bakchich Informations, enquêtes et mauvais esprit | bakchich Informations, enquêtes et mauvais esprit | bakchich Informations, enquêtes et mauvais esprit
Grippe A, tousse avec Roselyne | P. 7
bakchich
N° 9 | du mercredi 18 novembre au mardi 24 novembre 2009 | 2 euros
Neuilly, les fisc à papa échappent à l’impôt
«
I
l faut nettoyer les niches fiscales qui rendent notre système opaque et inégalitaire. » Qui a prononcé ces fortes paroles ? Nicolas Sarkozy, le 20 juin 2007. Une idée qui le taraude depuis 2004. Le temps de se mettre au travail, et par 57 votes pour et 25 contre, nos députés passent enfin à l’acte. Ouf, les accidentés du travail vont payer un impôt sur les allocations, celles qu’ils touchent quand ils sont sur le billard ou en réanimation. Il en faut du courage pour voter une décision aussi sa-
lutaire. Ça tombe bien, la majorité n’en manque pas. Les ouvriers agricoles ou qualifiés, les manutentionnaires ou magasiniers, paresseux et trop gras, concernés par cette mesure, sont enfin sortis de leurs niches. Les mesquins font remarquer que la mesure ne va rapporter que 175 millions d’euros alors que la globalité des niches fiscales représente la coquette somme de 74 milliards d’euros. Pour le gouvernement, la sagesse aura été de ne pas désespérer les plus riches des contribuables, ceux qui
profitent des plus grosses niches fiscales. Bakchich s’est penché sur la ville que le Président porte dans son cœur, Neuilly-sur-
« Il faut nettoyer les niches fiscales qui rendent notre système opaque. » N. Sarkozy Seine. Exactement 6 886 foyers fiscaux y ont déclaré à eux seuls un montant global de 2 369 millions d’euros
de revenus, soit une moyenne de 344 000 euros par unité fiscale ! Ce montant est 238 fois supérieur au salaire annuel des ouvriers agricoles, qui est la profession la plus touchée par les accidents du travail. Chaque année, ces opulents devraient faire de gros chèques au Trésor. Heureusement, de multiples niches fiscales aident les riches à le rester. Prenez ce noyau d’or, ces 6 886 foyers les plus aisés… Eh bien, seuls 6 839 ont payé des impôts. Ce qui nous montre que 47 d’entre eux n’ont pas versé un kopek, en investissant dans les Dom-Tom, les forêts et autres petits bonheurs fiscaux. Mais les 6 839 qui ont réglé la douloureuse l’ont fait avec parcimonie. Des 2,357 milliards d’euros âprement gagnés, les Neuilléens ne se sont délestés que de 507 millions, adressés au Trésor Public. Soit, en moyenne, 21,51 % des revenus déclarés, et 74 000 euros par foyer. Mystère de l’évaporation fiscale, un ménage moyen, avec deux enfants, qui n’aurait bénéficié d’aucune niche, aurait payé, lui, 113 000 euros – soit 33 % de ses revenus. Manque à gagner pour l’État, 266 millions. Bien plus que les 175 millions que Copé et ses amis veulent dérober aux travailleurs blessés. L’œil sur les déficits, Éric Woerth aimerait bien s’attaquer aux niches fiscales. Mais Christine Lagarde, elle, s’y oppose. Les ouvriers agricoles peuvent bien casquer. Les niches ne sont pas faites pour ces chiens. Rien que les laisses ✹ bertrand rothé
marseille : la chute de la maison guérini
Ensevelis sous les poubelles, Jean-Noël Guérini et son frère Alexandre voient s’éloigner la mairie. Depuis octobre, un magistrat marseillais enquête sur le marché des ordures. Voir notre dossier en pages 3 et 4.
Les kiosquiers en colère | P. 9 états-unis, les lobbies ont la santé | P. 10 bédéreportage
Les forçats du RER B | P. 11
Clair et net Bêtes à Goncourt, l’UMP s’emmêle dans la Toile, et les réactions des internautes de Bakchich.info sur Besson | P. 15
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| Apéro
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
coulisses et coupssemaine tordus dans bakchich hebdo n° 0 cette
mi-temps
jacques Gaillard
O
n glose à perdre haleine sur le bilan de Sarko à mi-mandat. Les commentateurs politiques ont comme les garagistes des unités spécifiques : les cent premiers jours, les mille jours, la mi-mandat, viennent s’ajouter aux anniversaires usuels pour procurer l’occasion d’une révision générale, comme pour les bagnoles (d’ailleurs, on parle de l’usure du pouvoir comme de celles des plaquettes de frein). Alors, il fait de l’huile, le bonhomme ? Y a qu’à regarder les taches. La tache du chômage, la tache du pouvoir d’achat, la tache de la précarité, la tache des retraites de misère, et la tache de la misère tout court. On reste dans le cambouis. Qu’est-ce qui a bougé ? La dette, on roule à sec. La direction, désordonnée au début, flottante ensuite. À Matignon, le diesel ronronne. À l’Élysée, la F1 a modéré ses accélérations, mais pétarade encore avec un culot monstre : dire qu’il a fait ce qu’il disait, lui qui promettait du « travailler plus pour gagner plus », c’est gonflé. Ne pas piper mot sur la catastrophique promesse tenue du rabais fiscal aux bistrotiers, c’est dégonflé. Pas une réforme qui n’ait viré au crash : les heures sup’ surpayées, le scandale du boucliercopains, la Saint-Guy-Môcquet, les hadopis successifs, la taxe professionnelle qui fait swinguer Elvis Raffarin, le contrôle des banques qui patine, l’emprunt qui dérape… Et on n’est plus sous garantie ! On sent bien que, de partout, la clinquante mécanique a pris du jeu. Même ses pistons au fiston ont foiré. À la Chambre, c’est poussif. Celle des députés, bien sûr. Faut pousser pour faire le plein (des voix). Au Sénat, ça grince. L’évidence est là : la bombe roulante est devenue une ambulance, sur laquelle Raoult nous demande de ne pas tirer. Pathétique. On voulait voir Byzance, on n’est pas loin de Verdun. Et personne ne nous attend à la porte du garage… ✹
On ne vous cache rien Régionales, coup de déprime à l’UMP
L’ineffable co-porte parole de l’UMP, Dominique Paillé, n’est pas très optimiste pour les régionales. La région Paca ? « Le sondage gagnant, c’est avec Falco, or il n’est plus tête de liste ». La Basse-Normandie ? « Un bordel sans nom ». Les Pays de la Loire ? « On pouvait gagner avec Bachelot, mais c’est Christophe Béchu qui sera tête de liste. » Dans les moments de déprime, Paillé croit même que la droite peut perdre la Corse. Pourvu que l’Alsace tienne bon !
Les détraqués chez Villepin
Le ministre du Travail, Xavier Darcos, est formel : « Les détraqués vont aujourd’hui vers Villepin, comme ils allaient hier vers Bayrou. » Des détraqués qui feront 3 ou 5 % aux présidentielles. De quoi plomber Sarko.
Éric Besson s’ennuie déjà
Face à ceux qui, à l’UMP s’inquiètent des ambitions présumées d’Éric Besson, un proche du ministre de l’Immigration jure que son patron ne brigue pas Matignon. « Certes, il ne va pas finir ses jours à l’immigration », poursuit le même. Une lame, ce Besson, comme dit Sarko 1er.
À défaut de carte de presse
Fait chevalier de la Légion d’honneur par son ami Sarko pour avoir inventé Hadopi avec le succès que l’on connaît, Denis Olivennes se fera remettre sa rosette le 8 décembre prochain. Et pour avoir planté le Nouvel Obs, déficitaire de cinq millions d’euros cette année ?
Fillon au front !
Les maires veulent profiter de leur Salon, à Paris, pour protester contre l’odieuse réforme de la taxe professionnelle. Prévenu de cette jacquerie, Nicolas Sarkozy pense à se décommander. Et expédier au front François Fillon. Courage, fuyons !
Malaise vagal au FN
Le rival de Marine, Bruno Gollnisch, est en piètre forme. Après un quadruple pontage en août 2008, il vient de se faire opérer d’une hernie inguinale. Et pour ne rien arranger, « Flipper », comme on le surnomme, a fait un malaise vagal au Parlement européen.
Du boulot dans les parloirs
Créé en 2007 pour lutter contre les mauvaises conditions de détention en France, le contrôleur général des prisons manque cruellement de moyens. Selon la députée PS de Paris Sandrine Mazetier, « il lui faudrait 38 années pour contrôler l’ensemble des lieux de privation de liberté ». Et le gouvernement veut encore lui réduire son budget…
L’indemnisation de l’amiante dans les choux
Lancé fin 2008, le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva) met environ vingt mois pour répondre aux demandes d’indemnisation. La loi avait fixé six mois maximum. Du coup, quinze embauches ont été programmées… mais, hélas, pour dans six mois !
La Cnil en guerre contre Matignon
Le président de la Cnil, Alex Türk, explique aux députés dans une lettre que Matignon veut amputer son budget de quelque 308 000 euros, malgré les promesses de François Fillon. Encore une niche fiscale ?
Esclandre sur le secret-défense
Président de la Commission sur le secret-défense, Jacques Belle a expliqué que les magistrats formulaient souvent mal leurs demandes de levée dudit secret. Olivier Morice, avocat des familles des victimes de l’attentat de Karachi, a expliqué les entraves qu’il avait rencontrées en la matière. Résultat : Belle a quitté l’assemblée, et en claquant la porte ✹
Question sécurité, Brice se donne un max Entre dérapages verbaux et mauvaises statistiques, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, cherche à recadrer la politique de l’ex-titulaire du poste, MAM. Place Beauvau, la drogue est considérée comme la menace principale. Vingt opérations coup-de-poing dans les quartiers viennent de montrer l’ampleur du fléau. Sur fond d’arrivée d’héroïne afghane et de haschich marocain. « Nous allons nous attaquer d’avantage aux trafiquants qu’aux petits dealers », note-t-on dans son entourage. Fin octobre, une convention a été signée entre l’Intérieur et le Budget pour affecter cinquante agents du fisc à la lutte contre les gros bonnets. Attention aux Porsche et aux autres signes extérieurs de richesse ! Par ailleurs,
une autre convention vient d’être signée entre la France et l’Espagne pour lutter contre les convois de shit venus par route du Maroc. Un audit est également en cours sur les trente-quatre Unités territoriales de quartier, chargées d’intervenir dans les zones les plus délabrées. « La présence continue de ces unités attise les conflits, explique un des patrons de l’Intérieur, mieux vaudrait envoyer des CRS lourdement équipés. » Enfin, Brice Hortefeux multiplie les tables rondes avec les jeunes. Ce qui ne plaît guère, paraît-il, au chef de l’État. « La police, répète ce dernier, doit rester répressive ». Voici Hortefeux débordé sur sa droite ! ✹
Réseaux les courses folles de madame hortefeux
D
ans la famille Hortefeux, Brice est branché flic, madame pendue au chic. Valérie Hortefeux préfère, les soldes privées des magasins de luxe. On la comprend, d’autant que le mois de novembre est le rendez-vous des coquettes en mal d’élégance à moindres frais. À ce sport, Madame Hortefeux est une médaillée olympique. Quitte à ne pas toujours respecter les règles d’éthique pour emporter la fourrure prisée. la préséance selon valérie
Début novembre, Madame débarque avec voiture officielle chez Dior pour refaire sa garde-robe. Et tombe nez à nez sur le manteau qui lui fera passer l’hiver en toute tranquillité. Malchance, une rivale met prestement la main dessus. S’ensuit un crêpage de chignon digne d’une cour de récré. Dame Hortefeux, pendant que l’autre couine, menace de ses hauts talons : « Vous entendrez parler de moi ». Farouche, l’impudente résiste, passe à la caisse avant que le directeur du magasin en personne n’intervienne pour gronder l’anonyme et remettre le vêtement convoité à Madame la marquise. Fière d’allure et confirmée dans ses droits inaliénables de femme de ministre, Valérie Hortefeux réédite le coup le 5 novembre chez Dior Joaillerie. Voiture officielle, accueil en grande pompe, file d’attente coupée de bourgeoises médusées. Et, hop, le tour est joué ! Quand on est la femme du premier flic de France, pas besoin de ses papiers. Une simple carte de visite suffit. Avec, écrit dessus, Valérie Hortefeux ✹ louis cabanes
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Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
marseille ennuis Début octobre, un juge a été saisi pour enquêter sur les marchés publics des ordures. Mauvaise nouvelle pour Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône, maître de la Communauté urbaine et boss des socialistes locaux. Son pouvoir s’effrite sur les détritus.
