Bakchich N° 17

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Rachida Dati sur papier glacé | P. 9

bakchich

N° 17 | du SAMEDI 27 au vendredi 2 avril 2010 | informations, enquêtes et mauvais esprit

main basse sur la justice sarko s’en prend au code pénal

Le djihadiste nouveau est arrivé Le terroriste cuvée 2010 dynamite les clichés. Il est bien élevé, rasé de près, inventif et adore kidnapper des touristes au Sahara. Un dossier explosif | P. 6-7

ump

La nuit des longs soupirs | P. 8 chine

Des dissidents sous la tour Eiffel | P. 10 sport

Les smicards du rugby | P. 12

L 13723 - 17 - F: 1,00 

portrait

Bel : 1,50€ - CH : 2,50FS

Joseph Staline, le retour | P. 16 Et sur Internet


Apéro confusion des genres

Arnault tape sur Google

vers une justice injuste

B

A

près la taxe carbone, l’immense réforme de la justice va-telle rejoindre les limbes ? Même chez les godillots de l’UMP, quelques audacieux, encore sous le choc de la gifle des régionales, osent émettre un avis de tempête au sujet de ce projet. Ces élus viennent de boire le fiel, à quoi bon leur servir la ciguë ? Même à l’Élysée, le président Sarkozy a enclenché la marche arrière, une allure nouvelle pour cet homme vif comme un lapin Duracel. La révolution du code pénal, qui verrait le parquet, c’est-à-dire les magistrats aux ordres du gouvernement, conduire l’ensemble de la procédure, semble avoir pris un peu de plomb. Il faut signaler que Patrick Ouart, le magistrat conseiller du Président et père de cette réforme tueuse de libertés, et qui a quitté l’Élysée pour pantoufler au sein de LVMH, n’est plus là pour défendre l’indéfendable. On pourrait imaginer que les exécutants du tout-sécuritaire, et donc les policiers, se réjouissent de se retrouver aux ordres des procureurs. Faux. Les hommes en bleu, eux-mêmes, s’inquiètent de ce chamboule-tout. Ils n’ont aucune envie de jouer le rôle qu’on veut leur assigner : rendre une fast-justice ou une justice light aux guichets des commissariats. Le projet imaginé pourrait instaurer une justice de classe, un vieux mot plus à la mode. Face à un juge d’instruction indépendant, l’ensemble des justiciables, riches comme pauvres, se trouve dans une situation égalitaire, y compris pour se retrouver, de façon expéditive parfois, en détention provisoire. Face à une justice désormais d’État, les voyous fortunés pourront faire jouer les réseaux que les grands avocats qui les défendent ont tissés au cœur du pouvoir. Les autres seront livrés à l’arbitraire d’une justice aux ordres ✹

la rédaction

La fiscalité écologique, il y a ceux qui en parlent et il y a ceux qui la font. C’est, pour moi, une question de responsabilité.

Nicolas Sarkozy, à propos de la taxe carbone, le 10 septembre 2009, avant le report sine die de cette fiscalité écolo.

BErlin bosse, paris bulle

C

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les trophéEs L’opportuniste de la semaine

François Baroin, le frais émoulu ministre du Budget, avait, en mai dernier, une tout autre idée de ses ambitions en terre sarkozyste : « Je suis plus utile aujourd’hui dans ma responsabilité de maire que d’être en responsabilité gouvernementale ». Ajoutant : « c’est tout sauf une priorité, c’est tout sauf un manque ». Une cure de désintox en chiraquie n’aura donc pas suffi.

Le miracle de la semaine

Les apôtres, il valait mieux les inviter à manger il y a 2 000 ans… Deux chercheurs new-yorkais ont analysé 52 tableaux représentant la Cène. Leur conclusion est savoureuse : le coût du dernier dîner du Christ a augmenté de 69 % en 1 000 ans. Une telle abondance viendrait de la représentation des aliments en portions de plus en plus grosses. Mieux que la multiplication des pains.

Le macho de la semaine

En Italie, la droite décomplexée, c’est quand même autre chose que par chez nous. Lors d’un meeting à Turin pour préparer les régionales de ce week-end, l’inénarrable Silvio Berlusconi a raillé une de ses rivales du parti démocrate : « Savez-vous pourquoi madame Bresso est toujours de mauvaise humeur ? Quand elle se voit dans le miroir, sa journée est foutue ! » Et une berlusconnerie de plus pour le président du Conseil italien, frais célibataire. « Je suis mieux conservée que lui », s’est vengée Mercedes Bresso, « même sans lifting »…

La chinoiserie de la semaine

coup de boule

’ est le dernier sujet à la mode à Paris : l’Allemand travaille trop ! Il épargne, se lève tôt le matin, construit des voitures qui se vendent et ne se rend pas assez en vacances en Grèce, si bien que ce pays est au bord de la faillite. Exposé par madame Lagarde dans le Financial Times, vecteur traditionnel de la pensée américaine en Europe, ce point de vue a évidemment fait un tabac à Berlin. Angela n’en est pas revenue et a fait, en réponse, un discours diplomatiquement impeccable au Bundestag mais d’une violence anti-française digne de la dépêche d’Ems avec laquelle Bismarck déclencha la guerre franco-allemande de 1 870. Sarkozy en est très déçu. Il est incompris. Sauf qu’il serait temps de se demander si la politique économique « chiraquienne » qu’il

coulisses

mène depuis 2007 – en période faste, je dépense les fruits de la croissance car les Français le méritent, en période de récession, je dépense pour soutenir l’activité car les Français sont inquiets – est vraiment efficace. Le tour de passe-passe de la relance, qui consiste à dire que l’on est riche de ce l’on dépense et non pas que l’on dépense quand on est riche, est à la fois insupportable pour les Allemands et en train de plomber durablement l’économie française. Les taux d’intérêt sur la dette française se tendent. Et pour en rajouter une louche, on a nommé un chiraquien au budget. Comme symbole de l’esprit de rigueur retrouvé, c’est plutôt limite. Même en Grèce, on aurait évité une telle provocation vis-à-vis de la brave chancelière. L’Allemagne paiera, qu’ils disaient ! ✹ alceste

Bakchich Hebdo N°17 | du samedi 27 mars au vendredi 2 avril 2010

La lecture du Quotidien du peuple peut s’avérer hilarante. D’après le site de l’organe officiel du parti communiste chinois, le cousin de Franck Ribéry aurait découvert un ancêtre venu de l’empire du Milieu. Ni une, ni deux, le Quotidien du peuple a dépêché ses meilleurs experts pour étudier ce sujet de haute couture… « Il n’est pas impossible que Ribery soit un descendant de la cour impériale chinoise des Ming », avance le site du journal qui en veut pour preuve le rare « profil de son os maxillaire ». En fait, le footeux, c’est Riz-béri ✹

Mot à Mot

Il y a cinquante ans, À bout de souffle sortait sur nos écrans. Quel bon titre et son « C’est dégueulasse ? Qu’est-ce que ça veut dire, dégueulasse ? » ! Il irait comme un gant à la France des régionales : on a voté à reculons, sans passion, sans illusions, dans un pays essoufflé. Comme dit Montebourg, la gauche n’a pas vraiment de quoi pavoiser, même si, apparemment, ses sortants ont fait un boulot apprécié. À part ça, la seule proposition politique de Chef Titine aura

été de pendre Frêche par les roustons, avec le résultat que l’on sait : du vent… À droite, le Président joggeur a un point de côté, c’est clair. Certains l’imaginent même se laissant doubler par Fillon, qui trottine sur place depuis trois ans. En laissant de gros nuls exaspérants gérer sa communication politique (le Xavier, dit « Déni-oui-oui », a coûté au moins trois points à sa famille à force de chanter sous la pluie en roulant des yeux comme jadis Jerry Lewis), le SuperPrésident de naguère a pris la couleur grisâtre du looser pas fier, planqué derrière ses roquets pour éviter les courants d’air. Et dans le genre paravent, mieux vaut l’élégant parchemin chinois au lourd Xavier Bertrand. Et puis il y a les Verts, qui ont sauté dans l’ascenseur, et ne réalisent peut-être pas

ernard Arnault, le très souriant pédégé du groupe de luxe LVMH, adore la justice. Peut-être est-ce l’influence de son conseiller Patrick Ouart, qui vient de retrouver un emploi particulièrement bien rémunéré à ses côtés après un passage à l’Élysée pour aider Super Sarko à essayer de rendre la justice plus efficace et plus juste, surtout pour les plus humbles. Arnault, l’homme le plus riche de France, faut-il le rappeler, a déjà poursuivi par le passé la banque d’affaires Morgan Stanley suite à une note d’analyse négative qu’elle avait commise sur sa boîte. Ce patron de presse (il possède notamment les Échos) apprécie la liberté d’expression. Plus récemment, il a fait condamner le site de ventes aux enchères eBay au motif que l’on y trouvait des objets contrefaits de son entreprise. Il s’est attaqué ensuite à Google au motif que le géant américain de l’Internet autorise n’importe qui à acheter des mots clés correspondant aux marques de LVMH. L’affaire est montée jusqu’à la Cour de cassation, qui a préféré se tourner vers la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Cette dernière a estimé que Google, via son service AdWords «n’a pas enfreint le droit des marques en permettant aux annonceurs d’acheter des mots clés correspondant aux marques de leurs concurrents». La CJUE a souligné qu’un prestataire comme Google doit toutefois agir s’il prend connaissance que les données stockées chez lui ont un caractère illicite. Cela ne mange pas de pain mais cela a suffi pour que LVMH publie un communiqué indiquant que c’était une quasi-victoire. Car un homme aussi puissant que Ber nard Arnault ne peut perdre la face. Cela le consolera sans doute de ses investissements ratés dans Carrefour ✹

GARI JOHN

vraiment que leurs emmerdements commencent. Car sur dix élus, chez eux, il y a, certes, quatre politiques, mais aussi trois membres de la SPA dont un aurait voté Bardot si elle s’était présentée parce que les phoques, c’est trop mignon, un baba-cool végétarien, un ennemi paradoxal des éoliennes et un fanatique du grand hamster (il vit en Alsace, voyez le résultat). Dur à gérer. Il y a cinquante ans, on commençait à sentir la brise des Trente Glorieuses. Aujourd’hui, on a 50 % d’abstention et le come-back de la tribu Le Pen, mais surtout deux millions de chômeurs plus quatre millions de fauchés dont personne n’a vraiment parlé. Et qui attendent un peu d’air frais. Autant en emporte le vent… ✹

jacques gaillard


Apéro

La police française dans tous ses ETA

séparatisme L’organisation basque ETA donne le tournis aux flics hexagonaux. Dès qu’ils croient avoir coupé sa tête, en voilà une nouvelle qui repousse… allumés de l’Euskadi ta Askatasuna. « Dès qu’on parle du Pays basque, on se croirait revenu au temps de la guerre civile en Algérie. Dès qu’il y a une arrestation, c’est le chef de l’organisation », se marre un journaliste habitué aux coulisses de l’antiterrorisme. Ainsi, sur la période 2008-2010, six « numéro un » de la chefferie basque ont été, nous dit la police, arrêtés. À croire qu’à ETA, tout le monde est chef. Un tambourinage radio-télévisé qui donne l’image d’une ETA en hydre immortelle.

système inaudible

E

TA colle aux basques de la police française. Aussi pesante qu’un verre d’Irouleguy servi chaud, du côté de Saint-Jean-Pied-dePort. Et ce n’est pas la mort d’un policier français, abattu par un commando le 16 mars dernier lors d’un contrôle de routine en Seine-et-Marne, qui risque d’améliorer la cote de popularité de l’organisation séparatiste dans l’opinion publique ni, bien sûr, dans les rangs des poulets qui goûtent peu cette recette basquaise. Déjà en deuil, les policiers n’avaient nul besoin d’ajouter le ridicule à leur douleur. Trois jours après la fusillade, les médias diffusaient des photos de cinq suspects. Clichés expédiés sous la pression de Fredéric Péchenard, le directeur

général de la police nationale et par ailleurs ami d’enfance de Nicolas Sarkozy. Le tout accompagné d’avis de recherches alarmants : « Attention, individus très dangereux, prendre toutes les précautions de sécurité utiles. Notamment les fouilles sécurité pour leur retirer les armes et autres engins susceptibles de tuer ou blesser dont ils peuvent être porteurs ». Mis à part leurs briquets, les cinq malheureux pompiers catalans, ciblés par erreur sur des caméras de vidéo-surveillance d’un grand magasin, ne risquaient pas grandchose à la palpation… Une communication qui leur tire dans le dos, voilà qui n’est guère glorieux et peu encourageant pour les anti-terroristes, déjà sur les dents dès qu’ils touchent aux

« Les Basques sont très structurés. Avec des cellules logistique, politique, transports, hébergement, finance, détaille un ancien magistrat anti-terro. Et comme flics et médias préfèrent ne pas rentrer dans les détails, à chaque arrestation, on fait croire qu’on a décapité l’organisation. D’abord, ETA a une direction collégiale. Elle dispose d’un réservoir de 500 à 1 000 personnes, formées à la kale borraka (lutte de rue), très jeunes, interchangeables, qu’on fait monter, marche par marche, dans la hiérarchie. Ainsi, un remplaçant est toujours prêt à prendre la place de celui qui tombe. » Un système aussi inaudible pour les flics que la langue basque. D’autant que les séparatistes sont des taiseux : la présence d’un policier, d’un juge ou d’un journaliste les rend muets. Alors que Corses et Bretons posent volontiers en cagoules et chapeaux ronds pour discutailler avec l’ennemi. « Les Basques ne parlent qu’en Espagne, se vexent nos limiers. Là-bas, ils ont leurs familles, leurs relais et sont plus sensibles aux pressions. » La guerre conduit forcément à la négociation ✹ xavier monnier

finances

le fmi et les vertus de l’inflation

U

n des patrons du Fonds monétaire international (FMI), John Lipsky, vient de se déplacer à Pékin pour annoncer que les pays développés devraient préparer les opinions publiques à « un recul des allocations santé et retraite » pour lutter contre les déficits budgétaires. Diable ! Pourquoi à Pékin? La Chine, qui a su serrer la ceinture à plus d’un milliard de malheureux, est devenue le plus grand créancier du monde. Du coup, face aux dettes abyssales de la Grèce et des États-Unis, le PC chinois commence à se faire un peu de souci sur ses chances d’être remboursé un jour. Et il a raison. Dans les couloirs des palais gouvernementaux, on songe à une autre solution : le retour de l’inflation,

qui rendrait supportable le remboursement des dettes. Nos confrères des Échos nous annoncent qu’Olivier Blanchard, patron des économistes du même FMI, dit l’inverse de John Lipsky et propose de fixer à 4 % plutôt qu’à 2 % le taux d’inflation généralement retenu comme objectif par les banques centrales. Ainsi, sans trop de douleur, le problème de la dette pourrait être à peu près réglé. Évidemment, il y aurait des perdants : les créanciers (dont la Chine), les banques et les rentiers. Mais les entrepreneurs, les Tapie et les Pinault, pourraient repartir de l’avant. Qui peut prétendre que la mondialisation financière manque de créativité? ✹ Bertrand Rothé

chef scoop Quand Charles Hernu escamotait des dossiers secrets

Dans son bouquin écrit à la nitroglycérine, 25 ans dans les services secrets, Pierre Siramy raconte comment il a été prié par la DGSE de retrouver des dossiers d’archives égarés. Ces documents concernaient la dernière guerre, la Résistance et la collaboration et révélaient que certains héros avaient été des agents allemands. En mai 1990, on s’aperçoit que ces brûlantes archives ont disparu! L’agent Siramy se met en chasse et retrouve les documents perdus. En 1984, ils avaient quitté les locaux de la « piscine » pour être transmis au tribunal de Lyon, chargé de juger Klaus Barbie. Siramy a découvert que, pour protéger l’honneur de certains amis, Charles Hernu, ministre de l’Intérieur n’a jamais transmis les dossiers… En apprenant, dans le livre de Siramy, la dissimulation d’Hernu, Jacques Vergès, l’avocat de Barbie n’est pas étonné: « Alexandre de Maranche, patron du SDECE, l’ancêtre de la DGSE, m’avait prévenu : “Sur cette période, nous avons été contraints de passer au broyeur nombre d’archives trop compromettantes”. L’épisode d’Hernu indique que la justice ne s’est pas exercée à armes égales. Cela démontre aussi que, pour la réputation de la Résistance, à laquelle j’ai participé, on a protégé “l’honneur” d’un certain nombre d’acteurs, présentés comme “héroïques”, et qui continuent, aujourd’hui encore, de parader comme tels. » ✹ j.-m. B.

