Bakchich N° 25

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Internet, l’amour à la carte | P. 9

bakchich

N° 25 | du sameDI 22 au vendredi 28 mai 2010 | informations, enquêtes et mauvais esprit

clotilde reiss pages 2-3

ceinture

Les dessous du plan de rigueur | P. 5 France-Algérie, duo « Hors-la-loi » | P. 6-7 Présenté au festival de Cannes, le film de Rachid Bouchareb sur le massacre de Sétif, Hors-la-loi, réveille les fadas de l’Algérie française.

presse

« Le Canard » pompe Euro RSCG | P. 10 californie

Le hasch pour doper les finances ? | P. 12

L 13723 - 25 - F: 1,50 �

portrait

Bel : 2€ - CH : 2,90FS

« Tory Blair », Premier ministre anglais | P. 16 Et sur Internet


Apéro billet

souvent mollah varie L

propagez la foi en bakchich !

e décryptage du pouvoir iranien est une science incertaine. Entre les anciens durs, les faux mous et les vrais méchants, pas simple de se faire une religion. Au sommet de l’État français, deux lignes s’opposent : un premier clan, derrière Kouchner ou Jean-David Levitte n’a pas les yeux de Chimène pour les mollahs iraniens. D’autres, notamment dans l’entourage de Claude Guéant, considèrent l’Iran comme une puissance régionale à qui il faut faire toute sa place. Sous peine de voir les fanatiques l’emporter à Téhéran.

D

ès l’arrestation de Clotilde Reiss à Téhéran, le téléphone noir, celui de l’ombre, a sonné à Bakchich. Rapidement, un certain nombre de sources ont apporté de l’eau à notre moulin : la jeune fille était un peu plus qu’une simple étudiante. Bien évidemment, soucieux de la bonne santé de cette petite curieuse, nous n’avons pas écrit une ligne qui puisse nuire à son destin. Comme dans un film mal synchronisé, ce n’est qu’aujourd’hui que nous publions ce que nous a enseigné cet épisode franco-perse (lire page 3 et billet ci-contre). Nous restons le peuple occidental le plus imperméable aux leçons de l’Histoire. La fumée des combats à peine éteinte, la pragmatique Amérique tire les leçons du temps, et Hollywood tourne aussi sec des films sans concessions. Nous autres discutons encore des bienfaits apportés aux indigènes par le général Bugeaud. Pas question d’admettre qu’en août 1945 à Sétif, l’armée française et une milice de colons ont assassiné qui ? Environ 10 000 Algériens, allez savoir, quand on n’aime pas, on ne compte pas (lire dossier pages 6-7). La crise, l’euro, l’Europe ? Rien sur l’écran radar. Tous les prédicateurs qui nous incitaient à voter oui pour une constitution communautaire ont disparu de nos champs de vision. C’est en bricoleurs de la vie qu’il nous faut assurer le quotidien. Survivre (lire page 5). À propos de survie, cette fois, il s’agit de la nôtre, à Bakchich. Et nous sommes un cercle d’utopistes qui se posent la question : « Comment se fait-il que chacun de nos lecteurs ne puisse convaincre un membre de son entourage, un ami, un ennemi, de nous lire, d’acheter notre journal ? » Bizarre. Nous vous recommandons donc, chers amis, d’adopter la position du missionnaire, de promouvoir la propagation de la foi en Bakchich. Lancez-vous dans les affaires, vendez Bakchich autour de vous ! ✹ la rédaction

e

Alain Delon, dans une interview à Nice Matin (15 mai 2010).

coup de boule

ous sommes une vieille nation rassemblée autour d’une certaine idée de la dignité de la femme », nous a dit notre Président, chanoine de Latran et pourfendeur de burqa. N’estil pas magnifique de vivre dans une nation où les gouvernants se soucient, avec une telle intransigeance, du sort de celles qui sont l’avenir de l’homme. Rappelons-nous. Le 25 février, l’Assemblée nationale, unanime – et c’est rare – vote une grande loi « relative aux violences faites aux femmes ». « Grande cause nationale », devenaient nos compagnes… Cause toujours. Après une épidémie de reportages télé sur le martyre des femmes battues, les sénateurs ont oublié de voter ce texte fondateur. « Encombrement législatif », répond la Haute assemblée. Dommage, l’embouteillage. Tous les deux jours, une femme meurt

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L’indésirable de la semaine

Quinze jours que l’Indien Raoni s’est promené de Paris à Cannes. En vain. Le chef de la tribu Kayapos est reparti sans avoir rencontré celui de la France. Nicolas Sarkozy avait pourtant promis de recevoir Raoni, en tournée en Europe pour faire pression sur les dirigeants contre le projet de barrage brésilien qui doit noyer 500 km2 de terres en Amazonie. Mais l’Indien a choisi le mauvais moment pour s’incruster dans la patrie des droits de l’homme. Le président brésilien Lula, chaleureusement remercié pour son « rôle actif » dans la libération de Clotilde Reiss, a eu mardi dernier le plaisir de retrouver Sarkozy pour négocier la vente des Rafales. Les sous avant les Sioux… Ce cher Al Gore, ancien vice-président des États-Unis brillamment reconverti dans l’écologie, enchaîne les conférences mondiales pour demander à l’auditoire de se serrer la ceinture et de réduire son empreinte carbone. Et surtout pour s’acheter une belle villa à Santa Barbara (en Californie) avec immense piscine pour la bagatelle de 7,5 millions d’euros. La nouvelle résidence secondaire du pape du réchauffement climatique, déjà critiqué pour sa maison de 900 m2 à Nashville, comprend six chambres et neuf salles de bains. Sans doute indispensable pour le couple Gore. « Que dirons-nous à nos enfants ? », ne cesse de chanter partout le prix Nobel de la paix 2007. Faites ce que je dis, pas ce que je fais.

La référence de la semaine

trop de lois tue... la femme N

les trophéEs

L’écolo de la semaine

Pour célébrer le 50 anniversaire du festival de Cannes, ni Delon ni Bébel n’étaient invités. Quand même, merde!

«

sortie honorable

sous les coups de son conjoint et 75 000 d’entre elles sont violées chaque année dans notre pays si civilisé. Disons que trop de travail tue le travail. On ne peut s’occuper à la fois des femmes aux urgences et de l’urgence de la burqa.

D’après Presse Océan, qui a décrit la bagarre de chiffonniers entre une avocate de Loire-Atlantique et une femme en niqab, la confrontation s’est envenimée quand la première a comparé sa comparse à Belphégor, le fantôme du Louvre. Mais où a-t-elle pu pêcher ça ? Chez Nadine Morano ! En décembre dernier, sur Public Sénat, la secrétaire d’État à la Famille expliquait que le port du voile intégral « faisait un peu Belphégor ». Avant de débuter une bonne bagarre, épluchez bien les dires de Nadine… ✹

Mot à Mot

Indifférence

Et pourtant, la magnifique Nadine Morano avait sonné le tocsin en faveur des femmes battues : « Les faits nous démontrent qu’il y a urgence. » Effectivement, une trentaine de femmes sont mortes avec encore un peu plus d’indifférence depuis que le Sénat s’est endormi. Et le réseau Osez le féminisme de dénoncer : « Au Sénat, les violences faites aux femmes passent à la trappe. » Un conseil : malheureuses battues, revêtez la burqa, vous serez enfin prises au sérieux✹ alceste

Bakchich Hebdo N°25 | du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010

La Belgique n’avait pas besoin de ça : Tintin passe au tribunal. Il y a quatrevingts ans (déjà !), au Congo, le zigoto a dit des choses terribles sur les Africains, qu’à l’époque on appelait plutôt les nègres. Ah ! si seulement on n’avait pas retaillé ses pantalons de golf, on pourrait dire que ces attitudes coloniales sont d’époque, et qu’elles sont passées de mode. Mais comme la mode est plutôt de dire qu’Hergé avait tout prévu, avec ses fusées et ses astronautes qui mar-

chent sur la lune, il paraît que le risque est grand, pour les têtes blondes de Belgique et d’ailleurs, de renouer avec le racisme ordinaire du siècle dernier en voyant les indigènes traités comme des idiots du village. Soit, on ne publierait plus ça aujourd’hui. Mais les Évangiles non plus, avec ce final d’un antisémitisme radical, ni le Coran, où l’on voit un prophète épouser des gamines de neuf ans. On se demande même pourquoi on ne traîne pas cette littérature devant les juges pour éviter que les petits enfants n’y chopent des idées pourries. Le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) demande, avec modération, une notice pour expliquer que Tintin n’est pas fiable et que c’est de l’histoire ancienne. OK, et mettons une notice aux aventures

Sur le plan international, deux camps s’affrontent : d’un côté, ceux qui, comme le Brésil ou le Sénégal, considèrent les aspirations nucléaires de Téhéran comme légitimes ; de l’autre, ceux qui veulent mettre un terme aux multiples volte-face des Iraniens sur ce dossier. L’accord signé le lundi 17 mai à Téhéran, sur un échange d’uranium entre l’Iran, la Turquie et le Brésil marque la volonté des puissances émergentes d’aider l’Iran à trouver une sortie honorable. Hélas, Calamity Ahmadinejad, le désastreux président iranien, a déjà rendu caducs les efforts diplomatiques du Brésilien Lula et du Turc Erdogan. À peine signé l’accord lundi et Téhéran a déjà fait savoir que rien n’empêcherait l’Iran de « continuer à enrichir de l’uranium » sur son territoire. Or seul l’arrêt de cet enrichissement aurait favorisé la politique de « main tendue » initiée par Obama en mars 2009. Du coup, le nouveau régime de sanctions contre l’Iran, proposé le mardi 18 mai par le conseil permanent de sécurité de l’ONU, témoigne du retour en force des partisans de la fermeté. Les roses d’Ispahan risquent-elles de se faner plus rapidement que prévu ? ✹ renaud chenu

de Lara Croft, parce que si les gnards construisent là leur image de la femme, ça promet ! Un plaignant disait à la radio que, lorsque ses enfants avaient lu ce livre, ils lui avaient demandé si les noirs d’Afrique étaient vraiment comme ça. Il élève ses gosses dans un bocal ? Parce que s’ils regardent par-dessus la BD, ils voient que les fils de l’Afrique, aujourd’hui, sont footballeurs, présentateurs de télé ou président des États-Unis. Certains, du moins ; d’autres balaient les rues ou squattent dans des taudis. Beaucoup, aussi, se font massacrer. Après Tintin, au Congo, il y a eu Mobutu, Kabila et les 3,8 millions de morts de la dernière guerre civile. Dure, l’Histoire récente ! Mais ce n’est pas forcément la faute d’Hergé ✹

jacques gaillard


Apéro

Clotilde, le mauvais casting de la DGSE

Iran Clotilde Reiss retrouvait ses contacts à l’ambassade de France et laissait traîner notes et e-mails. Un amateurisme qui n’est pas une première pour les services français.

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D

ans le dossier de Clotilde Reiss, les Iraniens avaient beaucoup plus de billes que nous », constate un des patrons du renseignement français. Et cela pour une raison, au moins, que devait révéler, dès le 17 mai sur LCI et Europe 1, Pierre Siramy, un ancien cadre de la DGSE, qui

vient de publier un livre de souvenirs chez Flammarion : Clotilde Reiss n’était certainement pas une étudiante ordinaire, elle avait à Téhéran de drôles de fréquentations. Sans être appointée comme agent, ni probablement rémunérée, cette jeune femme avait été recrutée comme informatrice par le chef de poste de la DGSE à Téhéran. L’utilisation d’honorables correspondants est aussi ancienne que l’existence de « la piscine », le nom familier donné aux services du boulevard Mortier.

PROFIL SÉDUISANT

Et le profil de Clotilde avait tout pour séduire un barbouze. Son père avait travaillé au CEA sur des dossiers sensibles, sa mère avait été médecin militaire et son doctorat portait sur la prolifération nucléaire, un sujet qui donnait une explication logique à son séjour à Ispahan, à l’ombre du centre iranien d’études nucléaires. Cette collaboration entre le chef de poste et la jeune étudiante, hélas, fut tout sauf discrète. Clotilde Reiss se rendait souvent à l’ambassade de France, alors que les rendez-vous auraient pu être pris dans des lieux moins

attendus. Elle remettait parfois des notes aux services extérieurs de l’ambassade, où travaille du personnel local, très souvent infiltré par les services iraniens. Durant l’été dernier, Clotilde Reiss envoya même en France des centaines de photos des manifestations dans le pays. « Les procédures prévues n’ont pas toujours été respectées », admet-on aujourd’hui au sein de la DGSE. Et les mêmes d’incriminer leurs collègues en Iran : « des amateurs ».

D

- Michel Rocard. L’été dernier, l’ambassadeur d’Iran en France, Seyed Mehdi Miraboutalebi, a tenté plusieurs médiations, via Rocard et même… via Dominique de Villepin. Très bon connaisseur des mollahs, Michel Rocard organisa, le 1er septembre 2009, une discrète rencontre entre l’ambassadeur d’Iran et Claude Guéant, le bras droit de Sarkozy. Hélas, le conseiller diplomatique de l’Élysée, JeanDavid Levitte, s’opposa à cette négociation qui supposait l’expulsion vers l’Iran de l’ingénieur Majid Kakavand. Pas question de bousculer notre calendrier judiciaire, explique Levitte aux Iraniens le 18 septembre avec l’aval de Sarko, la justice française doit répondre d’abord à la demande d’extradition de Kakavand formulée par les Américains. Ce qui fut fait plus tard, et par la négative, ouvrant une vraie fenêtre de tir.

Olivennes bien placé pour France Télévisions

Il l’avait pourtant démenti fermement auprès de ses journalistes mais, depuis, le vent a tourné. En privé, Denis Olivennes, actuel patron du Nouvel Observateur, n’hésite désormais plus à dire qu’il est le prochain patron de France Télévisions. Alexandre Bompard, l’actuel PDG d’Europe 1 et favori pour le poste, a pâti autant des indiscrétions d’Alain Minc que de l’opposition de Claude Guéant, militant de la reconduction de Patrick de Carolis. En retrait dans la course à l’échalote France Télé, démentant chaque fois son départ, DO, comme on surnomme Denis Olivennes, aurait-il misé juste ? Malgré ses réseaux, son million d’euros de revenus annuels déclaré au fisc – selon les informations exclusives de Bakchich – et son amitié avec Carla Bruni, le manager de gauche n’est jamais parvenu à s’imposer à la direction de l’hebdo de la gauche tarama. Une nomination à la tête de l’audiovisuel public permettrait une sortie par le haut pour l’ancien patron de la Fnac. Et le bonhomme a ses idées… DO a été l’un des inspirateurs de la réforme de l’audiovisuel public. Il est même l’auteur d’une note à l’attention de Sarkozy proposant des pistes de financement après l’arrêt de la publicité. Autre fait d’armes apprécié à l’Élysée, en juillet 2009, il n’avait pas hésité à faire la une du Nouvel Observateur sur l’interview qu’il avait réalisée avec le Président… sans même avertir les patrons du service politique de son propre journal. Bref, un homme assez indépendant pour préférer se mettre à dos sa rédaction plutôt que le pouvoir ✹ Simon piel

PPDA des ennuis

e-mails compromettants

Des pieds nickelés , il y en a ailleurs qu’à Téhéran. Bakchich connaît le cas d’un informateur français de la DGSE à Pékin, longtemps enseignant dans une école militaire chinoise, qui était débriefé à l’ambassade de France, alors que d’autres services occidentaux prenaient la précaution de n’établir aucun contact dans en Chine. Une certitude, les Iraniens surveillèrent « l’étudiante » de très près. In fine, leurs services interceptèrent un e-mail du père de Clotilde. Ce dernier lui conseillait de faire transiter son ordinateur par la valise diplomatique, utilisée généralement pour les transmissions ultrasensibles. « La France est un grand pays, ironisait à l’époque un officiel iranien, les étudiantes bénéficient d’un matériel particulièrement sophistiqué » ✹ Nicolas Beau

une négociation menée sans chichis ans l’histoire de la libération de Clotilde Reiss, le bonnet d’âne revient à notre ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dont les déclarations incendiaires contre Téhéran ont été particulièrement contre-productives. Au point que les Iraniens, la semaine dernière, ne posaient plus qu’une exigence : que Kouchner la ferme. Ce qu’il n’a évidemment pas fait. D’autres que lui ont été plus efficaces.

chef scoop

- Abdoulaye Wade. Comme l’a révélé la Lettre du continent, c’est dans le bureau de Claude Guéant que s’est concoctée, début 2010, une intervention francosénégalaise qui dissipa bien des malentendus. À la manœuvre, l’avocat Robert Bourgi, bien connu dans le village franco-africain, et Karim Wade, le fils du président sénégalais. - Les Syriens. Des émissaires de Claude Guéant, comme Robert Bourgi ou A.C., un ancien de la DGSE, ainsi que le patron de la DCRI, Bernard Squarcini, ont fait leur chemin de Damas. L’intervention syrienne aura été « très efficace », d’après une source élyséenne. - Le Président brésilien et le Premier ministre turc ont contribué, eux aussi, à l’heureux dénouement en apportant un fond de sauce diplomatique, à savoir la proposition, dès lundi dernier, d’un accord sur l’échange de combustibles nucléaires. - Les services français. Une fois n’est pas coutume, la DGSE et la DCRI, les deux branches du renseignement français, ont travaillé en parfaite entente. Les émissaires des deux maisons, P.K. et F.G., ont fait la navette entre Paris, Damas et Téhéran. Peu d’erreurs, au total, du côté français ✹ n. b.