La chute de la maison Guérini T
rafic d’influence. Voire corruption. Ordures. Par tombereaux. Depuis que les sardines tentent avec entêtement de boucher le Vieux-Port, les conversations se troublent à peine plus qu’une mauresque quand ces vilains mots s’enchaînent. De l’acquis. Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône, et son frère Alexandre, patron de la SMA La Vautubière, propriétaire de deux des plus importantes décharges de la région, distribueraient les marchés des ordures. Sans jamais les prendre en charge directement. L’histoire du patron socialiste des Bouches-du-Rhône se susurre. Et la justice, jusque-là, se tenait à l’écart des bennes à ordures. un vent mauvais souffle sur la bonne ville des frères Mais un vent inhabituel s’est levé sur la ville. Un vent mauvais. Une information judiciaire pour trafic d’influence, détournement de fonds publics, marchés truqués voire corruption sur plusieurs dossiers liés au marché des poubelles. En ligne de mire les deux « G ». Début octobre, avant même la crise des ordures, Charles Duchaîne, un magistrat de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) enquête. Ça tombe bien, un brin retors, volontiers provocateur, « Duduche » aime résister aux pressions. Wait and sea, comme on dit à Marseille. L’affaire de l’appel d’offres (voir page 4), sur le marché des poubelles, annulé par la Communauté urbaine, a charrié vers le Palais de justice quelques dossiers. « Nous avons bien quelque chose sur la
a Le conseil général des Bouches-du-Rhône, dit le vaisseau bleu, est doté de près de 2 milliards d’euros de budget. De quoi se faire des amis.
gestion des ordures à Marseille, liées aux frères Guérini, souriait un magistrat du parquet. Nous avons reçu des courriers, bien sûr anonymes. Peu, mais assez précis et circonstanciés. Il a fallu lancer une enquête préliminaire, mettre en place des écoutes. » Des courriers, datés et précis, que Bakchich a pu consulter. Toujours la même fable, celle des frères Guérini régnant sur l’ordure. Sauf que désormais un juge est saisi. S’il laisse souvent sa très belle Mercedes au placard, et se la joue discrète, les noms des amis d’Alex sont cités en ville. Éclaboussés, les honnêtes gens ont subitement des noms d’embruns (voir encadré). Dans l’imaginaire marseillais, le nom Guérini n’est pas rien. Deux autres frères ont régné ici, sur le Milieu. Antoine et Mémé, de la Libération au crépuscule des années Defferre, fin 70. « Mais dans notre village, en Corse, il y a cinquante familles Guérini », s’énerve Alex, qui a reçu Bakchich (voir page 4). Et de plaider : a Jean-Noël Guérini «On ne va pas s’excu-
ser de notre nom. Tout cela, ce n’est qu’une construction politique pour salir mon frère, et empêcher un petit entrepreneur d’exister face aux géants du marché. » Difficile de plaider le pot de terre contre le pot Defferre. « Nono et alex ont leur caractère. plutôt direct », confie un élu ps Une vieille huile marseillaise, croisée aux abords de l’abbaye Saint-Victor, sourit. Le spectacle avec vue sur le Vieux-Port, l’enchante : « On sent que ça bouge. Les élus et responsables, sous la coupe de Nono, commencent à se demander ce qui se passe. Et n’attendent qu’un signe pour le lâcher. Le système vacille. » Voilà qu’un élu rose vient vers nous. Pas de présentation. « Si je dis que je suis avec Bakchich, en deux minutes on téléphone à Guérini et je me fais avoiner… se justifie notre interlocuteur. Les gens sont peu de chose. Pour une voiture de fonction, ils sont prêts à avaler des boas. Et puis Nono et Alex ont leur caractère. Plutôt direct. Et sont capables de virer du jour au lendemain. Ça crée un climat. »
Énorme employeur (8 000 postes), gavé de subventions, le conseil général a le budget qui va avec, 1,87 milliard d’euros. Un magôt suffisant pour ne se faire que des amis. De Paris, l’Élysée scrute cette météo du sud. Le Château a un tropisme marseillais. Plus particulièrement Christian Frémont, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, qui s’est na-
guère échiné comme préfet de région ici. Ancien préfet de police de Marseille, Bernard Squarcini, a quitté le Vieux-Port pour diriger la Direction centrale du renseignement intérieur. Et légué la surveillance de la ville à un proche, le préfet Claymans. Eux savent qu’il vaut mieux regarder le feu quand la bouillabaisse bout ✹ xavier monnier
Alex Guérini a plein de bons copains Alex n’a pas caché à Bakchich qu’Antoine Rouzaud, le monsieur poubelles de la Communauté urbaine de Marseille (CUM), « est un ami ». Mais qui n’est pas un ami ? Jean-Pierre Roncin, venu de Marignane pour les « transports et de l’aménagement des espaces » est un camarade. Devenu directeur, l’artiste a confié : « Le transport, j’y connais pas grand-chose… » Il apprendra. Toujours à la CUM, Michel Karabadjakian, un autre pote, dirige « la propreté, l’écologie et le maritime ».
Au conseil général, Gérard Lafond s’occupe de « la construction, l’environnement, l’éducation, et le patrimoine » pourrait aussi figurer dans le Facebook d’Alex. Ce technicien est, paraît-il, très persuasif. « Bien sûr que je les connais. Comme tout le monde. Comme toutes les sociétés les connaissent. Mais moi, quand je les appelle, ce n’est pas pour le business, c’est pour que ma ville soit propre et qu’ils se bougent le cul. » Entre militants socialistes, ce n’est pas interdit ? ✹
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Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
marseille alex guérini
pS Jean-Noël Guérini a tout pour lui. Une chance quand on guigne la place de maire de Marseille. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas si simple…
La mairie en ligne de mire
J
ean-Noël Guérini, « Nono » pour les dames, n’avait rien à souffrir. Président du généreux conseil général des Bouches-duRhône, via son obligé Eugène Caselli, il règne sur la Communauté urbaine de Marseille (CUM). Chef des socialistes d’ici, Nono a même un pied dans le monde de l’entreprise. Dans sa résistible ascension, il vient d’être nommé « deuxième président » de la Société coopérative de manutention, un machin à la marseillaise qui fait la loi sur le port. Le scénario est lubrifié. Il doit le mener directement à la mairie de Marseille. Sur ce magnifique port, on sait que le présent dessine l’avenir : « Gaudin, pour lui succéder, ne veut ni de Renaud Muselier ni de Guy Teissier. Il préfère tenir sa partition actuelle : sans moi la ville passe à gauche. » C’est donc
un boulevard qui s’ouvre pour n’hésite plus à appeler son enJean-Noël Guérini. Oui, mais. nemi « le clan des ordures ». Les poubelles de Marseille caAutre glissage, l’ennemi intéchent des peaux de banane et rieur. Dans une gauche agitée Nono a glissé dessus. comme un shaker, Ségolin tente Dernière glissade, la guerre des de surfer sur sa petite vague. ordures qui a déshonoré MarSégolin, c’est le nom de « cène » seille du 26 octobre au 2 novemde Patrick Mennucci, ex-direcbre. Même Reteur de campanaud Muselier, gne de SégolèUne des embûches sur pourtant une ne. Au sein de la route de Nono Guérini se c e t t e g r a n d e manière de dogue sans dents, nomme Patrick Mennucci. frater nité PS, s’est mis à morles réunions ne Socialiste, lui aussi. dre le groupe sont que l’occaPS en lui lansion de monçant « Gomorra ». Une référence trer sa « haine de l’autre » au livre culte de Roberto Savias’amuse un proche de Gaudin. no sur la mafia napolitaine. En « Mennucci possède ce que Guépleine gueule, ça a du sens et rini n’a pas. Une gueule, une facilité orale et médiatique, et c’est douloureux. Jusqu’ici plutôt affable avec les Guérini, le une victoire en mairie d’arronclan Muselier s’est réveillé, dedissement aux dernières munipuis que Nono a voulu lui prencipales, évidemment ça agace dre sa mairie d’arrondissement. Guérini auquel on laisse croire à son destin de maire. » Désormais, Renaud Muselier Cette lutte tous azimuts va-t-elle mobiliser les troupes et les gros bras ? Pensez d’abord aux camarades éboueurs. Peuvent-ils refuser un coup de colle à Nono ? Un très étrange commissaire de police, installé à Marseille, et qui roule en grosse voiture « parce que ça consomme peu », s’occupe des réseaux internationaux du courant Guérini. Les casques bleus parisiens, plus à droite qu’à gauche, s’échinent à organiser la paix entre les clans socialistes et l’hôtel de ville. Un scénario a le vent en poupe. Lorsque Jean-Claude Gaudin quittera la mairie de Marseille, il pourrait bien, avec l’âge, oublier de soutenir la droite. Guérini serait alors élu. Avec une condition, la ferme intention de ne rien faire pour changer un système qui fait le bonheur de tout le monde… Le triomphe de l’ouverture en a Nono Guérini pourrait être préféré par Gaudin lors de sa succcession. quelque sorte ✹ x. m. et J.-M. B.
ordures
comment les marchés sont truqués
C
ette affaire de poubelles a une vertu, mettre en exergue la façon dont le PS transforme un appel d’offres en partie de bonneteau. Le 21 octobre, la Communauté urbaine de Marseille (CUM) examine un marché de ramassage d’ordures. La communauté, qui doit prendre la décision, est présidée par Eugène Caselli, un socialiste de bonne réputation, mis en place par Nono Guérini, chef des socialistes locaux. Avant ce scrutin d’ordures, les experts de la communauté ont été clairs : même si les services de la so-
ciété Bronzo coûtent plus cher, c’est « mieux » pour Marseille. Ah bon. Antoine Rouzaud, délégué à l’assainissement, l’a révélé plus tard : « Pour la première fois, depuis 1993, on était arrivé à négocier une réorganisation sans conflit. Mes services avaient fait des analyses sur ces sociétés… » Et voilà que cette stupide commission des marchés vote pour la société ISS, qui est moins chère d’au moins 4 millions d’euros et qui propose cinquante emplois en plus. Pauvre Rouzaud, pauvre misère. Derechef, Bronzo organise la résistance. Le
blocage des dépôts d’ordures peut commencer. Après six jours de peste, subissant les affectueux conseils de Nono Guérini, Eugène Caselli capitule : on annule l’appel d’offres. Immédiatement, les regards se braquent vers l’est de la ville. Où siège le conseil général de Nono. Et où son frère Alex a installé sa société de propreté, gestionnaire de deux décharges dans le département ✹ J.-M. B.
rencontre avec une ombre
L
’arène politique marseillaise danse une éternelle gigue autour du fantôme de Gaston Defferre, un cadavre impossible à enterrer. Comme son système de gestion de la ville. En revanche, nul ne célèbre le croque-mitaine des poubelles Alexandre Guérini, le frère (cadet) de Jean-Noël, qui préside aux destinées du conseil général des Bouches-du-Rhône. « Et quoi, j’ai l’air du monstre qu’on vous a décrit ? » s’amuse Alexandre Guérini. Un charme à la Bernard Tapie, un bosseur levé tous les jours à 5 h 30, un
Demander le téléphone d’Alex Guérini à la fédération socialiste fait bafouiller les secrétaires. entrepreneur intelligent. Et une force de conviction qui impressionne. Le tableau servi dans les bars correspond à peu près. Alex reçoit dans sa société, la SMA La Vautubière. Tout près de la passerelle de Plombières, à l’entrée de l’autoroute Nord, celle qui conduit vers Aix-enProvence. Avenant, Alex a guidé Bakchich pour trouver les lieux. Au volant de son 4x4 Mercedes, le militant PS et patron de PME nous a ouvert la voie. Alex a le conseil facile, en ordures et en presse. Il commente notre article paru dans Bakchich Hebdo numéro 8 : « Minot. Franchement, ton article c’est n’importe quoi. Il a vraiment peiné mon frère. Franchement, tu te rends pas compte. Je ne suis qu’un petit qui me bat contre des gros. » Verbe chantant, ton qui monte, jamais menaçant : « Il faut que tu connaisses mieux les réalités. Antoine te l’expli-
querait mieux que moi, mais il n’a pas pu venir. » Antoine, c’est Rouzaud, le délégué à l’assainissement de la Communauté urbaine de Marseille (CUM). Un ami d’Alex qui ne manque pas d’interlocuteurs. Le frangin Guérini a rencontré le directeur d’exploitation de l’incinérateur de Fos-sur-Mer, pas encore en service : « Je suis contre cet incinérateur. Pas pour des raisons de business – la preuve, ils veulent me faire bosser –, mais pour des raisons politiques. » Et pourquoi Alex Guérini engueule-t-il régulièrement Patrick Mennucci, le maire socialiste du premier secteur de Marseille, ou Eugène Caselli, tout aussi PS, qui préside la CUM ? « Évidemment que quand on cause, ce n’est pas sur les ordures ! On parle de la stratégie des régionales et voilà, on est des méditerranéens, des sanguins, alors le ton monte. » À ses côtés, le jour de la rencontre, Éric Pascal, boss de Queyras, une boîte d’enlèvement d’ordures, qu’Alexandre a pris sous son aile. Pascal m’explique mon privilège : « Tu sais, Alex il ne parle jamais, c’est parce qu’il t’aime bien qu’il prend du temps avec toi. » Merci. À la fédération marseillaise du Parti socialiste, demander le numéro de téléphone d’Alexandre Guérini fait bafouiller les standardistes : « Non, désolé, on n’a pas son numéro. » Membre du conseil fédéral, ancien de la commission des adhésions, candidat potentiel aux régionales… Alex est injoignable. « À la fédé, ils ne comprennent rien. Ils ne respectent pas les petits qui bossent, qui vont au turbin, collent les affiches. Alors que moi, un colleur d’affiches, si je peux en faire un élu pour le récompenser c’est tant mieux. » Il faut d’urgence décorer Alex de la grand-croix de l’ordre du Mérite socialiste ✹ x. M.
