Bakchich N° 16

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Quand la télé maltraite son public | P. 9

bakchich

N° 16 | du SAMEDI 20 au vendredi 26 mars 2010 | informations, enquêtes et mauvais esprit

la guerre

du nucléaire

nouvelle fissure le pouvoir formule élections

Sarko boit la tasse aux régionales | P. 4 Les forçats de la banque | P. 5 Documents à l’appui, Bakchich dénonce les établissements bancaires qui forcent leurs clients à acheter des produits financiers inutiles.

mode

Israël : des tee-shirts spécial Mossad | P. 11

L 13723 - 16 - F: 1,00 

services secrets

Bel : 1,50€ - CH : 2,50FS

Le livre qui panique la DGSE | P. 13 Et sur Internet


Apéro régionales, un vote à l’amer

Alcatel est pris…

Comme un baiser sans moustache

A

T

riste monde où il ne suffit pas de mourir, il faut, en plus, être enterré… Grand contraste, pour les obsèques de Jean Ferrat, entre une émotion populaire pleine de délicatesse et de simplicité et un tsunami de papiers grotesques. Comme si les médias, tout en s’« associant à la douleur populaire », tenaient à montrer pour quelles bonnes raisons Ferrat les avait fuis comme la peste. La palme ira à ce titre d’un site pourvu d’un « grand reporter » (sic) dépêché à Antraigues : « Jean Ferrat est allé rejoindre Michaël Jackson au ciel ». Cette histoire de ciel a tracassé les rédactions, apparemment, puisque sur la plupart des comptesrendus radio ou télé, il était obstinément précisé que les obsèques du coco s’étaient faites « sans messe ». La peste soit des athées, la norme, c’est le cul-bénit, et des obsèques sans goupillon, c’est un baiser sans moustache ! Sinon, deux points étaient mis en exergue : la présence de Michel Drucker, qui, apparemment, est un indice probant de sainteté et l’absence de Frédéric Mitterrand, le bras cassé de la culture, parti visiter l’Arabie saoudite… Dans le fond, toute cette mélasse montre bien qu’un vieil artiste peut être à la fois très proche et très lointain, absent et présent, au cœur de la mémoire collective, et pourtant très vite insaisissable. Ferrat est passé comme un train dans nos vies, et voici que les lumières du wagon de queue disparaissent déjà au détour de la voie ; on reste sur le quai, partagés entre l’absurdité d’une nostalgie excessive et l’inquiétude de ne pas entendre de sitôt un talent réchauffant comme le sien. Une certitude : titrer, comme cela s’est fait sur un site zoophile, « Jean Ferrat : il était fou de son chien ! », c’est mettre l’humanisme à la portée des caniches. Bravo l’artiste ! ✹

la rédaction

Frêche qui joue les réconciliateurs, c’est gerbique. Tu peux le mettre sur ton blog

Nathalie Kosciusko-Morizet à Christophe Barbier, patron de l’Express, qui l’a publié sur son compte Twitter.

la froide rébellion

A

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les trophéEs Le visionnaire de la semaine

« Il n’y a aucun indice de montée du FN. » « La montée du Front national, je ne la vois pas. C’est un épouvantail qui n’existe pas ! » On ne compte plus les gargarismes d’Éric Besson depuis qu’il a lancé son débat sur l’identité nationale en octobre dernier. Résultat : le parti lepéniste, moribond après les législatives et européennes, s’est refait une santé cinq mois plus tard, flirtant avec les 12 % de voix. Chaud retour de flamme pour le pompier pyromane.

Les contorsionnistes de la semaine

Depuis que Georges Frêche a obtenu près de 35 % des voix en Languedoc-Roussillon, les ténors socialistes plient mais ne rompent pas. Ils n’appellent pas à voter pour le pestiféré mais à « faire barrage à la droite et à l’extrême droite », comme l’ont rappelé Martine Aubry, Benoît Hamon, Claude Bartolone et même Laurent Fabius. Le Vert Noël Mamère réclame de « faire barrage à Georges Frêche » sans « faire le jeu de la droite ». Clair comme de l’eau de roche.

L’oublié de la semaine

Le rapport annuel sur l’état des droits de l’homme dans le monde du Département américain (http://minu.me/1vct), pointe les habituels cancres chinois, iranien et syrien. Mais aussi la France à cause, entre autres, de sa « politique restrictive en matière d’immigration » ou de « l’hygiène déplorable de ses prisons ». Et les USA ? Absents. À croire que Guantanamo est un palace.

Le planqué de la semaine

coup de boule

u dernier référendum local, 1,7 % des Islandais ont répondu « oui ». Et pourtant, on est en droit de se demander comment il a pu se trouver autant d’Islandais pour répondre « oui ». La question posée était, grosso modo : voulezvous vous ruiner à titre personnel pour rembourser aux Anglais et aux Hollandais les dettes que vos banques sont incapables d’honorer ? Le happy tax payer islandais a eu comme un haut-le-cœur à l’idée de se serrer la ceinture pendant trois générations pour solder les délires bancaires. Les électeurs ont explicitement dit « non » malgré un appel du tout nouveau gouvernement socialdémocrate à choisir le « oui » pour rétablir l’image du pays. À Reykjavik comme à Athènes, les gouvernements socialistes clament que l’austérité est inévita-

Le scud

ble, et le grand méchant FMI a été confié à un socialiste – il paraît que DSK est de gauche. Mais les populations n’en reviennent pas de devoir payer pour l’impéritie d’un système bancaire où le bonus règne toujours en maître. Tim Geithner, le secrétaire au Trésor américain, doit affronter au Congrès la fronde d’un groupe composé de républicains et de démocrates de gauche qui l’accuse de n’avoir pas contrôlé l’usage des fonds publics mis à disposition de la banque AIG, l’autorisant à verser des sommes faramineuses à des banques européennes avec l’argent du contribuable. Geithner a beau se défendre en affirmant que ces sommes étaient dues, le tout-Washington parie sur le nom de son successeur. Assommé par la crise, le contribuable mondial prépare sa révolte ✹ alceste

Bakchich Hebdo N°16 | du samedi 20 au vendredi 26 mars 2010

Ushuaïa a-t-elle influencé les électeurs ? C’est la question que s’est posé le président sortant de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne. Le socialiste a longtemps exigé le report de l’émission écolo de Nicolas Hulot, programmée la veille du premier tour des régionales. TF1 a enregistré ce soir-là son plus mauvais score depuis 1985 avec 20,6 % de part d’audience, loin derrière Patrick Sébastien et son Plus grand cabaret du monde. C’était pas la peine pour Queyranne de faire tout ce cirque ✹

Mot à Mot

« I slam the door » signifie « je claque la porte », tous les Anglais francophones vous le diront. De là vient le chelem : le perdant en sort claqué. Doit-il alors claquer la porte ? Ne rêvons pas. Dans cette élection, s’il est vraisemblable qu’on discernera nettement des vainqueurs, il n’y aura officiellement pas de vaincu. Finalement, les choses ne sont claires que dans ce grand « tronche à tronche » (comme on dit à la pétanque) de la présidentielle.

Donc, on entre dans la « dernière ligne droite » vers 2012. Allégés, avec la « contre-performance » de François Bayrou qui n’a pas « franchi la barre ». Pas surpris que la gauche ait « marqué des points », ni que Sarko, sans « monter au filet », feigne d’être l’« arbitre », ni que Ségolène Royal ait « taclé » Martine Aubry en pondant son œuf médiatique à l’heure de son appel à la Patrie, ni qu’un commentateur, dans je ne sais plus quelle région, ait vu le Front National « monter sur le podium » pour figurer « dans le tiercé gagnant ». Sur la question des réserves de voix à droite, Xavier Bertrand « bottait en touche » en évoquant les quelques régions où la droite gouvernementale « faisait la course en tête »,

près le succès annoncé des régionales pour l’UMP, Super Sarko va devoir se pencher sur ses dossiers industriels. Il y a Areva, bien sûr, mais surtout Alcatel Lucent. Ce groupe, qui fabrique des réseaux de télécoms, a été un puissant conglomérat jusqu’au début des années 90. Sous le nom de Compagnie générale d’électricité (CGE) et sous la houlette d’Ambroise Roux, la société détenait des pans entiers de l’économie (Alstom, Cegelec, Nexans, une partie de Framatome, des journaux, dont l’Express, et des maisons d’édition). Nommé PDG en 1995, Serge Tchuruk a tout vendu pour ne garder que les télécoms et s’est pris la bulle Internet en pleine figure en perdant de l’argent quasiment chaque année, tout en faisant une bonne provision de stock-options. Il a fusionné Alcatel avec l’américain en perdition Lucent et, aujourd’hui, le groupe n’a pratiquement plus rien de français : ses chercheurs sont essentiellement aux États-Unis et en Chine. Poussé vers la sortie il y a deux ans, Tchuruk a été remplacé par un Hollandais, Ben Verwayen, qui n’a qu’une obsession : réduire les coûts. Mais cela n’a aucun impact sur les résultats. En 2009, Alcatel a perdu 360 millions d’euros (contre 1,6 milliard l’année d’avant) pour un chiffre d’affaires de 15,2 milliards, en baisse de 10 %. « Ben », comme tout le monde l’appelle, est accusé de n’avoir aucune stratégie. Pour les banquiers et les actionnaires, la solution serait de vendre le groupe au suédois Ericsson ou à l’américain Cisco, ce qui éviterait un humiliant rachat par un chinois comme Huawei ou ZTE. Mais l’Élysée juge que la France doit garder ce qui fut un fleuron de son industrie. Le problème est que la faillite n’est pas exclue. Bah, Super Sarko et son ministre de l’Industrie Christian Estrosi ont sûrement déjà un plan ✹ gari john

sans évoquer le gadin de ses « poids lourds » dans toutes les autres. Ouf, mi-temps ! Eh oui, à ce stade, si j’ose dire, la politique, c’est vraiment du sport. Dans les métaphores, et peut-être, hélas, dans les stratégies. Cela valait bien la peine qu’Aristote, Machiavel, Rousseau, Marx et quelques autres grosses têtes se crament les neurones à en faire un art intellectuel ! Ils ont passé la main à des judokas géants et à des joggeurs urbains ! Résultat, les urnes sont vides, comme si la démocratie jouait en troisième division. Heureusement, la veille du second tour, on va rejouer, en rugby, la guerre de Cent Ans, et la télé fera salle comble : oldies but goodies… ✹

jacques gaillard


Apéro

La

claque pour Sarko

régionales Vote sanction, abstention : les électeurs ont puni l’exécutif. Tant pis pour Nicolas Sarkozy. Sa réforme des collectivités territoriales aurait (un peu) changé la donne.

N

icolas Sarkozy doit s’en mordre les doigts, ou ce qu’il en reste. S’il avait su, lui qui dégaine les réformes au rythme d’une kalachnikov, il aurait mis en œuvre plus tôt le chamboule tout des collectivités territoriales ! Adopté en Conseil des ministres le 21 octobre 2009, voté en première lecture au Sénat le 4 février 2010, le projet de loi, s’il va jusqu’au bout, ne s’appliquera qu’en… 2014. Dommage pour l’UMP ! Avec le nouveau mode de scrutin – si simple pour le manant – uninominal à un tour pour 80 % des nouveaux conseillers territoriaux, la majorité aurait remporté d’emblée au moins neuf régions ! Et tous les Copé, Bertrand et autres Lefebvre auraient pu mieux crier victoire. Au lieu de quoi, les socialistes peuvent encore croire en un 21 mars jubilatoire. Faute de

les cimetières inondés et François Fillon courant de meeting en meeting, ont répété, comme si nous étions sourds, « l’enjeu est un scrutin local et non national ». L’honneur est sauf. À propos de sourds, c’est peut-être eux qui sont durs d’oreille et n’entendent pas grogner les leurs. Comme le bon camarade Alain Juppé qui grince en bloguant, expliquant la « désaffection » pour l’UMP par le rythme de réformes mal ficelé. Et la remontée du Front National par le débat « inopportun » sur l’identité nationale. Sa mission accomplie, Éric Besson va pouvoir regagner le PS. Mais l’immense François Fillon a sifflé la fin de l’expression libre. Avec 11,74 %, le Front National est de retour, presque comme au bon vieux temps. La franchise Le Pen, père et fille, a remporté de sombres succès en Paca et dans le Nord-Pas-de-Calais. Alors que la petite-fille, Maréchal nous voilà pas, doit encore apprendre le métier. Nicolas Sarkozy n’a pas réussi, comme Mitterrand avec réserves de voix à droite, le parti le PC, à plumer la volaille d’exunique, caporalisé par Nicolas trême droite. Sarkozy, s’est retourné contre lui. Douze triangulaires avec le FN L’UMP vue de dos, c’est pas joli. vont donc faire le bonheur des soÀ moins que, parmi les 53,65 % cialistes qui, avec une Aubry soud’abstentionnistes, des citoyens riante, n’ont pas abandonné leur charitables, ne viennent au serêve d’une France rosée. Deux cours de la « droite républicaicartes manqueront dans le jeu de ne ». Devenu le plus grand parti, l’union entre PS, Europe Écologie le camp des abstentionnistes s’est et Front de gauche : la Bretagne, pourtant exprioù les écolomé, comme quoi gistes se mainSuccès de la marque les muets cautiennent, et le Le Pen, père et fille. sent : le sarkoLimousin où zysme est sancla fusion avec tionné. Regardons de nos yeux le Front de Gauche n’a pas été cruels, la performance des minispossible. Cécile Duflot, qui semtres enrôlés. Nombre d’entre eux ble avoir installé durablement ont été devancés par la gauche, son parti dans le jeu politique, et laminés comme Marie-Luce PenJean-Luc Mélenchon, qui a cloué chard en Guadeloupe ou écrasés le bec à Olivier Besancenot, sont, comme Xavier Darcos en Aquitaiaprès le PS ressuscité, les vainne. N’empêche. Nicolas Sarkozy, queurs de ces élections qui n’inpeu gêné d’aller cette semaine en téressent pas le Président.✹ FLORENCE MURRACIOLE Poitou-Charentes pleurer dans

STAINS, PREMIER PRIX DE L’ABSTENTION Dimanche, Stains, commune de Seine-Saint-Denis a fait ceinture (rouge) en terme d’électeurs. La municipalité communiste depuis 1945 a enregistré un record : un des plus fort taux d’abstention aux élections régionales avec 71.44 %. À la cité du Clos-Saint-Lazare, où vivent plus de 10 000 âmes, les deux écoles maternelles où sont installés les bureaux de vote ont entendu les mouches voler. Sur les 2 400 inscrits, moins d’un sur cinq s’est déplacé. « Je savais même pas qu’il y avait des élections » soupire Mehdi, 22 ans. « La région, ça nous sert à quoi, à nous ? On s’en fout ! » renchérit son pote Houcine. Dans cette zone classée ZUS (zone urbaine sensible), les trois quarts des citadins habitent dans des logements sociaux. Plus de la moitié gagnent l’équivalent du SMIC et sont exonérés d’impôts. Près d’un tiers sont au chômage. Le trafic de drogue y est le principal fléau. Au milieu des allées désertes et des

magasins fermés, à l’exception d’un coiffeur, des femmes se dirigent, comme chaque jour, au marché organisé par le secours populaire situé en face d’un commissariat aux allures de bunker. Seule une d’entre elles a glissé un bulletin dans l’urne. « Parce que depuis que je suis arrivé en 1971, j’ai toujours pris l’habitude de voter, même si j’ai l’impression que ça sert à rien », confie-t-elle, désabusée. Entre les murs du « Clos », le FN n’a pas dépassé les 5 %. Mais un peu plus haut, rue Paul-Vaillant Couturier, il atteint 17 %. Les communistes eux, ont perdu 13 %, entre 2004 et cette année, chutant à 20 %. « Stains, c’est une ville-village » a coutume de dire un vieil habitant de la commune, « tout le monde se connaît ». « Les fachos, on sait dans quels bistrots ils sont », assure un autre. Sur un mur de la cité, un tag résume le malaise général : « je crève les yeux ouverts ». Et sans voix ✹ LOUIS CABANES

chef scoop La mort lente en prison

Dans une prison du canton de Vaud, un Helvético-tunisien de 30 ans est mort, le 11 mars, après avoir mis le feu à son matelas. Condamné à vingt mois de prison pour injures, menaces et vols avec violences, Skander Vogt était détenu depuis neuf longues années. C’est que le code pénal suisse permet de priver un condamné du droit à la liberté à l’expiration de sa peine, et cela pour une durée illimitée. À la seule condition que le détenu soit soupçonné de pouvoir, un jour, compromettre « gravement la sécurité publique. » Incarcéré dans des quartiers de haute sécurité, Skander Vogt réclamait, en vain, depuis des années, une expertise psychiatrique, que l’administration pénitentiaire lui refusait systématiquement. En France, une disposition similaire a été adoptée en 2008 à l'initiative de Rachida Dati. Et cela malgré l’opposition courageuse menée par Pierre Joxe au Conseil constitutionnel ✹ Ian Hamel

Longuet plus blanc que blanc

Mitterrand, VRP en armes

Après le colloque organisé au Sénat, le 11 mars, avec en invité d’honneur le Prince Khaled Al Faysal bin Adbulaziz Al-Saoud, gouverneur de la province de La Mecque, la France a envoyé, le mercredi 17 mars, son sémillant ministre de la Culture Frédo Mitterrand à Janadriyah pour y inaugurer le 26ème festival national de la culture et des traditions. Les principaux sponsors de cet événement on ne peut plus culturel sont les fleurons de l’industrie de la défense : EADS, DCNS et Thalès. En fait, le ministre saoudien de l’Intérieur, le Prince Nayef Bin Abdel Aziz, doit se rendre les 22 et 23 mars à Paris, avec dans ses bagages, de juteux contrats d’armement s’inscrivant dans le programme de surveillance des frontières dont EADS est maître d’œuvre. Sans compter l’invitation faite au roi Abdallah d’assister, défilé militaire compris, aux festivités du 14 juillet qui doivent aussi inaugurer, au Louvre, une exposition consacrée à l’histoire saoudienne. Frédo Mitterrand fera-t-il la danse du ventre ?