Courbit en baisse

Depuis le 14 mai, les paris en ligne (sportifs et hippiques) sont ouverts à la concurrence. Si la loi est claire dans son intitulé, certains futurs acteurs ont dû la lire de travers. Le site Betclic, propriété de l’homme d’affaires Stéphane Courbit, propose de parier sur les audiences de la télé. Des paris « illégaux ». Et c’est la toute nouvelle Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) qui le dit. Contactée par Bakchich, l’autorité assure que « ces paris étaient illégaux avant la loi, ils le sont d’autant plus aujourd’hui ». La cote de Courbit est décidément en baisse.

Morin chasse à Thales

Le ministre de la Défense, Hervé Morin, se répand dans le Tout-Paris politique contre le patron de Thales, Luc Vigneron. Il lui en veut d’avoir fait capoter l’opération de rapprochement entre Thales et Safran, mariage qu’il a essayé de piloter. Du coup, tout comme le personnel de la boîte, Hervé Morin veut la tête de Vigneron, qu’il qualifie de « dépressif qui a rendu Thales dépressif ». En tout cas, il a rendu le centriste hilarant.

Hortefeux follet

Auditionné en commission des lois sur la réforme des collectivités, Brice Hortefeux a vite fatigué. Au point d’écourter l’exercice à 1 h 30 sur les trois initialement prévues. Commentaire du député socialiste Bernard Derosier à la sortie du premier flic de France : « Oh le ministre s’en va, il va retrouver les Auvergnats ! » Là-bas, ils doivent être moins ingrats.

Cercle de jeux

Rouvert sur les cendres du Cercle Concorde, dézingué par une enquête judiciaire lancée en 2006, le Cercle Cadet va aussi avoir droit à un petit débriefing par la justice. Les liens entre les nouveaux et les anciens proprios intéressent particulièrement les juges marseillais en charge de l’enquête. L’accent corse, sans doute…

Dur début d’été pour Patrick Poivre d’Arvor. L’ex-vedette du JT de TF1 va goûter aux joies du tribunal correctionnel de Paris en juin. Son ancienne bonne amie (et chroniqueuse dans feue son émission Vol de nuit) Agathe Borne l’assigne pour violation de la vie privée. La belle a peu apprécié Fragments d’une femme perdue, roman légèrement autobiographique où elle apparaît sous les traits de Violette. Voilà ce qu’il en coûte aux hommes de télé de tremper leur plume…

Ordures marseillaises

En pleine enquête sur les marchés publics, les affaires continuent à Marseille. Le 19 mai, la commission des marchés a procédé à l’ouverture des enveloppes des offres pour les contrats de ramassage sur le Vieux Port. Sauf que le dépiautage des enveloppes est en fait réalisé dans une salle attenante à la commission, par des fonctionnaires… qui se chargent eux-mêmes de remettre les propositions aux élus ! Les deux dernières attributions avaient donné lieu à autant de grèves d’éboueurs. Jamais deux sans trois ?

Juges en partance

Le palais de justice marseillais prépare deux pots d’adieu. La rigide juge Hélène Gerhards, célèbre pour avoir mené l’instruction contre l’abbé pédophile Pierre Dufour, part dans quelques semaines. Tout comme la star du coin, Charles Duchaîne. En charge de nombreux dossiers sensibles, Duduch’ s’est vu promettre la direction de l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc). Encore faut-il qu’elle soit créée. Pas avant 2011. La proposition de loi fait encore la navette entre l’Assemblée et le Sénat. Le temps de boucler quelques enquêtes…

ça fuite à Suez

La tuile. Deux jours avant l’assemblée générale annuelle prévue le 20 mai, Suez Environnement a vu fuiter l’info sur le contrat maousse (370 millions d’euros par an) du syndicat des eaux d’Ile-deFrance. Il va lui échapper et rester dans le giron du concurrent Veolia. Malgré les millions d’euros et les efforts humains investis pour rafler le dossier. « On est déçus », avoue une source interne, « mais notre projet était structurant et innovant ». La méthode Coué est soluble dans l’eau ✹

du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010 | Bakchich Hebdo N°25

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Apéro bal tragique

espionnage

sas, de l’érotique au géopolitique Gérard de Villiers signe, à 80 ans, son 182e polar. Il y explique la haine du colonel libyen Kadhafi pour la Suisse.

M

arko Linge, l’agent secret viril de SAS, aurait-il laissé sa libido au vestiaire ? Dans la Filière suisse, on doit attendre la page 33 pour que Liza enlève sa petite culotte. Habituellement, dès le premier chapitre, notre espion a déjà manqué de respect à une bonne demidouzaine de créatures. Qu’est-ce qui pousse Gérard de Villiers à s’intéresser à la paisible Confédération helvétique ? L’affaire Tinner. Du nom de Friedrich Tinner, ingénieur suisse spécialiste du nucléaire et ami intime d’Abdul Qadeer Khan, le père de

la bombe atomique pakistanaise. Italie. Un mois après, le pauvre Tinner et ses deux fils sont soupKadhafi, grugé par les Tinner, çonnés d’aider les « États voyous », met fin à son programme. du Pakistan à la Libye, à se doter Comme à son habitude, Gérard de de l’arme nucléaire, tout en traVilliers part d’une histoire vraie vaillant avec les Américains. « La pour construire son polar. Les CIA se servait des Tinner, d’une Tinner deviennent les Kruger, part pour pourrir les réseaux et l’Iran – « qui est plus dans l’actualité », dixit clandestins de l’atome, d’autre l’auteur – remLe colonel libyen Kadhafi part pour fourplace la Libye. a même demandé la guer à ces pays Durant l’été 2008, voyous du matéHannibal Kaddisparition de la Suisse. riel saboté », hafi, le fils le explique Gérard plus turbulent du « guide de la révolution », est de Villiers. À la fin des années 90, les Tinner aident Tripoli à arrêté dans un palace genevois. démarrer un programme d’armeSoupçonné, avec son épouse, de ment nucléaire secret. Mais, en tabasser ses employés, il passe octobre 2003, le bateau contenant deux jours derrière les barreaux. la technologie est arraisonné en Tripoli retire son argent de Suisse, interrompt les liaisons aériennes et retient en otage depuis juillet 2008 deux – puis un – hommes d’affaires suisses. Mouammar Kadhafi a même réclamé la disparition de la Suisse, « grise et gaie comme un furoncle », écrit de Villiers ! C’est beaucoup pour deux petits jours de prison. Finalement, l’affaire Hannibal n’aura été qu’un prétexte utilisé par Kadhafi pour se venger ✹ Amédée Sonpipet La Filière suisse, par Gérard de Villiers, éd. Gérard de Villiers, 312 pages, 6,99 euros.

Incorrigibles marchands de Tapie

Créé pour « empêcher les Français de se faire berner », d’après Bernard Tapie, le site de son fils Laurent, Bernardtapie.com, a adopté le slogan : « Nous payons la différence si vous parvenez à réserver votre billet d’avion moins cher que chez nous. » Sympa ! Après avoir déniché un aller-retour Paris-Marrakech, les 20 et 27 mai, pour deux personnes à 310 euros sur un site concurrent, au lieu de 534 chez Nanar, nous avons réclamé le pognon à Lolo Tapie. Mais, après dix minutes d’atermoiements, un employé a tranché : « Il faut que les avions décollent exactement à la même minute ».

Vivre de Zemmour et d’eau fraîche

Depuis qu’un apéro Facebook a dégénéré à Nantes, médias et politiques dénoncent ces fêtes organisées par Internet. Des déclarations pas assez anxiogènes pour Éric Zemmour. Sur RTL, le journaliste a sérieusement raconté comment Woodstock a produit « les soldats de la société de consommation », comment les rassemblements d’ouvriers dans les estaminets au XIXe siècle « ont donné les pouvoirs totalitaires » et que les croisades ont commencé par « les cohortes de jeunes exaltés au Moyen âge ». On n’ose imaginer le résultat des beuveries lancées sur Internet… Tant va la cruche à l’eau qu’elle parle.

Quelle technologie commandée par George W. Bush a coûté 1,1 milliard de dollars sans jamais fonctionner ? A. Un robot qui récite la prière à heures fixes. B. Une machine à effriter les Bretzels. C. Une clôture virtuelle aux frontières. D. Un détecteur d’armes de destruction massive. Réponse : C. Malgré la somme versée à Boeing, les détecteurs, censés scanner les individus à 10 km à la ronde, n’ont jamais pu faire la différence entre un immigré et des feuilles portées par le vent.

bab’ el web

véronique courjault libérée

Facebook : « Putain d’abrutis »

La protection des données personnelles sur le célèbre réseau social Facebook fait aussi jaser. Business Insider a publié un tchat du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, discutant avec un ami au lancement du site en 2004. « Si t’as besoin d’infos sur n’importe qui à Harvard, t’as qu’à demander. J’ai plus de 4 000 mails, photos, adresses… », se serait vanté le visionnaire. « Comment t’as fait ? » lui aurait demandé son compère. « Ils l’ont juste donné. Je ne sais pas pourquoi. Ils me font confiance. Putain d’abrutis. » Une profession de foi ✹

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Bakchich Hebdo N°25 | du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010

Taddeï bat de l’« Elle »

Un programme malchain

L’info. « Nous avons rencontré une poignée d’Indiens qui n’a jamais eu de contacts avec l’homme blanc », Haute Définition, TF1, 17 mai. Le décryptage. Dans la deuxième édition de l‘émission d’enquête qu’il produit et anime, Emmanuel Chain a présenté, ému, un reportage sur les Yawalapiti, une tribu d’Indiens du Brésil, assurant aux téléspectateurs qu’ils n’avaient jamais eu de contacts avec l’homme blanc. Las ! Comme l’a relevé Frédéric Bonnaud sur Europe 1, il s’agit d’un gros mensonge. Non seulement les membres de la tribu connaissent Michael Jackson et marchent en tongs, mais ils se sont également déjà rendus en Europe en 2007, avant de réaliser eux-mêmes un documentaire sur leur culture. Sur le site du Post, Emmanuel Chain déclarait avoir pleuré à la diffusion du reportage. De honte ?

Pour Orsenna, ya pas Fotto

L’info. « L’Entreprise des Indes, d’Erik Orsenna, voluptueuse fièvre du savoir », le Monde des livres, 6 mai. Le décryptage. Le supplément du Monde a beaucoup aimé le dernier ouvrage de l’académicien. Un « grand roman de la curiosité, encyclopédique mais jamais pédant ». Pas un mot en revanche sur la relation d’amitié qui unit Eric Fottorino, patron du Monde, et Erik Orsenna. Une vieille amitié qui les mena, par exemple, à écrire un ouvrage ensemble. Quand Eric Fottorino publiait son dernier livre, Orsenna déclarait dans l’Express : « Fottorino a des déterminations sans faille. Quand il décide de courir le Midi libre, ou autre chose, ce n’est pas seulement un désir, c’est une volonté, avec une résistance invraisemblable. » Comme quand il s’agit de soutenir des amis.

L’info. Le 11 mai, Valérie Toranian, directrice de la rédaction d’Elle, est l’invitée de Frédéric Taddeï dans son émission Ce soir ou jamais, sur France 3. Le décryptage. On a bien vu que Valérie Toranian n’a rien à dire. Disons que parler des retraites et du nuage volcanique à côté d’un intello surjoué comme Paul Virilio, ce n’est pas commode. Valérie a attendu que le temps passe, puis Taddeï lui a servi la soupe attendue, à propos de l’organisation, par Elle, des états généraux de la femme. Nous sommes ici dans la solidarité élémentaire : en dehors de son job à France 3, Taddeï pige aussi pour Europe 1, la station de Lagardère, lequel est aussi l’employeur de Toranian. Où, le jour même, le dévoué Frédo a déjà longuement interrogé la patronne du magazine féminin. En résumé, Frédéric utilise le service public pour faire la promo de ses compagnons de chaîne privée. Il nous a déjà fait le coup avec Nicole Avril, très immense romancière, et accessoirement femme d’Elkabbach, ponte chez Lagardère. Radio plus télé, c’est la double peine.

Leconte est bon

L’info. Comme chaque jour, ou presque, La chaîne parlementaire nous régale des commentaires politico-sociaux de Denis Jeambar qui, le 18 mai, a dit le plus grand bien de la série Carlos. Le décryptage. Carlos, cette interminable saga, est produite par Daniel Leconte, très grand ami de Denis Jeambar. Au moment de la mort du petit Mohamed al-Dura, tué à Gaza par des tirs israéliens, Leconte et Jeambar ont mené une campagne farouche contre notre confrère Charles Enderlin, journaliste à France 2 et auteur du terrible scoop sur la mort du gamin en direct. Non pas en s’exprimant dans leurs journaux – Leconte a son rond de serviette sur Arte –, mais en intervenant, en douce, auprès des dirigeants du service public, priés de virer Enderlin. Leconte et Jeambar, voilà des experts en matière de passion portée au journalisme ✹


Filouteries économie Finie l’époque faste des plans de relance. Comme les Grecs, les Français vont devoir se serrer la ceinture. François Fillon l’a dit, l’État est en faillite. Et pour remplir les caisses vides, on s’interroge au gouvernement : plutôt hausse de la TVA ou hausse des cotisations sociales ?

L’austérité est de rigueur

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éjà, Virgile le disait : il faut craindre les Grecs, même quand ils font des cadeaux… Et, cette fois-ci, le cadeau est clair : il s’agit de l’austérité… euh non, de la rigueur… enfin non, non… de la discipline budgétaire. Bref, il s’agit d’une réalité simple qui dépasse les Grecs, à savoir que l’enthousiasme dépensier des plans de relance de 2009 est derrière nous. Perclus de dettes, les États crient famine et, comme toujours, c’est le contribuable qui va les nourrir. Pour l’instant, c’est Matignon qui est à la manœuvre. L’Élysée, dans

sa nouvelle stratégie de rareté et le côté père fouettard, finalecommunicante, n’est pas forcément, ne lui déplaît pas, surtout ment mécontent de ne pas être s’il lui est permis d’affirmer que associé à la purge. Fort imprestout est de la faute de l’impéritie sionné par l’accablement de hellène. Zapatero, qui prend des postures Évidemment, les Grecs ne sont churchilliennes, ou par l’amaipour rien dans le fait que les grissement de recettes de l’État Papandréou, en France ne Endetté, l’État crie famine et couvrent plus Sarko I er prend ses précauc’est le contribuable qui va que la moitié tions. Être en de ses dépenses. encore une fois le nourrir. première ligne En revanche, la sur la crise est crise de l’euro, manifestement malsain au sens dont la dévaluation est saluée tout premier du terme et Sarkozy avec enthousiasme par les nosse soigne. talgiques des années d’inflation, Fillon, lui, est ravi : le Droopy de commence à inquiéter Bercy la Sarthe revient au premier plan concernant les taux d’intérêt que

l’État emprunteur va devoir subir Le projet fait son chemin et pluà court et moyen terme. Pour le sieurs députés de la majorité y moment, ils sont si bas que l’explosont favorables. Matignon pense sion de la dette passerait presque même pouvoir faire adhérer inaperçue en termes d’intérêts à Sarkozy à cette présentation. verser. Mais les taux se tendent D’autant que ce genre d’arguen Angleterre et aux États-Unis ties ennuie désormais assez et on voit mal comment il pourvite le Président. Que l’on purge rait en être autrement en zone dans les faux-semblants, mais euro. Et une hausse de 1 point qu’on ne le mobilise plus sur les détails : n’oublions pas qu’il sur les taux d’intérêts absorberait l’équivaprend du recul lent de 2 points et se situe à un Bercy penche pour une de TVA… De là niveau que ces hausse de la TVA, Matignon satanés Grecs à dire que l’étau se resserre, il qualifieraient préfère miser sur la CSG. d’« olympien ». y un mauvais esprit que les Maintien des gouvernants n’ont plus. dépenses à leur niveau actuel et augmentation de 2 points de Afin d’anticiper ces lendemains qui ne vont cesser de déchanter CRDS – cela rapporte environ 20 milliards –, on reste encore et plus que les multiples allers et loin des quelque 80 milliards à retours des négociations sur les retraites, Bercy prépare un tour trouver. de vis fiscal. Avec un léger penQuant à tenir les engagements chant pour une augmentation de affichés à l’horizon de 2013, la TVA, la déroute de 2007 sur la notamment vis-à-vis de Bruxelles, TVA sociale ayant été mal vécue. la méthode Coué revient en force. Les technocrates ont la mémoire Et telles des vestales, les crânes longue et sont en mal de revanche. d’œuf de gloser sur une croisMatignon préférerait miser sur la sance retrouvée, une discipline CSG. C’est rapide, clair et net ; un consolidée. Qui vivra verra, le coup de rabot cet été et le tour est temps y pourvoira… joué. Seul souci, la contribution À moins qu’Angela Merkel, la créée par Rocard se trouve dans nouvelle Thatcher de Berlin, se l’assiette du foutu bouclier fiscal. montre encore plus insistante. D’où la dernière idée en date : Pour l’instant, les fonctionnaires miser sur la CRDS. Clone de la peuvent se rassurer : baisser CSG créé sous Juppé, cet impôt, leurs salaires comme à Madrid qui sert à rembourser les dettes ou à Athènes demeure une hypode la Sécurité sociale, devait être thèse écartée à Matignon comme transitoire. Il n’a donc rien à faire à l’élysée d’un revers las de la dans l’assiette du bouclier fiscal, main. dispositif permanent s’il en est Seuls les socialistes font ce genre vu la pertinence du raisonnement de choses… ✹ qui a conduit à son instauration ! Matthieu Adenil

