La cavale calme des truands corses
| P.3
bakchich
N°o | 16 septembre 2009 | Informations, enquêtes et mauvais esprit
Sarkozy pris en otage par les mollahs L
es mollahs pourrissent la vie de Nicolas Sarkozy, grand libérateur d’otages devant l’éternel. A Téhéran, la jeune Clotilde Reiss croupit à l’ambassade de France dans l’attente du verdict de son procès pour espionnage, du 8 août dernier. La faute à qui ? A entendre le régime iranien, notre ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s’est montré particulièrement contre productif en multipliant les propos va-t-en-guerre. « Avec lui, le Quai d’Orsay a définitivement fermé ses stores », vitupère Seyed Mehdi Miraboutalebi, ambassadeur
Besson pavillon Pour annoncer qu’il refuserait de signer les décrets d’application de la loi sur les recours à des tests ADN, Eric Besson, le ministre de l’Immigration, a invoqué toute une série d’arguments techniques. En fait, et Bakchich l’avait révélé dès mai dernier, « l’ex secrétaire national du Parti socialiste n’a jamais eu l’intention de le signer. C’est ce qu’il a d’ailleurs fait savoir à quelques députés de la majorité lors d’un dîner». Une position courageuse, humaniste et iconoclaste en sarkozie qui doit beaucoup à une certaine Carla BruniSarkozie, notoirement hostile à la loi ✹ e. l.
d’Iran à Paris. « Il ne comprend rien aux Iraniens. Je dirais même qu’il ne comprend rien à rien. Et en plus, il se prend pour la voix de la France », s’exaspère ce proche de Nicolas Sarkozy. La diplomatie parallèle du grand vizir et secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a abouti au voyage éclair d’un des patrons du renseignement intérieur, à Damas. Ce chemin de traverse via les Syriens, vassaux des Iraniens, a certes débouché sur une libération conditionnelle de la donzelle mais point à son retour à la maison. Un demi-succès. Clotilde Reiss devra attendre
encore, car les Iraniens réclament un dialogue direct avec l’Elysée qui fait la sourde oreille. L’ambassadeur d’Iran s’est démené cet été, sans succès, en rencontrant
« Kouchner ? Il ne comprend rien aux iraniens. » dit-on à l’Élysée. notamment Michel Rocard et le patron de Veolia, Henri Proglio, pour tenter de toucher Claude Guéant au Château. Objectif : contraindre la France à aider l’Iran à dé-
l’oublié du procès clearstream | P.4 Yves Bertrand, l’ex-patron des RG, aurait eu toute sa place sur le banc des prévenus.
finir un cadre général de négociations, y compris pour le nucléaire. Et négocier quelques faveurs comme le retour au pays d’Ali Vakili Rad, jugé en France en 1994 pour l’assassinat de l’ancien Premier ministre du Shah Chapour Bakhtiar, et condamné à la réclusion à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 18 ans qui arrive à échéance… Le 11 septembre, Barack Obama a annoncé qu’il acceptait l’offre de dialogue global de Téhéran. Paris se retrouve à la remorque de Washington. As usual ✹ CATHERINE GRACIET, ANNE GIUDICELLI
Conso : l’eau en bouteille prend la flotte | P.7 l’om blinde sa défense judiciaire | P.8 La presse people s’en prend aux bourrelets des stars | P.10
cahier spécial web une sélection des meilleurs articles vus sur le Net réalisée par vendredi.info Antilles-Réunion-Guyane 1,80 euros - Belgique/Luxembourg/Grece 1,40 euros - Suisse 2,60 FS - Suisse 2,60 FS - Suisse 2,60 FS
T 03766 - 1 - F: 1,80 E
3:HIKNRG=[UV]U^:?a@a@k@b@k;
2
| Apéro
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
coulisses et coupssemaine tordus dans bakchich hebdo n° 0 cette
citoyen
M
endès prétendait que la démocratie, c’est d’abord un état d’esprit. Alors la nôtre est dans un bien triste état. Bien sûr on peut toujours se consoler avec la comédie italienne et les pantalonnades du clown Berlusconi. Mais ne nous moquons plus per favore : sur le terrain du ridicule et de la déchéance politique, nous ne sommes plus très loin de l’égalisation. On ne peut plus rien cacher, plus tromper notre monde. Pour le pire parfois, pour le meilleur souvent, Internet est en passe d’ériger une démocratie à ciel ouvert. Le microcosme parisien ne contrôle plus rien. Les initiés n’apprennent rien, ce sont les citoyens qui découvrent. La droite et son barnum sarkoziste, ses ficelles pour flatter la grandeur du souverain. La droite fait son cinéma. Plus belle la vie avec l’UMP, rendezvous à demain ! Elle ne s’arrêtera pas, non pas parce qu’est c’est pire en Italie, parce que, pense-t-elle, c’est pire à gauche. On ne pourra pas lui donner tort même si les Pasqua et Pons se font trop vieux pour rafraîchir les mémoires des petits gars de Neuilly sur leurs combines d’antan. Le PS truque ses votes. Le sacre de Reims n’a pas baigné dans les saintes huiles et alors ! Qu’Aubry ait profité des moules-frites du Nord, ce ne fait pas de doute, mais que Royal qui, elle, n’a jamais non plus craché sur la bouillabaisse marseillaise, joue les cordons bleus, au bal des hypocrites, on lui accordera volontier la première valse. Quel parti aujourd’hui peut prétendre ne pas tricher sur ses votes, ses effectifs et, malgré tous les garde-fous, ses financements ? Qu’est-ce qu’on s’amuse ! Car que faire quand on se refuse à désespérer, si ce n’est que de prendre le seul parti qui vaille : celui d’en rire. En attendant, comme disait le père Hugo, que des courageux se lèvent pour nous repasser sur ce pays une bonne couche de République ✹ Daniel Carton
Les confidentiels Quand Hortefeux reçoit l’absolution
Bien embêté par sa mauvaise plaisanterie de garçon de bain (landais), notre ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, cherche frénétiquement une porte de sortie. C’est ainsi que le ministre a reçu, place Beauvau, dimanche dernier, la LICRA et son président Patrick Gaubert. Lequel s’est empressé de déclarer, au terme d’une heure d’entretien, l’affaire close. Mieux encore, l’ami Gaubert s’est déclaré « satisfait ». Hortefeux « nous a par ailleurs assuré de son implication dans la lutte contre toutes les formes de discrimination et pour l’intégration. Cela nous satisfait ». Voilà Brice absout. Le contraire eut été bien surprenant. Hortefeux et Gaubert s’avèrent être des amis de 20 ans. Ils se sont connus à la mairie de Neuilly au début des années 80. Gaubert s’occupait des relations publiques de Sarko, Brice assurant, lui, la direction du journal municipal Neuilly indépendant.
Le juge Fenech veut pouvoir se mouiller
Georges Fenech, fameux magistrat, syndicaliste méritant, ex-député UMP et aujourd’hui patron de la Miviludes, l’organisme en charge de la lutte contre les sectes a déposé, le 9 juin 2009, un permis de construire afin d’agrandir sa maison au coeur du XVIIIe arrondissement. Et surtout d’y faire construire une piscine au 1er étage. Delanoë peut être fier une fois encore de ses services qui, en moins de 5 semaines, ont délivré, le 17 juillet, le précieux permis. Il est vrai qu’en ces temps de crise immobilière, on ne se bouscule pas au service de l’urbanisme. Quant aux demandes de création de piscines...
Faurecia : les journalistes français étaient bien au parfum
C’est la télévision belge qui a raconté comment, chez Faurecia à Carigny (Orne), le 3 septembre, on avait sélectionné des salariés faisant la même taille que Nicolas Sarkozy pour apparaître à ses côtés. Pourtant, sur place, en discutant avec les salariés et notamment les syndicalistes, la plupart des envoyés spéciaux de la presse française étaient au parfum de la mise en scène. Surprise, ils ont omis d’en parler dans leurs papiers.
Fraudes au Parti socialiste : un brûlot nommé désirs (d’avenir)
Avant la publication de leur brûlot Hold-Ups, Arnaques et Trahisons, qui révèle les fraudes commises pendant l’élection du premier secrétaire, Antonin André et Karim Rissouli ont été joints par un élu socialiste. Qui leur a aimablement proposé un coup de main. Cet élu raconte à Bakchich : « nous avons pris contact, les avons rencontrés, et on leur a proposé de leur fournir les preuves de la fraude des royalistes dans les Bouches-du-Rhône et l’Hérault. Nous leur avons aussi proposé de leur faire rencontrer des gens prêts à témoigner ». Et que lui ont-il répondu ? « On n’est pas intéressé ». De là à penser que cet ouvrage est un brûlot pro-royaliste…
Huchon se méfie de Pécresse
Huchon est largement favori pour garder, en mars prochain, la tête de la région Ile-de-France. Même à l’UMP, on ne croit que modérément aux chances de sa candidate, Valérie Pécresse. Pourtant, le président sortant est sur ses gardes. La preuve : son entourage a fait le siège des rédactions depuis le milieu de la semaine pour que Huchon puisse réagir, dimanche, au premier grand discours de sa rivale.
Les drôles de statistiques de MAM
La nouvelle Garde des Sceaux défend son bilan de ministre de l’Intérieur. Selon Michèle Alliot-Marie, trois causes seulement expliquent la hausse des statistiques de la délinquance : les émeutes de Strasbourg pendant le sommet de l’OTAN; les événements de la Guadeloupe, et les manifestations violentes en Corse. Un peu court peut-être...
Miroir, mon beau miroir, qui est le meilleur ministre de la Culture ?
En 2009, la France célèbre le cinquantenaire du ministère de la Culture. Un événement que Jack Lang, qui l’a longuement et spectaculairement dirigé sous Mitterrand, ne pouvait négliger. Surexcité, il se démène auprès de tous les médias, pour se faire mousser. « Plutôt pour se remettre en selle politiquement. Reste à savoir s’il veut entrer au gouvernement ou s’il vise les primaires socialistes pour 2012 », persifle une mauvaise langue socialiste.
Les barbouzes tunisiennes passent à l’attaque à Paris
A l’approche de la présidentielle tunisienne du 25 octobre prochain, les barbouzes tunisiennes sont sur les dents. Surtout à Paris où elles frayent en nombre. En début de semaine dernière, elles ont essayé de dégrader le hall d’entrée de l’immeuble parisien où réside le journaliste Slim Bagga qui sévit sur le blog Chakchouka tunisienne édité par notre site. Malheureusement pour les barbouzes, une caméra de surveillance les a enregistrées en train de décoller son nom de l’interphone !
G20 : la révolution Sarkozy est mal partie
Les 26 et 27 septembre prochains, au G20 de Pittsburgh, Nicolas Sarkozy entend arracher aux autres dirigeants du monde de nouvelles règles pour tenter de moraliser la finance internationale. En attendant, trois membres du Congrès américain ont été reçus cette semaine par la commission économique et monétaire du Parlement européen. « Avec les eurodéputés, ils ne sont d’accord sur rien, ironise un observateur du gouvernement. Pas question pour les Américains d’encadrer les bonus, ni d’accepter les autres mesures. » Et d’ajouter. « On voit mal l’Europe légiférer toute seule au risque de devenir un désert financier ». Il reste quinze jours à Nicolas Sarkozy pour retourner la planète.
scud Axa-BNP, ça n’assure pas
E
ntre couples mariés, il est de petits secrets et d’improbables quiproquos qui peuvent miner une union. Surtout quand un tiers débarque. Joli duo comme le Cac 40 et l’aristocratie peuvent en rêver, BNP-Paribas et Axa semblaient vivre une idylle aussi passionnée que raisonnée. Participations croisées, alliances, petites cessions entre amis, tout roulait. Las ! Dans les corbeilles de mariés, des fruits s’avèrent parfois périmés. Et il arrive toujours quelqu’un pour le découvrir. En l’espèce, un assuré victime d’un petit accident. Celui-ci, mécontent du règlement du sinistre par Axa, avait entamé une procédure et gagné. Mais voilà. La compagnie se révèle mauvais payeur. Et plutôt deux fois qu’une. Elle rechigne d’abord à s’acquitter de son dû. Puis elle se révèle incapable d’honorer la saisie-attribution dont elle fait l’objet. L’huissier dépêché le 19 août dernier se voit en effet gentiment éconduire au motif que « le compte BNP Paribas AXA France Iard, 26 rue Drouot », présente un « débit de 9 353 041,90 euros ». Une coquette somme et une situation un brin loufoque qui a plongé dans la consternation la communication d’Axa sollicitée pour fournir une explication. Avant que la parade ne soit trouvée par une fort aimable employée du service presse. « Il s’agit bien évidemment d’une erreur de la banque ». Qui, elle, n’a pas répondu aux sollicitations de Bakchich. Petits ou grands titulaires de comptes à la BNP, les erreurs bancaires frappent ainsi le tout venant. Tellement rassurant ✹ X. M.
Filouteries | 3
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
gros calibres tuerie Il y a trois ans, un réglement de comptes ensanglantait un bar de Marseille. Si l’opération fut brutale, l’enquête qui suivit a été mollement menée. L’ordonnance du juge que Bakchich s’est procurée, montre que les tueurs en cavale ont bénéficié de « facilités » surprenantes.
Ce commando corse que les flics ont laissé courir A
mis piliers de comptoirs, prenez garde, l’accident est vite arrivé. Par un plomb dans la jambe parce qu’on est au mauvais endroit, au mauvais moment. Comme à la brasserie des Marronniers, un soir du 4 avril 2006. En même temps, mater un match Lyon-Milan quand on vaque dans un bar à Marseille, cela s’appelle chercher les problèmes. Et les habitués du rade, ce soir-là, ont eu leur dose. A 21h15, une escouade encagoulée et lourdement armée débarque de trois voitures volées et arrose l’assistance. Bilan de la séance de ball trap : deux refroidis et un subclaquant qui ne passe pas la nuit. Pas franchement de tendres inconnus. Le caïd Farid Berrahama et ses deux bras droits, « très défavorablement connus », selon l’expression consacrée des poulets, « pour appartenir au milieu du banditisme (…) comme organisateurs d’activités criminelles (machine à sous trafic de drogue, règlements de comptes) ». Bref, une étoile montante du Milieu marseillais sur le flan. Fédérici, affirme qu’il était juste venu boire un verre d’eau Et apparemment un blessé, que les limiers veulent absolument retrouver. Un poil suspicieux, ils pensent que les « traces de sang » qui cheminent depuis le bar, bordées d’une « cartouche neuve de calibre 12 » et « des éléments d’unfusil à pompe brisé » lors de l’attaque, peuvent les amener vers un des auteurs de la fusillade. Justement, un dénommé Siméoni s’est pointé sur le coup des 23 heures le 4 avril, pour « chute à moto puis morsure de chien », à la clinique Clairval, dans le sud de la ville. Dès le 5 avril, Siméoni prend la poudre d’escampette sans demander son reste... ni enlever sa sonde urinaire. Quelques jours plus tard, l’analyse ADN tombe. Le blessé des Marronniers et l’échappé de Clairval s’avèrent une seule et même personne, Ange-Toussaint Fédérici. Un paisible agriculteur corse de la plaine orientale selon ses dires, pris dans une fusillade dans laquelle il n’avait rien à voir, alors qu’il était en train de « boire un
a La tuerie du bar des Marronniers, en avril 2006, a laissé sur le carreau une étoile montante du milieu marseillais et ses deux bras droits. (© PieR) verre d’eau ». Le chef des Bergers-braqueurs de Venzolasca, bande ascendante en Corse et qui guigne le contrôle de l’arrièrepays marseillais, décrivent plutôt les flics. Quitte à devoir éliminer la concurrence arabe, en emmenant un commando distribuer les glands aux Marronniers… Deux versions qui n’ont pas bougé d’un pouce et qui se confronteront aux assises, comme l’a décidé le juge en charge de l’instruction, Serge Tournaire, qui a rendu son ordonnance de mise en accusation le 13 juillet dernier. Juste avant qu’il ne soit promu à Paris. Un joli document que Bakchich a pu consulter et qui recèle de menues étrangetés. De la dizaine de membres du commando,
seul « ATF » a été pincé. Et renvoyé devant les assises. Mais l’instruction est close. Quant à la cavale de Fédérici, son raid semble bien paisible à la lecture du dossier. un vrai-faux passeport attendait le fugitif à Amiens Activement recherché dès avril, connu des services de police, réputé chef d’un redoutable gang corse qui prend peu à peu pied sur le continent, « Santu » ne fait aucunement manquement à son rendez-vous avec les services du juge d’application des peines en septembre. Et le berger monte très très loin aux chèvres... Cueilli à Paris, le 12 janvier 2007, au sortir d’un restaurant, « San-
tu » a les poches pleines. « Une somme de 3 275 euros, consignent les poulets, et un reçu délivré par les services de la mairie d’Amiens, relative à l’établissement d’un passeport au nom d’Ange Toussaint Giordano ». En clair, le 10 janvier, Fédérici s’est baladé du côté d’Amiens et a déposé une demande de passeport sous un faux nom. La mairie de la Somme paraît un lieu bien utile pour obtenir des faux. « Cette demande s’inscrivait dans le cadre plus général d’un trafic de faux papiers, ayant donné lieu à ouverture d’information », notent les flics. En oubliant de préciser que cette filière n’a été démantelée qu’un an plus tard... après avoir servi à bien des amis de Fédérici. No-
tamment Antoine Nivagionni. Vu bras dessus bras dessous avec « ATF » en 2006 du côté d’Ajaccio, l’ex- patron de la boîte de sécurité SMS recherché pour escroquerie, détournement de fonds et corruption, a bénéficié de beaucoup d’aide au sein de la police, durant ses 14 mois de cavale. Et un vrai-faux passeport l’attendait à Amiens, en janvier 2008. De là à croire que Fédérici a pu bénéficier de la même sollicitude. Voire du même réseau. « Qu’on protège un homme qui donne des renseignements, je peux le comprendre, glisse un grand flic marseillais à l’évocation du dossier, mais un tueur… » L’Etat a ses raisons que la raison ignore.✹ xavier monnier
4
| Filouteries
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
affaires d’état procès L’ancien patron des RG, Yves Bertrand, ne sera pas sur le banc des prévenus le 21 septembre. Dommage pour la clarté des débats
«Grincheux», l’oublié de Clearstream
L
es deux juges d’instruction de l’affaire Clearstream, d’Huy et Pons, surnommés Zig et Puce, n’ont pas pêché par excès de curiosité. A l’évidence, les vraisfaux listings de la banque de compensation luxembourgeoise, où figuraient, pour l’essentiel, les ennemis de la Chiraquie (dont l’actuel président de la République), ont été une incroyable usine à gaz qui a supposé relais et complicités dans l’appareil d’Etat. Les sarkozystes voient dans cette machination la main des proches de Chirac, notamment d’un grand flic, Yves Bertrand, membre de sa garde rapprochée entre 2002 et 2007. Et ils n’ont probablement pas tort. Hélas, Zig et Puce ont préféré se cantonner à la responsabilité des seconds couteaux que sont Jean-Louis Gergorin, l’ancien vice-président d’EADS à l’imagination fertile, et Imad Lahoud, une girouette liée au clan Chirac (du moins jusqu’à ses dernières déclarations, d’abord publiées dans le livre de Frédéric Charpier, puis reprises par le JDD, sans doute sur commande, et qui désignent Dominique de Villepin comme chef du complot). « Peut être utilisé contre Jospin », lit-on dans ses notes Passionnante est la lecture des fameux carnets d’Yves Bertrand qui, après la perquisition effectuée à son domicile, furent versés dans la procédure de l’affaire Clearstream. Et encore, les notes saisies s’arrêtent-elles miraculeusement le 26 mai 2003, lorsque la machination des vrais-faux
listings se met en place. Ainsi, voit-on, à la date du 8 mai 2001, apparaître le nom de Lahoud, accompagné d’une rapide bio titrée : « Eléments reçus de BH » – à savoir la commissaire Brigitte Henri, la protégée à l’époque d’Yves Bertrand. Et le patron des RG de préciser que Lahoud « peut être utilisé contre Jospin » ! En juin 2001, le commissaire Bertrand se passionne pour les finances de Ben Laden, un sujet qui, avant le 11 septembre 2001, ne passionne guère les RG. Etrange hasard, Imad Lahoud, lui aussi, a fait de ces comptes se-
crets de Ben Laden son dossier préféré qu’il va chercher à vendre à tous les spécialistes du renseignement français. Yves Bertrand aurait-il été le premier ? Possible... Officiellement, la commissaire Brigitte Henri, la fidèle protégée d’Yves Bertrand, n’est présentée
Fouché, revisité par le sergent Garcia Plus proche du sergent Garcia que de Fouché, Yves Bertrand fut, de 1992 à 2004, le tout puissant patron des Renseignements généraux (RG), une police politique à la française héritée du cabinet noir de Louis XIV et fondée par Vichy. Tout fut bon, chez ce grognard de Chirac, pour déstabiliser et salir Sarkozy, mais aussi Pasqua, Jospin et tous ceux qui faisaient de l’ombre à son cher Jacquot. Comme ce flic scrupuleux notait le moindre bruit de chiottes dans ses petits carnets, où se mêlaient la vie privée et les rumeurs de corruption, on n’ignore rien du per-
sonnage. Les histoires salaces avaient sa préférence, notamment les calomnies sur Cecilia distillées auprès des innombrables amis que Yves Bertrand possédait et possède encore dans le monde des journalistes. Fidèles, ces derniers ont relayé dans la presse, qu’il s’agisse de Frederic Ploquin (Marianne), fidèle entre les fidèles, Michel Deléan (Le Journal du dimanche), l’ancien visiteur du soir avant chaque bouclage de l’hebdo ou encore Hervé Gattegno (Le Point) et Pascal Ceaux (Le Monde), devenus « au fil des ans, des amis » ✹ N. B.
