« Le Monde », 200 millions de pertes
bakchich
N° 29 | du sameDI 19 au vendredi 25 JUIN 2010 | informations, enquêtes et mauvais esprit
Villepin L’appel du
19 juin
palerme
Les grosses gâteries de Berlusconi à la mafia afrique du sud
Le passé n’émeut guère la Fifa
Le 16 juin 1976, les écoliers de Soweto, en banlieue de Johannesburg, se révoltent contre le régime d’apartheid. Depuis, ce jour est devenu une fête nationale qui indiffère les boss du foot mondial.
crise
Zéro pointé pour les agences de notation vie privée
Bien souvent, Laurence Ferrari varie
L 13723 - 29 - F: 1,50
plaisanterie
Bel : 2€ - CH : 2,90FS
BHL prend « Bakchich » au tragique Et sur Internet
Apéro sommaire
retraite à 62 ans
commemorer pour regner
apéro
Les faits saillants de l’actualité P.3 « Le Monde » et son ardoise de 200 millions d’euros. Comment l’indépendance du quotidien fondé par Hubert Beuve-Méry se trouve désormais menacée. P.3 Le prince saoudien qui aimait le bon vin. P.4 États-Unis. Obama chouchoute les militaires en nommant un général à la tête de tous les services de renseignement du pays.
C
ommémorant l’appel du 18 Juin, l’inégalable Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, narre que cette exhortation gaullienne à ne pas se résigner au pire fut « l’acte fondateur du pacte social de la France contemporaine », annonciateur, notamment, des merveilleuses « lois sociales de 1944-1946 », dont les Français, c’est induit, sont donc invités à chérir le souvenir. C’est assez hardi, car, dans la vraie vie, bien sûr, le gouvernement de guerre sociale où Frédéric Mitterrand émarge s’applique avec obstination, et avec un succès certain, depuis trois ans, à détricoter ce pacte, fil à fil, et à démanteler tout ce qui pourrait encore ressembler, après trois décennies de libéralisme décomplexé, à des protections sociales. Mais pourquoi le ministre n’en ferait-il pas des louches, quand plus aucune voix – ou presque – ne s’élève pour dénoncer cet usage propagandiste de l’Histoire ? Ainsi va impunément le sarkozysme, instrumentalisant sans répit le passé pour mieux occulter la réalité de son présent. C’est le même principe, exactement, qui est à l’œuvre quand le chef de l’État multiplie les hommages à la mémoire de la Résistance – à ceux qui se sont naguère battus contre un régime « fondé sur le mépris de l’asile » * –, en même temps qu’il fait traquer dans les rues les sans-papiers. « Pour contrôler le futur, il faut contrôler le passé » : par ces temps commémoratifs, on ne saurait trop méditer ce théorème orwellien ✹ Luis Perenna * L’Histoire bling-bling. Le retour du roman national, par Nicolas Offenstadt, éd. Stock.
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C’est quand même un peu besogneux tout ça. (...) C’est quoi, ce merdier !
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Roselyne Bachelot, commentant le match France-Uruguay (0-0) devant sa télé, au ministère de la Santé, le 11 juin.
coup de boule
e porc est devenu l’égérie des allergiques au Coran. Entre apéro géant « pinard et saucisson » organisé dans le quartier de la Goutte d’Or (XVIIIe arrondissement) par Riposte laïque et le Bloc identitaire, que la préfecture de police de Paris eut le bon goût d’interdire, et les soupes au cochon organisées par l’association Solidarité des Français, que le Conseil d’État déclara illégales, la France verse dans l’idéologie du jambon. Une passion qui est loin d’être exclusivement hexagonale.
abrutis
En Italie, des militants de la Ligue du Nord ont pris pour habitude de promener des cochons sur les terrains dévolus à la construction de mosquées. Ainsi, le viceprésident du Sénat italien a-t-il fait l’acquisition d’un cochon pour le promener sur un terrain à Bologne, en 2006, tandis que sa collègue Mariella Mazzetto, ancienne vice-ministre de l’Éducation, s’adonnait au même rituel à Padoue.
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Nos enquêtes et nos dossiers
les trophéEs Le beauf de la semaine
Le candidat républicain à la Chambre des représentants du Nouveau-Mexique (USA), Tom Mullins, a exposé à la radio une obscène proposition. Le gaillard trouverait judicieux de poser des mines antipersonnel le long de la frontière mexicaine pour faire passer l’envie aux migrants de venir aux États-Unis… Mullins a ensuite précisé n’avoir fait que relayer des suggestions entendues pendant sa campagne. Ah, la richesse de la démocratie participative !
Les « girls » de la semaine
Après le torpillage, en mars, d’un de ses navires par ses voisins du Nord, la Corée du Sud lance les représailles… L’armée pose des haut-parleurs et des écrans géants à la frontière pour entamer une guerre psychologique peu banale. En point d’orgue : la diffusion en continu de clips de « girls bands » nationaux. Les danses provocantes de ces groupes de filles sont censées affecter le moral des soldats ennemis. La Corée du Nord a aussitôt prévenu qu’elle tirerait sur les écrans si cette guerre sonore avait lieu. Chantons, vive le son du canon !
Le corbeau de la semaine
l’idéologie du cochon L
filouteries
Plus au nord, en Norvège, en 2007, un conseiller municipal de Bergen appela ses concitoyens à suspendre des pieds de cochons un peu partout et à diffuser des couinements porcins par hautparleurs si l’autorisation était donnée aux musulmans de prier sur les places en attendant que leur mosquée ne soit construite. Au rayon britannique, des sportifs d’un nouveau genre ont organisé un championnat de lancer de têtes de cochons à l’extérieur d’une mosquée, à Newport, imités aux États-Unis, à Lewiston, peu après. En Inde, où les tensions sont très fortes entre communautés, près de 2 000 musulmans se sont affrontés, en 2008, avec la police de Bengalore après avoir découvert des têtes de cochons dans leurs mosquées. Le phénomène a aussi touché l’Australie, la Chine, Israël, les Pays-Bas… Le cochon n’est donc pas que la star de nos abrutis nationaux. Étonnant qu’ils n’aient pas encore eu l’idée de faire exploser des bombes au lard sur les banlieues ✹ renaud chenu
Bakchich Hebdo N°29 | du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010
L’armée américaine a arrêté Bradley Manning. Ce soldat basé en Irak serait la fameuse taupe qui a envoyé au site indépendant WikiLeaks la vidéo d’une bavure à Bagdad. Manning s’est-il bêtement fait attraper par la patrouille en se confiant à l’ancien pirate électronique Adrian Lamo, condamné il y a dix ans après divers cyber-exploits ? Le soldat Manning avait contacté Lamo sur Internet après avoir lu dans un magazine qu’il soutenait WikiLeaks. Mais l’ex-hacker, qui souffre de dépression, s’est depuis reconverti… dans la sécurité informatique. Pris de panique, Lamo a balancé ses e-mails avec Manning aux autorités. Mais l’apaisement a vite laissé place à l’effroi. D’après les messages échangés avec son « ami », Manning a envoyé à WikiLeaks un fichier de 260 000 courriels diplomatiques confidentiels. Le corbeau n’a pas dit son dernier mot ✹
Mot à Mot
« Ce que les gens racontent, disant que je transforme des missions gouvernementales en missions politiques, ne sont que des bobards. Et puis, pourquoi vous me reprochez des choses comme ça, alors que d’autres membres du gouvernement font pire que moi ? » Non, ce n’est pas Boutin qui cafte, c’est la ministre de l’Éducation de base, de l’Alphabétisation et des Langues nationales, Mme Sidibé Aminata Diallo. C’est sur Maliweb.net, vu que cela se passe à
Bamako. À Paris, de telles choses sont absolument impossibles, et si notre Boubou s’est fait prendre en position de missionnaire, elle est formelle : elle ne fait pas ça pour l’argent. Encore moins par magouille politique. Non, son futur rapport sur la mondialisation, c’est juste pour caler un meuble. Roland Barthes observa naguère que le fameux postulat « la France a en Afrique une mission » impliquait une sournoise métaphore qui nous ramène à l’Église et à l’évangélisation des sauvages. Mais, aussi, vu que ce mot ratisse large dans le champ des connotations, « mission » sent la caserne, le pied de légionnaire, la barbouze des agents infiltrés, les explorateurs cernés par les Pygmées, la chapelle de Fort Alamo et les chutes d’Iguazu avec De Niro, musique de Mor-
P.5 Dominique de Villepin lance son mouvement politique, République solidaire. C’est Sarko qui va être content. P.6-7 Le dossier de la semaine. La mafia italienne peut dormir tranquille, Silvio Berlusconi est aux petits soins avec les capos. Un reportage de notre correspondante à Palerme. P.8 Bachelot-Yade, le désamour.
Bazar
environnement, médias, conso, sport, pipoles…
P.9 Coupe du monde. Notre envoyé spécial en Afrique du Sud nous conte le souvenir de la révolte du 16 juin 1976, quand Soweto se soulevait. P.10 Zéro pointé aux agences de notation. P.11 Le couple présidentiel s’est rendu au Cirque d’hiver, à Paris, pour le mariage de la meilleure amie de Carla. Bakchich aussi. P.11 Laurence Ferrari surveille son image de très près.
Culture
bouquin, cinéma, musique, bédé…
P.13 Livre. Un petit Guide de la
démocratie pour ceux qui se perdent dans ce système en faillite. P.14 Dog Pound, film creux. P.15 Quand BHL tacle Bakchich. ricone. Car, une mission, souvent, c’est du cinéma. Futile comme la « feuille de route », ce GPS qu’on donne désormais aux ministres de peur qu’ils ne se paument entre Matignon et SaintTropez et fassent rien qu’à jouer au ping-pong dans leur salon, faute d’instructions du boss. Pécresse, qu’on croyait cachée dans son congélateur depuis le 21 mars, exige soudain de la « transparence ». On avait des missions opaques, des intromissions à l’Intérieur, des compromissions à la con pour vrais pros, et on ne le savait même pas ! Gare, si ça continue, on va révéler à quoi servent Devedjian et Bockel, ce que bidouillent Nora Berra et Michel Mercier, et si Novelli a retrouvé sa TVA perdue… ✹
jacques gaillard
Apéro
Les sept péchés capitaux du « Monde » presse Déficit abyssal, perte de pouvoir de sa Société des rédacteurs, chute libre de la pub… le quotidien du soir ne fait plus recette. Les sept raisons d’une déconfiture.
A
peu près 200 millions d’euros, voilà à quoi se chiffre la recapitalisation du groupe Le Monde. Les rédacteurs, qui disposaient d’une minorité de blocage historique au sein de l’actionnariat du groupe – les derniers dans la presse française –, perdront ce droit après le 25 juin, date à laquelle le repreneur sera connu. Compte tenu des enjeux financiers, le nouvel investisseur deviendra l’actionnaire majoritaire du groupe et le Monde ne sera plus indépendant. Bakchich donne les sept clés de la déconfiture du grand quotidien français.
3) La baisse des ventes
1) L’héritage Colombani-Minc
5) Un site Internet électron libre
Folie des grandeurs oblige, Colombani peut se targuer d’avoir cédé, avec Alain Minc, à une fuite en avant de rachats successifs financés par les obligations remboursables en actions. Résultat : 70 millions d’euros de dettes obligataires.
2) L’écroulement de la publicité
En 2009, les médias français ont vu leurs recettes publicitaires baisser de 1,5 milliard d’euros. Selon nos informations, le budget publicité du Monde a baissé de 20 % cette année-là, réduisant à néant les effets du plan social réalisé l’année précédente.
Selon l’OJD, entre 2005 et 2009, la diffusion France payée du quotidien le Monde est passée de 320 704 à 288 049 exemplaires. Malgré la succession de nouvelles formules.
4) Le poids des baronnies
Une partie de la rédaction du Monde n’a pas pris la mesure des remises en cause nécessaires en interne : deux cent cinquante journalistes, douze semaines de congés payés, quelques placards dorés, la constitution de baronnies qui ont perdu de vue l’intérêt général…
Cas unique en Europe, au Monde, les tours de table sont différents selon les supports Web ou papier. Le Monde interactif est ainsi possédé à 34 % par Lagardère, qui ne détient que 17 % du groupe. Une situation ubuesque qui a considérablement freiné les possibilités de synergies.
6) Le poids de l’imprimerie
L’imprimerie (300 ouvriers, dont 200 sous-employés) n’a jamais réalisé le moindre bénéfice. Aujourd’hui, il faut 60 millions d’euros pour la moderniser et la restructurer. Ce qui explique que
l’Italien Benedetti, repreneur du premier jour, se soit désisté.
7) Les mauvais coups des « confrères »
Le quotidien du soir est de plus en plus seul. Ainsi, le groupe Bolloré a quitté, en janvier 2010, l’imprimerie du Monde d’où sortait l’un de ses quotidiens gratuits. Bernard Arnault, propriétaire des Échos, imprimés aussi par les rotatives du Monde, a assigné le groupe pour tarifs prohibitifs.
chef scoop L’œnophile prince saoudien cambriolé
Prince saoudien, héritier de la famille royale et vice-ministre de la Défense de son pays, voilà des activités qui occupent. Et laissent peu le loisir à Son Altesse Royale Khaled ben Sultan ben Abdelaziz Al Saoud de profiter de son modeste pied-à-terre parisien. Un hôtel particulier sis dans le VIIe arrondissement, dont des malandrins ont pris grand soin en son absence. Lors de son dernier passage en la Ville lumière, à l’instar de milliers de voyageurs se rendant dans leur résidence secondaire, l’Altesse a dû se rendre à l’évidence. Un fric-frac avait bien été commis par des monte-en-l’air. Ou plutôt des monteen-bas… fort connaisseurs. Car seule la cave, assez riche pour faire passer ce descendant du Prophète pour un mauvais musulman, a été siphonnée. Et uniquement de ses grands crus ! Deux bouteilles de Lafite Rothschild 1979 (230 euros), des Fleur-Petrus 1978 (910 euros), des Haut-Brion 1990 (400 euros) en passant par des Latour 1985 (500 euros) ou des Le Pin 1989 (4 500 euros). Et le prince, plus habitué à se faire draguer dans les salons d’hôtels par tout ce que le monde de l’aéronautique compte de courtiers en armes, de porter plainte au commissariat du quartier, le 3 juin dernier. Au moins, ce crime d’œnophile l’aura-t-il provisoirement sauvé du péché ! ✹
Xavier monnier
malus. Nicolas Sarkozy
Aux mauvais coups de Bolloré et d’Arnault, proches de l’Élysée, s’ajoutent les ingérences du président de la République dans la recapitalisation du Monde. Nicolas Sarkozy a en effet menacé le groupe d’un gel des subventions publiques au cas où le trio Bergé-Pigasse-Niel (actionnaire de Bakchich) l’emportait. Plutôt habitué à vivre en bonne intelligence avec le pouvoir, de Mitterrand à Villepin en passant par Jospin, le Monde est confronté à une alternative brutale face à l’Élysée : se soumettre ou entrer en résistance. Pas sûr que la rédaction du Monde, restée fidèle à la culture jésuite de ses fondateurs, n’y perde pas son âme ✹ simon piel
Le FN rêve à l’après-2012
L’oublié de Clearstream
Passée inaperçue, une décision de la Cour de cassation, datée du 8 avril 2010, devrait modifier radicalement l’approche du dossier Clearstream lors de l’audience en appel. En effet, l’ancien patron des RG, le très chiraquien Yves Bertrand, surnommé « grincheux », n’a pas obtenu que ses fameux carnets, saisis par les juges d’instruction de Clearstream, lui soient restitués. Les nombreux passages où ses liens apparaissent nettement avec Imad Lahoud, considéré aujourd’hui comme le principal falsificateur des faux listings, pourront être utilisés contre lui. D’après l’arrêt de la Cour de cassation, « Yves Bertrand était informé de l’existence des listings (...) dès la fin de l’année 2003 » et les carnets peuvent contenir des éléments « non exploités à ce jour, mais utiles au débat public et contradictoire » devant la juridiction d’appel. D’autant que l’enquête préliminaire, ouverte par le parquet sur plainte de Nicolas Sarkozy, pourrait être, en temps voulu, versée « en complément d’information » à l’audience en appel. Le maillon manquant ?