eurocrates, chapeau la retraite

L

e compositeur Iannis Xenakis étant parti au ciel, je ne peux lui téléphoner pour savoir comment on dit « poutre » en grec. Dommage, parce que c’est cette pièce de bois qui occupe l’œil des hauts fonctionnaires européens, ces prescripteurs de la rigueur, tant leurs salaires et conditions de retraites sont extravagants. Attachez vos ceintures, les chiffres, collectés par la trop discrète association Sauvegarde retraites, décoiffent. À Bruxelles, où chacun bénéficie de primes, de mois doubles et d’un régime dérogatoire, notamment en matière fiscale, la crème de la crème, ce sont les 129 plus hauts fonctionnaires, nababs indispensables au si parfait fonctionnement de l’Europe. Ceux-là bénéficient d’une retraite à taux plein au bout de seize années seulement. Alors que leurs cotisations sont versées non par eux mais par la déesse Europe. Un mandat de cinq ans suffit à leur assurer une pension de 5 000 euros par mois. C’est le cas du Français Jacques Barrot, qui nous honore en roupillant à Bruxelles (après

son premier mandat, il avait déjà droit à 4 728,20 euros de retraite). Au terme de seize années de dur labeur, ces membres du groupe des 129 peuvent espérer entre 12 500 et 14 000 euros mensuels, en fonction de leur dernier salaire « compensé » à 70 %. Prenons le cas d’un fantôme polyglotte, José Manuel Barroso, président de la Commission. Après les cinq premières années de son exemplaire gestion, et avant de repiquer pour un tour, il pouvait escompter 5 220 euros par mois, une prime de déménagement de 24 422 euros (alors que tous les frais sont payés) et un parachute de… 439 609 euros. Et pendant trois ans, Barroso percevra entre 40 et 65 % de son dernier salaire, qui bat des records avec 29 504 euros. Au casino communautaire, c’est la blonde suédoise Margot Wallström, vice-présidente de la Commission depuis 1999, qui peut envisager le gros lot : 1,89 million d’euros rien qu’en indemnité de départ et golden parachute ! Normal puisque le salaire moyen de cette caste d’élite est de 21 269 euros par mois.

a Quelques exemples de retraites de fonctionnaires européens. Vous êtes chômeur en fin de droits ? Devenez greffier à l’UE, le traitement mensuel y est de 16 327 euros. Si vous êtes plus mariole dans le chiffre que dans l’être, soyez président de la Cour des comptes à 23 405 euros. Si vous êtes ancien taulard, donc frotté au droit, présidez la Cour de justice, au tarif de 26 651 euros (si vous avez trois gosses à charge, on vous en donne 2 000 de plus). Et je vous fais grâce des primes et avantages, vous rappelant que ces gentils technocrates ignorent la douleur de l’impôt : le fonctionnaire européen vivant dans une

niche, au chaud de laquelle, bien sûr, il conserve tous les avantages acquis dans son propre pays. Pour le rire final – en attendant la lutte – , rappelons qu’Olivier Ferrand, le gugusse qui préside Terra Nova, la boîte à idées du PS, a longtemps été le choyé collaborateur de Romano Prodi, alors patron de la Commission européenne. C’est ce même Ferrand qui, aujourd’hui, propose de piquer des sous dans les retraites des Français. Versons-lui une prime de bâillon ✹

jacques-marie bourget

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H ors-la-loi, quand POLÉMIQUE En compétition à Cannes, le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb évoque la responsabilité française dans le massacre de Sétif en Algérie, en 1945. Le député UMP Lionnel Luca hurle au révisionnisme. Preuve que la France est loin d’en avoir fini avec les heures sombres de son histoire.

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n simple film doit-il raviver les blessures non soignées que le passif entre les deux pays n’a pas été apuré. Et que la lecture de l’Histoire ? Les Américains savent très bien décrire de l’histoire n’est pas la même des deux côtés de la Méditerranée. cette histoire immédiate dans leurs films. Actuellement, La divergence va même jusqu’à l’ergotage sur la conception du aux États-Unis, pas une seule production n’omet de s’intraité d’amitié proposé par Jacques Chirac en 2003. L’échec terroger sur la guerre en Irak, voire en Afghanistan. En de sa signature montre l’incapacité des Français et des AlgéFrance, même après cinquante ans de réflexion, ce type riens à s’associer pour écrire ce passé commun. Cette histoire impossible reste donc, pour certains, une arme commode : si de constat est douloureux. Évoquant le massacre de Sétif, en 1945, où une rébellion algérienne a été l’ancienne puissance coloniale a la mauvaise conscience trop réprimée, Hors-la-loi, de Rachid Bouchareb, fait l’objet d’une polémique discrète, un homme comme Bouteflika sait qu’il peut raviver d’enfer (lire « Lionnel Luca, l’homme par qui le scandale est arrivé »). Le un nationalisme bien utile sur le thème des excuses de la film revient sur des événements que la République française pensait France. Débat qui a la vertu de détourner les Algériens avoir oubliés. des priorités qui sont les leurs. Et l’ambivalence franco-algérienne au niveau de la fabrication du film En France, ce n’est pas un hasard si la polémique autour renforce la querelle. Le long-métrage est sélectionné du film émane de Lionnel Luca, député à Cannes en tant que film algérien. Mais il est financé UMP des Alpes-Maritimes. Ces Les « passés recomposés » en majeure partie par la France (lire « Une fuite dans départements comptent une imporle porte-monnaie ») et produit par un Franco-Algérien. tante communauté de pieds-noirs, brouillent l’histoire des Des sources multiples qui contribuent à l’émergence pèsent considérablement sur relations franco-algériennes. qui le vote local. En juillet 2005, une d’un nouveau regard sur les faits historiques, celui des bi-nationaux. Fruit de cette coproduction métissée, stèle n’a-t-elle pas été érigée à Hors-la-loi est une adaptation libre de l’histoire du massacre de Sétif, Marignane à la gloire des assassins putschistes de l’Organisation de l’armée secrète ? point de départ, pour le réalisateur, de la guerre d’indépendance. Mais, contrairement au précédent film de Bouchareb, Indigènes, qui traitait Pour l’historien Mohamed Harbi, il existe deux paradigmes : celui des nationalistes français sûrs d’un dossier franco-français, Hors-la-loi retrace le parcours de trois frères algériens, survivants du massacre de mai 1945 (plus de 10 000 de la « fonction civilisatrice de la colonisation ». Et morts). Ils se retrouvent à Paris, d’où ils vont s’engager dans la révolucelui des Algériens qui pensent que la période prétion naissante pour conquérir l’indépendance de l’Algérie. coloniale était parée de toutes les vertus. Ces « passés recomposés », selon l’expression d’Harbi, ont en Si Bouchareb avoue que son film n’a rien d’un documentaire historique (El Watan, 10 mai 2010), il exprime néanmoins sa « volonté, à travers le commun de faire fi de l’Histoire, la vraie, celle des cinéma, de mettre la lumière sur une partie de l’histoire des deux nations ». historiens. Celle qui prend en compte la logique de Et son message a d’autant plus de chances d’être pris au sérieux que la colonisation et oblige à s’interroger sur l’état réel celui qu’il a fait passer avec Indigènes – l’injustice subie par ces anciens de cette société précoloniale (lire « Une nouvelle génération apparaît après Sétif »). Le regard de combattants qui ne percevaient que 5 ou 10 euros de pension par trimestre – fut entendu par Jacques Chirac, qui s’empressa de corriger, Bouchareb n’est ni français ni algérien, c’est le un peu, le tir en leur octroyant une petite « rallonge ». regard d’un réalisateur soucieux de revenir, le Si Hors-la-loi est violemment contesté par les pieds-noirs activistes, temps d’un film, sur des événements honteux, maillon rouge d’une longue histoire ✹ c’est parce que, pour ceux-là, c’est le moyen de raviver le débat sur la loi du 23 février 2005 qui souligne « le caractère positif de la colonisa Khadija Mohsen-finan tion ». Les tensions récurrentes entre la France et l’Algérie montrent Enseignante et chercheur

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La Croisette s’amuse

n nous l’annonçait comme un des événements majeurs du festival de Cannes. Pourtant, durant toute la semaine précédant sa projection, Hors-la-loi n’a pas semblé faire débat. En fait, sur la Croisette, peu de monde en parle… On aurait pu croire le contraire : le sujet, la guerre d’Algérie ou « guerre sans nom », dixit le réalisateur, ne relève pas du pur divertissement. Et c’est peut-être bien là le hic. La nuit cannoise s’accorde moins avec les problématiques historiques qu’avec les grandes marques internationales de sodas et de bijoux, qui organisent des soirées hautes en couleur (rouge, blanc, rosé). On y croise un Michel Denisot clinquant lors de la fête de Canal +, un Frédéric Beigbeder malicieusement azimuté sortant de son direct pour l’émission de cinéma le Cercle, avouant qu’il n’a pas évoqué avec ses chroniqueurs le cas Hors-la-loi. Plus loin, Gaspar Noé, le réalisateur français le plus trash depuis son Irréversible, savoure les compliments que l’on fait sur son film Enter the Void, qui ne parle pas du massacre de Sétif mais du kiff provoqué par les substances psychotropes. L’homme n’aime que les jeux interdits pour adultes et cela plaît puisque Cannes, passé 22 heures, ressemble à une matrice assoiffée de légèreté et d’hédonisme. Dans cet univers hors du monde, le vrai cinéma semble être celui de l’oubli, comme si ce grand bazar de la gaudriole n’était qu’un jeu de dupes afin de cacher un malaise plus profond : notre mal-être en période de récession. Pourtant, il y a de beaux moments.

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Comme lorsque Thomas Séraphine, du groupe Action discrète, secoue une bouteille de Badoit sur la foule en folie attroupée derrière les barrières du Martinez pour l’arrivée des ringards Jean-Claude Jitrois et Sarah Marshall. « Si pour vous ce sont des stars, alors voilà votre champagne… » Les acteurs Melvil Poupaud et Mathieu Demy semblent en connivence mais un peu distants à l’égard de ce grand chahut noctambule : « Horsla-loi, on ira le voir, parce que ce type de film soulève des problématiques importantes qu’il ne faut pas rater. » Quant à Sébastien Thoen, d’Action discrète, il n’a de cesse d’expliquer à son employeur, Rodolphe Belmer, qu’il serait bon qu’il quitte la vice-présidence de Canal +… Alors, le film de Rachid Bouchareb pouvait-il être le sujet de conversation des arcanes cannois ? Ici, on se soucie peu que le député UMP Lionnel Luca trouve le film « révisionniste, une falsification de l’histoire ». Ici, des hommes et des femmes tentent d’oublier leur quotidien. Évidemment, les sanglots de l’Histoire ne font guère recette. Et peut-être faut-il s’accorder l’indulgence de ne blâmer personne. Affaire à suivre lors de la sortie en salles, le 22 septembre ✹ Renaud Santa Maria

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a Rachid Bouchareb, le réalisateur de Hors-la-loi, monte les marches de Cannes.


la F rance fait son cinéma Lionnel Luca, l’homme par qui le scandale arrive Vice-président du conseil général et député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca est à l’origine de la polémique sur le film Hors-la-loi. Un personnage haut en couleur.

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u gaullisme, Lionnel Luca a gardé le prénom de ses enfants, Charles et France. Et un titre, député de la Nation, qu’il revendique sur son blog. Son amour du Général connaît pourtant quelques infidélités. Comme celle de vouloir à tout prix sauver les meubles de la présence française en Algérie. À laquelle De Gaulle a mis fin en 1962, après cent trente ans de colonisation. Un entêtement méthodique fondé sur des frappes médiatiques lancées dès que l’occasion se présente. Admirez le boulot !

cajoler le fn

Sur le dernier long-métrage de Rachid Bouchareb, Hors-laloi (qu’il n’a pas vu !), il crie au film « anti-français », à « l’irresponsabilité » de l’auteur et du Centre national du cinéma qui l’a financé en partie. En cause, l’interprétation du rôle joué par l’armée française dans le massacre de Sétif, en 1945. Pour déminer le terrain et préparer l’attaque, Luca a envoyé, en décembre dernier, une lettre à son ami « bac moins cinq », Hubert Falco, secrétaire d’État à la Défense

et aux Anciens combattants. La bafouille accuse le scénario d’être « manichéen et bien-pensant ». Ce à quoi Falco a souscrit dans sa réponse datée du 15 janvier 2010, évoquant « des invraisemblances grossières ». C’est la presse d’extrême droite, Novopress et Minute, qui avait eu les faveurs de cette

exclusivité. Pas franchement étonnant quand on connaît le loustic. Élu dans les Alpes-Maritimes, sur des terres où le FN a fait 21 % aux dernières régionales, Luca sait cajoler son électorat. En partie grâce à « un pacte de non-agression avec l’extrême droite du coin », confie une huile locale.

plaire aux pieds-noirs

Depuis 1997, Luca passe le cap des législatives avec plus de 60 % des voix. Lui qui a fait une brève excursion en 1999 du côté des souverainistes de Philippe de Villiers et de Charles Pasqua, avant de se ranger, plus sagement, à l’UMP, en 2002. Depuis, il met un soin tout particulier à ne pas froisser les piedsnoirs, très influents sur son territoire. En témoigne son amitié avec Gabriel Anglade, un factieux de l’Algérie française, présent sur les listes municipales UMP de Cagnes-sur-Mer en 2001. Ex-membre de l’Organisation de l’armée secrète, Anglade est connu pour avoir participé à l’assassinat de six inspecteurs des centres sociaux éducatifs, le 15 mars 1962 à Alger. Ensuite, quel sprint ! 2002, il vote contre la journée natio-