Darcos pleure

Borloo y a cru

Les deux Stéphane, Foucks et Schmaltz, de chez Euro-RSCG, avaient mis dans le crâne de Jean-Louis Borloo qu’il serait nommé à Matignon. Ils se sont répandus dans Paris : « Fillon, c’est fini ! » Borloo y a tellement cru qu’il avait demandé à son cabinet de ne pas partir en week-end au cas où.

Éva Joly et les Roumaines

L’immaculée prêtresse anti-corruption du Parlement européen, l’ancien juge Éva Joly, n’hésite jamais à prêter main-forte à dame Justice. Le 22 mars dernier, l’élue Europe Écologie a joué la fausse victime pour aider la brigade anti-criminalité de Paris. Avec un noble objectif, arrêter les vilaines voleuses qui chouraient les biffetons des clients tête en l’air au guichet automatique des cartes bleues. Deux petites Roumaines de 13 ans ont été arrêtées. Jolie pub pour Europe Écologie et son leader, Dany Cohn-Bendit, que l’on ne pourra plus taxer de laxiste !

Les gags de « France-Soir »

Pour enregistrer ses messages publicitaires destinés aux radios, FranceSoir a demandé à l’humoriste Laurent Gerra d’imiter les voix de différentes personnalités. De Jacques Chirac à… PPDA, pourtant salarié du quotidien. La preuve que Publicis et Maurice Lévy n’ont pas eu le culot d’inviter Poivre à jouer son propre rôle. Ayant appris que France-Soir, par les cordes vocales de Gerra, mobilisait sa voix, Belmondo a demandé l’interdiction du spot.

Feliciaggi, mort délocalisé

Quatre ans après son assassinat, le dossier de Robert Feliciaggi, dit Bob l’Africain, bouge encore. Aucune piste n’a désigné le meurtrier de l’élu UMP de Pila Canale (Corse du Sud), proche de Charles Pasqua et du parrain feu Jean-Jé Colonna. L’enquête pourrait être rapatriée du parquet d’Ajaccio vers la juridiction interrégionale de Marseille, qui a hérité des réglements de compte du milieu corse depuis… quatre ans, justement. À croire que la roue tourne encore autour de l’ex-big boss des casinos africains.

Fou de rage d’être viré du gouvernement, Xavier Darcos a inondé l’entourage du Président de SMS. Il se disait « écœuré, malheureux ». « C’est honteux, je n’ai pas démérité, c’est affreux. » Quant à sa femme, Laure, elle a essayé de joindre Carla pour plaider la cause de son mari. Sans succès.

Les bijoux de l’ambassadeur

Chanceux monte-en-l’air. En pénétrant dans une jolie demeure de la rue Friedland, un cambrioleur est tombé sur un véritable trésor : 100 000 euros de bijoux emportés. À croire que le proprio, ambassadeur de la Ligue d’États arabes en France, est très amoureux de son aimée. Ou qu’on lui a conseillé d’investir dans la pierre, une valeur sûre…

Silence sur les menaces

Affolement de début d’année dans les compagnies aériennes desservant le Maghreb. Le 6 janvier, une agence de voyages parisienne a reçu une lettre annonçant des attaques terroristes sur les vols à destination de l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Cinq jours plus tard, une alerte à la bombe sur un vol à destination d’Oran a conduit la police de l’air et des frontières à placer un suspect en garde à vue. Sans que rien ne s’ébruite. Terrorisme ne rime pas avec tourisme.

Sarko freiné par l’Europe ?

Date décisive pour la déjà si décriée réforme de la procédure pénale de Sarko (lire p. 5). Le 29 mars, la grande chambre du Conseil européen des droits de l’Homme rendra son verdict sur l’arrêt Medvedyev contre France. Les juges européens s’étaient permis d’y écrire que les membres du parquet ne pouvaient pas mener d’enquête, alors que le chef de l’État veut leur donner la haute main sur les procédures. Si l’arrêt est confirmé, Sarko Ier sera bien obligé de revoir le rythme de sa réforme.

Clichés piratés à « Libé »

Le 14 mars dernier, Libération, par la voix de sa rédactrice en chef photo, a porté plainte contre X pour escroquerie après avoir constaté que le compte photo du journal à l’AFP avait été piraté. Alors que Libé a le droit de télécharger 20 photos de l’agence chaque mois pour illustrer ses articles, ses équipes ont constaté que 716 photos avaient été téléchargées. Soit un préjudice total de 105 000 euros ✹

du samedi 27 mars au vendredi 2 avril 2010 | Bakchich Hebdo N°17

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Apéro pollution

états-unis

critique de la réforme impure

ette loi n’est pas une reforme de la santé, qui reste à faire», a déclaré Howard Dean, médecin et président du parti démocrate pendant la campagne présidentielle d’Obama, après le vote du Congrès du 21 mars en faveur du projet de loi du Président. Selon l’économiste Robert Reich, ancien ministre du Travail de Clinton, « ne croyez pas celui qui dit que la loi d’Obama sur la santé est la marque d’un retour vers le New Deal » de Franklin D. Roosevelt, car « cette loi est très conservatrice, érigée sur les principes du parti républicain, pas ceux du New Deal. » Et le vétéran chro-

bab’ el web Cochon… mais halal

Des pilules contraceptives, des capsules pour la «performance» et des lubrifiants, voilà les produits proposés par le site Elasira.net, lancé le 26 mars. Très banal pour un sex-shop en ligne. Sauf que sont bannis du site les substances animales et produits chimiques dans les ustensiles coquins et toute photo sensuelle. El Asira est en effet le premier « sex-shop halal ». L’extrême droite risque encore de grimper au rideau.

Touche pas à mon vote

Mettre en ligne les résultats électoraux avant l’échéance du dimanche soir, 20 heures, ne vous vaudra aucune sanction. CSA et ministère de l’Intérieur se renvoient la balle. En revanche, si les grandes chaînes ont bougonné à cause du Web, plusieurs vont écoper de mises en demeure pour avoir laissé traîner quelques indices. Pour amoindrir l’impact de la Toile, une réflexion est donc en cours pour autoriser la campagne jusqu’au samedi soir sur les télés. Bientôt, TF1 et compagnie devront remercier le Web.

Quelle sanction a reçu un hautfonctionnaire nord-coréen après l’échec de sa réforme monétaire ? A. Il a reçu 15 coups de fouets par jour pendant un mois B. Il a dû s’excuser à genou à la télévision C. Il doit rembourser l’argent dépensé par le régime D. Il a été fusillé Réponse D. À la suite de mesures qui ont plombé l’économie nord-coréenne, les autorités ont accusé Pak Nam-Ki d’avoir tenté d’affaiblir le régime.

C

«

niqueur politique du Washington certains pauvres qui se paieront Post, E.J. Dionne, souligne que une couverture partielle et de cette « réforme » obamaienne est mauvaise qualité). « basée sur une série de principes Qui plus est, la réforme n’impose que les républicains ont soutenu aucune limite aux tarifs des aspendant des années. » sureurs, qui ne seront même pas Ils ont raison, car Obama a fait concurrencés par une couverture voter, pour la première fois, une à but non lucratif offerte par le loi pour consolider et étendre le gouvernement. La semaine dermonopole des assurances privées nière, le spécialiste du New York et contraindre chaque Américain Times sur la santé, David Kirkà y souscrire sous peine d’être patrick, a confirmé sur MSNBC frappé d’une forte amende, levée qu’il y avait eu un accord secret par le fisc fédél’été der nier ral ! Des dizaientre la MaiNe croyez pas celui qui dit son Blanche et nes de millions de citoyens de la que la loi d’Obama est un les industriels classe moyenne de la santé sur retour vers le New Deal. seront obligés l’absence d’asd’acheter des assurance gousurances qui coûteront jusqu’à vernementale dans le texte final 9,5% de leur revenu, mais, en ne de la réforme. Tandis qu’Obama, couvrant que 70% de leurs dépenen public, faisait semblant d’être ses médicales, les rendront vulpour ! nérables à la ruine s’ils tombent Il y a 45,7 millions d’Américains sérieusement malades. qui n’ont pas d’assurance santé, Beaucoup d’entre eux n’auront mais la réforme ne sera étendue pas les moyens de payer. Depuis qu’à 31 millions, et ses clauses les dix ans, les salaires de la plupart plus importantes ne prendront efdes Américains ont stagné ou fet qu’en 2014, soit deux ans après baissé, tandis que les profits des le prochain – et dernier– rendezmonopoles d’assurances ont augvous de Barack Obama avec ses menté de 480%. Ce qui n’empêche électeurs. Les malades doivent pas la réforme d’Obama de faire attendre et grâce a cette réforme un cadeau de 447 milliards de la santé restera un privilège, pas un droit ✹ dollars du contribuable à ces mo doug ireland nopoles (avec des subsides pour

Le virus de Facebook

Facebook donne… la syphilis ! C’est même le sérieux quotidien britannique The Telegraph qui l’affirme. Selon le journal, le nombre de cas de MST quadruplerait dans les zones d’Angleterre où on utiliserait le plus le réseau social. L’étude, basée seulement sur trente cas, «révèle » que Facebook favorise les rencontres. C’est quand même un peu le but des réseaux sociaux.

Cervelle de Jouanno

Internet, responsable de la défaite des régionales, c’est l’argument de Chantal Jouanno, ex-tête de liste UMP à Paris : «Twitter nous a fait beaucoup de mal, Internet aussi en diffusant des rumeurs absolument ignobles». Et les rumeurs contre l’adversaire socialiste Ali Soumaré, ça vient d’où ? ✹

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Bakchich Hebdo N°17 | du samedi 27 mars au vendredi 2 avril 2010

presse

BHL et ses censeurs

To « Be » Lagardère or not

L’info. « Lagardère lance Be, première marque transmédia » (le Journal du dimanche, 21 mars). Le décryptage. Après Grazia et Envy, la sortie en kiosque de Be, nouvel hebdo féminin, a bénéficié de nombreux relais dans la presse. Le JDD lui a consacré une pleine page. Sur Europe 1, le sublime Jean-Marc Morandini a reçu sa rédactrice en chef et Didier Quillot, le patron de la branche médias de Lagardère. Enfin, Paris-Match écrivait une ode à la gloire du nouvel hebdo. Même le site Web de Première, pourtant spécialisé dans l’actualité du cinéma, s’y est mis. Pour ceux qui ne le savent pas encore, tous ces médias appartiennent au groupe Lagardère. C’est beau, la dynamique de groupe.

Les couacs du « Point »

L’info. « Déballage entre amis à la DGSE » (LePoint.fr, 22 mars). Le décryptage. C’est le titre d’un article de Jean Guisnel, journaliste au Point, spécialiste des questions de défense. Consacré au livre de Pierre Siramy, 25 ans dans les services secrets (Flammarion), qui dévoile certaines parts d’ombre de la DGSE, le papier a tout bonnement disparu du site au lendemain de sa publication. Or, parmi les nombreuses chroniques parues dans la presse nationale à propos dudit livre, celui du Point était le plus critique et surtout le seul qui dévoilait la véritable identité de Pierre Siramy, nom d’agent de l’auteur du temps de ses activités à la DGSE. Alors, pression de la DGSE ? De l’auteur ? Ou tout simplement un « ajustement technique », comme l’assure le journal ?

L’info. « Fayard déprogramme un livre sur BHL » (le Monde, 20 mars). Le décryptage. Depuis mars 2009, les éditions Fayard, propriété de Hachette, sont dirigées par Olivier Nora qui pilote aussi les éditions Grasset. C’est à ce titre que ce dernier édite les livres de BHL. Une précision que le Monde n’aura pas cru bon de souligner dans les motifs qui ont poussé Fayard à annuler la parution du livre Critique de la déraison pure, de l’universitaire Daniel-Salvatore Schiffer, un ouvrage pas très tendre pour le philosophe en chemise.

Quand on n’a que Zemmour

L’info. « Éric Zemmour en passe d’être licencié du Figaro » (LePoint. fr, 23 mars). Le décryptage. Les dérapages xénophobes du chroniqueur n’auront donc pas eu raison de sa place au sein du quotidien. Sans doute a-t-il pu compter sur de nombreux soutiens au sein du journal. Outre Alexis Brézet, patron du Figaro Magazine, le journaliste Jean Sévillia s’était fendu, dans le Figaro (26 février 2010), d’un papier dithyrambique sur le dernier ouvrage de Zemmour, Mélancolie française. Un livre « courageux » qui « bouscule le politiquement correct », selon lui. Jean Sévillia sait de quoi il parle, puisqu’il est aussi le président fondateur du prix littéraire des impertinents qui récompense chaque année un ouvrage « à contre-courant de la pensée unique ». Un prix dont le jury est composé, entre autres, d’un certain Éric Zemmour.

Contrepet libéré

L’info. « L’Iran brouille l’écoute des médias européens » (Libération, 23 mars). Le décryptage. Le quotidien de la gauche tarama consacre un article à la censure de la presse en Iran, mais, et c’est là l’essentiel, nous offre dans son titre une contrepèterie vieille comme le monde ✹


Filouteries réforme Frank Natali, avocat pénaliste, est membre de la commission Libertés et droits de l’homme au Conseil national des barreaux et ex-président de la conférence des bâtonniers. Il décortique, pour Bakchich, l’effarant projet de loi de Sarkozy visant à éradiquer le juge d’instruction.