Borloo, Matignon ou rien
a Citizen Colombani, patron du groupe Le Monde de 1994 à 2007, en partie responsable des difficultés financières actuelles.
Celles-ci se chiffrent comme suit : 70 millions d’obligations remboursables en actions dont 10 millions à Maurice Lévy, 60 millions pour moderniser l’imprimerie, 25 millions de dettes bancaires. À cela pourrait s’ajouter entre 5 et 50 millions d’euros si Lagardère sort de l’actionnariat et entre 5 et 25 millions d’euros si Prisa fait de même une fois le nom du repreneur connu. Ce calcul ne prend pas en compte le million d’euros avec lequel est parti Jean-Marie Colombani en quittant le groupe.
Le ministre de l’Écologie a mis le marché entre les mains du président de la République : soit il est nommé Premier ministre en lieu et place de François Fillon en octobre, soit il démissionne et se retire tout simplement de la vie politique pour retrouver son cabinet d’avocats. Nicolas Sarkozy, qui veut contrecarrer les ambitions d’Hervé Morin, n’envisageait pas ce scénario. Il aurait bien vu l’ancien avocat d’affaires se présenter à la présidentielle afin de recueillir le maximum de voix centristes, bien utiles pour le second tour et sa réélection, compromise en cas de candidature de DSK. L’été risque d’être chaud.
Au sein de l’état-major frontiste tendance Marine, les pronostics vont bon train. Et les espoirs aussi. Depuis que des sondages donnent à la fille de JeanMarie Le Pen la troisième place derrière les candidats de droite et de gauche à la présidentielle, son entourage se prend à rêver. Récemment, son bras droit, Louis Aliot, conseiller régional de MidiPyrénées, a défini une stratégie devant quelques-uns de ses amis. En position d’arbitre, Marine Le Pen appellera au second tour ses électeurs à voter pour Nicolas Sarkozy, tournant ainsi le dos à la ligne édictée par son père, « ni gauche, ni droite ». Ce qui permettrait au Front national de négocier son entrée au gouvernement. Un scénario à l’italienne. Et qui remplirait le mieux cette fonction de négociateur ? Louis Aliot, bien sûr.
Devedjian bien seul
Les jours de Patrick Devedjian à la tête du conseil général des Hauts-de-Seine sont comptés. Alors qu’il a annoncé qu’il briguerait un nouveau mandat après les élections cantonales de 2011, sa majorité vacille plus que jamais. « On cherche un homme d’avenir pour incarner le dynamisme du département du président de la République », a lancé un conseiller de l’Élysée en réponse à la nouvelle candidature de Devedjian
Dassault œcuménique
Serge Dassault, cinquième fortune française, avionneur, patron de presse et sénateur, avait, en 2005, du temps où il était maire de Corbeil-Essonnes, donné un sacré coup de pouce aux musulmans de la ville. Il avait versé « une bonne partie des 2 millions d’euros nécessaires » à la construction de la mosquée. Une manne prise sur ses fonds propres. Depuis, Serge s’est converti à la charité chrétienne. Il vient de faire un don au diocèse d’Évry, dédié à la rénovation de la paroisse Spire et de l’église Saint-Étienne de Corbeil-Essonnes, estimé à 2 millions d’euros. Et dire qu’on accuse Serge Dassault de favoriser le communautarisme... ✹
du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010 | Bakchich Hebdo N°29
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Apéro usa
obama généreux avec les généraux ou comme ambassadeurs en force militaire – pourtant garanti Afghanistan et en Arabie saoupar la Constitution. dite. Hillary Clinton s’apprête à Le général Clapper était déjà de désigner un général à la retraite la partie lorsque, pour justifier au comme coordinateur du contreCongrès le bien-fondé de la guerre terrorisme au Département en Irak, Bush et Cheney avaient d’État. commandé des renseignements Pourtant, les guerres qui n’en sur mesure concernant les armes finissent pas en Afghanistan et en de destruction massive (ADM) Irak montrent que les militaires supposées de Saddam Hussein. ne se sont guère Loyal serviteur distingués en d e Ru m s f e l d Les militaires dirigent la matière de ren(le secrétaire à seignements la Défense de majorité des institutions stratégiques, ni Bush), Clapper du renseignement. en matière de était le direcquestions géoteur des images politiques. Et l’absence d’un civil photographiques et électroniques au poste de « tsar » des renseignedu Pentagone. Son rôle était de ments menace le contrôle de la dissimuler l’absence d’images société civile quant à l’usage de la prouvant l’existence des ADM. Après l’invasion de l’Irak, quand les « boys » n’ont trouvé aucune trace des fameuses ADM, Clapper a suivi la ligne Bush-Rumsfeld et a prétendu qu’elles avaient été transférées « dans d’autres pays, comme la Syrie ». En Afghanistan, Obama enfonce l’Amérique dans une guerre civile entre narcotrafiquants où le Pentagone veut tester sa stratégie de contre-insurrection. Et ce n’est pas Clapper qui va tirer le signal d’alarme pour stopper cette stratégie vouée a l’échec ✹ doug ireland
bab’ el web Tous les chemins mènent au rhum
Les apéros Facebook n’ont pas la cote auprès des autorités, qui voient là une incitation à l’ivresse des jeunes. Le gouvernement n’a pourtant pas fait tant d’histoires quand il s’est agi, l’an dernier, d’autoriser les publicités pour l’alcool sur Internet. Une incohérence dénoncée par l’association de prévention Avenir Santé dans un rapport sur l’alcool sur le Web. L’asso a surtout pointé les 1 500 (!) pages Facebook en lien avec la boisson. Citons, pour les bonnes bouches, « Celui qui ne boit pas, c’est celui qui nettoie », ou encore « Il vaut mieux être saoul que con, ça dure moins longtemps », qui regroupe 700 000 adeptes. En même temps, on peut difficilement leur donner tort.
Le djihad des hackers
Au Salvador, les clowns ne rient plus. Pourquoi une centaine d’entre eux ontils manifesté la semaine dernière ? A. Personne ne va au cirque à cause du foot. B. Nicolas Sarkozy leur pique toutes leurs mimiques. C. Pour protester contre les criminels qui utilisent leurs déguisements. D. Ils exigent la retraite à 40 ans. Réponse : C. Après plusieurs crimes commis par de faux clowns, l’Association de clowns du Salvador réclame un badge pour se distinguer des malfaiteurs.
E
n choisissant, le 4 juin, le général James R. Clapper comme « tsar » des renseignements, Barack Obama a prouvé qu’il était sous l’influence du Pentagone : encore une fois, le Président a placé un officier d’état-major à un poste qui doit être occupé par un civil. Dans son nouveau rôle de directeur national du renseignement, le général Clapper aura la responsabilité des seize agences de renseignement du gouvernement. Aux États-Unis, les généraux, actifs ou à la retraite, dirigent aujourd’hui presque toutes les institutions de la « communauté du renseignement ». Obama en a déjà nommé à d’autres postes clés : en charge du Conseil national de sécurité
Le 30 mai, à Shanghai, un concert du groupe coréen Super Junior a provoqué des crises d’hystérie chez des milliers de groupies. Honteux de « la bêtise » de leurs compatriotes, des internautes chinois ont décidé de pirater tous les forums consacrés à la musique pop coréenne. En quelques heures, ce « cyber-djihad » (comme ils l’ont surnommé) a éradiqué des milliers de sites de fans. Ça calme.
Hadopile ou face
« Ce qui est sûr, c’est que (…) les mails et les courriers recommandés seront envoyés dans le courant de l’automne », promettait l’ex-ministre de la Culture Christine Albanel au sujet de la loi Hadopi, le 11 juin… 2009. Pour célébrer l’anniversaire de cet engagement, le site Owni.fr a recensé, sur les douze derniers mois, les multiples promesses et reports de cette loi censée endiguer le piratage. Le calendrier « ne connaîtra aucun retard », s’était pourtant vanté son successeur, Frédéric Mitterrand, dès juillet 2009. Pour dénoncer l’inapplicabilité d’Hadopi, et puisque c’est la mode, Owni propose un pari en ligne (gratuit) où l’internaute doit deviner quand les premiers mails seront vraiment envoyés aux pirates. L’heureux gagnant remporte un Minitel ✹
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Bakchich Hebdo N°29 | du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010
De l’audace, bis
Perdriel se fait une Toile
L’info. « Internet, en théorie, c’est l’univers de la liberté. Dans la réalité, c’est celui des citations et rumeurs infondées. Aucune éthique, aucun contrôle, aucun moyen de démentir la fausse nouvelle », Claude Perdriel, Challenges.fr, 16 juin. Le décryptage. La profession a eu l’air de s’étonner des propos du patron du Nouvel Observateur, candidat à la reprise du Monde. Pourtant, le 27 novembre 2008, auditionné à l’occasion des États généraux de la presse, il ne disait pas autre chose : « Sur Internet, il n’y a plus rien, il n’y a aucune règle, on peut tout dire et plus une rumeur sera fausse, plus elle sera abominable, plus vite elle va parcourir le buzz de l’Internet et plus vite elle va se répandre partout. C’est horrible. » Une allusion au SMS de Sarko à Cécilia ou au 3 millions d’euros perdus en 2009 avec son site Internet ? Son équipe Web appréciera.
De l’audace en journalisme
L’info. « Le guide des plantes qui soignent », le Point, 10 juin. Le décryptage. Foisonnant d’innovations éditoriales, chaque semaine, les news-magazines rivalisent d’imagination pour vendre leurs éditions respectives. Une fois n’est pas coutume, c’est au journal le Point de se distinguer en offrant sa une au docteur Laurent Chevallier, nutritionniste au CHU de Montpellier. Le toubib et son compte en banque sont contents. Le 25 février dernier déjà, le Nouvel Observateur lui offrait sa une et la promotion de son dernier ouvrage. Face à une telle profusion d’idées de dossier, Bakchich est fier d’apporter sa contribution en proposant un « guide des news-magazines avec une ligne éditoriale originale ».
L’info. « Bien manger avec Pierre Dukan », l’Express, 9 juin. Le décryptage. Le journal de Christophe Barbier a eu plus de nez que celui de Franz-Olivier Giesbert puisqu’il a donné la parole (et sa couv’) à Pierre Dukan, nutritionniste en vogue. Enfin, presque. Le Nouvel Obs, qui préfère le médecin David Khayat (mai 2010), avait déjà réalisé un portrait de Dukan en février. Toutefois, l’Express fait un peu plus fort, en précisant dans son publi-reportage article que le nutritionniste dont il est question est tellement fort qu’« à Tunis, l’hôtel de luxe Résidence propose désormais à ses clients de suivre une cure Dukan le temps de leur séjour ». Ô hasard, plus loin dans le journal, une pleine page de pub à la gloire de M. Dukan. Plus fourbe, comme l’a aussi noté Politis, dans le supplément Styles de l’Express, le lecteur aura eu le plaisir de découvrir une belle pub à la gloire de « the Residence Tunis », qui assure que, « grâce à la cure minceur high-tech conçue en collaboration avec le célèbre Dr Dukan, vous allez bronzer et vous relaxer sans risque pour votre garde-robe ». Un dossier bien monté.
L’amour rend aveugle
L’info. « Laurence Ferrari, les victoires d’une battante », Paris-Match, 10 juin. Le décryptage. Tout à son œuvre promotionnelle à la gloire de la présentatrice du 20 heures de TF1, l’hebdomadaire explique que la belle Laurence « est une star qui a cravaché dur pour retrouver l’audience perdue. Résultat : plus de 30 % de parts de marché, avec plus de 8 millions de téléspectateurs en moyenne ». Que nenni ! Paris-Match s’emporte. Au premier semestre 2008, du temps du regretté Patrick Poivre d’Arvor, le journal de la Une rassemblait 35,5 % des téléspectateurs, tandis que les dernières éditions de l’édition de Laurence Ferrari tournent autour des 28 % de parts de marché. Un léger crash que TF1 ne veut pas voir. Et, bon camarade, Paris-Match non plus ✹
Filouteries naissance Dominique de Villepin crée son parti: République solidaire. L’ancien Premier ministre veut y rassembler des déçus de l’UMP, des anciens RPR, des centristes désorientés et même des socialistes mécontents. Mais surtout faire la nique à son meilleur ennemi, Nicolas Sarkozy.
perlimpinpin de
La poudre de
villepin P
arti classique ou ovni lepin aurait déjà rameuté entre 15 000 et 20 000 adeptes. Mais Vilpolitique ? Portée par Dominique de lepin veut frapper plus fort. Il Villepin, son père serait en train d’acquérir, pour fondateur, la Répuson mouvement, un hôtel partiblique solidaire, culier – situé juste en face de la puisque tel est son nom, verra maison où est né Nicolas Sarkozy, le jour l’après-midi du 19 juin, à dans le XVIIe arrondissement ! Paris, dans le XIIIe arrondisse– ayant appartenu à Sarah Bernment. Une naissance en forme de hardt, dont la valeur est estimée défi lancé à Nicolas Sarkozy par à… 3,2 millions d’euros. Exit donc l’ancien Premier ministre, qui, le Club et sa petitesse, place à la depuis l’affaire Cleastream, est République solidaire et sa grandéterminé à prendre sa revanche deur, dont il sera bien sûr le présisur son meilleur ennemi. Pour dent, l’ancienne ministre Brigitte y parvenir, cet amoureux de la Girardin, la secrétaire générale, poésie et de l’intrigue, qui n’a et la députée UMP du Val-deque le mot « France » à la bouche Marne Marie-Anne Montchamp, mais n’a jamais brigué de mandat la porte-parole. Une « République » faite de bric électoral, rêve de faire se lever le bon peuple. « Celui du métro et et de broc. De gens de tous horides tramways à 18 heures », toute zons. « Comme ceux qui ont suivi le général de Gaulle », ose Jeancette foule, pense-t-il, qui ne supporte plus Pierre Grand, son Président, député UMP Exit la petitesse du Club qui regarde le de l’Hérault et centre rentrer Villepin, place à la grandeur aficionado de au bercail, donc Villepin. Tiens, de République solidaire ! le 19 juin, n’està droite, et la gauche s’ence pas le lendemain de l’appel du Général ? ! fermer dans ses dogmes. Depuis des mois, l’homme qui dit Villepin se prendrait donc pour le sauveur de la France ! non à Sarkozy court la France. De la province où il rencontre Hommes, femmes, jeunes et vieux les « vraies gens » à la banlieue ont rejoint d’eux-mêmes le nouoù le Président n’ose plus aller, veau mouvement de l’ancien en passant par le Salon de l’agriPremier ministre, créé ex-nihilo, culture où il a fait plus fort que nous assure-t-on… « Pour la preChirac, buvant et s’empiffrant mière fois, s’extasie François Goude tout ce qu’on lui offrait, il lard, député UMP du Morbihan et marque son territoire. Et ça ne futur vice-président de la « noumarche pas si mal : le Club Vilvelle » république, on assiste à
l’émergence d’un parti politique à partir de simples citoyens. » Il est vrai que les personnalités ne se bousculent pas sur les fonds baptismaux de ce mouvement. Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, jusque-là soutien de Villepin, a décidé de ne pas y souscrire. On lui prête des envies de revenez-y… au gouvernement. Georges Tron, bien que fort critique à l’encontre de Sarkozy, est devenu secrétaire d’État à la Fonction publique. Enfin, Bruno Le Maire, entré à l’Agriculture, est depuis longtemps perdu pour
la cause. « Ces désistements sont moins graves que la disparition d’Henri Cuq », relèvent tristement des députés villepinistes. L’ancien ministre des Relations avec le Parlement de Jacques Chirac, s’il n’avait été enterré lundi 14 juin à la suite d’une longue maladie, aurait été en effet de la fête du 19. Une fête qui se veut « populaire, fraîche et authentique » avec, en guise de feu d’artifice, le discours « sans notes ni prompteur » de Villepin. Seule ombre à ce beau tableau, l’Élysée chercherait à
dominique, star des banlieues «
D
ominique de Villepin ? C’est notre Barack Obama ! » Dans son bureau, à la mairie de Corbeil-Essonnes, l’ancien fief de Serge Dassault, Azdine Ouis, conseiller municipal de la majorité, ne cache pas son enthousiasme pour « DDV ». Sur son mur est accrochée une photo sur laquelle Ouis pose, fier, à côté du dissident UMP. Dominique de Villepin séduit les banlieues parisiennes. Azdine Ouis fait partie de ces élus qui l’ont suivi et épaulé, depuis novembre, dans les quartiers populaires. Après un court séjour chez son ami Georges Tron, à Draveil (Essonne), l’ex-Premier ministre s’en est allé visiter Bondy (Seine-Saint-Denis) puis le quartier du Val-Fourré, à Mantesla-Jolie (Yvelines). « Il a promis de venir bientôt à Corbeil-Essonnes », ajoute Ouis, le sourire débordant. C’est grâce à ses positions anti-Sarko, symbolisées par l’affaire Clearstream, « dans laquelle DDV a réussi à ne pas perdre la face », que Villepin a gagné une telle cote de popularité dans les banlieues. Ainsi, à Mantes-la-Jolie, lorsqu’il déclarait : « La politique, dans les quartiers, ne peut pas seulement être sécuritaire. La sécurité ne doit être qu’un élément d’une politique, elle ne constitue pas en soi une politique. » Cinglant ! Pourtant, Villepin n’avait-il pas été, après les « émeutes » de novembre 2005, l’homme de la rigueur sécuritaire ? Autre motif de
popularité, son discours fameux de 2003 contre l’engagement de la France dans la guerre en Irak. Un engagement rassurant, pour les habitants des quartiers, quant à la politique internationale qu’il pourrait mener s’il était locataire de l’Élysée. « Tout aussi rassurant, DDV vient d’affirmer son soutien au peuple palestinien », explique Sidi el-Hameur, maire adjoint à Mantes-la-Jolie.