Une fuite dans le porte-monnaie E

n 2009, Rachid Bouchareb cherchait des sous refusé de financer Hors-la-loi à cause de l’orientation du film, trop pro-FLN, selon lui », nous a confié un pour son film Hors-la-loi. Pas une menue somme, puisqu’il allait coûter 20,55 millions d’euros (soit membre de son entourage. Quelques mois plus tard, le 9 septembre 2009, un le quatrième devis français cette année-là). L’acteur Jamel Debbouze, toujours prêt à filer un coup rapport du service historique de l’armée frande pouce aux aventures auxquelles il participe ou çaise relève des « erreurs » et des « anachronismes nombreux et sérieux ». C’est sur ce document, qui qu’il apprécie (il soutient Bakchich), se met alors en quête d’argent. Il se tourne vers l’un de ses proches, lui aurait été transmis par le secrétaire d’État à Bertrand Labbé, l’homme qui, dit-il, le fit « passer la Défense et aux Anciens combattants, Hubert du RMI à l’ISF ». Falco, que le député UMP Lionnel Luca se fonde Ce dernier lui obtient un rendez-vous avec le finanpour lancer la polémique. Mais comment le service cier Marc de Lacharrière, ancien de l’armée s’est-il procuré un scénuméro deux de L’Oréal, classé nario seulement connu de l’équipe Qui a fourni le scénario vingt-cinquième plus grande fordu film, et de très rares journatune de France en 2007. Lacharrière, du film au service historique listes ? Marc de Lacharrière est qui a en tête le succès d’Indigènes, montré du doigt. de l’armée française ? autre film de Rachid Bouchareb, se Quoi qu’il en soit, question thunes, propose de contribuer au financeRachid Bouchareb a finalement ment de Hors-la-loi. Et entame les négociations. réussi à dégoter le nécessaire. Hors-la-loi a été financé à hauteur de 59 % par la France, 21 % par Sans doute pour plaire à son mécène, Jamel Debbouze accepte de présenter son spectacle lors d’une l’Algérie, 10 % par la Tunisie et 10 % par la Belgique, soirée organisée par le milliardaire le 18 mai 2009, selon le Centre national du cinéma, qui a lui-même sous l’égide de sa fondation Culture et diversité. Les apporté sa contribution, avec une avance sur recette festivités se déroulent au théâtre du Rond-Point, à de 650 000 euros. Lassé, Jamel Debbouze, contacté deux pas de l’avenue des Champs-Élysées, à Paris. par Bakchich, estime que la querelle autour du film Et avec quels invités ! Les ministres Rachida Dati, est « stérile ». Et l’humoriste d’ajouter : « C’est un peu Xavier Darcos, Michel Barnier, Valérie Pécresse et comme le débat sur la burqa ou le port du voile, je l’ancien président de la République Jacques Chirac n’en vois pas l’intérêt. Il y a d’autres questions bien plus préoccupantes. » De quoi clouer le bec aux cherparticipent à cette divine sauterie. Mais voilà, après la fête, Marc de Lacharrière lit le scénario. Puis cheurs de poux ✹ annonce qu’il préfère se retirer. « Il a finalement anaëlle verzaux

nale à la mémoire des victimes de la guerre d’Algérie. En 2003, il demande la suspension du film d’Hervé Bourges, un Parcours algérien, naissance d’une nation. En 2005, il se pose en héraut de la défense de l’article sur le « rôle positif » de la colonisation. La même année, il réclame la note des frais d’hospitalisation du président algérien Bouteflika, à Paris. En 2007, il manifeste au côté de mille pieds-noirs et harkis avec l’ex-maire FN de Nice, Jac-

ques Peyrat. À l’Assemblée aussi, point de répit. En 2009, il pose une question écrite sur « la situation des pieds-noirs qui pensent avec douleur à leurs morts restés en Algérie ». Dernière pépite médiatique ? Une proposition de loi du 30 avril sur les « souffrances subies par les citoyens français d’Algérie victimes de crimes contre l’humanité ». Si, avec ça, il ne remporte pas la palme du meilleur acteur… ✹

louis cabanes

“Une nouvelle génération apparaît après Sétif” Benjamin Stora Vous êtes un des plus grands spécialistes de l’Algérie contemporaine. L’événement de Sétif a-t-il été une date fondatrice ? Beaucoup d’historiens considèrent que les massacres de Sétif et de Guelma, en mai 1945, ont été un drame fondateur de la guerre d’Algérie. Ils ont fait 103 victimes européennes et près de 10 000 victimes musulmanes. La perspective d’une Algérie française égalitaire et conviviale s’éloigne alors d’une manière définitive. Le général Tubert, dans son rapport sur ces massacres, prévenait : « Attention, je vous ai donné la paix pour dix ans. » Il avait raison, une nouvelle génération entre en scène. Des hommes que l’on va retrouver en 1954 à la tête du FLN. En quoi la polémique du film Hors-la-loi est-elle symptomatique d’une certaine guerre des mémoires ? La polémique sur le film Hors-la-loi montre que les « indigènes », lorsqu’ils combattent pour libérer la France, ont le droit d’occuper les écrans. Mais lorsqu’ils veulent se débarrasser du système colonial, on leur conteste cette place. La polémique avait été la même à propos de la Bataille d’Alger, en 1966. La délégation française au festival de Venise n’avait pas voulu assister à la projection du film. Même si l’on n’est pas toujours d’accord avec ce que peuvent dire les Algériens, il est normal que le film Hors-la-loi soit présenté, sous la bannière algérienne, dans un festival international. Le point de départ, c’est d’accepter et de voir ce qu’est l’autre. Comment expliquez-vous que les nostalgiques de l’Algérie française aient autant d’échos ? Lors de la sortie de la Bataille d’Alger, il n’était pas possible d’entrer dans une salle : elles étaient plastiquées. Il a fallu attendre 2004 pour que le film soit diffusé dans une salle à Paris sans causer de problème. Aujourd’hui, les batailles restent médiatiques, elles ne sont plus dans la rue. Il y a tout de même une bataille de réhabilitation de la mémoire à travers la loi du 23 février 2005 ? Il y a une histoire qui ne passe pas pour une partie de la population originaire d’Algérie, c’est l’indépendance du pays et la politique du général De Gaulle. Mais, presque deux générations plus tard, pour les jeunes, cette bataille paraît archaïque, éberlués qu’ils sont qu’on puisse vouloir interdire un film. Quel peut être le projet des partisans de l’Algérie française en 2010 ? Se venger des immigrés en France, reprendre le pouvoir en Algérie ? Il n’y a pas de projet politique ! Seule peut exister la réconciliation des mémoires ✹ Recueilli par anthony lesme www.bakchich.info

Le 5 juillet, “jour de fête” pour les nostalgiques de l’Algérie française : http://minu.me/2e82

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Filouteries rébellion au placard

les invités du dîner de cons

confidences Panique chez Aubry

Pas de chance : pour une fois que Martine Aubry voyageait à l’étranger, elle a raté des épisodes. En déplacement en Inde, elle a été bloquée par le nuage islandais. Puis elle était en Chine pendant la crise financière, sur laquelle on ne l’a quasiment pas entendue. Et enfin elle était… à Lille quand tout le monde ne s’intéressait qu’aux retraites. En début de semaine, panique rue de Solférino. Les contre-propositions du PS sur les retraites ont été annoncées pour le jeudi, puis pour le mardi suivant, avant d’être discutées in extremis le jour même. Ce qui a permis à la première secrétaire du PS d’être invitée au 20 heures de France 2 mercredi, vingt-quatre heures avant que DSK soit enregistré pour À vous de juger. Le match est lancé.

Royal n’attaque pas DSK

poésie

Assemblée, prose combat !

C

omme il y a un avant et un Dans sa version moderne des après Jésus-Christ, il existe amours tumultueuses, on peut deux catégories de députés, citer le tercet du député Modem les poètes d’hier, buveurs de vers, Jean Lassalle, en janvier dernier : « Mon cochon préféré, c’est et ceux d’aujourd’hui, buveurs de bières. La première, l’Assemune petite cochonne, c’est mon blée littéraire, de la Révolution épouse. » Ou la pastorale de l’UMP française aux oripeaux du gaulÉric Raoult à propos de la présenlisme, est traitée dans une petite tatrice télé Maïtena : « Elle fait anthologie de textes sortie ce monter le taux de testostérone, le mois-ci aux édimatin. Dès que tions Ginkgo. La je mets la matiLes députés actuels sont seconde, moins nale, je demande moins bons que les anciens à ma femme de officielle, comsortir. » pilée pour vous pour faire des vers. par Bakchich, Et cette sortie du fait état des slip d’un accéléplus belles saillies de nos élus rateur de particules du Nouveau ces dernières années. La faconde centre, Charles de Courson, en 2002 : « Quand on donne des leçons du Palais-Bourbon vaut-elle un tel panthéon ? À lire Saint-Just, de morale, madame Royal, il faut Lamartine, Hugo, Jaurès, Senavoir les culottes propres. Vous ne les avez pas ! » ghor et Césaire, présents dans l’ouvrage, on ne peut que les préÀ gauche, pas mieux. Le député férer à un débat sur la réforme PS Laurent Cathala, réagissant des collectivités sur les bancs de dans l’Hémicycle au viol d’une l’Assemblée. femme policière, lançait à une députée de l’opposition : « Cela De Robespierre, dans son hymne à la rose : « Je vois l’épine avec la ne risque pas d’arriver à Suzanne Sauvaigo ! » rose/Dans les bouquets que vous m’offrez/Et lorsque vous me céléNi à Roger Karoutchi, à l’esprit brez/Vos vers découragent ma bien plus ouvert pour ses listes prose. » Ou de Victor Hugo, élu en aux régionales de mars : « Oui à 1848, qui, dans un Paris insurgé, des gens nouveaux, sinon ça fait professait : « Parler, prier, sauver des listes ménopausées. » les faibles et les forts/Sourire à la Quant au Platon du Palaismitraille et pleurer sur les morts. » Bourbon, Lionnel Luca, il déclarait du haut de sa vertu, en 2005 : Il y en a, dans le bouquin, pour tous les goûts. Des écrits lyriques « Sans la colonisation, ni Léon Berà la gloire de la République aux trand ni Azouz Begag ne seraient poèmes ouvriers, en passant par ministres de la République française. » Aux grands hommes la les bucoliques et les satiriques. patrie reconnaissante ! ✹ l. c. Comme Léon Blum qui, de sa compagne, écrivait : « Pendant que tu recueilles, en des rêves trop subL’assemblée littéraire, petite anthologie tils/L’eau miroite entre les feuilles, des députés poètes, par collectif, éd. Ginkgo, et le ciel entre tes cils. » 233 pages, 14 euros.

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Une fois de plus, les journalistes n’ont rien compris : Ségolène Royal dément avoir attaqué Dominique Strauss-Kahn, contrairement à ce qu’affirmait le Parisien (« Royal cible DSK »). C’est vrai : l’ex-candidate à la présidentielle s’était contentée de critiquer… le Fonds monétaire international (FMI). « En Grèce comme ailleurs, écrivait-elle, le FMI applique la même méthode : abaissement des salaires, démantèlement de la protection sociale, hausse des taxes… » Sa conclusion : « le FMI n’a pas changé » et la Grèce est « rançonnée ». C’est sans doute un hasard si Strauss-Kahn est justement le directeur général du FMI.

La paix des braves marseillais

Le célèbre restaurant marseillais Calypso, sur la corniche du Président-Kennedy, a pris des airs de Canossa le temps d’un repas, le 17 mai. Suspecté par Jean-Noël Guérini, président du conseil général et de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, de guigner la mairie et d’attiser les enquêtes judiciaires sur son compte, Patrick Mennucci y a invité à déjeuner – une rareté, osent d’odieux persifleurs – Alexandre Guérini, frère du président et principale cible d’une enquête sur les marchés publics marseillais… Quel meilleur endroit qu’un bord de falaise pour signer une trêve ?

Ollier triomphe

Patrick Ollier est content et il le fait savoir. Le compagnon de Michèle AlliotMarie, qui semble souvent las de vivre dans l’ombre de la garde des Sceaux, est classé premier dans le palmarès des députés établi par Vincent Nouzille sur le site Lesinfos.com. Il est vrai qu’il est président de la commission des affaires économiques et qu’à ce titre il a son mot à dire sur de nombreux dossiers. Avec 368 interventions, il devance François Brottes (PS), Pierre Méhaignerie (UMP), Jean-Pierre Brard (PC) et Charles de Courson (Nouveau centre). En 2008, Ollier n’avait été devancé que par Didier Migaud, nommé depuis président de la Cour des comptes ✹

L’HUMEUR DE PROBST Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, de Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité. Voilà que l’Algérie transporte la smala de son histoire, donc aussi de la nôtre, au festival de Cannes. Avec de drôles de héros, comme ces pauvres moines de Tibérine capables de prier le Dieu des cathos là où ils le souhaitent. L’autre sang est celui qui a coulé à Sétif en 1945, l’européen d’abord, puis le musulman, à flots. Avec l’Algérie, c’est terrible. Je rêve d’un traité d’amitié et c’est toujours la chicaya. Il faut purger l’Histoire. Dix-huit ans après la fin de Hitler, De Gaulle et Adenauer s’embrassaient. Avec l’Algérie, quarante-huit ans plus tard, on dort toujours à culs tournés. ça ne peut plus durer. L’Afrique ne me désespère pas. Dans sa catastrophe quotidienne, il y a des gens admirables, qui ont l’envie de vivre debout. Que faire ? Vous avez des Mugabe, des Sassou-Nguesso, dictateurs jamais rassasiés de l’argent et du sang des leurs. Vous avez Wade au Sénégal qui, naguère, chez moi, dressait le tableau du futur de son pays, avec lui à sa tête, dévoué au peuple… Tout cela va finir grâce aux Africains de la diaspora. Ils se mettent à se passionner pour leur pays natal. Certains rentrent chez eux avant que la Chine ait acheté toutes leurs terres. La France est

out, nous n’avons pas de politique, sauf celle des potes. Pour en finir avec l’Algérie, madame Dati a, semble-t-il, de riches et puissants supporteurs dans ce pays. Après la couverture de Paris Match, se présentera-t-elle à l’Élysée en 2012 ? On le dit. Avec l’heureuse libération de Clotilde Reiss, nous restons en Afrique, puisque Wade a été mobilisé. L’épisode a montré notre incohérence politique, celle de l’adjudant, avec ordre et contre-ordre et pas de côté. Quant à Kouchner, il nous donne toujours l’impression d’être l’invité d’un dîner de cons. J’entends des gens qui agitent les chaînes du prisonnier Pierre Falcone, condamné dans l’Angolagate. C’est vrai qu’au moment où on libère madame Courjault, la congeleuse d’enfants, certains se demandent ce que Falcone fait en taule. Les juges auraient dû prêter plus d’attention à son statut, pourtant bien réel, de diplomate. En Angola, le riche pétrolier Dos Santos est furibard. Jadis n’a-t-on pas laissé filer un type de l’ambassade d’Irak qui avait pourtant tué un policier français ? À propos de diplomates, certains des nôtres ne sont-ils pas coincés dans le dossier, irakien lui aussi, de pétrole contre nourriture ? Sale affaire ✹

polanski : jack ne tient pas sa lang Interviewé par la presse suisse, Jack Lang affirme que Roman Polanski ne doit pas être extradé vers les États-Unis pour être jugé, sous prétexte que sa victime lui a pardonné. Se prévalant de sa formation de docteur et d’agrégé de droit public, l’ancien ministre de la Culture a multiplié les contre-vérités dans le Matin de Lausanne, le week-end dernier. Dans l’article intitulé « La Suisse que j’aime ne peut pas extrader Polanski », Jack Lang assure que le cinéaste « a payé ». « Il a été emprisonné. Il a déjà répondu de ses actes devant la justice américaine. » Il oublie de dire que Polanski, soupçonné d’avoir eu, en mars 1977, une relation sexuelle avec Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans, n’a été incarcéré qu’un mois et demi, avant de profiter d’une libération sous caution pour s’enfuir en France. Le socialiste assure que, si le réalisateur se trouvait de nouveau derrière les barreaux, « ce serait trop injuste et trop contraire à l’esprit du droit ». En quoi ? Jack Lang prétexte que Polanski a conclu un accord avec la famille de Samantha Geimer. « Elle-même souhaite que le dossier ne soit pas rouvert. » Jack Lang devrait savoir que le pardon n’excuse pas la faute. Même si la famille a accepté de l’argent pour fermer les yeux, le ministère public est là pour faire respecter la loi. Pour l’ancien ministre, il n’y a là que « manipulations » de la justice américaine. Il en appelle aux valeurs du « pays le plus démocratique d’Europe », pour que celui-ci n’extrade pas le cinéaste. Sur le site Internet du journal, les lecteurs se sont bousculés pour conspuer l’ancien ministre : «M. Lang conseille à la Suisse de ne pas tenir compte des accords officiels qu’elle a signés. Bel exemple de loyauté internationale. Et après, c’est la Suisse que l’on montre du doigt », écrit notamment un internaute ✹

amédée sonpipet


Bazar Internet Vous rêvez de faire votre vie avec une mordue de hard-rock ou un inconditionnel des légumes bio ? Connectez-vous sur le Web ! Les sites de rencontres se multiplient et, pour sortir du lot, exploitent des niches de plus en plus ciblées. Parfois jusqu’au n’importe quoi.