code pénal, Sarkozy met le parquet D

epuis plusieurs Il n’existera donc plus qu’une seuannées, la procéle « enquête judiciaire pénale », dure pénale est au dont le procureur aura la maîtrise cœur des débats totale. Pour « la manifestation de la vérité », il devra conduire les de toute tentative investigations « à charge et à déde réforme judiciaire. L’objet est le suivant : la charge ». Il pourra même, précise moindre modification des textes aimablement le projet, refuser les doit respecter les règles du procès « instructions individuelles » si équitable, du début de l’enquête elles sont contraires aux princiau jour de l’audience. pes de sa mission. Pour être clair, Que nous dit la norme, celle du ce sont donc les services de police droit européen ? Que ladite procéqui vont faire l’enquête, et établir dure doit être « équitable, contrala plupart des actes. Le statut de « partie » à la procédictoire et préserver l’équilibre des droits des parties ». Le projet dure, obligatoire dans l’instrucde réforme du tion actuelle, gouvernement, qui seule donExit le juge d’instruction. lui, avance que ne des droits, « la procédure sera attribué, Le parquet, inféodé au pénale a pour fidans le futur, à pouvoir politique, sera seul l’appréciation nalité d’assurer la répression des du parquet et en charge de l’enquête. infractions à la même des enloi pénale… » quêteurs euxmêmes. Exemple : une associaRépression. Le mot ne vous a pas échappé. Voilà qui donne le tion de défense ou une ONG peut, ton. Cette proposition de réforaujourd’hui encore, se porter parme sent mauvais : elle préfigure tie civile quasi automatiquement la toute-puissance accordée au dans une procédure qui touche parquet. son objet. Eh bien, cette automaMais qu’est-ce donc que ce particité, ce sera fini. quet ? Celui-ci, qui n’est pas de Demain, un officier de police bois, est l’organe de poursuite judiciaire pourra procéder à censé représenter « les intérêts « l’interrogatoire de notification de la société ». Composé de prode charges » pour les crimes ou cureurs et de substituts, il interdélits passibles d’une peine allant vient à tous les stades de la procéjusqu’à dix ans d’emprisonnedure. Il a barre sur les services de ment. Pour être clair, nous serons police et dispose des experts. directement « incriminés » par le policier ! La procédure va donc, L’organe d’instruction, comme le juge du même nom, réunit, désormais, se dérouler, non plus lui, les éléments du dossier, sur dans les palais de justice, mais les faits et la personnalité des dans les commissariats. Pour solliciter des « demandes mis en cause et des victimes. Il d’actes », autrement dit aider à intervient actuellement dans toutes les affaires criminelles établir la vérité, les parties de(crime de sang ou autres infracvront s’adresser au procureur. S’il tions particulièrement graves), refuse, il faudra s’en plaindre au notamment dans la plupart des juge de l’enquête et des libertés dossiers polico-financiers. Le (JEL). La mise en place de ce JEL, juge d’instruction peut être saisi arbitrant soi-disant l’équilibre de directement par les victimes, par la procédure, ne peut compenser le biais de la constitution de parles pouvoirs, quasi souverains, tie civile. L’instruction est répuque Michèle Alliot-Marie, ministée « contradictoire » : elle permet tre de la Justice, veut donner au aux parties de formuler diverses parquet. Ce JEL ne suivra pas, en demandes d’actes afin d’obliger le permanence, la procédure. Pour juge à agir. l’essentiel il statuera sur dossier, Dans la réforme Sarkozy, le parsans débat contradictoire. quet devient le maître de toute Ainsi, magnifique édifice, voilà la procédure et doit donc jouer un parquet qui devient le maître le rôle jusqu’ici dévolu au juge de l’enquête pénale, sous l’autod’instruction – le ministre de la rité du ministre de la Justice, Justice, grand patron en bout de toujours si « indépendant », avec chaîne, restant le maître de ce une police, toujours vétilleuse en même parquet. matière de respect du droit, qui

en assure la mise en œuvre… Le tout sous le regard vigilant du ministre de l’Intérieur. Si, après ce tableau, vous n’êtes pas convaincus du grand bond en avant que vont faire nos libertés, c’est que vous êtes mauvais coucheurs. Cet incroyable projet mobilise contre lui la quasi-totalité du monde judiciaire, même des hommes et des femmes de droite. Et parmi eux, ceux qui avaient espéré la mise en place d’un système plus protecteur des droits déchantent. Le parquet, maintenant maître de l’ensemble du jeu, reste institutionnellement inféodé au pouvoir politique. Aucune autonomie fonctionnelle ne lui est accordée, même pas la nomination de ses membres par un avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature. Au 1er janvier 2011, comme l’a voté le Parlement après l’affaire d’Outreau, le juge d’instruction, doit se fondre dans une collégialité de magistrats, alors que le pouvoir souhaite sa disparition pure et simple. Face à ce dessein – un acte suicidaire pour la démocratie et qui met à la poubelle de l’Histoire l’esprit de la Déclaration des droits de l’Homme –, que faire d’autre que se mobiliser ? Si vous aviez envisagé de ne manifester qu’une seule fois dans votre vie, c’est aujourd’hui qu’il faut le faire. Interpellez vos élus, frappez sur des casseroles, hurlez par vos fenêtres. Un premier débat est bientôt prévu à l’Assemblée nationale, à propos de la garde à vue. Ce sera un test. S’il passe, l’avalanche suivra ✹

FRANK NATALI

Prescription, partie civile, garde à vue… une copie à revoir Comme dans une recette de cuisine, ajoutons quelques ingrédients au projet. Par exemple, des notions nouvelles quant à la prescription, allongée en apparence, raccourcie en pratique pour les « infractions cachées », – comme l’abus de biens sociaux –, à un délai de six ans à compter du jour où l’infraction a été commise. N’oublions pas un gadget : la création d’une « partie citoyenne » pour exercer les droits de la partie civile dans les cas de préjudice commis à l’encontre de la collectivité publique. Gare aux imprudents, l’abus

de cette démarche peut être sanctionné par une « amende civile » pouvant aller jusqu’à 100 000 euros ! Cher pour être de la partie. Enfin, en matière de garde à vue, qui reste confiée à la légendaire sagacité des officiers de police judiciaire, les avancées sont minimales. La véritable assistance de la personne retenue n’existe toujours pas, la présence de l’avocat n’étant admise qu’au bout de 24 heures. Et rien ne change en cas de soupçons de terrorisme ou de trafic de drogue qui dérogent au droit général.

Cerise sur l’hermine, le projet doit créer un nouveau cadre de retenue : « l’audition libre ». La personne amenée « par la contrainte » dans les locaux de police a le « choix » entre une « audition libre » de quatre heures sans droits, et un placement en garde à vue qui peut durer 48 heures. Ce nouveau système, s’il peut faire baisser le nombre d’heures passées dans les geôles des commissariats, reste contraire à tous les principes : il permet à la fois la contrainte et l’arbitraire ✹ f. N.

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Filouteries

Occident et terrorisme, I

CONFRONTATION Évolution du profil des kamikazes, techniques en constante adaptation, déplacement des terrains d’affrontement : le terrorisme nouveau est arrivé. Indirectement aidé par l’Occident qui continue de soutenir des régimes corrompus, le djihad se porte bien.

l faut rendre hommage à l’obstination de Saddam Hussein. Il a prouvé à deux reprises qu’il était idiot de vouloir défier l’Occident en rase campagne, avec ses propres armes et selon ses propres règles. C’est sans doute pourquoi on l’a pendu avec une corde trop longue. Que n’a-t-il, comme nombre de ses petits camarades de la région, utilisé ou sponsorisé le terrorisme international et la violence intégriste comme une arme ordinaire de ses relations internationales ? On irait aujourd’hui le prier gentiment de bien vouloir revenir dans le concert des nations et il pourrait même y mettre un prix. L’exemple ne pouvait manquer d’être médité par tous ceux qui, à tort ou à raison, pensent que l’Occident ou les régimes qu’il soutient sont à l’origine de leurs maux. Les talibans, qui s’étaient dispersés sans presque combattre lors de l’offensive alliée en Afghanistan, sont revenus sur la scène par le biais d’assassinats politiques, de tirs de mortier à l’aveugle et d’attentats à la voiture piégée. Et l’idée fait son chemin qu’il faudra bien les convoquer à la table des négociations.

En Irak, les clivages confessionnels imprudemment restaurés par l’administration militaire américaine, après trente années de « laïcisme » baassiste, ont incité les différentes factions à marquer leur territoire par une violence terroriste et une capacité de nuisance qu’ils négocieront quand le départ des troupes d’occupation laissera face à face les appétits et les peurs des différents voisins du pays. Et, des Philippines jusqu’au Maroc, les situations de déni de droit, les conflits irrésolus, les régimes d’oppression, tous générateurs de violence politique, foisonnent et se multiplient. Au Pakistan, où s’affrontent Nord et Sud, sunnites et chiites, activistes anti-indiens et partisans d’une coexistence négociée. Au Yémen, où l’Arabie souffle le chaud et le froid sur les rivalités régionales et les conflits confessionnels entre sunnites et zaydites. En Somalie, devenue une vaste zone de non droit livrée à la piraterie. Au Nigeria, où la rente pétrolière attise les conflits entre musulmans du nord et chrétiens du sud. Au Sahel, où les circuits du grand banditisme se parent du drapeau de l’islam pour rançonner les Occidentaux.

En Algérie et en Égypte, où les successions de renseignement et de sécurité, DCRI à de pouvoir sont ouvertes et ne pourront se l’intérieur et DGSE à l’extérieur, qui ont résoudre que dans la manœuvre et la viosu développer les réseaux d’expertise et lence, tant les situations y sont bloquées. installer les sonnettes d’alarme destinées En Palestine, bien sûr, où chaque partie au à prévenir la violence. conflit affiche ostensiblement son incapaElle le doit enfin, et peut-être surtout, à cité à négocier… la retenue et à l’ancrage national de sa La France – même s’il est de bon ton d’y communauté musulmane. Sur les cinq cultiver un brin de paranoïa pour s’aligner millions de musulmans résidant en Fransur l’Amérique – paraît pour l’instant à ce, quelques dizaines sont passées à la l’abri. Elle le doit sans doute à un certain violence terroriste, quelques centaines à nombre de choix politiques oscillant enl’affichage d’un fondamentalisme provotre une courageuse claircateur, quelques milliers voyance et la lâcheté du à la violence sociale. Ce On pend Saddam Hussein, sont évidemment ceux-là business as usual de ses décideurs, qui se sont que l’on pointe du doigt. mais on laisse tranquille Mais c’est aux 4 950 000 tenus à l’écart de conflits l’islamiste Omar Bashir. potentiellement probléautres que la France doit matiques. Elle le doit, de connaître une certaine comme tous les autres pays occidentaux, accalmie. au fait que, l’aura d’Al-Qaida déclinant à La violence politique et le terrorisme inl’aune de ses opérations ratées, la violence ternational sont comme le nuage de Tcherislamiste s’est – au moins provisoirement nobyl. Ils ne s’arrêtent pas aux frontières. – recentrée sur ses ennemis proches, ses Les conflits évoqués plus haut ne seront régimes honnis. Elle le doit aussi – et on pas résolus demain. L’Occident, États-Unis a trop tendance à l’oublier puisqu’il ne en tête, continue de soutenir ou de tolérer se passe rien – à l’action de ses services les régimes les plus corrompus, les plus

Les nouveaux habits du djihad

I

l est blond aux yeux clairs, vit à Neuilly, a fait en Irak le 9 novembre 2005. Preuve que la parité de prestigieuses études financées par sa famille, existe bien en djihad. possède déjà un patrimoine et a un bel avenir Al-Qaida s’est mise à recruter chez les Américains. devant lui, aux côtés de sa femme et même de ses Comme Adam Gadahn, alias Azzam Al-Ameriki, né enfants. C’est le portrait-robot d’un terroriste de dejuif, converti au baptisme puis à l’islam, érigé à la main, étape logique dans l’adaptation des réseaux fois « traître de la Nation » par la justice fédérale et radicaux à l’ennemi contre lequel ils luttent. Le proporte-parole de l’organisation aux côtés de l’idéolochain casse-tête des services de renseignement. gue égyptien, Ayman Al-Zawhari. Depuis six ans, En djihadisme, les techniques d’attentats vont cet Américain moyen de 32 ans, ex-étudiant sans de pair avec les profils de leurs histoire, élevé à l’école de la plus auteurs : faire diversion en est la grande démocratie du monde, apLe parfait terroriste a un première règle. Mieux connaître pelle en anglais ses frères à comson ennemi que l’ennemi ne se battre les États-Unis, et traduit les niveau social élevé et est connaît lui-même, la deuxième. messages d’Oussama Ben Laden. d’une absolue normalité. Un bon djihadiste échappe aux criOu encore Ommar Hammami, tères de surveillance, il est capable alias Abou Mansour Al-Ameriki, de programmer différents scénarios de ceux enferné il y a vingt-six ans d’un notable d’origine syrienmés dans les profils types et autres clichés. ne et d’une mère américaine, installés en Alabama. Demain, s’il est originaire de pays arabes ou muAujourd’hui, il combat aux côtés des Shebab somasulmans, il sera élevé socialement, sinon de classe liens, un mouvement radical pro-Al-Qaida dont il moyenne, jamais au chômage, pas ostensiblement forme les nouveaux membres, Européens compris. Pour les stratèges de l’organisation terroriste, « repratiquant. Issu de pays africains, il devra apparaître chrétien et sera plutôt une femme. La règle : tourner » un ennemi est devenu une arme de guerre. toujours arborer une absolue normalité. En revanDu classique ! ✹ che, si un « suspect » porte une barbe fournie, va Martin Gale dans les manifestations contre l’interdiction du port de la burqa, en prenant son RER de banlieue sans payer son ticket et en criant « Allah Akbar », alors il s’agira d’un leurre. Les kamikazes des attentats du métro londonien en juillet 2005 – des citoyens britanniques d’origine pakistanaise terriblement banals – avaient si bien assimilé cette nouvelle norme, que les services britanniques ne les avaient pas vus venir. De même, le passager Omar Farouk Abdoulmoutallab, le type au slip explosif du vol Amsterdam-Detroit en décembre dernier, n’était pas issu d’un pays signalé comme « source de terrorisme », de ceux qui marquent le porteur de son passeport au fer rouge. C’était avant que les États-Unis ne décident d’ajouter le Nigeria sur leur liste noire. Autre exemple, dans les esprits éclairés des services occidentaux, une femme est potentiellement une mère, elle ne peut commettre un attentat kamikaze. C’est donc sans suspicion que Muriel Delgauque, Belge convertie à l’islam, est allée se faire exploser

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un couple

Filouteries

d’enfer

réactionnaires et les plus fondamentalistes du monde arabe et musulman en fonction de critères incompréhensibles pour les peuples concernés. On lutte contre le djihadisme, mais on protège le premier État ouvertement intégriste du monde, l’Arabie Saoudite. On pend Saddam Hussein, mais on laisse tranquille l’islamiste président du Soudan Omar Bashir, pourtant poursuivi pour crimes contre l’humanité. On occupe l’Afghanistan pendant dix ans pour le débarrasser des talibans, avant de négocier leur retour au pouvoir… La France n’est pas totalement étrangère à ces errements, surtout quand elle est bien obligée de s’aligner sur la politique étrangère américaine, relayée par un certain nombre de ses partenaires européens. Il ne faut pas croire qu’il ne viendra jamais à l’idée de quelques-uns, État constitué, réseau bien organisé ou bande d’excités spontanés, de nous en faire payer le prix. Et, exemple de Saddam oblige, ce prix sera celui de la violence terroriste ✹ alain chouet Ancien chef de service de renseignement de sécurité (SRS) de la dgse

des gadgets meurtriers

C

«

omme les opérations bésous de la ceinture, ils ont conçu nies du 11 septembre l’ont la bombe suppositoire, dont ils montré, un peu d’imagiont lesté, en août dernier, un faux nation et un budget minimal peurepenti saoudien invité dans le vent transformer n’importe quoi palais de l’un des ennemis maen une arme efficace et adaptée, jeurs d’Al-Qaida, Mohammad bin capable de prendre l’ennemi par Nayef, numéro deux du ministère surprise et de le priver de sommeil saoudien de l’Intérieur. La bombe pour des années… » En transmetintestine a déchiqueté le corps du tant, dans un récent message, porteur, mais le Prince s’en est cette recette du succès des résorti avec quelques égratignuseaux Al-Qaida res. L’objectif a été atteint : déaux futures reLa bombe suppositoire a crues, l’un des montrer que le idéologues de la djihadiste en a déchiqueté son porteur. holding, l’Amédans la culotte ricain converti et qu’il peut Addam Gadahan, alias Azzam défier tous les surveillances du Al-Amriki, aurait pu rajouter : monde. « Même sans avoir à l’utiliser ». Une bonne arme, « efficace et L’attentat raté : c’est la dernière adaptée », est celle que les sertrouvaille des opérationnels du vices de sécurité ne peuvent pas djihad. Une bombe qui rate son prévoir. Le djihadisme s’adapte objectif peut créer autant de domsans cesse aux dispositifs sécuritaires. Depuis septembre 2001, mages que si elle avait explosé. Ce qui compte, c’est l’impact psychoaprès chaque nouvelle attaque ou logique; l’effet de terreur reste le tentative, les États-Unis et leurs but du terrorisme. Mieux, toute alliés modifient leur système de tentative d’attentat révèle des protection, en y intégrant les donfailles dans les dispositifs sécurinées du nouveau mode opératoire taires de l’ennemi qui sont censés utilisé en face. D’où l’idée de la viser le risque zéro. chaussure explosive portée par Richard Reid, en décembre 2001, L’aventure du jeune Nigérian à bord du vol Amsterdam-Detroit, pour contourner les mesures insà Noël dernier, est un cas d’école. taurées dans les aéroports trois Les explosifs placés dans ses sousmois plus tôt, contraignant les vêtements, acheminés à bord en passagers à passer les contrôles dépit de multiples contrôles, en chaussettes. En 2006, apparaît n’ont pas atteint leur cible. Mais la bouteille explosive, qui conduiles États-Unis ont réagi comme si ra à l’interdiction des liquides l’attentat avait bien eu lieu. en cabine. Depuis l’affaire du vol Avant le recours à des sous-vêteAmsterdam-Detroit, les Étatsments explosifs, les « créatifs » de Unis, à défaut d’imposer les vols la mouvance avaient déjà réfléchi à poil, veulent imposer le scanà une autre surprise stratégique. ner corporel, qui arrive aussi en France ✹ m. g. Décidément très branchés en des-

sahel, yémen... terrains de la terreur

L

’année 2010 commence bien pour la nébuleuse Al-Qaida. Non seulement le djihad prospère en Afghanistan, en Irak, en Somalie, mais ses grands projets de développement international connaissent une avancée inespérée.