à Imad Lahoud qu’en mars 2003. La légende veut que ce soit le journaliste Eric Merlen, lui aussi fidèle habitué du bureau du patron des RG, qui fasse les présentations. Interrogée par Zig et Puce, Brigitte Henri devait expliquer : « J’ai rendu compte de mes premières rencontres avec Imad Lahoud à partir du printemps 2003, jusqu’à cette ultime rencontre avec l’intéressé au début de 2004 ». Questionné par les mêmes, Yves Bertrand botte en touche. « Faux… ». En privé, il expliquait benoîtement que son ancienne collaboratrice était « mythomane ». Que croyezvous que firent les juges ? Une confrontation entre les deux protagonistes ? Et bien, pas du tout. L’instruction s’est close sans que la piste ait été explorée. un homme qui fréquentait beaucoup les journalistes Tout pourtant aurait du porter à s’intéresser à Yves Bertrand : ses écrits et sa réputation ; ses liens avec Brigitte Henri, qui multiplie les rencontres avec Lahoud ; l’instrumentalisation, dès 2001, de ce grand patron des RG par un magazine belge, L’Investigateur, très au fait des démêlés de Denis Robert avec la banque luxembourgeoise ; la proximité du même Bertrand avec l’un des journalistes du Point, hebdomadaire qui divulgue durant l’été 2004 le fameux listing ; et la similitude entre un des listings en décembre 2003 et la liste des prévenus de l’Angolagate, un dossier qu’Yves Bertrand suit heure par heure. Plus redoutable et aujourd’hui absous était le préfet Philippe Massoni, à qui Bertrand rendait des comptes. Frustré en 2002 de ne pas avoir été nommé ministre délégué à la Sécurité auprès de Sarkozy, parce que ce dernier se méfiait de lui, l’ex-préfet de police s’était consolé en devenant, auprès de Chirac, l’homme des basses œuvres. Et il y fit merveille. Jamais d’Huy et Pons ne se sont intéressés à lui, à l’exception d’un très discret interrogatoire par les flics qui ne filtra jamais dans la presse. Il faut dire que Monsieur Massoni, grand franc mac devant l’éternel, possède quelques bons amis au parquet de Paris et dans la presse ! ✹ nicolas beau
péninsule
Comment Forza Mafia a mis Berlusconi sur orbite
D
’où vient ce pouvoir sans faille de Berlusconi ? D’où vient cette impunité dont l’homme le plus riche d’Italie bénéficie malgré les innombrables affaires qui l’ont ébranlé ? Une partie de l’explication tient à l’histoire même de son parti, Forza Italia, et au soutien dont il a bénéficié. Le document que nous nous sommes procuré qui relate cette histoire est à cet égard édifiant. Tout commence en 1992. L’opération « Mains propres » secoue le système démocrate-chrétien en place depuis 50 ans, laissant apparaître au grand jour un pays gangréné par la corruption… et dans les mains d’obscurs réseaux occultes, notamment la loge maçonnique P2. Secrète et illégale, celle-ci constitue un véritable État dans l’État. Et compte parmi ses membres... l’actuel président du Conseil, Silvio Berlusconi. Face au tsunami judiciaire qui emporte l’ancien régime, les pouvoirs parallèles s’activent. « Cela fait longtemps que toutes les conditions sont remplies pour un coup d’État finalisé à éliminer la racaille qui est en train de nous voler », s’exclame le grand maître de la loge P2, Licio Gelli, en octobre 1992 dans les colonnes de l’hebdomadaire L’Europeo. « En réalité, savez-vous qui représente le seul espoir en ce pays à la dérive ? C’est Bossi ». Umberto Bossi, fondateur de la Ligue du Nord, un mouvement xénophobe qui prône la sécession, ou tout au moins, une Italie fédérale composée de macrorégions : le Nord, le Sud et le Centre. Des mouvements « liguistes » font aussi surface dans le sud de l’Italie. Sicilia Libera voit notamment le jour en 1993. Une émanation directe de Cosa Nostra, selon l’enquête menée par la direction de l’investigation antimafia (DIA), qui vise à « transformer la Sicile en une « île heureuse du divertissement » en ouvrant des salles de jeux ». La direction antimafia de Palerme arrive à la conclusion que tous ces mouvements pivotent
autour de personnages liés à la mafia, aux mouvements terroristes d’extrême droite et aux frères de la loge maçonnique P2. En 1992, les magistrats portent également à terme le maxi-procès contre Cosa Nostra. Au total, 19 perpétuités. Quelques mois plus tard, les juges Falcone et Borsellino sont assassinés. La mafia lance une campagne d’attentats terroristes dans toute la péninsule. « Une véritable stratégie de la tension », écrit la direction antimafia. Pire, « il a été proposé que d’autres organisations criminelles du sud adhèrent à une telle stratégie (…). Mais fin 1993, Cosa Nostra cesse les massacres… Presque simultanément, l’investissement dans le projet séparatiste a été abandonné et la restructuration des rapports de la criminalité organisée avec la politique a été poursuivie… à travers le soutien porté à une nouvelle formation politique nationale ».
L’actuel président du Conseil italien, était le frère n°1 816 de la loge putschiste et antirépublicaine P2 « Le projet lié à Sicilia Libera s’est estompé au cours de 1994 » car la famille mafieuse des Graviano, tout comme Giovanni Brusca (le chef du commando qui tua le juge Falcone) et le boss Leoluca Bagarella « avaient décidé d’orienter l’appui de Cosa Nostra vers une autre formation politique ». Bagarella, le numéro 2 de Cosa Nostra, souligne expressément qu’il « fallait appuyer Forza Italia », le tout nouveau parti fondé par Berlusconi. C’est écrit, noir sur blanc, c’est prouvé par l’enquête des magistrats du département antimafia et pourtant... Le 10 mai 1994, Silvio Berlusconi, frère numéro 1 816 de la loge antirépublicaine et putschiste P2, devient le chef du gouvernement d’un pays européen ✹ enrico porsia
Filouteries | 5
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
Prétoires et parloirs juridique park
vite fait
« Moi c’est homme bon, moi c’est pas chien »
V
ingt-troisième chambre du tribunal correctionnel de Paris, mardi 8 septembre 2009. C’est le neuvième dossier de l’après-midi et l’on réclame un interprète roumain. Aucun ne se présente. On fera sans lui. Alin et Claudiu, Roumains tous les deux, comparaissent pour refus de prélèvement. Lors d’une garde-à-vue pour un vol dont ils sont aujourd’hui totalement blanchis, les deux hommes ont refusé qu’on leur prenne leurs empreintes digitales et génétiques. « La loi vous oblige à accepter, souligne la présidente, pourquoi ce refus ? » « ce monsieur est très connu et respecté dans le quartier » Alin, 27 ans, se tortille sur son siège. Amputé de la jambe gauche suite à un grave accident de voiture, la Présidente l’a invité à se rasseoir. Cheveux blonds peroxydés et deux mentions au casier, il baragouine, mais se fait parfaitement comprendre : « Tous les jours, la police elle vient me voir, tous les jours c’est les problèmes. Moi c’est homme bon, moi c’est pas chien. Tous les jours, les mêmes policiers demandent à moi pourquoi je viens la France, pourquoi moi pas dormir la maison, pourquoi moi la prothèse jambe ». Handicapé, SDF, l’homme dort
dans une tente installée sur le parvis de la Gare du Nord : « Ce monsieur est très connu et respecté dans le quartier », relate l’enquête de personnalité. On doute même qu’il vive dehors : « Trop propre », lit la Présidente. Alin lève les yeux au ciel : « Bah oui, moi propre ». Se tournant vers l’autre prévenu, la Présidente demande : « Et vous ? Pourquoi refuser ces prélèvements ? » deux mois fermes pour une rebellion discutable Plombier, Claudiu travaille régulièrement en France pour subvenir aux besoins de sa famille restée au pays. Son casier est vierge et il explique : « Les policiers m’ont mis en garde-à-vue, je n’avais rien fait et ils ont commencé à me parler mal – de moi, de ma famille, de mon pays. Ils ne m’ont pas du tout expliqué les conséquences de mon refus, c’est faux ce qu’ils disent ! Je m’excuse de ne pas avoir su que ces prélèvements étaient obligatoires ». Le procureur réclame deux mois de prison ferme. La défense s’étrangle : « Mes clients sont arrêtés pour un vol qu’ils n’ont pas commis, une vidéosurveillance leur donne raison, la garde-à-vue est pourtant prolongée et l’on exige d’eux ces prélèvements. Ils n’ont fait que réagir au comportement des policiers ». Jugement : deux mois fermes ✹ anne steiger
bruits de taule
les avocats s’énervent
L
es suicides et autres décès suspects en détention ne faisant que se multiplier depuis le début de l’année, un groupe d’avocats, touchés de près ou de loin par ces drames, a décidé de créer un collectif, intitulé « Libérés vivants ». Objectif ? Attirer l’attention de l’opinion publique et remuer l’administration pénitentiaire qui ne communique plus sur le sujet. Les pyjamas indéchirables, proposés par la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, comme solution miracle à l’hécatombe en cours, n’ont donc pas convaincu. Créé à l’initiative de Me Malapert, dont l’un des clients est mort en détention à Villepinte au début de l’année, et Me Brillon, avocat de Marlon Goodwin, décédé dans des circonstances plus que troubles à la prison de Fleury-Mérogis, le collectif doit se réunir au Palais de justice de Paris le lundi 28 septembre à 11H. Et selon les informations de Bakchich, Claude d’Harcourt, le patron de l’administration pénitentiaire, ne devrait pas être présent ✹ simon piel
les brésiliens divisés sur le sort de battisti La Cour suprême du Brésil se penche dans la douleur sur le cas de l’ex-militant d’extrême gauche Cesare Battisti. Accusé par l’Italie d’avoir commis quatre meurtres dans les années 70 et condamné par contumace à perpétuité, Rome a demandé son extradition au Brésil où il s’est réfugié en 2004. Selon son avocat français, maître Eric Turcon, la situation est des plus confuses à la Cour suprême brésilienne où les dix juges n’arrivent pas à se départager. Aux dernières nouvelles, ils seraient même à égalité ! La question est de savoir à qui bénéficiera cette égalité : aux partisans de l’extradition de Battisti ou à ceux de l’asile politique ? En tout cas, le président de la Cour suprême, fervent opposant de droite à Lula da Silva et favorable à l’extradition de l’Italien, clame qu’il dispose d’une voix prépondérante ✹
déchets
les pollueurs des mers dorment tranquille
nkm fait son show
a Le 20 août 2006 le Probo Koala larguait ses déchets à Abidjian faisant 16 morts. Depuis, les procédures judiciaires s’enlisent. Nathalie Kociusko-Morizet a organisé ,jeudi dernier, un grand colloque sur le thème : « Investir aujourd’hui pour la croissance de demain », afin d’essayer d’obtenir une partie du futur grand emprunt pour le numérique. Mais, à l’exception du fondateur de Meetic, Marc Simoncini, la secrétaire d’Etat à l’économie numérique n’a invité aucune entreprise Internet française, préférant avoir sur scène le boss de Google Europe. Orange, Vivendi, Bouygues et compagnie surfaient ailleurs. Comme l’a relevé Simoncini, les investissements dans les infrastructures comme les réseaux de fibre optique bénéficieront avant tout aux géants américains comme Amazon, Google et eBay si la France n’est pas en mesure de favoriser la création de sociétés dans le domaine du contenu Internet. Mais Kociusko-Morizet n’est pas à ça près : elle tenait à faire le show avant son prochain congé maternité, selon une méchante langue ✹
Fadela Amara a des problèmes d’intégration
On se souvient, surtout place Vendôme, de la valse des dir-cab et autres conseillers qui changeaient au gré des humeurs de Rachida Dati. Fadela Amara s’inspire des méthodes de sa camarade. Depuis 2007, date de sa nomination au gouvernement, 7 membres de son cabinet sur 10 ont été priés d’aller voir si l’herbe est plus verte qu’au secrétariat d’Etat à la Ville. Dernière victime, Philippe Sellier, son chef de cabinet qui aura eu le mérite de tenir plus d’une année. Au sein du cabinet, le record est toujours détenu par Mohamed Abdi, le « conseiller spécial auprès de la ministre », c’est son titre officiel auprès de la secrétaire d’Etat ✹
Q
ui se souvient de l’affaire du Probo Koala, navire affrété par la société Trafigura dont les déchets ont été répandus nuitamment le 19 août 2006 dans les quartiers d’Abidjan ? Dès le 20 août, les habitants du district d’Abidjan se plaignent d’odeurs pestilentielles. Suite à diverses plaintes des citoyens, les services du CIAPOL (Centre ivoirien anti-pollution) enquêtent afin de déterminer l’origine des odeurs. Le bilan provisoire pour la population abidjanaise est affolant : 16 morts et des centaines de milliers d’intoxications. Malgré les nombreux éléments tendant à démontrer la culpabilité du Probo Koala, les autorités ivoiriennes le laissent repartir. Comment en était-on arrivé là ? Le 2 juillet 2006, aux Pays-Bas, la société APS (Amsterdam Port Services) avait analysé les 554 m3 de « slops » (eaux sales) du navire. Verdict : les déchets ne correspondaient pas aux « slops » standards. En effet, ceux-ci contenaient une demande chimique en oxygène (DCO) supérieure à celle qu’APS était initialement autorisée à traiter et du mercaptan. Les autorités portuaires hollandaises refusèrent de prendre le navire en charge qui accosta finalement dans le port d’Abidjan le 19 août 2006. Trafigura sera en procès à la mioctobre en Grande-Bretagne pour les conséquences civiles de cette catastrophe. Il s’agit de l’action de groupe agrégeant le plus grand nombre de victimes (31 000) de l’histoire judiciaire britannique. Avant une procédure pénale en Hollande début janvier 2010.
Du côté d’Abidjan, nulle poursuite à l’horizon, après l’accord signé entre Trafigura et l’Etat ivoirien. 145 millions d’euros versés et aucune suite. Même pour les victimes dont peu ont vu la couleur de l’argent. Après la confirmation de l’irrecevabilité de sa plainte déposée en France en avril 2007 au nom d’une centaine de victimes ivoiriennes et françaises, Sherpa (une association de juristes spécialisés dans les affaires touchant aux droits de l’homme) a décidé de porter le dossier au niveau européen.
31 000 victimes du Probo Koala ont lancé une action de groupe contre la société responsable de la catastrophe Une requête à l’endroit de la Commission Européenne est en cours de préparation pour obtenir une procédure de recours en manquement à l’encontre des Pays-Bas, de l’Espagne et de l’Estonie pour ne pas avoir respecté la directive 2000/59 qui interdit de laisser un navire ressortir des ports européens s’il est chargé de déchets. Sherpa tente ainsi de contraindre les Etats européens à respecter leurs engagements. Cette affaire témoigne de la carence de l’arsenal juridique au niveau national et international. En 2007, Trafigura a créé une fondation pour mener des actions caritatives et philanthropiques. L’honneur est sauf...✹ yann Queinnec et William Bourdon
6
| Filouteries
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
pensées profondes réseaux
big bizness
Haute tension à la tête d’EDF matthieu adenil Professeur éconoclaste d’une grande école de commerce.