Va DRAGUER dans ta niche L e site Web Equiflirt.fr veut fédérer les passionnés d’équitation ; Vienscourir.fr, les frappés du footing ; Velibataire.com, les utilisateurs de Vélib’ à Paris ; Metalmeet.fr, les fans de hardrock ; Rencontremonchien.com, les amoureux de la race canine. Il y a aussi Marmitelove.com pour les amateurs de cuisine, Lovepeace.ch pour les fidèles de l’association Greenpeace, Amours-bio.com pour les végétariens ou encore Gamecrush.com, pour les accros aux jeux vidéos. Les sites de rencontres pullulent, à tel point qu’on ne parvient plus à les dénombrer. L’observatoire spécialisé Datingwatch.org les estime à plus de 2 000 sur la Toile française. Apparaissent même des niches dans les niches. Exemple avec Rencontre-unique.com, premier site ciblé sur une couleur de cheveux, le roux. 90 % des 15 millions de célibataires en France surfent sur Internet – c’est dire si le marché est juteux. Il est devenu difficile

Le coup de foudre par test ADN Lorsque le marché des sites de rencontres était peu développé, la promesse d’être mis en contact avec beaucoup de célibataires suffisait à attirer le client. Avec le temps et l’augmentation du nombre d’inscrits, les sites sont passés à une approche plus qualitative, avec des tests de personnalité et autres concepts scientifiques censés sélectionner les personnes qui vous correspondent le mieux. Sur ces sites de rencontres dits « par affinité », le phénomène de niche existe aussi. Positive-synergie.fr se targue ainsi d’être le premier site « fondé sur un algorithme de mesure de risques de conflits interpersonnels » – en clair, on évalue la potentielle « prise de bec » avant même que les virtuels tourtereaux se soient parlés. Scientificmatch.com va plus loin et utilise le test ADN pour calculer la compatibilité entre ses membres : « Une meilleure vie sexuelle, une relation amoureuse durable et des enfants en meilleure santé » sont les arguments avancés pour pousser l’internaute à envoyer son extrait de salive ✹ a. s.

de s’y positionner sans un budget site réservé aux « gens beaux ». publicitaire faramineux. Seule En janvier dernier, le site a exclu 5 000 de ses adhérents au motif solution, trouver des idées originales : comme Gleeden.com, site qu’ils avaient pris trop de poids de rencontres extraconjugales, durant les fêtes de Noël : « Laisser concept scandaleux et moderne les replets coloniser notre site est repris par tous les médias après une menace directe à notre busisa création, en septembre derness plan », explique le fondateur, nier. Ou encore, pour qui les Allocougar.com, triés Le site Web Beautifulpeople membres, autre success sur le volet, doistory, un site vent respecter a exclu 5 000 de ses pour femmes les canons de la adhérents pour surpoids. mûres désirant beauté. Ni une s’acoquiner ni deux, le site avec des hommes plus jeunes. Curvyblackbook.com surfe sur Après trois mois d’existence, le cette annonce et offre aux grassite s’est glissé dans le top six des souillets exclus par Beautifulsites de rencontres, avec 70 000 inspeople un abonnement gratuit d’un an : « Curvy est un site pour crits. Coût initial d’Allocougar : entre 2 000 et 3 000 euros. Grâce ceux qui n’ont pas besoin de mourir aux inscriptions payantes, le site de faim pour répondre à l’image fait vivre quatre salariés. erronée que la société se fait de la beauté. » Et toc ! Exister, c’est communiquer. Or une communication efficace revêt Sans business plan, sans com souvent une légère touche de pro– bref, sans le subtil savoir-faire vocation. « Le meilleur exemple est pour être stratégiquement placé le site Adopteunmec.com, devenu sur Google –, impossible d’exister. en quelques années un acteur Y compris quand la niche est bonne. En septembre 2009, Véromajeur au sein de l’Hexagone en ne dépensant quasiment rien nique Touchet lance Rencontreen pub », observe Datingwatch. militaire.com, site spécialisé Créé en 2007, ce site a effectivedans les « relations amicales et ment choisi un positionnement amoureuses entre militaires et/ou singulier : celui du supermarché avec des civils ». La fondatrice de la drague, où les femmes, maîobserve une constante progrestresses à bord, choisissent des sion du nombre de ses adhérents. « hommes-objets à câliner ». CerIls restent cependant trop peu tains profils masculins apparaisnombreux avec un peu plus de sent même en « promo du jour ». 1 000 inscrits. Rencontre-militaire Les jeunes femmes adorent : plus risque à terme de se voir piquer de quatre millions d’inscrites le concept par un concurrent plus depuis l’ouverture du site. offensif. L’autre brillant coup de pub est Et puis, sans autre service que celui de Beautifulpeople.com, celui de la rencontre, impossible

de fédérer l’ensemble d’une communauté. Ce qu’a su faire Itsrencontres.com. Et pourtant, sa thématique n’est pas franchement folichonne. Parmi ses membres cherchant l’âme sœur, on trouve Fabien, 38 ans, cheveux blonds, qui aime la marche en forêt, vit à Montréal… et souffre d’herpès génital. Ce site canadien dédié aux personnes atteintes d’une maladie sexuellement transmissible joue sur le thème a priori le plus antisexy. VIH, papillomavirus, gonorrhée, chlamydia, chancre mou, syphilis – tout y est. Mais le site communautaire prend ici tout son sens puisqu’il

permet aux personnes de sortir d’un certain isolement et d’accéder aux diverses ressources disponibles pour aider, informer et éduquer sur les MST. Quid des niches de demain ? Avec le lancement annoncé de Cupidtino.com, site de rencontres pour les fans d’Apple, les habitudes de consommation sont désormais en ligne de mire. Se rencontrer sous le haut patronage d’une marque (forcément glamour) pourrait devenir le summum du romantisme. À quand des rencontres Chanel, Nutella ou Porsche ? ✹ anne steiger

les faux Sites de rencontres surfent sur la vague

Z

ombieharmony.com est l’un des « meilleurs sites de rencontres pour zombies », dédié uniquement à ceux-ci. La mise en garde est précise : « Ce site est formellement interdit aux humains. Sortir avec un zombie nous expose à l’Apocalypse, or nous ne pouvons être tenus pour responsable de celle-ci. » Humour noir et politiquement incorrect, les faux sites de rencontres sont des gags personnels, des campagnes de pub virales ou des marques blanches pour attirer le poisson vers de plus gros sites.

sortir avec jésus

En 2008, Easyflirt.com lançait un faux site de rencontre pour Ch’tis, espérant attirer vers sa base de données de nouveaux membres séduits par le film. Mais c’est aux États-Unis que les véritables satires se multiplient. Throbbinghearts.com est le site des loosers, talibansingles-online. ytmnd.com celui des femmes en burqas, Amish-online-dating.com celui des Amish, communauté religieuse vivant à l’écart de la société – sans électricité et encore moins avec le haut débit.

Un Américain s’est fabriqué son faux site de rencontres pour lui tout seul, Datejesus.com, réservé aux femmes voulant sortir avec Jésus. Photos, extraits de sermons, restaurants, livres et CD préférés, Jésus cherche une femme aimante et veut faire connaître son univers.

condamnées à perpétuité

Parmi les faux, c’est bien Conjugalharmony.com qui étonne le plus. Ce site dit offrir à ses internautes masculins une base de donné de 4 000 prisonnières condamnées à la perpétuité. Le rapport sexuel en prison étant interdit en dehors du mariage, le site propose un kit mariage + divorce, au cas où l’internaute serait tenté sur le long terme par une prisonnière plus jeune. Les avantages d’un tel service seraient légion : avoir pour soi une femme sans liberté ni droits, des rapports sexuels sans la pénibilité du quotidien et surtout l’assurance qu’elle n’ira pas voir ailleurs. L’humour est noir, le propos misogyne, mais ce site est tellement bien conçu qu’il apparaît à première vue crédible. Certains guides l’ont même recensé sous l’étiquette « site de rencontres controversé » ✹ a. s.

du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010 | Bakchich Hebdo N°25

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Bazar la folie du jeu

plan com

Euro RSCG pige pour le « Canard » raconte par le menu, dans les locaux d’Euro RSCG à Issy-lesMoulineaux. Alors que Séguéla, Fouks, ses patrons et leurs collaborateurs ont élu domicile depuis belle lurette à Suresnes ». Plus loin, le Canard enchaîné détaille que, « par la grâce de Cassandre, l’ambitieux est même devenu président du FMI, alors qu’il n’en est que le directeur général ».

Copier-coller

T

out juste 874 exemplaires vendus (selon Edistat). C’est le bien maigre bilan du chahut organisé autour de l’ouvrage paru début mai DSK, les secrets d’un présidentiable, écrit par une certaine Cassandre. Quand Plon déprime, Euro RSCG, responsable de la com de Strauss-Kahn, jubile. Son argumentaire de onze pages, envoyé aux rédactions avant même la sortie du livre pour en démonter point par point les erreurs, a fonctionné. Dans cette

opération déminage, Gilles Finchelstein, Stéphane Fouks, Anne Hommel et Ramzi Khiroun, les communicants à l’origine de la brochure, ont pu compter sur un allié de poids : le Canard enchaîné. Dès le 5 mai, veille de la sortie du livre, le palmipède consacrait en effet un papier très précis aux bourdes contenues dans le bouquin. On y apprenait par exemple que « l’auteur situe les réunions de l’équipe de DSK – baptisée “le gang” – auxquelles elle prétend participer et qu’elle

Et le Canard de lister méticuleusement une série d’erreurs grossières qui feront passer l’envie au lecteur curieux de se procurer le livre. Las ! L’article n’est pas le fruit d’une longue enquête mais plutôt un copier-coller de l’argumentaire fourni clé en main par Euro RSCG aux rédactions. Tous les exemples mis en avant par le journal sont puisés dans le document de l’équipe strauss-kahnienne. « L’auteur, qui se prétend tellement proche de DSK, situe à Issy-les-Moulineaux les réunions dans le bureau de Stéphane Fouks, alors que le siège d’Euro RSCG est à Suresnes », écrit cette dernière. Ou encore : « L’auteur (…) parle du président du FMI alors que son titre est celui de directeur général. » Le reste est à l’avenant. Mais le lecteur de l’hebdomadaire n’en saura rien, le journaliste se gardant bien de citer sa source. C’est Euro RSCG qui a dû se vexer ✹ s. p.

Une collaboration qui a du Plon dans l’aile En plus de faire un bide avec le livre DSK, les secrets d’un présidentiable, Plon perd un de ses auteurs, malheureusement un poil plus rentable que la mystérieuse Cassandre. Gilles Finchelstein, aujourd’hui chez Euro RSCG, avait en effet coécrit, en 2009, avec son ami Mathieu Pigasse, un ouvrage intitulé le Monde d’après, une crise sans précédent, vendu à plus de 13 000 exemplaires ✹ S. P.

www.bakchich.info

Ramzy Khiroun, le démineur de DSK, dans les bons et les mauvais coups http://minu.me/2dlz

médias

à france 24, on déprime net «

O

n se dirait à France Télécom. C’est comme si la direction voulait nous dégoûter pour qu’on parte. » Sale ambiance au pôle Web de France 24. Un des salariés ne digère pas la nouvelle trouvaille de la direction. Diviser les journalistes en deux groupes : les rédacteurs et les « deskeurs ». Se distinguent donc les vernis qui enquêtent, font du reportage et les autres, forçats du Web, qui repiquent de la dépêche, écrivent des chapôs ou mettent en ligne des photos. « Avant, on faisait tous le même taf », rappelle un journaliste du Web. Formule lapidaire : « On ne se sent plus journalistes. » Il est loin le temps où Alain de Pouzilhac, le big boss de France 24, exposait fièrement son intérêt pour le Net. Devant des visiteurs, se souvient un salarié, « Pouzi » le moderniste se complaisait : « Si le service Web de France 24 est physiquement au cœur de la rédaction, c’est parce qu’Internet est l’avenir de la chaîne. » Depuis, les meubles ont changé de place. Le service Web a pris ses clics et des claques, direction

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le pôle marketing, dans une autre aile du bâtiment. Tout un symbole. Même à l’écart, la direction garde un œil sur les résultats du Web. Et apparemment, les statistiques – très secrètes – sont mauvaises. En décembre dernier, un consultant a été nommé par Stanislas Leridon, le directeur Internet et nouveaux médias de la chaîne, pour étudier de nouvelles méthodes de management et rédiger un rapport. Première évidence : l’équipe Web est livrée à elle-même. Deuxième constat : il existe un problème criant au niveau de la direction rédactionnelle. Des mauvaises langues n’hésitent pas à fustiger l’incompétence de la rédactrice en chef du Web, Karine Broyer. Laquelle n’a jamais répondu à nos demandes d’interview. Pour l’instant, les forçats du Web sont privés de leur prime de 200 euros à cause de la nouvelle organisation du travail. Il est vrai qu’avec 26 000 euros net par mois pour la reine Christine Ockrent et Pouzi, l’heure est à la rigueur ✹ xavier monnier

Bakchich Hebdo N°25 | du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010

musique

le supermarché de la sacem

A

la Sacem, la Société des Sartre. Pis, cette Rotana apparauteurs, compositeurs et tient au fameux prince saoudien éditeurs de musique, les Al-Walid ben Talal. Une écurie de producteurs arabes fréquentent 65 artistes fondus dans le moule un bureau mis à leur disposition de la pop américaine. Preuve de depuis un siècle. Qu’ils soient chrécette bonne intégration au montiens, comme les Libanais Chadial modèle, Al-Walid ben Talal vient d’offrir 9 % de Rotana à hine et fils, musulmans, comme feu l’Algérien Ahmed Hachelaf l’inévitable Rupert Murdoch, ou juifs, à l’instar pieuvre planéde feu le Tunitaire en matière La holding Rotana est sien Kahlaoui de presse et père Tounsi (de son de l’épouvanà la musique arabe ce vrai nom Elie table chaîne de qu’Endemol est à Sartre. Touitou, ce dertélévision amérinier, également caine Fox News. percussioniste, accompagna Alors que, de Bagdad à CasaHarry Belafonte au Carnegie Hall blanca, ce monde arabe déchiré à New York en 1954). trouvait sa seule unité dans la « vraie » musique. Les Chahine, Hachelaf et Kahlaoui sont les symboles Ces vingt dernières années, est d’une édition artisanale de cette née une génération de solistes, musique qui a fait de Paris la capiinventeurs d’un jazz méditerratale des chants et mélodies du sud néen inscrit sous le label Musique de la Méditerranée. À ces trois du monde. Ils sont libanais comme éditeurs, la Sacem, pourtant peu le joueur d’oud (luth arabe) Rabih avare de célébrations, n’a jamais Abou-Khalil, marocains telle la rendu hommage. chanteuse Hindi Zahra, palestiEt voilà qu’à l’automne dernier, niens à l’exemple de Joubran et le directoire de la Société des algériens comme Alla… Et ils sont l’honneur d’une « moderauteurs publie une étonnante nouvelle : « La Sacem est fière nité » orientale couvée sur les d’annoncer l’adhésion de Rotana bords de la Seine. Audiovisuel, le plus important édiDérouler le tapis rouge à la holteur de musique du monde arabe. » ding wahhabite Rotana, c’est Mieux, la grosse société tirelire mettre en péril cette nouvelle met de l’arabe sur son site Web ! génération. La résistance s’organise : le Festival de Carthage Et les experts de s’inquiéter de savoir qui est ce Salem al-Hindi, vient d’annuler sa collaboration président de Rotana Audiovisuel. avec Rotana. Étonnant qu’à la La réalité ? C’est la dérive de la famille Chahine, dont deux fils se Sacem vers la culture mainsprénomment Mozart et Richard tream, une musique de super(Wagner), la Sacem préfère la promarché valable pour le monde motion d’une musique qui plaît à entier. Rotana Audiovisuel est à un prince qui tient cour au pays la musique arabe ce qu’Endemol de la burqa ✹ et sa téléréalité sont à Jean-Paul nidam amdi


Bazar

Extinction de mauvais thon

échos des cabas

écologie Les initiatives se multiplient pour sauver le thon rouge, en voie de disparition. WWF, Greenpeace, grandes enseignes, chefs de restaurants… Même Albert de Monaco et Nicolas Hulot s’y mettent. Un coup dans l’eau ?

L

e thon rouge est en voie d’extinction. Les coupables : les hommes, friands de la chair grasse de l’animal, qui garnit parfaitement les sushis et sashimis. La conséquence : une surpêche, à la période de reproduction qui plus est, dont sont en grande partie responsables les Nippons, qui consomment 80 à 90 % de la production mondiale. Heureusement, Greenpeace, WWF et Monaco sont là pour défendre la poiscaille pourpre ! Albert de Monaco, profondément écolo et militant pour l’interdiction de cette pêche, est bientôt suivi par les États-Unis, l’Union européenne et même Super Sarko.

Sur le Rocher, on ne fait pas dans de poissons non surpêchées, à la demi-mesure ; la vente et le consommer à certaines saisons. commerce dudit poisson y sont Avantage santé, la richesse en interdits depuis 2009. Dans l’Hexaoméga 3 est aussi mentionnée gone, on est plus avec une petite frileux. Quelétoile jaune. De Nicolas Hulot, reporter ques grandes son côté, Planet enseignes prenSushi, une écolo, propose un Guide nent des initiagrande chaîne des sushis responsables. tives : les Relais de restaurants & Châteaux ne japonais, plaide servent plus de thon rouge depuis pour le thon albacore, ou thon le 1er janvier 2010, Olivier Roeljaune, et en fait un argument publicitaire de poids : il s’agit linger, le chef breton de Cancale, en ayant marre de « vider la mer d’une « alternative responsable » sans réfléchir ». pour éviter le pillage des espèces Mais Nicolas Hulot, le reporter en voie de disparition. Car, selon écolo, y va encore plus fort et prola chaîne, l’albacore est abondant pose un Guide des sushis responet non surpêché (le thon jaune ne sables : on y conseille des espèces se regroupe pas massivement, il

Borloo et une belle gueule de bois écolo façon nicolino Auteur, entre autres, d’un ouvrage sur les pesticides, Fabrice Nicolino tient un blog sans concession sur l’environnement, Planète sans visa. rovinciaux de tous les pays, P unissez-vous ! En France, la protection de la nature est entre les mains de gens – parfois très estimables – qui pensent à leur échelle. La dernière farce en date est celle du Grenelle de l’environnement, dont le principe fut simple. On s’assoit autour d’une vaste table, avec tous les copains et les coquins de la place, et l’on discute. De la Beauce. Des camions 38 tonnes entre Mâcon et Lyon. Du Marais poitevin… Par ailleurs, comme on croit au Père Noël, on se fait ridiculiser à l’arrivée par les lobbies, car les lignes de force d’une société sont une chose, et les naïves rêveries, une autre.