COMMERCE D’OTAGES

Au Sahel par exemple, aux confins du Mali, du Tchad et de l’Algérie, ce no man’s land est désormais considéré comme un « deuxième Afghanistan » par les Occidentaux. Le 23 février dernier, en arrachant Pierre Camatte, retenu depuis trois mois au Mali, des griffes du groupe d’AlQaida au Maghreb islamique (Aqmi), Nicolas Sarkozy a certes sauvé un citoyen peu ordinaire au vu des moyens mis en place pour le libérer : en fait, un « honorable correspondant » de nos services secrets, comme l’avait révélé Bakchich. En mettant sous pression l’allié malien pour l’obliger à satisfaire aux exigences des ravisseurs, le président français a, de fait, reconnu l’efficacité du dernier grand projet de l’organisation terroriste : investir la bande du Sahel et y créer les conditions d’un nouveau front avec les forces occidentales, puisque celles-ci ont montré qu’elles peuvent capituler. De plus en plus traqués en Al-

gérie, leur terrain d’origine, les intégristes ont trouvé au Sahel un nouvel avenir : l’opportunité de tirer bénéfice des trafics en tout genre qui fleurissent dans ce désert du monde, d’installer des camps d’entraînement pour les recrues locales et de faire du commerce d’otages européens un vrai business. Prendre des otages force aussi les gouvernements à s’impliquer dans un front sécuritaire régional, à mobiliser des forces. Du pain béni pour AlQaida, qui ne cherche qu’à attirer là les États-Unis et la France. Autre nouveau terrain de

jeu offert par l’ennemi aux djihadistes : le Yémen. Depuis l’attentat déjoué à bord du vol AmsterdamDetroit à Noël, le Yémen a été officiellement consacré « nouveau front contre le terrorisme » par le président Obama, moyens militaires et financiers compris. ça tombe bien, les cellules radicales yéménites y travaillaient depuis au moins trois ans, avec l’aide de frères saoudiens chassés de leur Royaume dans le cadre de la lutte instaurée dans le pays contre les réseaux extrémistes et les rescapés de Guantanamo. Preuve par neuf, le kamikaze raté de Noël avait été formé au Yémen. Morale de l’histoire, depuis, les écoliers du djihad ont vu la démesure de la réaction sécuritaire américaine : exactement le but recherché par leurs guides.

un vrai cdi

Le reste ? L’Afghanistan, qui n’est pas une paille dans l’affaire, reste une priorité des États-Unis qui comptent diligenter, avec l’appui de leurs alliés, quelque 30 000 hommes de plus. Une politique qui garantit de belles années de boulot à ces réseaux liés aux talibans, dans le pays et au Pakistan voisin. Quant à l’Irak, les forces américaines y entament leur retrait, qui doit s’achever fin 2011. De quoi encourager les djihadistes aspirés par le vide. Avec un ennemi qui vous garantit la durabilité du job, le vrai CDI, Al-Qaida devrait se montrer plutôt serein. Et carrément disponible pour de nouvelles aventures ✹ m. g.

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Filouteries train-train

confidences

les giboulées de mars

Roger Karoutchi joue sur tous les tableaux

Après avoir mollement soutenu Valérie Pécresse pour les régionales en Ile-deFrance, voici Roger Karoutchi bien récompensé : le président socialiste de la région, Jean-Paul Huchon, va lui offrir sur un plateau la présidence de la commission des Finances de la région. Et le 7 avril, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux lui remettra la Légion d’honneur. Elle est pas belle, la vie ?

Copé se prend pour Rocard

À voir son air grave, dimanche soir dès 20h01 sur le plateau de France 2, on sait bien à qui Jean-François Copé essayait de ressembler : à Michel Rocard, en mars 1978, s’interrogeant avec gravité sur le nouvel échec de la gauche aux élections législatives et pointant du doigt, sans le nommer, François Mitterrand. Mais l’opération Rocard échoua lamentablement, et c’est Mitterrand qui est devenu président de la République. Avis à l’ambitieux et très pressé Copé…

Aubry mise sur le G20

dérouillée

sarkozy pris en main par les députés ump

Q

uelle raclée ! Les socialistes avaient eu leur mémorable 21 avril 2002, avec l’éviction de Lionel Jospin du premier tour de la présidentielle, les UMP ont désormais leur 21 mars 2010 ! Sauf que Nicolas Sarkozy est toujours là. Et qu’il continue à exaspérer ses troupes. Or ce n’est pas le mini remaniement d’après-Bérézina régionale qui les calmera : « Avant, il fallait être issu de la diversité et de gauche pour être nommé, maintenant, il faut taper sur le Président pour devenir ministre ! » Les bons petits soldats de la majorité commencent à en avoir marre de regarder passer les plats sans jamais être servis. Les deux snipers, François Baroin et Georges Tron, peuvent rigoler : ils ont tiré sur le chef, ils ont ramassé du galon ministériel, le premier au Budget, le second à la Fonction publique. Pas de quoi calmer l’UMP ! Mardi, les députés de la majorité se sont déchaînés. C’est qu’ils voient poindre leur défaite à l’horizon 2012. La faute à qui ? À Nicolas Sarkozy. Dans la bataille des régions, l’omniprésident a perdu de sa superbe et surtout le droit d’ouvrir à gauche, de n’en faire qu’à sa tête et de réformer tous azimuts. « Le courage politique, ce n’est pas la cécité et l’aveuglement », cingle Jacques Myard, député UMP des Yvelines. Du coup, exit la sulfureuse taxe carbone. Une si belle réforme, aussi « grande », avait fanfaronné l’homme de l’Élysée en septembre 2009, que la décolo-

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nisation, l’élection du président de la République au suffrage universel, l’abolition de la peine de mort et la légalisation de l’avortement réunies… Rien que ça. Il a suffi d’une déculottée électorale pour que cette merveille soit enterrée et la parole du Président abjurée. Ses rodomontades de mercredi n’impressionnent d’ailleurs plus personne. Ce qui ne gêne ni François Fillon, que les députés ont pris l’habitude d’ovationner, ni Jean-François Copé, leur patron. Ensemble, ils ont décidé de reprendre les choses en main, de mettre carrément sous contrôle le président de la République en inventant un « pacte majoritaire ». Lundi, sénateurs et députés vont en effet inaugurer une « journée parlementaire extraordinaire » avec le Premier ministre, pour tenter de sauver les meubles dans une maison en feu. Cette fois, ils suivront mot à mot la nouvelle feuille de route, à droite toute, que leur a délivrée Nicolas Sarkozy cette semaine. D’autant que le Président tout juste dérouillé a fini par se plier aux desiderata de Jean-François Copé en annonçant une loi contre la burqa, alors qu’il y était opposé. Bingo pour le retour aux fondamentaux ! François Fillon s’en est aperçu qui, mercredi soir, a été privé du journal de 20h de TF1. Pour le chef d’État, on a assez vu le Premier ministre pendant la campagne. Il ne faudrait pas qu’il abuse de sa popularité ! ✹ florence muracciole

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Victoire aux régionales en poche, la première secrétaire du PS Martine Aubry pense au coup d’après. À savoir la présidentielle (2012) après les primaires internes (2011) et l’élimination du rival Dominique Strauss-Kahn (le plus tôt possible). Les aubrystes ont déjà établi leur calendrier : « L’idéal serait que Martine déclare sa candidature à l’occasion d’un G20, quand Sarkozy brassera de l’air aux côtés d’un Strauss-Kahn d’accord avec lui. » Inélégant, mais ça tombe bien, la France sera pays d’accueil en 2011.

L’HUMEUR DE PROBST Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité. Il y a six mois, Pascal Perrineau, grand spécialiste du Front national devant l’éternel, pronostiquait la fin du mouvement lepéniste. Le soir du deuxième tour des régionales, le même Perrineau pontifie sur « les difficultés du gouvernement face à la crise » qui « ont libéré un espace » pour Le Pen. Et voici les mêmes experts qui, ces derniers jours, refont surface. D’après un sondage CSA du Parisien, les Français jugent que le Kayser Sarkoko devrait « changer de style » et adopter un style plus présidentiel. Il suffisait d’écouter les élus de droite depuis deux ans pour aboutir à la même conclusion. Le coût du sondage en moins ! D’ici la présidentielle, Sarkoko devrait bien être attentif aux élections cantonales en 2011 et, dans la foulée, au choix d’un président du Sénat, qui pourrait bien être une femme, et de gauche. Sur fond de coalition entre le centre et le parti socialiste. Cette année, les giboulées de mars ont été sévères. Anormalement aveugle, le Kayser n’a pas nommé d’Alsaciens au gouvernement pour récompenser la belle province d’avoir sauvé l’honneur de la droite. Le regretté André Bord n’a pas d’héritier. En revanche, le villepiniste Georges Tron a hérité d’un maroquin. Encore que, dans son cas, villepiniste ne soit pas l’étiquette appropriée. Dans une vie antérieure, Georges Tron a servi sir Édouard, alors Premier ministre. Lors de la campagne présidentielle de 1995, Tron aura

eu l’idée saugrenue de faire jouer à Édouard Balladur le rôle d’un auto-stoppeur. Un hélico soudain en panne, un atterrissage dans les champs et voici le cher Édouard, en veste cachemire et chaussettes rouges, hélant une Mercedes. Et les médias, TF1 en tête, de saluer l’immense simplicité du candidat Balladur. Hélas, du côté de l’étatmajor chiraquien, dont j’étais, on sent le subterfuge. La conductrice de la Mercedes n’était autre que la cousine de Geoges Tron. N’est pas qui veut Mitterrand dans « l’affaire de l’Observatoire ». Et Dieu, dans tout cela ? Et le vaste monde ? Les amicales pressions d’Obama sur Benjamin Netanyahou vont-elles porter leurs fruits ? Jerusalem-Est ne doit pas être colonisée, ce n’est bon pour personne, surtout pas pour les Israéliens. Depuis toujours, il aurait fallu internationaliser les lieux saints. Mais qui se collera à cette tâche impossible ? Voici une croisade pour saint Zemmour, qui, depuis sa dernière provocation chez Ardisson sur la délinquance des Black et Beurs, aime jouer aux martyrs ! Post-scriptum : au Gabon, Ali s’émancipe d’Omar, m’indique mon ami, le Prince Pokou. Ali Bongo, le fils de feu Omar Bongo, ne veut pas régler les surfactures promises par son père à quelques sorciers blancs. Le premier à faire les frais de cette cure d’austérité à la gabonaise est ce pauvre Robert Bourgi, qui a servi successivement Villepin puis Sarkozy. Aujourd’hui, il réclame son dû, mais en vain ✹

Messmer n'a pas voté Veil

Dans l’éloge fait par Simone Veil de Pierre Messmer à l’Académie française, on a juste oublié un détail : député RPR de Moselle en 1974, Messmer n’avait pas voté en faveur de la libéralisation de l’avortement prônée par Simone Veil. Mais il a tout de même eu droit à un bon point : comme Premier ministre, en 1972, il avait demandé au parquet de ne plus poursuivre les femmes qui avortaient.

Royal, du blanc à l’invisible

En 2004, Ségolène Royal n’avait pas eu à se faire prier pour figurer sur la photo de famille des vingt présidents de région PS nouvellement élus. Elle avait même revêtu une veste blanche, destinée à bien montrer qu’elle était la seule femme dans une assemblée de machos. Cette fois, Ségolène a boudé la photo de famille. Est-ce pour ne pas croiser Martine Aubry ou parce qu’une autre femme présidente, Marie-Guite Dufay (Franche-Comté), était de la fête ?✹

loncle attend sa réponse

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ans une question en date du 16 février 2010 adressée au ministre de l’Éducation nationale, François Loncle s’est interrogé sur la manière dont Nicolas Sarkozy parle le français. Le député socialiste de l’Eure estime que le président de la République « multiplie les fautes de langage, ignorant trop souvent la grammaire, malmenant le vocabulaire et la syntaxe, omettant les accords (…), croit judicieux de maltraiter, volontairement ou involontairement, la langue française, et s’aventure parfois à employer des termes et formulations vulgaires. » Le député demandait donc au ministre de prendre « toutes les dispositions nécessaires pour permettre au président de la République de s’exprimer au niveau de dignité et de correction qu’exige sa fonction. » À ce jour, il attend toujours une réponse ✹ Gari John


Bazar des médias bling-bling Rachida Dati, maire du VIIe arrondissement parisien, appose sa touche très personnelle à un quartier déjà très chic. En témoigne le bulletin municipal, transformé, le temps d’un numéro, en ersatz de revue féminine, avec force rubriques shopping, horoscope et mondanités.

Une gazette qui fait dati

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a semaine passée, assis à l’arrière de ma Bentley arrêtée à la hauteur du métro Saint-François-Xavier, j’ai entendu une bouche lancer « Écrasons l’infâme ! » Quoi ! Serions-nous au métro Voltaire ? En réalité, cet habitant du VIIe arrondissement de Paris venait de prononcer, disons de façon pâteuse, « Sanctifions la femme ». Ce propos de trottoir rendait gloire à l’action de madame Rachida Dati, la mairesse du coin, qui vient de lancer une offensive, signalée par rue89, afin de célébrer comme il se doit la journée inter nationale de la Femme. Quelques amis de Rachida savent, eux, qu’une femme peut être l’avenir de l’homme. Pour rendre hommage à l’épouse, la mère, la sœur, Rachida a choisi de transformer le bulletin municipal du VIIe en un clone à deux têtes : une louche de Elle, un doigt de Figaro Madame. Le titre de ces trente pages édifiantes sonne

bien : 7 à elle (« C’est à elle », humour). Dans son édito, Rachida ouvre son cœur : « Les rubriques habituelles ont laissé la place à la mode, à la beauté, aux tendances, aux coups de cœur gastronomiques ou culturels… et tout ce qui participe aux joies, petites et grandes, d’être une femme dans le 7e. » En page 6, le shopping du Rachida News nous en met plein la vue. Du foulard Régate de La-

coste à 50 euros, au sac de Nina Ricci à 2 200 euros, il y en a pour toutes les riches. Et puisque la politique se niche là aussi, Dati, fidèle au Président, nous recommande les Ray-Ban à 160 euros (gratuites pour tout membre de l’UMP ?). Je passe sur le petit top en soie de Malandrino, 410 euros, sur les chaussures hautement talonnées de Christian Louboutin à 395 euros, sur les ballerines Dior à 380 euros