Le marathon fiscal de Johnny

En révélant récemment qu’il scolarisait ses enfants à Los Angeles, le rocker français a reconnu, de fait, qu’il n’habitait pas dans la station de ski de Gstaad, dans le canton de Berne. Or, pour bénéficier du fameux forfait fiscal helvétique, il faut résider au minimum 180 jours par an dans le pays. Johnny a protesté que la Suisse est « le centre de ses intérêts vitaux ». Ce grossier mensonge incite la gauche helvétique, notamment le parti socialiste, à réclamer l’abolition de ce privilège.

Cartes de crédit anonymes

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui enquête sur les juridictions et territoires non coopératifs, vient de découvrir que les établissements financiers de certaines îles des Caraïbes proposent une carte de crédit… sans nom. Les enquêteurs, qui ont pu saisir quelques exemplaires, ignorent encore quels sont les établissements qui acceptent ce bout de plastique sans identité.

Le 26 février dernier, le juge Jean-Marie d’Huy s’alignait sur les réquisitions du parquet en rendant un non-lieu général dans l’enquête sur le financement du parti républicain dans laquelle Gérard Longuet était mis en examen. Dans le coffre-fort de ce dernier, les policiers, lors d’une perquisition réalisée le 20 juillet 1995, avaient découvert une somme de 2 340 000 francs en espèces que Jean-Pierre Thomas avait alors justifiée comme « fonds secrets de Matignon ». Quinze longues années de réflexion auront donc été nécessaires à la justice pour conclure qu’il n’y avait pas là matière à poursuites !

La sécurité va bien en prison

Lors des vœux à ses personnels, JeanAmédée Lathoud, nouveau directeur de l’administration pénitentiaire, rappelait à ses ouailles qu’ils étaient « des auxiliaires de justice, cette justice, qui, avec la dignité et la fraternité, [appartient] aux valeurs auxquelles sont profondément attachés nos concitoyens et la République. » Des auxiliaires de justice… mis en examen. Stéphane Scotto, responsable du très important état-major de la sécurité, a été en effet mis en cause pour homicide involontaire dans le cadre d’une affaire qui remonte à 2004 ; et Daniel Willemot, patron du bureau de la sécurité pénitentiaire, s’est retrouvé mis en examen pour complicité de violences volontaires. « Ces personnes bénéficient de la présomption d’innocence », assure à Bakchich, un porte-parole du ministère de la Justice.

Delaoë au stade des ennuis

Le maire de Paris n’en a pas fini avec les tracas causés par Jean Bouin, ce tranquille complexe sportif du XVIème arrondissement de Paris dont il est soupçonné d’avoir, en 2004, attribué la gestion un peu trop facilement à l’association Paris Jean Bouin, alliée au groupe d’Arnaud Lagardère. Le 10 avril, la Cour d’appel de Paris pourrait mettre le susceptible Delanoë de fort mauvaise humeur. Ses magistrats pourraient estimer que le contrat qui lie la mairie à l’association est bel et bien une délégation de service public. Ce qui aurait dû obliger Bébert à organiser un appel d’offres plutôt que de recourir au gré à gré. C’est en tout cas le sens des recommandations formulées le 12 mars par le rapporteur public devant la Cour d’appel ✹

du samedi 20 au vendredi 26 mars 2010 | Bakchich Hebdo N°16

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Apéro le vatican face aux prêtres pédophiles

allemagne

sponsoring à tout-va pour la cdu

C

’est un bon gros parpaing que le journal Spiegel a jeté dans la mare des conservateurs allemands le 20 février, en révélant les pratiques de financement douteuses de la CDU en Rhénanie du Nord-Westphalie. En pleine préparation du congrès qui se tiendra le 20 mars, la direction régionale du parti avait décidé de se chercher des sponsors. TM (trademark) pour marque déposée Est-ce l’annonce de la venue d’Angela Merkel qui est montée à la CDU rhénane, Hendrik Wüst, la tête des responsables du markelimogé deux jours après l’article ting de la CDU rhénane ? Le courdu Spiegel, personne n’est dupe. rier envoyé aux entreprises parEt pour cause. La presse alletenaires et dévoilé par le Spiegel mande n’a eu qu’à se baisser pour proposait des offres imbattables : récolter des exemples de sponso14 000 euros pour un stand de 12 ring agressif pratiqué depuis à 15 mètres carrés, avec une viquelques années par la CDU dans site du ministre-président himle Land le plus riche d’Allemagne. s e l f , Jü r g e n Aux rassembleRüttgers, ainsi ments du parti, 20 000 euros le stand, qu’une photo rien ne se perd, immortalisant avec le ministre-président tout se loue : une l’instant. Et mention de l’enrien qu’à soi. pour 6 000 euros treprise dans le de plus, des discours d’ouver« entretiens en tête-à-tête avec le miture, une place à la table des VIP nistre-président ». Irrésisitible. du parti, etc. Sale affaire pour Rüttgers, à quelLes associations Lobby Control ques semaines du scrutin qui deet Transparency International vrait le voir réélu. Il a eu beau ont rappelé, ulcérées, que, dans jouer l’étonnement furieux et inle cas du parrainage, le nom de criminer le secrétaire général de l’entreprise n’apparaît pas dans

Fin de parti

Les officiels communistes chinois ne badinent pas avec l’amour sur le Web. La publication du journal intime de Han Feng, un cadre du parti corrompu, sur Internet, a conduit à son arrestation le 15 mars. Humiliation suprême : l’expulsion du PC et le limogeage de ses fonctions. Une fin de péquin.

Humour vache

Une propriétaire, des voisins ou une belle-mère qui vous tapent sur les nerfs ? Ce site va vous soulager. Fumier.com propose de faire livrer à ses meilleurs ennemis une boîte contenant du véritable fumier de vache accompagnée d’un message personnalisable pour 8,50 euros. Des sites allemands, canadiens, italiens ou tchèques ont déjà parlé de cette entreprise jurassienne créée en décembre dernier. Ça bouze bien sur le Web.

Meetic made in Iran

Gros casse-tête en Iran. Les jeunes se marient de plus en plus tard et les divorces augmentent. Mais le gouvernement a trouvé la solution : prodiguer des « cours de mariage » sur Internet. Ouvert le 13 mars, Saj.ir apprend aux Iraniens comment rencontrer le bon partenaire puis préparer son mariage grâce aux conseils de spécialistes et de religieux. Mieux vaut éviter le sexe hors mariage et privilégier les rencontres arrangées par la famille pour décrocher le précieux diplôme de mariage.

Beauvais coucheur

Trouver un bar animé à Beauvais après 20 heures relève de la gageure. Du coup, les habitants ont trouvé la parade : squatter les sites pornos. Ils sont les plus nombreux en France à les consulter, d’après le sondage mené par le magazine Men’s Health. Notamment celui de YouPorn, très prisé. Pas étonnant que, d’après L’Observatoire de Beauvais, les deux sex-shop de la ville entendent les mouches voler ✹

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Qui a révélé que Sergueï Pougatchev allait construire les navires de guerre Mistral en cas d’accord Moscou-Paris ? A. Onze Mondial B. Le Figaro C. France-Soir D. La Pravda Réponse C. Sur le site Internet du journal, propriété d’Alexandre Pougatchev, fils de Sergeï, au détour d’un article daté du 12 septembre 2009.

bab’ el web

la comptabilité du parti, qui classe ces gains dans les rubriques « autres revenus » ou « événementiel ». Mieux, les sommes versées sont déductibles d’impôt car déclarées par les entreprises comme frais de publicité. Corruption ? Dans un rapport du 4 décembre 2009, le Conseil de l’Europe avait mis à l’index cette pratique allemande : « Le parrainage (ou sponsoring, c’est-à-dire la prise en charge par une entreprise ou autre entité de frais liés à certaines activités politiques en échange d’une forme de publicité) pose […] problème. Les entretiens sur place ont révélé que l’aide accordée aux partis politiques sous forme de parrainage était considérable et qu’elle prenait de plus en plus d’importance. » Et d’appeler à « clarifier les conditions dans lesquelles le parrainage au profit des partis politiques est permis, ainsi que le régime juridique, comptable et fiscal applicable ». Si la CDU clame sa volonté de réformer le système, il est sans doute trop tard pour Rüttgers, qui pourrait, le 9 mai prochain, faire perdre aux conservateurs allemands la puissante Rhénanie du Nord ✹ lise ducreuil

L’A380 a fondu les boulons Après trois incidents fin 2009, le nouveau fleuron d’Airbus, l’A380, a subi une nouvelle avarie, le 5 mars dernier, qui a provoqué une belle peur chez les pompiers de Roissy. Juste après l’atterrissage en provenance de New York, le système automatique de freinage a buggé et la température de deux roues du vol Air France 007 (!) est montée à 865 degrés. Face au risque d’incendie, les soldats du feu ont refroidi les jantes. Ces dernières ont alors brutalement éjecté leurs écrous vers eux. Selon l’un des pilotes d’essai du consortium européen, « cet avion se pilote comme on conduit un vélo ». Peut-être faut-il justement le ramener à l’atelier pour remettre les petites roues ? ✹ françois nénin

Bakchich Hebdo N°16 | du samedi 20 au vendredi 26 mars 2010

de France-Soir, mais surtout ancien directeur de la rédaction du Parisien, congédié sans ménagements au mois de septembre dernier. Visiblement, la hache de guerre n’est pas enterrée.

Les chiffres Épiq des «Échos»

L’info. Le 17 mars, les Échos s’offraient une page d’autopromo : les Échos, «le seul quotidien à gagner des lecteurs», au-dessus d’un graphique indiquant que, contrairement à tous ses concurrents, le journal de Bernard Arnault progresse de 0,6% Le décryptage. Ce chiffre de 0,6% est en fait tiré d’une Épiq (Étude de la presse d’information quotidienne) réalisée par Audipresse, société émanant des éditeurs de presse. Le Monde s’en était fait l’écho le 17 mars, mais, étonnement, le journal du soir, sur la base de cette même étude écrivait : «L’audience de tous les titres nationaux a baissé, à l’exception de celle du Monde». Les deux ont raison, mais ils ont mis en avant des chiffres ne portant pas sur la même période et choisi, sans doute au hasard, ceux qui leur étaient favorables. Le Monde compare les résultats de cette nouvelle étude à la précédente, publiée en juillet 2009, quand les Échos comparent ceux de 2008 à ceux de 2009. À ce jeu-là, tout le monde est gagnant surtout quand il s’agit de rassurer des annonceurs fébriles sur la santé du titre.

«Le Parisien» Allègre-doux

L’info. Toujours prompt à titrer sa une sur l’hiver trop long ou l’été trop chaud, le Parisien-Aujourd’hui en France n’a pourtant consacré aucun papier au livre de Claude Allègre, L’Imposture climatique : ou la fausse écologie. Le décryptage. Paru chez Plon le 16 février dernier, le livre de l’ancien ministre de l’Éducation a été coécrit par Dominique de Montvallon, aujourd’hui chef du service politique

L’œil de Moscou

L’info. Alexandre Pougatchev, patron de France-Soir, l’assure : « Je n’ai pas d’autre intérêt que faire gagner le journal » (16 mars sur France-Info). Le décryptage. On aimerait le croire, mais il est enrichissant de constater que, par exemple, sur le site Internet du quotidien, les articles consacrés à l’actualité de la Russie et plus précisément à Vladimir Poutine, dont le père d’Alexandre Pougatchev est très proche, sont en grande majorité fermés aux commentaires.

Opinion Way sur Latouche

L’info. Depuis juin 2009, le sondeur Opinion Way s’est associé avec l’entreprise Fiducial pour la réalisation de certaines de ses enquêtes d’opinion comme lors des premiers résultats du scrutin du premier tour des régionales pour TF1, LCI, le Figaro et RTL. Le décryptage. Fiducial est l’une des plus grosses entreprises d’expertise comptable françaises. Son patron, le très droitier Christian Latouche (il fut un temps proche du MNR, le parti de Bruno Mégret), a racheté une partie de la presse lyonnaise l’année dernière. Sondeur, patron de presse, et expert comptable, un mélange des genres réjouissant.

Immortel FOG

L’info. Dans son édition du 18 mars, le Point consacre quatre pages dithyrambiques à la critique du film L’Immortel, inspiré de l’histoire de Jacky Le Mat, ex-parrain de Marseille. Le décryptage. Ces quatre pages (moins savoureuses que notre interview bidon de Jean Reno en page 14) feront sans doute plaisir à l’auteur du polar dont est tiré le film, Franz-Olivier Giesbert, directeur du Point ✹


Filouteries ARNAQUES La pression sur les salariés des banques n’a jamais été aussi forte. Les conseillers doivent désormais vendre une kyrielle de produits financiers, sans états d’âme ni égards pour le budget des clients. Bakchich s’est procuré de nombreux documents. Édifiant.

banques, la vente aux forceps

A

u départ, un léger malentendu. Vous venez voir votre conseiller financier, en toute confiance, afin d’obtenir l’avis de cet inestimable expert pour gérer vos économies. Sans se douter qu’il s’est mué en OS de la vente qui applique mécaniquement les objectifs assignés. Et peu importe la situation personnelle et financière des clients. « J’ai vu des gens à découvert à qui l’on proposait d’office des produits d’épargne », raconte Joseph Thouvenel, secrétaire général adjoint

de la CFTC et ancien cadre d’une grande banque. Dans le contexte hyperconcurrentiel du secteur bancaire, le marketing se doit d’être plus qu’imaginatif. Il faut vendre, à la chaîne, des produits d’épargne ou des crédits à la consommation qui répondent aux doux noms de « Teoz », de « Bénéfic », et des actions Natixis, produit de la fusion entre les Caisses d’épargne, au cours erratique ces dernières années. Les consignes imposées aux conseillers sont explicites. Selon des documents internes de la Caisse d’épargne consultés

par Bakchich, certains procédés ressemblent à s’y méprendre à de la vente forcée. « Comme vous le savez, nous sommes en action sur les crédits conso et cartes Teoz, explique un manager à son équipe. Je vous en rappelle les objectifs : deux Teoz par collaborateur et par semaine et un CA minimal de 19 000 euros en conso par agent. Dès aujourd’hui, nous devons exploiter les cibles (sic), favoriser les occasions de vente et imposer le couplage immo-crédit. » Autrement dit, vous venez pour un emprunt et vous repartez avec une myriade de cartes et de crédits

le blues des conseillers financiers

D

e « challenge » en « prime au rendement », les sa­lariés des banques n’ont pas le moral. Nombre d’entre eux ont le sentiment de perdre leur âme en travaillant dans des conditions de plus en plus éprouvantes. « La pression des objectifs est devenue insupportable. On leur dit : vous avez trois mois pour placer tant de produits, et de chacun dépend l’obtention d’une prime », raconte Joseph Thouvenel, syndicaliste CFTC. La dernière enquête Samotrace réalisée par 120 médecins sur la santé mentale de 6 000 salariés montre que le personnel des banques est l’un des plus touchés par les « symptômes dépressifs et anxieux ». Selon une autre étude menée en février par un cabinet pour la Société générale,