U
ne fois l’affaire de la taxe carbone réglée, Nicolas Sarkozy va pouvoir revenir aux vrais sujets, à savoir la distribution des places. Et justement, il y en a une qui sera bientôt disponible, celle de PDG d’EDF. Celui qui tient la corde est Henri Proglio, le PDG de Veolia. Cela fait longtemps qu’il postule au point d’avoir remis une longue note à l’Elysée expliquant son projet pour l’entreprise. En fait, il s’agit de fusionner EDF et Veolia pour en faire un prestataire de services couvrant quasiment tous les besoins domestiques (énergie, ramassage des ordures, fourniture d’eau). Au passage, Veolia vendrait sa branche « Transport », qui est aujourd’hui le 2ème opérateur de chemin de fer en France. Ce beau schéma se
heurte cependant à plusieurs obstacles. D’abord, pour vendre la branche « Transport » de Veolia, il faut un acheteur. Seule la SNCF semble intéressée. Un intérêt tout politique, car son patron, Guillaume Pepy, voit dans sa proposition de rachat la possibilité non seulement de remuscler son service fret à la dérive, mais aussi celle de permettre une opération qui plaît à l’Elysée. Et ça, pour un PDG d’entreprise publique, c’est énorme ! un candidat handicapé par sa fidélité à chirac A Bruxelles, on hurle déjà : à peine la concurrence commence à apparaître dans le secteur ferroviaire que les grandes manœuvres industrielles du gouvernement français conduiraient à consolider le monopole de la
SNCF. Alerté par Bercy, Sarkozy considère que le fait que Bruxelles montre des dents n’a plus guère d’importance. La commission Barroso I et bientôt II est tellement affaiblie qu’il ne la voit pas poser un réel problème. Ensuite, et c’est là le vrai problème, Proglio a la réputation d’être chiraquien. Il est resté fidèle à l’ancien maître de l’Elysée. Entré à 24 ans à la Générale des Eaux qui, au fil de redécoupages mais aussi des foucades de son célèbre et éphémère patron JeanMarie Messier, est devenue Veolia, Proglio est marqué par une culture des réseaux d’influence et de respect extrême des élus locaux. Cela l’a spontanément rapproché de Chirac et il se refuse à tourner cette page. Mais le handicap dont nul ne parle et que tout le monde
connaît est que Proglio était à la soirée du Fouquet’s au soir de l’élection de Sarkozy. Cela pourrait être un avantage sauf qu’il accompagnait Rachida Dati. Cela l’exclut des nouveaux cercles et braque sur lui la vindicte douceureuse de la Première dame de France, aujourd’hui occupée à effacer toute trace de Cécilia et autres Rachida. un piler de l’elysée attend en embuscade En fait, ce qui fait la vraie force de Proglio, c’est qu’il n’y a pas d’autres candidats sérieux. L’homme qu’écoute le plus Sarkozy sur ce dossier est Patrick Kron (Alstom) et celui-ci soutient la candidature d’Anne Lauvergeon (Areva), ingénieur du corps des Mines comme lui. C’est d’autant plus méritoire que, sur le fond, il la déteste. En fait, il veut la dégager d’Areva pour superviser personnellement la restructuration du secteur nucléaire. Dans cette guerre de titans, il est un candidat qui garde un espoir de moins en moins secret : Xavier Musca. Ancien directeur du Trésor devenu secrétaire général adjoint de l’Elysée il y a six mois, il veut déjà quitter un bateau qu’il sent de plus en plus ivre. Après tout, il ne serait pas le premier à profiter des affrontements des autres… ✹
allô paris, ici new york
Obama ne pète plus la Santé Doug ireland
L
’idée d’un programme public d’assurance santé et d’une assurance médicale universelle gérée par le gouvernement est une profession de foi du Parti démocrate depuis 1947. Harry Truman avait été le premier président à la proposer. Pour les Américains, écrasés par le coût effrayant des assurances médicales privées – plus de 12 600 dollars par an pour une famille de quatre personnes –, la question est plus importante que celle de la guerre en Irak. Depuis son investiture, Barack Obama tergiverse. Il a certes proposé une « réforme » de l’assurance médicale mais a considérablement minimisé le fait qu’il puisse s’agir d’un programme public géré par le gouvernement. Mais au lieu d’annoncer un projet de loi détaillé, le nouveau pré-
Ancien chroniqueur pour le Village Voice, New York magazine, Libération, ce vétéran du journalisme politique collabore à de nombreux magazines comme The Nation ou Vanity Fair. sident a laissé au Congrès le soin de régler les détails de sa « réforme ». Cette stratégie, comme l’a révélé le Washington Post en citant des conseillers du président, a été adoptée afin de permettre au président de crier victoire quel que soit le contenu final de la « réforme ». Un choix qui s’est retourné contre Obama. Pendant l’été, une campagne hystérique financée par les grandes sociétés d’assurance et l’industrie médicale a retourné l’opinion publique. Comment ? A coups de grossiers mensonges prétendant, entre autres, que le président recommandait l’euthanasie pour les vieux ou voulait financer la chirurgie pour changer de sexe avec l’argent du contribuable ! Quand Obama a prononcé un discours de la dernière chance pen-
dant une séance extraordinaire des deux Chambres, la bataille de la reconquête de « l’option publique » (terme employé par la Maison Blanche pour désigner un programme public d’assurance santé) semblait déjà perdue : selon un sondage de l’Associated Press, 52% des électeurs étaient « contre » et à peine 42% « pour ». l’« option publique » est de plus en plus malmenée On déchante dans les rangs progressistes démocrates en partie à cause des réticences d’Obama à pousser avec fermeté « l’option publique ». Désenchantement qui s’est exprimé dans une annonce publiée sur une pleine page dans le New York Times le 9 septembre et signée par 400 anciens membres de l’équipe de campagne présidentielle d’Obama, 25 000
volontaires qui l’ont aidé à se faire élire et 40 000 de ses donateurs de fonds. Tous réclament que le président « exige une option publique forte ». Et proclament que « laisser l’industrie de l’assurance gagner n’est pas « un changement auquel on peut croire » », faisant référence au slogan de campagne d’Obama. Hélas, dans son discours du soir, le président a ignoré ces pressions venant de son propre camp. Eloquent dans la défense de sa réforme, il s’est montré confus sur « l’option publique ». Tout en se prononçant pour, il a explicitement châtié les « progressistes » qui lui accordent trop d’importance et s’est de nouveau positionné au-dessus du clivage « droite-gauche ». Quelques heures avant ce discours, le président (démocrate) de la Commission des finances du Sénat, Max Baucus, a annoncé, de façon définitive semble-t-il, que « l’option publique » était écartée. On pouvait dès lors douter qu’un simple discours ne parvienne à sauver un programme public d’assurance santé. Or, sans contre-pouvoir et sans concurrence de l’Etat, les assureurs seront libres de faire grimper les prix. Un vrai désastre pour l’économie américaine et la présidence de Barack Obama ✹
PS : moscovici colle aux basques d’aubry
Le député du Doubs et membre de la direction du PS, Pierre Moscovici s’accroche à Martine Aubry comme à une bouée de sauvetage. Après avoir obtenu qu’elle mentionne lors de son discours de La Rochelle du 30 août la convention nationale sur « le nouveau modèle de développement » qu’il mitonne pour janvier 2010, il intrigue en coulisses pour participer au tour de France de la première secrétaire du PS : une ville par mois pour « Titine » qui piaffe à l’idée de rencontrer la société civile. Il faut dire que « Mosco » peine à se remettre du Congrès de Reims de 2008 où une partie de ses amis Strauss-Kahniens l’ont lâché. son club de refléxion a bien du mal à faire recette
En témoignent les déboires de sa groupie n°1 et vice-présidente PS de la région Bourgogne, Safia Otokoré, aux européennes de juin 2009. Soutenue par Moscovici qui lui avait promis une position éligible, elle avait hérité d’une 9è place sur la liste de la Région Centre, avant d’en claquer la porte, furieuse. La faute sans doute à la faiblesse – pour ne pas dire l’inexistence – d’un réseau Moscovici au sein du PS. Excepté les aficionados du Doubs qui lui impriment des T-shirts barrés d’un « Mosco-sexy », les « Moscovites », tels qu’on les surnomme à Solférino, ne sont pas légion. En cause ? Son incapacité à faire fructifier l’héritage de son mentor Dominique Strauss-Kahn, exilé volontaire aux Etats-Unis pour diriger le FMI. « Pierre Moscovici et Jean-Christophe Cambadélis se sont partagés les hommes de DSK : à Jean-Christophe les réseaux et à Pierre les experts et les intellectuels », glisse un acteur des campagnes présidentielles de Lionel Jospin et de Ségolène Royal. Visiblement une mauvaise pioche pour Moscovici. Créé fin 2008, son réseau social-démocrate « Besoin de gauche », B2G pour les intimes, peine à faire le plein en dépit d’une bonne implantation sur le web (sites webs, blog interactif, page Facebook…). Et lorsqu’une journée nationale est organisée le 4 juillet 2009 au Taillan-Médoc, en Gironde, moins de deux cents personnes font le déplacement. Un peu ric-rac quand on veut faire de l’ombre aux autres réseaux sociaux-démocrates du PS, dont « Clarté, courage, créativité » de Bertrand Delanoë et surtout « Socialisme et démocratie » du frère-rival Cambadélis✹ catherine graciet
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
Au bazar de la conso | 7 à boire et à manger
évaporation Grands consommateurs d’Evian et autres Cristalline, les Français lâchent depuis peu la bouteille et redécouvrent les vertus économiques et écologiques de l’eau... courante. Un premier pas salutaire vers une désintoxication plus sévère ?
Vive l’eau du robinet ! C
ela s’appelle une beigne commerciale : en 2008, selon l’institut TNS Worldpanel, 500 000 foyers de l’Hexagone ont cessé de boire de la flotte en bouteille. Encore un effort camarades, car il y a de la marge : nous comptons parmi les premiers consommateurs au monde de ce produit pourtant sacrément polluant. Le marché de l’eau minérale représente qui plus est un sacré business : 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Les Français auraient-ils pris conscience des nombreux gaspillages générés par cette industrie ? Ceux qui doutent encore trouveront ici trois bonnes raisons de se désintoxiquer et… de faire des économies. l’eau en bouteille n’est pas plus saine que celle du robinet Certains industriels s’alimentent dans les mêmes sources phréatiques que les municipalités. Pour une de ses huit sources françaises, Cristalline puise dans la nappe de la communauté urbaine de Saint-Nazaire. Ses habitants et ceux des communes voisines consomment ainsi de la Cristalline en ouvrant leur robinet. Bien sûr, les vertus « médicales » des eaux minérales ont longtemps constitué un argument de vente. Mais voilà. Ces traîtres de pédiatres, prescripteurs de choix en la matière, passent à l’ennemi. Ils sont de plus en plus nombreux, comme le docteur Provot de la Clinique Sainte-Anne de Strasbourg, particulièrement active sur le sujet, à conseiller l’utilisation de l’eau du robinet pour les biberons de nos bambins. Dur pour Evian et consorts. Évidemment, il faut prendre quelques précautions : laisser couler l’eau plusieurs secondes, utiliser l’eau froide plutôt que l’eau chaude… 3,5 millions d’euros claqués dans une campagne Il faut compter 2 à 3 euros par an pour 2 litres d’eau du robinet par jour, de 120 à 140 euros pour l’eau de source, de 340 à 360 euros pour l’eau minérale. Les experts du ministère du Développement durable estiment que le coût de production ne représente que 20 % du prix final du produit, les 80 % restants étant constitués par ceux de la bouteille, du transport et du marketing, et bien sûr par la marge. On comprend pourquoi Danone et Nestlé prient chaque été pour
de l’énergie (ADEME). En France, les seules bouteilles représenteraient, selon les dernières études qui datent de 2004, 240 000 tonnes de matières plastiques consommées par an, auxquelles il faudrait ajouter les cartons, les films et les palettes. Lâchée dans la nature, cette matière plastique, le polyéthylène téréphtalate, met au moins 500 ans à disparaître. Une paille. Le recyclage ? Oui, bien sûr. Mais d’après les estimations, quatre bouteilles sur dix terminent leur vie dans les incinérateurs en émettant quantité de gaz toxiques et de cendres remplies de métaux lourds.
Cristalline puise dans la nappe phréatique de la communauté urbaine de Saint-Nazaire pour alimenter l’une de ses sources de production.
a Un ménage qui passe à l’eau du robinet réduit de 10 kilos sa production annuelle de déchets. (© Oliv’)
Ca chauffe pour le plastique La chasse à l’eau en bouteille est ouverte sur toute la planète. Si en France, le virage à 180° reste discret, aux Etats-Unis, on ne fait pas dans la dentelle. Alors que la ville de Chicago a décidé de taxer les bouteilles d’eau, San Francisco a interdit à ses administrations leur achat. Résultat, 500 000 dollars d’économie pour cette ville de la côte ouest, où certains restaurants de luxe refusent désormais d’en vendre. Le Canada n’est pas en reste. Sur certains campus, il existe des zones « sans bouteilles ». Et l’Eglise Unie du Canada vient d’appeler ses fidèles à boycotter les pollueurs.
En Europe, ce sont les Anglais qui sont à la pointe du combat. Leur campagne « London on tap » (Londres au robinet) tape fort. Le site Internet rappelle que « trois quarts des bouteilles de plastique ne sont pas recyclées ». Objectif: faire disparaître des bars, hôtels et restaurants de la capitale les bouteilles d’eau tant décriées. Enfin, les habitants de la petite ville australienne de Bundanoon ont voté le 8 juillet dernier l’interdiction de vente de bouteilles d’eau. Seules deux personnes, dont le commercial de l’embouteilleur, se sont prononcées contre ✹ B.R.
qu’une bonne canicule frappe la France. En attendant, ils multiplient les pubs sur les thèmes toujours efficaces et un rien culpabilisants de la minceur, du bien-être et même de la beauté. Cette année, ils en ont rajouté une couche en faisant campagne commune dans la presse pour promouvoir l’eau en bouteille. Facture de l’opération : 3,5 millions d’euros. 240 000 tonnes de plastiques consommées chaque année Dernière raison, et non des moindres, « l’eau du robinet est 100 à 1 000 fois plus écologique que l’eau minérale en bouteille », comme le décrète l’Agence de l’environnement et de la maîtrise
Vous hésitez encore ? Un ménage qui passe à l’eau du robinet réduit de 10 kilos sa production annuelle de déchets. Et ce alors que les industriels ont déjà réussi à diminuer de 27 % en 10 ans le poids d’une bouteille. Et puis, il y a le transport. Il en faut des kilowatts pour charrier les millions de palettes d’eau d’Evian dans toute la France. Les logisticiens évaluent à 1 000 kilomètres le parcours moyen d’une bouteille pour atterrir au rayon boissons de votre supermarché. Et oui, ça finit par faire de la distance les va-et-vient entre les dépôts, les gares de triage… Les multinationales de l’agroalimentaire et bien sûr les distributeurs ne semblent pas disposés à lâcher l’affaire. Les marges sont trop belles. Et l’eau minérale reste une vraie drogue. D’ailleurs, même les distributeurs bio sont accros à ces gouttes d’or pourtant fort peu écologiquement correctes. Leader sur ce marché, Biocoop, une coopérative de 314 magasins avait du mal à se désintoxiquer. Mais le numéro un a fini par craquer : le 31 décembre prochain, elle ne livrera plus du produit maudit. Son principal concurrent, le groupe La Vie Claire, qui n’a pas daigné nous répondre, ne semble pour le moment pas avoir les mêmes états d’âme au vu de son rayon flotte ✹ BERTRAND ROTHÉ
8
| Au bazar du sport
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
pédales et crampons en(tour)loupe
Lance Armstrong, bon sang ne saurait mentir
C
omme il n’avait pas une rentrée trop chargée, le Docteur Jakob Morkeberg, un hématologue officiant à l’hopital Bispebjerg de Copenhague, jusqu’ici plus connu pour ses ravissants jardins créés en 1913 que pour son département de médecine sportive, a décidé de jeter un petit coup d’œil aux tests sanguins de Lance Armstrong, effectués lors du dernier Tour de France. Verdict du chercheur danois : les résultats du Texan présentent des profils anormaux. « Ce que nous ont enseigné les résultats des Tours précédents, c’est qu’un exercice intense de ce type provoque une baisse de ces valeurs sanguines ; ce n’est pas ce que l’on constate à l’examen de celles d’Armstrong », a-t-il expliqué.
Soit le coureur s’est dopé lors du dernier Tour de France, soit il s’est tapé une bonne turista. Ces valeurs, notamment celles relatives à son hématocrite, c’està-dire le volume de ses globules rouges par rapport au volume total de son sang, étaient pratiquement les mêmes, du premier au dernier jour de course, a affirmé Morkeberg à l’Association des diffuseurs danois. Et de souligner que les relevés sanguins de l’Américain effectués pendant le Tour d’Italie étaient en revanche conformes à la normale, avec une baisse progressive au fur et à mesure de l’épreuve. Le médecin a même indiqué que pendant une période de trois jours consécutifs à une période située approximativement au milieu de la compétition, ces valeurs ont sensiblement augmenté,
laissant envisager l’éventualité d’un petit coup de booster sanguin du coureur. Tout en rappelant que les tests sanguins pratiqués sur la Grande Boucle portent sur le nombre total de globules rouges, le taux d’hématocrite et le taux d’hémoglobine, la protéine contenue dans les globules rouges qui transporte le dioxygène dans l’organisme. Afin de ne pas lancer une polémique n’ayant pas lieu d’être, il a tenu à souligner que les valeurs observées pouvaient aussi s’expliquer par une déshydratation. Une bonne petite « tourista » causée par des produits du terroir d’un gîte d’étape aurait donc pu faire l’affaire… On lui a évidemment demandé la raison pour laquelle Armstrong aurait été assez fou pour se doper à l’occasion de son retour tant attendu sur le Tour de France. Le chercheur s’en est tiré par une pirouette en indiquant à son auditoire un brin perplexe qu’aujourd’hui il n’existait aucune méthode permettant de prouver qu’un athlète s’est livré à des transfusions sanguines aussi longtemps qu’il utilise son propre sang. « Ca rend donc ce type de dopage très attractif », a-t-il conclu en se refusant à tout autre commentaire. Étrangement, jusqu’à présent, personne n’avait encore mis en cause Lance Armstrong au titre de l’édition 2009 de la Grande Boucle ; le mec va finir par perdre son sang-froid. Lui qui avait commencé une campagne de communication new look, en se la jouant modeste, vaguement souriant, , chantant « What a wonderful world » à qui voulait bien l’entendre, n’est vraiment pas payé de retour ✹ woodward et newton
profil bas
L’om blinde sa défense (judiciaire)
D
u haut de sa colline, la Bonne mère n’est pas la seule à veiller sur le plus grand club du monde, l’Olympique de Marseille. En contre-bas, au Palais de justice, juges, magistrats et autres avocats ont toujours un oeil rivé sur le coeur de la ville, souvent soumis aux soubresauts judiciaires. « Les magouilles à l’OM, c’est un peu comme le port d’armes en Corse, décrit un haut magistrat. Quasiculturel. Après, il existe un seuil de tolérance à ne pas dépasser ». Bref, tant que la bouillabaisse ne bout pas, ne surtout pas lever le couvercle. Las, rien de craquant à se mettre sous la dent. La période qui s’est ouverte à Marseille, au début de l’été, s’avère pourtant propice au grand déballage.
réclamés, d’après les infos glanées par Bakchich. Les nouveaux dirigeants, eux, semblent agir avec une prudence de sioux. Tout juste arrivé, le nouveau président Jean-Claude Dassier n’a pas mis la main dans le cambouis des transferts. Vincent Labrune, le président du conseil de surveillance, s’abrite
Un comité d’engagement sportif s’est mis en place, pour radiographier les « mutations » de joueurs qui touchent le club... et leur place dans les clous de la loi. A posteriori certes, mais nul système n’est parfait. Au moins le trio composé des avocats Régis Rebuffat, Andrea Pinna et du bras droit de Serge Dassault, Jean-Pierre Bechter, n’a pas tiré la sonnette d’alarme.
paris veille au grain Un petit ménage a tout de même eu lieu. Le capitaine de l’OM, Lorik Cana, qui a vu son transfert de 2005 examiné par la chambre correctionnelle début juin, a été transféré au rabais pendant le mercato. La qualité d’agent de joueurs de Karim Aklil, conseil notamment du défenseur sénégalais Souleymane Diawara, fait l’ob5 millions pour Diouf jet d’une plainte au Changement de diritribunal marseillais. Du geant, disparition du coup, sa commission se propriétaire Robert trouve « suspendue ». Louis-Dreyfus, recruteEnfin, les fiers garçons ment de joueurs pour disposent d’un petit apquelque 50 millions pui à Paris : Bernard d’euros. « Non rien de Squarcini. L’ex-préfet de nouveau en cours », glisse police de la ville et paa Jean-Claude Dassier, le nouveau patron du club, un indiscret du parquet. tron de la Direction Cenne veut prendre aucun risque pour l’image de l’OM. « Mais peut-être dans queltrale du Renseignement que temps, aura-t-on des Intérieur a rencontré plaintes concernant la présidence derrière une structure qu’il a luidurant l’été, à la fois Labrune et Diouf ». Ejecté mi-juin à l’issue même mise en place. Dès 2008, en Dassier. Avec un message, « vous du plus long bail depuis celui de fait, le conseil a commencé à se avez raison de vous inquiéter, Bernard Tapie, Pape Diouf s’est protéger d’éventuels soucis qui mais nous veillons ». Un patronfait fort discret. Trop occupé à pourraient survenir notamment nage presqu’aussi rassurant que négocier ses coquettes indemniliés aux transferts et à leurs moncelui de Notre Dame ✹ tés de départ : 5 millions d’euros tages acrobatiques. x.m.