bles » dans sa paroisse. Sachez-le, et sur le jean à 240 euros. Comme on l’écrivait jadis dans Madame il existe une paroisse Meetic. Express, « Ne jetez pas votre vieux Vous criez « assez ! » mais je ne vison, utilisez-le pour doubler vovous lâcherai pas en route. « Où tre Burbury ». dîner en amoureux ? » Si vous ne En page 7, une gamine, genre gosl’êtes que légèrement, chez Thoumieux (menu de 29 à 51 euros). se dont le papa a eu de la chance, nous énumère ses boutiques favoEt chez Le Divillec (autour de rites. Par exemple, La Suite 114. 200 euros) si vous l’êtes vraiment. Ce diamant de la rue du Bac, le Encore faim? Le Rachida illustrée voilà : « Une quinzaine de marques propose ces recettes de cuisine à découvrir dans ce nouvel espace à qui font la tambouille de tout bon la fois intemporel et contemporain. journal. Ici, c’est un « Napoléon de bœuf en tarDe Zac Posen à Phillip Lim en tare au caviar Page 6, un foulard Ricci passant par Kris alverta ». C’est van Assche ou tout simple, le à 2 200 euros, un top en Phi, Alessandro caviar de table soie Malandrino à 410… dell’Acqua ou est commode Takhoon… La quand le Leader Suite offre aussi à ses clientes des Price du coin est fermé. Sautons, services personnalisés allant du comme on le dit dans la cavalerie, coaching à la livraison-groom. » vers nos amis militaires. Dans le Dans le VIIe, les lycéennes ont de VIIe, il y a beaucoup d’hommes grosses bourses. des casernes. Ah, les concerts du Oserai-je les crèmes ? Oui, car Musée de l’Armée en compagnie j’ai remarqué un utile « anti-âge du général Dary, si cool. confort » qui « stoppe 155 % des raEn dernière page du bulletin, dicaux libres » (comme Borloo ?). nous arrivons enfin dans le dur, le certain : l’horoscope. Avec Et ça dure, et ça dure. À la page 10, le Rachida-Libérée devient Paris« horreur », les femmes Cancer Match, avec une page beautiful apprennent que leur mari a été people, copie des Sorties en ville muté dans le VIIIe. Dans ce cas, d’Agathe Godard. On y parle de l’astrologue de Rachida, radical, quelques démunis comme Claude conseille le divorce. Et ça tombe Guéant, Bernard Kouchner, Laubien puisque la dame Cancer va être augmentée : « Votre cabinet rence Parisot, François Fillon d’avocats vous a promue assoet Éric Besson, dont le VIIe « est l’épicentre ». Et Hervé Morin, cité ciée ». Pour les Béliers, la vie est aussi, le centre ? difficile : « Votre cœur palpite pour Page 12, on retombe dans la fripe, cet inconnu croisé en faisant la queue devant Barthélémy ». dans une maille qui aille, avec les robes Babydoll folk de chez Une femme du VIIe qui fait la queue ? On a trouvé une pauvre Chanel ou le short taille haute de Chloé. Vient enfin l’inévitable alors que Rachida est la petite sœur des riches ✹ Sonia Rykiel, reine de la guenille couteuse qui a dessiné des mo jacques-marie bourget dèles pour H&M, une boîte qui viole les décisions de l’ONU en s’installant, avec les colons, dans la Palestine occupée… Au VIIe ciel Maintenant couverts, le moment Au cœur d’une ville tenue par est venu est de se cultiver. Rien le gauchiste Delanoë, le VIIe fait de mieux que Mes petites morts, le figure de résistant. S’ils n’ont pas livre d’Elsa Fottorino. Une jeune échappé aux voies de bus, ses romancière sans amis dans la habitants sont toujours ceux qui presse puisque son papa est dipayent le plus d’impôts, avec un recteur du Monde. Pour avoir lu revenu moyen de 5070 euros par sa première page, j’ai constaté mois par ménage. Avec un prix de que la gamine a vraiment besoin l’immobilier qui dépasse les 9000 d’aide. euros au mètre carré, vivre dans le Nous en arricoin demande quelques ressources. vons à Dieu, Heureusement, sous le règne de aux hommes Rachida, il est toujours possible de en robe. Le flâner au Bon Marché et de pousser père Vincent de les portes de la Grande épicerie qui Mello, le père Rivend de l’eau minérale 29 euros la chard Escudier bouteille. Une fois désaltéré, inutile et monseigneur de s’angoisser sur l’insécurité. Patrick Chauvet Avec tous les ministères (Affaires parlent du fémiétrangères, Défense, Santé…) nin. Rien de tel qu’héberge l’arrondissement, que ces experts, la densité policière est presque qui ont fait vœu aussi forte que les lieux de culte de célibat, pour chrétiens, au nombre de quatorze. parler des femAu second tour des régionales, mes. Le père de on y a voté à 71,25% pour l’UMP Mello « voit la femet Chantal Jouanno. me comme un être Enfin, et c’est sans rapport aucun, qui reboise ». Monc’est aussi dans le VIIe que se trouve seigneur Chauvet le siège du parti socialiste. Alors, se félicite « d’avoir qu’attendez-vous? ✹ des femmes disponi-

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Bazar tractage

voir la tour eiffel et démissionner du pc chinois «

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o n j o u r, v o u s v e n e z du Sud  de la Chine ? Du Nord ? » L’homme s’écarte, presse le pas. Mme Sing, 74 ans, réfugiée politique en France depuis dix ans, finit par coincer trois hommes originaires de Pékin : « Nous sommes ici pour vous aider à connaître la vérité sur ce qui se passe en Chine, leur dit-elle. Nous pouvons vous aider à vous désinscrire des organes du parti communiste chinois (PCC). C’est une démarche symbolique, une démission qui vient du cœur – vous pouvez utiliser un pseudonyme si vous préférez. » La militante leur tend une liste de faux noms pour les aider à trancher – le pseudo le plus populaire ici, à Paris, est la traduction d’« Homme de fer », en hommage à la tour Eiffel qu’ils

sont venus visiter le jour où on Accueillis à la descente du bus leur propose de démissionner. par les banderoles, les groupes Installée trois jours par semaipassent leur chemin. Certains ne entre midi et 14 heures sur se plantent à côté du stand, font l’étendue du Champ-de-Mars, mine de photographier la tour l’association d’aide à la démisEiffel, mais écoutent attentivesion du PCC acment les inforcueille les toumations diffu« Une démarche ristes chinois sées en chinois de passage à symbolique, une décision sur haut-parleur : « En apparence, il Paris. Depuis qui vient du cœur. » juillet 2008, ils n’y a aucune réacsont environ tion de leur part, 10 000 à avoir démissionné aux constate le responsable de l’aspieds de la tour Eiffel. Soutenu sociation à Paris, Hauv Trang, mais dans leur cœur, les choses par le mouvement bouddhiste Falun Gong, durement réprimé s’éclairent. » en Chine et présent dans 134 Cet apparent désintérêt a une raison : « Au sein d’un groupe, pays, le centre d’aide à la démison a toujours un surveillant du sion est une initiative mondiale PCC. C’est le chef, le patron de et s’est officiellement implanté l’usine ou de l’université d’où ils dans toutes les grandes villes où viennent. Observés, nos compavoyage le touriste chinois. triotes ont peur de s’arrêter. Mais il existe toujours des courageux qui viennent vers nous et repartent avec de la documentation. » En quelques années, ils seraient 69 millions à avoir symboliquement quitté le Parti. Et le tourisme contribuerait pour beaucoup à cette hémorragie. L’État chinois tente difficilement de prendre les devants : « Beaucoup connaissent l’existence de notre association avant même de quitter leur pays, explique Hauv Trang. Là-bas, les supérieurs hiérarchiques les mettent en garde et leur interdisent de prendre notre documentation. » En autocar, les Chinois sillonnent l’Europe en une quinzaine de jours et l’association les accueille partout où ils vont. De quoi laisser mûrir leur réflexion au fil du voyage : « Ils refusent à Genève, saisissent furtivement

un tract à Paris, se posent des questions à Rome et finissent par signer à Londres », résume Hauv Trang. Lors d’une première rencontre avec le Falun Gong dans une ville d’Europe, c’est toujours la surprise : « Le PCC leur dit que nous sommes considérés comme une secte et réprimés partout dans le monde. Or, en nous voyant avec nos banderoles au vu et au su de tous, ils réalisent que c’est faux. » L’indifférence n’est pas le pire. Beaucoup de touristes chinois sollicités ont des mines méfiantes, voire agressives face aux pratiquants Falun Gong et les violences sont fréquentes : « Ils nous voient comme anti-Chine, antinationalistes. S’ils réagissent parfois mal, c’est qu’ils sont esclaves du lavage de cerveau du

PCC. » Mi-février, Hauv Trang était agressé par un étudiant, une rixe dont il porte encore la marque au visage. Deux Chinois justement, s’approchent, menaçants : « Vous êtes la honte de la Chine ! », lancent-ils à Mme Sing. M.Trang s’adresse alors à leur responsable : « Vous ne pensez pas un jour quitter le PCC ? » L’homme : « C’est fait ! Il y a cinq ans, j’ai démissionné après avoir passé des années au sein de la police nationale. Je vous soutiens. » Symboliquement adoubé par son chef, la totalité de ce groupe signe sa démission. Avant de regrimper dans le car, direction Barcelone, où ils rencontreront peut-être la branche hispanique de l’association ✹ anne steiger

transports

La RATP exporte sa mauvaise gestion

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a RATP va enfin pouvoir déballer la campagne de publicité qu’elle gardait dans ses cartons. L’entreprise publique s’apprête à prendre les commandes de plusieurs réseaux de bus à Montélimar, Vienne, Vierzon, Bourges… Parigots et banlieusards qui partent skier pour s’évader du métroboulot-dodo seront heureux d’apprendre que ce sont désormais des cars RATP qui les trimballeront de la gare aux stations savoyardes. Mieux, le gestionnaire des RER A et B doit aussi prendre possession du réseau de transports de Gênes, en Italie, et conduire des bus à Londres. Et même s’implanter en Suisse.

grand mécano

Ces conquêtes représentent la bagatelle de plus de 400 millions d’euros de contrat annuel que la RATP a décrochés sans coup férir face à la concurrence ! En ne donnant aucun gage sur sa gestion financière calamiteuse, littéralement éreintée par la Cour des comptes (dans un rapport révélé par Bakchich fin 2009). Cette cueillette résulte d’un grand mécano industriel comme on les aime en France. Sa signature finale devait intervenir la semaine passée entre les dirigeants de Veolia Transport, de Transdev, filiale de la Caisse des dépôts, et ceux de la RATP. Veolia

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(6 milliards d’euros d’activités dans ce business, et quelques dettes) et Transdev fusionnent pour donner naissance à un champion tricolore des transports publics qui doit rapidement entrer en Bourse. Dans l’affaire, Pierre Mongin, le patron de la RATP, actionnaire de Transdev à 25 %, réalise un coup de maître. Plutôt que du cash, il a exigé de récupérer les contrats de gestion décrochés par les autres. L’abandon de joyaux comme Gênes et Londres à la RATP crée un drame chez Transdev. Certains y voient un effet de l’ascendant de Mongin, l’ex-dir cab de Villepin, sur le directeur financier de la Caisse des dépôts, Alain Quinet, sous ses ordres à Matignon. En tout cas, selon un acteur du dossier : « La puissance de Mongin se mesure au degré de souffrance qu’il impose aux dirigeants de Transdev. » Voire à ceux de Veolia qui ont dû, eux aussi, lui refiler certaines de leurs villes (Valence), au grand dam d’élus qui assistent à un grand partage. Ceux d’Ile-de-France, qui financent la RATP sur Paris et sa région, où son monopole est garanti jusqu’en 2039, commencent aussi à s’inquiéter. Vont-ils payer indirectement les escapades de la RATP en dehors de son enclos ? Des pertes arrivent parfois sans crier gare ✹ émile borne

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bakchich c’est tous les jours sur internet ! informations, enquêtes et mauvais esprit


Bazar de la conso

Rancunier Crédit foncier

ÉCHOS DES CABAS

immobilier Le Crédit foncier n’aime pas les oiseaux de mauvais augure. L’ancien directeur des études de l’organisme financier l’a appris à ses dépens. Il s’est vu remercier pour avoir été… trop honnête.

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ans le monde merveilleux de l’immobilier, il ne fait pas bon dire ce que l’on pense. Surtout quand, par excès de sincérité, on risque de filer le bourdon au sacro-saint marché. Jean-Michel Ciuch, ancien directeur des études du Crédit foncier, l’a appris de façon abrupte en juillet dernier. Il a provoqué un tollé en présentant en conférence de presse son rapport sur la loi Scellier, votée pour soutenir l’investissement locatif privé et qui permet de bénéficier dans certaines zones d’une réduction d’impôts équivalente à 25 % du prix de l’achat contre l’engagement de louer pendant neuf ans. Dans ce rapport, il pointe

une soixantaine de zones à risque – là où ceux qui pensent faire une bonne affaire pourraient se faire plumer avec des appart’ impossibles à louer aux prix annoncés. Quatre jours plus tard, il reçoit sa lettre de licenciement pour « insuffisance professionnelle ». Une éviction qu’il va contester aux Prud’hommes le 15 avril prochain. Pour qualifier son « insuffisance », la lettre de licenciement indique « qu’aboutir à une tonalité générale trop négative, en décalage par rapport au discours volontariste de relance, est préjudiciable à la notoriété du Crédit foncier. » En clair, via la loi Scellier, le gouvernement a proclamé une « re-

lance » dont le secteur immobilier Dérangeant, original, le bonau bord du gouffre a bien besoin, homme était particulièrement tout comme le Crédit foncier. Et apprécié des journalistes spéciales différentes filiales de la Banque lisés plus habitués aux sempipopulaire et des ternels blablas Caisses d’épardes acteurs du Dérangeant, original, g n e  : N e x i t y, m a r c h é . Au le bonhomme ne faisait Keops (conseil en lendemain de immobilier d’enla présentation pas dans le blabla. treprise), ne sont de son étude, la pas les dernières presse ne manà en profiter. Il est donc particulièque pas de relayer ses craintes rement mal venu de cracher dans – bientôt confirmées – de satula soupe. Qui plus est devant des ration du marché. Ça rue dans journalistes. Ce que ne manque les brancards du côté du réseau, pas de relever la lettre de licenles partenaires commerciaux du ciement de Jean-Michel Ciuch Crédit foncier s’étranglent. Pire, qui pointe des interventions méle secrétaire d’État au logement, diatiques « sans en référer à la Benoît Apparu, se sent obligé de hiérarchie ». défendre la loi dès le lendemain dans un communiqué. Il fallait donc faire tomber des têtes. Après Ciuch, sa collaboratrice, Mme Colombani, en désaccord avec la réorganisation du département des études, démissionne. Jean-Michel Ciuch persiste à dire qu’il était de son devoir d’alerter sur les risques du dispositif Scellier : « Un cataplasme pour le bâtiment et la construction qui, sinon, se seraient écroulés. » De fait, ce coup de booster gouvernemental alimente toute une chaîne : la machinerie locative, celle du crédit, les promoteurs. En 2009, près de 70 % de la construction, soit 80 000 logements, relèvent de la loi Scellier. Et tant pis si, au final, certains « investisseurs » trinquent. Le Crédit foncier a en tout cas décidé de garder les mauvaises nouvelles pour lui ✹ Lucie Delaporte

fort de café

nespresso vs casino, mini dosettes pour maxi pognon

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ans la dernière publicité pour Nespresso, l’acteur mascotte de la marque, George Clooney, évite de justesse un piano qui tombe du ciel. Il a fallu enquêter, mais on sait maintenant qui a poussé l’instrument. C’est Alain Bizeul, le directeur marketing des supermarchés Casino. Le patron des produits à marque de distributeurs n’a qu’une obsession depuis quelques mois : être le premier à prendre d’assaut la citadelle Nespresso. Car la petite fabrique de dosettes de cafés est la cash-machine ultime du géant suisse Nestlé. « En interne, les gens de Nespresso font un peu ce qu’ils veulent, explique un cadre de Nestlé France. Nespresso chez Nestlé, c’est un État dans l’État. »

Et un État qui rapporte. Le chiffre d’affaires de la filiale bondit chaque année de 30 %. En 2009, il s’élevait à 2 milliards d’euros. Et la rentabilité relève du secret défense. Les coquins experts tablent le plus souvent sur une marge de 30 %. Colossal pour le secteur. Et ce, malgré un circuit de distribution ultra-select – 190 boutiques dans le monde, 17 en France. Un gros gâteau crémeux dont Casino veut croquer une part. Pour-

quoi avoir attendu si longtemps ? À cause des brevets. Nespresso, qui existe auprès du grand public depuis 1988, en a déposé 1 700 pour protéger sa technologie ! Les premiers tomberont dans le domaine public en 2012, mais certains ne vont même pas attendre la date fatidique. C’est le cas de Jean-Paul Gaillard, ex-patron de Nespresso, qui a depuis fondé sa PME de café, Ethical Coffee Compagnie (ECC). Le bonhomme assure avoir trouvé la faille. Il a réussi à mettre au point une capsule compatible avec les machines Nespresso. Une dosette biodégradable qui plus est, quand celle du Suisse est en aluminium. C’est ce projet qui a séduit Casino. Casser le monopole de vente de Nespresso – les capsules

ne sont pour l’heure commercialisées que dans les magasins et sur le site de la marque – et occuper le terrain avant l’arrivée d’autres concurrents. Les dosettes fabriquées par ECC, vendues sous la marque Casino (en exclusivité jusqu’à fin 2011), devraient coûter entre 15 et 20 % moins cher que les Nespresso. Pudiques, les salariés français précisent en off que la qualité du café ne sera pas équivalente à celle du Suisse, mais suffisante pour constituer un appoint à ceux qui ne veulent pas faire la queue à la boutique le samedi. Évidemment, Casino ne va pas oublier de gagner beaucoup d’argent avec ses propres dosettes, disponibles dès le mois de mai. L’enseigne vise 10 % du marché français, soit 50 millions d’euros. Casino, what else ? ✹ Martin Kirsch

Lire sur les lèvres

Un rouge à lèvres qui jouerait les sémaphores en cas de poussée de luxure, c’est pour vous, Madame. Fatalement californien, le Mood Swing Emotionally Activated de l’entreprise Too Faced prétend, pour 18 dollars (13 euros), changer de couleur, du rose au cramoisi, selon votre désir. On a cherché l’ingrédient mystère dans la liste des composants : l’huile de castor ? Le beurre de karité ? L’éthylhexyl méthoxycinnamate ? L’ozokérite ? Rien de tout ça. Au fait, comment dit-on « je plairai », en latin ? Placebo.