pas d’équivalent à gauche
Les questions de politique de fond, en revanche, n’ont pas démangé notre visiteur des cités. Le chômage, la précarité, le logement ? Autant de thèmes passés au second plan. « Bah, il est venu faire sa com, il nous utilise, comme ont toujours fait les politiques », résume Lahib, fondateur de la radio LFM, à Mantes-la-Jolie. Ce qui n’empêche pas la plupart d’avoir envie d’y croire, en attendant de trouver un équivalent à gauche « qui, pour l’instant, n’existe pas ». Samedi après-midi, deux cars (150 personnes) partiront de l’Essonne pour se joindre à la fête de Dominique de Villepin. Aux dernières nouvelles, Rachida Dati rallierait le mouvement. Pour sûr, avec elle, les problèmes des banlieues seront réglés ✹
anaëlle verzaux
gâcher l’ambiance, pensent certains, avec l’annonce de la date du procès en appel de l’affaire Clearstream : avril 2011. Qu’importe, quelque 400 bénévoles sont déjà à l’œuvre pour accueillir, espère-t-on, 4 000 personnes, toutes ayant payé ellesmêmes transport et hôtellerie, pour se rallier au blanc panache de Villepin. Une grosse pincée d’UMP déçus (entre 30 et 40 %), d’anciens RPR qui n’ont jamais rejoint l’UMP, quelques centristes désorientés par François Bayrou ou guère convaincus par Hervé Morin, des socialistes qui ne croient pas au programme de Martine Aubry et des personnes sans appartenance devraient former cette République solidaire. « Jusqu’ici, nous étions identifiables en raison de notre opposition à Sarkozy, analyse François Goulard. Désormais, un vrai défi s’offre à nous : être capables de formuler des propositions. Nous devons, par exemple, trouver deux ou trois thèmes porteurs en matière sociale. » Aux fins de mener leur héros à l’Élysée. À moins que, comme en sont persuadés les partisans de Bayrou, Villepin ne soit ramené à ce qu’il représente en réalité : « Rien. Une silhouette sans chair et sans véritable message. » Mais l’homme du Béarn est inquiet : il a confié à François Goulard qu’il était ouvert à la discussion avec Villepin ! ✹
florence muracciole
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italie Au royaume de Silvio Berlusconi, les capos sont rois. La mafia est partout, elle contrôle tout, et il ne faut pas compter sur « il Cavaliere » pour combattre l’hégémonie de la pègre, intimement liée à l’État. Reportage de notre correspondante à Palerme, au cœur de la Sicile. a « loi-bâillon » n’a pas été adoptée dans une ministre de l’Industrie et touche le chef de la Proteclointaine dictature. C’est la presse italienne tion civile, un intime de Berlusconi. Sans compter qui s’est levée contre ce texte parce qu’il que maints scandales impliquant « il Cavaliere » « nie aux citoyens le droit d’être informés ». Ce n’auraient pas été révélés avec cette loi. Ce n’est pas message a fait la une du quotidien la Republa première fois qu’une réforme du chef du Conseil blica, inscrit sur un Post-it au milieu d’une italien tente de lui garantir l’impunité. Habituellepage blanche. Le Sénat ment, en Europe, on rigole bien de italien, dominé par la droite, ses déclarations contre les juges, La « loi bâillon » n’est qu’un venait de donner son feu vert à ce qualifiés de « communistes ». Mais, projet de loi limitant les écoutes derrière ses bouffonneries et ses cadeau de plus à la mafia téléphoniques judiciaires. Parmi lois dites ad personam (« pour sa dans une hotte bien garnie. personne ») se cachent de dangeles mesures controversées, les reuses lois « ad mafiam » : grâce à journalistes pourraient être condamnés à des peines de prison et à de lourdes ce nouveau texte, Toto Riina – le capo des capos de Cosa Nostra – serait encore libre ! amendes pour la publication du contenu d’écoutes si la loi était adoptée par les députés en juillet. Ainsi, C’est pourquoi les magistrats contestent fermement ils devraient attendre des années avant de rendre la limitation des écoutes téléphoniques dans leurs compte des enquêtes en cours. enquêtes, et bien d’autres mesures. La « loi-bâillon » Le gouvernement prétend que cette loi protège la n’est qu’un cadeau de plus à la mafia dans une hotte vie privée des citoyens. Mais personne n’est dupe : déjà bien garnie… ✹ elle sert à éviter qu’éclatent des affaires de corrupdossier réalisé par Cécile Raimbeau, à Palerme tion comme celle qui vient de coûter son poste au photographies de daniel hérard
« depuis quinze ans, la législation a reculé » Bakchich a rencontré Antonio Ingroia dans son bureau bunkerisé du tribunal de Palerme. Parce qu’il enquête sur le pacte entre l’État italien et la mafia dans les années 90, ce juge, substitut du procureur au parquet, est l’une des bêtes noires de Silvio Berlusconi. Le gouvernement Berlusconi s’octroie le mérite de milliers d’arrestations de mafieux dernièrement. Sont-elles imputables à sa politique « antimafia » ? Ces arrestations découlent du travail remarquable des enquêteurs de police, en dépit du manque criant de moyens. Dans certains cas, des policiers ont avancé de leur poche le carburant à mettre dans les voitures. Leurs heures supplémentaires n’ont pas été payées. Le travail de la magistrature se trouve aussi en grande difficulté, à cause d’une insuffisance d’argent et d’une législation inadéquate. En Europe, on montre pourtant souvent en exemple la législation italienne antimafia…
Celle approuvée il y a quinze ans, après les assassinats des juges Falcone et Borsellino, a été très importante, avec ses lois spécifiques à la lutte antimafia. Depuis, nous avons beaucoup reculé. Notre législation n’est pas adaptée à la lutte contre la mafia financière, en plein développement. Et aucun projet gouvernemental n’entend renforcer la loi, malgré nos réclamations. Au contraire. Nous savons par exemple que la mafia a utilisé le « bouclier fiscal » adopté il y a un an par le gouvernement pour rapatrier et blanchir des capitaux. Et les projets de réforme en discussion au Parlement sont inquiétants. En quoi ces réformes pourraientelles freiner la lutte antimafia ? Un projet de loi déjà approuvé par le Sénat prévoit de limiter le recours aux écoutes téléphoniques. Or, dans l’histoire des procès antimafia, les écoutes téléphoniques ont permis, notamment, d’identifier les assassins de Falcone et Borsellino. En ce moment,
alors que nous avons peu de témoignages de mafieux repentis, nos enquêtes sont surtout fondées sur des écoutes. Certes, des parlementaires proposent que cette réforme ne s’applique pas aux enquêtes antimafia, mais, en réalité, la plupart des enquêtes commencent sans le titre « antimafia ». Elles démarrent sur des personnalités qui s’avèrent liées à la mafia bien plus tard. Il s’agit donc d’un coup mortel porté à l’enquête contre la mafia en col blanc. L’autre danger est la réforme concernant l’initiative de l’enquête. Le gouvernement veut réserver le pouvoir d’initier une enquête à la police judiciaire, dont les fonctionnaires dépendent du ministère de l’Intérieur. Il deviendrait alors très difficile d’enquêter sur les liens entre la mafia et les responsables politiques. Or toutes les enquêtes mafia-politique, celles sur Giulio Andreotti [ex-président du Conseil italien], Salvatore Cuffaro [ex-président de la région Sicile], Marcello Dell’Utri [sénateur, co-fondateur de Forza Italia avec Berlusconi], ont commencé sur l’initiative de la magistrature, et non pas de la police judiciaire.
a Une famille de sans-abri, logée par la municipalité de Palerme dans un container insalubre. La ville compte 10 000 personnes sans logement.
Berlusconi vous accuse de « fouiller dans de vieilles histoires qui remontent à 1992, 1993, 1994, payé par l’argent du contribuable »… Ce ne sont pas de vieilles histoires. Il s’agit de l’histoire de rapports politique-mafia qui commencent dans les années 90, mais continuent aujourd’hui. Le sénateur Dell’Utri, condamné en première instance, est l’un des principaux collaborateurs de Berlusconi. S’il se révèle vrai qu’il y avait des accords État-mafia dans le passé alors, aujourd’hui, ces accords sont encore valides et importants pour le présent. Est-il possible que la mafia exerce un chantage sur l’État ? Des signaux parviennent de la prison. Nous savons que Toto Riina, le capo des capo de Cosa
Nostra, a envoyé des messages mystérieux, peut-être compréhensibles pour ses destinataires, qui laissent entendre qu’il pourrait faire des révélations. Un autre capo incarcéré a fait comprendre que des hommes politiques devaient faire certaines choses pour lui et que les actions de ces politiques ne correspondaient pas aux attentes de la mafia. Entre certaines réformes déjà passées (bouclier fiscal ou possibilité de vendre les biens confisqués à la mafia) et celles en discussion, peut-on parler de « cadeaux aux parrains » ? Je ne sais pas si la finalité recherchée est de faire des cadeaux à la mafia. Mais, ce que je vois, c’est le résultat. Et le résultat, oui, ce sont des cadeaux à la mafia ! ✹
La pieuvre étend ses tentacules en Europe
a L’eurodéputé Rosario Crocetta est l’une des figures de la lutte antimafia.
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Le 27 avril 2010, l’opération « coup double » a permis l’arrestation de mafieux et de patrons d’entreprises de construction. En cause, notamment, le fabriquant de béton Calcestruzzi, filiale de la transnationale Italcementi, un groupe coté en Bourse, présent dans 22 pays et propriétaire des Ciments français. L’affaire a moins défrayé la chronique que le massacre, en août 2007, de six hommes d’une balle dans la tête par la mafia calabraise à Duisburg, en Allemagne. De toute évidence, la « pieuvre » se globalise. « C’est un problème sous-
considéré en Europe, regrette l’eurodéputé sicilien Rosario Crocetta (voir photo). L’Europe parle beaucoup de terrorisme, mais fait peu d’efforts contre les menaces qui viennent de l’intérieur, multipliées avec l’ouverture à l’Est. » Ex-maire communiste de Gela, M. Crocetta, qui vit sous escorte policière depuis qu’il a livré bataille à la mafia de sa ville, a réclamé la mise en place d’une commission d’enquête sur les mafias en Europe. Condamné à mort par Cosa Nostra, il lui a déjà fallu négocier ferme le droit à une escorte à Strasbourg et à Bruxelles… ✹
contre le racket, la solidarité citoyenne
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n admire le courage de Roberto Saviano, obligé de vivre escorté depuis qu’il a publié son enquête Gomorra. On connaît moins celui de M. et Mme Giuliano, boulangers à Brancaccio, un quartier populaire de Palerme. Depuis qu’ils ont refusé de verser 5 000 euros d’emblée à la mafia, puis 250 de plus chaque mois, ils vivent protégés par un policier. Rosa Giuliano n’en revient pas : « Avoir besoin d’une escorte, vous vous rendez compte ! »
loi du silence
Dans toute l’Italie, 150 000 entrepreneurs auraient été rackettés l’an passé, ce qui aurait rapporté 9 milliards d’euros aux mafias (lire encadré). C’est dans le sud que le problème est le pire, particulièrement à Palerme, où 80 % des entrepreneurs verseraient à Cosa Nostra le « pizzo » (l’argent du racket). Grâce à l’association Addiopizzo, lancée par un groupe d’étudiants en 2004, 450 commerçants s’y sont déclarés « pizzofree » (« non rackettés ») en affichant sur leur vitrine le logo de l’association. Un mouvement de « consommateurs responsables » engagés à acheter dans ces
boutiques est né dans la foulée, faisant évoluer un peu les mentalités. « S’il faut être optimistes, restons réalistes », admet toutefois Enrico Colajanni, le responsable de l’association antiracket Libero Futuro, liée à Addiopizzo. « En deux ans, à Parlerme, seuls 100 entrepreneurs ont dénoncé leurs racketteurs », soupire-t-il. Lui qui soutient les patrons courageux comme les Giuliano sait que les intimidations de la mafia ne sont pas les seules entraves à la dénonciation. « Beaucoup d’entrepreneurs disent que l’État est si corrompu ou si absent qu’ils préfèrent se taire ! Et je dois avouer que ceux qui se décident à dénoncer le font souvent parce qu’ils ne peuvent plus payer. »
vendre son rein
Rares sont les petits patrons aussi décidés que la restauratrice du quartier San Lorenzo, Rita Vinci. Femme à poigne, elle a perdu sa mère très jeune. « Personne ne m’a rien donné ! J’ai toujours travaillé pour vivre ! Il est hors de question de verser un centime à ces feignants de mafieux ! » martèle-t-elle. Mais elle fulmine : « Hormis les associations antiracket et la police qui font bien leur boulot, l’aide de l’État est
seulement bonne sur le papier ! On m’a refusé le prêt que garantit normalement la loi anti-usure pour les victimes de la mafia ! » La situation est telle qu’en janvier un artisan de Palerme menacé et mis à la rue par ses usuriers a voulu vendre un de ses reins. Face au scandale, le pauvre homme a enfin été reçu par le président de la région Sicile, Raffaele Lombardo. Une rencontre symbolique ternie deux mois plus tard quand M. Lombardo a fait l’objet d’une enquête judiciaire… pour complicité avec la mafia. Comptant peu sur les politiques, la courageuse boulangère du quartier Brancaccio redoute l’avenir : « Je sais que le policier qui nous escorte ne va pas passer sa vie dans notre boulangerie » ✹
a Rosa Giuliano et son mari sont boulangers à Palerme. Le couple, qui a refusé le racket mafieux, a été menacé de mort. Depuis, il vit sous escorte policière.
Les méthodes de la première entreprise italienne Face à la frilosité des banques, les entrepreneurs se tournent vers ce qu’on pourrait appeler le « crédit revolver » de la mafia. Sa règle est simple : je te prête, tu paies des intérêts faramineux le revolver sur la tempe ou je me saisis de tes actifs… Depuis la crise, c’est le prêt journalier avec des intérêts de 10 % par jour qui s’est développé, selon l’association antiracket de la confédération des PME, SOS Empresa.