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Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
grand capital Business park
Le gendarme de la bourse expliqué à mon beauf
vite fait Hadopi 2, qui va payer ?
Après l’adoption aux forceps d’Hadopi 2, un épais mystère subsiste : qui va payer la facture ? Selon le nouveau dispositif censé protéger la création artistique contre les pirates du Net, les contrevenants verront, on le sait, leurs lignes suspendues. Entre l’identification des resquilleurs, les mises en garde et les frais de coupure… la note risque d’être salée. En se fondant sur un nombre moyen de 180 000 suspensions par an, le Conseil général des technologies de l’information (CGTI), rattaché à Bercy, a avancé fin 2008 un coût global de 70 millions d’euros sur trois ans. Les fournisseurs d’accès ont fait savoir qu’il n’était pas question qu’ils paient. En la matière, la jurisprudence leur donnerait plutôt raison, mais la bataille ne fait que commencer ✹
La Dgse et le compte japonais de Chirac
L’Autorité des marchés financiers (AMF) public, les membres de l’AMF ont existe, les dirigeants d’EADS la rencontous des liens étroits avec les actrent cette semaine. Mais au fait, Bruno, teurs qu’ils jugent. « Ils sont déà quoi ça sert, l’AMF ? pendants de tous les réseaux de la runo, mon beauf, adore place », tranche ce haut fonctionboursicoter sur Internet. naire. Le CAC 40 n’a donc jamais Soir et week-end, il surfe, trop craint cette autorité plutôt espérant dénicher la bonne info bienveillante. Certains voient sur le bon produit qui va lui rapmême en elle une alliée fidèle. porter un max. À ce jeu-là, « Les banques et les assurances Bruno, tu es un poids mouche. ont investi les structures de l’AMF, Cette semaine, des dirigeants écrit Martine Orange*. Rien ne d’EADS sont entendus par la peut se décider sans leur accord. » Commission des sanctions de Étrangement, l’AMF s’est mise à l’Autorité des d é f e n d re d e s marchés finanproduits peu reLes membres de l’AMF ciers au sujet commandables d’un présumé ont tous des liens étroits comme les hedge délit d’initiés funds, au nom avec ceux qu’ils jugent. qui leur aurait du rayonnement rapporté un sade la Bourse de cré pactole. Prévenus des retards Paris qui, sans eux, serait distande livraison de l’A380, ils ciée par la City. auraient exercé leurs stock-op« Contrairement à sa mission de tions juste avant que le cours de protection des épargnants, on l’action ne s’écroule. trouve qu’elle ne surveille pas Heureusement, Bruno, l’AMF beaucoup les placements catastroveille. Dans cette affaire, le dosphiques des banques pour leurs sier a suivi lentement, mais sûclients », persifle Jean-Claude Derement, son cours. Un zèle qui larue, secrétaire général de SOS surprend, tant l’AMF répugne, la Petits porteurs. plupart du temps, à jouer son Au plus fort de la crise finanrôle de gendarme. cière, quand éclate le scandale Fin 2008, 33 procédures étaient Madoff, l’AMF reprend le couen cours. Une paille, me dirasplet entonné par les banques tu, Bruno, vu le nombre d’opéselon lequel les fonds français rations quotidiennes sur la seraient épargnés. Un système place de Paris. « Ce sont, le plus de défense qui ne tiendra pas souvent, de petites sociétés et d’illongtemps. lustres inconnus qui sont Et quand la SEC, son homologue condamnés », raconte, désabusé, américain, publie un rapport un ancien de l’AMF. « Depuis sa sur ses fautes dans l’affaire Macréation, l’AMF n’a jamais voulu doff (voir Bakchich n° 8), l’AMF se servir de son pouvoir de sancregarde ailleurs ✹ tion. À croire que les godillots du Lucie Delaporte gendarme ne sont pas assez chics pour elle », ironise-t-il. * Histoire secrète du patronat français, coll., Inspection des finances, Trésor La Découverte, 720 pages, 25 euros.
B
Immense honneur pour Bakchich.info. La revue de presse des services français (DGSE) y a sélectionné, vendredi 13 novembre, un article consacré à l’audition de Dominique de Villepin par un juge de Tahiti, en février dernier, à propos d’un compte que Jacques Chirac possédait au Japon entre 1992 et 1999. Pour mémoire, c’est le correspondant à Tokyo de la DGSE qui avait découvert, en novembre 1976, que l’homme politique le plus populaire de France possédait quelques menues économies dans la banque vérolée du banquier quasi-mafieux, Shoshi Osada. Depuis, Chirac et Villepin avaient enterré avec brio le dossier. Notons que les questions du magistrat tahitien, qui vient de mettre en cabane Gaston Flosse, étaient plus instructives que les réponses embarrassées de DDV, qui finissait par reconnaître l’existence d’un compte, mais au seul profit, prétendait-il, des anciens collaborateurs du « Chi » ✹
rama ne connaît pas la politesse parlementaire
L’amendement déposé par le député UMP des Côtes d’Armor Marc Le Fur visant à supprimer la niche fiscale pour les sportifs professionnels a été voté à l’Assemblée nationale le 29 octobre dernier. Aussitôt, la secrétaire d’État aux Sports, Rama Yade, s’est prononcée contre. Pour ne rien arranger, le cabinet de Rama s’est bien gardé de prévenir l’équipe de Marc Le Fur de la sortie médiatique de l’insolente. Contrairement aux bons usages parlementaires ✹
stock-options
pas de crise chez lvmh
I
l y a un an, en pleine crise, Nicolas Sarkozy promettait de refonder le capitalisme en le moralisant. Aujourd’hui, ses amis le refondent à leur manière. Ainsi, son vieux complice Nicolas Bazire, ex-jeune dir’ cab’ de Balladur à Matignon en 1993, recasé en 1999 numéro 2 de LVMH, le groupe de luxe dirigé par le milliardaire Bernard Arnault. Le 20 octobre, messire Bazire acquiert pour 7,92 millions d’euros de stock-options. Quelque 150 000 actions LVMH à prix cassé (52,80 euros l’unité) par rapport au cours, qui navigue un peu au-dessus des 70 euros. Nicolas Bazire réalise une plus-value potentielle de 2,90 millions d’euros ! Chapeau bas. Le jour même, Madame revend pour 3,37 millions d’euros qu’elle détient de son côté. Ça boursicote dur dans le ménage Bazire.
Nicolas Bazire peut donc se remettre de ses récents déboires. Pour alléger ses impôts après son entrée à LVMH, il avait fait appel à un « défiscalisateur » professionnel, le cabinet JeanFrançois Guinot, comme l’a révélé le site Rue89. Or Guinot n’a pas été très brillant dans le montage immobilier échafaudé. En 2008, le cabinet est même placé en redressement judiciaire. « Bazire a eu la possibilité de récupérer une bonne partie de sa mise (3,5 millions d’euros) en dégrèvements fiscaux. Car contrairement à de nombreux clients du cabinet Guinot, Nicolas Bazire a échappé aux fourches caudines du fisc sur cet investissement », peut-on lire dans un chapitre de L’Histoire secrète du patronat. Bazire est un dégourdi ! ✹ émile borne
sida
les promesses de carla
A
près Bernadette et ses pièces jaunes, voici Carla et son ruban rouge. Nul doute que le 1er décembre, date de la journée mondiale contre le sida, sera l’occasion pour elle de rappeler à tous son engagement contre le vilain virus. Bakchich profite de l’occasion pour lui rappeler ses engagements. Dans une interview parue dans Le Parisien le 2 décembre 2008, on pouvait lire : « Le Parisien : Dans les quartiers difficiles, le sida reste tabou. Le Comité des familles pour survivre au sida voudrait vous rencontrer. Y êtes-vous prête ? Carla Bruni : Bien sûr. Tout ce qui se passe en banlieue m’intéresse particulièrement. » Près d’un an après, l’association attend toujours. Contacté par
Bakchich, Reda Sadki, son président, raconte avoir tout de même rencontré, le 10 septembre, Grégoire Verdeaux, chef de cabinet adjoint du mari de Carlita. L’interrogeant alors sur cette promesse non tenue de la first lady, le conseiller de lâcher benoîtement : « Comment vouliez-vous qu’elle réponde autrement ? » Une belle leçon de com’. En attendant, la bourse réservée aux associations pour cette journée a été vidée. La dotation du Groupement régional de santé de l’Île-de-France, pourtant dirigé par un proche de Sarko Ier, le préfet Daniel Canepa, a été divisée par deux entre 2008 et 2009. Passant de 200 000 à 100 000 euros. Si c’est ça, l’effet Carla… ✹ simon piel
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| Quartier libre
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
carla ONe traveller cheikh À mi-mandat, Nicolas Sarkozy a déjà voyagé beaucoup plus que Jacques Chirac. Alors qu’il est en Arabie Saoudite pour rencontrer le roi, les dessinateurs de Bakchich rendent hommage à ce voyageur insatiable.
Les voyages de M. Sarko
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
Au bazar de la santé | 7 piquouze et panacée
atchoum Face à la grippe A, vite, un vaccin! Nous devons bien cela à notre ministre de la Santé, qui a bien bacheloté son sujet. Ou pas assez peut-être, tant les ratés s’accumulent. Bakchich examine les miasmes qui infectent cette noble et utile campagne de vaccination.
Tousse ensemble avec Roselyne R oselyne Bachelot fait son show. Le 12 novembre, la pétulante ministre de la Santé a lancé la campagne de vaccination contre la grippe A. Alors que certains fourbes affirment qu’elle l’est déjà assez, Roselyne a été piquée devant les caméras. Hélas, au pays de Pasteur, les Français boudent les centres de vaccination. Sans parler de la bronca de députés de gauche, qui trouvent que le gouvernement en fait trop pour une « grippette ». Ou encore du buzz Internet sur le CV officiel de la ministre, qui omet de mentionner que, dans les années 80, Bachelot était déléguée à l’information médicale du laboratoire ICI Pharma, puis chargée des relations publiques chez Soguipharm. « Elle est bien emmerdée », glisse une petite souris. Bref, cela en fait beaucoup pour dame Bachelot même si, dans l’opposition, on reconnaît ses compétences. Ainsi, avant la séance des questions au gouvernement, le 10 novembre, elle essaie de tirer les vers du nez de la députée PS de Haute-Garonne Catherine Lemorton. La cruelle, qui s’apprête à la houspiller sur la grippe A, a refusé de communiquer ses questions au préalable, transformant la séance en pochette-surprise. Surprise encore, celle des médecins participant à la 14 e journée nationale des Grog (Groupes régionaux d’observation de la grippe) le 12 novembre au ministère de la Santé. Qui ont failli être relégués dans une salle annexe : celle prévue avait été réquisitionnée pour une exposition sur la Résistance… Ouf, le virus n’a pas muté résistant. Mais ça grippe et les bugs s’additionnent ✹
morton. Et lorsque la campagne de vaccination a débuté le 12 novembre, les deux vaccins de Sanofi n’avaient même pas encore obtenu leur AMM. Moins grave que de rouler à 51 km/h au lieu de 50. Autre délire courtelinesque de notre administration, après avoir longtemps tergiversé, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a finalement annoncé le 30 octobre qu’elle préconisait une seule dose de vaccin pour les adultes. Aïe ! En France, les autorisations de mise sur le marché, enfin arrivées, ont été accordées pour deux doses. Et Roselyne Bachelot de se donner jusqu’à fin novembre pour trancher sur l’overdose. D’ici là, ce sera deux pour tout le monde. Faut pas gâcher.