36 % des salariés des banques seraient « stressés » et près de 13 % en situation d’« hyperstress ». Face à ce problème, certains établissements ont mis en place des formations pour les managers censés prévenir les situations difficiles. Des dispositifs jugés insuffisants par la plupart des syndicats. « Pendant deux jours on va leur expliquer la conduite à tenir, leur dire ce qu’il faut éviter, et dès qu’ils reviennent avec la nécessité de tenir les objectifs, tout cela est vite oublié », affirme Thierry Pierret, délégué national CFDT à la Société générale. « On a distribué aux salariés une plaquette pour gérer leur stress. On leur explique qu’il est très important de bien respirer.» Voilà qui ne manque pas de souffle ✹ l. d.

dont vous ne soupçonniez même pour répondre aux légitimes inpas l’existence. terrogations des clients », explique Pour motiver ses troupes, le Serge Maître, président de l’Assomanagement passe son temps à ciation française des usagers des tenter de les galvaniser, comme banques. Selon une note de la Soà l’armée. À la Société générale, ciété générale, face à des clients on booste le personnel par mail : redoutant les aléas de la Bourse, « C’est un rush dans lequel la il suffit de rétorquer : « Ca fait des compétition entre les agences va années que ça grimpe, ça va contiêtre âpre. Les points de vente les nuer » ou « c’est au plus bas, cela plus performants vont pouvoir se ne peut que remonter ». mettre en valeur, Autre techniavec des récomque : préparer « Bonne chasse à tous », penses à la clé. les vendeurs lance un directeur À nous de faire à trouver la monter l’aiguille parade devant commercial d’agence. du voltmètre ! » des incohérenécrit le direcces manifesteur commercial d’une agence tes. Notamment lorsqu’il faut francilienne, en terminant par un expliquer à une proie que « pour investir en Bourse, il ne faut pas élégant « Bonne chasse à tous ». Et avoir besoin de l’argent à une si les conseillers renâclent à la date fixe », en même temps qu’on tâche, pointe déjà la menace de sanctions. « Bravo à Jean-Philiplui refourgue un fonds commun pe qui a très nettement dépassé son de placement dont « la durée est fixe et connue à l’avance ». « Si la objectif  ; en revanche, Jean-Luc et Pascal ne sont pas du tout dans le Bourse est au plus bas, qu’est-ce qu’on va leur dire ? » s’interroge rythme. Vous pénalisez l’ensemble un conseiller par mail. Réponse : de l’équipe. » Quand les chiffres « Ce n’est pas grave, on va leur en ne décollent pas, le directeur comremettre pour six ans. Comme ça, mercial se fend d’une alerte à ses équipes : « J’en appelle à une réacon les fidélise et on finit l’objectif », tion rapide par solidarité avec vos tranche le manager. Pour les procollègues qui tiennent la cadence. blèmes de conscience, il faudra repasser ✹ La journée va être déterminante. » Pour être sûr de bien se faire com lucie delaporte prendre, le manager n’hésite pas à en remettre une couche quelques jours plus tard : « Vu les récompenL’AMF épingle La Poste ses que j’ai mises sur la table, le Ces dérapages de vente existent jeu en vaut la chandelle. Donc pas dans toutes les grandes banques, d’état d’âme : pied au plancher ! » privées comme mutualistes. Plus À ce rythme, pas étonnant que les surprenant, La Poste, en quête de chasseurs craquent. « On nous fait modernité, a quasiment été pionvendre n’importe quoi », résume nière sur ce terrain douteux. Bakplein d’amertume un conseiller chich s’est procuré un rapport non de l’agence francilienne Société public de la direction des enquêtes générale. « La banque leur fait de l’Autorité des marchés financiers passer des phrases toutes faites (AMF). Le gendarme de la Bourse

s’est intéressé de près à l’affaire et révèle la teneur des argumentaires donnés aux conseillers de La Poste : « Harponner (sic) sur le taux sans évoquer la Bourse ni la condition d’obtention de la promesse. » Si le client panique, il suffit de lui rappeler que « l’euro est un gage de plus grande stabilité économique. La Poste propose d’une manière générale des placements de bon père de famille. » Dans des correspondances internes de la direction, il est précisé que « les animateurs centrent leur action sur les training de vente afin de lever les éventuels freins des vendeurs liés aux harpons, car Bénéfic préfigure le type de produits que La Poste commercialisera dans l’avenir ». En clair, il s’agit d’obtenir une totale docilité des vendeurs – en interne, on ne s’embarrasse pas d’euphémismes – pour les préparer à vendre toujours plus. Vous reprendrez bien un petit crédit ? ✹ L. D.

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Filouteries

La grande valse à deux temps EXPLOSIF La bataille du nucléaire français fait rage. Les milliards d’euros en jeu aiguisent les appétits d’EDF et d’Areva, les deux géants du secteur. À l’affiche : Henri Proglio, Anne Lauvergeon, Anne Méaux, Nicolas Sarkozy et compagnie. Récit d’une guerre qui se livre en famille.

E

n expert, Arafat le répétait quer des centrales partout dans le monde. à ses hôtes : « Faire la guerre Anne Lauvergeon, pépée de 42 ans, devient n’est pas une partie de pique-nisans problème grande timonière avec sa bouée de références : Normal Sup, agrégaque ». Les batailles au cœur du Cac 40, c’est pareil. Le conflit tion de physique, passage à l’Élysée sous atomique que se livrent depuis Mitterrand et ingénieure des Mines. Titre des mois une poignée de très grosses firmes qu’elle porte en sautoir : « Je n’ai pas besoin françaises pour le contrôle de la branche de d’être franc-maçonne, j’appartiens au corps notre nucléaire civil a ce goût-là, celui du des Mines ». Ah, le joli corps des Mines ! sang. Anne arrive et le vent de l’histoire fait un Pilier de l’histoire : EDF qui, attelée au tête-à-queue. Three Mile Island en 1979 et Comité d’énergie atomique (CEA), a conçu Tchernobyl en 1986 paraissent précipisous de Gaulle nos jolies ter la fin de l’électricité centrales. Traitement, nucléaire. Mais Areva À l’Élysée, le mot de passe ouvre pour tant des retraitement, production de combustible, nos bureaux dans 43 pays. est le suivant : mettre fin champions de l’uranium Autour du trésor, ressusà ce bordel du nucléaire. fondent la Cogema sous cité notamment par la Giscard, en 1976. EDF raréfaction du pétrole, ça va nourrir les centrales en électricité et grouille. Subitement, et la communication gérer, parfois à la va-comme-je-te-pousse, de Anne Lauvergeon y est pour beaucoup, les déchets recrachés par les réacteurs. le nucléaire devient l’ami de tout le monde. En juillet 2001, la vieille dame Cogema Le géant Suez, spécialiste de la distribution épouse Framatome pour donner naissance d’eau, du transport, s’allie à GDF, pour gaà Areva, une boîte bien plus ambitieuse, zer ensemble. Sur le paillasson de l’atome, qui n’entend pas limiter son rôle à celui de on trouve aussi Martin Bouygues, l’ami stupide client d’EDF. Elle aussi veut fabride Sarko, et son compère Patrick Kron,

respectivement premier actionnaire et PDG d’Alstom, challenger de la production d’électricité. Ces industriels rêvent de manger Areva. Depuis 2007, la guerre est déclarée. Jusqu’en décembre dernier, cette guérilla reste florentine. C’est le moment où Areva perd un colossal marché de centrales à Abou Dhabi et l’espérance de 40 milliards d’euros (lire ci-dessous). Nicolas Sarkozy qui « a mouillé sa chemise » et Claude Guéant, qui a fait des navettes dans l’émirat et donné sa confiance à Areva, apprécient peu. Derechef, le président commande à François Roussely, ex-PDG d’EDF, un rapport sur les perspectives de notre nucléaire (il doit le rendre fin avril). À l’Élysée, où la langue des casernes domine, le mot de passe est désormais le suivant : mettre fin à ce bordel. D’autant que, pendant ce temps, d’épouvantables révisionnistes osent mettre en doute les vertus de l’EPR, le réacteur qu’Aréva construit dans la plus grande douleur en Finlande et à Flamanville, près du Havre. Ces agents de l’anti-France comparent notre EPR à Concorde, une machine parfaite mais invendable (lire ci-dessous). La gros-

se tuile pour Lauvergeon, accusée d’une gouvernance en solo, cause d’échecs et de comptes pas toujours très clairs. Dans la langue des jardins d’enfants, nous dirions qu’Anne est dans le toboggan, virée sans doute bientôt, mais avec un parachute en platine de près d’un million d’euros. Or, pour remplacer « Atomic Anne », Sarkozy et Guéant ont pensé à Henri Proglio, qui, à la tête de Veolia, la société héritière de la Générale des eaux, rêve à un destin de grand capitaine d’industrie. En 2004, Proglio a tenté de convaincre Chirac de garder son ami Roussely à la tête d’EDF. En se proposant comme héritier. Hélas, cédant sous les coups du colossal Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre menaçant de démissionner, l’Élysée nomme Pierre Gadonneix, qui va s’y assoupir. Rebelote pour Proglio qui, en 2006, sur les conseils du grand Alain Minc, tente une OPA sur l’électricien italien Enel afin de s’emparer de GDF-Suez. Nouvel échec. En attendant, pour tout ce petit monde, de repartir à l’assaut de contrats qui se chiffrent en milliards ✹ jacques-marie bourget

LES DÉBOIRES DE l’epr

AREVA VIRÉE DES ÉMIRATS ARABES UNIS

leuron de la technologie dial. Pourtant, au milieu des annucléaire française, l’EPR nées 90, l’idée de la fin imminente d’Areva (European pressudu nucléaire civil domine. C’est rized water reactor), dit encore notamment la conviction de Jack réacteur de troisième génération, Welch, le patron de l’Américain passe un sacré mauvais quart General Electric, qui annonce urbi et orbi : « On arrête ». d’heure. « Seule Anne Lauvergeon contiDébut mars, quelques minunue alors d’y croire », observe un tes avant que Nicolas Sarkozy inaugure à Paris une conférence cadre d’Areva. Elle y croit grâce internationale consacrée au nuaux vertus d’un EPR capable de cléaire, plusieurs associations résister aux trois scénarios catasintroduisent dans le circuit métrophes qui pétrifient l’Occident : diatique une série de documents Three Mile Island, Tchernobyl « confidentiels » émanant d’EDF. et le 11 septembre 2001. Les inLesquels mettent, semble-t-il, génieurs d’EDF et d’Aréva qui, gravement en sous couvert de cause la sécuoff, ont accepté «C’est notre métier rité de l’EPR en d’évoquer pour d’imaginer le pire.» construction à Bakchich la Flamanville, question de la dans la Manche. Les scénarios sûreté de l’EPR, défendent leur évoqués sont immédiatement bébé : « C’est notre métier d’imagirepris très largement par la presner le pire. Nous consultons tous se : « Risque d’accident majeur à les experts et plus spécialement Flamanville ? » s’inquiète ainsi ceux qui sont en désaccord avec nos 20minutes, « EPR : vers un accicalculs ». Et de citer l’exemple du dent majeur type Tchernobyl ? », 11 septembre : l’EPR encaisserait s’interroge le site du Nouvel désormais la chute d’un A380. Observateur. En novembre 2009, Depuis plus de 10 ans, personne les trois autorités de sécurité n’a construit de réacteur nucléainucléaire, française, anglaise et re dans le monde. D’où une perte finlandaise, avaient déjà sommé de compétence, spécialement Areva – sécurité oblige – « d’améchez les sous-traitants, dont Bouliorer la conception initiale de ygues. Les problèmes d’Areva en l’EPR ». Finlande trouvent là une partie Mauvaise passe alors que de nomde leur origine. Diagnostic confirbreux clients se manifestent pour mé par la CGT qui incrimine « la période de faible investissement ». l’achat de centrales. La World Nuclear Association estime que La deuxième génération de cenplus de 450 nouveaux réacteurs trales actuellement en exploitadevraient être mis en service tion a été conçue à partir du dédans le monde d’ici à 2030. Sur but des années 60. Le nucléaire ce marché, en dépit des ratés acn’a pas vraiment décollé de son âge de pierre ✹ tuels, la France mène la course en tête : Areva est le numéro un mon éric laffitte

our expliquer l’échec de l’offre nucléaire franLa préparation de l’après-pétrole est un « enjeu de çaise aux Émirats Arabes Unis, les industriels survie » pour Abou Dhabi et ne peut souffrir d’une d’Areva rejettent volontiers la responsabilité telle prise de risque. D’où le choix final de la Corée sur l’Élysée. Vu d’Abou Dhabi, ce raté français leur du Sud. Leurs centrales nucléaires sont peut-être revient davantage qu’à un Nicolas Sarkozy qui « a moins innovantes, mais elles ont démontré leur fiavraiment mouillé sa chemise », selon une source probilité et présentent de surcroît « une différence coche des négociateurs émiratis. Dès l’annonce de la lossale » au niveau des coûts, selon un négociateur candidature hexagonale en janvier 2008, les Émirats émirati. Comme les autres pays du Golfe, les Émise sont inquiétés de l’absence d’EDF et l’ont rapiderats sont commercialement tournés vers l’Asie. « Or, ment fait savoir : l’attelage français l’industrie française ne s’est pas endoit être mené par un opérateur sûr core adaptée à cet environnement L’après-pétrole, un enjeu et central. Or, leur demande n’a concurrentiel », commente-t-on été prise en compte qu’en novemde survie pour Abou Dhabi. sans complaisance à Abou Dhabre 2009, après la prise de fonction bi, où l’on apprécie le transfert de d’Henri Proglio à la tête d’EDF, soit technologies ultrasensibles offert deux ans après le dépôt de l’offre et à quelques jours à la défense émiratie par leur fournisseur asiatique. de l’attribution. Par la suite, leurs inquiétudes à Ce transfert, mené par l’ADD coréenne (Agency for l’égard de la « machine » EPR n’ont jamais pu être Defense Development), comprend notamment l’aclevées. Comment faire confiance à un équipement quisition de missiles balistiques d’une portée de 300 km et de missiles de croisière dont les dernières mis en cause par les autorités de sûreté nucléaire versions affichent une portée de 1 500 km. (lire ci-contre) ? Hors de question pour les Émirats Dans quel but ? Contrer la menace du grand voisin de reproduire l’expérience malheureuse des chars Leclerc, en achetant sur papier. Cet accord signé iranien, notamment dans le détroit d’Ormuz, où les avec Giat Industries (aujourd’hui Nexter) en 1993, côtes iraniennes et émiraties se font face. À croire d’un montant de 3,2 milliards de dollars, prévoyait que la base militaire française d’Abou Dhabi, insnotamment la livraison de 388 chars à partir de tallée en mai dernier, censée rassurer les Émirats 1994. Mal ficelé, le contrat, émaillé de retards et de face aux ambitions perses, n’aura guère pesé dans le différends, a affecté tant le groupe français que les choix émirati. Pauvres stratèges hexagonaux✹ clients émiratis. Renée de Saissandre

F

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Bakchich Hebdo N°16 | du samedi 20 au vendredi 26 mars 2010

P

a Henri Proglio, le patron

d’EDF, lorgne sur le gâteau nucléaire d’Areva.

a Nicolas Sarkozy devrait trancher cette guerre a priori mi-avril.

a Claude Guéant a la

main sur l’énergie. Il a beaucoup fait pour Proglio.

LE CLAN PROGLIO

a Martin Bouygues rêve

d’entrer au capital d’Areva, via Alstom.


