusquement vers lui : “Hé, Charlie, ça aussi, c’est lié à la fonction ?”, dit-il en lui faisant un doigt d’honneur. » Les grands soudards yankees ont la plus haute considération pour l’apport des troupes françaises en Afghanistan.

La suppression des chasses présidentielles amène le Journal du dimanche (4 juillet) à évoquer les invités qui y participaient au temps de Mitterrand. Quelques ministres : Defferre, Hernu, Charasse, mais aussi, et c’est plus instructif, « de grands industriels comme Serge Dassault, Roland Peugeot et tout une série de ministres africains et du Moyen-Orient. On croise le prince du Maroc ou le frère du président syrien Rifat-al-Assad ». Lequel, en 1982, a réprimé avec la plus atroce férocité (plus de 30 000 morts) le complot, peut-être surestimé, d’une confrérie islamiste. On comprend tout, il s’agissait d’un spécialiste du gros gibier.

Au Giscard de tour

Tant d’années et de désillusions après, l’idéal giscardien vit encore. Du moins, le fidèle disciple de VGE, l’ancien Premier ministre Raffarin, se propose de le faire revivre (le Figaro du 5 juillet) : « Avec les parlementaires de Dialogue et Initiative [son club politique, ndlr], nous formulerons au Président pour 2012 des propositions capables de rassembler deux Français sur trois pour éviter un pays ingouvernable. » « Deux Français sur trois », c’est le titre d’un bouquin que Giscard avait publié, avec un succès relatif, en 1984. Aujourd’hui, la question se pose d’autant plus que « deux Français sur trois », c’est peutêtre la proportion d’électeurs que Sarko aura bientôt contre lui…

Bompard, pas bon port

Ce n’est pas un mauvais résumé du frénétique activisme de notre Président que propose à Libération (6 juin) « un député », de la majorité semble-t-il, prudemment anonyme : « Un DRH catastrophique. Toutes ses initiatives finissent par foirer. Il veut nommer Bompard à France Télévisions, il est obligé de nommer Pflimlin ; il promet le château de Versailles à Darcos, il est obligé de confirmer Aillagon. » Et l’on pourrait ajouter : il monte un coup avec Orange pour racheter le Monde, et ce sont les concurrents qui l’emportent ; il crée le bouclier fiscal pour protéger les très riches, et le bouclier fiscal de la plus riche contribuable de France lui revient en pleine poire, etc. À ce stade, ça tourne au grand art…

« Commis » voyageurs

Le Journal du dimanche (4 juillet) en fait une page. Titre et sous-titre : « Les affaires ramènent les hauts fonctionnaires au PS. Déstabilisés par les scandales, les commis de l’État redécouvrent la gauche. » Des gens « plutôt à droite, mais choqués par ce qu’ils voient viennent nous dire : “Je n’ai pas fait l’ENA pour ça” », en rajoute, dans l’article, le député Christian Paul, actuellement « patron du laboratoire des idées du PS ». Il faut comprendre la douleur de ces égarés désintéressés. Les turpitudes du Crédit lyonnais, les embrouilles de la mairie de Paris et tant d’autres affaires l’ont prouvé : il ferait beau voir un énarque mêlé à un « scandale » ! ✹

patrice lestrohan

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Bakchich Hebdo N°32 | du samedi 10 au vendredi 16 juillet 2010


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