a Roselyne Bachelot a beau nous y pousser de tout son cœur, il y a comme une réticence à se faire vacciner. Bug n° 1 une avalanche de jacqueries médicales Si le ministère de la Santé affirme que « l’essentiel des professionnels de santé se sont portés volontaires » pour piquer, sans donner de chiffre précis, l’Union généraliste, un syndicat de médecins, estime qu’on est très loin de l’objectif. Dans les Hauts-de-Seine, on compte à peine 170 volontaires sur 1 500 généralistes et en Basse-Normandie, c’est carrément la débandade (manque de Viagra ?), avec seulement quinze volontaires pour 600 toubibs. Les médecins scolaires, eux, ont réussi à faire plier l’administration. Il était initialement prévu que les enfants soient vaccinés à l’école. Mais face à leur fronde – hors de question de les piquer en l’absence des parents –, il a été décidé que les primaires seraient vaccinés dans les centres. Bug n° 2 réquisitions bidons Faute de volontaires, les préfets réquisitionnent du personnel de santé. Mais se prennent les pieds dans les problèmes d’assurances. « Ce sont les URML [Unions régionales des médecins libéraux] de Basse-Normandie et de Bretagne qui ont levé le lièvre », claironne le docteur Jean-Paul Hamon de l’Union généraliste. « Les premières
réquisitions sont rédigées de telle sorte que l’assurance de l’État, censée nous couvrir en centre de vaccination, ne fonctionne pas, et notre assurance de généraliste n’est pas prévue en cas de réquisition ! » Comme un sentiment de vide juridique. Également réquisitionnés, les étudiants infirmiers en troisième année n’apprécient pas leur jolie promotion médiatique. Le temps passé dans les centres de vaccination est décompté comme stage. En clair, ils bossent gratuitement ! On le savait déjà, un pays qui compte quatre cents sortes de fromages, sans comp-
ter celle du vaccin, est plutôt difficile à gouverner. Bug n° 3 Délires administratifs Juillet 2009. La France passe des commandes fermes pour 94 millions de doses auprès de trois laboratoires : Sanofi, GSK et Novartis. Et verse un acompte, le reste étant payé à livraison. Mais, à cette époque, les futurs vaccins ne bénéficiaient d’aucune autorisation de mise sur le marché (AMM). « Celle-ci leur était donc acquise d’avance. C’était juste une formalité puisqu’on a payé », peste la râleuse députée socialiste Catherine Le-
Bug n° 4 Labos fripons… ou théorie du complot ? C’est grâce à une descente du député socialiste Gérard Bapt à l’Eprus, l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, que les contrats avec les laboratoires GSK, Sanofi, Novartis et Baxter ont été rendus publics. Enfin, publics pour la partie non caviardée par les trois premiers. Pourtant, rien à signaler – ou presque – selon le député Bapt qui les a consultés dans leur intégrité. Seule la très large protection juridique accordée aux laboratoires en cas de recours en justice contre leurs vaccins éveille les doutes. Quant aux soupçons qui portent sur le frénétique lobbying pharmaceutique, Sanofi a fait savoir à Bakchich que le contrat signé avec l’État était en fait une « mise à jour d’un contrat cadre préexistant », signé « dans le calme » en 2007 et portant sur la grippe aviaire H5N1. « Il a été amendé pour la grippe A mais les quantités de doses à livrer sont les mêmes, soit 28 millions de doses », explique Pascal Barollier, le porteparole du laboratoire. Voilà une information qui aurait pu apaiser les esprits suspicieux sur le colossal business du vaccin, mais les autorités étaient tellement occupées, en même temps, à expliquer aux journalistes que lesdits contrats étaient confidentiels… Dans le genre contrat de confiance, il ne faut pas s’étonner si les Français vont le signer ailleurs que chez le docteur Bachelot ✹ Catherine Graciet
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| Au bazar des pipoles
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
enchères et en os galerie Le gaz ouzbek arrose les stars françaises. Avec la fille du dictateur Karimov en maîtresse des vannes. Déjà intoxiqués, Bernadette Chirac, Guillaume Sarkozy, Delon, Van Damme… et bien sûr Monica Bellucci.
Pris au cash-cash ouzbek E n France depuis le début de l’année, Lola Karim ova - T i l lya eva , l a joyeuse fi-fille du président dictateur ouzbek, Islam Karimov, joue auprès de son père, le rôle de rabatteuse de stars. Amie du jet-setteur Massimo Gargia et du vieil acteur Alain Delon, Lola Karimova invite aussi Emmanuelle Béart, ou Guillaume Sarkozy, le frère de. Récemment, notre Lola s’en est allée séduire l’actrice italienne Monica Bellucci. Bakchich Hebdo le révélait dans son précédent numéro. Ainsi, la coûteuse Monica s’est rendue à la soirée organisée par la fille Karimova le 8 avril, au Musée d’Art moderne de Paris, contre 190 000 euros. Un tarif de footballeur, pour une présence de quatre heures et un petit discours de félicitations à Lola Karimova. Jeune femme portée, cette Lola, puisqu’elle est également ambassadrice de son pays près l’Unesco et présidente de la fondation caritative Ouzbékistan 2020, support du gala. Mais les 190 000 euros ne suffisaient pas. Avec Monica, c’est toujours plus. Outre l’argent, l’invitée spéciale a été plus que choyée. Elle a bénéficié, tous frais payés, d’une luxueuse voiture avec chauffeur, d’une séance de coiffure et de maquillage. « Monica était [d’ailleurs] ravissante, les cheveux lissés, avec sa robe
Les niches fiscales ne sont faites que pour les chiens. Lola K. n’organise pas seule ses galas. Elle se fait aider par une amie intime de Bernadette Chirac, Françoise Dumas, et Massimo Gargia. Le 3 juillet, les trois amis ont ainsi tenu une soirée parisienne ultra mondaine. Avec un invité de scène prestigieux, Timbaland, ce chanteur compositeur américain de hip-hop et R’n’B. Une autre passion de Lola Karimova est de promener ses amis jusqu’en Ouzbékistan.
Un nouveau voyage de people chez Karimov est prévu pour décembre.
noire et son plongeant décolleté », nous a confié un convive, franchement admiratif. Aussi, la bellissima Bellucci a pu, comme elle le souhaitait, échapper aux journalistes. En échange de ces galanteries, elle a dû faire quelques compromis. Comme accepter de se faire photographier avec sa nouvelle amie. Ou s’inquiéter de ne pas froisser la susceptibilité de cette manière de princesse ouzbek. Selon notre convive, l’actrice aurait même
demandé, sans rigoler, comment devait-elle nommer la Lola : « Doiton l’appeler “Sa Majesté” ? » Ah ! Pas facile à organiser, ces grandes fêtes du beau et de la liberté. Surtout quand une centaine de milliers d’euros doit échapper, tout ou partie, au fisc. Ici, bien entendu, des précautions ont été prises. Avant d’atterrir sur les comptes bancaires de Monica, les 190 000 euros ont transité par plusieurs entreprises, dont une société hollandaise.
En septembre, la fille du président dictateur ouzbek avait déjà envoyé des invitations. Bernie Chirac, Alain Delon et la star belge du karaté-ciné, Jean-Claude Van Damme, en avaient accusé réception. Ces jours-ci, Lola Karimova a envoyé de nouvelles invitations pour un voyage prévu en décembre. Elle s’est sans doute sentie encouragée par la décision du Conseil de l’Union européenne, qui, dans sa grande clairvoyance, a levé, le 27 octobre, l’embargo sur les armes destinées à l’Ouzbékistan. Lola en décembre ? Mais c’est la mère Noël ! ✹ anaëlle verzaux
le pipole de la semaine
bernard laporte nous prend pour des bleus
B
ernard Laporte est décidément un petit malin et vient d’administrer une nouvelle fois qu’il était bien meilleur communicant que porteur d’esprit olympique. Dans le Parisien, notre « bleu en politique » a défouraillé, pour la promo de son livre, lequel flingue certains de ses anciens collègues du gouvernement. Dont Rachida Dati et Bernard Kouchner, présentés comme « grossiers, lâches et étroits d’esprit » et qui, comme l’assure notre ex-secrétaire d’État aux Sports, l’ont odieusement « méprisé ». « Jamais il ne m’a serré la main pour me dire bonjour. À ses yeux, je passe pour un bouseux. Un rustre, un bouffon même », assure Laporte à propos Kouchner. Et Bernard d’ouvrir encore plus la porte en se présentant comme un « Français moyen » qui se serait retrouvé la proie des grands fauves de la bourgeoisie parisienne. Un Français moyen capable d’investir 17 millions d’euros dans un casino et dont le mon-
tant des cachets publicitaires, avant qu’il ne devienne ministre, était évalué à 700 000 euros par an. Revenus auxquels il convient d’ajouter ceux de ses campings, restaurants, équipements sportifs et, donc, casino… Mais surtout, notre Cosette du SudOuest, tout en prenant soin de cibler deux de ses anciens collègues notoirement en disgrâce auprès de Sarkozy, prend aussi la précaution de nous rassurer. Eh bien non, il n’est même pas fâché avec le Président. Pas plus avec Xavier Bertrand, le patron de l’UMP. Ouf ! Et ce au moment même où ce dernier distribue les investitures pour les élections régionales… L’occasion pour notre bleu en politique de préciser qu’il est disponible et prêt « à servir », à se sacrifier, une fois de plus, pour ces mêmes régionales ✹ éric laffitte Bernard Laporte, Un Bleu en politique, éditions Presses de la Cité, 19 euros.
a Bernard Laporte, un malin en mêlée.
bruits de la ville
laeticia, Formi… formidable ! Heureuse femme que Laeticia Hallyday. L’épouse de l’idole des plus tout jeunes a été propulsée marraine du Prix des femmes formidables 2009. Un événement, organisé par Femmes Actuelles et qui se déroulera à l’hôtel de Ville de Paris salle saint Jean le 24 novembre prochain. Une bonne occasion de faire partager son expérience de femme de star. « L’infidélité de mon mari, il y a quelques années, a presque été une chance, confie-t-elle à ParisMatch. Je ne me suis jamais autant remise en question qu’à ce moment-là [...] plutôt que d’accabler l’autre, j’ai cherché où était ma part de responsabilité. » Voilà qui s’appelle donner l’exemple en espérant qu’il sera entendu d’un certain nombre de mauvaises coucheuses ! ✹ « FOG » en nage à Marseille Amoureux de la plus belle ville du monde, Franz-Olivier Giesbert, le patron du Point, a établi ses quartiers marseillais du côté du Vieux-Port. Après deux livres sur le milieu local, FOG a été adoubé. Au point de prendre ses aises et ses bains au Cercle des nageurs de Marseille, aux abords de la corniche Kennedy. Célèbre pour ses nageurs qui gorgent les rangs de l’équipe de France (Frédérick Bousquet, Fabien Gilot), ou pour son équipe de water-polo, le Cercle se veut aussi l’endroit où il faut être vu à Marseille. Et où le tout politique se donne rendez-vous. FOG sent encore bien les coups ✹ charles dantzig filtré « express » L’Express Style a consacré, dans son dernier numéro (12/11), une interview à Charles Dantzig, poète, essayiste et romancier, notamment auteur du Dictionnaire égoïste de la littérature française. Lors de l’entretien, Dantzig s’en était pris à Marie NDiaye, prix Goncourt pour son livre Trois femmes puissantes, à qui il reprochait surtout son style, malhabile. Las ! Dans l’interview publiée, nulle trace de l’allusion à Marie NDiaye, au grand dam de Dantzig. Après l’intervention d’Éric Raoult, qui a rappelé la primée à un devoir de réserve rêvé, suite à ses propos sur la « France monstrueuse » de Sarkozy, celle de Dantzig aurait sans doute provoqué des vagues… Trop stylé pour l’Express ? ✹
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
Au bazar des médias | 9 à la presse
témoignage
les émois d’un kiosquier
vite fait querelles provençales
Entre le conseil général des Bouchesdu-Rhône et le quotidien la Provence, l’heure n’est pas aux grandes embrassades. Tenu par la gauche, le CG 13 reproche au journal une ligne trop proche de la mairie aux mains de la droite. Mais une vieille rancœur attise aussi ces braises. Ancien du Provençal, le dir’ com’ du département, Gilbert Gaudin a, dans une autre vie, bossé dans les colonnes de l’ancêtre rose de la Provence, le Provençal. À l’époque, le bon Gilbert avait été lourdé par son rédacteur en chef Didier Pillet. Devenu depuis grand boss de la Provence. Il est des souvenirs douloureux ✹
Internet, NKM protège vos données
«
Q
u’elle était belle cette époque où croissant et café rimaient avec journal. Où le passant s’arrêtait devant notre étal pour humer l’odeur des magazines. Ce plaisir immuable pour le marchand de s’intéresser à la vie de ses clients, de saluer les « inspecteurs de presse », qui venaient vous vanter le bien-fondé de leurs magazines. Chacun sa belle époque, pour moi, ce fut celle-là. Après 32 ans dans ces cabanes appelées kiosques, je n’ai plus cette rage qui donne envie de travailler. Car nous avons été trahis. On nous fait croire que les gratuits feraient lire les jeunes et amèneraient une nouvelle clientèle. Non seulement les jeunes ne sont pas venus, mais nos propres clients ont été happés par cette lecture standardisée dont le seul intérêt est sa gratuité. Internet ? Les éditeurs se sont appliqués à donner leurs sites, convaincus qu’il y aurait un retour sur le papier. Là aussi, rien. Quant à l’absurdité de la course à l’abonnement, invitant les lecteurs à ne plus se rendre dans les kiosques, elle ne fait que progresser. Il ne nous reste qu’à empiler dans nos linéaires ces packs soldés proposés par les grands diffuseurs qui ne font que mettre à
mal les petits éditeurs. Je m’adresse à vous, messieurs des grands groupes de presse. Ne nous demandez plus d’efforts, nous avons assez donné. Je n’ose plus parler de nos conditions de travail, moi qui ai la chance d’en avoir. Mais peu de personnes accepteraient de faire autant d’heures [de 5 heures à 19 heures, six jours sur sept, ndlr] qui, ramenées au taux horaire donneraient envie à un chômeur de rester chez lui.