Filouteries

des têtes du nucléaire

maillons faibles et coups tordus

A

h, Dieu, que la guerre économique est jolie, autour de tables de bons restaurants, dans les bars des palaces, parfois dans les salles de rédaction. Pas de gilet pare-balles, les éclats de voix ne tuent pas. Dans ce match de catch où s’étripent les prétendants au leadership du nucléaire, les experts en communication et manipulations, ceux qui défendent le clan de Lauvergeon, frappent les premiers. Leur but est de flinguer Henri Proglio, le patron à double tête d’EDF et Veolia. Facile. En prenant, avec l’aval des services de Christine Lagarde qui l’ont poussé à la faute, la gouvernance d’EDF tout en gardant la main sur Veolia, cet ancien d’HEC s’est transformé en lapin attaché à un piquet. Les journalistes, quelquesuns vraiment choqués, d’autres amis du clan Lauvergeon, font feu de toute encre : « Proglio pas beau, le peuple aura ta peau ! ». « Le double salaire, ce n’était pas la bonne idée ! », admet-on chez Euro-Rscg,

a Les soucis s’accumulent pour Anne Lauvergeon. Sarkozy pourrait la lâcher.

conseil de Proglio. Passe la rafale et vient l’oubli. Les stratèges réarment donc. Faute d’Henri, on va chasser de l’Alex. Alexandre Djouhri, 51 ans, fils de Kabyles né dans le 9-3, surnommé Alex, homme d’affaires puissant mais très discret, ami et partenaire de Proglio, va jouer le pigeon d’argile. L’entreprise est plus aisée. Le mot « beur » et

le nombre 93, contre un homme riche sans avoir fait l’ENA, sont des angles d’attaque opportuns. Le Nouvel Obs s’y colle, le 4 mars dernier, avec quatre pages de « révélations ». Assez rigolotes puisqu’essentiellement pompées dans la presse, dont Bakchich, qui a très largement devancé ce « scoop » (Alex a intenté des procès à Bakchich). Le choix des té-

L’Afrique, terrain de jeu d’Anne Lauvergeon

Contrats au Congo-Kinshasa, au Niger, en Centrafrique… Sous la présidence « d’Atomic Anne », Areva a irradié l’Afrique, appuyée sur une équipe de loustics apparus lors du speed dating nucléaire de Sarko Ier en Afrique en mars 2009 : Georges Forrest et Fabien Singaye. Mon premier, Forrest, 62 ans, Belge de nationalité, consul honoraire de France au Katanga, entrepreneur spécialisé dans les mines, est passé au travers de toutes les enquêtes internationales sur son compte. Mon deuxième, Singaye, un Rwandais conseiller du président centrafricain Bozizé, un temps dans les pas de l’ancien gendarme de l’Élysée Paul Barril, commence à gêner aux entournures l’Élysée. Principalement pour ses liens avec la famille de feu le président rwandais Habyarimana, soupçonné d’avoir organisé le génocide de 1994 et financé la rébellion contre le régime de Kigali. Avec qui Sarkozy vient de se rabibocher. « De là à dire qu’Areva finance la rébellion contre le président rwandais Kagame, il n’y a pas loin », s’amuse une barbouze. L’or vert tâcherait-il aussi ? ✹ X. M

a Christine Lagarde

n’a jamais pu encadrer Henri Proglio.

a Anne Méaux soutient

Anne Lauvergeon et joue de ses influents réseaux.

LE CLAN LAUVERGEON

a François Fillon a un fai-

ble pour les ingénieurs des Mines comme Lauvergeon.

moins, convoqués par l’hebdo, est sa digne représentante Anne surprenant. C’est l’oracle Charles Lauvergeon, sont très étroits. Le Villeneuve, bien connu des specmonde des ingénieurs a toujours tateurs de TF1, qui a vu « Djourhi séduit un Fillon amateur de couravec Arafat à Tunis au milieu des ses automobiles ! années 80 », alors que ce journaEn position de force, l’empire liste n’a jamais été reçu, à cette EDF-Veolia semble attendre avant époque, par le chef de la Palesde balancer l’huile bouillante. tine. Dans le casting, on trouve Divorcé d’Anne Méaux, Henri aussi le « criminologue » Xavier Proglio s’appuie maintenant sur Alain Minc : « Il me trahira Raufer. Sans dire que cet ancien mais pour l’instant il me sert. » fondateur d’Occident reste un monteur de Ce cher Henri coups tordus. compte surtout L’empire EDF-Veolia Ami lecteur, si sur Stéphane tu es encore là, Fouks, ponte attend avant de balancer cesse de soufd’Euro-Rscg l’huile bouillante. frir dans les téet ami intime nèbres, nous en de Dominique arrivons au coeur de cette bataille Strauss-Khan. D’ailleurs, alors de réseaux. qu’il était jadis embourbé dans le À la genèse, comme on dit dans scandale de la Mnef, Dominique la Bible, on trouve, comme souse souvient encore avoir reçu un vent dans les polars, une blonde : mot de soutien signé Henri ProAnne Méaux. Patronne d’Image 7, glio. C’est comme si ce garçon une boîte qu’on ne saurait définir, avait un président dans chaque main… ✹ N. B. ET j.-m. b. entre communication, influence, ou lobbying… son pouvoir pèse autant que celui de Publicis ou d’Euro-Rscg. Capable de marier www.bakchich.info le luxe de Pinault à l’acier de Les trépidantes aventures d’Atomic Mittal, la dame aime aussi les Anne Lauvergeon en Afrique causes perdues : elle s’occupe de la pieuse image du sublime Ben http://minu.me/1vbc Ali, qui fait métier de dictateur, à Tunis. Avec Anne, nous sommes toujours à Démocratie sans frontières. En 2004, Anne est membre du Réseaux communiquants comité éxécutif de Veolia. Mais Image 7. La boîte d’Anne Méaux cette tête de linotte s’engage aux compte parmi ses clients, outre côtés de Raffarin dans la campaAnne Lauvergeon, François Pinault, gne qui doit porter Pierre GadonLouis Gallois (SNCF), François neix à la présidence d’EDF. Alors Pérol (BPCE)… Tous suivent à la que, pour Henri Proglio, il n’y a lettre les recommandations de que deux candidats possibles : lui cette dame de fer, faiseuse de rois. ou François Roussely, le PDG en Récemment, on l’a vu voler au titre. Anne est virée. Et viré aussi secours d’une Laurence Parisot en Xavier Raufer. À Veolia, accomdifficulté pour sa réélection. pagné d’un flic de la DST, il s’est naïvement pointé dans le bureau AMC pour Alain Minc Conseil. d’Antoine Frérot, le numéro deux L’ancien président du directoire de la boîte, pour lui signaler que du Monde est aussi l’homme qui sa firme réchauffait, en son sein, murmure à l’oreille des patrons. un grand terroriste : Alexandre Le fidèle ami de Bolloré a chuDjouhri. Et c’est lui qui a été viré, choté leur stratégie à Jean-Charles pauvre Xavier. Naouri (Casino) ou Henri Giscard Voilà pour les fameux échanges d’Estaing notamment. Minc que de tirs. Visitons maintenant le Martin Bouygues déteste a choisi, champ de bataille. Avec son esdans la bataille du nucléaire, le prit de vendetta, Anne Méaux a camp d’Henri Proglio. rejoint Anne Lauvergeon dans la guerre du nucléaire. Une guerre Euro-RSCG. Dirigé par Stéphane qui fait rage au sommet de l’État. Fouks, Euro-RSCG soutient Henri Les deux Anne sont notamment Proglio. À part l’homme aux deux soutenues par Christine Lagarcasquettes, l’entreprise conseille de depuis que Proglio a appris à aussi les patrons d’Alstom, DaSarko que la ministre de l’Écononone, Peugeot ou L’Oréal… Proche mie s’était fait virer de son cabid’Arnaud Lagardère et de Michel net américain. Pébereau, Fouks a tissé des liens Au milieu de l’affrontement, en politique. DSK ou Valls sont de alors que, comme d’habitude, on ses amis. ne lui demandait rien, apparaît DGM. La boîte dirigée par Michel François Fillon. Le Premier ministre n’aime pas exagérément Calzaroni, rival d’Anne Méaux, Proglio depuis que ce dernier, à conseille Gérard Mestrallet pour peine arrivé à la tête d’EDF, a râlé Suez-GDF mais aussi Bernard contre une décision de l’Europe : Arnault (LVMH). Dans la prise de la vente d’électricité à prix coûcontrôle d’Arcelor par l’Indien tant, ou presque, à des boîtes de Mittal, il a aidé le premier quand sa revendeurs d’énergie. De plus, les grande rivale, Image 7, défendait le liens entre le Premier ministre et second ✹ L. D. le corps des Mines, qui soutient

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Filouteries haute-tension

confidences

le silence des grognards de sarko

Roger Karoutchi se place pour le Grand Paris

culte

l’alsace à contre-coran

Grand rival de Valérie Pécresse, Roger Karoutchi, président de groupe UMP sortant de la région Ile-de-France, fait mine de vouloir aller à la bagarre au troisième tour. Roger, qui a multiplié les déjeuners avec les éligibles de la liste UMP, laisse entendre qu’il pourrait compter sur 60 % des voix pour se faire réélire face à Valérie. Un moyen de faire monter la pression pour négocier quelque chose de bien mieux auprès de l’Élysée. En cas de déculottée dimanche, la ministre Pécresse dont le maroquin serait menacé, pourrait se consoler avec ce hochet régional. Du coup, Karoutchi, en échange, se verrait bien négocier auprès de l’Élysée une compensation comme la présidence du futur établissement public du Grand Paris qui aura la main haute sur l’aménagement de la région. Visiblement, le socialiste Jean-Paul Huchon, dont la réélection à la tête du conseil régional ne fait aucun doute, ne serait pas contre l’arrivée de Karoutchi, vu comme un homme de consensus. En outre, la manœuvre permettrait de mettre hors jeu Christian Blanc le secrétaire d’État au Grand Paris qui en agace beaucoup même à l’Élysée.

Chaude ambiance au PS des Bouches-du-Rhône

R

égionales obligent, le serses pilotes en ce sens. Projet toupent de mer d’Alsace-Mojours dans les tiroirs de l’UMP. selle est de sortie : la place Le président du CRCM d’Alsace, de l’islam, exclue du Concordat Driss Ayachour, veut « combler un de 1801 qui régit la place et le fivide » pour ces enfants « qui n’ont jamais vu leur pays d’origine ». nancement des religions. Dans ce territoire qui n’était pas français Cette position hérisse le poil de lors du vote de la loi de séparation ceux qui veulent faire table rase en 1905, les curés, prêtres et pasdes bigoteries. « Pour l’académie de Strasbourg, teurs touchent 70 % des collée n m oye n n e Intégrer l’islam aux 2 500 euros nets giens demandent une dispense par mois, un cours d’éducation pour les cours de évêque 4 200. À religieuse fait grand bruit. religion, au lycée quoi s’ajoutent on est à 96 % », un logement de fonction et des frais de déplaceindique Bernard Enclin, présiment princiers. Au final, ce ne dent de Laïcité d’accord. « Insont pas moins de 55 millions tégrer l’enseignement de l’islam quand l’intérêt pour la religion d’euros qui sont alloués chaque recule serait aller à contresens des année aux budgets des cultes alévolutions de la société », renchésaciens-mosellans. Les imams, eux, ne touchent rien, rit Gauvain End, prof d’histoire. ce qui a le dont d’irriter Mohamed L’évêque auxiliaire de StrasMoussaoui, président du Conseil bourg, Christian Kratz, s’appuie sur d’autres chiffres : plus de la français du culte musulman. Il a rappelé, à la fin du ramadan en moitié des Alsaciens sont favoraseptembre dernier, que la propobles à l’enseignement de l’islam, contre 25 % au milieu des années sition de loi visant l’intégration de l’islam au Concordat, présen90. L’archevêché de Strasbourg tée en juin 2006 par le député UMP voit dans l’incorporation de l’isde Moselle François Grosdidier, lam au Concordat « un moyen sérieux d’intégration des musulétait toujours d’actualité. À la tête de leurs 110 000 pratimans dans la République ». quants estimés, les responsables Chez les politiques, rares sont des CRCM locaux (Conseils réceux qui remettent en cause le gionaux des cultes musulmans) statut concordataire, pour d’évicherchent à intégrer le statut dentes raisons électorales. « Dans d’exception par la petite porte la tête des Alsaciens-Mosellans, le et mitonnent pour 2011 un « proConcordat est associé au régime local de la Sécurité sociale, bien gramme scolaire » pour faufiler plus avantageux que sur le reste l’islam dans les cours d’éducation du territoire, sans compter deux religieuse dispensés à l’école pujours de congés payés en plus », blique. Coran qui s’en dédit, l’idée fait son chemin. Le président confie Jean, jeune militant laïc. UMP de l’Alsace, feu Adrien ZelSi la foi se nourrit du ventre…✹ ler, avait conçu un projet de clas renaud chenu

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« Rude », « chasse aux sorcières », « désignation des espions ». L’ambiance a apparemment été sympathique au conseil fédéral des socialistes des Bouches-du-Rhône, lundi 15 mars. Malgré le ballottage très favorable de la liste PS dans la région, le boss de la fédé, Jean-Noël Guérini, était sur les dents. À cause des enquêtes judiciaires qui visent toutes les institutions tenues par les socialistes et dont la reprise est annoncée comme imminente ? Ou du refus du président de région sortant, Michel Vauzelle, de nature docile, de placer ses fidèles sur les listes fusionnées pour le second tour ? Dans les deux cas, Nono soupçonne son rival socialiste Patrick Mennucci (dessin) d’être à la manœuvre. Épineux.

Le FN a la mémoire courte

Fort de ses 12 % au national, le FN tire à boulet rouge sur l’UMP en se maintenant dans douze régions au second tour des régionales. « Nous nous maintiendrons partout où nous le pouvons, comme nous l’avons toujours fait, parce que nous ne sommes pas à vendre », a clamé Marine Le Pen. Aurait-elle déjà oublié que son illustre père avait noué des alliances dans cinq régions avec le RPR en 1998 pour les conserver à droite ? ✹

L’HUMEUR DE PROBST Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité. Ce mercredi matin, j’attends un ami africain dans le bar de l’Hilton Courcelles. Je vois passer madame Lauvergeon, fringuante et remontée. Je me suis levé naturellement pour la saluer : « Anne, je vous soutiens, bon courage ». Atomic Anne est un vaillant soldat. Dans la guerre Proglio-Lauvergeon, j’ai choisi mon camp (voir le dossier de Bakchich, pages 6 et 7). Évidemment, le score des régionales ne m’a guère surpris. Ce qu’ils n’ont pas voulu voir au Figaro ou dans le nouveau FranceSoir – un ministre par page dans le journal de feu Pierre Lazareff, le record est battu ! – ce sont trois évidences. La première est que le débat calamiteux, obscurantiste et nauséabond sur l’identité nationale a plombé le Kaiser Sarkoko. Secondo, la pauvreté galopante et le chomage grandissant, sur lesquels a surfé Marine Le Pen, ont été traités avec une arrogance suicidaire. Enfin, qu’il s’agisse des couillonnades du Prince Jean à l’Epad ou des agriculteurs à peine salués par le Président en leur salon annuel, le terrain était miné. Reste à Sarko, comme je l’ai déja proposé, la nomination à Matignon de son meilleur ennemi, Jean-François Copé. À moins qu’il ne préfère la rejouer comme Giscard en 1981, en route pour une défaite annoncée. On n’a pas trop entendu, dimanche soir, les grognards du sarkozisme : les Christian Estrosi, Patrick Balkany, et autres Patrick Devedjian. Qui restait-il

sur les plateaux ? Rachida Dati, qui pérorait. Quant au ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, il a commis, le soir du premier tour des régionales, un communiqué qui restera comme un morceau d’anthologie. On assisterait, d’après lui, à un tassement du Front national. Avec 20 % en Paca pour Le Pen et 20 % pour sa fifille dans le Nord, ce n’est pas un tassement, cher Brice, ni un ressac, mais bel et bien un tsunami. La gigantesque erreur, pour nous à droite, aura été de construire la maison commune, l’UMP, sans réserves de voix pour le deuxième tour, à l’exception de monsieur De Villiers. Nous nous souvenions, l’autre jour, avec Jacques Kossowski, maire UMP de Courbevoie, comment Jacques Chirac, lui, savait faire exister une kyrielle de gens à droite et au centre. Personne ne se rappelle du Centre national des indépendants (CNI) ou du MNR de Bruno Mégret qui pêchaient en eaux troubles. Pas sûr que les amis de Carla, forcément à gauche, soient suffisants pour faire basculer la prochaine présidentielle en notre faveur. Heureusement, il reste la nouvelle formule de Bakchich, une tache de couleur dans un monde trop gris. Le drame est que les Français ne râlent plus, ils ronchonnent. Pour un euro, notre hebdo préféré leur apporte seize pages d’effervescence, d’ironie, de passion et de sarcasmes… L’avenir sera rigolard et voltairien ✹ J.-F. P.

gollnisch bombe le torse

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atanés sondages. Au siège du FN comme à Lyon, où les estimations envoyaient la liste du parti aux oubliettes, les adversaires de Bruno Gollnisch espéraient que ces régionales seraient son dernier combat. On l’imaginait ébranlé par sa suspension de cinq ans à l’Université Lyon-III pour ses propos révisionnistes sur les chambres à gaz. On le croyait affaibli par de graves problèmes cardiaques survenus en 2007 et par un FN jusqu’alors en perte de vitesse. Et puis patatra. En Rhône-Alpes, le succès du FN (14,01 %) a requinqué son numéro 2 bis, qui, torse bombé, a confirmé vouloir être de la partie pour briguer le trône de Jean-Marie Le Pen lors du prochain congrès. « Ce score me donne une certaine crédibilité. J’aurais toutefois été candidat, quelle que soit l’issue de ce scrutin. » Sur sa route, Gollnisch devra croiser le fer avec Marine Le Pen : « Elle et moi sommes embarqués ensemble. Mais pour la présidence du FN, nous seront en compétition. Rassurezvous, je n’y pense pas tous les matins en me rasant » ✹ B. P.