réseau rose
le foot toulousain a trouvé son tapie
D
ans une ville du Sud-Ouest, pas vraiment fan de ballon rond, un petit gars commence à agacer les tenanciers du football. Enfin surtout ses aimables congénères, présidents de club de Ligue 1, qui n’aiment pas qu’on leur résiste et se méfient de ceux qui règlent rubis sur l’ongle leurs transferts. Malotru, Olivier Sadran, président/actionnaire majoritaire du Toulouse Football Club (TFC), a commis les deux impairs pendant l’été. En refusant de vendre son attaquant vedette, nouvel international, André-Pierre Gignac à Lyon. Puis en achetant sans trop négocier le prix des joueurs à des plus petits clubs. D’autant plus agaçant que les résultats commencent à suivre - une qualification pour la lucrative Ligue des champions en 2007, une 4e place en 2009 - et que
le bonhomme étoffe son réseau. Fort proche du maire de la ville rose, Pierre Cohen, Sadran a aussi dans sa manche un homme très connu des Toulousains. Mais plutôt discret dans ses rapports
avec le patron du « Téfécé » : Patrick Timbart. Porte-parole de Total durant le procès AZF, délégué intermittent du pétrolier dans la région, Timbart a connu un joli parcours au sein du géant
français... depuis les temps glorieux d’Elf. N° 2 en Egypte et aux Pays-Bas, nommé en Angola du temps de la guerre civile pour finalement bien vivre la fusion avec Total et se voir bombarder dans la filiale suisse. D’où, Toulousain de naissance, il a été pigé pour calmer les remous en vue du procès AZF. « Il savait donner des gages au pouvoir qui le lui rendait bien, glisse un de ses anciens collègues. Il est toujours passé pour un habile négociateur et un fin politique ». Un homme avisé sur lequel Sadran a décidé de s’appuyer, depuis deux ans. Nommé conseiller dans sa société de restauration d’entreprise Newrest et même patron de la filiale marocaine, le bonhomme a déjà décroché un contrat...avec Total. De l’argent, un peu de pétrole, des idées, Sadran n’a pas fini d’agacer… ✹ x.M.
Au bazar des médias | 9
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
canards et toiles vite fait
tir de barrage
Sale rentrée pour le patron du nouvel obs grands anciens qui mènent la guérilla. Chaque semaine, l’éditorialiste Jacques Julliard met ainsi un point d’honneur à fustiger, entre les lignes, les convictions jugées trop libérales de son patron.
A
u début de l’été, en réalisant seul, sans prévenir les journalistes, un long et fastidieux entretien-plaidoyer de Sarko dans les colonnes du Nouvel Observateur, Denis Olivennes avait déjà provoqué un véritable tollé dans sa rédaction. Puis, après avoir fait son mea culpa, un exercice douloureux pour le boss du Nouvel obs, la tempête s’était calmée. « DO », comme on l’appelle dans les couloirs du journal, avait quand même dû mouiller sa chemise pour tenter de renouer les fils du dialogue. Pendant tout l’été, il a donc multiplié les rencontres avec les petites mains de la rédaction. Las ! A peine rentré de vacances, l’apprenti-patron de presse retrouve un terrain encore plus miné. Sur un plan sonnant et trébuchant d’abord. Les comptes sont dans le rouge. On parle de trois ou quatre millions d’euros de pertes pour 2009. Effectivement, dans les kiosques, les ventes du Nouvel Obs sont en chute libre (-7 % cette année, avec 75 000 exemplaires vendus en moyenne, soit 20 000 de moins que Le Point). la nouvelle maquette du journal n’a pas convaincu Pire encore, la dernière étude d’audience, le principal baromètre des publicitaires, se révèle désastreuse pour le journal. Pour la première fois depuis des lustres, L’Obs perd la place de leader sur les CSP+. Un recul imputé à la nouvelle maquette qu’Olivennes avait personnellement imposée au début de l’année pour mieux imprimer sa marque. Dans le journal, si la société des rédacteurs, trop frondeuse, a été remise au pas, « DO », le seul patron de rédaction parisienne a n’avoir pas droit à une carte de presse (même stagiaire), doit faire face à un nouveau vent de révolte. Et cette fois-ci, ce sont les
son parachute doré fait grincer des dents à la rédaction Une semaine, il dresse son procès en connivence en tant qu’ex de Carla Bruni. Une autre, il tire à boulets rouges sur l’indécence des parachutes dorés distribués aux grands patrons, alors qu’Olivennes en avait bénéficié d’un en or massif (3,2 millions d’euros) en quittant la direction générale de Canal Plus. Début septembre, Olivennes a préféré sécher la conférence hebdomadaire de Jean Daniel à L’Obs pour mieux aller défendre la pensée unique à l’université du Medef. « DO » s’y sent visiblement plus à l’aise ✹ simon piel
Un deal secret qui vaut de l’or Denis Olivennes est un héritier double. D’un côté, « DO », directeur de publication et président du directoire du Nouvel Obs, est, selon les mots du chef suprême Claude Perdriel, « l’héritier intellectuel » du journal. De l’autre, « DO », actionnaire à 6 % de la société SFA (Société française d’assainissement, le champion du sanibroyeur), qui détient elle-même 93 % du groupe Nouvel Observateur 1, en est, en quelque sorte, l’héritier économique. Quoique pas tout à fait. Ou tout du moins pas encore... Pour le moment, c’est Claude Perdriel qui contrôle SFA, une société familiale en commandite. Mais au moment de sa disparition, c’est à sa femme Bénédicte et à ses deux enfants que reviendra le contrôle de l’entreprise.2 Mais voilà. Au cas où, pour une raison ou pour une autre, Bénédicte souhaiterait se désister (ce qui, selon nos informations, rassurerait la rédaction de L’Obs), interviendrait alors Denis Olivennes. En effet, à son arrivée à la tête du journal, le stratège « DO » a négocié discrètement un droit de préemption sur le capital de SFA en cas de cession. Un deal qui vaut de l’or ✹ Anaëlle Verzaux (1) Le Groupe Le Nouvel Observateur édite les hebdomadaires Le Nouvel Observateur et Challenges, et le mensuel Sciences et Avenir. (2) Les deux autres enfants de Claude, d’un premier lit, ont été indemnisés, en 2003, pour remettre leurs parts.
intox
le boss de radio france multiplie les gaffes
Une bombe ? Quelle bombe ? Jean-Luc Hees, récemment nommé patron de Radio France par l’Elysée, joue les démineurs... Et pourtant, c’est lui qui est à l’origine d’une saillie assassine à l’encontre de son prédécesseur, Jean-Paul Cluzel. Selon le site Satmag, il a déclaré que le vaste chantier de rénovation de Radio France (238 millions d’euros !), lancé avant son arrivée, ne serait pas financé correctement et que donc, tout va péter ! Or, interrogée par nos soins, la Maison de la radio nie que son président ait pu tenir de tels propos... Jean-Luc Hees, qui n’en est pas à sa première gaffe, ne compte plus s’exprimer dans les médias ✹
bfm fait dans l’autopromo
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel n’est pas du genre conciliant, surtout avec ceux qui pratiquent un mélange des genres suspect. Dernière victime en date : la chaîne d’infos BFM TV, épinglée par les sages au motif qu’elle avait un peu forcé sur la diffusion de messages d’autopromotion, lancés par ses journalistes en plein milieu de spots publicitaires ! Quand ce n’était pas carrément des bande-annonces d’émission en bonne et due forme. Le CSA veille, dormez braves gens ! ✹
mougeotte lâche europe 1
C’est raté... Etienne Mougeotte n’ira pas biberonner au micro de Marie Drucker le samedi sur Europe 1. Le concept de l’émission avait pourtant de la gueule (sic) : réunir les grandes voix de la radio du groupe Lagardère. Si Philippe Gildas, Michèle Cotta ou encore Pierre Lescure (qui n’est resté pourtant qu’un an pensionnaire) ont répondu présent, le sémillant directeur de la rédaction du Figaro a préféré rester sur RTL, où il tient banquet pour l’émission Le Grand Jury ✹
L’europe contre google
Après la France et la Belgique, c’est au tour de l’Italie d’en vouloir à la firme californienne, avec toujours les mêmes motifs : abus de position dominante. Les éditeurs de la Péninsule ont porté l’affaire devant les autorités locales de la concurrence. Pratiquant l’ironie, Google a rappelé que son service d’indexation, qui permet à un site d’information d’apparaître dans Google Actualités, n’était pas obligatoire et que les médias mécontents pouvaient très bien le refuser ✹ Réalisé en partenariat avec www. .info
Les dessous pas très chics de la pub ciné
L
a pratique des « baseline », ces bouts de phrases tirés d’articles de presse et dispersés par les producteurs sur les affiches de cinéma, est de plus en plus courante. District 9, le dernier blockbuster produit par Peter Jackson, et réalisé par un inconnu pas encore trentenaire, Neil Blomkamp, n’échappe pas à la règle. Ce film de science-fiction, peut-on lire partout, serait la « révélation de la rentrée », selon le magazine Première. Mais comment des phrases tirées d’un article de presse peuventelles se retrouver ainsi sur une affiche commerciale ? Comment les producteurs s’entendent-ils avec les journalistes pour vendre leur film ? Alex Masson, journaliste ciné, raconte à Bakchich qu’après la projection presse du film Borat, à laquelle il assistait pour le magazine Tracks d’Arte, il a reçu un coup de fil de l’attaché de presse de la Fox, producteur du film : « T’as une idée de Baseline ? - Oui, on pourrait mettre ça. - Ok. Mais pour l’affiche on signera pas Tracks, mais Première ». Plus classe, sans doute. Après tout, le spectateur n’y verra que du feu. L’affiche ne se fera pas, mais l’intention y était. Dans le même registre, « il n’est pas rare, s’insurge un autre journaliste du sérail, que les papiers soient envoyés aux attachés de presse avant même d’être publiés dans leur propre canard ! » Histoire pour les affiches de tomber pile poil au moment de la sortie du film. Et si le journaliste se montre un peu revêche, la réponse des majors ne tarde pas. Ainsi, alors que Les Inrockuptibles
avaient massacré le film Men In Black, la Columbia, qui produisait le blockbuster, avait repris pour son affiche le seul mot laudatif de l’article. Ulcérés, Les Inrocks avaient dénoncé la combine dans leurs colonnes. Serge Kaganski, le monsieur ciné du journal, se verra privé de projections Columbia pendant un temps. En 2005, Sony avait fait plus fort encore, en inventant de toute pièce un journaliste qui n’écrivait que des articles à la gloire des films que la compagnie pro-
Les majors ont toutes des blacklists de critiques ciné. Sony est allé jusqu’à s’inventer un journaliste très conciliant. duisait. Prise la main dans le sac, elle avait dû indemniser les spectateurs dupés. Mais, comme l’explique à Bakchich un critique de cinéma quelque peu désabusé : « Pour les majors, de toute façon, les articles de presse ne sont que des espaces gratuits intégrés à leur plan marketing ». Et d’ajouter, amer, que « la Warner décide, comme autant de bons ou mauvais points distribués aux journalistes, de les inviter ou non aux projections presse. Un article un peu décapant et on atterrit dans la blacklist des communicants ». Rassurons-nous (un peu) : tout cela serait grave si les gens lisaient encore les critiques avant d’aller voir les films. ✹ s. p.
10
| Au bazar des pipoles
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
arnaque et descendance retouches Depuis que Paris Match a délesté Rachida Dati d’une grosse bagouze au doigt, les titres people ont retenu la leçon. Grâce à Photoshop, un merveilleux logiciel graphique, ils font disparaître les bourrelets disgrâcieux des politiques et des stars.
Une presse bourrelets de remords T out fout le camp ! Même la presse people n’est plus ce qu’elle était. C’est la crise et là aussi la tendance est à l’économie. Les publications judiciaires coûtent cher et défigurent les unes, notamment de Voici. Désormais, il ne faut plus faire la guerre mais ami-ami avec les people. « On s’est assagi avec le temps mais on est toujours aussi mordant », se justifie un chef de rubrique. Et les photographes ne sont plus les héros de cette presse là. Pour les paparazzi, l’ère du jackpot est révolue.
voici a perdu plus de 15% de lecteurs en un an De plus, il faut bien s’accommoder de lignes éditoriales plus plan-plan. « Ce qui est vrai pour Voici ne vaut pas pour Closer. Nous sommes plus jeunes et nous sommes leaders. Depuis le début on cherche à capter le plus de lectrices possibles, on ne cherche à être ni gentils ni méchants, c’est du cas par cas. Et ça marche », explique Laurence Pieau, la directrice de la rédaction de Closer. Se rendre complice des stars ou des demi-people de la télé-réalité rameute en effet les lecteurs. Si l’on en croit les derniers chiffres AEPM (Agences études sur la presse magazine), les couvertures sur Secret Story se multiplient et redonnent des couleurs
lui a zappé les services d’Elfassi, avance que cette histoire d’amour est bidon ! D’autant que les deux télé-héros sont déjà mariés chacun de leur côté. Grande interrogation métaphysique, le coup de foudre de Romain aurait-il pu surgir après qu’il a vu Angie filmée par TF1 sous sa douche... Le sexe a ses raisons que la raison ignore.