Nostalgie et trahison sont deux mots qui expriment le désarroi de ce métier. De par votre égoïsme, la plupart des kiosquiers à l’âge de la retraite ne trouvent pas de repreneurs pour leur boutique tant le métier est difficile. D’autres partent avec des dettes, sans oublier l’état de santé peu reluisant après autant d’années de dur labeur. Oui, nostalgie et trahison sont deux mots qui expriment le mieux ce désarroi d’une profession qui n’en est plus une, qui va s’éteindre dans le temps, parce que vous avez tout fait pour que le petit ne grandisse jamais » ✹ Pascal Clément, kiosquier, 10, place Gambetta (Paris XXe)
Toute contente de pouvoir rendre compte du cycle Internet pour la création musicale, Nathalie Kosciusco-Morizet en a oublié quelques règles élémentaires de communication. Alors que son cabinet s’est fendu d’un mail aux journalistes afin de leur transmettre la synthèse de ces rencontres, une petite main a oublié d’adresser le fameux courriel en ajoutant les adresses en copies cachées. Résultats, plusieurs centaines d’adresses électroniques, contenues dans le listing du ministère, principalement des adresses professionnelles, mais aussi personnelles, dévoilées à autant de destinataires. Mais que fait la CNIL ? ✹
Canal+ se serre la ceinture
À l’occasion des 25 ans de Canal, le patron de la chaîne, Bertrand Méheut, a convié ses ouailles à festoyer le 19 novembre à la Halle Freyssinet à Paris. Las ! Économie oblige, les salariés ont reçu une invitation valable pour une seule personne. Les conjoint(e)s sont donc priés de garder les chiourmes. Les fêtes Canal, c’est plus ce que c’était ✹
Ambiance à France 24
Après la grève à RFI, et les multiples recours contre le plan social, c’est au tour de France 24 de subir les diktats de Pouzilhac et d’Ockrent. Dernière victime en date, la DRH maison, priée de déguerpir. Son pot de départ n’a même pas eu lieu dans les locaux de la chaîne. Et ce sont près de 80 personnes qui ont sifflé du champagne, en douce, sur une terrasse en face de la chaîne, à l’insu des patrons ✹
gratte-papier
vincent Bolloré vu du sol
V
enu de son lointain Finistère dans le but d’endosser le costume de Rupert Murdoch hexagonal, Vincent Bolloré, le copain nautique de Sarko 1er, n’en finit plus de gaspiller des arbres avec Direct Soir et Direct Matin Plus. Si leur lecture est à pleurer, les promenades effectuées incognito par Bakchich dans la tour Bolloré, sise à Puteaux (Hauts-deSeine), sont, elles, plutôt marrantes. Si ce n’est franchement navrantes. Choses vues chez Bolloré, passées et présentes. Subi. Philippe Labro, conseiller médias de Vincent, hurlant de bon matin, soit parce qu’il est de très bonne humeur (c’est souvent le cas), soit parce qu’il aime à pousser la chansonnette (ce qui est tout aussi fréquent mais totalement insupportable), soit parce qu’il y a un tas de bêtises dans le journal (ce qui est hélas le cas tous les jours). Heureusement pour lui, Direct 8 l’accapare. Vu. Bolloré himself faisant visiter la rédaction à ses amis du CAC 40. L’Oréal, Carrefour… Quand ce ne sont pas les politiques, Christine Albanel, Sarkozy (alors aspirant président), Hollande mais aussi –
intérêts économiques obligent – des représentants de chefs d’État africains, accompagnés par Christian Studer, homme aux multiples casquettes et qui a la confiance de Vincent. Dans ces cas-là, la fierté de Bolloré n’est pas mince. Le boss pérore et dégouline de bonheur à montrer sa « danseuse » aux puissants, à en raconter le fonctionnement et surtout à en livrer les chiffres de diffusion, de « prises en main » comme il aime le dire.
Quand Bolloré montre sa danseuse aux puissants, il dégouline de bonheur. CROISÉ. Jacques Séguéla, 75 ans paraissant 90 (mais avec une Rolex), ami du patron, qui pond tant qu’il peut des éditos infusés dans l’autobronzant. Il n’est pas rare non plus de tomber sur Yann Arthus-Bertrand, un ami de Bolloré lui aussi. Le premier voit du ciel que le second produit des voitures électriques. Ils s’entendent. Entendue. Madame Bolloré au téléphone. Préserver les intérêts de son mari est une tâche importante. En 2007, une belle double page sur Poutine président en a pris pour son grade. Et voilà donc madame qui coupe à tour de bras un article prêt à partir sous presse, via le directeur de la publication d’alors, Christian Studer. Les actes de caviardage sont fréquents dans la maison Bolloré, et pas qu’avec les papiers du Monde ou de Courrier international dont on entend parler régulièrement. Mais désormais, ce n’est plus elle qui tient les ciseaux. Constaté. Une majeure partie des effectifs employés à la fabrication des journaux (éditeurs, maquettistes, iconographes, photograveurs…), soit plus de quarante personnes, sont intérimaires. Tranquillité et flexibilité assurées. C’est bien, c’est beau, c’est Bolloré. ✹ ali bhi
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| Au bazar du Bazar
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
truqué goinfres
états-unis Le lobby de la santé dépense sans compter pour protéger ses profits. Et sait être généreux avec les politiques. Pas étonnant que la réforme du système coince.
La réforme de la santé malade du fric
C
haque année, plus de 44 000 Américains meurent faute d’assurance maladie. C’est dire l’urgence de la réforme du système de santé. Pourquoi diable le Congrès tarde-t-il à la voter ? Parce que ce système fonctionne au profit. Et que pour protéger leurs bénéfices, les industries de la santé et les assurances dépensent des sommes obscènes. À Washington, entre janvier et septembre 2009, les grandes sociétés américaines ont versé 2,5 milliards de dollars à quelque 13 348 lobbyistes. Selon les chiffres officiels (la loi fédérale exige que les revenus des lobbyistes soient publics), l’industrie de la santé a, à elle seule, dépensé 396 millions de dollars pour son lobbying. Somme à laquelle il faut ajouter 39,3 millions de dollars empochés par les lobbyistes des assurances. Soit 435,3 millions de dollars essentiel-
lement consacrés à contrer le projet de réforme du système de santé ou à en diluer les parties menaçant leurs profits. Quand un lobbyiste entre dans le bureau d’un membre du Congrès, il est en terrain conquis. Il sait les obligations de ces élus achetés avec le fric de ses employeurs qui financent les campagnes électorales.
Un lobbyiste connaît les lourdes obligations d’un élu acheté. Ainsi, selon une récente enquête du Center for Responsive Politics qui surveille l’argent des politiques, les 177 républicains et 39 démocrates de la Chambre des représentants ayant voté contre la réforme du système de santé le 7 novembre avaient, en moyenne, reçu chacun 502 650 dollars des
industries de la santé et des assurances pour leurs campagnes. Soit 16 % de plus que ce qu’ont touché les 219 démocrates et le seul républicain ayant voté pour la réforme. Ceux-ci n’avaient empoché « que » 437 100 dollars chacun. Ce chiffre explique en partie pourquoi le projet de réforme voté par la Chambre était aussi timoré… D’après le Washington Post, cette année, les plus grosses sociétés du secteur se sont offert les services de plus de 350 anciens membres ou staff du Congrès et du gouvernement. Parmi eux, Dick Gephardt, président des démocrates à la Chambre des représentants de 1989 à 2003, et Dick Armey, au même poste pour les républicains entre 1995 et 2003. Mais aussi les deux chefs du précédent cabinet du sénateur Max Baucus, le président (démocrate) de la Commission des Finances du Sénat chargé de fabriquer la réforme de la santé à la Haute chambre. Et ainsi de suite… N’oublions pas non plus l’ancien membre de la Chambre Billy Tauzin. Élu démocrate en 1972, puis républicain en 1995, il a quitté la Chambre en 2005 pour devenir le chef lobbyiste de l’industrie pharmaceutique. Pour 2,5 millions de dollars. Lors de sa campagne, Obama s’est offert une pub télé attaquant Tauzin pour avoir bloqué la négociation sur les prix des médicaments achetés par le gouvernement. Mais en août dernier, Obama président a conclu un deal secret avec Tauzin pour protéger ces mêmes prix. Coût pour le contribuable : 76 milliards de dollars. Qui ose parler de réforme du système de santé aux États-Unis ? ✹ doug ireland
réclame
le foot, patriote économique
A
h ! Enfin une France verte. Mercredi soir, ce seront 25 000 spectateurs habillés tout de vert dans un stade. Le rêve de Nicolas Hulot réalisé ? Une déferlante écolo prompte à rallier Dany le Rouge et tous les amoureux du bio ? Que nenni. Les milliers de Trèfles qui vont envahir le Stade de France viendront mater du foot et beugler leur amour pour l’équipe d’Irlande, qui affronte celle de l’Hexagone. Oui, c’est du ballon
tout rond. Et toutes les gazettes ne parleront que de ce match, qualificatif pour la Coupe du monde 2010. Bref, savoir si le prix des spots de pub télé, en juin prochain, va ou pas exploser. Un prix qui dépend de la présence de l’équipe bleue dans le grand raout planétaire du foot en Afrique du Sud. Et là, on ne rigole plus. Il y a des sous en jeu. Trop pour que l’Équipe se permette de faire des unes un peu goguenardes.
Alors quand le quotidien annonce en une, sur la photo du sélectionneur français Raymond Domenech, « Leur chance [aux Irlandais] c’est lui » (12/11), l’artillerie tonne. Déstabilisation avant un match important. Talkshow, radios et télés s’en mêlent. Bon, l’Équipe s’en moque, elle ne passe pas de spots, juste des pages imprimées. Pour l’audio et le visuel, en revanche… Hourra, le patriotisme économique n’est pas mort ✹ g. j.
Les marges de dingue de la distribution
O
n en viendrait presque à leur dire merci. Ces chères enseignes de la grande distribution qui, justement, s’échinent à l’être moins, chères. Il faut voir la pub pour le site quiestlemoinscher.com de Leclerc, comparant les prix. Il faut entendre aussi ce bon Michel-Édouard Leclerc, patron de l’enseigne du même nom, affirmer au micro d’Europe 1 que ses magasins sont taillés pour la crise. « Les consommateurs vont là où c’est moins cher. Donc chez nous. » Son arme anticrise ? Sa « MDD », sigle barbare signifiant « marque de distributeur ». En clair, la « marque Repère » et sa cohorte de produits à petits prix, contrôlés de A à Z par Leclerc, et que l’on ne retrouve que chez lui. C’est vrai que c’est moins cher : en gros de 20 à 30 % par rapport à un produit équivalent de marque nationale, comme Nestlé ou Danone. Un avantage considérable en temps de crise. Alors merci les MDD et merci les gentils distributeurs ? Pas franchement, non. Si l’on creuse bien, la bonne définition à donner à ces MDD serait plutôt « marges de dingue ». Sous couvert d’être utiles à la consommation et au pouvoir d’achat des Français, Leclerc, Carrefour, Auchan et autres Système U ont en effet tendance à se goinfrer goulûment. Un exemple, sur le jambon. Sur les quatre tranches de marque nationale, vendues 2,69 euros, la marge brute du distributeur – il faut
bien vivre – est de 6 %. Sur les même quatre tranches, mais version MDD, vendues 2,07 euros, la marge grimpe à… 32 %. Une paille ! « La MDD, de par ses prix de vente, est une marque de combat, observe un consultant, spécialiste de la distribution. Elle est surtout une marque de rentier. »
« À mon sens, il y a là un grand scandale », analyse un spécialiste du secteur. Certes, les enseignes ont beau jeu de dire que ces marges servent à payer les salariés, l’électricité ou les loyers, etc. Mais tout de même, cela fait beaucoup. « À mon sens, il y a là tous les ingrédients pour un grand scandale », observe le consultant. Une vraie bombe à retardement, quand les consommateurs se rendront compte de la réalité des niveaux de marges pratiquées. Comment réagiront-ils alors ? Version 1 : « Ce n’est pas grave, j’ai payé moins cher, c’est tout ce qui compte. » Version 2 : « Je me suis fait avoir ! J’aurais pu dépenser encore beaucoup moins. » Les paris sont ouverts… ✹ Hugo Hélette Retrouvez tous nos articles conso dans la rubrique Modes de vie sur www.bakchich.info
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
Bédéreportage | 1 transports
rame La semaine dernière, les usagers des lignes A et B du RER ont été confrontés à une nouvelle grève des conducteurs. Pakman, habitué des sous-sols de la ligne B, était là pour saisir les instantanés d’un quotidien malmené.
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| Gamberge
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
(d)ébats mot pour mot
big bizness
l’or a une cote d’enfer matthieu adenil Professeur éconoclaste d’une grande école de commerce.