Bazar des médias télévision Pour assister à son émission préférée, le téléspectateur en mal de paillettes devra braver bien des épreuves. Sélections féroces, fouilles au corps, brimades, refoulement à l’entrée, personnel dédaigneux et chauffeur de salle indélicat : bienvenue sur un plateau télé.

Des bestiaux sur un plateau

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L

e public de la semaine dernière était sen-sa-tionn e l  ! J ’ e s p è r e que vous ferez au moins aussi bien qu’eux. » Il est 21h50 et le chauffeur de salle de l’émission La Ferme célébrités, diffusée sur TF1, entame sa demi-heure de conditionnement par un mélange d’humour, d’injonctions et de brimades : « Souriez, montrez toutes vos dents. Applaudissez en levant les bras, c’est important. Évitez les grands signes à la famille et les gratouilles dans le dos. Les filles,

on ne se recoiffe pas sans arrêt. Les garçons, on ne se met pas les doigts dans le nez ». Le début du direct est à 22h15. « Benji » (Castaldi) et « Jean-Pierre » (Foucault) sont annoncés. Les cris de joie sont trop rares. La tension monte. Et le chauffeur de supplier : « Soyez sympas… si l’ambiance n’est pas à la hauteur, c’est moi qui pointe lundi aux Assedic ». La Ferme célébrités en Afrique (La Ferme, pour les connaisseurs), lieu magique où il fait froid dehors (trente minutes d’attente par – 2 °C) et chaud dedans (3 h 30 sous les projecteurs à 35 °C) bat son

un bizness à la tête

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«

as d’ados, pas de vieux, idéalement des 20-30 ans. Ce public doit être esthétique et renouvelé en permanence ». Voilà, grosso modo, la commande des sociétés de production aux agences Idylle, Cassandra, Nouvelle Image ou Casting Events, spécialisées dans la recherche de public télé. Par e-mail, téléphone ou SMS, ces dernières recrutent sec. Assister à une de leurs émissions, c’est l’assurance d’intégrer leurs fichiers et d’être régulièrement sollicité. Ces sociétés sont, pour la plupart, rémunérées à la tête, qui leur rapporte

entre 6 et 9 euros. L’attrait pour un plateau dépend de l’animateur, de l’émission, des horaires ou des célébrités présentes. Quand une émission cumule les handicaps, les productions ont des armes redoutables. Le bon d’achat de dix euros fera venir chômeurs et retraités. Et avec quelques dizaines d’euros de plus, on réquisitionnera les figurants. Sélectionnés sur des critères d’âge et de beauté, ces derniers sont rémunérés entre 20 et 40 euros et sont placés stratégiquement dans l’axe des caméras. C’est mieux qu’une brochette de retraités… ✹ A. S.

plein. Le public de La Ferme, c’est 330 personnes à dépister chaque semaine pour assurer l’ambiance d’un plateau qui se veut survolté. Or le concept lasse et l’émission peine à trouver son audience. En plateau, c’est pire : « Il reste effectivement des places sur les banquettes », glisse un concurrent. La faute aux studios de La Plaine Saint-Denis (93), excentrés et mal desservis ? Et si la production a jugé utile d’embaucher un impressionnant service de sécurité (renforcé à l’entrée par un véhicule de police avec vérification des identités et palpation

très poussée) pour accueillir un jour en moyenne pour 150 places. auditoire dit de « banlieues sensiChacun a été appelé et relancé par bles », elle n’a pas cru nécessaire téléphone. Par e-mail, on vous a de proposer une navette aller, ni dit et redit que l’on comptait sur « votre présence et votre sérieux » même retour. D’où l’obligation de parcourir, à pied et de nuit, le long pour ne pas annuler à la dernière du périphérique, le bon kilomètre minute. Tout le monde est donc, a et demi jusqu’à la première stapriori, assuré de trouver son coin tion de métro. de banquette. Mais peu importe. Ici comme parLe 8 mars, journée internationale tout, on applaudit sur mesure, on des Femmes, la production met le crie à la demande, on se désaltèpoint final à une soirée Girl Power, re pendant les rares pauses pub. slogan fièrement affiché sur Et l’on est prié l’écran géant d’être heureux. du plateau. Au « On s’adresse parfois Partout, ce sont programme : les les « responsainégalités homaux gens du public bl e s p u bl i c » mes-femmes et comme à des chiens. » qui accueillent : les violences « N o t re r ô l e , subies par ces c’est principalement d’éviter que dernières. Un public exclusiveles gens soient traités comme du ment féminin, accueilli par un service de sécurité 100 % masbétail – écueil qu’il est parfois difficile d’empêcher, avoue l’un d’eux. culin et par Bruno, le chauffeur Il arrive que les gens se plaignent de salle maison. « Allez les filles ! Ça se dépêche ! » Bruno échauffe de l’attitude du service de sécurité ou des membres de la production. donc « les filles » en saisissant son On s’adresse parfois à eux comme micro : « Je veux des cris de filles, à des chiens et les filles sont reluhein, bien hystériques. À un moquées de la tête aux pieds. On esment donné, une chroniqueuse va saye de faire passer le message : dire [il jette un œil sur ses notes] : parlez correctement, comportez“Les Oscar, nous les filles, on s’en vous bien, car ce public, on a befout. Nous, ce qu’on aime, c’est…” soin qu’il revienne. » Et là, les filles, vous hurlez : “Les La télé ne saurait donc pas recefrin-gues !” Parce que c’est fashion voir ? Toute une Histoire, quotiweek, vous comprenez, et les frindienne de France2 présentée par gues, vous adorez. Donc vous criez Jean-Luc Delarue, laisse sur sa “les frin-gues !” Et, après, je veux faim, tout heureux qu’on était de encore des cris hystériques. Vous me suivez ? » Les filles suivent participer à de fabuleux débats de société tels que « Elles sont et s’exécutent, poupées dociles devenues la maîtresse de leur exde ces messieurs. Vive le Girl mari » ou « Je suis un ours, mais Power ✹ je me soigne ». Car, chez Delarue, anne steiger on pratique la méthode du bouche-trou. Et Bakchich, comme vingt-cinq autres personnes ce France Vieux, c’est mieux soir-là, est recalé : « Nous vous inLe seul moyen d’éviter vitons à regarder l’émission depuis un traitement façon cheptel est de les écrans de contrôle situés dans le se rabattre sur les petits plateaux. couloir, près des vestiaires », lance « Vous voulez un petit café ? une hôtesse sur l’air de celle qui Un gâteau ? Servez-vous ! Ce n’est propose à des enfants un jeu fonpas parce que vous êtes nouvelle damentalement excitant. « Nous qu’il ne faut pas faire comme avions pourtant réservé », tentechez vous. » Ahmed participe t-on. L’hôtesse, sans pour autant au public de l’émission Des Chiffres s’excuser, rétorque : « On a touet des lettres depuis quinze ans. jours un quota de personnes qui Comme lui, tous ici, ou presque, ne viennent pas, alors on prévoit sont retraités : « Certains viennent large ». même sans téléphoner », explique Serrés sur les banquettes, les la productrice Bénédicte Galey dont pieds bien rangés pour ne pas les trente fauteuils se remplissent gêner le passage, on assiste donc « facilement ». D’ailleurs, elle au tournage du studio d’à côté les gère seule, sans passer par depuis un écran télé. Géralde et un sous-traitant. Ici, pas de Marcel font partie des déçus. Réchauffeur de salle ni même de quisitionnés la veille au soir par topo sur les portables à éteindre un coup de téléphone, ils s’étaient ou les applaudissements… chacun pourtant volontiers rendu dispoconnaît son rôle. La production nibles : « On paye une baby-sittourne cinq jours par mois ter pour nos trois enfants et l’on au rythme de huit émissions par a parcouru plus d’une heure de jour. À chaque pause, il faut donner route depuis les Yvelines. Tout ça l’impression d’un jour nouveau : pour voir l’émission sur une télé, les animateurs changent de tenue on doit être un peu maso ! » lance et le public de places. Pas de chichi Géralde, ravie malgré tout d’avoir (les chaises sont en plastique), eu la chance d’apercevoir « Jeanmais des petites attentions. Luc » passer en trombe. Niveau accueil, on a donc trouvé Le public se doit de rester docile. la perle rare. Reste que pour Au Grand Journal de Canal+ supporter des heures de « voyelle, présenté par Michel Denisot, les consonne », il faut vraiment avoir demandes pour assister au dila passion du jeu ✹ A. S. rect sont nombreuses : 2 000 par

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Bazar des médias citizen kane

lagardère en panne sèche

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ale temps pour Lagardère. ré qu’il céderait les participations Les bénéfices du groupe qu’il détient dans certains médias pour l’année passée sont de comme Canal+ et Marie Claire. 137 millions d’euros, soit quatre Il devrait aussi s’interroger sur les 17 % qu’il possède dans Le fois moins qu’en 2008. La branche Monde SA et ses 34 % du Monde médias du groupe, Lagardère Active, est la plus touchée avec un Interactif. Pour une entreprise bénéfice divisé qui se vante de par treize (de fabriquer des Le bénéfice de la branche champions, on 206 à 15 millions d’euros) ena vu mieux. médias divisé par treize. tre 2008 et 2009. Un dernier éléArnaud Lagarment pourrait dère a donc confié poliment vouvenir assombrir un peu plus loir céder les « activités en croisl’avenir déjà moyennement rasance limitée ». dieux de ce fleuron de l’industrie Première victime possible de française. Le groupe est en effet cette stratégie : Europe 1 Sport, en délicatesse avec la société qui pourrait être vendue voire liSCPE, qui édite les magazines Enquidée. La chaîne TNT Virgin 17 trevue, Choc et Guts, après l’avoir pourrait, elle aussi, être mise en vendue à l’homme d’affaires Gévente. Arnaud Lagardère a déclarard Ponson. Voilà que le tribu-

nal de commerce de Paris vient de reconnaître que Lagardère lui avait vendu une SCPE en cessation de paiement (endettée jusqu’au cou, en français courant). Et les salariés de cette entreprise, aujourd’hui en redressement judiciaire, d’envisager des poursuites contre Lagardère. Interrogé, le représentant du personnel de la SCPE assure : « Nos avocats nous ont conseillé de réclamer à l’administrateur judiciaire une procédure d’extension du redressement judiciaire au groupe Lagardère. S’ils se comportent de la même façon avec les filiales qu’ils ont l’intention de vendre, les salariés du groupe ont du souci à se faire ! » Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi ✹ X.M.

migration

terre d’asile pour la presse en islande

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our l’Islande, le 2 août 2009 pourrait devenir une date plus importante que la création du Parlement en l’an 930. Ce soir-là, le journal télévisé de la RUV doit faire des révélations fracassantes sur les agissements des dirigeants de la banque Kaupthing, l’une des trois banques nationalisées in extremis fin 2008 avant qu’elles n’entraînent la quasi-banqueroute d’un pays dévasté par la corruption de son secteur financier. Au lieu de cela, les téléspectateurs, consternés, apprennent que la Kaupthing a obtenu une ordonnance interdisant la diffusion du reportage.

révolution

L’affaire, qui a provoqué un énorme scandale dans l’île de 320 000 habitants, est à l’origine d’une révolution en marche : dix-neuf des soixante-trois députés islandais ont déposé une proposition de loi visant à doter le pays de

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la législation la plus avancée au monde dans le domaine de la protection des libertés d’expression et d’information. Le projet, baptisé Immi (Icelandic Modern Media Initiative), est ambitieux : attirer les ONG qui luttent pour la défense de la liberté d’expression, les éditeurs Internet, les groupes de presse, grands et petits. Bref, tous ceux qui, de près ou de loin, se consacrent à l’investigation et rencontrent des difficultés croissantes pour exercer leur métier. Pour plusieurs journalistes anglais du Guardian confrontés aux dispositions liberticides de la législation anglaise en matière de diffamation, le constat est sans appel : que l’édition en ligne de leur journal soit réalisée à Londres, New York, Paris ou Reykjavik ne fait aucune différence pour le lecteur dès lors qu’il y trouve son compte. En revanche, un environnement

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juridique protecteur faciliterait grandement la tâche de la presse d’investigation, notamment en réduisant les coûts judiciaires. Ce type de délocalisation est déjà une réalité : notamment vers la Suède afin de bénéficier de sa remarquable loi sur la liberté de la presse. Autre exemple, celui de Malaysia Today, qui a fini par déménager aux États-Unis pour mettre un terme aux persécutions que le journal subissait.

graal

Discrètement conseillés par des juristes comme l’ex-juge d’instruction Éva Joly et par des militants de la liberté d’expression tel Julian Assange, le fondateur du site Wikileaks.org, dont la spécialité est de révéler les documents que les gouvernements veulent cacher à leurs citoyens, les députés islandais sont partis à la pêche aux législations offrant la meilleure protection des sources et des dénonciateurs de scandales. Au hit-parade de ce Graal journalistique, la loi belge de 2005 qui garantit notamment la confidentialité de la communication entre un journaliste et sa source. Les lois sur la liberté de l’information danoise et norvégienne de 1970 ont également été épluchées par les parlementaires islandais. Sans oublier la loi américaine dite USA Federal False Claims Act protégeant – enfin – les fonctionnaires fédéraux qui dénoncent les scandales dont ils peuvent être témoins. Les descendants de Vikings semblent aussi avoir apprécié la New York Libel Terrorism Protection Act et la législation équivalente adoptée par l’Etat de Floride en juillet 2009, qui s’opposent à l’exécution de tout jugement d’où qu’il vienne, dès lors qu’il

paraît contraire au premier amendement de la Constitution sur la liberté d’expression. Julian Assange a longuement exposé aux Islandais le conflit qui l’a opposé à la Commission sud-africaine de la concurrence (Sacc) en décembre 2008. À l’époque, la Sacc avait publié un rapport sulfureux de 590 pages sur une entente occulte entre les quatre principales banques du pays. Le rapport, qui n’avait pas été rendu public par crainte des réactions des clients grugés, s’était retrouvé sur Wikileaks. La Sacc demanda rapidement son retrait, injonction que le site déclina. Le gouvernement sud-africain déposa une plainte afin d’identifier et de sanctionner la source de la fuite. En réponse, Wikileaks porta à la connaissance de la Sacc que si l’information judiciaire était ouverte, les enquêteurs sud-africains risquaient des poursuites pénales en vertu des lois belge et suédoise. Wikileaks avait en effet protégé la communication entre le journaliste et sa source par l’intermédiaire de

la Belgique et de la Suède d’où le rapport avait été publié. Ces deux législations pouvaient donc être invoquées pour exiger l’arrêt de l’enquête et pour laisser planer de sérieuses menaces pénales à l’encontre des enquêteurs sudafricains en cas de visite dans les deux pays. Il faut croire que les avocats d’Assange furent convaincants puisque l’information judiciaire fut abandonnée et la source protégée.

paradis

Nul doute que si son Parlement vote la proposition des dix-neuf députés en juin prochain, l’Islande deviendrait le premier paradis de la presse. Et pourrait voir rapidement s’installer sur son sol, la crème de la crème mondiale du journalisme d’investigation. Un cauchemar pour les tristement célèbres cabinets d’avocats britanniques qui prospèrent sur les décombres de plus en plus abondants du droit d’expression et d’information ✹ woodward et newton


Bazar de la conso

Mossad, le chic après le choc

ÉCHOS DES CABAS

israël Le Mossad est à la mode. Des tee-shirts à l’effigie des services secrets israéliens se vendent comme des petits pains. Un étonnant engouement qui a pris son essor après le dernier fiasco des 007 hébreux à Dubaï.

G

ail, Kevin et Peter font leurs courses. Lunettes noires, perruques et raquettes de tennis, ils sont suivis à la trace par des caméras de surveillance. Le film s’arrête là avec un slogan choc : « Nous avons des prix qui tuent ». Cette publicité israélienne s’inspire directement de l’assassinat, le 19 janvier, du leader du Hamas, Mahmoud al-Mabhouh, par le Mossad, à Dubaï. Ce jourlà, le responsable du Hamas est suivi par des agents du Mossad, depuis l’aéroport jusqu’à son hôtel. Dans le hall, deux autres comparses, raquettes de tennis à la main, le filent et repèrent sa chambre. L’instant d’après, un homme réserve celle d’en face. Al-Mabhouh s’absente une heure. Quand il revient, les agents sont dans sa chambre. On connaît la suite. L’opération eut été un franc succès s’il n’y avait eu toutes ces caméras de surveillance qui, de l’aéroport à l’hôtel en passant par les centres commerciaux, ont permis aux autorités de Dubaï de reconstituer dans son intégralité le parcours de ces espions israéliens pas si secrets. Un fiasco.