a La presse people retouche gratos les photos des stars. (© Oliv’) à des magazines en berne. Et si Voici a perdu plus de 15 % de lecteurs d’une année sur l’autre, Closer s’en tire bien. Mais jusqu’à quand ? Bref, ces derniers mois, la vague Secret Story a redonné de l’espoir à des rédactions moroses. Pas un magazine people n’y échappe. Même les plus sages comme Gala s’y intéressent. Jean-Claude Elfassi, le photographe qui a sous contrat la plupart des participants de Secret Story,
est un garçon joyeux. Pour interviewer Romain, Angie et leurs petits camarades, le passage par son portillon et son objectif est obligatoire. C’est Elfassi qui prend les clichés et les revend aux magazines avec un pourcentage pour les demi-stars du télécran. Ainsi, dans la partie de sumo qui oppose les titres people, avec leur complicité, c’est Voici qui annonce le mariage de Angie et de Romain. Mais Closer, qui
bruits de la ville
les poignées d’amour de patrick bruel ont été gentiment gommées Cette tendance floue qui laisse croire aux gentils lecteurs qu’on piège les stars, qu’on les photographie à leur insu et qu’on dévoile des secrets qu’elles ne découvriront qu’en kiosques, n’est pas vraiment une entourloupe récente. Ces mises en scène ont déjà été racontées par des vétérans de la presse people, comme Jacques Colin, l’ancien directeur de la rédaction de Voici, qui explique l’art et la manière de cette vérité-fiction dans Voilà, 1663 jours à Voici, publié aux éditions Ramsay. La nouveauté, c’est que, Photoshop oblige, on retouche les photos pour présenter les people sous leur meilleur profil. Un péché véniel, quand on sait que Paris Match a carrément supprimé des personnages qui encombraient les yeux au regard d’une photo et qu’Etienne Mougeotte dans son Figaro Magazine
a effacé la trop chic bagouze de Rachida Dati. Chez les people, on suit la doctrine de Paris Match, on efface les rides et disgracieux bourrelets comme le magazine l’a fait au profit d’un Nicolas Sarkozy trop bien en chair. Le 1er août, Voici a donc délesté sa plus belle prise de l’été, Patrick Bruel, d’une toute petite bouée naissante. Laurence Ferrari et son nouvel époux, le violoniste Renaud Capuçon, en vacances, ont eu droit à la même faveur. Il faut croire que les photos du chanteur ont été prises sans sa complaisance puisqu’il demande maintenant des dommages et intérêts au curieux magazine. Question existentielle : on se demande ce que cherche Voici en recréant un nouveau Bruel. Réponse : « C’est un mythe pour midinettes, il se vend mieux avec son ancienne image de play-boy pour lycéennes », tente Jean-Pierre Agastin, un ancien agent retiré du show-business et qui a lancé la carrière de Patriiiick. Ce tiédissement de l’univers impitoyable des people rebondit dans la sphère politique. A la belle époque, celle de la flamboyante Rachida Dati, les paparazzi poursuivaient les ministres avec dans leurs réflexes l’ombre de Lady Di. C’est fini, les « voleurs d’images » sont retournés à Secret story✹ francesca gasse
le people de la semaine
Les « Fils de » ne sont pas à la hauteur
F
ace à la perspective d’être bientôt papa, Jean Sarkozy semble en oublier tous ses autres devoirs. Ainsi, alors qu’il est inscrit en licence de droit et qu’il a passé ses partiels au printemps, impossible d’en connaître les résultats ni de lui arracher autre chose qu’un grognement sur le sujet. Ce n’est pas là l’indice qu’il a reçu les félicitations du jury... Sur le plan politique, ce n’est guère plus brillant. Après avoir promis de sacrifier sa vie à Neuilly, le fils cadet du président de la République a déserté le terrain. Résultat : la section UMP de Neuilly est passé de 4 000 à 900 adhérents en deux ans... A quoi donc cela sert-il que les Balkany se décarcassent ?! Tutto va bene en revanche pour l’exneuilléen Stéphane Tapie. On se souvient que ce dernier, marchant fièrement sur les traces du paternel, avait accumulé les impayés de loyer : quatre années sans bourse délier pour un 220 m2 initialement tarifé 4 000 euros par mois sans que ses bailleurs, Icade et la Caisse des Dépôts, ne s’en émeuvent plus que cela. Il y a quelques mois, Stéphane et sa petite famille (qui roulait
alors en Hummer !) déménageait à la cloche de bois pour une destination inconnue. On les a depuis retrouvés à Asnières-sur-Seine, logés dans une magnifique villa offerte par papa, redevenu milliardaire. Le loyer neuilléen reste, lui, impayé. Mais que fait la police ? Brice Hortefeux, nouveau ministre de l’Intérieur, outre qu’il entretient les meilleurs rapports avec Bernard Tapie, a bien d’autres chats à fouetter après sa mauvaise blague lâchée lors de l’université d’été de l’UMP. Blague que le ministre des Cultes a tenté de faire oublier en allant couper le jeûne lundi soir à la Grande Mosquée en compagnie du recteur Dalil Boubakeur. Patrick Poivre d’Arvor est « traité » par Yves Bertrand, l’ancien patron des RG, dans son dernier bouquin, Ce que je n’ai pas dit dans mes carnets : « J’ai rencontré Poivre d’Arvor dans l’antichambre du ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin, en 1974. Il était au tout début de sa carrière, et son ambition ne s’est jamais démentie ». Il faut bien commencer quelque part... non ? ✹ eric laffitte
a Mais où Frédéric Beigbeder trempe-t-il sa plume de rebelle ? (© Pakman)
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
Au bazar du Bazar | 11 huiles et jogging
déloyal
Décathlon pas très sport avec les grandes marques
vite fait Gasquet, le retour
En avril dernier, Richard Gasquet devenait la nouvelle égérie du shampoing Head & Shoulders. Quelques semaines plus tard, contrôlé positif à la cocaïne, le tennisman était suspendu. Dès lors beaucoup moins « présentable », tous les investissements publicitaires sont annulés, tout comme la participation du joueur aux tournois de Roland Garros et Wimbledon. Arrive la fin août. Richard Gasquet retrouve le droit de jouer et redevient présentable. Les campagnes de pub sortent enfin sur les écrans… ✹
attali se paye roissy
C
hez Adidas, le n°2 mondial des équipements de sport, la pilule a du mal à passer. Quand on claque des millions pour avoir des stars comme Karim Benzema, Lionel Messi ou David Beckham dans son écurie, c’est pour que les ventes suivent derrière. Seulement voilà, Décathlon, le leader français de la distribution d’articles de sport (environ un tiers du marché) ne l’entend pas de cette oreille. Sa stratégie ? « Il met les marques en rayon pour attirer les clients dans ses magasins, et ensuite il fait tout pour leur vendre ses propres produits ! », confie un expert. Pour détourner les amateurs de sport de Nike ou Reebok, l’enseigne de la famille Mulliez, qui possède aussi Auchan ou Leroy-Merlin, sait y faire. quechua est devenu leader sur le marché de la montagne D’abord, aucun de ses produits maison n’est estampillé Décathlon, pour éviter d’apparaître pas assez « pro ». Et chaque univers a son label propre. Kipsta pour le foot, Tribord pour la mer... Au total, on en compte désormais plus d’une douzaine qui représentent les deux tiers de son chiffre d’affaires (4 milliards d’euros en 2008). Au point que Quechua, la plus connue, est devenue leader sur le marché de la montagne, devant une maison presti-
gieuse comme Lafuma. Mieux, avec B’Twin, il est devenu n°1 du vélo en Europe. En revanche, certaines sont encore confidentielles, comme Newfell pour la marche à pied ou Nabaiji pour la natation. Mais vous n’aurez pas de mal à les débusquer en rayon : les meilleures places sont toujours pour elles ! « Les magasins ne font rien pour nous mettre en avant », se désole Philippe Joffard, PDG de Lafuma, dont le chiffre d’affaires réalisé avec le groupe nordiste a été divisé par quatre en six ans, passant de 20 à 5 millions d’euros, selon une estimation de Capital. Autant dire que Décath’ leur savonne la planche. En rayon, des fiches techniques vantent ses chaussures de tennis Artengo. D’après elles, une chaussure Décathlon à 15 euros offre le même confort qu’une paire d’Adidas trois fois plus chère... Comment voulez-vous faire du beurre dans ses conditions ? Résultat, les marques de sport sont de plus en plus nombreuses à développer leur propre réseau de boutiques. Chez Adidas, on s’est même lancé dans la mode pour arrondir les fins de mois. Adidas Originals, SLVR (prononcer « Silver ») ont pignon sur rue à Paris, Strasbourg ou Marseille. Au moins un marché sur lequel Décathlon leur fichera la paix ✹ Perla Rebourt
Roissy CDG serait le pire aéroport du monde, selon le site de voyage indépendant canadien, sleepinginairports. net : personnel désagréable, restaurants immondes, toilettes douteuses… Une information entre autres reprise par Jacques Attali qui s’est fendu d’une chronique sur Slate.fr (site d’information dont il est co-fondateur). « A Roissy CDG, tout ce qui est gratuit est épouvantable, et tout ce qui est payant est payant », écrit le président de Planet Finance, qui se demande si de Gaulle serait très heureux de voir son nom associé à une telle entreprise. ✹
Charal a les crocs
L’industriel est visé par une plainte déposée par l’association L214 pour « cruauté envers les animaux ». Une vidéo (caméra cachée), tournée dans un abattoir, commence à circuler sur le net et met en cause le respect des modes d’abattage. Charal se défend et reproche notamment à l’association l’utilisation d’images volées et choquantes… ✹
dépoussiérage
Le musée du Sénat gratte ses croûtes
L
e Sénat, c’est comme les Galeries Lafayette, il s’y passe toujours quelque chose. En cette rentrée, c’est le musée du Luxembourg, propriété de l’institution, qui fait parler de lui. Après avoir gratifié les amateurs d’art de flamboyantes expositions sur la Renaissance italienne (Botticelli, Titien…), voilà maintenant qu’il gratte ses croûtes. Et organise à compter du 16 septembre une modeste exposition sur le créateur américain Louis Comfort Tiffany. Une fois n’est pas coutume, le président du Sénat n’honorera pas le vernissage de son auguste présence : un opportun déplacea Gérard Larcher, le président du Sénat fait un ment en Turquie gros ménage au Musée du Luxembourg (© Nardo) servira de mot d’excuse. Il faut dire qu’à l’issue d’un bureau du une grenade contre le Sénat, couSénat particulièrement houleux, pable, selon elle, d’avoir annulé le président Gérard Larcher a son exposition sur les « Trésors renvoyé, le 1er juillet, le gestiondes Médicis », avec action judinaire du musée, Sylvestre Verger, ciaire à l’appui. mettant fin brutalement à l’autoLa débandade sous les cimaises a risation qui lui permettait d’ocpris une dimension internatiocuper les lieux. Ayant appris la nale il y a peu : les surintendants mauvaise nouvelle par la presse, des musées italiens qui siégeaient le sieur Sylvestre est « parti en au conseil scientifique du musée guerre » contre le Sénat. Débouté du Luxembourg ont en effet tous après un référé qu’il avait lancé démissionné en bloc. Et dans par le tribunal administratif, il a cette atmosphère d’amour fou, il décidé de se pourvoir devant le ne manquait plus que ce dernier Conseil d’Etat. détail : depuis décembre 2008, le Décidément, ce musée semble déparquet de Paris se passionne chaîner les passions. Sylvestre pour les méthodes de gestion praVerger a en effet rejoint Patrizzia tiquées par Verger. Qui osera dire Nitti, la commissaire chargée que l’on roupille au Sénat ? ✹ d’organiser les expositions, dans catherine graciet le club des furieux. Après avoir Toute l’histoire du musée du Sénat à quitté la maison avec pertes et lire sur www.bakchich.info fracas, celle-ci a en effet balancé
2
| Bédéreportage
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
bosnie Pièges Près de 15 ans après la fin de la guerre en Yougoslavie, la Bosnie-Herzégovine reste le pays le plus miné d’Europe. Conséquence, une trentaine d’accidents par an dont la moitié sont mortels. Visite d’un chantier de déminage près de Stolac, au sud du pays. Par Nardo.
Bakchich Hebdo | MERCREDI 16 SEPTEMBRE 2009
Bab el web
| 13
BLOGS, SITES, RESEAUX SOCIAUX : une selection deS meilleurs billets du net avec vendredi.info ping sur le net !
melissa theuriau et la racaille antiflics Guillermo / radical-chic.com *
J
olie polémique autour de Mélissa Theuriau qui recevait récemment Hortefeux sur M6. Surprise, là où on aurait dû s’attendre à un numéro de communication politique, on découvre une jeune journaliste qui fait son travail ! Elle connaît son dossier, pose des questions précises et ne laisse pas trop le ministre changer de sujet. Voilà tout le scandale, au p o i n t qu’un syndicat de gardiens de la paix en vienne à se plaindre, dans un courrier surprenant d’aigreur et de méchanceté, de sa © Rimbus « haine non dissimulée de la Police ». Déjà le corporatisme : au prétexte, paraît-il, d’élections professionnelles à venir, voilà tout un contre-pouvoir rangé derrière le patron. Au nom de quoi ? Est-ce être « antiflic » que de rappeler qu’il y a aussi des bavures, et qu’elles sont parfois bien peu sanctionnées, comme le rappelle la journaliste ? Comment peut-on avoir une réflexion sur la sécurité si on n’est pas capable d’envisager que la police ne fonctionne pas toujours bien ? PROBLÈME : LA « POTICHE » VA AU CHARBON Mais le plus répugnant est ailleurs. Parce qu’il s’agit, au fond, d’une femme qui n’a pas su
* Fondé par Guillermo, le blog de “La gauche caviar attaque : politique, vie moderne, culture, société et… mauvaise foi”. Blog officiellement de gauche, suivant sa devise cachée, “la gauche caviar attaque”. radical-chic.com
tenir sa place. Comme si Mélissa Theuriau, petite chérie des Français, toute clairchazalesque en herbe, aurait dû en rester à ce qui fait vendre Voici. Et comme par hasard, une fois encore, c’est une jeune femme qui prend le risque d’aller au charbon à la télé. Comme Audrey Pulvar, Theuriau, considérée à l’avance comme une potiche, joue autrement p l u s sérieusement sa crédibilité qu’un Per naud ou un Pujadas qui se contentent de leur arrogance naturelle et d’une façon bien couillue de froncer le sourcil. Et le plus crade : c’est évidemment parce que Mélissa Theuriau est mariée avec un humoriste « issu de la diversité » qu’elle se ramasse ce courrier dégueulasse. Au fond, Alliance ne dit qu’une chose : Mélissa T. est une femme sous influence, une gentille petite en apparence, mais qui a été retournée par les « ennemis » des flics, la société racaille de Trappes, ce qui expliquerait sa (sans doute) « haine non dissimulée » de la police. Si Alerte C h ab o t ( hy p o t h è s e comique, je sais) avait posé ces questions, Alliance aurait été plus neutre et n’aurait pas pris la défense d’un ministre qui aurait préféré, on s’en doute, en rester là. Mais là, il s’agit de la menace insidieuse que fait peser sur l’image de la police l’idéologie de la banlieue qui, horreur, pourrait gagner nos bonnes classes moyennes ! C’est du propre.✹
Les traders veulent partir ? Bon débarras ! menace Une menace plane sur la France : si on les embête, nos précieux traders pourraient quitter le pays. Vraiment ? Game Theory de Sobiz*, un de nos blogs économiques favoris, a de sérieux doute sur la réalité de ces transferts… et sur l’utilité de ces garçons pour l’économie.
P
our un peu, on en aurait les fesses qui font bravo, tiens. L’internationale des traders-àfutal-Paul-Smith qui menace, la main sur le cœur, de quitter la France pour des cieux financièrement plus cléments si on leur rabote leurs jolis bonus à six zéros ; des patrons de banques qui les défendent, trémolos dans la voix et larmichette au coin de l’œil ; le tout soutenu par la plume revancharde de dispensables ronds de cuir de Valeurs Actuelles et d’éditorialistes à bretelles. Fichtre : l’attelage de quoi faire frissonner. Ainsi donc, il y aurait un mercato des traders, à l’image de celui du foot. Ainsi donc les banques anglo-saxonnes seraient à l’affût, avides de débaucher des meilleurs éléments des salles de marché de BNP Paribas ou Société Générale. Ainsi donc, les brillants esprits des « front offices » seraient prêts à quitter la France du jour au lendemain si l’État limite leurs bonus, ou, comme le gouvernement l’envisage, les étale sur plusieurs années et en limite les versements en cash. À défaut d’une fuite des cerveaux, on aurait donc une évasion de pompes Weston, une hémorragie de Rolex, un exode de complets Hugo Boss. Flippant, tout ça, flippant. Rappelons donc quelques vérités. Les banques de financement et d’investissement des établissements français ont généré près de 6 milliards d’euros de perte en 2008. Elles ont annoncé des coupes dans leurs effectifs d’environ 3 500 postes, en majorité sur les métiers de marché. Au niveau mondial, on estime à plus de 500 000 le nombre de licenciements dans le secteur financier. Les banques qui se battent pour embaucher du trader, c’est une mystification. Il n’y avait qu’à voir, il y a quelques mois, les golden boys français virés de la City qui débarquaient en Eurostar gare du Nord, s’inscrivaient à une agence d’intérim pour bosser une heure, et profitaient d’une faille du système d’assurance chômage français pour toucher leurs énormes allocs en France, faute de poste à leur mesure – et à leur salaire. En avril dernier, l’université Paris Dauphine, annonçait
* « Le business expliqué à ta sœur », un blog d’actualité économique, bien informé et au ton qui va vous changer de celui des Échos. sobiz.over-blog.com
a La bourse de Paris, quand les écrans ne cachaient pas encore les acteurs. (DR) même la fermeture jusqu’à nouvel ordre du Master intitulé « marchés financiers, marchés des matières premières et gestion des risques ». Cause invoquée : « fortes restrictions de recrutement dans le secteur ». Conclusion de cette pénible logorrhée : il n’y a pas plus de mercato des traders que de connexions neuronales dans le cerveau de Frédéric Lefebvre. Pas de mercato, car pas de transferts, à part pour des profils très spécifiques, quelques dizaines en France tout au plus. Ce chiffon rouge agité par les pa-
À défaut d’une fuite des cerveaux, on aurait une évasion de Weston, une hémorragie de Rolex, un exode de Hugo Boss. trons de banques est avant tout un moyen de justifier a posteriori le milliard d’euros de provision passé par BNP Paribas en pleine torpeur estivale pour les bonus de ses traders. Ou les 11,3 milliards mis de côté par la banque d’affaires américaine Goldman Sachs pour ses opérateurs de marché : soit 700 000 dollars par salarié, le double de 2008. On peut même aller plus loin. Quand bien même ces fameux traders français prendraient la poudre d’escampette (pas leur préférée, mais bon, admet-
tons), quels seraient les dégâts sur l’économie française ? Quinze points de PIB ? Des trains qui ne roulent plus ? Un pays en banqueroute ? Restons sérieux. L’affaire Kerviel a prouvé que même avec 5 milliards de pertes sur sa BFI, la Sogé pouvait afficher des résultats positifs grâce à son activité de banquede détail. Le seul vrai manque à gagner d’un départ des traders serait peut-être un impôt sur les sociétés plus faible payé par les banques à l’État. Ou encore la fameuse « perte-d’influence-de-la-place-de-Paris » avec, en filigrane, le vieux rêve de faire de la capitale française le pendant continental de la City. Mais quelle influence, au juste ? La vraie chance de Paris est passée : c’était la fusion avec la bourse de Francfort, projet européen écarté pour se jeter dans les bras de New York avec le succès que l’on sait. De quoi la France a-t-elle besoin ? De groupes industriels forts, de PME plus grosses et plus exportatrices, de sociétés leaders technologiques, de banques de détail qui les soutiennent avec des crédits. De traders ? Oui, mais qui échangent des actifs réels, en contact avec les besoins de financement de l’économie. Pas de nerds spéculant sur des produits dérivés dont ils ne sauraient dire à quoi ils correspondent, et dont l’essentiel de l’activité n’a aucun lien avec l’économie réelle. Si ceux-là ne sont pas contents, les Eurostars sont loin d’être pleins. ✹
game theory / sobiz.over-blog.com
| Best net | Bab of el ze web
BAKCHICH HEBDOBAKCHICH | MERCREDI 16 SEPTEMBRE 2009 HEBDO | MERCREDI 16 SEPTEMBRE 2009
1614
LA SELECTION DE VENDREDI.INFO CUI-CUI
C’est sur le site “Twitter” que Vogelsong attrape chaque semaine des fragments de ces conversations (en 140 caractères maxi) sans queue ni tête : aphorismes, infos, fulgurances ou inepties, retranscrites ici telles quelles.
VNZ Dans le monde de crétins
décérébrés sans intérêt qu’est le foot, je trouve Domenech plutôt attachant comme personnage
JMPLANCHE En vérité si j’ai bien compris, Hortefeux ne parlait pas des arabes, mais des auvergnats. C’est un vrai raciste quand même alors ?
HENRYMICHEL Mon oncle
quand il est plein de pastis, se met à dire des trucs vraiment dégueus sur les auvergnats.
TODAC Dérapage d’ #hortefeux :
1er satisfecit pour De Villiers. L’ouver ture à droite, ça marche !
CANARD5 Prolongations en vue.
M Aubry a parié avec Ségolène R: Si l’équipe de France gagne un match, je te rend la tête du PS…
ROM1301 Champagne chez Das-
sault ! Des Rafales vont (peutêtre) être vendus ! ... Le premier vol ayant eu lieu en 1986, Le champagne sera millésimé !
CANARD5 JF Copé dévore le livre
sur le PS de Martine Aubry. Pour Noël il voudrait la recette bio du gavage d’urne.
DORCEL 11% des français ont déjà regardé un film porno au travail. Et vous ? DAGROUIK Horreur, j’ai vu ma première blonde avec masque dans le métro à Nation sur la ligne 1 #h1n1 PIERREHASKI Une ado monte dans le metro en disant tout fort: “ça me fait chier d’être là dedans”. Silence consterné des passagers. METTOUT trouver un journal entre république et strasbourg saint denis : impossible. Et la presse en veut au web ?) LECHAFOUIN Mais au fond, qui est pour la suppression du juge d’instruction ? Personne, à part les procureurs et les militants UMP…
ZEDEDALUS Demain, Sarkozy visite une école primaire : les grands de CM1 et CM2 sont priés de rester chez eux
Quid de la burqa fiscale ? VOILE Une burqa peut en cacher une autre : le débat autour du voile financier lancé par Monsieur Bernard sur le blog de Jean-Pierre Martin* pourrait bientôt éclipser l’autre…
L
e gouvernement envisagerait sérieusement de s’attaquer à l’épineux problème de la burqa fiscale. En effet, le ministre de l’intégration fiscale, Éric Wœrth, a reconnu posséder une liste de 3 000 noms de contribuables qui obligent leurs revenus à porter le voile intégral. Le ministre a même évoqué des cas de séquestration en Suisse. La tâche s’annonce particulièrement ardue pour le pouvoir, tant son camp semble divisé sur la question. Nombreux sont ceux à droite qui refusent toute idée de légiférer, mettant en avant le risque de « stigmatiser l’ensemble d’une communauté, les riches, alors que seule une poignée d’intégristes pose problème ». La présidente du Conseil Français du Culte de l’Argent (CFCA), Laurence Parisot s’inquiète aussi des
*
Jean-Pierre Martin est petit cadre dans une grosse boiboite Il jouit du bonheur d’être banquier et riche… et de nourrir son blog parodique. onsefechier-anatic6.blogspot.com
a Dassault allant discrètement faire un dépôt à la Swiss Bank. dérives populistes du gouvernement et rappelle les nombreux actes de racisme social dont sont victimes les riches : « Notre communauté subit déjà trop de discriminations. La lourdeur des charges, l’ISF, une date de libération fiscale toujours repoussée… Notre pays doit cesser de discriminer ses élites ». Cette levée de boucliers fiscaux fait encore hésiter le président. Pourtant, Nicolas Sarkozy avait été élu sur un programme volontariste. Personne n’a oublié les
tirades contre les communautarismes : « La France tu l’aimes ou tu la quittes » avait-il lancé à la face de ses intégristes qui refusent de s’intégrer en ne payant pas d’impôts. Sa chasse aux rentiers qui « mènent un Djihad de classes, qui veulent détruire notre modèle social » avait presque viré au dérapage médiatique lorsque sur TF1, devant des millions de téléspectateurs, Nicolas Sarkozy avait invectivé un membre de la communauté riche : « En France, on n’a pas plusieurs comptes en banque, en France, on respecte les règles de la République, on n’égorge pas les esturgeons dans sa baignoire ». Depuis, le président semble avoir mis de l’eau dans son vin. D’ailleurs, le ministre Éric Wœrth envisagerait plutôt une amnistie pour les repentis du voile. Un laxisme malvenu, à l’heure où des bandes ethniques de banquiers dilapident l’argent public en se gavant de bonus. Et où l’évasion fiscale finance le terrorisme.✹
SARKOZY, LE “TAXMAN”
J
e n’ai pas été élu pour augmenter les impôts”. Cette phrase restera culte longtemps… Pourtant, Nicolas (jegpol.blogspot.com) nous rappelle sur son blog la possible création de la taxe sur les antennes de téléphonie mobile. Ben oui, il faut bien financer la suppression de la taxe professionnelle. Je n’ai pas été élu pour augmenter les impôts, mais je continue à multiplier les taxes… De là à penser qu’on nous prend pour des buses, il n’y aurait qu’un pas que le garçon de droite que je suis ne veut surtout pas franchir… (grand soupir…)
Pour rappel, et avant la Taxe Carbone, revoyons ensemble la liste des taxes créées depuis 2007… - Taxe pour le RSA (entre 1 et 2 milliards) - Taxe sur les assurances et les mutuelles (1 milliard). - Taxe sur l’intéressement et la participation (400 millions). - Taxe sur les stock-options (250). - Franchises médicales (850). - Hausse des cotisations retraite (150 millions). - Taxe sur les compagnies pétrolières (150 millions). - Taxe pour financer la prime à la cuve (100 millions). - Taxe sur les ordis (50 millions).