Leclerc obscur

Leclerc est en colère contre le Point. Sur son blog, le patron des magasins du même nom accuse l’hebdomadaire d’avoir publié un dossier à charge de 16 pages contre la grande distribution. Un article « commandé », selon lui, par le propriétaire du journal François-Henri Pinault. Heureux hasard en tout cas, la Fnac et Conforama, deux distributeurs du groupe Pinault, n’apparaissent pas dans ledit dossier. Leclerc, lui, s’y fait étriller.

21 grammes

Après Air France qui veut faire payer deux fois les passagers corpulents, voici le crématorium qui surfacture le défunt trop lourd. Ainsi, une famille endeuillée de Gironde a écopé d’un extra inattendu de 270 euros lorsque le croque-mort a pesé le cercueil à 175 kg, soit 25 kg au-dessus du poids maximum standard. L’explication vaut son pesant de cendres : tous les crématoriums ne sont pas équipés, et brûler des obèses présente un risque d’explosion pour les fours qui doivent tourner… à plein régime.

Un burger qui dure, qui dure

Une nutritionniste américaine a mené une édifiante expérience : conserver pendant douze mois un Happy Meal de McDonald’s à l’air libre. Objectif  : vérifier la dose de conservateurs que ses petits-enfants pouvaient ingurgiter avec leurs hamburgers. Après un an, rien. Pas de décomposition, pas de moisi. Le sandwich, posé sur un rebord de fenêtre, n’a pas même intéressé les oiseaux ou les insectes. Les hamburgers sont peu goûteux, mais ils sont éternels (le site de la dame : http://minu. me/1wsq) ✹

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Rab de bazar bruits de la ville

sport

le rugby au stade business

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ackpot pour les vainqueurs tionale de rugby sont obsédés par du Tournoi des six nations. l’argent. Peu importe que Strasbourg ou Lille n’aient aucune traLes artisans du neuvième dition rugbystique, seul compte Grand Chelem de l’histoire du le retour sur investissement », rugby français retournent à la maison les poches lestées de confie un dirigeant du mythique 75 700 euros chacun. De quoi faiBéziers, onze fois champion de re rêver les soutiers d’un sport à France, aujourd’hui en deuxième deux vitesses dont les écarts saladivision. riaux se creusent à la vitesse d’un Athlètes bodybuildés et sponsoritampon chabalien. sés de la tête au pied, publicitaiEn cinq ans, la rétribution des res et marketeux omniprésents, internationaux fric facile, le français et des rugby est tombé Les écarts de salaires vedettes étrandans les travers se creusent à la vitesse gères du Top 14 de son frère a fait un bond de ennemi, le bald’un tampon chabalien. 80 %, passant à lon rond. Ex320 348 euros par commentateur an en moyenne ! Étrangement, le des matchs du XV tricolore sur train de vie des joueurs pro de France 2, Pierre Salviac fustige l’évolution de sa chère Ovalie : second rang est moins clinquant. « On a copié le modèle du foot tout Leur rémunération mensuelle en construisant une économie de moyenne est tombée de 10 000 smicards, avec tous les dégâts à 7 500 euros en une saison. Le collatéraux liés au professionnasyndicat des rugbymen Provale lisme. Résultat : ce sport, autrefois cite l’exemple d’un joueur dont singulier, est en train de perdre le salaire a été divisé par deux, complètement son identité ! » passant de 18 000 à 9 000 euros. Pire : le chômage enfle. À l’issue Simple et direct, comme un placage standard ! ✹ de la saison 2008-2009, soixante François Maliface joueurs professionnels pointaient au Pôle emploi. Trois fois plus qu’il y a trois ans. Un pilier international, Julien Brugnaut, s’est même retrouvé sur le carreau en juin 2009. Avant d’être recruté par le club irlandais du Munster. Comme il semble loin, le temps béni du rugby cassoulet et des troisièmes mi-temps… Une époque d’avant la professionnalisation, instaurée en 1995, où les amateurs des petits clubs rivalisaient avec les équipes des grandes villes. « Nous sommes des bricoleurs. Mais ça nous motive : c’est intéressant de battre les gros budgets du championnat », plastronnait Jean-Louis Luneau, coentraîneur du petit poucet Bayonne, à l’aube du « rugbysiness ». Depuis, les villes moyennes qui ont fait la légende de l’Ovalie (Lourdes, Agen, Tarbes, Béziers) ont été reléguées dans les oubliettes de l’Histoire. « Les dirigeants de la Ligue na-

écolo façon nicolino Auteur, entre autres, d’un ouvrage sur les pesticides, Fabrice Nicolino tient un blog sans concessions sur l’environnement, Planète sans visa. e monde est malade, au cas où C vous ne seriez pas au courant. La nature rompt les amarres sous

Les 3 Suisses et le point G

« Notre point G, il est dans la penderie », peut-on lire sur des affiches avec donzelles habillées en pin-up. La nouvelle campagne de pub illustrant la croisade de l’enseigne des 3 Suisses, « la chouchouthérapie pour toutes (sic) », est censée « frapper fort », dixit leur site Web. Demeure un doute sur la pertinence du slogan. Si le point G de ces dames est dans la penderie, est-ce à dire qu’elles ne prennent vraiment leur pied qu’en s’achetant des fringues ?

La Palestine sans permis

Tous les diplomates ne fréquentent pas les grands magasins et ne roulent pas avec chauffeur. La déléguée générale de la Palestine en France, Hind Khoury, a même ses petites habitudes au H&M de la rue de Rennes, à Paris. Et dispose d’un permis de conduire… israélien. Enfin disposait. Boutique faisant, la dame se l’est fait dérober avec son portefeuille, rempli de trois cartes Gold. Toujours ça que le Mossad n’aura pas. Après s’être coupé la parole à longueur d’antenne au soir du 1er tour des régionales, Laurence Ferrari et Claire Chazal ne se sont pas asticotées, dimanche dernier. Déception, après la débâcle de la droite ? « Du tout, assure un haut cadre de TF1. Elles se détestent tant que ce n’est que partie remise. Personne, même à la direction, ne leur avait fait de réflexion. » Et d’aucuns d’oser encore affirmer que la rédaction de TF1 est bien tenue ✹

la mauvaise foi de monnier

des champions face au Real Madrid enterré. Dix jours et deux petits cris, venus de joueurs gones, tout en contraste. Ovni du foot français, Sidney Govou, qui confesse volontiers son inculture footballistique et a gagné, au cours de ses nuits agitées, le doux surnom de « whisky coca », s’est ému de ses conditions de travail. Et d’un certain

favoristime dont seraient coutumiers son entraîneur, le nerveux Claude Puel, et son président, le carnassier Jean-Michel Aulas, envers les nouveaux joueurs. Quand lui a été formé au club. Dans le pur style rhodanien, Jérémy Toulalan, poliment qualifié de joueur de devoir (comprendre : qui ne fera jamais se lever les foules), s’en est pris à France 98. Et au lobby des anciens champions de foot qu’il accuse de trop critiquer, tant Lyon que l’équipe de France. Pas suffisant

Quenelle

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nos yeux, ce qui est tout de même fâcheux. On sait bien qu’il restera toujours TF1 et le CAC 40, mais est-ce que cela sera suffisant pour nourrir tout le monde ? En attendant la réponse, applaudissons ceux qui appliquent à la biosphère les mêmes règles qui l’ont menée au bord du gouffre. C’est la nouvelle mode, qui fait fureur aux États-Unis : il faut chiffrer. Cela ne date pas d’hier, mais les choses s’accélèrent. En 1997, le chercheur américain Robert Costanza estimait à 33 000 milliards de dollars l’apport gratuit des ressources naturelles aux activités humaines. Un chiffre qu’il rapprochait du PIB mondial la même année : 27 000 milliards de dollars. En 2006, le rapport Stern redoutait que le dérèglement climatique ne coûte finalement 7 000 milliards de dollars, soit plus que le krach de 1929. Désormais, tout doit avoir un coût. Le prix d’un tigre braconné – il en reste 3 000 en liberté – est d’environ 40 000 dollars, mais peut rapporter dix fois plus, voire cent fois plus entre les mains des apothicaires de Chinatown. Et voilà qu’on apprend qu’une quarantaine de pays ont ouvert la porte à des marchés supposés compenser les pertes de biodiversité. C’est assez

simple : une entreprise détruit un marais, un bout de forêt, une mangrove, mais elle achète en échange un crédit qui permet, au moins sur le papier, de protéger une autre zone naturelle. Un site Internet stupéfiant (www.ecosystemmarketplace.com) signale ainsi qu’un crédit de destruction d’une zone humide – précieuse sur le plan écologique – se négocie aux États-Unis entre 2 200 et 480 000 euros. On peut s’attaquer à l’habitat de la grenouille à pattes rouges, en Californie, pour des sommes allant de 11 000 à 66 000 euros. Donné. Dans un autre article, on soulève le problème qui tue : « Les patrons ont eux aussi besoin d’océans en bonne santé. » Oui, pourquoi diable ne paient-ils pas davantage pour arrêter le grand massacre en cours ? On répondra, provisoirement, par une autre question : que se passera-t-il lorsque les territoires achetés, compensés et supposément mis à l’abri voisineront avec l’immondice, l’autoroute, l’usine, le parking et le supermarché ? Qu’arrivera-t-il quand tout ce qui reste de nature aura été acheté pour pouvoir détruire en conscience ce qui l’entourait ? La réponse va de soi : on créera un nouveau marché, et l’on recommencera à compenser. Sur des surfaces certes plus petites, et donc beaucoup plus chères, mais où est le problème ? Après la Terre, la Lune ✹

Massacre

Guerre des blondes à TF1

lyonnais, que de la gueule n’aura fallu qu’une dizaine de jours Itoutlpour que l’Olympique Lyonnais voit le bénéfice de son succès en Ligue

Bienvenue sur la Lune

pour lancer une nouvelle révolte des Canuts. Ni enflammer Fourvière. Après ces deux gueulantes, Lyon a joué deux matchs de championnat. Un nul poussif contre les gueules noires stéphanoises (1-1) et une défaite, logique contre le seul vrai Olympique, celui de Marseille (2-1). Nulle crise, ni contestation de supporter. Aucune révolte. Un train-train typique du pays des quenelles. S’il fallait encore une preuve que Lyon, même en ouvrant grand la gueule, ne croque toujours pas les foules ✹

Bakchich Hebdo N°17 | du samedi 27 mars au vendredi 2 avril 2010

y a pas photo, david hamilton s’est fait flouer La tête dans les sunlights, entre expos et clichés de fillettes dénudées qui ont fait sa célébrité, le photographe David Hamilton a été abusé. Par une petite et mystérieuse galerie de Paris. Fin 2009, l’artiste dépose au propriétaire de l’Art Street Gallery, Stéphane Bernard, tout un lot de photos. Mais l’antre de l’art n’a jamais ouvert et les œuvres n’ont pas été restituées, si l’on en croit la plainte pour abus de confiance déposée par le photographe, le 5 janvier dernier. À 600 euros pièce la photo, l’affaire est d’importance. Jamais avare de son temps pour sauver l’art, la flicaille a interpellé fissa ledit Bernard. Sauf qu’après vérification, la galerie Art Street existe bel et bien depuis janvier 2007 , dûment enregistrée au registre du commerce. Mais cela ne prouve pas que notre Hamilton n’a pas été blousé. Selon le syndicat du Comité des galeries d’art, « il est très fréquent que des artistes se fassent avoir par de faux galeristes. Car le terme de galerie d’art n’est pas protégé. Du coup, n’importe quel malhonnête homme peut déposer le nom. » À force de photographier des fillettes dénudées, Hamilton a dû gagner en candeur… ✹ Anaëlle verzaux


Un peu de culture testament José Corti fut l’un des grands éditeurs français indépendants du XXe siècle. Exigeant, il sut donner leur place à des auteurs d’envergure, tels Julien Gracq et Gaston Bachelard. Ses Souvenirs désordonnés permettent d’approcher d’un peu plus près ce géant des lettres.

José Corti, prince de l’édition

P

eut-être que ceux dont l’âge n’est plus tendre se souviennent de ces romans qu’on ne pouvait lire qu’avec un couteau à la main ? Des pages qu’il fallait couper. José Corti, le plus grand éditeur français du XXe siècle, a été le dernier à mettre sur le marché ces livres que nous devions ouvrir comme des trésors. Dans le petit panthéon de Corti, on trouve deux auteurs refusés par Gallimard – Gaston Bachelard et Julien Gracq –, ce qui démontre que les sergents recruteurs de la rue Bottin s’endormaient parfois pendant leur tour de garde. Heureusement, viennent de paraître les Souvenirs désordonnés de José Corti, où le père fondateur dit ce qu’il sait de ces auteurs qu’il a publiés. Ce livre est un point-virgule placé entre les lignes de la vraie beauté du monde, la littérature.

lettres…

Gracq, ami d’André Breton, était un surréaliste. La preuve, il pratiquait le boomerang. Quand, à Saint-Florent-le-Vieil, le drôle d’outil aborigène lui revenait dans la main, c’est qu’il avait bien lancé un boomerang. Si l’engin prenait la fuite, c’est que Gracq, abusé par son marchand, avait lancé un cintre (pour plus d’explications, questionnez notre ami Jacques Gaillard, grand expert du philosophe Botul). Enfant, au bout du pont de SaintFlorent, en abordant la rive gauche de la Loire, ma mère me désignait « la maison de monsieur Gracq ». M’indiquant la bâtisse

ponneurs de Moscou, à l’œil de Corti et aux francs de l’Enseignement public… À une association de bienfaiteurs.

… et le néant

avec la ferveur qu’elle mettait à me montrer, dans les pâturages, ces pans de murs où, disait-elle comme si c’était hier, « les bleus ont fusillé des Vendéens ». C’est dire si Gracq, comme Allah, était grand. Dans ses souvenirs — il en a mille sur de grands écrivains –, Corti raconte comment, après que Gallimard ait sottement renvoyé son manuscrit du Château d’Argol façon boomerang, Gracq lui a confié ses pages, écrites à la plume. Comment il a trouvé le texte magnifique et révolutionnaire. Comment, bien ennuyé parce qu’éditeur fauché, il a écrit au jeune auteur pour lui proposer de participer aux frais d’édition. Gracq, pour partie, sera donc édité à compte d’auteur, 7 500 francs pour sa part, 12 000 pour Corti. Voilà l’estomac de la littérature, celle faite à la main, équitable.