D’après son rapport, non seulement le racket se maintient, mais l’usure mafieuse a fait un boom : elle aurait rapporté 15 milliards d’euros en 2009 aux mafias italiennes et toucherait maintenant plus de 200 000 entrepreneurs dans le pays. On estime aujourd’hui que « Mafia SA » est la première entreprise italienne (principalement grâce au trafic de drogue), avec un chiffre d’affaires de 90 milliards d’euros, soit 7 % du PIB ✹
même saisis, les biens mafieux restent « cosa nostra »
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oni Pellicane enjambe les gravats qui encombrent le couloir. La villa qu’il explore s’étale sur quatre étages (voir photo). Une cinquantaine de fenêtres percent sa façade. Confisquée par la justice à un capo, elle devrait être sous scellés, mais son portail était ouvert. « C’est la preuve qu’elle sert toujours à la mafia », chuchote-t-il. Le Comité des sans-abri de Palerme que M. Pellicane anime a déjà occupé cette luxueuse résidence en décrépitude pour revendiquer le droit de « l’autorénover » ; il s’agirait d’en faire une vingtaine de logements sociaux. L’action s’est interrompue après la visite d’un gars louche du quartier. « On a déguerpi ! » avoue le porte-parole des sans-abri.
1 732 propriétés à palerme
Le réseau associatif antimafia Libera a récolté plus de 200 000 signatures sous le slogan « Pas de cadeaux aux parrains ! » En vain. L’option a été discutée par l’opposition, mais validée via la loi du budget 2010. Désormais, la vente aux enchères de l’immobilier mafieux est possible,
« Plutôt que de vendre les biens saisis à la mafia, elle garantit leur usage social : ils restent propriété de l’État et sont confiés à des services publics ou à des associations œuvrant pour le bien commun. » C’est ainsi que les coopératives agricoles Libera Terra produisent du vin et des pâtes bio sur les ex-terres des parrains de Corleone (commune de la province de Palerme), offrant du travail légal aux jeunes du coin. « C’est un symbole fort », insiste Lucio Guarino, responsable de la reconversion des biens mafieux du corleonais, qui prône l’usage social des biens saisis. Et de mettre en garde : « Si la mafia rachetait les biens, ce serait un désastre ! Cosa Nostra a déjà tenté de s’infiltrer dans nos projets. »
un état blanchisseur
Courageux, son combat est surtout sensé. À Palerme, À Corleone, 90 % des biens saisis ont été réutilisés ville sicilienne de 700 000 âmes, tandis que 700 familles avec succès. En revanche, dans les grandes villes, en ont un besoin urgent de logement (sur 10 000 sans-abri), particulier à Palerme, seulement 30 % de l’immobilier la plupart des 1 732 propriétés saisies par la justice à mafieux ont été assignés à des associations, souvent Cosa Nostra ne servent à rien. Un patrimoine d’une de façon clientéliste. À force de manifester, Toni Pelvaleur de 1 milliard d’euros. Une pactole que le maire, licane et ses camarades ont bien obtenu l’adaptation de la loi Pio La Torre à leurs revendications : la muniDiego Cammarata, aimerait récupérer en vendant ce patrimoine, pour renflouer les caisses de sa municipacipalité peut assigner provisoirement une propriété lité. Absent du terrain social, il a été condamné par la saisie comme habitation à une famille dans le besoin. « Mais, depuis trois ans, seul un logement nous a été Cour des comptes pour dépenses inutiles. Son maître, attribué ! » se désole le militant. Maintenant que la Silvio Berlusconi, voit plus grand : il aimerait vendre les biens immobiliers mafieux de tout le pays. a Toni Pellicane milite pour la reconversion des biens saisis à la mafia de Palerme. vente des biens immobiliers est possible, le Comité « Le gouvernement veut parvenir à la victoire complète des sans-abri s’attend à ce que le maire de Palerme du bien et à la défaite définitive du mal ! » a justifié le chef sous conditions. « Qui n’aurait pas peur d’acheter des biens tente de monnayer le patrimoine mafieux de sa ville. Selon du Conseil italien, en lançant, en janvier, son plan extraormafieux ? questionne Giuseppe Parente, un coordinateur le substitut du procureur au parquet Antonio Ingroia, « si dinaire contre la mafia. Parmi une liste d’effets d’annonce, de Libera. Les parrains demanderont à des personnes les parrains rachètent leurs biens, cela reviendra à ce que insoupçonnables d’acquérir en leur nom les biens ! » l’État participe au blanchiment d’argent de la mafia » ✹ ce plan prévoit la création d’une Agence nationale pour la gestion des biens confisqués à la mafia. C’est mainteOr « il n’y a pas pire pour un mafieux que de se retrouver sans terres et sans villas. Il préfère la prison ! » assure Vito nant sous l’autorité de cette entité, et sous le contrôle des www.bakchich.info préfets, que les communes ont à charge de recycler ou de Lo Monaco, le président du centre d’éducation antimafia vendre les propriétés saisies. Les « vendre » ! Voilà l’extraPio La Torre. Fervent défenseur de la loi portant le nom Le parti de Berlusconi et la mafia : http://minu.me/2jvx ordinaire du plan ! de son organisation votée il y a quatorze ans, il l’explique :
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Filouteries confidences Retraite, les secrets socialistes
Les députés socialistes ont une légère tendance à la paranoïa. Mardi 15 juin, à leur réunion de groupe hebdomadaire à l’Assemblée, où sont habituellement conviés leurs assistants, ils se sont réunis à huis clos. Raison ? Le sujet abordé était épineux : la retraite des parlementaires. Une bonne raison de discuter entre soi pour évoquer ses vieux jours…
Valérie Létard sifflée
La réélection d’Hervé Morin le week-end dernier au poste de président du Nouveau centre n’a pas fait que des heureux. Valérie Létard, secrétaire d’État chargée des Technologies vertes et des Négociations sur le climat, présente ce jour-là au bureau politique du parti, a redit devant une assistance médusée qu’elle s’opposait à la candidature d’Hervé Morin et qu’elle était plutôt favorable à une candidature Borloo. Au Nouveau centre, on ne s’étonne qu’à moitié : accompagnée de nombreux parlementaires étiquetés Nouveau centre, la secrétaire d’État – élue de Valenciennes, fief de Borloo – a déjeuné en tête-à-tête au Château avec le chef de l’État, qui essaie, pour l’instant en vain, de torpiller la candidature de son ministre de la Défense.
ça commence à bien faire L’HUMEUR DE PROBST Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, de Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité. C’est sûrement nerveux, mais quand je vois apparaître l’ancien ministre du Budget, Woerth, qui s’y connaît vraiment dans l’empilage de colonnes de chiffres, je pense à Louise-Yvonne Casetta, l’ancienne trésorière du RPR, coincée par la justice dans une affaire de fausses factures. À en croire les enregistrements pirates de Liliane Bettencourt réalisés par son maître d’hôtel et révélés par Mediapart, l’héritière de L’Oréal se faisait conseiller par l’épouse de Woerth pour planquer son pognon en Suisse. Édifiant !
mence à bien faire, les riches plus riches, les banques plus banques, le Christian Blanc plus fumant, la Boutin plaquée or, et, pour nous, le CDD en caoutchouc mou.
Ce qui m’inquiète, comme le dirait le Sapeur Camembert, c’est l’avenir. Nous avons en place notre Kaiser chéri, et sûr de lui. Nous avons un Parlement qui fait semblant de travailler, de réformer. Et aussi une presse au poil, qui rend compte comme il le faut de tout ce rien. Avec un directeur du Monde, Éric Fottorino, qui va à l’Élysée, comme d’autres allaient chez Jean-Bedel Bokassa, pour recevoir des ordres de vente : à qui ne pas refiler son journal. En apparence, tout roule. Sauf que tout est faux. Sous l’apparence s’agite une pétaudière avec des types, à l’Élysée, qui n’ont qu’une idée en tête : comment se recaser avant la prochaine échéance.
Dans l’immédiat, même en allant à Londres pour rajouter de l’anti-mythe à la mémoire de De Gaulle, notre Président apparaît de plus en plus comme Laniel, un président du Conseil sous la IVe République : coincé entre les clans et les partis, sa fidélité à l’Otan et son mal aux genoux à force d’être prosterné devant les États-Unis. Et ce Villepin soufflant son appel dans le micro, qui vient pour lui montrer que le bling-bling n’est plus à la mode. Trop dur ✹
Restent les manants, qui risquent de trouver que ça com-
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Jusqu’en septembre, la paix est assurée. Le 14 Juillet, l’Afrique va défiler sur les Champs-Élysées, puis ce sera le temps du sea, sex and sun au Cap Nègre ! Mais en septembre ? Woerth serat-il alors mangé dans la rue à la sauce Devaquet, à celle du CPE de Villepin, ou encore façon CIP de Doudou Balladur ?
www.bakchich.info
Jean-François Probst vous stimule ? Dégustez ses chroniques Web : http://minu.me/1vbh
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Une ex-députée en garde à vue
Avoir été députée européenne et faire une rapide garde à vue. C’est ce qui est arrivé à la socialiste Marie-Noëlle Lienemann, le 14 juin, à Béthune, concernant le présumé emploi fictif d’un collaborateur, en 2008. Il aurait été rétribué à la fois par la mairie d’Hénin-Beaumont, dont la parlementaire était adjointe, et pour son poste à Bruxelles. Le parquet n’a pas encore donné suite à l’affaire.
Bayrou, despote éclairé
gouvernement
il va y avoir du sport le Canard enchaîné a révélé que la chambre de Rama en Afrique du Sud a coûté plus cher que celle des Bleus ! Ce n’est pas la première fois que lles ne s’aiment pas, elles la secrétaire d’État cause du souci s’adorent. Puisqu’on vous à son aînée. Tout juste nommée aux Sports, en juin 2009 (après le dit. Entre Roselyne Bachelot et Rama Yade, depuis le avoir refusé de se présenter aux premier jour, c’est la lune de miel élections européennes), elle avait franche et sportive. Surtout sporaccusé Bachelot de s’être invitée tive. La ministre de la Santé et sans prévenir dans un colloque des Sports et sa secrétaire d’État sur le sport à la Sorbonne. Cols’entendent très bien. Officielleloque qui, pourtant, figurait sur ment. Dimanche soir, tandis que l’agenda de la ministre. Roselyne la première répondait aux quesBachelot, qui en a vu d’autres tions du Grand ( ava n t R a m a Jury RTL-LCIYade, elle avait Roselyne et Rama sont le Figaro, la pour secrétaire seconde n’en allées en Afrique du Sud… d’État l’inoufinissait pas b l i a b l e B e rmais séparement. de sourire et nard Laporte), d’opiner de la continue pourtête dans le studio, à chaque fois tant de manier la langue de bois qu’il était question d’elle et que et joue les grandes sœurs, pour les caméras se braquaient sur ne pas dire les grands-mères. Elle elle. En fait, elle souriait jaune. assure qu’à 63 ans elle n’est « pas en concurrence » avec une secréEt pour cause. Le midi même, elle avait jeté un pavé dans la taire d’État qui a trente ans de mare sur Radio J, en jugeant moins qu’elle. Et jure que, malgré trop luxueux l’hôtel des Bleus ce qu’écrit la presse, et même sur en Afrique du Sud et en assurant l’équipe de France, il n’y a aucune avoir appelé la Fédération frandivergence entre elles. Devant son çaise de football. Bachelot, qui se entourage, elle s’interroge quand demande si Rama Yade n’a pas même sur les sorties à répétition manigancé tout ça pour lui voler de Rama Yade, dont elle dit parla vedette en ce beau dimanche, fois, en bonne copine, qu’elle « ne s’intéresse pas au sport ». met le hola et assure que, « stop », c’en est fini des polémiques, tous La ministre et la secrétaire d’État derrière l’équipe de France. À la aux Sports sont donc toutes deux sortie du studio de RTL, Rama allées en Afrique du Sud. Mais Yade s’engouffre dans sa voiture, séparément ✹ visiblement courroucée. Depuis, amédée sonpipet
Les relations entre Rama Yade, secrétaire d’État aux Sports, et Roselyne Bachelot, sa ministre de tutelle, sont loin d’être au beau fixe.
E
t’as le look, coco
Pour François Bayrou, un malheur n’arrive jamais seul. Fort de ses 4,20 % aux élections régionales de mars 2010, le président du Modem a été traîné en justice par trois de ses militants pour atteinte à la démocratie du parti lors de la réunion de crise du 27 mars. Il avait choisi, hors des statuts, de nouveaux vice-présidents, dont le député Jean Lassalle. Et de se voir prononcer, le 10 juin, l’annulation de la délibération.
Jeu de dupe aux Jeunes Pop’
Candidat à sa propre succession d’ici un mois, le président sortant des Jeunes Pop’, les jeunes UMP, Benjamin Lancar, éclaboussé par un faux scandale sexuel, a demandé à son pote Jean-Michel Muracciole de se présenter. Histoire de mobiliser les minots de droite derrière lui. Avant de fusionner avec lui au dernier moment. Un jeu d’enfant pour un joli hochet à la clé : faire la campagne de Sarko en 2012 ✹
Au Parti communiste français (PCF), le premier secrétaire nomme toujours un dauphin avec un peu moins de charisme et de popularité que lui. La logique sera respectée lors du 35e congrès du parti, ce week-end. Pierre Laurent, un homme du sérail, et parfait inconnu, succédera à Marie-George Buffet. Elle-même qui, du haut de son 1,94 % à la présidentielle de 2007, avait été adoubée par un Robert Hue auréolé de 3,37 % en 2002. Sorti luimême du chapeau d’un Georges Marchais à 15 % à l’élection de 1981… « La décision du successeur se prend toujours à deux ou trois, entre quatre murs, au siège de Colonel-Fabien », confie une huile du parti. Pour le cru 2010, tout s’est décidé fin mars, avec obligation de boucler le congrès en dix semaines. C’est dire si tout est réglé à l’avance. Un exemple : le texte proposé comme base de discussion par le conseil national du 16 avril n’est pas amendable par les militants. Contrairement aux statuts du parti. Cette rapidité d’exécution répond du tac au tac à l’agenda du Front de gauche (rassemblement du Parti de gauche de Mélenchon et du PCF), qui s’est réuni le 9 juin. Et porter le terne Pierre Laurent à la tête des communistes permet surtout de ne pas faire d’ombre à Mélenchon pour 2012. Un choix qui a poussé 200 encartés à claquer la porte du parti, dont nombre d’élus locaux et de fédérations. Ils reprochent une forme de nécrose et de repli identitaire du PCF. À croire que l’abandon du « centralisme démocratique », dogme léniniste, il y quinze ans, n’était qu’affabulation ✹
gari john
Bazar afrique du sud Pour la Coupe du monde, Bakchich s’est rendu en pays bafana où le souvenir ardent du 16 juin 1976 symbolise l’espoir d’une nation libre. Il y a 34 ans, les écoliers de Soweto se révoltaient contre l’opresseur blanc. La répression fut sanglante. La Fifa ? Elle s’en fout.