- Taxe pour copie privée des disques durs externes et clés USB (167 millions). - Taxe sur le poisson (80 millions). - Taxe sur les imprimés publicitaires (incalculable). - Taxe sur les huiles moteurs (44 euros la tonne de lubrifiant). - Taxe sur les imprimés publicitaires (incalculable). - Hausse de la redevance télévision (20 millions). - Taxe sur la téléphonie et internet (80 millions minimum). - Taxe sur les grosses cylindrées. Et j'en passe…✹
Falconhill / falconhill.blogpot.fr
L’INFO SELON TAVERNOST
V
oici ce qu’a déclaré Nicolas de Tavernost, patron de M6, en réaction à son nouveau journal télévisé : “J’ai été bluffé par la force de ce JT ! Bluffé par la décoration, la présentation, la lumière…” Ben moi je dis bravo. Oui, un beau JT avec une belle décoration, une belle présentation et une jolie lumière, ça fait forcément un très bon journal d’informations. C’est vrai, je croyais encore, dans ma grande candeur, qu’un bon journal télévisé tenait au contenu, aux infos, aux en quêtes
fouillées, aux dossiers étayés, à une investigation pointue, à des faits vérifiés, des analyses pertinentes, des interviews musclées, mais andouille que j’étais, maintenant que Tavernost m’a ouvert les yeux à grands coups de Laguiole super-affûté, je me dois d’admettre que finalement tout ça je m’en tape le coquillard de feu PPDA. Du moment que Lolo Ferrari nous montre ses nibards… et tata Pujadas sa grosse cravate à nœuds. Tavernost devant son JT colorié, c’est un peu comme un critique littéraire
bluffé par la couverture, la typographie et le subtil grain du papier du nouveau roman de la rentrée. Tout cela n’est pas si grave, car de fait, que le JT de M6 cartonne un peu beaucoup ou passionnément, il ne piquera jamais que des clients abrutis à TF1-tempsde-cerveau-disponible, à France2-marronniers-Elyséens ou à Denisot-politique-et-cotillons ; autant dire à d’autres brouets tout aussi insipides et crapoteux mais bien éclairés. ✹
tgb / rue-affre.20minutes-blogs.fr*
LES FLÈCHES DE BIBI LA PROMOTION DE L’ÉTÉ
Tiercé gagnant pour trois épouses placées : on connaissait Isabelle Juppé, planquée de la Maison du Frère Lagardère et Valérie Hortefeux planquée par piston à la Caisse d’Épargne. Reste Laure Driant, qui vient de prendre « la direction des Relations institutionnelles du Groupe Hachette Livre », propriété du Frère Lagardère. Jusqu’en juin 2009, Laure Driant était chef adjointe du cabinet de Xavier Darcos à l’éducation. Précision utile : Madame Laure est, dans le civil, l’épouse dudit Darcos. Les Darcos sont des petits cachottiers !
LE LÈCHE-BOTTES DE L’ÉTÉ
Requinqué par ses vacances d’été dans une de ses nombreuses maisons provençales, Michel Drucker a bien préparé sa rentrée politique. Vivement les Dimanches ! La liste de ses invités est impeccable : Frédéric Mitterrand, Jacques Chirac, Jean-Louis Borloo, Rama Yade. Une suggestion de BiBi : au lieu de s’installer Avenue Montaigne, qu’il place directement ses caméras dans les Salons de l’Élysée.
LE BLUES DE L’ÉTÉ
Sylvie Vartan se lâche : « Avec Carla, nous avons un ami commun : Didier Barbelivien. Est-ce qu’il lui a suggéré d’écrire pour moi ? C’est très généreux de la part de Carla Bruni. Je n’avais jamais chanté de blues ». Hein ? Quoi ? Sylvie chante un blues composé par Carla ? BiBi forcément n’en croit pas ses oreilles.
L’ÉVÉNEMENT CULTUREL…
C’est la reprise de la Cage aux Folles avec Christian Clavier et Didier Bourdon. BiBi remarque que Christian est ami de Little Nikos, que JeanClaude Camus est l’ami-producteur de Johnny, que Jean-Claude Camus est aussi l’ami-producteur de Christian Clavier qui est l’ami de Little Nikos et de Johnny, amis eux-mêmes très intimes. On tourne en rond dans cette Cage (aux Folles). De quoi te donner le Bourdon, Didier, non ?
L’AFFAIRE IMMOBILIÈRE…
Des Russes investissent sur la Côte d’Azur. Ils ont acheté près de 400 hectares de terrain à la Chaume, à 70 kilomètres de Nice. Les investisseurs russes recherchent des « stations retirées » pour en faire « des clubs fermés pour personnes âgées ». Attendons-nous à voir la propriété du Cap Nègre en vente : pour écouler l’argent sale – demandez à la Maman de Carla - rien ne vaut un Tout-à-l’égout tout neuf.
LA RÉCEPTION DE L’ÉTÉ
Non BiBi ne parle pas de celle de 700 chefs d’entreprise pour Matignon mais de celle qui concerne les 4 000 invitations lancées à New York par le Consulat de France pour la soirée de réception de Chouchou à l’Assemblée Générale de l’ONU, le dernier jour de l’été. « La plus grande réception de l’histoire » s’amuse un diplomate français. 4 000 heureux ! ✹ pensezbibi.com *
Bab el web | 15
Bakchich Hebdo | MERCREDI 16 SEPTEMBRE 2009
LA SELECTION DE vendredi.info bug BROTHER
quizz image
LES INTERNAUTES ? DES COLLABOS
« Ce sont des voleurs à la petite semaine, qui n’ont aucun courage et qui sont planqués derrière leurs ordinateurs. Ce sont des gens qui sont dans le principe de la dénonciation. Et je pense qu’il faut le dire, il faut le dire qu’on ne peut pas avoir confiance dans des gens qui dénoncent. Ces gens-là, ils auraient vendu du beurre aux Allemands pendant la guerre. »✹ Christophe Lameignère, patron de Sony Music France et du Syndicat national de l’édition phonographique, à propos de ceux qui critiquent le projet de loi Hadopi. pcinpact.com
Scandale sur internet !
« Sur l’internet, on trouve des néonazis, des trucs et astuces pour terro ristes, de la drogue, des pédophiles, des révisionnistes, des satanistes, des sites pornographiques, des trafiquants d’enfants, des tueurs en série, des antisémites, et bien entendu quelques terroristes (sans oublier les pédo philes et les néonazis). » ✹ Présentation d’un best of tout autant hilarant que consternant des repor tages que France Télévisions a consacré au Net dans les années quatre-vingtdix, compilés grâce au site de l’INA. 3615-mavie.blogspot.com
Erreurs de jeunesse
TROUVEZ LE POINT COMMUN ENTRE CES PERSONnes Voici un jeu proposé par le site Cultural Gang Bang, notre favori dans la réacosphère, Si vous avez réussi l’épreuve sur ces trois sé ries, n’hésitez pas à cliquer sur le site pour voir la suite.
Voici les réponses. Mais un esprit facétieux les a mis dans le dé sordre. Quelle réponse corres pond à la bonne image ? - Des maîtres de sagesses qui combattent le « mal » - Conception Virginale - Nouvelles Frontières
Paracelse / culturalgangbang.com
la VIDEO de guy birenbaum… “Votez Richard Bertrand !”
Richard Bertrand existe bel et bien. IL est candidat d’une législative partielle dans les Yvelines. Et déjà culte.
Si j’étais l’auteur et le scénariste d’une fiction politique, je crois que j’aurais inventé un hé ros, exactement dans ce g e n re. . . R i c h a rd B e r trand, c’est son nom, je l’ai « aimé » - le person nage -, dès la 15ème seconde de la vidéo cidessous. Précisément lorsqu’il a ce geste de la main, maladroit, trop appris, trop appuyé, en lâchant son « J’ai décidé d’être votre candi dat...». Regardez-le.
« Pour commencer, je voudrais que vous tous fassiez attention à ce que vous postez sur Facebook parce qu’à l’époque de YouTube, quoi que vous fassiez, on vous le ressortira à un moment ou un autre de votre vie. Et quand on est jeune, on fait des erreurs, on fait des trucs idiots. » ✹ Barack Obama, en réponse à un lycéen qui lui demandait des « astuces » pour devenir président des États-Unis. blog.lefigaro.fr/technotes
Erreurs de vieillesse
« Aux États-Unis, plus de 40 % des entreprises ont une page Facebook et trouvent normal que les collaborateurs y participent. En Belgique, 40 % des entreprises interdisent l’utilisation de Facebook. Interdire Facebook au travail, c’est comme interdire le téléphone. Plein de choses désagréables sont réalisables avec un téléphone, aucune société ne songe à l’interdire. » ✹ Jacques Folon, ex-directeur financier de France Loisirs Belgique et de la FNAC, expert à la Commission Européenne. entrepriseglobale.biz
passe muraille
comment Internet s’introduit en taule prisonbook Inès El laboudy, du BondyBlog*, s’est entretenue avec un jeune homme en détention... via Facebook ! Un échange détonnant….
O
n sait tous que la cachette ultime pour faire entrer un téléphone en prison, c’est l’arrière-train. L’un des plus répandus en cellule est le Sam sung F210. Petit, très fin, il se glisse partout. Et quand je dis partout, c’est partout... Un ancien prisonnier m’a dit que lorsqu’il était en prison, un hom me était surnommé Biggie, en référence au rappeur Notorious Big, parce qu’il était tout aussi imposant physiquement. Il était la grosse tête de la vente d’objets en tous genres au sein de la pris on. Sa cachette première ? Ses bourrelets ! Il était tellement énorme qu’il équipait son ventre et ses plis de chair de scotch dou ble face hyperpuissant, pour pou voir y coller des téléphones, MP3, briquets, paquets de cigarettes et j’en passe. Il s’était créé un sacré business en taule et même les matons avaient peur de lui. Grâce à ce genre d’énergumène, plus besoin aujourd’hui de sortir de sa cellule pour avoir accès aux infos, recevoir des photos, etc. Une nouveauté a réussi à s’infiltrer en cellule : le déjà mythique 3G ! Vous savez, ce sys tème qui permet de surfer sur le net, d’avoir des conversations vidéo et d’aller sur Facebook, avec un téléphone portable. Facebook est devenu une plate forme de chat incontournable chez ces taulards en manque de
* Créé durant les émeutes de 2005, ce site veut faire entendre la voix des quar tiers populaires et des banlieues. 20minutes.bondyblog.fr
ragots. J’ai cassé une barre de rire en voyant deux types de mon quartier sur ma page d’accueil Facebook, qui, à ma connais sance, étaient en prison à ce moment-là. La curiosité m’a poussée à parler avec l’un d’entre eux. « Bah alors, que fais-tu sur fesse de bouc ?? – Oh ben, tu sais, faut bien retrouver ses amis, voir ce qu’ils sont devenus et com ment le quartier grandit. J’profite aussi des vidéos drôles qui pas sent dessus, au moins ça me dé tend et je m’amuse un peu ! » – Oui ok, mais dis-moi, mis à part revoir tes amis, ça t’apporte quoi, la connexion ? – Tu sais, ça recrée un lien avec ceux que j’aime, je me sens mieux quand je parle avec eux, quand je sais qu’ils vont bien. Bon, après, c’est clair que je ne m’en sers pas que pour la famille et les amis... – Comment ça ? Sois plus expli cite. – Baaah j’en profite aussi pour comme on dit me rincer l’œil, quoi ! Certaines de mes amies Facebook ne sont pas si sérieuses que ça ! Il y en a deux qui sont gogo danseuses. Je pro fite de leurs photos. – Tu parles avec elles en privé aussi via les conversations ? – Oui, et nos conversations peuvent parfois atteindre un stade de folie pas possible. – En gros c’est du Facebook rose ! – Exactement. Mais contrairement au télé phone, là, il y a les photos, donc on se voit. Mais elles savent que c’est purement virtuel. Et je n’ai pas envie de les voir, ça gâcherait tout le plaisir qu’on trouve dans nos discussions… ». ✹
productivitÉ
Êtes-vous multitâche ?
Le paradoxe du vigile
« Qu’est-ce qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un agent qui travaille ? Eh bien c’est simple : un agent qui ne travaille pas. Impossible de savoir si le type est bon ou s’il est parfaitement inefficace. C’est l’éternel dilemme de l’évaluation des politiques de sécurité. » ✹ Le M. sécurité de Monoprix, à propos des vigiles, dans un excellent dossier consacré au lobbying des entreprises de la sécurité privée, qui veulent passer de 160 000 à 250 000 employés d’ici à 2015 (contre 200 000 policiers). le-tigre.net
Comme chaque semaine, nous vous proposons un jeu qui va dramatiquement faire chuter votre productivité au bureau. EssayezMultitask, un jeu diabo lique qui nous a été conseillépar le talentueux IMtheRookie. Dans Multitask, il s’agit de faire plusieurs choses à la fois, et quand je dis plusieurs choses
c’est pas deux, c’est plus. C’est comme si je vous demandais de vous épiler les sourcils tout en parlant au téléphone et en regar dant Lost saison 4. Et peut-être même en faisant cuire un risotto. On fait moins les malins hein, et vous n’êtes pas les seuls, rassur rez-vous.
Nora / bienbienbien.net
16
| Bab el web
Bakchich Hebdo | MERCREDI 16 SEPTEMBRE 2009
LA SELECTION DE vendredi.info COUP DE PELLE LES FRANCs MACS sont des clowns « Au Bonheur des Dames ». Vous vous rappelez sûrement le tube de ce groupe des années soixante-dix « Oh les filles, oh les filles, Elles me rendent marteau », etc. Mais c’est sûr qu’on les aime trop ! Âgé de 236 ans, le Grand Orient de France (GOLF), première obédience maçonnique française, fort de ses 45 000 membres – si j’ose dire – avait l’occasion de perdre son pucelage la semaine dernière, par une belle nuit d’été, lors de son conventtenu à Lyon, à quelques mi nutes de périphérique de l’hôpital Mère Enfant. Ah, quelle bande de clowns ! 1 200 délégués représentant autant de loges, des messieurs fort bien, venus de toute la France pour se poser cette question existentielle : faut-il initier les filles ? Ils me feront toujours rire ! Et nos frères la grattouille, qui ne craignent pas de fricoter avec le jésuitisme des meilleurs films, avaient trouvé une astuce de première bourre pour contourner l’obstacle, je veux dire la fille. La question laissée à la soumission des frères – quel bonheur – n’était pas de savoir si la fille était l’égale du garçon, car n’importe quel scientifique aux trois points vous démon-
Des consultants en productivité à l’hopital Dr No / blogspleen.fr *
A
lors que les Français s’inquiètent de la probable augmentation du ticket modérateur, le ministère continue de resserrer l’étau de la loi HPST sur les professionnels de santé. Invités à une réunion sur la « restructuration du bloc opératoire », mes collègues ont eu la désagréable surprise d’assister à une distribution en règle de bons et mauvais points par un cabinet d’audit qui fait le point sur notre activité. avec tenez-vous bien une analyse de la concurrence. Si si « concurrence ». Je pensais jusque-là avoir des confrères en ville ou à la clinique, j’apprends que nous sommes concurrents. Pas grave, parce que si nous nous faisons la concurrence pour sa-
*
« Le business expliqué à ta sœur. » La face cachée des boîtes et de l’économie, décryptée sans langue de bois. Décapant et paradoxalement vivifiant !.
voir qui soigne le mieux les malades, je veux bien tenter le marathon de qui tient sur la durée… mais les critères égrenés se focalisent non pas sur le bien être des patients mais sur les RSA de chaque établissement. RSA, c’est le résumé de sortie standardisée. Pour en savoir plus sur ces fameux RSA, autres MCO du PMSI. J’avoue que l’idée d’analyser le bien être des patients et la qualité des soins dans un hopital en se basant uniquement sur les RSA me dépasse totalement. C’est comme évaluer l’état de
santé de votre voiture en analysant votre facturette de carte bleue à la sortie de la pompe à essence ou l’état de vos pneus en scrutant votre ticket de péage d’autoroute. Et dire que les hôpitaux payent pour ça… et très cher. Et ces gugusses viennent vous expliquer que « la concurrence » opère « plus vite », fait sortir ses patients « plus tôt » et qu’à terme ça revient « moins cher » à l’hôpital ... En gros je ne vois pas ce qu’on peut sortir de pertinent à partir de ces RSA, mais comme ce sont des cabinets d’audit qui le disent et qu’on paye pour ça, alors… Pas étonnant que des confrères appâtés par ce juteux marché, aient mis les clefs sous la porte en arrêtant purement et sim plement leur consultation de patients pour se lancer dans la consultation d’hôpitaux. À vrai dire vu que ces derniers sont parfois, bien plus malades que les patients qu’ils soignent, la profession a de l’avenir ✹
Scrofules judiciaires Sub lege libertas / maitre-eolas.frf
J trera le contraire. Non, la discussion était sérieuse : les garçons restent gardiens du dogme, des clés, de la finance et des réseaux. Ca, pas toucheminouche ! La question posée était de savoir si la franc-maçonnerie du GOLF, génétiquement masculine – ce qui représente un cas d’hermaphrodisme rare – pouvait accepter que des filles viennent assister aux travaux des loges. Une liberté laissée aux loges pour affilier des sœurs… Eh bien c’est non, et à 56 %. Indécrottables ! Entre mecs ! À vrai dire, c’est plutôt une bonne nouvelle pour mes amies les filles qui seraient allées perdre leurs soirées chez ces machos à deux balles et un compas. Bien entendu, j’attends avec une impatience non dissimulée les ana lyses pénétrantes du Grand Orient sur l’égalité homme/femme dans la société, la disparité salariale, la sousreprésentation des femmes dans la vie politique, le voile et la burka, ou encore les clichés sexistes qui ankylosent la société française. Gilles Devers / lesactualitesdudroit.20minutesblog.fr
e tousse, je crache, je me gratte. Non, je n’ai pas la grippe A, B, C, ad libitum, ni porcine, ni aviaire, ni espagnole, ni saisonnière. Je suis seulement magistrat, au Parquet il est vrai, et j’éructe de colère quand je vois que la prophylaxie est un argument d’atteinte grave aux libertés, même à celles de détenus, de prévenus, de va-nu-pieds ou suspects quelconquement. De qui se moque-t-on pour me faire craindre la grippe ? Tous les jours, je défère ou je requiers face à face, à portée de postillons ou
* Créé en avril 2004, le blog de la star
du net, Maître Eolas, regroupe plusieurs avocats et magistrats. L’auteur de ce billet est procureur.
de crachats, de pauvres hères crasseux, édentés à l’haleine fétide, qui sont tour à tour porteurs contagieux du virus HIV, de l’hépatite C, B, de la gale, de la teigne, de la tuberculose, etc. Toutes les écrouelles vont à l’écrou. Non je ne travaille pas dans un camp de réfugiés au Darfour. Je rends la justice à ces gens de peu, de rien, riches de leur incapacité à se soigner. Des gens tellement abîmés par leurs turpitudes que le mot santé les ferait rire, s’ils ne devaient pleurer de m’entendre rêver à haute voix ; m’entendre leur dire que malgré leurs misères que je ne soulagerai pas, je regarde en eux l’homme, failli, déchu, mais l’homme encore, celui que l’on doit appeler à répondre de ses actes.