Soixante ans plus tard, à douze kilomètres de Saint-Florent et avec Régis Debray comme gardien de l’amitié, Julien Gracq nous a rapporté son versant de l’histoire. Elle confirme que bon éditeur ne saurait mentir. « Au début de l’été, j’attendais sur le bord de Loire un visa pour l’URSS. C’était long. Un matin, avec une rame de papier et mon stylo, je me suis assis pour commencer d’écrire, un bon moyen de tuer le temps. J’étais très surpris par moi-même, les pages sortaient, un peu comme d’une machine. L’emballement, la vitesse m’étonnaient, comme si j’étais un autre. De temps en temps, je me levais pour me calmer en faisant un tour dans le jardin. À Paris, avec mon manuscrit dans ma valise, j’ai un jour poussé la porte de la Librairie Corti. Je n’y connaissais personne, rien que sa réputation ; et j’aimais bien la

bouquin

des lignes de coke aux lignes de mots Nicolas Rey est un écrivain médiatique (chroniqueur sur France Inter et TPS) en vogue et avec un penchant pour certains excès…

M

on succès en libraire ? Je fête ça au Montana avec de la coke et du whisky… Avec plus de 80 000 exemplaires vendus depuis le 5 janvier 2010 pour son dernier livre, Un Léger passage à vide, qui raconte notamment sa cure de désintoxication, Nicolas Rey fait un retour fracassant. Plutôt cohérent pour un auteur tout aussi fracassé et qui, après des années d’excès en tout genre, plaisante encore de ses dérives passées alors qu’il sort d’une hospitalisation lourde et peu commune pour un garçon de 36 ans. - Je n’ai pas touché à quoique ce soit depuis deux ans, depuis que je suis papa et que je me soigne. J’ai dû être opéré le 2 mars dernier de la hanche droite que l’on m’a changée pour une prothèse intégrale. Mes hanches

sont nécrosées, suite à des artères bouchées et toutes ces années folles. Je multiplie les séances de kiné et je serai au stand des éditions du Diable Vauvert, au salon du livre, dans l’après-midi du 28 mars. Pourtant, Nicolas peine à se dire écrivain. - Philippe Djian, oui, qui écrit quatorze heures par jour… Mais moi, je lis trop pour me sentir écrivain. Il considère que ses livres sont des « braquages » et que si le dernier fonctionne aussi bien, c’est que ce dernier hold-up, celui d’un homme blessé, s’est opéré à visage découvert, sans cagoule. Nous marquons un temps d’arrêt puis, tel un ado impatient, il ajoute : - Mais il me tarde de retourner à Paris, de remarcher sur mes deux jambes, de reprendre du service, de faire le Mal, mais de le faire bien… L’homme blessé rit à sa plaisanterie. La guérison s’annonce. Tant mieux ✹ Renaud Santa maria Un Léger passage à vide, par Nicolas Rey, éd. Au Diable Vauvert, 181 pages, 17 euros.

modestie de cette vitrine. José Corti était un homme exceptionnel, un grand artiste. J’ai trouvé normal de participer aux frais d’édition, j’avais mon salaire de professeur… » L’existence de cette œuvre, ponctuée de chefs-d’œuvre, tient donc à la lenteur des tam-

Refus du Goncourt pour Le Rivage des Syrtes : Corti approuve ce Gracq pour lequel la vie sans lettres est le néant. Pourtant, les convictions de plomb de cet arrière-petit-fils de « bleus », lui font perdre un argent qu’il n’a guère. Ce testament du Corse Corti, outre le régal du plus grand côté de l’art, la modestie, nous montre comment nous sommes passés de Gracq à la littérature sans estomac. Après avoir reçu trop de lettres lui recommandant un manuscrit, José écrit : « Chacun se croyait l’un des rares élus de la nuée des poètes. J’étais seul à savoir qu’ils étaient une foule ». Corti est au cimetière et Giesbert dans les librairies ✹ j.-M. b. Souvenirs désordonnés, par José Corti, éd. José Corti, 255 pages, 10 euros.

Bédé À fond les brouettes ’est le roi de la brouette. Il C vend ses machines à charrier la terre comme l’employé du mois

de Carglass ses pare-brise. Le sol mis en selle, si l’ont peut dire, c’est son dada quotidien. Et son maigre gagne-pain. Jusqu’au jour de la retraite où il apprend qu’un larron vient le concurrencer sur ses plates-bandes, pour déterrer l’or de son jardin secret. C’est là que Les Affaires reprennent pour notre petit patron et son créateur, notre collaborateur le dessinateur Morvandiau, dans une BD publiée aux éditions des Requins Marteaux. Une histoire de sabotage à gros sabots où l’argent devient le crottin du diable de ces deux zozos. Ah, la libido des euros ! Tout garder et ne rien dépenser ! Des vies constipées par ce petit arrangement avec soi où, pour être avare, il faut avant tout cacher son avarice. Si l’on mord si facilement à l’hameçon de leur martyre ordinaire, c’est parce que l’artiste n’use que d’un filet, celui de l’absurdité. Pour preuve, la dédicace en introduction à Michel-Édouard Leclerc qui avait dit sur France Inter, radio des bienheureux et bien nés, « Je suis bien dans ma peau, j’ai envie de faire mieux ». Morvandiau, de son crayonné noir appuyé, secoue la cage aux oiseaux de ces êtres mus d’un bonheur obscène et contagieux à qui souhaite leur ressembler. Dans le secteur de la brouette, la terre ne ment pas et rapporte gros. Elle vous colle aux godasses et monte au cerveau ✹ Louis Cabanes

Les Affaires reprennent, par Morvandiau, éd. Les Requins Marteaux, 64 pages, 16 euros.

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Un peu de culture Musique Une enfant du siècle Alizée

C’est l’ovni de la semaine. Depuis que Julien Doré a réinterprété son Lolita dans la Nouvelle Star, l’ex-petite protégée de Mylène Farmer s’est métamorphosée. Exit la variétoche des débuts, place à la top crédibilité underground. Son quatrième album a été orchestré par le duo électro Château Marmont, le producteur techno Para One ou Jean Echenoz de TTC. Dix pop-songs aussi entêtantes que déroutantes, alliant des synthés rétro futuristes et des rythmiques digitales. My Worlds Justin Bieber

Justin Timberlake a de quoi se faire des cheveux blancs. Avec sa tête d’ange et sa pop sucre d’orge enrobée de r’n’b bon marché, Justin Bieber lui donne un sacré coup de vieux. On parie d’ailleurs que son duo Baby, avec le rappeur Ludacris, fera fureur sur les autotamponneuses. À 16 ans, le poulain d’Usher en est déjà à son deuxième album. Un an après avoir conquis l’Amérique avec My World, My Words devrait être la bande-son favorite des adhérents du club Mickey. Under Great White Northern Lights The White Stripes

Ceux qui doutaient encore de la puissance de frappe des White Stripes peuvent se rhabiller. La preuve avec Under Great White Nothern Lights. Ce double album immortalise la tournée canadienne du duo blues-punk de Detroit, en 2007. Tandis qu’un CD dévoile des extraits live de ses plus gros tubes (Blue Orchid, Fell In Love With A Girl, Seven Nation Army), un film onirique signé Emmett Malloy retrace son quotidien sur la route. Une partie de pêche plus tard, Jack & Meg se révèlent beaucoup moins rock’n’roll que prévu.

White Material,

enfin un grand film français ! ciné Une ferme en Afrique, une guerre civile, une famille en danger. Signé Claire Denis, un poème cinématographique d’une fulgurante beauté. Plus qu’un film, un rêve.

T

u as vu White Material, le nouveau Claire Denis ? - Sublime, forcément sublime. Je n’ai pas lu le scénario de Marie NDiaye, mais j’ai l’impression que Claire Denis l’a complètement réécrit au montage, dissous. Avec elle, on est dans le pays du cinéma, dans la sidération. Elle filme l’émotion, un continent, les corps, un geste. C’est le règne du polysensualisme, de la sensation, de la poésie en mouvement. - Et l’histoire ? - Un prétexte, une esquisse. Quelque part en Afrique, dans un pays en proie à la guerre civile, une femme, Maria, refuse de quitter sa plantation de café avant la fin et belle. On se croirait dans un de la récolte. Alors que la région roman de Marguerite Duras. La s’embrase et que des enfants solnarration tient sur un fil, avec dats patrouillent dans la brousse une petite voix qui t’embarque, machette à la main, l’entêtement un personnage débarque, un de Maria va mettre sa famille en autre disparaît. Ce que Claire Depéril. nis fait le mieux, c’est t’emporter. - Alors ? Elle filme Isabelle Huppert sur sa - Tu te souviens de Trouble Every moto et tout à coup, elle réinvente Day, avec la vampire Béatrice le cinéma. Les cheveux au vent, Dalle, ce mal’air de l’Afrignifique conte que, la chaleur Une expérience belle, rouge sang, où qui tombe, une l ’ a m o u r, d é ombre sur le vihallucinogène. vorant, ronge sage, un hélicopcomme une matère qui plane. ladie, et où le désir sonne comme Tu as compris que cette femme une effroyable menace ? White ne pourra jamais échapper à ce Material fonctionne exactement continent mystérieux. Et toi non de la même façon, c’est une explus, d’ailleurs. - Et les acteurs ? périence hallucinogène, sauvage

en salles Tête de turc de Pascal Elbé

Fatigué d’enchaîner les daubes, Pascal Elbé, acteur pas vraiment passionnant, réalise un premier longmétrage sec et ambitieux qui louche du côté de Collision de Paul Haggis. On y croise un médecin urgentiste, son frère flic, une racaille de banlieue, un veuf. Servi par une pléiade d’acteurs en ébullition, un polar social fort comme un uppercut, polaroïd d’une France en plein chaos. Dragons de Chris Sanders, Den DeBlois

- Magnifiques. Huppert est impériale dans ce rôle très physique. Nicolas Duvauchelle joue son fils. Tu as l’impression qu’il incarne le fantasme de la réalisatrice qui le cadre torse nu dès qu’elle peut : le personnage le moins inspiré du film. - Et il y a Christophe Lambert. - Tu imagines, le mec qui a tourné dans Vercingétorix, Fortress 28 ou Highlander 53 ! Et tu sais quoi, il est simplement prodigieux. Comme quoi, Claire Denis est sacrément douée ✹ marc godin White Material de Claire Denis avec Isabelle Huppert, Christophe Lambert, Nicolas Duvauchelle, Michel Subor. En salles le 24 mars.

Pour devenir un membre à part entière de sa tribu, Harold, jeune fils d’un chef Viking, doit tuer un dragon. Serial malchanceux, gaffeur, Harold blesse et apprivoise une de ces bébêtes énervées et va prendre son destin en main. Film d’animation 3D en relief, Dragons est la nouvelle pépite des studios DreamWorks (Shrek, Madagascar), bourrée d’humour et de séquences de vol à dos de dragon absolument époustouflantes. Un régal. Lifeboat (reprise) de Alfred Hitchcock

Un navire américain est coulé par un sous-marin allemand. Neuf survivants parviennent à monter dans un canot de sauvetage. Parmi eux, un nazi. Écrit par John Steinbeck et Ben Hecht, un huis clos en pleine mer goupillé par Hitchcock. Manolete de Menno Meyjes

Le nanar de la semaine. Gominé, les yeux d’un Droopy neurasthénique, Adrien Brody tente de se faire passer pour le célèbre toréador Manuel Rodríguez Sánchez, dit « Manolette », et tombe amoureux de la très olé olé Penélope Cruz. Le néant cinématographique ✹ m. g.

La pluie sans parapluie Françoise Hardy

Il semble que la conjonction SaturneVénus soit favorable à notre chanteuse astrologue préférée. Né sous la plume féconde de Jean-Louis Murat ou d’Arthur H, son nouvel album collectionne les chansons mélancoliques avec élégance. On aurait pu craindre le pire, sachant que l’infréquentable Calogero a composé Noir et blanc en prélude de La pluie sans parapluie. C’est pourtant ravissant. Le timbre soyeux de Françoise Hardy et les arrangements classiques (violons, guitares, piano) laissent augurer d’un joli printemps. Sting in the Tail Scorpions

Rien de plus triste qu’un hard-rocker qui perd ses cheveux. Est-ce pour cela que les Scorpions ont eu la riche idée de jeter l’éponge après 40 ans de carrière ? Toujours est-il que Sting in the Tail sera le chant du cygne du quintet culte de Hanovre. Mieux vaut tard que jamais. Si la voix de Klaus Meine n’a rien perdu de sa superbe nasillarde, si les solos de guitare sont toujours aussi épiques, ce 17e album n’en refoule pas moins la vieille santiag un jour de pluie. Allez, bon vent les papys ! ✹

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taddeï joue les prolongations LA ZApPETTE de bourget rédéric Taddeï est un des derniers F hommes du PAF que l’on puisse aimer avec constance. Bien sûr, puis-

que nous ne sommes pas Bernadette Soubirous, il apparaît trop tard, à l’heure du Lexomil, dans son Ce soir ou jamais. Mardi dernier, Taddeï a déraillé en obligeant au débat un quarteron de gâteux et d’imbéciles, sur un sujet interdit : le procès de Jacques Viguier. Ce professeur de Toulouse, depuis dix ans, est accusé du meurtre de sa femme. Naguère, pour avoir écrit un article sur le sujet, j’ai été condamné à 15 000 euros de dommages au bénéfice de Viguier. Néanmoins, je trouve indigne, qu’après l’acquittement, on ait la grossièreté d’en débattre. Le verdict rendu, on ne joue pas les prolon-

gations à la télé. Même si c’est dur. À vie, Viguier restera « le type qui a tué sa femme ». Je connais ces stigmates pour en avoir observé les effets sur Michel Tabachnik, grand chef d’orchestre, un temps compagnon de route paumé de l’Ordre du temple solaire. Personne ne l’a accusé de meurtre, mais d’avoir écrit un peu de pathos pour la confrérie. Pendant dix ans, il a traîné le boulet de cette affaire avant d’obtenir toutes les relaxes. Néanmoins il reste à vie (?) « le chef de l’OTS », aux yeux de quidams. Ainsi, je pense que le petit tribunal du commerce instauré par Ce soir ou jamais, auquel Viguier a été soumis, n’est pas le bon moyen de faire entrer dans les têtes, parfois molles, le principe d’innocence.

Cerveaux

Eléonore Colin

Bakchich Hebdo N°17 | du samedi 27 mars au vendredi 2 avril 2010

En revanche, si une information s’est bien installée dans ces mêmes cerveaux, c’est que l’armée est l’avenir de l’humanité, surtout celle qui bat de l’aile, l’armée de l’air. Sans vergogne, Michel Drucker et France 2 ont fait voler de sales avions de guerre dans nos salons. Ah, pilote de chasse ! Quel gosse mal élevé n’a pas rêvé de tenir le manche ? Un jeu vidéo en vrai. Personne, surtout pas Drucker qui nous a montré, en Afghanistan, combien la guerre est jolie (et pas du tout perdue), qu’une fois le plaisir des loopings bu, il faut appuyer sur le petit bouton qui tue, souvent des paysans tranquilles dans leur mechta. Cette soirée volante m’a remis en tête les généreuses paroles prononcées en février par le général Georgelin, chef d’état-major des armées. Il protestait contre « le coût » de nos deux confrères de France 3, pris en otages par les talibans. Dix millions d’euros, a affirmé derechef (de corps), sans preuves, ce type qui vit la tête sous les étoiles. Et le show militaire de Drucker, combien ça a coûté, Georgelin ? ✹

la bakchich team Directeur de la publication : Xavier Monnier • Directeur de la rédaction : Nicolas Beau • Conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget • Rédacteurs en chef : Antoinette Lorenzi (édition), Cyril Da (Web) • Chroniqueurs : Alceste, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Éric Laurent, Fabrice Nicolino, Jean-François Probst, Alain Riou • Maquette : Émilie Parrod, Victor Buchotte, Marjorie Guigue • Secrétaires de rédaction : Pierre-Georges Grunenwald, Élodie Bui • Rédaction : Monsieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Cabanes, Renaud Chenu, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Éric Laffitte, Anthony Lesme, Laurent Macabies, Simon Piel, Enrico Porsia, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Verzaux • Dessinateurs : Bar, Baroug, Bauer, Decressac, Essi, Giemsi, Ray Clid, Khalid, Klub, Ludo, Magnat, Mor, Morvandiau, Nardo, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski, Roy, Soulcié, Thiriet • Groupe Bakchich, SAS au capital de 56 980 euros • Siège social : 121 rue de Charonne 75011 Paris. CPPAP : 1114 C 90017 • ISSN : 2104-7979 • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France Offset Direction des ventes : Thierry Maniguet/ tmaniguet@scpe.fr/01.70.39.71.05 Publicité : pub@bakchich.info Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.