La Fifa proche du fric loin du cœur
A
35 minutes de l’opude la Fédération internationale lente Johannesburg, n’a fait le trajet. Seuls des représ’étale le plus célèbre sentants locaux se sont déplacés. Un dépôt, discret, de gerbes ; un township d’Afrique défilé de vieux joueurs africains ; du Sud, Soweto. Quelque 2,3 milun bref discours. Et puis s’en vont. lions d’habitants, à 1 700 mètres « Ils ont rembarqué les chaises en quinze minutes », s’émeut une d’altitude. Une brise légère qui glace l’air. Le soleil rebondit sur journaliste africaine. La Fifa n’a des milliers de baraques en tôle pas voulu mettre trop longtemps un peu « cheap ». Peut-être l’orientre parenthèses sa grande fête gine du mot « township »… Sans du football et de l’argent roi. doute l’essence de l’âme bafana. L’instance suprême du foot n’a Révoltée. quitté qu’à demi les Malls, ces Le 16 juin 1976, les écoliers de luxueux centres commerciaux Soweto manifestent contre l’imoù elle a installé ses quartiers, position de l’afrikaans, le verbe de pour s’aventurer en terres moins l’apartheid, comme seule langue aisées. Plutôt les boutiques sans d’enseignement. âmes que l’âme Marché conclu du pays. Plutôt Aux hommages appuyés, sous les balles. les recettes Parmi les jeunes la Fifa préfère les spectacles directes que le tombés, Hector développement lucratifs et l’argent roi. Pieterson sera d’une contrée. photographié, Plutôt le specmourant dans les bras de l’un tacle lucratif que des hommages de ses grands frères. À 12 ans, il roboratifs. Le « For the good of devient le symbole de la révolte game », slogan officiel du grand contre l’oppression. Ainsi débuordonnateur du footbal mondial, tent les émeutes de Soweto. Leur prend là tout son sens. répression acheva de faire basOPA sur un pays et mise sous culer le régime de l’apartheid du cloche de son histoire. Sauf si elle côté des parias de la communauté s’avère rentable. À trois sauts de internationale. voiture du Memorial, la maison Depuis 1994, en hommage aux de Nelson Mandela, voisine du révoltés, chaque 16 juin est férié. quartier général familial de l’arEt chaque 16 juin, le Memorial chevêque Desmond Tutu. Deux Hector-Pieterson, en plein centre Prix Nobel de la paix en une rue. de Soweto, devient le cœur du Gentiment parsemée du logo pays. Là, même l’omnipotente officiel de la Fifa. Le restaurant Fifa fait, pour une fois, profil bas. Nelson Mandela n’échappe pas au Peu d’escortes policières, dans des matraquage. Fermé certes pour rues trop longtemps habituées à deuil familial, mais décoré aux voir débarquer des véhicules anticouleurs de Coca Cola, partenaire émeutes. Une circulation qui n’a officiel de la Coupe du monde. rien de bloquée jusqu’aux abords Bien plus loin, bien moins visité de la cérémonie. Aucune vérificaet bien moins touristique, le plus tion de badge. Aucune éminence vieux township du coin, Klip-
town. Un gigantesque hôtel et les drapeaux de la Coupe du monde version « réhabilitée ». Au-delà du chemin de fer, le coin le plus populeux : chemin de terre défoncé, pas d’eau courante ni d’électricité. Ordures, eaux usées, rats crevés. Dans l’une des multiples décharges à ciel ouvert, un sac plastique, immaculé, arbore le slogant « Visa, partenaire officiel de la Fifa » Un nouveau « développement séparé », jolie litote employée cinquante ans durant par le pouvoir afrikaner pour décrire l’apartheid. « Non, je ne fais pas plus de chiffres avec la Coupe du monde », décrit une tenancière, ravie de parler du Mondial. « Le business ne s’est pas accru, le quartier n’a pas changé, mais nous sommes fiers d’accueillir la planète. » Même de très, très loin. Un pont relie les deux Kliptown. La première marche fait plus d’un mètre. « Pour éviter que les plus vieux ne se déplacent trop souvent », ironise Zin, un responsable associatif. Trente-quatre ans après la mort de Pieterson, un léger vent d’espoir s’était à nouveau levé ce 16 juin, au matin du match Uruguay-Afrique du Sud, joué à Pretoria. Une victoire sud-af et l’arc-en-ciel vibrera encore au moins jusqu’à la fin juin. Une défaite et les vuvuzellas se tairont sûrement, avec la ferveur des locaux. Un Mondial sans plus aucune effervescence, si ce ne sont les récriminations de plus en plus nombreuses des médias contre la Fifa, le tout-puissant tuteur du pays pour un mois. « L’histoire est du côté des Bafanas », titrait, en une, le Star, l’un des grands quotidiens de Johannesburg. Le journal voyait des signes avant-coureurs. La partie se joue dans l’antre des Blue Bulls. L’équipe de rugby locale règne sur le Super 14, le meilleur championnat de l’hémisphère sud. Une enceinte à triomphes. Et, surtout, un anniversaire qui ne prête à rien d’autre qu’à la révolte. Trente-quatre ans après, l’Afrique du Sud espérait ne pas devenir la risée du monde du ballon rond. Hélas ! Match perdu, 3-0, finances essorées. Pour que l’Afrique du sud passe le premier tour de la Coupe du monde, il fallait plus que Soweto ✹ xavier monnier
La coupe n’est pas pleine la mauvaise foi de monnier entiment, le spectre de la Coupe du G monde 2002 réapparaît. L’avantMondial, déjà, laissait tinter les chaînes
du raté. De grands joueurs blessés (Ballack, Essien, Beckham). Des stars fatiguées par une interminable saison (Messi, Ronaldo, Drogba). Les débuts de la compétition ont confirmé l’impression. Des enceintes dégarnies, et seulement comblées du doux son des Vuvuzelas. Aussi attirant et reposant que le brame d’un cerf. Des commentateurs obligés de s’enflammer autour de rencontres quelconques (le match d’ouverture Afrique du Sud-Mexique). Des favoris (Cameroun, Espagne, Portugal, Italie) à la peine.
La Coupe du monde aura du mal à se trouver pleine. Sauf de mécontentements. Même la Corée du Nord se met à faire trembler. En 2002, au prix d’un arbitrage acrobatique et d’une préparation médicale suspecte, sa jumelle du Sud s’était hissée jusqu’aux demifinales. En 2010, le Nord a offert plus qu’une honorable résistance aux assauts brésiliens, concédant une toute petite défaite (2-1). Ne manque plus qu’un peu de sel français – une élimination dès le premier tour – et la tambouille sera versée. Dans une Coupe du monde ratée… Sauf pour la Fifa, aux poches déjà bien rembourrées ✹
Vuvuzellas
du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010 | Bakchich Hebdo N°29
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Bazar économie
ces agences qui donnent la note aux états La réforme des retraites servirait-elle à donner des gages aux agences de notation afin de préserver la bonne note de la France ? Décrédibilisées par tous les scandales qu’elles n’ont pas vu venir, ces agences continuent néanmoins de noter les États.
G
ouver nement, économistes libéraux, médias, tous nous promettent un cataclysme si les Français rechignent à accepter la réforme des retraites. Dans ce cas, la France perdrait la note attribuée par les agences de notation, un étincelant AAA. Si ce scénario noir se réalisait, les intérêts de la dette augmenteraient considérablement et mettraient les citoyens sur la paille, à l’instar des Grecs ou des Espagnols.
océan de déficits
phie ou la sociologie. Bon point : les Françaises ont plus d’enfants qu’ailleurs en Europe. Mauvais point : les Français vivent très vieux, et le coût de la dépendance du quatrième âge est élevé. Par ailleurs, l’aptitude des Français à supporter la pression fiscale est, paraît-il, très bonne. Et leur capacité à se révolter contre les mesures d’austérité n’est plus ce qu’elle était… En jouant sur la peur de perdre le triple A, les politiques prennent des risques. Cédric Durand, professeur d’économie à Paris I, l’explique : « Avec ces propos, les Français ont peur de consommer et on précipite un retour de la récession. » D’autant que, dans l’océan des déficits publics, la réforme des retraites compte pour presque rien. Ainsi, un an après
Pourtant, malgré des déficits publics abyssaux (8,5 % du PIB), ce triple A n’est pas en danger. L’agence Fitch a récemment confirmé sa note, et Standards and Poors affirme qu’à ce jour « la note de la France ne bougera pas avant 18 à 24 mois ». Attribuée en octobre 2009, cette note prenait en compte la situation de nos finances publiques pour les deux ans à venir. Autre signe positif, l’Agence France Trésor, qui gère la dette du pays, a émis, la semaine dernière, 8 milliards d’obligations à des taux plus favorables qu’en 2009. Pour évaluer la solvabilité d’un État, les agences de notation analysent, outre les grands marqueurs économiques, des données telles que la démogra-
la réforme de 2003, Standards and Poors publie un rapport alarmant sur l’Hexagone. La note française glisse alors vers un AA moins et les agences placent le pays sous surveillance. À l’époque, personne ne s’en émeut. D’ailleurs, dès 2006, les performances budgétaires se redressent et la France garde sa bonne note. Moralité : on peut réformer les retraites et perdre le triple A, comme on peut ne rien faire et garder sa note…
mises à l’index
Depuis la crise de 2008, les agences de notation sont régulièrement mises à l’index. Elles n’ont rien vu venir : ni le scandale Parmalat, ni celui d’Enron, ni les subprimes ! En fait, ces agences ne réalisent pas d’audit, elles ne travaillent qu’avec les informations fournies par leurs clients. Donc, si les entreprises planquent de la dette ou des obligations pourries… Pourquoi, alors, leur accorde-t-on une telle crédibilité ? « Comme il n’y a plus de règles, il faut des croyances pour réguler les comportements. Les agences de notation génèrent des croyances de manière incestueuse, puisqu’elles sont payées par les entreprises qu’elles notent », analyse Cédric Durand. Les agences ont donc remplacé le vide laissé par les États. Le malheur, c’est que leur opinion continue de faire des dégâts et que leur jugement à destination des marchés n’engage pas seulement ceux qui y croient. Un mot, une analyse négative de leur part peut engendrer un douloureux réveil social pour tout un pays ✹ Leslie Varenne
travail
des stagiaires à contre-emploi
S
i le marché de l’emploi reste morose dans la finance, celui des stages est en pleine expansion. La lecture du rapport social de BNP Paribas, première banque d’Europe, a de quoi laisser songeur : les stagiaires y sont passés de 2 403 en 2006 à 3 404 en 2009. Plus de 33 % d’augmentation, une croissance qui ferait rêver tout actionnaire. En revanche, le nombre de CDD d’été, lui, a chuté : de 7 651 en 2006, il tombe à 6 347 en 2009. Recruter des stagiaires au lieu d’engager des salariés, un bon moyen de faire des économies sur la masse salariale. BNP Paribas, qui a annoncé 6 milliards d’euros de bénéfices pour 2009 et provisionné 1 milliard d’euros pour ses traders, semble l’avoir bien compris.
génération précaire
Même phénomène à la Société générale, où le recrutement de stagiaires a presque été multiplié par deux en cinq ans, selon le mouvement Génération précaire. La directrice du recrutement France de la Société générale, Sandie Rozental, a déclaré proposer plus de 5 000 stages en 2010… et seulement
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george Marsh, pionnier absolu écolo façon nicolino Auteur, entre autres, d’un ouvrage sur les pesticides, Fabrice Nicolino tient un blog sans concession sur l’environnement, Planète sans visa. eux scoops pour le prix d’un. D Le premier : le Net est un écran mortel, aussi efficace pour suspendre
la vie qu’un banal ruban tue-mouches. On s’y colle, on y meurt. Le second : il est parfois aussi enivrant qu’une bouteille de grappa, aussi hallucinant qu’un gentil morceau de peyotl, ce petit cactus qu’apprécient tant les connaisseurs. La vérité est que je ne sais plus par quel miracle électronique j’ai découvert George Perkins Marsh. Un jour, voilà quelques semaines, j’ai buté sur le nom, puis découvert l’homme. En France, il est totalement inconnu. Aux États-Unis, sa patrie de naissance, à peine moins. Or c’est un géant. De la pensée. De la perspective. Du passé, comme de l’avenir. Deux mots de biographie. Né en 1801 dans le Vermont, Marsh mène une vie ordinaire de nanti. Son père est sénateur, lui-même sera enseignant, avocat, ambassadeur de son pays en Turquie et en Italie. Banal ? Très. Ce qui l’est infiniment moins, c’est que, parallèlement, Marsh forge seul, dans son coin, une pensée prophétique, à ce point en avance sur son temps qu’elle paraît inventée par quelque auteur de science-fiction. Son grand œuvre s’appelle Man and Nature, paru en 1864. Les États-Unis sont alors plongés dans la guerre de Sécession,
mais, surtout, inventent pour partie l’industrialisation du monde, qui va déferler sur la planète entière. Le rail progresse à toute vitesse vers le Pacifique, à peine moins vite que les chercheurs d’or. Les Indiens et les bisons meurent. Les abattoirs de Chicago deviennent le laboratoire qui inspirera ensuite Ford et ses premières automobiles. Marsh voit tout cela, mais il en tire une conclusion opposée à celle des amoureux des machines et des prouesses technologiques. À ses yeux, il est manifeste que l’homme devient une force géologique à lui seul, capable de modifier la trajectoire de la planète. Cent cinquante ans avant le livre Effondrement, de Jared Diamond, cent cinquante ans avant l’invention du néologisme « anthropocène » – l’ère de l’homme –, Marsh a compris l’essentiel. Il va même jusqu’à mettre en question le plus clinquant de son époque, dont le canal de Suez ou l’exploitation minière, à l’heure même de la ruée vers l’or ! Bref. Il est le pionnier absolu. Ce qui fait de lui un solitaire définitif. Un homme incapable de se faire entendre. Un gentil garçon débitant des fadaises pendant que la société des humains se lance à l’assaut du ciel. Morale de l’histoire, s’il en est une : parler sans être écouté est une malédiction. Mais gloire à lui ! ✹
Malédiction
bakchich c’est aussi sur internet !
1 500 postes à pourvoir pour les jeunes diplômés ! L’audit – autre secteur touché par la tourmente financière – s’avère tout aussi friand de stagiaires. Ainsi, le cabinet KPMG annonçait le recrutement de 500 stagiaires et 900 CDI pour 2009. En 2010, on est passé à 520 stagiaires pour 480 CDI.
chiffres gonflés
Les cabinets d’audit ont d’ailleurs tendance à confondre stages et embauches dans leurs prévisions de recrutement, de manière à gonfler leurs chiffres. Un bon moyen d’afficher une santé apparente. Sur son site Internet, le cabinet d’audit PwC annonce fièrement 800 recrutements pour 2010. Un joli coup de pub pour l’entreprise, sauf que ces 800 « recrutements » comprennent 300 stagiaires, soit près de la moitié. Ernst & Young ne fait pas mieux puisque, sur les 1 000 « embauches » annoncées pour 2010, on comptabilise 450 stagiaires ✹ Henri Martin
Bakchich Hebdo N°29 | du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010
bakchich info informations, enquêtes et mauvais esprit
Bazar
carla et Sarko font leur cirque
bruits de la ville
mondanités Nicolas Sarkozy et Carla Bruni étaient les invités, samedi 12 juin, du mariage de Marine Delterme et de Florian Zeller au Cirque d’hiver, à Paris. Trois heures de crème mondaine avant de filer à l’anglaise.
D
e drôles d’animaux. Samedi 12 juin, le Cirque d’hiver de Paris a exposé ses plus belles espèces. Sarko et Carla étaient les invités du mariage huppé (pas UMP) de l’actrice Marine Delterme, vieille copine de la première dame, et de l’écrivain Florian Zeller, qui avaient loué le lieu pour l’occasion. Avec son lot de vieilles roulottes à l’entrée : une Ferrari jaune, un Range Rover gris métallisé et une Mercedes
noire. Pour garder le poulailler mondain, une dizaine de gardes du corps de l’Élysée veillaient, statiques comme des poteaux électriques. Interdiction de filmer ou de prendre des photos ; seul le frère du marié y était autorisé.
podiums
L’arrivée, vers 20 h 30, du couple présidentiel ne surprend personne. Le 5 juin,
Nicolas et Carla avaient déjà été conviés à un déjeuner avec des intimes à l’hôtel Lutetia. Car Carla Bruni et Marine Delterme se connaissent depuis vingt ans : elles défilaient ensemble sur les podiums. Meilleures amies, elles ont été témoin de mariage l’une de l’autre. Sauf que les sauteries de ces dames n’ont rien d’un Conseil des ministres. Sarko y reste discret, distant, méfiant et avare de mots. Ultime supplice : voir défiler les anciens amants de Carla, qui viennent le saluer comme on passe à la caisse. Trois étaient présents ce soir-là : Vincent Perez, Charles Berling et Raphaël « quatre consonnes et trois voyelles » Enthoven. Ce dernier a même l’honneur de pouvoir s’asseoir à la table présidentielle et de tenir le crachoir à Sarko.