Cette vision nationale et même provincialiste de l’écologie n’a évidemment aucun rapport avec la réalité des écosystèmes. Un écosystème, mais oui, est une chose compliquée. La forêt amazonienne par exemple, l’Atlantique, le fleuve Congo, le cycle de l’eau ou du carbone se moquent résolument des petites frontières mentales et administratives imaginées par les humains. Un « machin » de l’ONU, qui s’appelle « convention sur la diversité biologique », publie régulièrement des rapports, que personne ne lit. Le dernier vient de sortir et constate avec (une fausse) stupéfaction que les objectifs

ne sont pas au rendez-vous. En 2002, au sommet de Johannesburg, tous les pays présents avaient décrété qu’ils parviendraient à « stopper l’érosion de la biodiversité d’ici 2010 ». Aucune des 110 nations n’a réussi à tenir le moindre engagement. Commentaire d’Ahmed Djoghlaf, responsable onusien : « Les nouvelles ne sont pas bonnes. Nous continuons à perdre la biodiversité à un rythme jamais vu dans l’histoire – le taux d’extinction étant estimé jusqu’à 1 000 fois plus élevé que le taux historique connu jusqu’à ce jour. » Ou ce constat est vrai, et les associations françaises doivent aussitôt envoyer promener Borloo and co, et chercher enfin une stratégie efficace, fatalement internationale. Ou il est faux, et nous avons tout le temps d’avaler encore une coupe de champagne dans les palais ministériels. Il y a des candidats. Mais les acteurs « écolos » du Grenelle, eux, assurent que cela va très, très mal, et continuent de blablater comme s’ils avaient mille ans devant eux. Est-ce cohérent ? Mes aïeux, non ✹

Rêverie

est donc plus difficile à décimer). Son atout principal reste tout de même ses qualités gustatives, presque similaires à celles de son homologue rouge. Visuellement, pas de chair jaunâtre mais un rouge sang indissociable à l’œil nu du noble Thunnus Thynnus. WWF vient pourtant calmer les ardeurs de la chaîne et de Nicolas Hulot en avertissant que l’albacore est l’un des poissons les plus commercialisés au monde, et donc menacé lui aussi. La survie du thon, qu’il soit rouge, jaune ou vert à rayures bleues est toujours en jeu et les nobles revendications militantes ne font pas le poids face au lobbying japonais, qui l’emporte haut la main à la convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées. La proposition d’interdire le commerce international du thon rouge de l’Atlantique a donc été rejetée. Le 15 avril, l’ouverture annuelle de la pêche aura bien lieu. Et en 2012, selon tous les experts, « la population reproductrice de thon rouge aura disparu ». La fin du monde tombe, cette année-là, le 21 décembre, alors faites durer les réserves jusqu’au jour fatidique ! ✹ Marianne Robinet et François Nénin www.bakchich.info

Les films écolos font polémique : http://minu.me/2ee8 et les Nostradamus verts : http://minu.me/1fsv

Hitler est-il cool ?

La rigueur, les ambulanciers britanniques des Midlands de l’Ouest sont en plein dedans. Avec réduction des heures sup’ et limitation des dépenses à la clé. Aussi, le personnel médical a grincé des dents en apprenant que le service a dépensé plus de 11 500 euros pour élaborer un questionnaire intitulé « Comment rendre la direction plus cool ». D’autant que les 4 000 salariés ont dû évaluer du « plus cool » au « moins cool » des leaders comme Gordon Brown, Winston Churchill ou… Adolf Hitler. Comble du mauvais goût, on leur a aussi demandé si un chef homosexuel ou noir pouvait être « cool ». Les impôts de la région sont bien investis.

Micro-ondes

Elle est arrivée ! Après plus de dix ans d’observation de 13 000 utilisateurs dans 13 pays, l’étude de l’Organisation mondiale de la santé sur les liens entre téléphones portables et cancer est enfin publiée. Conclusion ? « Les résultats ne nous permettent pas de conclure qu’il y a un risque accru de tumeur, mais il est prématuré de dire qu’il n’y a pas de risque. » Ça valait le coup d’attendre ✹

des trains à dormir debout Après avoir lancé, il y a quelques années, des TGV low cost circulant la nuit, la SNCF fait maintenant le contraire. À partir du week-end de la Pentecôte, elle ressort ses trains de nuit pour trimballer les gens… en pleine journée ! Histoire de faire prendre l’air à toutes ces voitures-lit et voitures-couchettes à compartiments jugées peu rentables. Victimes du tout TGV, elles passent de plus en plus de temps à roupiller au dépôt, ce qui finit par coûter fort cher à la boîte. Pour prendre ces trains d’un nouveau genre, la motivation doit être au rendezvous. Car entre Paris et Toulouse – desserte test choisie par la SNCF le week-end – c’est un voyage de 7 h 06 qui attend le client. Outre un amoureux de la lenteur, il faut surtout être un pauvre pour choisir les Teoz Eco – c’est leur nom. Le billet Paris-Toulouse ne coûte en effet que 15 à 30 euros. Pour illustrer la nouvelle segmentation des classes opérées par le service public ferroviaire, il suffit d’effectuer une recherche sur Internet. Pour la date du 12 juin par exemple, une place de TGV pour les riches est vendue 75,20 €. Le trajet dure 5 h 35 ; une place sur un Corail pour les provinciaux à pouvoir d’achat encore correct est proposée à 56 euros, mais le temps de trajet est déjà plus long : 6 h 21. Enfin, pour tous les autres, il y a le tortillard de nuit diurne. La SNCF espère bien emmener sur les rails ceux qui voyagent en voiture à plusieurs ou qui sont séduits par les compagnies aériennes low cost. Une bonne nouvelle cependant : les trains-couchettes vont réhabiliter les transports amoureux. Il suffira de rabattre les banquettes et hop ! ce sera comme dans les films de Hitchcock ✹ émile borne

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Bazar bruits de la ville

états-unis

l’exhibitionnisme passe au numérique

LE HASCH DOPE LA CALIFORNIe

les petites fables d’angelina Angelina chronique les grandes et les petites histoires du quotidien entre militance, humour et informations sérieuses. e n’est pas un scoop, notre société C se « big-brotherise » de plus en plus et l’univers angoissant du 1984

Imad Lahoud, stagiaire sévère

Les électeurs semblent plus avancés que leur président car, selon le plus récent sondage fiable sur la question, 56 % estiment que « les lois sur la marijuana doivent être les mêmes ou moins strictes que andidat à la Maison les lois sur l’alcool ». Blanche, Obama avait dit Il est même plus que possible que qu’il fallait « repenser la la politique d’Obama soit désaguerre contre la drogue et décrivouée par la Californie, où un réféminaliser la marijuana ». Mais rendum pour légaliser – et taxer – les partisans de la dépénalisation la marijuana sera sur les bulletins ont été très déçus par le nouveau de vote de novembre prochain… rapport de l’aden raison de ministration la crise écoChaque année aux USA, d’Obama sur la nomique qui 750 000 personnes sont politique natioa mené l’État nale à mener arrêtées pour quelques joints. côtier au bord contre les drode la banqueg u e s. P u bl i é route, avec un déficit de presque 20 milliards de la semaine passée, le rapport reste accro à la « guerre contre la dollars. drogue » – ô combien perdue –, Déjà, en 1996, la Californie (suivie qui a coûté 1 000 milliards de doldepuis par 14 autres États) avait lars depuis qu’elle a été lancée, légalisé la « marijuana médicale », en 1971. disponible à tout patient sur Au lieu de traiter l’abus de drosimple « recommandation » d’un médecin, moyennant 200 dollars. gues comme une question de santé publique, ce rapport confirme la Aujourd’hui, ce « cannabusiness » politique futile de prohibition de californien légal compte près de 2 000 dispensaires d’herbe. toutes les drogues, avec ses peines criminelles qui placent bêtement Le gouverneur Schwarzenegger, au même niveau pénal l’héroïne qui cherche désespérément de et la vente ou même la possession nouvelles sources de revenus, n’est de petites quantités d’herbe. Et le pas opposé à l’idée de légalisation. rapport maintient la vieille rhétoPartout, on voit des panneaux : rique sur les « grands dangers » « Sauvez la Californie de la faillite, de la marijuana, sans même légalisez et taxez la marijuana ! » mentionner les 750 000 personnes Avec les écoles qui ferment chaque appréhendées chaque année pour jour et l’augmentation constante avoir possédé pas plus que le du nombre de policiers licenciés nécessaire pour rouler quelques faute d’argent, c’est un argument pétards, ou discuter des conséqui a de quoi séduire même les non-fumeurs ✹ quences néfastes qui découlent de ces arrestations idiotes. doug ireland

L’administration Obama reste hostile à la dépénalisation de la drogue. Mais la Californie songe à légaliser et à taxer l’usage de la marijuana. Histoire de combler le budget.

C

Il y a quelques jours, un élève du lycée Jacques-Decour (IXe arrondissement de Paris), s’est plaint à un enseignant : « Le prof stagiaire de mathématiques m’a traité de connard, avant de me dire de prendre la porte ! » Surprise : le sévère stagiaire s’appelle… Imad Lahoud ! L’ancien informaticien d’EADS qui, dans l’affaire Clearstream, a été condamné à trois ans de prison et 40 000 euros d’amende pour « complicité de dénonciation calomnieuse, de faux et d’usage de faux et de recel d’abus de confiance » s’est en effet reconverti. Lahoud a fait appel du jugement. Espérons qu’il ne va pas être condamné pour injures.

Benguigui, heureuse déserteuse

Yamina Benguigui, l’adjointe de Bertrand Delanoë chargée des droits de l’homme et de la lutte contre les discriminations, en fait tant (elle est aussi réalisatrice, productrice, écrivain) qu’elle déserte certaines obligations. Selon le Parisien, elle « n’a effectué qu’une poignée d’interventions au Conseil de Paris ». Le 5 mai, elle ne s’est pas présentée au colloque de l’association Mosaïc (fédération laïque des citoyens de sensibilité musulmane), à l’Institut du monde arabe, où elle était attendue. À sa place, il y avait sa sœur, Soumia Malinbaum, porte-parole diversité au Medef national. Et… son cousin ! Fayçal Douhane, directeur général de l’Association des maires d’Ile-de-France. Présent au colloque, Bakchich peut en attester, Yamina n’a rien manqué ✹

deux contes et des bleus la mauvaise foi de monnier h, la liesse populaire ! Ah, l’ivresse A d’une ville ! Ah, la joie débordante et contagieuse des célébrations !

De bons, grands, et sains moments d’oubli. Évacuées les difficultés et les zones d’ombres. Endormies les entourloupes et les enquêtes judiciaires. Non, il n’est bien sûr pas question du plus grand club du monde, l’Olympique de Marseille. Ni de son merveilleux et propret entraîneur Didier Deschamps, sorti tout blanc du procès OM-Valenciennes et des phar-

macies de la Juventus de Turin. Ni de la récupération politique du titre de champion de l’OM ou des échauffourées qui ont salopé la fin de la célébration du trophée sur le Vieux-Port… Déblatérons sur de vrais sujets. Comme le club d’Arles-Avignon, au budget famélique, qui trônera l’an prochain en Ligue 1. Et gare à celui qui rappellera qu’une enquête pour corruption leste toujours le parcours du Petit Poucet, parvenu dans le grand monde armé de son unique cou-

Lutin

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Bakchich Hebdo N°25 | du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010

rage. Un journaliste de France 3 qui a osé évoquer le sujet dans son reportage s’en est mordu les doigts, tapés par sa direction. Quant au lutin Mathieu Valbuena, sélectionné pour jouer la Coupe du monde en Afrique du Sud, sa seule présence rassure les journalistes. Leur lobbying pour le « Petit », leurs flammes pour ce joueur qui a su se battre contre le destin ont fonctionné. Et justifient leurs papiers… L’Équipe de France a rarement été moins emballante… ✹

de George Orwell s’approche de nous à grands pas. Même si nous sommes déjà en 2010. Achetez sur Internet, abonnez-vous à une newsletter ou, pis, tapez une requête sur un célèbre moteur de recherche, et vous voilà fiché. Vos goûts, vos besoins, vos habitudes, vos convictions. Tout est avalé par des milliers de bases de données qui brassent des noms, des adresses, des IP. Pour le marketing viral, l’adresse e-mail est une manne. Elle se marchandise. Mais le petit plus de notre big-brotherisation moderne, c’est qu’elle est la plupart du temps volontaire. Les réseaux sociaux séduisent par leurs côtés pratique, ludique, connectif et virtuel. Ils représentent pourtant autant d’indices sur notre intimité qui tombent dans les escarcelles des détenteurs de ces sites

et de leurs clients. Nous ne sommes pas toujours conscients de la quantité et du degré d’informations privées que nous semons online. C’est un fait, le site Internet Le tigre en avait fait un terrifiant reportage en reconstituant la vie d’un certain Marc à partir des traces qu’il avait laissées sur le Net. Avec l’avènement des smartphones, les applications qui exploitent ce filon prolifèrent. Les extensions des possibilités sur ce qu’il y a à dire sur soi donnent le vertige. Il existe même des applications pour clamer où vous êtes, prétendument pour garder le contact avec vos amis. Comme si un simple coup de fil ne suffisait plus. Ces modes de fonctionnement relèvent pour moi de l’autodélation. C’est ainsi que certains utilisateurs se géolocalisent volontairement chez eux, et parfois même dans leurs toilettes. Jusqu’où ira l’indécence ? ✹

Virtuel

conso

système u, pub ubuesque Système U (Super U, Marché U…) prend-il ses clients pour des imbéciles ? On peut se le demander en regardant la nouvelle pub du géant de la bouffe.

L

a première image de la pub Système U, à l’écran, est celle d’un homme qui pêche avec sa fille dans l’estuaire d’un port où croisent d’immenses porteconteneurs. Il rêve sûrement de pêcher ailleurs, mais il n’a pas les moyens de profiter d’une belle crique de l’île d’Yeu. Son salaire de cariste le condamne au Havre, entre fioul et CO2. Même s’il n’a pas trouvé un emploi plus chic et si, à 50 ans, il n’a pas de Rolex, ça ne l’empêche pas de penser aux autres et à l’avenir de sa fille. Les émissions bien-pensantes de la télé lui ont enseigné que l’emploi de sa môme, demain, dépendait de son comportement… Il doit être responsable et se sent bien seul. Seul puisque, par exemple, le Journal du dimanche ne s’occupe pas de développement durable, mais fait la promotion de DSK, patron du FMI et futur président de la République. Quant au Figaro, autre phare de la pensée, il se passionne pour l’Expo universelle. Notre pêcheur croit étrangement que la mondialisation ne profite jamais aux faibles, contrairement à ce qu’on affirme à la banque Lazard. Il sait que « la richesse vient récompenser les efforts de chacun », mais pas les siens. Depuis dix ans qu’il conduit son chariot dans les entrepôts d’un grand distributeur, genre Sys-

tème U, son salaire tourne toujours autour du Smic. Pourtant, il s’estime content d’avoir un travail à plein temps, sa sœur a dû accepter de travailler à mi-temps chez Leclerc.

conso-pêcheur

Ce soir, pour le rassurer encore plus, Système U lui vante ses produits alimentaires. « 82 % d’entre eux sont élaborés en France, c’est bon pour tout le monde, pour ceux qui les mangent et pour les entreprises qui les fabriquent. » C’est ce que dit la pub. Que viennent faire les entreprises dans cette argumentation ? Et puis il y a ce mot qui tue, « élaborés ». Pourquoi pas « produits » en France ? Ça aurait l’avantage d’être clair. Si notre conso-pêcheur se jette dans un dictionnaire plutôt qu’à l’eau, il s’apercevra que le mot « élaborer » a un double sens. Il veut dire « produire », mais aussi « imaginer, créer ». Quel sens a voulu choisir Système U ? Le second évidemment, sinon le distributeur aurait affirmé que « c’est bon » aussi pour les salariés, de « produire ». L’imagination n’est pas en leur pouvoir ✹ bertrand rothé


Un peu de culture LITTÉRATURE Jean-Marie Stoerkel, journaliste spécialiste des faits divers, publie un succulent polar en forme de voyage à travers l’Alsace. De son côté, le philosophe Jean-Claude Michéa réédite son analyse du football, « langage universel » et révélateur de notre société.