Un peu de culture mes si chers pauvres

La pipole de la semaine margarita enivre l’om

le billet d’alain riou

D’elle, les supporters de l’Olympique de Marseille et les médias n’ont longtemps connu qu’une ritournelle. « Louis-Dreyfus, ta femme est juste là devant nous, elle nous suce la b… », entonnée à chaque piteuse défaite du plus grand club du monde par le public du Stade Vélodrome. Temps lointain et révolu. Depuis le décès de son mari, qui l’a laissée propriétaire malgré elle de l’Olympique de Marseille, Margarita Bogdanova, veuve de Robert Louis-Dreyfus, n’a plus droit qu’à des mots doux. Une de l’Équipe du 30 octobre dernier et interview calibrée sur mesure, rebelote dans la Provence du 2 mars, avant la couverture du mensuel So foot. Pour un même concert de louange, un mot d’ordre – « Je suis là pour rendre hommage à Robert » – et une rareté savamment organisée par le président du conseil de surveillance du club, ancien porte-parole de son mari, Vincent Labrune. Qui, à l’occasion, réécrit les interviews ou lui sert d’antisèche dès que les sujets purement footballistiques sont abordés. La mélodieuse drague commence même à amuser la Petersbourgeoise fan d’opéra. De plus en plus présente dans les loges du club, elle assistera aussi à la finale de la Coupe de la Ligue, OM-Bordeaux, le 27 mars au Stade de France. Une victoire de Marseille, un premier trophée pour le club depuis 17 ans, et nul doute que Margarita aura droit à une jolie mélopée de la part des fans marseillais… ✹ x. m.

Musicien de jazz, journaliste au Nouvel Obs et invité du Masque et la plume, Alain Riou fait aussi du cinéma. Son cinéma. ous avons acheté notre première N télévision autour de 1970, alors qu’il n’y avait que trois chaînes. On n’échappait donc pas au journal, toujours diffusé à l’heure des repas. Or, en ce temps-là, sévissait la guerre du Biafra qui affamait un peuple, et tandis que nous nous régalions défilaient sur le petit écran des squelettes vivants, des enfants surtout. Imaginez l’effet de telles images sur l’appétit. Vaincus par la mauvaise conscience, nous prîmes alors l’habitude, ma femme et moi, de verser tous les six mois quelque chose comme 150 euros d’aujourd’hui à l’Unicef. Sur-le-champ, c’est le cas de le dire, tout changea : les squelettes ne nous dérangeaient plus, au contraire. Chaque apparition de ces fantômes nous rappelait notre bonté qui passait à la télévision. Nous les aimions. Nous les recherchions. Pour ce prix, qu’aurionsnous pu nous offrir d’autre qui nous aurait procuré tant d’estime de nousmême, et tant de bonheur ? Vers cette époque, je croisais rue du Sabot, dans le VIe arrondissement de Paris, un clochard qui, par son intem-

pérance, causait un scandale permanent dans le quartier. Découvrant, j’imagine, la bonté sur mes traits, il me demanda tout net « un peu d’argent pour aller boire du vin rouge. Car, disait-il, à nos âges, on n’a plus beaucoup de sang ». Charmé par sa franchise autant que par son diagnostic christo-draculesque, je lui remis sans me faire prier une obole rondelette. Il courut vers le premier bistrot se transfuser, tandis que la joie m’envahissait et que se précisait, dans ma tête, le sens de ma mission : aider les pauvres sans mérite. Depuis, je donne aux mauvais musiciens, aux indignes, aux ivrognes patentés et à toutes les belles âmes : un mendiant, cheminot à l’ancienne à qui j’ai attribué, l’autre jour, un billet de 50 euros faute d’autre monnaie m’a regardé, incrédule. Puis je le vis chercher dans sa pauvre mémoire un remerciement qui fit date. Et enfin, s’inclinant, il prononça ces mots qui dépassaient mes espérances : « Noble seigneur ! » Vous comprendrez qu’à ce prix-là, j’en redemande ! ✹

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À L’AFFICHE

la librairie fait de la résistance «

I

ci, vous ne trouverez pas les « Ils voulaient que je m’explique éditeurs qui appartiennent sur des affiches anti-Sarkozy plaà Hachette, propriété de cardées sur ma vitrine dès 2006. Ils Lagardère, qui vend des armes. ont sorti mon dossier, assez épais, Autant fusionner le ministère de et j’ai vu des photos de Tous coupala Culture et celui de la Défense, bles », un ouvrage qu’il a publié ce sera plus honen 2007. Car nête. » L’affiche Ferid est aussi On y débat parfois, qui accueille le éditeur. Il dirige visiteur au 52, Tête Rock Untant le lieu infuse rue Jean-Pierre derground et, la réflexion politique. Timbaud, dans à ce titre, a mis le XIe arrondisson savoir-faire sement de Paris, donne le ton. au profit de « 400 pages de rébellion ». Objectif  ? Défendre le Une librairie comme lieu de résistance. Depuis 29 ans, Ferid dessinateur Placid, condamné à 500 euros d’amende pour injure Kaddour, le taulier, y vend du thé, des disques, des BD. On y débat envers une administration, en aussi, parfois, tant le lieu infuse l’occurrence la police nationale. la réflexion politique. Trois jeuLe malotru avait représenté un nes filles viennent de s’installer flic en cochon. Résultat, dans Tous pour boire un thé : « Vous n’avez coupables, livre de soutien tiré à pas des ouvrages sur le situation3 000 exemplaires, plus de 400 desnisme ? » Ferid s’affaire. sinateurs s’y sont mis. L’ouvrage Inutile de creuser bien longtemps trône toujours en vitrine. pour savoir ce que Ferid pense du D’après Ferid Kaddour, les élus pouvoir en place. Sa large vitrine UMP du quartier n’apprécient est parsemée d’affiches toutes plus guère l’endroit et les policiers, critiques les unes que les autres : ici, un Sarkozy fils de Pétain, là, un Besson parodié en déchet qui pollue « à Paris aussi »… « Les fichiers ethniques, c’était trop », explique-t-il. « Quand vous avez des gens aussi modérés que Veil ou Pasqua qui expriment leur indignation sur ce genre de proposition, ça donne la mesure de la dérive », insiste-t-il, calmement, derrière son comptoir. Le temps est à la contestation, mais ce n’est pas du goût de tous. Le 17 mars dernier, Ferid Kaddour a été convoqué et entendu par la police du XIe arrondissement. « L’entretien a été très cordial », raconte-t-il à Bakchich.

« toujours courtois », l’ont à l’œil. À eux de décider si leur enquête suivra son cours. Danger quand on sait que depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir et l’épisode « Casse-toi pauv’ con », le délit d’outrage est en plein boom. L’année dernière, Ferid a reçu des réunions du comité de soutien aux inculpés de Tarnac. De quoi chatouiller un peu plus la hiérarchie policière. « Je les ai accueillis, comme plein d’autres, et je ne voulais surtout pas que l’on ne parle que de ça », tempère-t-il. « Jamais je n’enlèverai ces affiches, d’ailleurs, j’en attends de nouvelles », lâche Ferid. On pourra y lire : « Après quelques mois à la Défense, Jean Sarkozy est prêt pour l’Afghanistan.» Question subsidiaire. Qui a dit, lors du procès intenté à Charlie Hebdo pour les caricatures de Mahomet : « Je préfère l’excès de caricature à pas de caricature du tout ? » Sarkozy père ✹ simon piel

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Ben la der

Joseph Staline back in the USSR

En radical sèche

bandit Le petit père des peuples n’en finit pas de faire parler de lui. À son endroit, le cœur des Russes balance entre nostalgie et dégoût. Certains tentent d’en profiter. qui ont pris part à la guerre et à la reconstruction du pays, mais de le présenter selon son mérite. » Ambiguë et énigmatique, la personnalité de Staline fait donc encore et toujours parler d’elle. En 2008, une télévision russe lançait le concours le Nom de la Russie, où, par une consultation sur Internet, les Russes votaient pour établir la liste des personnes faisant la fierté du pays. Horreur, déjà : Staline arrivait en troisième place. Mieux que les écrivains Pouchkine et Dostoïevski ! Bien sûr, la presse s’était fait l’écho du vent de panique soulevé par un tel résultat. Certains médias, plus paresseux, s’étaient contentés de retranscrire l’information sans l’analyser. En réaction, le site La honte du pays se créait pour dresser le catalogue des persona non grata en matière de défense des droits de l’homme. Paradoxe, Staline était, là aussi, classé parmi les dix premiers.

les seniors l’adorent

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orreur, Staline est de retour ! Pour fêter le soixante-cinquième anniversaire de la victoire de l’URSS contre l’Allemagne nazie, le 9 mai prochain, l’administration moscovite n’a rien trouvé de mieux que d’afficher dix portraits de Staline. Une mesure qui fait parler d’elle en Russie, tant le passé stalinien est un sujet sensible – si ce n’est tabou – pour les Russes. Attaqué par les défenseurs des droits de l’homme, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, se défend en invoquant l’importance du rôle joué par le petit père des peuples pendant la Seconde Guerre. « Je suis l’admirateur de l’histoire objective, se justifie-t-il. Et cette objectivité exige de ne pas radier Staline de la liste des personnes

Dans les milieux intellectuels russes, on analyse le regain de popularité de Staline par le fait que la société est à la recherche d’un pouvoir fort. Les Russes exigent une vie plus structurée et un avenir assuré. Ce que les sondages confirment : presque la moitié de la population estime que la centralisation via Moscou est la meilleure organisation du pouvoir politique. Mais si Staline est populaire, c’est plus en tant que mythe qu’en tant qu’homme politique. Il ne faut pas oublier que la Russie est un pays où la plupart des gens ne s’intéressent guère à la politique, sauf les seniors. Les retraités et plus de 60 ans composent l’électorat le plus mobilisé. Ils ont souvent le portrait de Staline dans leurs albums de famille et croient dur comme fer que leur vie en Russie soviétique était plus stable. Voilà pourquoi les autorités n’hésitent pas à jouer avec l’image de Staline, car il apporte bien des votes ✹ NAIRA DAVLASHYAN

manif’ pour les retraites

Issy et maintenant

Libération (23 mars) veut y voir un résultat exemplaire des régionales : « fief, depuis une trentaine d’années », de l’expert en bons comme en mauvais mots André Santini, député-maire et ex-secrétaire d’État (Nouveau centre) de Sarko, Issy-lesMoulineaux (Hauts-de-Seine, 63 000 habitants) « est passé à gauche ». Analyse d’un conseiller municipal d’opposition, le PS Laurent Pieuchot : « Santini a appris les mauvaises manières avec Sarkozy quand il était au gouvernement, et il a perdu ce qui faisait sa bonhomie ». Le sarkozysme rendrait donc brutal. Ou aigre. Ou morose. À en juger par la tête des ténors de l’UMP dimanche soir dernier, les triomphes électoraux du sarkozysme plus encore.

Préfet du prince

Match (18 mars), de son côté, fait la chronique de « la petite demoiselle et autres affaires d’État » (« mensonges d’État » serait plus approprié) : l’ouvrage récent où le préfet et ex-commandant de gendarmerie Christian Prouteau relate ses années de protection policière insensée de Mazarine, la fille cachée de Mitterrand. À Paris, en Provence, mais aussi dans le discret domaine présidentiel de Souzy-la-Briche (Essonne) : « François Mitterrand y a vécu de grands moments de bonheur (...) Quant à mes hommes, ils ont entouré Mazarine de leur affection et tout fait pour que Souzy soit son petit coin de paradis ». On allait le dire : pour la joie des parents et l’épanouissement des enfants, on ne trouvera jamais mieux que la banlieue parisienne. À l’ombre des grands frères, bien sûr.

Attali fait le Jacques

Mitterrand encore. Son ancien conseiller spécial, son ancien sherpa aussi, Jacques Attali, promu par Sarkozy président de la commission pour la libération de la croissance française, fait, dans le Monde (21 et 22 mars), une remarque pas totalement dépourvue d’intérêt, ni de sens commun. Souhaitant un « budget juste et efficace », il précise, et la phrase donne son titre à l’interview : « Il faut réfléchir à la pertinence du bouclier fiscal et des niches fiscales ». En d’autres termes, un peu plus offensifs, est-il bien décent, par temps de crise et d’énormes déficits publics, de privilégier toujours plus les privilégiés ? Mais il est un rien socialiste, cet Attali…

Ils disposent de formidables boîtes à idées à deux jambes, à l’UMP ! Sévèrement défait par Ségolène, le secrétaire d’État aux Transports, Dominique Bussereau, avait, quelques jours plus tôt, rapporte le Journal du dimanche (20 mars), « plaidé pour la création d’un parti radical écolo et centriste autour de Jean-Louis Borloo. Un sarclage de voix vertes ». Des radicaux écolos ! Pour faire encore plus « terroir », la majorité pourrait peut-être ressusciter le Centre national des indépendants et paysans d’Antoine Pinay. C’est un parti qui, lui aussi, a eu son importance sous la IVe…

Souriez gypse

À l’occasion du septième anniversaire de l’arrivée de l’armée américaine aux portes de Bagdad, le 20 mars 2003, un reporter du Figaro (20 mars, évidemment) a sillonné la capitale irakienne, toujours frappée, de nuit, de larges coupures de courant électrique et de jour, par l’explosion, « dans l’indifférence générale », de voitures piégées. Il y a aussi relevé un détail symbolique : « La statue de Saddam a été remplacée par un bizarre monument de gypse verdâtre censé symboliser le nouvel Irak, mais qui s’effrite déjà par morceaux ». C’est un emblème remarquablement choisi !

Tournée de Rome

« Il m’a copié ! » avait lancé Berlu à propos de Sarko en 2007. L’actuel président du Conseil italien voulait alors parler des goûts de nabab de notre nouveau président (croisière en Méditerranée sur yacht privé, montres de luxe, etc.). Trois ans après, sur d’autres sujets, la copie n’est plus très fidèle à l’original. Ils étaient 150 000 (un million selon les organisateurs) à défiler en fin de semaine dernière à Rome (le Figaro du 22 mars) pour soutenir les listes Berlusconi aux régionales qui se tiendront ce weekend. Leitmotiv du jour : « Heureusement qu’il y a Silvio ». Tout le contraire de Paris. D’abord, l’UMP aurait du mal à y rassembler 150 manifestants. Et puis le slogan serait surtout : « Hélas, il y a Nicolas ! »

Cathos d’intérêt

Qui n’a pas son analyse définitive des déboires de la majorité ? Le très chiraquien essayiste Denis Tillinac développe la sienne dans le Journal du dimanche (21 mars) et se penche notamment sur les clientèles enfuies : « Avec l’affaire de l’Epad, [Sarkozy] a perdu les électeurs du FN qui n’aiment pas le népotisme, avec l’affaire Mitterrand et les soupçons de pédophilie, il a déçu les milieux catholiques conservateurs », etc. En revanche, tout le confirme tous les jours : avec Carla, le même s’est durablement installé dans l’univers du show-biz ! ✹

aurélien donat

bakchich 16

Bakchich Hebdo N°17 | du samedi 27 mars au vendredi 2 avril 2010


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