Ellen perruquée font des heureux. Isaac Dvory en sait quelque chose. Le jeune directeur d’IsraelT, qui s’est lancé dans le tee-shirt Mossadmaniaque, se réjouit : « Le jour de la diffusion de la vidéo de l’hôtel, j’ai vendu une centaine de tee-shirts en quelques heures. Avant, j’en écoulais à peine un par jour. » Avec ses slogans imprimés comme « Ne touche pas au Mossad », « Le Mossad te regarde » ou

encore « Vacances d’hiver direction Dubaï », Dvory fait recette. L’action Mossad repart donc résolument à la hausse. Une aubaine après le crack de 1997 : cette année-là, déjà, deux agents s’étaient fait prendre après avoir injecté un poison violent dans l’oreille du numéro 1 du Hamas, Ismaël Haniyeh. Humilié, Israël avait livré l’antidote pour sauver leurs têtes. A cette époque,

les tee-shirts étaient restés à la réserve. Cette fois-ci, la cible est morte, les 007 sont au vert, alors place au comique-business. Et le Dubaïgate constitue un fantastique réservoir. Début mars, pour les fêtes déguisées de Pourim, le Mardi gras juif, l’agent du Mossad avait remplacé Superman. Polos et raquettes de tennis ont également envahi le petit écran et les plateaux de l’émission hebdomadaire satirique Eretz Nehederet.

folie 007

De là à parler de « délire » commercial comme l’explique la presse anglo-saxonne, il y a un pas. On aperçoit bien quelques étiquettes « J’étais moi aussi à Dubaï » collées sur les vitres des voitures israéliennes, mais les magasins, y compris les plus kitch, ne se sont pas transformés en vitrines du Mossad. Même dans la rue Ben-Yehouda, l’une des plus débridées de Jérusalem. Isaac Dvory l’avoue : sans les fans du Mossad à Brooklyn, Paris ou Londres, il aurait déjà mis la clé sous la porte. 80 % de ses teeshirts partent à l’étranger : « L’Israélien a davantage les pieds sur terre. Il sait que l’agent de l’ombre est aussi un gratte-papier. Loin de la folie 007 ». Alors, finalement, afficher sa mossadomanie sur un tee-shirt ou une casquette, « c’est archi-plouc. Autant dire qu’on est touriste », conclut William, étudiant à l’université hébraïque de Jérusalem ✹ Gabrielle Prudhon

maussade

Aujourd’hui, les 007 hébreux – ou du moins leurs doubles – font la promo d’une chaîne de supermarchés. Si la discrétion n’a pas été leur fort à Dubaï, l’exploitation commerciale de leur image par quelques opportunistes s’avère très profitable: l’intello aux affreuses lunettes écaille et la Sue

conso

La télé 3D, la nouvelle dimension de la filouterie

L

e raz-de-marée Avatar a balayé la France au premier trimestre. Près de 15 millions d’entrées, 180 millions d’euros de recettes et, surtout, la consécration de la 3D comme nouvel étalon du spectacle de masse. Les industriels de la hightech s’apprêtent donc à lancer, heureux hasard, le kit « faites la même chose à la maison ». Vous avez bien lu : la 3D à la maison, c’est pour fin avril, début mai. Les mastodontes mondiaux de l’électronique, Samsung, Sony, Philips et Panasonic ont tout prévu. Hélas, pour en prendre plein les yeux dans votre salon, la télé que vous venez d’acheter à crédit n’est pas compétente. Il faudra débourser entre 1500 et 2000 euros pour acquérir

un petit bijou d’écran 3D. Il vous faudra aussi acheter les lunettes, vendues séparément. Car, comme au cinéma, les montures spéciales pour apprécier l’image 3D sont indispensables. Les fabricants n’ont apparemment pas prévu de faire dans l’abordable : pour du Samsung, il faudra compter 200 euros pour quatre paires et, chez Sony et Philips, la paire coûtera entre 100 et 150 euros. Multipliez par le nombre d’enfants en âge de

regarder la télé… Ce n’est pas claqué 250 euros pour rien. De tout. Car cette nouvelle télé aura nouveaux lecteurs Blu-ray vont besoin de manger. Du contenu, donc sortir d’ici le mois de juillet. quoi. Les programmes télé en 3D ? Comme les premiers téléviseurs Rien de prévu hormis les matchs HD (non compatibles avec la TNT de la Coupe du HD actuelle, un comble !), les monde en AfriLa 3D chez soi, c’est que du Sud. technologies La TNT ? Elle aujourd’hui en possible. À condition de propose, depuis seront changer tout le matériel. magasin quelques semaipérimées dans nes seulement, quelques mois. des programmes en haute définiEn langage corporate, ça s’appelle tion, alors la 3D… un business model : rendre désuet Restent les DVD. C’est les produits sortis la veille pour là que ça se complique. vendre ceux d’aujourd’hui. Mais Vos vieux lecteurs si, malgré tout ça, vous voulez DVD sont évidemment tout de même vous équiper en 3D (télé + lunettes + lecteur Bluhors-jeu. Ça tombe bien, vous venez d’acheter ray 3D) pour revivre l’expérienun lecteur Blu-ray dernier ce Avatar, encore une mauvaise nouvelle : la version 3D compaticri. Pas de chance : les lecteurs actuellement sur le ble du film en Blu-ray n’est même marché ne sont pas « 3D pas prévue… ✹ compatibles ». Vous avez Martin Kirsch

Les enfants préfèrent les blondes

Trois dollars la Barbie noire, le double pour la blonde. Tels sont les prix affichés des célèbres poupées dans un supermarché WalMart aux États-Unis. Une discrimination ? Une porteparole du magasin a indiqué « qu’elle a été soldée après ses faibles ventes ». La faute aux parents, précise une sociologue, « qui ne penseraient pas à acheter une poupée noire à leur bambin. » Noir c’est noir…

Une moule fric, une !

À Liège, en Belgique, ça bosse dur. Des chercheurs y mènent une enquête sur le lien entre argent et bonheur. Par un simple test : manger une praline en regardant une photo de billets de banque ou celle d’un bouquet de fleur, et observez les effets. Résultat des savants : l’idée même de l’argent nous empêcherait de savourer les petits plaisirs de la vie. Comme disait Jules Renard : « Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendez-le ! »

Bulles de provoc’

Comparé à la Cocaïne Energy Drink, le Redbull fait office de somnifère. La boisson énergisante qui tente de s’incruster chez nos voisins belges serait 350 fois plus puissante que celle de la marque au taureau. Distribuée depuis 2006 aux États-Unis, la boisson a dû se faire renommer No Name pour être commercialisée outre-Atlantique et les associations de consommateurs tentent actuellement d’empêcher les Belges de la consommer. Qui a osé demander une paille ?

Begag à gogo

Un tabouret d’Azouz Begag… voilà qui fait rêver. La tête de liste du MoDem en Rhône-Alpes a eu l’étrange idée de vendre aux enchères le tabouret sur lequel il a mené sa campagne. L’objet, dédicacé par Bayrou himself, s’est quand même vendu 331 euros. Au moins ça de gagné. Mais le geste citoyen de la semaine revient sans l’ombre d’un doute à un épicier bordelais qui a proposé une réduction de 5 % à tous ses clients présentant une carte d’électeur tamponnée. Vu l’abstention du premier tour, la petite promo n’a pas dû lui coûter très cher, mais lui a rapporté une bonne pub. Un joli compte d’épicier ✹

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Rab de bazar bruits de la ville

climat

les nababs du carbone

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rop forts, ces Anglais. Alors 59 millions pour le cimentier ! que 2010, estampillée année Avec leurs petits camarades, ces internationale de la biodigéants se partagent 35 millions de versité, est tout juste entamée, crédits CO2 – 364 millions d’euros. voici que nos amis d’outre-Man« D’ici les cinq prochaines années, che lèvent le voile sur une esnous estimons que la valeur de pèce jusqu’ici peu connue : les « ces permis atteindra 2,3 milliards Carbon Fat Cats ». Les bestioles d’euros, trois fois plus que le budget en question, mises à l’index par total de l’UE pour l’environnement l’ONG britannique Sandbag dans », ajoute le rapport Sandbag. un récent rapport, sont les nababs Contacté, le géant Indien, Arcedu carbone, des entreprises qui lorMittal ne veut pas commendisposent de ter ces chiffres, permis de polmais rappelle ArcelorMittal et Lafarge luer excédense «refuser à cédisposent de 261 millions taires. der des crédits En 2005, l’Union d’euros de crédits carbone. carbone. Sauf européenne a à, éventuellemis en place ment, investir un système d’échange de quotas le bénéfice de ces ventes dans des d’émission de CO2 – des droits à projets d’économie d’énergie afin polluer – fondé sur le protocole d’améliorer l’empreinte carbone de Kyoto. L’UE alloue des quotas d’ArcelorMittal.» Pas sûr que aux Etats membres qui les districela suffise à amadouer les asbuent ensuite à leurs industries sociations environnementales ; mais les entreprises qui émetqui se sont empressées, comme tent moins que leur part peuvent le Réseau action climat France, vendre la différence aux entrede relayer un rapport qui « remet prises qui dépassent leur droit. quelques pendules à l’heure ». Il y Or certaines ont bénéficié de doa du dégraissage de Fat Cats dans tations bien supérieures à leurs l’air… ✹ isabelle jasin vrais besoins. « Des permis ont été délivrés en masse », constate Anna Pearson, l’auteure du rapport. Sans compter que, crise aidant, certaines entreprises, notamment celles de l’énergie, de l’acier et du ciment (les plus gros pollueurs) ont ralenti leur activité, émettant moins de CO2 et se retrouvent avec la possibilité de vendre au plus offrant une énorme quantité de quotas. Parmi les dix plus importants Fat Cats, ArcelorMittal arrive en tête avec un surplus de 14,4 millions de tonnes de CO2 en 2008. Deuxième, Lafarge et ses 4,2 millions de tonnes. Au prix de 14 euros la tonne, le pactole atteint 202 millions d’euros pour le sidérurgiste et

écolo façon nicolino Auteur, entre autres, d’un ouvrage sur les pesticides, Fabrice Nicolino tient un blog sans concessions sur l’environnement, Planète sans visa. e qu’est l’information. Ce qu’est la C désinformation. Contrairement à ce qu’on croit, cette dernière ne néces-

T’as du Hortefeux ?

Souvent raillé pour ses positions un peu rêches, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux sait se laisser planer. L’Auvergnat a pris un peu l’air, le 23 février, pour se balader du côté de SaintOuen (93) afin d’assister à une cérémonie toute particulière. La crémation de… sept tonnes de cannabis. Après ça, si Brice ne devient pas plus coulant.

Jolie Mitterrand

Il n’y a pas que Polanski dans la vie. Après la polémique au moment de l’arrestation du cinéaste, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a, depuis, découvert les bons côtés du poste. Une entrevue de quinze minutes avec la Jolie Angelina, la sensuelle actrice américaine, de passage à Paris pour le tournage du film The Tourist. De ces quarts d’heure qui font tout le bonheur d’un maroquin.

Électrique Rachida

Après quoi court Dati ? Éric « petit abricot » Besson, comme l’appellent certaines de ses copines ? D’après le site de l’Obs, la maire du VIIe arrondissement parisien aurait appelé Sarko pour lui soumettre sa candidature au poste de ministre de l’Immigration. Pas de chance, le chef de l’État pourrait renoncer à un remaniement. Ou bien court-elle après la plainte déposée par Henri Proglio contre Closer ? Le patron d’EDF réclame 80 000 euros au magazine people pour avoir publié, le 13 février, une photo du big boss de l’énergie en compagnie de l’ex-garde des Sceaux. Climat électrique ✹

guignol contre marius la mauvaise foi de monnier e dimanche, en direct sur Canal+, C Guignol s’en va rendre visite à Marius. Du théâtre en plein air avec

22 acteurs, 60 000 spectateurs, et quelques millions de téléspectateurs. En clair, Lyon va affronter Marseille dans son antre du Vélodrome pour la 29e journée du championnat de France de football. Une exclusivité grassement payée. À peu près 18,9 millions d’euros qui, au bout de 34 matchs diffusés par an, atteignent le joli total de 645 mil-

lions d’euros, déboursés pour obtenir la diffusion des matchs du championnat de France de Ligue 1. Hosannah ! Le spectacle vivant ne manque pas de mécène. Seul petit hic, la promo autour de la prestation. Au moment où l’Espagne du football domine l’Europe (championne des nations et championne des clubs avec le FC Barcelone), les journaleux de Canal se piquent de jouer des castagnettes. Après avoir affublé les PSG-

Olimpico

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Bakchich Hebdo N°16 | du samedi 20 au vendredi 26 mars 2010

Une histoire plutôt Redd

OM du surnom de « clasico », pourtant réservé aux autrement plus alléchantes rencontres entre Barcelone et le Real Madrid, les grattes-télé ont récidivé. Ils ont imaginé un « Olimpico » pour désigner l’affrontement entre l’OM et l’Olympique Lyonnais. Tout ça pour souligner une rivalité imaginaire entre un club populaire et une entreprise qui n’a jamais fait rêver les foules. Comme si le plus grand club du monde n’avait pas été le seul à atteindre l’Olympe d’un titre européen… ✹ X. m.

site pas un personnel nombreux et des objectifs ténébreux. La désinformation est souvent synonyme de vulgaire propagande. Et en ce sens, le sommet sur les forêts du monde, qui s’est tenu à Paris le 11 mars, aura été un remarquable moment du faux. En avez-vous entendu parler ? C’est peu probable. En deux mots, notre excellent Sarkozy a réuni des États forestiers des bassins du Congo, d’Asie et d’Amazonie pour de nouveau apparaître comme un écologiste planétaire. Un énième appel a été lancé pour stopper la destruction des forêts tropicales. Sarkozy et Borloo en ont profité pour rappeler que la déforestation représente autour de 20 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines. En clair, arrêter la tronçonneuse, c’est contribuer à sauver le climat. On applaudit le palabre ? Non, on n’applaudit pas. Ce que ne dit pas la presse, et ce qu’ignorera donc l’opinion, c’est que l’imagination technocratique vient de créer un nouveau monstre appelé Redd (Réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation forestière). Créé par des gens que nul ne connaît – par définition incontrôlables –, le Redd est sur le point de faire circuler une nouvelle monnaie. Sans jeu de mots, une monnaie de singe.

Par exemple, l’Indonésie s’engagerait à réduire le rythme infernal de sa déforestation, ce qui lui vaudrait en retour un crédit carbone qu’elle proposerait au plus vite aux industries du Nord les plus polluantes. Lesquelles – quelles veinardes, hein ? – pourraient continuer à envoyer dans l’atmosphère des gaz à effet de serre, mais « compensés » par la « non-déforestation » dans certains pays du Sud. Compliqué ? C’est fait exprès. Les pays forestiers du Sud auraient alors intérêt à organiser un chantage à la déforestation, du genre : « Payez-moi, ou je rase mes forêts ! » Voyez plutôt le cas du petit État d’Amérique du Sud appelé Guyana. Le gouvernement de Georgetown vient d’annoncer un plan prévoyant la conversion de 90 % de ses forêts en cultures industrielles au cours des vingt-cinq prochaines années. Alors qu’il avait, jusqu’ici, conservé l’essentiel de sa couverture forestière ! Des cabinets internationaux spécialisés – en cette circonstance McKinsey & Company – conseillent plusieurs États du Sud alléchés par ces nouvelles perspectives financières. Dans le cas du Guyana, la rente annuelle pour « ne pas déforester » pourrait s’élever à 580 millions de dollars, soit plus de la moitié de son PNB actuel ! La morale de cette histoire ? Peut-être n’y en a-t-il pas. Ou plutôt, si : lisez Bakchich ✹ F. N.

Monstre

rancunier, bhl change de stratégie

es couloirs de l’hôtel Raphaël aux bistrots du quartier Latin, BHL n’en finit D plus de fulminer contre cette « petite grue » d’Aude Lancelin. C’est que l’effrontée journaliste a eu le culot de publier, en février, dans les colonnes du

Nouvel Obs, un article peu flatteur pour notre chemise blanche. Aude Lancelin relevait que BHL, dans son livre De la guerre en philosophie, cite le philosophe Jean-Baptiste Botul, qui, en fait, n’existe pas ! Après cette révélation, tous les médias, ou presque, s’y sont mis. Quoi! Notre philosophe national ne vérifierait pas ses sources ? Du coup, le romanquêteur en veut également à Denis Olivennes, directeur de la rédaction de l’Obs, et œuvre désormais à un repli stratégique du côté de Marianne pour relayer sa lumineuse pensée. Selon le philosophe dépoitraillé, donner la parole aux intellectuels serait une vieille vocation perdue de l’Obs, que l’hebdo fondé par Kahn doit récupérer. Ce n’est pas Maurice Szafran qui l’en dissuadera: vieux complice de BHL, l’actuel patron de Marianne a passé ses vacances de Noël en compagnie de Bernard-Henri, dans sa maison à Marrakech. Le temps de botuler au soleil ✹ Anaëlle verzaux


Un peu de culture carnet de bord Régis Debray a longtemps gravité dans les ombres des pouvoirs. L’intellectuel ex-révolutionnaire sort un recueil de ses chroniques « Pense-bête » publiées dans la revue Medium qu’il a fondée. Un Debray assez mou. Et très ronchon.