K
eynes, à propos de l’or, parlait d’une « relique barbare » promise à une rapide disparition. Désaveu pour le grand économiste, l’or est plus présent que jamais. Son cours monte (1 100 dollars l’once), et ceux qui annonçaient il y a six mois sa chute rapide vers les 600 dollars anticipent désormais les 1 500 dollars. l’once profite du sauve-qui-peut général face au dollar Tout le monde y va de son explication, mais la plus simple est le sauve-qui-peut face au dollar. Avec, au premier rang, l’Asie. Le FMI, conformément aux exigences des États-Unis, a commencé une série de ventes de son or pour venir en aide aux pays en difficulté. À peine l’adjudication a-t-elle été ouverte que la Banque
de réserve d’Inde a soumissionné pour l’ensemble du lot. La Banque populaire de Chine achète, elle, sur les marchés. Dans ses tractations avec la Russie, la Chine a clairement indiqué qu’elle ne souhaitait plus utiliser la monnaie US. Pékin a prêté des dollars à Moscou en difficulté, mais a demandé que le remboursement se fasse pour partie en or, pour partie en pétrole ; le contrat spécifiant la quantité physique à livrer. En Europe point une certaine angoisse. En 2008, la Chine avait essayé d’acheter sur le marché des changes tous les euros disponibles, provoquant une montée spectaculaire du taux de change euro/dollar. Tant que l’or permet
de satisfaire les détenteurs de capitaux asiatiques, tout va bien. Les Européens profitent du répit pour demander régulièrement aux Américains de remonter leurs taux d’intérêt afin de rendre le dollar plus attractif. Sans succès. Le patron de la Ré-
serve fédérale, Ben Bernanke, se borne à décrire que sa politique monétaire des six prochains mois sera conforme aux nécessités du moment. Et qu’il en changera en temps voulu… les spéculateurs accompagnent la soif asiatique d’or Pas de quoi rassurer les opérateurs ! En France, le fantôme de Raymond Barre hante les salles de marché : le « meilleur économiste de France » pensait que le prix de l’once d’or devait être égal à dix fois celui du baril de pétrole. Le prix du pétrole devrait donc bondir vers les 100 dollars – il se situe actuellement autour des 30 dollars. Heureusement, les spéculateurs internationaux sur les matières premières n’ont jamais entendu parler de Raymond Barre et, pour le moment, ils accompagnent la soif asiatique d’or en achetant pour faire monter les prix. Accessoirement, d’autres prix montent. Dernière bulle à la mode, celle du « petit déjeuner ». Le thé, le café, le jus d’orange ont vu leur prix prendre plus de 50 % depuis janvier. Rassurons-nous, même chez les riches, les cuillères ne sont pas en or, mais en argent ✹
triche
les IUT zyeutés par Les facs pierre lerouge Professeur agrégé d’un IUT parisien.
L
a semaine passée, les patrons des Instituts universitaires technologiques (IUT) faisaient le siège de l’Assemblée nationale et du Sénat. Ils défendaient leurs établissements contre les universités. Depuis un an, la Loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités (LRU) remet en cause la spécificité des IUT. Lors de leur création, en 1966, le législateur avait pris soin de défendre cette expérience pédagogique. Les budgets de ces instituts étaient « fléchés » pour les protéger de leur fac. La nouvelle loi pourrait mettre fin à cette belle parenthèse, destinée pour l’essentiel à la promotion des classes populaires. Les admissibles en IUT sont chanceux. Ils suivent un nombre d’heures de cours conséquent.
Certaines formations dispensent jusqu’à 1800 heures en deux ans. Même si, faute de moyens, les étudiants ont rarement droit à la totalité de la formation, les étudiants en IUT bûchent en moyenne six heures par jour. Ce qui donne un taux d’encadrement que l’université n’atteint que dans les masters (bac +5). les iut ont des taux de réussite bien meilleurs que ceux des facs Le taux de réussite s’en ressent. Plus de 80 % des étudiants en IUT en sortent diplômés. À niveau de diplôme équivalent, en 2001, l’université atteignait difficilement les 45,5 % de succès au Deug. Obsédés par les critères de Shanghai, qui ne jugent les universités qu’au travers de leur recherche, certains présidents de fac ont commencé à rogner sur les
cours des IUT pour les alouer à d’autres départements et libérer ainsi les chercheurs. La LRU demande aux universités de développer leurs «ressources propres». Dans ce domaine, les IUT ont beaucoup d’avance. Ils ont su développer la formation en alternance et proposer des formations continues. «Certains d’entre nous ont bien plus de 50 % de leur budget en propre», nous a
confié un directeur d’IUT de la région parisienne. En bons gestionnaires et en mauvais entrepreneurs, des présidents de fac ont lancé des OPA sur ces formations, essentiellement des licences professionnelles, pour profiter des revenus générés, comme dans le Sud-Ouest. Pour calmer le jeu, Valérie Pécresse annonce « garantir » les budgets des IUT pour 2010. Pour 2011, il faudra sans doute encore manifester. les bacheliers préfèrent l’iut pour préparer les grandes écoles L’université ne supporte pas l’efficacité de ces IUT, que les bacheliers choisissent pour préparer les grandes écoles. À la sortie des DUT, bien formés, les étudiants intégrent par concours des écoles prestigieuses. Les facs, en réduisant les moyens des IUT, sont persuadées qu’elles vont récupérer les bons élèves. Elles peuvent rêver ✹
O
n sent bien que le débat sur l’identité française est piégé, mais pas comme certains le clament : on imagine mal qu’il aboutisse à une nuit de la Saint-Barthélemy éliminant tout ce qui ne porte pas le béret, ne boit pas de pastis, ne mange pas de saucisson et ignore les paroles de La Marseillaise. En revanche, ce débat est piégé en ce qu’il paraît forcément mettre en cause des différences culturelles, religieuses, ethniques – ce qui est vain, puisque, chacun le sait, les races n’existent plus, les religions sont une peste et la culture un concept aussi flou que la syntaxe des rappeurs. Bref, on nous invite à parler poliment de la couleur des peaux et du drapeau. L’identité française, ce n’est pas forcément cela. Car rien de tout cela n’est marqué, justement, sur notre carte d’identité. Ni la couleur de peau (alors qu’aux États-Unis, on est noté « caucasien » quand on est blanc), ni la religion (la Grèce et la Pologne ont rechigné à ne plus l’afficher), ni les préférences sexuelles (qu’il vaut mieux cacher dans tous les pays musulmans lorsqu’on n’est pas hétéro ou sultan). L’identité française, de nos jours, c’est se culpabiliser pour la première croisade, et sûrement pas célébrer la prise de la smala d’Abd-el-Kader (les Anglais, eux, ont encore des « régiments indiens »). L’identité française, c’est peut-être, justement, une conscience historique très critique qui nous fait approuver l’édit de Nantes et regretter sa révocation, dénoncer la Terreur en oubliant une Révolution qui a inventé la citoyenneté moderne, traiter Napoléon comme un monstre (les autres pays, anglais compris, n’en reviennent pas !), ruminer sans fin la collaboration et refuser, par la laïcité, la référence identitaire, évidente pour quasiment tous nos voisins, d’une religion prééminente. Mais on peut aussi dire qu’être français, c’est tout simplement payer ses impôts. Oui, l’égalité devant l’impôt est au cœur de notre identité politique, c’est le socle de la République, le ciment de notre communauté civique. Que ceux qui, grâce au bouclier fiscal, soustraient une part de leur fric à la CSG lèvent la main. Que ceux qui ont des hypermarchés en France mais vivent en Belgique lèvent la main. Que ceux qui font des matchs ou des concerts en France mais sont résidents suisses lèvent la main. Votre carte d’identité française, on vous la rendra quand vous aurez payé. Cela nous économisera deux ou trois emprunts, et un débat en trompe-l’œil ✹ jacques gaillard
Un peu de culture | 3
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
mille-feuilles chat-pitre
Maan, le chat qu’expire Jacques-Marie BOURGET
Trente ans de journalisme de guerre, du Vietnam à l’Intifada, et une balle de M16 dans le poumon gauche. Le conseiller éditorial de Bakchich a lu Maan, dans ses pensées, un livre pas bête du tout.
L
e grand mieux, dans la vie des sédentaires, c’est l’existence de types comme Éric Raoult. Avec des garçons comme lui, c’est-à-dire des députés ou ministres, des associations communautaristes, des gangs religieux ou philosophiques, la guillotine à couper les mots s’érige aussi vite qu’une tente de SDF sur les bords d’un canal. Publier redevient un sport de combat. Plus besoin de courir, de manger trois fruits et cinq légumes : il suffit d’écrire, le mot est brûleur de lipides. Flash-black : Marie NDiaye, un écrivain de talent noir de texte et de peau, reçoit le prix Goncourt. Elle explique que c’est pour échapper au régime Sarkozy, qu’elle a décidé de vivre à Berlin. Éric Raoult, panseur de banlieue, crie que le prix du Goncourt est de fermer sa gueule. L’imbécile. Une France devenue féline Passons à l’intelligence : parlons des chats. Cocteau a dit : « Si un chat coûtait un million, tout le monde rêverait d’en avoir un. » Sommes-nous millionnaires puisque la France est féline ? Et comme nous avons beaucoup de
chats, mais aussi des chiens, des tortues et des canaris, nous avons des vétérinaires. Tant mieux quand ils ont la qualité de Frantz Cappé. Comme Céline, et pas loin du passage Choiseul, il fait docteur et écrivain. Son Maan, dans ses pensées a le pouvoir de faire dérailler nos voyages au bout de l’ennui.
Pas sot et en cavale, la héros-chat se réfugie dans une clinique vétérinaire de la place des Victoires. Locaux vides et pas de lumière depuis que le docteur Maan est tombé dans un coma inexplicable. C’est Lucile, genre Deneuve dans Belle de Jour, qui prend le relais du comateux, découvre l’emplacement du disjonc-
Badiou dit I love you
P
Un cavaleur nommé Marlon Mais, grâce à une puce électronique, la blonde découvre que le sans-papiers se nomme Marlon. Est le chat d’Hermes Law, un
Si l’on se demande quelle mouche a piqué notre penseur le plus exporté pour qu’il se lance dans cet éloge inattendu, celui-ci rappelle cet avertissement platonicien : « Qui ne commence par l’amour ne saura jamais ce que c’est que la philosophie ». Convoquant la Bible, Beckett, Lacan, Vitez et bien d’autres, il fustige les visions libérales qui voudraient faire de l’amour un risque inutile et le propose même comme ultime lieu de résistance à l ’ o b s c é n i t é m a rch a n d e. « L’amour est à réinventer », écrivait Rimbaud. Réinventer l’amour, c’est réinventer cette réinvention, ajoute Badiou. Comprenne qui aimera ✹ pascal fioretto Éloge de l’amour, d’Alain Badiou (avec N. Truong), éditions Flammarion, 12 euros.
final emballé Bien sûr, l’errance de la bête est l’occasion de réjouir l’homme. Avec ce félin qui fait l’autre, et Maan et Marlon, nous visitons le plus beau de Paris. À la Comédie-Française, nous aimons en passant Catherine Samie, admirable doyenne qui est le relais et le château de notre chat. À Saint-Tropez il y avait jadis un chien, snob bien sûr, qui, à chaque fin de saison, testant un nouveau maître, repartait dans une nouvelle auto. Marlon n’est ni gigolo ni maquereau, juste jouisseur pas pressé. Et c’est Lucile qu’il aime. Au point de griffer les testicules d’un amant. Il l’aime pour elle et voulant son bonheur, lui souhaite du Lancelot, du Tristan, du Breton, du Badiou : l’amour fou avec Hermes. Pendant que Marlon fait sa Meetic besogne, le docteur Maan vit dans un drôle de coma. Sa chambre devient jardin et lui-même chat. Ce qui prépare un final drôlement emballé. Au bout du compte, je me demande si Frantz Cappé raconte ici la vie d’un vrai félin… Il y a longtemps que les chats chez lesquels j’habite, Fœhn et Halva, écrivent eux-mêmes leurs livres. Gare au Raoult ✹ Maan, dans ses pensées, de Frantz Cappé, éditions Coëtquen, 21 euros. www.maan.fr
a Les pensées du chat Maan détonnent par leur humanité. Le lecteur miaule de plaisir.