ça jase
Une place plus loin, Jean-Noël Mirande, journaliste de France 3, lui fait des yeux de merlan frit. Tout comme son confrère de radio et télé, Daniel Schick, tout heureux de pouvoir recueillir un peu de salive présidentielle. Debout, au buffet, ça jase dans tous les coins : « Regarde-moi ces carpettes ! » Et de jolis mirliflores en crinoline de traquer la gestuelle amoureuse : « C’est drôle, ils se comportent comme des ados ! », « Nicolas lui fait un bisou dans le cou », « elle lui caresse les cheveux ». Derrière,
vie privée
U
duplicité
Ainsi, à l’été 2008, on pouvait découvrir, grâce à ses multiples interviews, que les enfants de Laurence Ferrari s’appellent Baptiste et Lætitia, qu’elle-même est catholique pratiquante, que ses grandsparents sont des immigrés italiens, que sa sœur Emmanuelle
ménagerie
Pas de quoi danser la gigue sur la piste du Cirque d’hiver, aussi animée après minuit que le Macumba de Carpentras. Un peu plus tôt, Sarko et Carla ont fui en coulisse par la salle du théâtre de la Ménagerie. Sans pas de deux. La sauterie aura permis d’éviter de regarder le match du Mondial Angleterre-États-Unis. À chacun ses jeux du cirque ✹ francesca gasse
Les Sarko pas solidaires
Nicolas Sarkozy a dû avoir les oreilles qui sifflent dans la soirée du 14 juin. Son frère, Guillaume, était, avec son épouse, invité au dîner mensuel de Terrafemina, une association de femmes « very important ». Le Président a reçu, par frère interposé, les critiques de quelques convives qui mettaient en cause sa politique de stigmatisation des musulmans. Guillaume Sarkozy a même été interpellé par l’une des invitées, micro en main. Plutôt que de défendre son président de frère, Guillaume est resté coi, la tête plongée dans son assiette.
Diam’s peut dire merci aux flics
Dans la soirée du 7 juin, alors que la chanteuse Diam’s et son compagnon, Aziz, discutaient dans une voiture garée devant le Zarma café – le restaurant de l’avocat Karim Achoui, associé à Smaïn, sis Paris XIIIe –, un paparazzi s’est approché d’eux. Jean-Claude Elfassi tentait d’immortaliser les deux tourtereaux, garés en stationnement gênant… Mais à peine avait-il posé son œil contre le viseur que des policiers l’ont embarqué. Le photographe a passé la nuit en garde à vue ✹
les bougies woogie de johnny
les curieux principes de laurence ferrari ne fois de plus, Laurence Ferrari fait la une de ParisMatch. Une fois de plus, c’est Stéphane Ruet, son ami et ex-collaborateur à Story Box, la boîte de production qu’elle a cofondée, qui la photographie. Et une fois de plus, conformément aux principes de Laurence, c’est pour parler de sa vie privée. Des principes chevillés au corps que Bakchich avait déjà salués, lors de sa promotion au 20 heures de TF1.
en bon père de famille, Pierre Charon, conseiller en com présidentiel, veille au grain en faisant la tournée des popotes. Et il y a de quoi faire dans les travées du bar de l’Impératrice et des écuries Napoléon III ! Entre les volutes de fumée et la barbe à papa au foie gras, on peut apercevoir, côté cour, des artistes comme Elsa Zylberstein, Christopher Thompson, Chloé Lambert, Nicolas Bedos, Josée Dayan et Valérie Bruni-Tedeschi, la sœur de Carla. Et côté jardin, des pépiniéristes de la plume ou de la télé : Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, Philippe Tesson, la patronne de Flammarion Teresa Cremisi, Jacques Chancel, Alexis Trégarot, de France 4, Gilles Martin-Chauffier, de Paris-Match, Jérôme Béglé, du Figaro, Robert Namias, ex-directeur de l’info de TF1 et consultant chez Publicis, le producteur télé Nicolas Traube et Olivier Poivre d’Arvor. Et le chanteur Marco Prince, juré de Nouvelle star.
fait de l’audit en Savoie tandis que Sophie, son autre sœur, bosse dans la com. On apprenait que son père et son grand-père jouent du violoncelle, qu’elle-même joue du piano, et que ses sœurs aussi sont musiciennes, que Thomas Hugues (son ex-mari) est un interlocuteur permanent dont l’avis lui importe beaucoup, que leur rupture n’a rien
à voir avec son ambition professionnelle, qu’elle s’est acheté un piano Steinway & Sons, qu’elle lit Boris Cyrulnik et Axel Kahn, que l’émission Dimanche + l’a rapprochée de son père, lui-même ancien homme politique… Bref, rien que de la vie privée, savamment distillée ça et là dans la presse. Autant de révélations qui permettent à son avocat, dès qu’un média aborde sa vie privée sans son accord, d’envoyer des assignations péremptoires : « Mme Laurence Ferrari se trouve une fois encore contrainte de faire le constat de son impuissance à faire protéger sa vie privée, alors même qu’elle a toujours fait preuve d’une grande discrétion sur tous les sujets d’ordre personnel. » Les principes, toujours les principes ✹ s. p.
Pour fêter les 67 piges de son rocker de mari, Læticia Hallyday aurait-elle oublié de convier David et Laura, les enfants de Johnny ? Depuis l’hospitalisation à Los Angeles de l’idole des jeunes, les relations sont tendues entre le père et son fils. David ne supporte plus le producteur de Johnny, Jean-Claude Camus, qui voulait le voir remonter sur scène le plus vite possible. Mais ces querelles n’ont pas gâché la fête. Mardi 15 juin, donc, 200 invités se sont pressés sur une péniche amarrée quai de Javel, dans le XVe arrondissement de Paris. À la table d’honneur, Bernadette Chirac, Rachida Dati et Patrick Balkany. Sarkozy ? Aux abonnés absents. Johnny le boude depuis qu’il n’est pas venu à son concert du 14 juillet 2009. En revanche, côté showbiz, personne ne manquait à l’appel. Catherine Deneuve, Florent Pagny, Muriel Robin, Marc Lavoine, Pascal Obispo, Jean-Paul Belmondo et beaucoup d’autres ont écouté le rocker dans un tour de chant improvisé de ses plus grands succès. Nikos Aliagas, Laurence Ferrari, Jean-Pierre Elkabbach et Franz-Olivier Giesbert représentaient le PAF. Après sa prestation, Johnny, habillé de cuir et chaussé de santiags, a évoqué ses mois de « galères médicales ». Il a ensuite cédé le micro à un groupe folk-rock, Les Revolvers, qui a fait danser les invités jusqu’à 3 heures du matin. On murmure que Johnny, visiblement en grande forme, préparerait son grand retour sur scène. Avec ou sans Camus ? ✹ lara mace
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Bazar Générosité bien ordonnée
échos des cabas
épique
un bandit se raconte
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our éviter de régler vos facl’Administration générale des impôts », raconte Josua. Pour tures, faites-vous espionner par le ministère de l’Intémémoire, Fernand Saincené rieur. En 1995, Josua Giustiniani était salarié de la région Paca, publie Politique magouille, où il rattaché au cabinet du président met à mal la thèse du suicide des Jean-Claude Gaudin. Officiellefrères Saincené. Menacé, Josua ment, en 1994, lui et son frère se se planque en Suisse. « Alors que sont suicidés. Une version que Giustiniani réfute : les Saincené ma facture impayée approchait les 140 000 francs (plus de 20 000 euros), ont bien été assassinés. Notre Corse a un gros défaut : les services ont demandé à France Télécom de ne pas couper ma ligne il crache régulièrement dans pour continuer à m’écouter », sourit la soupe. Tout en dénonçant les Giustiniani. agissements de certains francsComme premier boulot, Josua maçons dans son dernier livre est collecteur de fonds pour le (l’Étau, éd. Les portes du soleil, Parti socialiste. Pour recruter 256 pages, 18,90 euros), il ne cache son équipe, il doit « faire le tour pas son appartenance à la Grande des maisons de Loge nationale passes, casinos, de France. En « Des milieux que les boîtes de nuit et S u i s s e, p o u r démons eux-mêmes cercles de jeux ». ne pas perdre Pendant cinq n’osent pas fréquenter. » la main, Josua ans, avec la anime une fidubénédiction de c i a i r e, M T D François Mitterrand, il passe la Finances, appartenant à un France au peigne fin. Mais, quand mafieux originaire du Tatarstan. sonne la fin de la récréation, il Puis il devient lobbyiste auprès de l’Union européenne. Patatras ! n’admet pas que les politiques En 2007, notre « financier » se s’auto-amnistient et laissent les racketteurs s’expliquer avec la retrouve aux Baumettes. justice. Il écrit alors, en 1990, Giustiniani n’a peut-être pas Amnistie et fausses factures. Le beaucoup de scrupules, mais il a racket politique. du talent pour raconter la célèbre Depuis, Josua Giustiniani n’a prison de l’intérieur. « De la cage jamais cessé de bourlinguer « en d’escaliers jusqu’en haut des murs des milieux que les démons euxet sur le plafond, tout semble avoir mêmes n’osent pas fréquenter ». subi un véritable bombardement « Dans l’affaire Saincené, il exisexcrémentiel. » Un livre à lire au tait une collusion très forte entre bord de la mer ✹ la franc-maçonnerie, les flics et Amédée Sonpipet
les petites fables d’angelina Angelina chronique les grandes et les petites histoires du quotidien, entre militance, humour et informations sérieuses. our répondre au mépris avec lequel P le gouvernement traite les questions de l’enfance, 80 organisations se
Souriez, vous êtes passionnés
Les dingues du marketing et de la pub viennent de doter certains centres commerciaux de balises permettant de suivre le parcours des clients grâce au signal de leur téléphone portable. Autre pratique façon Big Brother, ils installent des minicaméras dans les affiches du métro pour pouvoir compter le nombre de voyageurs ébahis par le raffinement des slogans et des produits. La Cnil est d’accord, donc tout va bien !
Le bas de laine a de beaux jours
Selon une étude Ifop, 20 % des Français planqueraient des économies chez eux. Visiblement, la psychose de l’effondrement des banques continue de sévir. À moins que les Français ne trouvent le taux du livret A trop bas ? À 1,25 %, vive les matelas de billets !
Des cartes grises transparentes
Le ministère de l’Intérieur vient d’autoriser l’accès au fichier des cartes grises aux centres de contrôle technique automobile. Grâce à quoi les patrons de ces centres peuvent, moyennant finances, obtenir les noms et les adresses des propriétaires de voitures, auxquels ils peuvent envoyer un petit courrier leur rappelant qu’il est temps de passer au contrôle. Les organismes de crédit et les huissiers pourront aussi y avoir accès. Bienvenue dans un monde de transparence ✹
suez
Le kamikaze de la guerre de l’eau
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rès de 300 millions d’euros par an en jeu, des géants de l’eau qui s’affrontent, des hommes politiques décideurs… L’appel d’offres pour la gestion du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) est une saga. Dont l’issue n’est d’ailleurs pas écrite, puisque se joue un dernier acte où Veolia emporterait une victoire à la Pyrrhus et Suez essuierait une défaite sévère. Tout cela pour le plus grand bonheur du consommateur. Sorte de Graal du business de l’eau, le Sedif est un bijou de famille de Veolia, hérité de l’ex-Compagnie générale des eaux, qui le dorlotait depuis 1923. Sans trop regarder aux tarifs. « C’est à partir de ce contrat, surcoté, qu’ils ont pu bâtir leurs offres à l’export », persifle un concurrent. En proposant une offre « compétitive », sur laquelle Veolia a dû s’aligner, Suez n’avait
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qu’un seul objectif : faire baisser le profit de son ennemi ! « De 10 à 20 % de moins », glissent les crânes d’œuf qui ont eu à se mouiller dans le dossier.
affaiblir veolia
Bravo Suez ? Pas vraiment. En se lançant dans la bataille, « sans aucune chance de la remporter », le groupe a englouti quelques millions d’euros dans le seul but d’affaiblir son concurrent. Ensuite, la baisse des prix du Sedif, si elle ravira le consommateur, va créer un effet d’aubaine. Des villes franciliennes, qui avaient jusque-là refusé d’adhérer au si coûteux syndicat, risquent de revoir leur position. Ainsi, Suez pourrait-elle perdre des municipalités dont elle gérait les eaux. En somme, un combat mené goutte que goutte ✹ X.M.
Bakchich Hebdo N°29 | du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010
sont regroupées sous l’égide du collectif Pasde0deconduite. Ensemble, elles ont décrété des « états générEux de l’enfance », en riposte aux « états généraux » lancés, en février, par la secrétaire d’État chargée de la Famille, Nadine Morano. Trois semaines leur ont suffi pour rédiger un cahier de doléances en faveur de la cause des enfants, pour rappeler le gouvernement à son devoir. Deux cent vingt pages qui proposent de régler des problèmes existant autour de nombreux aspects de la vie de l’enfance, rédigées par des intervenants de terrain, quand la table ronde de Nadine se concentre sur cinq grands axes de réflexion fourre-tout. Et, comme pour faire la nique à une initiative qui a plus à voir avec une autopromotion au rabais, prônant
l’autosatisfaction et l’immobilisme, les états générEux ont coupé l’herbe sous le pied de la secrétaire d’État. Le 26 mai, leur cahier de doléances a été présenté à la presse, alors que les états généraux organisés par le gouvernement se sont clôturés cette semaine. Comment interpréter cette démarche, si ce n’est comme un acte de résistance face à une politique qui œuvre à sa guise en faveur de l’ultralibéralisme et du tout-sécuritaire ? Se proclamer généreux, c’est insister sur le fait qu’en face on ne l’est pas. Écrire « générEux », c’est rappeler que les enfants sont des personnes et de futurs citoyens. Peut-être serait-il utile de souffler à Mme Morano que, si la générosité réside dans ce que l’on donne, elle réside surtout dans la façon dont on le donne ✹
Enfant
http://etatsgenereuxpourlenfance. blogspot.com/
poker
les has-been raflent la mise
L
e poker, bingo des sportifs retraités. Passer du carré au tapis vert semble être une heureuse reconversion pour ces joueurs vite oubliés. Côté français, taper le carton est une passion de gardien de but. Dans l’équipe de Poker770, on retrouve Fabien Barthez, Bernard Lama (ex-gardien du PSG des années 90) et Jérôme Alonzo, plus connu pour sa gouaille que pour ses arrêts au FC Nantes. Guère mieux pour Vikash Dhorasoo, exclu du PSG en 2006, et devenu ambassadeur du site de Patrick Bruel, Winamax. Autres recyclages des déchets du ballon rond : Tony Cascarino, l’attaquant irlandais de l’OM – alors en deuxième division –, égérie du cercle Littlewoods Poker. Et le Suédois Tomas Brolin, qui prit 20 bons kilos avant d’être débauché par PokerStars, site dirigé en France par Alexandre Balkany, fils de Patrick. Grand prince, Balkany fils s’est récemment attaché les services du rugbyman Sébastien Chabal, qui a perdu près de 4 000 euros en ligne et figure à la 793 884e place du classement (lire Bakchich Hebdo n° 28). Côté revers, il a embauché le tennisman Gaël Monfils, bien disponible pour battre les cartes après son élimination dès le deuxième tour de Roland Garros cette année. Heureusement,
on peut compter sur la classe mondiale de grands noms pour relever le niveau. Que dire de Mats Sundin, glorieux hockeyeur suédois, dans la dream team de Balkany ! Ou du pilote finlandais Sami Selio, et de la redoutable Fatima Moreira de Melo, terreur hollandaise du hockey sur gazon, passée bagnarde des jetons ! Allez, les Bleus, encore quelques jours avant de signer un nouveau contrat… ✹ L. C.
Un peu de culture LITTÉRATURE Éric Arlix et Jean-Charles Masséra pondent un essai malin très critique sur le « démocrate » contemporain et ses contradictions. Un voyage au cœur de la société occidentale contemporaine, où chacun a des centaines d’amis sur Facebook mais passe ses soirées bien seul.