La RÉVOLUTION, tout contre

P

our l’avoir rencontré au Kosovo, avec les bombardiers de l’Otan sur la tête, je sais que Régis Debray montre du courage. Il a dû en avoir aussi, mêlé à de l’utopie, forme de l’inconscience, pour aller se promener en Bolivie sur les pas du Che. Le difficile est que cette audace, Debray sait l’étouffer : Régis est un intermittent. En ce moment il est assis sur un édredon qui baîllonne l’impétueux, alors il écrit sans oxygène, ce qui suffit quand on ratiocine. Prions saint Antoine pour que les choses reprennent leur place.

Manuel de survie

Si je vous parle de ce Dégagements, la compilation d’articles écrits pour sa revue Medium, c’est que Jean Daniel en a dit le plus grand bien, et que le vieux phare de l’Observateur ne se trompe jamais. En réalité, en artiste du violon sur le moi, quand il écrit sur Debray, Jean Daniel parle d’abord de lui-même. Ce qui n’est pas un mauvais sujet. Pour Daniel, ce nouvel opus du révolutionnaire repenti est « un manuel de survie ». Mettons-le donc en trousse. On apprend assez vite que, s’il n’est pas le fusilleur annoncé par nos « nouveaux historiens » – pour lesquels tous les combattants sont des criminels de guerre, sauf les Croisés –, Che Guevara n’est pas « pour autant un Robin des Bois. » Constatez que ce volume siglé NRF est utile. Puis, on apprend que notre Régis déteste les Rolex et les Ray Ban ce qui,

sous la plume de ce villepiniste, épouse la forme d’un pléonasme. La gloire, celle des autres, titille aussi notre cher auteur. Qui ne comprend pas que Nicolas Hulot soit plus célèbre que de grands penseurs de l’écologie comme Edgar Morin, Michel Serres et Philippe Descola… Ignorant que dans l’ancien temps d’un monde parfait, celui des universitaires en chefs de cordée, le pétomane était plus connu que Paul Valéry. Le vent de l’Histoire bégaie, lui aussi. Si le monde ne tourne pas rond, vitrifié sur un axe gaulliste, c’est la faute aux journalistes et aux sociologues. Les plumitifs et médiocrates, sauf, espérons-le, Jean Daniel, sont de mauvais cons qui sabotent les historiques efforts fournis par Régis pour éclairer le populo. Page 222, Debray nous rappelle qu’il a tout prévu, ou

presque, et depuis longtemps : le rôle de l’armée dans le Chili d’Allende, l’ineptie d’Action directe, les élites de Mai 68 transformées en notables, la fin du communisme, le choix pour les socialistes entre la gauche ou l’Europe, le crime de Bush en Irak et celui de l’Otan au Kosovo, le règne de Ben Laden. Que souhaiter de plus ? Peut-être l’annonce de la défaite de Bordeaux face à Auxerre. Les sociologues sont aussi de sales cons, capables de « démontrer tout et son contraire. » Il a bien raison, Régis. Et je viens de lire, dans Valeurs actuelles, une condamnation identique. Émile Durkheim, le père de la sociologie, n’avait pas prévu, tempête Régis, le rôle que jouera le cinéma. Le con. Constant, ce qui est une qualité, Debray jette le pavé

plongée au cœur de la piscine

L

conciliabules » avec André Le Mer, l’adjoint du directeur. Sur cette proximité de Flam avec l’ambassade d’Israël, le témoignage de Siramy n’est qu’un pas de plus dans une direction déjà indiquée par le général Rondot, consignée dans ses petits carnets de l’affaire Clearstream. Mais notre écrivain ne répond pas à la question : pourquoi le magistrat aurait-il, en franctireur, creusé sur la vérité de ce compte à la Sowa Bank ? Alors que la doxa officielle nous dit que, si Flam avait gratté cette vérité-là, cela aurait été pour le compte de Lionel Jospin, le magistrat et sa femme étant des socialistes… Mystère et boule de Flam. Une dernière, pour la route : Paris Match a prévu de consacrer quatre pages, la semaine prochaine, à ce livre. Sauf qu’à la DGSE, où l'ouvrage a fortement déplu, on évoque, ces jours-ci, la possibilité d'un référé pour empêcher la parution du document qui révèle des secrets de la famille barbouzarde✹ J.-M. B 25 ans dans les services secrets par Pierre Siramy, éd. Flammarion, 21 euros.

Ps : supplique aux éditions Gallimard, engagez un correcteur !

Dégagements par Régis Debray, éd. Gallimard, 291 p, 19,90 euros.

Bédé

têtes de turc

bouquin

a face cachée de l’histoire que nous montre Pierre Siramy est passionnante. Histoire toujours vivante puisque Siramy évoque, entre 20 séquences secrètes, l’enquête sur le « compte japonais de Chirac », les millions que l’ami des paysans aurait stockés à Tokyo… Ici, notre témoin situe pour la première fois le rôle de Gilbert Flam, agent lui aussi, et acteur majeur de ce dossier tordu. Ce magistrat détaché à la DGSE, a été viré en 2008 sous l’accusation d’avoir, en cavalier seul, enquêté sur l’existence d’un trésor présidentiel. Simary nous décrit un Gilbert Flam admis à « la piscine », le surnom de la DGSE, en dépit qu’il « ait fréquenté, dans les années 90 et très régulièrement, l’ambassade d’Israël. » Un agent très appliqué qui prend des tonnes de notes quand personne n’écrit, pense-bête qu’il ne partage pas avec ses collègues, préférant « s’enfermer pour de longs

de sa détestation contre Pierre Bourdieu et Noam Chomsky, des « rebelles encartés ». Régis ne dit pas où, au Rotary ? La difficulté de notre ami avec les journalistes, les sociologues, c’est qu’il pratique ces métiers en douce, sans les compétences. Alors ces mauvais

penseurs l’énervent. Comme Paul Nizan, autre tête de turc, faussement accusé de traîtrise, comme Debray. L’auteur de Aden Arabie a été, jusqu’au bout, sociologue avec Antoine Bloyé et reporter dans les journaux. Nizan mérite bien une seconde mort. Dans sa louange à Dégagements, Jean Daniel attribue à Debray une position « pro palestinienne ». La révélation d’un secret bien gardé. En dehors de quelques lignes, qui ne mangeaient pas de pain au moment de la pluie de « Plomb durci » sur Gaza, Debray, par ailleurs ami de tous les « idiots utiles », ceux de la cause de Judée et Samarie, brille, comme l’étoile de la crèche, par sa grande froideur publique sur son engagement. Dans Dégagements les grandes douleurs sont muettes ✹ jacques-marie bourget

LITTÉRATURE EN KIT

E

ncore une idée de Suédois. Le principe, lire un classique de la littérature comme on monte une armoire Ikea. Derrière ce pari idiot, il y a le coup de crayon d’Henrik Lange dans un petit livre, 90 livres cultes à l’usage des personnes pressées, paru aux éditions Ça et Là. La mise en kit de nos belles lettres, pour comprendre La Nausée de Sartre sans même l’attraper. Ce qui donne, en résumé : « Antoine ne glande rien à part se prendre le chou sur l’absurdité de la vie. Il se dit qu’écrire un roman pourrait donner un sens à sa vie. Mais n’empêche que ça ne changera pas le fait que c’est un gros naze qui n’a même pas de meuf. L’angoisse ! » Bref, un mode d’emploi qui ne donne pas la mention au bac de français mais qui permet de briller sur Twitter, ce qui est amplement suffisant. Proust mange des madeleines hyper-amnésiques, Dostoïevski a des tendances suicidaires et Nabokov court les minettes de douze balais. Chaque chef-d’œuvre est traité au format standard de la norme suédoise. Une planche, quatre vignettes et trois mots d’explication. Le tout sur près de 200 pages. Que penser de ce best-of de la prose au hareng fumé ? De la bouffonnerie plus subtile qu’il n’y paraît. Le dessin épuré en noir et blanc sert la machine d’un humour à froid et de gags aussi absurdes que soignés. Si vous vous demandez pourquoi l’Étranger de Camus est toujours aussi lu, c’est parce qu’« un jour de grand soleil, Meursault tue un Arabe, ce qui a donné un tube des Cure. » Vous avez une dent contre Cure ?✹ L. C

90 livres cultes à l’usage des personnes pressées, par Henrik Lange, éditions Ça et Là, 9 euros.

du samedi 20 au vendredi 26 mars 2010 | Bakchich Hebdo N°16

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Un peu de culture en salles Hana-bi (reprise) de Takeshi Kitano

C’est le mois Kitano. Décoré par Frédéric Mitterrand, honoré à la Fondation Cartier et célébré à la Cinémathèque du Centre Pompidou, Takeshi Kitano vient de sortir un vrai faux autoportrait, le jubilatoire Achille et la tortue. Également en salles, Hanabi, le chef-d’œuvre de Kitano-san, Lion d’or à Venise en 1997, l’histoire d’un flic laconique et ultra-violent qui tente d’adoucir les derniers jours de sa femme mourante. Poignant, élégiaque, somptueusement mis en scène : le plus grand film des années 90 ? Dream de Kim Ki-duk

Pendant des années, Kim Ki-duk a été un de mes chouchous, réalisateur de bijoux inclassables comme L’Île, Bad Guy, Coast Guard ou Locataires. Dream, une histoire de rêve imbitable entre deux personnages, confirme la mauvaise passe du Coréen. C’est toujours très beau, mais désincarné et vide. Alice au pays des merveilles de Tim Burton

Comme Martin Scorsese ou Roman Polanski, Tim Burton n’en finit plus de décevoir. De son cinéma, il ne reste que des tics, un savoir-faire, des recettes. C’est triste, mais on peut également décider d’en rire en regardant sur le Net le petit film parodique de College Humour sur la recette de l’entrepreneur Tim Burton. Absolument hilarant ✹ m. g.

Musique Ton Of Friends Crookers

Au pays de Berlusconi, il n’y a pas qu’Eros Ramazzoti. Il y a aussi les Crookers. Non content d’incendier les clubs planétaires, ce duo de producteurs électro compte un tas d’amis dans le music business (Kanye West en tête). Aka Phra et Bot, les Italiens, livrent un premier album bourré de collaborations transgenres. Au casting : Kelis, Yelle, Soulwax ou Tim Burgess des Charlatans. Résultat : un cocktail ravageur de groove, de hip-hop et de dubstep pour faire des bonds géants sur le dancefloor. Valleys of Neptune Jimi Hendrix

Attention, événement ! Quarante ans après la disparition du plus grand guitariste du monde, Sony nous sort Valleys of Neptune de derrière les fagots. « Chic, un album posthume de Jimi Hendrix », diront les néophytes. Les fans hardcore, eux, ne s’y tromperont pas. Si passionnante soit-elle, ce n’est autre qu’une collection d’enregistrements studio inédits de versions déjà connues. Ce disque, produit par son ingénieur du son Eddie Kramer, décèle néanmoins deux étonnantes inconnues : le titre éponyme et le blues instrumental de Crying Blue Rain, issu d’une jam-session. Grande émotion à la clé ✹

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l’immortel

- C’est pour ça que le film est monstrueusement sadique ? Il y a une multitude de scènes de torture hyper complaisantes, dont ce pauvre mec qui subit la séance des penalties : des coups de pieds dans la tête jusqu’à ce qu’il en crève, avant de se faire bouffer par des molosses. - J.R. Ca rigole pas chez les marseillais. ciné La vengeance d’un parrain marseillais. Un nanar XXL produit par Luc Besson, avec truands - Pourtant, le spectateur se marre dès qu’il aperçoit Kad Merad en Jean Reno, impayable en caïd old school, laconique et loyal. Interview bidon. truand à Ray Ban, hypocondriaque et très méchant. lors Jean, ce nouveau boîte de Luc Besson, EuropaCorp. cynisme là, c’est l’esprit Bak- J.R. Kad, il tourne plus que moi. film ? C’est mon chef-d’œuvre, l’aboutischich, c’est ça ? Possible qu’il ne soit pas toujours - Jean Reno. Génial. sement d’une carrière, je crois. - Pour être franc, L’Immortel est au meilleur de sa forme. C’est exactement ce que - Mieux que La Rafle ? un des pires nanars que j’aie vus - J’ai maintenant une question de j’aime. Un grand sujet, un grand - J.R. Ah La Rafle, un grand depuis très longtemps. mon rédac’ chef, X. M. Huuum. Je réalisateur et un grand producfilm… - J.R.… cite : « Vous avez tourné dans plus teur. C’est adapté d’un livre de - Aussi grand que Thérapie de cou- Le scénario de 70 films. ComFranz-Olivier Giesbert, inspiré ples, la comédie américaine dans est aussi palpiment avez-vous Pour être franc, de la vie du truand Jacques Imlaquelle vous jouez, sortie il y a tant qu’un épifait pour ne jadeux semaines ? bert, dit Jacky Le Mat, réalisé par sode de Derrick. mais en tourner le scénario est aussi un seul bon ? » Richard Berry et produit par la - J.R. Je sens poindre un peu de Laissé pour palpitant qu’un Désolé ! mort par des anciens asso- J.R. (il s’étranépisode de Derrick. ciés, un truand gle) Mais puold school va tain, tu sais se venger. S’il ne peut plus tenir à qui tu parles, p’tit con, je fais un stylo, ça ne va pas l’empêcher partie des acteurs français les d’exterminer une nuée de malmieux payés avec deux millions frats marseillais. Richard Berry d’euros par an ! Je suis un dieu vivoudrait refaire Le Parrain, avec vant au Japon. J’ai fait Le Grand un morceau d’opéra avant chaque bleu, Léon, Godzilla, Les Rivières séquence d’action, mais on dirait pourpres, Les Visiteurs, Subway, plutôt un remake du Grand parNikita, Le Jaguar, Wasabi, Ca$h, don… Sa mise en scène est digne Da Vinci Code, L’Empire des loups, d’un Pierre Morel ou d’un Louis La Panthère rose, L’Enquête corse, Leterrier. Avec EuropaCorp, on Ronin, Le Premier cercle… J’ai 62 a l’impression que c’est toujours ans, mais ça va pas me gêner pour le même robot interchangeable t’en coller une. derrière la caméra. On est dans le - Vous savez, je ne suis pas toutape-à-l’œil et les effets clips. Par jours d’accord avec mon rédac’ exemple, au début, Berry, qui s’est chef. D’ailleurs moi, j’aurais sauoffert un petit rôle de caïd, tortuvé Mission : impossible de Brian re un dealer. Il décide ensuite de De Palma. lui coller une balle entre les deux Bon, je vais vous laisser… yeux. Le pauvre bougre s’envole marc godin au ralenti et fait un vol plané de dix mètres. Une horreur ! L’Immortel de Richard Berry - J.R. On est dans le polar pour avec Jean Reno, Kad Mérad, Richard Berry, Catherine Samie. d’jeuns. Ils veulent de l’action, du En salles le 24 mars. cinéma qui déménage.