Textuellement
ris entre les dealers de couples « zéro défaut » et les tenants d’un hédonisme généralisé qui font de la relation amoureuse une figure « zéro risque » de la jouissance, l’amour traverse une mauvaise passe. Dans sa variante sécuritaire électronique (Meetic, etc.), le hasard est banni. Dans sa version libéralo-hédoniste, les aléas de la passion sont exclus. Et Alain Badiou de s’interroger : de quoi l’amour est-il le nom ? Un cache-sexe aux pulsions ? Un élan religieux ? Comme l’a pressenti Platon, l’amour est avant tout la chance d’expérimenter le monde du point de vue de la différence. Pour l’auteur de L’Hypothèse communiste, expérimenter ce « deux » amoureux, c’est transformer le hasard de la rencontre en destin. Une véritable « expérience métaphysique de l’éternel ».
teur, et le félin aussi doué que Jean-Sébastien Bach dans l’art de la fugue. Elle le nomme Maan, comme l’ancien véto.
acteur, un Sam Shepard qui serait anglais. Quand il ne bassine pas le public de Londres avec son Shakespeare, il brûle les scènes parisiennes, et séjourne à l’hôtel Renaissance Vendôme. C’est d’ici que le marathon Maan part en promenade.
bédé
des nouveaux pieds nickelés au poil
V
oilà cent ans que Les Pieds Nickelés guignent le siècle du haut de leurs échasses ! Traversant les guerres, les crises, les républiques, les ferventes fois et les foires à grandes enjambées. BD après BD, cases après cases. Retraités pendant les années Chirac, les joyeux Filochard, Croquignol et Ribouldingue trinquent à nouveau au champagne après une cure de tisane. Goût des bulles oblige ! Et d’un humour qui pétille dans un album inédit, Pas si mal logés !, sous le coup de crayon et la plume de Trap et Oiry, aux éditions Delcourt. Nos farfadets ont beau avoir quelque peu vieilli, ils ne se sont pas abandonné aux privilèges et à la paresse de l’âge. Plutôt que bouquiner au coin du feu et regarder Patrick Sabatier, ils préfèrent investir un lavomatique et le transformer en hôtel de
passe pour les souffrants du bitume. Noble entreprise qui les mène de galères en galères, de rencontres de sans-papiers à une chanteuse aguicheuse et un maire aussi tordu qu’un Vélib’ accidenté. Finies les grandes heures où les compères truandaient les « boches », à l’image d’une France résistante, à laquelle Louis Forton, leur créateur, voulait rendre hommage. Place aux maux de notre époque soignés à la débrouillardise et à la bêtise culottée. Les dialogues sont toujours aussi truculents et bien sentis. À Ribouldingue pour qui « cet hôtel est plus vétuste que les culottes de ma grand-mère », Croquignol relativise : « assez trimé, passons à la rigolade ». Pierre Tchernia avait décidément raison : « Les républiques passent, Les Pieds Nickelés restent ! » ✹ Louis Cabanes
La nouvelle bande des Pieds Nickelés, Pas si mal logés!, par Trap et Oiry, éditions Delcourt, 9,95 euros.
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| Un peu de culture
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
Derrière l’écran on s’fait une toile ?
Kinatay, choc à manille marc godin
Un jeune garçon et une prostituée embarqués pour un voyage au-delà de l’horreur. Insoutenable et virtuose, un film en forme de piège, Prix de la mise en scène à Cannes.
E
t Kinatay, ça vaut quoi ? - Avec Antichrist, c’est la proposition de cinéma la plus radicale, la plus novatrice, la plus excitante de l’année. - Rien que cela ? - Oui, et beaucoup plus encore. Tu te souviens, la semaine dernière, nous devisions gaiement sur L’Enfer. L’idée d’Henri-Georges Clouzot, c’était de donner à voir l’intérieur du cerveau malade de Serge Reggiani, rongé par la jalousie. Ici, même topo. Pendant 1 h 50, le cinéaste philippin Brillante Mendoza nous plonge dans l’exil mental de son héros, nous fait ressentir ses angoisses, sa peur grandissante, son horreur. Kinatay, « massacre » en philippin, est plus qu’un film, c’est un thriller expérimental, une expérience physique limite, un trip hypnotique, poisseux et épuisant. - Oh, t’emballe pas. C’est quoi le pitch, au juste ? - Nous sommes à Manille, mégapole aux mille odeurs. C’est le grand jour pour Peping, étudiant en criminologie qui se marie. Pour faire vivre femme et enfant, il accepte une mission bien payée. Avec plusieurs hommes de main,
il embarque une prostituée endettée dans un van pourri, destination un pavillon isolé de la banlieue de Manille. Mais bientôt, la violence explose, monstrueuse, cauchemardesque. - C’est Hostel, ton truc ? - L’exact contraire. Il y a bien sûr une séquence insupportable, le viol, le meurtre et le découpage à la machette du tapin, mais la violence de Kinatay n’est pas graphique, elle est psychologique. De l’horreur, on ne verra que quelques fragments, filmés comme un snuff movie. Des images insoutenables qui font écho à la séquence d’ouverture, virée bucolique dans les rues de Manille, où l’on assiste à l’abattage et au dépeçage d’un coq prêt à être vendu dans la rue. Lauréat du Prix de la mise en scène à Cannes, Brillante Mendoza construit son film comme le piège ultime, un peu comme Gaspar Noé avec Irréversible ou Michael Haneke avec Funny Games. - Explique. - Avec de longs plans séquences tournés en numérique, Mendoza cadre ou décadre Peping (dont le prénom évoque beaucoup Peeping Tom, « voyeur » en anglais), pas toujours net, souvent flou, simplement éclairé par les pha-
res des autres voitures ou les lampadaires. Mendoza tourne quasiment en temps réel, dilate le temps. Le voyage s’éternise, la tension monte, amplifiée par la bande-son boostée d’infra-basses, tandis que, de temps à autre, la prostituée attachée entre les sièges reprend connaissance. C’est un supplice pour les deux personnages et pour le spectateur qui se recroqueville dans son fauteuil de douleur. Si, dans Serbis, Mendoza nous faisait sentir l’urine et le sperme d’un ciné porno, il parvient ici à nous connecter directement avec le cerveau de Peping et nous inocule la terreur indicible qui le ronge. La fin sera inexorable, comme dans une tragédie antique, quasiment une délivrance. Et ce trajet aux enfers d’une trentaine de minutes restera dans l’histoire du cinéma. - Tu pousses pas un peu, là ? - Vérifie toi-même, si tu l’oses. - Conclusion ? - Kinatay est inspiré d’une histoire vraie ✹ Kinatay de Brillante Mendoza, avec Coco Martin, Maria Isabel Lopez. En salles le 18 octobre.
Lettre à Anna d’Eric Bergkraut
« Pourquoi suis-je encore en vie ? C’est, je crois, un miracle. Oui, un miracle. » Le miracle n’a pas duré bien longtemps puisque la journaliste russe Anna Politkovskaïa, ennemie intime de Vladimir Poutine, a été assassinée le 7 octobre 2006 (jour du 54e anniversaire de Poutine) dans le hall de son immeuble. Commencé en 2003, le film d’Eric Bergkraut est une chronique effrayante de la Russie des années Poutine, doublée d’un portrait sensible de cette journaliste, morte pour ses convictions, qui déclarait « tant que Poutine sera au pouvoir, on ne pourra pas vivre dans un pays démocratique. » WholeTrain de Florian Gaag
Quatre graffeurs n’ont qu’un rêve : recouvrir intégralement un train (d’où le titre), malgré la police et une bande rivale. Si le premier film de l’Allemand Florian Gaag n’est pas exempt de lourdeurs et de défauts, sa description du quotidien d’artistes de rue, bercée par une superbe bande-son hip-hop, est un magnifique concentré de culture urbaine. Frais et décontracté.
Rapt de Lucas Belvaux
Capitaine d’industrie, Stanislas Graff est kidnappé par des truands qui lui coupent un doigt et exigent une rançon colossale. Lucas Belvaux s’inspire de l’histoire du baron Empain et signe un nouveau thriller social un peu trop bien-pensant, dans la veine militante de La Raison du plus faible. Si le film ne convainc qu’à moitié, Yvan Attal offre néanmoins une de ses meilleures performances. Twilight chapitre 2 Tentation de Chris Weitz
Le premier Twilight était cucul et tristounet, un concentré de mièvrerie pour ados abstinents, avec des kilos de gel dans les cheveux des acteurs, mais pas une goutte de sang ! Bizarrement, le second volet n’a pas été présenté à la presse… On imagine néanmoins un film tout aussi passionnant, avec des petits bisous dans le cou, un loup-garou culturiste et tout poilu, et plein de gros plans sur le ténébreux Robert Pattinson. Sur ce coup-là, on passe… strella de Panos H. Koutras
Après quinze ans de prison, un Grec entame une relation avec un transexuel. Un film maladroit, décevant, qui louche sur les Almodóvar première période ✹
a Lettre à Anna, une plongée dans la Russie de Poutine.
zappette
chasseurs de stars, prêts à tout pour savoir n’importe quoi
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l est toujours bon pour un journaliste qu’une polémique s’enflamme sur les braises de son enquête. L’équipe de Tac Presse, qui vient de consacrer un documentaire sur les méthodes chocs des paparazzi, diffusé en ce moment sur Canal +, le sait bien. Sauf que cette investigation a bien failli ne jamais voir le jour et rester coincée dans les couloirs du Palais de justice. Pour le journaliste de Tac Presse, les ennuis ont commencé quand il a approché de trop près Michèle Marchand. « Mimi », ex-gérante de cabaret devenue l’une des principales informatrices de la presse people, usait de ses activités pour se tisser un réseau de bavards, flics, jet-setteurs et même proxénètes. Ce qui lui a valu de bosser pour Voici en 1997. En 2002, sentant peut-être qu’il était indélicat de manger des petits-fours avec ses amis people tout en balançant sur leurs vies privées, Mimi assure, visage masqué, qu’elle se range des voitures. La Mata Hari de la presse people part
« s’occuper de ses tomates ». Promis. Las ! Les journalistes l’ont piégée. Et démontré qu’à 62 printemps, la dame œuvrait encore secrètement dans les bas-fonds de l’info supposée glamour, n’hésitant pas à ragoter avec ses potes de VSD, Voici et Ici Paris. Tout cela à un moment où, paraît-il, la presse people se « moralise ». cynique, cupide, vulgaire…
C’en est trop pour elle. Le vendredi 6 novembre, tout ce petit monde se retrouve au tribunal, après que Mimi a assigné en référé le producteur du documentaire. Lui réclamant la suppression « des images, des vidéos, des bandes-son » ou de toute « information » qui lui était relative. On ne rigole pas avec la liberté chez les indics. Le tribunal a tranché. Les images de Mimi devront être « floutées ». Non que les juges aient approuvé ses activités, mais ce flou est une manière d’assurer sa protection physique… Une star tra-
hie, c’est dangereux ! L’enquête revient aussi sur les tribulations vulgaires et comiques du photographe Jean-Claude Elfassi, jamais à court d’idées quand il s’agit de traquer la célébrité. Ainsi Bill Gates dans les salons du château de Versailles. Plus consternant encore, ces salariés d’Orange qui vendent à des paparazzi les coordonnées téléphoniques d’une Laurence Ferrari ou d’un Daniel Auteuil. Quand on apprend que ce dernier possède quatre lignes actives, on sent qu’on prend possession d’une information capitale. Le modèle britannique, celui de la transparence, n’est pas loin. Encore un petit effort et il sera possible d’écouter le répondeur de Jean Sarkozy comme l’ont fait certains tabloïds avec des rejetons de la famille royale. Avec « Les méthodes chocs des paparazzis »Canal + nous donne à voir 52 minutes revigorantes, entre cynisme et cupidité. Des vertus modernes ✹ simon piel
Clair et Net | 15
Bakchich Hebdo | mercredi 18 novembre 2009
des clics et des claques il était une fois dans l’oueb
bakchich tv
WEB WARS : LA REVANCHE DES SITES
En direct de
les voltigeurs de la finance n’ont pas fini leur crise Arrogance, avidité, incompétence, impunité : quatre mots pour qualifier l’attitude des banquiers lors de la dernière crise financière, selon Éric Laurent. Auteur de La Face cachée des banques, le journaliste d’investigation a multiplié les entretiens avec les responsables des plus grandes banques d’investissement américaines. Et a pu mettre en évidence la collusion entre politiques et financiers. Un changement sous Obama ? Peu probable… tant les mêmes hommes se retrouvent aux mêmes postes. « Lawrence Summers s’est considérablement enrichi en dirigeant un fonds spéculatif avant de revenir à la Maison Blanche », explique Éric Laurent. Ancien secrétaire
Cette semaine, les lauréats du Goncourt critiquent la France. Les créateurs de possible devront contacter un coach du comportement pour éviter la censure de Raoult ou un procès.
au Trésor de Bill Clinton, Summers était, en 2007, le candidat préféré de Wall Street, avant d’être nommé au poste clef du Conseil économique de la Maison Blanche. C’est aussi le cas de Robert Rubin, conseiller économique d’Obama, et ex-secrétaire du Trésor sous Clinton. Artisan intransigeant de la dérégulation, ses talents de spéculateur ont conduit le géant de la finance Citigroup au bord de la faillite. Quid aujourd’hui ? Les banques d’investissement spéculent à nouveau, font des profits, engrangent des bonus records. Et ont sorti deux nouvelles bottes secrètes : les flash orders et « les transactions à haute fréquence ». « Cette dernière trouvaille repose sur la vitesse d’ordinateurs toujours plus puissants dans lesquels sont intégrés des programmes d’achat et de vente dont la rapidité est de l’ordre de la milliseconde. » Après la crise, toujours la crise ? Une enquête vidéo à découvrir sur Bakchich.tv ✹
Anthony Lesme
La Face cachée des banques, d’Éric Laurent, éditions Plon, 274 pages, 21 euros.
Les vidéos de la semaine :
• Delfeil de Ton : Hara kirira bien le dernier • Probst : Un Mitterrand vraiment hors Goncourt ✹
l’humeur des bakchichnautes
besson, bonnet d’âne !