Un polar couvé par les cigognes

C

’était obligé, à force d’écrire sur de vrais crimes, JeanMarie Stoerkel finit par en inventer de faux. La vie de cet homme est celle d’un serial killer, toujours les pieds dans le sang. Pendant trente ans, JMS a été une perle du journalisme, délivrant ses lignes rigoureuses dans l’Alsace, où le reportage, pour être à portée de mobylette, n’en est pas moins grand. Des gens assassinés, Stoerkel en a vu, et trop de meurtres bizarres conduisent forcément au roman. Stoerkel publie la Morte du confessionnal. Bon titre dans une région où règne encore le culte d’État et où l’on pend le crucifix au mur du tribunal. La morte fut une belle vivante. Godelieve, une Néerlandaise folle de son corps et d’Érasme, est venue en Alsace sur les traces du théologien érudit. Stoerkel en profite pour nous faire visiter la cathédrale de Strasbourg, la bibliothèque humaniste de Sélestat, le château du HautKoenigsbourg. Des chefs-d’œuvre de l’humanité où, pour qui sait manier le clavier du PC, il est jubilatoire de mélanger le réel au fantastique. Lire ce polar, un verre de gewurztraminer en main, c’est faire un beau voyage. Se dépayser en restant dans sa chambre. Évidemment, outre Érasme, Godelieve a une autre raison de voyager. Elle cache un diamant pourpre qu’elle doit convoyer à Bâle. Bien sûr, qu’elle n’est pas morte dans le confessionnal, cet instrument d’aveux pieux n’attire plus la foudre divine. La jeune Batave a perdu la vie près

du Haut-Koenigsbourg, entre la Montagne des singes et la Volerie des aigles, dont l’un, noir bien sûr, aime à tourbillonner au son d’une contrebasse. Tout cela pour vous démontrer que s’occuper des faits divers dans un journal n’est pas sans danger pour le cerveau. Mais bénéfique pour la littérature où ce joli cadavre fait un si bon livre. Ce Stoerkel est un habitué de l’extraordinaire. N’a-t-il pas été, jadis, l’ambassadeur de l’abbé Pierre auprès des Black Panthers, en plein cœur de Harlem en feu ! Du grand…

« le peuple et le ballon »

Si l’Alsacien Stoerkel traite du sang et des larmes, le philosophe, lui, Jean-Claude Michéa, écrit avec la sueur du peuple. Ultime philosophe « prolétarien », Michéa est un des plus remarquables de nos penseurs. C’est pour-

quoi les médias ne parlent jamais de lui. Admirateur du socialisme de George Orwell, Michéa flingue à longueur de lignes ces intellectuels qui continuent de s’affirmer « de gauche », alors que, comme le disait Guy Hocquenghem, « ils sont passés du col Mao au Rotary ». Pour faire plaisir à vos neurones, lisez l’Empire du moindre mal. La seule « toile » du philosophe, c’est d’avoir perdu son temps en signant un bouquin aux côtés de Finkielkraut et de Bruckner… Ce qui mérite un penalty. Métaphore facile puisque Michéa réédite un magnifique tout petit livre, les Intellectuels, le peuple et le ballon rond. Un bouquin publié pour la première fois en 1998 et qui mériterait une diffusion universelle. Pour Michéa, le foot est le langage planétaire du peuple, son espéranto. Dans ses pages, il rend hommage au grand

musique

L’afrique au rythme de l’indépendance

A

l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance d’une grande partie des pays africains, le label Le son du maquis rend hommage à la musique de ce continent à travers un coffret de 50 titres. Une compilation qui rassemble des artistes connus et inconnus, originaires des quatre coins de l’Afrique. De la rumba à la musique mandingue, de l’afro-beat au goumbé, en passant par le blues, le jazz et le rock, Free Africa fait le tour d’horizon de la musique africaine des années 60 à nos jours. Avec un livret complet contenant des notes de pochette sur chaque artiste ainsi qu’un historique sur l’accession à l’indépendance des pays, le projet a pour ambition de raconter une période charnière de l’histoire du continent. Entre musique traditionnelle et contemporaine, l’Afrique livre ici tout son talent musical avec une sélection de grands artistes :

Amadou et Mariam, Vieux Farka Touré, Manu Dibango, Salif Keita, Miriam Makeba, Ousmane Kouyaté…

chants incantatoires

Des semaines de la jeunesse des années 60 en passant par les biennales, les orchestres régionaux et nationaux, les orchestres privés, les griots ou les cantatrices, la musique en Afrique est devenue une affaire sérieuse. Profondeur vocale, exubérance des instruments traditionnels, guitares et cuivres hypnotiques et chants incantatoires racontent l’histoire de la grande musique africaine. Les artistes présentés dans cette compilation ont écrit une formidable épopée où vision politique et modernité musicale sont étroitement liées, où musique populaire et sentiment national ne font souvent qu’un ✹ mohamed bogaert

écrivain uruguayen Eduardo Galeano, à son Football, ombre et lumière. Jongler autour de ce SudAméricain est l’occasion, pour notre philosophe, de régler le compte à ces « classes éduquées » qui expriment « leur détestation pour les sports populaires, le foot

en particulier ». Faites le test, comptez autour de vous les bobos propagandistes du prétendu « esprit rugby »… contre le foot si mal élevé et à l’identité nationale imprécise. Si Michéa est un passionné du jeu, il n’est pas assez sot pour ne parler que de lui. Son livre est le moyen de mesurer l’état de notre monde à l’échelle du foot : la marée du fric et celle de l’individualisme font tsunami. Drôle, Michéa imagine qu’en prolongeant l’élan du foot coté en Bourse viendra le jour « où, à la mi-temps d’un match clé, les firmes footballistiques les plus influentes auront le droit de recruter les meilleurs joueurs de l’équipe d’en face ». Le changement de camp ? Alors Kouchner et Besson avec les Bleus ! ✹ j.-m. b. La Morte du confessionnal, par Jean-Marie Stoerkel, éd. du Bastberg, 319 pages, 14 euros. Les Intellectuels, le peuple et le ballon rond, par Jean-Claude Michéa, éd. Climats, 96 pages, 6 euros.

Bédé tony millionaire ne cash rien riste destin que celui T de Maître corbeau, qui, d’un simple trait de plume,

compte ses jours dans la corbeille de l’infamie. Sans honneur ni fromage, un dessinateur l’a pris sous son aile pour lui donner une seconde vie. Et lui tint à peu près ce langage : La Fontaine, je ne boirai pas de ton eau, mais beaucoup de ton whisky ! Ce sauveur des bêtes d’abattoir de la poésie est le dessinateur américain Tony Millionaire. Un chic type flanqué d’un nom de mac sicilien dont la richesse, simplement artistique, est compilée dans un album aux éditions Soleil productions : l’Art de Tony Millionaire. Ses deux animaux de mauvaise compagnie, un corbeau poivrot (Drinky crow) et un singe-chaussette (Sock monkey) ont suffi à lui tailler une réputation de maître cartooniste aux États-Unis. Il faut dire qu’il sait rendre ses bestioles attachantes : désespérées, dépressives, suicidaires et d’un romantisme alcoolométrique. Un beau CV dessiné à l’image de ce que fut sa vie. On tourne les pages de ce magnifique livre comme un voyage en montgolfière au-dessus d’un génial imaginaire. Ici et là, on passe du fantasque, avec des planches BD en noir et blanc, à des croquis et dessins en pleine page qui rappellent l’univers onirique de Little Nemo. Le tout entrecoupé de récits et de photos. Pénétrez dans cet entrepôt de la folie et du rêve au prix de quelques euros. ça ne vous fera pas partir en vacances, mais vous aurez en tête une agréable odeur de coquelicot ✹ l. c. L’art de Tony Millionaire, par Tony Millionaire, éd. Soleil productions, 205 pages, 29,90 euros.

Compilation Free Africa, Le son du maquis, 26 euros.

du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010 | Bakchich Hebdo N°25

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Un peu de culture Musique National Trust : The Album Jarvis Cocker

Jarvis Cocker est un doux dingue et c’est pour ça qu’on l’aime… L’ex-leader de Pulp vient de mettre en ligne treize titres gratuits sur le site du National Trust (ligue protectrice de la nature et du patrimoine britannique). Composé de chants d’oiseaux, de bruits de pas captés dans l’escalier de l’ancienne résidence de Winston Churchill ou d’écume marine, « c’est un fond sonore pour s’adonner à la relaxation et la contemplation ». Bref, une BO complètement planante pour une ambiance très Nature et Découvertes… One In Other Chloé

Étrange créature que cette Chloé… Si la Parisienne n’a pas son pareil pour embraser les dancefloors planétaires à coups de tech-house, ses compositions déploient au contraire une mélancolie et une introversion des plus spectrales. Trois ans après The Waiting Room, elle signe One in Other : un deuxième album qui oscille entre électro rêveuse, new-wave glacée et atmosphères organiques. Le folkeux américain Chris Garneau et la chanteuse Etyl font écho à son timbre somnambule. Sublime. High violet The National

The National est de ces rares groupes qui enchaînent les chefs-d’œuvre sans jamais tomber dans l’écueil d’une faute de goût. Trois ans après l’immense Boxer, le quintet de Brooklyn livre High Violet : une nouvelle merveille indie-rock nourrie de climats ténébreux et de mélodies poignantes. Ce cinquième album, qu’enveloppe le chant grave de Matt Breninger sur fond de guitares velvetiennes, exprime son mal-être avec une sobriété sidérante. À noter la présence discrète de Bon Iver et de Sufjan Stevens.

Carlos

en salles

dynamite son image

ciné Le biopic sur le terroriste Carlos, réalisé par Olivier Assayas et produit par Canal+, est sélectionné à Cannes, hors compétition. Une petite bombe.

U

n papier sur le film Carlos, produit par Canal+ ? Réflexe pavlovien du kritik, aller repomper direct Wikipédia. « Carlos, de son vrai nom YvanChrysostome Dolto, est un chanteur et fantaisiste français. » Après Piaf, Gainsbourg et avant Montand, voici donc la bio filmée de l’immortel auteur de Big Bisou et de la Cantine. Mazette ! Bon, pour une fois, je vais essayer de voir le film. J’appelle l’attachée de presse, mais cette gourde ne réagit pas quand je lui chantonne : « Mais qu’est-ce que tu bois, doudou, dis donc ? » Le jour de la projo, je découvre stupéfait que le film dure cinq heures ! Encore plus bizarre, c’est signé Olivier Assayas, auteur de l’excellent chez, embrasse la cause marxiste Clean, mais aussi de purges insupet offre ses services au Front popuportables comme l’Heure d’été ou laire de libération de la Palestine. les Destinées sentimentales. Est-il Le film – qui l’aurait cru – est vraiment le meilleur cinéaste traité sur le mode du thriller et pour faire revivre les chorés Assayas mène son affaire de main flamboyantes de maître, un de Maritie et vrai film d’acUn thriller mené de Gilbert Carpention, vibrant main de maître, un film et fort. Pas de tier ? Ça commence mal, c’est ni de d’action vibrant et fort. danse Edgar Ramirez, chansons (c’est 7 0 k i l o s t o u t quand même mouillé, qui joue Carlos. N’imballot), et bientôt le fils de Franporte quoi ! Non seulement il ne çoise Dolto, look de Che Guevara ressemble en rien au vrai mais, crado, se lance dans la prise en plus, il ne porte même pas de d’otages, notamment celle des chemise hawaïenne. Ici, Carlos, de représentants de l’Opep à Vienne, son vrai nom Ilich Ramirez Sanavant de fuir à travers le monde.

infectés d’Alex et David Pastor

Dans un futur proche, où malheureusement Roselyne Bachelot n’existe pas, la population humaine a été décimée par une terrible pandémie. Claquemurés dans une voiture, quatre survivants tentent de gagner un peu de temps sur la mort et découvrent qu’il y a pire que de crever. Si Infectés commence comme un film de fin du monde classique, il délaisse les zombies dégoulinants de Je suis une légende pour s’attacher aux enjeux psychologiques des héros : tuer de pauvres gens rencontrés sur la route pour leur voler leur essence, abandonner femme et enfant car porteurs du virus… Film très noir sur la déshumanisation, énorme bide aux États-Unis, Infectés se voit sublimé par la photo chirurgicale de Benoît Debie, petit génie responsable des images d’Irréversible et d’Enter the Void. Recommandé ! Copie conforme d’Abbas Kiarostami

Très réussi, le film est une bombe, mais Assayas accumule les contrevérités sur le chanteur de Señor Météo. Comme dirait Johnny, interrogé le jour de la mort de son ami Carlos : « Là, je dois dire que je suis un peu paumé » ✹ marc godin Carlos, d’Olivier Assayas, à partir du 19 mai sur Canal+. www.bakchich.info

Retrouvez toutes les chroniques cinéma de Bakchich sur : http://minu.me/2csk

Le grand retour à la fiction d’Abbas Kiarostami, le réalisateur iranien du Goût de la cerise. La rencontre d’un homme et d’une femme, portée par la lumineuse Juliette Binoche. Une formidable interrogation sur le couple. Une œuvre intense et déchirante. marathon man de John Schlesinger

« Is it safe, is it safe ? » C’est une des répliques cultes du cinéma, quand Laurence Olivier, tortionnaire nazi inspiré du Dr Mengele, s’acharne avec une curette sur les dents de Dustin Hoffman. Modèle du thriller parano, Marathon Man tient toujours la route : les acteurs sont stupéfiants et la mise en scène au cordeau de John Schlesinger vous cloue à votre fauteuil. Pourquoi serait-il impossible de faire de tels films de nos jours ? ✹ m. g.

the remix Lady Gaga

Lady Gaga n’y va pas avec le dos de la cuillère. Non contente d’avoir évincé Britney Spears, ringardisé Madonna et fait passer Christina Aguilera pour une sainte-nitouche, la bimbo platine dévoile The Remix. Ce disque, qui succède à The Frame Monster (10 millions de ventes) et la dévoile plus bitch que jamais, passe ses tubes au rouleau compresseur. Au menu : des featurings ultravendeurs par Beyonce et Marilyn Manson et des remix tapageurs signés Pet Shop Boys ou Yuksek. night train Keane

Des claviers boursouflés, des mélodies gluantes et une voix semblable au jappement d’un chiot qui vient de se faire marcher sur la queue… Bienvenue chez Keane : le trio poprock anglais qui voudrait être Coldplay, mais évoque le pire de U2. Révélé en 2002 grâce au single Everybody’s Changing, il revient avec Night Train. Entre deux ballades écorchées vives, le rappeur somalien K’naan s’empare du micro. Résultat : une bonne sousoupe aux navets ✹

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le 20 heures, prozac du peuple LA ZApPETTE de bourget n regardant les journaux télévisés, E nous sommes rassurés. Le JT est comme le Prozac, il rassure. Le message

est simple : « Dormez tranquille, il y a à la tête de l’État des types formidables, et courageux, et généreux, qui s’occupent de tout. » Pas une fois vous n’entendez dire : « Mais ce Lemaire, il est mûr pour le cabanon. » Le JT est pédagogique. Il vous démontre qu’il n’y a pas d’autre choix que celui qui est fait par la gouvernance, celle de l’écurie Sarko-Minc ou de l’autre, DSK-Minc. On se bat en retraites ? ça coince à cause de la démographie : trop de vieux, trop vieux. On ne dit pas : « trop de chômeurs. » Et personne ne parle des tonnes d’euros déversées dans nos coûteuses banques.

Des prêts à taux zéro qui, gérés autrement, auraient pu financer nos vieux jours… On nous le démontre, la politique c’est un truc fatal. Il faut se laisser aller au destin qui nous entraîne sur le toboggan de l’histoire. Inch’Allah. Pour nous rassurer, les JT emploient aussi les mots qui vont bien. Ecoutez Élise Lucet, celle qui prend son élan pour filer un coup d’épaule dans chaque mot, ce qui les fait grimper au suraigu, eh bien Élise nous a parlé de « coupes sombres dans le budget ». Les « coupes sombres », qui sont donc légères, sont beaucoup moins douloureuses que les « coupes claires » qui, elles, sont drastiques, comme dirait Minc.