Jean Reno à la casse

A

jeux de rôles pas drôles LA ZApPETTE de bourget es moralistes pourront dire ce L qu’ils veulent, que Christophe Nick exagère en mettant en scène

un jeu cathodique où les participants torturent un pauvre mec, avec risque de mort, alors que la télé-réalité n’en est pas encore là : ils ont tort. Dans cette industrie où rien n’est impossible contre de l’argent, soyons sûrs que de mauvais génies, riches et roulant à l’abri d’une Porsche Cayenne, se préparent à humilier, à martyriser des gens simples dont le grand rêve est de passer un jour à la télévision. France 2 a eu raison de financer ce barnum compliqué qui met à nu l’horrible profil du monde : sur une équipe de 69 « questionneurs », comme dirait Henri Alleg, 53 quidams bien gentils,

pas Bigeard pour un rond, sont capables d’expédier 460 volts de jus dans le corps d’un homme branché au bout du fil. Mais France 2 a eu tort de confier l’analyse, qui ne s’imposait pas, à un barbu prétentieux, et pas plus crédible que Jean-Pierre Pernaut, traçant des diagrammes grotesques dans un salon de la villa Savoy, qui, pourtant, ne lui avait rien fait. Tort encore, plutôt que d’organiser un débat sur l’insoumission, de livrer l’antenne, qui ne méritait pas cette torture, à Jean-Marc Morandini, la vulgarité à haute tension, et Isabelle Morini-Bosch, une poissonnière en mini jupe et bottes de caniveau. Disons que la partie supplice, avec la belle et habile Tania Young en Cruella, c’était au poil, mais que « l’after » servi par

Supplice

Eléonore Colin

Bakchich Hebdo N°16 | du samedi 20 au vendredi 26 mars 2010

le marchand de soupe sarkozyste Hondelatte, c’était très loupé. Les témoins convoqués étaient si nuls que Géraldine Mulhmann avait l’air intelligent et documenté. Comme quoi il y a eu du positif. J’aurais aimé que l’on parlât de l’armée ; de ces types que l’on entraîne à tuer d’autres types qu’ils ne connaissent pas et ne leur on rien fait. Aimé qu’un spécialiste de la bavure, en Afghanistan, qu’un spécialiste de la torture, et il n’y en a pas qu’en Amérique, nous en avons aussi, viennent nous dire comment on en arrive à appuyer sur le bouton. Parler enfin de la vraie réalité, celle de la télé et celle de notre univers de travail, où le mot-clé est celui de Contrexéville : « il faut éliminer ». Aujourd’hui, lors de ces jeux à la con, jeux de rôles pas drôles, qu’on organise entre candidats à l’embauche, ceux qui sont engagés sont ceux qui éliminent les autres. Comme quoi la philo du Maillon Faible a enfin été adaptée à notre existence, et c’est tant mieux. Ainsi notre vie est aussi belle qu’un épisode de Koh-Lanta ✹ J.-M. B.

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Un peu de culture l’art contemporain nous sauvera

Le pipole de la semaine ARTHUR SE FOUT DU ROI

le billet d’alain riou

Arthur, vous savez, ex-PDG d’Endemol (inventeur du Loft et de La Ferme célébrités) et animateur de l’émission À prendre ou à laisser sur TF1, est aussi un des rares humoristes dépourvus de sens de l’humour. Le roi des boîtes a, le 11 mars dernier, porté plainte pour diffamation contre le chroniqueur Didier Porte et le journal satirique Siné Hebdo. Allons donc, régler ses comptes devant le tribunal correctionnel… Il leur réclame la somme de 22 000 euros. Des broutilles ! Mais si c’est pour « soulager ce garçon particulièrement démuni (...) je serais presque tenté de plaider coupable », ironise Didier Porte qui officie dans l’émission de Stéphane Bern, Le Fou du roi. C’est d’ailleurs sur ce thème, l’argent, que Porte avait taquiné Arthur, d’abord sur France Inter puis dans Siné. En racontant, d’un côté, ses allers-retours avec Michel Drucker en jet privé et avec dégustation de sushis. En critiquant, de l’autre, l’itinéraire de ce « multimillionnaire, vulgaire et truqueur, qui a fait fortune en pillant allègrement les caisses du service public ». Étrangement, Arthur ne s’est pas attaqué à Radio France. C’est vrai que passer à côté d’une chronique ou d’une invit’ pour non-sens de l’humour, ce ne serait vraiment pas drôle. Surtout quand on vient de commencer une tournée à travers toute la France ✹ a. v

Musicien de jazz, journaliste au Nouvel Obs et invité du Masque et la plume, Alain Riou fait aussi du cinéma. Son cinéma. omme la plupart des ploucs, j’ai C longtemps ricané devant l’art conceptuel, m’esbaudissant de la suffi-

sance des artistes, de l’insuffisance de leur inspiration et de la divine crédulité des acheteurs. J’ai même déploré que, dans son délicieux dernier film Achille et la tortue, Takeshi Kitano ne lui règle pas son compte plus nettement, jusqu’au moment où j’ai appris qu’il exposait lui-même chez Cartier. Car vous n’avez pas idée du prix qu’atteignent désormais les petits tas de parpaings consacrés, genre celui qui égaie la pelouse de l’Orangerie des Tuileries. Comme disait Georges Feydeau, ces choses-là coûtent « la vie d’une famille pendant six siècles ». Or je viens d’apprendre que les sociétés du CAC 40 qui ont réalisé l’an dernier 49 milliards de bénéfices en ont refilé 70 % à leurs actionnaires et traders. Ce qui signifie, d’une part, la misère pour les salariés, la fin de tout pouvoir d’achat et, d’une certaine façon, celle du capitalisme, les personnes comme vous et moi n’ayant plus assez d’argent pour payer les produits que l’industrie fabrique. Et, d’autre part, l’augmentation programmée du prix

des logements, des terres agricoles et des produits de première nécessité où se font ces ahurissants bénéfices, entraînant l’explosion des cours. Naguère, on coupait le cou des accapareurs. Hélas, la civilisation a reculé, et c’est là que l’art contemporain, dont je suis finalement devenu le plus enragé des thuriféraires, donne toute la mesure de son génie. Je m’explique. Vous prenez un urinoir, vous y collez une signature chicos, comme l’a fait Marcel Duchamp, et l’objet promu d’art atteint aussitôt une valeur prodigieuse, mais rigoureusement virtuelle. Sa vente et sa revente, à ces traders qui l’aiment tant, assécheront, qu’on me pardonne l’image, une immense quantité de liquidités qui n’iront pas faire des bulles sur le riz ou les terres et qui n’affameront plus personne. En effet, avec un peu de doigté dans l’art de l’ustensile, nos amis les traders se boufferont, autour de lui, entre eux. Viendra le temps où le cours de l’urinoir aura tendance, comme disent si plaisamment nos banquiers, à s’apprécier, c’est-à-dire à se casser la gueule. Alors apprécierons-nous nous-mêmes. En connaisseurs ✹ a. r.

Urinoir

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succès direct pour action discrète

L

’info venait de tomber comme biscuits. Quant à la Gauche, comment un glaçon dans un rosé d’été : l’aimer ? Est-elle toujours de gauche, les membres du groupe Action d’ailleurs ? Excepté Georges Frêche, c’est discrète, trublions adeptes de la caméra vraiment mou du genou. Impossible de cachée sur Canal+, vont sortir un DVD le démêler le vrai du faux sous l’ironie per1er avril. Drôle de date pour des gens sistante de Sébastien Thoen. pas sérieux. Car, - Anars, alors ? si ces agitateurs - Comment ! Pour Déminer par la dérision cathodiques sont chaque DVD vendu, bien connus des un monde dangereux qui un euro sera reveramateurs d’impossé à mon ONG, Un se prend au sérieux. tures (à force de voilier pour Bertourner en dérision trand [Bertrand les faits majeurs de l’actualité, ils comp- Méheut, président de Canal+]. C’est tent de nombreux procès et blâmes vrai, c’est son rêve. des hautes autorités : dernièrement - Les influences comiques : Pierre Desavec Éric Besson ou Georges Frêche) et proges, Coluche ? restent les chouchous des internautes, - Certainement pas ! Gad Elmaleh ou on avait peine à comprendre pourquoi Mélanie Laurent en interview ou le couple Chirac-Juppé… Canal+ les mettait si peu en avant. Que peut bien en penser Sébastien - Les soutiens ? Thoen, membre et porte-parole du groupe ? À 14h42, attente rue de Rivoli, devant une des entrées des Jardins des Tuileries. Puis un bruit de klaxon à répétition attire l’attention : Sébastien Thoen arrive debout sur sa Vespa, armé d’un sourire d’enfant. - Alors, Canal+, un patron plutôt ingrat ? - Non, un employeur qui nous a permis de faire ce que nous faisons depuis plus de quinze ans sans caméra (Julien Cazarre, Patrice Mercier, Pierre Samuel, Thomas Séraphine et moi, amis de lycée). Quant au DVD qui arrive sur le tard, c’est un choix délibéré : nous faire trop connaître du grand public pourrait mettre en péril nos caméras cachées. L’homme s’assoit sur la pelouse interdite et fait mine de bronzer. Il vante pêle-mêle les mérites de la droite et du gouvernement, des personnalités épatantes. Surtout Rachida Dati, Brice Hortefeux, Éric Besson et le Grand Nicolas, Tsar de Hongrie, qui leur donne des

- Rodolphe Belmer [directeur général adjoint du Groupe Canal+], humour breton et catho de gauche, parce qu’il se marrait de nous payer alors que personne ne nous regardait. Et, bien sûr, les Renseignements généraux, sans qui nous ne serions rien. - Les projets ? - Canal+ nous augmente, sinon on fait un film avec Louis Garrel et Marion Cotillard… Il est 15h17, nous nous disons au revoir. L’homme repart en slalomant sur sa Vespa retrouver ses comparses et leur amour de l’adrénaline foutraque pour déminer par la dérision un monde dangereux tant il se prend au sérieux. Avant de remettre les gaz, il glisse : « Nous ne sommes pas les plus drôles, mais les plus fous » ✹

renaud de Santamaria

du samedi 20 au vendredi 26 mars 2010 | Bakchich Hebdo N°16

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Ben la der

laurent perpère sur le banc

Hâtes maritimes

bandit L’ex-président du Paris Saint-Germain comparaît en justice dans l’affaire des transferts frauduleux de joueurs. Verdict attendu le 14 avril. des transferts frauduleux du PSG. Le premier acte de la comédie judiciaire se joue actuellement au tribunal. Faux, usage de faux, travail dissimulé : pas normal pour un Normalien, peu reluisant sur le CV d’un dirigeant du célèbre groupe de communication financière Brunswick.

blasphémateur

P

ervers Perpère. Bien puni pour avoir insulté l’âme de la Bonne Mère, celle qui veille sur l’OM et autour, si elle en a le temps. Laurent Perpère, après son passage à la tête du journal le Provençal en 1988, connaissait la règle : ce n’est pas sans danger qu’on crache sur l’Olympique de Marseille. Mais quelques mots ont suffi à attirer la malédiction sur ce propret inspecteur des finances, un Versaillais devenu bobo : « L’OM n’existe pas ». Fatwa, alors qu’il venait de s’asseoir, en 2000, dans le fauteuil éjectable de président du Paris Saint-Germain, club le plus drôle du monde. Depuis, les soucis se sont enchaînés pour Laurent, jusqu’à son renvoi en correctionnelle dans le cadre

Sous la présidence Perpère (1999-2003), les footeux l’ont joué pépère. Aucun titre sur le terrain, mais des crises à répétition, des changements d’entraîneurs à foison malgré la présence de deux stars, Nicolas Anelka, un intermittent du talent désormais à Chelsea, et le roi de la samba, de jour comme de nuit, champion du monde 2002, Ballon d’or et un temps meilleur footballeur de la planète, le Brésilien Ronaldinho, désormais au Milan AC. Outre l’amélioration de l’ordinaire de ses jongleurs, Perpère a été sympa avec l’OM honni, en lui achetant, contre 160 millions, deux remplaçants vite tombés dans l’anonymat du foot, Peter Luccin et Stéphane Dalmat. Comme si, avec Laurent, Normal lettres était le néant. Au bout du tunnel, espoirs déchus et rêves de grandeur en quenouille pour Canal+ et son PSG. Au moins, la chaîne cryptée n’a pas sombré avec son ancien salarié. Si « l’ombre de Canal+ » (l’Équipe, 17 mars) plane sur le procès en cours, l’actionnaire principal du club, à l’époque, n’a pas été renvoyé devant le tribunal. Pourtant, Pierre Lescure, Denis Olivennes ou encore Michel Denisot avaient créé, avec Perpère, une filiale spécialement conçue pour gonfler les salaires des joueurs. Mais eux n’ont jamais blasphémé devant la Bonne Mère ✹ xavier monnier www.bakchich.info

Comment la justice a zappé Canal+ dans le dossier des transferts du PSG http://minu.me/1vbj

proche-orient

Voix sacrées

Intéressante saillie de Sarko dans son interminable et inefficace interview au Figaro Magazine (13 mars) à la veille du premier tour des régionales : « Je ne pratique pas l’ouverture pour gagner des suffrages. Je n’ai même jamais pensé qu’elle pouvait faire gagner des voix. » Ce qui laisse sceptique. En tout cas, il n’avait sans doute jamais pensé qu’elle pouvait lui en faire perdre autant.

Légat de la Marine

Avec un score de 18,31 % dans le Nord Pas-de-Calais, Marine Le Pen, estime le Monde (16 mars), est plus que jamais qualifiée pour prendre – dès cet automne ? – la succession de papa. Une succession qui pourrait affecter jusqu’à l’intitulé du parti croit savoir « un fin connaisseur du FN », le réd’chef de l’hebdo Minute, Bruno Larebière, interrogé par le quotidien : « La marque FN est morte, et Marine Le Pen a réussi à transformer la marque Le Pen en marque Marine. C’est pour cela que l’idée d’un changement de nom du parti lui trotte dans la tête. » Que d’images de marque ! À croire qu’avant d’être des politiques, les Le Pen sont des chefs de produits. Un peu périmés tout de même.

L’Auroux de la fortune

Dans un long portrait de Martine Aubry que brosse le Point (11 mars), Jean Auroux, le ministre du Travail des premiers gouvernements Mauroy, rappelle qu’elle fut alors l’une de ses plus proches collaboratrices. Et qu’elle l’a beaucoup assisté dans de longues séances de nuit au Parlement : « C’est une des femmes avec qui j’ai passé le plus de temps dans une chambre. » Et elle tirait déjà la couverture à elle ?

Modèle réduit

Déficit public record en Grande-Bretagne, plongée de la livre sterling… Et si, avec la crise financière britannique, on assistait à « la fin d’un modèle ? » s’interroge le Nouvel Obs (11 mars). D’autant que ce n’est pas fini. Diagnostic du directeur de la prestigieuse London School of Economics, Howard Davies : « En avril, avec le nouveau budget, l’augmentation des impôts et les coupes dans le secteur public vont mettre les profs, les fonctionnaires, les agents des collectivités dans la rue. » Comme c’est déjà le cas à Athènes. Le modèle britannique est peut-être en bout de course, mais le contre-modèle grec a visiblement de l’avenir.

Formidable avancée démocratique à Nice qui s’apprête à devenir la ville la plus vidéo-surveillée de France. En passant, en quelques mois, de 282 caméras d’observation à 626, soit une pour 600 habitants (2 000 à Paris). « La peur doit changer de camp », braille, dans un Match admiratif (11 mars), le ministre-maire Christian Estrosi. Les accents même de son idole, après Sarko tout de même, Napoléon III (il veut en rapatrier les cendres d’Angleterre), lequel clamait, après son coup d’Etat : « Il est temps que les bons se rassurent et que les méchants tremblent ».

À point Lomé

Principal quotidien du Burkina Faso, l’Observateur Paalga repris par Courrier International (11 mars), estime qu’il n’y a – hélas – pas lieu de s’étonner du résultat de la récente présidentielle togolaise. Fils de son père Gnassingbé Eyadema, 38 ans de pouvoir, Faure Gnassingbé a été reconduit avec 61 % des suffrages : « Le Togo, ainsi que le Burkina Faso, le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale et d’autres sont des pays où les résultats du vote sont connus d’avance, c’est-à-dire avant même que l’électeur ne mette son bulletin dans l’urne. » Encore heureux que les ténors de l’UMP ne nous bassinent plus avec « les effets positifs » de la colonisation. Ils seraient obligés d’y ajouter l’apprentissage de la démocratie.

Louvrier qualifié

En bonne position sur la liste UMP de Loire-Atlantique, Franck Louvrier, 42 ans aux prunes et dircom éprouvé du chef de l’État, n’était que « sourires » avant même le scrutin, raconte le Nouvel Obs (11 mars). Pour une raison majeure : « À l’Élysée, il sera l’un des rares collaborateurs du Président à être élu. À la réunion quotidienne de 8h30, il pourra exprimer le sentiment du terrain. En toute légitimité. » Sûr que Sarko et Guéant vont être ravis que quelqu’un de l’entourage leur rappelle tous les jours par sa présence la grande dégelée des régionales.

Obama, au bas mot

C’est un immense honneur qui sera fait, le 30 mars, à Nicolas et Carla. Ce soir-là, ils dîneront avec leurs homologues américains « dans les appartements privés de la Maison Blanche ». Une bonne fortune à ce jour refusée à Gordon Brown et à Angela Merkel. Petit souci tout de même, ironise le Sunday Times de Londres cité par Courrier International (11 mars) : sachant que, « malgré tous les efforts » de sa conjointe, Sarko ne parvient pas à aligner trois mots en anglais, de quoi pourra-t-il bien entretenir ses commensaux ? Entre les résultats électoraux, la sortie de crise et la si française Princesse de Clèves, il a le choix ✹

aurélien donat

bakchich 16

Bakchich Hebdo N°16 | du samedi 20 au vendredi 26 mars 2010


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