Ma robe, la noire, celle du quotidien du prétoire, pue ma sueur, leur humanité. Non, je ne cherche pas mon Mont-Blanc dans la poche de la veste de mon costume Cerruti super 150, je leur reprends mon Bic administratif après qu’ils ont signé leurs dénégations coupables pour apposer ma griffe. Leurs mains écorchées aux ongles en deuil valent les miennes. Madame le Garde des Sceaux, chère Maître, pitié ! Ne pensez pas à me protéger, pour mieux les priver de leur dernier bien, le droit d’être entendu en temps et heure par un tribunal de droit commun. Les tribunaux d’exception exceptent la justice. Avec l’assurance de mon très fidèle dévouement, laissez-moi crever de justice, ce n’est pas contagieux. ✹
LES TOPS DE vendredi.info DeputesGodillots. info avait une image un peu poujadiste mais une démarche intéressante. Son équipe ajuste le tir, en s’associant avec le collectif RegardsCitoyens.org pour lancer, à partir du 14 septembre, un nouveau site de surveillance citoyenne du travail des parlementaires : NosDeputes.fr. DeputesGodillots. info Le blogueur-économiste de l’Econoclaste nous propose un très amusant, et instructif, petit test pour
dénicher le baratin dans le langage des hommes politiques : le bullshit test. Et l’auteur de donner quelques exemples intéressants de l’application de sa méthode… au discours de clôture des universités d’été du PS, par exemple. Econoclaste.org.free.fr Billet de rentrée maussade du prof Jean-Paul Brighelli. Rentrée politique, littéraire, scolaire… Il passe en revue quelques motifs d’être chagrin : de la vacuité des universités d’été aux lance-
ments littéraires bien orchestrés, tout ça pour rentrer… à l’école, dont les réformes nécessaires ne semblent pas de saison. “Reste plus qu’à rentrer dans le lard.” bonnetdane.midiblogs.com ✹ Le “Best of ze net” a été réalisé par l’équipe de vendredi.info à partir de sa sélection permanente des meilleures publications du net. ✹
bombinette Le gouvernement vient de déposer un projet de loi sur l’élection des députés. Dans le 21° alinéa de l’article 1, on peut lire : Sont inéligibles en France dans toute circonscription comprise en tout ou partie dans le ressort dans lequel ils exercent ou ont exercé leurs fonctions depuis moins d’un an les titulaires des fonctions suivantes : “les membres du cabinet du président du conseil régional, (…), des présidents des communautés de communes de plus de 20 000 habitants, des présidents de communautés urbaines et des présidents de communautés d’agglomération.” Cela ne concerne que l’élection des députés. Mais on pourrait très bien imaginer appliquer cette règle pour les élections locales. J’imagine la gueule que vont faire mes collègues qui ne sont collaborateurs d’élus que pour mieux devenir élus à leur tour ! C’est tout le système socialiste de recrutement qui pourrait être mis en péril, car au PS, les postes de cabinet sont des pépinières de candidats…✹ Samuel / authueil.org
taxe tobin C’est le retour le plus surprenant de la rentrée. La taxe Tobin sur les opérations boursières, en laquelle ne semblaient plus croire qu’une poignée d’alter-mondialistes idéalistes, est désormais envisagée le plus sérieusement du monde par quelques pontes de la finance. C’est Adair Turner qui a ouvert le bal. L’homme dirige la FSA, l’autorité britannique des marchés financiers, un poste clé dans un pays où la finance pèse lourdement dans l’économie. Dans un entretien avec le magazine Prospect, il préconise d’augmenter les exigences de capitalisation des banques. Et “si les exigences de capitaux supplémentaires sont insuffisantes, je serais heureux d’envisager des taxes sur les transactions financières, des taxes Tobin”. L’homme a reçu un soutien franc d’Attac. On croit rêver. Seuls les imbéciles, il est vrai, ne changent pas d’avis. ✹ Colonel Moutarde / bouettemoutarde.blogspot.com
vie de merde Aujourd’hui, mon médecin m’a dit : “Vous êtes allergique au Nutella.” J’ai pleuré. VDM NUTELLA Aujourd’hui, mon copain a voulu prendre mes fesses en photo avec mon téléphone portable. Message d’erreur : « Plus de place disponible : veuillez supprimer des fichiers ». Ça l’a fait rire… VDM SOLENNE Aujourd’hui, mon fils de deux ans et demi lâche un pet plutôt sonore au milieu d’un groupe de passants. Soucieux de son éducation, je lui dis fermement : « Qu’est-ce qu’on dit ? » Lui, avec un large sourire, me répond : « J’ai pété. » VDM aziz Avec l’aimable autorisation de viedemerde.fr (VDM) . « Ma vie c’est de la merde… et je vous emmerde »
Un peu de culture | 17
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
effeuillages livres à la page (1)
La malbouffe soignée aux petits oignons Anaëlle Verzaux
Poulet bio ou poulet poivré? Mais sont-ils vraiment différents? Une question parmi tant d’autres posée dans un livre savoureux qui dénonce les hors-la-loi de l’agro-alimentaire.
U
n panier dans chaque main, Martine et Robert se promènent, comme chaque samedi matin, dans les couloirs de leur supermarché. Une bouteille de pinard en gélule, un sac de cacahuètes prêt à bousiller leurs brins d’ADN, un kilo de porc farci au Clenbutérol (« l’anabolisant favori des body-builders »). Que choisir ? Un poisson canadien aromatisé au mercure, une demi-douzaine d’huîtres mutantes, un poulet faussement AB… ou poivré ? Martine hésite, interroge Robert et tranche finalement en faveur du poivré. Emballé, c’est pesé. C’est un samedi ordinaire dans la vie de Martine et Robert, simples consommateurs français.
pensons de qualité, pollue nos corps à petit feu. Dans dix, quinze, vingt ou trente ans, un simple malaise, un poil d’hypertension, ou un cancer (25 % des cancers seraient liés à l’alimentation) saura nous rappeler aux malversations alimentaires dont nous sommes victimes. Dans un livre enquête paru en avril dernier aux éditions Hoëbeke, Vive la Malbouffe , Christophe Labbé, Olivia Recasens, journalistes au Point et Jean-Luc Porquet, journaliste au Canard
Enchaîné, décryptent et dénoncent la malbouffe dans des articles gourmands qui ne donnent pas vraiment envie de manger. Accompagnent les textes de magnifiques dessins de Wozniak, dessinateur au Canard Enchaîné. Question, Martine a-t-elle bien fait de choisir le poulet poivré plutôt que le poulet bio ? Pour s’en faire une idée, rendez-vous aux pages 72 et 74 du livre. En attendant, en voici quelques minces extraits. Premier choix, le poulet bio : « Prenez une cuisse de
25 % des cancers seraient liés à une mauvaise alimentation Seulement, à force de samedis ordinaires, comme tout acheteur des supermarchés, Robert risque un diabète et Martine un sale cancer. Ou l’inverse, au petit bonheur la malchance. Et à force de passe-droit et de hors-la-loi, ce que nous, consommateurs, forcément consommateurs, de bouffe et de boissons,
poulet ou un oeuf tamponnés AB, c’est-à-dire certifiés agriculture biologique. Le gallinacé profite à peu près des mêmes conditions de vie qu’un Label Rouge, mais la différence est dans la mangeoire. En théorie, une volaille bio doit manger bio. Mais il existe des aménagements… » les salmonelles clouent au lit 2 000 personnes chaque année « Un poulet AB a quand même le droit d’avaler « 10 % » de maïs, de tourteaux de soja ou de tournesol cultivés dans la Beauce, à coups d’engrais chimiques et de pesticides. Un bémol qui ne figurera évidemment pas sur l’étiquette du poulet ou de la boîte d’oeufs vendus sous label AB. L’autre différence entre le poulet industriel et le poulet bio, c’est le contenu de l’armoire à pharmacie. Pas question d’y fourrer des antibiotiques ou d’autres molécules chimiques. Mais là aussi, la règle souffre d’exceptions (…). » (La suite de l’histoire pages 72 et 73). Deuxième choix, le poulet poivré : « On connaît les salmonelles, ces bactéries qui pullulent dans les élevages de volailles et provoquent chaque année en France plus de 2 000 gastro-entérites. Pour
livres à la page (2)
E
PS : Les personnages de Martine et Robert sont issus de l’imagination de Bakchich
Vive la Malbouffe !, de Christophe Labbé, Olivia Recasens, Jean-Luc Porquet et Wozniak, éditions Hoëbeke, 18 euros
belles planches
coupez la tête de denis robert, elle repoussera toujours n juin 2008, le journaliste attiré par « la neurobiologie qui Denis Robert, qui avait déouvre des pans considérables pour noncé l’opacité du désormais l’Humanité ». célèbre organisme Clearstream En 2029, un milliardaire, Paul dès 2001, « jetait l’éponNetter, las d’une vie ge » après sa condammoulée dans la soie, nation de 12 500 euros cherche à transférer pour dif famation une par tie de sa c o n t re l a b a n q u e conscience dans celle luxembourgeoise. d’un autre homme. Passé sur le billot, l’enPour faire galoper l’esquêteur a rebondi comprit contre la maladie me une boule de qui le guette. Il jette sa billard. Par le roman gourme sur un basketDunk, sorti cette seteur, Steve Moreira, le maine chez Julliard, Dunk, de Denis Robert, numéro 5 des « Pils » quelques jours avant sa Editions Julliard, d’Istanbul après une comparution le 21 sep- 20 euros, 240 pages. rixe avec la mafia lotembre dans le procès cale. Ce dernier fuit la Villepin. Denis Robert aime exTurquie pour sa ville natale où plorer l’explosif mental. Le jourvit le milliardaire rongé par la naliste est fasciné par la « cabopeur de mourir et l’insatiable voche, la matière grise du cerveau », lonté de prolonger l’immortalité
se débarrasser de ces insistantes bestioles, les éleveurs ont pris l’habitude de gaver leurs poulets d’antibiotiques. Mais voilà que des chercheurs de l’Institut polytechnique de l’université de Virginie ont trouvé une alternative aux antibiotiques : le poivre ! L’étude, menée pendant 42 jours sur 1530 poussins, a montré qu’une alimentation enrichie au poivre leur permettait de développer une résistance à la salmonelle. Et en plus, ça donne un goût original au poulet industriel… » (p. 74) Y a vraiment pas à dire, on comprend Martine, entre les deux, nos coeurs balancent… ✹
de l’esprit. S’ensuit un jeu étrange de mensonges et de non-dits pour faire cohabiter les consciences dans un même corps. Et réfléchir au commencement d’une nouvelle humanité. Le roman du journaliste, qui nous avait habitués à scalper les travers de la société, ne se complaît pas à de simples spéculations de l’esprit. Il n’est pas question de g rande prophétie, d’anticipation ou de leçon de vie. Sa formation d’enquêteur infatigable l’a conduit à digérer des thèses médicales en neurobiologie, comme le prix Nobel de Médecine Eric Kandel. Et à s’inspirer également « des conversations avec des amis ». D’où ce récit au style dynamique qui crache du réel avec verve et maîtrise ✹ louis cabanes
la filière aristo-corse
D
eux hommes, un aristo en armes pour équiper les insurgés. déconfiture et un corse viLe scénario de Defrance Nury, goureux scellent un pacte aux dialogues réalistes et exaltés, au sortir de la Grande guerre. porte le dessin aux traits fins et Celui de vivre. A l’aube des anaux couleurs laquées de Merwan nées folles, en quittant tout, pour Chabane à une forme de roman l’aventure, alors que se de la bande dessinée. fissure le rêve colonial. L’histoire se creuse Le tome 1 de L’or et le lentement comme un sang, publié aux édipuits avec une aiguille. tions 12bis, nous plonOn suit l’évolution ge au cœur d’une des d’une relation de frèpremières révoltes cores d’armes à celle de loniales, au tournant frères de sang liés par des années 20. A l’âge un pacte de dévorer la où la France, l’Anglevie ensemble. L’or et le ter re et l’Espagne sang signe un équilin’avaient plus toutes L’or et le sang, chez 12bis, bre de la plume et du leurs dents pour finir tome1, par Defrance Nury crayon, une fresque de croquer le monde. et Merwan Chabane. historique qui nous Les marocains du Rif 13 euros emmène de Corse à Pasonnent les premiers le ris, de Marseille au tocsin de la révolte contre l’aniDjebel, de l’horreur de la guerre mal occidental. De quoi ouvrir à à l’insouciance des rades parinos deux larrons le marché des siens. A l’étrange poésie ✹ l.c.
8
| Un peu de culture
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
écrans mots et maux
on s’fait une toile ?
marée basse en pays bigouden
P
as mal, cet été, non ? Le Pixar, Bronson, le Suleiman, le Tarantino, le Audiard… - C’est vrai, même si je ne suis pas du tout d’accord avec toi sur le Tarantino. - Bon, je suppose que tu n’as pas aimé non plus Non ma fille tu n’iras pas danser ? - Ce n’est pas un mauvais film, c’est pire, un film inutile. Un film qui ne parle de rien… - Arrête, c’est un film sur les violences faites aux femmes. - T’as lu le dossier de presse, toi. - Pas seulement. Non ma fille, c’est l’histoire de Léna, interprétée par Chiara Mastroianni, une jeune mère de famille, fragile, paumée, qui s’est séparée de son mec. Elle arrive pour un court séjour en Bretagne chez ses parents et découvre que sa maman et sa sœur ont invité son ex. - D’où grosse crise. On comprend que Léna est prise entre une maman étouffante, un désir de liberté, une sœur qu’elle jalouse, des mômes qu’elle a du mal à élever, des responsabilités non assumées, un jeune amant, un quotidien incertain… Ouh là là ! - C’est le quotidien de milliers de femmes.
la bakchich team Directeur de la rédaction : Nicolas Beau Directeur de la publication : Xavier Monnier Rédacteur en chef edition : Eric Walther Conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget Maquettiste : Émilie Parrod Conception maquette : Rampazzo et associés Rédaction : Émile Borne, Louis Cabanes, Marion Gay, Catherine Graciet, Eric Laffitte, Anne-Sophie Lasserre, Anthony Lesme, Laurent Macabies, Simon Piel, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Verzaux Dessinateurs : Khalid, Kerleroux, Mor, Morvandiau, Nardo, Oliv’, Pakman, PieR, Soularue… Bakchich est édité par le Groupe Bakchich, SAS de presse au capital de 51 430 euros. Siège social : 121 rue de Charonne 75011 Paris / Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.
marc godin - D’accord, mais est-ce que c’est intéressant ? En quoi est-ce nouveau ? Et qu’est-ce qu’Honoré dit de cela ? Je sais qu’Honoré aime les chansons et j’ai l’impression que son film pourrait servir de clip au tube inoubliable de Cookie Dingler, « Femme libérée ». - Je connaissais tes goûts ciné, je vois que mooosieur est aussi mélomane. Mais, c’est vrai, Honoré a lui-même déclaré : « Je voulais raconter une histoire qui montre que la pression sociale est toujours très présente sur les mères. Qu’il n’est pas facile de concilier une vie de femme et de mère ». Une distribution d’endives proprement affligente - Et l’on voit quoi ? Une femme qui se prend la tête avec moman, avec sa sœur, son frère, son ex, qui aimerait bien s’envoyer en l’air, mais bon c’est pas sûr. Léna doute, elle avance, elle recule… Et le film fait du sur place. Qu’a voulu faire Christophe Honoré, une chronique familiale à la Desplechin, un « beau » portrait de femme au bord de la crise de nerfs, une peinture existentielle de l’ultramoderne solitude de nos amis les bobos ? Je n’en sais rien et je pense que lui non plus.