Toboggan

Éléonore Colin

Bakchich Hebdo N°25 | du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010

Si vous avez envie de rire, le matin ça fait du bien, regardez un peu LCP, la chaîne parlementaire, celle qui rapporte des sous à la famille Elkabbach. À 8 h 30 apparaît Pierre Sled, un garçon dont le meilleur emploi est ailleurs, joueur de guitare rock. C’est lui qui dirige un débat amusant. Le principe est de prendre des invités parmi les gens qui passent dans la rue. Ainsi, vous avez un certain Denis Jeambar, qui est toujours là. Il doit être éboueur dans le quartier. Ça tombe bien, ce Jeambar est, paraît-il, apprécié dans la profession de journaliste. Déjà, c’est un ami de Séguéla et ensuite, il balance ses confrères, deux qualités pour passer à la télé. Autour de Sled, on trouve aussi une dame américaine qui adore Bush et parfois l’aimé Edwy Plenel, qui doit être facteur sur le secteur. Même un type du Figaro traîne dans la rue ! Tel le poète François Coppée, il doit écrire là, sous un lampadaire. Souvent, Sled le chope et le met devant la caméra. C’est intéressant comme émission et ça démontre que, dopés avec les sous des Français, les mots ne disent pas que des bêtises ✹

la bakchich team Directeur de la publication : Xavier Monnier • Directeur de la rédaction : Nicolas Beau • Conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget • Rédacteurs en chef : Pierre-Georges Grunenwald (édition), Cyril Da (Web) • Chroniqueurs : Alceste, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Éric Laurent, Patrice Lestrohan, Fabrice Nicolino, Jean-François Probst, Alain Riou • Maquette : Émilie Parrod, Victor Buchotte, Marjorie Guigue • Secrétaires de rédaction : Élodie Bui, Tatiana Weimer • Rédaction : Monsieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Cabanes, Renaud Chenu, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Anthony Lesme, Laurent Macabies, François Nénin, Simon Piel, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Verzaux • Dessinateurs : Avoine, Bar, Baroug, Bauer, Essi, Giemsi, Goubelle, Ray Clid, Khalid, Klub, Lacan, Large, Ludo, Magnat, Mor, Morvandiau, Nardo, Noël, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski, Revenu, Roy, Soulcié, Thiriet • Groupe Bakchich, SAS au capital de 56 980 euros • Siège social : 121 rue de Charonne 75011 Paris • Téléphone : 01.40.09.13.25 CPPAP : 1114 C 90017 • ISSN : 2104-7979 • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France Offset Direction des ventes : Thierry Maniguet/ tmaniguet@scpe.fr/01.70.39.71.05 Publicité : pub@bakchich.info Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.


Un peu de culture le monde s’en va en fumier

Le pipole de la semaine tim burton se fait tailler un costume

le billet d’alain riou

Un « caractère médiocre » préside le jury du festival de Cannes… Lors de la cérémonie d’ouverture, Tim Burton est pourtant sorti de son habituelle réserve pour soutenir le cinéaste iranien Jafar Panahi, emprisonné à Téhéran. Mais il n’a pas estimé judicieux de dire un mot sur le cas Roman Polanski. Ce qui a fâché Bernard-Henri Lévy : « Quand on a cette occasion de dire à un camarade (…) son soutien et que l’on se contente de dire “Je suis pour la liberté d’expression”, c’est misérable… C’est un immense cinéaste et c’est un caractère médiocre. » Tim Burton, qui a sorti le poétique Ed Wood quand BHL tournait son pompeux nanar le Jour et la nuit, ne sera donc pas invité à serrer la main d’Arielle Dombasle. Quelle chance ! « On sait bien qu’il n’est pas un pédophile », a ajouté le péremptoire BHL en parlant de Polanski. Pour savoir ça, le philosophe de chez Grasset a dû longtemps squatter les placards de Roman… Un bonheur n’arrivant jamais seul, Burton n’est pas l’unique à être honni par le mirliflore de Saint-Germain, qui, sur son blog, distribue ses distinctions. « Aux pleutres », comme l’acteur Michael Douglas qui a refusé d’apposer sa signature à la pétition bling-bling parce qu’elle est « en faveur de quelqu’un qui a violé la loi ». Le directeur du Festival, Gilles Jacob, ayant eu le malheur de rappeler que « personne n’est à l’abri des lois », il se prend une tapette : « Non, cher Gilles Jacob ! Pas vous ! » a pleurniché l’admirateur de Botul. Encore une fois, BHL fait son cinéma… ✹ laurent macabies

Journaliste au Nouvel Obs et invité du Masque et la plume, Alain Riou fait aussi du cinéma. Son cinéma. ongtemps, on trouva dans la ville L de Quimper, près de la préfecture, des maisons magnifiques dont le loyer

était fort bas. Les nouveaux titulaires s’en frottaient les mains, jusqu’au jour où la première manifestation paysanne les engloutissait sous le fumier. Dans le même ordre d’idées, en 1981, le Tour de France fut emprisonné par une jacquerie des agriculteurs de montagne, qui avaient fermé le cul-de-sac où se trouve la station d’Orcières Merlette. L’ambassadeur désigné par les organisateurs pour discuter ne fut alors autre que Bernard Hinault, maillot jaune et lui-même éleveur, qui obtint la levée du siège moyennant une clause secrète. La caravane repartit donc sans que les journalistes, pourtant fouineurs, aient réussi à percer le mystère. Ils ne tardèrent pas à le découvrir, et à fermer promptement leurs fenêtres. L’accord du Blaireau avec les mutins comportait une clause unique : le droit pour les paysans d’arroser la presse avec la tonne à purin. De ces deux faits vulgaires, je tire une conclusion : aucune ressource du sol, fût-elle modeste, ne doit rester pour toujours sans emploi ; et les esprits

supérieurs sont souvent ceux qui savent transformer les fléaux en richesses. Voilà précisément que la conjoncture mondiale offre un espoir pour notre belle Bretagne, sinistrée par l’élevage du porc qui empoisonne les cours d’eau, stimule l’algue verte et risque de transformer ses magnifiques plages en mouroirs. La crise multiplie les conflits sociaux, qui se mondialisent. Désemparés devant les forces de l’ordre, les manifestants emploient l’incontrôlable cocktail molotov, au risque de provoquer des morts (voir ce qui vient de se passer en Grèce). Que n’utilisentils point notre innocent lisier ? Il suffirait pour cela que nos éleveurs de porcs le recueillent, l’emballent et l’expédient dans tous les coins du monde où s’élèvent des grognements sociaux pour sauver la Bretagne et les manifestants. Soyons de notre temps : vendue à des prix du commerce équitable, cette nouvelle arme économique sera valorisée par une marque attrayante. S’il n’était que de moi, j’imposerais ce nom, évocateur de vie rurale et forestière, d’indépendance et de marginalité : « En lisière » ✹

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musique

caravan palace, le swing cinq étoiles

D

evenir Mozart, c’est facile. du solfège pour les écrire. Tu travailles bien au D’un garage l’autre, et parfois conservatoire et après tu dans un poulailler baptisé studio, laisses filer, le talent fait le reste. il rencontre Jacques Higelin puis Mais après tout, comment devientIzia, sa fille de 15 ans, avec un talent on Claude François, Alain Barplus grand qu’elle. Le bricolage se rière, Noir Désir ou Indochine ? fait plus artisan. La bande tourne Il n’y a pas d’école… C’est ce un peu, et jusqu’à Bourges, pour qui rend insle Printemps. tructif le parLes garages Ce gang a l’objectif cours de coms’agrandissent. épatant de faire revivre battant du swing Dans l’un d’eux, d’un garçon Antoine Toustou le jazz manouche. comme Antoine tombe sur To u s t o u . C e Caravan Palace, musicien « de variété » a, comme un groupe naissant. Ce gang a Sherlock Holmes, une double l’objectif épatant de faire revivre casquette. D’une main, il a écrit le jazz manouche en le rendant des chansons pour Izia Higelin encore plus fou par des mélopées et a obtenu, avec elle, le prix du de synthés et machines à triturer meilleur album rock aux derla musique. Toustou se colle à nières Victoires de la musique. l’usine à gaz, au devoir d’hommeDe l’autre, il s’agite fort au sein de Caravan Palace, le groupe français qui « tourne » le plus, même en Amérique. Enfant, Antoine a toujours rêvé d’être gentil sans être sage. Il a réussi. D’abord en abandonnant les maths du Deug pour souffler dans un trombone, même pas en coulisses mais dans sa cave. Tête de parents parfaits auxquels on annonce la vocation… L’avenir se profile en intermittence du spectacle. Entêté avec douceur, le jeune homme, pour gagner sa soupe, devient régisseur à l’orchestre de Radio France. Il met en place chaises et pupitres, début un peu froid pour faire du show. Dans sa cave toujours, il souffle, frappe et gratte toutes sortes d’instruments. Rêve même de réhabiliter le ska, un art du contretemps né en Jamaïque. Et il compose de belles musiques sans la maîtrise

orchestre : chanter un peu et drôlement, souffler dans plein de trucs, gratter aussi, frapper encore sur de gros tambours et activer en rythme les étonnantes machines acoustiques. Le triomphe. Si tout va bien, avant de sortir un second album, le groupe aura vendu un demimillion d’exemplaires du premier, Electro swing. Dans toute cette entreprise, Caravan doit remercier Internet, qui lui a permis de recruter une merveille, sa chanteuse, Coloris Zoé. Avec humour, elle fait la nique à Billie Holiday. Que ceux qui s’inquiètent parce que leurs gosses quittent la fac pour souffler dans du cuivre se rassurent. Ça peut aussi leur permettre d’être heureux ✹ urba neal

du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010 | Bakchich Hebdo N°25

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Ben la der

David Cameron

Martine à la page

Tea for two

bicéphale Le nouveau et bien lisse Premier ministre britannique s’apprécie tellement qu’il a fait entrer son sosie au gouvernement, Nick Clegg.

P

reuve de la rupture qui a saisi la GrandeBretagne au lendemain des législatives du 6 mai : le nouveau Premier ministre conservateur (tory), David Cameron, 43 ans, s’est, depuis quelques années déjà, attiré le sobriquet de « Tory Blair ». Pour sa propension à préférer, lui aussi, les effets de com aux controverses idéologiques. Au vrai, et au grand dam de son aile la plus droitière, sa conviction a été vite faite : sa formation ne pourrait revenir au pouvoir que si elle gommait sa réputation héritée de l’ère ThatcherMajor. Une image, évidemment odieuse, de « nasty party », de parti malfaisant qui ferme les usines et allège les impôts des riches. Cameron est allé, c’est dire, jusqu’à parler de « conservatisme à visage humain ! » Et il s’est fendu d’un éloge spectaculaire de l’Assistance publique britannique pour la manière dont celle-ci avait pris soin de son fils aîné, décédé, l’année dernière à 7 ans, de paralysie cérébrale.

petit lord

Selon l’imagerie traditionnelle, Cameron, c’est le personnage de Roger Moore dans la série télé culte d’antan Amicalement vôtre : enfance de petit lord, palaces victoriens, greens à perte de vue, cricket, piscines, Eton, Oxford, etc. Il n’en fait jamais état, mais des sources sérieuses lui attribuent même une lointaine ascendance royale, par la main gauche toutefois. Ce serait aussi le cas de son épouse, la très aristo Samantha, tatouée à la cheville (ça marque

plus l’électorat que d’avoir lu tout Dickens) et directrice de création d’un grand maroquinier. Mais, David le répète sans cesse, « ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on est, c’est où l’on va ». Consternant aphorisme qui permet au moins de gagner du temps.

alter ego

En un sens, l’« humain » proclamé Cameron, ex-conseiller ministériel sous John Major voilà quinze ans, ex-dir’com un peu sec d’un groupe de télés privées, avait encore vu trop court. Pour gouverner, il lui a donc fallu s’allier avec les libéraux-démocrates, qui en ont mangé la moitié de leur chapeau melon. Et confier les nouvelles fonctions de vicePremier ministre à leur leader, un autre lui-même, l’aussi lisse et propret Nick Clegg : Cameron et lui ont le même âge et sont tous deux fils de banquier. Pour se différencier sur les estrades, ils n’ont d’ailleurs trouvé qu’une couleur différente de cravate (bleue pour David, jaune pour Nick). « C’est tout de même plus voyant que les frères [polonais, ndlr] Kaczynski, qui ne se distinguaient que par leur prénom », rigole un observateur. Il y a en effet, en Europe, des gouvernements qui tiennent un peu de la parade des clones ✹ patrice lestrohan www.bakchich.info

L’après-carrière politique de Tony Blair avec son grand copain Bernard Arnault : http://minu.me/1jzu

bouclier anti-missile

Complètement chaos ?

Interrogé par l’Express (13 mai), Yannis Pretenteris, éditorialiste à To Vima (grosso modo, l’équivalent hellénique du Monde), s’inquiète de l’évolution sociale de son pays, la Grèce. « Chaque jour semble nous rapprocher du chaos. » D’ailleurs, il « doute » que le plan d’austérité concocté par l’Union européenne et le FMI (hausse des impôts et nouvelles taxes, réduction des traitements et pensions) soit « applicable » : « Le paradoxe est que l’on va demander aux fonctionnaires, qui vont le plus lourdement souffrir des nouvelles mesures, d’en assurer l’application. » Le paradoxe, ou le comble du sadisme.

Mieux vaut Tahar

Prix et académicien Goncourt, Tahar Ben Jelloun s’étale sur trois pleines pages de Paris Match (13 mai) pour chanter les mérites de sa compatriote (d’origine) Rachida Dati, laquelle est en compagnie de sa petite Zohra (17 mois) pour la première fois, assure la couverture du magazine. Si sirupeux soit-il, le romancier se sent cependant contraint d’aborder l’épineuse question des « relations », aujourd’hui quasi inexistantes, de l’ex-Garde des Sceaux et du chef de l’État. Réponse de Rachida : « On ne dérange pas un président de la République ! Je soutiens son action, il le sait, il me fait confiance, je l’espère, en tout cas j’ai confiance en lui. » L’ancienne ministre de la Justice veut sûrement – et exclusivement – parler de sa « confiance » dans une juste réforme des retraites…

Radical-sarkozyste

Supporteur de Sarko à la présidentielle de 2002, Tapie va rejoindre, du moins il l’annonce, son parti d’origine (et d’opposition que l’on sache), les radicaux de gauche, « qui [l’]ont toujours soutenu ». Mais attention, au titre de « simple militant de base » (le Figaro du 17 mai). Avait-il pourtant assez clamé, et pendant des années, que la politique était, ou à peu près, à l’origine de tous ses déboires ! Toutefois, il a pris un ferme « engagement » : celui « de ne plus accepter de fonction importante comme député ou ministre ». Encore faudrait-il qu’on le lui demande et que, dans le premier cas, il soit élu. En tout cas, s’il ne tient pas son « engagement », il pourra toujours faire valoir que, selon sa formule fameuse, il l’a trahi, « mais de bonne foi ».

À près de 85 ans, Jacques Delors vient de sacrifier à la pipolisation en posant, le 8 mai, en une de la Croix, au côté de sa petite-fille Clémentine, elle-même fille de Martine (Aubry). Mais les sacrifices, Jacques connaît : il l’a déjà prouvé en renonçant, en décembre 1994, à concourir à la présidentielle du printemps suivant contre une droite pourtant divisée entre Chirac et Balladur. Un épisode qu’un « proche » anonyme analyse ainsi pour l’Express (13 mai) : « Sa femme a beaucoup pesé dans la décision. Car son élection à la présidence de la République aurait forcément entravé la carrière de Martine, ministre prometteuse du second mandat de Mitterrand. » Aïe, aïe, aïe ! Mais alors, dix-huit ans plus tard, si la candidate Martine s’affale à la présidentielle de 2012, il lui faudra aussi endosser la culpabilité d’« avoir entravé la carrière » de Papa, en son temps « prometteur » favori du PS à l’Élysée…

Rappeur et avec reproches

Histoires de rejetons toujours. Le Figaro magazine brosse, pour la première fois à notre connaissance, le portrait de l’aîné des fils Sarko, Pierre, qui compose et produit du rap. Il lui arrive même de jouer les disc-jockeys. Un job si peu conventionnel que le président, quand il se confie aux journalistes ou à d’autres visiteurs, veut y voir la preuve qu’il n’a pas « brimé » ses enfants. Il se peut qu’il le regrette, à en juger par cette anecdote que rapporte aussi l’hebdomadaire : « En 2008, il [Pierre, donc] accompagne son père en voyage officiel en Chine. Nicolas Sarkozy aura cette phrase en le présentant à Hu Jintao, le président chinois : “Je vais vous l’envoyer en stage, il a besoin d’autorité.” » Voire de camp de rééducation ?

La chasse aux Tigres

Au moins « 30 000 morts » (civils), « une des pires tragédies humaines des dernières années ». Ce serait le bilan (le Monde du 16-17 mai) de l’offensive finale de l’armée srilankaise contre les Tigres tamouls, la rébellion locale, dans les premiers mois de l’année dernière. Sans que le Conseil de sécurité de l’ONU et l’opinion internationale s’en émeuvent beaucoup. Du coup, International Crisis Group (ICG), l’ONG qui a révélé ces estimations, confirmées par un ancien porteparole des Nations unies, a forgé une expression : « l’option sri-lankaise ». Histoire de désigner ce type d’opération militaire de grande envergure, « sans retenue, avec un refus de négocier et un mépris des questions humanitaires ». Et ICG de redouter que différents pays – la Birmanie, l’Inde, la Colombie, Israël, etc. – n’usent, contre leurs propres rebelles, de cette « option sri-lankaise ». De toute évidence, le XXIe siècle sera celui des apaisements ✹ p. L.

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Bakchich Hebdo N°25 | du samedi 22 au vendredi 28 mai 2010


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