La démocratie part en vrille
L
a démocratie, sa version light, celle qui nous gouverne, c’est le ver re d’eau de Vichy qui fait avaler la pilule. Dans notre vidéosphère, où règne la propagande de masse, il n’est pas si sot de délirer sur ce magnifique système d’une voix pour un homme – le pire système à l’exclusion de tous les autres. Dans le Guide du démocrate, Éric Arlix et JeanCharles Massera s’astreignent à un gai dynamitage de ce sacré principe, hérité de la Grèce, mais, comme elle, en faillite. Les éditions Lignes se sont fait mieux connaître en redonnant vie aux vieilles idées révolutionnaires de Badiou, c’est dire si les clés offertes par cette petite collection peuvent mener loin. Pour Arlix et Massera, le prototype du démocrate, c’est Kevin, un homme moyen. Il n’est pas « démocrate » parce qu’il respecte le point de vue de l’autre, qui d’ailleurs n’en a pas. Il l’est parce qu’il a sur le dos le maillot d’un État baptisé démocratie. Les yeux fermés, il se livre en aveugle au destin qui l’entraîne : la marchandisation du monde et la « déliaison sociale ». Son bonheur n’est pas dans le pré, il est « d’échapper aux problèmes ». En obéissant aux recettes délivrées par les médias, la mode, la pub, il peut s’en sortir. Tout seul. Bref, la démocratie n’est plus qu’un dénominateur commun qui régule, au mieux, le « marché » mondial. Le bon ordre des choses vu de Wall Street. « Le démocrate vit, pense et agit en réseaux », il doit « trouver sa
tribu ». Heureusement que nos bons samaritains de Facebook sont là pour faciliter les choses. Jusqu’au sublime, quand le « réseau social » permet d’organiser des apéros géants, comme Meetic règle l’amour.
résignation
Si vous voulez un exemple de la philo développée par Arlix et Massera, suivez les Bleus, en ce moment sur les écrans. Vous mettrez alors en commun votre intérêt pour onze garçons en culottes courtes. Le démocrate ne se mobilise que pour les grandes causes ; là, il met « en commun » : le foot, la télé-réalité, la burqa, la rumeur sur Carla ou Da Vinci Code. Passé cela, il tire le rideau, et le voisin peut crever tranquille, la gueule ouverte. Le petit bouquin des éditions Lignes est très rigolo ; avec des
têtes de chapitres comme « Météo, déodorant et page d’accueil, les outils de la démocratie », il dépeint avec sarcasme le fil de nos jours ordinaires. Où l’essence est faite de résignation : « Écoute, t’as un boulot, estime-toi heureux. » Est-ce parce qu’il ne l’est pas – heureux – que l’homme des métros, des bus et des trams voyage avec un MP3 sur les oreilles, alors que les autres compagnons de voyage ne sont qu’un « fond d’écran » ? Partis dans le toboggan de la dérision, nos auteurs y vont à freins rompus, faisant l’éloge de la « soumission active », mais aussi de la « passive ». Où le démocrate, « effrayé par la complexité économique », fait semblant de comprendre les mensonges délivrés par les experts. Kerviel aurait pu citer nos auteurs comme témoins à son procès. Pour eux, le trader est un « mineur de
bouquin
des mots proches de la rupture
F
anny Salmeron s’était déjà fait remarquer pour ses nouvelles d’une grande sensibilité publiées dans la revue Bordel, éditée par Stéphane Million, le dernier chevalier indépendant de l’univers impitoyablement formaté de l’édition. Pour son premier roman, Si peu d’endroits confortables, l’auteur, qui affirme que « son travail à plein temps, c’est de tomber amoureuse », nous livre l’errance d’Hannah dans un Paris où l’absence due au départ de l’être aimé, une femme nommée *, donne à penser que chaque jour est un dimanche sans fin. Cet amour perdu l’a quittée pour un Anglais vivant à Londres. Fanny Salmeron a le don de trouver les mots qu’il faut : « Comment, un beau matin, on peut simplement décider de terminer une histoire, faire comme si trois ans, c’était rien, juste prendre un train et en commencer une autre dans une ville encore plus froide que Paris… »
Tout, dans ce roman, émane d’une retranscription exacte et extrêmement lucide des élans du cœur lors d’une rupture amoureuse. À vous donner parfois le vertige, tant les mots cognent justes, tant une poésie mélancolique parvient à s’en dégager, mêlée à une réflexion bien plus rationnelle d’une expérience qui sent le vécu. Si peu d’endroits confortables a la force rare de l’universalité du sentiment, celui de l’amour, dont personne ne réchappe… Pour ceux qui aiment souligner les phrases qui les touchent, je préfère vous avertir : l’expérience sera fastidieuse, puisque deux phrases sur trois le seront. Hannah rencontrera Joss et nous verrons si, comme le laisse supposer Fanny Salmeron au début de ce si confortable (à l’âme) livre, « la vérité c’est qu’on est imperméable à que dalle. Surtout pas au manque. » Probablement le meilleur roman français de 2010 ✹ Renaud Santa Maria Si peu d’endroits confortables, par Fanny Salmeron, éd. Million, 152 pages, 22 euros.
l’écran plat », au sens de gueule noire, un damné de la Ferrari jaune prenant juste le temps de manger des sushis et de sauter une « bombasse ». Vite fait. Le Guide du démocrate n’est pas sot, figé. Il sait que le monde change ; ainsi, les valeurs
écolos deviennent marchandes. L’homme d’affaires n’est pas assigné au costard, il peut choisir des tongs et une chemise à fleurs pour vendre des éoliennes. Qui ne produisent rien et flinguent le paysage. Le « propre », le « durable », « l’alternatif » sont déjà des « valeurs » bien intégrées par les philosophes de Publicis. Puisque l’avenir dure trop longtemps, et que ça fatigue, faisons donc du patin sur les rives de la Seine, du vélo dans les bois, visitons les parcs « d’attractions ». Faisons-nous mille « amis » sur Facebook et bouffons des pizzas tout seul devant un porno. C’est parce qu’ils aiment et luttent pour la démocratie qu’Arlix et Massera en moquent le simulacre qui nous afflige. Dans leur livre, il y a des pincées de Kafka, Orwell ou Huxley. Ce qui n’est pas de la petite bière ✹ jacques-marie bourget Le Guide du démocrate, par Éric Arlix et Jean-Charles Massera, éd. Lignes, 123 pages, 13 euros.
Bédé carnet de bord crapuleux es recettes de cuisine à mémé L ne sont pas près de se gâter. La Bible pour l’esprit, le Michelin pour la
graille et le Kamasutra pour la bagatelle. Entre ces allées de l’ivresse, un autre livre devrait vous faire goûter aux joies de la volupté. C’est le Love Blog, de Gally et Obion, aux éditions Delcourt. Le bouquin compile les planches dessinées, publiées sur Internet, d’un amour lointain entre artistes de la BD. Comme quoi, vivre éloignés, l’un à Brest et l’autre à Nice, peut enfanter de curieux bambins dessinés. On vole en parachute sur le grand terrain vague de la sexualité, qui a, comme toute chose terrestre, ses saisons. Ici, c’est une usine de chair et de sueur. Des histoires de cul aussi crues qu’une jeune asperge, là où le plumard n’est pas seulement une chose divine. Mais une activité meurtrière, preuve à l’appui par le pinceau des deux dessinateurs. Un peu plus loin, le long cours d’eau des fantasmes et du souvenir des premiers ébats. Tout ça avec un grand vent de liberté et d’autodérision. Les auteurs parlent de sexe comme on préparerait un pot-au-feu. Dans la cocotte artistique, chaque aliment de la libido, cuit à feu doux, porte son petit nom : « envie pressante », « bêtises », « travaux manuels », « petits plaisirs » ou « qui veut gagner des bisous ? » C’est un joli carnet de bord amoureux, fait par de sales gosses qui vous titillent l’imagination et la couture du pantalon. Avec ça, rendre visite à Zahia D. serait Ribérydicule ✹ L. C. Love Blog, par Gally et Obion, éd. Delcourt, 125 pages, 14,95 euros.
du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010 | Bakchich Hebdo N°29
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Un peu de culture Musique A playlist by Colette Colette Ville
Attachez vos ceintures. Le store parisien Colette s’offre un tour du monde musical. Cette compile originale convie quinze artistes à créer un morceau sur leur ville fétiche. Destinations ? Paris, avec le crooner rétro Dent May & His Magnificent Ukulele, Cologne et l’électro vénéneuse de Superpitcher, ou Honolulu, sur la surf-pop des Superimposers… La plus jolie escale se fera à Londres, au rythme des mélopées no-wave du trio parisien Tristesse contemporaine. Time Flies Oasis
En août 2009, Oasis jetait l’éponge au festival Rock en Seine, à l’issue d’une bagarre pathétique entre les frères Gallagher. Un an plus tard, Liam et Noel se font toujours du boudin, mais publient Time Flies. Ce best-of incendiaire rassemble leurs 26 singles, dont Supersonic, Wonderwall, Shakermaker, ou le bien nommé Falling Down… Enrichie de 36 clips, une version Deluxe retracera l’enregistrement chaotique d’un ultime live à Londres, en 2009. Mujer Coraje Nancy Murillo & Pazifico
La musique de Nancy Murillo vogue du Pacifique à l’Atlantique avec une aisance rare : fusion cosmopolite entre jazz, salsa, blues et folklore colombien. Cette artiste originaire de Cali, mais établie en France, synthétise d’une voix suave ses influences et ses racines au fil fervent de Mujer Coraje. Orchestré par un big band de cuivres, d’instruments à vent, de guitares électriques et de percus, l’album rend hommage à sa grand-mère (Tia Yova) ou à son pays (le Chontaduro). Notons un clin d’œil à Bourvil (Et c’était bien). Coupe du monde 2010 Shakira et Black Eyed Peas
Si la France a fait match nul face à l’Uruguay, ce n’est pas que la faute de Raymond. Difficile de jouer un bon match après une cérémonie d’ouverture aussi lamentable… La veille au soir, soutif zébré et jupe en paille, Shakira inaugurait la Coupe du monde avec Waka-Waka, sa très embarrassante reprise de Zangalewa. Mais la bimbo n’était pas la seule à chanter faux comme un canard… Les rappeurs-pop des Black Eyed Peas ont gueulé si fort que les cours du Doliprane ont dû s’envoler. Scream Ozzy Osbourne
Au secours, l’ex-chanteur de Black Sabbath est de retour ! Où sont passées les boules Quies ? Celui qui décapitait des chauves-souris vivantes avec les dents a beau avoir le cerveau carbonisé, il semble toujours aussi furax. Son dixième album solo ne s’intitule pas Scream pour des prunes… Papy Ozzy ne chante pas, il hurle. En témoignera notamment l’assommante purée de pois heavy metal Let Me Hear You Scream : un déluge de batterie boursouflée et des solos de guitare ultra-ringards ✹
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dog pound
en salles
Chapiron à la niche ! ciné Trois jeunes délinquants se retrouvent incarcérés dans une prison pour mineurs. Un film complaisant et décérébré, par l’immortel réalisateur de Sheitan.
K
im Chapiron est une calamité. Et un imposteur. Pendant des années, il a bricolé des courtsmétrages avec son pote Romain Gavras, au sein du collectif Kourtrajmé. Des trucs potaches, pas vraiment drôles, censés refléter la banlieue. Car, attention, Chapiron, c’est la voix de la cité, coco. C’est d’autant plus marrant que Chapiron et Gavras tentent de se faire passer pour des lascars alors que ce sont de vrais fils à papa (Chapiron est le fils de l’artiste punk Kiki Picasso). En 2006, Chapiron passe au long-métrage avec Sheitan, un truc laid, misogyne, vaguement raciste, avec Vincent Cassel en paysan débile. Le niveau zéro du cinéma. On croyait Chapiron – qui découvrait qu’il Dog Pound est une commande faut mettre de la pellicule dans d’un producteur de pub qui le magasin de la caméra (vérivenait d’acquérir les droits de dique !) – définitivement cramé Scum, une plongée dans l’enfer mais voici qu’il rebondit avec un carcéral signée du Britannique second film, tourné aux ÉtatsAlan Clarke, en 1979. Ce film Unis. L’histoire immense, insoude trois délintenable, ChaCe film putassier et quants de 15 à piron a tenté de le 17 ans envoyés complaisant ne dénonce décalquer. Scum dans une prison était ultraviolent, rien; pis, il ne dit rien. pour mineurs. mais c’était une Avant de voir métaphore polile film, j’imaginais des bastons, tique et un constat désespéré sur des viols, des émeutes. À l’écran, la nature humaine. Rien de cela Chapiron nous offre quoi ? Des dans le film putassier de Chabastons complaisantes, un viol piron, qui ne s’intéresse qu’aux et une émeute. C’est tout, et c’est bastons. Le scénario tient sur le censé faire un film ! À l’origine, string de Lindsay Lohan, et les
propriété privée… de neurones LA ZApPETTE de bourget u temps de l’ORTF, qu’on va finir A par regretter, Dominique Toutain avait été engagé au service des sports.
Charmant, mais nul. Une fois, il a réussi à commenter l’arrivée du tiercé sans en mélanger les numéros. Ses confrères l’en avaient félicité. Modeste, il refusait les compliments : « Non, non, je suis nul. C’est mon oncle, un militant gaulliste, qui m’a fait engager à la télé… » En cette période de Coupe du monde, il semble que trop d’oncles sarkozystes soient intervenus pour caser leurs neveux dans les lucarnes. Autrefois, dans les rédactions, on réservait le sport aux journalistes les « plus cons ». Injuste. Pourquoi cette seule langue universelle serait-elle la propriété des imbéciles ? Observez ce que toutes les
chaînes vous proposent en chœur : l’adhésion au club de Domenech. Critiquer son équipe, c’est adhérer à l’anti-France, se ravaler au rang de porteuse de burqa, vendre du plutonium à Ahmadinejad. Et tous les postes jouent de conserve la même musique : Rhapsody in Blue. En zappant, on voit facilement des gens intelligents débiter des sottises. Les cyniques diront « pas grave, ils y sont entraînés ». Sur LCI on a, en bonus, droit aux commentaires du grand identifié national, Éric Besson. Alors que, grâce à lui, des gamins étrangers qui vivent en France n’ont même pas le droit de signer une licence… Pour rire, transposez le sport en une discipline moins olympique, par
Football
Éléonore Colin
Bakchich Hebdo N°29 | du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010
année bissextile de Michael Rowe
À Mexico, une jeune femme de 25 ans entame une liaison sadomaso avec un inconnu. On ne sortira plus de l’appartement de Laura, et le réalisateur, Michael Rowe, dont c’est le premier film, donne à voir les fêlures de cette femme qui s’offre et se dérobe. Présentée à Cannes, cette œuvre érotique, troublante et douloureuse est sublimée par la performance de l’actrice principale, Monica del Carmen, tout simplement phénoménale. à 5 heures de Paris de Léon Prudovsky
Cette comédie romantique israélienne est assez anodine et sans contenu politique. Pourtant, les salles d’art et essai Utopia ont décidé de boycotter le film après le raid de l’armée israélienne contre des navires d’aide humanitaire à Gaza. En quoi le cinéaste Léon Prudovsky est-il responsable des actions meurtrières de Nétanyahou ? On censure un film à cause de sa nationalité ? Tant qu’à employer des méthodes de fachos, pourquoi ne pas brûler la pellicule ? jeunes héros du film, dénués de toute psychologie, et donc d’humanité, ne sont que des animaux (c’est dans le titre), des stéréotypes : le latino, le très méchant, la victime, l’énervé… Chapiron ne dénonce rien ; pis, il ne dit rien. Il cherche à choquer le bourgeois et, après, démerdez-vous pour trouver du sens à tout ça. Vous avez dit irresponsable ? Kim, fais-nous une fleur : metstoi au point de croix et, de grâce, arrête le cinéma ! ✹ marc godin Dog Pound, de Kim Chapiron, avec Adam Butcher, Shane Kippel… En salles le 23 juin.