Non ma fille tu n’iras pas danser, de Christophe Honoré, avec Chiara Mastroianni, Marina Foïs, Marie Christine Barrault. En salles depuis le 2 septembre
- Mais les acteurs sont formidables. - Tu la veux ta torgnole, toi ! Honoré nous afflige avec sa distribution d’endives, ces insupportables « fils de » qui gangrènent le cinéma français. Tu en as pas marre de voir la gueule de Chiara Mastroianni ou de Louis Garrel, de ce cinéma consanguin.
une image seconde
J’oubliais, Honoré a même placé son frangin, Julien, néanmoins assez juste et drôle. - Il y a aussi Marie Christine Barrault. - Marie Christine Barrault, 65 ans aux fraises. Tu as juste l’impression qu’il l’a choisie pour la courte scène de cul où il la filme à poil. De la provo à deux balles. - Arrête, tu m’excites. Et la forme ? Tu n’as sûrement pas aimé la séquence du conte, en plein milieu du film. - J’aurais du mal à te parler de la forme, car j’ai eu l’impression de visionner un téléfilm fauché de France 3-Morbihan ? « Et l’émotion, Marc, elle est où l’émotion ? » Dès le début, gare Montparnasse, tu as cette caméra tremblotante, portée à l’épaule pour faire djeun’ et une image couleur papier cul. Pour l’irruption du surnaturel, Honoré met en images un conte traditionnel breton, l’histoire de Katell Gollet. Alors là, c’est à pisser de rire : des figurants, grimés en Bretons pur beurre, tirent des gueules de galériens constipés, sirotent du cidre et mangent des crêpes. Comme c’est symbolique, il y a une jeune fille qui danse jusqu’au bout de la nuit et épuise tous ses cavaliers. Puis, un jeunot s’empare de la donzelle, danse jusqu’à la tuer. - Et l’émotion, Marc, l’émotion ? - Quelle émotion ? J’ai l’impression qu’Honoré voudrait bien peindre les âmes, l’impermanence des choses. C’est peut-être un écrivain, mais pas un cinéaste. Il lui manque la grâce, la poésie, le talent pour tourner du bout des lèvres, du bout du cœur. - Rien que ça ? - Oui ✹
« BOURRéES » Je veux parler des urnes, bien entendu. Le soupçon pesa une première fois lors de l’élection de Bush Junior, avec l’ahurissant pataquès de Floride. Depuis, recompter est la moindre des choses. Pour l’Afghanistan, la commission de surveillance suggère de vérifier les bureaux qui ont eu 100 % de votants, dont plus de 95 % pour un même candidat. Des scores soviétiques, dignes d’un congrès ordinaire du PCF d’antan. De toute façon, avant tout résultat significatif, avant même tout dépouillement, on a désormais plusieurs vainqueurs autoproclamés et on voit, au Gabon, les perdants se liguer pour exiger une révision des comptes. Même au dernier congrès du PS, il paraît, on bourra sec : si la ruse est avérée, les bonnes traditions de la SFIO font décidément un retour fracassant rue de Solférino. La fraude à la chaussette façon Perpignan nous rappelle aussi que face à la fraude de masse, le petit artisanat tient bon. que va-t-on faire de toutes les urnes devenues inutiles ? Les urnes ne rendent plus leur verdict : au mieux, elles le prêtent, après, faut voir. Ali Bongo bis, Karzaï, Ahmadinejad, Aubry ont-ils gagné ? Ben oui, s’ils sont là six mois après le vote, une fois matée la rébellion des râleurs. Restent tous les pays dont les citoyens acceptent sans ciller des résultats invraisemblables dans une démocratie, ce qui prouve qu’on ne vote pas que dans les démocraties. Par exemple, le Pape est élu, ce qui le différencie nettement de la reine d’Angleterre. Si l’on a des doutes sur la démocratie iranienne ou gabonaise, que dire de l’Eglise ! Est-ce bien la peine de continuer à voter ? Mais alors, que faire de toutes ces urnes ? Il faudra leur trouver un autre usage : la meilleure manière de les bourrer, c’est peut-être de les emplir des noms des citoyens éligibles. Après, on tire au sort. Ne riez pas, la démocratie a commencé comme cela, du côté d’Athènes, où l’égalité des droits impliquait une chance égale de voir son nom sortir des urnes pour siéger dans des assemblées ou exercer certaines magistratures. C’est prodigieusement zinzin, mais des esprits éclairés, après Aristote et Montesquieu, continuent à vanter la « stochocratie », ou « démocratie aléatoire » : elle renvoie à la niche les ambitieux, rend inutiles les campagnes électorales et les sondages, réduit fortement le risque de voir Frédéric Lefebvre ministre. Mais si, du coup, on tue la démocratie ? Ce n’est pas grave : les urnes servent aussi à recueillir les cendres de ceux que nous avons aimés...✹ jacques gaillard
Bakchich Hebdo | mercredi 16 septembre 2009
Un peu de culture | 9 sons et scènes zik’
sortir malin
le Caddie de la semaine : 34 � Bakchich vous fait le plein de sorties pour 35 euros max tout compris. Sept rendez-vous spectacle pas bêtes et pas chers pour épicer la semaine et ouvrir les écoutilles…. des racines béar naises de l’auteur dixit l’invit’…. Genre : Lecture Date : Lundi 21 septembre à 20h30 Prix : Zéro euro Adresse : 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008. 01.44.95.58.81. Web : www.myspace.com/fredericbeigbeder 4. Les Boutiques sonores à l’International
2. Festival de musique baroque à l’Institut néerlandais Que font les Hollandais quand ils s’ennuient le week-end? Ils sortent leurs violes, dépoussièrent les clavecins et se lâchent sur des mélodies des temps très jadis. La preuve ce week-end en huit concerts baroque organisés dans les chics salons de l’institut culturel batave avec des ensembles aux sonorités souvent étonnantes. A pister: un trio flûte-clavecin-guitare sur de la musique flamande, un drôle de mélange chalumeau et cor de basset (ancêtres de la clarinette) sur du Mozart ou le prometteur contreténor de 25 ans Maarten Engeltjes sur Dowland… Buvette dans la jolie cour, programme sur le site et 5 euros le concert. Genre : musique classique Date : Du vendredi 18 au dimanche 20 Prix : 5 euros Adresse : 121, rue de Lille, 75007. Web : www.institutneerlandais.com 3. Frédéric Beigbeder au théâtre du Rond Point L’auteur vedette s’offre le théâtre du Rond Point pour souffler ses 44 bougies et faire la promo de son dernier best-seller – « Un roman français ». Au menu de la soirée d’anniv’ ouverte au public: beautiful pipole qui lisent (ou font semblant) et Beigbeder himself, perché sur scène qui interprétera des extraits de son dernier opus. Résa recommandée pour les curieux aventureux. Dress code: espadrilles, symboles
qué pendant plus de vingt ans l’actu dans sa rubrique-culte « Regard en coulisses ». Trois clowns reprennent les bons mots du maître dans un spectacle-cabaret déjanté ponctué de balades en car, d’impros à l’accordéon et de cuisson d’une polenta géante (offerte au public à l’issue du spectacle). Point de rendez-vous devant le théâtre de la Girandole à Montreuil. Genre : Cabaret-théâtre Date : Vendredi 18 et samedi 19 à 19h30, dimanche 20 à 17h. Prix : 15 euros (repas compris) Adresse : : 4, rue Edouard Vaillant, 93100 Montreuil. 01.48.70.75.51.
Genre : Chanson française Date : Vendredi 18 Prix : 14 euros Adresse : 01.40.20.55.00 Web : : www.jedisaime.com. www.myspace.com/lamusiquedechat
Après avoir essaimé des bornes d’écoute chez des libraires ou organisé des concerts dans des cabines d’essayage, le collectif des Boutiques sonores tente ce samedi le premier showcase « botanique ». Soit trois groupes et une trentaine de places entre branches de pommier et bouquets de lys du (joli) fleuriste du Quartier Latin, Sol y Flor. Réservations par mail (bs.solyflor@gmail. com). Les recalés peuvent se consoler le dimanche à l’International pour un (autre) concert gratos, avec une dizaine de jeunes pousses pop et folk, chouchous des dites Boutiques Sonores. A l’affiche : le rock mélancolique de Thomas Mery, le duo Kawaii et leurs mélodies à base de joujoux, la guitare folk d’Arch Woodmann ou Pokett,... Sets de 15 minutes chrono all night long… Genre : Pop-électro Date : Samedi 19 et Dimanche 20 Prix : Zéro euro Adresse : 5/7, rue Moret 75011. 01.49.29.76.45 Web : www.lesboutiquessonores.com 5. Regard en coulisses à Montreuil « Ecrire des billets d’humeur, c’est se confronter à l’épreuve du verbe, dans l’aisance de la fulgurance ou après des heures de tâtonnement ». Plume acérée et volontiers saignante de L’Humanité, Jean-Pierre Léonardi a cro-
Comme chaque année, le mois de septembre nous réserve son lot de bonnes et mauvaises surprises. Démonstration en deux coups de coeur et trois coups de gueule. Robbie Williams, « Bodies »
régis de closets
1. M et guests à l’auditorium du Louvre Depuis janvier, Matthieu Chedid s’essaie à de cinés concerts étranges sur des œuvres de Georges Méliès dans l’auditorium du Louvre. Le tout en compagnie de complices. Après le virtuose électro Cassius ou le percussionniste indien Talvin Sigh, c’est le jeune et joli groupe pop Chat (produit par le frère Chedid) qui s’y colle. Prochain (et dernier) rendez-vous le vendredi 9 octobre, avec cette fois M. seul en scène versus Méliès.
la rentrée en chansons
6. Les veillées du Ramadam au théâtre du Châtelet Grande Ramadam party samedi soir au théâtre du Châtelet qui se transforme, de 20h à 2h du matin, en palais d’Orient, avec une vingtaine d’artistes à l’affiche. Acte 1à l’extérieur du théâtre – avenue Victoria, pour un grand iftar gratuit en plein air (repas de rupture du jeun) à 20h20. Suite dans les murs du théâtre avec trois scènes où se croiseront le rock oriental turc de Baba Zula, les lectures du poète mystique Rümi, des danses de derviches tourneurs revisitées contemporain ou le folk oriental du Français Titi Robin. Genre : World music Date : Samedi 19 de 20h à 2h du matin Prix : zéro euro Adresse : Place du Châtelet, 75001. 01.40.28.28.40 Web : www.agencepop.com 7. Juju Child au China Club Originaire de la Nouvelle Orléans, le guitariste a accompagné pendant quinze ans Ray Charles avant de servir des pointures comme Sade ou Herbie Hancock. Désormais aux commandes de ses compo’ perchées entre blues traditionnel et funk cuivré, il fait escale sur la petite scène du jazzclub du China Club, sa déco aux airs de Macao et ses nems qui se grappillent au bar en swinguant du pied. Genre : Blues Date : Samedi 19 à 20h30 Prix : zéro euro Adresse : 50, rue de Charenton. 75012. 01.43.46.08.09 Web : www.jujuchild.com✹
On a souvent éprouvé de la sympathie pour Robbie Williams. C’était pourtant mal parti, avec ses débuts dans le boys band Take That... Quelques savoureux tubes pop plus tard (« Supreme », « Tripping »), on en avait presque oublié ce fâcheux départ. Las, son nouveau single « Bodies » débute sur un clin d’oeil fort douteux aux gourous new-age Enigma. Il ne manquait plus que la voix de Robbie s’en mêle façon rappeur blanc du dimanche pour nous donner envie de jouer au frisby avec la chaîne hi-fi. The XX, « Crystalised »
A des milliers de miles de la déferlante fluo rave façon Klaxons, quatre petits corbeaux venus d’Angleterre ressuscitent les spectres de la new wave. The XX (deux garçons, deux filles) illuminent la rentrée avec un premier album truffé de références à New Order ou The Cure. Mené à deux voix spectrales et hanté par une basse prognathe, leur groove cryogénique fait du titre « Crystalised » un pur chef-d’oeuvre neurasthénique. L’impression d’être un petit lapin que l’on mène à l’abattoir, mais qu’est-ce que c’est beau. Shakira, « She Wolf »
Si la vulgarité était un sport officiel, Shakira serait championne du monde. Quatre ans après le très classe Oral Fixation, Vol.2, la bimbo
la plus cochonne de la bande FM se métamorphose en tigresse porn sur son nouveau single « She Wolf ». Vêtue d’un curieux justaucorps sans bras droit ni jambe gauche, Shakira se déchaîne dans une cage en se léchant les babines. On hésite encore entre terreur et consternation : une horrible sous-soupe MTV à faire passer Lorie pour un génie. air, « do the joy »
Les inconsolables de 10.000 Hz Legend peuvent ravaler leurs larmes. Huit ans après sa perle pop psychédélique, le célèbre duo versaillais troque son électro éthérée contre des synthés en réverbe, des timbres vocodés entre autres basses extraterrestres. Difficile de ne pas succomber au prélude de Love 2, le nouvel album de Air. « Do The Joy» est un hymne à la joie, un vrai chant d’amour aux années 70. Tokio Hotel, « Automatic »
Malgré leurs pauvres looks d’épouvantails Emo qui chantent des trucs inaudibles en allemand sur le suicide, l’amour et la drogue, les Tokio Hotel ont des centaines de millions de fans. Leur quatrième album Humanoïd semble bien parti pour rafler la mise. Normal, les frères Kaulitz se sont mis à l’anglais. Perdus dans le désert, ils portent des fourrures et nous les brisent menues avec leurs voix métalliques, guitares rebelles et paroles bas du front. Courage, fuyons ✹ éléonore Colin
abonnez-vous gaiement ! Nom abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc Prénom abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc Adresse abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc Code postal abbbc Ville abbbbbbbbbbbbbbbbc E-mail abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc FORMULE CHOISIE :
O O
Hebdo 70€
O
Hebdo+site 90€
O
Par chèque bancaire à l’ordre du GROUPE BAKCHICH Par virement bancaire sur le compte du Crédit Mutuel IBAN : FR76 1027 8060 4100 0202 7634 504 • BIC : CMCIFR2A
Date et signature
Contact : Grégory Salomonovitch • 01 43 72 51 32 • gs@bakchich.info
MERCI DE REtourner CE BON complété À : groupe BAKCHICH 121 rue de Charonne 75011 Paris PLUS SIMPLE ! Abonnez-vous directement sue www.bakchich.info
20
| Ben la Der
Culture | bakchich
chaud, chaud, chaud
France
coup de coude
planètes politiques
L’horoscope d’Elisabeth Feissier
PRIMARITUDE
BÉLIER, 21 MARS - 21 AVRIL Avec le passage de Neptune, vous envisagez votre avenir professionnel sous un jour nouveau, Cécile Duflot. Prenez un peu de repos au vert, cela vous ferait le plus grand bien.
l n’y aura pas de fraude mais des primaires au PS, sincères et honnêtes, genre Valls, Dray ou Montebourg. Mais comment se départageront Mélenchon, Buffet, Besancenot et la successeure d’Arlette à la gauche de la gauche ? Mystère ! La France, depuis Giscard, ne voulant pas être gouvernée au centre, demandera sûrement à Bayrou de sucer la roue de la Royal ou de l’Aubry, à moins que DSK ne soit le chaud lapin qui sortira du chapeau de
TAUREAU, 21 AVRIL 20 MAI Mercure, signe de la communication, s’éloigne et occasionne au mieux des incompréhensions, au pire des dérapages, Brice Hortefeux. La sortie d’une vidéo bouleverse votre agenda. En bon taureau, vous redoublez d’énergie pour régler cette affaire susceptible de peser sur votre carrière. Grosse nervosité à prévoir ces prochains jours. GEMEAUX, 21 MAI - 21 JUIN De nouvelles rencontres vous attendent, François Bayrou. Vous n’en revenez pas de cet afflux de partenaires potentiels depuis votre offre de dialogue au PS. Vous serez peut-être obligé de travailler en groupe mais pour cela passez du MoDem à l’ADSL. CANCER, 22 JUIN 22 jUILLET Votre besoin de plaire est exacerbé ces dernières semaines, Christian Estrosi. Vous courez partout pour avoir l’impression d’être un ministre indispensable. Une méthode qui rappelle celle d’un certain Nicolas Sarkozy. Attention cependant : comme tout cancer, vous pouvez faire preuve d’arrogance. Canalisez votre énergie.
LION, 23 JUILLET - 22 AOUT On vous appelle le roi des animaux mais en ce moment, Martine Aubry, le lion est en mauvaise posture au PS. Déstabilisée par un livre tonitruant sur votre élection de Première secrétaire au congrès de Reims, vous faites le gros dos. Ce n’est pas le moment de vous impliquer dans un énième conflit. Faites une cure de vitamines, vous en avez bien besoin. VIERGE, 23 AOUT 22 SEPTEMBRE Ségolène Royal, vous suivez votre route avec cette question quotidienne : pourquoi se contenter de peu quand on peut avoir mieux ? Au menu, le PS, les régionales, la présidentielle. Belle vitalité !. BALANCE, 23 SEPTEMBRE 22 OCTOBRE C’est la cata, Frédéric Lefebvre ! Non seulement vous n’êtes toujours pas nommé au gouvernement mais en plus vous vous êtes claqué le mollet. Vous traversez une période de turbulences, Mars est contre vous. Défenses naturelles affaiblies, évitez de fréquenter les plateaux télé. SCORPION, 23 OCTOBRE 21 NOVEMBRE Un mois chargé s’annonce, Dominique de Villepin, avec l’ouverture du procès Clearstream face à Nicolas Sarkozy. En bon scorpion, vous êtes prêt à cracher du venin si on vous approche. Méfiez-vous d’eventuelles douleurs d’estomac.
SAGITTAIRE, 22 nOVEMBRE 20 DÉCEMBRE Il faut savoir se taire pour arriver à ses fins. Vous l’avez bien compris, Rachida Dati, on vous voit peu. Encore un coup de Mercure! CAPRICORNE, 21 DÉCEMBRE 19 JANVIER Petite forme, Roselyne Bachelot, la grippe A/H1N1 vous rattrape. Ne prenez pas de retard dans le classement de vos papiers.
I
VERSEAU, 20 JANVIER 18 FÉVRIER Gouverné par Vénus et Uranus, vous êtes Nicolas Sarkozy dans une phase de domination. A croire que le malaise vagal n’est plus qu’un lointain souvenir. A moins que ce ne soit la petite taille de vos interlocuteurs qui vous booste. Laissez cette rentrée se faire à son rythme. Cette semaine, Mercure et Vénus vous implorent de faire baisser la tension. Doucement !
ces primaires, inventées par le facétieux Pasqua (si, si !) il y a 20 ans. A droite, la grande bataille primaire commence ce 21 (black jack !) au procès Clearstream. La bataille fera rage jusqu’à la dernière goutte de sang. Gergorin grièvement blessé, Lahoud mort, Bertrand amputé, Rondeau décoré, MAM félicitée. Seul le Kaïser Sarkoco finira par ressembler au dindon de la farce, Galouzin lui, est déjà embroché ✹ s.a.r. le prince pokou
coup de griffe
POISSONS, 19 FÉVRIER 20 MARS Avec l’éloignement de Neptune, vous avez la tête sous l’eau, François Fillon. En bon poisson, vous êtes capable de prendre l’eau et même de boire la tasse. Ainsi, quand Nicolas Sarkozy vous désavoue publiquement sur la taxe carbone tout en vous assurant de votre soutien en privé, vous parvenez à gardez votre calme en public. Attention quand même à certains signes astrologiques. Le Verseau ne fait pas partie de vos signes amis ✹
coup de boule
ils ne s’arrêtent jamais !
france télécom regarde les hommes tomber
Q
ui peut en vouloir à Didier Lombard, le patron de France Télécom né à C l e r m o n t Fe r r a n d , d’aimer les peintres surréalistes ? En particulier ce tableau de Magritte où dans le ciel bleu il pleut des hommes ? Vous ferez valoir que l’art c’est bien beau, mais que passer maintenant sous les fenêtres d’un immeuble du géant du téléphone n’est pas sans danger. Vendredi dernier, c’est une jeune femme de 32 ans qui, à défaut de prendre la porte, a pris la fenêtre du quatrième étage. Et cette écervelée en est morte. Rien que pour embêter Lombard, en 18 mois, 23 de ses employés se sont, comme elle, suicidés. En ce qui me concerne, je trouve ça plutôt intelligent la « restructuration », c’est-à-dire la mise à la lourde, par le suicide. Ca évite de verser des indemnités, de perdre du temps aux prudhommes, des choses si désuètes. On voit bien que Lombard, outre des tas de diplômes, est aussi docteur en
économie. Avant le Nobel, je propose de lui décer ner dès aujourd’hui le prix Margaret Thatcher de l’innovation dans les relations humaines. Culture d’entreprise ? Olivier Barberot, l’humaniste DRH de Lombard, explique de façon très convaincante ce dernier suicide. En détaillant sans honte dans une interview au Journal du Dimanche des éléments de vie de la jeune morte, des choses qui relèvent du secret médical : « Elle avait travaillé 58 jours en 2008, et cette année elle a été absente 61 jours… Elle avait des difficultés personnelles… ». Monsieur Barberot pourrait ajouter : « en plus elle avait refusé d’apprendre à voler ! ». Bon débarras. Dans sa guerre économique, France Télécom ne peut compter que sur l’esprit commando, sur des tueurs. Lombard n’a probablement pas assez de temps et pas assez d’yeux pour regarder les hommes tomber ✹ jacques-marie bourget