A
stiquons le vieil asticot tricolore ! Ramonons la cheminée française ! Qu’on hume l’air frais et vivifiant de la nation, gueule ouverte, narines au front, main sur le cœur en remerciant Éric Besson. Les Bakchichnautes, eux, chichitent et chuchotent dans le dos du ministre de l’Immigration. L’homme fait des fautes d’orthographe dans son « Comment devenir un bon français pour les nuls ». Dictée Pivot, zéro pointé ! Al biruni se souvient : « J’ai ouï dire qu’un projet d’examen de connaissance de la langue de Molière avait été envisagé pour les étrangers il y a quelques années. Ce projet a été abandonné faute de moyen : les policiers chargés de l’application de ce contrôle étaient moins qualifiés que l’échantillon de Maliens sélectionnés pour cet essai ! » Hiram, lui, ne joue pas le
politiquement correct : « Sarközy de Nagy-Bocsa, Karoutchi, Dati, Novelli, Jouanno, Morano, Borloo, Kosciusko, Kouchner, Woerth, Yade, Sabeg, Devedjian, ça sent pas bon le terroir berrichon tous ces noms-là. M’étonne pas qu’ils fassent des fautes. » D’autant que la bouillabaisse française n’a de goût que si elle se compare aux autres gros poissons. Or, comme le constate M. befort, « Nous n’avons plus d’ennemis comme dénominateur commun. Il y a eu les protestants, les Anglais, les Allemands, les Juifs, les fellaghas, mais ils sont tous passés de mode. Alors si on a plus d’ennemis, contre qui se rassembler ? » Bakchich a la solution : devenir canadien, puisque, comme le souligne Sarah, « Au Canada, on acquiert la citoyenneté canadienne et non la nationalité » ✹ L. C.
CRÉATEURS DE POLÉMIQUES
Les voyages aux States pour s’inspirer de la campagne d’Obama sur le Web ont enfin porté leurs fruits : la « révolution numérique », annoncée avec emphase par Xavier Bertrand1 pendant le campus de l’UMP, doit débuter cette semaine2. Le parti de la majorité n’a pas mégoté sur les moyens pour mettre en œuvre son réseau social lescreateursdepossible.com : 500 000 euros consacrés au lancement et dix personnes affectées au projet. La démocratie participative à la sauce UMP connaît pourtant quelques ratés, dénoncés par le blog Les créateurs de nuisibles3. Un tour sur les sites permettant de réserver les noms de domaine, montre que lescreateursdenuisible.com n’a toujours pas été réclamé, alors que son coût ne dépasse pas les 20 euros. Ce qui ne devrait pas manquer d’attirer d’autres joyeux lurons. Au sein de tous ces créateurs, c’est un peu le bazar. Le fondateur de l’authentique createurdepossible.com est tombé des nues en apprenant, par Bakchich, la création du site homonyme, celui de l’UMP. Cette société de coaching comportemental utilise le fameux slogan depuis dix ans dans sa com’ : « Je ne suis pas procédurier, mais si l’UMP n’a pas la correction de me contacter pour trouver
un terrain d’entente, nous devrions attaquer », nous a certifié le créateur Philippe Rosenblum. Cela ne devrait pas poser de soucis aux dix têtes pensantes de la majorité puisque les coordonnées sont accessibles en deux clics… Pour l’anecdote, « après des mois de brainstorming », M. Rosenblum avoue avoir trouvé le nom de sa société en tombant sur une publicité Renault, « Créateur d’automobiles ». Sans imaginer que cette idée serait à son tour recyclée. Comme ne cesse de le répéter notre Président, le Web est une « zone de non-droit ». 1. Dailymotion : « Bertrand créateurs de possibles » 2. « Autour du 15 novembre », d’après les blogs des Jeunes Populaires 3. lescreateursdenuisibles.over-blog.com
BÊTES À GONCOURT
Grâce aux horreurs proférées par Éric Raoult sur le « devoir de réserve » des Goncourts, le nom de Marie NDiaye, a fait le tour du Web. Son « délit » : avoir critiqué le régime de Nicolas Sarkozy. Une simple « googlisation » des noms des vainqueurs de ces vingt dernières années aurait permis au zélé maire du Raincy d’éviter de sortir une telle ânerie. En voici une liste non-exhaustive… Les Chroniques du règne de Nicolas 1er écrits par Patrick Rambaud (lauréat 1998) dépeignent le Président comme
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un monarque « mi-Machiavel, mi-naïf ». « Si Sarko est encore là après 2012, continuerez-vous ces chroniques ? » lui demande un internaute lors d’un tchat sur liberation.fr1 en mars 2009. Et l’écrivain de répondre : « Quelle horreur ! N’oubliez pas cette réplique de Michel Simon : « À force de dire des choses affreuses, elles finissent par arriver ! » » Dans une interview pour le site de Jeune Afrique2 du 29 mai 2006, Érik Orsenna (Prix 1988) a dénoncé une des marottes du futur chef de la France : « L’immigration choisie, c’est l’organisation de la fuite des cerveaux, qui constitue un drame absolu ». La chronique de Tahar Ben Jelloun (Goncourt 1987) sur son site officiel3 le jour de l’élection de Nicolas Sarkozy le décrit comme un « homme complexé par sa taille », qui « a su trahir ses mentors et amis » pour y « arriver par tous les moyens, y compris les plus détestables. » Cela n’a pas empêché l’écrivain de se voir remettre l’insigne de la Légion d’honneur en février 2008 par… Nicolas Sarkozy. Les lauréats du Goncourt représentatifs de la France ? Si le fayot Éric Raoult s’était intéressé au palmarès, il aurait certainement noté la désagréable présence du pro-nazi Alphonse de Châteaubriant (Goncourt 1911). Le fondateur du bien nommé journal La Gerbe a loué, durant la Deuxième guerre mondiale, « la beauté morale de la capitulation » française. Les lauréats du Goncourt ne représentent qu’eux-mêmes et c’est déjà pas mal. 1. « Je lis tout sur Sarkozy, au risque d’en devenir idiot » sur Libération.fr (03/03/09) 2. « Érik Orsenna » sur jeuneafrique.com 3. Taharbenjelloun.org : « Pourquoi Sarkozy a été élu » (04/05/07) ✹
Laurent macabies
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| Ben la Der
Culture | bakchich
chaud, chaud, chaud
coup de coude
planètes politiques
L’horoscope d’Élisabeth Feissier
israël, triste partition
le signe de la semaine VIERGE, 23 AOÛT -22 SEPTEMBRE Soulagement, Ségolène Royal, avec l’aide de Mercure, vous reprenez votre place dans l’horoscope. Vous avez sorti le grand jeu. Après l’opération des « chèques contraception » organisée dans votre région, malgré l’avis négatif du ministre de l’Éducation, vous vous êtes invitée au rassemblement organisé par Vincent Peillon. Puis avez lancé votre campagne pour les régionales. Vos ailes poussent. Évitez de pratiquer l’escalade. Si le mur est tombé, une chute est toujours possible.
ue votre Kaiser Sarkoco reçoive à l’Élysée le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahou, le 11 novembre, anniversaire de l’armistice 1918, et deux jours après la commémoration de la chute du mur de Berlin, est sûrement un symbole historique ! Que soit mis fin à la triste partition en Palestine, que le mur de la honte soit immédiatement détruit, et que soit proscrite la colonisation, voilà un programme
VERSEAU, 20 JANVIER - 18 FÉVRIER Sale temps, Nicolas Sarkozy. Devant les polémiques, vous décidez de partir. Arabie Saoudite, Qatar et Belgique cette semaine. Pour la détente, demandez à Carla de jouer un peu de lyre puisqu’elle est italienne. POISSONS, 19 FÉVRIER - 20 MARS Le Président ayant craint de se rendre au congrès des maires, c’est à vous François Fillon que revient la tâche. Vous avez sollicité une bonne partie du gouvernement pour vous accompagner. Probable mal de dos. BÉLIER, 21 MARS - 21 AVRIL Vous réglez vos comptes avec le Premier ministre, Yves Jégo, dans un livre à paraître cette semaine. Bravo, vous n’aurez plus de toxines à éliminer.
TAUREAU, 22 AVRIL - 20 MAI Vous avez beau chercher, Brice Hortefeux, vous ne comprenez pas. Votre ami Sarkozy a promu Marie-Luce Penchard, secrétaire d’État à l’Outre-Mer, au rang de ministre. Une nomination qui raccourcit votre titre ministériel d’un tiers. Et si le Président ne vous faisait plus confiance ? Il ne vous parle même plus de Matignon. Un séjour à l’hôtel vous fera du bien. GÉMEAUX, 21 MAI - 21 JUIN Nuages à l’horizon, François Bayrou. Tous les sondages donnent Dominique StraussKahn candidat préféré des Français face à Sarkozy, en 2012. Mangez plus de fruits. Des fruits de la passion. CANCER, 22 JUIN - 22 JUILLET Beau retour sur le devant de la scène, Bernard Laporte, grâce à la publication de votre livre Un Bleu en politique. Habile, vous tapez sur tout le monde sauf sur Sarkozy. De quoi ménager un retour en politique, pourquoi pas à la Culture, et une candidature aux régionales. Évitez les efforts prolongés. LION, 23 JUILLET - 22 AOÛT Agacement chez les lions. Que vous soyez de gauche ou de droite, Ségolène Royal vous insupporte. Martine Aubry, François Hollande, Luc Chatel, vous fulminez devant son retour en force dans les médias. Pas sûr que votre rugissement lui fasse peur. Pensez à travailler votre voix. Et vos voix.
BALANCE, 23 SEPTEMBRE - 22 OCTOBRE Vous êtes d’humeur badine, Frédéric Lefebvre. Le Président vous a assuré d’une prochaine entrée au gouvernement, avec un ministère délégué à la Communication. Gare ! Une déception est vite arrivée. SCORPION, 23 OCTOBRE - 21 NOVEMBRE Profitez, Dominique de Villepin, de l’arrivée de Jupiter pour vous détendre, vous en avez bien besoin. Hydratez votre peau.
Q
SAGITTAIRE, 22 NOVEMBRE 20 DÉCEMBRE Vous sentez bien, Rama Yade, qu’il vous faudra être candidate sur la liste UMP du Val-d’Oise pour les régionales, vous qui espériez tellement l’être dans les Hautsde-Seine et pourquoi pas pour le PS… Coup d’éclat médiatique à prévoir cette semaine, type conférence de presse. Pensez à manger à heure fixe.
nécessaire et suffisant. Personne ne comprendrait que cette décolonisation ne soit pas l’objectif des Nations unies, d’Obama, des Unions européenne et africaine, enfin de tous ceux qui placent les droits de l’homme au-dessus de l’obscurantisme. Puissent les Palestiniens et les Israéliens mettre un terme à leur fratricide conflit qui ensanglante la planète, et la place dangereusement au bord du commencement de la fin ✹ s.a.r. le prince pokou
coup de griffe
CAPRICORNE, 21 DÉCEMBRE - 19 JANVIER Période difficile, Roselyne Bachelot, avec l’éloignement de Mars. Vous avez été obligée de vous faire vacciner contre la grippe A, devant toutes les caméras en gardant le sourire, vous qui détestez les piqûres. Les Français rechignent à vous imiter. Même votre ami Fillon a glissé qu’il attendrait sagement son tour. Pensez à prendre le temps de souffler en marchant sur les rives de Maine. La Maine est amène ✹
coup de boule
Le 5 juin 1989, répression des étudiants chinois place Tian’ anmen
sarkozy, une vision pas très net de la liberté
P
arce que c’est un rebelle, Nicolas Sarkozy aime les lieux de résistance. La semaine dernière il était à La Chapelle-en-Vercors, mémoire du maquis où moururent Jean Prévost et ses frères. Bien sûr, il a parlé de liberté : « Je vois bien à quels excès peut conduire une démocratie d’opinion débridée, je le vis tous les jours, où les nouveaux moyens de communication s’affichent comme des zones de non-droit… C’est un défi pour la démocratie, c’est un défi pour la République. » Nous sommes prévenus, Sarkozy va sabrer l’Internet. Pour justifier ses coupes claires, à venir, il prépare le terrain. Comme toujours par un bombardement de mensonges. Nous, à Bakchich, nous n’avons pas constaté cette grande souffrance du droit, tordu par le Net. Qu’une information identique soit publiée sur notre site ou dans notre hebdo, la conséquence est la même, le mécon-
tent nous convoque aisément devant une chambre correctionnelle. Comme le Maître Jacques de Molière, nous ne changeons pas de statut en passant du papier à l’écran, ou l’inverse. La vérité est, qu’incapable d’observer le silence de l’amer, le Président a, tout là-haut, crié de douleur, celle provoquée par sa blessure d’amour-propre. Sa colère vient de ce que le Web, capable de mentir, sait aussi dépister vite fait le menteur pris dans sa toile. Ce baratineur, c’est Nicolas Sarkozy quand il annonce (sur Internet !) qu’il était présent à Berlin le 9 novembre 1989. Voilà le pourquoi de l’outrage, celui qu’il prépare contre la liberté du Net, qu’il ne peut ici contrôler, alors qu’il sait si bien tenter de le faire ailleurs. Ses menaces sont-elles un défi pour la République médiatique ? Pas franchement, parce que le Net, que Sarko le veuille ou pas, sera la réalité de demain✹ jacques-marie bourget