exemple la rubrique sociale. Imaginez un journaliste, la voix émue, les larmes aux yeux, nous parler en termes dithyrambiques d’un marathon citadin organisé par FO ou la CGT afin de conspuer les retraites à la Sarko ! Tout de suite, les déontologues viendraient rappeler ce fou à « l’objectivité ». Cette prostituée dont nul n’exige la présence dès que l’on parle de sport, affaire grave pourtant. Le foot, aujourd’hui, n’appartient ni au public ni aux journalistes. Il est la propriété de messieurs discrets en pardessus gris. D’hommes qui ont du coffre, fort. Ceux-là tiennent en main le gâteau de l’Audimat et les tarifs de pub, qui en sont la cerise. Sur le foot, on ne dit donc que des choses fausses, mais agréables à entendre. Sur Bakchich, c’est l’inverse. Dimanche 13 juin, sur France 3 (lire page 15), alors que Samuel Étienne auscultait BHL et son grand corps à la renverse, le cuistre de Saint-Germain n’a pas manqué, sans que quiconque ne moufte, de nous siffler un carton rouge : « Bakchich ? C’est de la plaisanterie ! » Aux chiottes, l’arbitre ✹
top cops de Kevin Smith
J’avoue ne pas bien comprendre les choix de carrière de Bruce Willis. Comment cet excellent acteur, qui a révolutionné le film d’action avec la série des Die Hard, tourné avec Quentin Tarantino, M. Night Shyamalan ou Terry Gilliam, peut-il se compromettre dans des merdes comme le Cinquième Élément, Otage ou Armageddon ? La dégringolade continue avec Top Cops, hommage improbable aux « buddy movies » des années 80 (l’Arme fatale, Midnight Run), une comédie policière pas drôle. Eh, Bruce, et si tu essayais de lire tes scénarios, pour changer ? ✹ m. g.
la bakchich team Directeur de la publication : Xavier Monnier • Directeur de la rédaction : Nicolas Beau • Conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget • Rédacteurs en chef : Pierre-Georges Grunenwald (édition), Cyril Da (Web) • Chroniqueurs : Alceste, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Éric Laurent, Patrice Lestrohan, Fabrice Nicolino, Jean-François Probst, Alain Riou • Maquette : Émilie Parrod, Victor Buchotte, Marjorie Guigue • Secrétaires de rédaction : Élodie Bui, Tatiana Weimer • Rédaction : Monsieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Cabanes, Renaud Chenu, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Anthony Lesme, Laurent Macabies, François Nénin, Simon Piel, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Verzaux • Dessinateurs : Avoine, Bar, Baroug, Bauer, Essi, Giemsi, Goubelle, Ray Clid, Khalid, Klub, Lacan, Large, Ludo, Magnat, Mor, Morvandiau, Nardo, Noël, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski, Revenu, Roy, Soulcié, Thiriet • Groupe Bakchich, SAS au capital de 56 980 euros • Siège social : 121, rue de Charonne 75011 Paris • Téléphone : 01.40.09.13.25 CPPAP : 1114 C 90017 • ISSN : 2104-7979 • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France Offset Direction des ventes : Thierry Maniguet/ tmaniguet@scpe.fr/01.70.39.71.05 Publicité : pub@bakchich.info Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.
Un peu de culture l’art de raconter des histoires
Le pipole de la semaine Bernard en rit de nous voir si drôles
le billet d’alain riou
BHL ne s’en est toujours pas remis. Non pas de sa bourde monumentale du début de l’année, qui l’avait vu citer doctement Jean-Baptiste Botul, ce philosophe qui n’existe que dans l’imaginaire de ses facétieux créateurs. Non plus de l’échec cuisant de ses deux derniers opuscules, énièmes accidents industriels de chez Grasset. Non, l’écrivain que le monde nous envie ne digère toujours pas une Imposture française (avec Olivier Toscer, éd. Les Arènes), l’enquête que nous lui avions consacrée il y a maintenant plus de quatre ans. Dimanche 13 juin, sur l’antenne de France 3, un BHL rancunier en diable n’a pu résister à traiter Bakchich de « plaisanterie ». Mais, comme à chaque dérapage, sans pouvoir justifier une seule seconde de son qualificatif insultant. Or, si le personnage avait la moindre once d’honnêteté intellectuelle, il serait bien obligé de reconnaître qu’une Imposture française était tout sauf du journalisme de « plaisanterie ». D’ailleurs, en son temps, BHL s’était bien gardé de nous attaquer en diffamation et avait soigneusement évité de prononcer le titre du livre dans ses diatribes, pour le coup, elles, parfaitement diffamatoires, afin d’échapper aux foudres de la loi.
Journaliste au Nouvel Obs et invité du Masque et la plume, Alain Riou fait aussi du cinéma. Son cinéma. l y a des lustres, mieux, des lampaIpense daires, je m’essayais au jazz, et je ne pas qu’il m’ait pardonné. Dans
les caves de Saint-Germain, où se dissipaient des jeunes gens et le parfum de Boris Vian, je grattais tant mal que mal les cordes d’une contrebasse qui, pourtant, ne m’avait rien fait. Je pratiquais aussi l’art subtil des claquettes, et j’avais besoin de m’entraîner. Sortant, vers 4 heures du matin, d’un caveau, tel Lazard, j’avise rue de la Huchette un camion garé là. Son plateau, vide et sans ridelles, me tendait ses planches. Jeune et la jambe pleine d’un vif jarret (rien à voir avec Keith), je saute, et paf ! me voilà paralysé, statue de sel relevant d’un miracle de Lourdes. Le camion avait transporté des boules de gui, dont on fait usage pour fabriquer la glu. Malins, vous allez me souffler : « Abandonne tes chaussures ! » Impossible. Planté au milieu, mis à la colle, je ne pouvais, sans risquer ma peau, franchir le gué de glu. Des pompiers, gens habiles à vous dégriser tout en vous faisant décoller, sont intervenus. Mais l’opération a pris du temps. Arrivant meurtri et très en retard à mon
journal, j’ai expliqué mon drame d’artiste. Il n’a ému personne. Dans cette rude époque, la vision d’un homard gonflable ne faisait pas encore pleurer. Personne n’a prononcé le mot licenciement, mais on m’a contraint, pendant quinze jours, à rédiger toutes les brèves du journal, l’histoire du singe qui s’échappe du zoo et se prend pour Reagan, l’Anglais qui mange des cuisses de grenouilles ou encore 6 000 morts dans une inondation au Bangladesh. La routine du bouche-trou : les colonnes des journaux ont horreur du vide. Ce qui ne saute pas toujours aux yeux. C’est à propos du licenciement et des prud’hommes que je vous raconte ces sottises. Le licenciement ? Je m’en balançais. Doté d’un solide instinct de conversation, j’étais sûr d’être convaincant à l’oral des prud’hommes. Si j’étais viré aujourd’hui, ce serait une autre chanson : la juridiction paritaire envisage de supprimer la parole pour ne se dérouler qu’à l’écrit. Vous imaginez la besogne ? Comment expliquer en Word mon aventure ? En prévision, je préfère renoncer aux claquettes, qui pourtant me collent à la peau ✹
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liquette
On peut certes comprendre que l’ancien nouveau-philosopheautoproclamé-phare-de-la-pensée n’ait pas trop goûté que nous détaillions son art consommé de la censure, comme lorsqu’il réécrivait une de ses interviews dans Elle ou faisait pression pour empêcher la publication de chroniques, pas assez flatteuses à son goût, dans Marianne ou le Figaro Magazine. Évoquer, avec moult détails, les conditions dans lesquelles ce grand défenseur des droits de l’homme exploitait le bois précieux en Afrique noire lorsqu’il a repris les rênes de l’entreprise familiale au décès de son père le fait encore et toujours enrager. Et rappeler ses démêlés dans la haute finance, où il s’est retrouvé plusieurs fois associé à des dossiers douteux, continue aussi à le mettre en transe. On le comprend, puisque ces révélations n’ont jamais été contestées devant la justice. BHL, le « philosophe » jamais enseigné à l’université, le « journaliste » mêlant le vrai, le vraisemblable et le carrément faux, le « cinéaste » abonné au bide en salle, « l’écrivain » sans œuvre littéraire, aurait pu s’en affranchir en faisant œuvre de sagesse philosophique. Au lieu de quoi, BHL salit sa belle liquette blanche en se vautrant dans l’invective. Triste fin ✹ nicolas beau
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du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010 | Bakchich Hebdo N°29
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Ben la der
Dominique de villepin tu parles, Charles ! double jeu Tout en se revendiquant du général de Gaulle, l’ancien Premier ministre, qui lance son mouvement le 19 juin, défend à vrai dire des intérêts très particuliers.
T
oujours la nostalgie néo-gaulliste du Rassemblement du peuple français de 1947, ou du RPR de 1976 : samedi 19 juin, Dominique Galouzeau de Villepin, 56 ans, tiendra la réunion constitutive de son « mouvement », situé, bien sûr, « au-dessus des clivages partisans », « libre et indépendant », etc. Précision, « 7 000 inscrits à Villepin.com, 150 adhérents dans le Nord » : à se fier aux indications des villepinistes eux-mêmes, la halle Freyssinet, dans le XIIIe arrondissement, paraît en effet plus adaptée à cette manifestation de masse que le Stade de France.
napoléono-addict
L’initiative amuse, pour les apparences, les conseillers élyséens, selon qui, « sans argent et sans parlementaires », « il n’y arrivera pas [à se présenter en 2012] ». Peut-être plus grave encore : après l’éloignement de Bruno Le Maire et de Georges Tron, même le présumé fidélissime Hervé Mariton a indiqué qu’il ne serait pas de la fête du 19 juin. Pourvu qu’on puisse se passer de figurants ! Il s’est remué, tout de même, pour réussir ce grand moment, le poète « voleur de feu », le diplomate grandiloquent dont se gausse, ces temps-ci, une bédé, le Napoléono-addict : loin du discours visionnaire de l’ONU (2003), il a cajolé un goret dans une ferme, causé boutique avec de petits patrons, serré des louches à Mantes-la-Jolie. Bref, à peu près tout, sauf tenter de s’enraciner, même dans un patelin de 300 âmes. Normal, le Général ne fut jamais maire, ni conseiller général, ni même député. Comme son sur-
geon politique, il était pré-investi par les masses. En 1947, toutefois, il pouvait encore se targuer d’incarner, au moins, « la flamme de la Résistance ». Trois ans après, le bide du CPE, la flambée des banlieues et les embrouilles de Clearstream ne font pas une épopée du parcours matignonnesque de Dominique. Même si, dans le même temps, notre aède doublait les moyens du grand prix poétique Apollinaire (les jurés en ont maintenu leurs agapes au restaurant Drouant).
errance idéologique
Vacheries anti-Sarko à part, il flotte une certaine errance idéologique (« un autre projet, une alternative », quésaco ?) dans le propos de campagne de Villepin. Quelque chose qui rappelle « [l’] ailleurs » de l’oublié Michel Jobert, lui aussi ex-ministre des Affaires étrangères, également passionné d’écriture. Broutilles. « Sans le procès [Clearstream], tu n’aurais pas été candidat », lui a, dit-on, lancé un jour un de ses derniers soutiens parlementaires, François Goulard. Villepin : « Tu as tout compris. » Au fait, on ne se souvient pas qu’un commentateur ait jamais parlé de « candidature de nuisance » à propos de De Gaulle ✹ patrice lestrohan www.bakchich.info
Les articles à particule consacrés à Dominique de Villepin : http://minu.me/2jvv
adeptes du beau jeu
Image d’épineux
Soupe opéra
Cas rare, sinon exceptionnel, dans sa corporation, Maria Luisa Busi, 46 ans, vient de démissionner de son fauteuil de présentatrice du plus grand journal télévisé italien, le 20 heures de Rai Uno (le service public). Elle n’en peut plus, dit-elle, des grands chefs qui minimisent toute info dérangeante et servent la soupe au gouvernement (supplément télé du Monde du 13-14 juin) : « Le jour où il [le directeur de la rédaction directement désigné par Berlu] a consacré un sujet entier aux cygnes prisonniers des glaces en Ukraine et trente secondes en fin de journal à la grève générale en Sardaigne, je suis allée le voir pour lui dire que je ne partageais pas ses choix. » C’est un précédent qui va sûrement donner des idées à quelques collègues français(es)…
Hervé, César !
Qui, sur la planète, et a fortiori au sein du gouvernement français, peut se permettre de déclarer à propos du Grand Timonier tricolore (le Nouvel Obs du 10 juin) : « Je me fous de ce que le Président pense » ? Une seule réponse : le martial ministre de la Défense, Hervé Morin, réélu le weekend dernier président du Nouveau centre. Explication : Sarko a menacé Morin de l’éjecter du gouvernement s’il persistait dans son intention de se présenter au premier tour de 2012. Morin : « Lors du remaniement [de l’automne], il [Sarkozy] mettra dans le gouvernement tous ceux qui peuvent le gêner. Désormais, j’en fais partie… » Peut-être. Étant admis qu’il n’y croisera tout de même ni Boutin, ni Villepin…
Missions spécieuses
Incroyable, le nombre de « missions d’études », payées ou gratuites, mais tout à fait fumeuses et interminables, qu’on découvre à la suite des déboires de Christine Boutin. Un exemple, cité par Libération (12-13 juin) : le patron du Musée des arts premiers, Stéphane Martin, se creuse actuellement – gratos – le ciboulot pour imaginer « le futur Musée des civilisations méditerranéennes, bien enlisé à Marseille ». Toutefois, « auparavant, un ancien du cabinet Jack Lang, Michel Colardelle, a planché dix ans à la tête d’une mission de préfiguration, sans qu’aujourd’hui le musée ait le moindre contenu ». Pas vraiment de sa faute : « Il a été brinquebalé par les différents gouvernements et la municipalité. » Il va falloir créer une mission d’étude d’un musée des projets de musées.
Frédo Mitterrand, qui se dit « le ministre de l’image de la France », revient dans Paris-Match (10 juin) sur ce fameux projet sarkozyste de Maison de l’histoire de France, à la localisation comme au contenu encore incertains : « Quant à savoir si ce projet sera le grand musée de Nicolas Sarkozy, je ne pense pas que le Président soit mû par une envie mégalomaniaque de ce genre, comme l’étaient ses prédécesseurs. Il n’a pas cette approche. » Sympa pour Tonton François, sympa pour Chirac, que Frédéric a soutenu dès 1995, et sympa encore de souligner que Sarko préfère donner dans le miniature…
Mère de Sécession
Pour devenir indépendante, la Flandre (belge) devrait se faire reconnaître « au sein de l’Union européenne, comme membre à part entière », ce qui nécessite « l’unanimité des 27 ». C’est bien là que le bât blesse, explique au quotidien francophone le Soir, repris par Courrier international (10 juin), l’ancien Premier ministre chrétien-démocrate flamand Mark Eyskens : « Les pays européens qui ont eux aussi des visées sécessionnistes sur leur territoire – l’Espagne avec le Pays basque, l’Angleterre avec l’Écosse, l’Italie avec le Nord, etc. – vont évidemment regarder l’indépendance de la Flandre d’un œil extrêmement désapprobateur. » L’Europe à 35 ou à 40, ce serait pourtant tellement plus simple qu’aujourd’hui.
Aux Combes de la joie
« Un cumulard mal assumé », titre le Point (10 juin), à propos des mandats de François Hollande en Corrèze. Président du conseil général, il est aussi député de Tulle, le chef-lieu du département. Il en a, officiellement, lâché la mairie, mais « continue dans les faits de [la] diriger (...) : son successeur [au fauteuil de maire], Bernard Combes, est à la fois son suppléant et son assistant parlementaire ! » « Quand la population lui parle, c’est comme si elle me parlait », résume Hollande. Pour décrire son tout aussi fidèle et efficace lieutenant Georges Mandel, Clemenceau avait une formule plus abrupte : « Quand je pète, c’est lui qui pue. »
Laval en amont
Au congrès du Nouveau centre, qui l’a donc reconduit dans ses présidentielles fonctions, Morin, encore lui, s’est évidemment déchaîné contre son ex-chef de file, Bayrou, qu’il avait lâché pour rejoindre Sarko au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2007. Il se peut toutefois qu’il ait eu la comparaison maladroite (Libération du 14 juin) : « Comme le dit Jean-Louis Bourlanges [ex-eurodéputé centriste], quand on veut incarner la résistance à Sarkozy, on ne va pas serrer la main du Maréchal tous les deux jours. » Pétain de Pétain ! Sarko serait soluble dans l’eau de Vichy ? ✹ p. l.
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Bakchich Hebdo N°29 | du samedi 19 au vendredi 25 juin 2010